Jump to content

1919_03_09 Mon joug


Ani
 Share

Recommended Posts

Mon joug

« Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions…

Car mon joug est doux, et mon fardeau léger ».

Matthieu 11 :29, 30

« Prenez mon joug ». C’est un commandement positif. Pourquoi prendre le joug du Christ ? Parce qu’il est doux et léger. Quel profit en tirer ? Apprendre à être doux et humble. Vous direz que ce sont des mots ordinaires. Le joug est symbole d’esclavage, le côté négatif de la vie : tous les êtres vivants, du plus petit au plus grand portent un joug ; il n’y a pas de créature au monde qui soit entièrement libre de tout joug. Par conséquent, lorsqu’il propose son joug aux humains, le Christ le compare au joug qu’ils s’imposent à eux-mêmes. Il dit : « Prenez mon joug car il est doux et léger ». En effet, le joug des humains est pénible et amer.

Que signifie le mot joug ? En turc yok signifie « il n’y a pas » ; en anglais yok signifie licol ; en Inde, yogi signifie maître. Par conséquent, le Christ parle de son joug au sens d’un maître, et il dit : « Prenez mon joug », c’est-à-dire acceptez-le en tant que maître en vous et apprenez de lui. Au sens large du mot joug, le turc comprend l’absence de liberté, l’anglais préconise de mettre un licol et d’avancer, l’Indou voit dans le joug un maître qui enseigne le bien aux humains. Le Bulgare considère le joug comme un esclavage, il le sait par expérience. Lorsqu’il se lève le matin, il met le licol aux bœufs, marche derrière eux avec l’aiguillon et dit : « Dii ! » ; ils se retournent et questionnent leur maître : « Pourquoi tu nous aiguillonnes ? – Parce qu’il n’y a pas de liberté dans ce monde. »

Le joug est-il nécessaire dans la vie ? Oui, dans les conditions actuelles de la vie, il conduit à la   pénibilité, au labeur, au travail. Comme les humains d’aujourd’hui ont profondément pénétré dans la matière et se sont lié à elle, ils se tourmenteront tant que ces liens ne seront pas brisés ; ensuite ils commenceront à travailler et leur vie prendra enfin du sens. Lorsqu’ils donnent du sens à leur vie, ils travaillent. Le poussin aussi se tourmente dans sa coquille avant l’éclosion ; lorsque le temps d’éclore approche, il se met à taper sur la coquille pour la percer et sortir à l’extérieur en liberté. La vie en liberté comporte aussi son joug, mais c’est le poussin qui travaille à assurer sa pitance. Tous les humains sont enfermés dans une coquille dont ils doivent sortir. L’homme reste penaud dans sa coquille tant qu’il n’en prend pas conscience. Lorsqu’il en a assez, il s’agite et essaie de la percer pour sortir. Il est important qu’il le fasse au bon moment : s’il la perce prématurément il mourra, ou bien il en sortira, mais chétif et inapte à une vie autonome. Soyez attentifs à casser votre coquille au bon moment ; nous appelons ce moment l’acquisition de la liberté, l’accès à la nouvelle vie. Les alchimistes le nomment l’obtention de la pierre philosophale, alors que dans l’Évangile on le décrit comme l’entrée dans le Royaume de Dieu. Celui qui est entré dans le Royaume de Dieu n’en parle pas ! Si vous entendez quelqu’un en parler constamment, sachez qu’il en est loin. Plus l’on parle de justice, de vérité, d’amour, de morale, de richesse, plus on en est loin ; en général, les humains parlent de ce qu’ils n’ont pas. L’affamé parle de pain tant qu’il n’a pas mangé ; s’il a mangé, il cesse d’y penser ; lorsqu’il a faim, il pense de nouveau au pain, son imagination le travaille, il rêve d’un four rempli de pains chauds, bien cuits.

