Jump to content

1920_02_01 Le terrestre et le céleste


Ani
 Share

Recommended Posts

Le terrestre et le céleste

« Si je vous ai dit ces choses terrestres, et vous ne les croyez point,

comment croirez-vous si je vous dis des choses célestes ? »[1]

Jean 3 :12

Le Christ dit que l’être humain puise ses connaissances dans deux mondes : le monde terrestre et le monde céleste. « Si je vous ai dit ces choses terrestres, et vous ne les croyez point, comment croirez-vous si je vous dis des choses célestes ? » Le Christ utilise le mot ne pas croire dans un sens particulier. Lorsque nous étudions le langage humain, nous devons pénétrer son sens profond, la manière dont les mots sont liés. Lorsque nous étudions la musique nous voyons qu’elle se base sur certaines lois et certaines clés, elle a aussi ses codes comme le langage. La clé est d’une grande importance dans la musique ; comment pourrait-on chanter une chanson si au début aucune clé de sol n’est signalée ? Tu dis : « Je sais que le sol est sur la deuxième ligne, le si sur la troisième ligne ». Oui, mais ces emplacements dépendent de la clé ; s’il ne s’agit pas d’une clé de sol mais d’une autre, alors les notes aussi sont différentes.

Je dis de la même façon : lorsque nous utilisons certains mots, nous devons savoir quelle clé nous utilisons. Par ailleurs, il faut savoir la gamme de la chanson : une gamme majeure ou une gamme mineure ; en majeur, la chanson agit d’une manière ; en mineure elle agit différemment. Un morceau de musique peut aussi être écrit en gammes chromatiques où les gammes mineure et majeure se confondent. Que représentent ces gammes ? La majeure représente l’intelligence, la mineure, le cœur et la chromatique, la vie.

Avec quelle clé déchiffrez-vous la religion, avec quelle clé déchiffrez-vous la science ? Vous direz que la religion c’est de la religion et qu’elle n’a pas de rapport avec les gammes : c’est vrai pour l’ignorant mais non pour l’initié. Pour l’ignorant le bruit comme les tons harmonieux sont toujours de la musique, il tape sur les percussions et se laisse emporter en pensant que c’est de la musique ; pour le musicien c’est du bruit et non de la musique. Est-ce que vous tapez sur des percussions ou est-ce que vous écoutez de la musique ? Aujourd’hui la plupart des gens utilisent des percussions car c’est le plus facile. Les chops[2] aiment taper sur les percussions ; l’écho arrive jusqu’au village d’à côté, c’est un bruit formidable ! Les instruments à percussion ne sont pas une mauvaise chose, mais ils n’expriment pas la vie dans sa plénitude.

« Si je vous ai dit ces choses terrestres, et vous ne les croyez point, comment croirez-vous si je vous dis des choses célestes ? » Autrement dit : « Si vous ne comprenez pas les affaires terrestres, comment comprendrez-vous les affaires célestes ? » Quelles sont les affaires terrestres ? Vous avez tous étudié la géométrie, vous connaissez le carré : c’est une figure, c’est-à-dire un espace délimité par quatre côtés égaux avec quatre angles droits. Que signifient les angles droits ? Trouvez la clé sur laquelle est bâti le carré et transposez-le en une grandeur constante. L’homme est une grandeur complexe : pour le connaître, il faut le réduire à ses éléments constitutifs, c’est-à-dire à ses grandeurs constitutives. En mathématiques, les grandeurs sont vues comme les éléments des corps. Qu’est-ce que l’élément ? C’est une grandeur définie qui entre dans la constitution des corps, donc élément et grandeur désignent la même chose. Les pensées et les sentiments sont aussi des grandeurs. Une grandeur est représentée par un nombre. Elle peut valoir 10, ou 100, ou encore 1000. Quels sont les rapports entre ces différentes grandeurs ?

Les gens d’aujourd’hui ne connaissent pas bien la géométrie, mais ils ont tout de même construit leurs maisons sur un carré. Le carré n’est rien d’autre qu’un véhicule en mouvement, avec quatre roues, deux en avant, deux en arrière, et des angles droits. Le carré est un plan sur lequel s’abattent tous les fardeaux de la vie ; donc, quelqu’un qui souffre est quelqu’un dont la vie est construite sur un carré sur lequel s’abat le poids de la vie. Le Bulgare aussi a construit son véhicule sur un carré en mouvement : l’angle droit est un centre autour duquel les forces se déplacent en orbite ; les quatre côtés du carré sont les diamètres de quatre circonférences. Dans la géométrie, outre le carré, on étudie aussi le triangle, le pentagone et d’autres figures : elles sont vues comme des segments de grandeurs complexes. En géométrie on peut trouver des grandeurs inconnues à partir de grandeurs connues.

