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1922_05_28 Son commandement


Ani
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Son commandement

« Et je sais que Son commandement est la vie éternelle. »

Jean 12 :50

Le commandement, c’est la première limitation de la vie consciente. Pour que le grand principe de la vie se manifeste, celle-ci doit adopter une forme adaptée à son aspiration et à son mouvement. Par les mots mouvement et aspiration j’entends deux idées différentes : l’aspiration, c’est l’élan intérieur conscient, tandis que le mouvement est le côté physique des choses.

Le Christ dit : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Donc, la vie éternelle repose sur ce commandement. Lorsqu’un inventeur se lance dans une invention, il établit d’abord le principe, c’est-à-dire qu’en établissant le principe sur lequel il doit travailler, il cherche la loi par laquelle ce principe peut être mis en évidence ; et lorsqu’il trouve cette loi, il a la foi que le principe sera réalisé.

C’est la même chose avec ceux qui cherchent Dieu : Dieu est un grand principe, Il est plus qu’un principe et nous devons connaître Sa loi. Nous parlons parfois sur Dieu de façon incohérente, confuse, nous L’assimilons à de la lumière, à une conscience, à ceci et à cela ; Dieu n’est ni lumière, ni conscience, Il n’est pas quelque chose, nous ne pouvons pas Le définir. Ce serait risible qu’un critique puisse définir le peintre à partir de sa toile : peut-on s’imaginer que les teintes qu’il barbouille sont l’image de son idéal ? Non, ces teintes et couleurs ne sont que des ombres qui expriment la réalité qui demeure inexprimable en elle-même.

Lorsque j’écris le mot amour, est-ce que l’amour est contenu dans ce mot ? Pas le moins du monde ; vous pouvez écrire toute une causerie sur l’amour sans que l’amour soit dans la causerie, mais cet amour repose et se manifeste d’une certaine façon. Lorsque nous connaîtrons les lois, nous saurons travailler. Et le musicien trouvera aussi la loi de la musique et il devra bâtir sur cette loi ; c’est pareil avec l’écrivain : lorsqu’il étudie la grammaire, il y a d’abord des règles, des lois pour commencer à écrire ; c’est ce que font aussi les enfants lorsqu’ils apprennent à écrire. Seuls les religieux contemporains font exception ; ils disent : « Nous pouvons vivre sans loi ». Je ne nie pas qu’on puisse vivre sans loi, mais la vie consciente commence par une loi. Dans la forêt aussi il y a des bruissements et des sifflements, les feuilles y sifflent et bruissent sans obéir à une loi, mais quelle différence immense avec un piano ou un instrument qui joue ; lorsque quelqu’un joue du violon nous voyons la différence énorme entre le bruissement des feuilles et la musique du violon, la différence est énorme, la loi de l’intelligence humaine est placée dans le violon. Je dis de temps en temps maintenant : il y a de la musique dans la nature, mais non pas dans cette nature que nous voyons. Vous devez avoir des organes sensoriels, des perceptions singulières et être alertes pour saisir cette musique, et ceci à des moments très particuliers : la nature ne chante pas toujours, ne joue pas toujours, ne parle pas toujours ; elle se tait aussi, il y a parfois un silence profond et il y a un sens intérieur grandiose contenu dans ce silence, un sens engendré dans ses entrailles ; c’est pour cela qu’elle se tait tant que cette pensée ne prend pas sa forme pour s’exprimer par ce grand commandement divin. Souvent certains me demandent pourquoi les sociétés contemporaines n’évoluent pas comme il se doit ? Parce qu’elles n’ont pas trouvé cette grande loi par laquelle la vie peut s’exprimer. Qui n’a pas le désir de vivre ? Chacun a ce désir. Qui n’aime pas être musicien, jouer de la musique ? Mais lorsqu’il prend l’instrument, il ne peut pas jouer mais fait seulement grincer les cordes et on lui dit : « Laisse tomber, ne fais pas de bruit ».

Beaucoup qui viennent dans cet enseignement divin, disent : « Nous vivrons une vie pure et sainte » ; je les interroge : « Qu’entends-tu par vie pure et sainte ? » Un ou deux ans plus tard, ils disent : « Ce n’est pas pour nous », ils retournent dans le monde et recommencent à vivre leur ancienne vie. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas trouvé ce commandement pour lequel le Christ dit : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Pour comprendre ce commandement et nous redresser, nous devons affronter beaucoup de difficultés en nous ; tous les inventeurs passent dix, quinze, vingt ans jusqu’à ce qu’ils réussissent et parfois même ils ne réussissent jamais ; il y a des peintres et certains musiciens qui ont traversé des années durant certaines difficultés avant de produire quelque chose de beau, avant d’exprimer la grande loi de la vie. Quelle est-elle, comment doit-elle s’exprimer ? Admettons, tu as des yeux ; pourquoi ces yeux ? Le chat a adapté ses yeux et dit : « Le Seigneur a créé mes yeux uniquement pour les souris et les oiseaux, pour me procurer à manger », et chaque jour il cherche, scrute s’il y a une souris, un oiseau. Si tu interroges le commerçant, il dira : « Le Seigneur a créé mes yeux seulement pour les tissus », il scrute les tissus chaque jour, fait des comptes et dit : « Mes yeux ne me servent qu’à ça ». Tu regardes cet écrivain, il se tient avec sa plume et dit : « Le Seigneur a créé mes yeux pour écrire », et il gribouille, écrit quelque chose. Le peintre dit : « Le Seigneur a créé mes yeux pour regarder mes esquisses », et ainsi de suite, tous assimilent leurs yeux à leur métier. Pourquoi les yeux sont-ils créés en réalité ? Si on prend les oreilles, c’est la même loi. Demandons-nous à quoi elles servent ; quelqu’un dit : « À percevoir d’où vient mon ennemi pour prévenir le danger, et tous les animaux exercent d’abord leur ouïe à cet effet, c’est pour cela que l’ouïe a été créé ». Ils ont en partie raison, cependant l’ouïe a une prédestination plus profonde.

