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1922_03_19 Ta parole


Ani
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Ta parole

« Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité. »

Jean 17 :17

Ce verset est l’un des plus profonds, des plus grandioses dans l’Évangile : il contient une vérité si grandiose qu’elle peut difficilement être décrite. Seule la nature est un maître artisan capable de rendre les grandes choses petites, et les petites grandes. Par conséquent, pour comprendre ce verset, il faut avoir une âme, ou une pensée, ou un esprit en état de comprendre ce que le Christ a voulu dire : « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité ».

Ce n’est pas que le mot vérité vous soit inconnu, mais comment l’employez-vous ? Vous dites : « Dis-tu la vérité, est-ce que ce que tu dis est vrai ? » Mais lorsque nous venons dans l’École Divine, nous ne travaillons pas de façon aussi abstraite avec les choses, au contraire nous devons les comprendre concrètement, saisir les rapports entre elles. Si nous prenons par exemple le mot eau, vous direz : « Qui ne sait pas ce qu’est l’eau ? » Oui, mais si vous demandez aux poissons ce qu’est l’eau, ils vous diront : « L’eau est un liquide dans lequel nous vivons », et rien de plus ; ils ne savent pas à quoi elle sert. Les poissons ne connaissent rien à propos de la vapeur, ils ne savent pas que l’eau peut se transformer en vapeur ; les poissons ne savent pas que cette eau peut ranimer les humains et les plantes s’ils sont assoiffés. Si quelqu’un dit vérité et que tu es un poisson, tu comprends la vérité comme un poisson et tu dis : « Nous vivons dans la vérité ». Paul dit : « Nous demeurons et agissons en Dieu [1]». Comment ? Comme les poissons ? Les humains ont vécu jadis comme végétaux et comme poissons en Dieu, mais à présent nous sommes plus intelligents, nous demeurons et agissons en Dieu ; et d’autres vivent en apparence, tels des poissons dans l’eau. Ceux qui ne comprennent pas cette philosophie diront : « C’est une déviation, une hérésie » ; ils pensent que les choses dans le monde ne s’interprètent que d’une seule façon : c’est là l’égarement. La vie a des critères, une grille de compréhension des choses ; sur cette échelle, toutes les créatures depuis l’être humain jusqu’en bas, tous les animaux, mammifères, poissons, mollusques, même les végétaux, les cristaux et ainsi de suite, ont ces critères. Vous croyez maintenant comprendre la vie, vous dites que les cristaux sont morts. Savez-vous à quoi fait penser votre situation ? Les cristaux sont si loin de nous ! Du point de vue purement astronomique certaines étoiles sont si lointaines que nous ne percevons pas leur mouvement dans le ciel, alors que les astronomes qui les étudient disent : « Elles se déplacent à des vitesses vertigineuses, et pourtant nous ne percevons pas ce mouvement ». Ainsi, de notre point de vue nous affirmons : « Elles sont immobiles ». Le mouvement d’objets proches qui se déplacent vite est perceptible alors que celui d’un objet plus lointain même s’il se déplace aussi se perçoit et se démontre plus difficilement.

Maintenant, lorsque nous demandons ce qu’est la vérité… Est-ce que mon lait est pur ? Est-ce cela la vérité ? Quelqu’un dit : « Dis-moi si cette parole est véridique, est-ce qu’elle reflète la vérité ? » J’interprète, si quelqu’un me dit : « Est-ce que tu me dis la vérité », j’entends la chose suivante qui s’y cache : lorsque quelqu’un me demande si ce fruit a mûri au soleil, et s’il a mûri en effet au soleil, sous l’action du soleil, qu’adviendra-t-il ? L’existence du fruit ne peut pas s’expliquer uniquement par la lumière, par la force du soleil. Qu’est-ce que la vérité ? Est-ce que le fruit a mûri à la vérité : c’est ce qu’on comprend, mais qu’est-ce que la vérité ? La vérité est la direction que nous suivons, le chemin que nous empruntons, c’est cela la vérité. Les Écritures disent : « Le principe de Ta parole est la vérité », et nous savons que tous les mouvements se dirigent vers la tête, vers le haut, et pour aller vers le bas nous partons toujours de la tête ; la tête nous montre la direction, et lorsque nous disons que quelqu’un a une tête, nous comprenons qu’il a un objectif vers lequel il tend. Quelqu’un dit : « Crois-tu en la vérité ? » Quelque chose de plus qu’un objectif est requis, mais je dis : « Est-ce que tu tends vers la vérité ? – Oui. » Mais comment ? En cercle ou bien en ligne droite ? Il y a des chevaux dans les jardins qui tournent seulement en rond. Quelqu’un dit : « J’avance dans la vérité ». Comment ? En cercle ou en ligne droite ? Le cheval aussi se déplace, tire l’eau et irrigue le jardin ; qu’a-t-il accompli ? Il se déplace de nouveau le lendemain, il fait un travail sérieux ; si nous l’interrogeons sur ce qu’il fait tourner, il répondra : « Une roue. – Quel est ton rapport à cette roue ? – Je ne sais pas, c’est mon maître qui sait ». Et alors, nous les savants contemporains, les érudits, savez-vous à quoi nous ressemblons ? À un cheval qui a servi trente ans de la sorte dans un jardin pour arroser les choux et les poivrons, et trente ans après son maître s’est montré si noble qu’il a dit : « Allez, je te laisse dans le pâturage à côté pour y passer les dernières années de ta vieillesse ». Mais le cheval n’était pas satisfait ; après avoir brouté l’herbe en journée, il retournait de nouveau à son lieu de travail pour tourner autour de la roue, puis revenait brouter dans le pâturage, et il le faisait maintenant de son plein gré. Nous aussi, libérés de nos anciennes croyances, nous continuons à tourner en rond en pensant accomplir quelque chose : tourner ainsi n’est pas encore un crédo philosophique.

