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1920_04_04 Ils en furent étonnés


Ani
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Ils en furent étonnés

« Et ayant entendu cela ils en furent étonnés, et le laissant, ils s'en allèrent. »[1]

Matthieu 22 :22

Je ne parlerai pas maintenant de la cause de l’étonnement, c’est à vous de le découvrir ; je ne parlerai que du résultat : ils en furent étonnés.

Dans le monde comme dans la nature deux processus se déroulent : le processus ordinaire et le processus extraordinaire, ou encore exceptionnel. L’homme est toujours étonné par le processus extraordinaire. Vous mangez par exemple trois fois par jour et vous considérez que vous faire à manger régulièrement est dans l’ordre des choses ; si on vous dit qu’il faut jeûner deux ou trois jours, vous vous étonnez et considérez qu’il s’agit d’un processus extraordinaire. Celui qui ne comprend pas le langage de la nature considère que les processus extraordinaires sont destructeurs. Le bien portant considère la santé comme un processus ordinaire qui est dans l’ordre des choses et la maladie comme un processus extraordinaire. Donc la maladie en tant que processus extraordinaire détruit l’organisme humain. Du point de vue du monde spirituel c’est tout le contraire : on y considère la santé comme un processus extraordinaire et la maladie comme ordinaire. À nos oreilles le mot maladie sonne comme dysharmonie.

Ils ont posé une question importante au Christ, et lorsqu’ils ont eu la réponse, ils ont été étonnés de ne pas avoir réussi à le piéger et de le voir s’échapper ; ils ont été eux-mêmes étonnés de ne pas avoir pu hourdir un autre plan pour l’attraper. On s’étonne lorsqu’on ne comprend pas les choses. Vous aussi, vous vous étonnez de certaines choses très simples : vous vous étonnez que le voleur qui part voler n’ait pas tout prévu et se laisse prendre par la police. L’homme de bien s’est aussi étonné lorsqu’il a voulu faire un bien mais n’a pas réussi, il s’étonne d’avoir mal apprécié une circonstance anodine qui s’est transformée en empêchement.

Je veux maintenant que vous sortiez des processus ordinaires pour entrer dans les processus extraordinaires. Penser que tu es bon ou que tu dois être bon est un processus ordinaire ; penser que tu es bon est le plus grand malheur pour toi. Pourquoi ne pas penser que tu es bon et mauvais ? Penser que tu es riche, c’est aussi un processus ordinaire. Tant que tu es pauvre, les gens te plaignent, tu es extérieurement maigre, sec comme un hareng ; si tu deviens un propriétaire terrien, ta situation s’améliore, en un an ou deux tu commences à grossir, tes affaires s’arrangent. Si tu commences à grossir, cela montre que tu as candidaté pour être un propriétaire terrien ; si tu es sec comme un cintre, tu es loin des propriétés foncières. J’aborde cette question sur le fond, dans toutes ses formes, extérieures et intérieures. Si on commence à se trouver intelligent, on est déjà devenu un propriétaire terrien : on a grossi dans le monde mental. Quelle que soit la question qui se pose, on connaît la réponse. S’il est question d’une découverte en mathématiques ou en astronomie, on sera le premier à dire : « Attendez que je vous dise, ce sujet m’est familier », avec sa bedaine on sait tout ! Si on s’entend dire qu’on ne connaît pas quelque chose, on se fâche aussitôt et on dit : « Tu es ignorant, ce qui te fait croire que je ne sais pas » ; si on s’entend dire qu’on sait tout, on est content, on dit : « Voici quelqu’un qui comprend les choses, ça c’est quelqu’un ! »

La société actuelle est friande justement de ce type d’individus, enclins à approuver tous leurs agissements et entreprises. Si tu oses dire que dans la vie d’une société il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, on te traitera de rustaud, d’ignorant, d’imbécile. Lorsqu’un individu isolé ou une société donnée se laisse emporter par la prétention, la nature, notre mère intelligente, le met face à des contradictions. Elle lui envoie une maladie qu’il ne peut pas combattre. Il se tourne tout de suite vers les médecins pour avoir un diagnostic, pour être secouru. Je demande : « Pourquoi ne poses-tu pas tout seul le diagnostic ? – Je ne comprends pas. – Pourquoi tu ne t’aides pas tout seul ? – Je ne peux pas. » Donc si vous vous heurtez aux tourments et aux souffrances, vous saurez que la nature vous les prépare sciemment pour vous montrer que vous ne savez pas tout, bien que vous soyez enclins à le penser.

