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1922_01_08 Tu ne m’as point donné de baiser


Ani
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Tu ne m’as point donné de baiser

«Tu ne m'as point donné de baiser, mais elle,

depuis que je suis entré, elle n'a point cessé de me baiser les pieds.»

Luc 7:45

Je vais aborder maintenant l’origine du baiser, c’est-à-dire examiner le baiser dans son principe. Si cela était arrivé à une jeune fille chaste dans un endroit obscur, ou à un jeune homme, je vous laisse imaginer ce que les journaux d’aujourd’hui écriraient sur votre fille – s’il s’agissait d’elle bien entendu – Ce verset est un épisode – je l’appelle ainsi – ou un incident ou une péripétie qui s’est produit il y a deux mille ans avec l’une des plus grandes pécheresses et débauchées que le monde ait connu, mais une débauche par amour, car il existe aussi une débauche sans amour. Je me transporte deux mille ans en arrière. Cette femme a approché l’un des êtres les plus grands qui soit jamais descendu sur terre, le plus pur qui soit apparu sur terre, l’âme la plus sublime qui ait visité ce monde, l’Esprit le plus grand qui ait jamais illuminé la pensée humaine.

Si le Christ décidait de venir dans le monde aujourd’hui, je ne sais pas quelle forme il prendrait, comment il apparaîtrait et comment nos contemporains l’accueilleraient. Comme avant ? Peut-être mieux qu’autrefois sans doute : il y a aujourd’hui beaucoup d’églises bâties en son honneur, en son nom, il y a plus de cinq cent mille serviteurs , toute une armée ! Au moins il aurait droit à un excellent accueil sur la forme. C’est facile d’organiser un accueil officiel : on égorge une dinde bien engraissée qui pèse au moins douze kilos ; lorsque le Bulgare la pèse à la balance et voit qu’elle fait douze kilos, il dit : « Cette dinde est bien engraissée, on en fera une excellente soupe ! Et vous savez comme est bonne la soupe grasse à la dinde avec un peu de citron, et puis les gésiers de dinde très finement coupés dans la soupe sont un délice… » Puis on farcit cette dinde avec du riz, des raisins secs, des pistaches, ceci, cela, on le grille, et lorsqu’on te coupera un morceau de viande bien cuite, tu diras : « Allons, à notre santé, le Christ est venu sur terre ». Ou bien on grillera un cochon de dix à douze kilos comme c’est la tradition maintenant à Noël ; bien grillé et accompagné d’un peu de vin, et que tout le monde mange à sa faim pour fêter la visite du Christ. Dans cet accueil officiel il y aura des discours et des remerciements : pour le Christ d’avoir eu la délicatesse de venir et pour eux de l’avoir bien accueilli. Je suppose simplement que ce sera ainsi, je ne le dis pas de facto[1].

Mais ici, chez Simon, on lui a réservé un autre accueil : il n’y a pas eu de cochon grillé, il n’y a pas eu de baisers, on ne lui a pas lavé les pieds et on lui a réservé un accueil simple comme les juifs peuvent l’offrir. Cette femme entre. Vous la traiteriez d’insolente, de discourtoise ? Oui, totalement discourtoise pour oser s’approcher de l’être le plus pur ; imaginez son hardiesse, son insolence, sa grossièreté, je ne connais pas une autre femme avec un tel culot – j’utilise le langage moderne – Vous direz : « Quel toupet ! » Oui, mais ce formidable toupet est inscrit dans l’Évangile et érigé en exemple à suivre.

Savez-vous ce que cette femme a dit en embrassant les pieds du Christ ? Je vous l’expliquerai : elle disait : « Seigneur, j’ai commis ces crimes pour Toi ; je pensais que Tu étais ici, je pensais que Tu étais là, j’ai commis tous ces crimes pour Toi. J’ai fait tout cela non par malveillance, mais il me manquait la sagesse de Te reconnaître, alors que maintenant je T’ai trouvé ». Je représente cette femme comme un idéal de l’amour ; d’ailleurs elle ne se gêne pas de clamer son amour devant le monde entier, elle dit : « Advienne que pourra, je suis déjà salie, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je vais l’embrasser publiquement, je ne veux rien savoir de l’opinion des autres ».

Maintenant, pourquoi le baiser est-il considéré comme quelque chose d’illégal ? J’ai ici une résolution mathématique du baiser, exprimée sous forme géométrique : que signifie-t-il selon les règles des mathématiques supérieures transcendantales[2] ? La lettre ц représente un carré, fermé à ses débuts car tous les crimes, toutes les luttes dans le monde ont lieu dans un lieu confiné que le carré délimite ; autrement dit chaque être vivant qui est limité dans une forme quelle qu’elle soit éprouve le désir de s’en affranchir, et ce désir de liberté incite au crime ; donc le baiser est une façon de nous libérer du mal. Ainsi, le baiser est une ligne droite qui est mise en dessous du carré et forme la lettre ц ; j’appelle cela la floraison dans la nature. Celui qui, dans la nature, veut se libérer du mal avec probité, des limitations qui se trouvent au-dessus de lui, doit impérativement enlever le cadre supérieur fermé pour accueillir les rayons solaires ; il doit devenir un carré ouvert. Dans la nature il faut une floraison, et chez les humains la floraison coïncide avec le baiser ; lorsque nous embrassons quelqu’un, nous lui disons : « Le chemin de ton salut passe par la floraison[3] », voilà la signification du baiser. Qui doit embrasser ? Nous disons que les rayons solaires embrassent la fleur ; c’est celui qui est venu à la maison que l’on embrasse ; lorsqu’un convive vient à la maison, l’hôte l’embrasse. Si tu es l’hôte, ta fille, ton fils vont l’embrasser à leur tour ; si c’est le convive qui embrasse, c’est une faute.