Toutes les choses se meuvent en cercle, dans l’Univers tout se déplace sur une trajectoire sans fin. Si la Terre tourne autour du Soleil, le Soleil lui-même décrit un autre cercle, qui lui-même tourne autour d’un troisième et ainsi de suite ; nous obtenons donc un mouvement imbriqué dans un autre mouvement, c’est un mouvement en ligne droite et la ligne droite signifie tendre vers la vérité, donc nous tendons tous vers Dieu. Et alors on demande ce qu’est Dieu. Nous avons deux idées sur Dieu : lorsque nous sortons de Dieu, nous L’appréhendons comme limité en Lui-même, c’est-à-dire comme l’Illimité qui se limite en Lui-même, et alors nous entendons Dieu comme quelque chose de limité ; mais lorsque nous démarrons notre vie, nous allons vers la vérité, c’est-à-dire nous allons vers l’Illimité, l’Éternel, donc vers ce qui n’a pas de limites ni de commencement ni de fin ; par conséquent, la vérité est une direction vers l’Illimité et l’Incommensurable, en lien avec ce qui est limité.

Et du coup, qu’avez-vous compris de cela : limité, illimité, incommensurable, quel profit en tirer, qu’est-ce que c’est que cela ? Nous nous trouvons dans la situation de ce bouc qui s’est jeté dans une fosse, trompé par un renard. D’abord le renard s’est introduit dans un poulailler et a étouffé dix ou quinze poules qu’il a emportées, mais comme il ne voyait pas bien devant lui il a fini par tomber dans une fosse profonde. En regardant vers l’extérieur, il s’est dit : « Cela se présente mal pour moi ». Il y est resté deux ou trois jours jusqu’à ce qu’enfin un bouc passe par là. « Que fais-tu ici ? lui a-t-il demandé. – J’avais chaud en haut, je suis descendu pour me rafraîchir, c’est un endroit idéal pour vivre. – Est-ce que je peux aussi descendre ? – Mais bien sûr ! »

Hop, le bouc a sauté dedans. Il avait de grandes cornes. Le renard est monté sur son dos, puis sur ses cornes et il est sorti de la fosse ; il s’est libéré tandis que le bouc a pris sa place. Les gens d’aujourd’hui nous entretiennent de la vérité jusqu’à ce que nous entrions dans la fosse comme le bouc et qu’ils montent sur notre tête pour en sortir. Chacun parle au sujet de la vérité, le temps de se libérer ; par exemple celui qui emprunte de l’argent dit : « Crois-moi, je suis honnête, je te rembourserai sans tarder, crois-moi sur parole » ; et on lui fait confiance et on donne l’argent, mais ensuite l’autre disparaît.

