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1922_02_19 Demandez, cherchez et frappez


Ani
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Demandez, cherchez et frappez

«Et moi, je vous dis : Demandez, et l'on vous donnera;

cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira.»

Luc 11:9

La nature humaine est assujettie à trois grandes injonctions : demander, chercher et frapper ; c’est ainsi que le Christ les a énoncées il y a deux mille ans dans un langage courant, mais reformulées en notre langage elles prendraient un tout autre sens. Pour faire germer le désir de demander, il faut un motif. Les motifs peuvent être justifiés ou injustifiés : la raison qui pousse l’enfant à demander du pain à sa mère est justifiée, il dit : « Du pain, maman » ; et la raison qui pousse l’ivrogne, le soulard, à demander du vin en clamant : « du vin ! » est injustifiée. Nous fondons notre philosophie sur les résultats constatés à un instant donné, car il y a une grande loi dans la nature qui détermine les choses instantanément ; la vérité se détermine tout de suite, il ne faut guère des siècles pour trouver la vérité : en ce moment elle entre directement dans la pensée et le cœur de l’être humain. Donc quelqu’un dira : « La connaissance de la vérité est inscrite dans les conditions de l’évolution ». J’appelle cela des amusements, des représentations, des divertissements théâtraux. Lorsque j’invite quelqu’un qui est rassasié pour le restaurer, il me dira : « Attends un peu ! » Pourquoi ? Parce qu’il est rassasié. Il doit d’abord attendre que la faim vienne. Je teste ton déjeuner ; il y a quelque chose qui vient percuter ce que je veux donner, donc nous remettons à plus tard, et nous disons : « Ce n’est pas le moment maintenant » ; mais savez-vous pourquoi ce n’est pas le moment ? Si vous avez un lourd sac à dos et que je veuille vous affubler d’un sac supplémentaire, vous direz : « Attends un peu, ce n’est pas dans mes capacités ». Donc ce renoncement est raisonnable, mais remettre à plus tard n’est jamais raisonnable. Lorsqu’on cherche une grande vérité, il ne faut jamais remettre à plus tard ! Quelqu’un dira : « On a le temps ! » Oui, on a le temps, mais ce temps est déterminé ; si vous entrez dans une école de nos jours : à la faculté, au lycée, au collège ou à l’école primaire, le temps est aussi déterminé et chaque élève doit suivre chaque cours au bon moment.  

Maintenant, nos contemporains qui ont perdu la notion de l’ordre naturel veulent qu’un nouvel ordre soit instauré ; ils disent : « Ne peut-on établir un autre ordre ? » On le peut, et je vous donnerai un exemple. Le violoniste Paganini donnait un concert, un concert remarquable. On lui demande : « Peux-tu jouer sur trois cordes ? – Je le peux. » Il s’est présenté et le concert a été une fois de plus remarquable. « Peux-tu te produire sur deux cordes uniquement ? – Je le peux. » Enfin ils ont voulu un concert sur une seule corde et de nouveau il a dit : « Je le peux », mais il n’est plus apparu. La nature aussi donne un concert sur quatre cordes ; quand nous le réclamons, elle le donne sur trois cordes, sur deux aussi, mais lorsque nous réclamons un concert sur une seule corde, elle reste silencieuse. Et savez-vous ce que ce silence signifie ? C’est ce qu’il y a de pire. Quelqu’un prend le téléphone, presse l’écouteur et cire : « Alo, alo !’, l’autre en face reste silencieux – pas de signe, pas de réponse ; puis tu vois qu’il a jeté l’écouteur et fait les quatre cents pas. «  Comment cela ? » - il reprend le téléphone et le fait sonner ; il dit : « Ces gens-là, sont-ils sourds ? ». Ce sont précisément ces gens qui jouent sur une corde, rien de plus, et j’appelle ces gens qui ont une seule corde des gens sans idée. Il faut deux éléments pour dérouler un processus dans la vie, c’est nécessaire ; on ne peut pas le déclencher avec seulement de l’oxygène, car il y aura une combustion, mais elle ne sera pas durable ; avec uniquement de l’hydrogène on ne peut pas le créer non plus ; ou bien avec de l’azote ou du carbone et ainsi de suite. Les anciens alchimistes comme les chimistes modernes considèrent qu’il y a quatre éléments principaux, mais il en existe d’autres.

