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1921_06_19 Suis-moi


Ani
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Suis-moi

« Il lui dit : Suis-moi ! »

Matthieu 9 :9

« De là, étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au bureau des péages, et qui s'appelait Matthieu. Il lui dit : Suis-moi. Cet homme se leva et le suivit ». Il y a dans ce verset deux points importants : Jésus qui passait et Matthieu qui était assis à son péage. Je compare le monde à un péage où tout le monde est assis et prélève des taxes : tout le monde est fonctionnaire dans ce grand péage ; quels qu’ils soient, quelle que soit leur position, tous travaillent avec certains matériaux : on prend et on donne au péage. Que représente le péage ? Un établissement où entrent et sortent des marchandises, ce qui lui rapporte certains revenus ; c’est le côté extérieur du péage. L’être humain est aussi son propre douanier, des choses rentrent et sortent constamment de lui ; la porte de cette douane est la bouche humaine dont sortent parfois de très belles choses et parfois de très mauvaises.

« Jésus passait par là ». Quelqu’un d’ordinaire, sans aucune position sociale, sans aucun titre dit au publicain : « Viens avec moi ! » Et Matthieu quitte le péage pour suivre Jésus. Du point de vue des gens d’aujourd’hui, seul l’individu assuré peut quitter son travail et suivre Jésus sans attendre de compensation. Jésus est celui qui prêche un enseignement. Pourquoi Matthieu quitte le péage n’est pas précisé. Vous dites : « Nos filles et nos fils aussi quittent ainsi leurs maisons ». C’est vrai, vos fils et vos filles quittent leurs foyers, mais pour prendre votre fille, des entremetteurs s’exécuteront dans les règles de l’art pour vous convier, discuter, marchander, passer des accords et en fin de compte vous accepterez de laisser partir votre « publicain » qui est resté des années dans votre foyer, comme un fonctionnaire sans utilité, et vous vous direz : « Des plus jeunes que lui le remplaceront. L’ancien fonctionnaire a déjà travaillé vingt ans, nous le remplacerons avec quelqu’un de plus jeune ». Lorsqu’une villageoise se marie, des noceurs viennent dans une voiture décorée de fleurs, avec des cornemuses et des tambours, et ils enlèvent la jeune fille, l’ancien publicain. Où va-t-elle ? À un autre péage. Sur le chemin, entre les deux péages, on entend la musique et les chants.

Lorsque le publicain quitte le péage, c’est légitime ; lorsque la jeune fille quitte son foyer, c’est aussi légitime : l’une et l’autre situation témoignent de la compréhension extérieure de l’homme sur la vie. Lorsqu’on s’intéresse uniquement aux formes extérieures, on se laisse facilement entraîner à ses expériences et à ses émotions transitoires, c’est naturel, les choses extérieures exercent toujours une forte influence sur l’être, mais certaines choses exercent une influence intérieure. Je dis : vous croisez dans la vie des jeunes gens qui sont attirés les uns vers les autres. Pourquoi ? Parce que les yeux, le nez, le front, les cheveux sont beaux : c’est naturel de se laisser entraîner par la beauté. Que direz-vous des jeunes hommes qui sont attirés par des jeunes filles disgracieuses et vice versa ? Il y a des jeunes gens laids qui font peur à regarder, mais ils attirent aussi. Pour quelle raison ? La jeune fille dit : « Les gens trouvent mon bienaimé laid, mais je ne le vois pas ainsi, pour moi il est beau, ils ne voient pas en lui ce que j’y vois ». On dit aussi au jeune homme que sa bienaimée manque de discernement, mais il voit autre chose en elle. De quel discernement parle-t-on ? Du point de vue du discernement objectif, tous s’attirent, mais du point de vue du cerveau subjectif, sous-jacent, le jeune homme comme la jeune fille ont raison : cette intelligence traite des choses abstraites. Voilà pourquoi, lorsque vous examinez les choses par le cerveau objectif ou par le cerveau subjectif, vous les appréciez différemment.

Imaginez que vous avez un livre avec un contenu précieux, avec des feuilles et des reliures dorées, orné de pierres précieuses ; si ce livre tombe entre les mains de quelqu’un qui regarde le côté matériel des choses, il dira : « Ce livre est beau ! » Il vendra ensuite l’or et les pierres précieuses et utilisera l’argent pour boire et manger ; mais celui qui regarde l’intérieur des choses, ouvrira le livre et se mettra à le lire ; ce qu’il y apprendra, il l’utilisera pour le bien de ses proches. Les gens considèrent donc la vie de deux points de vue : en tant que bienfait extérieur permettant de boire et de manger, ou comme bienfait intérieur permettant une croissance intérieure et le développement de l’être humain. Le publicain a compris le sens intérieur de la vie, et c’est pour cette raison qu’il a quitté le péage et a suivi le Christ. Qu’est-ce qu’il a appris ? Nous devons le faire venir pour qu’il nous raconte son vécu ; s’il ne nous raconte pas lui-même ce qu’il a appris auprès du Christ, nous ne ferions que des supputations. Si le publicain avait été le seul à accueillir l’enseignement du Christ, je l’aurais appelé devant vous pour qu’il dise ce qu’il a appris, mais comme vous aussi vous avez accueilli cet Enseignement, je vous appelle ici pour dire ce que le Christ a dit au publicain.

Je demande ce qui a poussé le publicain à quitter son péage ? Si un fonctionnaire quitte le péage sans autorisation, on lui demandera aussitôt : « Qui t’a donné le droit de quitter ton travail sans en informer tes supérieurs ? » Un mois au moins avant de quitter son travail, il est tenu d’en informer son patron, sinon il aura des comptes à rendre. Sans aucune explication, le publicain quitte le péage et suit le Christ. Qu’est-ce qui l’a motivé ? Puisque vous vous taisez, j’appellerai une des jeunes filles d’aujourd’hui à répondre. Si vous lui demandez pourquoi elle quitte le péage pour suivre son bienaimé, elle dira : « Je l’aime ». Voici la solution du problème ; rejetez cette solution si vous voulez, mais à mon avis cet amour vaut plus que tous les péages du monde. La jeune fille dit : « Puisque j’ai l’amour dans mon âme, aucun péage ne peut me retenir ». Lorsque les gens tombent sur l’amour, ils commencent à se demander s’il doivent se sacrifier pour lui ? L’amour de nos contemporains ne peut réussir son examen, il échoue toujours, mais aujourd’hui, à la fin du siècle, tous les hommes et toutes les femmes passeront un examen sur leur amour. Si vous me demandez pourquoi existent autant de contradictions, je dirai : les contradictions sont dues à l’échec à l’examen de l’amour. Un jury est déjà nommé et il vous examinera.

