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1922_04_16 Ne sois pas incrédule mais croyant


Ani
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Ne sois pas incrédule mais croyant

« Puis il dit à Thomas :

Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ;

avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ;

et ne sois pas incrédule, mais croyant. »

Jean 20, 27[1]

Nos contemporains demandent quel est le sens ou le but de la vie ; cette question n’est pas seulement l’apanage de la culture contemporaine, des philosophes et des religieux contemporains, chaque individu se la pose et chacun apporte une réponse, bonne ou mauvaise. Que demande l’affamé qui approche d’une table ? Il demande ce qu’il y a à manger, est-ce du pain ou un autre mets, est-ce bien cuisiné et est-ce agréable au palais : voilà ce qui lui importe, sa philosophie ne va pas plus loin. Lorsque quelqu’un se rend à un concert, il veut savoir les morceaux qui seront joués, s’ils seront bien exécutés et s’ils lui plairont ; lorsqu’un prêtre va à l’église, il veut savoir comment il s’acquittera de son travail, si les fidèles seront satisfaits et s’ils l’écouteront ce jour-là, car ce service n’est qu’une partie de sa mission ; lorsque l’étudiant va à l’école, il se demande s’il pourra s’instruire et décrocher son diplôme.

Maintenant, le monde chrétien contemporain se pose une question, il se pose plus de questions que les païens et les incroyants, il veut montrer qu’il a une philosophie qui repose sur un meilleur fondement, mais les résultats des croyants et des incroyants sont les mêmes et je vais vous le démontrer. Quelqu’un ne croit pas en Dieu, mais il se conforme aux lois de son pays : il agit selon les lois et prête de l’argent avec intérêts ; un autre croit en Dieu et prête aussi de l’argent avec intérêts, à cette différence que le croyant dira : « Je crois, et mon taux d’intérêt est plus bas d’un sou », ainsi toute sa bonté se résume à ce sou en moins. L’incroyant que tu vexes, te houspillera, et si tu le gifles, il te giflera deux fois en retour ; le croyant te giflera une seule fois et te dira : « Sois reconnaissant que je ne t’ai pas giflé deux fois ». La différence est qu’il ne t’a pas giflé deux fois, mais qu’il pratique simplement : « œil pour œil, dent pour dent ».

Parlons maintenant de la vérité : les gens du monde aiment arranger un peu la vérité ; les religieux aussi, et ils disent de surcroît : « Nous n’avons nullement l’intention de mentir ! » Oui, je crois que vous n’avez pas l’intention de mentir, mais vous utilisez une monnaie d’échange truquée, pourquoi ? « On nous l’a donnée, nous devons la faire circuler. » Les religieux ont les poches pleines de fausse monnaie et disent : « On nous l’a donnée, nous allons la faire passer d’une manière ou d’une autre ». Et les gens veulent maintenant trouver la vérité ? On ne peut pas trouver la vérité de cette façon, pour la trouver nous devons d’abord savoir quelles qualités elle nous apportera, quelles qualités nous prendrons et ce que nous lui rendrons : lorsque nous accueillons la vérité, il y a un échange entre nous et la vérité. Lorsque nous accueillons l’amour, il y a aussi un échange ; lorsque nous trouvons Dieu, il y a aussi un échange.

Il y a maintenant une philosophie substantielle, une distinction intérieure que chaque croyant doit faire : l’idéal, l’immuable, le permanent doit être toujours loin de nous, nous ne devons l’atteindre ni avec nos mains ni par notre pensée, car nous abîmons chaque chose que nous touchons de nos mains ; soyez assurés que de même nous abîmons aussi chaque chose que nous pouvons toucher par notre pensée. Les choses matérielles ne s’abîment pas par la pensée, mais par les mains ; en revanche une multitude de formes s’abîment par la pensée. Si vous vous réchauffez au soleil il n’y a pas de danger, le soleil n’a jamais causé de mal à personne, mais si vous avez la lumière du soleil concentrée dans une bougie, vous pouvez causer mille catastrophes avec elle ; vous pouvez lire un beau livre à la lumière de la bougie, mais vous pouvez aussi incendier une ville entière, cent granges et des milliers de maisons. Quand certains disent : « Pourvu que j’aie la lumière du soleil », de quel soleil parlent-ils, de celui qui allume les incendies ? Et comment ? De près ou de loin ? À mon avis, tous ceux qui portent une bougie – qui portent la lumière du soleil de près – sont dangereux. C’est ma conclusion, ce sont mes déductions, basées sur une grande loi intérieure. Je ne vous demande pas de les accepter, c’est la vie qui est ainsi ; vous pouvez incendier une grange avec la bougie, mais avec le soleil vous ne pouvez mettre le feu à aucune grange. Ainsi, si la lumière divine prédomine dans nos pensées, nous ne pouvons causer aucun mal avec cette lumière, mais si cette lumière est concentrée dans notre pensée et a été transmise en nous par quelqu’un d’autre, cette lumière est dangereuse ; cette lumière est inoffensive tant qu’elle n’est pas passée par nous, et c’est pourquoi nous devons être très vigilants ; si tu mets la bougie au sol et que tu t’endormes en lisant, et si le plancher est fait de lattes de bois, elle peut te brûler toi-aussi. Lorsque je dis que la pensée humaine peut tout brûler, j’entends que son plancher est fait de lattes de bois et que la bougie qui tombe met le feu à toute la maison et la brûle.

