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1920_02_22 Je suis vivant


Ani
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Je suis vivant

« Et voici, je suis vivant aux siècles des siècles, Amen !

Et je tiens les clefs de l'enfer et de la mort. »[1]

Apocalypse 1 :18

Je vais vous relater une anecdote sur la vie des fourmis. La culture des fourmis est l’une des grandes époques de l’histoire de la nature. La fourmi est le symbole de l’égoïsme humain. Les fourmis ont été jadis à l’apogée de leur développement, elles étaient connues pour leurs découvertes scientifiques, pour leur compréhension des secrets de la nature, pour leur société bien organisée : elles étaient gouvernées par un sénat et par un parlement. Un jour, à leur grand dam, elles ont vu surgir un fourmilier au milieu de leur assemblée, il a pointé sa langue très longue où sont restés collés les ministres, les députés et une grande partie des fonctionnaires ; il les a avalés d’un coup de langue et s’en est allé. Les philosophes émérites se sont mis à réfléchir sur ce phénomène très rare et à en chercher la cause : ils se demandaient comment il était possible que des représentants du peuple aussi importants puissent rester collés à la langue du fourmilier et disparaître. L’un d’eux a dit : « Nous avons vu quelque chose de noir s’allonger en direction de l’assemblée nationale et tous les ministres et députés s’y sont collés et ont disparu en un instant dans l’espace ». Comme l’aimant attire la poussière ferrugineuse, de même le fourmilier les a attirés et engloutis. Cette question est aujourd’hui encore non résolue, les philosophes fourmis se demandent encore où sont passés les ministres et les députés. Je dis : ils sont allés dans les entrailles du fourmilier, la civilisation.  

Je demande : quelle est la prédestination de la vie terrestre, quelle est la prédestination de notre civilisation ? Vous direz que la prédestination de la civilisation est de créer un état, une famille, une science, une religion. Si c’était aussi la prédestination de notre vie terrestre, pourquoi ne pas créer une religion et une science qui uniraient tous les humains ? Si la religion est une grande science ou un grand enseignement, il faudrait qu’elle soit applicable à tous les êtres intelligents, il n’y a pas là-dessus de discussion possible. Donc ses formes, quelles qu’elles soient, doivent être également accessibles à tous. Je n’examine la religion, ni comme les philosophes modernes, ni comme les scolastiques modernes, ni comme les prédicateurs modernes ; je ne suis ni prédicateur, ni scolastique, ni philosophe, mais un simple interlocuteur. Lorsque la fabrique produit de belles bouteilles, quelle est leur prédestination ? La prédestination de la bouteille est d’être d’abord remplie d’eau pure et fraiche pour vous désaltérer lors d’un voyage ; sa deuxième prédestination est d’être remplie de lait frais pour en boire et prendre des forces ; sa troisième prédestination est d’être remplie de vin, âgé de six ans pour en boire et pour crier lorsque vous serez enivrés : « Vive la Bulgarie ! » Ce n’est pas la faute du vin s’il fait tourner la tête des gens : que chacun boive autant qu’il faut pour ne pas avoir la tête qui tourne ; si tu ne peux pas tenir un verre de vin, prends une tasse de café. Faut-il boire du vin ? Je ne recommande pas une totale abstinence ni une moralité absolue. Pourquoi ? Si je recommandais aux gens une totale abstinence, cela reviendrait à dire que je ne crois pas à leurs capacités de maîtrise de soi ; si je leur recommandais une moralité absolue, cela reviendrait à dire que je les considère comme immoraux. Si je voulais vous apprendre quelque chose, ce serait vous considérer comme non instruits et incultes ; j’examine seulement avec vous certaines questions qui se posent dans le livre de la nature intelligente.

Que représente la science pour nous ? La science, le savoir est la lumière de notre vie. La lumière montre que nous ne sommes ni intelligents ni bêtes, mais des êtres qui se développent constamment. Les mots intelligent et bête sont des notions relatives. Tu es cultivé, mais s’il vient une nouvelle culture avec une lumière plus grande que la tienne, dans ce cas tu passeras pour quelqu’un de stupide. Lorsque la nouvelle culture prend le dessus, les créatures qui y vivent acquièrent la réputation d’être intelligentes, alors que les créatures de l’ancienne culture passent pour stupides. Et inversement, si l’ancienne culture prend le dessus sur la nouvelle, les créatures de l’ancienne culture passent pour intelligents et celles de la nouvelle pour stupides. Quelle est la mesure des gens d’aujourd’hui pour qualifier quelqu’un d’intelligent ou de stupide ? Si tu as de l’argent, tu es intelligent, sinon tu es stupide.

Le Christ dit : « Et voici, je vis, je suis vivant ». Le mot vivant ne signifie pas ce que vous entendez habituellement par le terme vivant. Si celui qui m’écoute caricature mes propos et m’agresse, il est mort, il n’est pas vivant ; si je faisais de même, je serais mort aussi. Lorsque je croise des gens qui parlent, qui écrivent, qui étudient, je me demande ce qui les incite à faire cela. Si quelqu’un vous aime, demandez-vous quelle en est la raison. Le Christ dit : « Je suis vivant ». Est vivant seulement celui qui peut entrer en contact avec tous les êtres vivants et comprendre leur état, connaître leurs bons ou mauvais traits de caractère et faciliter leur développement. Si un prédicateur vient, il dira que Dieu est en colère contre les pécheurs et qu’Il les châtie : n’attribuez pas à Dieu des traits de caractère qu’Il n’a pas, ne mettez pas dans la bouche de Dieu des propos qu’Il n’a jamais tenus. Extérieurement, personne n’a entendu la voix de Dieu, les gens parlent eux-mêmes au nom de Dieu comme cela les arrange. Le faible dit : « C’est ainsi que le Christ a parlé, c’est ainsi que Dieu a parlé ». C’est toi qui le dis, pas Dieu. Chacun parle au nom de Dieu selon son propre intérêt. Aujourd’hui, beaucoup de religieux, de sectaires, d’orthodoxes lisent l’Évangile et ne retiennent que les versets qui les arrangent, et ils se mettent à évangéliser les autres : ils se présentent eux-mêmes comme très pieux, et les autres comme de grands pécheurs. Je dis : mes amis, vous avez tous raison, mais vos bouteilles sont si petites qu’elles ne peuvent pas contenir même un cent millionième de la vérité. Je ne dis pas que vous n’avez pas puisé l’eau de la vérité, mais que ce n’est pas sa totalité. Si vous conservez cette eau dans vos petites bouteilles, elle s’évaporera ou se dégradera : cette eau doit se renouveler, être fraiche chaque jour.