Lorsqu’il est question du chemin parcouru par l’intelligence humaine dans son mouvement, je le nomme vecteur. Que signifie le vecteur ? Un mouvement dans une direction donnée. La droite AB représente le chemin sur lequel avance l’intelligence humaine : A est le point de départ du vecteur, B son point d’arrivée. Donc chaque pensée qui commence en A et se termine en B est un vecteur : une distance parcourue dans une direction donnée. Le mot bien représente aussi un mouvement dans une direction donnée ; lorsque vous traduirez cette grandeur dans la vie, vous comprendrez le sens intérieur du bien. Lorsque vous prononcez le mot bombe, vous imaginez aussitôt sa forme extérieure et l’effet qu’elle produit en cas d’explosion. Entre les mots bien et bombe il y a une grande différence : le premier a un rapport au monde spirituel, le second, au monde matériel.

« Si je vous ai dit ces choses terrestres, et vous ne les croyez point, comment croirez-vous si je vous dis des choses célestes ? » Cela signifie : « Si vous ne comprenez pas les clés des affaires terrestres, comment comprendrez-vous les clés des affaires célestes ? » Dans quoi réside le sens de la vie terrestre ? Dans le mouvement de bas en haut. C’est ainsi que l’être humain se développe, devient plus noble, plus intelligent, plus pur de cœur, et que ses rapports envers Dieu et ses proches deviennent plus justes. Quelle est la différence entre la vie terrestre et la vie céleste ? La vie terrestre s’occupe des affaires terrestres qui ont un rapport avec l’estomac ; la vie céleste s’occupe des affaires célestes qui ont un rapport avec le cerveau : c’est une traduction des paroles du Christ au moyen de grandeurs du premier degré. Il y a des grandeurs du deuxième, troisième, quatrième degré dont les unes vont en croissant et les autres en décroissant. Lorsque je dis que l’estomac se rapporte à la terre, je pense à ses besoins. Tout ce qui provient de la terre est au service de l’estomac ; lorsqu’il voit un aliment terrestre, l’homme le porte d’abord à sa bouche et de là il va à l’estomac ; il n’y a pas d’aliment terrestre que l’homme n’ait pas goûté.

Le Christ dit : « Si vous ne naissez de nouveau, d’eau et d’esprit, vous ne pouvez pas rentrer dans le Royaume de Dieu »[3]. Cela signifie : « Si votre vie terrestre n’a pas une forme définie, du contenu et du sens, elle ne peut pas se lier à la vie céleste où toutes les choses sont strictement mesurées et définies ». Sur terre les gens se touchent et se regardent jusqu’à se connaître, contrairement au Ciel où les gens se voient : voir sous-entend une lumière intérieure de l’intelligence et du cœur humains. Ici on ne fait pas de distinction entre voir et regarder comme beaucoup confondent l’âme et le sang, l’âme et l’esprit, l’esprit et le mental. C’est la raison pour laquelle les gens parlent un langage inintelligible et se traitent d’ignorants les uns les autres. Vous êtes tous ignorants car vous parlez un langage inintelligible. Si l’âme est du sang, qu’est-ce que le sang ? Âme et sang sont deux concepts différents, deux grandeurs différentes. Parler un langage compréhensible, c’est donner une définition stricte à chaque mot. Dans les mathématiques divines chaque mot, chaque nombre a un sens prédéfini ; dans la vie humaine en revanche un mot n’est compris que lorsque l’homme souffre. La souffrance est le moyen d’apprendre à parler succinctement, avec justesse et profondeur ; celui qui souffre dit clairement et succinctement : « Frère, aide-moi ! » Il ne dit pas de mots superflus, il ne dit pas : « Mon frère, tu es bon et noble, si tu veux bien, tu peux m’aider », il fait le tour de la question en deux mots : « Aide-moi ! » Ces mots renferment une telle force, que quiconque les entend vole à son secours.

