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1921_03_20 Pharisiens et Sadducéens


Ani
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Pharisiens et Sadducéens

« Jésus leur dit : Gardez-vous avec soin du levain des

Pharisiens et des Sadducéens. »

Mathieu 16 :6

« Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon. »

1 Thessaloniciens 5 :21

Le levain est une nécessité, un stimulus dans la vie : il n’y a pas d’homme sur terre qui soit sans aucun levain en lui, chacun est pétri d’un levain quelconque. Le mal n’est pas dans le levain, mais de ce qui en résulte. « Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens ». Chacun a déjà lu ce verset et comprend ce que l’appellation « pharisien » ou « saducéen » signifie, mais c’est une compréhension extérieure de la question : lorsqu’on veut vexer quelqu’un sur la forme, on lui donne le sobriquet pharisien ou saducéen – pour autant cette question doit être examinée sur le fond.

Il y a deux courants dans l’être humain : le courant de la pensée et le courant du cœur, donc il est pharisien par la pensée et saducéen par le cœur. En général les pharisiens sont considérés comme pieux et croyants, ils sont la mesure de chaque vérité, ils sont les brahmines hindous ; ce que le mot brahmine signifie en langage contemporain, vous le traduirez vous-mêmes. Les sadducéens sont les représentants de la négation : ils ne croient en rien. Les pharisiens disent : « Nous sommes des penseurs libres, nous songeons à Dieu et nous croyons en Lui uniquement » ; les sadducéens disent : « Nous sommes des penseurs libres, nous ne reconnaissons pas Dieu » ; les pharisiens croient en Dieu, mais ils croient aussi en l’argent ; les sadducéens ne croient pas en Dieu, mais ils croient en l’argent. Même s’ils diffèrent dans leur vision, les uns et les autres croient encore dans la force des armes, des prisons, des espions, et celui qui s’écarte de leur enseignement peut être condamné à mort ; ils disent de lui : « C’est un hérétique, un ennemi de l’état, de la patrie, de toute l’humanité ». Les pharisiens vont à l’Église, font brûler des cierges, lorsqu’ils passent devant une église ils ne s’en éloignent pas avant de se signer plusieurs fois ; quoi qu’ils disent, ils ne ratent pas une occasion de mentionner le nom du Seigneur au moins dix fois : ils se glorifient ainsi devant le Seigneur. Les sadducéens se vantent de leur incroyance : où qu’ils se rendent, d’où qu’ils viennent, ils avancent toujours l’idée que Dieu n’existe pas. Donc, les uns se vantent de leur foi et les autres de leur incroyance.

Dans son message aux Thessaloniciens Paul dit : « Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon ». Les Pharisiens et les Saducéens ont de bons et de mauvais côtés : qu’il y ait un Dieu dans le monde, c’est vrai, mais Il n’est pas tel que les Pharisiens se l’imaginent ; qu’il n’y ait pas de Dieu dans le monde, c’est vrai aussi, mais non comme les Sadducéens l’affirment. Vous direz qu’il y a une contradiction, oui, c’est une contradiction, mais lorsque nous affirmons que Dieu est tout puissant et qu’en même temps nous pendons, massacrons et jugeons les autres en Son nom, est-ce là Dieu ? Non ! Dieu ne permet pas la mort et le châtiment des humains, et là où la justice est absente, Dieu est absent aussi ; non que Dieu n’existe pas, simplement Il ne peut pas exister dans les pensées et les cœurs de tels individus. L’enseignement des Pharisiens est une aspiration à s’approcher de Dieu en apparence, l’enseignement des Sadducéens est une aspiration à s’éloigner de Dieu en apparence. Vous vous demanderez quelle est la raison de l’existence de ces deux enseignements opposés ? La raison pour moi est claire : que fait le jeune homme lorsqu’il tombe amoureux ? Il tourne autour de la maison de la jeune fille plusieurs fois par jour, il la croise, il lui donne une fleur, il se signe devant elle, il lui dit : « Je ne peux pas vivre sans toi » ; de temps en temps la jeune fille regarde par la fenêtre et sourit ; il ne cesse pas de tourner autour de la maison, il prie. On dit du jeune homme : « Cet homme est très pieux ! » Oui, c’est un pharisien.

A Plovdiv,[1] il y avait deux écoles évangélistes, pour garçons et pour filles, l’une en face de l’autre. L’un des élèves de l’école pour garçons, un jeune homme doué, se préparait à devenir prédicateur. Selon les exigences de l’Église évangéliste, celui qui veut devenir prédicateur doit se repentir et se confesser devant Dieu pour être admis, et il a fallu épier celui-ci pour savoir comment il vivait. On a remarqué qu’il pleurait beaucoup et on se disait : « Ce jeune homme est digne d’être prédicateur, il aime le Christ, il pleure et se repent de ses péchés ». Oui, son Christ était à la fenêtre de l’école pour filles : il était amoureux d’une des élèves de l’école évangéliste, et l’épiait constamment en versant des larmes.

Donc, lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est orthodoxe, je sais que son orthodoxie est à la fenêtre ; on dit d’un autre qu’il est évangéliste : son évangélisme est à la fenêtre ; quel que soit l’individu dans sa foi et ses convictions, il regarde toujours en direction d’une fenêtre. Pourquoi devient-on sadducéen ? C’est très simple : la jeune fille qu’il aime l’a rejeté et s’est éprise d’un autre, il dit alors : « Cette jeune fille ne m’intéresse plus, je ne veux rien savoir d’elle, elle n’existe plus pour moi » ; lorsqu’il passe devant chez elle, sous la fenêtre où elle jette des regards, il crache et passe son chemin. Beaucoup agissent ainsi envers Dieu : tant qu’ils ont de l’argent, du pouvoir, ce sont des Pharisiens qui disent : « Il y a un Dieu dans le monde » ; dès qu’ils perdent le pouvoir, leur argent, leur poste, ils disent : « Dieu ? Nous ne voulons rien savoir de Lui, nous ne nous intéressons pas à un tel Dieu injuste ». C’est comme les chrétiens modernes qui se moquent des païens qui croient dans des idoles, mais je ne trouve pas grande différence entre les chrétiens d’aujourd’hui et les païens d’antan, ils différent dans la forme, mais non dans le contenu.