« Car je suis doux et humble de cœur ». Avec ce verset, le Christ initie une nouvelle époque pour l’humanité. En quoi cette époque est-elle remarquable ? En ce que l’aiguillon disparaît, les domestiques s’unissent avec les maîtres, la femme et l’homme avancent ensemble dans la vie. Celui qui est entré dans cette époque dit : « Je jette l’aiguillon, je laisse mes bœufs en liberté, je noue des liens d’amitié avec mon domestique, j’entre enfin dans la cuisine et je me mets à cuisiner avec ma femme ; j’avance main dans la main avec elle dans la vie ».

Le Christ dit : « Prenez mon joug sur vous ». Vous vous demanderez aussitôt si on peut prendre ce joug, si le moment est venu et quels en seront les résultats. Depuis deux mille ans, les gens se posent les mêmes questions, mais plus personne ne leur demande s’ils sont prêts ou non. S’ils croisent quelqu’un chargé d’un sac lourd, ils ne lui demandent pas s’il veut de l’aide, mais ils prennent le sac en disant : « Nous sommes en droit de prendre ton sac, on ne veut pas savoir si tu peux le porter, mais si tu ne peux pas, alors nous venons à ton secours ». S’ils croisent quelqu’un qui a attelé des bœufs à sa voiture et les suit un aiguillon à la main, ils arrêteront la voiture en disant : « Cher ami, stoppe la voiture et détèle les bœufs, je vais m’atteler à leur place pour travailler ». Il est temps que les grands et les forts s’attèlent au boulot et qu’ils remplacent les petits et les faibles. Nos contemporains doivent se libérer du double esclavage, physique et spirituel, dans lequel ils sont pris.

Aux débuts du christianisme, un saint a rencontré un homme riche qui cherchait un esclave pour le servir. Le saint lui a proposé de devenir son esclave. L’homme riche a accepté, mais il lui a d’abord demandé : « Quel salaire veux-tu ? – Je me vends pour mille ducats. – D’accord, tu es désormais mon esclave et mon serviteur.

Le saint a bien fait son travail deux ans durant dans la maison du richard. Il a réussi pendant ce temps à tourner les deux filles du richard vers Dieu et à les libérer ainsi des chaînes des errements humains. Lorsque son travail a été terminé, il a dit à son maître qu’il était temps pour lui de quitter cette maison. Son maître a accepté en lui proposant les mille ducats qu’il lui devait. Mais le saint a refusé tout paiement en disant : « Maître, tout est déjà payé, pour chacune de tes filles que j’ai tournées vers Dieu, j’ai été payé cinq cents ducats ». C’est une allégorie que les humains doivent méditer. Le saint n’a reçu aucun paiement pour les filles du richard, mais il sait comme la joie est grande au ciel lorsqu’une âme se tourne vers Dieu.

Beaucoup parlent du sang du Christ, du sacrifice que le Christ a fait pour l’humanité, de l’amour, de la justice, mais une fois rentrés chez eux leur attitude envers leurs proches est toute autre. La femme d’un chrétien de ce type a dit : « Je ne veux pas aller dans ce paradis dont tu me parles ». Les chinois disaient la même chose sur les catholiques dont ils entendaient un discours contraire à leurs actes ; ils demandaient souvent : « Y a-t-il des catholiques de l’autre côté ? »–« Oui »– « Alors nous ne voulons pas entrer dans ce paradis dont vous parlez. » Voilà pourquoi il ne faut aucun décalage entre les actes et les paroles des humains. De plus, il faut conjuguer les verbes au présent et non pas au futur, car Dieu parle toujours au présent et jamais au futur. Le présent appartient à Dieu et le futur aux humains. Dis : « Je prends le joug du Christ sur moi ». Si tu dis : « Je prendrai le joug du Christ », tu te mens à toi-même et à ton prochain. Celui qui prend le joug du Christ acquiert la liberté nécessaire. Libre est celui qui a appris les lois de la docilité et de l’humilité. Le sel est humble et docile, si tu le mets dans l’eau, il se dissout sans bruit et sans contestation. Par conséquent, si tu reproches à ta femme de ne pas bien faire à manger, tu n’es ni humble ni docile. « Je suis quelqu’un de bien quoi qu’un peu nerveux ! » Qui n’est pas nerveux, qui n’est pas affecté par ses nerfs ? « Je suis neurasthénique ! » Il n’y a rien de mal dans la neurasthénie : c’est quelqu’un de si empêtré dans le labyrinthe de ses pensées et de ses sentiments qu’il a perdu son chemin et ne peut pas en sortir. C’est la situation de celui qui doit payer deux à trois dettes par jour, mais qui n’a pas suffisamment d’argent et se demande comment sortir de cette situation. « Comment soigner cette neurasthénie ? » Il faut implorer ton créancier d’allonger les échéances de tes dettes. « Mon amour propre ne me permet pas d’implorer celui-ci ou celui-là. » Comment ton amour propre te permet-il de contracter autant de dettes ? Puisque tu as signé plusieurs reconnaissances de dettes sans être en état de les payer, tu as déjà blessé ton amour propre, il ne te reste maintenant qu’à implorer et rétablir ton amour propre et ta dignité.

