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1922_05_14 Fille de Sion


Ani
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Fille de Sion

« Jésus trouva un ânon, et s'assit dessus, selon ce qui est écrit :

« Ne crains point, fille de Sion ; voici, ton roi vient, assis sur le petit d'une ânesse ».

Jean 12, 14-15

Il faut du sens à la vie. Lorsque le prêtre ou l’archimandrite se parent de tous leurs ornements dans l’église, je demande : quel est le but de ces ornements ? Vous me répondrez : « Servir Dieu », c’est-à-dire lorsque ce prêtre se pare de sa tenue, il est comme la jeune fille qui s’apprête à se fiancer ou à se marier, c’est la même situation. Pourquoi la jeune fille s’habille-t-elle ? Demandez à toute jeune Bulgare qui rejoint la ronde – elle se peigne les cheveux, s’habille avec éclat, met des fleurs à ses oreilles, dans ses cheveux – à quoi songe-t- elle ? Elle veut se marier, mais pourquoi doit-elle se marier ? On me répondra : « Le genre humain doit se perpétuer ». Pourquoi le genre humain doit-il se perpétuer ? « Pour que les humains se perfectionnent ». Pourquoi doivent-ils se perfectionner ? « Eh, c’est une loi de la nature ! »

Nous mettons toutes ces réflexions sous le même dénominateur commun : connaître Dieu. Il n’est pas seulement question ici de la jeune fille ; dans les fleurs et dans les arbres il y a aussi cette conscience : lorsqu’ils rencontrent leur bienaimé, le soleil, ils mettent aussi leurs plus belles parures, leurs plus belles fleurs. Les plantes ont de bien meilleures connaissances sur le soleil que nos contemporains. Lorsque le soleil les réchauffe, les gens érudits d’aujourd’hui portent des ombrelles, de grands chapeaux, tirent des rideaux très longs pour que la lumière n’entre pas par leurs petites fenêtres ; et tous se protègent d’un coup de soleil. Les citadins agissent en ce sens, tandis que les paysans ont un autre crédo : c’est uniquement à midi qu’ils vont s’abriter sous quelque poirier.

Je demande alors où est le sens de la vie. Le sens de la vie n’est pas dans les singularités, dans nos façons de voir ; le sens de la vie ne consiste pas en une théorie, en un point de vue ; le sens de la vie ne consiste pas en la religion, même la religion n’est pas une expression de cette vie sensée, car la religion ce sont des formes, des coutumes dont nous devons nous servir. Est-ce que la fille qui peut exécuter toutes les danses dans la ronde a pour autant compris le sens de la vie ? Elle peut danser parfaitement dans la ronde, mais ne pas savoir cuisiner ; elle peut danser remarquablement bien, mais ne pas savoir coudre ; elle peut danser parfaitement, mais être trop bavarde. Elle est remarquable au milieu de la ronde, c’est une meneuse : il n’y en a pas de meilleure qu’elle pour faire rentrer tout le monde dans la danse derrière elle, mais allez chez elle pour constater qu’elle mène la danse autrement : lorsqu’elle mène la ronde tout le monde se réjouit, mais lorsqu’elle mène la danse à la maison tout le monde pleure. Je demande pourquoi ? Elle fait pleurer la belle-mère, elle fait pleurer le beau-père, la belle-sœur, les voisins, tous pleurent et disent : « Mais c’était la meneuse à la ronde ». Comment cela se fait-il ? Être la première dans la ronde, mais faire pleurer tout le monde à la maison. Cette conclusion, qu’elle est mauvaise et qu’elle fait pleurer tout le monde est parcellaire, cela ne prouve nullement que son caractère est mauvais ; elle s’exprime de manière parcellaire. Je peux expliquer à quoi cela est dû : si vous avez une bouteille parfaitement lisse, vous pouvez la transporter en toute sécurité, mais si vous la cassez en plusieurs morceaux, chaque morceau est un danger car il peut blesser un pied ; je dis : cette jeune fille était entière à la ronde alors qu’elle est en morceaux à la maison. Que faut-il faire ? Rassemblez tous les morceaux, recollez-les, et elle sera remarquable en tout.

Avançons dans notre réflexion. Admettons que nous prêchons un certain enseignement ; nous ne sommes pas les seuls à le prêcher, tous les êtres doués de raison le font ; le Christ prône un enseignement et j’expose aujourd’hui l’enseignement du Christ. En son temps, le Christ parlait avec beaucoup de logique, beaucoup de sobriété, c’était l’enseignement le plus sobre qui soit, mais ses contemporains l’ont trouvé inadéquat pour la culture d’alors. Même aujourd’hui, deux mille ans plus tard, on trouve l’enseignement du Christ inadéquat car inapplicable : si une femme appliquait aujourd’hui l’enseignement du Christ, son mari la répudierait ; si un homme appliquait l’enseignement du Christ, sa femme le répudierait ; si la fille appliquait l’enseignement du Christ, le père et la mère la renieraient, ils se sépareraient aussitôt. On dit : « Nous ne voulons pas de gens aussi pieux », car tous s’imaginent que quelqu’un, devenu très pieux a les yeux creusés, le visage changé et que ces traits creusés expriment la piété. Je me demande d’où sort cette idée sur la piété ? Si c’était de la piété, alors les malades dans les hôpitaux sont les plus pieux. Si nous réfléchissons de la sorte, alors que dire de certains prêtres ? Nous dirions qu’ils manquent complètement de piété car ils n’ont pas de traits creusés du tout !