Allez parmi les chrétiens pour voir leur culture extérieure : allez sur les marchés à Sofia ou sur les marchés de n’importe quelle cité européenne pour voir quelle propreté et quel ordre y règnent, et pourtant des quartiers de viande animale y sont suspendus partout sur des crochets de bouchers, et ensuite tous ces gens passent pour civilisés, pour chrétiens. Je ne crois pas en de tels prêtres et prédicateurs qui visitent les marchés pour s’acheter de la viande ou des agneaux ou des poules pour les égorger et les manger ; je ne crois pas aux sentiments de tels chrétiens, mais je prends dans ce cas la défense de la poule qui dit : « Je ne crois pas en ce prêtre, évêque ou simple chrétien ». Qui peut égorger une poule peut égorger un homme ; c’est vrai en principe. Vous dites que nous ne pouvons pas subsister sans viande. Si nous sommes chrétiens, nous devons éliminer toute brutalité, toute violence.

Qui redressera le monde ? Ni les Pharisiens, ni les Sadducéens, ni les croyants, ni les incroyants ! Le Seigneur n’a besoin ni de croyants ni d’incroyants, que les humains croient ou non Lui est indifférent. Est-ce que la chaleur et la lumière du Soleil diminueront ou s’intensifieront selon que vous croyez ou non en Dieu ? La Terre arrêtera-t-elle son mouvement selon que vous croyiez ou non ? Que vous croyiez ou non, le soleil illumine et réchauffe, il ne le fait pas que pour vous, il y a sur terre des êtres plus civilisés que les humains. Il y a des gens qui ne mangent pas de viande depuis leur naissance, personne ne les a convaincus de cela, ils portent cette conviction dans leur for intérieur.

Je demande quel bienfait a apporté l’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens à l’humanité. La chute originelle est due à ces enseignements. Il a existé autrefois un âge d’or, lorsque la première humanité a vécu sur terre ; elle se distinguait par une civilisation avancée que l’humanité d’aujourd’hui atteindra à peine dans quatre ou cinq-cents mille ans ; le paradis dont il est question dans les Écritures représentait une culture grandiose qui se distinguait de celle d’aujourd’hui dans les sciences, les arts, les technologies et la philosophie ; même la terre n’était pas comparable à celle d’aujourd’hui. Mais avec l’apparition des enseignements pharisiens et saducéens dans le monde, elle a subi un grand cataclysme ; en ce temps-là les humains ont perdu le divin en eux, ils ont perdu l’amour et la première humanité sur terre a été déchue ; les humains ont atteint le point le plus bas de leur chute, ils ne peuvent pas tomber plus bas.

Faut-il s’étonner que les gens d’aujourd’hui soient mauvais, aigris, qu’il y ait autant de méchanceté dans le monde ? Les gens d’aujourd’hui passent par l’enfer, et de bien plus grands malheurs viendront ; en passant par les différentes régions de l’enfer, les humains sont infectés par les épidémies qui y sévissent et les répandent dans le monde entier : quelle personne ayant fréquenté un endroit impur n’a pas été contaminée? Maintenant, tant que vous êtes dans l’enfer, vous serez porteurs de tous les miasmes et infections. Où est cet enfer ? Autour de vous et en vous-mêmes ; les uns en sont déjà sortis, d’autres y sont entrés et d’autres encore s’apprêtent à y entrer. Il faut au moins vingt-cinq ans à ceux qui y sont pour en sortir : si leur train est rapide, ils traverseront l’enfer plus vite ; si leur train est lent ou la machine en panne, ils y resteront plus longtemps. Lorsque le Christ viendra sur terre, il apprendra aux humains ces règles et méthodes qui peuvent leur éviter de s’embourber dans la matière dense de l’enfer, il préparera l’humanité pour la Nouvelle vie ; c’est pour cela que le Christ est venu et reviendra encore, c’est pour cela que les vertus sont nécessaires : grâce à elles, les humains résisteront au feu infernal. Quelqu’un demande : « Ce feu brûle-t-il ? » Bien sûr qu’il brûle puisque tu es en enfer !

Ainsi, que nous acceptions Dieu ou que nous le renions, ce ne sont jamais que des vues humaines, fantaisistes. Puisque tu dis que tu crois en Dieu, es-tu prêt à te sacrifier pour Lui et pour ceux qui L’aiment et que tu aimes, es-tu prêt à te sacrifier pour ceux que Dieu aime ? Si je dis que l’amour de Dieu est le même envers toute créature vivante, des plus petites aux plus grandes, vous serez en désaccord avec moi. Pourquoi ? Parce que l’être humain est placé au sommet des créatures vivantes. C’est vrai que l’être humain est plus haut placé que n’importe quel animal, mais il n’y a aucune différence de nature entre l’être humain et la colombe : dans quelque temps la colombe peut devenir humaine et l’humain doit aspirer comme la colombe à s’envoler loin dans l’espace et à se nourrir de graines comme elle : la colombe mange une nourriture pure. Si votre mari était une colombe, ne vivriez-vous pas comme des colombes ; si votre femme était une colombe, ne vivriez-vous pas et ne mangeriez-vous pas comme des colombes ?

Maintenant vous dites : « Nous pleurons et souffrons tellement aujourd’hui ». Je demande si les pleurs sauvent les gens, ces gens qui pleurent depuis de milliers d’années : hommes, femmes et enfants, tous pleurent, mais les pleurs n’ont sauvé personne, c’est une aberration de croire que les pleurs vous sauveront. « Qui nous sauvera alors ? » L’amour. À part l’amour il n’y a aucune autre force qui puisse sauver l’humanité : c’est une vérité absolue. Si quelqu’un prétend qu’une autre force en dehors de l’amour peut vous sauver, il ne comprend pas les vérités divines. Je dis : s’il y a une force dans le monde qui puisse sauver l’humanité, c’est l’amour divin ; s’il y a une force qui puisse montrer le droit chemin aux humains, c’est la foi ; s’il y a un principe qui puisse insuffler lumière et savoir dans les esprits humains, c’est la sagesse divine. Donc, l’amour sauve, la sagesse rend perspicace et montre comment vivre ; en dehors de ces vérités tout autre enseignement est pharisien et saducéen. « Prouve-le ! » Je le prouverai facilement : si maintenant en prêchant, j’ai en tête de récolter auprès de vous une certaine somme pour que nous construisions une église, mes pensées et sentiments ne sont pas purs, il y a quelque chose de pharisien en eux. Combien devons-nous payer au soleil qui brille là-haut, combien devons-nous payer à notre mère qui nous a enfantés et élevés ? Si ma mère me dit que je dois la payer et m’occuper d’elle car elle m’a fait naître, elle n’est pas une vraie mère ; par mère je désigne un être totalement désintéressé. Le frère est un être totalement désintéressé, la sœur est un être totalement désintéressé, la fraternité est fondée sur un désintéressement total ; là où réside l’intérêt, il n’existe rien de fraternel : c’est une question de principe.

