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1921_12_11 Lève-toi et ceins-toi


Ani
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Lève-toi et ceins-toi

«Et l'Ange lui dit : ceins-toi, et chausse tes souliers ; ce qu'il fit.

Puis il lui dit : jette ta robe sur toi, et me suis.[1] »

Actes 12:8

Il y a dans ma tête un problème épineux que je résous en ce moment : pourquoi jusqu’à maintenant les chrétiens n’ont-ils pas compris l’Enseignement du Christ ? Ne pas juste le constater, mais dire le pourquoi, les causes : c’est un problème épineux du domaine des mathématiques supérieures, des nombres irrationnels, c’est-à-dire insoluble par les règles mathématiques simples. Il y a des problèmes de cette sorte dans chaque vie. Je ne me demande pas seulement pourquoi les chrétiens n’ont pas compris l’Enseignement du Christ, mais je demande pourquoi vous non plus, vous n’avez pas encore compris le sens de votre vie ? Et une autre question essentielle : pourquoi les humains n’ont pas jusque-là accueilli l’amour pour l’appliquer dans sa plénitude. Voilà des questions qui occuperont la future culture, la future humanité ; ce sont des tâches d’une grande gravité, pour les êtres sérieux et intelligents, les êtres de caractère, doués de raison et de volonté. Ceux qui veulent résoudre ces problèmes doivent maîtriser leur pensée et gouverner leur cœur. Leur pensée doit être à sa place. Par les mots : « leur pensée doit être à sa place », j’entends un processus conscient et non pas mécanique, et c’est là que réside l’évolution humaine ; l’on doit avoir la maîtrise de sa pensée et de son cœur. Aujourd’hui, la seule aspiration de nos contemporains est d’être riches et puissants. Ces choses-là sont bien, mais ce sont seulement des résultats, des apparences, et ils sont la conséquence d’une cause intérieure, plus profonde que celle que nous pressentons. Donc celui qui veut gouverner le monde et qui veut s’enrichir doit avant tout gouverner sa pensée et son cœur ; et sa pensée et son cœur doivent être en accord absolu avec son âme.

Maintenant, pourquoi nous écartons-nous du chemin ? Au lieu de gouverner sa pensée, l’être humain cherche à s’emparer de la pensée des autres ; au lieu de gouverner et maîtriser son cœur, il cherche à s’emparer des cœurs des autres. C’est un constat, je ne vais pas argumenter. Pourquoi ? Parce que c’est un problème du domaine des mathématiques supérieures et des nombres irrationnels. Mais maintenant, comme vous le voyez, la neige ne nous permet pas de détailler ces questions abstraites ; je ne veux pas parler beaucoup, je vais tâcher d’être concis aujourd’hui. Je ne veux pas commettre l’erreur suivante : en Amérique un prédicateur évangéliste priait beaucoup, sa prière continuait deux heures après le sermon. Un père a amené son fils à une réunion du soir, un enfant de douze ans qu’il voulait conduire à la piété. Selon la coutume de l’Église évangélique ils se sont agenouillés. Au bout d’une demi-heure, fatigué, l’enfant a demandé : « Papa, c’est bientôt fini ? » mais ce prédicateur aimait commencer par la Genèse, citer peu à peu tous les versets de la Bible et terminer par l’Apocalypse ; « Fiston, il est encore dans le désert, dans l’Exode », c’est-à-dire : c’est de là qu’il cite les versets. C’est pourquoi je serai moi aussi attentif maintenant pour ne pas citer tous ces faits.

« Et l'Ange lui dit : ceins-toi, et chausse tes souliers. » C’est un art de savoir comment se ceindre, avec quoi se ceindre ; « Chausse tes souliers » : se chausser avec quoi ; « Jette ta robe sur toi » : quelle robe ? Vous direz tous aussitôt : « Nous savons comment nous habiller ! » Je l’admets, oui, extérieurement vous savez vous habiller, mais vous n’avez pas encore appris l’art de le faire intérieurement. « Et suis-moi ». Cet Ange est porteur et serviteur de qui ? Il ne sert pas les anciennes croyances et concepts que les anciens religieux avaient, tout comme les religions d’aujourd’hui. Vous aussi, je vous dis : j’appuie souvent ici et là pendant mes causeries pour vérifier si votre corps est sain ; si vous ne vous vexez pas, je dis : « Ces gens sont bien portants » ; si quelqu’un se sent offensé, je dis : « Cet homme a des blessures » et je fais un diagnostic pour voir la gravité de la blessure : peut-elle être soignée ou pas ? Prétendez-vous être exempts de telles blessures ? On a soit une ampoule aux doigts, une petite blessure dans le dos ou sous le menton, une inflammation dans le nez, une cataracte dans les yeux ; toutes ces infirmités se créent dans les prisons : nous nous trouvons maintenant dans une grande prison. Nos contemporains parlent de culture, de liberté, non, non, vous êtes tous dans la prison entre deux soldats et des gendarmes montent la garde à l’extérieur. Mais la force, la plus grande et la plus irrésistible est la prière, non la prière ordinaire pour son salut, mais la prière qui unit les humains pour délivrer un frère, le sortir de prison ; et la venue de cet Ange résulte de leur prière. Vous pouvez dire : « Ne sommes-nous pas capables de la même chose ? » Oui, à condition de comprendre les nombres irrationnels.

« Et l'Ange lui dit : ceins-toi. » Cet Ange parle maintenant : « Ceins-toi, lève-toi ! » Tu dors, tu es spirituellement endormi et tu ne sais pas que le lendemain Hérode te conduira dehors et te coupera la tête comme une citrouille. Lève-toi, dit l’Ange, ne dors pas, alors qu’à présent on vous endort. Comment ? Comment vous endorment les médecins lorsqu’ils veulent faire une opération ? Ils mettent du chloroforme sous le nez n’est-ce pas ? Et lorsqu’il se relève, le malade ressent les douleurs ; il n’avait senti aucune douleur et sa seule question est maintenant : « Pourquoi ces souffrances ? – Parce que tu as subi une opération. » Vous me demandez aussi la raison de vos souffrances ? Quelqu’un vous a endormi et vous a fait subir une opération. Si je te mets du chloroforme sous le nez et que tu t’endors, et qu’ensuite j’opère dans ta caisse et dans ton portefeuille, tu te prendras la tête à deux mains à ton réveil : les souffrances sont arrivées ! N’est-ce pas une opération parfaitement menée ? Et si on vous met du chloroforme sous le nez pour vous endormir et vous prendre votre honneur ? Je prends le mot au sens large. Aujourd’hui on aura du mal à trouver des gens honnêtes dans le monde. Je ne dis pas que les gens sont sans probité, mais pouvons-nous en trouver avec de l’honneur, de l’honneur divin ? Je ne parle pas au sens de l’honneur ordinaire ; lorsque je dis homme honnête, j’entends trouver un violoniste virtuose qui nous incite à dire de sa musique : « Voilà un virtuose qui joue parfaitement, et avec son âme ! » C’est de l’art. Pour moi l’honneur est un grand art de la pensée humaine : être honnête au sens plein du terme, c’est savoir faire de la musique.

