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1922_05_07 Le disciple n’est pas plus que le maître


Ani
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Le disciple n’est pas plus que le maître

« Le disciple n’est pas plus que le maître. »

Matthieu 10 :24

Tous les systèmes philosophiques enseignent et clarifient la question de la vie. Nous étudions la nature car elle a des imbrications dans notre vie : les médecins examinent les qualités et les caractéristiques des microbes nuisibles pour soigner plus efficacement leurs patients – ils examinent aussi des microbes mieux disposés à l’égard des humains pour apprendre à s’en servir ; les chimistes, les techniciens et ainsi de suite, tous étudient la nature car toutes ses forces ont un rapport avec la vie humaine. Quel que soit l’enseignement, quelle que soit la situation, nous devons les rapporter à un domaine donné et déterminer précisément leur prédestination et leur place : c’est la tâche de la vie consciente.

Prenez par exemple les enseignements religieux. La religion est un système de méthodes pour guider – ou conduire – la vie humaine supérieure dans la bonne direction. Ce n’est pas la religion qui crée l’être humain, mais c’est l’être humain qui crée la religion ; ce n’est pas l’être humain qui crée la nature, mais c’est la nature crée l’être humain – au sens premier –. Je dis souvent : « Puisons quelque chose de la nature » ; cette sentence est en elle-même comprise à moitié. Si un grand violoniste veut exprimer ce qui est déposé en lui, de quoi a-t-il besoin ? D’un violon : ce violon et cet archet correspondent à la nature, et c’est au moyen de ce violon qu’il peut donner libre cours à son inspiration. Le violon entre les mains du violoniste s’exprime de façon remarquable, il prend vie dans ses mains, mais si le violoniste le pose à terre, il se rendort de nouveau ; par conséquent la nature est parfois vivante, parfois endormie. Je dis : nous devons aller dans la nature, mais quand ? Seulement lorsque le Grand violoniste s’y produit, lorsque l’Esprit Divin la prend entre ses mains et que toutes les puissances agissent comme ce violon ; c’est alors que nous devons nous y rendre et non lorsque le Violoniste dort ou lorsque l’Esprit Divin s’est retiré, alors elle aussi se met en repos. Car ce violon aussi, la nature, a besoin de repos, tout dans le monde a besoin de repos.

Maintenant, beaucoup ont une mauvaise compréhension de la vie ; ils veulent par exemple être aimés par les autres n’est-ce pas ? Quelqu’un est triste qu’il n’y ait personne pour l’embrasser, qu’il n’y ait personne pour lui dire un mot tendre, pour l’aider, pour lui donner à manger et ainsi de suite. Mais prenez par exemple le baiser : tu as des milliers d’amis et l’un d’eux te croise et t’embrasse, un deuxième, un troisième, tous ces milliers de personnes t’embrassent ; je demande : lorsque le dernier t’aura embrassé, que diras-tu ? Tu seras enclin à dire en toi-même : « Je ne veux plus d’embrassades amicales ! » Lorsqu’on dit un baiser, on entend un seul et non pas des milliers, et ces milliers d’amis doivent venir chacun t’embrasser une seule fois et ne pas venir tous le même jour : que chacun fixe son jour, alors que le baiser en lui-même est au contraire une chose qui n’est pas fixée.

D’où vient chez l’humain cette envie d’embrassades, de repas, de beuveries ? Comment sont apparus ces processus ? Ils ont leur origine, mais on ne s’y arrêtera pas maintenant car si nous nous arrêtions sur l’origine du baiser, beaucoup pourraient dire : « Nous ne voulons pas le savoir, le baiser n’est pas quelque chose d’important ». Le baiser est aussi important que celui qui signe un contrat d’emprunt. On te dit : « Je veux que tu mettes ta signature. – Pourquoi ? – Parce que ce contrat n’est valide qu’accompagné de ta signature.

Il faut embrasser mon contrat de façon que ce baiser reste et qu’on sache que ton nom y est inscrit :  où que le contrat soit présenté, je saurai que tu l’as embrassé et qu’il est ainsi opposable dans n’importe quelle banque. Si tu mets seulement tes initiales, par exemple G. T. S., personne ne le considérera valide, car on estimera que la signature n’est pas valide. Puisque ce contrat n’est pas opposable, c’est que tu ne l’as pas signé, tu ne l’as pas embrassé.

Donc chaque désir humain dissimule une pensée intéressée. Lorsque quelqu’un me dit : « Signe-moi ce contrat », quoi qu’il me dise ensuite : « Je t’aime, tu es un ami, tu m’as rendu service », je sais que ce contrat cache quelque chose, un désir intéressé. Si j’aime quelqu’un, pourquoi avoir besoin d’un contrat ? Je lui dirai : « Combien veux-tu de moi ? – Dix mille levas. – Prends-les ! » Et rien de plus, aucun contrat, aucun baiser ; je peux donner l’argent même sans avoir un baiser en échange : c’est le juste enseignement des choses.

