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1921_04_10 L’amour, porteur de la vie


Ani
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L’amour, porteur de la vie

« Et il répondit : Heureux plutôt ceux

qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »

Luc 11 :28

Dans le verset 27 du même chapitre il est dit : « Tandis qu’il parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui t'a porté ! Heureuses les mamelles qui t'ont allaité ! » Le Christ a répondu : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ». Gardent signifie accomplissent. La force de chaque être humain, qu’il soit compositeur, acteur, violoniste, peintre, sculpteur ou autre ne consiste pas en l’idée qui a germé en lui, mais en sa réalisation et son accomplissement. Vous êtes tous riches en idées, il n’y a personne parmi vous qui ne soit pas riche en idées ! Quelqu’un pense que pour présenter ses idées il aura besoin de nombreuses années, alors que tout son matériel s’épuise au bout de deux ou trois causeries : les idées ne s’épuisent pas, mais les formes par lesquelles elles se manifestent s’épuisent ; tout le monde peut faire naître six cents poussins, mais tout le monde n’est pas capable de les élever et de les nourrir. Avoir des idées est simple en soi, mais l’important est de savoir comment on nourrit et élève ces idées.

Il ne suffit donc pas de faire germer des pensées, des sentiments, des désirs, faut-il encore les réaliser et les appliquer ; la réalisation ou l’accomplissement d’une idée tout comme son report produisent deux résultats différents : le caractère humain se renforce lorsqu’une idée quelle qu’elle soit s’accomplit, et il s’affaiblit lorsqu’elle est reportée : la non-réalisation des idées produit des effets contraires sur le caractère humain. Comment seras-tu dans une vie future ? Cela dépend de ta vie d’aujourd’hui. Quelqu’un dit : « Comme j’aimerais être un génie ou un grand homme ». Oui, mais les génies, les grands hommes ne sont pas nés de la dernière pluie : naître génie nécessite d’avoir travaillé dans le passé sur ses pensées et ses sentiments sublimes, de les avoir réalisés et accomplis.

« Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ». La parole sous-entend les pensées divines ; il a fallu des millions d’années pour créer le Verbe d’aujourd’hui. Certains clairvoyants comme beaucoup de ceux qui sont partis et ont pénétré les plans supérieurs du monde spirituel disent que ce monde est silencieux ; ils considèrent que c’est un monde d’absolu silence, un monde exclusivement voué aux idées ; celui qui est allé de l’autre côté et qui est revenu sur terre dit : « Je n’irai pas là une deuxième fois ». Pourquoi ? « Parce qu’un silence absolu y règne, chacun y vit pour lui-même seulement ». Je dis : c’est la plus grande erreur qui soit, le monde divin n’est pas un monde de silence mais un monde d’harmonie complète, de parole belle et musicale ; la plus belle parole est celle du monde divin ; pour comprendre le Verbe divin, il faut posséder les organes capables de percevoir les vibrations supérieures.

Dans la littérature occulte, on mentionne les différents champs des mondes supérieurs, nommés diversement : champ physique, champ astral, champ mental supérieur, champ causal, etc. Peu importe qu’il en existe plusieurs, l’important est de savoir pourquoi l’un est nommé physique et l’autre astral, mental, etc. ; l’important réside aussi dans le rapport entre les pensées et les sentiments, entre les sentiments et les actions, entre les pensées et les actions ou entre les pensées et les causes : c’est une philosophie subtile que ni les chrétiens, ni vous ne pouvez résoudre. Chaque monde est déterminé selon le degré de développement des créatures intelligentes qui y vivent. Chaque forme du monde physique résulte de l’action d’une force intelligente qui l’a créée dans le passé ; chaque limitation du monde physique montre que derrière elle agissent des êtres intelligents qui se protègent et se mettent tout seuls des limites : si votre jardin est clôturé, cela montre qu’il y a derrière cette clôture un être vivant doué de raison. Si je viens chez vous et que je trouve tout fermé à clé, c’est une indication ; si je rentre dans une cité et que je vois que les fenêtres et les portes de toutes les maisons sont fermées, je fais une déduction sur la culture de cette cité : c’est le signe que les habitants ne se font pas confiance ou bien qu’ils aiment s’approprier des choses. Si les femmes de cette cité ont un châle sur la tête, c’est une indication sur la moralité de ses habitants ; si je vois que les hommes portent de longues barbes, j’en tire une certaine conclusion. Les hommes n’aiment pas les femmes à barbe, l’homme dit : « J’en ai assez de ma propre barbe, je ne veux pas regarder une femme à barbe ». La femme dit : « Je n’aime pas les hommes sans barbe, ni moustaches ». Pourquoi la femme aime les hommes barbus et moustachus alors que l’homme aime les femmes sans barbe ? Vous dites : « La nature a arrangé les choses ainsi ». Mais si quelqu’un te rase la tête est-ce le fait de la nature ? Combien de péchés et de crimes sont perpétrés par les humains ! Est-ce la faute de la nature ? Les chimistes et les médecins ont découvert différents liquides qui, s’ils sont injectés dans l’organisme donnent une teinte noire au visage, est-ce le fait de la nature ? Ne mettez pas vos péchés sur le dos de la nature, elle ne fait pas d’erreurs, elle ne fait pas de bêtises ; les erreurs, les bêtises sont le fait des humains et dans une certaine mesure aussi celui des anges. Est-ce qu’un ange peut fauter ? Même s’ils sont des créatures érudites, les anges aussi peuvent fauter ; lorsque les anges fautent, la situation des humains se complique.

Pourquoi l’homme veut-il que la femme soit sans barbe, ni moustaches ? C’est naturel : lorsque l’agriculteur s’apprête à labourer, il cherche un champ, une pelouse, et pas une forêt ; il dit : « Je n’ai pas besoin de forêts, d’endroits recouverts de barbe et de moustaches, je cherche des étendues sans aspérités ». Lorsqu’il construit une maison, l’homme a besoin de pierres, de briques et de poutres et non de barbe et de moustaches. L’homme laboure et la femme bâtit ; l’homme aime les champs, et la femme la forêt. Le champ et la forêt sont des symboles à transposer dans votre langage.

« Qui écoutent la parole de Dieu ». Le Verbe représente un homme sans barbe, ni moustaches. Dans le monde invisible, il n’y a pas de trace des barbes et des moustaches, il n’y a pas là-bas des gens barbus, ni moustachus. Lorsqu’ils descendent sur terre les gens se déguisent, donc la barbe et les moustaches sont une nécessité uniquement pour le monde physique. Si quelqu’un veut se faire passer pour plus noble qu’il ne l’est, il se laisse pousser une barbe et des moustaches et quiconque le voit, dit : « Cet homme est très noble », mais lorsqu’il monte au ciel, personne là-bas ne remarque sa barbe. Il n’y a pas de chose plus drôle qu’un homme barbu et moustachu. Lorsque l’homme veut attirer l’attention des autres, et notamment celle des femmes, il commence à se lisser la barbe et les moustaches : il veut se donner de la consistance et, en le faisant, l’homme veut dire à sa femme : « N’est-ce pas tu veux bâtir, voilà, prends de moi des arbres, des poutres, j’ai toute une forêt, je suis riche, abats autant d’arbres que tu veux ». Barbu, moustachu et riche, c’est la même chose.