Prenons nos sentiments, pourquoi sont-ils créés ? En disant : « Pourquoi sont-ils créés ? », je ne dis pas qu’ils n’ont pas pré existé, mais pourquoi sont-ils apparus : ils ont leur prédestination. Parfois nous nous plaignons de ces sentiments et nous disons : « Il vaut mieux ne pas ressentir ». Savez-vous à quoi on ressemblerait sans sentiment ? Imaginez un œil humain, mis dans une pierre qui de là observe le monde sans éprouver de sentiments ; quelles seraient les perceptions de cet œil sur le monde si nous admettions que l’on regarde le monde avec un œil, mais sans sentiment ? Imaginez maintenant le contraire : votre main est mise dans cette pierre et ressent les choses ; quelle serait alors votre perception du monde ? Vous devineriez que certains objets sont chauds, d’autres froids, d’autres lisses ou rugueux et ainsi de suite, vous sentiriez les variations. Et vous pouvez maintenant comprendre que certains ont une vie quasi semblable à cette main dans la pierre : ils sentent simplement les variations. On dit : « Aujourd’hui je n’ai aucun goût », mais ils ne se demandent pas à quoi est due cette indisposition. « Un tel m’a vexé », mais on ne se pose pas la question : « Pourquoi m’a-t-il vexé ? » « Aujourd’hui je suis joyeux car un tel m’a dit un mot doux » ; pourquoi ce mot a-t-il produit un tel effet ? Vous vous arrêterez et vous direz : « Car la vie est ainsi faite » ; non, cela sous-entend que cette âme divine veut laisser libre cours à toutes ses pensées et désirs, et que par conséquent Dieu vit en nous et se manifeste à travers nous. Et pour celui qui s’y oppose, Il déploie durant des milliers d’années toutes les conditions pour inciter cet individu à L’écouter, à avancer en harmonie et enfin de compte, si celui-ci n’obéit pas, Il l’efface ! Et les Écritures disent que les pécheurs périront. Je ne parle pas des pieux ; par pieux j’entends ceux qui comprennent cette grande loi divine.

Maintenant, avec cette idée en tête nous devons appliquer cet enseignement divin. Est-ce qu’il a une application dans la phase actuelle de notre développement ? Il en a une. Pourquoi devrions-nous rester dans la même forme qu’aujourd’hui, pourquoi notre visage, nos yeux, nos oreilles, nos mains devraient rester tels quels ? Non, ils doivent changer et Paul dit : « Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés [1] ». Et c’est étrange que beaucoup de ceux qui suivent ce chemin, le nouveau chemin, voudraient entrer sans effort dans le Royaume de Dieu. Nous pouvons y entrer sans effort même à présent, mais nous ne comprenons pas ce Royaume de Dieu ; le Seigneur parle en ce moment même, mais nous ne L’entendons pas ; les Anges nous chantent même maintenant, mais nous ne comprenons pas leur chant. Pourquoi ? Parce que nous avons une éducation qui consiste à attendre que notre père ou un autre riche aïeul meure et nous laisse un héritage, un ou deux millions d’héritage, pour en disposer sans travailler.

Nos contemporains veulent vivre de façon économique vis-à-vis de Dieu, sans fournir de travail. Tu peux demander à n’importe qui, chacun dira : « Si mon père m’avait laissé des espèces sonnantes et trébuchantes, si j’avais de l’argent, de l’argent, de l’argent, et aussi du savoir et des forces pour bien vivre ». Mais comment bien vivre ? Je ne vais pas vous le décrire, je suis fatigué de la façon de vivre des humains ; de leur point de vue c’est bien, mais cette façon de vivre ne contribuera même pas d’un cent millionième à votre développement. Si vous enfermez une truie dans une porcherie et si vous la nourrissez des années durant selon toutes les bonnes règles, vous aurez une truie particulièrement civilisée, mais cela restera une truie, son groin n’évoluera jamais ; et si vous la mettez hors de la porcherie, elle se remettra à fouiller le sol, même si elle ne le faisait plus dans la porcherie ; elle ressemblera à une truie bien élevée, mais si vous la laissez hors de la porcherie elle se conduira comme avant.

Lorsque nous, les contemporains, nous parlons d’éducation, je dis que ce n’en est pas une, et que nos méthodes actuelles ne sont que des méthodes de dressage ; nous n’avons pas encore dans notre civilisation moderne de vraies méthodes d’éducation. Voici ce que j’appelle éducation : prendre un enfant à l’école en cours primaire, secondaire, ou à la faculté, travailler une année entière sur lui avec les mêmes règles qu’un jardinier, on obtiendra dans ce cas des résultats et pas seulement un dressage. Il faut une éducation, non seulement apparente mais de fond : manifester cette conscience divine de façon que cet individu ou cet enfant se connaisse lui-même et se contrôle sans recours à la contrainte. Lorsqu’un de vos enfants a commis une erreur, mais ne l’avoue pas tout de suite, vous prenez le bâton et alors il dit la vérité. Il dit d’abord : « Maman, je n’ai pas touché le sucre ! – L’as-tu touché ? – Je ne l’ai pas touché. » Deux fois : « Je ne l’ai pas touché », Trois fois – « Oui, je l’ai touché ». Un autre enfant dit : « Je l’ai touché » dès la première fois ; un deuxième, à la deuxième fois : « J’ai touché ». Donc certains enfants avouent la vérité après trois ou quatre réprimandes, et certains après cinq ou six coups de sorte qu’il est possible de déterminer par une formule mathématique quel enfant avouera la vérité et après combien de coups. Certains m’interrogent : « Pourquoi y a-t-il tant de souffrances dans le monde ? » Je dis : vous êtes des enfants et certains de ceux qui souffrent disent la vérité dès le premier coup de bâton, d’autres au deuxième et ainsi de suite, et la nature a préparé beaucoup de bâtons, beaucoup de souffrances pour que tu dises la vérité. Maintenant, il ne s’agit pas de dire la vérité dans ce sens prosaïque, mais de comprendre la vérité sur la raison de notre venue sur terre.

Si on vous demande : « Vous avez un père, mais pourquoi ? Vous avez une mère, mais pourquoi ? Vous avez des frères, mais pourquoi ? Vous avez une sœur, mais pourquoi ? », vous direz que vous savez pourquoi : « Le Seigneur l’a ordonné ainsi ». Bien, Il l’a ordonné. Connaissez-vous les lois ? Vous connaissez-vous vous-mêmes selon la loi que le Seigneur a décrétée ? Honorez-vous vos pères et vos mères par la loi que le Seigneur a décrétée ? Honorez-vous vos frères et vos sœurs par cette loi ? Savez-vous que cette loi apporte la vie éternelle ? Non. Et dans le monde, l’un des frères est riche alors que l’autre s’appauvrit, et le premier dit : « Qu’il se débrouille tout seul » ; chaque frère tire la couverture à lui au détriment de son frère. Je dis : ces deux frères n’ont pas compris cette loi divine et se sentent comme des individus isolés.

