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IV. L’unité de la création


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L’UNITE DE LA CREATION

Tout d’abord, je voudrais parler un peu des camps d’été4 avec notre Maître. Les premières vacances d’été en montagne avec la Fraternité ont eu lieu en 1920 dans le Balkan (Stara planina) ; nous avons monté des tentes près de Sinité kamani (les Pierres bleues), la plupart des frères et des sœurs étaient de la ville de Sliven.

En 1921, le Maître a campé avec beaucoup de frères et de sœurs, dont la plupart de Sofia, au village de Rakitovo – dans une région pittoresque des Rhodopes, au milieu de forêts de conifères, dans la région de Tsigov Tchark. Au cours de ces vacances, nous y avons construit une belle fontaine.

En 1922, le Maître, accompagné d’un groupe important de frères et de sœurs de Sofia et de la province, a campé à Borovets, dans l’École forestière. Au cours de ces vacances, le Maître a organisé des randonnées aux alentours, le plus souvent jusqu’à la belle prairie de Choumnatitsa ou jusqu’au Moussala.

En 1924, nous avons passé les vacances d’été au bord des lacs inférieurs de Moussala, sur une petite colline descendant du sommet Moussala comme une crête entre les vallées de Béli Iskar et de Tcherni Iskar. Le Maître a appelé cette région „Le mont inconnu A-B et B-A”. Il y était accompagné d’un petit groupe de disciples de la Classe spéciale et il y a donné quelques conférences.

À partir de 1925, nous avons commencé à organiser des vacances régulières au Moussala. Le bivouac a été établi près des deux lacs inférieurs Moussalenski, et nous montions régulièrement au sommet pour le lever du soleil. Le séjour durait 3, 5, 7 ou 10 jours. Ces voyages étaient toujours réalisés dans des conditions très dures. La plupart des frères et des sœurs n’avaient pas de tentes. Certains n’avaient aucun abri. Et nous ne trouvions notre salut que dans le feu autour duquel nous nous rassemblions pour nous réchauffer et nous sécher. Les camps d’été près des lacs de Moussala ont eu lieu régulièrement jusqu’en 1929.

C’est à partir de cette année-là que nous avons organisé les vacances aux Sept lacs de Rila aussi régulièrement jusqu’en 1939, sauf en 1933 et 1934, lorsque nos camps d’été ont eu lieu à Yavorovi Prissoé au mont de Vitocha. En 1940, 1941 et 1942 où il n’y avait pas de vacances fraternelles communes, le Maître se rendait aux Sept lacs de Rila avec un petit groupe de 7 à 10 personnes pour un séjour de 5 ou 6 jours.

À partir de 1929, il n’y avait plus de vacances communes au Moussala, mais le Maître s’y rendait avec de petits groupes, soit en 1934, en 1935, en 1937, en 1938 et en 1940.

Je vais vous donner un aperçu de nos vacances d’été à Yavorovi Prissoé. Ce site au pied des deux sommets Rezniovété est très beau et pittoresque, tout couvert de pinèdes. Du fond de la vallée, la rivière Bistritsa nous enivrait de son joyeux murmure. Nous avions trois points de départ pour atteindre Yavorovi Prissoé: le village de Bistritsa, le village de Siméonovo ou le chalet „Aléko”. Pour les bagages, quelques bergers de Bistritsa nous aidaient avec leurs cheveaux.

Après avoir dressé nos tentes, notre tâche a été de repérer des sources. Le Maître a trouvé une source abondante près du bivouac, mais comme elle sourdait au milieu d’un marécage, nous avons dû drainer et nettoyer le terrain. On a même déplacé quelques grands rochers en se servant de barres. Quelques jours après, à cet endroit une fontaine s’est dressée, décorée de pierres ajustées avec art.

Le Maître a choisi une clairière au-dessus du camp pour les exercices de la Paneurythmie. Plein d’enthousiasme, nous avons aplani ensemble le terrain. Et après quelques jours, le cercle régulier de la Paneurythmie se dessinait dans le pré.

