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1920_04_25 Ami et serviteur


Ani
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Ami et serviteur

« Je ne vous appelle plus serviteurs,

parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;

mais je vous ai appelés amis,

parce que je vous ai fait connaître

tout ce que j'ai appris de mon Père [1]».

Jean 15 :15

Je m’arrêterai seulement sur deux aspects de ce verset : serviteur et ami. Le mot serviteur signifie limitation, il est porteur du sentiment de peur. Le serviteur ne peut pas avoir une pensée personnelle, il ne peut pas avoir d’opinion, il ne peut pas avoir sa philosophie, tout lui est imposé. Le Christ dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père ». Et si vous demandez à nos contemporains s’il y a un au-delà, ils diront : « Nous ne savons pas. – D’où venez-vous ? – Nous ne savons pas. – Pourquoi êtes-vous venus sur terre ? – Nous ne savons pas, nous savons seulement que nous mangeons trois fois par jour, nous nous couchons, nous nous levons, nous voyageons, nous nous battons, nous nous entretuons, mais pourquoi, nous l’ignorons, seul le maître le sait. »

Cela ne concerne pas seulement le monde dit incroyant, mais aussi les religieux qui se combattent et s’entretuent. Certains diront que les religieux sont pieux. Les croisades, l’inquisition montrent le degré de piété et de culture des religieux ! Ce sont des gens ignorants avec des titres de serviteurs pieux.

Le Christ dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis, car je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père ». Un ami est celui avec qui tu peux partager tes pensées, dévoiler ton cœur, réfléchir à des sujets philosophiques et échanger. Par conséquent, lorsqu’on fonde une société religieuse basée sur la servitude et l’obéissance, tous disent : « Nous devons obéir. – À quoi ? – À tout ce qui nous est dit. » On dit de quelqu’un : « C’est un excellent serviteur ». Pourquoi ? Parce qu’il fait tout ce qu’on lui ordonne. Alors qu’une société religieuse fondée sur l’amitié exige qu’on observe le précepte suivant : « Je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père ».

Bien entendu, nos contemporains ne savent pas ce que le Christ a dit à ses disciples, et ils pensent que toutes ses paroles se rapportaient au salut ; ils affirment à présent : « Crois que tu seras sauvé ainsi que ta famille ». Mais le salut est une science pour les gens malades, et les désireux de se sauver, je les envoie à l’hôpital. Les médecins sont les porteurs du salut et ils étudient toutes les méthodes et tous les principes par lesquels guérir les gens de leurs maladies. Tu lui parles de réforme sociale et de vertus et il te demande : « Es-tu sauvé ? » Je lui dis : « Puisque tu me parles de salut, c’est que tu es encore à l’hôpital et tu n’es pas sauvé, mais si tu en sors, tu seras sauvé. » Alors, une fois que tu es sorti de l’hôpital, quel intérêt as-tu de t’en soucier encore ? Ce qui vient après le passage à l’hôpital, c’est l’école ; c’est donc l’école qui est la place des gens bien portants. Je ne m’occupe pas des hôpitaux, c’est pourquoi, lorsque quelqu’un tombe malade, je l’envoie à l’hôpital pour qu’il trouve là son salut, et lorsqu’il recouvre la santé, je l’envoie à la grande école pour qu’il s’instruise. Ainsi, l’école est pour les bien portants et l’hôpital pour les malades. Lorsqu’on quitte l’hôpital, on doit aller travailler dans le monde, mais pour le quitter, il faut avoir des connaissances de base sur la grande nature vivante.

En quoi consiste cette vie sur laquelle nous avons maintenant des notions, comment est-elle apparue sur terre ? Personne ne le sait. Notez que je n’aborde pas non plus cette question, mais je parle de ses manifestations, de ses formes, de son essence. Donc l’univers et ses formes est un grand organisme vivant où se manifeste la vie. Cette vie peut être purement mécanique, c’est-à-dire sans que l’être humain y prenne part, mais elle peut être aussi psychique avec une participation de l’être humain. En tant que serviteur, tu ne peux pas prendre part à la vie ; mais en tant qu’ami tu y prendras part. Entre deux amis il y a un échange non seulement de pensées mais aussi de sentiments, alors qu’entre un maître et son serviteur seule la force brute s’applique : le maître ordonne au serviteur de faire ceci ou cela. Lorsque le maître mange, le domestique doit se tenir debout, sans penser à lui-même, se tenant prêt à tout moment à faire la volonté de son maître. Et lorsque les contemporains me parlent du Seigneur, du Christ, de l’autre monde, ils cachent en réalité un enseignement mensonger qu’ils servent. S’ils prônent le Christ, mais maintiennent leur servitude, c’est un enseignement mensonger et dangereux pour le monde ; le Seigneur est dégoûté d’un tel enseignement. Et lorsque nous prônons un enseignement fondé sur l’amitié, nous devons savoir en quoi il consiste pour l’appliquer, et savoir de quoi il parle, et pourquoi.