Le Christ dit : « Donnez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Cette réponse a surpris tout le monde. Le Bulgare commente une telle réponse en disant : « Le loup est rassasié et l’agneau est indemne ». C’est en effet curieux de donner en même temps à César et à Dieu. Cela sous-entend deux mondes différents, deux moments distincts : on donne à César ce qui est matériel et à Dieu ce qui est divin. Autrement dit, tu donneras à Dieu ce qui est précieux et éternel, et à César ce qui est transitoire, éphémère ; tu donneras ton cœur à Dieu et ton labeur à César. Que représente César ? Un processus intérieur qui œuvre en permanence en l’homme ; ce processus aspire à sa manifestation extérieure, c’est pour cette raison que l’homme se pose des questions sans relâche. Seul le divin en l’homme répond aux questions posées. L’âme, c’est-à-dire le divin répond aussi avec discernement à la question que les juifs ont posée au Christ, et nous sommes étonnés de voir l’âme échapper à notre étreinte, au piège que nous lui avons tendu. Pensez-vous qu’en vous faisant passer pour bons et pieux, vous agissez toujours pieusement avec votre âme ? Tous vos tourments et souffrances sont dus précisément à ce que vous altérez la paix de votre âme. Est-ce possible que l’homme altère lui-même la paix de son âme ? La paix est le résultat du grand principe qui travaille dans le monde. L’amour apporte la paix, il a travaillé huit mille ans sur les humains et continue encore. Seul celui qui est rassasié peut être pacifique, non l’affamé ; seul le savant peut être pacifique, non l’ignorant ; seul le bon peut être pacifique, non le méchant. Ce sont des grandeurs qui rendent l’homme pacifique et saint ; ces acquisitions le rendent fort, bon et courageux.

Vous dites : « Est-ce vrai que tout cela est contenu dans les paroles : Ils en furent étonnés et le laissant ils s’en allèrent » ? Oui et non; c’est comme si vous me demandiez : « Est-ce vrai que tout ce grand arbre qu’est le noyer est contenu dans la petite noix ? » Le grand arbre du noyer n’est pas contenu dans la petite noix en substance, mais en devenir. Donc, lorsque j’analyse un verset ou un enseignement, je me concentre sur les trois dimensions de sa substance. La substance c’est pour moi l’essence : il y a une essence primaire, une essence secondaire et une essence tertiaire. La substance primaire n’a pas d’espace, elle est hors du temps et de l’espace qui sont des manifestations extérieures de cette substance. Selon le mysticisme cette substance primaire n’est rien d’autre que le monde non manifesté éternellement existant ; ce monde a toujours existé et existera toujours, il n’a pas de début et pas de fin. L’intelligence humaine n’a pas d’idée sur ce monde.

La substance secondaire ou l’essence secondaire est un monde manifesté, c’est le monde idéal. La substance tertiaire représente le monde actuel créé ; il provient du monde idéal. Ce sont les trois mondes abstraits dont le troisième présente le plus grand intérêt pour vous.

Maintenant, lorsque je vous décris les trois mondes, peu me comprennent. Mais à un moment donné je pourrai me faire comprendre, c’est la chose la plus facile. Je dresserai une table avec du poulet grillé, une tourte, du vin et je dirai : « Venez ». Vous allez tous venir à table et vous direz : « Cet homme est très bon, nous le comprenons », et vous me demanderez : « Est-ce que tu nous régaleras encore une deuxième et une troisième fois pour le déjeuner ? » C’est cela le monde réel et substantiel. Il n’y a pas de vie en dehors de la nourriture et de la boisson : on vit tant qu’on mange et qu’on boit ; s’il arrête de boire et de manger, l’homme meurt. Si je vous dis qu’il n’y a pas de vie sans nourriture ni boisson, vous serez étonnés. Au sens large, j’entends aussi par nourriture et boisson les sentiments et les pensées. Pouvez-vous imaginer un monde sans nourriture et sans boisson, sans pensées et sans sentiments ? Tu dis : « Je ne veux pas penser ». Tu es mort dans le monde mental ! « Je ne veux pas ressentir ». Tu es mort dans le monde spirituel ! « Je veux seulement boire et manger ». Tu vis uniquement dans le monde physique, ta bedaine en est la preuve !

