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1919_06_01 La pierre rejetée


Ani
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La pierre rejetée

« La pierre qu'ont rejetée ceux qui

 bâtissaient est devenue la principale de l'angle. »[1]

Marc 12 :10

Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant dans une pierre rejetée ? Vous me demanderez : « Quel contenu, quelle philosophie y a-t-il dans une pierre rejetée ? » Il y a ainsi des millions de pierres rejetées partout en Bulgarie : lorsqu’on bâtit une maison, on laisse de côté des quantités de pierres. Le malheur est précisément dans la grande quantité de ces pierres qui représentent une entrave à la vie. Lorsque vous lirez le chapitre entier, vous comprendrez le rapport qui existe entre le verset lu et les autres versets, et vous comprendrez pourquoi ces mots sont prononcés. S’il n’y avait pas de maçons, on ne parlerait pas de cette pierre, les fautifs sont donc les maçons ! Lorsqu’ils bâtissent une maison, ils amassent des pierres, les brisent, puis ils en délaissent une partie. Le mot pierre désigne donc un processus de construction.

Ceux qui s’occupent de sciences positives disent que toute chose doit être palpable, visible, réelle. Mais toutes les choses perceptibles ou prouvées ne sont pas nécessairement réelles et authentiques. Il y a des milliers de choses dans le monde qui ne sont pas prouvées, mais elles sont authentiques. Il y a des milliers de philosophes dans le monde sur lesquels on ne sait rien, mais ce qu’ils ont dit est juste ; il y a aussi ceux que le monde connaît, mais dont la philosophie n’est pas juste. Lorsque je lis un livre de philosophie, j’enlève cinquante pourcents de sa véracité, puis encore vingt-cinq pourcents et je ne réfléchis que sur les vingt-cinq pourcents restants.

Le nombre 25 pour moi est très substantiel, c’est une norme avec laquelle je mesure toutes choses. Vous pouvez me rétorquer que les jours et les nuits se mesurent par un cycle de vingt-quatre heures, mais en réalité la terre ne fait pas sa rotation en vingt-quatre heures précisément, mais en environ vingt-cinq heures. Le nombre 25 ne se rapporte pas uniquement à la terre, mais aussi à la vie des humains. Je réduis ce nombre comme les enfants le font. Le nombre 25 est composé des chiffres 2 et 5 dont la somme fait 7.  Nous avons donc trois chiffres : d’abord 2, puis 5, et enfin 7. Vous direz : « Comme si nous ne savions pas ce qu’est le deux[2], nous le connaissons depuis la période scolaire ! » Tous les élèves et tous les étudiants, le monde entier pleure à cause du deux. Toutes les souffrances, toutes les misères, les péchés, la destruction et la création des mondes, tout commence par le chiffre 2. Vous avez un fils noble, pur et virginal, et vous avez tout mis en œuvre pour bien l’éduquer et l’instruire, mais une jeune fille ne le quitte pas des yeux et veut s’unir avec lui, car le deux sans le un est un reflet du un.

Chaque nombre a son reflet. En étudiant l’astronomie vous voyez qu’il y a là aussi certains reflets. En physique aussi il y a des reflets, par exemple la lumière de la terre est un reflet, c’est l’ombre de la lumière, constituée de milliards de vibrations. Maintenant, vous étudiez uniquement les choses qui contiennent des vibrations, autrement dit, vous étudiez seulement les ombres des reflets. La place des ombres est là où il y a du mouvement. Je ne dis pas que les ombres ne sont pas réelles, mais elles sont transitoires. Une ombre peut nous servir temporairement, mais vous ne pouvez pas l’utiliser comme fondation de votre vie.

Pourquoi précisément les nombres 2 et 5 ont-ils le même rapport à nous ? Le nombre 5 est la somme de 2+2+1. Donc, le mental humain n’est rien d’autre que deux femmes mariées à un homme. Le mental humain discute avec ses deux femmes en trouvant un terrain d’entente avec la première, mais non avec la seconde. C’est un État avec deux partis : l’un conservateur, l’autre démocratique. Les occultistes appellent le premier l’intelligence supérieure ou Manas supérieur et l’autre, l’intelligence inférieure ou Manas inférieur. Je l’appelle pour ma part l’intelligence des deux femmes, mais une telle intelligence est, selon les règles actuelles de l’Église, vouée à l’excommunication. Certains disent : « Anoblissons et élevons notre esprit », oui, mais il doit pour cela apprendre à vivre avec une femme seulement. Combien en restera-t-il alors ? Lorsqu’on soustrait 2 de 5 il reste 3, c’est le nombre avec lequel nous pouvons démarrer notre vie.