Il ne faut pas ressembler à ce prédicateur noir américain qui prônait que Dieu avait créé l’homme et l’avait ensuite laissé sécher trois jours sur une palissade. On lui a demandé : « Mais comment Dieu a-t-il créé cette palissade ? – Ce n’est pas votre affaire ! a-t-il répondu. »

Chaque organisation, chaque système, c’est une palissade sur laquelle le Seigneur fait sécher aujourd’hui nos contemporains. Lorsque nous demandons d’où vient cette palissade, on nous répond : « Ce n’est pas votre affaire ». Alors qu’il est bien plus simple d’expliquer comment a été faite la palissade plutôt que l’homme. Je peux vous expliquer plus facilement l’édification de la palissade plutôt que l’apparition de l’homme. On vous dit maintenant : « Ce n’est pas votre affaire », mais vous restez comme des serviteurs et vous attendez des ordres : ce n’est pas un nouvel enseignement, ce n’est pas un enseignement divin. L’enseignement divin sous-entend un accord entre les esprits et les cœurs des humains. S’il y a cet accord, le Christ est en vous et vous dira tout ce qu’il a entendu de son Père. Sans cet accord, vous serez des serviteurs et ne comprendrez pas le sens intérieur de la vie. Alors la vie s’exprimera comme une nécessité, comme une perpétuelle souffrance et de ce fait vous dites : « On nait pour souffrir ». Nous souffrirons uniquement jusqu’à ce que nous apprenions toutes les situations où la servitude doit se muer en amitié, car c’est nous-mêmes qui nous imposons cette servitude.

Le Christ dit : « Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai dit ». Bien, mais si je commence à vous raconter tout ce que j’ai entendu de mon Père, vous direz comme ce Turc : « Si cela était vrai, ce serait un formidable mensonge ». Les Bulgares aussi, lorsqu’ils veulent dire de quelqu’un qu’il sait beaucoup, déclarent : « Il sait mentir à son monde ». Donc pour les Bulgares chaque érudit est un menteur.

Arrêtons-nous sur ces deux aspects : servitude et amitié. La servitude est fondée sur la peur, et tous les enseignements contemporains reposent sur cette peur depuis la nuit des temps jusqu’au nouvel enseignement, celui de l’amitié. Si je croise quelqu’un, je lui demanderai : « Es-tu orthodoxe ? – Oui, je suis orthodoxe. – Es-tu serviteur dans l’Église ou ami ? Sais-tu quelque chose ? – Non, ce sont les prêtres qui savent, ce sont les autres qui savent. – Alors tu es un serviteur orthodoxe. »

Je croise un autre et je lui demande : « Qu’est-ce que tu es ? – Évangéliste. – Comprends-tu quelque chose de ce que tu écoutes ? – Non, ce sont ceux qui interprètent qui savent. – Alors tu es aussi un serviteur dans l’église évangéliste. » Nous pouvons affirmer ainsi que tous sont des serviteurs.

Lorsque certains se croisent, ils se mettent à débattre pour déterminer qui sait plus et disent : « Notre prédicateur dit ceci, notre curé dit cela » etc. Ils débattent et débattent jusqu’à en venir aux mains pour montrer que tel maître est plus savant. Ce bienfait que Dieu t’a donné et cette lumière qui sort du soleil doivent être identiques pour tous. De même l’enseignement divin doit être identique pour tous. Laisse chacun se développer librement, fut-il perce-neige, églantier, rose ou autre chose. Car si tu l’entraves, tu ressembles à cet âne qui en cherchant sa pitance, a piétiné toutes les fleurs dans le champ.

Chacun de nous doit se poser la question : « Est-ce que je suis serviteur ou ami ? » Je vous parle comme à des amis, et non comme à des serviteurs. Je ne reconnais qu’un pouvoir dans le monde : le pouvoir divin, je reconnais un seul pouvoir, le pouvoir de l’amour, je reconnais un seul pouvoir, le pouvoir de la sagesse, je reconnais un seul pouvoir, le pouvoir de la justice, je reconnais un seul pouvoir, le pouvoir de la vertu. Tout autre enseignement qui ne serait pas fondé sur ces principes est une tromperie que le monde a expérimenté et qu’il peut toujours expérimenter. Toutes ces effusions de sang, tous ces troubles dans les sociétés sont dus à cet enseignement mensonger qui n’est pas fondé sur ces vertus.

Si je vous disais ces deux choses : hais et aime et ne hais pas et n’aime pas que comprendriez-vous à travers ces deux propositions ? Ce sont deux grandeurs mathématiques. Comment interpréterez-vous les mots ne hais pas et n’aime pas ? Ils représentent une grandeur négative avec un moins, mais montrent un principe positif et signifient : n’aime pas la haine avec laquelle tu hais car en l’aimant tu la renforces. Dans la seconde situation les mots hais et aime signifient : hais le mal et pour haïr le mal, il faut haïr l’amour, ce qui te fera guérir. C’est seulement lorsqu’on hait l’amour, que l’on trouve la vie. Maintenant, vous vous trouverez dans une contradiction et vous direz : « Drôle de chose ! » Mais c’est ainsi que vous démarrez dans la vie : vous haïssez quelqu’un pour le forcer à vous aimer ; c’est un principe commun, une manière de faire dans le monde. Et c’est vrai que lorsque vous haïssez quelqu’un, il commence à vous aimer, il transforme cette force et vous l’obligez à travailler pour vous.