Étudiez les deux processus, ordinaire et extraordinaire, et ensuite fusionnez-les en un. Le développement des races et des individus isolés est basé sur les processus extraordinaires, voilà pourquoi vous devez étudier ces processus. Les pensées, les sentiments et les actes extraordinaires contiennent une véritable puissance ; les processus ordinaires sont de simples exercices. Tu entres dans une maison, on te dit : « Bienvenu ! », tu vas dans une autre maison, on te dit aussi : « Bienvenu ! », tu vas dans une troisième maison, tu entends les mêmes mots : « Bienvenu ! », mais nulle part on ne te donne la moindre bouchée de pain. Tu rentres dans une auberge, mais ta bourse est vide ; l’aubergiste te regarde et, comprenant que tu n’as pas d’argent, il te dit sans perdre de temps : « Adieu ! » Tu entres dans une autre auberge, tu entends encore « Adieu ! » L’aubergiste dit : « Si tu as de l’argent sur toi, sois bienvenu, sinon, adieu ». Lorsque le mari rentre du travail, sa femme lui dit : « Si tu apportes quelque chose, sois bienvenu ; sinon, adieu ! » La femme rentre du travail et son mari lui dit : « Si tu apportes quelque chose, sois bienvenue ; sinon, adieu ! » Les choses ordinaires sont accueillies par bienvenu et les choses extraordinaires, par adieu. Je dis « bienvenu » au portefeuille plein, et « adieu » au portefeuille vide. Qui s’inclinera devant le portefeuille vide ? Je dis « adieu » à quelqu’un de disgracieux et de malade.

Lorsqu’ils entendent le mot adieu, les gens s’étonnent et demandent : « Pourquoi nous dit-on adieu ? » Parce que ton portefeuille est vide, c’est-à-dire ton intelligence et ton cœur sont vides. « Que faire ? » Remplis ton portefeuille, remplis ton intelligence et ton cœur, c’est dans cela que réside la philosophie de la vie. Ceux parmi vous qui ont le sens pratique disent : « Pourvu que quelqu’un nous remplisse le portefeuille ! » La jeune fille qui songe à se marier, s’assoit quelque part, se tord les doigts à droite, à gauche et rêvasse. Pourquoi se tord-elle les doigts ? Il y a une raison à cela : elle ne pense pas à aller dans le champ ou au potager pour labourer la terre ni à aller tisser, ou semer, ou écrire ; elle rêve d’un prince aux yeux noirs, avec une moustache, des anneaux en or aux doigts, un portefeuille bien garni dans la poche qui puisse la rendre heureuse. Et voilà ce qui arrive : vient un prince et ils commencent à parlementer : « Comment allez-vous ? – Bien. Et vous ? – Moi aussi, je vais bien. » Le temps passe, midi approche et tous deux se regardent pour savoir qui va régaler l’autre. La jeune fille dit : « N’es-tu pas un prince ? » Le jeune homme rétorque : « N’es-tu pas une princesse ? » Lorsqu’ils comprennent que leurs portefeuilles sont vides, tous deux se disent : « Adieu ! » Pourquoi les gens se séparent-ils ? Parce que leurs portefeuilles sont vides. La jeune fille se rassoit et attend que quelqu’un d’autre vienne, le portefeuille rempli. Il y a dans le monde beaucoup de gens avec des portefeuilles vides qui accueillent en disant bienvenu et raccompagnent en disant adieu. Ce sont les processus ordinaires et extraordinaires de la vie.