Un homme et une femme sont capables de se quereller, mais lorsque deux femmes se mettent à se quereller, il n’y a rien de pire. Pour le vérifier, lisez l’histoire de Jacob qui a épousé les deux filles de Laban, la plus grande et la plus petite ; examinez leurs relations. Jacob avait douze fils, le onzième était Joseph. Pourquoi ont-ils vendu Joseph qui était le onzième et pas un autre ? Vous direz : « C’est une coïncidence ». La coïncidence est une loi karmique, une loi qui mesure l’action. Je ne m’arrêterai pas pour expliquer pourquoi Joseph devait être vendu. Il y avait parmi les fils de Jacob cette pierre qui devait être la pierre d’angle, mais les maçons l’ont rejetée. Joseph a été vendu par ses frères, mais il est devenu par la suite la pierre angulaire. Au temps de la grande famine sur les terres du Hana, Joseph était le plus grand notable en Égypte et il a sauvé beaucoup de gens de la famine, dont ses frères. Ce n’est pas seulement une histoire pour les juifs, mais une histoire universelle. Les malheurs dans chaque maison sont dus au rejet de cette pierre, elle est le nombre 11.

Qui des deux femmes reste à la maison ? Celle qui a le plus d’intelligence et le plus de sens pratique, mais pour moi ce n’est pas la plus vertueuse. La femme vertueuse est toujours prête à céder sa place aux autres. La société moderne, les maisons d’aujourd’hui souffrent d’une dualité intérieure, car ces deux femmes luttent pour s’accaparer le mari : ces deux femmes convoitent le même homme. Vous savez comment les deux femmes de Jacob le corrompaient. Un jour le fils de Jacob avait été envoyé par sa mère pour chercher des champignons, et elle a dit à Jacob : « Ce soir je t’ai acheté avec des champignons et tu viendras donc chez moi ». Vous direz : « Peut-on acheter un homme par de tels procédés ? » Tous les hommes se laissent acheter ; dites-moi si durant cette guerre un seul homme est resté incorruptible ? Vous tous qui m’écoutez, hommes ou femmes, pouvez-vous déclarer la main sur le cœur que vous n’avez pas été achetés ? Je ne vous juge pas ainsi, mais j’énonce une vérité.

Dans un de ses poèmes Slaveykov[3] écrit : « Piécette d’or, piécette d’or, reine toute puissante, avec toi au paradis, sans toi en enfer ». Aujourd’hui, tous les gens pieux récitent : « Seigneur, Seigneur, Toi, notre piécette d’or, lorsque nous Te vénérons nous sommes au Paradis, mais si nous t’abandonnons nous sommes en enfer ». L’argent, c’est une femme qui pervertit la société moderne, c’est une maison de luxure. Et c’est vrai, tous les crimes aujourd’hui sont commis pour l’argent : la femme se marie avec l’homme pour son argent car il est fort avec des épaules robustes, ainsi il pourra l’aider à gagner son pain. Lorsque quelqu’un dit qu’il aime sur le plan des idées, il se leurre lui-même. C’est ainsi que le chat attrape la souris, pour les idées, et que le loup s’empare de la brebis. Jadis, lorsque le Seigneur a créé le loup, Il l’a envoyé garder les brebis et être leur berger. Le loup a d’abord commencé à utiliser leur laine, puis leur lait jusqu’à gouter leur chair. Pour ce dernier méfait, le Seigneur l’a chassé dans la forêt et a mis le chien à sa place qui aujourd’hui encore accomplit scrupuleusement sa mission.

Quelle est à l’origine cette pierre que les maçons ont rejetée et qui est devenue une pierre angulaire, comment comprendre cela du point de vue géométrique ? Pourquoi est-elle principale de l’angle et non pas principale de la ligne droite ? Vous qui avez étudié la géométrie, que direz-vous de la direction de cette principale, dans quel sens doit-elle être tournée : vers le haut, vers le bas ou sur le côté ? Si nous tournons cet angle vers le bas, nous avons un sens pour le mouvement ; si nous le tournons vers le haut, nous avons un autre sens pour le mouvement. Votre corps sans les mains représente cette pierre, et vos deux mains représentent l’angle. Je veux que vous utilisiez la géométrie vivante : l’être humain est édifié sur des bases géométriques. Vous pouvez demander : « Peut-on avoir un angle sans lignes droites ? » Non, c’est une loi. L’angle montre deux forces opposées qui agissent dans la même direction et ont un point central commun. Il y a toujours un espace entre ces forces, car étant hétérogènes il se forme entre elles un plan qu’on appelle angle en géométrie. Si les forces sont homogènes, elles iront sur une ligne droite. Vous direz : « Nous connaissons déjà toutes ces choses ». Non, vous ne les comprenez pas encore.

« Cette pierre que les maçons ont rejetée est devenue la principale de l’angle. » D’où a-t-elle été rejetée ? Il y a une légende qui raconte comment la pierre qui devait achever l’édifice de la grande pyramide de Gizeh en Égypte a été taillée au début, puis laissée de côté. Durant les siècles de construction de la pyramide les maçons passaient à côté de la pierre sans soupçonner sa prédestination. Lorsque la pyramide a été achevée, l’architecte en chef est venu poser au sommet de la pyramide cette pierre si longtemps rejetée. Cette pierre est devenue ainsi la principale de l’angle.