Quand je parle ainsi, certains peuvent se vexer de mes propos, cela ne fait rien. Ceux qui offensent l’amour, je les offenserai aussi, et ceux qui n’offensent pas l’amour, je les embrasserai ; ceux qui offensent la sagesse, je les offenserai aussi, mais ceux qui portent la sagesse en eux, je les embrasserai. Vous dites : « Que celui qui nous offense prenne garde à lui ! » C’est vous qui devrez prendre garde, pas moi. Quand prend-on garde ? Lorsque les affaires tournent mal. Quand la femme prend-elle garde ? Lorsque son mari trépasse : tant qu’il est en vie, elle sait seulement exiger et commander ; une fois livrée à elle-même, elle commence à le regretter et voit qu’elle n’en trouvera pas un autre comme lui, et finit par se dire : « Je dois trouver un travail ». L’homme aussi agit tout comme la femme, il prend la même décision qu’elle dans ce cas : c’est bien de travailler ! Donc on commence à prendre garde lorsqu’on fait faillite. À mon avis, la plupart des gens sont des commerçants en faillite qui retournent leurs calepins dans tous les sens pour voir comment redresser leurs comptes, c’est-à-dire comment redresser le monde. Comment redresser le monde avec des poutres pourries ? Il faut des fondations solides, des poutres en acier.

Et après tout cela, on recommande de manger de la viande ! J’examine la question de l’alimentation dans le principe, et non du point de vue végétarien : c’est risible de me traiter de végétarien, je ne suis nullement végétarien, je pense à la nourriture originelle que le Seigneur nous a donnée. Est-ce que l’alimentation carnée rend heureux et bien portant ? « Non, mais que manger d’autre ». C’est curieux de prétendre qu’il n’y aurait rien à manger actuellement et que la vie serait chère ; pourquoi est-elle chère ? Vous direz qu’il faut acheter du fromage, du beurre, de l’huile d’olive, des œufs, des produits réputés onéreux ? Je passe au marché et j’entends une villageoise parler à une citadine : cette dernière veut acheter quelques kilos de beurre, la paysanne réclame deux cents levas du kilo, et la citadine trouve le beurre très cher. Elle a raison de son point de vue, mais qu’elle fasse ses comptes différemment pour voir combien sa vie peut s’avérer moins onéreuse : aujourd’hui un kilo de blé coûte quatre levas et on a besoin d’une ration journalière de deux cent cinquante grammes de blé, donc un levas au total ; le riz coûte quatorze levas le kilo, cent grammes par jour font un levas et quarante centimes ; pour le gaz vous donnerez un levas par jour, donc en tout quatre à cinq levas par jour pour déjeuner. Combien dépense chacun tous les jours en ce moment ? Environ cinquante à soixante levas ; dans cette situation la vie est réellement chère. C’est important d’apprendre à manger correctement, à mettre à profit toute l’énergie de la nourriture.

Maintenant, peu importe comment vous vivez et comment vous vous nourrissez, ce qui est important c’est de ne pas vous plaindre. Appliquez les mathématiques vivantes dans votre vie. Les médecins disent que l’on maigrit si l’on est privé de viande. Lorsqu’elle accouche la mère ne perd-elle pas de poids ? Je ne me réjouis pas devant des gens trop gras ni trop secs, je me réjouis devant ceux dont la pensée et le cœur ne sont ni pharisiens ni saducéens, je me réjouis devant ceux qui ont une pensée droite. On me demande : « Est-ce que ton enseignement est en accord avec l’Église orthodoxe ? » Je ne reconnais aucune Église comme étalon dans la vie, je ne reconnais que l’amour divin et la sagesse divine. Je suis maintenant dans la maison de Dieu et j’agirai comme on agit dans la maison de Dieu ; lorsque je viendrai dans votre maison, alors de gré ou de force je ferai ce que vous faites et ce que vous exigez de moi. La mère oblige l’enfant à faire ce qu’elle désire, elle lui fait manger ce qui lui est agréable à elle ; lorsqu’il grandit, il dit : « Maman, vous m’avez menti, vous m’avez appris à vivre selon vos idées ». Lorsqu’on meurt, on dit à ses parents : « Je ne viendrai pas une seconde fois dans votre foyer ». La mère demande des nouvelles de ses enfants : « Que font mes petits anges dans l’autre monde ? » Ils disent : « Nous ne viendrons plus dans ce foyer ». Lorsque la fille maigrit et perd des couleurs, la mère dit : « Restaure-toi, chérie, avec de la viande, restaure-toi pour reprendre des forces, pour devenir blanche et rose, les garçons aiment les joues roses ».

« Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon. » Lorsque certaines pensées vous troublent et introduisent en vous le doute et le soupçon, cherchez la raison pour laquelle elles se sont instillées en vous. S’il est question de maladies, vous affirmez avec aplomb qu’elles sont le résultat de certains microbes. Sachez que les microbes viennent en l’homme avec lequel ils ont le plus d’affinités : ils s’allient à lui et se mettent à puiser ses énergies, alors il tombe malade progressivement, victime de leur action. C’est impossible qu’un microbe vienne se nicher en toi si tu n’es pas en accord avec lui. Si tu es en harmonie avec le principe divin, il est impossible de vivre en dysharmonie avec ceux qui t’entourent et avec toi-même. Mettez dans votre tête et dans votre cœur l’idée d’accueillir l’amour et la sagesse divins, ne soyez ni pharisiens, ni saducéens, n’affirmez pas que Dieu existe ni qu’Il n’existe pas, mais faites en sorte qu’Il demeure en vous et par l’exemple de votre vie montrez aux autres si vous êtes croyants ou non.

On me demande : « Crois-tu en Dieu ? » J’en ai fini avec les croyances, pour moi l’important est que l’amour et la sagesse s’incarnent dans ma vie. Quel profit je tire de mon enseignement et de mes théories si j’entrave toute personne qui s’élève ; en quoi j’aide l’humanité avec mes idées si je suis prêt à savonner la planche de toute personne qui croise ma route ; quel chrétien je suis, si mon cœur est piqué au vif à chaque fois que je rencontre quelqu’un d’érudit et de perspicace ? Le chrétien doit se réjouir du bien : « Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon ». Éprouvez le bien et le mal, mais retenez uniquement le bien comme condition de votre élévation : le bien en tant que principe n’est pas quelque chose d’abstrait. Lorsqu’ils ne comprennent pas une chose, les gens disent : « C’est abstrait ». Abstraite est la question que nous laissons au second plan ; pour qu’elle ne paraisse pas abstraite, nous devons la mettre près de nous et nous atteler à sa résolution.