L’amour futur différera radicalement de l’amour actuel ; le nouvel amour se distinguera par deux aspects : le bienfait de l’un sera un bienfait pour tous, le bienfait de tous sera un bienfait pour chacun ; on le clame aujourd’hui aussi, mais seulement en paroles, s’il est question de l’appliquer, cela ne marche pas. Tu dis : « Aidez-moi à me relever, à arranger mes affaires et j’arrangerai les vôtres », mais cela ne se passe pas ainsi : tu arranges tes affaires, puis tu oublies celles des autres. Vous avez été dépendants des promesses des autres et vous voyez que lorsqu’il s’agit de les honorer, les choses ne se passent pas bien. Le mari dit à sa femme : « Donne-moi ton amour, tu verras ce qui se passera », et la femme dit à son mari : « Donne-moi ton amour, tu verras ce qui se passera ». Tous deux se confient mutuellement leur amour et voient ensuite ce qui advient. Ils n’ont appliqué que le préambule de l’amour, alors qu’il faut la foi pour appliquer l’amour dans sa plénitude ; le fondement de la foi est l’amour en tant que principe qui soutient tout dans le monde.

Le mot Amour est constitué de cinq lettres[1]. La lettre Л (L) est faite de deux droites qui forment un angle aigu qui pointe vers le haut ; combien de degrés mesure cet angle ? Environ trente degrés. Cette lettre montre que deux forces viennent de la terre de directions différentes ; elles aspirent au ciel, mais il n’y a pas encore d’équilibre entre elles. Du point de vue de la géométrie, les lignes droites sont inertes, mais du point de vue psychique elles sont animées : ce sont deux êtres vivants doués d’intelligence qui, en partant de leurs intérêts personnels, aspirent à un point commun : l’idéal de leur âme. Elles aspirent à un point commun, mais en réalité elles ne se touchent pas à un point ; en effet lorsque deux personnes s’aiment, même si elles aspirent à un but commun, elles ne peuvent pas encore toucher le centre du véritable amour tant qu’une autre droite ne vient pas entre elles pour les unir. J’appelle cette droite une force d’équilibre : c’est une force vivante et douée d’intelligence qui concilie toutes les contradictions, c’est l’être parfait, ni homme ni femme, nommé dans les Écritures Fils de l’Homme ou bien Fils de Dieu.

Maintenant, quand je vous parle ainsi, vous trouvez que ce n’est pas pour vous, que ce sont des questions profondément philosophiques, vous dites : « Dans la vie réelle, il n’y a aucune philosophie ! » Vous m’excuserez si je vous dis que vous n’avez pas encore atteint le début de la vie réelle ; lorsque vous entrerez dans la vie réelle et immuable, les souffrances disparaîtront : même si vous aviez des souffrances, elles vous causeraient des joies. Comme vous êtes encore dans la vie des illusions, même vos joies se transforment en souffrances. Lorsqu’une fille naît dans une famille ses parents se réjouissent, mais lorsqu’elle grandit, leur joie se mue en chagrin, ils se disent : « Pourquoi Dieu nous a-t-Il donné cette enfant, nous devons nous occuper de la marier et pour cela il faut de l’argent ; qu’est-ce qu’il adviendra si elle emprunte un mauvais chemin ? » Pourquoi les parents s’inquiètent-ils pour leurs enfants, et notamment pour leurs filles ? Parce qu’ils ne sont pas encore rentrés dans la vie réelle où agissent les lois divines.

Rappelez-vous : le bien comme la vie sont régis par une loi. En général, tout ce qui est positif est régi par une loi, alors que ce qui est négatif comme la mort, la haine, la jalousie, ne l’est pas. Vous dites que les crimes sont punis par une loi. Ce n’est pas une loi. Vivre est régi par une loi, donc nous vivons par la volonté de Dieu, mais il n’y a pas de loi qui détermine la mort des êtres. Les souffrances ne sont donc pas sujettes à une loi, mais les joies le sont : se réjouir, être bienheureux, il y a une loi pour cela.

« Et il le suivit ». Qui ? Le publicain. Il a quitté les formes transitoires, apparentes, et il a suivi le Christ. Vous demandez pourquoi existent la haine et les malentendus entre les humains ? Parce qu’ils vivent dans le monde de l’iniquité ; sachant cela, aspirez à établir les lois divines sur la terre ; vous aurez alors le droit de parler sur la vie et sur l’amour. Seul celui qui comprend les lois fondatrices de la vie peut en parler ; seul celui qui comprend les lois de l’amour peut en parler ; seul celui qui comprend les lois de la sagesse peut en parler ; seul celui qui comprend les lois de la vérité peut en parler. Lorsque je parle de lois, je ne vise pas celles qui ont été établies par les savants ; les lois que je vise sont vivantes et immuables, je parle du monde intelligent où tout est vivant et doué d’intelligence.

« De là, étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au bureau des péages, et qui s'appelait Matthieu. » Ce qu’était ce publicain est visible à son nom : la lettre M[2] par laquelle il commence montre qu’après être passé par la philosophie du monde matériel, il a compris sa vacuité et il est arrivé à la conclusion que le monde matériel est un moulin qui moud constamment ; il n’a trouvé aucun sens à la mouture et a encore longtemps réfléchi comment se libérer de cette vie ; la lettre M représente encore une bouteille dont le goulot est tourné vers le bas pour se vider. La deuxième lettre I montre que l’esprit de cet homme était libéré de toute contradiction, de tout sophisme ; il était arrivé à une révélation, à un éveil de la pensée supérieure qui l’a poussé à manipuler les petites grandeurs mathématiques. Je regarde la lettre M comme un symbole des petites grandeurs, et c’est pourquoi la sagesse qui commence aussi par la lettre M[3] est une science des petites grandeurs ; être mathématicien revient à s’occuper des petites grandeurs. Dans les grandeurs élevées il y a des unités, là tout tend vers l’unité, c’est-à-dire vers le tout. Vous ne pouvez pas comprendre l’unité tant que vous n’étudiez pas ses parties ; l’être est en soi une unité, donc tant que tu n’étudies pas les parties qui composent tout l’être, tu ne peux pas le connaître et le comprendre. Le cerveau humain est constitué d’environ trois milliards et six cents millions de cellules, c’est-à-dire de petites âmes ; le système respiratoire est constitué de dix milliards de cellules et l’estomac de dix millions de cellules. Je m’arrête là, je ne vais pas dire de combien de millions de cellules sont constitués les autres organes, ce sont des nombres gigantesques ; l’important est de savoir que l’organisme humain est constitué d’une infinité de cellules vivantes : les unes forment le corps extérieur, physique, de l’être, d’autres forment son double éthérique, d’autres encore l’âme sensible, c’est-à-dire son corps astral, d’autres encore la pensée inférieure et la pensée supérieure, et ainsi toutes les cellules forment l’être complet.