Des gens se rassemblent à un endroit pour écouter un prédicateur ou un narrateur, mais lorsqu’ils n’obtiennent rien de lui, ils s’en vont mécontents, les portefeuilles vides et lui disent : « Adieu ! » Il reste là à attendre que quelque chose atterrisse dans son portefeuille et lorsqu’il ne reçoit rien, il dit : « Ce public est atypique et ne comprend rien, adieu ! » Le public aussi le trouve atypique et extravagant et lui dit « adieu ». J’aimerais prêcher aux gens extraordinaires aux portefeuilles vides, je n’aime pas ceux qui ont les portefeuilles pleins. Je dirai à celui dont le portefeuille est vide : « Bienvenu, ouvre ton portefeuille, je le remplirai ». Ensuite, vous pourrez vous dire « bienvenu ». Ne dites pas que je suis bon, cette expression se rapporte aux nombres irrationnels ; comme vous ne les comprenez pas, ne vous en occupez pas ; si vous vous mettez à travailler avec les nombres irrationnels, vous n’arriverez à rien. Pour deviner si quelqu’un est vertueux ou non, il faut maîtriser la grande science divine. Comment déterminerez-vous qui est vertueux, quelles sont ses qualités ? Ne cherchez pas ses qualités, mais accueillez-le avec « bienvenu ». Pourquoi suis-je le bienvenu ? Parce que j’ai rempli vos portefeuilles vides.

Ainsi, aspirez à être bienvenus chez moi et que je sois bienvenu chez vous. Quand serez-vous bienvenus chez moi ? Lorsque vous viendrez malades et que je vous soignerai, je dirai : « Ouvrez vos portefeuilles ! » Ma visite est au prix de cent levas ; je vous ausculterai et je dirai : « Bienvenus, la maladie est sur le point de vous quitter ». Lorsque je dirai à la maladie de vous quitter, nous serons, vous et moi, bienvenus. J’étais d’abord bienvenu car je donnais ; maintenant vous êtes bienvenus car vous donnez ; ce n’est pas une allégorie mais une grande vérité, une grande loi naturelle. La nature donne à l’homme jusqu’à sa cinquantaine, elle entre dans son portefeuille et dit : « Bienvenu » ; tu ouvres et refermes ton portefeuille : il est rempli. Si tu dépasses cet âge, la nature commence à reprendre ; tu es indisposé, mécontent et tu commences à consulter : tu donnes de toi. Lorsqu’il donne, l’homme rajeunit ; lorsqu’il commence à prendre, il vieillit peu à peu. Le rajeunissement est un processus ordinaire et le vieillissement, un processus extraordinaire. Le jeune ne pense jamais qu’il vieillira un jour. : un jour, dans son miroir, il voit des cheveux blancs sur sa tête, pourquoi ? Parce que la nature commence à puiser en lui et lui dit : « Adieu ! » Lorsqu’il vieillit, l’homme s’étonne et se questionne : « Pourquoi faut-il naître et mourir ? »

La mort est l’abandon de l’ancienne culture. Vous dites qu’un tel est mort ; ne dites pas qu’il est mort mais souhaitez, vous aussi, abandonner ce qui est vieux comme il l’a fait, dites-vous : « Je remercie Dieu qui me rappelle par la mort d’un proche que je dois aussi liquider mes vieux comptes ». Donc, lorsque la mort visite nos foyers, elle nous rappelle que le temps est venu de liquider nos vieux comptes. Quels sont ces vieux comptes ? Les péchés et les crimes qui se logent constamment dans les cœurs, les esprits et les corps. Si vous examinez l’homme sur les plans physiologique, phrénologique et chiromancien, vous remarquez qu’il est constamment sujet à des changements du fait de ces dépôts : on dit pour cette raison qu’il est sur un sol instable. De la jeunesse à la vieillesse de grands changements s’opèrent dans l’homme. Tu lis la Bible jeune, les lettres sont lisibles, tu vois bien ; à cinquante ans tu lis la Bible de nouveau, mais tu trouves les lettres floues et tu te dis : « Pourquoi ce livre a-t-il autant changé, pourquoi est-il si peu clair ? » Je demande : est-ce que le livre est trouble ou bien est-ce à cause de tes yeux ? Peut-être que quelque chose s’est passé avec le livre, mais en réalité le changement est dans tes yeux. Lorsque les enfants apprennent à lire, ils aiment suivre les lettres avec un doigt ; lorsqu’ils passent le doigt plusieurs fois sur les lettres, celles-ci s’effacent et le livre s’abîme : plus aucun enfant ne peut lire là-dessus. Tout comme les enfants passent le doigt sur les lettres dans l’abécédaire, de même les adultes passent le doigt dans leur intelligence et leur cœur et effacent ce que le monde divin y a écrit. Tu fais un bien, puis tu dis : « Attends de voir si j’ai fait un bien tangible et au bon moment » ; en passant le doigt plusieurs fois sur ce bien, tu finis par l’effacer. Quand tu passes ton doigt plusieurs fois sur ton intelligence, ta vue baisse, tu mets des lunettes pour tes yeux, puis encore une autre paire, puis une troisième jusqu’à ce qu’un jour le médecin te dise : « Il n’y a plus de lunettes pour toi ».