Maintenant le Christ dit : « Demandez et on vous donnera », mais demandez avec intelligence, en accord avec ces grandes lois sur lesquelles la vie est fondée, comme cet enfant qui connaît sa mère et qui demande du pain qu’elle lui donnera ; mais si cet enfant demandait du poison à sa mère, elle refuserait de lui en donner ; demandez des choses raisonnables. Donc ce qu’on demande met en évidence le degré de civilisation que la pensée a atteint. Pourquoi demander ? Il faut être très intelligent pour demander.

Le deuxième postulat, le Christ dit : « Cherchez et vous trouverez ». J’attribue l’acte de chercher au cœur, c’est un processus du cœur. Seul l’être assoiffé dans le désert cherche les belles sources, seul celui qui a soif cherche de l’eau dans les endroits montagneux, ses yeux sont fixés sur une petite source ou une petite rivière, il cherche ; donc il y a en lui l’éveil d’un désir, d’un besoin. L’ivrogne aussi cherche les auberges et le bon vin, mais il y a une différence immense entre les sources de montagne et le goulot du tonneau : si vous vous abreuvez à ces sources, votre pensée se rassérènera, s’aiguisera, alors que boire dans les auberges obscurcira votre esprit. Alors certains demandent : « Comment reconnaîtrons-nous la vérité ? » La vérité ressemble à une journée claire, sans brouillard où toute la nature fleurit et croît, la pensée aussi se clarifie à cet instant, tandis que les esprits s’obscurcissent là où il n’y a pas de vérité. De ce point de vue, à chaque fois que votre esprit s’obscurcit, c’est le signe que vous ne buvez pas de cette source de montagne, mais du tonneau de l’auberge. Vous direz que les conditions sont ainsi ; votre source aussi peut déterminer les conditions de votre vie.

J’admets qu’il y a des conditions à prendre en compte dans le monde, mais il y a des conditions créées par la nature et des conditions créées par nous-mêmes. Lorsque la nature a donné l’eau au poisson, vous ne pouvez pas le sortir de là car sinon il mourra ; la culture de l’eau est strictement déterminée, quelle autre culture peut-on prêcher aux poissons, quelle autre culture implanter ? Il faut d’abord changer leur milieu. Maintenant je transpose : quelqu’un qui a une notion de la vie des poissons – car il y a des gens qui vivent comme les poissons – dit ainsi : « Le Seigneur a créé l’eau pour les grenouilles et le vin pour les hommes ; l’eau pour les grenouilles car elles vivent dans l’eau, et le vin pour les humains qui résolvent les grandes questions dans le monde : lorsqu’ils vident leur verre, tout va bien ». Mais c’est précisément l’eau que le Seigneur a créée pour les humains. Car si les grenouilles ignorantes ont su vivre dans l’eau, combien plus nous les intelligents nous devons utiliser cette eau ! Les humains ont commencé à exploiter l’eau pour l’éclairage électrique, les meuniers font tourner leurs moulins et ainsi de suite, par conséquent l’eau n’est pas créée pour les grenouilles, mais pour nos besoins. Je prends l’eau comme emblème de la vie, mais quelqu’un peut dire : « Pourquoi la vie ? » La vie est un grand bienfait, si tu la comprends, tu en extrairas chaleur et lumière, mais si tu ne la comprends pas, tu croasseras seulement telle une grenouille. Mais il vaut encore mieux le croassement que la mort.

Le troisième postulat dont parle le Christ est : « Frappez et on vous ouvrira ! » Ouvrir est l’aboutissement. J’assimile le fait de frapper à la volonté humaine : seul celui qui a des bras musclés peut frapper. Quelqu’un dira : « Comment frapper ? » Très facilement, je vous donnerai un exemple : lorsque quelqu’un s’est attardé le soir et que le temps est chaud, il frappe, mais si personne n’ouvre, il restera dormir à la belle étoile ; mais lorsqu’il fait froid et qu’il y a du blizzard, il frappe de plus en plus fort. Ainsi on peut frapper fort, mais il y a d’autres manières de frapper dans le monde : frapper c’est aussi prendre la bêche et tracer un sillon d’un bout à l’autre du vignoble, et que la vigne dise l’année suivante : « Bienvenu, tu as beaucoup frappé et tu auras beaucoup de raisin ». Mais les gens d’aujourd’hui ont appris à frapper dans les banques, les cafés et les brasseries ; non, il faut frapper dans la nature, nous devons avoir une idée précise de ces grandes lois dans la nature, de la loi vivante que nous pouvons vérifier chaque jour, la vérifier et l’appliquer à tout moment.