         C’est pourquoi on exige de nos contemporains qu’ils soient fins connaisseurs des sciences occultes pour savoir comment ils sont créés et jusqu’où ils sont allés dans leur développement. Lorsqu’ils étudieront la construction extérieure de l’organisme humain, ils comprendront pourquoi certaines choses se font d’une manière, et d’autres choses d’une autre manière : c’est la seule façon de comprendre qu’il n’y a pas de hasard dans la vie, que toutes les choses sont définies par des rapports mathématiques stricts et que lorsqu’on est en harmonie avec le monde supérieur qui régule tous les mondes, la vie se déroule avec sérénité et naturel, alors que si on rentre en conflit avec ce monde, la vie devient disharmonieuse, remplie de contradictions et de souffrances. Par conséquent, les souffrances montrent que l’on est entré en conflit avec les lois de la nature vivante et intelligente.

         « Suis-moi ! » Il n’est pas question ici de l’être physique, cet appel ne s’adresse pas à lui. Avez-vous conjugué le verbe aller, venir ? « Et il le suivit ». Ce verset ne peut se rapporter qu’à quelqu’un qui pense. Seul celui qui a des pensées supérieures peut assimiler l’enseignement divin, son esprit est bien développé, capable de penser justement, alors que celui qui ne pense pas justement vit uniquement dans le monde astral, c’est-à-dire dans le monde des sentiments. Le sachant, travaillez sur votre pensée pour vous développer correctement. Ne vous occupez pas des petitesses de la vie, des mathématiques de l’oignon, de l’ail, de la viande, des chaussures et des vêtements ! L’homme d’aujourd’hui s’occupe surtout de cela et dit pour se justifier : « Si je ne pense pas à moi-même, personne d’autre n’y pensera ». Je demande : qui s’occupe des langes du bébé, la mère ou lui-même ? Tu dis : « Que ferai-je si j’emprunte le chemin divin ? » Demande à l’enfant qui prend soin de ses langes, de sa nourriture et de ses vêtements ; lorsqu’il naît, il trouve tout déjà préparé : nourriture, langes, vêtements ; sa mère s’en est occupée, elle lui dit : « Je veux une chose de toi : que tu t’instruises ; si tu ne t’instruis pas, je regretterai de t’avoir donné toutes les conditions pour croître et te développer : nourriture, langes, vêtements ». Le Seigneur nous a appelés dans ce monde pour nous instruire, et Il a pensé à tout le reste, mais comme nous n’en avons pas conscience, nous disons : « Dieu n’a pas pensé à nous ». Dès que nous disons cela, nous nous mettons à nous occuper tous seuls de nos langes, de notre nourriture, de notre logement et nous nous abrutissons progressivement dans ce labeur incessant. Notre mission est strictement déterminée : nous instruire ! Si nous nous instruisons, tout le reste nous sera donné.

         « Et il le suivit ». Où est-il allé ? S’instruire. Le publicain a compris que dans le monde tout est pensé, que la vie de l’être humain est assurée, et il a dit : « Je ne veux plus songer à me prémunir, j’ai passé tant d’années à errer dans ce péage, je suivrai le Christ pour m’instruire ». Il a quitté le péage et il est parti s’instruire.

         La troisième lettre T, dans le mot publicain montre pourquoi il a suivi le Christ ; c’est afin de comprendre les deux grandes lois de l’amour et de la sagesse. La ligne horizontale dans la lettre T montre l’élan de l’être humain vers Dieu : c’est le grand diamètre qui concentre toutes les lignes ; la ligne verticale qui forme un angle droit avec la première l’arrête de temps en temps en chemin et le questionne : « En allant auprès du Seigneur, que recherches-tu : argent, nourriture ou savoir ? » La sagesse aussi l’arrête en chemin et le questionne : « Pourquoi te maries-tu ? Est-ce pour t’instruire ? » La femme dit : « Jusqu’à maintenant j’étais l’esclave de ma mère ; je ne vais plus m’instruire mais vivre ma vie, je cherche l’aisance et le confort ». La sagesse répond : « Tu vas voir ce qu’est une vie de confort, tu t’en rappelleras des années durant ! » C’est vrai, dès que tu te maries, les souffrances et les tourments surviennent, tu commences à te repentir et tu dis : « Pourquoi fallait-il que je me marie ? » Alors la ligne horizontale de la sagesse répond : « Le mariage est une école ». Chaque école a un sens. Si tu considères le mariage comme un moyen de vivre aisément, tu fais fausse route ; tu dis : « Je me marierai et nous vivrons avec mon bienaimé comme des anges ». Oui, les deux sont des anges, mais des anges sans ailes, tous deux sont sans loi. Le mari dit à sa femme : « Vois-tu ce bâton ? Si tu n’as pas bien cuisiné et dans les temps, tu l’expérimenteras sur ton échine ». Est-ce possible, se demande la femme étonnée ! Avant de se marier l’homme appelle sa femme mon petit ange, mais lorsqu’il se marie il lui donne d’autres noms, il lui montre le bâton et elle demande : « D’où est sorti ce bâton ? –  Du paradis ! » Selon le mari, rosser la femme est une loi pour l’obliger à écouter ce qu’on lui ordonne, c’est ainsi qu’agissaient autrefois les professeurs avec leurs élèves.

         Un professeur de Varna avait l’habitude de rosser les élèves qui n’aimaient pas étudier, il prenait un bâton pour les corriger. Un jour, il a pris son bâton pour corriger l’un des élèves paresseux. Le professeur tape son élève et lui demande : « Vas-tu étudier ? – Je vais étudier. »

Le lendemain l’élève n’est pas allé à l’école. Sa mère lui a demandé : « Pourquoi ne vas-tu pas à l’école ? – Parce que mon dos ne veut plus étudier. »

Les gens d’aujourd’hui comme ceux d’antan veulent présenter leurs bêtises comme quelque chose de sacré ; il est temps qu’ils renoncent à leurs bêtises sacrées : la bêtise est bêtise, elle ne peut pas être sacrée ! Tous ceux dont la conscience divine est éveillée servent une seule loi, ils représentent l’unité qui est vivante, consciente, douée d’intelligence ; utiliser cette grandeur pour rosser le dos de quelqu’un témoigne de l’incompréhension de la grande loi divine.