Je peux donc vous affirmer que c’est le Christ qui était l’invité chez cette femme. Elle avait loué une chambre dans la maison de Simon qui donnait un banquet en l’honneur du Christ, et lorsqu’il est venu, elle l’a embrassé à de multiples reprises ; elle a agi selon les lois de la nature, selon la loi de la floraison pour montrer que le salut se trouve là ; donc elle a ouvert son âme, elle a ouvert son cœur, sa pensée et son esprit pour accueillir ces rayons divins, elle s’est transformée en fleur. Le Christ a dit : « Puisqu’elle a agi avec intelligence, ses nombreux péchés du passé lui sont pardonnés »[4].

Une autre fois je m’arrêterai pour interpréter le sens des mots péché et faute, je vous laisserai pour l’instant avec vos anciennes idées sur le péché. Lorsqu’on ne sait pas comment fleurir ni comment embrasser, on est toujours dans le carré, et on a un cou comme celui du bœuf avec les cornes ; le bœuf a jadis fait pousser ses cornes pour se défendre, mais l’être humain l’a attrapé par les cornes, il a créé la lettre B et il a fabriqué le licol avec lequel il l’a attelé. Nous disons un grand homme. Qui est grand ? Celui qui s’attèle et se désattèle tout seul, celui qui est gai a un licol, il est attelé. Alors en quoi réside l’acte de désatteler le bœuf ? Il faut supprimer le 1 sur le dessus de la lettre B pour qu’il reste libre. Car tu peux être attaché et détaché non seulement par une corde, mais aussi par ta conscience ; on met un licol au bœuf alors que l’être humain s’attache avec sa parole, sa conscience. Donc les attaches intelligentes se font suivant la loi de la liberté.

Ainsi le baiser, selon son sens originel, est le moyen de se libérer du mal qui existe à présent dans le monde. Qu’est-ce que la bouche ? La lèvre inférieure symbolise l’amour, les forces qui bâtissent, elles ont une origine, alors que la lèvre supérieure désigne la sagesse ; dans le monde divin, l’amour et la sagesse sont le socle sur lequel évoluent tous les êtres sublimes. Donc, lorsque j’embrasse quelqu’un, c’est pour dire que je m’engage à servir cette grande sagesse et ce grand amour qui constituent le monde divin, et à vivre en accord avec eux.

Ainsi, vous êtes le convive de celui qui vous embrasse. Pour embrasser quelqu’un, il faut que le Seigneur soit en lui, c’est cela le véritable baiser. Qui demeurait en Christ ? Dieu Lui-même. Cette femme comprenait la loi : elle embrassait le Christ et pas l’inverse. Donc nous pouvons embrasser seulement le divin. Quelqu’un dit : « Pourquoi ne m’embrasses-tu pas ? – Est-ce que le Seigneur demeure en toi ? Si ce n’est pas le cas, je ne dois pas me salir la bouche. » La seule créature que tu peux embrasser et qui peut t’apporter le salut, c’est la lumière. Les fleurs s’ouvrent à qui ? À la lumière, elles assimilent la lumière solaire qui embrasse les fleurs et qui stimule leur formidable croissance. Ainsi, la question est résolue ; lorsqu’on vous demande : « Est-ce que deux personnes peuvent s’embrasser mutuellement ? » Non, cela ne se peut pas, c’est impensable : soit c’est l’homme qui embrasse, soit c’est la femme ; soit c’est le frère, soit c’est la sœur ; soit c’est le maître, soit c’est le domestique : la loi est ainsi. Deux personnes qui s’embrassent mutuellement ne comprennent pas cette loi et on ne peut s’attendre à rien de bon d’un tel baiser ; ils ressemblent à deux banquiers qui opèrent avec leurs capitaux dans un même établissement ; cela va forcément finir en bagarre.

À présent, cela crée en vous une mauvaise compréhension. La question n’est pas qui t’a embrassé, mais qui tu as embrassé, voilà la question ; je ne parle pas de celui qui t’a embrassé, mais de celui que tu as embrassé. Le diable embrasse. Lorsque quelqu’un demande qui t’a embrassé, j’entends le mal ; quant à qui tu as embrassé, j’entends le Seigneur ; il y a donc deux sortes de baisers. Si tu embrasses une femme, elle dit à son mari qu’un tel l’a embrassée ; elle a raison, ce baiser n’est pas divin. Mais si cette femme embrasse le Christ, c’est toute autre chose. Qui a-t-elle embrassé? Si vous demandez à la fleur qui elle a embrassé, elle dira : « Le soleil, j’ai embrassé le soleil. Je suis aussi belle grâce au soleil. Lorsque j’ai embrassé le soleil, tous mes péchés ont été pardonnés, le soleil m’a élevée ».

Le Christ s’est adressé à Simon : « Tu ne m’as point donné de baiser ». Ce Simon était cultivé comme nous maintenant : en voyant cette femme baiser les pieds du Christ, il s’est dit : « Cet homme passe pour un prophète, un Maître qui sait tout, qui est pur et sanctifié, mais ne sait-il pas qui est la femme à ses pieds qui l’embrasse depuis si longtemps ? À sa place, je l’aurais déjà chassée dix fois ! » Alors le Christ s’est tourné vers lui : « Simon, j’ai quelque chose à te dire – Maître, dis-le moi ! – Un créancier avait deux débiteurs : l’un devait cinq cents deniers et l’autre cinquante ». Le chiffre 5 est important ici : le premier nombre symbolise l’être spirituel et l’autre l’être ordinaire, charnel ; l’un comprend les choses dans leur immutabilité, et l’autre comprend les choses dans leurs variations.