Je pense avoir un auditoire intelligent devant moi qui peut mettre à profit mes propos : je ne m’adresse pas à ceux qui ne comprennent pas, mais à ceux qui comprennent. On pose la question : « Comment ? Est-ce que ce sera agréable, est-ce que le travail sera fructueux ? » Nous, les contemporains, nous voulons que chaque commencement soit comparable à un accueil avec des lauriers et de la musique ou bien à une noce ; mais ayez en tête que sur terre, dans la civilisation contemporaine, la vie commence toujours par un malheur : lorsque vous conviez vos invités, leur bonheur sera la malheur de quelques oies, poules, dindons ou agneaux ; ces agneaux seront malheureux. Donc le bonheur d’un côté est un malheur de l’autre : ceux qui gagnent sur le champ de bataille se réjouissent, trinquent ; mais ceux qui ont perdu ? Ceux qui ont conquis un pays se réjouissent d’être vainqueurs, mais les vaincus ? Je demande alors comment on peut expliquer ce fait : les humains, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, ce que l’Écriture a proclamé il y a deux mille ans, comment deux mille ans plus tard, des peuples considérés comme civilisés, pour lesquels la venue du Christ est un bienfait, qui le considèrent comme Dieu avec un million d’églises dans le monde, avec plusieurs millions de sacristains qui le servent et clament sans cesse qu’il faut vivre dans l’amour, comment peut-on alors expliquer que ses disciples soutiennent qu’un peuple peut conquérir un autre peuple, qu’un être humain peut violenter un autre être humain ? Pourquoi ? Ils disent : « Le bienfait l’exige ». Et non seulement les peuples, mais l’Église aussi a maintenu cela depuis des siècles, et elle le maintient encore.  

C’est important pour moi maintenant de vous voir expliquer les raisons psychologiques qui créent cet état anormal. Lorsque quelqu’un a la fièvre – il y a plusieurs types de fièvre, mais je prendrai celle que vous appelez « la tremblante » qui fait claquer les dents et trembler les jambes – je demande : celui qui est éduqué, réservé, qui n’ouvre jamais la bouche, qui est noble, comment cela se fait-il qu’une fois fiévreux, il bouge et remue la bouche ? Je réponds : la fièvre s’est emparée de lui. Les anciens se représentent la fièvre comme une femme sèche qui veut sucer leur sang, extirper leurs péchés ; c’est ainsi qu’on disait au Moyen-Age, alors que les savants disent aujourd’hui que c’est le fait de petits bacilles qui se forment dans l’organisme. Peu importe, mais ces minuscules organismes ont fait claquer les dents de ce noble bonhomme, et la question sous-jacente est claire : « quel intérêt ont ces minuscules organismes pour me faire claquer des dents ? » Je me l’explique légèrement différemment : ces microbes, lorsqu’ils entrent, prennent quelque chose à l’individu et lui les attrape et dit : « Ça alors, que fabriques-tu là ? » À peine en a-t-il attrapé un qu’un deuxième surgit, et il ne fait que combattre ces microbes qui volent et pillent, donc il les attrape comme des brigands et du coup agite les bras, les jambes et les mâchoires. Mais la question ne se résume pas à cela, il n’arrive pas à prendre le dessus et dit alors : « Cela ne s’arrange pas, vite appelons le médecin ! » Celui-ci vient avec une injection, avec sa petite pharmacie et une forte dose de quinine ; quatre-cinq jours après, l’injection fait son effet et il dit : « Dieu merci, je me suis débarrassé de ces brigands ». C’est bien sûr une image : le médecin vient auréolé de sa superbe pour secourir un frère attaqué par de minuscules microbes, mais il y a un autre côté : les microbes attaquent des gens qui se sont enrichis injustement par le passé ; les microbes n’attaquent jamais celui qui a un sang pur et sain mais celui qui a du sang vicié et des graisses malsaines. C’est pour cela que, lorsque nous expliquons pourquoi il faut vivre une vie pure, nous disons : c’est pour ne pas être attaqué par les microbes, car s’ils trouvent des impuretés chez toi, tes jambes trembleront, des médecins viendront et puis tu auras le teint jaune et les yeux creusés.