Un juge turc examinait l’affaire d’un citoyen fortuné. Avant que le jugement soit arrêté, ce dernier est allé rendre visite au juge avec la demande suivante : « Monsieur le juge, je te donnerai cent lires[1] et un pot entier d’huile pure si tu prononces un jugement favorable ». Le juge a prononcé une sentence en sa faveur. Pour montrer sa gratitude, le turc lui a amené les cent lires promises et le pot d’huile. Le juge l’a remercié et lorsque le turc est parti, il a voulu goûter l’huile. Lorsqu’il a mis la main dans le pot, il a été extrêmement surpris de sentir que seule la couche du haut était de l’huile et qu’au-dessous il y avait des excréments bovins. En proie à une grande colère, il a fait venir le turc. Ce dernier s’est posté tranquillement devant lui en demandant : « Que me voulez-vous ? – Comment as-tu osé remplir le pot d’excréments ? Je me suis sali les mains en les mettant là-dedans ! – Tu les as salies depuis longtemps ; déjà lorsque tu prononçais la sentence, tu mettais les mains dans le pot et tu salissais tes doigts. »

Ainsi, rappelez-vous que le pot du diable dans lequel vous fouillez souvent est plein de saletés. Y a-t-il des diables parmi les humains ? Oui, ce sont des esprits incarnés sous forme humaine : ils sont bien vêtus et occupent des postes variés dans la société. Comment reconnaître le diable ? Très facilement : il suffit de mettre les mains dans son pot pour savoir à qui tu as affaire ; au-dessus il y a quelque chose de sucré, mais c’est rempli de saletés à l’intérieur. Voilà le critère pour reconnaître la présence du diable.

L’une des grandes sciences de la vie est de se nourrir correctement. Dans le passé et à présent, l’homme se nourrit d’impuretés. Est-ce possible ? C’est possible ! Chaque cellule a un estomac et des intestins, comme l’organisme tout entier ; puisqu’il en est ainsi, elle sécrète des impuretés et puisque l’homme se nourrit de plantes et d’animaux, il ingurgite donc les impuretés de ces cellules. Les pensées, les sentiments et les actes des humains sont aussi purs ou impurs. Pour s’en convaincre, il suffit de mettre deux doigts seulement dans leurs pots, et en sortant nos doigts nous verrons ce qu’ils apportent pour toute l’humanité. Peut-on se libérer des impuretés des mondes physique et spirituel ? Oui, en se transformant, en devenant humble et docile.

Le Christ dit : « Prenez mon joug sur vous pour apprendre à être humbles et dociles ». Le Christ est humble et docile, il ne fermente pas, ne se plaint pas, ne se met pas en colère. La docilité est une condition nécessaire dans la vie d’un grand homme ; personne ne peut violenter le docile, ni lui causer du mal. Certains considèrent comme docile celui qui reste tranquille, sans bouger, cela n’est pas la docilité. La docilité est un état intérieur de l’âme où les pensées et les sentiments sont dirigés vers l’unique objectif de construire. L’eau est docile, elle pénètre partout, abreuve les plantes et les animaux, désaltère les voyageurs, accomplit un travail utile. Elle est parfois tumultueuse et provoque des dégâts, mais c’est à cause des humains qui changent sa nature : ils veulent atteler sa docilité et en tirer profit. L’eau a la propriété de purifier les différentes substances : si du sel impur s’y dissout, les dépôts descendent au fond ; après évaporation, le sel cristallise de nouveau, cette fois-ci pur. Donc, lors de l’épuration du sel, celui-ci se sépare des dépôts, c’est-à-dire la docilité se sépare des impuretés. Celui qui se fait passer pour docile sans l’être contient seulement les dépôts de la docilité. Qui est docile ? Celui qui porte le joug du Christ. Qui n’est pas docile ? Celui qui ne porte pas le joug du Christ. Le joug du Christ est lié à la loi de la docilité et celui qui prend ce joug se laisse enseigner cette loi.