Je vous donne deux termes modernes, utilisés par les partis politiques modernes : production et consommation. Celui qui produit plus et consomme moins s’enrichit alors que celui qui produit moins et consomme plus se retrouve dans la misère ; donc pour devenir plus riches, nous devons consommer moins. Mais, lorsque les marchés sont saturés et qu’il y a moins de consommateurs que de producteurs, cela engendre une crise pour certains articles. Aujourd’hui par exemple, il y a une surproduction de beurre. Il ne faut produire ni trop ni trop peu : la nature ne le tolère pas, il faut produire exactement ce qui est nécessaire à la consommation. Je l’applique en mathématiques de la manière suivante : la distance la plus courte entre deux points est la ligne droite. Pourquoi est-ce ainsi ? On répond : « C’est un postulat mathématique ». Ce n’est pas ainsi pour cette raison seulement, cette ligne droite vérifie une loi : une force agit le long de cette ligne droite, elle veut économiser du temps et de l’espace, et pour cela elle choisit la distance la plus courte.

Il faut donc choisir la ligne droite pour économiser de l’espace et du temps ; la ligne droite est la loi de l’économie de l’espace et du temps dans lesquels nous vivons, et c’est ainsi un moyen d’économiser de l’énergie. Si nous choisissons une ligne plus longue, nous consommerons plus de temps, plus d’espace et donc plus d’énergie. J’ai dit à beaucoup d’économiser de l’énergie et de dépenser du temps, mais la vie la plus raisonnable est de pouvoir dépenser du temps, de l’espace et d’énergie dans les mêmes proportions. La ligne droite est aussi la distance la plus courte qui unit la servitude et l’amitié. Si on emprunte un chemin détourné de la servitude à l’amitié, alors il contournera ces deux points pendant des millénaires. Nous devons donc résoudre la question ainsi : choisir la distance la plus courte entre la servitude et l’amitié et en faire notre chemin qui sera la ligne droite.

Il y a en vous tous une énergie d’insinuation, accumulée depuis des millénaires, comme une impulsion ; elle est dans notre existence, encore inorganisée et doit être transformée. Cette énergie ne peut se transformer que si nous devenons des amis et si nous apprenons ces grandes lois qui sont à l’œuvre dans l’amitié. Prenez par exemple la loi de l’amour. Nos contemporains pensent qu’ils ont appris la loi de l’amour, mais ils se trouvent à peine dans les débuts de cet amour sublime. La jeune fille qui songe à se marier se crée d’abord un idéal et vit avec lui, elle commence à se parer, à se maquiller, à se contempler dans le miroir où elle se voit elle-même et son idéal aussi ; elle s’embellit de jour en jour jusqu’à se marier. Elle se marie, et cette illusion disparaît : les enfants apparaissent, ils ne comprennent pas sa philosophie et entament leur vie par le b-a-ba. La mère fait reposer tous ses espoirs sur eux et se dit : « Eux au moins comprendront ma philosophie », mais ils grandissent et comme leur mère, se tiennent devant leur miroir. Les gens se tiennent depuis des millénaires devant le miroir en disant : « Mon fils et ma fille apprendront cet art : comment vivre », mais le miroir finit par se briser.

Ne mariez pas vos fils et vos filles de cette façon, mais enseignez-leur à être amis et non serviteurs. La mère apprend à sa fille à bien s’habiller, à se parer de chapeaux à la mode, à se mettre des chaussures dernier cri, mais ne lui donne pas ce qui est le plus substantiel dans la vie. Lorsque la fille se marie et se trouve malheureuse, la mère s’en étonne. Pourquoi t’étonnes-tu puisque toi-même tu n’as pas appris l’art de l’amitié. Le monsieur qui vient pour ta fille est comme ce maquignon qui vient acheter une vache. Il vient, on lui montre la vache, il lui palpe l’échine, la scrute de ci de là, et enfin finit par l’acheter ; tout le monde est content d’avoir vendu la vache. Demain, votre vache sera usée et vous en chercherez une autre pour la remplacer. C’est la même chose avec vos filles : vient un monsieur qui veut se marier avec votre fille, il la prend, mais dès le lendemain il la revendra. Moins de cinq ans plus tard, rien ne reste de votre fille, elle ne ressemble plus à cette belle Ganka[2] : ses courbes ont disparu, son dos est voûté, ses dents sont gâtées. C’est un fait que je peux vous prouver ; je dis : votre Ganka est usée. Vous vous dites : « Enseignons-lui le salut pour qu’elle se délivre ainsi que son foyer ». Mais comment ? « Qu’ils aillent à l’église et qu’ils prient Dieu. » Et vous, en restant depuis tout ce temps à l’Église, avez-vous trouvé quelque chose ? L’Église est la société la plus intelligente, la plus parfaite qui doit te rendre extraordinaire si tu y entres. Ce n’est pas un édifice fait de pierres, soyons clairs là-dessus. On me demande souvent : « Vas-tu à l’église ? – Je n’y vais pas. – Tu n’es donc pas chrétien ? – Je ne le suis pas, je ne suis pas un chrétien qui croit aux pierres. » On dira : « Voici un homme qui n’a pas les pieds sur terre ». Eh bien, vous les gens les plus spirituels, les plus intelligents, montrez-moi votre culture, je suis prêt à l’accepter et à renoncer à la mienne. Mais si ma culture dépasse votre raisonnement, je n’y renoncerai pas. Paul dit : « L’irraisonné dans Dieu est plus haut placé que le raisonné chez les humains [3]». Je préfère me lier à ce qui est folie en Dieu plutôt qu’à la philosophie des humains.