Nous croyons que le monde n’est créé que pour nous ; c’est la plus grande erreur de penser que le monde est créé seulement pour nous. Il n’est pas créé pour nous, Dieu a créé le monde pour Lui-même et non pas pour nous, pour qu’Il puisse se manifester, et nous ne sommes que des êtres occasionnels, oui, occasionnels. Mes cheveux peuvent pousser et je les coupe pour cette raison, une partie de mes cheveux partent, ils ne représentent pas quelque chose de substantiel. Certains parmi vous dont les cheveux tombent, mettent une perruque. En effet, la nature sait : lorsque la tête de quelqu’un se dégarnit, il peut prendre froid, c’est mieux d’avoir des cheveux sur la tête. Les cheveux ont un autre bon côté. Savez-vous pourquoi les cheveux tombent ? Les savants disent : « à cause d’une accumulation d’acide urique » ; c’est vrai, mais il y a un grand nombre d’autres raisons psychologiques qui ont agi avec le temps pour dégarnir la tête. Lorsqu’une région est déforestée – il y a beaucoup d’endroits déforestés en Bulgarie – quelle en est la raison ? Les gens du pays eux-mêmes abattent les forêts et les intempéries viennent dénuder ces collines. Chaque année, lors des inondations on dit : « Nous ne savons pas ce qui nous arrive, mais il y a beaucoup d’intempéries dans le coin depuis quelques années ». J’interprète : leurs collines ont été dénudées ; personne ne prend soin des forêts et ne perçoit leur importance.

Maintenant, nous les contemporains, nous avons dénudé toutes les collines divines. On ne peut plus trouver aujourd’hui deux personnes partageant le même avis. Tous disent que le monde est mauvais ; c’est vrai, mais en quoi est-il mauvais ? Il est mauvais dans le sens que chacun veut vivre pour lui sans connaître ni respecter cette loi divine. Un magistrat te jugera selon une loi différente. Nous débattons de la vérité, mais en ayant oublié la juste loi divine à laquelle fait allusion le Christ en disant : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Que contient la vie éternelle ? Elle contient toutes les conditions d’une croissance consciente, une vie où notre pensée peut s’exprimer au niveau le plus élevé ; ce n’est que dans cette loi que nous pouvons chercher et trouver notre bien. Cette loi est écrite en nous, elle y est écrite plusieurs fois. Le Seigneur dit – je citerai les Écritures : « J’ôterai leurs cœurs de pierre, je leur donnerai des cœurs de chair et j’écrirai Ma loi en eux [2] ».

Les annales de la nature témoignent que le Seigneur a écrit Sa loi un grand nombre de fois dans les cœurs des humains, mais qu’ils l’ont effacée ; j’en tire la conclusion suivante : nous les contemporains, nous sommes comme les petits enfants : s’ils trouvent une pièce de monnaie sale, ils ne regardent pas ce qui est écrit dessus, mais ils la mettent sur une pierre et la polissent soigneusement. Nous aussi, nous suivons toujours le même procédé. C’est ainsi qu’est né le nationalisme, il ne fait rien d’autre que polir ce que Dieu a écrit ; les allemands ont été polis, les Bulgares ont été polis, les anglais, tous les autres, tous sont polis, rien de ce que Dieu a écrit sur eux n’est resté ; ils savent beaucoup sur leur peuple, ils se battent pour leur honneur, mais ils n’ont pas le bon procédé pour se tenir du bon côté. Quelqu’un de grand, de noble comme Gladstone se présentera, mais même sa voix pour la juste cause de l’humanité sera une voix qui crie dans le désert.

Chaque peuple agit selon ses lois. Et si on vous demande pourquoi, c’est parce que les grands hommes de ces peuples n’ont pas conscience que « Son commandement est la vie éternelle » et que s’ils appliquaient ce commandement, ils obtiendraient plus de bienfaits. La mission du Christ n’était autre que de venir et de réconcilier ces peuples. Ces peuples sont les membres de ce grand corps divin. Ce n’est pas un mal d’être nationaliste, mais chaque peuple doit se considérer comme un membre du corps divin et savoir où est sa place, et fonctionner correctement dans le corps divin pour appliquer les idées divines. Mais à présent chaque peuple considère que le monde n’est créé que pour lui, chaque société considère que le monde n’est créé que pour elle, et chaque individu considère que le monde n'est créé que pour lui ! Mais Dieu nous a prouvé que le monde n’est créé que pour Lui. Et viendra un jour où Il nous balayera tous, Il effacera nos formes, et dans des milliers et des millions d’années, si vous recherchez dans les archives, il n’y aura que de très faibles résidus de la culture actuelle ; toutes ces formes actuelles seront aux oubliettes comme cela a été le cas de bon nombre de formes du passé. Par conséquent, l’Esprit Divin aspire à créer la forme la plus sublime dans laquelle Il peut se manifester. Et chacun de nous qui adopte cette idée : connaître comme dit le Christ Son commandement, aura la vie éternelle ; c’est seulement avec une telle forme, avec une telle loi que les forces de la nature viendront à notre secours.

Nous sommes là maintenant, et nous pensons, nous faisons des plans, nous croyons pouvoir tout contrôler, mais notre pensée est limitée par une entité supérieure - par exemple ces Êtres, les Anges qui sont passés avant les humains et qui occupent un rang plus élevé, contrôlent nos pensées à travers le règne végétal ; ils sont capables à tout moment d’influer sur votre vie quand ils le veulent et comme ils le veulent. S’ils ne vous donnent pas de pain, vos joues se creuseront, votre ventre rentrera, plus de bedaine, plus de panse. Comment se forme la silhouette pansue ? Aujourd’hui un porcelet, demain un dindon, une poule, une oie, tartinée au beurre, et ainsi de suite ; on dit alors : « C’est pour cela que le Seigneur a créé ces porcelets, c’est pour nous ; nous, les créatures nobles, nous devons manger, c’est la seule façon d’être des humains ». Et nous pensons que le Seigneur a créé l’homme uniquement pour qu’il se nourrisse. Non, l’être humain n’est pas créé pour cela, la culture d’aujourd’hui va dans une mauvaise direction ; manger est quelque chose d’occasionnel, il y a des choses plus belles que cela, manger n’est qu’un moyen.

Comment comprendrons-nous le sens profond des paroles du Christ qui dit : « Je suis le pain vivant, descendu du ciel [3] » ? L’eau et le pain sont vivants. Mais je demande : tu attrapes le cochon – ne le prenez pas comme une offense, je constate simplement un fait, en rapport avec cette loi – tu attrapes un cochon ou une dinde, elle t’implore dans sa langue : « Je t’en prie, épargne-moi ! » et toi tu dis : « Comment t’épargner, puis-je rester affamé ? », et clac, tu lui coupes la tête ; mais demain surgit une maladie qui terrasse ton enfant et tu dis : « Que le Seigneur lui pardonne ». Le Seigneur n’a pas de quoi lui pardonner, tu as simplement mangé la dinde et la maladie a mangé ton enfant ; tu devais dire : « Seigneur, puisque j’ai mangé la dinde, la maladie a mangé mon enfant », mais nous disons : « Que le Seigneur pardonne à cet enfant ». La question n’est pas de lui pardonner, car il n’a pas pêché ; est-ce ton enfant qui est la cause de tes péchés ?