Maintenant, dans toutes les autres situations sociales, on promet toujours : les mères promettent, les hommes, les femmes, les enseignants, tous promettent. Je dis : ils promettent, mais personne ne tient parole et même certains oublient et nos souffrances sont engendrées par cet oubli. Pourquoi souffrons nous ? Parce que nous faisons tous parti d’un grand organisme divin ; chaque âme, chaque individu dans le monde joue un rôle important dans cet organisme et seul celui qui a la vérité en son sein, connaît le sens de sa vie. Et quel est-il ? Dans la religion, on nomme cette direction Dieu, et du coup on débat sur Lui. Il est dit dans les Écritures : « Nul n’a jamais vu Dieu, seul le Fils unique qui est sorti du sein du Père, nous L’a révélé.[2] » Et qui est ce Fils unique ? C’est l’amour qui est sorti de Dieu, il nous L’a révélé ; et cette vérité qui est sortie de l’Illimité a rendu les choses limitées et a révélé ce qui est limité. Donc nous devons comprendre pourquoi la tête et le cœur ont certains rapports entre eux. Si vous demandez pourquoi le cœur bat constamment, c’est parce qu’il travaille pour la tête à laquelle il envoie du sang. Pourquoi est-ce le cœur et non pas la tête qui est l’emplacement de l’amour ? L’amour travaille pour la tête qui est principe de la vérité : « Le principe de Ta parole est la vérité[3] » ; donc toutes nos pensées, tous nos actes tendent à connaître la vérité. Les Écritures disent : « Lorsque nous connaîtrons la vérité, nous serons libres ». Et en quoi consiste la liberté ? La liberté consiste à vivre dans l’Illimité. Si tu foules le sol, tu peux trébucher et tomber, mais si tu t’envoles comme un oiseau, peux-tu trébucher ? Imaginez que vous puissiez voyager dans l’espace avec les ailes d’un ange ou bien par la pensée d’un ange dans cet univers grandiose, quelle serait votre perception sur lui ? Nous avons tellement rapetissé que nous ne songeons qu’à nous demander ce que nous allons manger le matin et si ce que nous mangerons nous donnera assez de forces pour faire le travail ; et nous nous demandons si ce travail nous fera gagner quelque chose et si nous pouvons vivre heureux. Tout le monde élabore des plans pour vivre heureux ; si nous parlions sur la vérité, tout le monde dirait : « Ne nous parlez pas maintenant de choses si abstraites, d’abord enrichissons-nous », mais ils ne savent pas que toute leur fortune, leur argent est conditionné par la vérité, car chaque particule de notre organisme, aussi petite soit-elle, a son mouvement et sa direction.

Je vais vous préciser maintenant pourquoi il ne faut pas manger de porc ou certaines autres viandes comme le bœuf. Je vais m’arrêter sur le porc : pourquoi ne faut-il pas en manger ? Voici comment se pose la question du point de vue psychologique : comme les cellules du porc sont extrêmement individualistes, lorsqu’elles entrent dans notre organisme, nous devons dépenser deux fois plus d’énergie pour les digérer ; celui qui en mange tombe malade plus facilement car ces cellules porcines cessent parfois de travailler, et alors l’estomac dysfonctionne ; cela revient à louer des ouvriers à l’extérieur, c’est en principe une idée intelligente, mais si tu loues une centaine d’ouvriers qui ne font rien, cela vaut-il la peine de les enrôler ? Tu les paieras, mais sans que le travail soit fait. Vous direz : « Que faire dans ce cas ? » N’embauche pas les ouvriers qui sont dans le porc, mais ceux qui sont dans les pommes de terre, le blé, les carottes, le chou, le poivron, le persil, le chou-rave, les poires, les cerises : ils sont remarquables et ils feront un excellent travail même sans rétribution, ni besoin de surveillance : c’est cela la grande vérité, et c’est pourquoi les Écritures disent : « Nous devons vivre une vie sainte et pure ». Nous recrutons des ouvriers, dix ou vingt personnes qui travaillent sur les routes, mais je vois des soldats avec des baïonnettes se tenir à côté d’eux ; ils travaillent non par amour mais par crainte du fusil. Et je vois parfois le soldat se distraire et l’ouvrier s’évader, on dit alors : « Ce prisonnier-ci a réussi à s’enfuir ». De même avec les cellules du porc : elles se dérobent et s’enfuient tous les jours et c’est pourquoi je dis : il ne faut pas tolérer de prisons dans notre organisme, supprimez ces prisons d’abord en vous, dans votre cerveau, votre estomac, et alors toutes les cellules qui travaillent et qui sont intelligentes travailleront selon la loi de la vérité car elles tendent toutes vers Dieu.

