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1914_10_12 Les conditions de la vie eternelle


Ani
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Les conditions de la vie éternelle

 

Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, Toi,

Le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.

(Jean 17, 3)

 

            Lorsque le jeune bulgare, pur comme la rosée, rencontre pour la première fois son idéal dans la vie, il s’arrête et dit : « Je l’ai trouvé, c’est lui ! Je peux à présent déterminer le poids relatif des corps comme Archimède, dire avec précision la quantité d’argent, de cuivre et d’or dans cette couronne royale ; je peux maintenant comme Newton expliquer pourquoi les pommes mûrissent et tombent, pourquoi les rochers dévalent les pentes, pourquoi les sources de montagne coulent de haut vers le bas, pourquoi les corps célestes se déplacent dans l’espace et tournent autour de leur foyer central. Maintenant, ma raison, mon cœur me dévoilent le grand secret du mouvement dans la vie ; je peux vous dire en quoi consiste la vie éternelle ; je peux vous décrire ses caractéristiques, ses qualités, ses pré requis et ses éléments : je les ai trouvés, j’ai trouvé la pierre philosophale, j’ai acquis l’élixir précieux de la vie ; je peux être courageux comme le lion, patient comme le bœuf, voler comme l’aigle, raisonner comme l’homme. » Et les propos suivants sont justes : « Tu l’as révélé aux tout-petits »[1]. Ce jeune homme touche la vérité, il a compris le langage originel que le Seigneur a employé. Ses conclusions et ses opinions montrent qu’il comprend la source originelle d’où il puise son inspiration car il parle, il pense, il ressent et il agit avec justesse, sur le plan grammatical, logique, philosophique. Dans son âme il y a la paix et l’acceptation, sans controverse pour savoir si le mot éternel doit précéder ou suivre le mot vie. « Ce n’est que l’enveloppe extérieure des choses, se dit-il, l’important pour moi est qu’il irrigue ma raison, mon cœur, qu’il pénètre profondément mon âme pour soutenir mon esprit avec son feu divin. »

 

            Sa réponse est juste. Dans le temps, il était d’usage que le cocher s’assoit sur le devant de la calèche et le maître, derrière ; de nos jours la règle a changé : le maître se tient devant et le cocher, derrière. Devant ou derrière, c’est pareil ; du moment que les rênes sont entre les bonnes mains et que les chevaux sont robustes, la calèche bien construite, le cocher vif, le maître bon et intelligent, la cible sera atteinte. Mais quelqu’un s’interrogera : « Qu’entendez-vous par là ? – Rien de plus, simplement le cocher et le maître doivent être chacun à leur place. – Mais encore ? – Pouvez-vous comme ce jeune homme dire : « Je l’ai trouvée et je l’ai trouvé » ? Voilà la question essentielle ; y trouver une réponse changera pour vous le monde et la vie.

 

            Lorsque le Christ a prononcé ces paroles sur la vie éternelle devant ses disciples, il leur a révélé une grande loi de la vie qui permet de distinguer deux de ses éléments importants qui concernent la vie temporaire et la vie éternelle, la vie consciente et la vie supra-sensorielle. Maintenant, ceux qui ne comprennent pas la signification profonde du langage originel peuvent faire une traduction ou une autre et intervertir les mots, mais il y a des lois qui régulent la logique humaine et ne permettent pas d’inversion arbitraire. Tant que l’homme n’apprend pas à raisonner avec justesse, il fera des erreurs qu’il rachètera avec beaucoup de souffrances. Les choses écrites dans le Grand Livre de la vie sont pour les hommes intelligents et non pour les créatures inférieures qui ne comprennent pas ces lois.

 

            Maintenant, si quelqu’un lit éternelle vie ou vie éternelle, il demandera ce que nous désignons par le mot éternel. Ce mot a une signification externe et interne. Par vie éternelle, on entend chez nous une longue vie, sans limite, ni interruption. En anglais, on dit eternal, mais la racine de ce mot est d’origine sanscrite et signifie terre et la terre en sanscrit désigne l’être qui conçoit et engendre. On confond souvent la vie éternelle avec l’existence de l’homme, pourtant l’homme peut exister sans vivre. Les métaphysiciens débattent sur ce sujet, mais dans le domaine de la philosophie empirique nos conclusions sur la vérification des lois divines doivent être basées sur la vérité et les résultats doivent être justes.

 

            Dans la vie humaine il y a trois éléments de base qui ne changent jamais, trois principes fondateurs sur lesquels est bâtie la vie. Ils sont visibles dans la grammaire, la logique et les mathématiques. Par exemple, lorsque les enfants apprennent les phrases, au début on leur explique qu’elles contiennent un sujet, un verbe et un complément. Il peut y avoir des compléments directs ou indirects ou des adverbes, etc., mais la base est dans ces trois termes qui traduisent la pensée. Si je vous demandais ce qu’est le sujet, vous me diriez : « Le mot qui désigne l’objet de la phrase. – Et le verbe ? – Le mot qui décrit ce que fait l’objet de la phrase. » Bien ! Si un professeur vous avait demandé de décortiquer, grammaticalement parlant, le verset proposé, et de pointer les mots importants, tous mettraient en avant les mots Dieu et Jésus-Christ. Mais ici le sujet principal est vie éternelle et Jésus-Christ est complément à cette pensée. Dieu et Jésus-Christ sont les deux commencements dont découle la vie éternelle ou encore les deux piliers sur lesquels elle s’appuie. Logiquement parlant, Dieu est le grand prédicat[2], Jésus Christ le petit prédicat et la vie éternelle, l’aboutissement. Soyons encore plus précis : les mots vie éternelle sous entendent le mouvement raisonné des âmes ; le mot Dieu, les embryons de l’Esprit, les conditions, les forces, les lois de la nature sur lesquels repose cet ordre grandiose ; et Jésus Christ, le commencement raisonné qui a le Dieu unique comme origine et qui guide et protège toutes les créatures vivantes.

