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1920_05_09 On allume une bougie


Ani
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On allume une bougie

« et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau,

mais on la met sur le chandelier,

et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. »[1]

Matthieu 5 :15

« Et on n’allume pas une lampe ». La lampe est prise ici comme un emblème connu de tous. On dit une bougie et les Bulgares l’appellent aussi cierge. Chacun peut se demander ce qui se dissimule dans une bougie en cire : il peut se dissimuler beaucoup, mais aussi rien ; elle peut contenir beaucoup ou pas grand-chose. Ces bougies se vendaient autrefois cinq centimes, mais maintenant elles sont plus chères ; l’époque détermine le prix des choses. Les choses ont un sens seulement pour les vivants, mais non pour les morts qui ne voient rien. Les imbéciles ne comprennent rien, les fous rient toujours et les hors-la-loi transgressent tout. Le Christ parle de la petite bougie vivante qui a un sens pour les gens vivants et intelligents.

Dans le chapitre lu, le Christ situe les béatitudes en tant que fondement de la vie et dit ensuite : « Vous êtes le sel de la vie », il considère donc le sel comme un fondement. Après le sel apparaît la petite bougie. Lorsqu’elle brûle, elle émet de la lumière ; de même, la pensée est un carburant qui apporte de la lumière : la pensée éclaire. En ce sens, l’homme est une petite bougie qui brûle et éclaire. Sur terre ces bougies ne brûlent que jusqu’à cent vingt ans tout au plus ; jadis elles ont brûlé jusqu’à neuf cents ans. Je prends le mot bougie comme une manifestation lointaine de l’esprit humain. Une maison sans bougie allumée le soir est inhospitalière ; si une bougie est allumée, fût-elle la plus petite, cette maison devient plus attirante. Si deux ou trois personnes qui vivent dans une maison sont des bougies allumées, celle-ci justifie son existence, elle a une raison d’être. Le père, la mère, les enfants sont de petites bougies vivantes qui éclairent, elles embellissent le chandelier de cette maison.

Le Christ dit : « Que votre visage brille ainsi », ce qui signifie : que brille ainsi la plus haute manifestation de l’esprit humain. Et ce que je veux vous dire sera compris selon le degré d’élargissement de votre conscience, les choses seront comprises ou non selon votre conscience. Pensez-vous que les fourmis qui vivent dans la fourmilière voient les étoiles ? Il n’existe pour elles ni ciel ni étoiles en dehors de la fourmilière. Non seulement les fourmis, mais les animaux plus évolués ne voient pas non plus les étoiles dont nous nous réjouissons ; beaucoup d’animaux ne savent pas qu’il existe un soleil ; ils voient que certains changements se produisent dans le monde, qu’une lumière vient de quelque part et qu’elle s’éteint ensuite, mais d’où vient-elle et ce qu’elle est, ils ne le savent pas et ne le comprennent pas. De la même manière, les gens remarquent que certains changements se produisent dans leur vie sans savoir pour quelle raison et de quelle façon. Donc, si la conscience humaine s’élargit, l’être humain verra plus d’étoiles et verra un autre soleil, plus beau et plus grand que celui qu’il voit aujourd’hui.

Vous direz que ce sont des hypothèses et de la théorie ; c’est vrai, si quelque chose n’est pas clair, c’est une hypothèse. C’est pour cela que j’appelle nos contemporains des hypothèses : chacun est une hypothèse non seulement parce qu’il ne comprend pas la nature, mais parce qu’il ne se comprend pas non plus lui-même. J’aimerais rencontrer un philosophe ou un spiritualiste en Bulgarie qui prétende se connaitre lui-même ; il n’y a pas une telle personne en Bulgarie. Ceux chez qui la conscience n’est pas éveillée prennent cela pour une insulte. Le marchand qui ne travaille qu’avec des actions doit-il se vexer si je lui dis qu’il n’a pas de liquidités, pas d’espèces sonnantes et trébuchantes dans sa caisse ? Il dira qu’il manie deux ou trois millions ; oui, mais c’est de l’argent virtuel, ce ne sont pas des pièces d’or ; un jour ce marchand peut faire faillite et tout son capital, toutes ses actions fondront. Je dis : la plupart travaille aujourd’hui avec du capital fictif : ce sont de grandes firmes avec un faible contenu. Mais la nature ne tolère pas de telles firmes, la nature vivante intelligente ne tolère pas le mensonge et c’est pour cela qu’elle a créé la mort. Les rois, les évêques, les patriarches et les prêtres, tous meurent. Pourquoi ? Parce que leurs firmes sont mensongères. « C’est exagéré. » Non ! C’est une grande vérité. Pourquoi le marchand doit-il faire faillite ? Parce qu’il n’a pas de capital. De quoi meurt la mère ? De faim ! De quoi meurt le père ? De faim ! De quoi meurent les enfants ? De faim aussi. Tous meurent de faim parce que leur estomac n’est pas capable d’assimiler et d’absorber correctement la nourriture. Autrement dit, dans leur estomac il n’y a pas ce sonnant et trébuchant avec lequel on peut travailler ; un estomac qui travaille avec du capital fictif fait facilement faillite.

« Éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » Lorsque la petite bougie est allumée et posée sur le chandelier pour éclairer tout le monde, la conscience humaine s’éveille. Le chandelier, c’est l’unité, l’intelligence qui doit être mise dans le cadre de la grande loi divine avec laquelle nous mesurons les choses. Vous direz que la bougie allumée sur le chandelier est petite, insignifiante. Souvenez-vous : tous les grands évènements débutent par cette petite bougie. Toutes les substances explosives s’embrasent à partir de ces petites étincelles : une petite étincelle au milieu d’une grande quantité de dynamite produit des destructions mille fois plus dévastatrices qu’un grand feu. L’aveuglement des gens est dû à leur désir d’être de grands hommes, des grandeurs importantes. Si tu es un grand homme avec une haute estime de toi-même, tu ne pourras rien faire ; plus tu es petit, plus ton estime de toi est petite, plus les choses que tu peux accomplir sont grandes. Si tu es dur comme une pierre, tu ne pourras rien faire. Par petit je n’entends pas quelqu’un de faible qui s’adapte, qui se conforme. Se conformer à quoi exactement ? À ce qui est glacial, aux mauvaises personnes qui ne tolèrent pas la vérité ? Non, la vérité ne tolère pas cela.