Ceux parmi vous qui veulent vivre intelligemment doivent avoir une compréhension profonde de la vie. Lorsque je dis qu’il faut vivre intelligemment, les anciens disent : « Nous avons vécu notre compte, c’est maintenant au tour des jeunes ». Viendra le moment où eux aussi vivront intelligemment, il y a un temps pour approfondir la vie. C’est vrai que les anciens ont vécu, mais si les jeunes vivent aussi comme eux, sur qui compter ? Avoir vécu et être emporté par le temps, ou bien être emporté par le vent est la même chose : lorsque le blé est emporté par le vent, c’est qu’il a vécu. Je dis que les choses ne doivent pas être vécues simplement, mais intelligemment et en conscience : une vie d’harmonie divine. Vous dites : « Nous aussi, nous voulons vivre ainsi, mais comment s’y prendre dans ce monde terrestre si impur ? » Votre situation n’est pas pire que celles des mammifères ; on peut surmonter toutes les difficultés dans sa vie à force de persévérance, de travail et d’endurance ; il y a beaucoup de façons de surmonter les difficultés. Dans les Proverbes de Salomon il est dit : « Une bonne parole adoucit, une parole acerbe endurcit ».[1] Je dis : le feu adoucit, le froid réfrigère, c’est-à-dire rigidifie. Le Christ dit : « Heureux plutôt celui qui écoute la parole de Dieu, et qui la garde » : mes conditions de naissance importent peu, comme les origines de ma mère et de mon père – fussent-ils nobles ou érudits – l’important est que j’écoute la parole de Dieu et que je la garde ; si je ne la garde pas, je ne tire aucun profit de la noblesse de mes parents.

J’examine deux opposés dans la vie : richesse et pauvreté. Tout le monde veut être riche, personne ne veut être pauvre, pourquoi alors la richesse et la pauvreté existent-elles ? On ne peut pas se passer d’elles : observez la vie de la nature et vous verrez qu’elles y sont également présentes, ce sont des états de la vie intelligente. Dieu donne la richesse à l’être humain pour qu’il puisse reconnaître ses adversaires et ses ennemis, pour qu’il comprenne ce qui l’entrave dans la vie ; Dieu donne la pauvreté à l’être humain pour qu’il reconnaisse ses amis et toutes les forces positives et ascendantes qui travaillent pour son bien. Tu dis : « Je suis miséreux ! – As-tu compris qui sont tes amis ? – Je n’ai pas compris – Alors, tu n’as pas compris la pauvreté non plus ». Tu dis : « Je suis riche ! – As-tu compris tes ennemis ? – Je n’ai rien compris ». Tu devais reconnaître tes ennemis, sortir ton couteau et lutter contre eux ; par lutte je n’entends pas ce que les gens d’aujourd’hui font : ils se sont enrichis, puis ont sorti leurs couteaux et ont commencé à se battre avec leurs ennemis. Du point de vue des humains la richesse et la pauvreté sont deux états qu’il faut combattre pour surmonter les difficultés. Que l’on soit riche ou pauvre, puissant ou misérable, savant ou ignorant, on devra affronter des difficultés et des tentations. Qui crée les difficultés et les tentations pour les humains ? Eux-mêmes et leur entourage ! Donc les gens ne souffrent pas de la bêtise ou de la trop grande intelligence : tous souffrent, mais les intelligents souffrent plus que les imbéciles.

Le Bulgare dit souvent : « Il est soûl comme un âne ». D’où vient ce proverbe ? À mon avis, l’âne est sobre, je n’ai pas vu d’âne soûl ; dire de quelqu’un qu’il a bu de l’eau fraîche et pure comme un âne est compréhensible, mais dire qu’il a bu du vin comme un âne, je ne le comprends pas. C’est une autre question si vous voulez pointer le fait que quelqu’un ne sait pas où trouver d’eau pure comme l’âne. Les sagesses et les proverbes populaires sont tellement dénaturés qu’on ne peut pas y trouver de vérité ! Il faut semer partout pour transmettre cette vérité, sinon elle restera longtemps dénaturée de la sorte.

Ainsi, s’il est question des erreurs des humains, sachez qu’un grand nombre d’erreurs sont engendrées par la vie irraisonnée et sotte ; beaucoup d’erreurs sont également engendrées par la vie raisonnée et intelligente, mais la vie raisonnée et intelligente a créé aussi beaucoup de bien, beaucoup de vertus. Le sot et l’intelligent sont radicalement différents : le sot qui fait le bien ne demande pas de récompense ; lorsqu’il commet le mal, il ne pense pas qu’il sera puni. Pourquoi ? Parce que dans les deux cas il n’est pas pleinement conscient de ce qu’il fait. L’intelligent en revanche a conscience de ce qu’il fait. Voilà pourquoi si l’on passe d’un état à un autre, c’est pour corriger ses erreurs dans la vie consciente et malgré cela, au lieu de tirer des conclusions de ses erreurs, on en commet de nouvelles ! À quoi sont dues ces erreurs ? À son envie de changer sa vie, d’imposer ses convictions. De ce point de vue, on se retrouve dans la situation de cet héritier royal qui a dû être puni dès le jour de son mariage : il est tombé amoureux d’une jeune fille, également d’ascendance royale. Tous deux s’aimaient et s’entendaient bien, sauf sur un point : il aimait manger de l’ail alors qu’elle avait une aversion pour l’ail. Le jour du mariage, les plats savoureux préparés étaient pour la plupart à l’ail, et le fils du roi, emporté dans son appétit en a goûté plus que de raison. Le soir, dans leur chambre, elle a senti l’odeur de l’ail et a sursauté comme piquée par une guêpe, furieuse contre son bienaimé. Elle a aussitôt appelé les domestiques en leur disant : « Je vous prie de donner quelques coups de bâton à cet homme pour lui faire perdre dorénavant l’habitude de manger de l’ail ». Il a dit : « Je ne mangerai plus d’ail, je vais longuement réfléchir avant de me décider à en manger ou à y renoncer ».