Aujourd’hui, lorsqu’on parlera de la docilité, les gens se répartiront en quatre catégories : la première catégorie acceptera l’idée de la docilité par peur ; la deuxième catégorie l’acceptera par intérêt, pour gagner quelque chose ; la troisième, par amour de la science, pour apprendre quelque chose, pour tester la force de la docilité ; la quatrième, par amour de Dieu afin d’appliquer Son Verbe et d’être utile à son prochain. Ce n’est pas un mal qu’autant de catégories existent, l’important est que tous prennent le joug du Christ en fin de compte pour être humbles et dociles. Cela ne s’obtient pas d’un coup mais progressivement ; nous ne pouvons pas enseigner aux chenilles à voler, ni aux papillons à ramper. Que font certains ? Ils rencontrent des chenilles et se mettent à leur prôner comment voler ; c’est dangereux pour la chenille de voler, elle doit encore ramper et se nourrir de feuilles, l’heure de voler et de se nourrir du nectar sucré des fleurs n’est pas encore venue pour elle. La seule chose qu’on peut faire pour la chenille si on la voit par terre est de la poser sur une feuille pour qu’elle la ronge tranquillement, sans être troublée. C’est dangereux d’enseigner au papillon de ramper ; il doit être laissé dans un jardin avec beaucoup de fleurs pour prélever leur nectar sucré et jouir du monde divin.

Chacun parle de la connaissance de soi, mais dès qu’il se heurte à une épreuve il constate qu’il ne se connaît pas ; c’est pourquoi on se demande souvent si on est papillon ou chenille. Pour te connaître, observe si tu voles ou si tu rampes, si ton pot est plein d’huile pure ou de saletés. Si tu es en colère, mets la main dans le pot pour voir si ton doigt est propre ou non ; s’il est propre, continue ton travail ; s’il est impur, libère-toi du poison de la colère et mets-toi au travail. Si une idée te vient à l’esprit, vérifie si tu voles ou si tu rampes avant de la réaliser ; en volant, tu la réaliseras d’une manière et en rampant, d’une autre. Quelqu’un prend beaucoup de tâches à sa charge, mais comme il ne peut pas les mener à bien tout seul, il cherche de l’aide à l’extérieur : il rampe. Celui qui n’a pas recours à l’aide extérieure, vole. Pourquoi ? Parce qu’il s’en remet à Dieu, et en volant il trouve partout les moyens nécessaires. Celui qui ne s’en remet pas à Dieu, qui n’est pas lié à Lui souffre, qu’il soit papillon ou chenille, qu’il vole ou qu’il rampe. Certains sont à l’état de papillon, d’autres à l’état de chenille, et pourtant les uns et les autres souffrent. Pourquoi ? Parce que la chenille tombe sur des fleurs sans feuilles, elle tourne ici et là sans trouver de nourriture et de conditions pour son développement ; le papillon quant à lui tombe sur des feuilles d’arbres sans fleurs et se trouve également privé de nourriture et de conditions de développement. Par conséquent, si une chenille souffre, je dis qu’elle se trouve dans des fleurs sans feuilles ; si le papillon souffre lui aussi, c’est qu’il est entouré uniquement de feuilles.