Je ne m’adapte pas à votre vision, je maintiens ma propre vision. Selon vous je peux être quelqu’un de bête ; selon moi c’est vous qui pouvez être bêtes, donc on est quitte. Naturellement, nous sommes bêtes les uns aux yeux des autres ; vous ne raisonnez pas comme moi, mais moi non plus je ne raisonne pas comme vous. Lorsque deux personnes bêtes s’assemblent, elles font des bêtises. Mais dans le monde d’aujourd’hui, les choses bêtes sont préférables aux choses intelligentes. De votre point de vue, il est intelligent de se marier et d’avoir plusieurs enfants ; du point de vue divin, c’est bête. Dieu a créé l’être humain pour qu’il vive comme un ange, mais il se marie, il a des enfants, toute une ribambelle, et, lorsqu’ils grandissent, les filles ont une santé défaillante et les fils volent et tuent ; les humains se sentent alors perdus et se disent : « Mes cheveux ont blanchi à cause de ces enfants ». Où est ton intelligence ?

Le monde contemporain s’appuie sur les gens bêtes, ils travaillent et suivent le chemin que Dieu leur a tracé. Les gens intelligents, c’est-à-dire ceux qui ont une haute opinion d’eux-mêmes sont comme les cigales : ils chantent et jouent toute la journée, ils philosophent, font des plans, mais ne travaillent pas et n’appliquent rien. « Devenons alors tous idiots ! » Celui qui est idiot le reste, il n’y a pas de raison qu’il empire. Lorsque je parle, j’évite les superlatifs comme plus et meilleur. Si quelqu’un est bête, il est bête ; s’il est intelligent, il est intelligent, on n’a pas besoin d’utiliser des superlatifs : plus bête, plus intelligent ou bien le plus bête, le plus intelligent. Quelqu’un de plus intelligent est plus bête que l’intelligent. Je dis sur le riche : il est riche ; pas besoin de préciser qu’il est très riche. Pour moi la richesse de l’homme se résume dans le grain de blé qu’il plante à temps. Si on me proposait la fortune du plus grand milliardaire américain ou un grain de blé, je préférerais le grain de blé ; pour moi le grain de blé vaut plus que les milliards de l’homme le plus riche au monde. Vous direz : « Voici un parfait idiot : si nous avions autant d’argent, nous rembourserions toutes les dettes de la Bulgarie et elle redeviendrait un pays libre et souverain ». Celui qui est idiot n’a pas besoin d’argent, seul l’intelligent en a besoin. Pourquoi les intelligents ont-ils besoin d’argent, que leur arrivera-t-il s’ils s’enrichissent ? Dieu les rossera. Lorsque vous ne donnez pas d’argent aux imbéciles, vous les obligez à travailler, à devenir plus intelligents.

Le Christ dit : « On allume une lampe pour la mettre sur le chandelier pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison ». Comment brillera cette bougie, par où passera sa lumière ? Elle se projettera par les yeux des hommes et des femmes. Lorsque nous rencontrons un homme, nous le regardons, nous voulons comprendre si sa bougie brille. Lorsque la bougie de l’homme est allumée, il y a dans ses yeux quelque chose d’agréable. Vous le regardez parfois dans les yeux et vous voyez que les volets sont ouverts, mais les rideaux tirés, et vous dites : « La bougie de cet homme n’est pas allumée ». Sa bougie doit brûler et éclairer, son esprit doit se manifester. À travers quoi ? À travers ses pensées, ses sentiments et ses actes. Lorsque la bougie divine de l’homme brille, ses pensées sont lumineuses, ses actes justes, sa compréhension s’élargit et il ne se guide plus au toucher mais par le regard.

Les théologiens contemporains disent que le Christ est venu sur terre pour sauver l’humanité. Je dis : le Christ est venu sur terre pour allumer la petite bougie divine de l’esprit humain. Jusqu’à son époque, la nouvelle lumière n’avait pas pénétré l’esprit humain ; le Christ a apporté cette nouvelle lumière pour qu’elle éclaire toutes les maisons. Si nous devons parler de l’intellect humain ordinaire, nous connaissons ses agissements : l’intellect humain ordinaire, le génie maléfique comme certains le nomment, a infligé les plus grands malheurs et calamités à l’humanité. On dit de quelqu’un : « Pourvu que cette personne soit intelligente, géniale, inventive ». Les gens d’aujourd’hui n’ont pas besoin de cet intellect-là, mais d’une intelligence qui brille dans toutes les maisons. Comme une petite bougie allumée, elle doit déterminer les rapports entre les humains du point de vue divin. Si j’allume la bougie de quelqu’un qui se trouve parmi nous, tous ses désagréments se dissiperont ; ceci s’applique à l’individu comme à la société. Ces petites bougies doivent s’allumer pour briller partout. Allez dans n’importe quelle église orthodoxe ou catholique pour voir la quantité de bougies qui y brûlent. Les Bulgares aussi ont coutume d’allumer des bougies, mais il est temps d’allumer ces bougies à l’intérieur de soi-même. Vous marchez maintenant dans les ténèbres, mais un jour lorsque les petites bougies s’allumeront en vous, vous arriverez à une compréhension juste et authentique des choses. Vous dites : « Nos intérêts et ceux de nos proches sont en opposition ». Je dis : lorsque vous allumerez vos petites bougies, vos intérêts seront en accord parfait, alors chacun trouvera sa place dans la vie, chacun assumera sa mission. On est venu sur terre pour accomplir un travail.

Aujourd’hui, la plupart des gens veulent jouer des rôles de premier ordre, comme les bons acteurs, pour gagner en célébrité sur scène. On dit pour un acteur qu’il joue bien le rôle d’Hamlet ou celui de certains héros de Tolstoï ou d’Ibsen ou d’un autre ; à mon avis tous les humains sont des acteurs dans la vie, ils n’ont pas besoin d’aspirer à la scène. Si tu ne peux pas bien jouer ton rôle de mari devant ta femme, tu n’es pas un acteur. Comment jouerais-tu au théâtre ? On dit de quelqu’un qu’il est un excellent acteur : en quoi consiste son excellence ? Il joue bien le rôle d’Hamlet. Qu’est-ce qui est particulier chez Hamlet ? Il a dit : « Être ou ne pas être ». Qu’est-ce qu’il y a de particulier dans ces mots ? Être riche ou ne pas être riche, être voleur ou ne pas être voleur, être ministre ou ne pas être ministre, être roi ou ne pas être roi. Si tu es intelligent, sois un roi, si tu es idiot, ne sois pas roi ; si tu es fort, impose-toi aux autres, si tu n’es pas fort, ne le fais pas. « Je veux être fort. » Pourquoi veux-tu être fort, pour casser la figure des autres ? C’est un ancien enseignement. Tu penses qu’en levant la main et en frappant quelqu’un à la tête tu vas redresser le monde ; même si tu es roi, sache que si tu fends le crâne de quelqu’un, le tien sera aussi fendu de la même façon.