La science spirituelle se sert d’autres lunettes, c’est-à-dire d’autres moyens pour voir, différents des moyens physiques. Si vous savez demeurer calmes et apaisés, et si vous orientez votre énergie sur les yeux de l’aveugle, il verra mieux et une certaine clarté se fera en lui. Pourquoi les gens deviennent-ils aveugles ? À cause de l’incompréhension des processus ordinaires et extraordinaires ; la vue ne faiblit pas à cause des pleurs, mais à cause d’un chagrin trop fort. Quelqu’un perd sa fortune, un autre, son fils ou sa fille, et ils ne peuvent pas oublier leur perte : la vue décline progressivement à cause de ce ressenti répétitif. La mère ne comprend pas qu’elle n’a ni perdu ni gagné sa fille. Qu’as-tu donné au grand chêne qui a poussé à partir d’un petit gland ? Rien. Si le chêne ne puisait pas l’énergie solaire et les matériaux nutritifs du sol, tu n’aurais rien obtenu. Le seul mérite de l’homme est d’avoir planté le gland et de l’avoir soigné de temps à autre ; peux-tu au regard de ce petit service rendu réclamer que le chêne soit à toi ? Ce serait donc un droit de propriété ? Le noyer dit : « Tu as le droit de disposer de mes fruits tant que tu me protèges des maladies ; lorsque tu cesseras de me protéger, je cesserai de te donner mes fruits ».

Je prends maintenant la noix comme une idée qui pénètre les esprits. Chaque idée, chaque pensée et chaque sentiment aident l’homme tant qu’ils le protègent et le mettent à l’abri. Savez-vous que l’homme est constitué de milliards de cellules : où est l’homme en fin de compte ? Vous direz qu’il se manifeste avec ses membres. Mais où est l’homme lui-même ? Nous savons qu’après la mort toutes les cellules de l’organisme humain se dispersent dans l’espace, où va l’homme ? Son esprit demeure dans la substance primaire, son âme demeure dans la substance secondaire et son corps dans la substance tertiaire. Que direz-vous du saint dont on disperse les os après sa mort ? Chacun de ses disciples prend un os et le dépose dans un coffret spécial ; chacun dit : « Ce sont les restes d’un saint homme ». Je demande : où est-il ? La plus grande force est chez celui qui a pris la tête du saint : il sera intelligent comme lui ; celui qui a pris sa jambe, héritera de ses vertus ; celui qui a pris la cage thoracique, acquerra son amour. Chaque os du saint homme transmet quelque chose à celui qui le possède.

Que font les catholiques ? Lorsqu’ils vont à Rome, ils veulent voir le pape, s’incliner devant lui, lui baiser les pieds. Certains jeunes hommes agissent de la sorte pour prouver leur amour et leur vénération à leur bienaimée : ils tombent à genoux devant elle et baisent ses pieds, donc la jeune fille est le pape de son bienaimé. Pape sous-entend père et mère de votre vie. Quelqu’un a baisé les pieds du pape : sur combien de pieds a-t-il déjà déposé un baiser ? Lorsque la mère accouche, n’embrasse-t-elle pas son enfant ? Combien de fois dépose-t-elle un baiser sur ses pieds, son dos, son visage, partout ! Ne vous étonnez pas que les gens baisent les pieds du pape : votre enfant aussi est un pape. Baiser les pieds du pape serait quelque chose d’extraordinaire alors que baiser le pied de ton enfant serait une chose ordinaire ? C’est la raison pour laquelle un acte produira l’effet escompté dans les mondes mental, spirituel et physique, si avant tout on connaît son caractère et la manière de l’accomplir. Si la mère sait comment embrasser son enfant, elle peut en faire un génie ; c’est bien que la mère sache où embrasser son enfant pour la première fois. La future science de l’éducation apprendra à la mère comment embrasser son enfant. Je ne peux pas encore transmettre cette science aux Bulgares, c’est l’un des secrets de la nature. Donc, le premier baiser de la mère représente l’un des grands secrets de la vie.