 

            Maintenant, vous pouvez considérer qu’en disant vie éternelle vous comprenez et connaissez ce qu’est en réalité la vie éternelle. Mais quel est l’élément essentiel de la connaissance ? Nous connaissons seulement les choses que nous pouvons expérimenter, faire. Toute chose que nous ne pouvons ni essayer, ni faire, nous ne la connaissons pas, quelle que soit sa nature, nous n’en avons qu’une idée et ne pouvons que la deviner. Si on vous donne un tissu, vous direz : « Je sais comment il a été fait », mais si on vous demande de le fabriquer, de tisser, d’utiliser le métier, vous direz : « Je ne sais pas ».

 

            La science dit que pour vivre, toute créature vivante exige un milieu et des conditions. Par exemple, l’eau est le milieu de vie du poisson. Comment comprendre le mot milieu ? Milieu, base, terreau sont des notions qui ont des points communs ; en bulgare et dans d’autres langues il n’y a pas de mot qui permette de distinguer ces trois termes. Le premier élément de la vie éternelle est cet élément dans lequel l’âme est immergée comme le poisson ; cet élément est appelé le milieu. Lorsque nous commençons à bâtir une maison, nous appelons ce milieu la base, la fondation : sur la fondation nous érigeons les murs et mettons un toit. Lorsque nous plantons un végétal, nous appelons ce milieu le terreau : c’est dans le terreau que nous mettons les graines de chaque  plante. En toute chose nous devons d’abord distinguer son milieu : qu’est-ce que le milieu de la vie éternelle ? C’est Dieu. Mais il y a deux éléments transitoires ou conditions. Certains mélangent à tort les conditions et le milieu. Pour aller de Sofia à Varna, un train a besoin de certaines conditions : les rails, le charbon, l’eau. Vu du point de vue de l’homme, quelles sont les conditions pour sa vie ? Le milieu dans lequel l’homme vit est l’air ; l’homme est immergé dans l’air. Mais l’air n’est pas le seul élément indispensable à l’existence de l’homme, des poissons et des oiseaux ; il y en a un second, la nourriture, mais nous n’y sommes pas immergés, cet élément est transitoire, d’origine extérieure, il entre en nous et en sort produisant ses effets. Le troisième élément pour l’homme, c’est l’eau, l’eau dans laquelle le poisson est immergé, le milieu pour le poisson, mais seulement une condition pour l’homme. Si nous plongeons l’homme dans le même milieu que le poisson, il mourra. Par conséquent, pour l’homme l’eau est une condition vitale. Prenons l’air, c’est le milieu pour l’homme ; si nous l’en privons, l’homme en meurt ; pour le poisson l’air est une condition vitale : lorsque l’air contenu dans l’eau passe par ses branchies, il traverse son système respiratoire et nettoie le sang. Le milieu du poisson est l’eau et le milieu de l’homme est l’air.

 

            Mais le milieu ne représente qu’un tiers de la vérité. Où naissent les idées mensongères ? Lorsque nous faisons une analogie, il faut maîtriser la dose de vérité qu’elle détient. Nous devons toujours être sincères et nos conclusions se doivent d’être justes, mais aussi le grand et le petit prédicat. Si l’un d’eux seulement est juste, mais pas le second, alors notre conclusion est erronée. Lorsque les mathématiciens et les ingénieurs font certains calculs et constructions, ils prennent en compte absolument tous les paramètres pour éviter la moindre erreur. Vous devez bâtir votre for intérieur de la même manière, pour forger votre caractère, votre intellect, votre cœur. Vous devez savoir comment les construire : savoir ce qui est le milieu, ou les conditions, ou les principes constitutifs. Parce qu’il existe aussi ces principes constitutifs ; ils servent au maintien de la vie, alors que les conditions servent à la subsistance de la vie. Les champs, les jardins, les vignes et ainsi de suite sont par exemple des conditions constituantes de la vie, dont découlent les éléments de la vie : le blé, les fruits et ainsi de suite. La lumière est un élément, nécessaire à la vie, mais c’est le quatrième dans l’ordre ; l’air, la nourriture et l’eau étant les trois premiers. Si l’homme voulait aussi vivre dans l’eau comme le poisson qui y trouve toute la nourriture nécessaire, il serait en contradiction avec les lois principales qui régulent sa vie, car il ne peut entrer dans l’eau et y vivre comme un poisson. C’est de ce type de raisonnement inexact que découlent les erreurs dans toutes les philosophies et religions contemporaines. Elles renferment beaucoup de dogmes, partiellement exacts.