Lorsque nous étudions l’enseignement du Christ, nous devons comprendre cet Enseignement avec justesse car il est fondé sur de grandes lois, des lois vivantes que nous, les gens d’aujourd’hui pouvons appliquer, nous ne devons pas faire l’erreur de ce serviteur de saint Antoine. Quelle est l’erreur du serviteur de saint Antoine ? C’est une anecdote, j’ignore si elle est véridique, je la relate pour illustrer l’idée. Saint Antoine était invité quelque part et il est parti avec son serviteur. Il montait un cheval alors que le serviteur montait un âne. Mais saint Antoine avait des adversaires qui voulaient l’arrêter en chemin. Saint Antoine et son serviteur ont fait une halte dans une auberge. Ses ennemis sont venus, ils ont coupé la tête du cheval et la tête de l’âne en se disant : « Halte à ce voyage, il ne bougera pas d’ici ». Au petit matin le serviteur arrive pour préparer les montures, mais il voit que leurs têtes sont coupées. Informé de cela, saint Antoine lui dit : « Ce n’est rien, recolle-les et repartons ! » Dans la précipitation le domestique a échangé les têtes, il a mis la tête d’âne sur le cheval et vice versa : saint Antoine monte sur un cheval avec une tête d’âne et son serviteur sur un âne avec une tête de cheval, et ils sont repartis. Nos contemporains ont les têtes échangées : les hommes raisonnent comme des femmes et les femmes raisonnent comme des hommes. Vous dites : « Comment régler la question alors ? » Mettez la tête de cheval sur le cheval, la tête d’âne sur l’âne ; les choses doivent être comme elles ont été créées initialement et ne pas être sujettes à des interprétations. Je dis : cette tête de cheval doit être ôtée de l’âne et la tête d’âne doit être ôtée du cheval ; voilà comment il faut interpréter les choses, donner un éclaircissement de cette grande loi sur laquelle reposent nos lois actuelles.

L’enseignement et les principes fondateurs dont a parlé le Christ peuvent être appliqués dès aujourd’hui. Ce sera la même chose dans des milliers et des millions d’années : l’amour sera le même jusqu’à la fin des temps et même au-delà, il ne changera pas. Lorsque je dis le même amour, j’entends le même en substance et en nature, mais non pas en forme. Avez-vous vu comment le soleil se lève le matin ? C’est pareil avec l’amour : il s’intensifie jusqu’à son zénith, puis il décline, et à l’aube suivante il s’intensifie de nouveau. Donc l’amour se renforce dans toutes ses expressions et c’est pourquoi nous devons nous préparer à explorer d’abord le sublime, l’amour divin. Vous n’avez pas encore senti cet amour ; si cet amour divin qui inspirait cette femme qui baisait les pieds du Christ avait été appliqué par les humains, le monde serait sauvé aujourd’hui. Et si nous nous posons la question de savoir pourquoi nous étudions, à quoi nous sert le savoir dans le monde, je réponds : le savoir, c’est la connaissance de Dieu ; toute la philosophie du monde réside en cela : connaître Dieu dans Sa manifestation essentielle comme Lui-même se connaît, Le connaître dans sa manifestation essentielle, Le connaître dans toutes ses manifestations matérielles dans le monde, voici la grande science de ce monde.

Ainsi les luttes modernes ne sont rien d’autre que la connaissance du véritable Dieu qui apportera le grand amour qui sert pour la croissance, la floraison, la nouaison et le mûrissement de ce fruit. Je ne m’arrêterai pas sur le sens intérieur de l’amour car c’est une grande question que vous devez explorer. Pour moi, vous parler de l’amour est aussi insensé que de vous parler des mathématiques transcendantales, des mathématiques supérieures divines. Tous les nombres ont leurs manifestations, les nombres de 1 à 10 ont leurs manifestations. Vous dites : « Je sais ce qu’est le nombre1 » Ce nombre a une infinité de manifestations, il peut avoir des milliers de manifestations et des milliers de caractéristiques : les connais-tu toutes ? Il peut désigner 1 litre d’eau ou 1 kilo de cerveau humain ou bien 1 kilo d’air, et ainsi de suite. les manifestations de l’unité sont innombrables.

Lorsque nous en venons au nombre 2, nous devons connaître ses rapports ; nous devons savoir ce que signifient les nombres 1, 2, 3 – 10 : c’est la manifestation du monde divin primordial. Donc le premier baiser a formé l’unité, ce baiser a soustrait la première unité. Lorsque tu veux être premier, cela signifie que tu es celui qui veut ouvrir le carré. Quelqu’un dit : « Je veux être premier ». Je demande : connais-tu l’art d’ouvrir le carré, l’art d’embrasser ? –  Oh, combien j’ai déjà embrassé ! » Sais-tu, comme cette pécheresse, embrasser les pieds du Christ, le plus grand des êtres ? Autrement dit, ta bouche a-t-elle eu affaire à l’essence et à la substance de l’amour divin, de la sagesse divine, les as-tu goutés en tant que fruits ? Lorsqu’on goûte l’amour et la sagesse, c’est aussi délicieux que lorsque tu manges un fruit en disant : « Comme il est exquis ! » L’amour est la substance du socle sur lequel repose le monde divin. C’est pour cela que le Christ dit : « Je suis le pain vivant qui descend du ciel et celui qui me mange aura la vie éternelle [5]». Comment ? Avec sa bouche. Le mot manger sous-entend toujours la multiplication. Et celui qui m’embrasse produit la floraison, c’est-à-dire l’ouverture du carré.

Maintenant je vous demande : vous êtes malheureux n’est-ce pas ? De quoi proviennent vos malheurs ? Du Christ ! Vous cherchez l’amour et vous pouvez commettre des milliers de crimes au nom de cet amour. Vous pouvez voir une belle femme et vous dites : « Voilà où se cache l’amour ! » Vous l’embrassez, mais après vous dites que ce n’est pas en elle que se trouve l’amour, alors un dégoût, une haine naissent en vous. C’est d’abord le diable qui vous a leurré pour que vous l’embrassiez, puis vient le Seigneur pour vous dire : « Ce n’est pas elle ». « Si ce n’est pas elle, je prendrai le couteau et je la transpercerai. » Le Seigneur dit de nouveau : « Tu ne la transperceras pas ».