Je vous donnerai un exemple : un Bulgare, boucher qui a égorgé des bovins durant vingt-cinq ans s’est enrichi et il a dit : « Dieu merci, j’ai arrangé ma vie, je vais laisser tomber l’abattoir désormais, et je vivrai comme un homme, comme les autres ; mais j’ai encore une dizaine d’agneaux : je vais les liquider pour mettre à jour mes comptes ». Il avait trois enfants ; l’un a dit au second : « Je te montrerai comment papa égorge les agneaux » ; il a sorti un couteau et lui a tranché la gorge. Voyant ce qu’il a fait, il prend le couteau et s’enfuit, mais il trébuche et est transpercé par le couteau en tombant. La mère qui donnait le bain au troisième enfant, entend cela, elle le laisse dans la bassine et il se noie. Le premier, égorgé, le deuxième, embroché sur le couteau, le troisième, mort dans la bassine ; ce Bulgare a « liquidé » ses trois enfants, et a « arrangé » sa vie. Vous direz : « C’était son destin, c’est ce qui était écrit » ; ce destin est réservé à toute personne qui égorge. Nous voulons maintenant la bénédiction divine, mais si tu es un tel boucher – prenez-le dans un sens plus subtil, l’exemple ici est trop grossier – tu ne comprendras pas ce commandement, qui est la vie éternelle. Pour connaître ce commandement, nous devons nous libérer de tous les péchés.

La loi divine ne souffre aucune exception, elle ne pardonne pas et n’excuse pas. Elle n’est pas brutale. Ce serait risible si un élève qui s’entraîne devant son maître musicien commet une erreur et veut être pardonné ; il dit : « Je ne suis pas fautif ! » Tu n’es pas fautif, mais tu dois jouer correctement. Chaque travail doit être accompli conformément à la loi. La vie sur terre doit être parfaite. Cela se peut-il ? Cela se peut pour celui qui travaille. Que notre vie soit parfaite, c’est le sens de notre existence. Soyez parfaits ! Alors que nous disons constamment devant les fautes des autres : « Tu as fauté ! » Non, non, arrête, lorsque tu commets la première faute, dis-toi – si ton nom est Stoyan par exemple : « Stoyan, nous sommes frères tous les deux, nous avons lié nos vies, nous vivons en harmonie ; la manière dont tu gères nos affaires ne mène à rien de bon ». Tandis que si nous commettons une erreur, nous disons : « Mets-là sous le tapis du mensonge ». Nous créons ainsi les gens les plus pieux, et les plus grands menteurs sont les plus pieux dans ce monde !

Ce sont ceux qui mentent le plus qui parlent le plus sur la vérité. Parfois moi aussi je crains de trop parler de la vérité, c’est parce que la conscience de l’être humain doit être présente lorsqu’il parle : vous n’êtes pas les seuls à m’écouter, ma pensée et mes sentiments produisent certaines mouvements au sein de la nature elle-même, ils peuvent se diriger en harmonie ou en dysharmonie vis-à-vis d’elle, ils peuvent aller vers Dieu ou en dehors de Dieu. Nous pouvons donc établir deux processus : l’un qui détruit et l’autre qui bâtit. Le processus de la destruction mène à la mort, il n’y a en lui aucune culture ; seul le processus qui bâtit est divin. Par conséquent si vous n’êtes pas prêts à respecter la loi divine, en vous travaillent ces forces qui vous détruiront, non seulement vous, mais aussi vos enfants, votre argent, vos maisons : il n’en restera rien en quelques générations. Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas compris votre vie, vous ne l’avez pas bâtie sur ce grand commandement qui détermine ce que peut être la forme véritable de cette vie qui est éternelle.

Maintenant, à coup sûr vous prendrez seulement le côté négatif. Ce n’est pas un dogme, simplement une manière d’illustrer la façon dont ce commandement régit les choses. Ce commandement divin peut se manifester de trois manières : comme une loi mécanique, comme une roue dentée qui te dépècerait si elle t’accrochait avec sa dent ; tu peux l’implorer mais elle n’a pas de conscience. Il peut parfois y avoir un être conscient à côté de cette roue pour la réguler et si tu implores la roue lorsque la dent t’accroche, il la fera stopper ; il te dira : « Reste à l’écart de la roue ! » Nous les contemporains, nous sommes intrus dans un monde où toutes les roues sont mécaniques sans personne pour les surveiller et donc celui qui passe à côté d’elles doit être sur le qui-vive. Tu sors de chez toi ; tu dois être aussitôt relié au monde invisible, ton esprit doit être relié à Dieu, ton âme doit être irréprochable. Certains disent : « Pas besoin d’être reliés », mais est-ce que la vie des peuples contemporains qui ont tous reculé sur cette loi de bon sens est meilleure pour autant ? Tous ont commencé à arranger leurs vies, à écrire tout et son contraire, à faire des calculs savants, mais ils n’ont pas su trouver la loi par laquelle manifester ce grand principe. Ce principe ne tolère aucune violence en soi ; lorsqu’il s’exprimera dans toutes les formes, il agira de toutes les façons, mais sans qu’il y ait de dysharmonie.

Nous nous arrêtons maintenant pour dire : « Le Seigneur arrangera le monde » ; les gens du monde disent : « Nous arrangerons le monde » ; d’autres disent : « Ceux qui gouvernent arrangeront le monde » ; nous attendons toujours que le monde soit arrangé. Il se redresse graduellement, la question n’est pas là, je le sais, mais notre vie actuelle, individuelle reste dans une certaine mesure mal réglée. Le plus important dans les conditions actuelles est l’âme de l’être humain. Toi, en tant qu’être conscient, comment imagines-tu vivre à l’avenir ? Beaucoup parmi vous connaissent Dieu n’est-ce pas ? Certains diront qu’ils aiment Dieu. Je concède que vous Le connaissez, que vous L’aimez, mais je vais vous dire à quoi j’assimile votre connaissance et votre amour de Dieu. Vous avez une fille remarquable, noble, belle, bien éduquée, très tendre ; elle lie connaissance, un bienaimé vient, elle l’accueille tendrement, elle le prend par la main : elle est très attentive et patiente, et lui s’exprime avec douceur pour ne pas la contrarier ; on le ménage, et on lui dit : « Vous avez de la noblesse ». Mais une fois mariés, ce feuilleton cesse : il n’y a plus d’accueil, plus de trémolos : un autre feuilleton démarre, le ton se durcit ; il va d’abord pianissimo et puis fortissimo. Vous dites : « Comment cela ? » C’est uniquement la musique qui a changé. Pourquoi ? Au fond cette jeune fille n’était pas mue par un idéal, mais par un égoïsme matérialiste afin d’assurer ses arrières. C’est aussi vrai pour le jeune homme, c’est aussi vrai pour le maître ; nous voyons partout que les gens sont très aimables au premier abord, puis ils abattent leurs cartes. Je demande : qu’est-ce que cette jeune fille a à y gagner ?

