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1920_03_28 La loi et les prophètes


Ani
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La loi et les prophètes

« La loi et les prophètes ont subsisté jusqu'à Jean ;

depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé,

et chacun use de violence pour y entrer. »[1]

Luc 16 :16

Je m’arrêterai sur les mots loi et prophètes car ils symbolisent la vie actuelle dans toutes ses phases et besoins.

Tous les humains vivent dans certaines limitations, par exemple ils mangent trois fois par jour et se demandent à longueur de journée comment se procurer la nourriture nécessaire. Les oiseaux aussi volent toute la journée dans les airs dans l’unique but de se procurer de la nourriture. Les humains sont occupés toute la journée par la loi et les prophètes : dès le lever du jour leurs enfants commencent à crier et à prophétiser : « Maman, donne-moi du pain ! » La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean[2].  Qui est Jean ? Il représente une étape transitoire dans la vie.

« Depuis lors le Royaume de Dieu est annoncé. » Je ne vais pas disserter sur le sens profond et mystique de ce Royaume, je dis simplement qu’il représente la véritable vie divine intelligente qui exclut les tourments, les souffrances et la mort. Cela ne veut pas dire que ces choses n’existent pas, mais qu’elles sont accueillies avec joie dans le Royaume de Dieu. C’est une grande vérité que vous pouvez difficilement accepter : vous ne pouvez pas imaginer à quel point ce qui cause la souffrance peut aussi causer la joie. Pour beaucoup ceci est incompréhensible à cause de leur égoïsme : comme ils ne vivent que pour eux, alors lorsqu’ils vont bien, le monde va bien ; lorsqu’ils sont heureux, ceux qui les entourent sont aussi heureux. Mais le véritable bonheur se trouve dans le Royaume de Dieu, c’est-à-dire dans la vie divine. Souvent les gens souffrent de ne pas laisser les pensées divines se frayer un chemin : lorsque celles-ci traversent leurs esprits, ils n’y prêtent pas la moindre attention.

Vous connaissez tous la fable « le lion et la souris ». Elle fait passer l’idée de l’importance des petites choses. Un lion grand et puissant vivait dans une forêt. Un jour il dormait tranquillement sans être dérangé. Une petite souris a surgi à ce moment et est montée sur le dos du lion pour faire ses observations afin de comprendre quel était ce grand animal. Le lion s’est réveillé aussitôt, il a vu la petite souris et lui a demandé : « Comment oses-tu m’importuner, qui t’a permis de monter sur mon dos et de troubler mon sommeil ? Ne sais-tu pas que je peux te dévorer ? » La petite souris a tremblé de tout son corps et a imploré : « Redonne-moi la liberté, je suis une petite bête et même si tu me manges, tu ne gagneras rien. Je pourrais peut-être un jour t’aider ». Le lion l’a toisée et a dit : « Comment pourrais-tu me rendre service, je suis si grand et si puissant. Mais je suis noble, je t’épargne la vie ». Un jour, le même lion a été pris dans un piège. En entendant ses gémissements la petite souris est venue aussitôt à son secours : elle a rongé les barreaux du piège et a libéré l’énorme lion.

Je dis : il existe de petites idées comme la souris qui, lorsqu’elles entrent dans l’esprit de l’individu, troublent sa paix intérieure. Il vous vient par exemple l’idée d’être bons ; pour la réaliser vous commencez à faire le bien, mais vous troublez ainsi votre tranquillité, à la maison on se fâche contre vous, on vous accuse d’inattention et de prodigalité, on se demande ce qui vous prend et pourquoi vous ne ressemblez pas aux autres. Si une petite idée te vient à l’esprit et se met à t’importuner, tu dis : « Va-t’en, ne me trouble pas ».