La pyramide montre l’évolution humaine. Cette pierre qui doit être posée au sommet pour achever l’évolution de l’être humain est charriée de gauche à droite ; aujourd’hui tous les philosophes charrient cette pierre. Connaissez-vous la taille de cette pyramide ? Elle contenait six millions de tonnes de matériau. Les gens qui étudient les ruines disent qu’il faudrait soixante mille machines pour déplacer ce matériel, chacune transportant cent tonnes. Imaginez les efforts que cette pyramide a couté à l’humanité ! Vous direz : « À quoi bon une telle pyramide ? » Elle a un sens profond car elle est l’emblème de l’homme contemporain, et dans ses mesures et proportions sont déterminés tous les évènements passés et futurs. Elle inclut toute l’astronomie. On peut y lire le présent et le futur de l’humanité, mais peu nombreux peuvent lire d’après elle car son langage est peu accessible.

De nos jours, certains érudits lisent un grand nombre de livres et commencent à penser qu’ils savent beaucoup : ne vous imaginez pas que vous savez quelque chose. Selon moi le véritable savoir est détenu par celui qui peut attraper et dompter la mort. Vous pouvez donc être philosophe, théosophe, mystique ou n’importe quoi d’autre, mais tant que la mort vous domine, votre science n’est pas positive et votre pierre est rejetée.

Les Écritures disent que la pierre est devenue la principale de l’angle. Lequel ? Celui de l’amour et de la sagesse dans le monde invisible. Dans la création du monde, dans tout le Cosmos, se cache un grand mystère. Vous pensez que seuls les gens d’aujourd’hui s’affrontent, que c’est seulement aujourd’hui qu’une telle hostilité règne. Ce qui se passe aujourd’hui est un reflet du passé. Cette hostilité, cette haine, cette incompréhension entre les gens n’est pas le produit du présent, mais celui du passé. Je peux le prouver avec un grand nombre de faits. Par exemple, quelqu’un tombe malade à cause d’une perturbation du cerveau ou de l’estomac ou d’autre chose ; cette maladie apparait maintenant, mais les raisons de sa manifestation sont là depuis cent, deux cents, mille ans ou plus. Les médecins affirment que cette maladie est là depuis tout au plus vingt ans. Ces maladies sont causées par des accumulations de dépôts inutiles qui déclenchent des réactions et créent une anarchie dans l’organisme, ce qui entraîne la fièvre, et nous voyons avec effroi la fièvre grimper de 38 à 39,5 degrés, 40 degrés, 40,5 degrés, 41 degrés, ce qui annonce la fin. « Quelle horreur ! » dites-vous. Je dis : il n’y a rien de mal, c’est juste une augmentation de la température. On peut rester vivant à 41 degrés, mais aussi à 100, 200, 2000 degrés, ou plus. Vous me demanderez : « Peut-on rester en vie tels que nous sommes à présent à de telles températures ? » Les gens d’aujourd’hui sont une caricature de l’humanité par l’état de leur organisme. Si vous aviez la possibilité d’examiner l’être humain sous un microscope spécial, vous verriez sa beauté.

Nous mélangeons dans notre esprit deux idées sur ce qui est matériel et sur ce qui est spirituel. Nous vivons sur le plan spirituel dans notre esprit, mais dès que nous avons mangé à satiété, nous disons : « Nous voilà bien aujourd’hui ». Demain, lorsque nous aurons de nouveau faim, nous recommencerons à nous inquiéter et penserons de nouveau au matériel. Lorsqu’elle a mangé la femme dit : « Dieu merci, je suis contente aujourd’hui, on n’a manqué de rien ». Je demande : Quelle science y a-t-il dans une vie pleine de manques ? Aujourd’hui, hommes, femmes, enfants rentrent dans la cuisine et disent : « Comme cela sent bon ! » Les évêques, les professeurs agissent de la sorte, mais disent ensuite : « Nous sommes des gens cultivés, spirituels ». Oui, des gens de la culture de la poêle et de l’huile. Certains demandent pourquoi je ne vous enseigne pas quelque chose de plus philosophique. Donnez-moi quelque chose de philosophique pour que je voie quelle est votre philosophie.

Je trace un cercle. Qu’est-ce qu’il représente ? Une grande idée par laquelle a commencé la Genèse : ce cercle montre comment le monde a démarré. Le monde est d’abord parti d’un cercle, sans centre, qui s’est ensuite déterminé de lui-même ; ou bien, ce principe originel s’est déplacé dans une direction, a fait un mouvement circulaire et s’est arrêté. Après ce premier mouvement, l’état originel s’est perdu et l’inaction s’est installée, ou encore une obscurité que les hindous appellent la période de Kali Yuga s’est instaurée. Quelque temps après, un petit point est apparu au centre de ce cercle, comme lorsque vous posez un compas au centre du cercle pour le tracer. Ainsi, cette force qui a déterminé d’abord les limites dans lesquelles elle va agir, entre au centre, élabore là son cercle pour former l’univers : c’est le Cosmos qui a été engrossé par une grande idée. Ce petit point est la chose importante.