Que représente la fille du roi ? La vérité. Elle ne tolère pas l’odeur de l’ail, mais le Bulgare aime l’ail. Lorsque vous traduirez le mot ail, vous verrez l’influence qu’il exerce sur votre caractère et sur le caractère de ceux qui vous entourent : vous comme votre entourage, vous êtes viciés par des éléments, c’est-à-dire des pensées qui diffusent une odeur désagréable comme l’ail. Pourquoi certaines personnes vous sont-elles désagréables ? Parce que leur sang, leurs pensées et leurs sentiments ont quelque chose qui n’est pas à votre goût. Si votre odorat est très développé et que votre ami vous embrasse après avoir mangé de l’ail, vous aurez du mal à vous débarrasser de cette odeur même après un an ; si quelqu’un qui a commis un meurtre vous embrasse, même dix ans après vous serez encore hanté par ce baiser.

Je vais vous illustrer à l’aide d’un conte la force de la pensée impure ou du péché en général. Un moine, un saint homme vivait dans un monastère. Il a voulu revoir l’un de ses proches, déjà décédé et connu pour être en enfer. Le saint voulait le revoir pour lui faire certaines recommandations pour son salut. Un ange a entendu la prière du saint et lui a dit : « Sais-tu que si ton parent venait ici, le monastère serait en perdition si grande est l’impureté qu’il porte en lui. – Je veux qu’il soit là un court instant. »

L’ange a exaucé le désir du saint, il a laissé sortir son parent de l’enfer, mais le monastère est ensuite tombée en déshérence : il a amené une telle impureté avec lui que rien n’a pu purifier le monastère. Le péché est quelque chose d’effroyable, c’est le poison le plus fort, l’odeur la plus nauséabonde que les humains connaissent ; pour neutraliser la puissance du péché, les gens sont contraints de manger de l’ail : on extirpe le mal par le mal.

Je vous parle maintenant en langage symbolique, je prends l’ail comme symbole. C’est un bon médicament : lorsqu’on veut désinfecter sa bouche ou améliorer l’état de son estomac et de sa poitrine, il faut manger de l’ail. Je prescris de l’ail au malade, mais non au bien portant. Je recommande du navet au malade, mais non au bien portant ; si ton estomac est déréglé, cuis du navet et bois le jus, mais lorsque tu guériras, n’en prends plus. Si ton estomac est faible, bois un petit verre de vin ; dès que tu seras guéri, plus aucun vin n’est toléré : on interdit le vin fermenté, mais non le jus de raisin.

Le Christ dit : « Heureux plutôt celui qui écoute la parole de Dieu, et qui la garde ». Le Verbe apporte les grandes idées dans le monde. Elles viennent de partout, on peut percevoir ces idées uniquement lorsqu’on se met en harmonie avec le principe divin en soi. Vous vous trompez si vous pensez que vous pouvez recevoir ces idées du monde actuel : c’est un monde sans idées ! Montrez-moi dans la littérature contemporaine une grande idée nouvelle. Toutes les idées qui préoccupent l’humanité maintenant sont vieilles, elles ont vécu et sont plutôt des souvenirs du passé : j’ai assisté à de grands concerts, j’ai écouté des musiciens virtuoses émérites, tous répètent ce qui est ancien. Les américains chantent encore leurs chants d’antan, ils sont médiocres du point de vue musical et répètent les mêmes choses. Il y a quelques années, ils ont invité un compositeur tchèque à répertorier leurs chants populaires, à unifier la musique populaire. Pourquoi les américains manquent-ils d’oreille musicale ? Parce qu’ils sont très pragmatiques et examinent chaque chose plus avec leur intelligence qu’avec le cœur.

Un jeune américain était invité chez son père. À son départ, son père lui a présenté une note avec le montant de ce que son fils lui devait pour son séjour. Le père disait : « Mon fils, tu as passé trente-trois jours à la maison, à raison de deux dollars par jours, tu me dois pour tout le séjour soixante-six dollars ». Le fils a pris la note, mais il a ajouté : « Papa, j’ai passé trois jours chez un ami ; si je soustrais six dollars de la somme totale, je te dois en tout soixante dollars ». Il a payé cette somme à son père et ils se sont séparés en toute amitié. Vous dites : « Les américains sont des gens cultivés ». Oui, ils sont cultivés, honnêtes et justes, mais ce n’est pas une vraie culture : lorsque le père cherche à se jouer de son fils, et le fils à se jouer de son père, ce n’est pas une culture ; lorsque le père attend des enfants qu’ils l’entretiennent et que les enfants attendent l’héritage de leur père pour vivre, ce n’est pas une culture.

Les peuples chrétiens d’aujourd’hui ont déformé l’enseignement du Christ, ils ne servent pas Dieu. Aujourd’hui on sert l’Église et non Dieu, aujourd’hui on fait des églises, on redore les icônes, on ouvre des banques, mais ce n’est pas substantiel, les vertus sont ce qui est substantiel dans la vie, elles doivent être ressemées et cultivées. Aujourd’hui le mensonge se propage partout, et pourtant les gens vont à l’église, le prêtre les oint. Vous dites : « Cet homme n’est pas un vrai orthodoxe ! » C’est risible de parler d’orthodoxie ; qui est orthodoxe ? Qui est mathématicien ? Le véritable mathématicien est celui qui résout bien les problèmes de la vie. Qui peut s’appeler astronome, physicien, chimiste, astrologue, sociologue ? Tout être qui comprend sa matière et résout correctement ses problèmes porte dignement son titre. Celui qui veut réorganiser la société doit comprendre les lois qui la gouvernent et les moyens par lesquels elle pourrait être réorganisée. Vous dites : « Nous avons décidé de réformer et nous n’avons pas à réfléchir ». Il faut réfléchir et beaucoup réfléchir. Que font les oiseaux ? Avant de pondre, ils réfléchissent où et comment faire leur nid, et c’est ensuite qu’ils pondent leurs œufs et les couvent. Voilà pourquoi, lorsque vous vous mettrez à réorganiser la société, vous réfléchirez d’abord et vous agirez ensuite. Il faut poser une limite nette entre l’ancien et le nouveau : l’ancien ne peut pas être rafistolé, la nouvelle vision et l’ancienne vision ne peuvent pas se concilier, les nouvelles et les anciennes vérités ne peuvent pas s’accorder. La vérité est une, on ne peut donc pas parler de nouvelle vérité et d’ancienne vérité ; celui qui parle de l’ancienne vérité ne comprend pas la loi divine : la vérité est une, immuable, elle est nécessaire à toute vie humaine.