Je ne me fais pas d’illusions, mais je veux vous dire pour que vous sachiez qu’il faut éprouver toutes les connaissances acquises. Vous direz : « Question difficile ». La chose la plus facile est de vérifier : tu traceras une ligne droite de la servitude à l’amitié. Cet enseignement n’est pas pour les rustres, il n’est pas pour des serviteurs ni des domestiques, il est pour des héros qui veulent être amis avec Dieu, qui veulent travailler et aimer. Vous dites : « Oui, des amis du Seigneur ». Oui, nous pouvons tous être des amis du Seigneur. Abraham était ami du Seigneur et c’est pour cela que tous le vénèrent ; personne d’autre n’est cité dans la Bible comme Abraham, lui seul était ami du Seigneur. Les croyants d’aujourd’hui diront : « Ceci s’applique uniquement à Abraham, lui seul peut être ami du Seigneur, il fait exception ». Pourquoi Abraham était-il ami du Seigneur ? Lorsqu’Il lui a demandé de sacrifier son fils en Son nom, il n’a pas hésité à obéir. Vous direz : « C’est une situation invraisemblable ». Dans ce cas, le sacrifice de son fils symbolise la semaille du grain dans la terre. Ainsi le grain humain est semé dans la terre. Paul dit : « On sème le grain humain et c’est le grain spirituel qui ressuscite, on sème le corps humain et c’est le corps spirituel qui ressuscite[4] ». Il faut donc te sacrifier, donner à Dieu tout ce que tu as. Vous allez rétorquer : « C’est avec ces sacrifices que nous en sommes là maintenant ! » La femme dit : « J’ai tout sacrifié pour mon mari ». On ne peut rien obtenir sans sacrifice dans ce monde. Ce que vous donnez est de la peur et ne peut s’appeler un sacrifice, seul l’ami peut faire un sacrifice. Quelqu’un dit : « Je fais un sacrifice. – Es-tu serviteur ? – Oui. – Tu ne sacrifies rien, ce n’est nullement un sacrifice. Seul l’ami peut se sacrifier et ce sacrifice est conscient. – Comment nous sacrifier ? – Si tu le demandes, tu n’es pas un ami. » La chose la plus importante est de nous libérer de ces sentiments de servitude qui nous agitent. Vous restez là à vous demander si le Seigneur vous a pardonnés, si vous avez transgressé Ses lois ; c’est une attitude de serviteur qui reste là à se demander si son maître le rétribuera et de combien. Non, les amis ne peuvent jamais douter l’un de l’autre. La parole d’un ami est une parole qui repose sur ce prédicat immuable.

Je vais relater un récit des temps antiques pour clarifier ma pensée et y introduire une nuance. Dans un royaume antique vivait un jeune roi, célèbre dans tout le royaume et en dehors par ses œuvres notoires. Il écrivait de façon remarquable et tous parlaient de lui et de son talent, de ses derniers écrits, etc. Dans le même royaume vivait la fille d’un pauvre paysan qui se distinguait par ses vertus. Le jeune roi qui a décidé de se marier a voulu prendre pour femme cette pauvre paysanne connue pour ses vertus. Il a voulu lui rendre visite un jour et pour cela il a chargé ses chameaux de marchandises précieuses : les plus belles toilettes, des cadeaux, des pierres précieuses, des parfums et d’autres choses, en espérant qu’elle allait volontiers accepter de devenir reine pour profiter de tels privilèges. Considérant que c’était un bienfait pour elle, il s’y est rendu directement, non accompagné de marieurs. La jeune fille lui a dit : « Je ne peux pas me marier avec vous ; les vêtements que vous m’apportez ne peuvent pas se comparer à ceux qui parent mon âme ; les pierres précieuses que vous amenez ne peuvent pas se comparer à celles dont les vertus ornent ma tête ; je ne peux pas être reine de votre royaume, pour cela cherchez une fille plus noble que moi ». Vous direz : « Comme cette fille était bête, elle allait avoir des voitures et tout le reste ». Son père, un paysan, avait en lui une pensée philosophique divine qu’il a transmise à sa fille. Le fils du roi est retourné découragé auprès de son père en disant qu’il ne voulait se marier avec personne d’autre puisque cette fille s’était refusée à lui. Le roi s’est étonné qu’une pauvre paysanne ait pu éconduire son fils. Le fils prenait de l’âge et le père se demandait quoi en faire. Il a appelé un grand prêtre et lui a demandé de trouver un moyen de convaincre la paysanne d’accepter son fils. Le prêtre a dit : « Je vais prier Dieu pour voir ce qu’Il me dira ». Il a commencé à réciter des prières et il a entendu : « Lorsque tu reviendras une seconde fois prier auprès de Moi, viens avec un encensoir allumé ». Le prêtre a dit : « Oui, mais mon huile est épuisée, je l’ai distribuée aux autres. – Puisque tu aspirais au gain, tu l’as vendue, mais maintenant va auprès de cette pauvre fille pour lui demander de son huile. » Il est allé voir la pauvre fille et lui demandé de l’huile, mais elle lui a dit : « Je ne donne pas de mon huile aux prêtres qui aiment distribuer la leur, mon huile n’est que pour mes citoyens qui demeurent en moi ; si tu viens vivre dans mon royaume, je t’en donnerai, mais je ne viendrai pas dans votre royaume ». Le prêtre est revenu auprès du roi et lui a dit : « La pauvre fille ne veut pas venir avec nous, mais nous appelle à aller avec elle ».