Imaginez maintenant de nos jours une femme ou un homme qui ont commis un crime comme cette pécheresse. Vous m’excuserez, je ne pense à aucun moment à aucune de vous. Imaginez un instant une telle femme qui après avoir commis de tels crimes, se jette pour embrasser les pieds de son mari en disant : « C’est pour toi que j’ai commis tous ces péchés ». Comment réagirait cet homme de nos jours ? Il dirait : « Va-t’en, tu m’as déshonoré ! » Et s’il se trouve un seul mari, capable de pardonner à sa femme, tous les journaux titreront : « Un homme vaillant ! » Mais le Christ a agi autrement avec la pécheresse, il y avait autre chose – comme c’est écrit dans l’Évangile – Il a dit : « Simon, je suis entré dans ta maison et tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds ; mais elle, depuis que je suis entré ici, elle ne cesse d’embrasser mes pieds ». Les pieds, c’est le sublime, ce sont les vertus divines.

Celui qui cherche les vertus, celui qui cherche la justice, c’est lui qui embrasse les pieds. C’est la bouche qui est assoiffée et qui est affamée. Donc, nous appelons baiser cet état du cœur humain et cette expression de la bouche humaine. Ce baiser existe non seulement chez les humains, mais aussi chez les oiseaux et les autres animaux, et même chez les fleurs ; mais les humains l’ont corrompu aujourd’hui et ont dénaturé son sens de façon qu’au lieu de t’embrasser, quelqu’un qui a bu, dit : « Tu essaieras mon coup de poing pour voir comme je suis fort ! » Et maintenant nous, les gens de cette époque, nous luttons. Pourquoi ? Parce que les gens ont perdu le sens du baiser et leur façon de s’embrasser consiste à se battre, à se rouer de coups et à casser des jambes et des bras. Les dévots disent alors : « Seigneur, nous Te prions de bénir nos armes pour que nos armées et nos héros puissent vaincre et être accueillis avec du pain et du vin, et que tous les peuples reconnaissent ainsi que Tu es le seul Seigneur, qu’il n’y en a pas un autre ». Et ils disent alors : « Que Dieu soit béni, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen ». Non, non, non, tous les prêtres doivent prêcher au monde d’aujourd’hui et embrasser les pieds comme cette pécheresse. Quels pieds ? Les pieds des pauvres veuves, des orphelins, des misérables, des défavorisés, voilà ce qui est exigé.  

Vous direz : « Un baiser ? » Oui, un baiser ! Pour donner un baiser, il faut que votre cœur soit enflammé ; pour embrasser il faut se montrer héroïque. J’en connais peu en Bulgarie qui soient capables d’embrasser ; j’en ai croisé certains : ils replient leurs lèvres, ils rougissent… Du cœur, du cœur ! Je ne veux pas que tu prennes quelque chose de moi, mais que tu prennes conscience que ta vie a été jusque-là futile, une vie de mensonges en pensées, en sentiments et en désirs, et que naisse en toi désormais la grande idée de vivre une vie pure, d’embrasser ces rayons de soleil qui favorisent la croissance de ton âme. Ainsi, celui qui embrasse doit être à la place de cette pécheresse et celui qui est embrassé doit être à la place du Christ ; et lorsque quelqu’un viendra t’embrasser, tu diras : « Attends, mon frère, attends, tu crois que tu peux obtenir quelque chose de moi ? Non ».

Un moine me racontait l’histoire suivante : « Je suis allé à l’Église. Un homme riche est sorti, j’ai pris sa main et je l’ai embrassée, et il m’a donné cent levas ; une femme riche est sortie ensuite, j’ai pris aussi sa main et je l’ai embrassée, elle m’a donné deux cents levas ; à la fin, c’est notre évêque qui est sorti : j’ai embrassé aussi sa main et il m’a donné un levas. Je me suis dit : « Pfff ! j’ai gaspillé un baiser en vain ! » Cet homme marchandait son baiser contre de l’argent : « Le riche m’a donné cent levas, la riche m’a donné deux cents levas, mais l’évêque ne m’a donné qu’un levas, et en plus il a eu un geste de mécontentement avec les mots suivants : « Allez, disparais ! » Mais un baiser ne se vend pas pour cent levas, ni pour deux cents, ni pour un seul. L’évêque le premier a dit la vérité, il a dit : « Écoute, ne sois pas bête, je suis évêque et non le Christ. Tant que tu embrasseras ma main, tu auras toujours cette tête et tu ne verras rien de bon » ; alors que le riche qui donne cent levas, dit : « Tant que tu embrasses ma main, tu risques le bâton. Je ne suis pas le Christ ». Voilà ce que veulent dire les cent levas ; et la femme qui a donné deux cents levas, dit : « Tant que tu embrasses les femmes pour de l’argent, tes affaires iront mal ». Le baiser doit être parfait, absolument désintéressé.

Vous avez ici une femme, rejetée de tous, qui cherche son salut : c’est la femme qui se noie et qui s’accroche au Christ en disant : « Seigneur, toi-seul, seul ton amour, seule ta sagesse peut me délivrer de cette situation ». Et vous, femmes – je me tournerai vers vous et vers les hommes, je n’ai pas votre vécu – vous avez tous embrassé et vous avez tous été embrassés, qu’avez-vous senti après le baiser ? Vous n’avez pas fermé l’œil de la nuit ? Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas embrassé le Christ, mais le diable, c’est cela le tourment ; là où le diable embrasse un ulcère apparaît et le mal naît : tout est là. Remarquez le fait suivant : le visage de la femme embrassée par un homme perverti, noircit ; le visage de l’homme qui embrasse une femme qui ne tient pas la place du Christ, s’avilit aussi ; s’ils étaient purs, leurs visages changeraient inévitablement car le baiser produit toujours un bouleversement pour le meilleur ou pour le pire : si vous avez embrassé le Christ, votre visage s’illuminera forcément, mais si vous avez commis une faute dans ce baiser, vous marcherez toujours tête baissée comme cette pécheresse, vous direz : « La vie n’a pas de sens pour moi ». Quel est alors le remède ? Vous viendrez auprès du Christ ; vous pouvez trouver le Christ aujourd’hui encore : prenez l’Évangile, retournez deux mille ans en arrière ou projetez-vous deux mille ans en avant, vous trouverez et vous embrasserez le Christ. Il n’y a pas de créature vivante qui, dans la situation de cette femme, ne verra pas apparaître le Christ ; alors le Christ dira : « Tes péchés sont pardonnés et commence désormais ton nouveau développement [6]».