Le Seigneur ne peut pas être trompé de la sorte ; Il tolère d’être trompé, mais Il enregistre dans Son livre tous ceux qui Lui ont menti et note comment Il a été accueilli et traité. Il écrit depuis des milliers d’années et enregistre toujours notre accueil et nos adieux, et lorsque nous nous rendons auprès de Lui, Il dit : « Je sais très bien comment vous M’avez accueilli et raccompagné ». Les religieux, les marchands, tous Lui allument des bougies et prient lorsque les affaires tournent mal, mais dès qu’elles se redressent, ils disent : « Il ne faut compter que sur soi-même » ; et les soldats sur le champ bataille également, s’ils sont en mauvaise posture, ils s’agenouillent et disent : « Seigneur ! » mais s’ils gagnent : « Vois-tu un peu nos muscles, vois-tu un peu ces canons ? » C’est ainsi que nous accueillons et que nous raccompagnons le Seigneur. Mais quel est le sens du combat militaire ? Nous commençons bien, mais nous devons aussi bien terminer ; et nous ne terminerons bien que si nous reconnaissons cette loi.

La raison n’est pas que nous ne connaissons cette loi que partiellement, nous la connaissons parfaitement. Disons, un inventeur fait des plans et les trouve excellents, il a commencé parfaitement bien ; mais quand il applique ces plans, il n’arrive à rien : les esquisses sont excellentes, mais en les appliquant cela ne donne rien. Maintenant, en théorie nous sommes presque sur le bon chemin, nous parlons bien, mais s’il est question d’appliquer l’amour et la sagesse comme tous les autres principes, nous finissons par faire faillite et nous disons « C’est notre destin », et les astrologues disent que la faillite est causée par quelque astre. Quel rapport entre l’astre et ta vie, en quoi te fait-il obstacle ? Non, c’est ta pensée qui n’a pas compris cette grande loi, c’est ta pensée qui t’a entravé dans ton chemin ; il nous faut maintenant une pensée évoluée et éclairée, et il nous faut prêter attention aux petites choses.

Il y a un petit conte à propos du Christ : en voyageant avec ses disciples il a vu à un endroit une pièce de cinq centimes et a dit à Pierre : « Prends cette pièce », mais Pierre ne l’a pas prise, se disant : « À quoi bon, le Seigneur me met à l’épreuve ; non, je renonce à cette pièce de cinq centimes, je vais servir Dieu ». Ils ont passé sans s’arrêter. Le Christ revient sur ses pas, prend la pièce et repart. En passant à côté d’un homme qui vendait des cerises, il lui a dit : « Donne-moi des cerises contre ces cinq centimes » ; il les prend et les met dans sa poche – le Christ avait une poche – et en marchant, comme ses disciples commençaient à avoir faim, il s’est mis à laisser tomber une cerise, puis une autre. Tous marchaient derrière Lui et se baissaient ; longtemps il laissait échapper des cerises, ils se baissaient constamment et Pierre qui ne voulait pas se baisser une seule fois pour la pièce, s’est baissé dix fois pour les cerises.

À nous aussi maintenant, on nous dit de nous baisser pour comprendre et accomplir la loi divine, mais nous rétorquons : « Comment est-ce réalisable ? Quel est ce commandement, qu’est-ce que la vie éternelle ? Ce sont des vues philosophiques ! » Je dis : ami, prendras-tu la pièce de cinq centimes ? Si tu ne la prends pas, ton Maître la prendra et tu te baisseras ensuite dix fois jusqu’à ce que tu comprennes qu’il est préférable de se baisser une fois pour la pièce plutôt que dix fois pour les cerises. Nous pouvons accomplir ce commandement. Comment ? Arrêtons-nous là-dessus : ne pouvons-nous pas agir sincèrement envers les autres comme nous voulons qu’ils agissent envers nous ? Si je raisonne ainsi : quelqu’un a une parole un peu dure, je ressens une douleur et je hausse le ton ; mais tu as constaté à l’instant ce que cela fait de hausser le ton, pourquoi le fais-tu aussi toi-même ? Quelqu’un t’a trompé et tu le trompes aussi, tu dis : « Cela passe » ; lorsque je mens ça passe, mais lorsque les autres mentent, cela ne passe pas ? Or, si cela passe dans un cas, cela passe aussi dans l’autre et vice versa. La faute si elle est mienne n’est pas une faute, mais elle ne m’exonère pas plus que vous. Le bien qu’il soit en vous ou en moi est toujours du bien ; c’est une qualité noble qui édifie, qui bâtit la vie. Et n’est-ce pas mieux de se connaître si nous nous croisons ?

Quelqu’un dit : « Je veux savoir ». Que veux-tu savoir ? « Je veux savoir ce qui est placé en moi ». Mon frère, il y a beaucoup de choses mauvaises en toi et beaucoup de bonnes choses. Si je connais ces mauvaises choses, je n’en tire aucun profit. Si je sais qu’il y a dix mille pièces d’or dans ta caisse, cela ne me profite en rien ; et si je sais que tu as une dette de dix mille pièces d’or, en quoi cela me profite-t-il ? En rien, ce n’est qu’un fardeau pour mon esprit. Ce à quoi nous devons nous intéresser, ce sont nos relations. C’est l’acte à un instant donné : est-ce que je peux me comporter bien avec vous ; vous ne devez vous intéresser qu’à ma parole : c’est le plus important à un instant donné. Les paroles que je prononce, c’est moi, alors que vous méditez sur ce que j’ai voulu dire. Je suis si sincère que je vous révèle une grande vérité que j’ai appliquée et j’ai obtenu d’excellents résultats. Certains parmi vous ne peuvent pas encore s’en convaincre ; vous ressemblez à ce Bulgare qui s’était mis à boire mais implorait le Seigneur de le libérer de l’ivrognerie. Et son bras a commencé à trembler : il avait envie de boire, il renverse le verre, il ne peut pas boire mais en meurt d’envie. Il a réfléchi un jour, deux jours, il ne pouvait toujours pas boire ; il a dit à sa femme : « Tu vas m’attacher la main avec une cordelette ». Il voulait grâce à la cordelette se remettre à boire. Le Seigneur voulait le délivrer d’une façon, mais il préférait encore attacher son bras et continuer de dire : « Seigneur, Tu ne m’aimes pas ».

Je vous vois maintenant attachés avec de nombreuses cordelettes, je vous vois et je dis : vous glissez vers le bas ! Vous n’êtes pas de mauvais bougres, mais vous dites : « Nous ne boirons pas, nous accomplirons la loi divine, nous avons de la volonté, de la volonté, de la volonté ! Nous sommes des êtres vivants, nous ne sommes pas des esclaves, nous servirons Dieu ». Mais vous me répondrez : « Dans des conditions plus clémentes, à l’avenir, dans une autre réincarnation, lorsque Dieu nous enverra de nouveau sur terre ». Ce sont des réflexions comme celle d’une truie dans la porcherie qui dit : « Maintenant, je fouille, mais si un meilleur maître se présente et me nourrit davantage, je renoncerai à fouiller ». Les Turcs disent : « Bochlaf [4] ». Même si des maîtres cent mille fois mieux se présentaient, elle resterait une truie à moins que sa conscience ne change : elle doit laisser de côté la porcherie et agir d’une autre manière, sinon elle gardera la même forme.