Arrêtons-nous sur le verset 27 du chapitre lu : « Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant ». Donc, celui qui veut éprouver quelque chose doit avoir de la volonté. « Avance ton doigt. » La main est l’expression de la volonté humaine ; cette volonté doit être bien formée et tous les doigts doivent lui obéir, car si ton doigt n’obéissait pas à ta volonté, comment avancerais-tu ta main, comment avancerais-tu ton doigt ? Et alors comment éprouverais-tu les choses ? Le monde moderne célèbre la tranquillité, la paix et l’absence d’agitation, c’est-à-dire que nous tendons vers une vie de tranquillité perpétuelle, et c’est pourquoi beaucoup de tissus dans notre cerveau sont atrophiés car inactifs ; beaucoup d’organes de notre corps sont aussi restés inactifs et c’est pourquoi il y a chez nous quelque chose d’anormal ; par exemple nous ne sommes pas capables de formuler une pensée juste. Tu veux exprimer une pensée juste, mais tu te dis : « Cela me coûte » et tu t’arrêtes ; puis en l’exprimant, tu réfléchis : « Il faut que je lise tel auteur pour comprendre », mais cet auteur te renvoie vers un autre ; vous prenez un auteur, un deuxième, un troisième, ils vous éclairent un peu, mais ils vous disent finalement : « Il y a quelque chose que nous ignorons ». Et ce que nous ignorons, c’est nous-mêmes, nous ne nous connaissons pas nous-mêmes.

Nous ressemblons dans ce cas à ces deux Bulgares d’autrefois dont la légende dit qu’ils s’étaient enrôlés dans l’armée aux temps des romains. Ils étaient jeunes, mais après avoir été longtemps absents, plus de quarante ans, ils avaient une barbe et des moustaches très longues. En se voyant un jour dans un miroir ils n’ont pas pu se reconnaître et se sont demandé : « Est-ce nous ? Nous allons le vérifier en retournant auprès de nos femmes ». Ils se sont rendus chez leurs femmes et les ont interrogées : « Est-ce que vos maris étaient barbus et moustachus ? – Non, nos maris étaient jeunes et imberbes. – Alors ce n’est pas nous. »

Quelqu’un revient maintenant barbu et moustachu et il demande : « Dis-moi d’où je reviens ! » Je dis : tu reviens des légions romains, du front ; rase-toi les moustaches, enlève ta barbe ! Mais quand même quelque chose d’autre a changé, les mains ont durci, le visage n’est plus aussi lisse et du coup les femmes disent : « Ce ne sont pas nos maris, les nôtres étaient jeunes et ceux-ci sont vieux ». Alors comment reconnaître la vérité ?

Le Christ dit : « Avance ton doigt ici ! Mets-le dans mon côté ! Regarde mes mains ! D’abord regarde mes mains ! »

Maintenant, nous les contemporains, lorsque nous nous croisons, nous disons : « Tendons-nous la main ». Puis nous nous demandons : « Comment vont ton père, ta mère ? » Après s’être serrés la main, nous nous présentons, et en mettant le doigt dans cette plaie, nous ne faisons attention à rien et nous ne nous connaissons toujours pas. Par exemple, nous ne faisons pas attention à la main tendue de notre interlocuteur pour voir comment elle est. « Mais se serrer la main est une coutume », dites-vous. Lorsque tu toucheras cet individu, tu verras si sa main est dure ou douce, chaude ou froide, humide ou sèche : ce sont les caractéristiques de l’individu. Alors que tu réponds à ceux qui te demandent : « Comment était sa main ? – Je ne sais pas, je lui ai simplement serré la main. » Tu ne peux pas le reconnaître ainsi. Tu mettras la main dans cette plaie pour le reconnaître. Demande-lui : « Qui es-tu ? – Je suis celui-ci. – Qui ? – Celui qui était là-haut sur la croix. – Ah bon, il y a un peu de sang dans cette plaie. » J’entends ici la loi qui stipule que boire le sang de l’homme insuffle la force, n’est-ce pas ? Le Christ n’a-t-il pas dit à un endroit dans les Écritures : « Si vous ne buvez pas mon sang et ne mangez pas ma chair, vous n’aurez pas la vie éternelle [2]». Si le Christ venait aujourd’hui pour redire la même chose, on l’enfermerait dans une asile et nos psychiatres auraient un avis lapidaire sur notre vision des choses ; tandis qu’on ne réfléchit pas aux médecins qui prélèvent le sang des patients avec leurs seringues.

« Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant », c’est-à-dire mets ta main auprès de mon cœur. Les mots importants ici sont les mots incrédule et croyant. Il y a deux sortes d’ignorance ou d’incroyance, il y a aussi deux sortes de croyances : tu peux croire dans le bien et ne pas croire dans le mal, mais tu peux aussi croire dans le mal et ne pas croire dans le bien. Donc si je te persuade maintenant de ne pas croire dans le mal, alors l’incroyance est positive ; si quelqu’un te convainc de ne pas croire dans le bien, mais d’avoir une incroyance pour le bien et la foi dans le mal, cette foi est négative. Donc certains disent de croire ou de ne pas croire : cela dépend, quelquefois l’incroyance est utile et la foi nocive, mais parfois la foi est utile et l’incroyance nocive ; ce sont encore mes propres déductions, mes arguments. Je ne fais pas de différence entre la foi et l’incroyance, c’est le préfixe in qui importe, c’est un élément qui porte en soi l’acide, donc, quand on extrait de l’incroyance son acide – in – tous les autres éléments sont alors à leur place ; lorsque tu extrais le in de l’incroyance, elle devient inoffensive, mais lorsque tu mets le in, elle redevient redoutable. Nous disons toujours « Non, oui ». Pourquoi dire non ne sous-entend pas un oui et pourquoi dire oui ne sous-entend pas non ? Parce que les vibrations du non traduisent des caractéristiques entièrement négatives ; le mot non symbolise deux grandeurs opposées, deux vérités opposées qu’il faut rassembler en un seul lieu, ou bien en une seule pensée afin de passer d’un état à un autre et concilier ces deux vérités contradictoires qui n’ont aucun point d’adhérence ; non signifie deux rivages entre lesquels coule de l’eau, et celui qui ne sait pas nager se noiera forcément dans cette rivière, et c’est pourquoi il faut un pont. Ceux qui s’occupent de pensées négatives doivent être bien portants et avoir des esprits lumineux.

Maintenant le Christ dit : « Ne sois pas incrédule, mais croyant après avoir mené ton expérience ». Il faut donc mener une expérience. Je veux faire une mise au point dans la causerie d’aujourd’hui. Beaucoup s’arrêtent et disent : « Ce sont des sornettes qui sont prêchées ici ». Des sornettes ? Si je semais mon blé dans le champ selon cet enseignement qui serait « idiot » et que le blé pousse et donne de grandes gerbes avec une centaine de graines chacune et si le blé planté selon votre « bel » enseignement donne une gerbe de cinq centimètres de haut avec une vingtaine de graines seulement, je demande alors, du point de vue purement économique, qui a raison ? Mais quelqu’un dira : « Notre gerbe donne une vingtaine de graines, mais elles sont belles, pleines, et les vôtres sont chétives ». Bien, d’accord pour mener aussi cette expérience : nous ferons du pain et nous nourrirons avec les malades, les faibles, et nous verrons quel pain guérira plus vite les gens, nous soumettrons ceci à l’épreuve. Si leur pain guérit les gens plus rapidement, ils sont du bon côté : nous reconnaîtrons ainsi la droiture de leur enseignement, mais si notre pain guérit les pauvres plus vite, nous sommes du bon côté : c’est ainsi que se pose la question. Nous le vérifierons sans nous laisser guider par des croyances, il n’y a pas de croyances chez nous.

Le Christ dit : « Avance ton doigt dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant ». Après avoir mené l’expérience, sois croyant et ne nourris plus ton incrédulité. On nous dit maintenant du camp d’en face : « Croyez ce que les saints pères ont écrit ». Nous appellerons les saints pères, nous avancerons notre doigt dans leurs plaies et alors nous croirons ; il est temps que tous les saints pères et apôtres viennent dans ce monde et témoignent de la vérité comme le Christ en a témoigné ; et tous ceux parmi nous qui s’avèrent être chrétiens, qu’ils viennent avancer leur doigt pour témoigner. Si un Thomas incrédule venait vous demander : « Crois-tu dans le Christ ? » … non, c’est une question subsidiaire, il doit vous demander : « Est-ce que dans ton âme vit l’esprit divin, et est-ce que l’amour divin se manifeste à travers toi ? » Qu’est-ce que tu expliqueras à cet homme ? Tu lui diras : « Avance ton doigt ici, tu me reconnaîtras par mes mains et mon côté ! »