Le Christ dit : « La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean ». Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de prophètes après Jean, il y en aura, mais ils prôneront un autre enseignement. Les idées et les enseignements humains changent au gré de la mode. Ouvrez n’importe quel magazine de mode et vous verrez qu’il est question de modes plébiscitées dans le monde entier ; peu de temps après les journaux se remplissent de nouvelles modes et les anciennes sont remplacées par les nouvelles. Chaque femme est contente d’être habillée à la dernière mode. Les femmes portaient jadis des robes à tournures, héritières des crinolines ; la tournure était agréable à l’œil car c’était la mode ; si vous croisez aujourd’hui une femme avec une robe à tournure, cela vous paraîtrait risible et laid. Chaque chose est bonne pour son temps. Idem pour les idées : chaque vieille idée est une tournure, chaque ancienne prophétie est aussi une tournure. Les anciennes idées, formes et matériaux ne sont pas mauvais, mais ce sont des tournures qui doivent selon la loi de l’évolution subir des changements. La nouvelle époque exige de nouvelles formes, de nouvelles idées. L’aspiration de l’homme consiste en cela précisément : retraiter les anciennes formes en créant quelque chose de nouveau. Voilà pourquoi, lorsque je parle du nouvel enseignement, je comprends l’art de transformer la matière, l’art de transformer les forces dans la nature, c’est la seule façon de faire travailler ces forces pour notre organisme. Le vieillissement de l’homme est dû précisément à l’absence de changement des anciennes formes. C’est une phase transitoire dans le développement humain. Le jour vient où l’ancien se transformera et prendra une nouvelle forme pour être au service de l’humanité.

Tu dis : « J’ai vieilli, je n’ai plus de forces, je ne tiens plus sur mes jambes ; j’ai vieilli, j’ai perdu ma beauté ». Pourquoi as-tu perdu ta force, ta beauté ? Les souffrances sont la charrue de l’agriculteur. Là où passe la charrue, tout se transforme en terre noire : les beaux champs et pâturages deviennent un sol labouré. Ne regrettez pas d’avoir temporairement perdu votre beauté. Regardez le beau visage vivant du Seigneur qui cache en lui une force magique, ce visage ressuscite et renouvelle. Le visage humain n’a pas encore acquis ces qualités. La véritable beauté est pure et sublime, c’est une image de la vérité. Cette beauté donne à l’homme un élan pour le travail ; elle mène à la philosophie positive de la vie et non à la philosophie abstraite et informe que certains philosophes enseignent. Il existe un monde informe et un monde inintelligent, mais il faut savoir que le monde intelligent ne découle pas du monde inintelligent comme l’inintelligent ne découle pas du monde intelligent. L’inintelligent peut être au service de l’intelligent, c’est-à-dire ces formes peuvent devenir porteuses de l’intelligent, mais elles ne proviennent pas de l’intelligent.

Ainsi, les paroles du Christ : « Le Royaume de Dieu est annoncé » signifient que tous seront porteurs du Nouveau. Qui tous ? Ceux qui prennent conscience que la vie doit passer dans une nouvelle phase dont le Christ a parlé il y a deux mille ans. Cette phase vient déjà, elle est le présent. Beaucoup vivent encore aujourd’hui avec l’illusion que le Christ viendra une seconde fois sur terre pour les sauver et les emmener avec lui au Ciel. Ils ressemblent à cette jeune fille qui attend que son bien-aimé la prenne du foyer paternel pour l’emmener dans un endroit meilleur et lui montrer comment vivre. Tous les hommes et toutes les femmes sont passées par ces illusions. Lorsqu’elle entre dans la maison de son bien-aimé, la jeune fille doit tenir la maison bien rangée, elle doit cuisiner, nettoyer, s’habiller et se faire belle ; si elle ne sait pas faire cela, elle va en deux ou trois ans perdre l’amour de son bien-aimé. Seul le Divin sauvera l’homme. Donc, lorsqu’Il vient en nous, nous devons être prêts à tout faire pour Lui, à ouvrir nos cœurs et nos esprits et à L’accueillir. Nous devons pénétrer dans notre âme et scruter ses manifestations. Comment se manifeste l’âme ? À travers le corps. Sans le corps qui est son instrument, elle ne peut pas se manifester sur le plan physique. Plus elle se manifeste, plus le corps est modelé.

Ainsi, ayez à l’esprit l’idée que, quel que soit le moment choisi, le Divin doit s’incarner en vous, c’est une pensée réelle car on peut l’expérimenter à tout instant. Avec le Divin, il n’y a ni changement de nature ni évolution, alors qu’avec le réel il y a une évolution, mais pas de changement de nature : il y a une évolution dans la réalité. Il n’y a pas d’ombres dans la réalité, les ombres existent en dehors d’elle comme quelque chose d’impalpable et de fictif. Ce qui est idéal, c’est-à-dire le Divin se base sur le réel et le réel se base sur les ombres ; le réel peut toujours créer une ombre et l’idéal créer une réalité. Le rapport entre l’idéal, le réel et les ombres de la vie est différent. L’idéal en tant que forme dans la vie est le principe intérieur en vous que vous percevez avec votre âme, c’est la base de l’âme. Le réel est la manifestation du monde extérieur, objectif qui ne change pas de nature, mais évolue. C’est ainsi que l’esprit humain et l’âme humaine se perfectionnent.