Lorsque Dieu a créé le monde, deux anges ont visité le paradis et l’enfer, et en bons mathématiciens ils ont fait leurs calculs d’évaluation de l’œuvre du Seigneur ; l’un d’eux a trouvé que Dieu avait commis une seule erreur, tandis que l’autre a affirmé ne trouver aucune erreur chez Dieu, mais pour autant aucun d’eux ne s’est prononcé de vive voix. Lorsqu’Il a deviné leurs pensées, Dieu les a envoyés sur terre avec une mission spéciale : travailler jusqu’à ce qu’ils apprennent bien leurs leçons. Chaque année, Dieu leur envoyait depuis le jardin d’Éden trois cent soixante noix, c’était le budget octroyé. Tant qu’ils étaient au ciel, les anges raisonnaient bien, mais une fois sur terre, ils se sont embrouillés et leur pensée a été troublée. Celui qui pensait que Dieu avait commis une erreur à la création du monde, a été aussitôt attiré par la femme dès qu’elle l’a rencontré et il a dit : « Puisque Dieu a commis une erreur, moi aussi je peux faire une erreur : je me marierai et même si j’emprunte un mauvais chemin, je me relèverai bien un jour ». Puisque la nourriture venait toute prête du paradis, avec sa femme ils mangeaient tous les deux les noix, buvaient et menaient des discussions philosophiques. Le deuxième ange qui avait trouvé que le monde était parfaitement bien conçu, au lieu de manger les noix qu’il recevait, il les plantait dans le but de transformer la terre en jardin d’Éden.

Les deux anges ont vécu cent vingt ans sur terre. L’ange marié avait deux fils et deux filles et lorsqu’il est parti dans l’autre monde, il a soupiré tranquillement en disant : « J’ai laissé une descendance sur terre, il y a quelqu’un pour manger les noix du jardin d’Éden ». Mais la vie des jeunes n’allait pas bien : ils ont commencé à se quereller et à se battre pour les noix ; dès que les noix arrivaient, la lutte entre eux reprenait. Le deuxième ange qui plantait les noix a transformé une grande région en jardin d’Éden.

Lorsqu’ils se sont retrouvés de l’autre côté, tous deux ont commencé à observer leurs enfants pour voir qui avait agi le mieux. Le premier ange qui soutenait que le Seigneur avait commis une erreur a compris qu’il avait eu tort et qu’il n’avait pas résolu correctement sa tâche sur terre : ses héritiers étaient en lutte constante pour les noix, chacun d’eux voulait manger plus, ils se disaient : « Nous sommes les descendants d’une lignée noble, nous ne devons pas travailler, notre subsistance est assurée ; nous mangerons, nous boirons et nous nous adonnerons aux plaisirs ». Je dis : de ces deux anges du passé lointain proviennent les deux lignées dans le monde : l’une qui travaille, qui aime créer, et l’autre qui ne pense qu’à la nourriture et à la boisson, qui ne travaille pas et ne crée rien.

« De là, étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages, il lui dit : Suis-moi. » Vous dites : « Si le Christ venait maintenant sur terre et nous appelait, nous Le suivrions » ; d’autres disent : « Pourquoi n’avons-nous pas vécu au temps du Christ pour Le suivre nous-aussi ? » Je pense que ce sont des regrets uniquement en mots, rien de plus, je peux aussi dire comme vous : « Pourquoi n’ai-je pas vécu au temps du Christ pour Le suivre ? ». C’est dommage de ne pas avoir vécu en ces temps pour suivre le Christ, nous sommes en retard. L’important est de savoir ce que nous, les gens en retard, ferons ? Deux mille ans se sont déjà écoulés depuis ce moment. Le Christ historique ne peut pas éclairer tous les humains. Combien de personnes pourraient voir le Christ s’il s’incarnait aujourd’hui sur terre, en chair et en os ? Aujourd’hui le Christ a plus de cinq cents millions de disciples. Combien de temps faut-il pour que tous Ses adeptes viennent Le saluer et Lui baiser la main ? S’il faut compter cinq minutes par personne, calculez le laps de temps nécessaire au Christ pour que tous Ses adeptes Le voient et Le saluent : chacun doit Le voir de près, Lui dire deux ou trois mots, entendre Sa voix pour avoir le droit de dire « Je L’ai entendu et je L’ai vu ». Les gens célèbres seront en première ligne : patriarches et évêques, puis viendront les gens simples et vous, où serez-vous ? À la fin ! Vous êtes-vous posé cette question ? Chacun a pensé qu’il verra le Christ en premier, que le Christ Lui rendra visite en premier : c’est fantaisiste ! Vous avez en partie raison, mais en réalité ce n’est pas ainsi ; vous pouvez être premiers en esprit, mais non en chair et en os.

Le publicain avait le privilège d’être invité par le Christ à le suivre et il a répondu à cette invitation. C’est l’une des exceptions dans la Bible : le Christ a commencé par le publicain, celui qui avait passé une vie vide de sens et dont la bouteille était entièrement vide ; le Christ lui a dit : « Suis-moi » et le publicain a suivi le Christ : il était courageux et intrépide, exempt de doute et de suspicion. Il était intelligent. Il faut être intelligent si on est publicain : le publicain ne se laisse pas tromper, il a étudié les mathématiques antiques et il sait ce qu’il donne et ce qu’il prend. Le Christ a donc appelé quelqu’un d’intelligent avec un riche vécu qui comprenait aussi bien les faiblesses des humains que le bien dont ils étaient porteurs. Celui qui veut suivre le Christ doit porter l’expérience de la vie en lui : être intelligent, courageux et intrépide, et n’hésiter devant rien.