Il y a une légende, elle est de moi et n’est pas vérifiée et vous l’entendrez pour la première fois. Vous direz : « Qu’est-ce que cela doit être ! Une légende extraordinaire ? » Elle est très simple, la voici. Une étrangère, une pauvre femme a longtemps cherché le Christ pour être guérie, mais elle n’a pas pu Le trouver. Lorsqu’on Le clouait sur la croix, elle en a entendu parler et s’est rendu à cet endroit en se lamentant qu’il soit trop tard, et qu’elle ne serait pas guérie. En la voyant le Christ a prié les soldats de lui libérer une main, il l’a posée sur la femme et l’a guérie en disant : « Va et vis d’après la foi et l’amour ». Vous êtes capables de tout faire à présent, mais pas une telle chose n’est-ce pas ? Tous les jours les faits témoignent en votre défaveur. Vous êtes malades, vous avez cherché le Christ longtemps, vous l’avez trouvé, mais il vous dit : « Ne vois-tu pas que je suis cloué sur la croix et que je souffre depuis longtemps ». Non, vous direz aux soldats : « Libérez ma main ! » Vous direz : « Avance ton doigt dans mon côté pour reconnaître que je suis à l’image du Christ ». Il y a une grande philosophie là-dedans. Lorsque vous commencerez à comprendre la vie aussi intelligemment, alors seulement le monde chrétien contemporain se transformera, les cœurs et les esprits des gens se transformeront ; cela est impossible avec les croyances et les procédés d’aujourd’hui. Je lis une brochure des évangélistes : elle explique en quoi consiste la vérité de l’enseignement du Christ. Après l’avoir lue, je dis : ils ont tout dit sauf la vérité ; ils n’ont pas dit : « Libérez ma main pour guérir cette femme malade ». On y relate les persécutions des croyants, la persécution de l’Église ; j’entends bien, mais qui n’est pas persécuté dans le monde d’aujourd’hui ?

Nous n’avons pas à nous vanter, car certains matérialistes ont plus souffert que les religieux. Combien de personnes se trouvent en prison et souffrent comme je souffre. En quoi pouvons-nous nous distinguer ? Par le fait d’être emprisonné au nom du Christ ? C’est une question : es-tu emprisonné au nom du Christ ? Et si tu es cloué sur la croix et si tu demandes aux soldats de te libérer une main pour guérir la femme, et puis tu remets ta main sur la croix pour endurer tes souffrances jusqu’au bout, c’est que tu es bien emprisonné au nom du Christ. Nous les contemporains – je me mets avec vous car si je disais vous, vous diriez : « et toi alors ? », donc nous, nous les contemporains n’avons pas cette probité en nous, nous voulons que le Seigneur descende parmi nous. Et les évangélistes chantent : un ange vient, prend une âme, l’embrasse et la porte dans ses bras là-haut au Ciel. Mais savez-vous quelle est cette âme que l’ange porte là-haut au Ciel ? C’est une âme souffrante qui a lavé ses péchés par les souffrances ; l’ange ne porte que des âmes pures, des âmes comme celle-ci, alors que les âmes impures et pécheresses restent depuis des milliers de siècles comme des vers dans la terre, et l’ange vient et leur dit : « Tu n’es pas pure, je ne peux pas t’emmener au Ciel ». « Ah, s’il y avait un ange pour m’étreindre ! » Oui, mais tu dois aussi avoir la pureté, tu dois avoir des mains pour étreindre cet ange ; les anges ont goûté de nos procédés.

Savez-vous dans quelle situation nous sommes ? Dans celle du charmeur de serpents qui faisait souvent des expériences avec un boa : il l’incitait à s’enrouler autour de lui puis lui ordonnait de le relâcher. Un jour le boa s’est enroulé autour de lui et lorsqu’il lui a demandé de le relâcher celui-ci n’a pas obéi, mais il l’a serré si fort que tous ses os se sont brisés. Nous aussi, nous brisons beaucoup d’os au nom de l’amour. J’ai éprouvé les humains, je les connais maintenant, et lorsque je les croise je sais de quel bois ils sont faits, rien ne peut me tromper ; j’ai éprouvé les hommes et les femmes, j’ai éprouvé toutes les choses amères et je vois des milliers de crimes commis au nom de Dieu. Aucun ange ne peut se laisser berner. Je dis : « Si tu veux m’éprouver, nul besoin de me toucher. Si tu veux du sang, je t’en donnerai autant que tu veux ». Tu hourdis un crime, il vaut mieux l’avouer plutôt que de commettre deux crimes. Tu veux me dévorer ? Dis-le au lieu de chercher à dissimuler ton intention ; mais me dire que tu ne me mangeras pas et me manger ensuite, ce sont deux crimes qui ne se pardonnent jamais. Lorsque tu seras mangé à ton tour et que tu passeras de l’autre côté, le Seigneur te dira : « Je te pardonne à présent ». Alors tous les deux, celui qui t’a mangé et toi qui as été mangé, tels deux commerçants en faillite vous recommencerez à vivre de nouveau. Lorsque tu commets un mal, il vaut mieux l’avouer, alors le Seigneur te pardonnera ; alors que nos contemporains ont mangé cent personnes et veulent être pardonnés par le Seigneur, ils veulent être pardonnés par le Christ. Le Christ est un amour éternel, il ne pardonne pas, il dit : « Condamnez ce frère à être mangé ». Les chrétiens d’antan, n’étaient-ils pas dévorés par des fauves, des lions ? Quelles souffrances ont-ils enduré pour avoir été pécheurs ! Le Christ leur a dit : « Comment voulez-vous expier vos péchés ? » Des fauves les ont dévorés, c’est terrible, mais ces saints hommes ont mérité ces souffrances et ont donné un bon exemple : ils disaient que chacun portera les conséquences de ses actes ; c’est ainsi qu’ils ont liquidé leur karma.