« Si je vous ai dit ces choses terrestres, et vous ne les croyez point, comment croirez-vous si je vous dis des choses célestes ? » Si vous ne comprenez pas ce que vous traversez chaque jour et ce qui est proche de votre conscience, comment comprendrez-vous les affaires célestes qui sont si lointaines ? Les mères et les pères d’aujourd’hui ne comprennent pas les fils et les filles qui sont constamment à leurs côtés. Si vous demandez à la mère comment est sa fille, elle la décrira extérieurement, elle dira qu’elle est blonde, belle, gracieuse : ce sont les traits extérieurs de sa fille et non pas son être intérieur. Viendra demain un jeune homme, il allumera un feu en elle, et tu t’étonneras que ta fille se montre aussi irascible. Ta fille se fâche, fulmine, tempête jusqu’à ce qu’un jour une grande explosion se produise : elle quitte son foyer et s’en va au-loin, là où le jeune homme l’emmène. Tous disent : « Elle s’est mariée » ; je dis : cette jeune fille s’est manifestée, sa forme s’est estompée, son contenu s’est développé, elle a fleuri comme une fleur et elle a noué un fruit.

« Si vous ne comprenez pas les choses terrestres, comment comprendrez-vous les choses célestes ? » Aujourd’hui, peu nombreux sont ceux qui comprennent le Fils de l’homme, le Fils de l’amour et de la sagesse. Pourquoi ? Parce que le Fils a un rapport au ciel et non pas à la terre. Tant que l’intelligence n’entre pas dans l’âme de l’homme, il ne peut pas comprendre les affaires célestes. Les affaires terrestres se comprennent par les sentiments, et les affaires célestes par la pensée ; c’est pour cela qu’il faut apprendre à penser. Si quelqu’un dit qu’il ne peut pas supporter les autres, c’est le signe que sa foi est faible et qu’il n’a pas appris à penser. « Je pense que j’ai une foi puissante », alors tu n’as pas de patience. « Je suis patient », alors tu as peu d’amour. Pour supporter les autres, ta foi et ton amour doivent être grands. « Je pense avoir l’amour », alors tu n’écoutes pas le Seigneur. L’amour se mesure à l’attention : lorsque tu fais attention à quelqu’un, tu l’aimes. En écoutant longtemps son maître, le disciple se met à l’aimer et à croire ce qu’il dit ; il est prêt alors à l’écouter et à se conformer à ses conseils. Comment aimer ? Implante dans ton âme le désir d’aimer et n’y pense plus, ce désir travaillera en toi et donnera son fruit : laisse ton désir agir, laisse-le grandir et n’aie crainte.

Que faire avec la rigole d’eau qui traverse ton jardin ? Tu dis : « Elle ne m’intéresse pas, je suis pris par des affaires publiques ». La rigole d’eau coule, mais ne fait pas de travail, et tu vois avec le temps que les fleurs de ton jardin se fanent. Concentre-toi sur la rigole un instant, oriente-là vers les fleurs et le potager pour les arroser, puis continue tes affaires publiques. La rigole d’eau, c’est ton désir d’aimer les gens, il portera du fruit. L’amour nous sauvera ; laisse l’amour cheminer librement en toi ; lorsqu’il passera par ton jardin pour tout arroser, il te désaltérera aussi. Sinon l’amour circulera et s’en ira sans que tu sois sauvé.

Ainsi, il n’y a pas de vie sans foi comme il n’y a pas de développement sans soleil : la foi est la cause de la croissance. Si tu grandis et te fortifies, tu as la foi ; si tu perds ta foi, tu cesses de croître et tu dépéris. Qu’est-ce qu’il adviendra de toi si tu doutes de tous ? Tu deviendras un maniaque et tu te mettras à avoir peur de tout jusqu’à tomber malade. Chaque individu est une grandeur qu’il faut comprendre ; tu croises ces grandeurs, tu les fuis jusqu’à ce que tu perdes toute mesure et que tu deviennes ingérable pour toi-même et pour les autres : quelle maladie plus effroyable que celle-ci ! « Comment me guérir ? » Commence à te dire que les gens sont au moins aussi bons que toi. Il n’y a pas de gens mauvais dans le monde, il y a des gens affamés. Si mon sac est plein et que quelqu’un m’épie pour me le prendre et se nourrir, je lui dirai : « Frère, n’essaie pas de voler, dis que tu as faim et je te donnerai à manger ». Lorsque je lui donnerai à manger, il deviendra bon.