« Lève-toi, dit l’Ange, ne dors pas ! » Que signifient les souffrances actuelles, ne s’agit-il pas de cet Ange qui te secoue : « Lève-toi ! » dit-il. Mais un journal sortira et il y sera écrit qu’une conférence de la Société Des Nations à Washington rétablirait la paix ; les Turcs disent : « Guial, kouzoum, guial ! » (Гял кузум Гял), et les Bulgares disent : « Patiente, petit cheval, pour avoir de l’herbe fraîche ». Nous ressemblons à ces bœufs attelés dans le champ à qui le paysan dit : « Allez, labourez et lorsque vous aurez fini, nous vous donnerons de la paille ; le blé sera mis dans la grange et vous mangerez de la paille pendant l’hiver ». Ils disent désormais : « La paix viendra, pour vous », et ce sera la paille !

L’Ange dit : « Lève-toi, ne dors pas ! » Il y a un endormissement dans le monde. « Et l'Ange lui dit : ceins-toi, chausse tes souliers ! » Ce qu'il fit. Puis il lui dit : jette ta robe sur toi, et suis-moi ! » Voilà ce que nous devons faire. Pour vous habiller de la sorte, il faut que la conscience supérieure s’éveille en vous, vous devez connaître ce que Dieu a mis en vous : les forces et les aptitudes ; quand est-ce que l’être humain est sorti du Ciel et quand est-ce qu’il doit y retourner ? Il doit trouver les horaires et respecter ces horaires divins ; c’est ainsi que doit agir tout être doué de raison qui s’est réveillé.

Vous, les contemporains, vous avez très peur ; vous êtes peureux et vous avez peur des petites choses plutôt que des grandes. Par exemple, l’idée suivante vous effraie : « Et si je reste affamé, si je suis sans toit ? » Il y a dix ans quelque chose m’est arrivé ici à Sofia. Je vais vous relater l’exemple d’une petite fille : ce fait est véridique en contenu et en sens, mais non dans la forme. Je passe un jour près de l’église Saint Roi où on vend des journaux. Je me promène le soir et je vois une fillette de douze ans : « Monsieur, n’achèteras-tu pas « la Paix » ? » Je la regarde, elle est pieds nus. « Je l’achèterai volontiers. » Je mets la main à la poche, je n’avais pas de monnaie ; je regarde dans l’autre poche, je sors cinq levas et je les lui donne : « Je n’ai pas de monnaie, garde tout. – Non, pas tout ça, j’ai décidé de gagner ma vie honnêtement, je ne demande rien gracieusement. » Je lui ai dit : « Je suis quelqu’un de bon. – Je connais des gens « bons » comme toi ! » Je lui demande : « Que feras-tu ? Combien te manque-t-il ? – Un levas. » Je dis : « Marchons, il se peut que sur la route d’autres t’achètent des journaux. » Nous marchons et nous discutons. « Tu regardes mes pieds nus ? me dit-elle. – Je te regarde. – Sais-tu pourquoi je suis pieds nus ? Parce que je ne suis pas bonne, si je l’étais, je serais chaussée. Maintenant lorsqu’une dame riche, bien habillée passe, je me dis : « Tu pourrais aussi être comme elle, mais maintenant, apprends à rester pieds nus ! Un jour, je regarde une dame et un monsieur dans une brasserie, ils boivent et discutent amicalement tous les deux et je me dis : « Hum, un jour vous vendrez des journaux comme moi ». Et elle me dit : « Je me punis à présent, quelque chose me dit : « Ne demande rien gracieusement ! »

Nous avons ainsi arpenté la rue en discutant avec cette fillette. Je lui ai demandé : « Ne veux-tu pas aller à l’école ? – Je veux si je suis capable de gagner mon propre argent ; sinon, je ne veux pas d’enseignement. Il y a dans le monde beaucoup de gens érudits. Si je peux avec mon travail… » Je dis : « Si c’est moi qui t’achetais une paire de chaussures ? – Non, non, tu m’obligeras à te considérer comme quelqu’un de méchant ; c’est ainsi que je vous considère : un homme de bien, mais qui achète des chaussures aux autres, j’ai un avis particulier sur lui. Fais attention car toi aussi tu peux aller un jour pieds nus comme-moi si tu donnes cet argent pour m’acheter des chaussures. –  Tu es une très bonne enfant. – Ah, ne me complimente pas car tu finiras pieds nus ! » Et elle me regarde avec défi.

Je dis : voici une noble enfant, avec du caractère. Je passe deux jours plus tard et je la vois entourée d’une dizaine de garçonnets, elle les tient en respect, ils l’écoutent. Je dis : voici une fleur qui croît dans la boue ; il y a en elle un esprit, cet Ange a parlé à cette fillette : « Lève-toi ! » et elle s’est levée, elle vend des journaux, mais elle s’est posé l’objectif de ne rien prendre gracieusement, elle préfère aller pieds nus, mais gagner sa vie avec labeur et probité. Je lui ai dit : « Me permettras-tu de te donner un jour comme exemple aux personnes à qui je m’adresse ? – Non, tu ne le feras pas. – Je parlerai uniquement du côté extérieur, je ne présenterai pas le côté intérieur de la question. – Tu peux leur dire le reste, mais ne dis pas mon nom car je penserai beaucoup de mal de toi. De plus les gens qui t’écoutent n’ont pas besoin de moi. »

Lorsque j’ai quitté cette fillette, j’ai dit : voici un exemple à imiter, un caractère déjà forgé chez une fillette de douze ans.