En revanche, nous prônons un Enseignement d’amour. Et je dis : « Je prône l’amour ». Pour qui ? Non pour ceux pour qui il y a de l’amour, mais pour ceux pour qui il n’y a pas d’amour dans le monde, qui sont en dysharmonie par rapport à lui. Il n’y a pas de force plus redoutable que l’amour lorsque tu es en dysharmonie avec lui. Donc la vie dans le monde n’est rien d’autre que toujours agir dans la direction de nos aspirations et de nos objectifs, et alors nous n’allons pas contrarier nos propres efforts. Mais lorsqu’en nous des aspirations diffèrent et sont diamétralement opposées, il y aura alors de la violence, de la lutte : le premier jour on mentira, le deuxième jour on mentira encore, on n’exprimera pas la vérité. Lorsque deux chrétiens ne peuvent pas s’entendre à cause de Dieu, c’est que leurs aspirations diffèrent. Lorsque deux personnes ne peuvent pas s’entendre, leurs objectifs sont différents, le Seigneur n’est pas auprès d’eux, leur Seigneur est l’égoïsme sacralisé. Les Églises catholiques et évangéliques ne peuvent pas se concilier. Le peuple se concilie, mais les prêtres, les sacristains qui mènent la papauté ne peuvent pas se concilier. Un prêtre évangélique n’a pas été admis à officier dans une église orthodoxe car il fallait l’ordonner ; et un prêtre orthodoxe s’il se rend dans une église évangélique pour officier ne sera pas admis car il doit passer par la même procédure. Je n’ai rien contre, mais je dis que tout s’est matérialisé : le Christ se manifeste dans les croix en or, les habits en or, tout l’intérieur est sorti à l’extérieur : tenues, croix, reliques, tout est en or. Si vous vous rendez dans une église évangélique, elle est toute revêtue des versets de la Bible, mais si vous regardez dans les cœurs des fidèles, les versets n’y sont pas. On dit : « Crois-tu en la croix d’or ? – J’y crois, et comment ! – Cette croix est en or, sais-tu combien elle coûte ? – Je sais, elle peut m’assurer pendant six mois au moins. » Bien, venez chez moi sans cette croix en or ! Viens chez moi et dis-moi : « Crois-tu ? – Pourquoi croire en toi, peux-tu être ma caution ? – Non. – Alors je ne crois pas. » Nous les chrétiens modernes, nous voulons appliquer ce que le Christ a voulu dire. Il voulait dire la chose suivante : « Il y a dans le monde un objectif unique : que les humains s’approchent de Dieu dont émane l’Esprit qui donne la vie » ; et ce Dieu est amour et cet amour contient en lui toutes les méthodes, tous les moyens, toutes les conditions permettant à l’âme de se développer pour être heureuse et joyeuse. Donc le Christ dit : « Seul l’amour contient en lui toute cette science grandiose qui rend heureux et aimant ». Lorsque je dis « aimant », vous rétorquez : « Comme si nous ne connaissions pas l’amour et le besoin de nous aimer ? » Vous ne le connaissez pas, vous devez apprendre à aimer. Il faut des méthodes. Je dis : comment aimeras-tu l’être humain, lui as-tu appris à ne pas mentir ? Nous disons aux enfants : « Tu ne mentiras pas » et on se cantonne à cela, « Tu ne voleras pas » et on se cantonne à cela, mais comment ne pas voler et ne pas mentir ? Il faut apprendre les méthodes. Nous disons : « Aimons-nous. – Comment ? » Vous demandez comment ? Bon, voilà ce qu’exige l’amour : admettons que je suis un écrivain ou un prédicateur, ma vie est bien réglée, ma maison est bien meublée, mon lit est confortable, je veux y dormir seul, avec personne à côté et que nos fluides ne se mélangent pas pour ne pas perdre ma force, et je dis : « Personne ne peut entrer dans ma chambre ». Je prône alors un amour égoïste : c’est l’ancien enseignement. Eh bien, une sœur qui croit à l’ancien enseignement est arrivée à la gare, venant de quelque part, et personne ne l’accueille, dehors il pleut, il neige, et elle frappe à ma porte ; si je dis : « Ne me dérange pas, viens demain car j’ai un thème important à préparer, un prêche pour demain », est-ce une preuve d’amour ? Je vais laisser ma causerie de côté et tout le reste, je vais l’accueillir, je vais chauffer de l’eau, je la nourrirai, je lui cèderai mon lit et moi, je resterai à veiller et je dirai : « Sœur, ce n’est rien, je me réjouis : tu n’es pas venue depuis tant d’années, je t’ai trouvée maintenant, tu étais perdue ». Et je lui donnerai des chaussures, des vêtements pour se changer et si une instruction lui est nécessaire, je l’enverrai à l’école. Vous direz : « Pouvons-nous faire tout cela ? » Nous le pouvons, nous le pouvons, c’est le Nouvel Enseignement, c’est l’Enseignement que prône le Christ.