Beaucoup de gens veulent voir le Christ aujourd’hui. Pourquoi ? Pour qu’il les rende heureux, pour être bienheureux. En disant cela je ne fais pas allusion à votre vie : votre aspiration à vous nourrir et à vous habiller est naturel, ce désir est honnête et noble ; il en est autrement si on est déjà assuré et qu’on cherche à se prémunir davantage : ce désir est contre nature et illégitime. Que gagne quelqu’un dont l’esprit est occupé à longueur de journée à penser à l’argent, aux maisons, à la nourriture, à traîner quelqu’un d’autre au tribunal ? Une telle vie est vide de sens. La vie humaine est arrangée d’une façon humaine, à sa propre maille ; la vie des gens d’aujourd’hui n’est pas absolument divine ; elle est divine par sa forme et son contenu mais humaine dans sa manifestation. Il est dit dans les Écritures : « L’image de ce monde passe »[4]. Pourquoi ? Parce que le Père ne l’a pas enracinée. Il est dit : « Chaque arbre que mon Père n’a pas planté, sera déraciné », donc le monde humain sera déraciné alors que le monde divin perdurera. « Et il le suivit ». Le publicain a compris que le monde humain est transitoire et il a quitté le péage plus tôt pour comprendre et apprendre le sens intérieur de la vie ; c’est cela comprendre qu’on est déjà assuré.

On vous demande une seule chose, d’aimer vos frères et vos sœurs. Si vous aimez comme il faut, il n’y aura pas un frère, pas une sœur qui ne vous ouvrira son cœur pour vous aider, alors que si vous frappez à la porte d’un cœur et qu’on ne vous ouvre pas, c’est que vous n’avez pas d’amour en vous. Où que vous alliez, puisque vous avez le désir d’aider, chacun vous ouvrira. Si vous voulez que le monde s’arrange, appliquez l’amour. Appliquer la loi de l’amour, c’est servir gratuitement : mères et pères, élèves et enseignants, prêtres et ouailles, gouverneurs et gouvernés, servez gratuitement  ! Comme il existe une loi de l’amour, de la même manière il existe une loi des dons et des vertus ; ce sont des méthodes qui s’étudient dans l’école divine et leurs résultats se voient sur terre.

« Suis-moi. » Je parle maintenant du publicain comme symbole de la vie individuelle et de la vie collective : ce publicain a vécu il y a deux mille ans, mais il vit encore aujourd’hui. Beaucoup parmi vous sont en proie à une grande contradiction, ils craignent la vie et ne savent pas comment elle se déroulera ? Elle se déroulera bien. « Alors pourquoi souffrons-nous ? » Parce que vous n’appliquez pas les lois vivantes de l’amour, de la sagesse et de la vérité ; les humains souffrent parce qu’ils ne connaissent pas le Seigneur. Je croise quelqu’un et je lui demande : « Connais-tu le Seigneur ? – Je ne Le connais pas ! » Je dis : si quelqu’un ne connaît pas le Seigneur dont il reçoit tous les bienfaits, que peut-il attendre de son prochain ?

Dans un verset du Livre d’Ezéchiel il est demandé : « Ces os pourront-ils revivre ? » Les os représentent le monde physique, seul Dieu sait si ces os peuvent revivre. Lorsque la chair s’est manifestée, elle a habillé les os, les a articulés, ensuite la vie s’est manifestée et enfin l’esprit est venu. Certains humains sont des os morts, d’autres, des enveloppes de chair, et d’autres encore attendent la venue de l’esprit ; les gens d’aujourd’hui sont des os habillés de chair et de sang , ils pensent que lorsque l’esprit viendra ils ressusciteront. Tout comme les os, les muscles et l’esprit s’unissent en un tout, de même les mondes physique, spirituel et mental doivent s’unir aussi. Le monde physique est la base du monde astral ou spirituel ; le monde astral est le monde des sentiments alors que le monde divin détermine ce que doivent être les sentiments et les actions des humains.

Pour être en harmonie avec le monde spirituel vos sentiments doivent être justes, sinon les pensées se déforment. Par exemple, lorsque tu rends visite et que l’hôte est indisposé, tu conclus qu’il a une dent contre toi ; si ta jambe est cassée et qu’un médecin vient la remettre, tu conclus qu’il n’est pas un bon médecin parce qu’il t’a fait mal. Ce sont des conclusions erronées : l’hôte n’a rien contre toi et le médecin n’est pas mauvais. La jeune fille aussi pour garder une bonne impression de son bienaimé ferme les yeux, mais cela ne veut pas dire qu’elle est mécontente de lui ; si elle a les yeux ouverts pour le monde, dès le lendemain elle vendra son bienaimé. Je dis : aie les yeux fermés le jour, et les yeux ouverts la nuit ; aie les yeux fermés à la lumière, et les yeux ouverts dans l’obscurité.

Ainsi, chaque froncement de sourcils montre qu’on réfléchit ; lorsqu’on fronce les sourcils on fait abstraction de la lumière extérieure et on se recueille en soi, on commence ainsi à manifester le bien. Si on ne pense pas, on est semblable à la lune qui se remplit et se vide constamment, on est une bouteille vide sans contenu. Donc les sourcils, posés au-dessus des yeux ont pour mission de réguler la pensée humaine ; lorsqu’on fronce ou lorsqu’on soulève ses sourcils, on a une idée en tête, le faire sinon n’a pas de sens.

Revenons au publicain : la quatrième lettre du mot mitar, publicain, est le A. Cette lettre illustre l’élan de l’homme qui aide son prochain : l’être humain descend d’en haut dans le but d’aider. La lettre R montre qu’en vivant sur terre on a appris à distinguer le bien du mal, on connaît les raisons de l’existence du mal et du bien. Le publicain est quelqu’un qui s’occupe des mathématiques de la sagesse et de l’amour, qui a mis à profit ses connaissances pour lui et pour ses proches ; une fois décidé à accomplir la volonté divine, il était prêt à suivre le Christ.

Je demande si le Christ trouvera votre publicain lorsqu’il passera à côté de votre péage : s’il ne le trouve pas, c’en est fini du péage. Le publicain dit : « Je ne veux pas servir sur un péage sans loi, je suivrai le Christ ». Je dis : tant que vous restez au péage pour prélever plus de taxes qu’il ne faut, votre affaire périclitera ; vous aussi, comme le publicain dites : « Je ne veux plus servir ce péage, je ne veux plus me conformer aux lois des loups, je vais servir la loi du Christ où les rapports entre prendre et donner sont harmonieux ». Alors le Christ lui a dit : « Suis-moi » et il l’a suivi.