Le Christ dit : « Le disciple n’est pas plus que le maître ». Qu’a-t-il voulu dire par ces mots ? Le désir d’être plus que son maître ne doit pas germer dans l’esprit du disciple ; et pourquoi ? Je vous le dirai : l’eau ne peut pas s’élever au-dessus du niveau de sa source, c’est une loi ; la lumière du soleil ne peut pas s’élever plus haut que le soleil ; l’être humain ne peut pas s’élever plus haut que Dieu, il peut atteindre Dieu. Le disciple doit être comme son Maître, au même niveau, ni plus bas ni plus haut ; une fois ce niveau atteint, il ne peut pas s’élever plus haut. Qu’il soit comme son Maître de corps : avoir la même construction corporelle, et de cœur : avoir le cœur de son Maître, et en pensée : avoir la pensée de son Maître, et que sa volonté soit comme celle de son Maître. Qu’a voulu dire le Christ : « Le disciple n’est pas plus que le maître » ? Il pose deux principes. Si le disciple veut être Maître, il a perdu sa prédestination, il n’a pas compris le commandement divin essentiel dans le monde ; si l’humain veut devenir comme Dieu, il a perdu sa prédestination. Le disciple est une feuille blanche sur laquelle on peut écrire de belles choses ; si ce livre est écrit, il ne faut pas griffonner par-dessus.

Le Maître est un livre écrit sur lequel les gens apprennent, en revanche personne ne peut apprendre à partir d’un livre non écrit alors que chacun peut y mettre ses annotations. Je demande maintenant : si vous ne pouvez pas mettre sur ce livre ce que vous avez appris de votre Maître, en quoi vous profite votre savoir ? Un simple exemple : si vous demandez du blé à un agriculteur et s’il est prêt à vous donner deux boisseaux de blé, mais que vous n’avez pas de sac pour l’emballer, ni lui, comment pouvez-vous en tirer profit ? Vous ne pouvez pas vous nourrir d’une poignée de blé, il faut un sac ; le disciple est ce sac et le Maître sera le blé versé dedans ; tous deux, le maître et le disciple, en allant au champ et en semant ce blé, produiront la croissance.

Nous abordons à présent un nouveau domaine, plutôt incompris, mais je dis : par le mot Maître le Christ comprend un processus achevé, et par le mot disciple, un processus qui commence maintenant. Ainsi, lorsque vous écoutez n’importe quel autre enseignement, vous devez cultiver le désir d’assimiler tout ce qui est principe avéré et l’appliquer. Vous avez besoin d’améliorer votre vie et toutes les choses dans la nature vivante sont créées pour les âmes vivantes qui sont incarnées ici sur terre. Comment et par qui Dieu conduit-il les choses ? Cela n’a pas beaucoup d’importance. Lorsque le soleil envoie sa bénédiction, lorsque Dieu envoie Sa bénédiction par les rayons du soleil, ils viennent tous, unis sous forme de lumière blanche. La science moderne nous dit que la lumière blanche n’est pas uniforme mais qu’elle contient plusieurs faisceaux et aucun de ses faisceaux naspire à se mettre en avant ; il y a par exemple une lumière rouge, une autre jaune, verte, bleu clair, bleu foncé, violette et d’autres, mais aucune d’elles ne met son nom en avant pour dire : « Mon nom doit figurer ici » ; lorsqu’elles passent par le prisme, elles se séparent et forment des faisceaux colorés, mais lorsqu’elles repassent par un deuxième prisme, elles s’unissent à nouveau.

Des disputes éclatent souvent maintenant dans la vie ; ces disputes ont pour origine des prismes différents. Je vous donne en exemple ce qu’un ami me racontait au sujet du prisme de la société actuelle. Un croyant, un spirite qui croit en la réincarnation, et un prédicateur évangéliste discutent en tête à tête dans une pièce et se comprennent. Le prédicateur évangéliste dit : « Je crois aussi qu’il y a des esprits, qu’il y a une réincarnation, les Écritures le mentionnent aussi ». Puis ils sortent et vont à l’église évangélique et le pasteur dit alors : « Ce n’est pas vrai, il n’existe pas de tels esprits ! » Ils ne peuvent plus s’entendre à l’intérieur de l’église car le prédicateur évangélique a traversé un prisme et la lumière n’est plus unie : il y a un intérêt personnel, la couleur orange a pris l’ascendant en lui. « Je suis prédicateur, si je maintiens cet enseignement qui n’est pas familier à mes auditeurs, je peux altérer ma réputation, donc j’affirme qu’il n’existe ni esprits ni réincarnation » Pourquoi cela n’existe pas ? Parce que cela nuit à son intérêt.

Ils se réunissent de nouveau le troisième jour, l’un dit : « Comment cela, pourquoi n’affirmes-tu pas ce sur quoi nous sommes tombés d’accord l’autre jour ? » L’autre répond : « Tu es quelqu’un de libre, sans contrainte, alors que je suis sous la contrainte ; un jour lorsque j’éliminerai le licol et l’aiguillon, moi aussi je parlerai comme toi ». Il considère donc ses ouailles comme un licol pour sa tête et un aiguillon pour son arrière train, et c’est pour cela qu’il ne peut pas s’exprimer à sa guise : il parlera et même pensera comme ses ouailles le souhaitent. C’est étrange que les disciples puissent imposer à leur maître leur façon de penser ; c’est étrange que les domestiques puissent imposer à leur maître d’agir à leur guise. Le maître réfléchira selon les règles sur lesquelles il est tenu de réfléchir, et le disciple assimilera ce savoir selon les règles auxquelles obéit sa vie. Le maître a une certaine obligation et le disciple a une autre obligation, mais ne pensez pas que ces relations datent d’aujourd’hui ; pour quelqu’un, être disciple au sens spirituel est prédéterminé depuis des milliers d’années, cela existe depuis des milliers d’années.