« Heureux plutôt celui qui écoute la parole de Dieu, et qui la garde ». Par parole nous entendons la vie intelligente qui se manifeste dans des formes et des tonalités justes : dans cette vie, chaque tonalité, chaque mot ont leur sens bien déterminé. Selon la science occulte chaque mot a sa tonalité bien déterminée. Avez-vous fait l’expérience de prononcer un mot avec justesse pour voir le résultat ? Prononcez le mot santé et observez le résultat obtenu : si vous trouvez la tonalité du mot santé et que vous le prononcez trois fois devant un malade, il guérira nécessairement. Lorsque vous prononcez correctement les mots, vous vérifierez la force qu’ils contiennent ; comme l’eau du robinet qui passe par les intestins nettoie les impuretés sur une grande distance, de mêmes les mots correctement prononcés nettoient toutes les impuretés qu’ils croisent sur leur chemin. Tu dis : « Je veux être bien portant, pourvu que Dieu soit généreux ». Tu as fermé toi-même le robinet, mais tu attends que le Seigneur vienne Lui-même l’ouvrir ; puisque tu réclames la santé, le Seigneur te dit : « Apprends à prononcer correctement le mot santé ». Tu es malheureux : apprends à bien prononcer le mot heureux ; tu es bête : apprends à bien prononcer le mot sagesse. Tu veux être heureux, bien portant, intelligent, mais tu ne songes pas que ton bonheur, ta santé et ton intelligence dépendent de la bonne prononciation de ces mots.

Le mari dit à sa femme : « Je t’en prie, égorge une poule aujourd’hui et cuisine-la ; sais-tu comment la préparer ? – Je ne sais pas, chéri, montre-moi ». Il commence : « Tu vas égorger la poule, tu vas l’ébouillanter, tu vas la plumer, puis tu vas la vider, tu la rempliras de riz et de raisin sec, tu la cuiras avec du beurre et des oignons, et tu la laisseras refroidir ; tu feras attention à ne pas trop cuire la viande ». La femme suit les recommandations de son mari et s’y conforme. En revenant du travail, l’homme s’assoit à table et dit : « Dieu merci, ma femme a bien cuisiné ». Je dis : si le mari a eu la patience de tout expliquer, si la femme a eu la patience d’écouter son mari jusqu’au bout, pourquoi tous deux n’ont-ils pas la patience d’écouter comment s’acquiert le bonheur ? C’est une méthode, une loi qui se loge profondément quelque part dans l’âme humaine. Comment organiser votre vie si vous n’avez pas de bonheur, sans le bonheur la vie est une succession de déceptions, de difficultés et de souffrances, sans bonheur la vie n’a pas de sens. Ceci est valable pour vous et non pour les gens ordinaires ; combien de fois avez-vous trébuché sur les moindres épreuves ?

Le Christ dit : « Heureux plutôt celui qui écoute la parole de Dieu, et qui la garde ». La parole de Dieu inclut tout en elle, elle porte l’amour qui se manifeste dans la vie consciente uniquement, entre personnes conscientes ; dans la vie privée d’intelligence, il n’existe aucun amour. « Nous devons nous aimer ! » Si vous acquérez la vie consciente, vous vous aimerez : elle redresse d’un seul coup tout ce qui est tordu ; donc la venue de l’amour est précédée par la vie intelligente. Aujourd’hui, la plupart des gens se mentent. Pourquoi ? Parce qu’ils ne connaissent pas la vérité et l’amour ; celui qui prône, comme celui qui crée et celui qui écrit ne connaissent pas la vérité, mais tous en parlent : ils s’imaginent qu’ils la connaissent !

         Je vous relaterai un conte sur les gens qui se mentent à qui mieux mieux. Trois camarades sont partis ensemble à un moulin en portant dans leur sac du pain et un poulet grillé. Ils se sont mis à diner et ont jeté un coup d’œil au poulet, mais comme il leur semblait petit, ils ne savaient pas comment le partager. Ils ont finalement décidé d’aller dormir, et de laisser le poulet à celui qui aurait fait le plus beau rêve. Ils ont dormi une heure, puis ils se sont réveillés et se sont raconté leurs rêves. Le premier a dit : « J’ai rêvé que je me suis transporté au ciel parmi les anges. J’y ai vu des choses merveilleuses : des anges aux tenues blanches avec des couronnes de fleurs sur leurs têtes qui chantaient et jouaient de la musique ; quels chants, quelle mélodie ! » Le deuxième a dit : « Je me suis transporté sur la lune. Je peine à décrire ce que j’y ai vu : même si je vous le raconte des jours et des nuits entières, je n’y arriverai pas ». Le troisième a dit : « En voyant que le premier est parti au ciel et le deuxième sur la lune, j’ai pensé que vous ne reviendriez pas et j’ai décidé de manger seul le poulet. Je me suis levé, j’ai tout mangé et j’ai remercié pour le bon repas ».

         Aujourd’hui encore, certains nous racontent qu’ils sont allés au ciel, d’autres sur la lune et d’autres encore profitent des occasions pour bien boire et bien manger, mais aucune des trois catégories ne comprend le sens de la vie : les questions sociales doivent être traitées, la vie doit prendre sens. Il y a un seul moyen d’appliquer l’intelligence et ce moyen s’imposera : les gens vont s’épuiser et fondre jusqu’à devenir de l’eau et Dieu les passera par des filtres très fins pour les purifier ; c’est ainsi seulement qu’ils acquerront une pureté absolue, il ne restera d’eux aucune matière solide, aucune barbe, aucune moustache. Qu’est-ce qu’on entend par le mot eau ? Quelqu’un qui est pur dans sa pensée, ses sentiments et ses actes ; il est courageux et intrépide dans toute entreprise. Il n’y a pas de force plus grande que l’eau : elle est agile, plastique et mobile, où qu’elle passe elle fait un travail. Et pourtant les gens n’aspirent pas à devenir comme l’eau, ils disent : « Sois coriace, dur comme le fer », ils ne comprennent pas encore les qualités de l’eau. On devient coriace et dur comme le fer et la pierre, mais cela ne donne rien : lorsqu’on se dessèche, on devient dur, on perd sa plasticité et on dit : « Cela ne peut pas me rentrer dans la tête ». C’est parce que tu as commencé à te dessécher. « Je ne peux plus aimer » ; tu es déjà desséché. Deviens de l’eau et dis : « Je peux tout faire, je peux monter, je peux aussi descendre », c’est cela se montrer héroïque.

         Lorsque je dis que vous devez vivre selon les exigences de la vie intelligente, vous répondez : « Vivre ainsi, c’est mourir de faim ». Quelle que soit votre façon de vivre, vous mourrez affamés ; le jour viendra où votre gorge se desséchera et n’absorbera plus rien, et vos yeux se refermeront. C’est vrai que vous mourrez affamés, mais parce que vous marchez sur le mauvais chemin ; sur ce chemin vous tomberez sur des potences, des geôles. Et ensuite, on ose parler d’ordre et de discipline ! Là où il y a des souffrances et des maladies, des potences et des geôles, il n’existe ni ordre ni discipline : c’est un monde d’anarchie. Il est dit dans la prière divine : « Que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel ». Aspirez au Royaume de Dieu, au monde divin, le monde des humains ne vous donnera rien : ni gloire ni reconnaissance. Le Christ dit : « Ne cherchez pas de gloire auprès des humains, mais auprès de Dieu ». Cela fait sens de chercher la gloire auprès des gens doués de raison qui se nourrissent de pensées et de sentiments purs et sublimes ; cela ne fait pas sens de chercher la gloire auprès de ceux qui ne vivent que pour eux. Le Christ dit : « Heureux plutôt celui qui écoute la parole de Dieu, et qui la garde ». La vie intelligente est dans la pureté et la santé ; donc l’être intelligent doit être pur et bien portant.