Tu seras dans la situation de ce Bulgare qui s’est lassé de prendre soin de son père sexagénaire. Il l’a mis dans un grand coffre, puis, accompagné de son fils, il l’a emmené aux confins de la ville et l’a abandonné à son sort. Lorsqu’ils sont repartis, l’enfant a demandé : « Papa, nous avons oublié le coffre ? – On n’en a pas besoin. – On en aura besoin pour toi un jour, non ? »

Beaucoup de gens aujourd’hui : écrivains, savants, philosophes, mettent leur père dans un coffre et l’emmènent hors de la ville, mais leurs enfants leur disent : « Papa, récupère le coffre car on en aura besoin pour toi ».

« On la met sur le chandelier pour éclairer. » Cette petite bougie est nécessaire à tous. Autrement dit, l’esprit humain avec la nouvelle lumière est nécessaire à tous. Admirons et réjouissons-nous de la lumière divine qui ne s’éteint jamais. Vous dites que la petite bougie est minuscule ; le grain de blé aussi, mais plantez-le dans le sol et laissez-lui dix ou vingt ans pour voir ce qui en sortira : il se multipliera tellement qu’il pèsera plus lourd que la terre. La petite bougie allumée dans le cerveau de l’homme est une nouvelle substance apportée dans le monde. Par qui ? Par le Christ. Cette nouvelle substance est semblable au grain de blé qui se plante maintenant dans le sol. Elle se greffe sur l’esprit humain comme se font les greffes sur les arbres fruitiers. Celui qui manie l’art de la greffe doit être bête. Du point de vue kabbalistique le mot bête a des vibrations plus fortes que les mots fort et intelligent. Il est dit dans les Écritures : « Dieu résiste au puissant et à l’orgueilleux mais donne Sa grâce au faible et à l’inculte »[2]. Un disciple qui se permet de dire à l’enseignant qu’il a un avis particulier sur certaines questions est exclu de la classe, l’enseignant lui dit : « Si tu as un avis particulier et si tu penses savoir plus que moi, prends ma place et délivre ton enseignement ».

« On la met sur le chandelier. » Lorsque cette bougie est mise sur le chandelier pour brûler, sa lumière se reconnaît à ce qu’elle va produire différents changements dans l’organisme humain : la conscience des humains s’élargira, l’homme sera prêt à endurer toutes les amertumes et épreuves avec patience ; quand bien même il serait piétiné, il se relèverait toujours pour avancer. La substance de cette bougie ne se consume jamais. Plus les chrétiens étaient pourchassés et plus leur feu s’embrasait. Beaucoup disent : « Nous allons anéantir le nouvel enseignement ». Plus vous le piétinerez et plus il s’embrasera. Il porte en lui des forces indestructibles, ces forces agissent déjà dans le monde. Avec des calculs mathématiques précis on pourra mesurer la taille de cette petite bougie dans quelques années : la force de sa lumière augmentera de l’intérieur vers l’extérieur.

C’est la beauté intérieure qui est précieuse et non la beauté extérieure. Que dira le jeune homme sur sa bienaimée si elle n’est obnubilée que par sa beauté extérieure ? Lorsqu’il se mariera avec elle, il sera vite déçu et dira : « Le mariage ne vaut pas la peine ». C’est ce que le réformateur anglais John Wesley a dit trois jours après son mariage : il s’est marié avec une belle américaine, mais a été très vite déçu. Pourquoi ? Sa bougie n’était pas allumée. Un jeune est venu plus tard prendre conseil auprès de lui : il était tombé amoureux d’une bonne chrétienne et avait décidé de l’épouser. John Wesley lui a dit : « Je ne t’encourage pas à l’épouser. Elle peut vivre bien avec le Christ, mais pas avec toi. – Pourquoi ? – Ta bougie n’est pas encore allumée. » Quelqu’un me demande : « Dois-je me marier ? – Ne sois pas pressé, tant que ta bougie n’est pas allumée, ne te marie pas. »

Je considère le mariage actuel comme une forme matérielle d’asservissement. Les anciens qui sont passés par ce joug disent : « Mettons à présent les jeunes aussi dans ce piège pour qu’ils voient ce que mariage veut dire ». La mère et le père ne disent pas à leur fils et leur fille qu’ils doivent allumer leur bougie, mais ils leur parlent de mariage, de vie heureuse, de promenades en carriole et en automobile. Lorsque la fille se marie, elle dit à sa mère : « Maman, ce travail s’avère très pesant. – Le mien aussi, ton père a mauvais caractère, il ne s’occupe pas bien de la maison, etc. » Et ce sont des gens pieux qui disent la vérité ! Ils disent : « Il faut marier nos fils et nos filles pour leur faire connaître la vie ». Paul dit : « Si c’est possible, il vaut mieux ne pas se marier » ; je dis : celui dont la bougie n’est pas allumée, ne doit pas se marier si possible, ce n’est pas la peine qu’un aveugle enfante des aveugles, qu’un dément enfante des déments. On rétorque : « C’est un enseignement anarchiste ! »  À mon avis il n’y a pas de plus grands anarchistes que les gens d’aujourd’hui : ils sont anarchistes par rapport à Dieu et au monde intelligent. Nous sommes des harmonistes et non des anarchistes : nous accordons les humains. Comment ? En allumant leurs bougies. Par conséquent, celui qui est désaccordé peut s’accorder uniquement si on allume sa bougie.

« Elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison ». C’est seulement grâce à cette bougie que l’homme peut appréhender avec justesse tous les phénomènes, tous les rapports entre les humains. La nouvelle lumière dans la conscience humaine leur donne la possibilité de retraiter les vieux éléments de la vie comme les plantes retraitent le dioxyde de carbone aux propriétés suffocantes. La nouvelle lumière peut retraiter tous les péchés et tous les crimes des humains, retraiter tout le karma de l’homme et y puiser la sève de la nouvelle vie. Je peux faire un essai de ce point de vue, mais le lieu n’est pas adapté ; il faut pour un tel essai une harmonie absolue et aucune opposition extérieure. Nous ferons cet essai bientôt, nous limiterons le monde dans ses manifestations négatives ; autrement dit, nous attacherons le diable ; nous attacherons non seulement le grand diable, mais aussi tous les petits diables qui le servent. Je ne le ferai pas moi-même, mais je prédis ce qui se passera.