Observez ce que je fais : tous les jours, j’ouvre le grand livre de la vie et je lis ; ce que je lis, je le transmets aux autres. Ce livre est le véritable original, ce qui y est écrit est différent de ce que les gens lisent et savent. Nos contemporains lisent des traductions de ce grand livre : elles sont éloignées de la vérité elle-même. La tâche de la future culture est de révéler la vérité dans une forme simple, claire et applicable. Pour être applicable, il faut qu’elle fleurisse, qu’elle donne du fruit et que tous goûtent de son fruit. Le fruit de la vérité est celui que le Christ exprime dans le verset : « Je suis vivant ». Lorsque nous goûterons ce fruit, nous serons tous vivants. Si quelqu’un vient débattre avec moi, je lui demanderai : « Est-ce que tu mourras ? – Je mourrai. » Alors tu ne peux pas débattre avec à moi ; il suffit que je te pique avec la pointe de mon aiguille pour que ta pensée se bloque et que tu cesses de philosopher, tu commenceras à faire des convulsions, à agiter les bras et les jambes. Si une piqure aussi insignifiante produit un tel changement dans votre pensée, qu’est-ce que cela sera en cas de bouleversement plus grand ! Que devient votre philosophie ? De quel droit vous prononcez-vous sur les gens pour dire qui a raison et qui a tort ? Celui qui se déplace sur le diamètre de la circonférence a raison ; celui qui se déplace sur la circonférence elle-même a tort ; y a-t-il quelque chose de mauvais chez ceux qui ont tort ?  

Ceux qui ont tort et ceux qui ont raison représentent deux extrémités qui font tourner la roue de la vie. Essayez d’enlever le cercle de la roue pour voir ce qui se passera ; il suffit de faire un demi kilomètre avec une telle voiture pour dire : « Je laisse tout tomber, je ne peux pas utiliser cette voiture ». Voici ce qui est tordu dans le monde. Mettez un diamètre sur ce qui est tordu et il se redressera. On dit de quelqu’un qu’il est rigide, je dis : mettez autour de lui une ligne courbe : donc celui qui est tordu a besoin d’un diamètre, et le rigide d’une circonférence. Voici une explication philosophique des choses ; en connaissant cette philosophie je peux vous dire ce qui vous manque. Si la femme dans une maison est rigide, je vous dirai de lui tracer une ligne courbe ; si la fille est rigide, elle a aussi besoin d’une ligne courbe ; je mettrai ensuite un essieu sur ces roues et je les attèlerai pour qu’elles travaillent ensemble : c’est le seul moyen d’instaurer la paix et l’amour entre les humains. Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Le diamètre va à un endroit, la circonférence à un autre et ils commencent à philosopher. Les uns se considèrent orthodoxes et les autres athées, mais ni les uns ni les autres ne font le travail approprié. La question n’est pas qui a tort et qui a raison ; l’important est que chacun se demande pourquoi le monde est créé et ce qu’il convient de faire à chaque instant. Que devons-nous faire et comment nous acquitter de nos missions ? Pour accomplir une tâche, il faut réunir un individu qui a raison et un individu qui a tort.

Vous dites : « Comment nous libérer du mal ? » C’est une idée absurde. Puisque tu as mangé du fruit défendu, tu ne peux te libérer ni du bien ni du mal : le principe du bien et du mal est caché dans le fruit défendu. Chaque jour vous mangez du fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, mais vous voulez vous libérer du mal ! C’est impossible. Celui qui goûte au fruit de l’Arbre interdit aura tort et raison, sera bon et mauvais. Que répondrez-vous à cela ? Vous demanderez pourquoi Ève a mangé de ce fruit ? Ève était intelligente et courageuse, elle a décidé de manger du fruit interdit et en a assumé les conséquences sans peur. Aujourd’hui, les filles d’Ève sont très peureuses, elles n’ont pas la vaillance et le courage de leur mère, il suffit de les piquer avec la pointe d’une aiguille pour qu’elles poussent des cris jusqu’au Ciel.

J’ai parlé la fois précédente[2] au nom de la nature ; ceux qui m’écoutaient et ne comprenaient pas ont déclaré que j’avais parlé de moi-même. Si vous allez auprès d’une fontaine qui coule avec impétuosité et s’entend au loin, qui en est responsable : la fontaine ou l’eau ? L’eau, bien entendu. Donc, pour avoir raison je devrais dire que l’Église orthodoxe n’a pas son pareil, que les prêtres orthodoxes n’ont pas leur égal et que les évangélistes sont les meilleurs au monde, qu’il n’y a pas plus désintéressés, plus honnêtes qu’eux, qu’ils travaillent seulement pour Dieu et donnent tout gracieusement ? Si je parlais ainsi, les orthodoxes comme les évangélistes seraient contents de moi et diraient que je suis bon et que tout le monde doit m’écouter. Il y a aussi des adventistes ; il faut que je parle bien d’eux et que je dise qu’ils sont sur le droit chemin et que tous doivent honorer le samedi comme eux, que ce sont des ouvriers désintéressés du Verbe divin. Et ils diront alors qu’il n’y a pas au monde meilleure personne que moi ! « Nous devons tous l’honorer, il dit vrai et pour cela nous devons tous l’écouter ». J’ai donc raison par rapport à eux, mais j’ai tort par rapport à la vérité. Ce que je dis sur les orthodoxes n’est pas vrai car ils mangent encore aujourd’hui du fruit défendu ; ce que je dis sur les évangélistes n’est pas vrai car ils mangent encore aujourd’hui du fruit défendu ; ce que je dis sur les adventistes n’est pas vrai car ils mangent encore aujourd’hui du fruit défendu. Dans quelque Église que tu ailles, il faut te tenir à deux mètres au moins de leur cercle, car sinon tu reçois des coups de pied. Ce n’est pas une offense ni un reproche, j’expose simplement la question comme elle est. Lorsque je repars de la grande vérité, je dis : un seul Évangile existe, une seule Église orthodoxe existe, un seul samedi existe, le samedi du bien dans le monde. Que chaque jour ton cœur soit pris par le désir de fêter le samedi comme un samedi du bien dans le monde.