Le Christ dit : « Je suis venu chez toi et tu ne m’as point donné de baiser ». Une pensée noble vient en toi : le Christ est cette pensée. Le Christ passe parfois dans ce monde, je le vois, il passe souvent. Je ne parlerai pas maintenant de moi, mais d’un clairvoyant qui me racontait la chose suivante : « Je vois, dit-il, le Christ se tenir à côté d’une belle femme – belle en apparence mais pas intérieurement – et lui parler, mais je regarde et je vois quelqu’un d’autre lui parler aussi de l’autre côté. » Le Christ lui dit : « Femme, tourne-toi vers Dieu, il te faut plus d’amour pour te sauver » ; alors le diable aussi lui murmure quelque chose. À l’endroit où le Christ parle, elle agite tout le temps sa main devant son oreille car le Christ lui dit : « amour ! » et elle entend : « Aimer c’est embrasser, que dira ton mari ? » Elle ne saisit que l’aspect charnel de l’amour. L’abnégation intérieure est un processus de l’âme, ni du cœur ni de la pensée ; c’est un rapport qui existe entre mon âme et ma source originelle : Dieu d’où je proviens. Et nous critiquons toujours ces pensées du Christ lorsqu’elles nous sont murmurées. Si quelqu’un vient et nous murmure par exemple : « Ouvre un commerce, tu auras beaucoup de gains ! », tu n’agites pas la main devant ton oreille, tu commences ce commerce ; lorsque le Christ vient dire à la femme : « Femme, tu es riche, il y a là-bas tant d’enfants misérables, donne-leur deux mille levas pour les aider ! » Mais le diable riposte : « N’écoute pas ! » Elle agite alors la main. J’observe les humains : ils agitent constamment la main : le Christ s’adresse à une femme et elle agite la main : « Ce n’est pas pour moi », mais si quelqu’un d’autre vient murmurer à son oreille, elle dit : « Je suis prête ! »

On me demande alors : « Comment reconnaître la voix du Christ, il y a tant de voix qui nous parlent ? » Le Christ parle comme personne d’autre : Il dit : « Distribue tes richesses aux pauvres », et vous agitez la main ; « Va dans un hôpital pour aider les êtres qui souffrent », vous agitez la main ; « Lave les pieds de ton mari, réconcilie-toi avec ton ami », vous agitez la main. Mais si on vous dit : « Donne une bonne leçon à ton ami ! », vous l’acceptez ; « Traine-le au tribunal, tu as vingt mille levas à récupérer ! – Oui, c’est juste, j’ai cette somme à récupérer ». Lorsque le Christ parle, toutes les âmes comprennent sa parole. Chaque pensée qui incite l’être humain à l’abnégation est une pensée divine et cela ne souffre aucune exception ; accepte-la, elle vient du Christ ; si tu t’arrêtes pour savoir s’il s’agit de ce Christ d’il y a deux mille ans, tu perds tout. Écoute ami, si tu attends le Christ qui était là il y a deux mille ans, tu iras en enfer ; ce Christ a grandi à présent, c’était un petit enfant il y a deux mille ans, c’était un bébé de deux ans, alors qu’à présent il a grandi et s’est renforcé. Donc, tu ne le chercheras pas comme un petit enfant en disant : « Eh, si je pouvais avoir un petit bébé comme le Christ et le caresser ! » Il y a 2000 ans, il n’a pas pu sauver le monde, il a fui en Égypte, puis il a été battu et crucifié : c’était la volonté divine ; il se disait : « Eh, tu es faible, c’est normal ! » Lorsqu’il a ressuscité, il disait : « J’ai tous les pouvoirs au Ciel et sur la terre, à l’avenir ce ne sera plus ainsi, on ne me battra plus : allez et prêchez ce Verbe, je serai avec vous jusqu’à la fin des temps »[7]. On nous fait des prêches sur le Christ crucifié. Je ne prêche pas sur le Christ crucifié, je prêche sur la résurrection du Christ de l’amour divin, de la sagesse divine, de la vérité divine, de la justice et de la bonté, sur ce Christ qui porte la vie en lui, qui apporte sagesse et connaissance dans le monde ; je prêche sur ce Christ qui porte la vérité, qui vient nous donner cette lumière intérieure pour mettre de l’ordre dans nos foyers, nous donner la justice pour mesurer avec son étalon, nous donner la bonté ; le Christ est aussi porteur de ces grandes méthodes par lesquelles bâtir nos maisons : c’est cela le Christ. Vous direz : « Où est-il ? » Je le vois à présent, il murmure à vos oreilles. Voilà, je vois le Christ, je le vois, mais vous, le voyez-vous ? Je le vois, je le vois, le Christ parle. Maintenant je sais comment chacun réagira : l’un agitera la main devant l’oreille et l’autre écoutera.

Beaucoup pensent que je veux ensorceler les gens. Non, c’est le Christ qui vous parle, et savez-vous de quoi ? Voilà ce que j’entends : « Vos cœurs sont froids, il y a de la neige dehors, donc vous n’avez pas assez aéré, il y a une résistance ; il vous faut de l’amour, de l’amour pour surmonter cela, de l’amour pour réchauffer ces cœurs glacés, les chauffer à cent millions de degrés pour illuminer vos cœurs ». Le Christ vous parle de nouveau, savez-vous de quoi ? Du savoir, il vous faut du savoir, pas pour cuisiner les haricots, découper la dinde, couper le chou, préparer la viande hachée ; ce n’est pas ce qu’il vous faut, mais du savoir véritable, et transmettre cette sagesse à vos filles, à vos fils, à vos maris, à vos domestiques, à vos amis et à vos ennemis ».