Vous dites : « Seules les mères peuvent agir de la sorte envers leurs propres enfants ». Je vois beaucoup de mères qui n’agissent pas ainsi. Une mère nourrit sa fille et puis elle dit : « Écoute, tu dois bien te nourrir pour plaire », puis elle tâchera de faire venir un candidat pour la marier. Celui-ci examinera si elle est bien portante, bien nourrie, si elle peut cuisiner, si elle dispose d’argent et de ceci et de cela ; il enverra enfin des marieurs pour conclure le mariage. Ils se marient, mais tu la vois revenir deux ou trois mois après, malheureuse, auprès de sa mère qui dit : « Elle est ingérable ». Lorsqu’une mère enfante une fille, ce n’est pas pour la marier, comprenez-vous ? Selon l’enseignement du Christ, elle enfante une fille pour lui apprendre à aimer le Seigneur, à accomplir la volonté divine, et seul le Seigneur marie les gens dans le monde : ni les évêques ni les prêtres n’en ont le droit ; personne ne peut marier sa fille sauf Celui qui l’a envoyée sur terre, Lui seul a ce droit, c’est ce qui est dit dans le Nouvel Enseignement. En conséquence, les souffrances surgissent lorsque nous commettons des crimes non autorisés par Dieu. Nous marions et séparons constamment, mais nous n’en avons pas le droit ; nous avons seulement le droit d’agréer ce que Dieu a prévu.

Lorsque le Christ dit à Thomas : « Avance ton doigt dans mes mains, viens mettre ta main dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant, et sache que je suis celui qui a souffert là-haut sur la croix ». Pour qui ? Pour tous ceux qui ne croyaient pas. Les chrétiens d’autrefois qui sont partis au Ciel sont sortis d’affaire et pensent comme nous, mais ceux qui sont sur terre ne sont pas encore sortis d’affaire. Vous aussi, vous vous en sortirez. Je ne parle pas spécialement pour vous, certains parmi vous sont sortis d’affaire, pour d’autres il manque un petit pas, un petit quelque chose. Vous êtes assis et vous dites : « Par quel moyen accomplit-on la volonté divine ? » Vous attendez et vous vous dites : « Je ne suis pas disposé ». Non, la volonté divine ne s’accomplit pas seulement dans la bonne disposition : bien disposé ou mal disposé, on doit accomplir la volonté divine. Vous dites : « Je ne peux pas faire le bien car je ne le ressens pas dans mon âme ». Eh bien, que fait le loup quand il ressent quelque chose ? Il attrape la brebis et la dévore. Lorsque nous avons un sentiment, ce n’est pas forcément le signe qu’il faut faire quelque chose ; et si en revanche nous avons une indisposition, ce n’est pas le signe qu’il ne faut rien faire. Parfois l’indisposition est négative ; quelqu’un dit : « Je ne suis pas disposé à dire la vérité ». C’est précisément lorsque tu n’es pas disposé à dire la vérité qu’il faut la dire, l’exprimer. On dit : « Je ne peux pas aimer, ce n’est pas dans ma nature, je suis quelqu’un qui pense ». Précisément, l’amour passe par la pensée, celui qui pense doit aimer ; si tu penses sans aimer, je dirai que tu ne fais pas partie des plus intelligents, tu ne penses pas. L’argument ultime sur ce point est Dieu, l’Être le plus intelligent qui soit, qui a engendré toutes les autres créatures, est réputé être Dieu de l’amour, car Il aime le plus ; donc la chose la plus grandiose, la plus sage au monde est l’amour. Et malgré cela nous disons : « Je suis un être intelligent qui n’a pas à aimer ! » Pardonnez-moi, je vous dirai que vous n’êtes pas intelligents, que vous n’avez aucune sagacité. Celui qui a créé les mondes, qui a tout fait est un Dieu de l’amour ; Il a accompli tous les sacrifices, tandis que toi, un pygmée, tu dis ne pas pouvoir aimer avec ton intelligence, pourquoi ? Parce que tu serais trop intelligent ? L’évêque ne pourrait pas aimer, pourquoi ? Il se tiendrait trop haut et ne pourrait pas redescendre ! Oui, tu es un évêque, un grand homme qui ne peut pas aimer. Le Très Haut est descendu du Ciel et s’est incarné sur terre, Il a été crucifié comme un esclave, tandis que toi, tel un évêque, tel un seigneur, tu agites les mains et tu clames que tu ne peux pas t’occuper de futilités ? Ce n’est pas juste, il n’y a ici aucune philosophie. C’est autre chose si tu es incapable d’aimer : cet enseignement appartient au côté gauche.

« Avance ton doigt dans la plaie ! » Où ? Dans la volonté divine, dans le cœur divin, pour comprendre que Dieu est amour, pour voir Ses mains qui ont souffert, et toucher Son côté qui a souffert à cause de l’amour. Quelqu’un dit : « Je m’enthousiasme de cet amour ». Pourquoi j’ai ces plaies sur les mains ? Parce que je me suis enthousiasmé de cet amour. Nous disons : « Comme le Christ est grand ! » Oui, enthousiasme-toi de cet amour ; oui, nous devons être grands dans l’amour. En quoi pouvons-nous être grands ? Nous ne pouvons pas être grands en intelligence, mais en cœur et en âme.