 

            Revenons au mot éternel. Il se rapporte au monde spirituel, et sous-entend le maniement de matériaux dont on peut bâtir la vie immortelle. Le mot vie désigne la vie organique dans la matière qui croît et se développe : elle ne peut être illimitée, éternelle, sa forme peut muter, se métamorphoser et nous nommons cette métamorphose la mort. Les idées sur la mort sont cependant diverses. La mort de l’homme ne signifie pas du tout qu’il perd sa conscience, mais simplement qu’il perd les conditions dans lesquelles la vie se manifeste. La conscience demeure comme demeurent les os de celui qui meurt. La conscience, c’est la colonne vertébrale spirituelle de l’homme. C’est sur cette colonne vertébrale que sont basés le système nerveux et le fonctionnement de tous les membres, leurs sensations et leurs capacités. Lorsque nous arrivons auprès de Dieu, Il est la force suprême, ou le milieu adapté, dans lequel l’homme est spirituellement immergé.

 

            Expliquons cette analogie : lorsque nous disons que la lumière est nécessaire à l’œil humain, cela signifie que les cellules de l’œil sont plongées dans la lumière et qu’elle est nécessaire à leur maintien. L’âme humaine aussi doit être immergée. Si ce n’est pas le cas, c’est le signe que vous êtes hors de votre milieu, et vous subsistez comme les grains de blé dans les pyramides d’Égypte durant cinq ou six mille ans, dans un endroit sec et abrité, en attendant d’être semés et de germer dans des conditions plus bénéfiques. Des grains de blé aussi anciens ont été semés dernièrement et ils ont donné d’excellentes récoltes. De même, l’âme humaine, semblable à un grain de blé dans un grenier divin, attend ces trois éléments régis par les conditions, les forces et les lois pour recommencer sa vie. Nous devons, au sens chrétien du terme, trouver les conditions pour nous immerger et vivre en Dieu. Tout homme conscient doit tendre vers cet objectif pour retrouver cet état. Vous vivez, vous existez, mais cette vie et cette existence ne sont qu’un état végétatif. Votre existence se limite à un seul élément, de par la nature divine qui vous a créés comme des grains de blé et des pépins de fruits. Vous ne pouvez pas annihiler votre existence, ni vous détruire : votre être est en dehors du temps et de l’espace. L’âme humaine a subsisté des milliards d’années dans cet état au cœur de la conscience divine, mais alors sa vie était d’une autre nature, elle n’était pas individualisée et ne connaissait pas la vie autonome de l’esprit individuel ; elle vivait dans la félicité divine contemplative, dans l’attente ! Mais à présent, éveillée, elle vient sur terre pour apprendre le sens de cette vie, la vie individuelle, et acquérir seule sa propre vie immortelle et devenir citoyenne du Ciel avec certains droits et devoirs. Cet élan intérieur est une condition mise en elle par Dieu.

 

            Maintenant, certains veulent s’incarner et en même temps vivre comme Dieu. Mais vouloir vivre comme Dieu, c’est un paradoxe, car pour ce faire il n’est pas utile de sortir de Lui ! Quel besoin aurait cette conscience divine de s’isoler pour chercher une autre vie ? Ceci montre que l’âme humaine a toujours existé en Dieu et son impulsion immuable est de Le chercher dans toutes Ses manifestations et de L’imiter.

 

            Mais revenons à l’aspect scientifique du sujet et à la maîtrise de ces trois choses essentielles : milieu, conditions et principes constitutifs, pour exister. Dans l’Église, cette idée est exprimée par la Trinité de Dieu. Que signifie ce terme ? Trois êtres différents qui ont une pensée, une volonté : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ils correspondent, dans la grammaire : au sujet, au verbe et au complément ; dans la logique : au grand prédicat, au petit prédicat et à la conclusion. Le milieu de toutes les créatures et de notre âme est Dieu ; l’élément qui porte la vie en lui est le Christ, et les conditions qui favorisent la manifestation de la vie résident dans le Saint-Esprit.

 

            Lorsque vous changez l’ordre des choses, il vous faut aussi changer les lois qui régulent leurs formes. Vous pouvez vous immerger dans l’eau, mais pour y vivre il vous faut troquer la forme humaine pour une forme de poisson. Ce serait une régression de la vie, car vous faites de la condition (dans ce cas l’eau) votre milieu, alors que l’élévation de la vie consiste à faire de votre milieu une condition. Dans les deux cas la forme de la créature change. Nous pouvons changer la forme d’un poisson uniquement en changeant son milieu. Si, peu à peu, nous le sortons de l’eau pour l’introduire dans l’air, tout son organisme se réorganisera nécessairement, il deviendra un volatile et s’adaptera à l’air. Alors l’eau sera une condition pour son existence, comme sont des conditions pour lui la nourriture et la lumière. Lorsque le Christ dit : « Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent Toi, le seul vrai Dieu », qu’a-t-Il voulu dire par les mots : le seul vrai Dieu ? Cette Force suprême qui sans cesse circule en nous, qui porte la vie en Soi, qui crée les conditions grâce auxquelles nous pouvons la connaître. Un être, immergé dans un milieu, ne peut connaître ce milieu ; ainsi, le poisson ne peut connaître l’eau qui l’entoure. Certains veulent connaître Dieu ; si vous êtes immergés en Dieu, vous ne Le connaîtrez pas car vous êtes en Lui, alors vous vivez simplement en Lui sans Le connaître. Si vous voulez Le connaître, alors il faut sortir hors de Lui et le rendre condition de votre existence.