Ce sont des réflexions extrêmes, dénuées de toute logique. Notre discours peut être logique sans pour autant refléter cette vérité nécessaire à la pensée, et je dis vérité au sens premier. Prenez la nourriture qui donne des forces à l’organisme : elle contient la vérité en elle. « La vérité vous rendra libres. [1]» Si, lorsque je voyage, je me trouve éreinté de fatigue au bout de trois ou quatre jours à ne plus pouvoir terminer mon voyage, ce peu de nourriture que je prends alors me transmet la vérité, cette nourriture me rend libre de continuer le voyage. Par conséquent quelqu’un dira : « Comment reconnaître la vérité ? » La vérité vous donnera la force de terminer votre voyage et vous rendra libres, vous permettra d’achever le voyage entamé et le travail entamé. Quel est alors l’objectif de la religion ? Nous donner la vérité, nous montrer le chemin vers Dieu et nous unir à Dieu. Par quel moyen ? Par la loi de l’amour. Ils disent : « L’Église elle-même doit être amour ».

Je vais vous relater un exemple, je l’appellerai : « Pour le bienfaiteur présumé ». Je vous donnerai une nouvelle façon de voir les choses pour voir comment vous l’appliquerez. Une comtesse, nommé Bérosa se retrouve dans le dénuement le plus complet, dans une misère indescriptible ; un poète du nom de Samoussali – je l’appelle ainsi – voulait l’aider, mais la sachant très fière il cherchait un moyen convenable ; un, deux, trois jours passent, il songeait chaque soir comment la secourir, la relever sans qu’elle se rende compte qu’il y a un bienfaiteur. Il étudiait ses habitudes, ses fréquentations, et se doutant que son portefeuille est vide, il décide d’y mettre dix mille francs sans être vu. Mais il se trouve que lorsqu’il prend le portefeuille et y met les pièces d’or, les gendarmes l’attrapent et disent : « Mademoiselle, est-ce votre portefeuille ? – C’est le mien. – Et l’argent est à vous ? – Il est à moi. » Alors, c’est que ce monsieur, ce bienfaiteur, veut dévaliser cette comtesse. » Et Samoussali de se retrouver en prison. Le tribunal est saisi, viennent des avocats qui plaident et qui finissent par obtenir une condamnation à dix ans de prison. Je demande : vous, après être sortis de prison, essaierez-vous une deuxième fois de mettre de l’argent dans la poche de la comtesse ? Vous vous retournerez et vous direz : « Comme elle est ingrate ! oui, par simple fierté : ne pas avouer que son portefeuille est vide. C’est la fierté, c’est notre fierté. Nos contemporains ne veulent pas avouer qu’il n’y a rien dans leur portefeuille. Tous les prêtres, prédicateurs, magistrats, nobles, aucun d’eux ne veut avouer la vérité, mais tout le monde dit : « Ce qui est dans le portefeuille est à moi », et chaque bienfaiteur doit finir en prison !

Je demande alors : ces prêtres qui détiennent cette vérité, d’où l’ont-ils prise, est-elle la leur ? L’Église, est-elle la leur ? Ils disent : « Notre Église » ; et Bérosa dit : « Cet argent est à moi ». Notre Église, l’Église bulgare, l’Église anglaise… Notre Église, le symbole de notre Église, de notre portefeuille… Malheur à celui qui dirait : « C’est moi qui ai mis cet argent là-dedans ». Je vous demande : quelle logique y a-t-il dans un tel enseignement ? Qu’on me montre un génie qui a insufflé quelque chose de neuf dans le monde. C’est un leurre. Celui qui a tout insufflé dans notre âme, nous n’avons pas encore vu sa beauté, il est maintenant en prison, enfermé à cause de vous et vous poursuivez votre chemin comme la comtesse Bérosa. « Nous sommes des gens pieux, nous n’avons pas causé de mal ». Je dis : vous avez commis un mal, votre Samoussali est enfermé mais à qui la faute ? A vous.

Je demande où est votre Christ, où est le Christ des prêtres, où est le Christ des prédicateurs, où est le Christ du peuple bulgare, où est le Christ du peuple anglais ou du peuple américain ou du peuple russe, existe-t-il ? Il ne suffit pas de parler sur le Christ qui est venu il y a deux mille ans ; ce Christ-là est-il vivant maintenant ? Nous n’avons pas besoin du Christ qui est mort, le Christ historique ; nous n’avons pas besoin des fossiles des créatures antédiluviennes, des mammouths, de conserver leurs squelettes et d’admirer leur gigantisme. Ce sont des choses intéressantes, mais nous aspirons à une vie divine, à une vie dans laquelle vivre maintenant ! Est-ce que cette vie peut entrer en nous, est-ce que cette vie peut guérir toutes nos infirmités, élever nos pensées, nos cœurs, nous donner un noble élan dans le monde ? Certains qui m’écoutent diront : « Voilà, il condamne » ; non, je ne condamne pas, je dis la vérité ; je dirai la vérité comme personne ne l’a encore dite, et si cette vérité afflige quelqu’un, je ne suis pas fautif. « Ne condamnons pas » dit le Christ ; je suis d’accord avec lui pour ne pas condamner, mais il dit aussi : « Je suis le chemin, la vérité et la vie », et il dit : « Allez et dites cette vérité à mes frères pour venir sur le chemin de Galilée pour me voir et me parler [2]».