C’est dans ce site magique que nous avons vécu de nombreuses et belles journées remplies d’activités spirituelles. Tous les matins, nous allions sur une petite colline pour saluer le lever du soleil de nos prières et de nos chants. Souvent, le Maître y tenait une conférence. Après la Paneurythmie, nous engagions des conversations intéressantes avec lui ou nous faisions un travail en commun pour mieux organiser et assainir le bivouac. Chaque journée se terminait par le rassemblement autour du feu du soir où le Maître était toujours présent.

Le site Yavorovi Prissoé se trouve à une grande altitude d’environ 2000 mètres, et devant nos yeux se présentait un vaste panorama vers Sofia, la Stara Planina et les montagnes de Lozène et de Plana. Au-dessus de nous, majestueux et puissants, se dressaient les deux sommets Reznyovété comme protecteurs et gardes de ce lieu sacré. Le silence qui y régnait nous pénétrait et nous permettait de nous recueillir et de prêter l’oreille à la voix de l’Éternel omniprésent. À cet endroit, notre conscience humaine s’élevait vers le monde mystique. Les moraines qui se trouvaient au-dessus de notre camp représentaient un lieu idéal pour nos méditations et prières. Ce sont d’énormes rochers éparpillées aux alentours comme une mer de pierres sous lesquelles circulaient de nombreux ruisseaux qui descendaient du Reznyovété . De tous côtés, elles sont entourées de forêts.

Pendant ces vacances d’été, nous faisions parfois des ascensions de Reznyovété. Une fois, nous sommes partis à 2 h et avancions dans la nuit noire. Heureusement, nous avions des torches électriques. Notre intention était d’assister au lever du soleil. Nous sommes passés près de la colline Piperkata, puis près de la congère de neige conservée à un endroit sombre et humide au-dessous du sommet. Nous sommes arrivés à temps au Golémia Rézène (le sommet qui est le plus haut des deux Reznyové) avant le lever du soleil. Une fois la prière et les chants terminés, nous avons allumé du feu et chauffé de l’eau. Nous avons passé là quelques heures. D’abord, nous avons lu une ancienne conférence et ensuite nous avons engagé une conversation au cours de laquelle le Maître a expliqué:

A travers toutes nos souffrances, nous recherchons la vérité de la réalité divine. Nous recherchons et nous nous rendons compte que notre nature humaine nous a égarés, et nous poursuivons toujours davantage notre quête. Même dans l’amour, nous voulons trouver cette vérité. Nous recherchons la réalité divine dans notre père, dans notre mère, dans ce garçon, dans cette fille, et nous voyons qu’ils nous quittent. Oui, lorsque nous sommes hors de la réalité divine toutes les voix que nous entendons dans la nature vous semblent sévères. Et quand nous l’atteignons nous entendons une voix qui nous comble de bonheur c’est comme si du miel coulait dans notre cœur. Puis nous recommençons à douter, les voix rudes reviennent, elles nous troublent de nouveau. Pourtant, la voix douce qui reviendra une autre fois éclaircira le ciel. Parfois, nous pensons que la vie n’a plus de sens et nous nous décourageons, mais soudain quelqu’un porte sur nous un regard aimable, alors l’herbe et les fleurs, tout dans notre existence acquiert immédiatement un sens. Cette vérité qui provoque le chagrin comme celle qui apporte la joie n’ont rien à voir avec la vérité de la réalité divine. Le monde de la réalité divine est lumineux, tandis que le monde des changements ou de la réalité humaine est obscur. La vérité de la réalité divine ne s’inscrit pas dans l’espace.