Lorsqu’un étudiant entre dans un établissement scolaire, lycée ou faculté, il y a un règlement intérieur ; la question est : d’où vient cette idée dans la tête des enseignants et des professeurs d’instaurer ces règles, pourquoi ? Ne peut-on pas s’en passer ? On ne le peut pas, ils appliquent les règles auxquelles ils ont obéi dans le passé lointain, tous les élèves doivent s’y conformer. Donc la première chose est de comprendre votre condition de disciples. Le mal dans le monde actuel est que tous veulent être maîtres. Je n’ai rien contre, à condition que vous soyez un livre écrit et bien écrit de surcroît ; et que quiconque lise ce livre bien écrit puisse redresser et améliorer sa vie. Il y a des milliers de sources dans le monde et elles sont précieuses grâce à leur pouvoir de guérison. Prenez tout cela comme des symboles : sources, forêts, montagnes, vallées, rivières, et ainsi de suite, ce sont des symboles, des rappels du monde spirituel. Si vous ne savez pas comment lire ce livre qui est la nature, apprenez l’alphabet sur terre, ne pensez pas qu’on vous l’enseignera au Ciel, qu’on prendra le temps de vous enseigner ces choses élémentaires ; on vous renverra sur terre pour apprendre. La réincarnation est une loi, vous allez vous réincarner dans cette crèche, la terre ; tous les ignorants qui se sont cru très savants sur terre s’entendront dire au Ciel : « Comment cela ? Nous n’avons pas ici un tel cursus, une telle matière, de telles crèches, renvoyez-le pour qu’il termine ses études ! »

Un Bulgare qui avait fait des études en Amérique après la Libération nourrissait de grandes prétentions et avait une grande vanité. En revenant ici, il s’est présenté devant le prince Battenberg qui lui a fait un accueil remarquable en lui disant : « Je suis prêt à vous confier le poste que vous souhaitez, premier ministre ou autre chose de la sorte. » Le Bulgare s’est empli de vanité : « Je dois réfléchir un peu… Je veux être proviseur de lycée. – Alors, a dit le prince, vous vous adresserez au ministre de l’éducation. » Ce Bulgare croyait que proviseur de lycée était un poste très haut placé dans l’appareil de l’État.

Maintenant, lorsque le Seigneur nous appelle et dit : « Demandez-Moi quelque chose », nous bombons le torse. « Que veux-tu ? – Je veux être proviseur. » Le Seigneur dit : « Prends rendez-vous avec le ministre de l’éducation. »

               À présent, tous sont envoyés chez ce ministre de l’éducation sur terre. Ce ministre de l’éducation, c’est l’incarnation physique ; ce ministre qui vient et qui te nomme, signera le décret et l’enverra à Dieu qui le ratifiera et tu deviendras proviseur. Mais les élèves dont tu seras le proviseur te feront un tel accueil que tu t’en souviendras longtemps.

Je m’arrête un instant pour raconter une légende. L’un des grands anges du Ciel – je l’appelle Oriphiel – est venu rendre visite aux humains pour voir comment ils vivent et les étudier un peu. En passant dans une rue, il a entendu du vacarme. Il a vu un petit enfant dans un berceau et lui a demandé : « Mon frère, pourquoi pleures-tu ? – Il n’y a personne pour m’aider, ces gens ne me comprennent pas ; ils m’ont laissé dans ce berceau, je suis petit, je ne peux pas me manifester et en plus je ne comprends pas les lois. – Que veux-tu ? – J’ai faim. » L’ange a pris le biberon et le lui a mis dans la bouche. L’enfant était une fillette, âgée de un an.

Il a continué son chemin, il a exploré, puis il est revenu au même endroit quatre à cinq ans plus tard. Il a vu une fillette en chemin, de nouveau en détresse qui pleurait, inconsolable. « Pourquoi pleures-tu ? a-t-il demandé. – J’ai perdu ma mère, je ne sais pas comment rentrer chez moi. » L’ange a pris cette enfant et l’a ramenée chez elle en se rendant compte qu’il s’agissait de la même fillette : elle avait pleuré une première fois d’avoir perdu son biberon et une deuxième fois d’avoir perdu sa mère.