« Sanctifie-les par ta vérité » signifie : Répands la lumière dans leurs esprits pour envisager qu’ils puissent connaître la vérité et, puisque « La vérité est le principe de ta parole », puisque Ton Verbe est vérité, c’est donc le seul moyen pour eux de comprendre la vérité ». Et on dit à un autre endroit : « Tu les a aveuglés pour qu’ils ne se retournent pas vers Toi et qu’ils ne soient pas sauvés ». Qui sont ceux que le Seigneur a aveuglés ? Ceux qui ne comprennent pas la loi divine. Il y a un verset dans les Écritures : « Ne nous induis pas en tentation », mais c’est mal traduit, ce doit être : « Donne-nous du savoir et de la sagesse, pour ne pas succomber par nos bêtises à la tentation et ainsi souffrir ». Oui, la pensée est celle-ci : « Donne-nous du savoir et de la sagesse, pour ne pas succomber par nos bêtises à la tentation et ainsi souffrir ». Par conséquent, en commettant un péché, nous nous aveuglons nous-mêmes et du coup nous ne comprenons pas Dieu lorsqu’Il nous dit la vérité. Pour comprendre la vérité il faut avoir un esprit libéré de tous les égarements qui sont les nôtres. Lorsqu’on commet un péché et qu’on ne veut pas le réparer, on se trompe soi-même, on ne voit pas sa faute ; eh bien, aujourd’hui tu fais quelque chose, mais tu te trompes, demain tu fais autre chose, une troisième, une quatrième, mais ces péchés finiront un jour par abîmer ta propre vie. Admettons que je prenne un verre de rhum ou un verre d’eau de vie pour faciliter ma digestion – c’est ce que les médecins préconisent – eh, bien, je vais voir si cet avis recoupe l’avis de la nature, que dira-t-elle ? Lorsque je bois du vin, je ressens une lourdeur et je dis au médecin : « Dans quelque temps un changement se produira là-dedans. » Quel est le changement qui se produit ? Un verre aujourd’hui, un autre verre demain et ainsi de suite. Quelqu’un me racontait que sa femme souffrait de neurasthénie ; les médecins la soignaient par la boisson, ils l’ont guérie de la neurasthénie, mais elle est devenue alcoolique ! Est-ce une guérison ? Je demande ce qu’elle a gagné au bout du compte, savez-vous à quoi cela revient ?

Je vais vous relater une anecdote. Un Turc de Tsarigrad[4] était cupide, il voulait gagner beaucoup d’argent. Quelqu’un vient le voir en disant : « Pourquoi gardes-tu ton argent dans un coffre, donne-moi deux cents lires, je te donnerai un taux d’intérêt de cent pour cent ». Le Turc lui a laissé l’argent et l’autre s’est mis à lui rembourser les intérêts. Au bout de six mois, il lui a demandé : « Es-tu reconnaissant ? – Oui, je suis content, je suis content mille fois, mais quand est-ce que tu me rendras le capital initial ? – Ce capital, laisse-le de côté. »

Ainsi beaucoup clament aujourd’hui : « Écoute, nous te donnerons cent pour cent » ; oui, tu mangeras cent et tu me cèderas cent : il n’y a aucune philosophie là-dedans et ce n’est pas un raisonnement. Dans notre régime sociétal actuel nous laissons toujours le capital initial de côté sans vouloir nous rendre à l’évidence que nous suivons un mauvais chemin, mais nous recherchons des coupables. Non, non, dans tous les cas nous devons connaître la direction de notre mouvement, et nous ne devons arrêter ce mouvement sous aucun prétexte. Aucune hésitation n’est tolérée vis-à-vis de la vérité, toute hésitation est péché car ton mouvement est relié à d’autres mouvements, et tu peux déclencher une catastrophe : il y a des croisements sur ces chemins dans l’Univers. C’est là la grande philosophie, la science divine nous apprendra à vivre et nous montrera ce qui est principe de la vérité ; seule la vérité peut nous donner une réponse satisfaisante à cette question, nous rendre intelligents pour savoir pourquoi nous vivons et comment vivre.

Il y avait en Amérique un prédicateur fameux, très érudit, le docteur Gordon. Il y a là-bas des Églises démocratiques, et l’Église méthodiste en fait partie, alors que ce docteur Gordon était rattaché à l’Église aristocratique, l’Église épiscopale. Il prêche, il y a des rassemblements pour l’écouter, mais il n’y a pas de vie dans cette Église. Il se trouve que beaucoup d’incidents se produisaient dans son église, avec ce docteur Gordon. Un jour un misérable y entre – il a réussi à s’introduire à l’intérieur de son église. On les appelle les gens libres dans la religion, ils ne donnent pas un sou de l’opinion des autres lorsqu’ils expriment leurs idées ; ce sont des libres penseurs qui n’obéissent à aucune règle et qui sont des épines dans le pied de chaque Église ; les américains les nomment krianx, c’est-à-dire leur roue tourne librement, ils entrent à l’église sans payer – on paie là-bas chaque place mille cinq cents à deux mille dollars – les sièges là-bas sont en velours et on y sert Dieu très honorablement. Ce misérable entre et s’installe sur un siège. Le propriétaire du siège le fixe et veut le chasser, mais il n’y arrive pas. Il lui demande : « Sais-tu à qui est cette place ? – Je ne sais pas. » Il lui dit : « Cette place est à moi. – Je m’en félicite. – Sais-tu le prix que ça me coûte ? Deux mille dollars ! – Ça les vaut. »