 

            Mettons que vous parliez avec l’une de vos cellules : les cellules humaines sont des créatures raisonnables avec une sorte d’intelligence propre, comme les oiseaux et les poissons. Cela peut vous paraître extraordinaire, mais c’est comme ça. Vous pouvez tenter de communiquer avec elles et vous faire comprendre. Et si vous adoptez leur langage, elles peuvent accomplir leur mission à merveille ; et vous pouvez même leur faire peur et elles vont s’incliner. Si maintenant une cellule proclame : « Je veux savoir ce qu’est l’homme », ce serait la même chose que si l’homme disait : « Je veux savoir ce qu’est Dieu », alors Dieu ne devrait plus être le milieu, l’homme devrait sortir de Lui. « Mais est-ce possible ? – Oui, à condition de changer de forme. – Mais je ne le peux pas ! –  Dans ce cas, attends ce changement ! » C’est le cœur de la question. Et la cellule, pour connaître ce qu’est l’homme, doit traverser des milliards de conditions, circuler à travers tous les tissus, passer par l’estomac, le cœur, les poumons, le cerveau, etc. ; et alors seulement, elle finira par s’arrêter et dira : « J’ai forgé mon opinion sur l’homme, je sais maintenant ce qu’il est. » Et nous aussi, les philosophes qui dans ce monde avons été partout, nous nous arrêtons pour dire : « Viens entendre ce qu’est Dieu : Il est omniscient, as-tu compris maintenant ? – J’ai compris. – Tu n’as rien compris ! » C’est seulement lorsque tu sortiras hors de ce milieu pour passer par ce seuil appelé la mort, lorsque tu mourras, c’est seulement là que tu connaîtras ce que Dieu est, et c’est cela la raison pour laquelle les hommes meurent. Et lorsqu’en l’âme naît le désir de connaître Dieu, elle doit mourir en se disant : « Je dois mourir pour connaître Dieu » ; c’est la plus juste définition de la connaissance de Dieu.

 

            Ceux qui ont écrit les Évangiles étaient de grands sages. Certains considèrent que les évangélistes étaient de simples pêcheurs sans instruction, et que Jésus Christ, lui aussi, n’était pas instruit. Mais ce n’est pas du tout le cas ! Le Christ a étudié à l’École céleste, et il n’a pas eu besoin de s’instruire sur terre. Je m’étonne de ces raisonnements superficiels qui prétendent qu’un homme qui n’a jamais étudié ait pu bouleverser le monde et guider les hommes auprès de Dieu. Les matérialistes, les panthéistes disent : « Vous, les chrétiens, vous êtes des sots, sans aucune logique ; vous vous en remettez à un homme non instruit pour atteindre Dieu. Alors que nous, nous réfléchissons, ajoutent-ils, pour prendre en compte tous les éléments. » Une fois, quelqu’un a prêché à l’Église l’épisode où le Christ a nourri cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons, et pour rendre ce miracle intelligible pour les auditeurs, il a précisé : « Ne pensez pas que ces pains étaient ordinaires, ils étaient grands comme des montagnes ! » Un berger en entendant cela a sifflé d’étonnement et lui a répliqué : « Ne pense pas que je suis surpris d’apprendre la taille des pains, je suis par contre curieux de voir la taille du four qui a servi à les cuire. » Voici notre manque de logique, le niveau superficiel de nos réflexions.

 

            La première chose qu’un chrétien doit faire est de se libérer de tous les raisonnements erronés, des idées superflues et des penchants mensongers. Et il peut y arriver. Quelqu’un qui raisonne peut immédiatement s’en affranchir. Un écolier peut facilement vérifier si le postulat suivant est correct : « L’homme est une créature bipède, toute créature bipède est un homme, donc la poule qui est aussi bipède est un homme. » La déduction est très juste, mais ce ne sont pas les deux pieds qui caractérisent le mieux l’homme : il peut aussi marcher à quatre pattes ; et ses caractéristiques premières sont son intellect, son cœur, son âme ; ce sont trois éléments. Les jambes ou les bras ne sont qu’une conséquence ou bien un produit physique externe de l’activité humaine. Si l’homme doit témoigner d’une activité, alors il doit avoir des jambes et des bras : les conditions les créeront. Vous demanderez comment ils seront ? Ils seront adaptés au milieu. Nous disons que certains organes ne peuvent évoluer tant que la créature vit dans le même milieu. Prenons le cas du poisson dont les nageoires sont indispensables dans l’eau et qui n’évoluent pas ; mais si le poisson sort de l’eau et décide de devenir un homme, ses nageoires doivent d’abord se transformer en jambes et en bras. Ceux parmi nous qui veulent aller vers le monde spirituel sont comme les poissons immergés dans un milieu : l’eau. Si nous souhaitons connaître les conditions de vie des anges, ils vont nous dire la même chose que nous disons au poisson qui souhaite sortir de l’eau et entrer dans notre milieu, pour penser et agir : « Tu dois d’abord faire évoluer tes branchies, former des poumons et apprendre à respirer. » Ce poisson qui apprendra à un autre comment former des poumons sera le plus instruit parmi tous. Je vous recommande maintenant cet enseignement : formez vos poumons pour l’autre monde, car si vous ne les avez pas, vous n’y entrerez pas. Soyez préparés, ainsi votre vie continuera toujours vers le haut après que vous aurez quitté la terre.