À travers Hamlet, Shakespeare se demande : « Être ou ne pas être ? » Vous-aussi, vous vous demandez : « Me marier ou ne pas me marier ? » Si ta bougie est allumée, marie-toi, tu donneras naissance à un enfant qui portera la nouvelle lumière dans son esprit. Ceux dont les bougies brûlent ne meurent pas. « Est-ce que ma fille doit se marier ? – Si sa bougie est allumée, qu’elle se marie. » En général, ceux qui vivent avec la nouvelle lumière ne meurent pas, ils se dépouillent de leurs anciens vêtements et passent d’un monde à un autre, ils n’ont besoin ni de tombeaux ni de sépulture.

Il est temps maintenant de vous servir de la nouvelle lumière de la conscience. Chez certains la petite bougie est déjà allumée et éclaire. Sans cette lumière il est impossible de comprendre la grandeur de la vie, son sens, ainsi que vos rapports et liens à la vie passée et à la vie future. Sachant cela, ne cherchez pas quelqu’un pour allumer votre bougie et vous délivrer. Lorsque le Christ viendra, il allumera lui-même vos bougies et dira : « Que votre bougie éclaire de façon à glorifier vos œuvres devant votre Père ». Quelles seront ces œuvres ? Si vous croisez un malade, ne cherchez pas de médecin, mais posez la main sur lui et il guérira aussitôt ; lorsque vous rencontrerez un aveugle, vous mettrez la main sur ses yeux et il recouvrera la vue. Je ranimerai les jambes de chaque boiteux prêt à allumer sa bougie ; j’ouvrirais les yeux de chaque aveugle prêt à allumer sa bougie. S’ils ne sont pas prêts à recevoir la nouvelle lumière, le boiteux restera boiteux, et l’aveugle restera aveugle. Qui le Christ vivifie-t-il ? Celui chez qui brille l’intelligence divine. Au temps du Christ, tous ceux qui étaient déjà prêts à allumer leurs bougies se sont redressés et ont retrouvé la vie.

Beaucoup viennent m’implorer d’aider un malade ou un infirme. Jusqu’à maintenant je n’ai rien répondu, mais désormais je dis : allez chez l’infirme, chez l’aveugle et demandez-leur s’ils sont prêts à allumer leurs bougies. S’ils sont prêts, moi-aussi je suis prêt à les aider : je vais ranimer les jambes de l’infirme et j’ouvrirai les yeux de l’aveugle. Lorsqu’ils m’écoutent les médecins disent que c’est un mensonge ; faisons un essai pour voir qui ment. Emmenez-moi chez l’aveugle qui est prêt à allumer sa bougie pour faire un essai : je vais toucher ses yeux et il va recouvrer la vue. « Alors il n’y aura plus ni aveugles ni infirmes. » Il n’y en aura pas, certes, mais dans cette science existent aussi des exceptions : tous les aveugles ne peuvent pas recouvrer la vue et tous les infirmes ne peuvent pas remarcher. Seul celui qui est pur dans ses pensées et ses désirs peut recouvrer la vue et remarcher, seul l’être affranchi des liens du passé peut recouvrer la vue et remarcher. Il faut se purifier et s’affranchir des liens qui nous entravent.

Lorsque je parle ainsi, beaucoup me demandent : « Maintenant dis-nous la vérité : de quelle façon devons-nous nous purifier et nous libérer ? » C’est vrai, je dissimule souvent la vérité, et vous me critiquez pour cela. Je demande : pourquoi vous-aussi vous dissimulez les sucreries, quelle en est la raison ? Vous voulez les conserver. Je protège la vérité pour les mêmes motifs : elle ne doit pas être laissée entre les mains des enfants. La vérité avec laquelle je fais des expériences chaque jour ne m’a jamais déçue, toutes mes expérimentations sont réussies. Elle est à la base de la grande vie future qui vient sur terre, elle libérera les humains des limitations dans lesquels ils vivent et leur donnera satisfaction. Lorsqu’elle croise l’affamé sur sa route, elle ne l’élimine pas, mais comble sa faim. Que fait la femme enceinte ? Elle attend patiemment le jour de sa délivrance. Ne peut-elle pas jeter son enfant ? Elle le peut mais ne le fait pas. Par conséquent, donnez des conditions à l’affamé pour qu’il n’ait plus faim, à l’assoiffé, pour qu’il n’ait plus à souffrir de la soif, à l’aveugle, pour qu’il s’assagisse et recouvre la vue. Les conditions de la vie doivent s’améliorer, nous devons devenir des conducteurs de la vie nouvelle, de la lumière nouvelle.

Souvent les médecins sont en proie aux contradictions, ils ne savent pas comment aider les malades. Vous appelez un médecin, un deuxième, puis un troisième, et chacun vous prescrit des médicaments différents : les trois ont leur propre avis et ne peuvent pas se mettre d’accord. Vous convoquez un groupe de cinq ou six médecins, tous donnent leur avis jusqu’à ce que le malade trépasse. Les médecins sont pour les malades ce que sont les représentants du pouvoir pour les sociétés et les peuples : ils déterminent le diagnostic de la société, administrent des médicaments, créent différentes lois jusqu’à ce que l’anarchie la plus complète s’instaure. Vous direz que la Bulgarie doit se libérer ; elle s’est libérée il y a quarante ans, mais on lui a imposé depuis une ponction de vingt milliards de levas. Qu’en pensez-vous ? Est-ce que la vie des Bulgares a été normale, qu’est-ce que la Bulgarie y a gagné ? Les Bulgares les plus intelligents ont pris les rênes du pouvoir, mais la Bulgarie ne s’est toujours pas redressée ; celui-ci a été assassiné, celui-là a été assassiné, ils se sont fracassé les têtes les uns des autres. Vous direz qu’un tel, ou tel autre étaient des loups qui attaquaient le troupeau. Est-ce possible qu’une seule mère, la Bulgarie, ait pu enfanter des loups et des moutons ? « Un tel est anarchiste. » Comment est-ce possible ? Si c’est possible, alors j’admets qu’il y a des Bulgares de la famille des loups, des tigres, des lions, des serpents, des sangsues, des chevaux, etc. ; dans ce cas toutes les contradictions sont possibles. Mais puisque vous vous proclamez Bulgares et nés d’une même mère, il ne faut pas qu’il y ait la moindre contradiction entre vous. Vous vous prétendez travailleurs, mais mal aimés par vos voisins ; c’est ici la place du proverbe bulgare : « Marie-moi, loin d’ici, maman, que je puisse me faire passer pour un héros ».