Je vois le Christ, il vous parle maintenant et vous vous tenez là. Je vois un tableau remarquable : c’est comme si une jeune fille se tenait là et attendait le jeune homme qui s’approche et lui propose de se fiancer ; elle se tient très sérieusement, je la vois dans une posture très sérieuse. C’est la posture que vous avez et je dis : tout est prêt, pourvu que vous n’agitiez pas la main droite près de l’oreille. La jeune fille dit : « Maintenant lorsque le jeune homme viendra, attends que je réfléchisse si je dois accepter ou non ; je peux l’accepter, mais j’ai un autre candidat plus riche, plus savant qui m’offrira plus de confort ; seulement il ne m’a pas encore fait de proposition. » Elle réfléchit très intensément, elle réfléchit intensément, mais pour l’autre. Elle ne doit plus réfléchir : « Me prends-tu ou non ? – Je suis avec Toi, Seigneur ! » Affaire conclue ! Si tu réfléchis trop, rien ne se fera. Il y a des moments où il ne faut pas trop réfléchir mais se décider vite.

Nous aussi, nous devons être comme cet ingénieur de Napoléon qui s’est vu ordonner : « Tu dois ériger un pont pour faire traverser l’armée. – Je n’ai pas d’outils. – Je te le dis : si dans vingt minutes ce pont n’est pas construit, je te ferai fusiller. » L’ingénieur fait le salut militaire et s’en va, sa pensée se met en branle et vingt minutes plus tard le pont est érigé.

Il n’y a pas de temps à perdre, pas de temps pour chercher des outils, il faut travailler vite : lorsqu’on commet une faute, on demande un délai, on fait durer, on prend son temps au tribunal ; les fautifs veulent que le temps s’écoule lentement lorsque leurs affaires sont jugées au tribunal ; lorsque nous dérobons quelque chose nous voulons que le temps passe lentement, mais inversement, lorsque nous attendons des résultats, nous voulons que ça aille vite ; lorsqu’il est question de recevoir une récompense pour nos actes, il ne faut pas que ça prenne des années, mais que ce soit aussi rapide qu’avec Napoléon qui ordonne la construction d’un pont en vingt minutes pour traverser d’une rive à l’autre. Donc nous devons appliquer ces principes dans nos foyers, dans nos vies.

Le Christ dit : « Je suis venu chez toi, tu ne m’as point donné de baiser alors que cette femme, depuis que je suis entré, ne cesse d’embrasser mes pieds et non pas ma bouche », elle dit : « Je suis indigne de baiser ta bouche, mais je vais baiser tes pieds, ces pieds poussiéreux qui foulent le sol ». Pour embrasser le Christ sur la bouche, il faut mener une vie angélique. Quelqu’un dit : « Je veux t’embrasser sur la bouche ! » Il faut avoir une vie angélique pour cela, de la pureté. Si seulement nous pouvions apprécier de tels baisers…

Les Bulgares qui sont allés en Russie disent que là-bas, à Pâques, tout le monde s’embrasse, jusqu’à se salir les uns les autres ! « Embrassons-nous[8] ! » et nous voilà salis. Le Christ leur montre maintenant ce que doit être le baiser : ce carré doit s’ouvrir et ces leurres doivent être rejetés, ils doivent cesser en Russie de s’embrasser ainsi. Vous dites : « L’Église orthodoxe a toujours été comme ça ». Je vais vous relater une anecdote. L’un des tsars russes a écrit une lettre confidentielle à tous les monastères de Russie avec la demande suivante : lui envoyer la tête de saint Jean Baptiste, où qu’elle se trouve. Il a reçu en retour une tête de la part de chacun des monastères ! Il les a disposées dans des pièces dédiées : quarante têtes dans quarante pièces. Il est allé ensuite au Synode russe pour demander : « Combien de têtes a saint Jean Baptiste ? – Une seule tête, votre Majesté Impériale. – Non, dit-il, il a quarante têtes. »

Il prend avec lui ces vieillards et les conduit dans toutes les pièces : « Quarante têtes, exactement quarante têtes ! » Ils ont raison si nous tenons compte de la réincarnation, nous pouvons dire que Jean Baptiste avait quarante têtes, mais l’empereur leur a dit : « Ne trompez pas le peuple avec ces superstitions ! » C’est pour cela que l’Église russe souffre maintenant, parce que Jean Baptiste a été affublé de quarante têtes. Nous ne devons pas offenser Dieu, nous ne devons pas mentir en Son nom ; si je veux vous leurrer au nom du Christ, le karma de ce peuple serait lourd ; personne ne peut réussir s’il a menti. Quelqu’un dit : « Cela vaut la peine de mentir ». Non, jamais ! Quelques fois tu peux t’économiser de dire la vérité, tu peux éviter de répondre ou rester silencieux, mais surtout ne jamais mentir ; si tu ne peux pas dire la vérité, tais-toi ; si tu ne peux pas dire la vérité, enfuis-toi, rien ne t’oblige à parler.

Deux choses sont donc nécessaires, tout d’abord être humble comme cette femme, afin de discerner ses erreurs – cette femme a compris que le chemin qu’elle avait pris, la vie qu’elle avait menée, les relations qu’elle avait, tout cela avait conduit à des résultats néfastes – et ensuite être capable de dire : « Seigneur, maintenant je change du tout au tout ». Je sais que cette femme n’est pas seule en tant qu’individu : elle a changé sa vie, transformé entièrement sa vie, et elle est devenue une excellente ouvrière de l’œuvre du Christ. Sa vie a été transformée par le baiser. Donc, si la lumière divine pénètre aussi en nous et si nous assimilons cette lumière et l’embrassons, elle produira tous ces bons résultats.