 

            Voyons maintenant le mot connaissance. Dans notre langue écrite, les mots s’écrivent en lettres. Prenons pour exemple le mot bulgare connaissance (познаване) : nous avons d’abord deux traits de haut en bas ; en leur mettant un trait supplémentaire, cela forme la lettre п. Nous voulons faire le o : nous traçons un cercle et le mettons à côté de п, nous obtenons пo. Pour la lettre з nous prenons les deux moitiés de la lettre o et les disposons l’une au-dessus de l’autre. Pour la lettre н nous prenons aussi les traits verticaux de п et mettons le trait horizontal au milieu. Pour écrire a : deux traits qui se touchent en haut, reliés au milieu par un trait horizontal. Pour la lettre в nous prenons un trait droit et nous y collons le signe de з, etc. Mais celui qui a formé ces signes avait une idée en lui. Je réfléchis par analogie avec les plantes et les fleurs de la façon suivante : la fleur qui croît, se tient comme un calice, ouvert vers le haut en attendant de recevoir l’embryon ; lorsqu’il l’accepte, il commence à se tourner vers le bas et finit par pendre : il forme alors la lettre п. Et j’en conclus : dans la connaissance, le calice est tourné vers Dieu pour qu’Il lui verse quelque chose, et lorsqu’il le reçoit, il veut éprouver en lui ce que c’est, et vivre l’expérience. Du point de vue organique, cette fleur a subi la nouaison et il reste au fruit à mûrir. Par conséquent, vous ne pouvez pas avoir la connaissance tant que vous n’avez pas conçu, et vous resterez une âme vide, tournée vers le haut. Lorsque l’âme se tournera vers le bas, nous conclurons que le Seigneur a mis quelque chose en vous. Ce fruit peut tomber prématurément, mais alors elle peut de nouveau répéter le processus de développement et de maturité, car sans souffrance il n’y a pas de réussite. Le zéro est considéré comme le néant, mais en mathématiques il a la force de majorer ou minorer dix fois si nous le positionnons devant ou derrière un chiffre. Si après le 1 nous mettons 0, nous obtenons un chiffre dix fois plus grand et mis devant le 1, nous obtenons un chiffre dix fois plus petit. Donc le néant est aussi quelque chose. Comment ce qui ne contient rien en soi, peut-il augmenter ou diminuer les choses ? Dans ma compréhension, le temps et l’espace existent dans le néant comme deux éléments de notre développement organique ; dans l’espace agissent la lumière et la chaleur. Donc, lorsque nous mettons 0 derrière п, cela indique que la fleur a des conditions pour se développer.

 

            Mais nous descendons dans cet arbre, animé d’une vie duale : en haut, dans le tronc et les branches, et en bas, dans les racines. Nous disons que le poisson est immergé dans l’eau et l’homme, dans l’air ; ce n’est qu’à moitié vrai. Il y a d’autres éléments dont l’absence interrompt la vie. Ainsi, les arbres fruitiers ont deux milieux : la terre, pour les racines et l’atmosphère, pour les branches et les fleurs. Alors, la connaissance sous-entend l’expérience de la terre comme milieu pour les racines, et comme condition d’acquisition de la nourriture pour les branches, les feuilles et les fleurs.  Vous êtes, disons, en bas dans les racines lorsque vous circulez sur cet arbre : l’arbre de la vie. Il y a là une vie duale : matérielle dans les racines et spirituelle dans les branches. Elles sont comme le sujet et le verbe. Le monde des esprits, des anges, que certains nomment le monde astral, est la liaison entre le monde des humains (physique, matériel) et le monde divin, purement spirituel. Celui qui parle est Dieu ; Il représente le Verbe, source de Connaissance, Force et Vie ; l’homme est le sujet, le terreau qui prépare la sève de la vie, et l’auxiliaire « être », ce sont les esprits, les anges qui lient le monde physique avec le monde spirituel et appliquent les lois d’interaction harmonieuse entre ces deux mondes. Vous pouvez avoir le sujet, le verbe, mais sans le complément il n’y a pas de phrase. Les anges insufflent justement en nous la connaissance de Dieu sans laquelle aucune vie n’est possible en nous.

 

            Voici une comparaison : mettons que vous sortez dans une nuit d’hiver, en grelottant, pour vous réchauffer à la lune. Quelqu’un vous interpelle : « Pourquoi restez- vous là ? – Je me réchauffe. – Mais il n’y a pas de Soleil. – Tu es aveugle, tu te trompes, ce Soleil me réchauffera petit à petit. »

 

            Lorsque vous n’avez aucune idée de ce qu’est Dieu, cela souligne le vide entre Dieu et vous, cette barrière qui coupe le lien entre votre vie et la vie divine.

 