Si le soleil s’approchait de la terre et comblait le ciel tout entier, dans quelle situation nous retrouverions-nous? Maintenant, nous ne sommes pas proche du soleil, mais il nous réchauffe de loin pour disposer de suffisamment d’espace afin de se manifester également ailleurs. La même loi régit les rapports entre les humains: vous ne devez jamais exiger d’occuper tout l’esprit d’une personne ; c’est absolument impossible. Même Dieu tout-puissant se retire un peu pour que nous puissions penser à Lui et Le chercher. Dieu ne veut pas occuper entièrement notre conscience pour nous laisser libre. Dans la vie, nous devons ressembler à un orfèvre à la recherche d’une pierre précieuse. Un sage recherche un manuscrit ou un livre sacré, et quand il le trouve, il le déchiffre. Parfois, nous sommes à la recherche de quelqu’un, sans savoir le nom de la rue et le numéro de son domicile. Donc nous ne devons jamais oublier l’adresse de la personne que nous cherchons. Le nom de celui que nous cherchons est Dieu. La rue où Il vit est symbolisée par les anges et le numéro est représenté par tous les humains bons et justes. Interprétez: si nous ne connaissons pas le nom, la rue et le numéro, nous ne trouverons pas l’adresse. Nous devrons nous rendre compte que nous nous sommes trompés soit du nom, soit de la rue ou du numéro. Après avoir trouvé le nom, nous demanderons quelle est la rue et dès que nous y serons arrivés, nous demanderons le numéro. Alors, nous saurons que

Dieu vit dans le cœur des êtres humains et dans l’esprit des anges. C’est un savoir très difficile à saisir, mais dès que nous l’aurons compris et appliqué, tout s’arrangera.

Un frère m’a demandé: „Maître, comment avez-vous trouvé le Seigneur?” Il pense qu’il s’agit d’un processus mécanique. De quelle façon puis-je lui expliquer le „comment”? Je lui raconte l’anecdote suivante: un homme se plaignait qu’il n’y avait pas d’hommes bons dans le monde et que tous étaient méchants. Un jour, il fut roué de coups, mais quelqu’un vint l’aider et guérir ses blessures ; alors, il déclara: „Voilà un être bon.” Avant de trouver le Seigneur donc, vous devez essuyer beaucoup de coups. Celui qui viendra vous guérir sera le premier être bienveillant et vous comprendrez que la bonté existe dans le monde. Si le soleil brille avec éclat, quand je sors, je vais prendre ma part de lumière et de chaleur. Mais disons que si je me suis trouvé dans des conditions très défavorables et que je n’ai pas profité de la lumière et de la chaleur du soleil, ce n’est pas la faute de la lumière mais la mienne. Quand nous serons prêts, quel visage verrons-nous? Je ne vous dirai pas son nom. Il n’a pas de nom. Nous le nommons Père mais il est plus qu’un père humain. Nous l’appelons Bien-aimé, mais il est plus qu’un bien-aimé... On peut le désigner par des milliers de noms, mais aucun ne peut exprimer vraiment ce qu’Il est en réalité. Il est plus que tout. Pour l’instant, on le considère comme notre Père, notre Bien-aimé et notre Ami.

Nous affirmons que nous aimons quelqu’un. Qui aimons- nous? Celui que nous aimons ne se trouve pas dans le corps physique. Quand notre conscience est éveillée, c’est que Dieu s’y trouve. Quand notre conscience n’est pas éveillée alors Dieu est absent. Si l’on est aimé et qu’on s’en rende compte, c’est que Dieu est là. Quand les gens nous aiment, en fait ils aiment Dieu en nous, donc nous n’avons pas le droit de refuser qu’ils nous aiment. Quand un roi rend visite à une famille, tous se précipitent vers la maison, mais en fait ils s’y rendent pour voir le roi et non pas la maison. Quand Dieu se manifeste dans une personne, les autres l’aiment parce que Dieu s’est manifesté en elle. C’est une idée qu’on doit garder en mémoire. Si on nous aime, nous en bénéficierons toujours et si nous aimons nous en bénéficierons aussi. Dans l’amour, que nous aimions ou que nous soyons aimés, nous sommes toujours gagnants. Le véritable amour ne se manifeste que lorsque l’autre voit Dieu en moi et que je vois Dieu en lui. L’Écriture sainte dit: „Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement”. Ce principe concerne l’amour. Quand nous aimons une personne, cela signifie que Dieu en elle s’est mis à vous parler, peu importe qu’elle Le connaisse ou pas. Réjouissez-vous d’avoir vu Dieu en elle, soyez heureux que Dieu vous ait parlé à travers cette personne.