De même aujourd’hui tous prient le Seigneur pour qu’Il vienne dans leur royaume. Le Seigneur ne viendra pas dans votre royaume et ne vous donnera pas de Son huile. Vous, les croyants, vous pouvez tous vous rassembler, mais Il ne vous donnera pas de Son huile. Il dit : « L’huile que je vous ai donnée au début, vous l’avez vendue pour de la nourriture, des vêtements, c’est pourquoi je ne vous en donnerai plus ». C’est à cause de la carence en huile vivante chez les humains que la neurasthénie se propage.

Ainsi, nous devons nous retrouver, mais ce n’est pas l’ami qui doit venir chez le serviteur et devenir lui-même serviteur, mais l’ami doit aller chez l’ami. On veut nous ramener aux vieilles croyances, mais ceci ne peut pas se faire. Peut-on revenir aux anciennes croyances de sa petite enfance, de l’âge de un, cinq ou dix ans ? Ce n’est pas dans l’ordre des choses, nous ne pouvons pas régresser, nous devons avancer sur le chemin de notre évolution. Je vous ai souvent dit que nous devons unir notre intelligence et notre cœur, mais de quelle manière ? L’intelligence comme le cœur sont des choses impalpables. Ce sentiment en nous qui parle d’amour est invisible. Tu dis : « J’aime quelqu’un. – Peux-tu montrer ce sentiment ? » Certains disent qu’il ne peut pas se montrer ; non, ce sentiment peut être montré. Lorsque la jeune fille tombe amoureuse, son visage s’empourpre et la couleur rose montre que l’amour a commencé à œuvrer ; lorsque vient cet amour égoïste, la couleur change, s’assombrit avec une teinte de rouge griotte, et l’amour change dans ses vibrations. Vous dites : « Montrez-moi ce qu’est l’amour ». Ce qui se montre n’est pas réel, alors que le réel dans l’amour se ressent ; ce qui se voit n’est pas réel alors que ce qui se pense est réel. Si tu touches ma main et si tu ressens une chaleur et une douceur, la vie ne consiste pas en cette chaleur et cette douceur, ce ne sont que des moyens par lesquels se manifeste la vie intérieure. Si je monte dans une voiture, elle n’exprime pas ma vie, elle n’est qu’un moyen. Vous dites : « Il pense au mouvement de la voiture ». Oui, mais entre le mouvement de la voiture et ma vie il y a une grande différence.

Le Christ dit : « Tout ce que j’ai entendu du Père, je vous l’ai dit ». Pourquoi ? « Car vous êtes mes amis. » Si vous accordez vos sentiments et votre intelligence, cette amitié pourra se manifester. Je prends le mot amitié au sens très large. Le sentiment d’amitié du point de vue purement phrénologique a son centre là où il se manifeste : il laisse une trace sur les lèvres et sur le front. On peut facilement deviner qui est un ami : amenez-moi quelqu’un que je n’ai jamais vu et je vous dirai si le sentiment de l’amitié est développé en lui ou non. Ce ne sont pas des réflexions abstraites, dans la nature tout sentiment a une manifestation. Nous, les gens d’aujourd’hui, nous sommes un livre écrit, apprenez à le lire. Cette jeune fille qui se scrute chaque jour dans le miroir fait très bien car il est possible de lire dans un miroir.

