Jump to content

1922_06_04 Ne commettez pas d’extorsion ni de fraude


Ani
 Share

Recommended Posts

Ne commettez pas d’extorsion ni de fraude

« Des soldats aussi lui demandèrent : Et nous, que devons-nous faire ?

Il leur répondit : Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde.[1] »

Luc 3 :14

Les soldats, ce sont les hommes forts qui gouvernent sur terre. Il faut maintenant s’adresser aux forts et non pas aux faibles, aux riches et non pas aux misérables, aux savants et non pas aux ignorants, aux bons et non pas aux méchants. Chaque enseignement doit être compris strictement et avec une rigueur mathématique, compris dans notre conscience et non pas à l’extérieur, non pas dans la forme. Je peux vous livrer un savoir dans une forme poétique ou en prose - ce ne sera pas alors un savoir compris dans votre conscience. Par conséquent toute cette controverse qui existe dans la culture contemporaine ne concerne que l’acquisition extérieure du savoir ; dans cette acquisition extérieure du savoir il y a toujours un débat sur qui détient la vérité, alors que l’acquisition intérieure ne suscite jamais aucun débat. Prenez deux violonistes qui ont terminé le conservatoire et ont développé un savoir-faire, et présentez-leur n’importe quelle œuvre d’art : lorsqu’ils prennent le violon et exécutent l’œuvre, cela ne laisse pas de place au débat ; mais leurs violons doivent être accordés de la même façon et ils doivent avoir appris les mêmes choses, avoir acquis le même savoir, les mêmes règles. Mais si un joueur de cornemuse bulgare exécutait ce morceau de musique, qu’en ferait-il à votre avis ? Les touches sur le cornemuse bulgare sont absents pour ainsi dire, il manque aussi certaines ouvertures dans le sifflet avec lesquels reproduire certaines tonalités. Des touches sont manquantes même sur un piano moderne, même sur un orgue actuel il y a également pas mal de défauts. Le piano ne peut pas produire un quart de ton ; il peut produire un demi ton, mais à peine un huitième de ton et encore moins un seizième de ton.

Les chrétiens contemporains ont appris à chanter comme celui qui commence par une note entière à quatre temps : en début d’une note entière… Je ne dis pas que c’est mauvais, mais ce ne sont que les prémices de la musique, là où celle-ci a pour but l’élévation de l’âme humaine. Si vous me demandez pourquoi la musique existe, je vous dirai qu’elle est un moyen du monde spirituel d’élever l’âme déchue de l’être humain, descendue sur terre. Tous les tons musicaux ont une hauteur et lorsqu’on se met à chanter de quelle que façon que ce soit, l’âme s’allège, tandis que si on ne chante pas, l’âme se resserre, se voile de tristesse. Donc l’être musical peut penser et sentir mélodieusement avec de la musique, mais il peut aussi sentir et penser mélodieusement même en l’absence de musique ; les deux existent, mais le premier processus est une élévation et le second processus est une intériorisation.

Maintenant par exemple, lorsque je vous expose ceci vous pouvez approuver en disant : « Oui, c’est juste ». Je ne cherche pas à vous convaincre de la justesse de mes paroles, je n’ai pas besoin de cela ; constater si mes paroles sont justes ou non n’est pas une philosophie car j’ai soumis cet Enseignement à l’épreuve. Je ne veux pas que vous constatiez, je ne demande pas ce qui est juste ou non. Si je viens à vous avec deux coffrets remplis de graines – deux coffrets en or, travaillés de la même manière, colorés, badigeonnés – et je dis que dans l’un il y a telle sorte de graines à semer dans votre jardin dans telles ou telles conditions ; et si je vous donne toutes les directives en disant : « Il y a dans l’autre coffret des graines qui sont singulières qui vont donner des résultats singuliers ». Si vous semiez les graines des deux coffrets, quels seraient les résultats ? Un enseignement peut être doré mais stérile ; un enseignement peut être constitué de graines et si vous les semez, les arbustes qui en résultent donneront du fruit.

Je veux donc que vous tous goutiez les fruits de cet enseignement divin que je prône ; et alors, lorsque vous gouterez ces fruits, cela va m’agréer. Cet enseignement divin ne dépend pas du coffret en or, car celui-ci est secondaire, j’aurais pu mettre ces graines dans un coffret tout simple. Je peux exprimer une grande vérité dans une forme poétique, je peux aussi parler en poète. Je suis capable de parler en poète, je suis un poète de nature ; je peux aussi parler en musicien, je suis un musicien de nature ; je peux aussi parler en philosophe, je suis un philosophe de nature, mais je préfère parfois parler avec des approximations comme les enfants, c’est mieux car il vaut mieux avoir le verbe approximatif sur terre, et avoir le verbe parfait au Ciel. Avoir le verbe parfait sur terre signifie faire des erreurs, et avoir le verbe approximatif au Ciel signifie être imparfait.

Je vous dirai maintenant pourquoi sur terre il faut parler avec des approximations : lorsque tu bâtis une maison sur terre, elle ne doit pas être hermétiquement isolée, sans conduits de ventilation, mais avoir des entrées de façon qu’un pauvre homme puisse venir et entrer s’il est dans le besoin ; comme tu es endormi et que tu ne l’entends pas frapper, il peut trouver cette entrée et dire : « Dieu merci, j’ai trouvé ». C’est pour cette raison que je laisse ces grandes ouvertures dans mes causeries, pour que quelqu’un puisse entrer dans la maison ; puisque je suis parfois absent et que les domestiques dorment, je laisse donc ces ouvertures pour qu’il puisse entrer. Comprenez-vous cette philosophie ? C’est une figure de style comme celle des contes des Mille et une nuits. D’ailleurs il n’y a pas de telles maisons en Bulgarie, ni en Angleterre, ni en Inde, il n’y a nulle part dans le monde de maison comme celle que je vous décris, avec de grandes ouvertures de la sorte ; donc elle n’existe pas en tant que fait réel, mais uniquement en tant que probabilité, une probabilité mathématique, et lorsque cette probabilité mathématique se réalise elle devient une espérance mathématique, car il y a une probabilité mathématique, une foi mathématique et une espérance mathématique. Les mathématiciens disent : « Lorsque toutes les conditions sont aussi bénéfiques, concordantes et constantes, tu peux déjà par avance connaitre le gain » : c’est cela l’espérance mathématique. Mais lorsque cette probabilité mathématique est plus faible et qu’une des conditions est incertaine, alors tu attendras qu’elle se vérifie pour récupérer ce qui t’est dû.