Et il s’arrête là. Vient maintenant le docteur Gordon qui se met à parler ; il lit un passage, et l’autre s’écrit : « Amen, ainsi soit-il ! ». Tous sont troublés. Il dit encore : « Seigneur, aide-le à ne pas s’entraver, il s’exprime bien ». Par la suite le docteur Gordon raconte sa vie dans un livre, mais aucun des incidents relatés n’ont pu lui faire démarrer une nouvelle vie. Un soir il a rêvé – un rêve éveillé – il prêchait dans l’Église devant une assemblée immense, toutes les places étaient prises. Un homme vient, mais il n’y a pas de place pour lui ; il lui faisait une forte impression. Après avoir terminé son prêche, il s’est dit : « Je veux savoir qui est cet homme » et il demande : « Qui est-il ? » L’un de ses acolytes dit : « C’était le Christ ». Il se réveille et se dit : « Le Christ est venu dans mon église et il n’y avait pas de place pour Lui ! » Je vous demande s’il y a de la place pour le Christ dans toutes les églises ? Le Christ reste debout !

« Le principe de ta parole est la vérité. » On nous bassine maintenant avec beaucoup de choses, on nous bassine avec tout, personne en revanche ne parle de la vérité qui dirigera notre vie et qui nous fera emprunter une nouvelle direction. Toutes les questions qui agitent la société peuvent être résolues par la vérité. Les Écritures disent : « Lorsque nous connaîtrons la vérité, nous serons libres ». C’est très naturel : lorsque tu prends la route avec quelqu’un, tu partageras avec lui tout ce que tu as ; à chaque fois que tu t’arrêteras, tu ouvriras ton sac ; le Bulgare est très prévenant, tu marches avec lui et il te nourrit. Par conséquent, tous ceux qui marchent dans la vérité, dans la même direction, peuvent s’entraider et seront disposés à manger et à boire. Pourquoi on ne se comprend pas maintenant ? Parce qu’on ne marche pas avec Dieu ; l’un part à gauche, à l’Est, un autre à l’Ouest, et ils cherchent toujours des idéaux. Quels idéaux, il n’y en a aucun ! « Si, être Bulgare ! » Je demande : est-ce que le Bulgare vit perpétuellement ? « Non, mais alors être un professeur ! » Bien, mais resteras-tu professeur pour toujours ? « Être ministre ! » Resteras-tu ministre pour toujours ? «  Non. » Mais alors ? Notre destin à tous est d’aller à Orlandovtzi[5], entrer dans la poche du curé. Ce n’est pas une solution, je n’entre jamais dans la poche d’un curé ; une fois que j’en suis sorti, je n’y entre plus jamais. C’est curieux, quel salut peut-il y avoir dans la poche d’un curé ? Ce ne sont pas des réflexions, ceci prouve la légèreté de nos réflexions, ce sont des proverbes. Les Bulgares disent ainsi : « Tu entreras dans la poche du curé[6] ». Pourquoi les gens y entrent-ils ? Tous ceux qui ne suivent pas la vérité divine entreront dans la poche du curé et cette poche est si profonde, c’est la poche la plus profonde et la plus dangereuse, il n’y a rien de plus dangereux que la poche du curé : cette poche est la tombe, c’est ainsi que je l’entends. Et une fois enterré, tu peux être pleuré, mais plus personne ne pensera à toi. « Ivan, pourquoi m’as-tu laissée ? » Ivan dit : « Pourquoi ne me déterres-tu pas ? » On vient des années durant, on pleure, mais la femme dit : « Tu es dans la poche du curé, je ne te déterre pas ». Certains disent : « Lorsque nous mourrons, tout sera terminé ». Je demande alors aux gens : es-tu déjà mort avant, sais-tu ce qu’est la mort ? Nos contemporains disent : « Personne n’a vérifié ce qu’est la mort ! » Je conteste la mort ; ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas ! Es-tu déjà mort pour savoir ? Tous disent aujourd’hui : « Nous mourrons ». La mort sous-entend une limitation de la vie, la mort est la plus grande limitation que la vie peut présenter, un repos absolu, sans conscience, sans aucune initiative ; c’est ainsi que je définis la mort ; lorsque tu entreras dans la poche du curé, tu subiras le joug le plus pénible. Et nous disons alors : pour nous délivrer de la mort, nous devons aspirer à la vérité, et pour aspirer à la vérité, notre cœur doit être rempli d’amour et nous devons connaître Dieu en tant qu’amour. Le Christ dit alors : « Personne ne peut venir auprès de Moi si mon Père ne l’attire pas ». Donc Dieu, en tant que vérité, nous attirera à Lui et le Christ nous montrera le véritable chemin de ce mouvement. Et quel est l’emblème de la vérité ? Que ressentira chacun dans la vérité ? Lorsque vous aurez assimilé la vérité, je ne vous parlerai pas beaucoup, je vous parlerai positivement sur la vérité dans la mesure où vous pourrez me comprendre.