         Dans le passé lointain, un roi avait une fille considérée comme très intelligente, mais en revanche excentrique et caractérielle. Elle connaissait bien les lois occultes et pouvait se transformer jusqu’à prendre sept visages différents. Lorsque le premier candidat à sa main, également fils de roi s’est présenté, elle lui est apparue comme une peau-rouge. Il l’a regardée longuement jusqu’à se dire : « Cette jeune fille n’est pas pour moi ; elle s’est dit : « Il n’est pas pour moi non plus, il ne m’a pas reconnue ». Le deuxième prétendant s’est présenté et elle lui est apparue comme une très belle noire, aux traits arabes et avec des lèvres pulpeuses. Il l’a regardée, mais il s’est dit : « Cette jeune fille n’est pas pour moi ». C’est ainsi que six candidats sont passé à la suite, mais personne ne l’a trouvée à son goût. Lorsque le septième, le bon candidat s’est présenté, elle lui est apparu avec ce visage avec lequel elle se présentait à Dieu : il a reconnu sa bienaimée.

         Maintenant, vous aussi vous cherchez la vérité, mais elle ne vous plaît pas. Pourquoi ? Parce qu’elle vous apparaît dans des couleurs différentes : rouge, noire, jaune, verte, bleue, mais ce n’est pas la vérité que votre âme cherche. Lorsque vous verrez la vraie fille royale au visage blanc, vous connaîtrez la vérité ; vous vous transformerez au point d’être le premier surpris : une telle transformation s’opérera en vous que personne n’osera prendre votre place, le monde vous paraîtra comme une décharge et tout ce qui vous a troublé vous semblera simple comme bonjour et votre vie se transformera.

         J’observe souvent les fourmis et d’autres insectes, et je tire des conclusions. Certains insectes trouvent des excréments sur leur chemin et commencent à les rouler jusqu’à ce qu’ils deviennent de petites boules avec lesquels ils jouent : ils les poussent tantôt des pattes avant, tantôt des pattes arrière. Celui qui me voit en train d’observer ce jeu se dira : « Observer le jeu de ces insectes, n’est-ce pas une perte de temps ? » Parfois les humains, hommes et femmes font de telles petites boules avec les impuretés sur la route et ils jouent avec : le monde invisible trouve ces occupations bizarres ! Quelqu’un fait des études et devient riche et célèbre. Pourquoi ? Pour grimper sur l’échelle sociale, devenir évêque, patriarche ou tzar. Le sens de la vie ne se trouve pas dans la haute position sociale, mais dans la santé, l’intelligence, la bonté, la reconnaissance de ce que nous avons : tu manges, sache pourquoi tu manges ; tu joues, tu danses, sache pourquoi tu joues et tu danses ; chaque action doit être pensée. Que disent les médecins sur le repas, quelle nourriture manger ? Combien d’heures par nuit faut-il dormir ? Autant de médecins, autant d’avis différents sur la question de l’alimentation et du sommeil, aucune expérience n’a donné de résultat absolu. Lorsque nous abordons la question de l’Église, nous nous heurtons de nouveau à des avis particuliers : « L’Église orthodoxe considère qu’elle est la plus docte et dit : « Crois en Christ pour être sauvé, toi comme ton foyer ». L’Église évangélique dit : « Crois en l’Évangile ». Les musulmans disent : « Crois dans le Coran ». Je demande : où est la vérité, de combien de manières peut-on être sauvé ? Par un seul moyen, par le chemin de l’amour, nous sauvons les gens par le biais de l’amour.

         Je dis : aime le Seigneur avec tout ton cœur, toute ton âme, toute ta pensée et toute ta force et tu seras sauvé, toi ainsi que ton foyer, ton peuple et toute l’humanité. Aime le Seigneur et fais passer l’amour par tout ton être, tu seras alors non seulement sauvé mais tu deviendras héritier du Royaume de Dieu. Tu demandes : « Suis-je sauvé ? » Mon diagnostic est facile à établir ; je te demande : « Est-ce que ton amour entre dans ton cœur, ton âme, ta pensée et ta force ? » Tu dis : « E-e-e » ; tu sais utiliser seulement la troisième personne du singulier du verbe être[2] – ce e est un lien, trouve deux autres mots, relie-les avec le verbe e pour former une phrase. Chacun peut se servir de cette formule. « Est-ce que je veux entrer dans le Royaume de Dieu ? » Vois si l’amour est entré dans ton cœur, ton âme, ta pensée et ta force ; si c’est le cas, tu entreras dans le Royaume de Dieu. « Est-ce que je ressusciterai ? » Vois si l’Amour est entré dans ton cœur, ton âme, ta pensée et ta force ; si c’est le cas, tu ressusciteras, sinon quoi qu’on te prêche, tu ne ressusciteras pas. Du point de vue divin c’est la grande vérité, et de ce point de vue, quel que soit votre amour, il doit pénétrer tout votre être.

         Notre parti vient d’en-haut et nous allons tous nous transformer en eau. Lorsque viendront les communistes, ils prendront les maisons, vos propriétés, tout ce que vous avez ; lorsque nous viendrons, nous transformerons le monde en eau, nous purifierons les curés et les évêques, et les communistes, nous mettrons tout sous le même dénominateur ; ensuite nous créerons de nouvelles espèces de poissons, d’oiseaux, de mammifères et enfin nous créerons le Nouvel homme que nous mettrons de nouveau au Paradis. Nous avons un programme prodigieux. Les barbes, les moustaches, les os, les muscles, les estomacs, les poumons d’aujourd’hui, tout se transformera en eau. Nous sommes des gens dangereux, les plus dangereux dans le monde. Nous avons déjà reçu le dernier télégramme du soleil : ils ont pointé de là-bas leur artillerie vers la Terre, ce qui va radicalement transformer les esprits, il ne restera aucune tête non mûre sur terre.

         En Inde, on croise un certain type d’éléphants connus pour leur extrême entêtement ; les hindous ont trouvé le moyen de les faire céder : ils les font se retourner sur le dos et rouler plusieurs fois par terre ; ils deviennent si doux qu’ils sont méconnaissables. Dieu agira de même avec tout le monde : Il les attrapera tous un par un : hommes, femmes, prêtres, prédicateurs, enseignants, magistrats, et Il les fera rouler par terre, les retournera plusieurs fois et les plongera dans l’eau. Tous diront : « Seigneur, nous T’avons reconnu ! » Il n’y a pas de propriété privée dans l’eau. « Serons-nous témoins de cette époque, vivrons-nous jusque-là ? » N’attendez pas ce moment, ne commettez pas l’erreur qu’a faite la femme de Tolstoï : il y a des dizaines d’années, Tolstoï a prédit ce qui adviendra en Russie, il disait à sa femme : « Distribuons notre fortune et isolons-nous quelque part pour vivre une vie pure et discrète, et accomplir la volonté de Dieu » ; elle répondait : « Distribue ta fortune, moi je m’y refuse ». Mais trente ans plus tard, la prédiction de Tolstoï s’est réalisée.