On demande maintenant à Jean-Baptiste – il est l’ancienne vie que nous menons à présent – : « Que devons-nous faire, nous, les hommes forts de ce monde ? Tu es venu, tel un prophète de Dieu, que devons-nous faire ? » Il a dit aux uns de ne pas se rassembler plus qu’il ne faut et à d’autres il a conseillé de donner un vêtement à son prochain s’ils en possèdent deux et de partager leur bouchée de pain ; aux soldats il a demandé de ne faire violence à personne et de ne pas proférer de fausses accusations. Et en réalité, si dans un régime social on interdisait la violence, mais aussi la fraude, si on les interdisait dans tout un pays, les choses s’y amélioreraient à cinquante pour cent au moins et le mal serait écarté ; et si toutes les sociétés écartaient la violence et la fraude, on obtiendrait le même résultat. Ce péché est maintenant chez tous ; on peut exercer la violence sur quelqu’un et ce de plusieurs façons : il y a une violence directe dans sa forme brute due à la force physique, à l’instar des animaux qui peuvent violenter d’autres animaux ; il y a une violence juridique, sous couvert de la loi quand celle-ci est utilisée à mauvais escient ; il y a une violence psychologique lorsque nous disons ce qui n’est pas, c’est-à-dire lorsque nous trompons les autres. Imaginez que certains demandent : « Comment reconnaître si quelqu’un est de Dieu ou non ? » Vous direz : « Il parle bien et intelligemment, cite les Écritures, cite Isaïe, cite Jésus-Christ, parle de la foi », mais selon moi cela n’est pas encore une preuve que c’est un envoyé de Dieu.

Je traite le fondement des choses, je me soumets moi-même et les autres à la même critique. Je demande alors pourquoi un prophète penserait être ce qu’il n’est pas, ou pourquoi un chrétien penserait être ce qu’il n’est pas ? Pourquoi ne pas admettre la grande vérité en notre for intérieur telle qu’elle apparaît à un instant dans notre conscience, ce que nous percevons et ressentons au plus profond de nous ? Nous devons être sincères envers nous-mêmes et ne pas considérer notre vie du point de vue de ces moments agréables où règne la bonne humeur et où l’ambiance se réchauffe, car ces moments peuvent être occasionnels. Maintenant ton grand-père t’a légué un ou deux millions de levas, mais c’est occasionnel et lorsque tu perdras ton capital, ton argent, ta fortune, le savoir que tu as, la forme ne te sera plus d’aucune utilité.

Nous les contemporains, nous croyons à tort que la culture est quelque chose de substantiel. Je demande quel profit tirent le monde invisible et Dieu si un ingénieur en Bulgarie invente une machine à voler dans les airs ? Est-ce que le Seigneur prendra cette machine pour modèle ? Avant que ce Bulgare ne la fabrique, depuis des millions d’années, le Seigneur avait déjà de telles machines, vivantes de surcroît ! Certains disent « Culture ». Quelle culture avons-nous ? En quoi cette invention est-elle utile au monde invisible ? En quoi avoir su exploiter l’électricité est au profit de la culture ? La nature a attelé cette électricité depuis des millions d’années ; avant qu’il dompte l’électricité dans des câbles électriques, elle s’est déjà servie de cette électricité. Il dit : « Je pense ! » Il s’est dressé sur ses deux jambes il y a des millions d’années, il a une intelligence, il se dit capable de penser ; puisqu’il sait penser, que peut-il transmettre au monde : est-ce que les humains avant lui ne pensaient pas ? En quoi consiste alors l’essence des choses ? Nous devons nous approcher d’un grand principe à travers lequel notre âme peut se connaître : suis-je ou ne suis-je pas ?

Je vais vous relater de nouveau cette anecdote car elle est bulgare et vous devez vous en souvenir. Je changerai le nom : c’était Stoyan auparavant, mais il y a des stoyans ici ; si je mets Ivan, il y a des Ivans ; si je mets Petko, il y a des petkos ; je le nommerai Mango pour que vous ne preniez pas ombrage. Un tzigane, nommé Mango avait un petit âne, mais il cherchait de l’argent ; il a voulu l’amener au marché pour le vendre et offrir à sa femme un nouveau nikab pour la fête du Bayram. Il a conduit son ânon en ville avec son licol en poussant la chansonnette. Fatigué, il s’est arrêté sous un poirier pour se reposer, il a attaché le licol à sa main et s’est assoupi. Deux enfants ont libéré l’ânon du licol, l’ont monté et ont déguerpi. Mango se réveille et constate que l’ânon a disparu, mais que le licol est toujours là ; comment l’ânon a-t-il pu glisser sa tête hors du licol ? Il se dit : « C’est curieux, j’ai perdu cet âne. Si je suis Mango, l’âne est perdu, mais si je ne suis pas Mango, je dirai à ma femme que j’ai gagné ce licol ; j’ai donc un licol ».

Nous, les contemporains, nous avons un licol dans les mains et nous nous interrogeons : « Est-ce que l’âne est perdu ou bien est-ce que le licol est gagné ? » Et les gens disent : « Sommes-nous sauvés ? » Alors certains nous persuadent que si on est sauvé, on gagnera des choses de l’autre côté ; ce n’est que le licol, mais tu as perdu l’âne ; si tu as perdu l’âne, dans l’autre monde tu ne gagneras rien, je te l’affirme : tu ne gagneras rien ; mais si ton âne est avec toi, tu gagneras beaucoup. Et selon moi Mango ne devait pas mettre cet ânon en vente.

Chaque enseignement doit être strictement défini dans nos esprits pour ne pas engendrer ces contradictions. Quel est le juste enseignement ? Seul l’enseignement divin est juste car il est applicable ; c’est un Enseignement qui peut en un an changer l’être humain en forme, en contenu et en nature. Je m’exprime parfois en symboles car la matière est très abstraite et le chemin de la symbolique est le plus facile à emprunter, il me fait économiser du temps. Si je m’élance à parler comme vous le faites, pour un seul de mes discours symboliques il faudrait une année entière ; il est nécessaire de consacrer un an à chaque symbole de mon discours. Chaque symbole ou chaque métaphore sont reliés, ils ont leurs rapports, leurs accords qui expliquent leur genèse, qui expliquent le comment et le pourquoi ; ces définitions ne sont pas employées arbitrairement, elles suivent certaines lois, il y a certains accords, c’est toute une musique. La nature aussi s’exprime de la sorte, c’est un langage particulier que vous étudierez à l’avenir. Chaque enseignement doit être strictement défini, non pas mécaniquement, mais mathématiquement parlant, et nous devons avoir la certitude que cet enseignement est absolument divin et que nous pouvons l’utiliser partout dans notre vie.