Tu es désespéré, tu songes à te suicider… Il y a quelque temps je donnais cet exemple : un jeune musicien talentueux tombe amoureux d’une comtesse – je le tire d’un roman non publié – mais elle lui dit ceci : « Mes conditions de vie sont très compliquées, mon père et ma mère ne me laissent me marier sous aucun prétexte, je ne peux te prendre pour époux ». Il est désespéré et part : son monde s’était assombri, il avait perdu tout but dans la vie et cherchait à se suicider. À ce moment-là, pour le délivrer, elle met un masque sur son visage, le rattrape sur le chemin et lui murmure quelque chose – l’auteur ne divulgue pas ses paroles, personne ne les a entendues – et tout à coup le voilà rassénéré. Qu’est-ce que lui a dit ce visage masqué ? Un seul mot magique qui a illuminé son visage. Il revient et dit : « Désormais je vais vivre ». Qu’est-ce qu’elle lui a dit ? « Je t’aime et je partagerai toutes les difficultés dans ta vie ». Donc cette comtesse c’est le Christ. Et lorsque tu désespères dans cette vie : « C’en est fini de ma vie », le Christ masqué te murmurera : « Je t’aime, je partagerai avec toi toutes tes difficultés dans la vie », alors tu dis : « La vie a du sens ». Pourquoi ? Lorsque l’amour est en notre sein, cet amour éternel et illimité, c’est que nous avons connu la vérité ; par conséquent lorsque nous connaissons la vérité, une lumière intérieure naît en nous, notre âme est légère, nous sommes comme un oiseau qui bat librement des ailes et nous avançons dans la bonne direction. La première chose à trouver est la vérité. À présent, j’interroge votre comtesse, la comtesse qui est en vous, vous a-t-elle dit cette vérité en chemin, ce mot secret ? C’est une expérience intérieure que vous devez tous vivre.

Ce sur quoi insiste le Seigneur est : pas de mensonge ; on ne tolère absolument aucun mensonge de ceux qui glorifient la vérité ! Dehors, dans le monde, vous pouvez mentir autant que vous voulez, tromper ou être trompé, mais si vous empruntez ce chemin : servir Dieu, vous devez vous armer de la vérité sans faille. Alors que les Bulgares prétendent aujourd’hui : « On ne peut se passer ni d’une cuillère, ni du mensonge ». Il faut donc une cuillère pour prendre la soupe. Mensonge et cuillère[7] sont parfois proches comme en anglais les mots lawer et layer ; le danger avec cette cuillère est que si tu te mets à rire, tu risques d’avaler la nourriture de travers et c’en est fini de toi. Aucune cuillère ! Celui qui a inventé ces cuillères était très intelligent. Nous avons coutume de considérer la soupe comme la nourriture la plus revigorante ; tout le monde mange toujours de la soupe et commence les repas par elle, alors que la nature n’a nulle part prévu de soupe dans son menu, il n’y a pas de soupe ; si tu te rends à sa table, il n’y a pas de soupe. Alors que nous faisons aussitôt une soupe des gésiers de poules, de dindes, de cailles avec un peu de citron et nous l’engloutissons ; oui, tu l’engloutis, mais il en résulte des maladies. Tous les religieux maintenant veulent se nourrir de soupe, mais Paul dit : du lait ! Vous aussi, les gens d’aujourd’hui, vous voulez vous nourrir de potages. Je dis : il n’y a pas de soupe dans mon menu ; il y a des pommes, de la nourriture solide, mais de la soupe ? Je peux vous dire où trouver la meilleure soupe.