Par conséquent, nous aussi nous pouvons demeurer en Dieu, mais seulement si nous assimilons Sa loi, si nous commençons à réfléchir comme il faut et à sentir comme il faut, sinon, nous resterons dans la porcherie. Mais vous dites : « Le Seigneur nous changera » ; le Seigneur te changera si tu changes. Le Seigneur a une autre façon de te faire changer, mais je dis : que le Seigneur vous en garde ! Et vous dites : « Nous ne nous soumettrons pas » ; le Seigneur a aussi une fournaise pour les humains, il les jette dedans, les fond et lorsqu’ils fondront, ils ne se reconnaitront plus. « Ne sommes-nous pas des individus, dites-vous, je suis Stoyan, sais-tu qui est mon père ? » Oui, mais lorsque le Seigneur vous mettra dans la fournaise, rien n’en restera et vous ne vous reconnaîtrez pas. Comment ferez-vous dans Sa fournaise, de quel sujet débattrez-vous ?

Maintenant je reviens à la pensée principale : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Cette grande loi est le reflet de l’amour divin. Par cette loi vous pouvez changer votre vie personnelle. Vous voulez être heureux ? Vous pouvez être heureux dans le respect de la loi ; vous voulez être savants ? Vous pouvez être savants ; vous voulez être puissants ? Vous pouvez être puissants. Tout ce que vous désirez, vous pouvez l’avoir au nom de cette loi où agit l’amour, mais vous l’appliquerez de façon à agir envers autrui comme vous agissez envers vous-mêmes. La société ne doit pas vous troubler, elle ne peut pas vous entraver ; cela n’a pas de sens de dire que nous voulons appliquer la loi divine, mais que la société vit d’une autre façon, car chacun vit selon ses propres compréhensions. Maintenant, nous pouvons corriger notre trajectoire dans ce monde, nous pouvons la redresser grâce à cette nouvelle compréhension. Ce qu’un seul fil ne peut faire, dix fils le peuvent ; ce qu’une personne ne peut faire, deux, trois, dix, cent, mille le peuvent. Avez-vous discuté avec votre Seigneur en votre for intérieur, avez-vous dit : « Seigneur, quelle est Ta volonté ? Seigneur, est-ce que je peux accomplir Ta loi ? » Vous direz : « Un homme de bien doit venir nous le dire ». Oui, un homme de bien doit vous le dire, mais comment allez-vous comprendre cet homme de bien ?

Je vais vous relater un ancien conte de l’histoire égyptienne. Tatzin, un grand Maître de la loge Blanche, âgé de soixante-dix ans cherchait un manuscrit datant de la création du monde où étaient consignés tous les secrets primordiaux : comment vivre et comment tirer profit de la vie. Ce papyrus était écrit dans une langue singulière et se trouvait entre les mains de la plus belle, mais la plus pauvre jeune fille, Isis. Selon les règles d’autrefois dans la Fraternité Blanche, les femmes étaient complètement exclues car elles ne s’étaient pas élevées jusqu’à cette grande culture. Il y avait une règle qui déconseillait aux élèves de fréquenter les femmes. Tatzin a commencé à fréquenter cette jeune fille et tous ont spéculé sur ses intentions ; ils ne soupçonnaient pas la présence chez elle de ce papyrus précieux. Elle devait seulement poser le papyrus devant lui et après avoir lu un long moment, il se levait de table, revenait dans son temple tandis qu’elle enroulait le papyrus et le remettait de nouveau dans ses archives. Ainsi il revenait jour après jour, et la jeune fille se demandait quel amour il nourrissait pour ce livre : lorsqu’il touchait le livre, un frémissement sacré montait en lui, son visage changeait, mais elle ne pouvait pas se l’expliquer. Et les gens de l’extérieur pensaient : « Il est probablement tombé amoureux de cette jeune fille ». Elle s’étonnait des raisons qui le poussaient à lire ce livre et les gens de l’extérieur se demandaient les raisons qui l’incitaient à lui rendre visite.

Lorsqu’un contemporain commence à étudier le Verbe Divin, les gens se demandent pourquoi cet individu commence à frémir. Un médium frémit et les gens disent : « Il est dérangé ». Et vous lorsque vous dansez dans la ronde, ne frémissez-vous pas ? Vous êtes dans un bal, vous faites une révérence. Y a-t-il quelqu’un qui ne frémit pas ? Si quelqu’un se met à frémir, on dit : « Celui-ci a perdu la tête ». Ce n’est pas dans l’ordre des choses, mais si le mari se fâche et bat sa femme, alors ce serait dans l’ordre des choses ; lorsqu’un patron ou un ministre se fâche on dit : « C’est dans l’ordre des choses, quelque chose a dû provoquer sa colère ». Si un religieux qui cherche Dieu est bouleversé, alors on dit : « Il lui manque un boulon, il a perdu la boule ». Non, justement il est en train de retrouver la boule et la raison de ses frémissements est toute autre : il recherche Dieu ! C’est un processus de la pensée, c’est un bouleversement intérieur, le temps que ces mouvements deviennent plus beaux, plus musicaux, plus harmonieux, alors nous les considérerons comme normaux. Le médium frémit longtemps car il se heurte à un obstacle. Et tous ceux qui commencent à penser et à agir, frémissent, mais c’est la loi qu’ils recherchent à travers ce tremblement. Lorsque vous la trouverez, arrêtez-vous et ne philosophez pas.

Vous direz : « Est-ce que la loi est applicable ? » Oui, vous pouvez l’appliquer, certains parmi vous ont suffisamment mûri pour l’appliquer. « Mais quels seront les résultats ? » Les résultats seront excellents. « Est-ce que je serai quelqu’un de bon ? » Tu ne seras pas bon, mais tu sauras comment vivre. Bien et mal, ce ne sont pas des choses substantielles dans la vie, le bien et le mal sont des serviteurs qui te conduisent à Dieu, l’un et l’autre te guident, ce sont des êtres vivants : le mal te guide d’une façon, le bien d’une autre ; ce sont des serviteurs qui te guident vers le commencement éternel d’où tu proviens. Le mal dit : « Écoute, si tu n’accomplis pas la loi divine, tu me ressembleras, c’est ce que tu veux ? Si tu cherches un autre sens dans la vie, rebrousse chemin ! » Et lorsque tu passes du côté du bien, il dit : « Si tu cherches le sens de la vie, travaille comme je travaille, et tu trouveras le chemin ». Ces êtres sont si sincères ! L’un dit : « Ne sois pas comme moi, mais si tu veux, viens travailler avec moi dans les champs ». Mais en premier lieu un esprit, aussi malfaisant soit-il, te dira toujours : « Dis la vérité, ne sois pas comme nous, car nous n’aimons pas les peureux ».