Par exemple, vous affirmez que Dieu est amour ; très bien, mais l’avez-vous vérifié ? Tous parlent de cela, tous le prêchent. Allez dans une église orthodoxe, allez dans une église évangélique, dans une mosquée, dans chaque église toutes les religions clament : « Dieu est amour », mais combien parmi les dévots ont vérifié que Dieu est amour ? Je vais me servir d’une analogie. Je prends en guise de comparaison les cinq sens. Commençons par la langue humaine, admettons que l’être humain doit percevoir ce qu’est la lumière par le biais de sa langue : il tire sa langue, s’il est aveugle et sourd, et fait des observations. Comment fera-t-il pour établir s’il y a de la lumière ou de la chaleur ? Par le seul constat du dessèchement de sa langue. S’il la tient au soleil, sa langue se desséchera et commencera à se rider, ce qui sera le signe qu’elle a été exposée au soleil ; si elle ne se dessèche pas mais reste humide, c’est que le Soleil ne l’a pas irradiée. C’est pour cette raison que la nature a caché la langue à l’intérieur car elle ne doit pas se dessécher, voyez-vous ? Je raisonne par analogie : si dans le monde les choses se dessèchent – je tire une conclusion, je peux l’argumenter et la prouver mathématiquement parlant, si elles se dessèchent, si elles ne progressent pas, s’il y a un retour en arrière, une dégénérescence, une perversion, leur langue est dans un état anormal, elle est exposée au soleil à l’extérieur. Donc la chaleur et la lumière mécaniques sont nuisibles pour la langue. Bien, admettons maintenant que vous testiez cette lumière uniquement par votre oreille ; comment ressentirez-vous la lumière et la chaleur ? Votre oreille brûlera et vous ressentirez parfois une grande chaleur. Vous ressentirez deux gênes dans vos tympans : élévation de la température et brûlures. Donc, lorsque la fièvre se manifeste lors d’une maladie, je dis : « Les humains perçoivent la lumière et la chaleur par leurs tympans ». Ainsi, la perception intelligente de la lumière et de la chaleur ne se fait ni par la langue, ni par les oreilles. Je peux aussi maintenant procéder à une analogie pour le nez mais je la laisse de côté. Le seul organe par lequel nous percevons la lumière en ayant une idée précise de ce qu’elle est, ce sont les yeux. Les yeux distillent une sensation agréable ; en quoi consiste cette sensation ? Si la lumière transite par l’oreille, il n’y a aucune dilatation, si elle transite par la langue, il n’y a aucune dilatation non plus, mais si elle transite par tes yeux, tout un monde s’ouvre devant toi : tous les objets qui sont confus, flous et qui restent dans le secret, se révèlent à présent à tes yeux. Par conséquent, chaque enseignement est authentique seulement lorsqu’il peut nous révéler le monde divin en forme, en contenu et en sens.

Maintenant, vous pouvez appliquer cet Enseignement à vous-mêmes. N’appliquez pas aux autres l’Enseignement que vous recevez. Certains font la différence entre ce que le Christ a enseigné et préconisé, et ce que j’enseigne moi ; le Christ et moi nous enseignons la même chose, rien de plus. Certains demandent : « Qui es-tu ? » La question n’est pas qui je suis ! D’autres demandent : « Qui est le Christ ? » La question n’est pas qui est le Christ ! Il y a Un seul Dieu dans le monde : le Dieu de l’amour qui se manifeste à sa guise et à travers celui qu’Il veut. Toute gloire, toute sagesse et tout savoir dans le monde est Sien ; et tout être, qu’il soit le plus grand des prophètes, un maître ou l’un des dieux, s’il ose seulement s’approprier ce titre et s’approprier ce que Dieu a en Lui serait une personne déchue. Nous ne nous illusionnons pas, nous ne voulons aucune gloire pour répondre qui nous sommes, non, non, ce n’est pas pour nous ; l’important pour nous dans ce Verbe du grand Seigneur de l’amour est que tous les humains aient Sa bénédiction, Sa lumière et Sa chaleur, et non pas par les oreilles, la langue ou le nez, mais par les yeux.

La question n’est pas de savoir ce que nous devons être : orthodoxes, évangélistes ou catholiques. Certains nous baptisent maintenant deunovistes ; le plus grand mal, le plus grand déshonneur pour moi est ce nom deunoviste ; c’est un pseudonyme, moi-même je n’en suis pas un. Certains peuvent trouver agréable de s’appeler deunoviste, mais pour moi lorsqu’on prononce le mot deunoviste ou Deunov, c’est comme si on me plantait un clou dans la main. Peu importe tout cela, nous souffrons tous de deunovisme, de paulisme, d’apostolisme, de petrovisme et tutti quanti[2]. Le monde souffre de cette incurie, de noms comme karavelistes, tonchevistes, draguiévistes, stambolovistes[3] et ainsi de suite ; aucuns d’eux, ni les stambolovistes ni les karavelistes n’ont redressé la Bulgarie. Rien qui soit déterminé par la pensée humaine n’est authentique ; le christianisme aussi a perdu lorsqu’il a été affublé de ce nom. Je n’ai rien contre le christianisme, mais sa force ne réside pas dans son nom ; si nous pensons le contraire, c’est-à-dire que la force est dans le nom, nous nous trompons. J’interprète cette loi d’après le principe.

La force d’un enseignement dépend seulement de l’amour qui l’habite, seul cet amour qui pénètre l’âme humaine, la pensée humaine, le cœur humain, l’esprit humain, lui seul les élève. Vous pouvez louer mon nom, mais alors, non seulement il ne vous apportera rien mais de surcroît vous pâlirez et vous vous dessècherez complètement. N’allez pas de l’autre côté. Je ne vous dis pas qui est Deunov, je ne veux pas que vous le sachiez ; je suis comme vous : lorsque j’examine l’enseignement du Christ, je ne m’écarte pas de vous. Pourquoi suis-je l’un de vous ? Parce que je sais que Dieu est amour, je ne peux pas faire de différence entre Ses créatures. Si je vous considère en dehors de Dieu, vous n’êtes rien ; mais du point de vue de l’amour, dans cet organisme, dans cette conscience, j’ai du respect et de l’amour pour vous en considérant que vous êtes une manifestation de Dieu.