L’ange a continué à étudier la conduite des gens, leurs sciences. Plus tard, en longeant une rivière il a vu une jeune fille de dix-neuf ans qui s’apprêtait à se jeter à l’eau. Il s’est arrêté et a demandé : « Que veux-tu faire ? – Je suis désespérée ; je n’ai plus le goût de vivre car j’étais avec quelqu’un qui m’aimait, mais qui m’a trompée et la vie n’a plus de sens pour moi. – Penses-tu que celui que tu aimes peut te donner ce que tu désires ? – Je peux être heureuse uniquement avec lui – répète-t-elle en pleurant. » La première fois ce sont des pleurs de faim, la deuxième fois ce sont des pleurs d’enfant perdu, la troisième fois ce sont des pleurs de chagrin d’amour. « Tu attendras et tu trouveras ton véritable bienaimé ; tu as été trompée alors que ton véritable bienaimé ne mentirait jamais ; quelqu’un t’a menti, tu l’a pris pour ton bienaimé, et tu veux maintenant te jeter dans la rivière ! »

Nos contemporains aussi sont maintenant désespérés : quelqu’un pleure pour du pain, un autre pour père et mère, et un troisième parce qu’il a perdu le sens de la vie. Pourquoi ont-ils perdu le sens de leur vie ? Ils n’ont pas encore trouvé ce sens, ils ne l’ont pas trouvé. Lorsque vous trouverez votre bienaimé que vous donnera-t-il ? Beaucoup parlent maintenant du bienaimé et disent : « Si seulement il y avait quelqu’un pour m’aimer ! » Je dis : si on vous met un pou dans les cheveux et s’il vous aime, il vous piquera et vous vous mettrez à vous gratter, alors qu’il dira : « Je veux juste aspirer un peu de ton sang pour devenir noble comme toi ! » Eh, mais alors, combien d’années doit-il aspirer ton sang pour devenir comme toi ?

La force n’est pas dans le fait d’être aimé. Et j’énonce une grande vérité : il n’y a personne dans le monde qui puisse vous aimer et si quelqu’un vous dit que l’être humain peut vous aimer, je prétends le contraire. L’être humain peut être conducteur de l’amour, mais il ne peut pas vous aimer ; l’amour dans le monde, c’est Dieu tout entier, et si tu veux que quelqu’un t’aime, c’est que tu veux que le Seigneur t’aime. Ce Seigneur pour vous aimer doit choisir quelqu’un qui soit un conducteur pour Le connaître. Vous vous égarez si vous pensez que celui par qui vient l’amour est la source de l’amour ; vous finirez alors au bord de la rivière pour vous y jeter et vous y noyer. Mais si on ferme les volets de la fenêtre par laquelle pénètre cet amour et qu’il ne peut plus passer et reste dehors, à qui la faute ? Vous devez comprendre cette situation. Lorsqu’on te dit : « Il faut m’aimer » ; tu répondras ainsi : « Lorsque le Seigneur m’aimera, je Lui dirai qu’Il t’aime aussi ; lorsque le Seigneur viendra et manifestera Son amour envers moi, je Lui parlerai de toi aussi, Il peut tous nous aimer ».

Quelle est la loi de l’amour ? Définissons-là. Lorsque le soleil brille, il envoie ses rayons depuis les immensités et répand la lumière et la chaleur ; qu’est-ce qui est alors attendu de nous ? Que chacun délimite une petite parcelle sur terre pour la labourer, l’ensemencer et faire pousser quelque chose. Vous ne pouvez pas approcher ce soleil, l’embrasser, l’étreindre, mais de son baiser nous pouvons tirer des bienfaits pour nous-mêmes. Le soleil dit : « Laboure le champ et plante quelque chose, je vais manifester mon amour : je ferai pousser ce que tu sèmeras, pommes, prunes, poires, pastèques, courges, radis, je ferai tout pousser. Tu goûteras la saveur de mon amour dans les pastèques, les pommes, etc. » Donc, lorsque Dieu se manifeste en nous et lorsque nos contemporains veulent L’étreindre, Il n’a pas besoin d’étreintes, mais Il dit : « Laboure ton cœur, puis plante les meilleures graines, et lorsqu’elles pousseront et que les fruits mûriront, tu goûteras des bienfaits du grand amour ».

Que nous apprennent maintenant nos contemporains ? Ils nous apprennent de bonnes choses, je ne vois rien de mauvais chez les chimistes, les techniciens, les physiciens, les astronomes, les biologistes, tout ce qu’ils enseignent est juste, mais ce n’est que le côté extérieur de la vie. La lumière aurait sept couleurs, mais en quoi est-ce important si nous ne savons pas comment utiliser chaque couleur ? Le peintre qui comprend la loi, lorsqu’il prend le pinceau sait accorder les teintes, il dessinera une image ; et l’agriculteur qui comprend la loi de cette lumière, l’utilisera d’une autre manière. En général, celui qui comprend la loi de cette lumière l’utilisera d’une manière ou d’une autre. Et si nous ne savons pas comment utiliser l’amour divin, alors tout est vain. Et je dirai de nouveau qu’il n’a pas seulement sept couleurs ; je répète, l’amour n’a pas que sept couleurs. Un savant et prédicateur anglais affirme aussi que l’amour a sept couleurs, mais je prends mes distances avec cela, je pense différemment : l’amour a plus de couleurs, beaucoup plus de couleurs ; et chaque couleur de l’amour fait naître des fruits spécifiques. La science moderne n’a pas encore étudié les conditions qui font naître les pommes, les poires et les raisins ; pour quelles raison le jus de pomme diffère du jus de poire ou de prune et selon quelle loi. Il y a une particularité dans la prune, il y a une particularité dans la pomme, il y a une particularité dans la poire, dans l’orange, dans le citron, il y a une particularité dans tous ces fruits ; ce sont des accords de lumière particuliers. Certaines couleurs prédominent dans certains fruits et d’autres moins. Prenez par exemple la cerise : la couleur rouge prédomine en elle et par conséquent si quelqu’un est anémique et s’il comprend comment se nourrir de cerises, s’il a cette disposition, s’il mange selon le nouveau procédé – non pas une alimentation mécanique, mais consciente – s’il a cette compréhension intérieure, à savoir comment la nature est créée et comment nous sommes créés, il va nécessairement assimiler tout ce qui est nécessaire pour son organisme. Ainsi, dans chacune de nos paroles, dans chacune de nos pensées prédomine une couleur précise parmi les couleurs de l’amour.