            Je m’aperçois maintenant que dans ce discours il y a probablement quelque chose de confus pour votre esprit. Savez-vous pourquoi ? Lorsque, dans ce monde, je vous explique les choses de l’autre monde, il reste un intervalle, une distance. Si je vous parlais de la musique, je dirai que l’homme peut saisir avec son oreille, en une seconde, entre  trente-deux et quarante-six milles vibrations d’ondes sonores au maximum. Si on passe à la lumière, elle apparait comme un rayon rouge qui fabrique dans notre œil quatre cent vingt-huit milliards de vibrations en une seconde. Notre discours peut être logique uniquement dans la limite étroite des concepts que nous pouvons saisir, c’est-à-dire expérimenter et appréhender. En passant brusquement du son à la lumière, la logique nous échappe parfois, car entre le son et la lumière il y a certaines vibrations qui ne sont pas prises en compte. Nous passons du son à la lumière, mais en délaissant certains domaines dont nous n’avons aucune idée. Nous partons d’un monde à trente-deux milles vibrations pour arriver à quarante-six milles vibrations à la seconde, de ce monde accessible à notre oreille, et nous disons : «  Nous savons jusqu’ici », mais en continuant plus loin nous restons dans le noir et nous disons : « Nous ne connaissons pas cela. » En atteignant les rayons rouges, nous disons : « Dieu merci, nous avons traversé ce désert ! », et ce désert occupe un espace incommensurable entre deux frontières : de quarante-six milles à quatre cent vingt-huit milliards de vibrations à la seconde. Tout ce que les hommes n’appréhendent pas est pour eux un désert où rien ne pousse, rien n’existe. Lorsque le Christ a parlé de la vie éternelle, Il a été très attentif, Il a rempli tous les intervalles pour unir les mondes en un seul et indivisible : le monde spirituel, avec le monde des anges ; le monde divin, avec le monde de la Trinité, et le monde physique, avec le monde des humains, les âmes. C’est pour cela qu’Il dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » ; je relie ces deux mondes et je conduis vers le monde des anges ainsi que vers le monde divin, le monde de la Vérité. Par conséquent, celui qui me suit et emprunte ce chemin que je lui montrerai, trouvera ce bien-être pour son âme : la paix divine. C’est pour cela qu’il dit encore : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. » La paix est enfant du Ciel, élevé dans la demeure de Dieu. De la conclusion ci-dessus il ressort : « Le chemin, c’est le mouvement de l’esprit dans l’application raisonnable des lois de la nature ; la vie, c’est l’organisation harmonieuse des éléments et le développement des forces dans l’âme divine ; la vérité, c’est la manifestation du Dieu unique créant les conditions qui permettent à l’esprit et à l’âme humaines de tendre vers quelque chose de meilleur et de plus lumineux dans ce vaste monde.

 

            Prenons la vie éternelle comme une source qui s’écoule d’une cime, du divin, des rochers : c’est l’eau, l’élément qui apporte la vie ; le lit de la rivière, c’est le chemin de cette descente vers un monde inférieur. C’est pourquoi le Christ dit : « Je suis sorti de la Vérité, de Dieu, pour descendre dans le monde matériel et aider les hommes, les abreuver de cette source d’eau vive. » C’est pourquoi il dit à un autre endroit : « Je suis la source d’eau vive. » Ces trois choses que j’aborde ici : La vie éternelle, Dieu ; Jésus Christ, le chemin ; vérité et vie sont liées entre elles. Si l’eau ne jaillit pas du sommet de la montagne et si elle ne s’écoule pas sur ce chemin qui est le lit de la rivière que le Christ mentionne, elle ne peut pas apporter les bienfaits attendus. Et du point de vue purement chrétien, nous devons rester près de cette source. Le Christ vivant est la source, seulement on doit savoir comment se désaltérer à cette source. Je ne dis pas que vous ne savez pas boire, mais vous le faites à cinq cents ou mille kilomètres de la source et vous maintenez que vous savez qui est le Christ, mais sans savoir quels autres éléments sont rentrés dans cette eau pour la troubler et pervertir sa saveur. Vous devez remonter le courant de la rivière : le chemin est long, vous aurez des ampoules aux pieds, mais en arrivant à la source, vous direz : «  Voici le vrai goût de l’eau ! » Et ceux qui ne savent pas aller jusqu’à la source boiront l’eau trouble, car être privé complètement d’eau, c’est encore pire. Je vous dis : « Même si vos pieds se couvrent d’ampoules, allez à la source et buvez de son eau cristalline. Lorsque vous en reviendrez, vous aurez l’intellect vif et limpide, un cœur bon, un regard omniscient. Il faut beaucoup d’efforts, beaucoup de travail sur soi pour appliquer l’enseignement du Christ et acquérir ces résultats encourageants qui vous élèveront un jour au rang de citoyen du Ciel pour vivre entre les saints et les anges.

 

            Revenons à la question suivante : lorsque nous parlons de vie éternelle au sens d’immortalité, tous diront que cette vie est impossible ici sur terre. Et en effet, peut-on acquérir la vie éternelle alors qu’on meurt ? La conclusion est correcte, mais toutes les conclusions correctes ne sont pas justes, car comment savons-nous que l’homme meurt totalement ? Lorsqu’on n’a pas travaillé au printemps, en été et en automne, et que l’on dit : « Je travaillerai l’hiver », je réponds : tu n’as pas de conditions pour travailler. Si tu ne t’es pas enrichi au printemps, en été, en automne, comment t’enrichir l’hiver ; si tu n’as pas travaillé en temps utile, comment acquérir la vie éternelle ? La vie éternelle est accessible maintenant, aujourd’hui, pourvu que tu ais le courage de ce jeune berger Bulgare pour porter adroitement ton bâton et savoir le manier, riposter. Riposter, du point de vue scientifique, ce sont les conditions auxquelles il faut réagir face à une épreuve dans la vie. Vous dites souvent : « C’est le Seigneur qui dispose », mais le Seigneur dit que ce peureux sera dépossédé de ses moutons, il sera esclave et forcé comme les juifs en Egypte à fabriquer des briques. Et c’est vrai, nous fabriquons des briques, nous faisons des maisons ; nous bâtissons, nous bâtissons, nous construisons une maison, et le Seigneur vient nous répudier ! Nous recommençons ! Cinq, dix, quinze, vingt ans, nous économisons, et quelques années plus tard, Il nous la reprend de nouveau. Pourquoi tout ce travail en vain ? Je ne veux pas suggérer qu’il ne faut pas travailler, mais il faut travailler intelligemment et gagner quelque chose qui soit à nous.