En vous observant, je vois que certains parmi vous veulent sortir de l’enfer. Que ferez-vous une fois sortis de l’enfer ? Sortir de l’enfer sous-entend entrer dans la nouvelle civilisation. Qu’adviendra-t-il de vous lorsque vous entrerez dans cette civilisation avec vos pensées actuelles ? On vous reconduira en arrière. Un danger vous attend : si vous commencez à monter là-haut avec vos anciennes croyances et considérations, votre voiture ne résistera pas, elle déraillera et vous retomberez en enfer ; les anglais appellent cet état backsliders[2], c’est-à-dire un effacement de la foi. Cet état est causé par la rupture du lien entre l’amour et la sagesse divins et l’âme humaine. Il n’y a pas d’être sur terre, fut-il prêtre, évêque, mère ou père qui transgresse la loi divine sans se retrouver dans l’état de backsliders : cette loi est implacable. La nouvelle civilisation est grandiose car elle ne tolère rien de négatif, aucune pensée, aucun sentiment ou action négatifs ; pour s’y préparer, il faut passer soixante-sept fois par le feu et lorsque tu auras été éprouvé et testé, on dira : « Cet individu est pur, il peut entrer dans la nouvelle civilisation ». Vous dites : « Lorsque nous verserons quelques larmes devant le Christ, nos péchés seront pardonnés ». Les pleurs et le repentir ne suffisent pas, faut-il encore faire un nettoyage.

Il est dit dans les Écritures : « Si tu crois dans le Seigneur, tu seras sauvé et ton foyer aussi. »[3] D’un autre côté il est dit : « Pour hériter du Royaume de Dieu, il faut renoncer à ta richesse, à ta mère et ton père, et à toi-même »[4]. Un jour, lorsque ce changement se produira en vous, personne ne doit remarquer que vous avez changé, alors qu’aujourd’hui, à peine avez-vous songé à un changement, que tout le monde est déjà au courant : avant de le réaliser, il est de notoriété publique. C’est ce qu’il est advenu des quatorze points de Wilson[5] ; les bulgares ont dit : « Les quatorze points de Wilson arrangeront les affaires mal embarquées dans le monde », mais cet œuf n’a pas éclos ! Le processus qui sauve les humains et redresse le monde est intérieur et non extérieur. Personne n’est capable de faire éclore un œuf pour le salut du monde ; chacun est capable d’en faire éclore un pour son propre salut, mais malheur à celui qui laisse un autre s’occuper de son œuf ; si tu laisses un autre faire ton travail, tu te retrouveras dans les abîmes de l’enfer. Qu’est-ce qui te manque à présent pour t’atteler à ce travail ?

Vous dites : « Le monde s’arrangera lorsque de nouvelles réformes seront menées, lorsque le gouvernement changera et lorsqu’on nous donnera des terres en Macédoine et en Thrace ». Combien de fois les Bulgares ont-ils déjà conquis ces terres, est-ce que leurs affaires étaient florissantes pour autant ? Non ! Combien de territoires les Anglais possèdent-ils ? Est-ce que leurs affaires sont florissantes ? Non ! Vous dites que les européens sont des gens civilisés ; ils sont civilisés, mais ils volent, égorgent et pendent comme les barbares, mais plus subtilement ; tout le monde poursuit le même but, mais en usant de moyens et de procédés différents pour l’atteindre. L’araignée, le loup et le tigre ont le même but : étrangler leur proie et se nourrir de son sang, mais leurs procédés diffèrent. Personnellement, peu m’importe qui m’étranglera, en fin de compte ma chair et ma graisse disparaîtront. Tu dis : « Une araignée m’a mordue – Oui mon frère, l’araignée et le loup sont des associés. »

Quand on vous regarde maintenant vous semblez très pieux, comme si vous vous apprêtiez à aller au ciel. « Si nous ne sommes pas prêts, nous nous préparerons ». Ne pensez pas que vous pouvez me mentir, j’ai essayé l’enseignement pharisien comme l’enseignement sadducéen, je connais leurs fruits. Je soigne les Pharisiens et les Sadducéens, j’ai préparé quelque chose de spécial pour eux ; il existe un médicament, la panacée qui soigne toutes les maladies, elle est mille fois plus efficace que les analgésiques. « Essayons ce médicament pour voir comment il est ! » Je dirai seulement son nom : amour et sagesse. « Nous ne sommes pas si bêtes, nous connaissons l’amour et la sagesse, nous les avons éprouvés ». Vous avez seulement expérimenté diverses sensations et réflexions, mais vous n’avez pas encore éprouvé l’amour et la sagesse. Quand un jeune homme prend la main de la jeune fille, cela lui plaît et elle dit : « Comme il m’aime ! » Oui, mais il va te manger ; c’est ainsi qu’agit un homme distingué avec l’agneau : il l’attrape, il le caresse de la main, puis lui palpe l’échine pour voir s’il a bien engraissé et dit à sa femme : « Cet agneau est prêt à y passer, ce serait bien de l’égorger ». Donc, celui qui te palpe l’échine médite par quel moyen te planter le couteau dans la gorge : ne croyez pas à la culture du couteau.

Vous dites : « Comment prêcher le Nouvel Enseignement ? » Le Seigneur veut que nous soyons justes envers toutes les créatures sans défense, aussi petites soient-elles. Un petit animal se noie, sauve-le. « Je ne m’occupe pas de ces choses-là ! – De quoi t’occupes-tu ? – J’ai pour ambition de relever la Bulgarie. » Tu la relèveras autant que tous les autres Bulgares l’ont fait.

Je vais prendre un exemple pour illustrer par quel moyen relever la Bulgarie. C’est arrivé à Johnstown en Amérique : les citadins ont décidé de faire un barrage sur une rivière en amont dans le but de se divertir l’hiver et de faire du patin ; ils ont ainsi érigé un haut mur en béton pour retenir la rivière. Ils ont profité du patin à glace pendant quelques années mais, lors d’une grande inondation, le mur en béton a cédé, l’eau a submergé la ville et deux mille personnes ont perdu la vie. Après la catastrophe les citadins ont pris conscience que la retenue d’eau a été une mauvaise chose, mais deux mille personnes avaient déjà péri. Je vous demande si vous aussi n’avez pas créé la retenue d’eau sur la rivière en vous – car lorsque le mur s’écroulera deux mille personnes mourront. Maintenant, à chaque catastrophe les gens disent : « Allons faire un barrage sur cette rivière, faisons aussi quelque chose ». Aujourd’hui, tout le monde construit des barrages sur les rivières. Il ne faut pas construire de barrage en amont de la ville, si tu veux un barrage, construis-le en aval.