Je vous dis aussi aujourd’hui : « Jésus trouva un ânon et s’assit dessus, selon ce qui est écrit ». Pourquoi le Christ est-il monté sur un ânon ? L’ânon est l’emblème d’un être orgueilleux et vaniteux. Le Christ est d’abord monté sur un âne ; mais il voulait montrer que l’orgueil et la vanité humaines doivent être attelés par son Verbe, mises au travail, mises à contribution pour une œuvre grandiose, et c’est pour cela qu’il est monté sur un ânon.

Vous savez que je raconte un conte occulte sur l’âne : comment est-il devenu âne ? Parce qu’en voyant la femme créée par le Seigneur, pour la première fois une vanité démesurée s’est emparée de lui et il a dit : « Cette femme que le Seigneur a créée ne vaut rien » ; c’est pour cela qu’il est devenu ânon, parce qu’il a affirmé que la femme ne valait rien : « Elle n’est pas plus belle, plus attrayante que moi ». Et le Christ est monté sur l’ânon pour dompter cette vanité. Cet ânon est le symbole de cette vanité et de cet orgueil qui nous entravent en tant que civilisation, en tant que peuple, mais surtout en tant qu’individus. Toutes le disputes domestiques sont attisées par cela.

Et il est dit : « Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, selon ce qui est écrit : « Ne crains point, fille de Sion, ton roi vient, assis sur le petit d’une ânesse ». « Ne crains point ». À quel moment avons-nous peur ? Celui qui a perdu son amour a peur et celle qui a perdu l’amour de son bienaimé a le cœur tremblant, les jambes flageolantes, le teint pâle, jauni, elle est incapable de manger. Pourquoi a-t-elle perdu son amour ? Vous allez me rétorquer maintenant : « Eh, bien, c’est ainsi pour ceux qui ne peuvent pas manger, mais pour les autres ? » Tant qu’elle a conscience d’avoir perdu son amour, elle est tremblotante ; mais elle s’exclame finalement : « Je peux me passer de lui », et elle le laisse tomber en disant : « Je peux me passer d’amour », et elle se remet à manger et à boire !

Les gens au teint jauni sont plus près du Royaume de Dieu que les gens gras : ces derniers sont si profondément enlisés dans la vie matérielle que pour les en sortir des milliers d’années sont nécessaires. C’est alors que se pose la question de ce qu’il convient de faire. Nous ne devons pas nous couper de la vie, mais la comprendre, la vivre dans toute sa plénitude ; nous devons méditer intensément là-dessus. Si je vois que mon père – qui a vécu cinquante ou soixante ou quatre-vingts ans et qui n’est pas instruit – se meurt, et si je le déterre dix ans après, tout a disparu ; je prends sa tête : son crâne n’est qu’un os, le cerveau a disparu, et je dis : « Papa, papa ! » Quel papa ? Je prends ce crâne et je dis : « Père ! » Un père en os. « Cette tête sacrée, mon papa ». Nous pleurons : « Où est mon papa ? » Peux-tu seulement discuter avec lui ? Vous appellerez alors le prêtre pour lui lire des prières, lui verser de l’eau, de l’huile, mais papa ne revient pas. Est-ce cela l’Enseignement divin ? Le Christ dit : « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants [3]». Si notre cœur reste insensible aux souffrances de l’humanité d’aujourd’hui, si notre pensée est insensible aux pensées qui font péricliter toute l’humanité, alors je demande : ne sommes-nous pas ces morts, ces têtes aux cerveaux disparus dont ne restent que des os ?

Si aujourd’hui quelqu’un essaie de dire la vérité, la première chose qu’on dira à son sujet est : « C’est un hérétique », qu’est-ce que l’hérésie ? Cela veut dire scission de l’Église ; l’hérétique est quelqu’un qui ne soutient pas l’enseignement de l’Église. Bien, je l’accepte, admettons que je sois un hérétique. L’église orthodoxe et l’église catholique ne sont-elles pas hérétiques du point de vue de l’église juive ? Je dis : frère, tu es hérétique et je suis hérétique de la même façon ; et j’ai autant raison que vous. Quelle citoyenneté revêtez-vous, de quel droit vous considérez-vous authentiques et pas moi ? Les juifs vous considèrent comme hérétiques. Par conséquent, sur le plan juridique, mes fidèles qui me défendront sur la base de la Bible diront que vous, les orthodoxes, vous êtes des hérétiques. Ayons de la suite dans les idées.

Mais on dit : « Notre enseignement est juste » ; je dis que mon enseignement est également juste, il ne faut pas pour autant affirmer sans preuves à l’appui. Je pose la problématique différemment. Je mets mon enseignement à l’épreuve sur une base sociétale, je peux procéder avec les prêtres de façon plus douce : prenons par exemple cent personnes parmi les plus pauvres – je les choisirai dans les familles les plus pauvres, et non parmi les riches – et les prêtres choisiront cent disciples et nous leur donnerons notre enseignement ; à la fin, au bout de quatre ans, mettons ces disciples à l’épreuve, ceux de leur enseignement et ceux de mon enseignement pour voir ceux qui obtiendront les meilleurs résultats. N’est-ce pas une expérience révélatrice ? Si votre enseignement donnait de meilleurs résultats, je l’accepterai ; si mon enseignement donnait de meilleurs résultats, vous accepteriez mes méthodes : en quoi cela peut-il nuire ? C’est l’expérience.