Quelqu’un dit : « C’est facile de vivre dans le christianisme, nous le pouvons ». Si c’était facile, pourquoi alors les chrétiens n’ont-ils pas réussi à appliquer l’enseignement du Christ ? C’est une science, une grande science. Et le Christ dit : « La vérité ne se transmet que d’une seule manière : lorsque cet Esprit de la vérité viendra, Il vous la transmettra [1]». Si nous étudions le christianisme sans l’Esprit Divin, la question est entendue : nous n’apprendrons que le côté extérieur. Nous apprendrons que saisir la grandeur du Christ, appliquer sa réforme serait prétendument impossible maintenant sur terre car son temps ne serait pas venu ; alors qu’à l’avenir, ce serait possible si l’être humain évoluait d’une manière ou d’une autre...

L’Enseignement du Christ doit être compris, il est fondé sur une grande loi divine, une loi au-dessus de toutes les autres lois, la loi immuable de l’amour. Et nous disons que cet amour peut s’appliquer partout. L’amour exige uniquement de nourrir l’affamé, d’habiller celui qui est nu, d’instruire l’ignorant ; l’amour n’exige pas de construire des palais pour les gens, de leur procurer dix costumes, dix paires de chaussures, mais de leur donner seulement ce qui leur est nécessaire ; même les enfants peuvent faire le reste. Et je remarque que les gens d’aujourd’hui cuisinent beaucoup pour l’ami qu’ils invitent et qu’ils mettent quelque chose de mauvais dans le repas. Nous voulons le contenter par le repas, et nous lui donnons un mets, un autre, un troisième, un quatrième et nous lui disons : « Goûte ceci, mais aussi cela » ; après qu’il ait trop mangé on le prie : « Dis-nous quelque chose d’important ». Que peut-il vous dire ? Il dit : « Je suis indisposé, j’ai trop mangé, vous devez patienter ». Et regardez : il est tombé malade et il a trépassé. Lorsque votre ami vient et que vous voulez apprendre quelque chose de lui, ne le régalez pas, donnez-lui peu, mais avec amour. Et le Bulgare dit : « Ne régalez pas trop ».

« Le disciple, dit le Christ, n’est pas plus que son maître », c’est-à-dire l’amour manifesté ne peut pas être plus grand que l’amour non manifesté, l’amour limité ne peut pas être plus grand que l’amour illimité. Les gens qui disent : « Tu ne m’aimes pas » sont bizarres ; pourquoi t’aimer, sur quelle base suis-je obligé de t’aimer ? Ou bien si c’est moi qui disais : « En quoi es-tu obligé de m’aimer ? » Si j’avais signé un mandat et emprunté de l’argent, tu pourrais dire : « Monsieur, tu as accepté cet emprunt, es-tu prêt maintenant à tenir parole ? – Oui, je suis prêt. » Mais tu te présentes ici, on te signifie un mandat et tu dis : « Il n’est pas à moi, je ne le reconnais pas, un autre l’a signé. »

L’amour, c’est une loi de libres rapports. Les rapports entre le Maître et le disciple sont absolument libres : le Maître n’a pas le droit de crier et de dire au disciple : « Tu dois étudier, sais-tu seulement que tu es dans mon École ? » Non, non, dans l’école divine le Maître comme le disciple sont absolument libres. Le disciple peut dire : « J’étudierai si je veux et je n’étudierai pas si je ne veux pas » ; il peut devenir savant, mais peut aussi rester ignorant. Il n’y a pas à le moraliser : il a choisi une situation pour éprouver un certain vécu, laissons-le l’acquérir. Et le Maître peut choisir : il prend ses propres dispositions. Donc les deux, s’ils baignent dans cette grande liberté n’éprouveront aucune dysharmonie entre eux.