 

            Lorsque je prêche ainsi, quelqu’un va rétorquer : « Tu nous enseignes de ne pas travailler. » Je vous enseigne de travailler. L’usurier arrive, il vous confisque les biens immobiliers et vos cœurs, il les revend, mais il n’a jamais vendu le discernement de l’homme. Combien de cœurs, combien d’âmes sont mises aux enchères et vendues ? Et les hommes se disent propriétaires ! Nous voyons tellement de gens qui ne savent pas discerner, agir ; ils peuvent détester, mais ne peuvent pas aimer. Tous ces gens, avec leurs esprits et leurs cœurs détériorés, génèrent un karma, et voyez comment, après coup, l’ensemble de la population souffre et se plaint des lois que ses représentants ont érigées. Demandez à vos députés, à votre parlement, quelles lois se préparent !  Une assemblée dira : « Je fais des lois qui vont interdire dans le futur l’enseignement de la Loi divine dans les écoles » ; une autre dira : « Dieu sera évincé, c’est quelque chose de dépassé, pas la peine de fréquenter l’Église, d’autres idées seront érigées et celui qui ne respectera pas cette loi, aura telle ou telle amende. » Vous dites : « Il n’y a rien à faire, face à nos députés : nous les avons choisis, nous les écouterons. » Mais vous direz encore : « Cette loi, qui a été promulguée, n’est pas juste ! » Vous devrez amener d’autres députés pour vous représenter : ils vont démontrer votre droiture et vont créer une autre loi. Ce qui se passe dans le monde, se passe aussi en vous. Le Christ dit que pour acquérir la vie éternelle, l’homme doit apprendre à penser et agir de façon juste.

 

            Vous vous dites maintenant : « Nous avons compris : de retour à la maison, nous commencerons à appliquer la loi correctement. » Qu’allez-vous appliquer ? Toujours la vieille loi ! La première petite déconvenue vous fera sortir de vos gonds et vous oublierez la vie éternelle. La domestique brûle le plat et vous vous mettez à crier et à discuter et vous y perdez votre discernement et votre cœur. Vous savez à qui vous ressemblez ? Souvent les sages ont créé des récits pour certaines situations : par exemple un chien passe sur un pont et en voyant un autre chien dans l’eau avec un os, il lâche le sien et plonge dans la rivière pour attraper celui de l’autre ; et au final il perd son os. Souvent nous aussi, poursuivant un mirage, nous partons à la chasse et perdons notre place. Laissez la domestique brûler le plat ; n’en soyez pas perturbés. En préparant la vie éternelle pour vous, ayez le sang-froid et la patience de ce philosophe qui, après avoir travaillé vingt ans sur certains problèmes mathématiques sur des feuillets volants, ne s’est pas mis en colère contre sa servante qui, un jour, en rangeant sa chambre en son absence, les a tous jetés dans le feu. Mais vous devez garder ces feuillets. Maintenant, vous amassez ces feuillets que le Seigneur a écrit et vous dites : « C’est quoi ces chiffons ? », et vous les jetez au feu. Lorsque le Seigneur vient vous demander où sont vos feuillets, que direz-vous ? – « Nous avons nettoyé la chambre ! – Ne faites plus ça de nouveau ! » De la même manière, vous ne devez pas nettoyer ainsi votre chambre divine. Ces feuillets sont les divers centres en l’homme où le Seigneur a écrit de nombreuses choses très précieuses : tout cela doit être mis en ordre. Il y a beaucoup de choses entreposées autour du bâtiment en cours de construction par le Seigneur : il y a des briques, du sable, du gravier ; tous ces matériaux seront utilisés dans le chantier de votre nouvelle demeure ; à vous de préparer ces matériaux. C’est pourquoi le Christ dit : « Lorsque vous connaitrez en vous le seul et unique Dieu qui bâtit, qui est un milieu, une condition, un élément pour vous, vous allez acquérir la vie éternelle. »

 

            Et je veux maintenant vous laisser trois choses sur lesquelles méditer : milieu, conditions et éléments. Ceux qui ne peuvent pas méditer sur elles, qu’ils méditent comme ils peuvent. Mais ceux qui réfléchissent, qu’ils se posent la question : sont-ils immergés dans ce milieu nommé Dieu, ont-ils les conditions et les éléments, leur air est-il pur, leurs fenêtres sont-elles ouvertes, leurs yeux, leur langue sont-ils à leur place ? La langue n’est pas si petite qu’il y paraît ; cette petite langue qui crée et démolit dans le monde, se montre si peu, elle est presque invisible, mais quelle gaillarde ! Elle brise les os et incite les hommes à se bagarrer entre eux. Si la langue n’est pas à sa place, il faut lui resserrer les vis et la remettre en état, car lorsque le Seigneur viendra, il verra si toutes les vis de votre langue sont à leur place, si la langue fonctionne comme il faut. Si les vis sont détériorées, elle fait des bavardages ; vite, ramenez des vis ! Combien j’ai vu  de vis perdues! Les vis, les écrous, toutes les parties de votre langue, de votre raison, de votre cœur, vous les ramènerez pour que tout soit remis à sa place. C’est pour cela que le Christ vient maintenant. Vous avez jeté l’écrou ; c’était une erreur. « Comment ça ? » Les scientifiques disent que l’appendice n’est pas utile et doit être supprimé pour en débarrasser l’homme dans l’éventualité où il serait source de douleur. Comment pouvez-vous dire qu’il n’est pas à sa place ? Le temps viendra où il se remettra à fonctionner. Les médecins disent : « Il y a une inflammation à l’appendice, amputons-le. » Mieux vaut mourir que de s’en priver, car la maladie se manifestera de toute manière à un autre endroit. Aucun organe ne doit être éliminé, car le Seigneur a mis des millions d’années pour modeler l’appendice, et maintenant un médecin imbécile trouve qu’il est inutile et le coupe pour en débarrasser l’homme. Souvent, l’appendice se révolte et nous dit : « Il ne faut pas manger de viande, les animaux ne doivent pas être sacrifiés. » Les haricots, les lentilles, les haricots blancs et les autres aliments semblables ne causent pas de douleurs ; et nous, nous disons : « Dehors l’appendice, nous allons continuer à manger de la viande ! » Mais il a des camarades dans le cœur et dans l’intellect, et si nous l’amputons en bas, son camarade du cœur et de l’intellect en haut mourra également avec lui.