Chaque enseignement do   it voler de ses propres ailes, et c’est curieux lorsque quelqu’un prétend que cet enseignement conquerra le monde ; seul un enseignement divin, un enseignement de la vérité peut conquérir le monde, alors que la vie d’un enseignement mensonger est courte. Il est dit quelque part : « Chaque plante –autrement dit chaque enseignement – que mon Père n’a pas semée, sera arrachée [4] ». Je demande alors : si je prône un enseignement qui vient de Dieu, si l’arbre que je plante est de Dieu, savez-vous quelle menace plane sur les Bulgares ? Il y a cinq ans, j’ai été mis à l’amende pour un montant de vingt-cinq levas, au motif que je prêchais sans autorisation, sans l’autorisation du pouvoir, et mon conseiller juridique m’a proposé de contester ; j’ai dit non, nous paierons. Des réparations de deux milliards et demi de levas ont été infligées à la Bulgarie à cause de ces vingt-cinq levas. Vous direz : « Une coïncidence, un simple hasard ». Oui, une « coïncidence », mais refaisons une expérience, la même coïncidence se répéterait. J’ai ensuite été injustement et avec iniquité assigné à résidence.

Je ne dis pas qu’il puisse y avoir une vie future ou ne pas y en avoir ; il n’y a pas en moi de « il peut y avoir », je conçois la vie autrement. « Y a-t-il un Seigneur ou non ? » Cette question non plus, je ne la résous pas comme ils la résolvent, nous avons une autre manière de la résoudre. Pour moi, la logique de nos contemporains est une logique d’aveugles. Les gens disent : « Réfléchissons logiquement ». J’appelle cela de la cécité. Cette manière est bonne, mais il y en a une autre, ce n’est pas l’unique chemin. Lorsque tu es aveugle, tu argumentes avec tes sentiments, tu utilises le toucher et lorsque tu trouves les proportions dans les traits d’un visage, tu te fais une idée de celui que tu examines. Et comme ces personnes ne voient pas Dieu, elles L’approchent par le toucher. Il y a des volumes entiers, je les lis et je dis : tu as de très bons arguments, mais ce n’est pas la seule façon ni la façon la plus juste de trouver Dieu. Ils disent : « Remontons des effets vers les causes et des causes vers les effets » ; oui, je ne le conteste pas. « Un prophète a parlé ainsi depuis des milliers d’années » ; mais je dis que ce prophète qui a parlé il y a des milliers d’années s’est réincarné aujourd’hui et parle de nouveau ; je le trouve en Europe et je lui dis : « Camarade, tu as écrit un livre il y a deux mille ans, tu as été un apôtre, Jean, Pierre, mais qu’as-tu voulu dire ? » et il commence à m’expliquer.

Les autres commentateurs qui ne vont pas auprès de Dieu se mettent maintenant à raisonner, à Le jauger. Par exemple, sur les épîtres de l’apôtre Paul, il y a en grec des dissertations entières sur l’article indéfini : pourquoi parfois Paul utilise l’article indéfini et parfois l’article défini ? Pourquoi l’apôtre Paul s’est exprimé ainsi ? Je dis : Paul, lorsqu’il a écrit, n’a pas raisonné sur les articles de grammaire, mais il a voulu exprimer une idée grandiose, et les articles lui sont venus naturellement. On y réfléchit à présent et on dit : « Qu’avait Paul en tête pour mettre plutôt un article défini au lieu d’un article indéfini ? » Et s’ils trouvent, ils disent : « Quel théologien érudit ! » Pourquoi Paul utilise l’article indéfini ? Je dis que je converse avec l’apôtre Paul et qu’il n’a pas le moins du monde songé à ces articles : l’apôtre Paul dit autre chose : « Beaucoup des choses que j’ai écrites ne sont pas rapportées, mes écrits sont altérés, tout n’est pas rapporté ». J’interroge aussi le Christ. Certains m’accusent de ne pas me montrer pieux envers le Christ ; je ne me comporte pas pieusement, mais j’ai de l’amour pour le Christ, je l’aime, c’est tout !  Je lui dis : « Certains disent que tu as dit ceci ou que tu as dit cela », et Il me répond : « J’ai parlé sur tant de choses, mon enseignement n’est pas exposé, des choses importantes ont été mises à l’écart, tout a été élagué et ne restent que les semences de mon enseignement ». Et l’Église contemporaine est bâtie uniquement sur les semences de l’enseignement du Christ, le Christ en est absent, l’amour en est absent et l’Église en est absente. J’aimerais voir derrière les habits de chaque prêtre cet amour vivant, j’aimerais y voir l’amour vivant du Christ, cet Enseignement vivant.

Que personne ne s’avise de dire sur moi : « Il dit ce qui lui passe par la tête » ; non, je ne dis pas ce qui me passe par la tête, mais je dis de grandes vérités que j’ai éprouvées, que j’ai éprouvées. Pour moi le monde n’est pas inerte, pour moi le monde entier est vivant et je vois dans chaque créature – dans un bœuf, dans une mouche et ainsi de suite – je vois ce que le monde ne voit pas. Et je dis : nous savons pourquoi les bœufs sont des bœufs, nous savons pourquoi les mouches sont des mouches, nous savons pourquoi les poissons sont des poissons, nous savons pourquoi les végétaux sont des végétaux, nous savons pourquoi les minéraux sont des minéraux, nous en connaissons les raisons et les comprenons. Les physiologistes et les botanistes modernes peuvent écrire encore pendant de milliers d’années, je n’ai rien contre, nous nous réjouissons de leurs efforts, mais nous avons élucidé cette question et nous en traitons de toutes autres désormais. Nous savons pourquoi les hommes et les femmes ont été engendrés, nous en connaissons les raisons, tandis qu’il y a encore des querelles là-dessus : est-ce que la femme a été engendrée par l’homme ? De quel côté, droit ou gauche ? Et le Seigneur a-t-Il pris une côte, droite ou gauche ou deux côtes ? Et enfin, l’être humain a maintenant douze côtes, donc s’Il en a pris une, il y avait alors treize côtes ? A-t-Il pris une côte ou deux et pourquoi ? Les gens raisonnent de cette façon et c’est pour cela qu’ils ne peuvent rien résoudre.