Si nous sommes incapables d’aimer les autres cela signifie que nous sommes aveugles et ne pouvons voir la vérité. Dieu est en eux, cette vérité existe en eux. Par l’amour humain un être est un instrument de l’amour divin. L’amour est l’attribut de Dieu. Dieu est celui qui aime à travers chacun de nous. Comment pouvons-nous comprendre que Dieu nous aime? Si nous aimons les autres, cela montre que Dieu nous aime. En effet le Christ dit: „Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.” Quand l’être humain commence à aimer Dieu, quand il allume en lui le feu sacré, il attirera les gens comme un aimant et ils l’aimeront. Il existe deux lois. Aimer signifie se regarder chaque jour dans le miroir, car en aimant les autres, vous vous y voyez vous-même. Quand vous aimez autrui, vous vous aimez vous-même. En aimant les autres, vous aimez Dieu en eux. Par conséquent, l’amour est un miroir. Si je manifeste de l’amour envers les autres, j’ai l’approbation de Dieu parce que j’accomplis sa volonté. L’amour est un accomplissement de la volonté de Dieu. Il n’est pas facile d’expliquer l’amour. C’est la plus grande loi de l’univers. L’amour est inexplicable. Il peut se présenter sous diverses formes, mais par lui-même il est inexplicable parce que l’amour est Dieu Lui-même. L’amour humain vient de Dieu. L’être humain n’est qu’un instrument et ne peut expliquer ce qui le dépasse. Il doit le laisser agir sans le limiter. Si on parle de l’amour, on ne doit pas l’interpréter d’un point de vue humain.

Après avoir bu du thé, nous avons repris la conversation.

La connaissance de Dieu est une condition de la vie éternelle. Vous ne pourrez Le connaître en dehors de l’amour. En dehors de l’amour, Dieu est inconnaissable. Vous pouvez étudier ses bienfaits bien sûr et ce sera bénéfique pour vous, mais ce qui est le plus important, c’est l’amour. Le sens de la vie est dans la connaissance de Dieu. Cet enseignement est difficile à accepter et vous aurez des difficultés à le comprendre sans avoir souffert. Vous n’arriverez pas à connaître Dieu si vous obtenez le bonheur par des moyens extérieurs, si tous vos désirs sont satisfaits. Vous devez être déçu par le monde extérieur pour commencer à connaître le Seigneur. Prenez soin de ceux qui ont besoin d’aide. Cela signifie montrer aux autres le chemin vers Dieu. N’est-il pas vrai que le Christ dit: „Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.” Le monde spirituel indiquera à chacun où aller et où il devra travailler. Le monde invisible nous conduira vers ceux qui sont prédestinés et déjà prêts.

Celui qui veut le savoir spirituel doit reconnaître le monde supérieur, le monde divin, à savoir reconnaître Dieu. Cela signifie connaître les conditions dans lesquelles nous pouvons évoluer. Nous connaissons ceux que nous aimons. Nous ne pouvons pas connaître quelqu’un sans l’avoir aimé auparavant. Nous avons un ami et jusqu’à présent nous ne le connaissons pas. Si nous n’aimons pas quelqu’un, il n’est qu’une apparence à nos yeux. Si nous nous mettons à l’aimer, nous découvrirons qu’il a une grande âme, plus grande que l’univers et nous devrons consacrer des milliers d’années à l’étude de ses beautés cachées.

En partant pour l’au-delà, vous vous rendrez compte à quel point les autres vous aiment. L’amour ordinaire est pour la terre.

Après quelques heures passées au Reznyovété, nous avons traversé le pré Samodivska (le pré des nymphes) en descendant. Les conférences que le Maître a tenues à Yavorovi Prissoé en 1934 sont publiées dans le volume „La grandeur de la vie.”

4 Appelés le plus souvent „vacances d’été”. (N. trad.)

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