Donc, le bien comme le mal nous guident vers Dieu. C’est pourquoi Paul dit : « Lorsque nous terminerons notre évolution, ne demeurera que l’amour  [5] ». Vous direz : « Un simple sentiment ? » Non, non, nous rentrerons dans une vie indicible ; notre langage ne peut même pas décrire le reflet, le préambule de ce qui sera révélé. La vie qui vient est si grandiose, si glorieuse dans ses possibilités, dans ses manifestations : science, musique, poésie, vie sociale, amour et vérité, que cela vaut la peine de passer mille ans de souffrances, pour ne serait-ce qu’une minute de cette vie. Un instant de cette vie vaut mille ans de nos souffrances.

Le Christ dit : « Et je sais que Son commandement est sa vie éternelle », et le Christ vous dit à présent – c’est-à-dire Il se dit à Lui-même : « Et je sais que Son commandement est pour moi la vie éternelle ». Si vous dites de même, en même temps que le Christ : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle », vous entrerez dans ce commandement. Ne demandez pas si ce temps est venu, c’est le malin qui vous y pousse ; ce serait ridicule si un disciple venait auprès de son maître pour demander : « Est-ce que le temps est venu pour moi d’apprendre ? » Il a déjà vingt ans, ce temps est venu depuis belle lurette, tu devais venir dès l’âge de sept ans. Quelqu’un qui a quarante ans révolus demande s’il peut être admis ; il est admis plutôt deux fois qu’une. Un autre, âgé de soixante ans demande : « Est-ce que je pourrais comprendre ? » Et comment ! Si tu n’es pas apte à comprendre à soixante ans, quand le seras-tu ? Il dit : « Notre temps est révolu car nous sommes vieux ». Vous êtes vieux ? Celui qui cherche la vérité se bonifie avec l’âge. S’il commence dès son plus jeune âge, c’est bien. Je dis : c’est bien pour vous d’étudier et de ne pas perdre votre temps avec des racontars. Étudier les religions et leur histoire, l’histoire de la terre, par quelles périodes géologiques elle est passée, tout cela est très bien. Lorsque vous comprendrez cette grande loi divine, vous étudierez l’histoire de la terre en un jour, comme dans un cinématographe, vous verrez en images comment a été créée la terre. Il y a dans cette terre d’autres trésors qui doivent s’étudier, mais certains parmi vous diront maintenant à propos de ces trésors grandioses : « Montre-les nous ! » C’est dangereux de les montrer.

Dans le passé une jolie fille de la race blanche est tombée parmi les noirs, et pour s’en protéger elle s’est mise un masque, deux fois plus noir qu’eux. Ils la considéraient comme un héros. L’un d’entre eux vient la voir et lui dit : « Soulève ton masque pour qu’on te voie ! » C’est dangereux de montrer sa réalité. Quelqu’un dit : « Soulève ton masque ! » Non, non, parmi les noirs c’est dangereux de soulever son masque, il faut se présenter en noir devant eux.

Cet Enseignement que je prône dans la causerie d’aujourd’hui n’est pas pour le monde mais pour vous. C’est un moment psychologique intérieur qu’il faut vivre, un vécu que vous ne devez partager avec personne ; ces moments sont sacrés, si sacrés que vous devez les garder comme quelque chose de rare. Savez-vous comme c’est beau pour vous-mêmes qu’un de vos frères vous adresse la parole, un frère du monde invisible, comme c’est précieux que le Christ vous adresse la parole, mais non ce Christ dont tout le monde parle !

Il y a un conte sur un prédicateur qui a longtemps étudié l’amour divin et la vérité. Il est tombé un jour sur des brigands qui lui ont brisé les deux jambes. Des confrères sont passés à côté de lui et chacun disait : « Allons, c’en est fini de toi, mais au moins que cela ne nous retombe pas dessus ». Ils passaient et s’en allaient alors qu’il pleurait, abandonné de tous. Venait enfin le Christ en pauvre homme.

Le Christ s’arrête devant lui et lui demande : « Qui es-tu, mon frère ? – Je suis prédicateur. – Prédicateur ! Mais que prônes-tu ? Je suis un homme simple, mais j’ai un talent : remettre les os cassés. Allons, tu vas prêcher pour moi, et moi je vais remettre ta jambe, mais prêche bien. » Et il commence : « Tes jambes sont cassées à plusieurs endroits ; si tu ne dis pas la vérité, l’os va mal cicatriser. Tu vas me faire le prêche le plus beau, le plus sublime ; la rémission de tes jambes dépendra de ton prêche. »

Le prédicateur a réfléchi : il devait dire la vérité car cette vérité concernait sa jambe, ses os. Il a rassemblé ses pensées, il a regardé le Christ, il voulait mentir. Le Christ lui dit : « Réfléchis, réfléchis bien car je remarque que l’une de tes mains tremble. » Le prédicateur a commencé à confesser ses fautes : « Tu me pardonneras, mon frère, mais mes prêches n’étaient pas fameux. – Très bien ! » Le Christ a commencé à bouger sa jambe jusqu’à ce qu’il finisse par dire : « Tu es guéri, lève-toi, va et désormais prêche comme il faut ».

Je vois maintenant que le Christ viendra, beaucoup de vos jambes sont brisées, le cœur est brisé ; et pour guérir votre cœur le Christ dira : « Tenez votre plus beau discours, votre plus beau prêche et je vais commencer à replacer les morceaux ; et le résultat dépendra de ce que vous direz ».

C’est difficile de dire la vérité, c’est difficile, mais c’est ce qui est le plus noble et le plus courageux. Le Christ est le dernier qui viendra ; le dernier, mais il remettra tout à sa place : avez-vous la foi pour le croire ? Vous croyez, mais votre jambe est cassée, et si vous ne dites pas la vérité, elle ne guérira pas. Il ne suffit pas de dire : « Nous croyons ». Si quelqu’un vient ce soir et dit : « Mon frère, donne cent mille levas pour le Christ, pour que ma jambe guérisse ! Vous direz : « Laisse-moi réfléchir un peu, vérifier mes comptes, consulter ma femme, mes enfants… » Il dira à un autre : « Peux-tu me consacrer un mois de ta vie ? – Oui, à moins que mes enfants … »