Nous n’avons pas besoin de l’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens, il nous faut des gens avec des cœurs et des pensées libres, on exige de nous une vie de sacrifice, une vie de bonnes œuvres. Vous dites : « Beaucoup ont disserté comme toi ». Oui, beaucoup ont disserté, mais je suis le dernier ; après moi, ce mur cédera ; savez-vous ce qui se passera alors ? Ne pensez pas que je plaisante, je vous enjoins de supprimer le barrage, vous n’avez pas besoin de patinoires : vous avez ceint la haine, la jalousie, tous les sentiments négatifs, mais je dis, « frères, le mur cédera, Johnstown périclitera. Et maintenant on convoque un concile épiscopal pour me juger [6] ; le temps que cela advienne, le mur cédera et Johnstown périclitera. Ne craignez pas ce que je vous dis, c’est pour les héros, tandis que les peureux s’accrochent encore à leurs barrages ; celui qui veut réformer les autres doit démolir son barrage et il peut alors dire à son prochain : « Mon frère, j’ai démoli mon barrage, toi-aussi, démolis le tien car un grand danger te menace ».

Je dis : commençons des réformes, il faut corriger les maux du passé ; combien de fois avez-vous aimé et détesté, combien de fois avez-vous emprisonné et tué ? Mais à quoi bon ? Cela n’a absolument aucun sens ! Allez-vous excuser le loup qui mange une brebis lorsqu’il meurt de faim ? « Nous l’excuserons ». Allez-vous l’excuser lorsqu’il mange une brebis, mais en étrangle quatre-vingt-dix-neuf de plus puis les abandonne ? Alors, comment vous justifierez-vous lorsque votre vie durant vous aurez mangé une brebis mais étranglé quatre-vingt-dix-neuf autres ; êtes-vous venus sur terre pour être loups, uniquement pour boire et pour manger ? Ne restez pas affamés, mais le sens de la vie n’est pas dans la nourriture et la boisson. On exige de vous l’intelligence de réformer correctement votre vie d’aujourd’hui ; vous pouvez être heureux dès maintenant. Comment ? En mettant deux doigts dans votre gorge et en vomissant la nourriture impure que vous avez ingurgitée, c’est le seul moyen de vous libérer de tout ce qui est impur dans votre pensée et votre cœur. Ne vous demandez pas si vous êtes orthodoxes ou évangélistes, mais posez-vous la question : « Est-ce que je sers le Seigneur au nom de l’amour et de la sagesse, est-ce que je suis prêt à me tenir du côté du Seigneur ? » Si vous répondez par l’affirmative, tout sera réglé : votre santé se rétablira, la paix sera rétablie et votre vie aura du sens. Que dix personnes parmi vous, qui sont en harmonie en pensée et en cœur, entreprennent cette expérience pour observer le résultat : s’ils sont en complet accord entre eux, ils auront un bon résultat ; ce sera le seul moyen de juger la véracité de mes paroles.

Le Christ dit : « Gardez-vous du levain des pharisiens et des saducéens ». Ce levain a contaminé tout le monde et il faut le rejeter sans ménagement ; Dieu n’a besoin ni de croyants ni d’incroyants, c’est une honte de vous appeler de la sorte ! Dieu a besoin de personnes capables de porter Son amour. Lorsque je vous parle de l’amour, vous vous imaginez l’amour pour vos enfants, pour vos frères et sœurs ; non, élevez-vous un niveau au-dessus de l’amour que vous avez. Aimer sa fille ou son fils est naturel, aimer son frère ou sa sœur est naturel, aimer son ennemi est héroïque. Comment aimer son ennemi ? Imaginez que quelqu’un vous cause le plus grand mal, mais un jour Dieu lui prend toute sa richesse et le jette à la rue comme le dernier des misérables ; il vient chez vous quémander de l’aide ; si vous l’accueillez bien, le nourrissez et le désaltérez sans lui dire un mot du mal qu’il vous a causé et sans le menacer, vous faites preuve d’amour envers votre ennemi. Lorsque les griffes et les crocs du loup tombent, vous pouvez l’accueillir chez vous ; tant que ses griffes et ses crocs restent, tant qu’il ne s’est pas transformé, tenez-le loin de vous.

« Gardez-vous de l’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens ». Cet enseignement a conquis le monde entier, il s’est emparé de la science, de la vie politique, de l’art, de la musique, de la vie dans son ensemble. Si vous pensez que vous trouverez le sens de votre vie dans la science, vous faites fausse route ; c’est différent d’utiliser la science comme moyen pour développer votre intelligence, alors vous êtes dans le droit chemin. Si vous utilisez la vie politique pour développer vos vertus, vous êtes dans le droit chemin ; si vous l’utilisez comme moyen de gagner votre pain et de jouir de privilèges, vous faites fausse route. Si vous utilisez la religion pour faire de bonnes œuvres, vous êtes dans le droit chemin ; si vous l’utilisez comme moyen de subsistance et de profit personnel, vous faites fausse route.

L’âme de chacun doit s’emplir d’aspirations nobles et élevées : servir son prochain, servir toute l’humanité. Tu dis : « Je ne peux pas être utile aux autres, je ne peux pas être utile à l’humanité ». Toute personne peut se transformer intérieurement, c’est ce qui est exigé de chacun, c’est ce qui est prévu. Comment sais-tu si, une fois ta transformation enclenchée, il n’y aura pas mille personnes qui te suivront ? Ces mille personnes qui se transformeront verront un million de personnes se joindre à elles. « Nous n’en sommes pas capables, nous ne pouvons pas redresser le monde ». Pas la peine de redresser le monde : enclenchez votre amour et votre sagesse supérieurs, rejetez tous les mensonges, toute la rancune et vous dites : « Nous voulons être serviteurs du bien, de l’amour et de la vérité, devenir de vrais hommes ».