Le Christ dit : « Je tiens les clés de l’enfer et de la mort ». Je m’étonne que des religieux et des croyants aient peur de moi. Pourquoi avoir peur ? Je n’ai pas de pouvoir, ni d’argent, ni un grand nombre de disciples. Je comprends pourquoi ils ont peur : lorsque j’oriente la lumière sur le visage d’un grand brigand, il sort aussitôt son révolver et tire, il dit : « Monsieur, ne m’éclairez pas, mais éclairez la route sur laquelle vous marchez ». Pardon, je ne voulais pas vous éclairer, mais comme vous vous êtes trouvé sur ma route, ma lumière vous a éclairé ; je vous laisse passer, mais si vous ne le voulez pas, je tournerai ma lumière sur le côté. Les gens ne doivent pas avoir peur de moi, ils doivent avoir peur de quelque chose d’autre : la mort est effrayante, l’enfer est effrayant. Les prédicateurs parlent aux gens d’un autre enfer, loin d’eux. Pour moi c’est l’enfer de nos contemporains qui est effroyable.

Un petit ange vivait heureux dans le Ciel. En allant à l’école céleste, il a entendu parler d’un monde nouveau : la terre. Il a dit un jour à un grand ange : « Je t’en prie, peux-tu me rendre un grand service ? Comme j’entends parler de la terre et de ses habitants, je te demande de m’y emmener pour voir à quoi ressemblent ces gens nouveaux ». Le grand ange a exaucé le désir du petit ange : il l’a mis sur ses ailes et ils sont descendus ensemble sur terre. Quelques jours plus tard, le petit ange a questionné le grand ange : « Pourquoi m’as-tu emmené dans l’enfer, je t’ai demandé de m’emmener parmi les humains pour voir comment ils vivent. – Ce sont les humains, c’est la vie de toute l’humanité, c’est vrai, il n’y a pas de plus grand enfer que celui qui est sur terre. »

Depuis deux mille ans les théologiens et les prédicateurs parlent d’un enfer lointain. Ils disent que les pécheurs y sont attachés avec des chaînes de fer chauffées à blanc. Quelque soient les images terrifiantes qu’ils présentent, les humains n’ont pas peur, parce que l’enfer est autre chose que ce que les prédicateurs racontent. Remerciez d’avoir les cœurs un peu endurcis pour ne pas sentir les grandes souffrances humaines : innombrables sont les souffrances dans le monde ! Elles détruisent la vie humaine. Quand cessera cette destruction ? Lorsque les souffrances seront éliminées. Il y a des tourments et des souffrances qui doivent être supprimés, mais il y a des tourments et des souffrances qui doivent rester, ce sont les souffrances naturelles qui découlent de l’esprit et qui donnent un élan vers le bien. Lorsque j’étudie, je traverse des souffrances et des afflictions qui me sont agréables : je reçois d’elles quelque chose. Lorsque quelqu’un me pique avec une aiguille, cette souffrance est inutile ; lorsqu’on me brûle avec des fers chauffés à blanc, cette souffrance est aussi inutile. Que veut-on de moi ? De l’argent. Même sans ce supplice je donnerai autant d’argent qu’ils m’en demandent.

Un turc du nom de Hassan travaillait dans un café. À un moment un bey[3] est entré avec un sac rempli de pièces d’or. Il s’est mis à une table avec son sac à côté de lui. Hassan jetait des coups d’œil sur le sac, en repérant bien sa position et en se disant : « Si j’avais ce sac, je serai un autre homme ! » Lorsqu’il a vu que le bey était occupé ailleurs, Hassan a pris le sac et l’a caché. Il est retourné ensuite au café pour continuer son travail. Le bey a remarqué que son argent avait disparu et a mis tout le monde en alerte. On s’est mis à chercher le voleur et les soupçons se sont dirigés sur Hassan, ils l’ont pris et ont commencé à le molester. Effrayé, il a dit : « Arrête, effendi[4], je dirai où est l’argent ». Il a quand même été bien corrigé et on lui a dit : « Ne t’avise pas de recommencer ». D’autres personnages fortunés venaient ensuite au café avec des sacs bien garnis, mais Hassan regardait ailleurs, il ne s’intéressait plus à leur argent. La cause de vos souffrances est toujours la même : tout le monde pense que l’or dans le monde est pour eux. Non, l’or appartient au bey ! Si tu prends son sac, la mort t’attrapera et tu paieras de ta vie.