Dois-je vous demander à présent ce que vous pensez de moi ? Le Christ aussi interrogeait les disciples autrefois : « Que pensent-ils de Moi, qui je suis » ; ils lui ont répondu : « Les uns pensent que tu es Isaïe, d’autres, que tu es l’un des prophètes ». « Mais vous, que pensez-vous ? » L’un a osé dire : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant », mais il n’a pas encore formulé la vérité et le Christ l’a corrigé en lui disant : « Je suis de chair et de sang », et il a ajouté : « Ce ne sont pas les gens qui te l’ont révélé, mais mon Père [4] ». Voilà ce qu’Il a dit lorsqu’Il l’a corrigé, ce n’est pas relaté dans l’Évangile. Vous me demanderez ce qui est écrit ? Je vous le dirai, mais lorsque l’amour vivra en vous. Êtes-vous prêts à sacrifier toute votre vie, tous vos avoirs pour Dieu ? Certains parmi vous attendent que je leur révèle des choses ; je ne vous révèlerai rien. Êtes-vous prêts à tout sacrifier ? « À moitié. » Non, non, lorsque nous révélons une vérité divine, nous voulons que les gens sacrifient toute leur vie, sans réserve, sans conditions, je suis très clair là-dessus.

« Je veux quitter ma femme », dis-tu. Tu n’en es pas content, mais alors laisse-lui tous tes avoirs : tu vas assurer ses arrières et si tu gagnes quelque chose, tu le lui céderas et tu ne retiendras rien pour toi ; tu lui diras : « Je te laisse tout mais tu me laisseras libre ». L’homme d’aujourd’hui a vendu ses avoirs, a mis l’argent dans le coffre-fort et il est parti servir Dieu : en voici un « service » remarquable ! Il clame : « L’Esprit a ordonné ainsi ! » Non, non, l’Esprit n’a jamais ordonné cela. Et une femme qui veut être entretenue par son mari est la plus fallacieuse ; il n’y a rien de plus déshonorant que cela dans le monde : des femmes qui se marient dans le but d’être entretenues par leurs maris. C’est cela le mariage ? C’est le signe que vous ne vous appuyez pas sur Dieu, mais que vous avez fait de votre mari une idole qui vous entretient. C’est pour cela que la mort est apparue, c’est pour cela que meurent les hommes qui ont fait des idoles de leurs femmes, c’est pour cela que les femmes meurent aussi. Et lorsque vous allez auprès de votre mari, vous regardez s’il a légué quelque chose : ce sont des affaires commerciales, pourquoi ne pas établir un contrat commercial dans ce cas ? « Le Seigneur a dit ainsi ». Non, le Seigneur n’a pas dit ainsi, ce sont vos propres dires. Vous devez discerner le Divin de l’humain si vous voulez avoir à l’avenir une culture pas seulement en paroles. Et ne pas laisser dire que cet Enseignement est seulement dans les nuages - ce que je vous dis est applicable dans la société, partout ; il y a des moyens, des méthodes pour bien me comprendre.

Il faut partout insuffler la justice. Une femme lassée par son mari se dit maintenant : « Le Maître parle vrai, je vais le quitter ». Non, non, je ne dis pas cela ; et un mari, lassé par sa femme, voudrait aussi la quitter. Je ne cautionne pas cela, je m’exprime en principe ; tu es venu seul dans le monde et tu dois vivre seul. Que signifie vivre seul ? Aux yeux de Dieu vivre seul signifie vivre pour tous et que tous vivent en toi, voilà ce que signifie être seul.

Et on demande maintenant : « Que devons-nous faire ? » Ne pas exercer de violence ; nous nous faisons tous subir de la violence les uns aux autres. Quelqu’un vient à moi et veut parfois – je le note, j’observe les gens – que je lui confie quelque chose, mais je ne peux pas le lui dire. « Ainsi, tu ne me fais pas confiance, ne suis-je donc pas digne d’être dans la confidence ? » Maintenant les gens ne comprennent pas : dans cet Enseignement je dois parfois préciser une grande loi, mais cela recèle un danger. Je vous donnerai une comparaison, une analogie pour illustrer ce danger. Admettons que vous êtes pauvres et que vous venez me voir : je vous donne à manger, je vous habille et je vous laisse un sac rempli d’or ; là, sur le chemin, il y a dix brigands qui attendent. Si je vous y envoie avec ce sac, à votre avis, passeriez-vous sain et sauf ? Vous paierez de votre vie et il vaut mieux avoir des habits propres que ce sac d’or. Si le chemin est sûr et la société bien réglementée, même deux sacs d’or ne vous exposeront pas à un danger quelconque. Du point de vue occulte c’est le signe qu’on a dompté ce qui est matériel, qu’on a une morale très haute, sans trace de brigands en son for intérieur, alors cette grande vérité peut lui être confiée ; mais s’il n’a pas cette stabilité, s’il nourrit des brigands en lui, si ce sac d’or apparaît, alors il le paiera de sa vie. Je ne veux plus de cela, ce qui est ancien est déjà révolu, et n’est plus acceptable.

Quelles doivent être les nouvelles formes dans la vie, les nouvelles compréhensions, comment doit être la nouvelle morale ? On dit par exemple : « Ne mens pas ! » Il faut parler de façon véridique, bannir le mensonge, mais la question n’est pas là. Le mensonge est la négation de la vérité. L’amour doit être parfait, désintéressé, sans limites, sans aucune revendication de l’âme. L’amour, le premier principe doit être en nous plein et parfait ; cet amour doit non seulement habiter notre pensée, mais être aussi dans notre cœur et dans notre âme en substance et en contenu, et enfin être en puissance dans notre volonté pour être applicable instantanément. Nous appliquerons, nous éprouverons l’amour par lui-même.

Comment s’illustre le puissant ? De deux façons : il peut combattre un autre puissant, pour montrer sa force, c’est ainsi que les lutteurs s’affrontent couverts de prix, de lauriers en cas de victoire et ils clament : « Il n’y a pas d’autre lutteur semblable à moi ; celui qui me cherche des noises, je le mets en bouillie si je l’attrape ». Et on dit : « C’est un héros de notre patrie ». Le monde est plein de ce type de héros. Le deuxième héros, le puissant est celui qui lorsqu’il croise une vieille femme – ou jeune, peu importe, la prend sur son dos, discute avec elle : « Grand-mère, où veux-tu te rendre ? » Il l’amène chez elle, la dépose, lui rend service et s’en va ; s’il voit que quelqu’un se noie, il l’attrape par la main, vient à son secours. Ce gaillard rend service à tous où qu’il aille. Qu’est-ce qui est mieux : se mesurer aux autres ou bien être au service des faibles ? N’est puissant que celui qui peut aider les faibles.

Secourons les faibles ! Vous tous qui m’écoutez, vous êtes forts, vous êtes des héros. Qui parmi vous ne caresse pas l’idée d’être le premier ministre de Bulgarie ? Qui parmi les femmes ne souhaite pas être comtesse ? La société est ainsi, vous avez tous ce désir, mais vous le dissimulez, vous le taisez. Si je vous le demande directement, vous direz : « Ce n’est pas vrai » ; je ne veux pas poser la question, demander, car vous me mentirez et je ne veux causer de tort ni à moi ni à vous. C’est un trait distinctif chez tous. S’il est question d’être comtesse, vous êtes plus qu’une comtesse. Mais être comte en Bulgarie signifie être balayeur au Ciel ; le comte le plus émérite sur terre sera chargé des pires corvées au Ciel, comprenez-vous ?