Maintenant l’Ange dit à Pierre : « Lève-toi ! ». « Qu’adviendra-t-il de nous ? » Vous ne devez pas avoir peur mais vous devez être autonomes : être pieds nus, mais savoir pourquoi vous êtes pieds nus ; être chaussés, mais savoir pourquoi vous êtes chaussés ; être riches, mais savoir pourquoi vous êtes riches ; être misérables, mais savoir pourquoi vous êtes misérables ; si vous êtes savants, vous devez comprendre tout ce qui est en vous ; seule cette science peut arranger votre vie. Vous pensez que le Seigneur déverse les dons au hasard ; non, non, les dons sont offerts seulement à ceux qui sont doués, le don, c’est un instrument, une puissance. À qui donnez-vous le meilleur violon pour jouer ? Le plus beau violon est dans la main de ce grand violoniste, il est digne de ce violon et le plus bel archet est aussi dans la main d’un tel violoniste. Donc, lorsque Dieu distribue les dons, Il sait faire parfaitement ses comptes, ne vous faites pas d’illusions, ne croyez pas qu’Il peut vous offrir un grand don : Il vous mettra dans la situation de cette fillette, et lorsqu’il verra votre force de caractère, alors Il déterminera le don à vous octroyer.

         Maintenant, vous direz encore : « N’est-ce pas le Seigneur sait ? » Savez-vous ce qu’est la connaissance ? La connaissance s’acquiert uniquement par la vie : si tu es sans vie dans le monde, il n’y a pas de connaissance. Et la connaissance que Dieu possède est le fruit de milliards d’années d’existence où Dieu a acquis une connaissance par Son expérience, Il a essayé toutes les choses, Il connait toutes les situations qui existent dans le monde. Et si parmi vous quelqu’un se demande : « Ne pouvons-nous savoir ? » Vous pouvez aussi savoir, mais seulement lorsque vous vivez. Donc le savoir est le fruit de la vie consciente, à tous les instants, dans toutes les situations, être capable de comprendre et de dire : « Voilà ce qu’il me faut ». À tout instant, en tant qu’enseignant, docteur, femme, quelle que soit la forme que tu prends, si tu as conscience de cette situation et si tu fais attention à ces lois fondamentales, inscrites en toi, tu acquerras cette connaissance.

En quoi réside l’amour ? Vous rencontrez quelqu’un, vous l’aimez, il vous attire, pourquoi vous attire-t-il ? Je vous demanderai pourquoi ce pâturage vert, cette source cristalline, ce beau paysage, vous attirent ? Pourquoi ? Parce qu’ils répondent à toutes vos aspirations, à tous vos élans. Quelqu’un dira maintenant : « Il m’inspire », et un autre dira : « Je veux aimer ». Combien de degrés l’amour a-t-il, savez-vous quel nombre de permutations il a ? Trente-cinq millions ! Oui, autant. Aimer celui qui est rempli d’amour est une chose, mais aimer celui qui n’a pas d’amour, qui se trouve dans un désert, ce sont deux situations différentes ; chacun peut faire la première chose, peu sont capables de faire la seconde. Il y a des milliers et des millions d’hommes prêts à épouser la plus belle fille, la plus riche, tous se porteraient candidats pour elle, mais combien sont ceux qui épouseraient une femme en proie à la lèpre, combien seraient ceux qui lieraient leur destin au sien ? Ils se comptent sur les doigts d’une main ! Et l’apôtre Paul dit : « Pas même un juste mourrait pour un juste . Et le Christ est mort pour nous qui sommes pécheurs. [2] » Qu’est-ce que cela signifie ? C’est la grande philosophie de l’Ange qui dit : « Lève-toi, ne t’abuse pas, lève-toi, tu es libre, tu seras libre aujourd’hui », alors qu’on s’imagine qu’on est toujours en train de rêver ; Pierre se lève, marche, se croit dans un rêve, sort dans la rue, et lorsque l’Ange le quitte il dit : « En effet, je suis sauvé ».

Vous les contemporains, vous voulez que cet Ange vous délivre de la prison et vous emmène jusqu’à la dernière rue avant de dire : « Vous êtes sauvés, partez ! » Mais les gens pieux disent : « Je veux revenir en prison pour devenir martyr ». Le Seigneur n’a plus besoin de martyrs : lorsque cet ivrogne sera tué, est-ce un martyr ; lorsque cet assassin mourra, la corde au cou, est-ce un martyr ; et lorsque le mari a tué sa femme ou bien que la femme a empoisonné son mari, sont-ils des martyrs ? Le monde est plein de tels martyrs, nous n’en avons pas besoin, nous avons besoin de gens qui vivent.

« Lève-toi ! » Quelle était la première chose ? « Ceins-toi ! » Donc : « Mets de la volonté ! » Comment les gens se ceignent-ils ? Avec les mains. Les Bulgares mettent souvent une ceinture pour se ressaisir car ils peuvent avoir alors une meilleure allure. « Ceins-toi ! » comme cela est dit dans l’Évangile. Avec quoi se ceindre ? Je ne vous le dirai pas, c’est à vous de me le dire la prochaine fois. « Chausse-toi ! » Avec quoi ? Et enfin : « Habille-toi ! » Avec quoi ? Habillons-nous dans le Christ, habillons-nous dans l’amour. Lorsque dans votre vie l’amour sera un vêtement, vous vivrez une vie pure et juste ; ce n’est pas un vêtement ordinaire : lorsque cette force de l’amour qui est dans votre corps embrassera toutes vos pensées, tous vos sentiments, tous vos actes et que ce vêtement divin pénètrera en vous et dans vos cellules, alors l’Ange dira : « Suis-moi ! » C’est-à-dire, tu es quelqu’un digne de la liberté, tu n’as plus à croupir dans cette prison infâme et Hérode n’a pas le droit de te couper la tête.