         Vous vous dites : « Un petit point peut-il être si important ? » Oui, ces petits points font tout dans le monde. Par exemple une maladie se manifeste en vous, mais un petit bouton apparaît en même temps et vous distrait de cette maladie. Donc ce petit bouton concentre toute votre inquiétude. Lorsqu’une certaine harmonie nait en vous, un petit bouton doit aussi apparaître, un point. Vous voyez vos idéaux au centre, et alors vous dites que la vie à présent a du sens. Je dis : « maintenant votre vie a été engrossée par une idée ». Vous demandez : « Est-ce que les gens vivent seulement avec des idées ? » Oui, les gens subsistent avec la nourriture et vivent avec des idées. Il ne faut pas confondre existence et subsistance, ce sont deux situations différentes. Vous dites : « Est-ce que nous existerons ? » Y a-t-il eu un moment où vous n’avez pas existé ? Est-ce que la particule peut dire qu’elle n’a pas existé dans le tout ? Non ! Par conséquent, chaque particule existe dans le tout. Lorsque la particule est individualisée au sein du tout, alors commence son existence individuelle. Exister, c’est se manifester, du mot sanscrit sat qui signifie se manifester. Lorsque tu commences à penser, à agir, à faire le bien ou le mal, tu existes. De ce point de vue le bien et le mal dans le monde sont les deux forces agissantes.

         Le mal, c’est que les maçons rejettent cette pierre. Lorsqu’un individu rejette une grande idée de son esprit ou un désir de son cœur et lorsqu’un peuple rejette ses idées et se laisse acheter contre de l’argent, il perd. Si les autorités écoutaient les idéaux du peuple, ils ne feraient pas d’erreurs. Les autorités et le clergé qui s’individualisent pensent que le bien qu’ils font est en dehors de cette pierre. Non, vous pouvez bâtir tout le corps humain, mais si cette pierre reste en dehors, cela ne vaut rien. Vous pouvez être millionnaire, mais sans cette pierre vous êtes un homme sans tête, c’est-à-dire un homme sans une intelligence positive, une âme positive ou un esprit positif. L’intelligence, l’âme et l’esprit sont trois concepts différentes. Qu’est-ce qui est positif ? Ce qui évolue sans fluctuer. Le positif est maître de son destin et n’aspire pas à conquérir le monde. Il y a toujours un élan chez le positif à s’accorder à la grande harmonie qui existe depuis la nuit des temps. L’harmonie doit régner partout, entre hommes, femmes, enfants, dans tous les foyers. Certains disent : « Même sans harmonie entre moi et mon mari, nous pourrons toujours vivre ». Non, on ne peut pas vivre ainsi ; combien de personnes j’ai déjà vu fuir une telle vie !

         Savez-vous à quoi ressemblent ces hommes ? Un jour Nastradine Hodja conduisait chez lui dix ânes chargés de bois, mais une fois fatigués ils rechignaient à avancer. Il se demandait comment les faire repartir. Un passant lui a dit qu’il y avait un remède contre l’entêtement de ces ânes ; il lui a donné un piment et lui a dit de leur frotter le derrière avec. Nastradine Hodja a écouté le conseil et en effet les ânes sont repartis à la maison. Ne prenez pas cet exemple de façon péjorative. La même chose s’applique à vous : vous avez mal à la gorge, elle enfle et pour guérir, on vous prescrit un remède violent  ; vous le prenez et vous repartez chez vous. Pour atteindre un objectif, il faut vous administrer quelque chose d’amer, de piquant. Un mari qui s’est frotté aux pensées de sa femme fuit son domicile et va à l’auberge ou même s’enfuit à l’étranger. Ceci s’applique aux hommes comme aux femmes.

Je ne vous dis pas cela pour vous réprimander. Je prends le nombre 2 comme une forme : ce nombre existe en vous, là où il y a une certaine contradiction. Nous nous libérerons des contradictions dans la vie lorsque nous mettrons cette pierre comme pierre angulaire, car elle est la seule à relier l’amour et la sagesse afin qu’ils travaillent en profonde harmonie : c’est seulement par cette pierre qu’on peut modeler le corps, les poumons et tous les organes, et manifester ainsi l’être humain dans sa totalité. Dans la société actuelle, j’entends dire que le Seigneur redressera le monde. Je crois aussi que le Seigneur redressera le monde, la question est simplement de savoir si nous, nous pourrons redresser notre monde.

Lorsque vient le printemps, les fleurs s’épanouissent, les gens bien portants l’accueillent joyeusement et en souriant, alors que les malades accueillent le soleil et le printemps différemment. Le printemps si agréable pour les gens bien portants est un moment de nettoyage pour les malades ; et c’est vrai qu’ils traversent une crise en avril et en mai. Les Bulgares disent que les mois de mars, avril et mai épuisent les malades, alors qu’ils donnent de l’énergie et de l’élan aux bien portants. Nous sommes liés à toutes les forces qui agissent dans la nature car elles agissent aussi dans notre corps. Nous sommes les maçons qui rejetons cette pierre, cette compréhension raisonnée, et nous disons : « Il faut l’avènement d’un redressement global ». Ce redressement est comme le printemps, l’important est de savoir si moi je serai en état d’en profiter. Vous dites : « Il faut d’abord que l’humanité se redresse ». L’humanité s’est depuis longtemps redressée, mais les individus en elle ne se sont pas redressés, fussent-ils hommes ou femmes, sans distinction de titres, d’érudition et de savoir. Je dis que tous manquent de quelque chose. Tant que nous mourons, nous n’avons pas de tête, tant que nous souffrons, nous n’avons pas de savoir.