Le Christ dit : « Je tiens les clés de l’enfer et de la mort ». Le nouvel enseignement réside précisément dans ceci : comprendre les lois de l’enfer et de la mort ; autrement dit, comprendre les lois auxquelles obéissent les forces dans ton organisme, vivre aussi longtemps que tu le souhaites sans que les gens puissent te forcer à quitter ton corps. Le but de l’enseignement du Christ est d’acquérir l’immortalité. Celui qui croit en Dieu peut être immortel, ce qui signifie être sauvé. La question n’est pas dans le salut qui n’est qu’un moment dans la vie humaine, le développement en est un autre, alors que l’immortalité sous-entend d’avoir la clé de l’enfer et de la mort, et de dire : « Je suis vivant ». Le Seigneur vivant est témoin de chacun de tes actes ; sachant cela, tu seras attentif à tes agissements, chacun de tes actes sera droit car tu es face au visage de Dieu en qui tu demeures. « Comment changerons-nous notre vie, comment améliorerons-nous notre situation ? » On peut changer sa vie et améliorer sa situation en un instant. Tu peux d’un seul coup te libérer de toutes tes infirmités, il suffit de dire comme le Christ : « Je ne suis pas venu accomplir ma volonté mais la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Que chacun se dise en lui-même : « Je ne suis pas venu accomplir la volonté d’Ivan, de Dragan, de Stoyan, je suis venu accomplir la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Ivan, Dragan, Stoyan sont vos frères, vous n’avez pas à faire leur volonté, vous accomplirez la volonté de Celui qui vous a donné la vie. Lorsque vous vous proclamerez serviteur de Dieu, vous remarquerez au-dessus de vos yeux (sous un angle de quarante-cinq degrés) une lumière permanente qui tantôt s’amplifie, tantôt diminue. Cela dépendra de votre foi ; tant que cette lumière est devant vous, rien ne peut vous attaquer, vous serez toujours vivants : cette lumière provient de la source de la vie. Chacun peut faire cette expérience spirituelle, mais ceci s’applique à celui qui s’est préparé intérieurement.

C’est une loi : pour créer un lien avec les forces vivantes de la nature, les cellules de ton cerveau doivent être préparées à résister. Sinon, tu ressembleras à celui qui s’enivre avec deux verres de vin. Deux religieuses turques ont rendu visite à une propriétaire terrienne bulgare fortunée. Elle leur a offert un verre de vin. Comme elles n’étaient pas habituées à boire, elles ont senti que le vin faisait son effet, elles se sont égayées et se sont mises à chanter. La Bulgare leur a donné encore un verre de vin : elles l’ont bue et se sont mises à chanter et à danser. On dit que les religieux sont sujets aux troubles ; il y a quelque chose de vrai là-dedans : ils résistent difficilement aux forces spirituelles qui agissent en eux. Je dis aussi que le Nouvel Enseignement change les gens et les rend vivants, énergiques, enjoués. Celui qui n’en connaît pas la raison dit qu’ils ont bu du vin coupé au sénevé ; d’autres disent qu’il leur manque quelque chose. Vingt-quatre heures après ils retrouvent leur état normal.

Le monde spirituel est grand, mais il faut des gens préparés qui peuvent faire face aux changements rapides dans la vie. Vous êtes par exemple dans le monde physique, éclairé par le soleil ; d’un seul coup la lumière disparaît et vous vous retrouvez dans l’obscurité complète ; si vous ne cédez pas à la panique, vous verrez peu après une faible lumière qui s’intensifie progressivement. Vous commencerez à distinguer un autre monde devant vous, semblable au monde physique, avec des champs, des forêts et des montagnes, comme ceux que vous connaissez, vous verrez partout de la lumière, plus douce que la lumière solaire. Cela peut durer deux-trois minutes et vous reviendrez ensuite dans votre état initial. Que direz-vous de cela ? Vous direz que c’est le fruit de l’imagination. Que dites-vous de l’astronome qui voit à travers son télescope des choses invisibles à l’œil nu ; est-ce imaginaire ? Lequel des deux est imaginaire ? Les deux sont réels. Tu ouvres et tu fermes les yeux et tu dis que tu vois des choses différentes : c’est une illusion. On voit bien à cent ou deux cents mètres, mais on distingue les objets plus difficilement à un kilomètre ; la vue est donc limitée sur le plan physique, au-delà de cette limite les objets deviennent flous. Ce n’est pas une bonne vue. Mais si tu regardes à travers ton télescope intérieur, tu verras des choses invisibles même au télescope le plus puissant.

Que représente le monde spirituel ? Il ne peut pas être décrit avec des mots du langage ordinaire. Pour le comprendre, il faut y rentrer. Ce n’est pas un privilège rare : ce monde est accessible à quiconque est prêt à y entrer. Pensez-vous que la fourmi dans vos cheveux, transportée ainsi dans différentes sociétés, peut apprendre ce qui s’y passe ? Comprend-elle ce que les gens disent et pensent ? Elle ne comprend rien. La compréhension de votre monde par la fourmi est comme votre compréhension du monde spirituel. Si je vous dis que je vois ceci ou cela, que me rétorquerez-vous ? Comme vous ne voyez pas la même chose, vous direz : « Tu vois autant que nous » ; de votre point de vue vous avez raison, mais j’ai aussi raison : je vois plus que vous, mais je ne peux pas le prouver dans l’instant. Et je n’ai pas à le prouver ; quel profit tirerez-vous de ma preuve ? Je ne veux pas faire de vous mes adeptes. Pourquoi je vous parle alors de Dieu, du monde céleste ? Parce que c’est un bienfait pour moi et pour vous. Je dis : libérez-vous de tous vos préjugés mentaux, de tous les mauvais sentiments pour être libres et profiter de la clarté divine, de la vérité divine et de l’amour qui apportent vie et liberté à l’âme humaine.

Le Christ dit : « Je suis vivant », et vous, en tant que chrétiens vous pouvez le confirmer. Ne pouvez-vous pas affirmer que le Christ vit en vous ? Si depuis deux mille ans vous n’avez pas rencontré le Christ une seule fois, quelle raison avancerez-vous ? Le Christ est une lumière vivante qui éclaire tout dans le monde, au dedans et au dehors : n’avez-vous pas vu cette lumière ? Tous les changements qui ont lieu dans le monde extérieur comme en vous-mêmes, ont aussi lieu dans le monde spirituel ; chaque changement dans le monde spirituel produit un changement dans le monde physique. Lorsqu’il y a des élections au Ciel, il y en a aussi sur terre, la seule différence est qu’il y a une seule élection au Ciel tandis qu’il y en a dix sur terre. Lorsqu’il y a dix guerres au Ciel, il y en a une seule sur terre et vice versa. Lorsqu’il y a une seule guerre au Ciel, cela donne dix guerres sur terre. Il y a aussi des naissances et des morts au Ciel : comment vous l’expliquerez-vous ? C’est l’Enseignement du Christ, il dit : « Si vous ne naissez pas d’eau et d’Esprit vous ne pouvez entrer dans le Royaume de Dieu ». L’eau est l’emblème du monde spirituel, donc si vous ne naissez pas dans l’autre monde, vous ne pouvez pas entrer dans le Royaume de Dieu. Cela sous-entend une réincarnation spirituelle et non pas une réincarnation sur terre.