À quoi est due toute la dysharmonie d’aujourd’hui ? Tu aimes quelqu’un, mais tu te mets à éprouver la jalousie : qu’est-ce qu’elle montre ? La jalousie est de l’amour qui se manifeste dans le monde physique. La jalousie, c’est le premier doute, ton manque de foi dans les capacités morales de ta femme ou de ton mari. Le maître aussi peut jalouser son disciple s’il a perdu confiance en lui, et le disciple peut jalouser son maître s’il a perdu confiance en lui ; c’est une manifestation sur le plan physique uniquement. Je demande alors : que gagnes-tu à être jaloux ? Jalouser la vérité est une chose, tandis que jalouser l’amour en est une autre ; lorsque par ta jalousie tu affaiblis et limites l’être humain dans tous ses actes, tu agis de façon insensée, de façon purement physique. Ce sont des contrats d’emprunt : tu m’épies car j’ai signé dix contrats et où que j’aille, tu m’épies de peur que je m’échappe. Tu peux demander : « Est-ce qu’un tel est bien à Sofia ? – Pourquoi ? – Je m’intéresse beaucoup à lui car nous avons des affaires à régler ensemble. » Ou bien : « Je ne veux pas qu’il quitte le pays car les dix contrats… » Une fois les emprunts récupérés, il peut alors aller où cela lui chante. Il a bien raison de réfléchir de la sorte.

Donc, si tu es jaloux de quelqu’un, je comprends que tu as une dette envers lui et si c’est lui qui est jaloux de toi, il a une dette envers toi. Certains demandent comment éliminer la jalousie ? Vous allez rembourser vos contrats, vous serez dans la situation de maîtres et de disciples, c’est-à-dire vous embrasserez les mêmes principes ; vous serez dans la situation de domestiques et de maîtres. Pour améliorer cette vie sur terre, nous devons comprendre la grande loi divine et mettre de l’ordre dans notre vie actuelle. Certains disent : « Ça s’arrangera », oui, mais c’est dans cette vie, c’est aujourd’hui que nous devons régler cette question. Certains disent : « À l’avenir ». Du point de vue divin chaque question peut se régler maintenant ; si tu n’es pas prêt à la régler maintenant, tu ne le seras pas non plus à l’avenir. On dit : « Dans la prochaine incarnation » ; si dans la prochaine incarnation ce cycle s’achève, vous raterez le dernier train ; n’est-ce pas les trains ont des horaires précis et lorsque tu rates le dernier, lequel prendras-tu alors ? Certains disent : « On a le temps » ; oui, on a le temps, mais s’il y a dix trains et que vous avez raté le premier, le deuxième, le troisième, si vous avez raté les neuf et qu’il n’en reste plus qu’un, alors je demande : quelle sera votre situation ?

Et le Christ dit : « Le disciple n’est pas plus que le maître ». C’est beaucoup pour le disciple d’être comme son Maître ; ne nous suffit-il pas d’être comme le Christ ? Ne nous suffit-il pas à tous d’être aussi dévoués et valeureux qu’il l’est ? Ne nous suffit-il pas d’avoir sa pensée, ses aspirations, sa sagacité ? Mais nous dirons : « Il est le Christ, le Fils de Dieu ». Ce Maître sous-entend que vous êtes tous des disciples. Ceux qui veulent être disciples, ceux qui soupirent maintenant : « S’il y avait seulement quelqu’un pour m’aimer », ne doivent-ils pas avoir ces qualités ?

Seul le disciple qui a compris son Maître peut avoir cet amour. L’amour est une manifestation consciente entre deux êtres supérieurs et doués de raison ; à chaque fois que l’amour se manifeste il y a une conscience. Cet amour se manifeste même dans les cristaux. L’amour doit être conscience, si celle-ci cesse, l’amour disparaît. Lorsque nous parlons d’amour, nous entendons deux créatures développées de manière identique en pensée et en cœur : également intelligentes, également cultivées, avec des âmes nobles et une volonté puissante ; seuls deux êtres comme cela peuvent se comprendre. Si ton ami te dit un mot et que tu le comprends d’une façon et lui d’une autre, de quel amour peut-on parler ? S’ils se fâchent, quel est cet amour ? Lorsqu’ils se disputent, peut-il y avoir de l’amour ? L’amour est comme la musique : seuls deux grands musiciens dont l’un sera premier violon et l’autre second violon s’aiment. Pourquoi ? Tous deux vont ensemble donner des concerts. Si un troisième arrive et dit : « Je viendrai aussi », ils peuvent le prendre pour leur garder les violons, mais ils joueront tout seuls sur scène. C’est cela s’aimer : ils décident quel morceau sera exécuté, ils s’entraînent, ils ont de l’amour. Et d’autres disent : « Aimons-nous ! » Peux-tu jouer de ce violon ? Nous pouvons alors nous aimer, mais si tu ne peux pas, tu garderas l’étui du violon ; tu garderas l’étui de l’amour car sur scène ce serait trop difficile. Parfois tu seras juste auditeur, mais c’est aussi un bienfait. Si tu es bon violoniste, c’est une chose de jouer avec un ami, c’est autre chose de prendre ce violon de l’amour ensemble avec le Christ – mais je prends le Christ au sens imagé – et de jouer avec lui ; c’est autre chose si quelqu’un joue pour le Christ et que tu écoutes de l’extérieur ; il y a jouer et jouer, il faut faire la différence.