Lorsque Dieu a créé le monde, il a créé le loup et le cheval. Le loup était mécontent du cheval et a entamé une procédure judiciaire contre lui : le premier procès dans le monde. Dans ses griefs à l’encontre du cheval, il a écrit: « Mon voisin, le cheval, m’a donné un coup de sabots si puissant qu’il m’a cassé deux dents. Dans la société que je fréquente, on dit que Dieu a créé le cheval et donc ses sabots, mais je ne peux pas admettre que Dieu ait créé des sabots aussi durs et puissants au point de casser des dents, voyez comme mes pattes sont douces ». Le juge a dit : « Montre tes pattes ». Le loup a montré ses pattes en cachant soigneusement ses griffes. Puis le juge s’est tourné vers le cheval : « Que diras-tu pour ta défense ? » Le cheval a répondu : « Monsieur le juge, mon voisin a transgressé une règle fondamentale que nous respectons dans notre communauté : lorsqu’un ami vient auprès de nous, il tourne le visage vers nous, nous nous reniflons, nous faisons connaissance et nous commençons à discuter. Celui qui vient par derrière est un ennemi : nous le frappons avec nos sabots arrière pour lui apprendre à faire connaissance et à saluer. C’est une loi divine, celui qui la transgresse se heurte à nos sabots arrière ».

Les gens d’aujourd’hui aussi entament des procédures pour des dents cassées. Pourquoi ont-ils les dents cassées ? Parce qu’ils n’ont pas respecté les lois de la société. Si tu veux faire connaissance avec quelqu’un, mets-toi devant lui et non derrière son dos. Celui qui dérobe, détrousse sa victime aussi par derrière ; lorsqu’un voleur entre dans la maison de l’homme lorsqu’il dort, c’est aussi venir dans son dos.

Le Christ dit : « Si vous ne comprenez pas les choses terrestres, comment comprendrez-vous les choses célestes ? » Par conséquent, en vivant sur terre, ne demandez pas pourquoi le mal survient, mais comprenez ce qu’il représente. Le mal est le résultat de la monotonie, et le bien celui de la variété. Si dans votre esprit nait une pensée et que vous vous y accrochiez constamment, c’est un crime. « Comment une pensée qui perdure dans mon esprit peut-elle être considérée comme un mal ? Est-ce un crime de penser constamment à Dieu ? » Ne pense pas constamment à Dieu, mais travaille constamment pour Lui. Dieu est une grandeur qui englobe tout, par conséquent lorsque tu penses à Dieu et agis pour Lui, tu penseras à toutes les créatures qui demeurent en Lui. Dieu est partout et en toute chose et non seulement au ciel, dans le soleil et dans les étoiles. Je ne vous reproche rien, mais je dis que c’est tantôt votre vision du bien qui est bonne, et tantôt celle du mal. Donc, si tu dis que tu es quelqu’un de bien, tu as raison vis-à-vis du bien qui s’exprime dans la variété ; si tu dis que tu es mauvais, tu as raison vis-à-vis du mal : tu es entré dans la monotonie de la vie. Vis dans la diversité, aime tout le monde et travaille pour tout le monde.

Ainsi, pour nous entendre, la première chose à faire est d’accorder nos clés pour savoir qui utilise quelle clé. Si l’un joue en majeur et l’autre en mineur, ils ne peuvent pas s’entendre ; c’est comme si le premier enterrait son père alors que le second fêtait la naissance de son enfant. Pour se comprendre, les deux doivent attendre un certain temps pour arriver à la même gamme : celui dont le père est décédé doit s’apaiser et son grand chagrin doit passer ; lorsqu’il aura aussi un enfant, les deux s’entendront. Le Christ dit : « Que les morts enterrent leurs morts », ce qui signifie qu’il faut enterrer ses pensées mortes et vivre dans la joie. Réjouissons-nous du Nouveau qui naît. Tout ce qui a été dessalé est mort ; le dessalement se produit là où le contenu et le sens des choses disparait. Quel sens ont les bagues, les colliers et autres parures ? Tu regardes ta bague, tu es heureux, mais tu pourrais être vendu pour cette bague, n’est-ce pas un licol qui t’entrave ? Si quelqu’un bâtit une maison et veut te faire son débiteur par son biais, reste loin d’une telle personne, c’est un licol dont tu dois te garder. Même si on te promet le monde, reste à l’écart. Tout bien qui est fait sur terre doit être accepté au ciel, et s’il n’y est pas accepté, ce n’est pas un véritable bien ; c’est ce qu’exige la loi de la justice qui est la même sur terre et au ciel. Nous l’appelons le droit international : la loi fondatrice de ce droit énonce que ce qui est au ciel est aussi sur terre, et ce qui est sur terre est aussi au ciel. Nos contemporains ne respectent pas cette loi et vieillissent prématurément. Ne sachant pas cela, ils disent que leur vieillissement est dû à leurs proches : la mère vieillit à cause de sa fille, le professeur, à cause de ses élèves, le commerçant, à cause de ses clients, le berger, à cause de ses brebis. Le berger perd une brebis aujourd’hui, une autre le lendemain, une troisième le surlendemain jusqu’à ce que son visage se ride ; quand je vois son visage, je dis : « Mon ami, tu as traversé de grandes tribulations – Comment le sais-tu ? – Tout est écrit sur ton visage : tu as perdu tes brebis. » Tout le monde souffre et vieillit à cause de ses subordonnés. Ce sont des rapports que vous devez résoudre correctement, c’est le seul moyen d’entrer dans le nouvel enseignement.