Le Christ est monté sur cet ânon, il a donc soumis sa vanité et son orgueil. Ce qui signifie : je vais désormais servir Dieu avec amour, de tout mon cœur, de toute ma pensée, de toute mon âme, de toute ma force ; tout ce que je possède, je le mets à Son service : voilà ce que signifie est monté sur un ânon. Et en s’approchant, il dit : « Ne crains point, fille de Sion, j’étais celui qui te tourmentait jadis, j’étais celui qui te tenait enfermée ; ne crains rien, ma fille, ton Roi vient, le Roi de l’amour, il vient ouvrir les prisons ».

Lorsque vous vous rendez à la cour du roi, vous devez lui baiser la main. Et autrefois on baisait même les pieds du roi et plus précisément le gros orteil et on se mettait à genoux à dix ou douze pas de lui avant de ramper humblement jusqu’à lui. Comment les chats avancent-ils en rampant ? Tu vas te prosterner et tu vas ramper en avant, puis parfois en arrière jusqu’à ce que le roi tende son sceptre et te permettre de te relever et de formuler ta requête. Combien de fois avez-vous rampé de la sorte, et en examinant votre vécu, quelles images désagréables je vois, à ramper et se prosterner ! Vous avez oublié à présent toute cette vanité et vous dites : « Nous avons résolu un grand problème », mais je vous réponds : vous n’avez pas résolu la tâche principale de votre vie, vous devez monter sur cet ânon et dire à votre fille de Sion : « Ne crains point, ton Roi vient ». Et alors, vous ne ramperez plus. C’était ainsi autrefois, il fallait baiser l’orteil royal, alors que maintenant le roi nouveau t’accueillera et t’embrassera comme un frère ; si c’est une reine, elle t’accueillera comme une sœur, elle n’attendra pas que tu l’embrasses, mais dira : « Sœur, tout ce que j’ai est à ta disposition ».

Je sais maintenant pourquoi je suis craint, je vous le dirai : certains prêtres et évêques pensent que je les obligerai à embrasser mon pied ; je dis : nous ne voulons pas de cette prosternation, non, non ! Ce serait un enseignement contraire à l’enseignement divin, ce serait un enseignement humain. Je veux leur apprendre à ne pas embrasser mes pieds, nous nous embrasserons autrement, comme je viens de vous le décrire. Je parle au sens large, nous devons nous éprouver. Certains viennent et disent que mon discours est confus ; humm, je peux montrer le niveau de développement de votre sens musical : si je vous donne une tonalité de quarante à cinquante millions de vibrations – les ondes les plus hautes sont à trente-deux millions – et si j’élève ma voix à trente-deux mille, allez-vous entendre quelque chose ? Vous n’entendrez rien ! Si je baisse les vibrations au-dessous de seize mille, allez-vous entendre quelque chose ? Vous n’entendrez rien, mais il y a une autre gamme dans le monde en dessous de ces vibrations. Nous n’avons pas encore atteint cette logique divine, notre logique est illogique au Ciel ; lorsque nous parlons le plus logiquement possible, les habitants célestes se tiennent le ventre de rire.

Moi aussi je présente souvent un ange qui a visité la terre dans le but d’étudier la vie des chevaux. Il a pris leur forme puisqu’il voulait les étudier et il est devenu cheval. Il était la risée de tous les autres chevaux lorsqu’il se mettait à prier, car il ne pouvait pas parler comme eux : il ne savait pas hennir ; tous le raillaient et disaient : « Comme il est ignorant, il ne sait pas hennir comme nous ». Maintenant, puisque je ne sais pas hennir non plus, je reconnais mes lacunes. J’ai encore besoin de vivre des milliers d’années parmi ces chevaux pour produire un hennissement aussi bon que le leur. J’y travaillerai, mais vous aussi vous devez travailler sur ma science. Pourquoi ? À l’avenir ce n’est pas moi qui descendrai auprès de vous, mais c’est vous qui viendrez auprès de nous. Je suis chez vous maintenant et j’apprends, mais lorsque vous quitterez vos formes, alors nous rirons de votre maladresse lorsque vous essayerez de parler comme nous. Nous devons donc mutuellement apprendre nos leçons, nos langues.