Il est dit : « Si vous ne naissez pas de nouveau ». On doit naître spirituellement, d’eau et d’esprit. À chaque naissance, on donne à l’être humain des conditions pour acquérir le savoir divin nécessaire pour bâtir la vie humaine. Lorsqu’on étudie la musique, on s’efforce d’acquérir quelque chose, d’engranger plus de connaissances ; lorsqu’au violon on apprend un exercice en première position, on passe en deuxième position, en troisième, puis en quatrième position. Que dira la mère à son enfant qui joue le même air des heures durant, toujours en première position ? La mère se lassera et dira : « J’en ai assez, ton exercice me donne mal à la tête ! » L’enfant peut jouer Belle fleur, fleur jolie[5], mais dans les différentes positions. Les gens d’aujourd’hui jouent Belle fleur, fleur jolie uniquement en position une, mais ils parlent de religion et de science ; ils disent : « Nous croyons en Dieu, nous lisons l’Évangile », ils se demandent les uns aux autres qui parmi eux est orthodoxe, qui est évangéliste, s’ils comprennent l’Évangile, etc. Ce sont des religieux de Belle fleur, fleur jolie qui jouent uniquement en première position. C’est autre chose de jouer dans toutes les positions, à ces religieux-là je dis : « Joue encore ! » Un religieux te rencontre et dit qu’il est orthodoxe, qu’il croit en Christ, qu’il lit l’Évangile, qu’il connait le Symbole de la foi, mais si tu lui achètes du beurre, il te le vend au prix fort. Tu croises un autre qui se fait passer pour adventiste et dit qu’il honore le samedi, mais c’est précisément ce jour-là qu’il te prêtera de l’argent à un fort taux d’intérêt ; si tu ne peux pas payer ta dette à temps, il te fera condamner, te prendra ta maison. Ce n’est pas de l’orthodoxie, ni de l’évangélisme, ni de l’adventisme.

Je dis maintenant à tous les hommes et à toutes les femmes : appliquez l’enseignement du Christ dans vos foyers. Aujourd’hui, chaque maison a sa religion ; dans cette situation, personne ne ressuscitera. Celui qui veut ressusciter doit accueillir l’enseignement du Christ.

Je veux maintenant que vous me testiez pour savoir à quel point j’applique l’enseignement du Christ, et je veux aussi vous tester. Je ne veux pas que vous me croyiez, mais que vous croyiez votre âme et votre esprit. Vous ne vivez pas encore pour votre âme ; combien de fois l’avez-vous attelée à des choses contraires à sa nature. Vous rencontrez quelqu’un, vous lui dites quelques mots blessants : vous offensez ainsi votre propre âme. Il n’est pas permis aux âmes de s’offenser, nous devons être doux et délicats comme Dieu est délicat envers nous.

Lorsque vous lisez le premier chapitre de l’Apocalypse, vous voyez qu’il est question de sept chandeliers : ce sont sept esprits. Chacun doit porter ces sept chandeliers en lui. Ils peuvent s’exprimer à travers chacun et aider l’humanité ; ces esprits peuvent parler à travers un évangéliste, Matthieu, Luc, Marc ou Jean ; ils peuvent se manifester à travers un savant ou un philosophe, l’important est d’exposer la vérité. Celui qui dit la vérité est un être humain véritable, il est un avec Dieu ; si un enfant dit la vérité, je l’écouterai comme un adulte. Jean dit que lorsqu’il a vu tout ce qui lui a été révélé, il est tombé à terre : ceci montre que la vie terrestre ne peut pas résister aux vibrations de la vie spirituelle pure et élevée. Il fallait que le Christ apparaisse, mette sa main sur lui, le relève et lui dise : « Ne crains rien, je suis vivant ». Chacun doit tomber à terre comme mort et traverser ce que Jean a traversé. Tant que vous ne tombez pas mort comme Jean, tant que votre propre Je, c’est-à-dire votre égoïsme ne meurt pas, vous ne pouvez jamais dire comme le Christ : « Je suis vivant ».

Toute personnalité, tout égoïsme doit tomber à terre raide mort, non pas disparaître, mais se soumettre au Divin, être attelé comme une bête de trait pour servir la future culture. Nous avons servi l’égoïsme huit mille ans, il a suffisamment régné, il faut le remplacer. À cause de lui, nous sommes fâchés avec le monde entier : hommes et femmes, amis et amies, fils et filles, tous sont fâchés à cause de leur personnalité. Quelqu’un a médit sur ta femme et tu te querelles aussitôt avec lui. Pourquoi ? « J’ai mon honneur, ma fierté ». Ma dignité est dans ce que je fais pour mon âme ; ma dignité est dans la vérité que je sers ; ma dignité est dans l’amour que je porte dans mon âme ; ma dignité est dans la vie qui m’est donnée à moi et à toutes les créatures humains.