         Vous aussi, je vous dis maintenant : ne restez pas inactifs, mais préparez-vous. Vous dites : « Nous sommes prêts, lorsque le temps sera venu, nous accomplirons la volonté divine ». Ce n’est pas cela être prêt. Lorsque je prêche de la sorte, je ne veux pas que vous quittiez le monde, mais je prêche un Enseignement par lequel comprendre le sens profond de la vie divine et échapper aux souffrances inutiles : la vie terrestre est une partie microscopique de la grandiose vie divine, et c’est pour cette raison que nous devons nous préparer pour le monde divin grandiose et devenir des citoyens en son sein.

Le Christ dit : « Heureux plutôt celui qui écoute la parole de Dieu, et qui la garde ». Celui qui a une expérience et un vécu de l’autre monde, même s’il est malade, il pourra faire face à sa maladie : les anges du monde invisible le visiteront et lui enlèveront toute douleur, tout chagrin et découragement. Aujourd’hui, les humains craignent tout et n’importe quoi : le mari craint d’être quitté par sa femme, la femme craint d’être quittée par son mari. Pourquoi ont-ils peur, qui les a unis ? Le lien mercantile n’a pas d’existence, seul le lien de l’amour est éternel et indestructible : si vous êtes unis à l’amour divin aucune force au monde n’est capable de détruire ce lien ; si vous n’avez pas ce lien, tout se réduira en cendres et en poussières. Allez au cimetière pour voir comme tout y est en cendres et en poussières, voulez-vous vous-aussi expérimenter cela ? C’est ainsi qu’a parlé le Christ à ceux qui l’ont compris et qui aspiraient à la vie future, il leur conseillait d’accueillir l’amour par le Verbe ; si vous accueillez l’amour de cette façon, vous résoudrez correctement les questions de la vie et vous fixerez ainsi vos rapports envers les autres.

         L’amour se manifeste par des milliers de formes, mais vous devez être sincères envers lui : si j’attrape une poule avec l’intention sincère de la caresser, je dois exprimer mes sentiments de façon qu’elle s’avance librement vers moi, sans aucune crainte ; si je l’attrape et je la caresse alors qu’il y a en moi un désir de lui couper le cou, cela n’est pas digne de moi en tant qu’homme. Si je croise une jeune fille belle, mais misérable, et si je lui rends service, mais qu’apparait en moi le désir d’en profiter, c’est un comportement indigne et malhonnête : le service rendu est annihilé. L’amour ne tolère pas deux manifestations, deux compréhensions ou deux désirs opposés : toutes nos pensées, tous nos sentiments et tous nos actes doivent respirer la pureté et la sincérité ; l’amour tolère seulement l’accomplissement de la volonté divine.

         Vous m’écoutez maintenant, mais lorsque vous rentrerez chez vous, vous vivrez à l’ancienne. Je vous donnerai une nouvelle méthode de travail : prenez le substantif amour et déclinez-le dans toutes ses formes ; puis prenez le verbe aimer et conjuguez-le à tous les temps : présent, passé, futur ; faites cet exercice chaque jour. Vous dites : « Nous aimons le Seigneur ». Oui, mais si le Seigneur vient sur terre, la première chose que vous ferez est de vous plaindre que les autres ne vous aiment pas et ne vous comprennent pas. Qu’en pensez-vous, est-ce que le Seigneur sera content de vous ? Lorsque le Seigneur viendra, dites-Lui : « Seigneur, je suis content que tu m’aies donné de bonnes et de mauvaises conditions de vie pour apprendre la loi de l’amour ». Mais que faites-vous ? Vous ouvrez chaque jour les vieux calepins et vous dites : « Ivan m’a coûté mille levas en nourriture ; lorsqu’il était au pouvoir, Dragan m’a offensé ; Stoyan m’a trompé ». Vous réexaminez chaque jour vos vieux comptes et vous vous croyez cultivés. Allez à Sofia ou dans n’importe quelle autre grande ville européenne pour voir que tout se résume à une seule chose : comment se jouer de l’autre ; ce n’est pas une attitude de gens cultivés et spirituels. Peu sont ceux qui pensent du bien des autres. Le savant cherche à trouver des gaz asphyxiants pour faire périr le plus de monde possible, ou à inventer des armes qui ont la plus grande portée possible : toutes les nouvelles inventions ont pour objectif d’anéantir l’humanité. Nous devons dire : « Assez, mon frère, nous sommes rassasiés de ces inventions ! » Toutes les inventions redoutables doivent se transformer en bien.

Vous dites : « Est-ce à nous d’arranger le monde ? » N’est-ce pas vous qui l’avez abîmé ? Vous allez réparer ce que vous avez abîmé. Est-ce que les Bulgares ont une idée de tout ce qu’ils ont déréglé ?  « Comment, est-ce possible ? » Les malheurs des Bulgares dans le passé et le présent sont le fruit de la haine qu’ils nourrissent envers les grecs ; cette haine a corrompu beaucoup de bonnes choses. Le Bulgare a du caractère et de la force, et le grec a de l’intelligence ; avec ces qualités ils maintiennent leur haine mutuelle l’un envers l’autre. Lisez l’histoire et vous verrez que la même chose se répète aujourd’hui, mais la haine ne peut pas résoudre les questions sociales importantes. Certains disent : « Soyons nationalistes ». Le nationalisme ne résout pas non plus les questions. Chacun a ses propres intérêts personnels ; ces intérêts se doivent d’être communs à tous, la société est un organisme qui a besoin de l’appui de toutes les forces : individuelles et collectives. De même pour l’organisme humain : si on renforce une qualité ou un organe au détriment d’un autre, on crée une dysharmonie dans son organisme. Voilà pourquoi le monde invisible ne peut pas regarder avec indifférence l’élévation d’un peuple au détriment d’un autre ; et maintenant les grecs aussi rachètent leurs péchés.  