Et Paul dit : « Si je parle la langue des anges, mais que je n’aie pas d’amour, je ne suis rien [5] ». Je ne fais pas de reproche, c’est une bonne chose d’avoir de l’érudition, mais l’érudition n’est pas le but ultime de la vie. « Nous connaissons en partie – dit aussi Paul à cet endroit – nous prophétisons en partie, mais quand la perfection sera venue, alors ce qui est en partie sera aboli [6] ». Comment ? Comme l’exige la vérité, le grand amour dans le monde. Ainsi mon désir est que vous tous commenciez à penser d’une manière, de cette manière authentique que je suis et qui régit mon discours. Lorsque quelqu’un me vexe, je suis ému. Si je réfléchis et si mes réflexions apportent la paix dans mon âme, je dis : je raisonne juste ; si je réfléchis et si mes réflexions n’apportent pas de paix dans mon âme, je dis : je ne raisonne pas bien. Vous dites que vous aimez le Christ ; votre mari vous a vexé et le Christ dit : « Pour moi, pardonne-lui », mais vous dites : « Comment lui pardonner, je ne peux plus le voir ! » Je demande : alors, où est votre amour ? Le Christ dit maintenant aux prêtres bulgares – j’ai rencontré le Christ à maintes reprises – : « Je leur ai dit d’être plus attentifs ». Si je leur relate ce que le Christ a dit, ils rétorqueront : « Tu nous mens ». Le Christ dit : « Soyez attentifs, l’Enseignement de cet homme se juge selon les résultats obtenus, attendez de voir ce qu’il donnera, il n’y a rien qui puisse rester caché, vous en verrez le résultat ».

Je vais vous raconter une fable. Nastradine Hodja vivait une vie honnête, mais il n’avait pas de chance et il s’est dit un jour : « L’honnêteté ne permet pas de bien vivre ». Il a décidé de commettre un vol : il sort le soir avec une lime à métaux et se met à scier : traka-traka-traka. On lui demande : « Que fais-tu là Nastradine Hodja ? – Je joue du violon. – Mais où est la voix qui accompagne la musique ? – Vous l’entendrez demain… »

Lorsque vous aurez joué, lorsque vous aurez accompli quelque chose, cela donnera des résultats. Cette fable prête à sourire, mais c’est ainsi : toutes nos paroles, toutes nos croyances, quelle que soit leur orientation, donneront des résultats ; et à l’avenir chaque arbre se reconnaîtra à son fruit.

Maintenant, je vais vous donner un autre exemple pour préciser ma pensée. Je prends un conte mythique du temps de Babylone. Azempho, le fils d’Abuzadar tombe amoureux. Lorsque je dis tomber amoureux, cette idée vous est familière : vous êtes déjà tous tombés amoureux. Dans un sens plus large, il est possible de tomber amoureux de la science, mais je précise qu’il s’est épris comme s’éprennent les jeunes ; et je prends les jeunes comme idéal, car lorsqu’ils s’éprennent, ils sont plus désintéressés, plus altruistes. Sa bienaimée n’était pas belle ni de noble ascendance, mais Azempho s’éprend si fort qu’il pousse son père à l’accepter dans le palais, pourtant personne n’en voulait car elle était disgracieuse. Alors, selon les dires des mages de la loge Noire de l’époque, il était de coutume pour devenir belle d’arracher les cœurs de petits enfants, de belles fillettes, de les cuire de façon particulière et de boire le bouillon de cette préparation. Et le fils royal Azempho de s’atteler à la tâche : aujourd’hui disparait une belle fillette ici, demain une autre ailleurs, les gens s’alarmaient de ces disparitions. Je dis : c’était à cause de la bienaimée d’Azempho, comme elle était disgracieuse, elle allait ainsi embellir et pouvoir être acceptée au palais royal. Mais qu’est-ce qui se passe en fin de compte ? La Fraternité Blanche à Babylone condamne cette bienaimée tout comme Azempho qui appartenait à cette École occulte et voulait utiliser son art, et elle s’est enlaidie encore plus, dix fois plus qu’auparavant. Alors Azempho a adressé des prières aux dieux et a décidé de devenir un âne, un âne noir. Comme le mot âne est abrupt, pas très joli, je dis ânon, un ânon noir. En anglais aussi comme en bulgare, il existe deux mots : on emploie donkey mais aussi ass ; ils emploient plus donkey que ass. Et il est devenu un ânon noir. Pourquoi ? La fraternité noire avait besoin d’un ânon noir et ils le trouvent pour le prendre ; ils ne savaient pas qu’il s’agissait d’Azempho. Et il s’était transformé pour percer le secret de sa bienaimée : pour quelles raisons elle était aussi disgracieuse, et existait-il un moyen, un moyen occulte de la guérir. Il a longtemps porté des charges lourdes en prêtant l’oreille à toutes les conversations. Cet ânon a servi cette fraternité noire afin de sauver sa bienaimée.

Certains me demandent souvent, à la vue d’un ânon qui transporte du bois : « Vois-tu comme le Seigneur a fait cet ânon ? » Je dis : le Seigneur n’a pas fait cet ânon, il a une toute autre prédestination qui vous est inconnue. Ce que nos contemporains perçoivent de la vie, n’est pas la vie. Que percevez-vous par exemple ? Je parle et puis je converse avec vous, mais vous ne connaissez pas ma vie intérieure, mes pensées. Ce que je suis devant vous n’est pas mon tout, je ne suis pas entièrement dans ce discours que je vous livre. Vous pouvez le critiquer autant que vous le souhaitez et affirmer que j’exprime la vérité ou non, cela ne me regarde pas le moins du monde, c’est une petite expérience que je mène ; ma vie se manifeste dans une autre direction, et m’adresser à vous n’est qu’une obligation ; tout comme le travail d’un ânon qui transporte du bois d’un endroit à un autre, je ne considère pas cela comme quelque chose d’extraordinaire et remarquable, non, non, je considère ce travail avec beaucoup de modestie.