Je dis : lorsque le centre du cercle est apparu, l’univers est tombé enceint, ce qui a fait se déplacer le point pour réduire le cercle de moitié. L’univers s’est ainsi autodéterminé et il a enfanté d’abord la femme qui a partagé le monde en deux, c’est pourquoi la terre a une moitié éclairée et une moitié obscure. L’homme s’est fâché contre cette femme qui a partagé le monde, et c’est ainsi qu’il éclaire aujourd’hui une seule moitié, celle qu’il aime. Ces deux femmes se poursuivent, mais il éclaire toujours uniquement celle qu’il aime. Cette femme qui se réjouit est appelée le jour, et celle qui se fâche, la nuit. Autrement dit la femme qui se réjouit est le manas supérieur ou le jour, et celle qui se fâche est le manas inférieur ou la nuit. Ces deux angles sont les deux femmes. Pourquoi les humains ont-ils deux mains, deux pieds, deux cerveaux, deux poumons, deux cœurs, etc. ? Tout est en double car il y a deux femmes. Vous direz : « Alors supprimons le nombre deux ». Cela ne sert à rien de supprimer le deux, il faut plutôt comprendre sa nature. À mon sens la matière est le reflet de l’esprit, la matière est aussi une femme. Cette femme n’enfante pas continuellement. Nous sommes tombés dans les bras de la mère obscure qui nous pétrit sans cesse en disant : « Tenez-vous encore à ce père qui m’a été infidèle ? Laissez-le et venez à moi pour que je vous donne du bonheur ! »

Ces gens qui croient à la réalité du monde, je les appelle des matérialistes. Demain, lorsque vos yeux, vos bras, votre estomac, votre cerveau et le reste péricliteront, toute réalité s’évanouira aussi. Les nerfs aussi déclinent ; où est la réalité, où est le positif dans le monde ? Vous direz : « Nous sommes croyants, nous croyons en un seul Seigneur ! » Je m’en réjouis, mais êtes-vous allés chez votre mère lumineuse, avez-vous visité le côté lumineux de la terre ? Certains disent qu’ils connaissent la terre. Pour la connaître il faut vous élever à dix mille kilomètres dans l’espace pour voir ce qu’elle est. Du point de vue des érudits qui vivent plus haut que vous, vous êtes comme des poissons qui vivent dans le fond des océans. Les érudits qui vivent au-dessus vous attrapent avec leurs cannes à pêche et disent : « Laisserons-nous celui-ci ici ou bien l’enverrons-nous se réincarner ? » La mort n’est rien de plus qu’une canne à pêche où on met un appât pour attraper du poisson. Le Seigneur dit que ce filet divin sera toujours jeté jusqu’à la fin des temps : les uns seront sortis de la mer et mis sur le sol ferme, mais d’autres seront rejetés à la mer.

Dans toutes les manifestations de la nature, nous devons voir quelque chose de positif et d’immuable. En quoi consiste ce qui est immuable ? En ce désir de faire naître ce lien fraternel et de comprendre que nous, humains, souffrons tous dans le monde, que nous soyons riches ou pauvres, érudits ou incultes, parents ou enfants. Lorsque nous prendrons conscience que nous avons les mêmes souffrances et le même destin, que nous partageons le même salut, nous trouverons une philosophie juste de la vie, et non comme le monde et les religieux la comprennent. Pourquoi ? Parce que si une solution est adaptée pour un petit problème de mathématiques aux yeux d’un élève, cela ne signifie pas qu’elle convient à tous les problèmes mathématiques. En géométrie aussi on exploite beaucoup de formules sans les démontrer. Le théorème qui stipule que la somme des trois angles dans un triangle est égale à la somme de deux angles droits ne contient pas en lui toute la géométrie. Par conséquent, nous devons regarder plus sérieusement toutes les questions et méditer sur ce que nous devons être à présent. Si nous disons que nous sommes mauvais maintenant, mais que nous serons bons à l’avenir, ce n’est pas une bonne approche de cette question. Votre méchanceté d’aujourd’hui est votre passé, alors que votre bonté d’aujourd’hui est votre avenir.

Notre bonté peut être éprouvée. Elle peut se vérifier comme on peut vérifier le changement chez l’affamé qui mange à sa fin : il s’égaie, il se réjouit. Sur le plan des idées, penser c’est avoir au présent une nourriture si consistante qu’elle puisse donner un élan à notre mental. Nous pouvons puiser cette force et cette nourriture partout. De mon point de vue, tous les écrivains, quelle que soit leur notoriété, sont des fleurs. Et vous, comme les abeilles, extrayez du miel des fleurs à votre guise. Ne vous demandez pas pourquoi telles ou telles fleurs sont créées, elles sont toutes créées avec une prédestination précise. Chaque chose, bien ou mal, chaque pensée, chaque ange ou démon, ont leur prédestination dans le Cosmos. Qu’est-ce que les anges et les démons ? Ils représentent un mouvement dans deux directions opposées. Les uns sont des seaux pleins qui montent, les autres, des seaux vides qui descendent. Nous voulons uniquement des seaux pleins. Soit, mais une fois vides, comment et d’où se rempliront-ils ? Par conséquent le juste qui monte, deviendra pêcheur et le pêcheur deviendra juste. Nous obtenons ainsi le mouvement de la roue qui symbolise le progrès de l’humanité. L’on doit avoir conscience qu’on peut être juste ou pêcheur, mais qu’il faut accomplir la volonté divine.