Vous dites : « On nous enseigne les raisons de cela comme si ce n’était pas écrit ? » Je dois vous préserver d’une illusion : vous entrez dans l’auberge, vous n’avez pas de dette, vous dites : « Ivan, donne un litre de vin ! –  Voici un litre. – Donne encore un litre ! » et vous ne payez pas. Ivan écrit sur l’ardoise noire : « Stoyan a bu un litre de vin ». Le deuxième jour la même rengaine : Ivan écrit de nouveau. Ivan a écrit chaque jour et en dix ou quinze ans tous les avoirs de Stoyan ont disparu pendant qu’Ivan a rempli toute l’ardoise ; Stoyan est resté sans rien ! « Et alors ? C’est le destin ! » Non, Stoyan a provoqué tout seul son destin, il a obligé Ivan à écrire. Et maintenant, les religieux d’aujourd’hui disent : « C’est le Seigneur qui a écrit ainsi ». Le Seigneur a écrit ainsi parce que vous avez bu et Il l’a consigné, mais il fallait une réalité amère pour vous tirer de votre égarement.

Un Bulgare, après avoir bu tout son argent dans une brasserie, y retourne de nouveau. Il n’avait pas un sou. Il y avait un panier rempli de cerises sur le comptoir ; il a tendu la main pour prendre une cerise. « Attends, comment oses-tu prendre des cerises sans permission ? » lui a demandé l’aubergiste. Ivan a eu peur et s’est dit : « J’ai laissé tout mon argent à cet homme, mais il ne me donne pas une seule cerise ! Adieu, j’ai compris maintenant ». Il est sorti en se disant : « À partir de maintenant je ne mettrai pas une seule goutte de vin dans ma bouche, je vais m’atteler au travail et je vais me refaire de tout ce que j’ai perdu ». Le lendemain il passe à côté de la brasserie et l’aubergiste lui dit : « Ivan, approche ! –  J’ai compris, ces cerises j’en mangerai, tu ne seras pas le seul à en manger ». Ces cerises dans le panier sont pour nous tous.

« Lève-toi, dit l’Ange, sors de cette prison ! » Vous direz : « C’est la faute des conditions, c’est la misère ». Tu n’es pas né pour être pauvre, tu n’es pas né pour être pécheur, sans caractère, évangéliste ou orthodoxe, tu es né pour être fils de Dieu, tu es né pour être libre et non pour qu’Hérode te coupe la tête. Vous dites à présent : « Attendez de voir si cela est conforme aux préceptes de la Bible ». Ceux qui ont écrit la Bible ne sont pas comme ceux d’aujourd’hui, ils ont écrit la Bible avec leur sang, ils ont tous été martyrs ; et le Christ qui a donné le Nouveau Testament a été martyr, il l’a écrit avec son sang ; cet Enseignement du Christ est juste car il a été écrit avec son sang ! Lorsque je disais il y a des années : « Est-ce que le clergé bulgare a le sang du Christ ? » je comprenais : « Est-ce que les évêques et les prêtres ont l’Enseignement du Christ dans leur sang ? Je dis : je ne suis pas chrétien, vous êtes chrétiens, et je vous interroge : avez-vous accompli l’Enseignement du Christ ? Je suis membre d’une commission ici dans le monde et je ferai un rapport que personne n’a encore fait ; et ensuite la terre sera retournée tête en bas, je ne vais pas hésiter ; même s’il faut que toutes les têtes sautent, je ferai ce rapport ; il ne faut pas de criminels sur terre, mais des individus libres. Quelqu’un dira : « Il n’y a pas de péché ». Si, il y a du péché, il y a des crimes dans le monde. « Oui, mais auprès de Dieu… » Auprès de Dieu la question se pose autrement, mais sur terre, la question est : « Suis-je né pour pécher ou pour mener une vie pure ? » Quelqu’un dira : « Mais les conditions sont ainsi, l’éducation est ainsi, ma mère m’a enfanté ainsi, c’est le destin ». Non, ce n’est pas le destin, mais une erreur : tu bois et Ivan l’inscrit là-bas sur l’ardoise et on clame ensuite : « Eeeh, c’est le destin ». Ce n’est pas le destin, je peux en expliquer les raisons, mais je plains les jambes de ceux qui restent dehors[3]. Non, non, j’ai décidé de parler brièvement, je me mets à la place de cette fillette qui était pieds nus, elle dira : « Ce prédicateur doit abréger sa causerie ». Ce sera bref et profitable.

Ne soyez pas esclaves du péché, vous devez être libres. Certains se croient libres, mais ils ne le sont pas. Si tu vas d’une Église à l’autre, tu n’es pas libre ; si tu vas d’un pays à l’autre, tu n’es pas libre. Tu dois être libre dans ta pensée pour faire face aux difficultés quelles que soient les conditions de ta vie : c’est une grande science. Maintenant, la femme attend un homme qui soit un ange, mais est ce que cet homme idéal épousera une femme idiote ; et la fille idéale aussi épousera-t-elle un idiot ? Il faudrait qu’elle ait perdu la raison pour cela. L’idiot épouse l’idiot et l’intelligent épouse l’intelligent, c’est ainsi. On dit maintenant : « C’est selon ce que le Seigneur a ordonné ». Le Seigneur a ordonné que l’intelligent s’accorde avec l’intelligent, l’idiot avec l’idiot, le juste avec le juste et le pécheur avec le pécheur : c’est ainsi que se pose la question, un juste et un pécheur ne peuvent pas se marier. Quelqu’un dira : « Il y a des cas comme ça ». Ils peuvent être mis ensemble, il peut y avoir des loups et des moutons dans une même fosse, mais c’est une exception, ce n’est pas un fait de la nature, là les moutons sont séparés des loups, chaque chose dans le monde est séparé du reste.