« Prenez mon joug sur vous car je suis doux et humble de cœur. » Être humble et docile signifie recouvrer des conditions bénéfiques pour son développement, ne pas fermenter, être doux et paisible, et attendre le moment propice pour étudier les mystères de la vie. Quelqu’un veut savoir ce qu’est l’autre monde, ce qu’est le monde astral et le monde mental. Ce sont des mondes qui peuvent se définir en un mot : le monde astral par exemple est celui des désirs, le monde mental, celui de la pensée et le monde causal, celui des causes et des conséquences. Quel est ce savoir qui se définit par un seul mot ? Si vous comparez la matière des trois mondes : physique, astral et mental, vous verrez que celle du monde physique est la plus dense, celle du monde astral l’est un peu moins et celle du monde mental l’est encore moins. Cela dépend des gens de changer les propriétés de la matière physique, c’est-à-dire de la rendre plus souple, plus élastique, moins dense. Pourquoi faut-il laisser entrer dans son esprit des pensées négatives qui épaississent l’atmosphère autour de soi ? Vous avez entendu comment quelqu’un menace un proche qui a proféré un mot d’insulte ; il lui répondra avec dix mots d’insulte sans songer qu’il vient de mettre les doigts dans le pot d’impuretés ; il se compromet ainsi davantage qu’un simple mot d’insulte ne l’avait compromis. Gardez dans votre esprit des pensées pures et sublimes qui vous relient au monde mental où vivent des êtres raisonnables et lumineux. Si une pensée impure vous vient, mettez-là aussitôt dans le feu de l’amour divin pour la brûler et la transformer en cendres.

Maintenant, ce n’est pas à vous que je m’adresse, mais au juge et à son inculpé, le Turc. Faut-il que le juge en veuille au Turc pour lui avoir dit la vérité ? Remerciez tous ceux qui vous disent la vérité. Qui de vous a accompli la volonté divine comme il faut ? Que chacun fasse le bilan de ce qu’il a accompli pour le Seigneur. « Suis-je le plus grand pécheur ? » La question n’est pas de savoir si tu es un pécheur ou non, ce qui est important c’est que chacun accomplisse la volonté de Celui qui l’a envoyé ici sur la terre ; dans l’accomplissement de cette volonté suprême se trouve la grâce de l’âme humaine, mais aussi la grâce de toute l’humanité. Vous direz qu’il est facile de parler, mais que le monde ne se redresse pas avec des paroles seulement ; je ne pense pas pouvoir redresser le monde, je retouche simplement mon propre travail. C’est la manière dont travaille chaque peintre : lorsqu’il peint un tableau, il le laisse un certain temps de côté sans s’en occuper ; plus tard, il le ressort et l’examine pour chercher d’éventuels défauts, et s’il en voit il le corrige aussitôt. Lorsqu’il le regarde un bon moment sans rien trouver à corriger, il le laisse de nouveau de côté. Il corrige ainsi ses erreurs jusqu’au jour où il ne voit plus rien à retoucher et considère alors le tableau comme achevé. Lorsque je croise quelqu’un, je considère qu’il est comme un de mes tableaux inachevés et je prends tout de suite le pinceau pour corriger l’un de ses défauts. Savez-vous de quelles teintes je me sers ? J’utilise habituellement toutes les couleurs du spectre, mais je n’utilise jamais la couleur noire : elle signifie le repos, l’absence de vie, c’est une teinte négative.