Ainsi, l’ancien avec lequel vous cohabitez maintenant se transformera en eau. Je vous le dis en arrondissant les angles, mais l’apôtre Pierre dans son message dit que tout sera passé par le feu[3], c’est-à-dire que tout sera fondu ; je parle d’Eau et Pierre parle de Feu. Ceux parmi vous dont la conscience supérieure est éveillée et qui veulent vivre comme des êtres rationnels, qu’ils travaillent avec l’amour, qu’ils déclinent le substantif amour et qu’ils conjuguent le verbe aimer. En faisant cet exercice, observez si les gens autour de vous deviennent meilleurs ou pires ; en travaillant avec l’amour, vous allez d’abord constater une certaine amélioration, suivie d’un rechute, suivie d’une plus grande amélioration, suivie d’une plus grande rechute ; ainsi apparaitront des crises : tantôt de grandes améliorations, tantôt des rechutes jusqu’à atteindre un état final de santé robuste. Ceux parmi nous qui ont emprunté le droit chemin disent : « Nous étions autrefois tranquilles alors qu’à présent nous sommes nerveux et angoissés ». Cela est dû à l’amour qui réorganise vos cœurs et vous rend plus sensibles, et au Verbe intelligent qui travaille en vous. « Nous pouvons plonger dans la misère ! » Ne craignez pas la misère, il n’y a pas de misère dans le monde, Dieu met les humains dans cet état de façon transitoire pour qu’ils reconnaissent leurs amis. Étant riche, tu reconnaitras tes ennemis ; c’est en cela que réside la résolution des problèmes sociétaux contemporains. Aujourd’hui tous les européens règlent leurs comptes avec leurs ennemis, c’est la première phase de la vie : à l’Église, dans les sociétés religieuses et laïques, partout les gens luttent car ils ont des ennemis ; un peuple combat un autre car ils sont riches et ont des ennemis ; jusqu’à quand se battront-ils ? Jusqu’à replonger dans la misère. Une fois pauvres, ils diront : « Frères, assez de combats, nous pouvons vivre autrement ». On peut vivre différemment, mais il faut avoir la foi.

Les gens cultivés d’aujourd’hui, croyants comme incroyants finissent par perdre leur vie : ceux qui croyaient en Dieu, mais n’ont pas accompli Sa volonté n’ont rien fait ; ceux qui ne croyaient pas en Dieu et n’ont pas accompli Sa volonté n’ont rien fait non plus. Pourquoi ? Parce que les uns comme les autres accomplissaient leur propre volonté. À mon avis, les uns comme les autres sont croyants, mais ils croient en eux-mêmes : il n’y a pas de plus grands incroyants que les religieux, il n’y a pas de plus grands incroyants que les prêtres, les évêques, les prédicateurs, les brahmines, les mères et les pères. Toutes les maladies qui rongent l’humanité d’aujourd’hui sont le résultat d’une pensée humaine erronée. Vous croyez en Dieu, mais votre foi ne détermine pas précisément où est Dieu : les uns disent que Dieu est au Ciel, d’autres qu’il est en vous. Qu’il soit en haut au Ciel, je le sais ! Qu’il soit en vous, je le sais aussi, mais Il y est enfermé, Il dort et attend que vous Lui ouvriez la porte. Dieu frappe à la porte, mais vous dites : « Seigneur, attends un peu que je m’apprête, que je m’habille ! » La femme dit : « Seigneur, attends un peu, je me suis disputée hier soir avec mon mari ! » Le mari dit : « Seigneur, attends un peu, je me suis disputé avec ma femme ! » Le marchand dit : « Seigneur, attends un peu que je vérifie mes vieux calepins ! » Le Seigneur répond à tous en même temps : « Il ne reste pas de temps, démolissez tout ce qui est ancien : hommes, femmes, prêtres, marchands, vous vous transformerez tous en eau, c’est le seul moyen de redresser le monde ».

Mon désir est que vous deveniez tous de l’eau, que vous soyez purs et cristallins comme l’eau, que lorsqu’on en boit, on dise : « Voici en quoi réside la vie ». Je souhaite que cette eau passe par toutes les âmes, qu’elle les lave et qu’elle les élève. Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Les gens se rencontrent et se craignent les uns les autres : l’homme craint la femme, la femme craint l’homme, le marchand craint son associé. Tu dis de quelqu’un : « Il est menteur, voleur et truand ! » Il vaut mieux dire : « Mon ami, tous les deux, nous volons et nous mentons, redressons-nous ! » Tu dis : « Je suis plus noble que lui ! » Comment se manifeste ta noblesse ? Si tu vas de l’autre côté et que Dieu déroule le film de tes existences précédentes, sais-tu ce que tu y verras ? Tu verras les images les plus affreuses jamais vues ; voilà ce qu’est la vie humaine. Certains disent : « Nous sommes très bons, nous allons d’une manière ou d’une autre arranger nos affaires ». Les affaires ne s’arrangent pas si facilement ; il faut une fois pour toutes mettre l’amour dans les cœurs, les âmes, la pensée et la force, emplir tout son être d’amour.

Le Feu vient. Celui qui n’a pas d’amour sera consumé, rien n’en restera, et rien ne restera des pays européens dans quelque temps ; vous vérifierez ce que je vous dis, seul l’amour vous sauvera. Les paroles du prophète seront entendues : rien ne subsistera des plans de la politique européenne, les diplomates européens doivent le savoir ; rien ne subsistera des religions et des églises d’aujourd’hui, « il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. »[4] L’amour détruira tout ce qui est ancien, ensuite nous commencerons à bâtir.

Les gens d’aujourd’hui disent : « Prions pour les armes, prions pour la bonne issue de la guerre et pour améliorer notre situation matérielle ». Une telle prière n’est plus recevable. Quiconque se dit Bulgare, doit avoir quelque chose de divin en lui ; s’il n’a rien de divin, c’est une forte tête comme disent les grecs. Celui qui n’a pas d’amour dans son cœur, dans son âme, dans sa pensée et son esprit, n’est pas un véritable homme : il a une forte tête qui ne lui permet pas raisonner.

Écoutez mes amis, je ne vais plus vous parler de la sorte à l’avenir. Si vous m’écoutez, vous gagnerez et vos affaires iront bien ; si vous ne m’écoutez pas, dès demain vous vous transformerez en eau. Vous dites : « Nous sommes encore jeunes ! » Vous tous : pères, mères, vous devez devenir jeunes, purs, beaux comme des anges et ne pas tuer les gens lorsque vous les rencontrez ; lorsque vous rencontrez l’ennemi, vous le frappez avec un obus dans la poitrine, avec un boulet de canon dans la tête, et de gré ou non il dira : « Je suis des vôtres ». Nous aussi maintenant nous agirons avec un boulet de canon et nous n’épargnerons personne, et vous verrez comme vous voterez pour nous ; il y aura maintenant un boulet de canon pour tous les hommes et toutes les femmes, frères et sœurs, pour toutes les sociétés et tous les peuples, c’est ce qu’a décidé le monde invisible. La sécheresse que vous avez en ce moment est un début, un prélude à ce qui vous attend : les humains comprendront que le monde invisible détermine la vie et les évènements dans le monde visible. On dit depuis le monde invisible : « Les rations que les gens ont en ce moment sont grandes, il faut leur donner moins ». Je prévois que les gens auront moins de pain que maintenant, et dans dix ans ils en auront encore moins. Je ne veux pas vous faire peur, mais je dis ce qu’apportera la loi qui œuvre en ce moment sur la terre. Il est temps que la loi de l’amour commence à travailler pour que tout le monde puisse ensemble tirer profit des biens dans le monde. Les biens que la terre donne : le blé, les pommes, les poires sont des biens divins, et le labeur est humain : voilà pourquoi le labeur doit être partagé entre tous comme un bien commun. L’amour résoudra ce problème. Comment ? En écoutant le Verbe divin et en le gardant ; je veux que vous vous atteliez tous au travail. Vous dites : « Nous avons un avis particulier ». Laissez l’avis particulier de côté, prêtez-vous à l’expérience.