         Vous vous interrogez sur le rapport entre ces choses et le carré, le triangle et les autres figures. Pour comprendre la géométrie vivante dont je vous parle, étudiez le nez, la bouche, les sourcils, les oreilles, les yeux. Le nez par exemple a une forme de triangle : étudiez bien votre nez, ses lignes, ses formes et sa taille pour comprendre le triangle vivant. Puis étudiez vos sourcils pour comprendre leur origine. Vous direz que les sourcils servent à protéger les yeux de la poussière et de la sueur ; c’est en partie vrai, mais les sourcils ont une autre prédestination. On a remarqué que les gens dont l’intelligence objective est développée ont des sourcils épais : ils sont courageux et décidés avec une forte volonté, et leurs sentiments sont grossiers ; ceux dont l’intelligence objective est peu développée ont des sourcils fins et leurs sentiments sont délicats. Les sourcils sont donc un témoin des sentiments de l’individu : grossiers ou délicats. Apprenez à traduire les formes extérieures pour comprendre leur sens profond et leur prédestination. Lorsque le nez est large à sa base, c’est le signe de quelqu’un qui a des sentiments très développés ; lorsque l’intellect se développe, le nez s’allonge et rétrécit. Qu’est-ce qui est préférable : un nez long et étroit ou un nez court et épaté ? Le nez doit être bien développé pour avoir une bonne proportion entre la largeur et la longueur ; si cette proportion n’est pas respectée, il n’y a pas d’harmonie entre l’intelligence et le cœur. Le nez est un baromètre, il sert à mesurer les conditions extérieures et intérieures. La géométrie vivante est une science qu’on ne peut pas donner aux gens car ils n’ont pas encore cette culture. S’ils connaissaient cette science, ils se moqueraient les uns des autres : si quelqu’un se fâche contre vous, il dira : « Regarde comme ton nez est court et disgracieux et comme tes sentiments sont grossiers, mal polis ». Dans ce cas, l’ignorance est préférable à la connaissance qui vous fera chuter.

         Connaissant les intelligences et les cœurs des humains, le Christ a dit aux savants de son époque : « Puisque vous avez corrompu Israël et perverti sa vie, on ne peut pas vous parler de la vie céleste. La sagesse des Égyptiens que Moïse a révélée aux juifs, ne peut vous être donnée, cette sagesse implique la descente de l’esprit en l’homme. Par conséquent, tant que vous n’acceptez pas le Fils de la sagesse en vous, tant que vous n’acceptez pas le Seigneur vivant dans votre âme, l’esprit ne vous visitera pas ». L’esprit doit entrer non seulement dans l’homme, mais aussi dans les églises et les écoles. Lorsqu’il s’incarne en l’homme, l’esprit lui révèle tout et commence à comprendre les choses avec clarté. Cela ne signifie pas que vous n’étudierez pas : vous étudierez et vous acquerrez des connaissances, mais des connaissances positives. Il nous faut pour ceci de la patience, fondée sur l’amour divin. Comment acquérir la patience ?

         Dans les environs d’une ferme, il y avait un grand étang rempli de grenouilles. Elles croassaient jour et nuit et encensaient le fermier. Deux grenouilles, plus courageuses que les autres ont décidé de quitter l’étang pour aller chez le fermier et vérifier le bienfondé de ces louanges. Elles sont sorties un jour et sont parties vers la ferme. Elles ont directement accédé aux cuisines où il y avait un chaudron, plein de lait fraîchement trait. Elles sont rentrées dans le chaudron pour gouter ce liquide blanc qui s’est avéré succulent. Elles se sont demandé ce qu’était ce liquide qui ne ressemblait pas à l’eau. Le plus terrifiant était qu’elles ne pouvaient plus sortir du chaudron, et elles ont commencé à s’agiter dedans pour trouver une issue. L’une a dit : « Je suis fatiguée, je vais me laisser couler au fond. – Le fond, c’est dangereux. Tu iras, mais tu y resteras, a répondu la seconde. – Je ne peux pas résister ! »

         La seconde grenouille a attelé toute sa patience pour continuer à tourner en rond dans le chaudron jusqu’à ce qu’elle ait battu le beurre. Elle a marché là-dessus et a réussi à sauter hors du chaudron. Donc si tu veux acquérir la patience, tu dois résister aux plus grandes difficultés.