Le Christ s’est tourné vers l’un de ses auditeurs et a dit : « Je suis venu chez toi, mais tu ne m’as pas embrassé »[2]. Où devait-il l’embrasser ? Vous demandez si cette question est importante. À mon avis, tant que les gens n’apprennent pas à s’embrasser, on ne peut pas parler d’une quelconque culture. Certains disent : « Embrassons-nous ! » À quel endroit ? Sur le pied, sur le front, sur la bouche ou sur la main ? Il n’est pas sans importance à quel endroit on embrasse : cet endroit détermine les rapports entre vous. Il y a des baisers porteurs de santé, il y a des baisers porteurs d’afflictions. L’homme est une dynamo qui produit des forces différentes à des moments différents. La même chose vaut pour la bouche : elle produit des énergies différentes à des moments différents ; la lèvre inférieure est conductrice de forces passives et la lèvre supérieure, des forces actives. Lorsque la lèvre inférieure de l’homme est proéminente, c’est le signe d’une grande passivité : ces gens attendent le bon moment pour toute action ; lorsque la lèvre supérieure est très proéminente, on est très actif, on va vers les autres sans attendre le moment propice. Le passif dit : « Si on m’apporte de l’argent, tant mieux ; si on ne m’en apporte pas, ce n’est pas plus mal » ; l’actif dit : « Si on ne m’apporte pas d’argent, j’irai en chercher moi-même ».

Lorsque je parle du baiser, je veux parler de la pureté dans les relations humaines. Par le baiser j’expose une grande loi qui agit dans la nature entre les humains comme entre les animaux. Lorsque deux colombes se rencontrent, elles rapprochent leurs becs et s’embrassent ; celui qui ne comprend pas cela croit qu’elles se sont agrippées par le bec pour se battre. Le bec est un symbole, il est courbé en forme de la lettre hébraïque Yod, comme une virgule ; il n’y a pas de vie sans les virgules. Le bec de l’oiseau est ce qu’est le nez de l’homme. Un nez est tordu d’un côté, un autre est tordu de l’autre côté. Ces deux formes ont une signification différente, quelle est-elle ? C’est un secret que je ne dévoilerai pas. Vous aussi vous avez besoin d’au moins une petite virgule comme symbole de transformation des énergies d’un état dans un autre.

Le Christ dit : « Donnez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Ce langage que le Christ a utilisé est figuré, kabbalistique. Cela signifie une fois traduit : pour les énergies physiques il faut se servir de méthodes physiques et pour les énergies divines, de méthodes divines. Si tu es par exemple en colère, tu iras au champ ou au potager, tu lèveras et tu abattras la pioche en te disant : « Comme je frappe le sol, que je frappe aussi celui qui est la cause de ma colère ». Donc, au lieu de frapper l’homme, frappe le sol, au moins tu accompliras un certain travail. Tu transformeras ainsi ta colère et tu rentreras chez toi apaisé et content. Ne dis pas que ta femme est colérique, mais achète-lui une pioche et envoie-la dans le champ ; ne dis pas que ton mari est irascible, mais fais-lui atteler les bœufs pour aller labourer. Que font les gens d’aujourd’hui ? Un homme et une femme en colère se rassemblent pour se plaindre l’un de l’autre et de leurs enfants, mais au lieu de s’aider ainsi, ils attisent leur colère. À mon avis, c’est exactement ce type d’homme et de femme dont on a besoin dans le champ et le potager, c’est une manière idéale de résoudre toutes les contradictions.

Quelqu’un se décourage et dit : « Personne ne m’aime, personne ne m’embrasse ». Sors pour voir le lever du soleil, il t’embrassera, alors tu te diras : « Il y a quelqu’un qui m’embrasse ». Si tu assistes tous les jours au lever du soleil, il t’embrassera chaque jour : quel meilleur bienaimé peux-tu trouver que le soleil ? Chacun peut vivre avec un tel bienaimé. Parle de ce bienaimé librement, sans peur ! Si quelqu’un t’entend et ne te comprend pas, il te condamnera ; mais s’il te comprend, il ne te critiquera pas. Chacun cherche l’amour du soleil.