Non, non, il n’y a pas de temps à perdre. Lorsque viendra ce moment, et que tu as les jambes cassées, tu dois te sacrifier de ton plein gré. Nous devons tout bâtir de notre plein gré sur la base de cette grande loi divine. Je ne vous dis pas d’être différents, mais sincères envers vous-mêmes, d’avoir la bonne volonté. Que le marchand reste marchand, mais qu’il soit honnête ; que le médecin soit médecin, mais qu’il soit honnête. Est-ce qu’un médecin ne peut pas consacrer un mois dans toute l’année pour soigner sans prendre d’argent ? Est-ce que l’avocat ne peut pas consacrer un mois pour plaider des affaires gracieusement ? Est-ce qu’une mère, un fils, une fille, nous tous, nous ne pouvons pas consacrer un mois dans l’année à Dieu ? Mais nous buttons sur : « Que dira celui-ci ou celui-là ». L’homme dit : « Que dira ma femme », le Seigneur dit : « Ta femme te dit de ne pas travailler », mais un mois plus tard il la congédiera et elle s’en ira. Le mari se met à la pleurer et demande ensuite : « Est-ce que je peux me marier une deuxième fois ? » Il en épouse une autre, le Seigneur demande : « Es-tu prêt ? » Mais celui-ci se demande encore : « Que dira ma femme ? » Elle aussi part, mais il en prend une troisième. La troisième femme vient et cette fois Dieu interroge la femme : « Que dira mon mari ? »  et le Seigneur congédie le mari. « Que faire ? Attends que j’en trouve un autre ! » Le Seigneur patiente ; lorsque le second mari se présente, il accapare la femme. Et nous nous justifions : le mari avec la femme, la femme avec le mari, le frère avec la sœur. Et la volonté divine n’est pas accomplie.

Et nous disons : « Le Christ descendra du Ciel avec des Anges et redressera le monde ». Ce n’est pas ainsi que cela se passe : le Christ frappe à vos portes et vous dit : « Pouvez-vous me consacrer une journée ? » Vous me direz maintenant que je vous l’ai déjà répété plusieurs fois ; oui, mais je ne vous ai pas parlé comme je vous parle aujourd’hui. Il n’y a pas aujourd’hui d’enthousiasme. Vous direz : « Nous ne ressentons aucun enthousiasme » ; non, non, je dis aujourd’hui : je ne veux pas d’enthousiasme. L’argent, par ici l’argent ! C’est moi qui distribuais jusqu’à présent et vous disiez : « Ho-ho-ho ! »

Un ami me racontait l’anecdote suivante. Quelqu’un est allé dans une auberge et a commencé à manger en disant : « Des côtelettes et du vin, ho-ho-ho ! », mais au moment de régler, le restaurateur lui a dit : « Il faut régler l’addition maintenant ! » – « Aïe ! aïe ! aïe ! » Jusqu’à présent c’était « Ho-ho-ho », mais maintenant c’est devenu « Aïe ! aïe ! aïe ! » Car je dis : « Donne ici cent mille levas, règle la note ! », et tu dis : « Attends ! »

En premier lieu, tous au travail ! Tu diras : « Mais où est notre philosophie ? » Laissez vos philosophies, nous avons une plus grande philosophie et nous l’appliquerons concrètement. Vous dites : « Réfléchissons désormais ! » Il n’y a pas de temps pour réfléchir, tu donneras ou non ? Si tu donnes, tu es le bienvenu, entre ; sinon, tu peux partir, je ne te retiens pas. Tu veux quelque chose ? À ta guise, sers-toi ! Il faut du courage de notre part pour tenir les engagements que nous avons pris depuis que nous avons quitté le Ciel. Savez-vous combien d’obligations vous avez ?

Lorsque je ferai ma dernière causerie en Bulgarie, j’apporterai mes archives complètes à tous les disciples ; je vous les lirai et je vous demanderai si vous êtes prêts ou non. Si vous n’êtes pas prêts, je fermerai les archives et je vous laisserai en tête à tête avec vous-mêmes, pour parler clairement et en vérité. On ne tolère pas que le disciple ait deux avis. C’est l’Enseignement que vous devez appliquer et vous l’appliquerez : s’il est authentique, bien ; autrement au moins vous saurez toute la vérité. Vous n’aurez aucune obligation, n’est-ce pas ? Vous connaîtrez la vérité comme elle est. Vous vous tenez là à présent et vous dites : « Cela se peut ». Je vous dévoilerai cette archive et vous la ressentirez instantanément, et savez-vous ce qu’il adviendra de vous ? Certains parmi vous fondront comme de la cire ; lorsque je l’apporterai, vous ne serez plus que des os, des os, et tout le reste, même votre cerveau, disparaîtra comme dans un laboratoire, puisque vous tergiversez. Et lorsque vous verrez votre archive et que vous élèverez votre âme vers Dieu, soupirez profondément et dites : « Que la grande conscience s’instaure ! » Vous ressentirez le passage de la mort à la vie. Ce n’est pas une plaisanterie, je vous dis : un grand moment approche dans la vie, le moment le plus grand, le plus glorieux : vous serez soit seulement des os, soit une bougie allumée et vivante, pour briller dans les siècles comme les étoiles dans le firmament et indiquer la route à ceux de vos frères qui suivent ce chemin. Je parle aux disciples et non aux croyants et aux nouveaux venus, ceux-là sont libres.

Cette vérité se vérifiera et elle sera pour vous la dernière seconde de votre vie, elle est l’ultime seconde ; désormais si vous n’exploitez pas cette seconde, vous êtes perdus à jamais, sachez-le, tout sera perdu à jamais, mais si vous l’exploitez, vous êtes sauvés, l’avenir est à vous, la gloire de Dieu est à vous et Dieu sera avec vous. Lorsque je dis perdus, c’est une exagération. Quelqu’un viendra rappeler ce que Paul a dit ! Laissez Paul, ne jouez pas avec Dieu, vous faites erreur. Vous direz comme le Christ a dit : « Et je sais que Ton commandement est la vie éternelle ». Oui, ce commandement est la vie éternelle. Et lorsque je vois ce commandement, toutes mes fautes doivent repeupler ma conscience et je dois dire : « Seigneur, il n’y aura pas deux pensées en moi. Il y aura seulement une pensée sacrée, un cœur pur et sacré, une âme sacrée, un esprit pour accomplir Ta volonté grandiose et être Ton collaborateur dans les siècles à venir, et travailler avec Toi ». Vous serez par conséquent des ouvriers et vous entrerez dans la grande école. Lorsque je dis vous êtes perdus, j’entends : vous perdrez toutes les conditions de connaître cette grande vérité, cette grande sagesse à laquelle votre âme a aspiré depuis des milliers d’années. C’est à cela que vous aspirez et c’est maintenant le bon moment : ne tergiversez pas, ne vous regardez pas les uns les autres. Tous les disciples maintenant, concentrez-vous et dites : « Sans peur et sans obscurité dans l’amour infini de l’éternité ! »

Sofia, 28 mai 1922


[1] 1 Corinthiens 15, 51

[2] Ézéchiel 36, 26

[3] Jean 6, 51

[4] Exclamation en turc qu’on peut traduire par « Fadaises ! »

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