Aujourd’hui, tout le monde veut voir le Christ physique. Ceux qui sont mariés ont le Jésus physique, mais ne le reconnaissent pas : votre bienaimé est votre Jésus, pourquoi ne le reconnaissez-vous pas ? Vous êtes semblables aux pharisiens et aux saducéens qui ont vu le Christ mais qui l’ont renié. Comment l’homme et la femme prouveront-ils qu’ils sont vos élus ? L’homme dit à la femme : « Je suis ton élu ». La femme ne le reconnaît pas et cherche un autre homme ; la femme dit à l’homme : « Je suis ton élue ». L’homme ne la reconnaît pas et cherche une autre femme. Je dis : Jésus est déjà venu pour vous, mais vous ne l’avez pas reconnu, vous le cherchez ailleurs, tantôt en la personne d’un prêtre, tantôt en la personne d’un homme ou d’une femme, et comme vous ne le trouvez pas, vous dites : « Il n’est pas ici ». Un clairvoyant vient et vous dit : « Il est ici », mais vous vous rendez compte ensuite qu’il n’est pas ici non plus ; vous le cherchez dans une église, puis dans une deuxième, une troisième, mais il n’est pas là ; vous dites : « Il viendra du Ciel », mais il ne vient pas de là non plus. Enfin, comme il ne vient de nulle part, vous dites : « C’est peine perdue, cela ne donne rien, au moins mangeons et buvons ». Si vous attendez que les gens vous montrent où est le Christ, vous êtes mal embarqués : le Christ viendra de l’intérieur, il est déjà en vous ; votre âme et votre esprit doivent le reconnaître, votre âme et votre esprit doivent vous révéler qui est le Christ. Quelqu’un dit : « Je pense qu’un tel est le Christ », un autre dit : « Et moi je pense que c’est plutôt celui-là qui est le Christ ». Cette question ne se résout pas par des supputations, chacun doit savoir précisément qui est le Christ, où il vit et comment il faut le servir.

Le Christ dit à ses disciples : « Ce n’est pas la chair et le sang qui vous ont révélé ceci, mais Mon Père qui demeure en vous. Personne ne peut venir auprès de moi si mon Père ne l’attire pas ». Tu dis : « Un tel m’a attiré à lui ». Tu as tort, seul le Père peut attirer l’être humain à Lui. Pourquoi seul le Père peut-il attirer les humains ? Parce qu’Il est amour, seul l’amour apporte la vie. Le Christ dit : « Je suis venu leur donner la vie, et leur donner en abondance ». Quelle vie ? Celle qui apporte l’amour ! Qui ne cherche pas cette vie ? Celui qui accueille cette vie et comprend le Christ, vivra une transformation radicale. La plupart des gens sont loin de cette vie et à cause de cela ils sont mécontents les uns des autres et ne voient que leurs erreurs.

Souvent des gens viennent me voir pour m’éprouver, pour vérifier si je suis tel qu’ils se l’imaginent : ils me mettent à l’épreuve, mais moi-aussi je les soumets à l’épreuve. Ils disent : « Nous pensions que tu étais un saint, alors que tu es quelqu’un de normal ». Mieux vaut penser que je suis quelqu’un de normal plutôt que me glorifier aujourd’hui et me blâmer demain. On n’agit pas de la sorte : celui qui peut blâmer quelqu’un, peut aussi le frapper ; il ressemble alors à ce paysan qui est allé en ville chez le médecin pour demander des médicaments pour sa femme malade. Sans trop réfléchir, il est entré directement dans le cabinet du médecin qui était occupé à quelque chose et lui a dit : « Docteur, donne-moi des médicaments pour ma femme ! » Le médecin s’est mis en colère pour avoir été dérangé, et emporté par sa colère, il a giflé le paysan : « Voici un médicament pour ta femme », puis il l’a giflé encore une fois : « En voici encore un autre ! » Le paysan est resté sidéré de l’attitude du médecin et s’est dit : « Les médecins modernes sont incroyables, ils administrent de drôles de médicaments aux malades ». Il est rentré au village et sa femme l’a questionné aussitôt : « Apportes-tu un médicament ? – Oui. – Donne-le moi vite ! » Le paysan s’est approché d’elle et l’a giflée. « Ça suffit ! a dit la femme. – J’ai encore un autre médicament. – Garde-le pour toi ! » Quelle femme intelligente, s’est dit le paysan.

Sa femme est rentrée dans sa chambre et s’est mise à pleurer, mais deux jours après elle était complètement guéri. Contente de la voir sur pied, le paysan a pris deux oies et est allé remercier le médecin. « Que veux-tu ? a demandé le médecin. – Je suis venu il y a quelques jours pour prendre des médicaments pour ma femme, tu m’en as administré deux, mais elle a guéri avec un seul, je te rends le deuxième. » Le médecin a commencé à le questionner sur sa famille, mais sans répondre le paysan l’a giflé une fois et s’en est allé.

C’est la loi que le Christ a exprimée dans le verset : « Tu seras mesuré selon la mesure que tu utilises toi-même ». Par conséquent, lorsque nous cherchons le divin, nous devons le faire en toute sincérité : une sincérité absolue, une pureté absolue et un savoir absolu vous sont demandés.

Si vous croyez en une loi qui régule les rapports dans le monde, elle vous conduira à la grande source de la vie. Trouver le divin en vous, c’est trouver le Christ ; lorsque vous le trouverez, votre vie sera remplie de sens. Quel que soit le foyer qu’il visite, le Christ apportera la paix entre l’homme et la femme, entre les enfants et les parents, ce foyer sera un exemple pour tous ; là où il y a la paix et l’harmonie, là est l’amour ; Dieu attire tous les humains vers Son Fils qui est la manifestation de Son amour.

Ainsi, libérez-vous des égarements et ne demandez pas où est le Christ et comment vous pouvez le trouver ; la femme peut trouver le Christ dans son mari et le mari dans sa femme ; le frère peut trouver le Christ dans sa sœur et la sœur dans son frère. Mais celui qui perd son amour perdra aussi le Christ. « Je cherche l’amour ! » Bien sûr que tu le cherches, l’amour est Dieu qui donne sens à la vie ; lorsque tu trouveras le Seigneur, c’est-à-dire l’amour, ta super-conscience s’éveillera et tu passeras du monde physique au monde spirituel, et du monde spirituel au monde divin. Le passage d’un monde à l’autre ne peut pas se décrire, seule la vue révélera ce que sont ces mondes ; la vue a un rapport à l’assimilation de l’amour, mais vous êtes encore aux balbutiements de l’amour ; ce que vous appelez amour est selon les Bulgares « le samedi aveugle[5] ». Aujourd’hui, c’est l’amour aveugle qui se manifeste parmi les humains ; à l’avenir c’est le grand amour qui viendra et qui travaillera pour unir toutes les âmes en une seule, en tant que servantes de Dieu. Hommes, femmes, enfants, ce sont des objets par lesquels se manifeste la loi de l’amour ; des milliers de créatures ont travaillé sur terre et dans le monde invisible pour créer des conditions à la manifestation du Seigneur en tant qu’Amour.