Alors je vais vous relater l’anecdote de ce grand bœuf. Au temps de leur civilisation – les bœufs avaient leur propre civilisation et leur culture actuelle est le reliquat de celle d’antan – ce bœuf a parcouru le monde entier et a vaincu tout le monde avec ses cornes, il n'avait trouvé aucun adversaire digne de lui. Il a appris l’existence des humains et a dit : « Je vais aller là-bas, je leur montrerai les cornes que j’ai ! » C’était tout de même le grand bœuf qui n’avait pas rencontré d’adversaire capable de lui résister. Il se rend chez les humains pour les combattre et ils l’ont attrapé puis attelé au travail ; ils lui ont montré qu’il y avait plus fort que lui. Maintenant, lui et ses congénères labourent les champs des humains.

Nous les contemporains, les religieux, nous pensons être pieux et puissants. « Le Christ a fait cela pour nous ». Le Christ peut faire quelque chose pour vous seulement à une condition : il n’a pu dire ces paroles que sous la loi du plein amour divin. Vous êtes dans une église et vous dites ainsi : « J’aime le Christ et je suis prêt à sacrifier ma vie pour Lui », mais vous êtes attachés à l’église et vous dites : « Que diront les nôtres à l’église, que dira mon père, que dira ma mère, que dira le peuple, que dira celui-ci ou celui-là ? J’aime le Christ, mais son temps n’est pas encore venu ; peut-être plus tard, dans un futur lointain ». Certains qui croient à la réincarnation peuvent dire : « Pas dans cette réincarnation mais dans la suivante » ; les religieux de leur côté diront : « Lorsque nous irons au Ciel, le Seigneur nous apprendra comment y arriver, nous n’avons pas pu sur terre ». Non, non, celui qui ne peut pas servir le Christ ici sur terre ne pourra pas le servir au Ciel, et celui qui peut le servir sur terre, pourra le faire aussi au Ciel ; comprenez-vous ? On prêche maintenant que tout est possible au Ciel ; c’est au sens figuré, cela veut dire que dans des conditions plus favorables sur terre, telles qu’elles existent au Ciel, lorsqu’on y met cet ordre et cette discipline, lorsque les lois du monde invisible, lointain – non pas qu’il soit lointain en temps et en espace, mais lointain du fait de l’absence de ces organes sensoriels, nous ne pouvons pas entrer en contact avec lui – lorsque ces lois du monde invisible seront accessibles pour notre pensée, pour nos cœurs, et seront applicables sur terre, il y aura des conditions plus bénéfiques pour appliquer cet amour divin sur terre. Cela veut dire que nous devons quitter la terre et y revenir pour retravailler ce matériel et revêtir ces formes nouvelles par lesquelles introduire le Nouvel Enseignement pour bannir la violence de ce monde.

Je vais m’arrêter maintenant pour vous relater un conte occulte à propos de la tribu des finuces. Je ne donne pas son vrai nom occulte car ce n’est pas autorisé ; c’est un sobriquet que j’ai inventé, il est de moi, je vous dis la vérité. Je ne vous donne pas non plus le nom de l’héroïne, je la baptise Kvistinia ou Kvistina, comme vous voulez. Elle a eu un éveil de conscience et a voulu entrer dans la Fraternité Blanche pour accélérer son développement ; elle est partie dans le monde chercher des procédés et des méthodes pour acquérir ce savoir en entrant dans des fraternités successives qui lui étaient inconnues. À un endroit elle a dû gager son cerveau pour obtenir du savoir : elle l’a fait ; à un autre endroit elle a dû gager son cœur pour obtenir de l’amour : elle l’a fait ; à un troisième endroit pour obtenir la force il a fallu gager sa volonté : elle l’a fait ; à un quatrième endroit elle a gagé son âme. En gageant son âme, elle a compris qu’elle avait tout perdu sans rien acquérir.

Je tracerai maintenant un parallèle, je vais interpréter ce conte ancien. Si nous gageons notre pensée que Dieu nous a donnée, si nous gageons notre cœur que Dieu nous a donné, notre volonté que Dieu nous a donnée et notre âme, nous sentirons que nous avons tout perdu : on appelle cela la chute originelle. C’est ce conte fondateur de la Bible sur le jardin d’Eden, c’est gager tout pour obtenir savoir et amour, mais si tu gages tout, tu sentiras que tu as tout perdu sans avoir rien acquis. Je demande alors : comment faut-il trouver cette vérité dans le monde ?

Eh, savez-vous quand est apparu le mariage ? Je vais entamer une réflexion à présent : l’histoire du mariage. Lorsque cette héroïne était en proie au désespoir, un des adeptes ou des Maîtres de la Grande Fraternité Blanche a adressé une prière à Dieu en disant qu’elle avait suivi un mauvais chemin et en demandant qu’elle soit reconduite dans le droit chemin. Il a fallu alors qu’un des frères de la Fraternité Blanche se marie pour la sauver : qu’il sacrifie la moitié de sa pensée, la moitié de son cœur. C’est ce conte de la création d’Ève avec une côte d’Adam, c’est cette autre histoire. Et vous maintenant, vous vous mariez, mais à quoi bon ? Le mariage, c’est une loi pour sauver les humains, c’est l’un des grands sacrifices que l’on peut faire. Tandis que le mariage d’aujourd’hui ressemble à quoi ? Du moins en Bulgarie, à quoi cela ressemble-t-il ? Se présentent d’abord de vieilles grands-mères, les marieuses qui se mettent à fréquenter la famille de la jeune fille de loin en disant : « Ne songez-vous pas à la marier ? Il y a un beau jeune homme, il est comme ci et comme ça, elle vivra heureuse avec lui, ce sont des gens riches, fortunés, on prendra grand soin d’elle ». Oui, ce sont tous des anges, lui aussi c’est un ange. Et la mère ne dira pas la vérité à la jeune fille, mais : « Tu auras une belle vie ». Une fois mariée, la fille dit : « Maman, tu m’as parlé ainsi, mais nous ne vivons pas comme tu l’as dit » et la mère dit : « Nous aussi, nous vivons comme ça avec ton père, dans la tourmente ». Et cette jeune fille aussi affirmera plus tard à sa propre fille que celle-ci vivra heureuse : c’est ainsi vous vous mariez.