Comment je considère les humains dans le monde ? Comme des conditions par lesquelles je peux me libérer du mal et des impuretés de la vie. Comme l’argent retire ce qui est impur en nous, de même certains agissements humains retirent nos impuretés. Je croise par exemple quelqu’un, je le réprimande, je me montre offensant envers lui, mais il me regarde avec douceur et continue son chemin calme et silencieux ; je le remercie car il m’a aidé à me débarrasser de quelque chose d’impur. Une pensée peut parfois nous élever et nous revigorer. Sachant cela, vous devez comprendre le sens et la prédestination des sociétés humaines : comme les fenêtres des maisons sont nécessaires pour aérer l’atmosphère, de même les sociétés ont pour objectif de protéger les humains contre l’étouffement : plus la maison a de fenêtres, mieux c’est. Si quelqu’un me transperce le bras avec une aiguille, je me tais, je ne dis rien, je ressens la douleur, je la ressens au plus profond de moi, mais je me dis : « C’est la loi divine, je supporterai tout avec amour : à cause de moi d’autres ont porté des fardeaux, et moi aussi j’en porterai pour les autres ». C’est un examen pour chaque chrétien. Lorsque tu expérimentes le dard de ton frère, le Christ vivant te dit : « Ne crains rien, ce poison t’es utile, je te montrerai la vérité ; toi-aussi, fais la même chose dans ton laboratoire ». Qu’est-ce que je fais dans mon laboratoire ? Aujourd’hui, quelqu’un me pique ; je prends le poison de son dard, je le mets dans un flacon et je mets une étiquette avec son nom et son usage ; le lendemain un autre me pique ; je mets de nouveau le poison dans un flacon ; je collecte ainsi tous les poisons pour les différentes maladies. J’écris sur un flacon : « J’ai pris ce poison d’Ivan Draganov, il agit parfaitement pour telle maladie » ; sur un autre flacon j’écris : « Poison de la pharmacie de Petko Stoyanov, il coûte cher mais agit parfaitement pour soigner ». Vous qui ne comprenez pas cette science, vous vous fâchez en disant : « Je n’ai pas besoin de ce poison ».

Le Christ dit : « Je tiens les clés de la mort. » Il parle précisément du poison qui provoque la mort. Comme vous ne savez pas comment extraire la force curative de ce poison, vous vous mortifiez vous-mêmes. Quelqu’un te croise, il t’administre un peu de son poison, un autre te croise et fait de même, mais tu dis : « Il n’y a rien à faire, je me meurs ». Si tu as décidé de mourir, on appelle le prêtre pour te confesser ; tu dis que tu as fait ceci et cela, et lorsque tu t’es confessé tu pars de l’autre côté ; tout le monde dit : « Il est parti dans le Royaume de Dieu ! » C’est un mensonge. Cette confession n’est qu’un leurre, il faut que le prêtre sorte tout le poison de ton âme, c’est cela lui dire la vérité. Sacrées aiguilles que nos langues ! Il n’y a pas d’aiguille plus redoutable que la langue ! J’ai déjà essayé toutes vos aiguilles : lorsque quelqu’un me regarde, ses yeux s’illuminent, il veut dire : « Sais-tu de quoi je suis capable ? » Je sais que tu me transperceras avec ton aiguille. « Jusqu’à maintenant je l’enfonçais de deux centimètres, maintenant je l’enfoncerai de trois centimètres. » Je sais, tu as décidé d’introduire ton poison. Je dis : pas la peine de fulminer du regard, pas la peine d’enfoncer nos aiguilles. Utilisons-les autrement. Un jour je ferai un essai avec mon aiguille : j’appellerai quelques neurasthéniques malades, des poitrinaires, et j’enfoncerai en eux mon aiguille pour que vous voyiez ce qui arrivera : ils guériront en une heure. Pourquoi ferai-je cet essai ? Pour montrer la force et le potentiel de la grande loi divine, pour montrer qu’il n’y a pas en Dieu de fluctuation et de renoncement. Je ferai cet essai seulement avec ceux qui hésitent, ceux dont la foi est défaillante et qui se demandent constamment ce qu’il adviendra d’eux ; il ne leur arrivera rien de mal, ils deviendront de véritables êtres humains à tout point de vue.

Qu’est-ce que je veux vous signifier en levant mes bras ? Les deux bras levées indiquent les deux graines semées en terre : la vie éternelle sortira d’elles. Les deux graines qui poussent au nom de l’amour divin et de la sagesse divine proviennent des deux grands principes : le principe de l’enfer et de la mort et le principe de la vie. C’est pour cela que le Christ dit : « Je tiens les clés de l’enfer et de la mort ». Le poison de l’enfer et de la mort sera soustrait de la lumière de la vie et il n’en restera que ce qui porte la vie éternelle.

Aujourd’hui tout le monde cherche le Christ dans une Église ou dans une autre. Tous les prédicateurs débattent entre eux dans quelle Église est le Christ ou quelle Église sauvera l’humanité. Ils craignent que je prenne la place du Christ ! Je n’ai jamais songé à une chose pareille. Qu’ils n’aient pas peur, je ne peux pas occuper cette place, pas plus qu’eux. Qui est le Christ ? Celui qui a souffert pour toute l’humanité. Celui qui n’a pas souffert pour toute l’humanité ne peut pas être le Christ. Celui qui veut être comme le Christ, qu’il prenne Ses tourments et Ses souffrances ; celui qui peut souffrir comme le Christ, je serai le premier à le reconnaître comme l’égal du Christ. Lorsque le jeune homme veut prendre une belle jeune fille, il dit : « Si tu me prends, tu seras heureuse, je suis fort » ; la fille dit à sa mère : « J’ai trouvé l’élu de mon cœur, je suis prête à le suivre ». Les parents donnent leur accord et les parures de mariage. Un an ou deux plus tard la fille revient chez ses parents et dit à sa mère : « Maman, mon sauveur n’est pas celui qu’il prétendait être : il me maltraite, il me bat, mon dos est couvert de bleus ». La mère dit : « Ne désespère pas, ce n’est pas le seul qui soit comme ça ». Le monde est rempli de tels sauveurs, on les trouve partout : dans chaque Église, dans chaque société, dans chaque foyer ; l’enseignement de ces sauveurs est faux. Celui qui chérit sa bien-aimée ne laisse pas un brin de poussière tomber sur elle. Tout le monde jette de la poussière sur le Christ, son bienaimé, mais Il se tient debout et regarde sans rien dire.