Ce qui vient maintenant sur terre est si grandiose que tous les anges regardent depuis le Ciel pour voir ce qui vient et ce qui se passe sur terre : tout le Ciel, toutes les Existences s’y intéressent ; un moment grandiose vient : la manifestation du Seigneur est attendue avec intérêt par toutes les créatures intelligentes, vertueuses et sublimes. Celles dont la conscience est éveillée assimileront le rayon divin et ressusciteront ; les autres dont la conscience n’est pas éveillée, dorment encore. Il est dit dans les Écritures : « Soyez éveillés car vous ne savez pas l’heure et le jour où Dieu viendra ». C’est cette heure solennelle où le Christ passera à côté de ton péage et dira : « Suis-moi ! ». Est-ce que ta conscience sera éveillée ou bien diras-tu : « Seigneur, attends un peu, je dois régler quelques affaires au péage » ? Si le Seigneur t’appelle, suis-Le immédiatement, n’attends pas, ne règle pas les affaires courantes : liquide tout, tranche la question immédiatement, pas de tergiversations philosophiques sur ce qui est écrit ou pas écrit ; ce qui est écrit sera interprété par notre âme éveillée, elle seule connait la vérité. C’est ce que signifie le verset : « Nous serons tous enseignés par le Seigneur ». Ne vous enseignez pas des humains mais du Seigneur. Moi non plus, je ne vous enseignerai pas, mais je veux vous libérer de tous les leurres nichés dans vos esprits : pas une trace ne restera de l’injustice, pas une trace ne restera des anciennes croyances.

Quelles sont les croyances des religieux contemporains ? Les uns croient qu’ils ressusciteront dans leurs anciens corps, et d’autres autrement. Je dis : dans le futur vous aurez d’autres visages, pas ceux d’aujourd’hui ; dans le futur vous aurez d’autres corps, alors dans quels corps ressusciterez-vous ? Les corps physiques resteront sur terre, donc vous ressusciterez avec d’autres corps. Il est dit : « Nous ne mourrons pas mais nous évoluerons ». Lorsque vous vous libérerez de l’enveloppe temporaire du corps, vous pénétrerez la beauté de l’esprit et de l’âme, de la pensée et du cœur et vous comprendrez ce que représente l’être humain. Savez-vous quelle lumière et quelle chaleur émanent du cœur et de la pensée de celui qui a l’amour en lui ? Tu dis à quelqu’un : « Je t’aime ». Lorsque je mesure la chaleur de ton cœur et la lumière de ta pensée, je sais combien tu peux aimer. « Je suis sage ». Lorsque je mesure l’intensité de la lumière qui sort de ta pensée, je sais à quel point tu es sage, au sens littéral et non figuré.

La flamme la plus agréable et la plus belle que l’œil humain puisse voir est la flamme de l’amour : la vie prend sens seulement en présence de cette flamme. Pour qui se sacrifie le jeune homme ? Pour la jeune fille ou pour la flamme qui brûle en elle ? Pour la flamme. Tant que cette flamme brûle en elle, elle est sa bienaimée, mais dès qu’elle s’éteint, son amour s’éteint aussi. Tant que la flamme brûle, c’est le Christ qui est en toi, quand elle s’éteint, le Christ aussi s’évanouit. La flamme doit brûler : n’éteins pas l’esprit, l’esprit est le divin qui brûle en l’être humain ; n’éteignez pas cette flamme, tant qu’elle brûle vous aurez une aura qui vous protégera de toutes les conditions néfastes. Celui qui a l’esprit en lui a aussi la flamme ; s’il n’a pas l’esprit en lui, il n’a pas la flamme non plus et se met à philosopher en disant que les choses peuvent s’obtenir de plusieurs façons. Non, il y a une seule façon de bien vivre : chaque mot doit avoir un seul sens, toutes vos pensées, vos sentiments et vos actions doivent avoir un seul sens, l’homme ne doit pas se dédoubler, ni laisser ses actions mal interprétées, toutes vos manifestations doivent être mesurées et absolument pures pour ne pas vous juger les uns les autres.

Ainsi, il faut une pureté absolue du cœur et une lumière de la pensée pour bien comprendre et appliquer l’enseignement du Christ. L’enseignement du Christ réformera le monde, il est le seul capable de redresser la vie humaine. Tout comme la lumière, l’air, l’eau et la nourriture en tant que forces extérieures redressent la vie humaine, de même l’enseignement du Christ en tant que puissance divine la redresse de l’intérieur ; cet enseignement libère l’être de tous les mensonges, de toutes les erreurs. D’où que vienne la liberté, c’est une puissance divine, quiconque vient à vous avec le désir de vous libérer est envoyé de Dieu.

Et le Christ lui a dit : « Suis-moi ». Le publicain a quitté le péage et a suivi le Christ. Vous aussi, vous pouvez quitter le péage, mais c’est insuffisant ; il faut aussi appliquer intérieurement l’enseignement du Christ et non seulement extérieurement comme on le fait aujourd’hui. Vous dites : « Le temps d’appliquer l’enseignement du Christ n’est pas encore venu ». Que celui qui considère que ce temps est venu puisse l’appliquer et que celui qui considère que ce temps n’est pas venu puisse attendre encore. Si une femme est enceinte de trois mois, elle doit attendre, il reste du temps avant l’accouchement ; si elle est enceinte de neuf mois, elle ne doit pas attendre ; si l’enfant ne se présente pas, c’est qu’il est mort ; si elle attend plus de neuf mois, elle est perdue et l’enfant est perdu aussi. C’est pourquoi je vous dis : pour certains parmi vous le temps est venu d’accueillir et d’appliquer l’enseignement du Christ, de donner du sens à votre vie.