« Le Royaume de Dieu est annoncé », ce qui signifie : Le Royaume de Dieu est prêché. Qu’adviendra-t-il de vos fils et de vos filles si vous ne leur parlez pas pendant leur croissance et leur développement, pensez-vous qu’ils resteront les mêmes ? Il se trouvera toujours quelqu’un d’autre pour leur parler et les instruire. La nature elle-même, le monde invisible commenceront à leur parler et les instruire : ils éveilleront en eux certaines pensées, sentiments, passions à travers lesquels ils apprendront. Les parents disent : « Il y a des choses que les enfants ne doivent pas savoir » ; c’est vrai, mais il y a aussi des choses que les enfants doivent savoir. Lorsque ta fille aura un certain âge, tu lui diras toute la vérité pour qu’elle sache ce qui l’attend, tu la prépareras pour la vie. Que fait la mère aujourd’hui ? Lorsque sa fille aura grandi, elle lui confectionnera une robe à la mode, elle l’arrangera au mieux et la présentera aux autres pour montrer qu’elle est devenue une jeune femme à marier. Elle lui enseignera le côté extérieur de la vie, mais elle ne lui dira rien concernant la nature de la vie ; sa fille restera ainsi avec les illusions de la vie. La mère a déjà éprouvé la souffrance et pourtant elle dit à sa fille qu’elle vivra bien avec son mari et qu’ils vivront encore mieux lorsqu’ils auront des enfants. La mère voit le mari et les enfants souffrir et péricliter, mais soutient le contraire à sa fille, elle lui dit que son mari sera fort et en bonne santé, qu’il l’entretiendra et s’occupera des enfants. Tout cela ne repose pas sur la vérité. Pourquoi ne pas dire à ta fille et à ton fils tout ce que tu as appris, pourquoi ne pas dire toute la vérité ? S’ils savent la vérité, ils garderont les yeux ouverts sur la vie ; ils seront comme l’architecte expérimenté qui sait par avance les entraves et les facilités qu’il aura dans son travail. Certains, lorsqu’ils viennent jusqu’au monde spirituel disent : « Puisque nous sommes arrivés jusque-là, nous n’avons pas peur, nous n’aurons pas de contre temps, on nous recevra avec des chants et de la musique, on nous donnera un bon travail ». Ce n’est pas ainsi : lorsque vous parviendrez jusqu’à ce monde, des joies et des péripéties, des bonheurs et des malheurs vous attendront ; lorsque vous entrerez dans le monde spirituel, vous perdrez même vos meilleurs amis. « Alors ne nous marions pas. » Ce n’est pas une question de mariage. Lorsque vous entrerez dans le monde spirituel, vous comprendrez le sens de la vie et de la mort, des tourments et des souffrances.

Les gens d’aujourd’hui considèrent la mort, les souffrances et les tourments comme de grands malheurs, alors qu’à mon avis ce sont les plus grands bienfaits dans la vie. À l’avenir, lorsque nous terminerons notre développement sur terre, le tourment te croisera et te demandera : « Me reconnais-tu ? – Je ne te connais pas. – Je t’ai rendu visite plusieurs fois, mais tu as été à chaque fois mécontent de moi. »

Tu croiseras ensuite la souffrance qui te demandera aussi : « Me reconnais-tu ? – Je ne te connais pas, je ne me rappelle pas un tel visage. – Combien de fois nous nous sommes vus, combien de fois nous avons parlé ! Je connais toute ta famille, mais vous vous êtes toujours plaints de moi car vous ne me compreniez pas. »

Je dis : les gens ont atteint leur degré de développement actuel grâce aux tourments et aux souffrances ; Dieu se manifeste à travers eux, ils préparent l’individu à l’affection et à l’amour, ils lui apportent les véritables bienfaits de la vie.