« Lève-toi ! » dit l’Ange. Et aujourd’hui il dit : « Levez-vous ! » Et je veux vous sortir de cette prison : vous êtes maintenant comme Pierre, vous vous frottez les yeux : « Est-ce vrai, est-ce que cet homme dit la vérité ou est-ce qu’il nous trompe ? » Ainsi, lorsque nous nous partirons et que je disparaîtrai, alors vous reconnaîtrez la véracité de mes paroles ; et lorsque je quitterai la Bulgarie, les Bulgares la reconnaîtront. Je ne viendrai pas une seconde fois, même si vous allumez dix millions de cierges pour moi, je ne viendrai pas, je ne viendrai pas, voyez-vous ? Je ne veux pas de cierges, je veux que les cœurs humains soient allumés, nous voulons de l’amour ; nous ne voulons pas d’églises, pas d’églises en pierre, nous voulons des cœurs aimants, des êtres nobles, de l’ordre et de la probité dans chaque foyer, dans chaque école, voilà ce qui est demandé aujourd’hui dans le monde, c’est la loi de l’évolution. Que tous les prêtres enlèvent leurs accoutrements et qu’ils aillent visiter les pauvres. Le monde invisible est repu de ces prières. Tandis qu’on dit maintenant : « Le Seigneur est miséricordieux et plein de grâce ». Qui l’ignore ? Toi, mon frère, es-tu juste comme le Seigneur ? On récite à présent les psaumes : « Bla, bla, bla ! » Depuis deux mille ans on lit toujours ces psaumes qui expliquent comment David se dissimulait ; il ne les a pas lus comme le clergé les lit aujourd’hui. Un jour les Bulgares reconnaîtront que j’ai été leur grand ami, mais lorsque je m’en irai, je ne veux pas de monuments, et si on en érige, je viendrai les détruire. Dieu exige l’amour, que tous s’aiment en frères et en sœurs ; voilà les monuments du futur ! Dans la tête de chaque prêtre, de chaque prédicateur, professeur, mère cela doit être inculqué : il faut la fraternité et la sororité dans le monde, et alors nous aborderons une nouvelle philosophie, nous irons dans les nombres irrationnels des mathématiques supérieures. Je peux vous en parler, mais vous devez être bien portants pour que je vous en parle. Il s’agit d’une grande science.

« Lève-toi ! » dit cet Ange. Maintenant, bien entendu, et même sans que je le dise, il viendra de nouveau, mais je dis : mes paroles sont des paroles de Dieu, ce ne sont pas les miennes. Ils reconnaîtront les desseins du Seigneur pour le futur. « Lève-toi, dit l’Ange, accomplis la volonté divine ! » Ce Dieu de l’amour veut de nous tous l’accomplissement d’une seule loi, Il l’a déposée en nous. Quelle est cette loi ?

Je vous donnerai une petite clarification à travers un exemple du XIX° siècle, dans la culture contemporaine, pour voir comment nous l’interpréterons. C’est arrivé en France, je le tire d’un roman non publié, un auteur l’a écrit sans le publier. Le comte Morelli avait une jeune fille qui s’appelait Élisabeth ; elle était âgée de vingt et un ou vingt-deux ans, très intelligente, femme de caractère, d’une grande volonté et d’une grande beauté. Une fois, un poète et musicien célèbre, un virtuose l’a croisée et il est tombé fou amoureux d’elle ; mais comme il était très timide, il a cherché un moyen pour rentrer en contact avec elle ; il passait des nuits entières à chercher comment s’approcher d’elle. Une idée lumineuse lui vient et il rédige le message suivant : « C’est difficile de vivre sans idéal », et l’a mis sous enveloppe. Il s’est familiarisé avec ses habitudes et ses déplacements et un jour il s’est approché et a mis l’enveloppe dans sa poche sans qu’elle s’en rende compte. Le soir, lorsqu’elle est rentrée, elle a sorti la lettre et a lu : « C’est difficile de vivre sans idéal ». « Que signifie ce c’est difficile de vivre sans idéal ? Très certainement, l’une de mes amies a dû écrire ceci. » Deux semaines plus tard, il a mis une autre petite lettre dans sa poche où il a écrit : « Mais si cette âme a aperçu de loin son idéal, que doit-elle faire ? » Le soir, elle a sorti la lettre, l’a lue et s’est dit : « Cette amie… si elle l’a aperçu, que doit-elle faire ? » Un mois plus tard, il a écrit une autre lettre qu’il a mise de nouveau dans sa poche : « Si cet idéal est aussi élevé que le soleil, alors quant au moyen de l’atteindre… ». La quatrième fois il a noté : « Il faut des ailes, mais cela demande du temps pour que ces ailes poussent ». « Qu’est-ce qu’elle écrit encore ? se dit-elle. Il faut des ailes ? Si tu n’as pas d’idéal, tu n’as qu’à le chercher. » Mais lorsqu’il a voulu mettre la cinquième lettre, elle avait dans sa poche un chèque de dix mille francs pour s’acheter un vêtement. Il a mis la cinquième lettre où il avait noté : « Il n’y a pas d’autre force semblable à l’amour ». Mais lorsqu’il a mis la main dans sa poche, il en a sorti son portefeuille avec la noble intention de le lui rendre lorsqu’elle déclarerait sa perte ; il pourrait ainsi faire sa connaissance ; mais un policier l’a attrapé à cet instant et la jeune fille s’est alors adressée à lui : « Monsieur, vous êtes né pour quelque chose de plus noble, vous êtes talentueux, vous ne devez pas faire des choses pareilles ! » Et lorsqu’elle l’a regardé, il a tout oublié et s’est troublé comprenant son énorme erreur sans savoir quoi dire. « Que dites-vous Mademoiselle ? – Laissez-le, ce monsieur n’a rien fait de mal ». Mais elle l’a regardé avec une telle gravité qu’elle a remarqué une larme dans ses yeux.

Ces deux-là, se sont-ils compris ? Quelle impression il lui a faite ? Celle d’un simple voleur ? Maintenant, vous les chrétiens modernes, vous ressemblez à ce musicien, vous envoyez des lettres d’amour au Christ, et vous cherchez un moyen de faire Sa connaissance : les évangélistes d’une manière, l’église libre, les orthodoxes, les bouddhistes, les occultistes, les théosophes nous montrent tous des chemins, de très beaux chemins.

Ce musicien avait écrit : « C’est difficile de vivre sans idéal », mais l’idéal est quelque chose d’intérieur. Alors il a décidé de s’infliger une punition : il a enlevé ses beaux habits, il a mis des vêtements raccommodés d’ouvrier, il a jeté ses chaussures et s’est présenté pieds nus devant l’immense domaine de ce comte Morelli ; il a enfin réussi à être embauché en tant que jardinier ayant fait une excellente impression au comte par sa modestie ; celui-ci se disait : « Je n’ai jamais eu de domestiques comme celui-ci ». Mais pourquoi s’était-il mis à son service ? À cause de sa fille. « C’est difficile de vivre sans idéal ! » C’est vrai ! Aspirez à cet idéal. Et il dit : « Que faire si on a aperçu son idéal ? » Mais il est loin – dans ce cas marche vers ton idéal. Comment ? Comme ce musicien : pieds nus ; comme cette fillette de Sofia : pieds nus. N’attends pas d’être professeur ou une éminence, ce sont des choses secondaires ; tâche d’être un homme aimé de Dieu et aimant Dieu, de connaître tous tes frères et sœurs, de les aimer et d’être prêt à te sacrifier pour eux. Vous direz : « Nous sommes de ce point de vue des héros ». Je me réjouis, je ne dis pas que vous ne l’êtes pas, vous êtes de véritables héros.