Les gens d’aujourd’hui ne connaissent pas encore l’amour. « Nous avons besoin d’embrassades. » Lesquelles ? Celles du soleil. « Nous avons besoin d’embrassades. » Lesquelles ? Celles de l’eau fraîche. « Nous avons besoin d’embrassades. » Lesquelles ? Celles de l’air pur. « Nous avons besoin d’embrassades. » Lesquelles ? Celles de la lumière. Ce ne sont pas des choses ordinaires dans la vie. Lorsque je dis que vous devez chercher les embrassades du soleil, je veux par son biais diriger votre regard vers le soleil divin. Celui qui a reçu un baiser du soleil divin ne recherchera jamais un baiser du soleil physique qui est son serviteur. Le soleil physique éclaire et se consume ; qui n’a pas éprouvé ses rayons noirs ? Les dames portent des voiles sur le visage et des ombrelles pour se protéger de ce soleil. L’américaine porte un grand chapeau blanc, elle veut dire ainsi : « Je ne permets pas au domestique de m’embrasser ; si quelqu’un peut m’embrasser ce sera uniquement le soleil divin ».

Jadis les juifs ont posé différentes questions au Christ, à savoir comment résoudre les questions sociétales et familiales. Encore aujourd’hui on se pose les mêmes questions ; on demande au Christ comment résoudre ses problématiques familiales : les rapports du mari à sa femme, de la femme à son mari, des enfants aux parents, etc. On n’a toujours pas résolu ces questions parce qu’on ne sert pas Dieu. Beaucoup disent qu’ils veulent servir Dieu, mais en réalité ils ne servent qu’eux-mêmes. Pour résoudre correctement tes rapports avec ta femme, il faut la laisser libre de puiser l’énergie à la source divine ; et la femme doit agir de même envers son mari : c’est le seul moyen d’être une âme valeureuse.

L’homme doit connaître sa force. N’est-ce pas un leurre pour la petite rigole qui arrose à peine dix pieds de choux de croire qu’elle irrigue tout le jardin ? C’est aussi dangereux pour les petites choses de surestimer leur force que pour les grandes choses de la sous-estimer. Si tu es petit, tu as une qualité précieuse : la pureté ; voilà pourquoi il faut parfois être petit. Les petits sont des sources pures, les grands sont des fleuves troubles. Si vous ne croyez pas mes paroles, vous les éprouverez vous-mêmes. Si on dit de quelqu’un qu’il est un grand homme, je sais déjà que c’est un grand fleuve trouble. L’assoiffé a besoin d’une petite source pure, d’une petite rivière pure, et le marchand d’un grand fleuve ; la jardinier a besoin de petits ruisseaux, et le meunier de grandes rivières. Le meunier dit : « Je n’ai pas tellement besoin que l’onde soit pure, mais qu’elle soit impétueuse, puissante ; elle peut bien être pure ou trouble du moment que la roue tourne ». Cette affirmation est vraie tant qu’il est question de moulins ; lorsqu’il n’y a plus de moulins, nous avons besoin d’eau pure. Avec quelle eau cuisinons-nous et faisons-nous la vaisselle ? Par conséquent le moulin a besoin d’une eau quelconque, du moment qu’elle est impétueuse ; mais pour les choses divines il faut de l’eau pure, cristalline. Quiconque veut entrer dans le monde divin doit avoir ses sources de vie pures. Cette loi se vérifie aussi dans la nature : des oiseaux magnifiques vivent auprès des eaux pures et des beaux arbres ; aucun oiseau ne vit auprès des eaux troubles. La santé, la bonne disposition, le bonheur sont des créatures qui aiment les sources pures. Si quelqu’un me demande pourquoi il souffre, je lui réponds : parce que tu es un grand fleuve trouble.