Je vous relaterai encore cette anecdote sur un Bulgare. Il avait loué bien imprudemment à Moscou un appartement au-dessus de ses moyens ; il a donné tant d’argent qu’il n’en avait plus assez pour vivre jusqu’à la fin de l’année. Il dit à un ami : « Si j’avais su, je ne l’aurais pas loué, j’ai gaspillé mon argent. » L’autre lui répond : « Je peux facilement obliger cette Russe de te rendre ton argent. – Comment ? – Ne dis plus un mot ! »

Il vient un jour avec un ami, sort une cornemuse dans la chambre et commence à jouer, un jour entier, puis un autre jour… Le troisième jour la Russe vient et dit : « S’il vous plaît, prenez votre argent et quittez l’appartement ! »

Le Bulgare est inventif, il s’est servi d’une ruse ; il ne voulait pas de conflit, mais voulait jouer. Il a dit : « Nous les Bulgares, nous fêtons un évènement et nous aimons jouer ainsi. – Nous aussi nous chantons, mais vous jouez et chantez plus que nous ; nous ne voulons plus de vous ici car vous nous empêchez de travailler. »

Il est suffisant pour le disciple d’être comme son Maître. Nous aussi, nous nous libérons souvent par des ruses. Dans le christianisme, dans le nouvel enseignement, aucune ruse n’est tolérée. Une vie pure est exigée, une vie absolument pure et sainte ; cette vie doit avoir les aspirations telles qu’elles sont issues de Dieu : dans tous nos actes, nous devons être désintéressés comme Dieu est désintéressé, aimants comme Il est aimant. Ne pas manipuler l’amour divin, ne pas en profiter, autrement dit, cet amour doit passer par nous, mais nous ne devons pas en retenir la moindre particule ; que chaque particule de cet amour aille selon sa prédestination. Que ce qui appartient aux autres suive son chemin. On nous surveille du monde invisible, la lumière nous est prédestinée. Quelqu’un dit : « Tu peux te réchauffer quand tu veux ». Ce n’est pas ainsi, il y a des jours où il est prévu de vous réchauffer, mais il y a des jours où cela n’est pas prévu et vous serez enfermés si vous le faites. Si les choses n’étaient pas prévues ainsi, vous seriez malades. On dit : « Je me réchaufferai » ; non, non, tu te réchaufferas lorsque c’est prévu et tu dois mettre à profit ce temps-là, tandis qu’on pense maintenant qu’on peut toujours se réchauffer.

Maintenant on nous instruit, mais vous dites : « Le Seigneur est bon ». Je ne doute pas que le Seigneur soit très bon, mais c’est nous qui ne sommes pas bons. Le Seigneur est omniscient, mais nous ne le sommes pas, c’est-à-dire, comme nous ne savons pas, nous transgresserons la loi, nous pécherons et les conséquences néfastes viendront. On viendra alors nous consoler ; quelqu’un me brise la jambe et dit : «Telle a été la volonté divine ». Ce n’est pas la volonté divine ; pourquoi le Seigneur me fabriquerait une jambe pour me la briser ensuite ? Pourquoi me fabriquerait-Il un discernement pour me l’enlever ensuite et me rendre idiot ? Ce n’est pas cela Sa volonté. Quelqu’un d’autre t’a frappé et tu dis : « Le Seigneur l’a ordonné ainsi ». Non, non, toutes ces anomalies résultent de l’incompréhension de Ses lois.

C’est pourquoi le Christ dit : « Le disciple doit être comme son maître ». Il y a alors un autre égarement : s’il ne peut pas être comme son Maître, comment doit-il être ? Il ne peut pas être marchand par exemple, mais que doit-il être ?  « Il doit être prédicateur, prêtre, évêque, avoir une bonne situation, avoir les arrières assurés. » N’y aurait-il pas dans la nature des affaires commerciales ? Bien sûr qu’il y en a. On peut tout être et quand même accomplir la volonté divine, tout est possible dans le monde ; et cela se peut seulement si nous comprenons profondément le sens de la vie : lorsque Dieu est avec nous, nous pouvons tout faire. Lorsque l’amour est dans un être, il peut s’élever au-dessus de son niveau, mais il faut de l’amour ; que tu sois enseignant ou prêtre, quel que soit ton titre, tu ne peux pas faire ton travail comme il faut sans amour. Et inversement, si tu as l’amour tu peux avoir la pire situation dans le monde, tu peux être balayeur, mais tu accompliras tout remarquablement bien. Si tu es balayeur, tu peux faire beaucoup plus avec l’amour.

En Amérique, un américain a hérité de quinze millions. Il a distribué tout cet argent aux pauvres, il a pris un balai et s’est mis à balayer les rues de New York. On lui demande : « Pourquoi ? – Je préfère, a-t-il dit, gagner ma vie par le travail plutôt que vivre avec cet argent que je n’ai pas mérité. » Et c’est vrai qu’avec son travail et son exemple il a accompli plus qu’avec cet argent.

Ainsi, ma causerie de ce matin ne vise que mes disciples et non pas certains auditeurs extérieurs ; ils sont venus trop tard, j’ai beaucoup avancé, je ne peux pas revenir en arrière, je parle pour les disciples, pour la minorité. Je dis de nouveau : quel point de vue philosophique devez-vous adopter ? Vous ne devez pas vous illusionner. Il est temps pour vous de vous poser une question : comprenez-vous le Christ, pensez-vous comme le Christ, ressentez-vous comme le Christ, agissez-vous comme le Christ ? Vous direz : « À peu près ». Non, non, pas approximativement, mais avec une précision absolue, j’entends sur le principe : vous devez avoir les mêmes désirs qui ont animé l’Esprit du Christ, les mêmes mobiles. Le même Esprit doit pénétrer le Maître comme le disciple, non deux esprits, mais un grand Esprit doit pénétrer et alors, guidé par Sa sagesse, Il statuera sur la situation du disciple et du Maître, sur leurs rapports dans le monde physique.