En première lecture, tu verras si ton nez est long ou court, épaté ou large. Si ton nez est court c’est un nombre décimal, c’est-à-dire une partie de l’unité ; pour cela mets partout dans ce nombre décimal autant d’unités qu’il le faut pour aligner le numérateur avec le dénominateur. Si tu es ami, ton nez doit représenter une certaine grandeur mathématique ; si ton nez est long de deux centimètres, tu ne peux en aucun cas être ami, mais tu ne seras qu’esclave. Savez-vous quel nez n’est long que de deux centimètres ? Voyez la longueur du nez chez les animaux ! Vous direz : « On peut se passer du nez ». Celui qui commence à songer à l’amitié voit son nez s’agrandir et devenir symétrique, car l’amitié est fondée sur la loi de l’entente, de la connaissance et de la sagesse. L’ami doit être avant tout intelligent, sage et plein d’amour. Par le mot amour je ne désigne pas seulement l’amour divin, mais un amour qui englobe tout. Ainsi, si ton nez est épaté et n’est long que de un centimètre, tu ne seras pas un ami. Je ne parle pas de vos nez, mais de ces formes déviantes qui sont l’expression de ce qui est intérieur. Lorsque le nez de quelqu’un est épaté, ceci indique que son cœur aussi est épaté et qu’il ne peut pas aimer. Le nez long sous-entend certains rapports mathématiques.

L’être humain représente une formule mathématique, il n’est fait que de nombres ; lorsque nous transposerons ces nombres en lettres, nous comprendrons le sens de la vie, nous comprendrons comment il faut vivre et ce que la nature a écrit. Le nez long montre que la nature a doté l’homme d’une grande intelligence et la largeur du nez montre l’élargissement du cœur. Ainsi, l’intelligence se développe en ligne droite et le cœur en largeur. Si nous admettons que nous avons deux points dont l’un est la servitude et l’autre l’amitié, alors le point de la servitude commencera à avancer vers l’amitié, l’atteindra et s’arrêtera : il ne peut pas avancer d’un cent millionième de millimètres au-delà de l’amitié, mais il s’y immobilisera. Dans la nature tous ces points se polarisent en avant et en arrière, en avant et en arrière jusqu’à ce qu’une surface plane se crée et que vienne le cœur. Donc l’amour atteint ces limites extrêmes et s’y arrête. Ensuite se forme un mouvement en ligne droite vers le haut ; cette troisième ligne forme le cube, c’est-à-dire qu’elle peut s’identifier au chiffre 4.

Imaginez que tout cela se mette en mouvement, que faut-il comprendre ? La première chose qui nous attend dans la vie est de trouver ces deux points d’appui grâce auxquels l’amour peut se manifester sur la surface plane des deux mondes. Nous vivons dans deux dimensions seulement et non pas dans la troisième. Montez sur Vitocha[5] et regardez de là-haut pour voir un plan d’où tous les philosophes vous paraîtront minuscules. Donc, nos contemporains vivent dans deux dimensions alors que l’amour exige de la largeur. Et qu’est-ce que la profondeur dans ce cas ? Elle est la vérité. Donc, le premier mouvement de la servitude vers l’amitié forme un plan et l’amour se manifeste ; puis vient le mouvement du cube, la manifestation de la vérité, ce qui signifie que la vérité pénètre tous les plans d’un cube et donne du sens à l’amour. L’amour n’est pas transitoire mais intense ; il peut être permanent si, et seulement si la vérité commence à agir.

Maintenant vous vous demanderez : « Pourquoi suis-je serviteur et domestique ? » Pourquoi ? Réjouis-toi d’être serviteur et de disposer par ce moyen du premier point. Mets-toi à l’étude de la géométrie. Vous demandez : « Vers où et comment vais-je tirer la première droite de la servitude vers l’amitié ? » Regardez cette jeune fille : lorsque son bienaimé apparaît dans son esprit, elle ne cherche plus rien d’autre, mais s’observe dans le miroir pour scruter son nez, ses sourcils, ses yeux, sa bouche, sa lèvre inférieure et sa lèvre supérieure, et elle se dit : « Aujourd’hui je suis plus belle qu’hier ». Le lendemain elle se regarde et se dit : « Ah, maintenant je vais lui plaire c’est sûr ». Bien sûr ! Quel est ce peintre qui n’aimerait pas une belle toile qu’il vient de peindre ? On dit : « Cette jeune fille s’est embellie » ; bien entendu : lorsqu’elle se met à tisser d’un point à l’autre, elle s’embellit. C’est un mouvement qui montre le sens de la vie.

Vous vous dites : « C’est une chose très abstraite, difficile à saisir ». Non, ce que j’aborde n’est pas abstrait, c’est le plus facile que vous puissiez comprendre alors que vous vous échinez sur des choses bien plus compliquées. Il me semble que couper des oignons ou préparer des brochettes est une chose plus ardue que de chercher la ligne droite entre deux points. Lorsque tu coupes l’oignon, tes yeux larmoient. Pourquoi ? Ton esprit te dit intérieurement : « Ma fille, tu coupes l’oignon, mais sais-tu quelles souffrances tu causes en apprenant cet art ? » Couper les oignons montre que nous sommes des gens cruels. Ce n’est pas la peine de couper les oignons, cuis-les entiers. On dit de quelqu’un : « Il coupe les oignons, il coupe la viande » ; je dis : j’ai une opinion particulière sur celui qui coupe les oignons et la viande. Je ne condamne pas votre vie, mais je dis qu’il s’agit de symboles que nous devons redresser. Tu te mets à moudre le poivre, tu pleures de nouveau ; pourquoi ? Le poivre dit : « Ne m’écrase pas ! – Oui, mais le repas doit avoir une teinte plus rouge. » Vous tous qui m’écoutez, vous tous qui étudiez cette science profonde, vous vous dites : « Que faire maintenant lorsque nous rentrerons chez nous ? » Si vous ne vous libérez pas de cette peur en vous, vous n’apprendrez jamais cet enseignement.