Il reste l’autre point. Jusqu’à maintenant vous avez mis beaucoup de lettres dans la poche du Christ, il reste à jeter vos vêtements et vos chaussures pour travailler pieds nus dans le jardin du comte Morelli. Ce jardin représente le monde futur, la culture future où il faut travailler pour la nouvelle culture, pieds nus, c’est-à-dire avec une pureté absolue, pour bâtir le monde sur un socle nouveau. Ne pas clamer : « Fraternité et égalité » tout en ayant des prisons, « Aimons-nous ! » tout en s’entretuant. Je parle de tous, c’est sur cela que reposera le bonheur futur. Mais vous me fixez à présent en disant : « Oh, ce Maître ! » C’est une loi, je suis contraint de battre le lait pour sortir le beurre qu’il y a en vous. Quelqu’un dit : « Pourquoi bats-tu le lait ? » Je veux obtenir du beurre, tout le beurre qu’il y a en vous, je veux le sortir : vous vous êtes aigris et maintenant je vais extraire de vous le beurre ; je le vendrai , je mettrai l’argent à la banque et je vous dirai : « Vous avez obtenu tant d’argent pour votre beurre, prenez-le ». Vous êtes des gens mécontents, vous êtes comme du yaourt ; alors qu’on dit à Paris : « Le yaourt prolonge la vie » ; en effet, le yaourt prolonge la vie, mais s’il tourne, il l’altère ; tant que vous ressentez la faim comme un stimulus, elle est constructive, mais si elle se transforme en famine, alors elle détruit. Chaque chose est vraie jusqu’à un certain point, puis fausse au-delà.

L’exemple de cette fillette à Sofia retient mon attention depuis toutes ces années. J’aimerais que tous les sofiotes soient comme elle, j’aimerais que tous les ministres, évêques, prêtres, professeurs, enseignants, toutes les mères, frères, sœurs, tous vos enfants soient comme cette fillette. Beaucoup de choses ont disparu et se sont effacées de ma mémoire, mais le souvenir de cette fillette y reste et y restera, je le porterai précieusement en moi, voyez-vous ? Chacune de ses paroles s’est gravée dans ma mémoire, il n’y a nulle ambiguïté : « Non, non, Monsieur ». C’est ainsi, il y a une seule morale dans le monde : on doit être honnête et autonome et gagner sa vie la sueur au front ; c’est ainsi que le Seigneur s’exprime aussi –« la sueur au front » - et c’est pourquoi Il a chassé Adam et Ève, pour qu’ils apprennent à travailler ; nous aussi, nous avons été chassés pour travailler, pour façonner une pensée magnifique, un cœur magnifique et revenir riches dans le monde spirituel.

Et cet Ange dit à Pierre : « Lève-toi ! » Maintenant, vous restez dans une prison et vous rêvez : quelqu’un rêve qu’il est riche : il recompte son argent ; quelqu’un songe à l’intérieur de cette prison qu’il se marie ; quelqu’un songe dans cette prison qu’il est très érudit ; les gens pensent à beaucoup de choses, mais lorsqu’ils se réveilleront, ils se verront dans la prison. Où est la liberté ?

L’amour n’asservit pas. Lorsque quelqu’un prétend que son cœur brûle, que l’amour le rend distrait, je dis : ce n’est pas de l’amour, l’amour ne rend pas distrait ; le cœur brûle, mais ce feu est si doux, si discret et agréable, les plus grandes pensées se développent dans ce feu, il révèle le sens de la nature, il révèle les cœurs des gens. Pour ouvrir ces cœurs, notre vie doit s’unir à leur vie, il faut une unité dans la vie. Je mets l’eau pure dans ma bouche, mais jamais la lie. Donc l’amour est un élixir, il entre et apporte la vie.

Maintenant quand je vous parle, parfois vous vous enthousiasmez et vous dites : « Maintenant lorsque nous rentrerons, nous résoudrons cette question ». Je fais depuis tant d’années mes expériences : vous pensez encore et encore résoudre cette question et vous ne l’avez toujours pas résolue. Il faut avoir une compréhension. Vous dites : « Notre Maître sait ». Et vous, savez-vous ? On vous dira demain : « Votre Maître est idiot », mais vous aussi vous êtes idiots dans ce cas. Vous devez juger par vous-mêmes. L’idiot est idiot, le savant est savant, l’être intelligent ne peut pas être idiot, il ne peut pas jouer deux rôles ; et l’idiot ne peut pas non plus être intelligent car il n’y a pas en lui ces matériaux avec lesquels transformer ses pensées : l’idiot est celui qui n’a pas de matériel pour travailler. Pierre était un conservateur virulent, il a fallu le mettre en prison et même à sa sortie, il ne pouvait toujours pas se libérer de ses anciennes croyances, de cet esprit nationaliste.

Nous avons une Patrie, un Père dans le monde, nous avons oublié Son Nom et passons maintenant pour des chrétiens. Il faut une autre philosophie pour les chrétiens. Pendant deux mille ans les chrétiens n’ont pas su appliquer l’enseignement du Christ, ils ne l’ont pas appliqué et c’est pourquoi les gens les plus simples viendront dans le monde et l’appliqueront. Voici une décision, qu’en pensez-vous ? Vous, les femmes, qui êtes simples, vous l’appliquerez ; les êtres les plus simples sont les femmes ; d’ailleurs on donne à la femme des sobriquets méprisants : la femme serait une vache ! Oui, je dis qu’avec ces vaches, avec leur lait, vous avez pu être nourris, et vous les remercierez, vous, les hommes, je vous le dis ! Vous, les femmes, je vous le dis : levez-vous et sortez des prisons !