Ainsi, lorsque quelqu’un vient chez vous, que devez-vous faire avec lui ? Quand vous avez un rendez-vous, quand une de vos amies vient, une de vos bienaimées, ne la placez-vous pas à côté de vous ? Une amie vient, vous l’embrassez ; une autre vient, vous l’embrassez ; une troisième vient, vous l’embrassez ; vous embrassez les dix qui viennent, et vous n’embrassez pas les dix suivantes. On a donc dix embrassées et dix non embrassées. J’en conclus : dix viennent du Seigneur et dix du diable. Votre rendez-vous sera un drôle de rendez-vous ; quand vous sortirez de chez vous, on commencera à vous critiquer. Vous embrasserez tout le monde ! Si tu commences par un baiser, tu les embrasseras tous, mais si tu ne commences pas par un baiser, tu n’embrasseras personne et c’est alors que ton rendez-vous sera bénéfique. Vous direz : « Cette femme, je ne la trouve pas sympathique ». Et celle que vous avez embrassée, était-elle sympathique ? Est-ce que cette femme-là avait été sympathique au Christ ? Ce que vous trouvez sympathique est du côté du diable. Considérez deux jeunes filles : l’une a le visage osseux, couvert de plaies, tandis que l’autre est belle, qui embrasserez-vous ? La belle femme. Le diable est en elle, alors que le Christ est dans cette femme osseuse. Le diable est en ce jeune homme moustachu ; dès que tu l’embrasses ton visage noircit, alors que le Christ est en ce jeune homme disgracieux : tu l’embrasseras au nom du Christ, c’est en lui qu’est le principe christique. Et cette femme-là a préféré embrasser les pieds poussiéreux du Christ et non les pieds propres de l’autre bourgeois – car le Christ avait aux pieds des sandales avec des lanières en peau, sans chaussettes, et ses pieds étaient poussiéreux – cette femme n’a pas embrassé les pieds de Simon, mais ceux du Christ en disant : « Seigneur, Tu es poussiéreux et sale, et moi-aussi ; je Te laverai les pieds et toi, tu me laveras le cœur » ; et le Christ a répondu : « Femme, aussitôt dit, aussitôt fait », et elle l’a fait.

Les savants d’aujourd’hui disent : « Il a rassemblé un tas de gens ignorants et incultes, mais ne savons-nous pas qui ils sont ? » Mais bien sûr, je ne suis pas venu en Bulgarie pour rassembler les beaux jeunes gens, je les laisse à l’Église, et ce sont les disgracieux, les sans-abri qui sont venus auprès de moi ; ainsi, inutile de faire perdurer les malentendus, en revanche une fois qu’une de mes brebis est guérie grâce à ce procédé, je ne la cède plus. Qu’est-ce que j’entends par le mot à l’église, église ? Par église je désigne toute créature vivante qui pense, qui sent, qui a une volonté, alors que ces édifices en pierre, ce sont des abris, ce ne sont pas des églises. Et maintenant les prêtres m’interrogent : « Vas-tu à l’église ? » Je serais venu chez toi, mais je vois que les portes des cœurs chez les prêtres et les évêques sont toujours fermées, et n’ont même pas de clé : je demande au sacristain où sont les clés « Aujourd’hui le père n’officie pas, venez dans l’autre église ». Ce n’est pas une église. Lorsque quelqu’un veut venir dans mon église, j’ouvre les portes pour les dévots dès quatre heures, avant le lever du soleil : c’est ainsi que doivent être ouvertes les portes de tous ceux qui veulent servir Dieu ; dans cette église, toutes les bougies doivent être allumés et répandre la lumière et la douceur, et quiconque y entre doit laisser tout son fardeau à l’extérieur : c’est cela une église, c’est comme ça qu’il faut l’entendre. Vous direz : « Qu’adviendra-t-il des gens simples ? » Nous ne parlons pas des gens simples, mais des savants : ils sont diplômés des lycées, des facultés, faut-il toujours les divertir, les amuser ? Nous leur permettrons d’entrer dans l’église, de servir, mais comment ? Lorsque l’évêque viendra, qu’il revête l’habit de l’amour, c’est l’habit intérieur ; il y a ensuite une soutane, c’est l’habit de la sagesse ; une fois habillés ainsi, ils peuvent mettre des couronnes ou autres et officier. S’il se présente ainsi, je lui attribue la première place, mais s’il vient avec ses habits actuels, je le chasse : « Dehors, vous qui avez trahi le nom du Christ ; vous venez servir pour l’argent que vous amassez dans vos chaudrons : le Christ n’est pas mort pour l’argent, le Christ est venu pour servir l’amour et la sagesse divins et ressusciter les humains ». Il ne s’agit pas seulement de nos prêtres et de nos curés. Lorsque je dis la vérité, je la dis au nom du Christ, malheur à ceux qui s’opposent à ces vérités divines ; il n’y a aucun mensonge au nom du Christ, au nom du divin. Que les Bulgares sèment leurs champs, je suis prêt à leur donner cent fois plus de blé et de maïs ; qu’ils sèment ! Que le prêtre puisse semer aussi, mais non avec la croix et le chaudron à la main, rien ne doit être gardé pour l’église, ni argent ni corbeilles d’aumône, c’est un scandale, tout cela doit être rejeté ! C’est ainsi que parle le Christ.

Maintenant, quelqu’un vient me demander : « Est-ce que tu allumes des cierges à l’église ? » Je dis : mon cierge brûle toujours, mon encensoir brûle depuis la nuit des temps, il ne s’est jamais éteint. « Mais crois-tu en l’église ? » Je crois en l’Église du Christ, l’Église de l’amour, le Christ est en elle, comme tous les saints et tous les hommes et femmes de bien. – « Mais pourquoi ne viens-tu pas chez nous ? » Je suis venu chez vous, mais vos églises étaient fermées. « Comment ? » Elles sont fermées, et je ne peux pas leur donner de baiser à présent. Elles s’attendent à ce que j’aille baiser la main de l’évêque ; quelquefois je ne veux pas non plus qu’on me baise la main. Il y a quelque jours, un homme est venu, l’Esprit était en lui. Lorsque je l’ai invité à partager notre repas, il a dit que personne ne devait me baiser la main. Puis une femme est venue qui m’a baisé la main. Je me suis dit : cela a induit la tentation en lui, il a pensé : « Il est aussi comme les évêques ». Une demi-heure plus tard il est sorti et a voulu me serrer la main, je l’ai arrêté pour lui éviter de me serrer la main et je lui ai dit : « Bon courage, ta pensée est juste ».