Je parlais à quelqu’un sur ce sujet, mais il me répondait : « C’est bien, mais c’est de l’argent, c’est de l’argent dont on a besoin dans cette vie ! » Et tout le monde dit : « De l’argent, il faut de l’argent ! » Bien, quel est le cours actuel du napoléon d’or ? Il n’y a jamais eu autant d’argent, autant d’or qu’aujourd’hui. Mais ce n’est pas l’argent qui rend heureux. Ésaïe dit : « Venez prendre auprès de moi sans payer »[6]. Vous dites : « Peut-on se passer d’argent ? ». Lorsque tu aimes quelqu’un, il vient te voir et tu lui donnes un ou deux ou trois boisseaux de blé, voire plus, sans contrepartie, tu lui donnes même toute la grange : pourquoi te montres-tu si généreux ? Parce que c’est ton ami. Vous dites : « Quelle sera la future monnaie d’échange ? » Nous répondons : « L’amitié ». Lorsque nous fonderons notre vie sur l’amitié, les amis seront la monnaie d’échange. Vous dites : « Quand se convertira toute la société ». Observez la loi à laquelle obéit ce petit gland déposé dans le sol : il ne grandit pas d’un seul coup, mais s’enracine d’abord vers le bas et sur le côté, il se polarise et puis cent-deux cents ou cinq-cents ans plus tard un grand chêne se développe. Nous devons commencer selon la même loi, et les conditions y sont propices.

Vous dites : « Lorsque la société d’aujourd’hui se développera, alors nous aussi nous apprendrons cette loi. » Pourquoi attendre la société d’aujourd’hui ? Chacun nourrit ses propres espoirs et je ne condamne personne pour cela, mais je dis que la société actuelle comme l’individu ont besoin de maîtres pour leur enseigner les lois de la nature. Par exemple, sur le plan physique nous ne pouvons pas nous passer de toit et de maison, c’est-à-dire du corps. Dans ce corps sain nous devons avoir un cerveau sain, des sentiments sains, des yeux sains, un nez, une bouche et des oreilles : toutes ces choses doivent s’ouvrir. Vous dites : « Il ne faut pas donner autant à celui-ci. Pourquoi donner plus à l’un et moins à l’autre ? » Non, chacun doit avoir exactement ce dont il a besoin, sinon il y aura une surabondance sur le marché, ce qui peut provoquer un crash dans la vie. Aujourd’hui aussi, lorsque le monde s’est rempli de canons et de grenades, les gens se sont dit : « Que faut-il en faire ? – Nous ferons une guerre pour les écouler. » Et en effet, la guerre a été déclarée et les canons et les grenades sont entrés en action ; ils étaient la fabrication du génie humain, de la servitude. Je dis : il ne faut plus produire cela. Aujourd’hui les mères se disent : « Quelle sera notre situation à l’avenir ? » Si vous suivez les lois de la nature, si vous assimilez ce sentiment d’amour en vous et lui donnez libre cours, votre vie changera complètement.

La science contemporaine a montré l’influence de la suggestion. Si quelqu’un vous hypnotise et entrave vos capacités ne laissant qu’un seul sentiment se manifester en vous, vous vous trouverez plongés dans un sommeil hypnotique. Si cet hypnotiseur trace à la craie une ligne droite devant vous et vous dit : « Tu ne peux pas la franchir », vous vous arrêterez en effet devant la ligne en disant : « Il y a devant moi un obstacle infranchissable ». Et tous les obstacles que vous avez maintenant, je les vois uniquement comme une ligne tracée à la craie par cet esprit malveillant qui veut vous nuire et dit : « Tu ne peux pas franchir cette ligne et tu marcheras comme ont marché ton père, ta mère, tes frères et sœurs du passé ». Tu lui répondras : « Non, je crois en l’amitié ». C’est pourquoi je dis que l’homme n’est pas un loup pour l’homme, mais un ami et un frère. Mettez le mot ami dans votre esprit pour qu’il prenne vie. Ce mot en français, en anglais et dans les autres langues est différent, mais chaque mot a ses vibrations propres ; donc sur le plan occulte, sur le plan spirituel les vibrations d’un même mot dans les différentes langues ont un dénominateur commun. Le mot amitié a la même signification dans toutes les langues. Il contient deux qualités, à savoir : il faut s’entendre avec son ami et s’aimer mutuellement ; si vous vous aimez et si vous vous entendez, vous devez être prêts à vous sacrifier l’un pour l’autre de la même manière. Si vous n’avez pas ces qualités, vous ne pouvez pas être amis.