« Car je suis doux et humble de cœur. » La docilité et l’humilité sont aussi indispensables à la vie que le sel. Ce sont des qualités intérieures qui donnent à l’homme la possibilité de se développer correctement ; il accède ainsi non seulement au savoir extérieur mais aussi au savoir intérieur. Le docile se manifeste uniquement s’il rentre en contact avec les gens ; il se manifeste alors librement et se connaît lui-même, mais ceux qui l’entourent le connaissent aussi : il apporte la paix aux autres par sa présence. La docilité instaure l’harmonie parmi les humains, alors ils s’unissent et créent de grandes communautés. Dieu agit aussi de la sorte par sa présence. Est-il possible que différentes personnes avec des caractères différents s’unissent en un tout ? Regardez ce que font les musiciens dans un orchestre : chaque musicien exécute sa partition et les sons des différents instruments s’unissent finalement dans des accords pour former quelque chose d’agréable et d’harmonieux à entendre ; ici agit la loi de l’unisson. Chaque pièce musicale basée sur cette loi est par conséquent docile et harmonieuse. Si vous voulez créer une musique belle et sublime, mettez la docilité en action ; si vous voulez créer une nouvelle religion qui repose sur l’amour, fondez-là sur la docilité ; si vous voulez transformer votre vie terrestre et bonifier vos relations, mettez la docilité à la base de vos actes. La docilité élève les vibrations de l’homme et le conduit à une vie pure et divine. Chaque pensée, chaque sentiment et chaque acte, privés de docilité sont la manifestation du désamour. Pureté et sincérité sont demandées à chaque être. Comment reconnaître l’être pur ? Si vous mettez vos deux doigts dans son pot et qu’ils restent purs, il est pur. On connaîtra aussi votre pureté de cette façon. Avec ses deux doigts la femme fouille la terre pour planter quelque chose ; la religion humaine, la conscience, la volonté et la justice sont dans ces deux doigts. Voilà pourquoi, lorsqu’on dit que l’être humain doit se connaître lui-même, cela implique qu’il mette les deux doigts dans son pot pour voir s’ils restent purs ou s’ils se salissent.

La docilité et l’humilité sont des qualités qui vont ensemble. Le docile ne parle jamais de lui, il s’acquitte de ses obligations en silence, de son plein gré, et c’est ainsi qu’il se manifeste. Le Christ est venu sur terre pour cela : pour montrer aux humains comment vivre. Sans douceur ni humilité, il n’y a pas de paix. La mer, c’est-à-dire le cœur s’agite, mais la voie de l’apaisement est unique, c’est la voie vers la douceur et l’humilité. Pourquoi votre cœur s’agite-t-il ? L’écrivain s’agite que la critique soit trop sévère sur son œuvre ; le scientifique s’agite sur son invention. Si votre œuvre repose sur la vérité, ne vous troublez pas ; il y a des critiques sévères, mais si elles sont sincères elles ne sont pas dangereuses. Il est important que l’homme soit sincère envers lui-même et envers ses proches pour ne pas succomber à l’hypocrisie. Le visage de quelqu’un est tordu par la souffrance, mais il feint d’être calme ; le visage du calme est un miroir de son âme, même s’il souffre, il supporte tout avec conscience et amour, il sait qu’il est le seul responsable de sa souffrance et n’en rejette pas la faute sur les autres. « Il n’est pas facile de porter un fardeau. » Cela dépend de chacun. La femme enceinte porte un joug, mais elle se réjouit d’enfanter ; la femme enceinte doit porter son enfant avec douceur et humilité pour lui transmettre ces qualités, c’est le seul moyen d’améliorer la future génération. Par conséquent, où que vous portiez un joug : sur le cou, sur le dos, dans vos entrailles, dans votre esprit ou dans le cœur, portez-le avec joie, douceur et humilité.

« Prenez mon joug sur vous car je suis doux et humble de cœur. » Voici un verset qui mérite d’être appliqué dans la vie. Chacun doit l’écrire dans son esprit et dans son cœur. La femme enceinte doit répéter ce verset pendant toute sa grossesse. Est-ce qu’elle agit de la sorte ? Elle se rappelle parfois ce verset, mais seulement après que l’enfant soit né, et c’est déjà trop tard. Le joug du Christ est nécessaire pour la vie mentale et spirituelle ; sans lui on dénature ses pensées, ses désirs et ses actes. Qu’est-ce que vivre avec des pensées et des désirs retors ? C’est être comme un arbre avec des fruits pourris et indigestes. Les pensées sont les fruits du mental, et les sentiments, les fruits du cœur.

Pour créer une pensée, deux éléments sont nécessaires : A, qui désigne le manas supérieur et B, le manas inférieur ; ensemble ils forment le C : la pensée elle-même. Dans le monde spirituel les sentiments sont aussi formés de deux éléments : le vouloir et le désir. Ainsi la lettre A est le mental, B le cœur et C la volonté ; donc A+ B = C, c’est-à-dire que la volonté est l’enfant du mental et du cœur. Par conséquent, lorsqu’on dit de quelqu’un que sa volonté n’est pas éduquée, cela signifie que son mental et son cœur ne sont pas éduqués, et l’enfant qu’ils engendrent manquera aussi d’éducation. Certains veulent éduquer le mental et le cœur par la volonté ; c’est possible, mais votre fils jouera le rôle de votre volonté, il se mariera et vous éduquera ensemble avec sa femme. Le fils sera A, sa femme B et vous C, autrement dit ses enfants. Que donnera A – B ? Je laisse cette question ouverte, à vous de la résoudre.