Je suis partisan de ce baiser intérieur de l’amour, de nos âmes sœurs. Certains demandent : « Comment trouver nos âmes sœurs ? » C’est la chose la plus facile, il n’y a rien de plus facile, même les plus petits vous diront comment faire ; jusqu’à l’âge de cinq ou six ans ils le savent, et à partir de sept ans ils ne le savent plus. Un père de Roussé[9] me disait qu’il avait un jour interrogé son petit garçon : « Fiston, d’où es-tu venu ? » Cet enfant lui a répondu : « Ne me dérangez pas ». Qui es-tu, d’où viens-tu ? Ces questions n’ont pas de sens si tu as l’amour en toi, tu sais que l’amour connait tes origines. Lorsque nous aimons les êtres, nous sommes venus de Dieu, alors que si nous ne les aimons pas, nous sommes venus du diable.

Tout d’abord, lorsque le Christ viendra dans votre maison, vous lui laverez les pieds avec votre bouche, ce qui signifie, traduit en votre langage : vous le servirez avec sagesse et amour, vous porterez son Verbe sans nul additif : c’est cela le baiser. Lorsque j’applique toute ma pensée et tout mon cœur pour le servir de façon à porter son Verbe sans aucun mélange, c’est un baiser. Si vous pouvez servir le Christ ainsi, il vous dira : « Vos péchés vous sont pardonnés et vos noms sont inscrits au Ciel devant les anges et vous serez à l’avenir citoyens de ce grand royaume ». Ainsi, je vous enjoins tous à servir le Christ avec sagesse, de le servir avec amour, de les inscrire dans vos pensées et dans vos cœurs. Ce Christ, je le vois maintenant, je parle avec lui. Lorsque vous rentrerez chez vous, il vous parlera de nouveau ; faites attention, ne réfléchissez plus, mais dites : « Décidons-nous ! » Non, le délai est court, décidez d’un coup, aussitôt dit, aussitôt fait, sans agiter la main. Vous me direz : « Est-ce que tu nous dis la vérité, que le Christ est maintenant avec nous ? » Le Christ est avec vous, avec vos âmes, comprenez dans votre for intérieur. Je vous dis une grande vérité : ce Christ est sublime et, lorsqu’un jour les gens prendront conscience de cette vérité, savez-vous quelle culture cela engendrera ? Nous voyagerons librement en Europe, sans aucune entrave et tout sera bon marché : le blé, le beurre, tout. Comment ? Lorsque les humains commenceront à servir Dieu avec amour et sagesse. Tous les religieux doivent reprendre cet Enseignement alors qu’ils sont encore réticents à ce sujet, mais le Christ leur imposera d’oublier les réticences. Les enseignants comme tous les autres doivent à l’avenir servir le Christ avec amour et sagesse.

Maintenant je m’adresse à vous non pas en tant que Bulgares ou Anglais ou Français, je m’adresse à vous en tant que mes frères et mes sœurs, au nom du Christ, et je ne dénaturerai jamais la vérité. Je vous parle comme à mes frères et sœurs, comme à mes amis, mes disciples que je traite en parfaite égalité, je vous donne mes meilleures pensées combien même certains tremblent dehors dans le froid ; je vous donne le meilleur de moi, je vous révèle ces vérités dont personne ne vous a parlé depuis deux mille ans. Pourquoi ? Parce que j’aime Dieu, parce que je Le sers avec amour et sagesse. Et vous tous pouvez Le servir, vous pouvez tous servir Dieu avec amour et sagesse ; nous pouvons tous être frères, peu importe le degré de notre développement, nous irons travailler selon nos forces.

Ainsi, nous pouvons donner ce baiser au Christ, car le Christ est partout, dans toute la nature, le Christ est partout et nous pouvons lui donner ce baiser ; lorsque nous le donnerons, nous fleurirons, nous porterons du fruit et nous deviendrons puissants. Mes paroles sont symboliques, mais leur véracité est intérieure : chaque pensée, chaque baiser doivent être imprégnés d’amour, et lorsque vous embrasserez, ne regrettez pas mais sachez que vous avez accompli un devoir, que vous avez donné quelque chose de vous ; alors vous entendrez la voix du Christ : « Vos péchés vous sont pardonnés ». Nous pardonner : ce mot est remarquable. Si l’Entente disait aujourd’hui aux Bulgares : « Votre dette est effacée », qu’est-ce qui se passerait ? Les tambours raisonneraient en ville, il y aurait des affiches partout dans les villes, dans les municipalités, pour proclamer que l’Entente a effacé la dette bulgare de deux milliards et demi de levas. Alors que ce que le Christ apporte est bien plus que ces deux milliards et demi.

Vous avez tous besoin d’amour et de sagesse à présent. Certains disent : « Telle sœur est aigrie ». Je dis : elle n’a pas encore embrassé les pieds du Christ. « Telle autre critique un peu trop ». Je dis : elle n’a pas encore embrassé les pieds du Christ. – « Une telle est ignorante ». Elle n’a pas encore embrassé les pieds du Christ. Les hommes et les femmes dont les cœurs sont imprégnés d’amour, et la pensée de sagesse ont embrassé les pieds du Christ ; quiconque a éprouvé une fois cet amour, l’a touché, il s’est déjà élevé plus que le monde ne s’en doute.

Ainsi, servez avec amour, servez avec sagesse, cet Enseignement doit être appliqué : c’est en lui qu’à l’avenir se trouvent la force et le salut.

 

Sofia, 8 janvier 1922


[1] En latin dans le texte original

[2] Le mot baiser en bulgare s’écrit целувка (tzeluvka)

[3][3] Le mot fleurir en bulgare « tsavtia » (цъвтя) commence par la même lettre ц que le mot baiser.

[4] Luc 7, 47

[5] Jean 6, 51

[6] Luc 7, 47-50

[7] Matthieu 28, 20

[8] En russe dans le texte

[9] Grande ville bulgare au bord du Danube

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