Vous vous interrogez sur la raison des contradictions entre les Bulgares. Leur petite bougie n’est pas allumée. Durant onze ans, j’ai fait des calculs et des mesures sur la tête du Bulgare, mais je les exposerai lorsque je rendrai mon dossier sur les Bulgares. J’ai fait des observations et des études sur tous les peuples et je peux me prononcer sur eux ; je peux dire comment est le Bulgare, l’Anglais, le Français, sinon avec une précision absolue, du moins à un epsilon près. Le Bulgare a besoin de lumière divine. Et en voyant son ignorance, il n’est pas prêt à se l’avouer.

Un Bulgare se vantait à ses voisins qu’il savait bien parler le Turc – c’était à l’époque de l’occupation turque. Il leur est arrivé un jour de recevoir la visite de l’ayan[3]. Les paysans l’ont bien reçu, mais ne sachant pas parler turc, ils n’ont pas pu comprendre ses demandes. Ils se sont rappelé leur concitoyen qui disait maîtriser la langue turque ; ils l’ont appelé pour servir de traducteur à l’ayan. Le Turc lui disait quelque chose et le Bulgare l’écoutait. Les paysans se sont enquis : « Que demande-t-il ? – Il a une envie de poisson. » Les paysans se sont aussitôt dispersés partout dans le village pour trouver du bon poisson frais pour leur hôte. Ils lui ont apporté le poisson pour qu’il le donne à l’invité. En le voyant apporter du poisson, le Turc lui a demandé : « Tu te moques de moi ? Tu vas voir qui je suis ! » Et il l’a roué de coups. « Pourquoi le Turc t’a-t-il donné une correction ? – Parce que je l’ai surpassé en paroles. » Ce n’était pas vrai, le Turc lui demandait une chose et le paysan lui en apportait une autre : simplement, il ne le comprenait pas, et ne comprenait pas sa langue.

Je dis : c’est ce qui arrive avec les chrétiens d’aujourd’hui, tu leur demandes une chose, ils t’en apportent une autre. Les gens ont besoin de bougies allumées ! Lorsque leurs bougies s’allumeront, leurs affaires iront bien. La nouvelle lumière doit être utilisée aussi bien par l’individu que par la famille et par la société. Aujourd’hui le monde a besoin de bougies allumées. L’Anglais passe pour honnête et le Bulgare se distingue par sa sincérité : il donne son avis les yeux dans les yeux, puis il dit : « J’ai exposé les choses comme elles sont, je n’ai pas caché la vérité ». C’est bien de dire la vérité à quelqu’un, mais il faut savoir comment la dire, comment la planter. Que deviendra la graine si tu la plantes trop profondément ? Elle ne germera pas. Donc, si tu dis la vérité, tu la diras au bon moment et au bon endroit : plante la graine à un tel endroit et à une telle profondeur, pour qu’elle puisse germer à temps et porter son fruit.

Ainsi, concentrez-vous entièrement sur l’acquisition de la nouvelle lumière. Lorsque le Christ prônait la vie vertueuse aux gens, il avait en tête ce combustible nécessaire pour le maintien de la vie des humains. C’est uniquement par la vie vertueuse, par la nouvelle lumière que l’homme peut s’affranchir des résidus accumulés dans son passé. La nouvelle lumière ne sera plus sous le boisseau, il faut que quelqu’un vienne de l’extérieur pour soulever le boisseau, mettre la bougie sur le chandelier pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison. Lorsqu’on dit que quelqu’un a tourné un autre vers Dieu, cela veut dire qu’il a soulevé le boisseau qui couvrait la bougie allumée ; on ne peut pas convertir d’une autre façon. Tu dis à quelqu’un : « Je t’ai fait te retourner » ; c’est erroné, personne ne peut retourner personne. À mon avis, seul le mort peut être retourné, jamais le vivant : si quelqu’un meurt, ses proches le tournent d’un côté ou de l’autre ; le vivant se retourne tout seul.

Le Christ dit : « Que vos visages brillent afin que celui qui les voit, glorifie le Seigneur ». Maintenant, quels que soient vos chagrins et vos souffrances, recueillez-vous et voyez ce que vous pouvez faire pour cette petite bougie, faites un essai avec elle pour voir comment l’amplifier. Faites d’abord une expérience avec la toile d’araignée pour voir combien de fils sont nécessaires pour tisser une corde capable d’attacher des buffles. Avez-vous compté le nombre de fils nécessaires pour tisser une telle corde ? Vous direz que c’est une tâche ardue ; si c’est ardu, combien plus ardu est l’enseignement que je vous prêche. Vous allez longtemps tourner, épeler, jusqu’à apprendre à parler et lire, jusqu’à atteindre la vérité. Est-ce à moi d’apporter la nouvelle lumière dans votre esprit ou bien devez-vous vous-même l’accueillir ? Faut-il ensuite que je vous explique ce qu’est la lumière ? Lorsque la lumière pénètre votre esprit, vous savez déjà ce qu’elle représente. Vous dites : « Le savant a déjà déterminé ce qu’est la lumière, pas la peine de nous l’expliquer ». Autant la sage-femme qui accompagne l’accouchée enfante elle-même, autant le savant peut expliquer la lumière. Les scientifiques ont déterminé la vitesse et le temps du voyage de la lumière du soleil à la terre et rien de plus ; la lumière ne peut pas s’expliquer par elle-même. Vous dites qu’elle a un certain nombre de vibrations par seconde, mais ces données ne sont pas exactes du point de vue de la nouvelle science. Si vous venez à la nouvelle théorie de la lumière, la science actuelle se retournera tête en bas, vous perdrez la boussole de votre vie et vous direz : « En quoi croire à présent ? » Je réponds : que l’ancien reste à sa place. Aspirez au nouveau. Vous savez déjà ce que la lumière représente, vous connaissez son nombre de vibrations par seconde, vous savez que dans chaque vibration il y a une oscillation en haut et une oscillation en bas. Expliquez-vous du point de vue de la nouvelle science la raison des vibrations de la lumière et la raison de chaque oscillation.

Les vibrations sont dues à certaines contradictions dans la nature. Selon un savant anglais, l’éther est un plan rugueux ; voilà pourquoi la lumière en le traversant oscille vers le haut ou vers le bas, ce qui forme ses vibrations. C’est une hypothèse, et même sans elle les humains comme les animaux savent ce qu’est la lumière : elle rend les objets visibles, clairs, elle dévoile les choses au regard humain. En ce qui concerne la lumière, chacun a son vécu et sait ce qu’elle est. Tu vois quelqu’un et tu dis : « Il a tels yeux, telle taille, tels bras et telles jambes », tu le décris, tu le connais à partir de sa description, mais lorsqu’il meurt, il laisse tous ses organes sur le plan physique et alors tu ne peux plus te l’imaginer. Partant de là, je dis : « La lumière existe dans notre esprit grâce à un certain nombre de vibrations, mais elle existe aussi sans ces vibrations, elle se manifeste autrement, en dehors du plan physique.