« La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean ». Que symbolisent la loi et les prophètes ? L’ancienne vie avec toutes ses joies et ses misères. Elle ouvre la voie au Royaume de Dieu. Peut-on vivre sans souffrances ? C’est possible aussi, mais je demande aux savants ce que sera la vie sans tourments et sans souffrances, dites-moi la finalité d’une telle vie ! Vivre sans tourments ni souffrances, c’est devenir plus malheureux que vous ne l’êtes déjà. Si vous entrez dans un monde sans souffrances, dès le lendemain vous direz : « Envoyez-nous des souffrances, nous ne pouvons pas vivre sans elles ». Ce n’est pas de la théorie mais un fait : tant que tu ne comprends pas le sens de la souffrance, tu seras toujours mécontent ; lorsque tu le comprendras, tu trouveras la satisfaction. Si la souffrance te rend visite, tu diras : « Merci de me rendre visite ; que m’apportes-tu ? »

Je dis : ne vous hâtez pas de manger la noix avec sa bogue verte ; plantez-la dans la terre, donnez-lui de bonnes conditions pour qu’elle se développe et attendez patiemment qu’elle devienne un grand arbre qui donnera du fruit en abondance, alors vous comprendrez ce qu’elle contient. Tout mon vécu, toutes les grandes idées, toutes les découvertes que j’ai faites se sont réalisées pendant les plus grandes épreuves et souffrances. En étudiant la vie du Christ vous remarquerez la même chose : personne n’a autant souffert sur terre que le Christ et personne n’a reçu non plus de plus grands bienfaits sur terre que le Christ. Ceci montre que Dieu est caché dans les tourments et les souffrances comme dans les joies. Si tu ne reconnais pas Dieu dans le tourment et la souffrance, tu ne Le reconnaîtras pas ailleurs. Si tu ne reconnais pas Dieu dans l’envers de la vie, c’est-à-dire dans le tourment qui comme un lion dévore ton corps et brise tes os, tu ne Le reconnaîtras nulle part. Lorsqu’Il te regarde te tordre de souffrances, Dieu te demande : « Es-tu assez vaillant pour supporter ces souffrances ? »

« Le Royaume de Dieu est annoncé ». À travers quoi ? À travers les souffrances. J’expose cette grande vérité devant vous, les âmes éveillées, elle n’est pas pour tout le monde. « Comment pouvons-nous trouver le chemin du salut ? – Lorsque vous comprendrez le sens de la souffrance. » Je demande : où était le diable du tourment et de la souffrance avant la création du monde ? Selon moi il existait comme une possibilité dans l’existence même. Tu t’imagines parfois que ton bienaimé peut être beau ou laid, c’est aussi une possibilité. Que symbolisent les griffes acérées du lion qu’il plante dans le corps de sa victime ? Une possibilité de contenter sa faim. Si tu comprends la loi de transformation de la matière, tu te libéreras des griffes du lion ; si tu ne la comprends pas, il les plantera dans ta peau et te dira : « Idiot, tu as vécu de nombreuses années sur terre, mais sans apprendre la loi de transformation de la matière. Voilà pourquoi je deviendrai ton professeur et je t’apprendrai l’art de transformer la matière. – Jusqu’à quand seras-tu mon professeur ? – Jusqu’à ce que tu apprennes cet art. Ensuite mes griffes n’auront plus de prise sur toi. – Comment pourrai-je acquérir cet art ? – Par le tourment et la souffrance. »

Le diable plante ses griffes dans ta peau et tu pleures. Plus tu pleures et plus il rit. Tu dis au diable : « Tu es très cruel. – Je ne suis pas cruel mais intelligent. Lorsque tu deviendras intelligent toi aussi, je serai alors miséricordieux et noble. »