Vous me pardonnerez maintenant, mais je vais vous révéler un de vos secrets : lorsque j’observe les gens, les pécheurs comme les pieux, je vois sur tous les visages un masque pour se donner un air de piété. Quelqu’un demande : « Comment vas-tu ? – Je vais très bien. Et toi ? – Je vais très bien, je remercie Dieu. »

C’est un jeu d’acteur, aucun des deux ne va bien, alors que l’on doit être naturel, l’âme doit être remplie d’amour. Lorsque tu entres dans une maison, tu dois apporter une bénédiction pour tous : s’il y a un malade dans ce foyer, tu vas te mettre au travail, tu laveras les habits de tous, tu nettoieras et tu rangeras la maison ; s’il s’avère que ces gens n’ont pas de quoi s’acheter du pain, tu leur apporteras un peu de farine afin qu’ils se préparent quelque chose pour tromper leur faim. « Puis-je faire cela chaque jour ? » Fais-le aujourd’hui car tu es de service, et ne pense pas à demain ; un autre préposé viendra demain pour s’acquitter du programme du jour. Vous dites : « Lorsque le Christ viendra, alors nous accomplirons ce qui nous est demandé, nous sommes encore fautifs maintenant, nous ne pouvons pas servir le bien ». Ce n’est pas ainsi, je suis décidé avec cette causerie à vous obliger à faire le bien ; rappelez-vous : vous ne vous libérerez pas de moi, j’attraperai tout le monde à la gorge et je demanderai : « Êtes-vous prêts à servir le bien ou non ? » Lorsque tu veux dire quelque chose de mal, attrape-toi par la gorge ; lorsque tu dis quelque chose de bien, relâche ta gorge. Vous direz : « Toi-aussi, on peut t’étrangler ». Si je dis quelque chose de mal, qu’on me prenne par la gorge ; je remercierai et j’embrasserai quiconque agira ainsi à mon égard.

Le nouvel enseignement que je vous prêche est lié au Nom divin, à Son amour et Sa sagesse. L’amour et la sagesse sont déposés en chacun, il leur reste à se manifester ; de la manifestation de ces grandes forces dépend votre compréhension du monde spirituel et votre lien avec lui ; personne ne peut accomplir comme il faut la mission de mère ou de père, d’homme public ou de réformateur, si ces forces ne travaillent pas dans son intelligence et dans son cœur ; il n’y a pas deux points de vue sur cette question : si vous voulez être forts, comprendre la vie, armez-vous d’amour et de sagesse qui sont les seuls capables de vous transformer.

Je ne veux pas que vous agissiez exactement comme moi : le grand chaudron nécessite beaucoup de vapeur, et le petit chaudron, moins de vapeur ; faites une petite transformation en vous, mais qu’elle soit absolue, qu’il n’y ait pas de duplicité dans votre pensée, ni d’hésitation d’avoir bien ou mal agi. Dans le nouvel enseignement, l’enseignement de l’amour et de la sagesse, il n’y a aucune exception. Si je devenais la cause de la moindre exception sur les lois de l’amour et de la sagesse, je serais transformé en charbon : il n’y a pas de créature sur terre qui ait transgressé ces lois sans se transformer en charbon. Si vous transgressiez ces lois, vous seriez réduits à du charbon, alors que si vous vous y conformez, vous serez transformés en diamants. Vous dites : « C’est un dur labeur ». Il n’est pas dur, il est plus léger que ce que vous faites : vous faites des choses beaucoup plus difficiles que l’enseignement de l’amour et de la sagesse.

Je ne parle pas de votre vie aisée, mais je dis que si vous continuez à vivre ainsi vous aurez des difficultés ; cela ne doit pas vous faire peur, mais soyez éveillés et utilisez-les pour vous développer et vous anoblir. Avez-vous songé déjà pourquoi on vous a donné le poing, le coude, le bras ? Vous direz que le poing est donné pour frapper, le coude pour se frayer un chemin. Non ! Le bras est donné à l’être humain pour apporter bénédiction et secours aux souffrants ; le bras n’est pas donné pour signer des arrêts de mort, mais pour les commuer ; il est donné pour éteindre les incendies, aider les malades, les démunis, les souffrants. Aujourd’hui, beaucoup utilisent leurs bras à mauvais escient : ils tuent, égorgent, étranglent, puis ils disent tranquillement : « Un tel est mort ». Non, il n’est pas mort, mais vous lui avez mis un tissu dans la bouche pour l’empêcher de crier et il s’est étouffé. Combien de morts je vois marcher dans la rue et combien de vivants je vois emmenés au cimetière : ils leur mettent un chiffon dans la bouche et les emportent au cimetière ; si je dis que ces gens ne sont pas morts, on me traitera de fou. Lorsque je croise un mort pareil, je lui dis : « Garde le silence maintenant ; en venant une prochaine fois sur terre tu vivras selon la loi de l’amour et de la sagesse et personne ne lèvera la main sur toi. Il dit : « C’est dur, c’est très dur pour moi ! »

Autrefois, c’est toi qui mettais des chiffons dans la bouche des autres, maintenant tu vois les conséquences de ce que tu avais fait. Je vous dis aussi maintenant : si vous n’accomplissez pas la loi divine, on vous mettra des chiffons dans la bouche et on dira sur vous : « Que Dieu lui pardonne ! »

Que faut-il faire à présent ? L’enseignement pharisien doit se transformer en amour et l’enseignement sadducéen en sagesse. Tout comme les scientifiques transforment l’eau en vapeur et l’énergie de cette vapeur en électricité, de même vous devez apprendre cette grande loi de la transformation : transformer le mal en bien. Le mal n’est pas quelque chose de néfaste, mais à quelle condition ? A condition d’être utilisé comme une force pour transformer toutes les forces négatives en bien. Paul dit : « Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon ». Retenez le bien en vous et en chaque être. Savez-vous ce que cela serait si Sofia était un grand centre spirituel et moral et si les sofiotes dirigeaient leur pensée vers Dieu, vers toutes les âmes dans le monde, vers toutes les personnes bonnes et pieuses sur terre ? Les affaires de la Bulgarie s’arrangeraient très vite. Que font les Bulgares aujourd’hui ? Ils envoient des commissions en Angleterre[7] pour que leurs affaires reprennent ; on ne peut rien résoudre par la voie de la commission : les Anglais ouvrent de temps à autre une petite lucarne d’où filtre un peu de lumière ; de ce point de vue les Anglais sont comme des banquiers qui donnent pour reprendre encore plus. Dieu a mis les Bulgares à l’étroit pour qu’ils apprennent à penser juste ; chacun doit se relever tout seul.