     « Suis-moi. » Par son empressement à suivre le Christ, le publicain a donné un excellent exemple à l’humanité. Quel exemple avez-vous donné jusqu’à maintenant ? Vous vous rassemblez, vous chantez un peu, vous vous enthousiasmez et puis vous rentrez chez vous en vous disant : « L’enseignement du Christ est inapplicable ». Quand la semaine s’écoule, vous attendez une autre causerie pour entendre quelque chose de nouveau et avoir droit à un repas savoureux ; mais un jour je fermerai mon auberge et je dirai : « Je n’accueille plus personne ». Pourquoi ? Parce qu’il est écrit qu’il y a de la nourriture seulement pour ceux qui s’instruisent, il y a du crédit uniquement pour eux. Pour chaque enfant, prêt à écouter sa mère, il y a des langes, il y a de la nourriture : si l’enfant n’est pas prêt à écouter sa mère, il n’a pas droit aux langes ni à la nourriture. Tant que les choses se font par la violence, on ne peut rien espérer ; c’est la raison pour laquelle la vie des humains ne s’arrange pas et ils s’étonnent de payer des amendes pour chaque chose ; lorsque vous payez des amendes, vos affaires s’arrangent et vous dites : « Tout est en ordre ». Oui, car vous payez des amendes.

Les religieux disent souvent : « Nous sommes des gens pieux ». Oui, vous êtes pieux car on vous oblige à être orthodoxes, catholiques, évangélistes ou musulmans : c’est vivre en dehors de la loi de la liberté. Pourquoi certains sont libres et d’autres non ? C’est très simple : libre est celui à travers lequel coule l’amour divin large et sublime ; c’est une source sans barrage qui coule constamment. Tu dis : « Je veux être libre ». Tant que tu as une vanne de fermeture et que tu l’ouvre de temps à autre, tu ne peux pas être libre. « Quand serai-je libre ? » Lorsque tu t’uniras avec la grande loi divine et lorsque le Christ ordonnera d’en haut que la vanne soit supprimée et que l’eau s’écoule toujours en toi. Lorsqu’il descendra sur terre, le Christ ouvrira toutes les vannes et on entendra partout un grand tumulte : Bou-ou-ou ; alors tout le monde dira : « Qu’est-ce qui se passe, quel est ce tumulte ? » Le tumulte est préférable au silence ; celui qui veut garder le silence peut aller au cimetière, là règne le silence, mais tant que vous êtes dans la vie, il ne peut y avoir de silence. Lorsque votre ouïe se développera et que vous entrerez dans l’élan de la vie, dans ce grand tumulte, vous toucherez la grande harmonie de la vie et vous comprendrez la signification de ce Bou-ou-ou. Ce que vous percevez comme une dysharmonie, est perçu par le Ciel comme une harmonie ; tant que vous considérez la vie comme une dysharmonie, vous souffrirez toujours et vous transgresserez les lois divines.

Revenons maintenant à la grande loi de la vie : la foi, et appliquons-la. Il est dit dans les Écritures : « Aie la foi et tu seras sauvé ». La foi se base sur les deux grandes lois : l’amour et la sagesse, et ces lois doivent pénétrer vos pensées, vos cœurs et vos âmes pour y travailler. Dans ce cas, on ne vous prêchera plus l’existence de Dieu, mais vous saurez et vous communiquerez entre vous dans un autre langage. Si vous étiez croyants, je vous ferais une autre conférence, différente de celle-ci, je vous parlerais des changements qui s’opèrent au Ciel, des lettres que vous envoient vos mères et pères, frères et sœurs. Vous vous occupez maintenant de choses ordinaires et vous dites : « Soit Dieu existe, soit Il n’existe pas, c’est ainsi ou autrement, mieux vaut s’en tenir à l’ancien pour ne pas le perdre ». L’ancien représente la bêtise humaine sacrée, et le nouveau c’est l’amour qui vient transformer les humains, réorganiser leur vie, les libérer ; lorsqu’il libérera les humains, il libérera tous les animaux et toutes les plantes : l’amour instaurera l’ordre et la discipline sur terre comme dans toute l’existence. L’amour, c’est l’enseignement de Dieu : il n’est applicable que si vous accueillez la loi de l’amour en vous. L’amour ne viendra pas sans victimes, et je respecte tous ceux qui ont été des victimes au nom de la vérité et de l’amour, c’est-à-dire au nom de leur idéal. Tous ceux qui ont souffert et souffrent pour élever l’humanité forcent le respect et la considération des personnes bonnes et pieuses.

Le Christ passe aujourd’hui à côté de votre péage et s’écrie : « Matthieu ! » Qui est Matthieu ? Le premier élu. Lorsque vous entendrez le mot Matthieu, dites : « Je viens, Seigneur ». Lorsque l’homme entend que le Seigneur l’appelle, qu’il dise : « Je viens, Seigneur » ; si la femme entend qu’on l’appelle, qu’elle dise : « Je viens, Seigneur ». Que dira le Christ ? Il leur dira à tous deux : « Rentrez chez vous pour appliquer mon enseignement ». Lorsque vous appliquerez cet enseignement, parlez-en tout autour de vous : dans la société, dans la famille, il améliorera la vie de tous.

Matthieu, Matthieu, es-tu en vie ? On n’entend pas encore ta voix. Je vois que chez certains, ce Matthieu est réveillé et se frotte les yeux, chez d’autres il est déjà debout et il s’est mis au travail. Matthieu doit ressusciter dès aujourd’hui, c’est le grand enseignement du Christ.

De même que la journée est radieuse aujourd’hui, de même ce qui vous attend est radieux. Si vous acceptez l’amour et la sagesse et si vous les appliquez, votre vie sera désormais comme cette journée, tout sera aussi frais et limpide. N’effacez pas votre ancienne vie, mais effacez vos compréhensions et vos points de vue anciens et erronés, effacez vos anciens troubles et anxiétés et écrivez : « Matthieu, quitte le péage et suis-Moi ! – Je viens, Seigneur. » C’est le nouvel écriteau que vous devez poser. Lorsque quelqu’un viendra et lira l’écriteau, il dira : « Matthieu n’est plus ici, il a fini son travail au péage ».

Ainsi, suivez le Christ et appliquez le nouvel enseignement, alors le Christ parlera par des milliers et des millions de bouches et tout sera gloire et remerciements partout. Les humains se connaîtront en tant que frères et sœurs : c’est l’enseignement futur. Matthieu !

Sofia, 19 juin 1921


[1] Amour s’écrit Любов (Lubov) en bulgare

[2] Le mot publicain s’écrit митар (mitar) en bulgare

[3] En bulgare Sagesse se dit Мъдрост (Madrost)

[4] 1 Jean 2, 17

[5] L’expression bulgare « le samedi aveugle vient » désigne le moment d’une décision malheureuse et irréfléchie – notamment pour désigner un choix précipité de se marier sans prendre de temps de réflexion.

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