Le Christ dit maintenant : « Demandez, cherchez et frappez ». Laissez-moi clarifier ma pensée par un petit exemple. Je vais relater encore un conte occulte car ceux-là sont moins dangereux. Dans le passé lointain le roi d’un peuple antique, les Amrichores, avait deux filles : Azibo et Benomi. Azibo était remarquable, dans la fleur de l’âge, très belle, c’était l’une des filles les plus en vue de son époque ; elle était si intelligente qu’on lui laissait juger les affaires les plus importantes du pays et prononcer la sentence. Le fils du roi des Amers voulait visiter le royaume des Amrichores pour connaître la cour royale, l’ordre du pays, sa civilisation. Il a été bien accueilli et a fait connaissance avec Azibo qui l’a reçu poliment et chaleureusement comme une fille de roi peut le faire. Mais dans ce royaume des Amrichores les rossignols étaient l’objet d’une vénération tels des divinités. Le fils du roi des Amers ne connaissait pas ces coutumes et un jour il a frappé un petit rossignol qui en est mort. On l’a attrapé et on l’a accusé de crime ; on l’a enfermé et jugé, et Azibo a dû se prononcer : elle l’a condamnée à quinze ans de prison. Je demande maintenant : est-ce que la mort d’un rossignol mérite quinze ans de prison pour le fils d’un roi ? Quel est le lien ? Donc je dis : la vérité, c’est cette belle Azibo. Lorsque tu ne transgresses pas la loi dans son pays, il n’y a pas plus agréable qu’elle, mais si tu transgresses la loi dans la nature, Azibo est inflexible.

Ainsi nos contemporains disent : « Lorsqu’on est malchanceux, c’est ainsi que les choses se passent, les malheurs arrivent, et on tue quelque rossignol ». Je prends le rossignol comme emblème de la pensée humaine. À chaque fois que nous tirons sur ce rossignol, c’est-à-dire que nous déréglons notre pensée, on nous inflige une punition méritée ; il n’y a pas une seule personne qui ait tiré sur son rossignol sans se voir infliger quinze ans de prison. Clarifions à présent : seul celui qui a un esprit éclairé et une grande sagacité peut demander, chercher et frapper ; il n’est pas assujetti au hasard ni au bonheur, car nous ne cherchons que le bonheur sur terre. Tu dis : « Pourvu qu’un aïeul meure pour recevoir son héritage ». Oui, il peut mourir, mais il peut aussi ne pas mourir, ne pensez pas que ce soit la seule manière d’exaucer votre prière, on peut y répondre d’une autre manière.

Le défunt Mihalaki Georguiev racontait l’histoire d’un shop[1] qui vivait à Constantinople. Il vivait chez un pacha turc et voulait de tout cœur rentrer un peu auprès des siens. Le pacha le lui a permis en disant : « Si tu ne reviens pas dans trente jours, je te ferai pendre ». Il est rentré à Sofia, mais s’est mis en retard ; il est reparti en disant : « Cet homme me fera pendre, pourvu qu’un cheval surgisse pour me sauver ». Il a prié et il a vu surgir un usurier turc à cheval qui conduisait un jeune poulain ; il s’est dit : « Bien, il me cédera son cheval pour que je puisse rentrer à temps », mais lorsqu’il l’a rattrapé, l’usurier lui a dit : « Tiens, prends le poulain et porte-le ! » Et il l’a mis sur son dos en disant : « Seigneur, est-ce moi qui ai mal prié ou bien est-ce Toi qui ne m’as pas compris ? » Non, non, la prière doit être quelque chose de compréhensible, elle doit être compréhensible ! Le monde chrétien contemporain ne comprend pas ce qu’est la prière. Il y a une expression : « C’est un imbécile, il ne fait que prier », sans se rendre compte que la prière est la chose la plus sublime, mais il faut bien l’expliquer ; il faut expliquer aux savants d’aujourd’hui ce qu’est la prière, intelligemment, selon la langue originelle, et non selon leur entendement.