Revenons maintenant à la lumière qui se manifeste à travers l’esprit humain. Cette lumière rend l’expression des yeux douce, claire et pure, elle donne une beauté et un éclat à la bouche. Sans elle la bouche humaine est privée de magnétisme, de vitalité, c’est la bouche du lépreux, d’une victime de maladie incurable. Il est dangereux de serrer la main à ces malades, il est dangereux de s’exposer à leurs regards. Les gens souffrent de la bouche, des mains et des yeux, ils se contaminent entre eux.

« Et il a mis la bougie sur le chandelier pour éclairer tout le monde ». Pourquoi cette bougie doit-elle brûler ? Pour montrer à tous comment il faut vivre. Le Christ a donné un exemple à ses disciples, aux premiers chrétiens. Le premier enseignement du Christ s’est perdu, ce qui fait que les gens se tournent vers Dieu, mais ne sont pas sauvés. On tient une statistique en Amérique pour savoir combien de personnes se tournent chaque année vers Dieu ; ils se tournent vers Dieu, mais quelques années après ils reviennent aux vieilles habitudes : quelqu’un a renoncé à boire du vin, mais cinq ou six mois plus tard, il s’est remis à boire. Pour retourner quelqu’un il faut allumer sa petite bougie : il se tourne vers son âme, c’est-à-dire vers le centre de la véritable attraction intérieure. La petite lumière intérieure modèlera nos organes sensoriels et grâce à la petite bougie vous vous débarrasserez facilement de vos mauvaises habitudes. Il y a des fleurs dans la nature dont l’odeur est capable de vous libérer de certaines mauvaises habitudes : il suffit de regarder certaines teintes florales à des heures précises de la journée pour que votre esprit se réorganise, ces teintes agissent de façon magique et rendent l’individu plus sage. Pendant des années les fleurs attendent la visite de personnes aux bougies allumées : lorsqu’elles leur rendent visite, les fleurs leur disent : « Nous pouvons vous confier la grâce que Dieu nous a donnée ».

La grâce divine ne vient pas de l’extérieur, elle est cachée dans la nature, dans les pierres, les plantes, les sources, l’air et la lumière. Il y a des pierres précieuses dont la force est encore aujourd’hui cachée aux humains. De l’extérieur les pierres paraissent ordinaires, mais leur force est à l’intérieur ; si vous portez une telle pierre en vous, vous serez bien disposés et bien portants. La pierre vous transmettra sa force de son plein gré. Pourquoi ? Parce que votre bougie est allumée. Il y a dans la nature des sources aux caractéristiques particulières que même les scientifiques ne connaissent pas encore ; celui qui boit de ces eaux, vainc facilement ses maladies. Lorsque le Christ a dit à la samaritaine qu’il lui ferait boire de l’eau vivante pour ne jamais avoir soif, il parlait d’une eau aux propriétés spéciales ; c’est une grande vérité. Vous demandez où est cette eau. Je vous demanderai : « Est-ce que votre bougie est allumée ? – Elle est allumée. » Nous vous soumettrons à l’examen pour vérifier si ce que vous avancez est vrai. Nous faisons confiance aux gens, mais notre loi prévoit de soumettre à l’examen chaque personne, de la faire passer par le tamis le plus fin pour sortir d’elle tous les diables. C’est la seule manière de vérifier les forces qui se dissimulent en elle ; elle fera ainsi la différence entre sa vie passée et sa vie actuelle. La différence sera énorme comme celle entre la vie de l’individu libre et celle du bœuf attelé. Vous êtes des bœufs attelés, mais vous vous dites libres. Non ! vous n’êtes pas encore libres. Dans la nouvelle vie les rapports entre les gens seront tout autres, alors vous serez de vrais individus. Vous m’excuserez, mais je ne vous appelle pas encore de vrais individus ; je ne me conforme pas à vos étiquettes en disant que vous n’êtes pas des individus : vous êtes d’anciens individus, pas des nouveaux. Le nouvel individu ouvre les yeux de l’aveugle, remet les jambes des boiteux, aide les pauvres, c’est le meilleur serviteur de l’humanité. Le nouvel individu n’arbore pas de diplôme extérieur, il n’étudie nulle part, ne termine aucune école, mais il est constamment soumis à l’examen. Lorsqu’il vient auprès de moi, il dit : « Je suis un spécialiste » ; si c’est ainsi, nous te donnerons une tâche ardue ; il résout cette tâche avec succès. Chaque tâche est un examen : on commence par un examen et on finit par un examen.

Il est dit dans les Écritures : « Crois en le Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé ainsi que ta maison ». Je traduis ce verset : Allume dans ton esprit la petite bougie du Seigneur Jésus Christ pour être sauvé toi et ta maison. Le Christ dit : « Je suis la lumière du monde » ; donc, si ta petite bougie est allumée, tu portes le Christ en toi, tu es un avec lui, tu penses comme lui, c’est cela le sens de la vie.

« Crois et tu seras sauvé comme ta maison. » Que la foi reste l’apanage des anciens temps. Je ne désavoue pas la foi, mais je m’adresse à la nouvelle humanité et je dis : ayez l’esprit du Christ, portez allumée la petite bougie. « Qu’adviendra-t-il de nous ? » Il adviendra ce qui n’est jamais encore advenu. Beaucoup disent : « C’est curieux les encouragements de celui-ci, il veut nous faire peur, nous tromper, mais nous ne laisserons pas tromper ». Comment vous tromper alors que vous vous êtes déjà trompés vous-mêmes : je vois vos vêtements déchirés, vos portefeuilles vides. Vous dites que vous avez des connaissances, mais ce n’est pas le cas, vous dites que vous avez votre propre maison, mais vous n’en avez pas ; vous êtes des esclaves de la mort qui vous arrache chaque jour la peau pour en faire des lanières. Vous n’êtes pas cultivés. Vous avez besoin de quelqu’un qui soulève le boisseau pour permettre à la bougie de briller librement. Si le boisseau est soulevé, en dix ou vingt ans vous acquerrez une nouvelle culture comme le blé qui pousse et mûrit en quelques mois.