 

            C’est pourquoi le Christ dit : « Ces trois éléments de la vie – conditions, forces et lois – doivent être mis à leur place. » Voilà ce que le christianisme sous-entend et c’est ici la science profonde de la vie. Je ne veux pas vous donner une philosophie vide, mais je veux que vous vérifiiez et expérimentiez dans la vie ce que je dis. Comment le monde se corrigera-t-il ? Il se corrigera lorsque toutes les vis seront mises en place, et la vie commencera à fonctionner comme une horloge. Je vous donnerai un exemple : un homme achète une montre qui arrête de fonctionner très vite. « J’ai donné tellement d’argent, et elle s’arrête moins d’une semaine après », se dit-il. Il va chez l’horloger et lui demande de faire remarcher la montre : « Combien cela coûtera-t-il ? Après avoir examiné la montre, l’horloger lui dit : « Dix sous. – D’accord ! »

 

            L’horloger souffle dans le mécanisme de la montre pour en chasser un pou coincé dedans et la montre remarche. « Tu me prendras dix sous uniquement pour avoir soufflé sur la montre ? – C’est bien ça ! »

 

            Le Seigneur viendra ainsi, il soufflera et tout se remettra en marche, aussi facilement ! Ces petites bêtes ne sont pas à leur place ici, elles ne doivent pas rester dans la montre. Le christianisme est cette philosophie qui veut libérer l’âme humaine de tous les parasites, resserrer les vis de la langue, de la raison et du cœur : c’est là le salut. Et lorsque toutes les vis et tous les écrous seront à leur place, ainsi que la raison et le cœur, les conditions de la vie éternelle adviendront. Alors la résurrection sera réalisable et possible.

 

            Je sais que remettre les vis à leur place est un travail difficile et pénible. Mais lorsqu’il sera achevé avec succès, l’humanité fêtera son jubilé sur la terre : les enfants (fils et filles) chanteront le nouveau chant de la vie, parce que leurs parents ont trouvé et remis en place les vis et qu’un futur lumineux s’annonce ; les peuples enthousiastes vont bénir et glorifier le Bon Dieu, car leurs guides (prêtres, pasteurs, professeurs, princes et ministres) ont trouvé et remis en place les vis et qu’un futur lumineux les attend sur terre, dans leur vie. Tous chanteront un chant, mais un chant grandiose de la vie qui les bouleversera jusqu’au fond de leurs cœurs et de leurs âmes. Dans ce chant tout le passé sera conté, il s’y ajoutera tout le futur et il s’y exprimera l’esprit de la nouvelle vie. Mais quelqu’un dira : « C’est quoi cette question de vis, que peuvent-elles faire ? » Dans ces vis est tracé le chemin à suivre : elles réunissent, elles resserrent entre elles les parties désunies de la vie. Et celui qui prêtera attention à leurs empreintes hélicoïdales et à la main qui les resserre, comprendra le sens profond des grandes lois qui dirigent tout vers un objectif déterminé. Ce sont des forces divines qui, selon la volonté divine, se manifesteront bientôt dans la vie, pour remettre à la bonne place les éléments désunis, pour diriger les quintessences divines vers l’âme humaine et l’immerger dans son vrai milieu, créer les conditions les plus favorables à son développement et lui insuffler les véritables éléments de la vie. Alors notre âme sera allaitée comme un enfant tête des seins de sa mère du lait pur, frais, non mélangé. Alors apparaîtront les racines de la conscience divine dans notre inconscient, le tronc s’élèvera sur elles, les branches se déploieront, les feuilles se développeront dans notre conscience et sur les pousses se formeront les boutons et les fleurs de la super conscience, ceux des anges.

 

            Lorsque cela se produira, ce sera le signe du printemps spirituel ; l’âme humaine se trouvera dans la région de l’immortalité, hors des griffes de la mort, du péché et du crime. Et nous, avec une foi positive, une connaissance positive, nous pourrons attendre la richesse inestimable : le fruit de l’arbre de la vie éternelle, dont les feuilles servent à guérir les infirmités humaines, et le fruit lui-même, à maintenir l’immortalité de l’âme humaine et son union avec Dieu. Et cet évènement grandiose est au seuil de la vie d’aujourd’hui.

 

Sofia, 25 octobre 1914

 

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[1] Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. (Mt 11,25)

[2] Le prédicat est une propriété attribuée à un sujet - un complément d’attribution.

 

Traduit par Bojidar Borissov

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