J’ai déjà vu le Christ, je Le connais bien, j’ai discuté avec Lui. Je n’ai pas rencontré un enseignement meilleur que le sien ni un langage meilleur que le sien : cet enseignement englobe tout dans ses limites et donne un élan à la société moderne, à la science moderne et à l’état moderne. La grande mésentente dans le monde est due au grand esprit christique qui travaille dans les profondeurs de toute l’humanité comme dans les profondeurs de la terre. Tout ce qui est impur et qui se cache dans la terre est rejeté comme un abcès ; en moins de dix ans tout sera purifié. D’ici là, l’humanité passera comme jamais par une grande transpiration; ils transpireront au moins trois fois par jour, se changeront et se rafraichiront. Tous les enseignements mensongers dans lesquels ont sombré les âmes humaines sortiront de leur sein à l’état de sueur et cela les soulagera. Se libérer de ses égarements, c’est sortir de l’enfer. Le Christ a ouvert les portes de l’enfer et a jeté la mort dehors en disant : « Je suis vivant ». La nouvelle vie chasse la mort de l’enfer, et pénètre dans nos âmes.

Maintenant, mettez votre foi dans la vie et sachez qu’il n’y a pas de force plus puissante, plus grande que celle de l’esprit. Il n’y a pas de plus grande puissance que celle de l’Esprit divin, voilà ce que je sais. La vie est à la fois faible et forte comme l’eau. Autour de nous, tous les changements sont dus à la vie. Ainsi, si vous utilisez la vie raisonnablement, vous aurez de bons résultats. Pour comprendre le sens profond de la vie, libérez-vous de l’idée que vous êtes fautifs et que Dieu ne vous aime pas ; renoncez aux traductions de tous les auteurs et tournez-vous vers le Seigneur. Il tient les clés de l’enfer et de la mort, Il veille à ce que la mort ne prenne pas le pas sur la vie et ne détruise pas tout dans le monde. La mort existe par la fatalité, nous l’acceptons de notre plein gré. « Jusqu’à quand mourrons-nous ? » Tant que vous mangerez le fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal. Quel est ce fruit ? Le fruit de la culture des fourmis.

Ne connaissant pas la vie, beaucoup s’imaginent que puisqu’ils ont bien vécu sur terre, ils vivront aussi bien au Ciel ; c’est ainsi que pensent les ignorants, de même que les savants et les philosophes. Un prêtre avait dit à sa femme : « Sais-tu, je crois que je serai bien aussi de l’autre côté ; j’ai bien vécu sur terre jusque-là, j’ai été satisfait à tout point de vue, j’ai occupé la première place ici et la première place m’attendra aussi au Ciel ». Un jour sa vie a pris fin et il a trépassé. Sa femme l’a un peu pleuré, mais l’idée qu’il était bien de l’autre côté l’a consolée. Dix ans après elle est morte aussi ; son premier travail sur place a été de rechercher son mari. Elle est allée directement au paradis, elle a regardé ici et là mais ne l’a pas vu. « Qui cherches-tu ? lui ont demandé certains au Paradis. – Le prêtre. – Il n’est pas ici. Il y a d’autres endroits, tu le trouveras bien quelque part. » Elle a fini par arriver aux enfers, et elle a été surprise d’y voir son mari. « Comment est-ce possible que tu sois là ? – J’étais dans l’erreur. Mais ma situation n’est pas la plus à plaindre, je suis sur les épaules de l’évêque ! »

Je dis : ne vous étonnez pas de voir autant d’orthodoxes et d’évangélistes dans la situation de ce prêtre. Vous direz qu’il y a quelque chose qui peut nous consoler en cela. Qu’est-ce qui nous consolera ? Que nous serons sur les épaules de l’évêque. Se consoler de la sorte ne nous avance pas. Les orthodoxes ont moins de connaissances que les évangélistes, mais ils sont plus sincères, plus entiers qu’eux. À force de philosopher, certains évangélistes ont déformé la vérité, ils commentent les versets de l’Évangile jusqu’à ce qu’ils les déforment . Cela éloigne les humains de la vérité ; chacun est capable de la déformer : il suffit de te piquer avec l’aiguille pour te convaincre et t’empêcher de réfléchir.

Un homme critiquait souvent le diable et ses œuvres. Plusieurs fois le diable lui a dit: « Écoute, laisse-moi tranquille ! Je suis missionné par le Seigneur, Il est le seul à pouvoir me juger. Je suis le maître du monde et si tu ne cesses pas de médire sur moi, je te donnerai une bonne leçon pour te faire comprendre qui je suis ». Le détracteur n’a pas cessé de le dénigrer. Un jour le diable s’est transformé en un très bel âne et est allé au marché. Cet homme y est allé aussi pour s’acheter quelque chose, il a repéré cet âne et a voulu l’acheter. Il s’est avéré que le prix de l’âne était raisonnable, tout à fait dans ses moyens. Il s’est mis d’accord avec le vendeur et il est rentré chez lui. Le lendemain, il a amené l’âne à l’abreuvoir ; c’était une fontaine avec deux grands déversoirs ; l’âne s’est aussitôt faufilé dans l’un des déversoirs et s’est mis à montrer ses oreilles par les deux déversoirs. Son maître est resté devant, voyant les oreilles de son âne, mais incapable de le sortir de là. Il est passé un paysan pour boire à la fontaine. Il lui a dit : « Mon ami, aide-moi à sortir l’âne qui est rentré dans cette fontaine. – Où est-il ? – Là, on voit ses oreilles. »

Le paysan a fixé les déversoirs, mais il n’a rien vu. En colère d’avoir été pris pour un imbécile il a corrigé le maître de l’âne. Celui-ci est resté encore observer l’âne qui continuait à bouger ses oreilles. Un autre passant s’est présenté et il lui a raconté la même histoire : comment l’âne était rentré dans les déversoirs. Cet homme non plus n’a pu voir l’âne et lui-aussi a rossé le maître de l’âne. Beaucoup d’autres personnes sont passées devant cette fontaine, mais il est resté silencieux. Bien que l’âne ait continué à bouger les oreilles, il lui disait : « Je te vois, mais je n’ose plus demander d’aide, je ne veux pas être battu une troisième fois ».