Maintenant, si vous vous mariiez en prison, vous auriez des petits prisonniers. Je pourrais vous donner une multitude d’exemples sur les esclaves au temps de la guerre civile entre les États du Nord et les États du Sud en Amérique : les noirs ont eu des enfants, mais leurs enfants étaient vendus. Et toute l’Amérique s’était divisée en deux camps : les uns luttaient pour la liberté des noirs et les autres contre ; les uns démontraient que l’esclavage aurait été en accord avec la Bible et les autres démontraient que la liberté de l’être humain était aussi en accord avec la Bible. Maintenant ces savants sont toujours en train de démontrer que chaque nouvel enseignement vient du diable contrairement à l’ancien. Si le nouvel enseignement est du diable, alors l’ancien enseignement aussi ; si le nouvel enseignement est de Dieu alors l’ancien enseignement aussi, et si nous n’avons pas appliqué cet enseignement, ce n’est pas la faute de Dieu, mais la nôtre !

Un jour cette grande philosophie viendra, une unité est attendue dans les écoles, les facultés ; commençons la nouvelle vie, une vie de plénitude où tous seront libres de penser, qu’il y ait de l’ordre, de la discipline et du droit partout. Les Écritures disent : « Il n’y a en Jésus-Christ ni grec, ni juif, ni esclave, ni homme libre[4] », mais tous sont libres, tous sont pénétrés par un même Esprit. Nous vivons selon une grande loi de l’amour, donc nos pensées, nos sentiments, nos actes doivent être déterminés. Nous ne soutenons pas l’esclavage et la contrainte de la pensée, le Seigneur a fait les choses autrement, le Seigneur a dit : « Liberté pour tous mes enfants sur la terre, allez, dites à ces enfants de sortir de leurs prisons. Liberté ! Allez, dites à ces enfants de ne pas croire ceux qui disent que j’ai écrit en ce sens : ce sont eux qui l’ont inventé, tous leurs conciles, tous leurs livres leur appartiennent. Mon Enseignement est un Enseignement d’amour, de fraternité, de sororité, de liberté absolue où chacun respecte les droits des autres et où les plus grands sont prêts à servir les petits et les faibles ». Le voilà l’enseignement divin, c’est ce que le Christ a dit et c’est ce que le Christ qui vient d’en haut dira. Comment vient le Christ ? Allons, je ne vous dirai pas comment il vient ; il viendra et vous le verrez, ce sera bientôt.

À présent, ce soir en rentrant, votre Ange frappera à la porte et vous dira : « Lève-toi ! » Vous verrez bien, il frappera, et dira : « Ceins-toi ! » Puis il dira : « Chausse-toi et habille-toi ! » Vous résoudrez cette question ce soir, ce soir ou jamais ! C’est la grande loi de la Fraternité Blanche dans le monde. Vous direz maintenant : « Attendez, on va voir ce qu’on va voir ! » Que verrez-vous ? Lorsque vous vous réveillerez et que l’Ange sera parti, vous direz : « En effet, nous sommes hors de la prison ! » Voilà ce que vous saurez, vous saurez que vous êtes libres. Si l’Ange vient ce soir et si vous sentez que les chaînes tombent, que la pensée est libre, que le cœur est libre, vous êtes hors de la prison. Assez de s’occuper de factions, les unes religieuses, les autres indépendantistes. Vous êtes libres, assez de croupir dans la prison, levez-vous !

Maintenant, quelqu’un dit que j’hypnotise les gens. Si je mets un peu d’appât dans le piège, qui hypnotise ? La souris tourne autour et se dit : « Comme il me regarde et m’attend » et elle se met à calculer avec des nombres irrationnels : « Quand je rentrerai là-dedans pour prendre ce savoureux morceau, j’assurerai mes arrières ». Oui, tu assureras parfaitement tes arrières dans le piège ! Ne croyez pas que quelqu’un puisse vous hypnotiser, personne ne peut vous priver de votre liberté ; l’être humain est fort, il est un Dieu en miniature. De quel point de vue ? Dieu peut faire tout ce qu’Il veut dans le monde alors que personne ne peut nous obliger à faire ce que nous ne voulons pas ; il n’y a aucune force, ni en haut au Ciel ni en bas sur terre qui puisse nous obliger à faire ce que nous ne voulons pas, donc de ce point de vue nous sommes forts. Alors que de nos jours recevoir deux coups de bâton suffit pour nous obliger à prendre le fusil et aller combattre pour la patrie : est-ce un signe de caractère ? Tu es un individu sans volonté, sans pensée, sans cœur. Et certains demandent : « Lorsque deux personnes se querellent, que faut-il faire avec elles ? » Sortez de la prison d’Hérode, ceignez-vous avec la vérité, chaussez-vous dans la vertu, habillez-vous dans l’amour : la question est résolue et vous êtes libres.

Est-ce que j’ai tenu ma parole ? La première chose que je vous laisse maintenant, sachez-le bien, c’est : vous êtes libres ! J’ai ouvert la porte de la prison et celui qui ne sortira pas aura un péché sur le cœur. Vous ne direz pas alors que vous n’étiez pas prévenus, je vous préviens maintenant. Je vous rencontrerai encore une fois : je rencontrerai ceux qui sont en prison et qui ne sont pas sortis et je rencontrerai aussi ceux qui en sont sortis.

Maintenant que je parle ainsi, lorsque vous sortirez dans la rue, ne perdez pas la tête. Non. La première chose à faire, sans que quelqu’un le sache est d’aller chez vos amis ; ne clamez pas dans le journal qu’un tel a été autorisé à sortir de prison, que personne ne sache que vous êtes sortis, mais que l’inquiétude qu’un tel s’est évadé de prison soit présente.

Vous irez chez les vôtres. Qui ? Chez ceux qui vous aiment et qui ont prié pour vous. Votre première mission est d’aller les voir et de leur dire que leur prière a été entendue. « Vous êtes libres, dit le Christ, tous les peuples d’aujourd’hui en Europe sont libres. » Riches et pauvres, tous sont libres, et il vous exhorte tous à suivre la Nouvelle Culture : hommes et femmes, sans discrimination, selon leur situation. Le Christ arrive, et on dit : « Le premier évènement arrive » ; vous noterez qu’un évènement arrive dans le soleil, qu’un évènement vient sur la terre, on le verra. Un savant anglais dit maintenant : « Un évènement se produit sur la lune ». Je dis : puisqu’il est venu sur la lune, il viendra aussi sur terre ; il touche aussi notre vie et si les humains vivaient à l’avenir comme ils vivent maintenant, comme vous vivez maintenant, vous décideriez de votre destin. Comment ? De deux façons : ou bien vivre en liberté ou bien mourir en prison.