Vous direz : « C’est ainsi que le monde est fait ». Ne mariez jamais personne, ne mariez pas, comprenez-vous ? Celui qui est prêt à sacrifier sa vie et à délivrer cette Kvistinia, qu’il se marie et que ce mariage soit entre elle, lui et Dieu. Pour accéder à cette région, il doit être un héros dans tous les plans : il doit s’élever dans le monde invisible, dans le champ mental et combattre pour y reprendre sa richesse ; il doit ensuite descendre dans le monde astral et livrer un autre combat, et libérer le cœur de sa bienaimée ; puis descendre sur le plan physique et libérer sa volonté ; puis monter dans le monde causal pour libérer son âme ; et après lui avoir restitué toutes ses richesses, il doit dire : « Ma bienaimée, j’ai accompli ta délivrance, reprends tout ; nous sommes libres et nous pouvons servir Dieu comme nous le souhaitons ». Voilà ce qu’est le mariage contrairement à maintenant où le mari va mettre en gage la pensée de sa femme, son cœur, il gagera tout, il la conduira à la ruine et la femme aussi le mettra en gage à son tour.

Je ne vise personne en particulier, j’aborde la question sur le principe, mais je ne m’intéresse pas à vos fautes actuelles. À l’avenir, si vous voulez redresser votre vie, sans violence, vous devez appliquer l’amour divin en vous ; vous devez dire : « Seigneur, nous travaillerons désormais exactement comme Tu le veux : d’abord, nous n’allons jamais transgresser Ta loi mais l’appliquer ; nous n’allons jamais dénigrer Ta parole, elle sera toujours sacrée pour nous, elle sera sacrée ». Savez-vous alors quelle joie jaillira lorsqu’une parole divine se présentera ? Lorsqu’elle pénètre en vous, quelle joie ce sera, quelle lumière pénétrera votre âme ; vivrez-vous une telle expérience ? Vous pourrez tous la vivre.

Certains me demandent : « Devons-nous nous marier ? » Je le déterminerai. Vous dites : « Notre Maître dit que nous ne devons pas nous marier ». Si tu comptes vendre la pensée de ta femme, son cœur, sa volonté, son âme, ne te marie pas, ne foule pas le sol de sa maison ; et si toi, en tant que femme, tu comptes aussi agir de la sorte, ne te marie pas. Mais si tu vas la libérer en héros ou en héroïne, tu peux te marier, sans marieurs, sans curés, sans aucune autre force à part l’unique force divine, l’amour divin qui te pénètre ; cela doit être la nouvelle compréhension du mariage. Alors que Paul dit à propos du mariage d’aujourd’hui : « Si ta femme mourait, tu pourrais en épouser une autre » et dans ce mariage qui peut aller jusqu’à soixante ans, il peut se marier dix fois. Non, lorsqu’il se marie, il partira en voyage lointain et après avoir acquis toute la richesse, il reviendra pour la restituer à sa femme, il lui donnera un baiser sacré qui vaudra cent mille fois mieux que tous vos plaisirs d’aujourd’hui. Vous pouvez alors vous marier cent fois si vous le désirez, mais vous serez des héros. Je parle du mariage du futur, le véritable mariage et non pas celui d’aujourd’hui. Mariez-vous, vivez comme bon vous semble, je ne m’en mêle pas le moins du monde. Vous faites affaire comme deux marchands qui négocient : chacun doit honorer son engagement comme il l’a promis ; qu’il soit juste ou non il se doit de l’honorer.

« Qu’il n’y ait pas de violence. » Maintenant, je dis que nous avons un rapport à cette grande vérité dans le monde. Eh, comment un peuple peut-il se montrer héroïque ? Pensez-vous que le peuple bulgare peut s’élever à l’avenir grâce à cette morale et être quelque chose de plus ? Non, il deviendra plus chétif ; pensez-vous que les peuples anglais, allemand ou américain peuvent s’élever par cette morale ? Pas le moins du monde. Ce n’est pas un reproche, ils ne peuvent pas s’élever plus ; les formes qu’ils revêtent ne peuvent plus donner d’essor à l’être humain. Tous les gens de la culture actuelle ont un seul idéal, ils ne pensent qu’à l’argent ; l’argent n’est pas un but dans la vie, mais un simple moyen, une condition. Est-ce qu’il y a une seule façon de vivre ? L’argent n’est pas le seul moyen, il en existe d’autres : les terres, les champs, les jardins, les fruits, les graines, le soleil, tout cela peut être mis à profit. Mais y a-t-il un seul moyen de nous élever ?

Vous les religieux, vous dites à présent : « Les gens ordinaires vivent d’une manière, et nous d’une toute autre manière, nous n’avons pas besoin d’argent », et pourtant vous ne cessez de manipuler l’argent ; vous dites : « Je ne veux pas d’argent », mais vous portez de l’argent dans vos poches. Un autre ne porte pas d’argent, mais oblige les autres à en porter : de l’argent, du pain, quelle différence ? Ce ne sont que des mots. Non, non, j’aborde cette question autrement : si j’ai foi en l’argent et non pas en mon âme, je commets un crime. Nous pouvons l’utiliser à l’extérieur, la question n’est pas de ne pas l’utiliser extérieurement, mais intérieurement, intérieurement ce penchant pour l’argent ne doit pas toucher votre âme. Si j’ai un couteau, je peux l’utiliser extérieurement, mais la question est de savoir si j’ai pour but de trancher la gorge de quelqu’un avec ce couteau ; si ce couteau est lié à un désir pervers et criminel, ce désir doit disparaître complètement. Lorsque je parle de l’argent, je le désigne comme un mal, c’est un couteau avec une idée toxique dans l’esprit, dans l’âme humaine ; donc cette idée ne doit pas exister dans le monde, alors que le couteau en tant que couteau peut très bien être utilisé.