Douceur et humilité sont deux grandes qualités du monde astral qui créent les véritables désirs et aspirations du cœur. Celui qui veut entrer en communion avec les habitants sublimes du monde astral doit être doux et humble. Sans ces qualités, vous irez tout de même dans le monde astral, mais vous reviendrez sans rien acquérir ; la douceur et l’humilité vous préparent pour une entrée consciente dans le monde astral. Elles apaisent l’âme qui fortifie le corps et le rend tonique et robuste ; sans douceur et humilité la guérison de l’être humain est impossible. Sans douceur et humilité aucune idée ne peut s’appliquer. Celui qui est doux traite bien les humains et les animaux, il connaît la force des relations brutales, des mauvaises paroles et les assimile aux boissons nuisibles et toxiques. C’est pourquoi je dis : ne vous nourrissez pas de mauvaises paroles et de relations brutales. Chaque parole est précieuse si elle est utilisée à sa place. Aujourd’hui, tous les humains disposent de bonnes conditions pour être doux et humbles de cœur.

« Prenez mon joug ». Le joug, ce sont les deux yeux de l’être humain. Celui qui n’applique pas la loi de la douceur et de l’humilité porte un fardeau sur son dos. L’esprit humain est attelé au travail ; sa résidence sont les yeux par lesquels il voit tout afin d’avancer. En même temps, les yeux sont aussi le licol de l’homme : ce qu’il voit à travers eux, il le désire, et s’il ne peut l’acquérir, il rentre à la maison mécontent et déçu. Il voit des champs, des maisons, des troupeaux, il convoite tout cela ; vous l’entendez dire finalement : « Je veux du vin, je veux du porc pour manger et boire, pour comprendre le sens de la vie », et s’il ne peut pas contenter ses désirs, il dit qu’il porte un joug. Le joug n’est pas en ce qu’il n’a pas satisfait ses désirs du moment, mais en ce qu’il n’a pas utilisé ses yeux à bon escient en convoitant des choses qui ne sont pas nécessaires. Celui qui n’est pas content de sa vie portera le joug sur ses épaules, s’il est toujours mécontent, le joug glissera sur son dos, et enfin, le joug entrera dans ses entrailles et il enfantera. Le joug se déplacera ainsi tant que l’être humain ne comprend pas le sens de la vie et ne devient pas parfait, c’est-à-dire doux et humble. Donc le joug est d’abord dans les yeux, ensuite sur les épaules, sur le dos et enfin dans le ventre. Venir à bout de ce joug sous-entend aussi d’étudier l’alchimie.

Par conséquent ne parlez pas de vos désirs et ne souffrez pas de ce que vous n’avez pas obtenu ; utilisez le savoir qui vient par vos yeux, et pensez à ce que vous avez à faire chaque jour. Dites-vous : « Aujourd’hui je dois être doux et humble au nom de Celui qui m’a donné la vie ». Si vous n’êtes pas prêts à être doux et humbles envers le Seigneur et si vous le rejetez, votre ange vous quittera. Si la mère et le père s’inquiètent d’un rien, leurs proches quitteront la terre l’un après l’autre. C’est terrifiant de rester seul sur terre, sans proches ni amis, comme un arbre sec sans feuilles, sans branches et sans fleurs. Plus on est inquiet, plus on descend et plus on perd ce qui nous a été donné. Pour éviter cela, prenez le joug du Christ qui conduit à la douceur et à l’humilité, c’est le seul moyen de se redresser et de s’anoblir. Prendre le joug du Christ, c’est accepter le Savoir de son Maître en soi. Celui qui n’est pas doux ni humble ne peut acquérir l’amour ; aimer est l’art le plus difficile. Là où est l’amour, là aussi est l’esprit. Apprenez à aimer non seulement les humains, mais encore les plus petits moucherons : eux aussi renferment des conditions pour votre développement futur.