« Ils en furent étonnés. » Vous aussi, en quittant ce lieu vous vous demanderez quoi faire dans un monde avec lequel vous ne savez pas vous harmoniser. Vous vous étonnez que le monde soit ainsi créé. Il y a des choses dans le monde que Dieu n’a pas faites. Qui a fabriqué vos maisons, vos moulins, vos usines, qui a confectionné vos vêtements, qui a inventé l’art culinaire ? Le monde qui vous mécontente est créé par les humains, c’est un monde humain. Dire que le monde créé par Dieu est mauvais signifie que vous ne dites pas la vérité ou que vous ne la comprenez pas. Quelqu’un a teint ses cheveux en noir et dit que c’est leur couleur : il ne dit pas la vérité. Pourquoi ne pas dire qu’il s’est fait une teinture ? Les cheveux peuvent se teindre et devenir noirs, blonds, roux, blancs, comme bon vous semble. Si Dieu avait teint nos cheveux, ils ne tomberaient pas. Si nous étions nés de Dieu, nous ne tomberions pas malades et ne mourrions pas. Le corps chétif est une invention humaine, quelle idée peut-on y mettre ? Une idée humaine, mais non une idée divine. Pensez-vous que Dieu versera le nectar divin dans un flacon fragile ? Tu dis : « Je veux que l’esprit divin demeure en moi ». Si tu le veux, tu dois acquérir un flacon façonné par les anges ; travaille dans cette direction pour obtenir un tel flacon. Alors, un seul baiser du soleil divin pourra transformer ta vie et te donnera une impulsion pour un travail nouveau. Le principe divin en toi s’enracinera profondément et le monde physique y puisera la sève nécessaire pour la vie nouvelle, c’est cela la résurrection de l’âme humaine. Ce sera l’homme véritable : il passera parmi les humains comme un grand éléphant ; qu’il soit mordu, écorné, moqué, il avancera sans leur prêter attention. Ils lui diront : « Tu te rappelleras le jour où tu as traversé notre royaume ». L’éléphant avancera calmement en donnant le rythme avec sa trompe, il remuera la queue et dira : « Vous, vous vous rappellerez le jour où j’ai traversé votre royaume ! »

« Ils en furent étonnés et le laissant ils s’en allèrent. » Mettez-vous en tête l’idée que votre flacon est humain et n’est pas fait par Dieu. Ainsi, dans quel flacon rentrerez-vous lorsque vous quitterez le flacon physique ? Vous direz que même si le flacon se casse, l’important est que l’eau se conserve ; où ira cette eau ? Dans un autre flacon ou bien elle se déversera dans la nature. Elle voyagera, mais n’ira pas à l’endroit qui lui est prédestiné ; et cette eau n’est pas divine. Les savants disent que l’eau est constituée de deux volumes d’hydrogène et d’un volume d’oxygène, mais ils ne savent pas toute la vérité : cette eau est une substance tertiaire, les savants ne connaissent pas encore la substance primaire et secondaire de l’eau. Du point de vue de la vraie science, l’eau n’est pas constituée d’hydrogène et d’oxygène, mais ce sont ces derniers qui sont constitués d’eau.

Pensez-vous pouvoir transformer le monde avec vos connaissance actuelles ? Ces connaissances ne peuvent pas vous rendre civilisés. Aujourd’hui, il n’y a même pas une personne sur cent qui pense de façon divine. La pensée de beaucoup de philosophes et de savants est simple comme un pied de haricot ; elle est parfois même plus simpliste qu’un pied de haricot. Ce n’est pas un reproche : j’expose les faits comme ils se présentent. Si vous mettez un morceau de bois sec à côté du pied de haricot, il va s’enrouler autour de lui, mais s’il y a aux alentours du bois vivant, même plus loin que le bois sec, alors il préférera le bois vivant et s’enroulera autour. Aujourd’hui la plupart des gens sont enroulés autour du bois sec et attendent malgré cela une transformation de leur vie. Tant que vous agissez ainsi, n’attendez aucune transformation.

« Ils en furent étonnés et le laissant ils s’en allèrent. » Libérez-vous du bois sec. Déracinez-le, construisez à la place votre clôture avec du bois vivant et dites : « Seigneur, j’ai terminé mon travail comme Tu l’as voulu ». Je vous souhaite à tous de vous entourer d’une clôture vivante pour entrer et sortir librement du jardin divin.

Aspirez à trouver la substance secondaire des choses.

Sofia, 4 avril 1920

Traduit par Bojidar Borissov

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