Quelqu’un demandera : « Que veut dire le Maître ? » Voici ce que je veux dire : si cet Esprit est en vous, Il vous enseignera et vous rappellera ce que je veux vous dire. Lorsque je dis : Je, j’entends le divin, le grandiose qui a tout créé dans le monde, il y a un seul Je dans le monde, seul Dieu est Je, le premier qui a tout créé dans le monde. Je sous-entend Dieu qui a créé tout le cosmos, Lui seul peut dire : « J’ai créé tout cela, tout est à Moi, Je Suis et il n’y a personne d’autre que Moi ». Alors que nous bombons le torse à présent et nous disons : « As-tu une idée de qui je suis ? » Oui, tu es un je qui n’a rien accompli ; tu es un je qui ne peut même pas porter cent kilos sur son dos ; tu es un je qui ne peut pas avaler la moindre vexation, un je qui ne peut cohabiter avec personne, qui n’a pas réglé ses affaires, etc. Tu dois prendre conscience qui est ce Je - c’est Dieu, l’amour ; nous devons raisonner de la sorte et c’est le seul moyen de réguler notre vie.

Il y a une seule morale dans le monde. Quelqu’un dira : « Vivons dans l’amour ! » Ce sont de vaines paroles. « Échangeons une douce parole »… « Mais le disciple n’est pas studieux »… Est-ce toi qui le moraliseras ? Il étudiera s’il le veut, est-ce à toi de le raisonner ? Toute personne entrée à l’école divine doit apprendre de son plein gré ; elle s’y tiendra si elle le veut, elle y étudiera si elle le veut, elle est absolument libre. Si elle étudie, elle est avec nous ; si elle n’étudie pas, elle n’est pas avec nous. Si elle aime, elle est avec nous ; si elle n’aime pas, elle est en dehors de nous, nous n’avons pas à nous inquiéter.

Vous vous arrêtez maintenant pour me demander : « Maître, dis-nous un grand secret ». Il n’y a pas de plus grand secret que l’amour dans le monde, et si vous compreniez ce mot, vos yeux s’ouvriraient et vous verriez ce que vous n’avez jamais vu. Vous ressembleriez alors à cette jeune fille qui se tient là et voyant passer un très riche jeune homme, se dit : « Si seulement le Seigneur pouvait être assez bon pour que je puisse vivre avec ce jeune homme ». Comment vivras-tu avec lui alors que tu ne sais pas jouer de la musique ? C’est un désir : nous voulons tous vivre auprès du Christ et nous le pouvons ; comment ? Le même cœur noble doit battre en nous – ne le prenez pas uniquement au sens figuré – ce cœur noble qui a battu en Lui il y a deux mille ans, et que sa pensée raisonne en nous comme il y a deux mille ans. Et savez-vous comment pense le Christ à présent ? Deux mille fois mieux qu’autrefois.

En parlant ainsi, vous arriverez à une compréhension philosophique. Le Christ s’est dilaté à présent ; à quel point de vue ? Tout d’abord la mère enveloppe son petit enfant dans des langes et l’imite en parlant ; l’enfant articule mal et la mère articule mal aussi et tâche de l’imiter, mais dix ans plus tard elle dit : « Non, mon chéri, je parlais comme toi avant, mais à présent tu parleras comme nous ». Le Christ parlais jadis comme nous, mais maintenant il veut que nous parlions comme lui, car le temps d’avant est révolu. Le Christ parlait comme nous, mais la loi a changé et le Christ dit : « Maintenant vous parlerez comme moi ; je ressentais jadis comme vous, mais maintenant c’est vous qui ressentirez comme moi ; je pensais jadis comme vous, mais maintenant c’est vous qui penserez comme moi ». N'est-ce pas compréhensible ? Si par conséquent, deux mille ans plus tard, vous n’êtes pas aptes à penser, sentir et agir comme le Christ pense, ressent et agit, vous ne pouvez pas être disciples.

« Le disciple n’est pas plus que son maître. » Je dis ainsi au peu de disciples qui sont présents : en rentrant chez vous, mettez la main sur votre cœur, écoutez profondément et dites : « Est-ce que ce cœur bat comme le cœur du Christ ? Il a battu tant de milliers d’années pour des futilités, s’est-il mis à battre comme le cœur du Christ ? » Gardez ainsi votre main un long moment jusqu’à donner une réponse positive. Puis mettez la main sur votre tête et dites : « Cette pensée s’est occupée de futilités des milliers d’années, raisonne-t-elle à présent comme la pensée du Christ ? » Puis examinez vos mains et dites : « Ces mains qui ont travaillé des milliers d’années, qui ont tout fait, ont-elles commencé à faire ce que le Christ fait, à œuvrer comme le Christ a œuvré ? » Voici la question essentielle que les disciples doivent résoudre aujourd’hui.

Sofia, 7 mai 1922

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