Celui qui bâtit se salit nécessairement. Ne pensez pas que vous ne salirez pas votre mental. Nous ne devons pas être troublés par les lois du pays. Nous devons avoir en nous d’autres lois qui conditionnent notre existence, car lorsque la Bulgarie et tous les pays disparaîtront, que la terre et le système solaire seront refondus, nous existerons toujours. La terre changera, elle ne sera pas comme nous la voyons aujourd’hui. C’est pour cette raison que la Bulgarie ne détermine pas votre existence, mais vous déterminez l’existence de la Bulgarie.

Ainsi je dis : sur terre le tout dépend de ses parties, et dans le monde spirituel les parties dépendent du tout. Je vais clarifier cette idée. Vingt millions de personnes sur terre peuvent s’unir pour une idée commune, des sentiments communs et former un peuple, mais un jour leurs pensées et leurs sentiments peuvent changer comme change la chenille lorsqu’elle devient papillon. De la même façon, vous ne serez pas toujours Bulgares, vous changerez de nationalité et vous changerez de mode de vie. Une chenille vit cette étape seulement quarante jours, puis elle se transforme en papillon. Un peuple adopte une forme seulement quarante jours durant, il accomplit tous ses devoirs pendant ce laps de temps et il vit ensuite avec d’autres idées et sentiments. Nous pouvons alors changer les mots Bulgare, Français, Allemand tout à fait autrement. Lorsque nous disons bras, jambe, cerveau, poumon, nous avons une certaine idée : chaque chose a donc un sens dans l’organisme. Que signifie le mot Bulgare dans la globalité de l’organisme ? J’ai mis les Bulgares dans le foie, mais vous devez savoir que les particules du foie comme toutes les créatures évoluent et changent constamment. Les Bulgares aussi passeront par une autre forme de développement, alors il faudra chercher le Bulgare plus haut dans l’organisme.

C’est une grande sagesse de pénétrer le sens de la pierre rejetée : la pierre symbolise ce qui est immuable, constant, inchangeable. Nous appartenons à une Église, et nous rejetons les principes de la nature, mais il faut savoir que nos philosophies disparaîtront, alors que les principes de la nature resteront immuables. Ce que la mère nature a créé, perdure. Réfléchissez pourquoi naissent des hommes ou des femmes, pourquoi dans une famille naît d’abord une fille, et parfois inversement, un garçon, pourquoi vous êtes enclins à un certain système philosophique, pourquoi vous vous êtes convertis au christianisme, etc. Vous répondrez : « Parce que le christianisme sauve les gens ». Je suis d’accord à cinquante pour cent avec vous. Je dis alors : vous avez été malades et vous avez déjà quitté l’hôpital ; dans ce cas pourquoi revenir à l’hôpital alors que vous avez guéri et que vous avez commencé à labourer et à semer ? Irez-vous chaque jour à l’hôpital remercier le médecin qui vous a guéri ? Il vous dira : « Assez de remerciements, j’ai d’autres malades à traiter ».

Vous affirmez : « Nous devons prier Dieu ! » Bien sûr, nous devons prier, mais comme des gens bien portants et pas comme des malades. En tant que malades vous prendrez les remèdes, vous resterez couchés, vous vous tournerez d’un côté et de l’autre, vous vous agenouillerez de douleur, mais en tant que bien portants, vous prendrez la charrue et la houx et vous irez vous courber dans les champs. Chaque malade est chrétien. Mais vous direz : « Je suis d’un autre parti ! » Quel que soit ton parti, ta religion, ta vision du monde, qu’elle soit bouddhiste, musulmane, théosophe, occultiste ou autre, si tu es malade, tu es chrétien. Certains me demandent pourquoi le christianisme n’a pas redressé le monde. Je réponds : le christianisme est une science pour des gens malades ; elle les a aidés tant qu’elle a pu, mais il n’y a pas encore dans le monde une science pour des gens bien portants. Quelqu’un dit : « Je vais m’occuper de grandes idées ». Je demande : as-tu fini de prendre tes remèdes, de côtoyer les autres malades, de prendre congé des infirmières, es-tu sorti de l’hôpital ? Si tu as déjà terminé tout cela, tu peux entrer dans le monde, apprendre la loi du christianisme et trouver alors ta Sainte Mère. Vous, les gens d’aujourd’hui, vous êtes chrétiens, mais non des Fils de Dieu. Malheur à celui qui se déclare Fils de Dieu : il sera pendu, traité d’hérétique, de fou, etc. Pour moi, un Fils de Dieu est sain physiquement, spirituellement et mentalement, et il ne meurt pas : voilà ma définition.