Et alors vous débattez : « Est-ce que ce prophète est de Dieu ? » Combien y a-t-il de prophètes en Bulgarie qui viennent de Dieu ? En prenant la Bible vous verrez que les prophètes juifs ont été canonisés. Les peuples européens n’ont pas de prophètes canonisés, mais je demande : est-ce que ces prophètes, venus parmi le peuple hébreu lui ont apporté la délivrance ? Il n’y a pas de peuple plus malheureux que le peuple juif, persécuté depuis deux mille ans partout, persécuté, persécuté ! Pourquoi ? Parce que ce peuple n’a pas accompli ses devoirs et ses engagements envers Dieu ; il a servi Dieu en forme et non pas en amour ; il a transgressé la loi de l’amour, et alors les souffrances et les malheurs se sont abattus sur lui. Aujourd’hui, les peuples chrétiens non plus ne servent pas Dieu par amour. Dans leurs églises, les prêches, l’office sont remarquables, ils comprennent les Écritures, les prières sont excellentes, au premier abord tout est bien et cela me plait aussi, mais ce qui est substantiel, cet amour du Christ est absent ; il y a de l’amour, mais de l’amour ordinaire. Vous direz : « Un chrétien a donné cent mille levas » ; il y a des gens ordinaires qui sans être chrétiens ont donné un million de levas. Le héros du christianisme doit se distinguer des gens ordinaires par quelque chose. Il doit être un héros pour s’élever, libérer la pensée de son frère et y insuffler la lumière ; lui rendre son cœur et donner la liberté à ses sentiments ; délivrer sa volonté, lui donner la force ; détacher les entraves de son âme pour qu’elle puisse croitre, se développer et ressentir une liberté pleine et entière, voilà ce que je nomme amour dans le monde, c’est cela l’amour. C’est un amour qui n’asservit pas, qui libère, tu commences à respirer et à croître. Lorsque ton frère reviendra, tu diras : « Je te remercie, viens dans mon jardin je vais cueillir ces fruits, prends-en » ; alors vous serez joyeux tous les deux.

Je vais vous donner maintenant un exemple pour les choses qui sont réellement substantielles et non pas pour celles qui le sont uniquement en contenu et en forme. Je vous fais don d’un jardin que vous devez cultiver, mais il n’y a pas d’eau dans ce jardin ; vous commencez à l’exploiter, vous tracez des allées, des carrés, vous plantez des piquets, vous aplanissez la terre, mais sans rien semer ; vous créez des fontaines, des statues, mais le jardin est mort, il n’y a pas d’eau. Je vous demande : en quoi tirez-vous profit de ce jardin avec ses fontaines et ses sculptures ? L’essentiel est de faire passer une rigole dans le jardin et y planter de beaux arbres fruitiers, des pommiers et des légumes. Utilisez cette eau et vous serez utiles à vos proches, vous serez satisfaits, voilà l’essentiel. Nous pouvons avoir un caractère remarquable fait de marbre comme les statues, nous pouvons avoir d’excellentes connaissances contenues dans la Bible, mais ce sont des connaissances inertes, l’important est d’avoir le caractère d’un jardin vivant, d’une rivière vivante : c’est ce que le Christ exige. Et Il dit : « Je vais vous montrer cela ». Il frappe à votre cœur et demande : « Avez-vous de l’eau de ma rivière, avez-vous détourné une petite rigole qui puisse irriguer votre jardin ? – Seigneur, il n’y a personne pour le faire. – Je vais le faire, vous, tenez-vous prêts ? »

Il suffit que vous ayez le désir de détourner une rigole. Vous poserez la question : « L’eau sera amenée de loin ? Quelle sera la longueur de la rigole ? » Peu importe : cent mille kilomètres, un million de kilomètres, dans tous les cas l’eau est utilisable. Vous devez avoir en vous une source vivante.

Et Jean dit : « N’exercez pas de violence ». Lorsque le principe divin de l’amour entre en vous, la première chose qui va forger votre caractère si vous êtes forts est qu’il n’y aura pas en vous le désir d’exercer la violence. Et si vous voulez savoir, la deuxième chose est de ne calomnier personne. Je suis frappé par les suspicions des gens. Je fais des expériences, je soumets les gens qui nourrissent ces suspicions à la tentation. Mettez un homme et une femme dans la même pièce et demandez aux autres ce que ces deux-là font ; demandez à cent personnes de donner leur avis : qu’elles vous disent ce que cet homme et cette femme font, sans qu’il soit possible de les surveiller, les rideaux étant fermés ; que cent personnes se prononcent sur ce qu’elles en pensent ; que vont-elles dire ? Combien seront proches de la vérité ? Ces deux personnes, homme et femme, peuvent débattre les idées les plus sacrées, mais on va leur imputer les agissements les plus pervers et les plus abscons. Avec un tel état d’esprit comment pouvons-nous servir Dieu ? C’est comme si en passant à côté d’une charogne de bœuf que se dispute une meute de chiens, quelqu’un me regarde, s’étonne et m’interroge : « Toi-aussi, tu veux en manger ? – Non, non, c’est votre privilège. »

Oui, frères, un idéal est exigé de vous tous. Nous devons tous combattre ces sentiments ténébreux. Pureté, une pureté absolue envers Dieu est exigée, non seulement extérieure, par la forme – vous êtes tous purs par la forme – mais aussi intérieure, une pureté intérieure est nécessaire. Je voudrais vous goûter comme on goutte l’eau pure d’une rigole qui peut purifier quelqu’un ou bien le pervertir ; chacun de vous peut goûter. À mon avis la pureté ou l’avilissement consistent en cela : vous êtes un jeune professeur, j’ai une fille que je vous confie pour lui enseigner la musique ou quoi que ce soit d’autre, vous l’enseignez chez vous. Disons que vous n’êtes pas marié, vous êtes un jeune enseignant en qui j’ai confiance. Si son caractère à son retour s’améliore, si elle est devenue plus intelligente, si vous lui avez insufflé quelque chose, alors votre influence a été bénéfique ; mais si après avoir séjourné chez vous, ses mœurs se sont dissolus, je dis alors : « Vous l’avez influencée en mal ». De ce point de vue nous pouvons toujours montrer quelle est notre influence, cela ne demande pas une grande philosophie : il suffit que quelqu’un vive un ou deux ou trois mois avec moi.

Certains me demandent qui je suis. Je dis souvent : vivez un mois avec moi et vous me connaîtrez, vous verrez par vous-mêmes, c’est l’expérience vivante ; il peut y avoir d’autres moyens, mais c’est l’expérience qu’il faut appliquer sur terre. Nous devons être nobles, car celui qui pervertit les autres se pervertit lui-même ; nous faisons tout dans le monde pour nous-mêmes. Nous devons donc servir au nom de ce grand amour pour libérer l’organisme divin, donner la liberté à toutes ces âmes qui servent le corps divin, mais ce n’est pas une liberté comme celle de maintenant. Je veux que l’amour jaillisse de chacun de vous et que vous vous respectiez les uns les autres en tant qu’individus qui se reconnaissent.

Certains demandent maintenant : « De tout ce qui a été dit, qu’est-ce qui est juste ? » Je serai catégorique, je le dirai si franchement qu’il n’y aura pas de doute possible ; il y a une grande justice qui lorsqu’elle entrera dans le monde fera régner l’ordre et la discipline partout sur terre ; les portes seront ouvertes et les jardins ne seront pas clôturées, la terre entière ressemblera à un jardin d’Eden, et alors votre fille pourra fréquenter qui elle voudra sans qu’un cheveu ne tombe de sa tête ; quels que soient ses habits, elle reviendra chez vous avec des habits encore plus propres. Ce sera ainsi, mais quand ? Vous direz : « Ces idéaux sont lointains » ; non, mes frères, nous pouvons les appliquer dès aujourd’hui.