Ainsi maintenant, vous devez tous aller chez les vôtres. Je dis aux femmes : aimez vos maris qui prient et travaillent pour vous ; je dis aux hommes : aimez vos femmes qui prient pour vous ; je dis aux frères : aimez vos sœurs qui prient pour vous. Par prier j’entends qu’ils travaillent pour vous. L’amour est un travail, un travail sérieux. Un travail sérieux est exigé de nous. Et lorsque tu croises une personne, ne fais pas de différence. Souvent, lorsque je passe, je constate comme il est difficile d’avoir la même attitude envers tout le monde ; lorsque tu croises un riche et un pauvre, les aimer et les respecter de la même façon, avec la même disposition d’esprit, sans aucune haine dans le cœur. Demain, si ce riche se retrouve dans le besoin, aide-le comme tu aiderais le pauvre ; avoir les mêmes égards envers tous, voilà ce que la nouvelle culture exige, c’est le seul moyen de créer une atmosphère saine. Libres, vous êtes tous libres. Ceignez-vous, chaussez-vous, habillez-vous ; que le comte Morelli et sa fille se rappellent à votre souvenir ainsi que ce musicien et cette pauvre fillette de Sofia ; sortez de prison, allez chez les vôtres, et alors une nouvelle vie commencera, de nouveaux horizons s’ouvriront dans votre esprit et vous serez des clairvoyants.

Je commets parfois une erreur quand je raconte ce que je vois. Je ne vois pas comme les clairvoyants, il y a une grande différence ; si je regarde dans un miroir, je me vois moi-même, je ne vois rien d’autre dans les miroirs ; je vois très bien sans miroir, je ne vois pas d’ombres, je perçois partout un monde réel où les choses ne changent pas ; il y a des Êtres qui sont bien plus réels que moi, ils sont matériels, plus matériels que vous.

Je l’ai dit d’autres fois : il n’y a pas de Bulgare qui n’ait pas rencontré le Christ ou d’Anglais qui n’ait pas rencontré le Christ, mais ils ne le reconnaissent pas. Pourquoi ? Vous direz que c’est miraculeux. Ce sont des nombres irrationnels. Deux de ses disciples qui allaient à Emmaüs dirent au Christ : « Serais-tu le seul à ignorer ce qui s’est passé à Jérusalem ? » Pour connaître quelqu’un, il faut l’aimer, comment pouvez-vous le connaître sans l’aimer ? Vous dites parfois : « Le Maître était particulièrement inspiré, son visage resplendissait ». Vous n’avez pas vu le visage de votre Maître, je suis déguisé aujourd’hui, vous me voyez avec une barbe presque blanche.

Nos contemporains disent : « Soyons sérieux ! » Quand est-ce qu’on est le plus sérieux ? Lorsqu’on vole, on est sérieux comme celui qui dérobe un coffre est sérieux, là on ne rigole pas ! Je dis : je ne suis pas sérieux. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas appris ce métier ; lorsque je commencerai à l’apprendre je serai moi aussi sérieux, mais à présent je ne le suis pas.

Ainsi, soyez libres pour créer cette atmosphère d’amour. Commençons avec l’amour, avec la vérité qui insuffle la liberté, prions les uns pour les autres. « Priez les uns pour les autres pour vous guérir », n’attendez pas, priez. Non seulement nous prierons, mais nous accomplirons mille autres choses pour guérir. Et lorsque vous sortirez, ne harcelez pas les autres : « Est-ce que tu as fait ceci ? » Vous ne vous houspillerez pas, il ne faut pas d’aiguillon, tu te diras à toi-même : « Ivan, tu as fait ce travail ainsi, toi, Dragan, ainsi, et toi Stoyan, ainsi… » Cessez avec les péchés des autres, restez en vous-mêmes. Vos péchés sont une glace que le soleil qui vient fera fondre ; je vous le dis encore, le Seigneur l’écrit ainsi : « Je vais effacer vos péchés, je ne les mentionnerai plus[5] ». C’est pour cela que le Seigneur vient : pour juger, mais qui ? Ceux qui ont beaucoup pris ; et Il donnera à ceux qui manquent en disant : « Je vais effacer vos péchés, j’essuierai vos larmes et il n’y aura pas de pleurs ; les affamés seront rassasiés, vous aurez tout et vous danserez de joie ». Oui, il faut maintenant que vos entrailles, votre pensée et votre cœur se mettent à danser.

« Lève-toi ! » dit l’Ange ; je vois cet Ange, non pas un seul mais plusieurs. Vous me regardez maintenant : « Est-ce que notre Maître dit la vérité ? » Je vois un Ange se tenir là-haut et vous appeler ; vous n’y croyez pas, vous dites : « Il a vu un ange, mais nous ne voyons rien ». Ne pas le voir n’est pas la preuve qu’il n’y a pas d’ange : vous êtes aveugles, vous ne voyez pas ; et si je vois, vous direz : « C’est une hallucination ». Chaque chose a ses causes. Il y a trois sortes de causes dans le monde qui produisent trois sortes de résultats : il y a des causes primaires, secondaires et tertiaires ; il y a aussi des conséquences primaires, secondaires et tertiaires.

Ainsi, le Christ maintenant, l’amour du Christ est la cause primordiale qui vient mettre tout en ordre et en harmonie. Si vous entrez en harmonie avec Lui, votre conscience s’éveillera, vous Le verrez et votre pensée, votre cœur s’éveilleront et vous serez puissants. Ceignez-vous ce soir, habillez-vous et allez auprès des vôtres. Adressez à votre Père céleste une prière ardente de remerciement !

 

 

Sofia, 11 décembre 1921

 


[3] Le Maître parle des frères et sœurs qui n’ont pas pu rentrer dans la salle de conférence à Izgrev faute de place.

[5] Épître aux Hébreux 8, 12

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