Je dis : n’attendez rien de personne, soyez contents de ce que Dieu vous a donné, remettez-vous en à Dieu uniquement, soyez forts intérieurement, donnez libre cours à votre élan intérieur qui peut redresser toutes vos affaires embrouillées. Vous dites : « Nous ne pouvons pas le faire ». Comment avez-vous pu faire autant de prouesses sur le front ? Là-bas vous avez été des héros. Si nous disons aux prêtres d’accomplir la loi de l’amour, ils diront aussi comme vous qu’ils ne peuvent pas l’accomplir ; ils le peuvent au contraire, simplement ce n’est pas l’intérêt de l’Église. Lorsqu’ils partaient à la guerre, était-ce l’intérêt de l’Église ? Quel est l’intérêt de l’Église ? Prôner l’amour et la sagesse dans leur plénitude. Vous direz qu’il faut croire en l’Église et en ses serviteurs. Croyez dans le Seigneur vivant, dans l’amour et la sagesse vivants qui nous donnent la lumière et les grands bienfaits de la vie.

L’avenir apporte un miracle pour le monde : les croyants deviendront des incroyants et les incroyants deviendront des croyants ; ceux qui sont dans le Royaume de Dieu seront chassés et ceux qui sont dehors entreront dans le Royaume de Dieu ; voici ce qui est attendu sur terre. Pour ne pas vous retrouver chassés du Royaume de Dieu, sortez avant pour aider vos frères qui veulent y accéder : le Christ veut vous voir avec les incroyants et que vous entriez avec eux dans le Royaume de Dieu ; Il dit : « Les Fils de Dieu seront chassés du Royaume de Dieu » ; sachant cela, dites-vous : « Seigneur, je veux être dans le monde pour œuvrer pour mes plus petits frères ». Tu dis : « Le Seigneur est bon envers moi ». Le Seigneur est également bon envers tous, mais nos rapports envers les humains ne sont pas équitables, et les rapports de tous les humains envers Dieu ne sont pas justes. Lorsque tu dis que Dieu n’est pas bon envers toi, la cause est dans le mal que tu as laissé cheminer en toi : voyant cela, Dieu te fait une pression et commence à te frictionner ; Dieu frictionnera tous les humains, tous les peuples sur terre ; il ne restera pas une personne sur terre dont le ventre ne sera pas purgé.

Je vous souhaite à tous de vivre selon la loi de l’amour, et que l’harmonie parfaite et l’unité s’instaurent entre vous. Lorsque je croise quelqu’un et que je vois qu’il n’est pas en harmonie avec l’amour, je l’attrape par la gorge ! J’ai décidé d’appliquer la méthode directe, d’agir rapidement comme font les voleurs avec les riches. Un grand patriote entre ainsi dans la maison d’un riche et lui dit : « Donne une somme d’argent pour Dieu, pour la patrie et pour le peuple ». Le riche réfléchit et dit : « J’ai une femme et des enfants, j’ai des personnes à ma charge et de plus ma femme n’aime pas que je donne de l’argent », et après une longue hésitation, il donne une petite somme au quêteur. Parfois chez le riche arrive un bandit avec un révolver qui lui dit : « Es-tu prêt à donner une forte somme pour notre œuvre, sinon tu paieras de ta vie ». Le riche sort son portefeuille aussitôt et donne autant qu’on exige de lui ; lorsque le bandit est parti, il dit : « Dieu merci, il ne m’a pas tué ». Lorsqu’il pointe le révolver sur lui, le bandit lui dit : « Toi, espèce de brigand qui n’as jamais accompli la volonté divine, donne vite ce que je demande ». Le riche donne la somme exigée, mais il enclenche ensuite une procédure judiciaire pour chantage ; que lui-même aussi ait fait chanter des centaines de personnes ne l’effleure pas. Tu envoies quelqu’un au tribunal sans savoir qu’il y a au ciel des procédures judiciaires engagées contre toi : comment répondras-tu de ces affaires ? Vous serez tous jugés, tous étranglés, c’est une grande vérité que vous allez éprouver.

Le Ciel et la Terre passeront mais les lois de l’amour et de la sagesse divins s’appliqueront ; servir ces lois signifie sentir que quelque chose te protège et t’élève ; lorsque tous ressentiront cela, ils exerceront une bonne influence sur ceux qui les entourent. Aujourd’hui deux ou trois personnes se réunissent et fondent aussitôt un parti, un autre groupe de deux ou trois fondent un autre parti ; les hommes forment un parti, les femmes un autre. Il y a beaucoup de partis en Bulgarie et tous croient résoudre d’importantes questions : à bas vos attitudes partisanes ! En m’écoutant parler, vous dites : « Attendons de voir ce qu’il aura de nouveau à dire ». Le nouveau est que je vous donnerai un festin : vous viendrez dans mon auberge, vous enlèverez vos manteaux, vos chaussures et je vous en donnerai de nouveaux et je vous servirai le repas ; ensuite je vous embrasserai et je dirai : « Frères, c’est ainsi que je veux que vous agissiez, c’est le seul moyen d’avoir ma bénédiction et celle de toutes les personnes bonnes et pieuses ». C’est le chemin que le Christ ouvre pour l’humanité, vous rencontrerez le Christ sur ce chemin qui vous dira : « Persévérez, je suis avec vous ». Ne me comprenez pas de travers : le Christ est en vous et en dehors de vous, cherchez-le dans la lumière qui est dehors et vous le trouverez.

« Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens. » Aujourd’hui le Christ dit aussi : « Rejetez l’enseignement pharisien et sadducéen de vos cœurs et de vos pensées, je vais m’incarner en vous et la bénédiction divine viendra sur vous ». Lorsque vous rentrerez dans vos foyers, vous ressentirez tous cette bénédiction, les uns plus tôt, les autres plus tard ; les uns dans dix ans, les autres dans vingt à trente ans, mais il ne restera personne sur terre qui ne ressentira pas cette bénédiction. Un jour viendra où mes paroles s’illumineront et brûleront, et vous danserez dans la ronde. Danser dans la ronde est bien : dans le bien il y a aussi une danse. Pourquoi les bien-portants sont-ils les seuls à danser ? À mon avis les malades doivent aussi danser, j’aimerais que tout le monde puisse danser. Quelqu’un dit : « Mon ventre, ma pensée, mon cœur se sont mis à jouer » ; la danse est un excellent moyen de se tonifier. « Ce n’est pas le moment de danser ! » Tant que vous êtes sous l’emprise du mal, vous ne devez pas danser, mais dès que vous entrez dans le bien, je recommande aux jeunes et aux vieux de danser ; il y a différents jeux et danses, essayez les tous, mais gardez votre pensée et votre cœur joyeux et toniques.