« Le principe de ta parole est la vérité. » Par conséquent cette nourriture sous forme de potage est comme la lecture d’un roman : que s’y passe-t-il ? Une héroïne se marie à un poète, des enfants naissent, ils se querellent et divorcent ; et on dit : « Ce roman est une bonne soupe ! » Oui, c’est une soupe de la meilleure qualité. Ne peut-on pas trouver quelqu’un qui écrive un roman autrement, sans soupe – je n’ai pas encore vu de roman sans soupe – pour faire passer par exemple ses héros de l’autre côté sans les faire mourir. Alors qu’on dit maintenant : « Un tel a vécu soixante-dix ou quatre-vingts ans, puis il a été enterré honorablement, on y a mis des arbres et des fleurs et on a écrit : « Ici reposent deux grands héros de ce monde ». Qui sont ces héros ? Ceux qui aimaient manger la soupe avec une cuillère. Et pourquoi le monde ne se redresse-t-il pas ? Tant que vous mangerez la soupe, le monde ne se redressera pas ; nous devons mâcher de la nourriture solide, ferme. Nous nous attendons toujours à obtenir des dons par la grâce ; le Seigneur exige de toutes les créatures, des plus petites aux plus grandes, du travail et uniquement du travail. Et si nous souffrons, c’est parce que nous n’avons pas travaillé par le passé, alors le Seigneur te punit pour ton oisiveté et donne plus à celui qui a travaillé, qui a été travailleur par le passé. Nous devons travailler quelle que soit notre situation. Si tu es employé comme domestique, accomplis ta mission, un jour ta servitude te donnera plus de savoir, Dieu a prévu pour toi quelque chose de plus grand que ce que tu crois. Et si j’écrivais ce qui vous attend dans votre vie future, savez-vous ce qui se passerait avec vous ? Vous quitteriez toutes vos cabanes, toutes vos affaires. Toutefois comme ce temps s’approche, vous quitterez la terre. Mais il y a pour le moment encore un peu de travail, nous devons le terminer, préparer le terreau et les conditions pour la future génération qui vient sur terre. Et lorsque vous vous libérerez de tous ces liens, vous tendrez vers cette direction, vers la vérité, et vous comprendrez alors ce que Paul a dit : « L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu et le cœur n’a pas saisi ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment ». Certains diront : « Qu’est-ce que c’est ? » Qu’est-ce que c’est ? Tu dois le voir, l’entendre et l’essayer, cela ne peut pas être décrit. Certains religieux disent : « Tout dans le monde converge vers le même objectif », mais tu écris uniquement pour nourrir ta femme et tes enfants. Tolstoï aussi réfléchit ainsi : « Tu les nourriras, mais un jour ils mourront ; cela revient donc à donner plus de matériel à la mort ». Non, tous, père ou mère, frère, sœur, ami, tous doivent dire seulement la vérité, elle est notre salut ; sortir du cadre de l’éphémère, de la mort, et entrer dans la liberté éternelle. Quelqu’un dit : « Lorsque nous mourrons ». Non, la question n’est pas pour nous de mourir et pour eux de rester boire et manger ; le père dit : « Je travaille pour qu’à ma mort mon fils puisse boire et manger ». Non, le père doit enseigner la vérité à son fils et lui dire : « Fiston, je ne mourrai pas, je retourne simplement dans ma patrie d’antan, mais lorsque je serai de retour dans le monde, malheur à toi si je ne te trouvais pas sur le chemin de la vérité ! » Cela montre que nous devons aller vers le haut.

« Le principe de ta parole est la vérité. » Ainsi vous tous qui m’écoutez, mettez la vérité comme fondement de votre vie, la vérité comme vous l’entendez, je parle selon votre compréhension. Si vous vous comprenez, vous me comprendrez aussi. Je dis : ce verset est grand, je ne veux pas le traiter par son côté intérieur, mais je traite uniquement son introduction ; si j’avais le temps de vous décrire les mondes, ces hiérarchies, comment vous passerez d’un système à l’autre, puis comment vous passerez dans les mondes spirituels, quelles forces vous acquerrez… Vous vous bagarrez à présent pour mille mètres carrés de terrain, vous vous fâchez, mais je dis : ne t’empoisonne pas la vie, un jour le Seigneur te donnera toute une planète comme celle-ci, elle sera ta propriété, une terre entière comme celle-ci t’attend dans l’espace. Pourquoi es-tu venu ici ? Apprends, apprends, tu as un héritage grandiose là-haut, tu disposeras d’une planète entière et tu règneras dessus. Vous direz : « Mais quand ? » Maintenant, maintenant, dans cette vie ! Vous direz : « Si c’est maintenant, essayons alors ! » Savez-vous à quoi cela revient ? Lorsque je parle au bœuf sur la faculté, sur la civilisation humaine, il dira : « Du foin, du foin, il me faut du foin pour manger à satiété ». Ce que je veux dire c’est que nous pouvons passer d’un état de conscience à un autre. Notre conscience n’est pas limitée par notre corps, notre conscience peut évoluer à un instant donné, emprunter une nouvelle direction et nous faire passer dans celle des anges ; cette conscience est au-dessus de nous ; lorsque nous entrerons dans cette conscience, notre esprit s’élargira et nous entrerons dans la quatrième dimension que les savants contestent maintenant. Il y a donc des lieux où habitent les esprits, et les savants commencent à reconnaître que les esprits aussi ont des endroits où vivre.