Ainsi le Christ dit : « Je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père ». Vous direz : « Ce Père est uniquement le Père du Christ, pas le nôtre ». Seuls les domestiques et les serviteurs parlent de la sorte. Et cette jeune fille qui se marie et va chez son bienaimé en tant que belle fille, n’appelle-t-elle pas papa son beau-père ? Pourquoi l’appelle-t-elle papa ? Elle dit au jeune homme : « Ton père sera mon père et ta mère sera ma mère », c’est la loi de l’amitié. Vous allez auprès du Christ et vous dites : « Je ne peux pas dire papa à votre Père comme vous le faites ». Existe-t-il une plus grande infâmie que celle-ci ? Et nous la considérons comme de la piété ! Si tu ne dis pas papa à ton beau-père, le fils se vexera. Non, ton père sera aussi mon père, c’est la loi, et pour cela en venant auprès du Christ vous devez penser que son Père est votre Père et que le monde dans lequel il vit est aussi votre monde.

Maintenant subsiste la question suivante : qui redressera ce monde et de quelle façon ? N’y pensez pas ! Je trouve curieux d’entendre quelqu’un dire que son pantalon est usé et qu’il cherche à le rafistoler. Je dis : jetez ce pantalon et mettez en un nouveau ; si tu veux réparer l’ancien, c’est du rafistolage. Vous dites : « Réformons la société actuelle ». Non ! Jetez le pantalon usé et faites-en un nouveau. C’est risible de penser que depuis huit mille ans ce pantalon n’est pas déjà usé : jetez-le et faites-en un nouveau, plus large pour marcher confortablement. Vous dites : « Cet enseignement n’est pas pour nous car nos femmes deviendraient libres et leurs esprits s’éclaireraient ». Nos proverbes sont si vrais quand ils disent : l’aveugle qui recouvre la vue, voit plus loin ; mais presse la tête du pauvre pour qu’il ne voie pas. Vous dites : « L’amitié n’est pas pour nous, il faut qu’il y ait des serviteurs dans le monde ». Oui, mais il n’y a pas de meilleur serviteur que ton ami dans le monde : celui qui peut te donner gracieusement de l’amour est le meilleur serviteur qui soit, l’amitié est la meilleure servitude. Méditez sur les mots servitude et amitié.

Je ne vais pas terminer mon sujet, je vous laisserai le terminer. Je vous ai seulement jeté une idée dont vous ne pourrez jamais vous échapper : la terre peut se retourner, mais cette idée ne vous lâchera pas, elle vous agitera si puissamment que vos pantalons usés disparaîtront, la glace dans vos lacs fondra. Vous pouvez mettre des rustines, mais tout cela disparaîtra, rien ne sauvera la glace de la fonte.

Vous dites : « Que sera le monde futur ? » Je dis : la monnaie d’échange de la future culture sera l’amitié fondée sur les grands principes de l’humanité : être sage et aimant. Si vous avez ces deux principes, vous aurez la possibilité de méditer sur ces questions, de monter vers la troisième dimension ; les géomètres connaissent cette dimension, mais si vous ne la connaissez pas, vous ne pouvez pas vous y déplacer. Vous viendrez ensuite à la quatrième dimension. Vous avez déjà formé la ronde. Vous savez qu’une jeune fille qui se met à danser dans la ronde, s’en va déjà et ne revient plus à la maison, et sa mère doit lui dire adieu ; la mère dit : « Ma fille m’écoutait autrefois, mais maintenant elle a commencé à se faire belle, à danser dans la ronde, je l’ai laissé partir ». Je dis : que tous les jeunes gens dansent cette ronde et que la cornemuse retentisse, mais que l’amitié soit présente.

Il faut former une ronde à présent dans le monde, et plus elle sera grande, mieux ce sera. Tous dans la ronde : jeunes et vieux, enseignants et élèves, prêtres et évêques, prédicateurs, savants et sages, que tous dansent selon la loi de la sagesse et de l’amour, qu’ils soient positionnés dans la vie pour créer de nouvelles formes. Vous dites : « C’est inconvenant de voir danser des prêtres et des évêques », et prendre de l’argent n’est-ce pas inconvenant ? En tant que prêtre, je préférerais danser la ronde plutôt que de recevoir de l’argent. Par prêtre je désigne le père, il doit travailler gratuitement pour donner l’exemple à ses enfants. En disant prêtres et évêques, j’entends des mères et des pères, ce sont les pontifes auxquels je crois, ce sont les patriarches que le Seigneur a ordonnés. Par conséquent, ces mères et ces pères doivent servir gratuitement pour inspirer l’amour à leurs fils et à leur filles et poser les fondements de la future société. Et le Christ dit : « Chaque arbre se reconnaîtra à ses fruits ».

Sofia, 25 avril 1920

Traduit par Bojidar Borissov

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