On relate l’histoire d’un roi antique Ida-Mouri et de son fils, très instruit et très doué. Le fils a entamé l’écriture d’un grand livre sur la vie : pourquoi les hommes et les femmes sont créés et quelle est leur prédestination. Selon la coutume de ce royaume, le père qui a marié son fils, lui a donné une bougie pour s’éclairer pendant de longues années, mais l’homme et la femme devaient utiliser la même bougie. Un mois après son mariage, le fils du roi a allumé cette bougie et a ouvert son livre pour en lire le début à sa bien-aimée, mais il a vu un passage inachevé et a voulu le terminer. Pendant ce temps, une invitée de sa femme est apparue, celle-ci est entrée dans sa chambre, a pris la bougie, et a laissé son mari dans le noir. Cette invitée avait apporté son propre livre qu’elle s’est mise à lire. Une heure, deux heures se sont écoulées sans qu’elles ramènent la bougie. Le fils du roi a été très peiné au point de pleurer. Une amie d’enfance s’est rendue chez lui en lui demandant : « Pourquoi pleures-tu ? – Je n’ai pas de bougie, je ne peux finir d’écrire ce que je veux dans l’obscurité. – Où est ta bougie ? – Chez ma femme, elle discute avec son amie. »

Comprenez-vous à présent à quoi aboutit cette philosophie ? Le Seigneur a donné une bougie à l’homme et à la femme. Il y a maintenant une lutte entre les hommes et les femmes dans le monde. Le bougeoir est unique, mais si les femmes le prennent et vont dans leur chambre, l’homme reste dans le noir ; si les hommes prennent le bougeoir et vont dans leur chambre, les femmes restent dans le noir. Jusqu’à présent ce bougeoir allait tantôt dans la chambre de l’homme, tantôt dans la chambre de la femme : lorsqu’il est chez les hommes, ils sont inspirés, éduqués et ils griffonnent, ils griffonnent ; mais lorsque les femmes le prennent, elles écrivent à leur tour et se montrent éduquées. À l’avenir les hommes et les femmes mettront une bougie sur une table dans une même pièce et écriront ensemble et reliront ce qu’ils ont écrit.

Par conséquent le Christ est descendu sur terre et a dit à Thomas et à sa femme : « Avance ton doigt dans mes mains, mets les mains dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant. »  – Thomas avait une femme car le Christ ne recevait ni un homme sans sa femme ni une femme sans son mari – Quand il a appelé Thomas, il lui a dit : « Avance ton doigt ! Crois-tu ? – Je crois. »

Soyez assurés qu’il y a une seule bougie allumée par l’amour divin, il n’y en a aucune autre. Donc vous tous, mes frères, vous devez allumer cette bougie avec le grand amour divin, mais qu’elle soit près de vous. Hommes et femmes, vous devez lire ce livre sacré, mais vous devez le lire uniquement à la bougie allumée par l’amour, et alors vous le comprendrez ; le sens profond de chaque mot s’épanouira comme chaque grain de blé et comme chaque fleur, et alors vous verrez ce monde sublime. Le Christ se tourne vers ces hommes et ces femmes et il dit : « Venez, vous, incrédules ! » Je vous dis aussi maintenant : aujourd’hui le Christ vous convie, hommes et femmes ; n’est-ce pas vous voulez servir l’enseignement du Christ, c’est-à-dire ôter la main de la croix pour guérir la femme et puis être de nouveaux crucifiés ? Avancez votre doigt dans ses mains et qu’Il vous demande : « Es-tu prêt désormais à vivre par amour avec ta bienaimée ? – Je suis prêt, Seigneur. – Appelle ta femme, que ta bienaimée vienne ! Avance ton doigt dans mon cœur. Es-tu prête désormais à vivre dans ce grand amour divin ? – Je suis prête. – Soyez bénis par moi, allez et prêchez ce Nouvel Enseignement et portez cette bougie pour que tous puissent venir grâce à elle jusqu’à la véritable connaissance de l’amour divin ! »

Maintenant vous vous enthousiasmez, mais cet enthousiasme ne me réjouit pas. Lorsque le riche donne de sa fortune, cela ne m’impressionne pas le moins du monde, mais lorsque le pauvre qui a pris sa binette et se rend au travail s’arrête en me voyant et vient aussitôt me rendre service, cela m’impressionne : nous devons justement être comme lui. J’ai souvent vu de simples ouvriers : ils ont pris leurs outils et se rendent au travail, mais ils s’interrompent pour aller parler avec quelqu’un, lui rendre service, perdant ainsi plusieurs heures. Le riche se dit : « Mon temps est précieux » alors que le temps du monde n’est créé que pour Dieu ; cinq minutes passées en amour valent mieux que mille ans sans lui, et plus que n’importe quelle autre chose dans la vie ; comprenez-vous que cinq minutes passées dans l’amour divin valent mille ans, êtes-vous donc prêts à passer ces cinq minutes dans l’amour ? Je préfèrerais passer cinq minutes dans l’amour divin plutôt que d’être couronné roi et recevoir la fortune du monde entier. À quoi bon cette fortune, à quoi bon cette couronne ? Que ferais-je en tant que roi ? Je pendrais des milliers de personnes ; que ferais-je si j’étais plus riche ? Je violenterais cent ou deux cents personnes et je partirai de l’autre côté en pécheur. Si je passais cinq minutes dans l’amour divin, je cèderais mon lit à mon frère, il se lèverait rasséréné, frais et dirait en me voyant : « Je crois, Seigneur, en Ton cœur, en Tes mains, en Ton Amour, car Tu le prouves par Tes œuvres ».