Maintenant, en rentrant chez vous, vous vous direz : « Pourquoi sommes-nous allés voir cet homme, il dit des choses si effroyables, nos cœurs sont troublés, nous avons perdu notre paix ». Je ne veux pas vous effrayer ni vous envoyer à la potence, et je ne suis pas non plus un clown pour vous amuser, mais je dis : rebroussez chemin car il vous mènera vers une issue fatale ; Dieu et la Nature ne changeront pas leurs lois pour vous, c’est à vous de vous soumettre à ces lois. Si vous travaillez intelligemment, vous entrerez dans la vie intelligente.

Désormais, que celui qui vient auprès de moi lise l’écriteau à ma porte, il y est écrit : « Si tu viens à moi avec deux visages, je ne t’accueille pas ; si tu ne portes pas l’amour dans ton cœur, ton âme, ta pensée et ton esprit, je ne t’accueille pas ». Tu dis : « Veux-tu me soigner ? » Est-ce que l’amour a pénétré tout ton être ? – E-e-e… »   Ne dis pas « e-e-e », mais dis plutôt : « Dieu est amour, l’amour a pénétré mon cœur, mon âme, ma pensée et mon esprit ». Si tu dis cela, viens auprès de moi pour être soigné, et si tu as faim, je te nourrirai en vertu de la même loi. D’où viendra la nourriture n’est pas ton problème, n’aie crainte ! Il y a parmi vous beaucoup de peureux, mais j’ai préparé un boulet de canon pour les hommes et les femmes, et je vais sévir avec lui sans ménagement, vous n’en reviendrez pas ! N’avez-vous pas vu comment je frappe tel Krali Marko[5] ? Il suffit que je frappe une seule fois pour vous entendre dire : « Je T’ai reconnu Seigneur, l’amour demeure en mon cœur, mon âme, ma pensée et mon esprit ».

Pour exprimer son amour envers son mari, la femme dit : « Viens chéri, que je te donne un baiser » ; le baiser n’est pas une expression d’amour : tu deviendras de l’eau, toi et ton mari. Le nouvel enseignement dit : « Les Bulgares doivent comprendre que le chemin du salut est dans l’absolue pureté de la vie ; s’ils comprennent l’enseignement ainsi, c’est bien ; sinon, c’est bien aussi ». Comprenez-moi au moins vous qui m’écoutez, expérimentez ce que je vous dis, voilà ce que veut le Christ Vivant que je vois. « Comment le vois-tu ? » Sur un cheval blanc, accompagné de serviteurs armés ; celui qui sera frappé par eux retrouvera aussitôt la raison. Vous dites : « Dieu n’est-il pas amour, pourquoi nous frappe-t-Il avec une arme ? » L’arme n’est-elle pas de l’amour ?

Maintenant, quand je vous parle, je ne me fais pas d’illusions, mais je suis convaincu que vous y arriverez, chacun de vous a travaillé, sinon maintenant, du moins par le passé. Rappelez-vous l’écriteau à ma porte : « Je n’accueille pas quelqu’un avec deux visages, je n’accueille pas quelqu’un sans amour dans son cœur, son âme, sa pensée et son esprit ». Si une personne qui à deux visages se présente à moi, je le frapperai et il n’osera pas entrer une seconde fois. Appliquez la même loi, mettez le même écriteau à votre porte, écrivez : « Je n’accueille personne s’il a deux visages, je n’accueille personne sans amour » ; si une telle personne se présente, frappez-la : sévissez selon toutes les règles de l’amour.

Deux individus d’une région de Turquie sont venus vendre du tabac. En passant à côté d’une vigne, l’un d’eux a dit : « Faisons un détour, ramassons un peu de raisin, je sais parler bulgare, j’entendrai et je comprendrai de loin si quelqu’un nous repère – Si tu entends quelqu’un dire « Frappe-le ! », enfuyons-nous ». Ils se sont mis à ramasser du raisin. À un moment le gardien les a aperçus, il a pris un grand bâton et a dit : « Attends que j’aille les foudroyer ces voleurs. – Eh ! s’est dit celui qui croyait bien parler le bulgare, je n’ai pas compris le mot foudroyer, je ne connaissais que le mot frapper. »

Il y a dans l’amour d’autres mots comme « foudroyer ». Vous connaissez tous le mot frapper, mais il y a un autre mot : foudroyer. Lorsque tu viendras jusqu’à la dernière phase de l’amour qui peut se définir par le mot foudroyer, tes yeux s’ouvriront. Si vous entrez dans le monde divin et que vous faites ce qui vous chante, le gardien viendra et dira : « Je vais le foudroyer ! » Vous dites : « Ici aussi il y a la foudre ». Oui, on va foudroyer les uns et les autres, jusqu’à ce que le monde entier se transforme en eau pure, et se redresse.

Le Christ dit : « Heureux plutôt celui qui écoute la parole de Dieu, et qui la garde ». Je souhaite aussi que vous gardiez le Verbe et que vous soyez utiles à vos frères. Soyez courageux et déterminés et ne dites que la vérité. Si vous parlez seulement de l’amour qui emplit votre cœur, parlez de l’amour du cœur ; si l’amour emplit seulement votre âme, parlez de l’amour de l’âme ; si l’amour emplit seulement votre pensée, parlez de l’amour de la pensée ; si l’amour emplit seulement votre esprit, parlez de l’amour de l’esprit. En général, ne parlez que de ce que vous avez expérimenté ; ne parlez pas de choses que vous n’avez pas éprouvées, ni vécues.

« Écoutez la parole et gardez-la ». C’est le Verbe vivant, c’est l’Esprit, c’est le Christ vivant qui exige de tous l’amour, porteur de la vie éternelle.

Sofia, 10 avril 1921

 

[1] Proverbes 15, 1

[2] e en bulgare désigne « est » en français (le verbe être à la 3ème personne du singulier)

[4] Marc 13, 2

[5] Krali Marko – personnage légendaire bulgare du temps du joug ottoman, doué d’une force physique fabuleuse, lui permettant de venger les populations bulgares opprimées, face à l’occupant turc.

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