On dit : « C’est un prédicateur remarquable » ; je dis : c’est simplement un très bon ânon qui sait bien braire. Mais si je vous parle de la sorte, vous vous offusquerez : « Comment cela, un individu raisonnable peut-il braire ? ». Et si je ne disais pas la vérité au Nom de Dieu, ne serait-ce pas un braiment épouvantable ? Si je voulais vous éloigner de l’Église, vous éloigner de votre Père et de votre Mère, ne serait-ce pas un braiment épouvantable ? Pensez-vous alors que ma parole serait sublime ? Pas le moins du monde ! Je dis : lorsque l’âne brait dix fois par jour, ce bruit est plus sensé que mon discours. Mais je dis la chose suivante au monde : si vous n’assimilez pas l’amour divin et si vous n’appliquez pas cette grande loi de l’amour, vous allez braire comme cet âne dix fois par jour, vous porterez du bois d’un endroit à un autre, vous n’aurez pas de mains mais des sabots et alors on vous frappera cent fois la croupe ; ils diront : « Le tambour bat dans le bas quartier, mais on l’entend dans le haut quartier ». Si on me frappe le derrière, n’est-ce pas moi qui souffre ? Ils rient car les coups dans l’arrière-train ne sont rien tant que cela ne remonte pas à la tête. Mais ce n’est pas une philosophie de la vie, il ne faut frapper ni le derrière ni la tête.

Par conséquent, notre vie dans le monde doit être consciente. Le Christ s’adresse à la fille de Sion, vous êtes ces filles de Sion auxquelles il dit : « Ne craignez point ! » Certains qui m’écoutez maintenant, vous dites : « C’est bien cet Enseignement, accueillons-le, mais qu’en dira-t-on ? » « Qu’en dira-on ? » Vous voulez ici faire une comparaison entre l’amour de Dieu et le « qu’en dira-t-on ». Je ne ferai pas de comparaison, car sinon j’offenserai l’amour divin comme l’opinion publique. Toutes les sociétés doivent être vigilantes : les aristocrates, les évêques, les archevêques. Lorsque nous parlons de l’amour divin, tous, du plus haut placé au plus bas placé, tous sont tenus de tourner leurs visages, de s’agenouiller, de regarder Dieu et de dire : « Seigneur, que Ton amour règne en nous ». C’est ce que le Christ nous demande à présent. Je vous demande plus de courage, non pas du courage dans les paroles, mais du courage dans l’amour ; que vos cœurs se mettent à battre, que vos pensées prennent une autre direction, que vous soyez prêts au sacrifice. Si quelqu’un doit mourir, qu’il meure pour ce grand amour divin, et si on vous interroge au Ciel sur les raisons de votre mort, puissiez-vous répondre : « Nous sommes morts pour que l’amour divin règne sur la terre ». Si tous ces Bulgares morts sur les champs de bataille étaient morts pour cet amour, la Bulgarie se serait redressée. Voici l’Enseignement que je prône et il est véridique. Nous devons tous être des frères et non des poltrons ; sans nommer quiconque, car pour moi les noms n’importent pas, nous devons tous accomplir notre devoir et je veux que chacun accomplisse son devoir comme il l’entend, mais au nom de ce grand amour divin, est-ce clair ? Voici la logique grandiose, la logique divine vivante. Si nous appliquons tout cela, nous ressusciterons dans le monde et alors nous ne pleurerons pas les morts, les têtes mortes de nos pères et les os de nos mères, mais tout cela reviendra à la vie. Et ceux qui viendront alors comprendront la vérité.

À présent on marie quelqu’un, mais le temps de tout arranger, toutes sortes de marieurs viennent auprès de lui. Quelqu’un qui veut se faire prêter de l’argent vient négocier avec toi jusqu’à ce qu’il obtienne cet argent et il s’en va ensuite. Donc pour réussir, il met le mensonge en avant. Pourquoi ? Certains veulent me tromper. Voici une chose que j’abhorre ! Je fais crédit à tout sauf au mensonge. Dans l’histoire de ma vie, personne, à aucun moment, n’a pu me mentir. Je n’ai pas menti et personne n’a pu me mentir. Le mensonge, c’est une négation de l’amour divin, le mensonge, c’est une négation de la grande vérité divine, le mensonge, c’est une négation de la justice, le mensonge, c’est une négation de la bonté divine. Le mensonge est une négation à tout ce qui est positif, grand, noble, sublime, c’est le mensonge qui nous a mis dans cette situation. Je parle sur le mensonge en principe, je ne parle pas du mensonge tel que vous l’entendez, non, non ; il s’agit du mensonge qui nous ruine, qui dit au nom de la piété : « C’est le Seigneur qui m’a envoyé », alors que ce n’est pas le Seigneur ; « C’est l’Esprit qui me parle », mais ce n’est pas l’Esprit qui lui parle ; « Je suis un tel », mais il ne l’est pas, il est déguisé : il se dit Ivan Stoyanov, mais lorsque tu l’attrapes par la barbe tu vois que c’en est un autre. Si le Seigneur envoie un Ange sur terre pour inspecter les barbes de tous les évêques, prédicateurs, prêtres et la mienne, savez-vous les dissimulations qui en sortiraient ?