Et le Christ dit : « Demandez et on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira ! » Donc le Christ dit : « Développez ce bien être que Dieu vous a donné » ; demander vérifiera si votre pensée suit le juste chemin de son développement, chercher vérifiera si votre cœur suit un chemin juste, et frapper vérifiera si votre volonté se développe correctement. Car toutes les indispositions dans le monde découlent d’une interprétation intérieure déraisonnable, ce que les gens d’aujourd’hui appellent un conflit d’intérêts ; mais lorsque nous nous trouvons dans un monde divin qui est un monde d’harmonie où les rapports sont justes, nous n’avons rien à craindre.

Ainsi, nous devons exercer notre pensée au quotidien, il faut faire des exercices ; la pensée doit s’exercer tout comme le Bulgare exerce le soc de sa charrue : il est toujours lisse et brillant, alors que laissé à l’abandon, il rouille. Et les Bulgares disent : « Il ne faut pas trop penser, on peut perdre la tête pour avoir trop pensé ». Je conteste cette philosophie, il n’y a pas un seul exemple de quelqu’un qui ait perdu la tête pour avoir trop pensé. Pour avoir eu trop d’angoisses et de soucis, oui, mais quant à la pensée elle renforce et rassérène l’être humain. Les Bulgares disent : « Il ne faut pas trop penser ». S’ils entendent par-là : « Il ne faut pas trop s’angoisser », c’est vrai, c’est juste, mais il faut le traduire et dire: « Il ne faut pas trop s’angoisser » au lieu de « Il ne faut pas trop penser ». Et ils ont raison, on perd la tête à trop s’angoisser. Beaucoup des proverbes bulgares sont mal interprétés, par exemple : « Dieu donne mais ne cueille pas à ta place », « La vigne attend après la bêche et non pas après la prière ». Si je prie, j’aurai la force de bêcher le vignoble, mais si je ne travaille pas et que je prie seulement, il ne peut pas y avoir de résultat : la prière sous-entend toujours le travail.

« Demandez et on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira ! » Nos demandes doivent être raisonnables, et chacun doit vérifier au quotidien si ce que nous demandons est intelligent et en accord avec la loi qui nous régit : non pas la loi des humains, mais les lois édictées dans notre existence, que nous appelons divines, et nous devons tous aspirer à cet accord.

Maintenant les Bulgares ont une autre faiblesse : lorsque le Bulgare fait une erreur, il ne va pas droit au but pour donner la raison, mais cherche des justifications pour chasser le coin ; mais si tu chasses un coin, un autre viendra ; nous devons résoudre la question en totalité. Le coin ne peut pas être chassé, la nature a enfoncé tellement de coins que nous ne pourrons pas les chasser en plusieurs siècles ; un coin ne peut jamais être chassé. J’ai observé la psychologie des Bulgares : les vols, les souleries, les meurtres sont considérés comme étant dans l’ordre des choses, mais si un jeune homme ou une jeune fille font un petit écart, on crie : « Finissons-en, ils sont la cause de tous nos malheurs ». Celui qui est affamé et qui a volé, c’est humain, il doit manger à sa faim, mais transgresser le reste… Ils prennent des faits mineurs et les montent en épingle : eh bien, s’il faut appliquer cette loi, appliquons-la à tous ! Nous sommes comme les chrétiens d’aujourd’hui qui interprètent la loi de Moïse : « Gardez-vous, ne vous unissez pas aux esprits », disent-ils, mais Moïse a écrit beaucoup alors qu’ils ne prennent en compte que vingt-cinq pour cent, selon ce qui les arrange ; il n’est pas question de s’unir avec des esprits, il est question de s’unir avec son argent, son portefeuille : par cette loi, c’est l’usure que Moïse visait. Ce n’est pas une culture, ce n’est pas une philosophie, ce n’est pas un point de vue, ce n’est pas une humanité, nous ne pouvons pas bâtir sur une telle compréhension des choses. On ne peut pas bâtir sur le régime sociétal actuel : on ne peut compter sur le régime et sur le pouvoir en place que dans la mesure où ils sont moraux et intègres ; ils doivent avoir des principes sur lesquels repose leur fonctionnement. Si tu mets en place un organe de pouvoir qui n’est pas apte à respecter la loi, peux-tu compter sur lui ? Si quelqu’un est ivre, peux-tu compter sur lui ? Si ce socle pourrit, qu’est-ce qui restera du régime en place ?