Je demande : quel est l’intérêt de raconter devant les autres comment votre âne s’est caché dans les déversoirs et comment il bouge ses oreilles ? Quiconque entendra cette histoire vous corrigera assurément. Tous les enseignements mensongers, tous les leurres dans la vie ressemblent au bel âne qui entrera un jour dans le déversoir de la fontaine, ils seront la cause de la correction que vous prendrez : on vous battra sans que vous sachiez pourquoi. Vous dites : « Je veux que l’âne sorte ». Vous le voulez, mais il ne sort pas. Tenez-vous à ce que le Christ dit : « Je suis vivant ». Est-ce que l’Église chrétienne contemporaine peut dire : « Celui auquel nous croyons est vivant, il tient les clefs de l’enfer et de la mort » ? La question est de savoir si les chrétiens doivent se diviser en orthodoxes, évangélistes, catholiques, adventistes. Il est important de répondre à la question de savoir si le Christ est vivant et s’Il vit en vous. S’Il est vivant comment interprétez-vous l’Apocalypse que vous lisez ?

Beaucoup lisent l’Apocalypse et font des interprétations variées. On y décrit une bête à quatre cornes, sept chandeliers, des trompettes ; quelles que soient les interprétations avancées, tout reste comme c’est. Les sept chandeliers sont sept lumières qui peuvent éclairer nos esprits ; les sept étoiles sont les enseignements qui guident les humains, ce sont les forces qu’utilise l’esprit humain pour pénétrer les secrets de la nature; la trompette que fait sonner l’Archange Mickael est l’oreille humaine, donné par Dieu : l’être humain doit s’en servir pour percevoir les sons du monde extérieur et comprendre s’ils appellent au combat ou à la paix ; avec cette oreille il doit écouter la voix du nouvel enseignement et comprendre s’il est juste ou mensonger. La trompette symbolise aussi la bouche humaine : y a-t-il une trompette plus tonitruante que la bouche humaine ? Il est dit que l’Ange a sonné de la trompette. Un jour viendra où les esprits de tous les humains sonneront de la trompette et s’uniront en un seul esprit. L’Archange Mickael représente la vérité qui sonnera la trompette par la bouche humaine, cet Ange parlera par la bouche de tous les humains et on entendra partout le Verbe divin, intelligent.

Il est dit encore dans l’Apocalypse que trois grenouilles sont sorties de la mer[6]. La mer représente le monde ; pour certains les grenouilles symbolisent le spiritisme, vu comme quelque chose de dangereux et destructeur. Le spiritisme existe depuis quarante-cinq ans : qui détruisait avant ? Le spiritisme pervertirait les humains : qui les pervertissait avant ? Il n’y a aucune logique à cela ! Qui pervertit l’esprit humain ? Personne : ni l’orthodoxie, ni le catholicisme, ni l’évangélisme. Vous direz que le christianisme pervertit le monde ; ce n’est pas une façon de parler, le christianisme comme d’autres courants philosophiques peut conduire à certains égarements, mais ne peut jamais pervertir l’humanité. L’aiguille peut introduire certains microbes dans ton sang et te contaminer, mais elle ne peut pas t’empoisonner : si tu n’as pas de poison en toi, personne ne peut t’empoisonner de l’extérieur.

Le Christ dit : « Je suis vivant ». Vous qui m’écoutez, vous ne croyez pas que le Christ est vivant. Si je vous disais que le Christ est ici parmi vous, que direz-vous ? Le Christ n’est pas ici comme un individu, mais comme une créature spirituelle, invisible. Même invisible, ce Christ est plus réel que vous tous qui êtes ici.

Maintenant, vous qui m’écoutez, vous avez une certaine disposition et bienveillance à mon égard. Dans quelques années en revanche, il est possible que vous m’oubliiez : les sentiments humains sont périssables. Le Christ n’oublie personne. À aucune époque dans l’histoire et la vie du cosmos le Christ n’a oublié quiconque : voici ce qui Le distingue des autres créatures vivantes. C’est le Christ vivant, grandiose qui se manifeste aujourd’hui à toute la race blanche. Il songe à tous ceux qui souffrent, qui sont opprimés et victimes d’injustices. Les prédicateurs, les prêtres doivent accepter Son enseignement et l’appliquer, sinon ils porteront une responsabilité devant l’humanité entière. Ils m’excuseront, je ne parle pas contre eux. Ce que je leur dis les aidera à devenir meilleurs, je leur ai rendu un menu service, j’ai éliminé une partie du poison de leur sang. Je ferai en sorte à l’avenir que chaque aiguille que vous utilisez ne puisse pas injecter de poison, mais qu’elle extraie le poison de votre sang. Lorsque je dis : Je, je parle votre langage, en réalité je sous-entends le Christ vivant. Il dit : « Je sortirai le poison des langues de tous les gouverneurs, prédicateurs, pères, mères, fils et filles, aucun être vivant ne restera avec du poison sur le bout de la langue ». C’est ainsi que parle le Christ vivant. À l’avenir, lorsque nous nous rencontrerons, nous nous saluerons sans poison.

Le Christ vient sur terre et régnera des milliers d’années. Alors, nous nous rencontrerons et nous nous saluerons avec un saint baiser. Et dans des milliers d’années je donnerai à tous un baiser.

Sofia, 22 février 1920

Traduit par Bojidar Borissov


[2] « Le terrestre et le céleste » du 1er février 1920

[3] Titre turc désignant un gouverneur, un chef militaire ou un propriétaire terrien

[4] Titre de dignitaire de l’empire ottoman civil ou militaire

[5] Chant populaire du début du XXème siècle en Bulgarie, composé par Constantin Tintérov

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