Nous devons bien comprendre l’enseignement du Christ : le Christ dit : « Je suis venu accomplir non pas ma volonté mais celle de Celui qui m’a envoyé ». Qui est ce Lui ? Vous ne Le connaissez pas encore. Tous Le cherchent aveuglement et allument des cierges, ils L’encensent et regardent en haut, et mangent et boivent et lisent, mais personne ne Le connaît, voilà la triste vérité. « Connaître le seul vrai Dieu[4], c’est la vie éternelle.» Que signifie Dieu ? Dieu signifie un mouvement de ton existence en ligne droite. Dieu est ce qui stimule le mouvement juste en vous. Je traduis et j’interprète le mouvement par le mot amour car seul l’amour crée du mouvement. Une jeune fille ou un jeune homme qui tombent amoureux l’un de l’autre, avancent l’un vers l’autre ; les gens qui commencent à aimer un enseignement, commencent à aimer tous les autres. Par conséquent, les malades que j’appelle chrétiens ont rejeté la pierre angulaire car ils n’en ont pas besoin. Nous, en tant que malades, restons couchés sur le dos et attendons que tout se fasse tout seul. On dépêche un médecin auprès d’un malade qui crie : « Oh, Monsieur le docteur », mais si on lui prépare des boulettes de viande, il en mange, il en mange tout en soupirant. Vos cuisines sont pour les gens malades. L’homme rentre du travail et se met à crier : « Pourquoi n’as-tu pas cuisiné, ne sais-tu pas que je suis malade, que je suis chrétien ? » Vous dites : « L’appellation chrétien est noble ! » Oui, tant que tu es à l’hôpital, mais une fois dehors, tu n’es plus chrétien.

Je réfléchis sur une idée, ne me comprenez pas mal. Il n’y a pas de contradictions pour moi dans le monde, tout est clair. Si vous considériez tous les questions comme je les considère, le monde se redresserait en un jour. Je vois les gens d’aujourd’hui attachés les uns aux autres afin de se prémunir dans la vie. Je dis : cessez de vous lier les uns aux autres ; se lier est le signe d’un état pathologique, car seuls les malades cherchent à se prémunir. Les anciens disent : « Nous devons nous prémunir », autrement dit : « Nous devons devenir humbles, devenir des chrétiens à notre âge avancé et vivre désormais pour Dieu ». Ce sont tous ceux qui rejettent la pierre vivante. Quiconque n’accomplit pas la volonté divine, périclite.

Je vous soumets un conte de Shakespeare tiré de la vie danoise. Un roi très sage voulait faire une expérience avec quelqu’un d’une grande notoriété dans son royaume appelé Anton le Juste à cause de sa sainteté et de sa pureté. Un jour, le roi l’a fait venir auprès de lui et lui a dit : « Je veux te laisser gouverner quelque temps à ma place sans que le peuple le sache ». Anton le Juste a d’abord refusé avant d’accepter. Il a pris la place du roi et comme la débauche régnait à cette époque, il a promulgué une ordonnance très sévère : « Tous ceux qui seront convaincus de débauche seront exécutés ». Le fils d’un grand vassal danois a été accusé d’un tel crime. Anton le Juste l’a fait venir et lui a dit : « Tu as commis un grand méfait et tu seras exécuté conformément à mes ordres ». Le jeune homme, pris d’une grande peur, a dépêché sa sœur, une très belle femme, sur le point de rentrer dans un monastère, pour qu’elle intercède en sa faveur. En la voyant Anton le Juste lui a dit : « Je ne pardonnerai pas à ton frère, à moins que tu ne deviennes mon amante, et ce dans le plus grand secret ». Anton le Juste avait été marié et avait divorcé avant de devenir quelqu’un de pieux. Prise d’aversion pour ce marché, elle a dit à son frère qu’il devait subir sa punition. Son frère lui a demandé : « En quoi est-ce mal d’accepter ce marché, ainsi au moins tu te sacrifieras pour moi ». Le roi sage a eu vent de cette affaire, et il a retrouvé la femme divorcée d’Anton et lui a demandé de s’habiller comme cette belle femme et de venir le jour dit. Pendant ce temps Anton, ayant réussi son coup, a ordonné l’exécution du jeune homme. Le roi sage a eu aussi vent de cet ordre et il a donné un contre ordre au chef de la prison interdisant de toucher au jeune homme. Il a ensuite convoqué Anton le Juste pour avoir une explication. Alors ce dernier s’est confessé : « J’ai pu tout vaincre dans ce monde, mais je n’ai pas pu résister au regard d’une belle femme et j’ai succombé ».

La chute de tous nos contemporains se situe là. Ceux qui se lient dans une communauté ou dans une fraternité sans avoir la foi commettent un tel adultère. Ceux qui passent d’une fraternité à une autre, qui se marient avec une femme, puis une autre, puis une troisième sont à mes yeux comme Anton le Juste et n’acquerront aucune sagesse. La sagesse est dans la nature elle-même, en nous-mêmes. Nous devons ainsi écouter attentivement cet élan intérieur, et nous diriger vers cette pierre qui nous montrera avec qui nous devons nous unir. Si l’on acquiert la sagesse dans le but d’en abuser, on commet un adultère, et celui qui acquiert l’amour et en abuse commet aussi un adultère. Chaque pensée noble, chaque sentiment noble qui est perverti est un acte d’adultère.