Vous vous dites à présent : « Où est le Christ ? Qu’il apparaisse maintenant ! » S’il apparaissait là, entouré d’anges, il y aurait un tel remue-ménage et vous croiriez, comment ne croiriez-vous pas ! Vous diriez : « On nous jettera en prison ». Le Christ n’agira pas de la sorte, et s’il s’agit de prisons, le Christ a ici ses anges et ses lois, ce sont eux qui s’acquitteront de leur mission et vous mettront en prison ; mais s’Il veut montrer le Nouvel enseignement, le Christ n’apparaîtra pas avec des anges, avec une couronne, mais Il sera crucifié, Il ôtera sa main de la croix et dira : « Viens plus près ! » Il tendra sa main d’en haut et puis la relèvera. Si tu comprends le sens de cet amour, tu partiras. Où cela ? Sur le droit chemin. J’appelle droit chemin, le chemin de l’amour divin ; ce chemin est intérieur. Vous direz : « Ah, non, il est en haut ! » Il est intérieur, ce chemin est intérieur. Lorsque nous le trouverons, il donne la plus grande paix, la plus grande joie qu’il nous soit donné de ressentir. Et je vous dis maintenant à tous quel chemin emprunter.

Vous dites : « Qu’enseignez-vous au juste ? » En résumé, j’enseigne la chose suivante : que tous les êtres doivent avoir une bougie allumée par l’amour divin ; cette bougie doit être placée si haut qu’elle vous éclaire tous, sans la toucher, sans toucher sa mèche ni savoir de quelle substance elle est faite. Elle doit éclairer et nous devons nous en réjouir. Nous pouvons prêcher à la lumière d’une telle bougie, tandis que les bougies que chacun peut porter et qui peuvent mettre le feu aux granges ne sont pas des bougies divines, ce sont des bougies fabriquées par vos pensées.

Par conséquent l’amour divin vous convie tous à cet enseignement robuste. Lorsque nous l’appliquerons, nous serons tous bien portants, alors que maintenant nous sommes en danger. Je ne me fais aucune illusion, je vois que lorsque je prêche aux gens, beaucoup souffrent, ne comprennent pas l’Enseignement et ne font que s’enthousiasmer. En premier lieu ta pensée doit être à sa place, et l’amour divin doit passer par ta pensée ; s’il passe à l’extérieur en la contournant, tu es sur un chemin périlleux ; l’amour divin doit traverser la pensée humaine et se manifester grâce à elle. Si Dieu, l’Être le plus grandiose, le plus intelligent dit qu’il est amour, alors nous qui voulons Le suivre, nous aussi nous devons être représentants de cet amour.

« Avance ton doigt et vois mes mains ; donne-moi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant ! » Maintenant, je vous souhaite aujourd’hui, en rentrant chez vous, d’être appelés par le Christ et qu’il vous dise : « Thomas – car la plupart parmi vous êtes des Thomas –, viens ici, mets ta main dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant ! Que la femme de Thomas vienne aussi. Toi aussi, mets ta main dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyante ! Soyez maintenant croyants ! « Croyez-vous ? – Nous croyons, Seigneur, nous croyons. – Laissez votre incrédulité, accueillez la foi de l’amour et vivez, alors je serai avec vous maintenant et jusqu’à la fin des siècles. »

Une petite précision. J’aimerais vous protéger d’un leurre. Lorsque je dis : « Que le Christ vienne ! », vous direz : « Ne connaissons-nous pas déjà le Christ ? » Thomas suivait le Christ depuis trois ans ; mais il y avait dans la connaissance du Christ de nouvelles étapes, Thomas ne connaissait pas encore ce Christ de l’amour ; lorsqu’il l’a connu, il a dit : « Mon Seigneur et mon Dieu[3] ! » Il ne s’agit pas de connaître le Christ historique, mais le Christ qui se manifeste à présent, le Christ du grand amour qui agit dans notre for intérieur, au sein du monde. Ce n’est pas un reproche de dire que nous ne connaissons pas le Christ, car peu connaissent le Christ en tant qu’amour. C’est donc indispensable de connaître ce Christ en tant qu’amour et d’avoir le courage de Thomas : avancer notre doigt dans Ses mains et la main dans Son côté et dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Sofia, 16 avril 1922

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