Ainsi sera la vérité divine : elle restera immuable, le Seigneur ne reculera devant personne, Il ne peut pas être outragé. Nous aussi nous parlons au nom de cette vérité, et nous voulons que la vérité vienne de la Bulgarie. Nous ne parlerons pas de son utilité ou de son inutilité, vous mettrez cette grande vérité dans votre vie : pas de mensonge ! Lorsque nous parlons de l’amour, aucun mensonge n’est toléré. Vos cœurs doivent vibrer, cet amour doit vibrer en vous. Je ne le dis pas pour que vous prôniez cet amour, mais lorsque vous irez devant Dieu, vous devez dire toute la vérité. Nous avons dit des mensonges lorsque nous nous tenions loin de Dieu. On dit : « Aimons-nous » ; je n’encourage pas à aimer à la façon des humains, non, non, je dis : nous aimerons de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre pensée, c’est-à-dire par tout notre être, et nous manifesterons tout l’amour divin. Cela se peut-il ? Cela se peut, et si tu n’aimes pas ainsi tu proféreras un mensonge. Quelqu’un dit : « Cela se peut, mais d’un amour plus petit » ; moi, je me meurs d’un petit amour. Il y a en moi deux pôles : m’aimer comme il faut ou bien me détester comme faut, mais non à moitié comme aujourd’hui ; si c’est de l’amour, que cela soit de l’amour et si c’est de la haine, que ce soit de la haine. Quelqu’un dit : « Je te hais ! » Il exprime une vérité négative. La vérité négative et la haine détruisent, tandis que la vérité positive et l’amour construisent. Vous direz : « Mérite-t-il mon amour ? » Chaque frère, chaque sœur mérite mon amour. Quelquefois une sœur ou un frère me croisent et disent : « C’est l’homme le plus cordial », mais parfois ils disent : « C’est un homme très froid » ; et ne disent pas que je ne peux pas exprimer mon amour ; d’autres disent : « Il est froid ». Pour vous embrasser je dois être pur ; ma bouche est salie car je me trouve parmi les humains. Pour vous embrasser je dois être pur et non comme cet ouvrier américain qui a payé cinquante mille dollars pour un baiser. Il travaillait dans une mine. Il sort un soir, trouve une américaine et l’embrasse dans l’obscurité, mais laisse des traces sur son visage. Elle croyait qu’il était beau, attrayant et ils ont discuté, mais arrivés sous un lampadaire, elle l’a vu et s’est mise à crier et a témoigné qu’il l’avait embrassée ; il a été arrêté et condamné à payer cinquante mille dollars pour un baiser : il avait laissé des traces noires sur son visage. Je ne veux pas vous embrasser dans l’obscurité, c’est-à-dire vous mentir, je ne veux pas laisser de tâche sur votre visage. Mais lorsque tu embrasseras quelqu’un, tu l’embrasseras avec ce grand amour divin et alors le Ciel entier se réjouira et on dira : « Aujourd’hui ces frères ont échangé un baiser divin » ; et Paul dit : « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser [7] ».

Et le Christ dit : « Ne crains point, fille de Sion ». Pourquoi ne rien craindre ? Parce que désormais : « Je viens, mon enseignement de l’amour vient, l’amour vient, la justice vient, la vérité vient, la bonté vient, la miséricorde vient, tout ce bien que Dieu a préparé depuis le commencement des âges, tout cela sera ta parure et tu la mettras, tu seras belle aux yeux du monde comme jamais auparavant ».

Eh, comment vous appeler maintenant ? Des frères et des sœurs ? Vous ne me croirez pas, vous ne pouvez pas me croire. Pourquoi ? Parce que vous avez tant de pères chez vous, alors que pour vous appeler frères et sœurs vous ne devez reconnaître qu’un seul Père. Je peux vous appeler frères, mais dès demain un autre de vos frères… Nous devons avoir un seul Père et ce Père se nomme le Père de l’amour. Est-ce que cet Enseignement est clair ? Essayez-le dans votre for intérieur, mettez-le en application. Si tu es malade, réchauffe-toi au soleil et ce soleil te guérira. Et ton Père t’enseignera la vérité. Vous direz : « Le Seigneur est loin, loin quelque part ». Ce sont des réflexions philosophiques ; songez à Dieu comme à un amour qui englobe tout, il n’y a pas de contradiction en Lui. Quoi qu’il advienne, dites : « Dieu est amour » ; vous perdez de l’argent, dites : « Dieu est amour » ; des tribulations, votre père décède : « Dieu est amour » ; les enfants se meurent : « Dieu est amour » ; des afflictions : « Dieu est amour ». Maintenez ceci jusqu’à l’examen ultime, et lors de l’examen ultime tout ce qui était perdu sera retrouvé : votre père, votre mère… Lorsqu’il fera revenir votre père et votre mère, l’amour fera revenir aussi votre sœur ; alors vous verrez votre Père, et Il vous donnera un saint baiser tel que vous n’en avez jamais eu ; ce baiser sera si chaleureux, si agréable, si grandiose, il vous insufflera la vie éternelle et vous serez immortels : c’est la renaissance. J’aimerais que vous vous prépariez pour ce jour afin que votre Père vous donne la vie à vous tous en vous donnant ce baiser. Lorsque nous nous croiserons, puissions-nous savoir que nous sommes dans la vie nouvelle, puissions-nous dire que l’ancien est passé et que le nouveau demeure ; c’est alors seulement que nous pourrons échanger un baiser fraternel et connaître que nous sommes frères et sœurs.

Sofia, 14 mai 1922

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