Le Christ décrète : nos demandes doivent être intelligentes. Que devons-nous demander ? Demander une vie intelligente : il faut d’abord de l’ordre dans le monde, et par conséquent, pour quoi devons-nous frapper ? Demander doit englober tous les êtres et chercher doit aussi englober tous les êtres : si cela se passe ainsi, il y aura de l’harmonie car il y aura de la justice dans le monde. Un Bulgare disait vrai : « Il faut aujourd’hui justice et vérité ». Toutes les factions bulgares doivent écrire ce que nous devons demander à présent : justice et vérité ; que ce soit écrit dans chaque maison, ou qu’on écrive le cas échéant les paroles du Christ: « Demandez, cherchez et frappez ! » Mais pour demander, chercher et frapper, il faut avoir une philosophie, tandis que vous dites à présent : « Qu’est-ce que le Christ a bien voulu dire par : demandez, cherchez et frappez ? » Si le Christ avait précisé sa pensée, on l’aurait crucifié dès le tout premier jour. Même deux mille ans après, les gens ne peuvent pas supporter la vérité ; tous les malheurs dans le monde viennent de ce qu’ils ne comprennent pas la pensée du Christ. Cette vérité doit être vivante, nous concerner tous équitablement, elle doit nous concerner comme la lumière du soleil, c’est alors seulement qu’elle insufflera la vie, à la façon de la lumière du soleil et non pas autrement. De même, demander, chercher et frapper, ou encore le savoir, le sentiment et la volonté doivent nous concerner d’une façon intelligente.

Donc cette Azibo vous condamnera. Vous êtes maintenant au royaume des Amrichores. C’est un peuple occulte et nous traversons maintenant ce royaume et beaucoup parmi vous se retrouveront en prison à cause des rossignols. Nous traversons le royaume des Amrichores, mais nos contemporains les nomment les Amers. Le Bulgare dit : « Que vaut un rossignol ? Je peux lui arracher la tête ! » Mais celui qui ose arracher la tête d’un rossignol encourt quinze ans de prison dans le royaume des Amrichores. Et beaucoup de temps s’écoulera avant que nous ne quittions ce royaume.

Ainsi, je vous prie de penser sainement, de sentir de façon robuste, de tempérer vos désirs, et alors frappez, car votre volonté sera forte. Ayez la persévérance de cette fourmi que Mohamed a observée, c’est cela la volonté : lorsque Mohamed s’est découragé à propos de son enseignement, songeant qu’il lui serait impossible de le propager, il s’est enfermé dans une grotte. Son attention s’est focalisée sur une fourmi qui portait une charge quinze fois plus lourde qu’elle-même ; elle voulait la porter d’un endroit à un autre et la soulevait jusqu’à un point, mais la charge retombait et elle devait la soulever de nouveau ; quatre-vingt-dix-neuf fois la charge est retombée, mais à la centième fois la fourmi a réussi à la porter de l’autre côté et il s’est dit : « Dis donc, si une fourmi peut quatre-vingt-dix-neuf fois descendre et monter, j’ai percé le secret ». Moi aussi je dis : c’est la vérité, dans la vie le Seigneur t’éprouvera quatre-vingt-dix-neuf fois et dira à la centième fois : « Tu mérites d’être aidé pour passer de l’autre côté ». Mais il faut deux fois le chiffre 9 : homme et femme ; la femme est un neuf, l’homme un autre neuf, et de quoi est constitué chaque neuf ? 3 x 3 font neuf. Donc le divin rentre trois fois dans le chiffre neuf : demandez, cherchez et frappez y rentrent trois fois, c’est ainsi que le neuf se formera.

Ainsi le Christ dit : « Demandez intelligemment, cherchez intelligemment et frappez intelligemment » ; c’est la grande philosophie de la vie. Ne cherchez pas d’autre bonheur.

Sofia, 19 février 1922


[1] Un paysan de la région de Sofia

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