XVI. Aimer son ennemi est un apprentissage

[Ani]

AIMER SON ENNEMI EST UN APPRETISSAGE

Souvent inspirés par la conférence, nous commencions à échanger nos impressions sur les différentes idées dont le Maître avait parlé. Sa Parole stimulait notre réflexion et faisait naître en nous de nouvelles révélations et des éclaircissements, car un nouveau monde s’ouvrait devant nous, un vaste monde de lumière et de beauté. Nous voulions constamment consulter le Maître, et avec sa patience habituelle, il poursuivait ces échanges pour transformer notre conception de la vie.

Pour aimer notre ennemi, nous devons aimer Dieu en lui. Nous disons: „Je ne peux vivre en paix avec lui.” Réconcilions- nous donc avec Dieu qui vit en lui. Un être est désagréable à nos yeux, mais il est agréable au Seigneur. Si les autres nous exaspèrent et que nous ne soyons pas capables de dépasser leur attitude, cela montre que nous n’avons pas du tout compris l’essence des relations humaines. Pardonner et aimer est très difficile. Mais une loi sublime agit dans la nature: si nous pardonnons, nous gagnons notre propre liberté. Le Christ dit:

„Père, pardonne-leur: ils ne savent ce qu’ils font.” Cela signifie qu’Il ne voulait pas s’associer avec ceux qui commettaient des violences sur Lui, Il ne voulait pas non plus garder en Lui des sentiments hostiles envers eux. Car les liens créés par les sentiments hostiles ne sont pas en notre pouvoir, et même lorsque nous voulons les dénouer, c’est une aide extérieure qui devra venir le faire. Tandis que nous sommes maîtres de toutes les relations créées par nos sentiments positifs et nous pouvons les délier ou les lier. Quelquefois, non seulement on ne pardonne pas à quelqu’un, mais on ne permet pas au Seigneur de lui pardonner. On le poursuit en justice. Alors, le Seigneur vient et nous juge. Quand nous allons servir les autres, instantanément nous nous affranchissons. Certains disent: „Je ne lui pardonnerai jamais.” Nous ne lui pardonnerons pas, mais Dieu lui pardonnera. Et dès que Dieu lui aura pardonné, nous lui pardonnerons aussi.

Nous ne voulons pas pardonner à une personne qui un jour peut devenir banquier. Voilà que nous avons besoin d’argent, il nous accorde avec bonté un prêt sans intérêt, et notre opinion sur lui changera immédiatement. Donc, Dieu met l’un en situation difficile et ouvre le cœur de l’autre et c’est ainsi qu’il les réconcilie. Quand nous aimons notre ennemi, nous le désarmons! L’amour de l’ennemi signifie que dans le passé nous avons poussé cette personne dans une mauvaise voie et donc c’est nous qui en avons fait notre ennemi. Nous l’avons induit en erreur. Nous devons l’aimer pour le remettre sur la bonne voie.

En aimant les méchants, nous les rendons plus doux et plus tolérants. Si nous adoptons l’amour, le monde s’ouvrira pour nous. Un chien aboie contre nous. Quelle est la meilleure solution: est-ce de lui jeter des pierres? Il va alors aboyer encore plus fort, mais si nous lui jetons du pain, il remuera sa queue et cessera d’aboyer. Si nous lui jetons des pierres, il s’acharnera et fondra de loin sur nous. Chaque obstacle dans la vie est un chien qui aboie contre nous. Le pain nous aidera beaucoup plus et mieux que les pierres.

Nous devons montrer que nous possédons une étincelle divine. Nous tâcherons de faire du bien à notre ennemi. Par cette bonté, nous paralyserons sa force par laquelle il veut nous faire du mal. Ainsi, nous le désarmerons, son arme lui tombera des mains.

Quand quelqu’un nous parle pendant une demi-heure en nous adressant des paroles offensantes, donnons-lui un cadeau. Disons-lui: „Je n’ai jamais entendu un discours si beau. Tiens, voilà deux pièces.” Jе parle symboliquement. Cela signifie lui rendre le service dont il a besoin.

Intelligent est celui qui peut transformer son ennemi en ami. Et stupide celui qui peut transformer son ami en ennemi. Si nous sommes incapables de vaincre les difficultés, à quoi bon notre Enseignement? Nous sommes envoyés sur terre pour accomplir les tâches les plus difficiles. Nous résoudrons le problème de la haine par l’amour.

Ne dites pas: „Je ne vais pas le détester”, dites plutôt: „Je vais l’aimer.” En août 1926, un frère vint me voir et me dit: „Un homme m’a insulté dans le jardin en ville et m’a injurié avec des mots grossiers. Je me suis énervé et je lui ai répondu par des paroles encore plus offensantes et même blessantes.” J’ai répondu à ce frère: C’était un examen pour vous, et vous n’avez pas pu le passer. Vous deviez rester calme et modéré. Vous avez raté l’examen, et des souffrances vous attendent. En effet, ce frère m’a dit ensuite que sa vue avait commencé à faiblir. Il a ajouté qu’il avait déjà pardonné à cet homme et qu’il était prêt à aller lui demander pardon en personne. Quand nous pardonnons à quelqu’un et nous ne souhaitons pas le rencontrer, en réalité nous n’avons pas encore pardonné. Aimons-le pour l’amour de Dieu. Nous devons agir comme Dieu agit. Laissons de côté s’il le mérite ou pas. Lorsque le Seigneur nous a accordé un bien, l’a-t-Il fait pour répondre à notre bonté? Il l’a fait au nom de Son amour! Donc nous devons aimer avec la même intensité ceux qui nous causent des douleurs et ceux qui nous donnent de la joie. L’Écriture dit: „...si vous ne remettez pas aux hommes leurs manquements, votre Père non plus ne vous remettra pas les vôtres.” C’est une vraie école. Ce n’est pas une vérité que nous pouvons comprendre en un jour ou en une semaine. Toute une vie est nécessaire.

Deux hommes se disputaient et finalement l’un a dit: „Ce que vous avez dit est juste.” L’autre a répondu: „Ce que tu as dit est juste.” Ils se sont pris par la main et se sont mis à marcher ensemble. L’apôtre Paul dit: „Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation”, donc Il leur accordait Son pardon. Nous avons beaucoup de débiteurs, sommes-nous prêts à pardonner, à oublier ce qu’ils nous doivent? Nous allons effacer l’intérêt dû par le premier, un tiers de la dette du second et nous ne réclamerons absolument rien au troisième. Je vous dis: „Vous êtes fâché contre votre voisin pour deux mètres de terrain. Réconciliez-vous avec lui et votre mal de tête disparaîtra, car une énergie négative s’y est accumulée.”

Celui qui décide de se réconcilier est fort. Celui qui attend que les autres viennent lui demander pardon est faible. Quiconque poursuit les autres en justice crucifie le Christ. Je ne veux pas rencontrer une personne qui en poursuit une autre en justice. Nous ne devons pas troubler la conscience divine en nous. Dieu n’a rien à faire des mécontents.

L’amour exclut la loi humaine. Moïse, qui servait cette loi, n’est pas entré dans la Terre promise.