Le Christ dit : « Le Royaume de Dieu est annoncé ». Quel est le sens du Royaume de Dieu ? Il enseigne aux humains à se libérer des griffes du lion et des crocs du loup. Il représente la grande science de la vie que vous pouvez acquérir en un jour, il suffit de la souhaiter pour l’acquérir. Lorsque j’étudie l’homme je vois qu’un des grands freins à son succès est le doute. Tu dis : « J’ai un avis personnel ». Tu as un avis particulier, mais tu veux te sauver. Le chemin du salut est difficile. Aujourd’hui, tous les êtres humains sont face à des portes différentes : pourvu qu’ils tombent face à la porte du salut. Il y a des écriteaux sur toutes les portes pour indiquer où on va, mais la porte du salut est entourée de diables : ils guettent l’arrivant ; lorsqu’ils voient les diables, les humains s’enfuient. Ne fuyez pas devant cette porte, mais arrêtez-vous devant elle et attendez qu’elle s’ouvre. Tant que vous n’irez pas chez le diable, vous n’irez pas auprès de Dieu non plus. Le diable participe au conseil de Dieu, Dieu discute souvent avec lui. Un jour, Dieu lui a demandé : « As-tu prêté attention à mon fidèle serviteur Job ? Il n’a pas son égal parmi les humains. – J’ai un autre avis sur lui. Laisse-le moi, je peux l’éprouver. Il est pieux et fidèle car il est riche et dispose de tout. Je vais lui prendre sa fortune, ses enfants, sa santé, tu verras ensuite ce qu’il est. – Fais l’expérience, mais tu ne lui ôteras pas la vie. »[3]

Vous aussi, vous voulez maintenant que Dieu ait une bonne opinion de vous, c’est possible, mais le diable viendra aussitôt pour vous éprouver. Il suffit que Dieu dise de quelqu’un qu’il n’y a pas de meilleur disciple que lui dans tout Sofia pour que le diable vienne et soit d’un autre avis ; il dira : « Laisse-le moi, je vais l’éprouver ». Le Seigneur vous laisse entre les mains du diable. Vous dites : « Quel est ce Seigneur qui donne la liberté au diable de nous éprouver, nous attendons qu’Il nous aime et non qu’Il nous éprouve ». Donc, vous voulez qu’il ne tombe pas un seul cheveu de votre tête ; vous voulez la fortune du Seigneur pour vous et pour toute votre famille sans faire le moindre sacrifice pour lui ; vous voulez être les maîtres et Dieu, votre serviteur. Vous serez un jour des maîtres, mais vous passerez d’abord par le diable qui plantera ses griffes dans votre corps. Lorsque des ulcères couvriront votre corps, lorsqu’on vous prendra toute votre fortune, alors votre Dieu se manifestera : voilà le nouvel enseignement. Lorsque vous comprendrez ces grandes choses, vous maîtriserez l’alchimie qui permet d’obtenir les choses par la magie, instantanément. L’alchimie sous-entend la transformation de la matière d’un état inférieur à un état supérieur.

Vous voulez que je vous dise quelque chose d’encourageant. Vous avez raison si vous êtes des enfants : vous avez besoin de poupées et de vêtements pour elles, alors que si vous êtes une jeune femme à marier de vingt et un ans, auriez-vous besoin de poupées ? Si vous donnez une poupée à une fille de cet âge, elle se vexera. Vous avez dépassé le stade des poupées, il est temps de nettoyer et de travailler !

Ainsi, le Royaume de Dieu est annoncé. Le sens de ce Royaume est d’apprendre le sens de la souffrance, d’apprendre à ouvrir des flacons, à les vider et à les remplir avec du nouveau. Lorsque nous ouvrons les flacons, cela montre que Dieu veut rejeter l’inutile pour que tous nos tourments, tous les troubles, tous les mauvais sentiments et pensées s’écoulent. Lorsque nous nous mettrons à gémir, Dieu nous serrera entre Ses doigts comme un flacon plein et videra l’ancien contenu pour y verser un nouveau contenu. Puis Il dira : « Tu es prêt maintenant à comprendre le Royaume de Dieu et à y entrer ».

Il est dit dans l’Écriture : « Et l’Esprit viendra en vous ». Quand ? Lorsque vos cœurs seront prêts. Lorsque l’Esprit viendra vivre en vous, vous aurez un brasier pour forger les matériaux nécessaires à l’édification de la nouvelle vie. Selon la philosophie que je prêche, je ne dis pas qu’il faut vous résigner, mais je ne dis pas non plus qu’il faut vous arracher les cheveux et vous griffer le visage. Désormais, je demanderai à tous les hommes et à toutes les femmes : « Avez-vous bien combattu ? –  Non. – Alors sortez et apprenez. Je ne veux pas que vous soyez vaincus. » Être vaincu est un symbole. Le nouvel enseignement commence par le combat : vous vous battrez deux à deux comme des coqs et ensuite vous serez des amis. Si vous ne devenez pas des amis après le premier combat, vous vous battrez une seconde fois ; en fin de compte vous finirez par être amis, c’est le seul moyen de devenir des disciples du nouvel enseignement. C’est ainsi que les prophètes jusqu’à Jean ont procédé.