Donc le monde entier est malade. Tous les malades d’aujourd’hui sont des chrétiens. Le plus grand déshonneur que subit le Christ aujourd’hui dans le monde est ce christianisme dont tous se glorifient. Si vous partagiez ce déshonneur, ne serait-ce que vingt-quatre heures, vous éprouveriez alors la plus grande répugnance en voyant ce qui est commis au nom du Christ. Les choses les plus malsaines se font aujourd’hui au nom de la religion, de la civilisation, des sentiments sacrés. Et comme sont perfides les raisons pour le justifier ! Voilà pourquoi nous devons tous aspirer à devenir des Fils de Dieu.

Maintenant, je vais interpréter le mot christianisme dans un autre sens : le Christ représente l’être humain en parfaite bonne santé qui a mis de l’ordre dans ses pensées et ses sentiments, qui a vaincu ses passions : il est appelé Fils de Dieu. C’est uniquement lorsque nous apprendrons la sagesse divine que nous pourrons être capables de comprendre la vérité, de devenir maîtres de la situation et de transformer le monde. Alors nous nous appellerons aussi Fils de Dieu. Mais aujourd’hui ce sont les malades qui gouvernent le monde, ce qui explique le surplus de couteaux, de médicaments, de lits d’hôpitaux, d’injections, etc. La science ne sera destinée qu’aux malades, mais ils en souffriront davantage. Je croise aujourd’hui des gens de différentes couches de la société qui ne peuvent pas s’entendre. L’individu est aujourd’hui une croix sans cercle, c’est-à-dire un patient dans un hôpital qui dit aux autres : « Nous devons porter notre croix ». À un Anglais qui me disait : « To put Christ on », j’ai répondu : « To put Christ in », c’est-à-dire il me disait : « Habillons-nous en Christ », je lui ai répondu : « Mettons le Christ en nous ». On chante dans certains chants : « Habillons-nous en Christ ». Je dis : il ne faut pas s’habiller en Christ, car l’habillement est un état transitoire, un passage, alors qu’il faut accueillir le Christ en soi, devenir des Fils de Dieu, être bien portants. Si la société contemporaine raisonne ainsi, elle apprendra correctement cette loi. Par les souffrances les gens apprendront le bien.

Un nouvel élément est introduit sur terre et il redressera le monde : c’est l’air pur. Portez un malade dehors à l’air pur et il guérira même contre son gré. À un moment, même sans en être conscients, nous guérirons. Les souffrances sont un élan qui nous emmènent là-haut vers les cimes. Lorsque quelqu’un pèche, il tombe malade et dit : « Je n’agirai plus ainsi », il règle donc ses comptes. Lorsque nous liquidons nos péchés, nous devons accueillir l’amour, la sagesse de la santé et de l’immortalité et nous serons alors près de la porte du grand temple où nous apprendrons le grand secret de la vie. Nous aspirons à une vie que nous pouvons avoir uniquement en sortant de ces hôpitaux.

Cessez désormais de clamer que le Christ vous sauve, mais dites : « Nous vivrons pour le Christ, nous aiderons les malades à quitter l’hôpital et nous les éloignerons de la vie citadine car elle n’est pas hygiénique ». Il faut sortir dans les champs et les labourer. Le Bulgare, lorsqu’il fait les labours trouve que la Bulgarie est bien organisée, alors que celui qui ne laboure pas s’angoisse des terres qui seront octroyées à la Bulgarie : quelle partie de la Macédoine, quelle partie de Dobroudja[5], etc. Ce n’est pas un vrai sentiment bulgare patriote, un tel Bulgare ne vit même pas dans le foie de l’organisme universel, il se trouve plus bas que lui. Prenez la charrue, l’aiguillon, labourez, semez, et dites : « Nous sommes des gens en bonne santé, des gens de la nouvelle culture et, Dieu soit loué, nous nous sommes débarrassés des hôpitaux ! »

Encore un exemple : dans un hôpital il y avait deux paralytiques. Leur état était considéré comme désespéré, et ils avaient été laissés seuls dans une pièce. Heureusement pour eux, un incendie s’est déclaré un jour, et dans la précipitation tous les malades ont pu être évacués sauf ces deux-là. Ils ont senti le feu s’approcher et à cet instant critique, ils ont oublié qu’ils étaient malades et se sont enfuis. Alors, se découvrant en bonne santé, ils ont remercié Dieu pour cet incendie qui leur a permis de guérir et de se libérer du joug de la paralysie.

Vous aussi, dites à présent : « Que cet hôpital prenne feu pour nous laisser sortir, nous les paralytiques », et dites : « Dieu soit loué, car maintenant nous pouvons penser comme Il l’exige et non comme l’exigent les humains ».

Sofia, 1 juin 1919

Traduit par Bojidar Borissov


[2] Le système de notation bulgare se fait sur une base de six, le six étant la meilleure note : 6 (excellent), 5 (très bien), 4 (bien), 3 (moyen), 2 (faible) – le 2 est ainsi la plus mauvaise note.

[3] Petko Slaveykov (1827 – 1895) – poète, journaliste et folkloriste bulgare

[5] Dobroudja – région du Nord-Est de la Bulgarie dont une partie a été annexée par la Roumanie entre les deux guerres mondiales.

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