Lorsqu’ils seront doux et humbles, les gens se comporteront bien avec les plantes et les animaux et ne détruiront pas les forêts sans raison. Je vois dans l’arbre un palais magnifique pour ses habitants, dans le cristal je vois aussi un palais pour la créature qui y habite, vous n’avez donc pas le droit d’ôter la vie de l’arbre sans permission ; il faut pour toute chose demander l’avis du maître de la maison. Que font nos contemporains ? Ils disposent de la vie des créatures inférieures comme si c’était leur propriété, mais ils finissent par le payer cher, peu importe s’ils le reconnaissent ou non. Vous allez rétorquer que le Seigneur a tout créé pour les humains. Que représente l’être humain ? Une partie de l’humanité toute entière. Par conséquent, en tant que partie du tout, il se doit de demander la permission pour tout ce qu’il lui faut à Celui qui est le Maître de tout. C’est ce qu’exige l’enseignement du Christ, ce qu’exige la nouvelle religion, la religion du travail, de la vie et de l’amour. Je rencontre aujourd’hui des jeunes gens, des enfants et des adultes qui ramassent les fleurs sans pitié, puis les jettent comme des choses inutiles : ceci n’est pas permis. Nous avons une mauvaise opinion de quelqu’un qui arrache les fleurs et les jette : comme il arrache les fleurs, il peut aussi arracher la tête de l’homme. Quelqu’un arrache les fleurs et les offre à ses proches, ce n’est pas permis non plus ; les Bulgares disent à ce sujet : « on n’offre pas de repas funèbre avec la nourriture des autres ». J’ai reçu tant de fleurs, mais j’ai payé pour toutes. Lorsque je reçois une fleur, je me tourne vers son maître et je dis : « Je t’en prie, pardonne à cet enfant qui ne comprend pas la règle ; lorsqu’il grandira, il comprendra son erreur et la corrigera ». La nouvelle éducation exige le respect envers les fleurs et les arbres comme envers les personnes.

J’édicte une nouvelle loi : aime chaque arbre, chaque fleur, chaque animal comme toi-même. Vous direz : « Qui es-tu, de quel droit édictes-tu une nouvelle loi ? » Je traduis les anciennes lois en langage moderne pour qu’elles soient comprises et suivies par tous. Chaque créature vivante, herbe, arbre, fleur, animal est l’expression d’une idée cachée. L’être humain aussi est l’expression d’une idée divine. Lorsqu’Il viendra sur terre, Dieu recherchera d’abord l’homme pour voir jusqu’où l’idée, déposée en lui, s’est réalisée. Il sera étonné de voir à quel point l’être humain a déformé l’idée divine déposée dans son âme. Dieu lui dira : « Tu n’as pas le droit de marchander ton corps et ton âme, ils ne sont pas à toi : ton corps est un temple divin et tu n’as pas le droit de le salir ». Combien d’hommes et de femmes sont aujourd’hui jetés à la déchetterie comme les restes des agneaux et des porcelets avec une croix sur laquelle on a écrit : « Que Dieu leur pardonne et les conduise dans Son royaume ». Dieu fera une commémoration pour le défunt, mais aussi pour celui qui est la raison de la destruction de sa maison, c’est-à-dire de son corps. Quant à moi, je dirai : « Seigneur, accueille dans Ton Royaume tous les hommes et toutes les femmes, tous les vieux, les enfants, les prêtres, les prédicateurs, les maîtres, les élèves, les marchands, les artisans, et enseigne-leur à vivre selon les lois de la justice, à ne pas détruire les maisons de leurs proches, à ne pas ôter la vie des créatures vivantes sur terre ». C’est cela prendre le joug du Christ sur soi et devenir doux et humble de cœur.

Sofia, 9 mars 1919

Traduit par Bojidar Borissov


[1] Monnaie turque

Link to comment
Share on other sites

 Share

×
×
  • Create New...