Avez-vous du caractère ? Ou bien devons-nous encore vous démontrer que vous êtes pourvus d’une âme ? Nous n’avons pas à vous le démontrer. Avez-vous un élan intérieur ? Vous répondez : « Nous examinerons ce que chaque savant a écrit » ; il n’a pas écrit jusqu’au bout. Les prophètes d’antan non plus ne savaient pas tout ; il y a des choses dans le monde que même les prophètes ne connaissaient pas, il y a des choses que même les Grands Maîtres ignorent, sachez-le. Cette grande sagesse divine qui se manifeste, ces secrets en Dieu qui sont dissimulés, seul le temps les révèle. Et ces Maîtres qui comprennent les lois s’instruisent aussi ; et ils mettent des millions de siècles pour vérifier une grande vérité divine. Alors que nous sommes maintenant englués dans les petites choses pour les arranger, et nous avons délaissé le plus important.

Quelqu’un dit : « Je veux aimer » ; c’est bien d’aimer, mais sais-tu comment et qui aimer ? Pensez-vous que si vous prenez un serpent avec vous et que vous le nourrissez, il vous rendra quelque chose, pensez-vous que si vous réchauffez le petit serpent, il vous donnera de l’amour ? Non, il va seulement engloutir tout, sera de plus en plus grand comme un boa et un jour s’enroulera autour de vous, vous écrasera les côtes et votre vie passera dans le serpent. On dit : « Aimons-nous ». Comment ? En nourrissant le petit serpent ? Vous, les jeunes qui êtes ici, de quelle façon voulez-vous aimer ? Je vous pose la question au nom du Christ : de quelle façon voulez-vous aimer ? Savez-vous pendant combien de vos existences sur terre ce serpent a broyé votre organisme ? On dit : « Le Seigneur est bon ». Si vous ne nourrissiez pas ce serpent en vous, comment pourrait-il vous broyer ?

Dans les Misérables, Victor Hugo – vous avez lu ce roman n’est-ce pas ? – décrit un héros, Jean Valjean, et une héroïne Cosette. Il devient son tuteur alors qu’elle est une pauvre fillette et tombe en même temps amoureux d’elle, mais sans être en situation de l’épouser. Lorsqu’elle tombe amoureuse d’un autre, un jeune, il est envahi d’un grand chagrin et cède à l’excentricité. Et nous tous qui tombons amoureux dans le monde mais ne pouvons pas assouvir notre désir, nous devenons excentriques. On se demande pourquoi nous tombons amoureux de ce que nous ne pouvons pas avoir. Cosette a des sentiments de reconnaissance envers Jean Valjean, mais l’amour est d’une autre nature. Vous avez aimé ce monde, mais il ne veut pas de vous, car le monde est une force qui donne mais ne rend rien. Le monde ressemble aujourd’hui à ce Turc qui n’avait pas d’argent et qui a mis son chapeau à la maison, a allumé une bougie au-dessus et a clamé : « Celui qui verra, regrettera ; et celui qui ne verra pas, regrettera aussi ». Tout le monde s’agglutine, tous veulent voir. Quelqu’un entre dans la pièce et voit le chapeau et une bougie allumée posée sur lui, il paie puis sort dehors. : « Qu’as-tu vu ? –  Entre pour voir. » Il crie encore : « Celui qui voit le regrettera, et celui qui ne voit pas, le regrettera aussi. – Comment, qu’est-ce qu’il y a dedans ? » Un autre entre et voit la bougie brûler sur un chapeau. Ils entrent l’un après l’autre, regardent l’exposition du Turc et son capital fructifie ; celui qui sort n’avoue pas avoir été bête au point de regarder une bougie allumée sur un chapeau !

Maintenant dans le monde, vous voyez aussi cette exhibition de derviche turc et vous dites : « C’est excellent », mais en sortant vous dites : « Entre pour voir ». Il y a dans ce monde un chapeau et une bougie allumée, toute la vérité est là. Celui qui a vu, dit : « Entre pour voir » ; je sais déjà ce qu’il y a, aucune culture ne peut exister sur ce chapeau. Que la culture que nous espérons ne puisse pas y perdurer, que nous ne puissions pas être heureux dans cette vie et vivre en frères, pourquoi ne pas s’avouer cette vérité ? Il y a des raisons à cette impossibilité. Alors qu’on peut créer une nouvelle culture dans le monde ; ne serait-ce que deux ou trois personnes peuvent donner un exemple d’une bonne compréhension de Dieu et non pas cette compréhension physique comme maintenant. Et ils auront raison. Nous avons besoin de cette véritable compréhension : que Dieu est un grand principe de l’amour conscient qui pénètre en nous. Chacun peut avoir un instant dans sa vie, une expérience même minime, et peut en tirer la loi : ce qui est vrai à l’échelle microscopique reste vrai même à l’échelle réelle. Chacun doit atteindre cette grande loi et reconnaître que l’amour œuvre.

C’est ainsi que parlait Jean il y a deux mille ans : « Sans violence et sans calomnies ». Je veux que deux choses restent dans vos esprits après cette causerie : ne violentez personne et ne calomniez personne dans votre âme. Pouvez-vous appliquer ces deux choses élémentaires ? S’en suivront d’autres bienfaits que vous éprouverez. Lorsque nous abordons les choses en ce sens – c’est ce que Jean disait – après ces deux attitudes, si vous êtes fidèles, viendra alors la loi christique de l’amour. Elle vient déjà dans le monde et porte en elle deux autres éléments : l’esprit et le feu ; l’esprit c’est la purification de la pensée, et le feu c’est la purification de la matière. Lorsque ces deux éléments viendront, l’esprit et le feu, ils nettoieront le monde d’aujourd’hui et insuffleront dans notre vie une pensée nouvelle, une philosophie nouvelle, et poseront les fondements de la grande loi qui doit se manifester. Nous devons par conséquent avoir cette large compréhension dans notre âme, une compréhension large, très large.

Que vous dire à présent ? Je vous dirai : « Que ma paix soit avec vous ».

Sofia, 4 juin 1922


[1] Dans ce chapitre 3 de l’évangile de Luc, les paroles citées sont de Jean Baptiste.

[2] En italien dans le texte original

[3] Les noms cités reflètent des factions et des courants politiques de l’époque

Link to comment
Share on other sites

 Share

×
×
  • Create New...