Maintenant, pardonnez-moi de parler un peu sévèrement. ! Je veux que vous vous libériez de vos enveloppes pour ne garder que le bouton floral. La lumière ne fait-elle pas de même ? Elle tambourine sur les boutons des plantes pour que la fleur sorte. Vous n’entendez pas les coups qu’elle porte, mais les connaissez-vous ? Les coups portés sur les boutons floraux sont forts, ils les délivrent, ils font s’épanouir les fleurs. Les coups de la lumière jettent ce qui est mauvais dehors et extraient le bien qui se trouve à l’intérieur. Par conséquent, si la lumière divine vient sur l’homme, elle sortira le mauvais de son esprit et ouvrira un chemin pour le bien qui se trouve dans son âme.

J’aimerais corriger l’expression que j’ai employée : j’ai dit que vous n’êtes pas des individus ; qu’est-ce que j’entends par ces mots ? Que vous ne vous êtes pas manifestés en tant qu’humains. Le grain de blé non plus ne se manifeste pas tant qu’il est dans la grange ; s’il est semé, il se manifestera. Vous aussi, vous vous manifesterez lorsque vous serez semés. Un autre a pris votre richesse, un autre s’est emparé de votre esprit, votre âme est déposée en gage quelque part. Lorsque vous vous manifesterez vous direz : « Je veux racheter tout ce que j’ai gagé, je veux reprendre la richesse que mon Père m’a donnée ». Et maintenant, quand vous reviendrez chez vous, recherchez votre richesse ; n’attendez pas que votre père terrestre meure, mais prenez-le à la gorge et dites-lui : « Papa, ma richesse est gagée en toi : mon intelligence, mon cœur, mon âme, je veux que tu me les rendes. – Attends un peu, lorsque tu te marieras, nous te les donnerons. – Non, je veux les avoir maintenant, je me marierai seul. » Je dis : la nouvelle lumière vient, elle changera les rapports entre les humains, elle créera de nouveaux rapports.

Pas la peine de nous occuper des animaux inférieurs, nous les laisserons de côté ; pas la peine d’exterminer les chenilles, trouvez plutôt un moyen pour qu’elles ne se multiplient pas excessivement. Une connaissance me racontait avoir lu quelque part quelque chose sur les nouvelles découvertes des scientifiques : un savant a trouvé le moyen de concentrer les microbes jusqu’à ce qu’ils se transforment en une substance permettant de confectionner des parures, principalement des ceintures pour les femmes. À l’avenir la femme portera une ceinture faite des microbes des maladies les plus redoutables ; qu’un homme essaie alors de vexer la femme, elle lui dira : « Sache que je peux te frapper avec ma ceinture ». Je pense que les savants sont sur la bonne voie : au lieu que les humains souffrent du choléra et de la peste, il vaut mieux utiliser ces microbes au service de l’humanité. La nouvelle science positive attèlera le mal au travail. Vous direz que seuls les savants peuvent faire ce travail ; non, chacun peut mettre les microbes au travail.

Ainsi, les vibrations de la nouvelle lumière descendront dans les régions inférieures de la vie humaine et libéreront une fois pour toutes les humains des perturbations auxquelles ils se heurtent quotidiennement. Est-ce vrai que nous pouvons nous libérer de ces conditions ? Celui qui a une bougie allumée peut se libérer facilement. Je peux allumer la bougie de chacun, il me suffit de gratter une allumette pour allumer cette bougie qui brûlera perpétuellement. Certains gardent encore leur bougie sous le boisseau, mais le Christ dit que celui qui est intelligent et qui a allumé seul sa bougie ne la met jamais sous le boisseau. Les savants disent que les bougies allumées sont les nouvelles idées qui transformeront le monde. Que la lumière de ces idées puisse resplendir !

Vous dites : « Lorsque nous irons de l’autre côté, nous y apprendrons tout, nous y comprendrons la vérité ». Si vous n’aspirez pas à la vérité sur terre, vous n’y aspirerez pas non plus de l’autre côté ; si vous avez un élan ici, vous l’aurez aussi de l’autre côté. Par conséquent, aussi faible que soit votre aspiration à la vérité, appliquez-la tant que vous êtes sur terre. Cherchez la vérité, soyez prêt à vendre tout pour la moindre pierre précieuse. Êtes-vous prêts aussi à vendre tout pour acheter cette petite bougie ? Vous dites : « Marions nos enfants, au moins ils seront quitte de leur karma ». Ne vous occupez pas du karma, cela fait deux mille ans que vous liquidez votre karma et vous y êtes encore. Un autre liquidera votre karma, un autre résoudra cette question. Vous demandez : « Est-ce que notre karma est mûr à point ? » Il est mûr et même trop mûr,  vous devez tous le savoir. Si vous attendez encore cinquante ans que votre karma mûrisse, vous êtes perdus : votre évolution s’arrêtera, vous perdrez les conditions bénéfiques pour votre développement. Il n’y a pas de temps à perdre, liquidez tout dès maintenant. Débarrassez-vous de tout doute, de tout ce qui est négatif. Trouvez la bougie et allumez-la : elle insufflera en vous les nouvelles idées.

Le Christ dit : « Lorsque viendra l’Esprit de la Vérité, il vous enseignera tout ». L’Esprit Divin qui vient maintenant dans le monde insufflera en tous la nouvelle lumière. Qui tous ? Tous ceux qui sont prêts à allumer leur bougie. Vous direz que des miracles se produiront alors dans le monde. Ces miracles sont semblables aux voix qu’Élie a entendues dans la montagne : il a compris alors comment le monde se redressera et il a couvert son visage. Que signifie le geste de se couvrir le visage ? Être quitte avec ce monde. Élie a trouvé ensuite Elisée pour lui laisser son manteau, puis il est parti. Élisée en prenant le manteau d’Elie a frappé la rivière et a dit : « Au nom du Dieu d’Élie je traverserai la rivière ». Élisée a saisi la loi qui équilibre les forces opposées : là où il passait, tout s’arrangeait grâce au manteau d’Élie.

Lorsque la petite bougie s’allumera, vous entendrez alors la voix de Dieu, vous laisserez alors votre manteau et vous couvrirez votre visage ; cela signifie d’assimiler l’enseignement du Christ et de dire : « Au nom du Seigneur Jésus Christ je traverserai la rivière ». Le Christ dit : « Je vais chez mon Père et chez votre Père ».[4] De qui s’agit-il ? De ceux dont la bougie est allumée. Le Christ a dit à ses disciples : « Allez dans le monde, allumez les petites bougies et prêchez mon enseignement », mais le diable est venu ensuite et a déformé l’enseignement du Christ, il a déposé en lui ce qui ne correspond pas à la vérité. Aujourd’hui, parmi les chrétiens il y a des gens simples et des gens érudits, des gens nobles et des gens sans noblesse. Le véritable chrétien est noble s’il sait comment agir envers son prochain.