Maintenant ne restez pas dans l’idée que je vais vous étrangler si je vous croise sur la route. Si je vois un abcès dans votre gorge, je vais immédiatement le percer et si vous avez pris froid, je vais vous frictionner. Je dis : chacun de vos actes doit être pour le bien.

Maintenant que je vous observe, je vois que la moitié parmi vous sont des héros ; vous dites : « Nous avons été convaincus de ce qui nous est dit » ; et l’autre moitié dit : « Réfléchissons un peu ». Vous pouvez réfléchir tant que vous voulez, je vous ai donné un délai de mille ans ; si vous voulez, vous pouvez vous mettre au travail dès aujourd’hui, et plus tard si vous voulez. Le Pharisien et le Sadducéen doivent sortir de vous et chacun doit penser au bien de son frère et de sa sœur : c’est héroïque de m’aimer lorsque je vous offense et non lorsque je vous fais des cadeaux ; parfois une offense est plus précieuse qu’un baiser. Quelqu’un par exemple a perdu connaissance et s’évanouit ; pour le ramener à lui, on lui donne des gifles : dans ce cas la gifle est préférable au baiser.

« Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon. » Appliquez l’amour dans vos cœurs et la sagesse dans vos esprits, libérez-vous du passé et commencez à travailler sur vos nouvelles vertus ; soyez des héros pour exprimer avec sincérité vos pensées et vos sentiments, ne dites pas que vous avez décidé d’être sincères et bons, mais manifestez le bien. Et lorsque vous venez dans mon auberge, n’apportez pas d’argent ; celui qui porte de l’argent sera arrêté ; dans le Royaume de Dieu l’argent est une malédiction et dans la vie - un moyen. Vous devez une fois pour toutes en finir avec l’argent, le sortir de vos pensées et de vos sentiments ; mettez à sa place l’amour et la sagesse et mettez votre espérance en Dieu uniquement : il n’y a pas de plus grande assurance que la force divine, il n’y a pas de plus grande joie que l’amour perpétuel du Dieu vivant envers vous. Tant que votre espérance est en Dieu, vous serez tous des érudits, vous travaillerez avec joie et gaîté, et votre main ne fera que de bonnes œuvres. Être ignorant dans notre siècle est impardonnable ; je vous souhaite d’être sages, savants, avec des cœurs purs et nobles, avec un sang pur ; travaillez pour acquérir ce dont vous avez besoin. Vous dites : « Le savoir déjà acquis nous suffit, nous avons suffisamment étudié ». Vous n’avez pas encore acquis le savoir nécessaire, vous l’acquerrez désormais. « Nous avons lu la Bible ». Vous l’avez lue, mais sans la comprendre pour le moment, vous n’avez pas compris la vie des prophètes et des apôtres ; ceux qui ont écrit le Livre sacré sont présents parmi vous et disent : « Nous avons mis notre vie dans ce Livre ». Croyez en toute personne qui a mis sa vie dans l’édification de la grande œuvre divine.

Le Christ est descendu un grand nombre de fois sur terre et pas seulement une fois, c’est pour cela qu’il dit à ses disciples : « Allez et prêchez le Verbe divin, je serai avec vous jusqu’à la fin du monde »[8]. L’Église dit que le Christ est assis à la droite du Père. Non, il travaille avec tous les humains, le Christ est le meilleur ouvrier, il a apporté au monde l’enseignement de l’amour et de la sagesse. Celui qui est tombé entre ses mains peut difficilement s’en défaire ; si quelqu’un prétend qu’il a rencontré le Christ, je lui demanderai quel changement s’est opéré en lui ? S’il me dit qu’il n’a pas changé, c’est le signe qu’il n’a pas rencontré le Christ. Est-ce qu’il se peut que le fruit se chauffe au soleil sans mûrir, est-ce que l’être humain peut se nourrir de l’amour divin sans gagner en noblesse ?

Ne vous bernez pas tout seuls, libérez-vous des illusions. J’aime la vérité, je vois les choses définies par des rapports mathématiques stricts. « Donc tu vois aussi nos faiblesses ? » Je ne m’occupe pas des faiblesses des gens, elles sont au-dessous, je ne les vois pas ; je ne m’occupe pas des petitesses de la vie, je ne m’occupe que du bien ; si on traite quelqu’un de vaurien, je réponds : « Je n’ai pas vérifié cela, je ne sais pas, je ne le vois pas ainsi ; l’âme de cet homme est bonne, mais dans sa pensée quelque chose ne tourne pas rond, il est noble mais ses serviteurs s’adonnent à de vils agissements, par conséquent vous devez l’aider. »

Vous pensez maintenant que je vais vous endormir et vous vous dites : « Nous voulons que tu dises quelque chose de consistant : comment relever la Bulgarie ? » Le monde divin est relevé mais pas le vôtre ; il ne se passera pas beaucoup d’années avant que votre monde ne se redresse. Mettez plus de foi dans le Seigneur vivant, qu’Il ressuscite dans vos âmes ; vos anges viennent d’en haut pour soulever la pierre tombale et dire : « Lazare, sors ! » Lorsqu’ils vous appelleront, les écouterez-vous ? Lazare a entendu ces paroles et il est sorti aussitôt et son linceul a été enlevé.

Les dernières paroles que vous entendrez seront : « Lazare, sors ! » Maintenant je vous dis aussi : sortez de la tombe de l’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens et entrez dans le monde divin de l’amour et de la sagesse ; enlevez le linceul de vos épaules, vous verrez alors le visage des anges divins, et nous nous réjouirons tous, vous comme moi.

Sofia, 20 mars 1921

 

[1] Plovdiv – grande ville au Sud du pays dans la plaine de Thrace

[2] En anglais dans le texte

[5] Il s’agit du célèbre discours du président américain Thomas Wilson du 8 janvier 1918 où il présente en quatorze points les conditions d’une paix juste et la création de la Société des Nations.

[6] Le concile du 7 juillet 1922 est convoqué pour déclarer le Maître Peter Deunov comme s’étant excommunié de l’église orthodoxe bulgare.

[7] Le Maître Deunov mentionne ici les tentatives du gouvernement bulgare de renégocier partiellement certaines clauses du traité de Neuilly (1919), signé entre la Bulgarie et les Alliés à l’issue de la Première Guerre Mondiale.

[8] Matthieu 28, 20

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