Par conséquent, il y a un combat et des coups dans le nouvel enseignement tel un pansement pour une blessure. La grand-mère soigne son petit-fils et dit : « Applique un pansement ! – Un pansement de quoi ? – D’herbes. »

Il y a deux types de pansements : l’un selon l’ancien enseignement et l’autre selon le nouvel enseignement. Lorsque des religieux se battent, ils sont la risée de tous. Le combat est souvent pratiqué chez les Hindous. Comment réagiriez-vous à la place d’Épictète ? Il était esclave chez un patricien romain qui se comportait très mal à son égard comme avec les autres domestiques. Bien que maltraité Épictète ne protestait jamais, supportant avec un sang-froid et une patience hors du commun toutes les vexations. Un jour son maître l’a battu si fort qu’Épictète lui a dit calmement : « Maître, ne me bats pas aussi fort car tu me briseras la jambe et je ne pourrai plus te servir comme auparavant ». Ces mots ont attisé encore plus la fureur de son maître qui l’a battu avec cruauté jusqu’à lui briser la jambe. Épictète a dit : « N’étais-tu pas prévenu que tu allais me briser la jambe ? » Grâce à sa patience et son sang-froid il a été libéré de son joug et renvoyé dans sa patrie, la Grèce, où il s’est forgé une renommée de grand philosophe. Essaie seulement d’appuyer sur le pied de quelqu’un pour voir le scandale qu’il fera, il se plaindra à tout le monde, tout Sofia saura qu’il a été lésé. Ne te plains pas, mais dit : « Maître, tu me briseras la jambe et ensuite je ne pourrai plus te servir ». Tu as un ami, dis-lui : « Mon ami, tu me briseras la jambe, je ne te serai pas utile ». C’est ainsi qu’il faut comprendre l’enseignement du Christ. Ceux parmi vous qui ne savent pas se servir de ce côté-là, ne peuvent pas être disciples du nouvel enseignement.

« Le Royaume de Dieu est annoncé et chacun use de violence pour y entrer ». Cela signifie qu’il faut aspirer à comprendre le sens de ce que Dieu a créé, et accepter les pensées divines. Si vous acceptez les pensées divines, vous êtes dans le droit chemin et plus vous faites face aux tourments et aux souffrances, plus vous êtes dans le droit chemin. Le premier signe pour reconnaître une femme enceinte est la souffrance ; celle qui n’est pas enceinte n’éprouve pas de souffrances ; elle ne souffre pas, mais elle ne peut pas enfanter non plus. La même loi agit dans le monde spirituel. Avant de se marier la jeune fille dit : « Je vivrai comme une reine » ; une fois mariée, elle dit : « Ce que je pensais ne s’est pas réalisé ». Que pensais-tu ? Vivre dans un palais royal sans que la moindre poussière ne retombe sur toi ? Le mariage montre le chemin des secrets divins, le divin en l’homme les révèle. Le nouvel enseignement a aussi un rapport aux humains et ils doivent pour cela se montrer courageux et décidés. Si quelqu’un te bat, dis-lui : « Bats-moi selon les préceptes du nouvel enseignement ».

Un étudiant américain était mécontent d’un de ses professeurs et une fois, lorsqu’il l’a retrouvé tout seul à son domicile, il lui a donné deux gifles. Le professeur lui a demandé calmement : « Pas plus que ça ? – Non, je ne pense pas. » Le professeur lui a dit : « Maintenant je vais te démontrer que tu n’as pas bien appris cet art. » Il l’a attrapé, il lui a administré une bonne correction et l’a jeté dehors.