Un pauvre paysan est allé rendre visite à un prédicateur évangéliste dans la région de Svichtov[5] avec une demande d’aide. Le prédicateur l’a bien reçu, il lui a donné à manger et l’a invité à se reposer dans un lit chaud et douillet. La femme du prédicateur s’est montrée extrêmement mécontente de son mari et a demandé au paysan : « Quand es-tu venu ? – Aujourd’hui. – Alors, retourne chez toi porter nos sincères salutations. » Comme les vêtements du pauvre paysan n’étaient pas propres, le prédicateur n’était pas prêt à le retenir plus longtemps chez lui : il craignait sa femme.

Je dis : à bas la fausse aristocratie, à bas la fausse grâce et la fausse noblesse ! J’aimerais qu’il y ait plus de Bulgares semblables à ce pauvre paysan. Il y a dans les villages plus de Bulgares comme ça que dans les villes : ils sauveront la Bulgarie. Si les Bulgares suivent l’ancien chemin, leurs affaires ne s’arrangeront pas, mais s’ils acceptent le nouvel enseignement et allument la petite bougie, toutes leurs affaires iront bien. Si le clergé allume toutes les bougies des gens, le poids des réparations[6] s’effacera d’un coup. Alors qu’à présent ils sont les premiers mécontents, les premiers à s’insurger contre l’injustice. Assez de complaintes : ne prononcez pas le nom du Seigneur en vain, ne parlez pas d’argent. Il est dit : « Malheur aux prédicateurs et aux religieux qui travaillent avec de l’argent ». Si les prêtres n’allument pas les bougies des gens, les gens simples viendront et ils les allumeront. Mais il n’y aura pas alors de prêtres, le peuple s’acquittera de la mission des prêtres, des prédicateurs et des enseignants : ce sera leur punition. Vous vérifierez tous mes paroles, vous vous rendrez compte si ce que je dis est juste. Dites-le aux prêtres et aux prédicateurs ; s’ils ne m’écoutent pas, je me dégagerai de toute responsabilité, désormais c’est le Seigneur qui leur parlera. Et vous parlerez à vous-même, moi je ne vous parlerai pas.

J’attends maintenant de vous la pureté. Je n’apprécie pas les agissements de beaucoup parmi vous. Beaucoup de vos actes ne sont pas méritoires et c’est pourquoi je suis dénigré de toutes parts. Je me dégage de toute responsabilité : aucun crime ne doit être commis en mon nom. Celui qui veut servir quelqu’un, qu’il serve le Seigneur vivant, Dieu de tous les peuples, Dieu de l’amour. Sers ton âme, sers ton prochain. Je n’ai pas besoin d’être servi. Le Christ dit aussi : « Je n’ai pas besoin de vos bougies, de votre encens, le clergé ne doit pas porter de tenues précieuses en mon nom, que chacun tende la main à son frère pour vivre en amour et en vérité ».

Je dis : si les Bulgares comme tous les autres peuples n’acceptent pas le nouvel enseignement qui leur est prôné aujourd’hui, ils n’ont aucun avenir devant eux. Rappelez-vous : aucun foyer n’a d’avenir s’il n’accueille pas le nouvel enseignement ; aucun parti n’a d’avenir s’il n’accueille pas le nouvel enseignement ; aucun peuple n’a d’avenir s’il n’accueille pas le nouvel enseignement. Tous doivent accueillir l’enseignement de l’amour, de la justice et de la vérité, non pas en apparence, mais intérieurement, pour vivre en frères, comme des enfants d’un même Père.

Lorsque je parle sévèrement ne pensez pas que je vous réprimande. Je vous dis d’allumer votre bougie, de laisser une place au Seigneur vivant en vous, de goûter Sa douceur. Dieu n’est pas comme les prédicateurs Le présentent. Avec tout ce que je vous ai dit sur le Seigneur, je n’ai même pas encore abordé une millionième de Sa douceur. Le Seigneur est grand dans Ses actes, Il est vivant, Il redressera le monde. Ne vous opposez pas à la grande vérité qui vient maintenant dans le monde. Soyez comme le grain de blé, tirez profit de la lumière et de la chaleur et Dieu vous bénira. La pureté spirituelle vous est demandée : vous libérer de toutes les discordes et malentendus entre vous. Hommes et femmes, tous doivent être purs. Cela ne veut pas dire qu’ils ne doivent ni manger, ni boire, ni avoir de désirs ; tu peux éprouver des plaisirs, mais qu’ils soient légitimes, que toi comme tes proches en soient satisfaits ; si tu as honte de ce que tu fais, ne le fais pas. Fais tout consciemment, selon la loi du sacrifice ; ce qui ne veut pas dire de vivre comme un moine, mais selon la loi de la liberté, comme vivent les anges : c’est cela vivre en harmonie.

Je vous souhaite de recevoir la bénédiction du Seigneur vivant, qu’Il vous guide, qu’Il vous enseigne.

Maintenant, je vous laisse vous reposer quatre à cinq mois. Pendant ce temps je vais faire des prêches à moi-même pendant que Dieu vous enseigne. J’irai un certain temps au milieu de la nature pour faire des observations scientifiques. Il y a à Sofia pas mal de prédicateurs, vous pouvez aller les écouter ; je ne dis pas que je dois être le seul qu’il faut écouter. Vous êtes libres de vos mouvements : allez au théâtre, aux concerts, en promenade, là où le cœur vous dit. Nous ne mettons pas de barrières sur le chemin des gens, nous ne les contraignons pas, nous les laissons libres.

Les gens d’aujourd’hui doivent pleurer un peu comme les enfants. Le monde a besoin de la pluie. Lorsque la pluie tombera et passera, tout finira bien.

Sofia, 9 mai 1920

Traduit par Bojidar Borissov


[2] 1 Pierre 5, 5

[3] Notable turc, chargé dans les provinces de veiller à la sûreté des particuliers

[4] Jean 20, 17

[5] Svichtov – petite ville en Bulgarie du Nord, située sur les rives du Danube.

[6] Il est question ici des lourdes réparations dont la Bulgarie a dû s’acquitter face aux Alliés après la Première Guerre Mondiale, étant dans le camp des perdants aux côtés de l’Allemagne.

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