Ainsi la vérité a un rapport avec notre tête et lorsqu’elle entrera dans notre conscience, elle illuminera notre pensée, emplira notre cœur de paix intérieure et donnera de la force à nos muscles. Un héros dans le monde est seulement celui qui a la vérité. Il peut être animé d’un autre esprit… non d’un autre esprit, c’est faux, mais il peut se sacrifier, et en se sacrifiant il entrera dans l’âme de son peuple ; et les êtres pieux qui partent en se sacrifiant entrent dans l’âme de leur peuple. Un jour nous allons investir le monde et nous dirons : « Assez de mystifications ! », et nous aspirerons à la grande vérité dont l’amour est l’élan. Et tous vos désirs sont des millions de mondes qui se forment et se déplacent et des milliards de systèmes qui se déplacent vers un objectif grandiose qui est la vérité : « Sanctifie-les par ta vérité, ta parole est la vérité ».

Dorénavant, évitez la soupe, préférez la nourriture solide. Il faut une juste compréhension de Dieu : Il est vérité et amour, tout le reste dans ce monde est secondaire. Commencez à penser sur la vérité, je vous le demande : arrêtez-vous chaque jour cinq minutes, dirigez votre pensée vers la vérité ; cinq minutes tous les jours, et alors en un an votre pensée aura acquis de nouvelles vibrations. Maintenant nous cherchons la vérité, puis un doute nous assaille, puis nous la recherchons à nouveau. Un doute nous assaille : « Il n’y a pas d’autre vie ! » Les religieux disent : « Dans cette vie c’est impossible, mais plutôt dans la suivante », d’autres disent : « Ne peut-on pas vivre une vie sainte et pure sur terre ? » Si tu ne peux pas vivre une vie sainte et pure sur terre, tu ne le pourras pas non plus au Ciel ; la loi est ainsi ! Il ne sait pas jouer de la musique ici-bas, comment saurait-il en jouer au Ciel ? Cela fait penser à la chose suivante : À Varna, une vieille femme a rêvé qu’elle allait dans l’au-delà. Elle avait soixante ans. Elle voit là-bas des gens en vêtements blancs sur des tables vertes en train d’écrire, de résoudre des questions. Ils demandent à la grand-mère : « Pourquoi es-tu venue ici ? – Eh, fiston, je suis venu de l’autre monde pour vivre un peu. – Sais-tu lire ? – Je ne sais pas. – Alors ici tu pourras uniquement porter de l’eau. »

Si vous ne savez pas lire ni réfléchir, vous porterez l’eau. Mais savez-vous ce que signifie porter l’eau ?

Vous dites à présent : « Le Seigneur est doux ». Il est doux envers les travailleurs qui pensent, qui sentent et qui accomplissent Sa volonté, mais Dieu est intransigeant envers ces oisifs qui disent : « Il est notre Père, nous mettrons la main dans sa poche ». Il n’a aucune poche.

Ainsi, je m’adresse à vous comme à mes frères et sœurs, il n’y a en moi nulle pensée critique. Insufflez la vérité et l’amour dans votre vie, et votre situation, quelle qu’elle soit, changera simplement grâce à cette vérité et à cet amour !

 

 

Sofia, 19 mars 1922


[1] Actes 17, 28

[2] Jean 1, 18

[3] Psaume 119, 160

[4] Nom donné à Istanbul à la fin du XIX siècle par certains peuples slaves.

[5] Quartier de Sofia où se situe le cimetière de la ville.

[6] Cette expression bulgare imagée traduit le moment de la mort où le curé sera payé pour l’oraison funèbre.

[7] Ces deux mots en bulgare ont une prononciation très proche (laja pour mensonge et lajitza pour cuillère)

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