Ainsi, celui qui entre dans le chemin du nouvel enseignement doit être courageux dans ses actes. Lorsque vous étudiez cet art, vous devez vous y consacrer entièrement et sans arrêt, Dieu n’aime pas les interruptions. Vous dites souvent : « Dieu, préserve-nous ! » C’est un enseignement humain. Dites : « Seigneur, apprends-moi comment frapper ». Si tu parles ainsi, le Seigneur t’enseignera tout. Que tu fasses du bien ou du mal, fais-le dans les règles de l’art. Celui qui fait du bien, sait aussi faire du mal. Tu dis : « Je ne suis pas un mauvais bougre ». Non, mais tu n’es pas bon non plus. Si tu es très mauvais, tu seras aussi très bon ; si tu es très bon, tu seras aussi très mauvais ; voici le côté positif du nouvel enseignement. Ne vous faites pas d’illusions en pensant que seul le bien existe. Tu dis : « Vivons dans la paix et l’entente ». Non, il faut parfois serrer les poings. « Comment faut-il vivre ? » Vous pouvez vivre de deux façons. Comment vivras-tu avec le lion ? À la manière du lion. Et avec la lionne ? À sa manière aussi. Quoi qu’ils fassent, le loup et la brebis ne peuvent pas vivre en frères. « Ah, mais le loup a mangé une brebis ! » Bien sûr qu’il la mangera ; le loup dit : « Je ne veux pas de grands-mères autour de moi ». La brebis ne doit pas chercher la fraternité du loup mais être vigilante et agile et prendre ses jambes à son cou. L’agilité et la mobilité de l’homme est due au loup qui, en se déplaçant parmi les humains, a éveillé leur conscience. Lorsque l’oiseau tourne la tête à droite et à gauche, je lui demande : « Pourquoi regardes-tu ainsi de tous côtés ? » Il répond : « As-tu essayé les serres du milan ? Comme je les ai essayées, je l’évite de loin à présent pour ne pas le croiser ».

Rappelle-toi : le nouvel enseignement exige deux choses : résister aux souffrances et aux tourments d’une part, et d’autre part se préparer à l’amour et à l’affection dans toutes leurs formes. Dans certains cas l’amour peut provoquer le mal. Par exemple tu tombes amoureux d’une belle paysanne qui travaille heureuse et satisfaite dans son champ ; tu la sépares de son travail, tu l’amènes en ville, tu l’habilles comme une poupée et tu te mets à lui faire fréquenter le monde. La jeune femme, mal habituée à cette vie, cède peu à peu aux flatteries des autres jusqu’à ce que tu la perdes un jour. À qui la faute ? À ton amour stupide. Je dis : que Dieu vous protège d’un amour qui corrompt ! Donne la possibilité à la jeune femme ou au jeune homme dont tu t’es épris de se manifester librement. Je recommanderais au jeune homme qui est tombé amoureux de la paysanne de prendre la binette et d’aller chez elle, qu’ils travaillent ensemble ; s’il l’arrache à son environnement naturel pour la poser dans le sien, elle s’avilira.

Lorsque vous voudrez manifester votre amour, vous vous abaisserez jusqu’à ceux que vous aimez et vous travaillerez avec eux. Un jour, lorsque le désir de vivre comme vous les animera naturellement, ils passeront sans douleur d’un état à un autre. C’est l’Enseignement du Christ : le Christ vit aussi maintenant à nos côtés jusqu’à ce qu’un jour nous souhaitions nous élever jusqu’à Lui. Compris de la sorte, l’enseignement du Christ a du sens ; si vous ne le comprenez pas ainsi, vous êtes encore dans les illusions. Vous attendrez mille ans encore jusqu’à ce que le Christ vienne parmi vous en tant qu’ouvrier pour vous demander : « Avez-vous besoin de Moi pour que je travaille un peu avec vous dans votre maison ? » Pourquoi le Christ veut-il travailler chez vous ? Parce qu’il vous aime. Il travaillera des années chez vous et parmi vous sans montrer extérieurement son amour. Les gens d’aujourd’hui paradent avec leur amour, chacun dit : « Ne sais-tu pas que mon cœur brûle d’amour ? » Deux-trois ans après, cet amour se dissipe ; n’ayant plus rien pour se réchauffer, on dit : « Il n’y a pas d’amour dans le monde ». La vie actuelle ne nécessite pas un feu qui brûle les cœurs, mais une chaleur divine dans laquelle les cœurs brûlent sans se consumer.

Je vous souhaite de retrouver la chaleur divine de vos cœurs que vous avez autrefois perdue. C’est le sens des paroles : « Le Royaume de Dieu est annoncé ».

28 mars 1920, Sofia

Traduit par Bojidar Borissov

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