         À présent, vous vous demandez souvent ce qu’est le monde : c’est un grand chaudron rempli de lait. Quel est le sens de la vie ? Descendre dans le chaudron de lait, battre le beurre, monter dessus et sortir dans le vaste monde illimité : c’est cela acquérir la patience et se sauver. Je ne parle pas du salut comme les religieux l’entendent. Ils ont raison et j’ai raison aussi, Moïse a raison comme Jésus a raison, tous les élèves ont raison : ceux des cours élémentaires, ceux des collèges, ceux des lycées et ceux de la faculté. Pourquoi ? Parce qu’il y a quelque chose de commun entre les enfants des écoles élémentaires, les élèves des collèges et des lycées et les étudiants des facultés : tous étudient. Que direz-vous s’ils se rassemblent au même endroit pour discuter d’une question, se comprendront-ils ? Ils ne peuvent pas se comprendre. Je dis à celui qui est en cours élémentaire : mon ami, tu ne peux pas comprendre celui qui est sorti du lycée ou de l’université.  « Je le comprends, mais il est hérétique et ne comprend pas. » Non, il n’est pas hérétique, mais sa conscience est plus vaste que la tienne, tu as raison pour toi-même, mais il a raison aussi. Vous marcherez progressivement toujours plus haut jusqu’à comprendre correctement le sens divin, grandiose de la vie. Paul dit : « Lorsque j’étais jeune, je raisonnais comme un jeune et lorsque je suis devenu adulte, j’ai quitté ce qui était juvénile en moi »[4]. Tant qu’il est en cours élémentaire, l’élève passe pour un jeunet ; donc, si tu entres dans une société religieuse qui partage les humains en justes et pêcheurs, les isolant ainsi, ce sera une religion de jeunets. La religion dont a besoin l’étudiant doit englober toute l’humanité, cette religion est fondée sur l’amour. Elle donne le droit et la liberté aux gens de penser et de sentir comme Dieu leur a appris. Celui qui accepte la religion de l’amour entre dans l’immortalité.

         Revenons au jugement prononcé au procès entre le loup et le cheval. Le juge a ordonné au loup de ne plus s’adresser au cheval en ennemi ; s’il voulait lui parler, il devait se tenir devant lui et pas derrière lui. Il a ordonné au cheval de poser à ses frais deux nouvelles canines au loup. Peu de temps après, deux chats sont venus chez le même juge pour une question de panse d’agneau. L’un d’eux tenait la panse d’agneau entre ses pattes en disant qu’elle était à lui. L’autre insistait aussi disant que la panse était à lui ! « Regarde – disait-il au juge – comme mon museau est griffé par mon camarade ». Le juge a voulu voir avec quelle arme il avait été griffé et a vu que les pattes des chats étaient pourvues de griffes longues et acérées. Le juge a réfléchi à la manière de trancher la question, et il a trouvé qu’ils se querellaient pour quelque chose qui n’était pas leur propriété, alors il a dit : « Aucun de vous ne peut prétendre à la panse, c’est l’agneau qui doit la récupérer ». À ce moment est venu l’agneau, se plaignant que deux chats avaient pris sa panse et suppliant de la récupérer. Le juge a repris la panse et l’a rendue à l’agneau, puis il l’a laissé partir.

         Les gens se querellent encore aujourd’hui pour la panse de l’agneau : chacun la tire à soi et veut se l’approprier. Celui qui ne peut pas la prendre demande : « Faut-il que la propriété privée existe ? » Je réponds : la propriété privée ne peut pas exister ; on peut posséder quelque chose, mais on n’a pas le droit de mettre un panneau pour dire que c’est à soi. On peut posséder son corps, sa maison, mais la possession est quelque chose de temporaire. Comment peut-on appeler de la propriété privée l’agneau égorgé, le poulet égorgé, le porcelet égorgé ? Tu n’as pas le droit de construire d’immenses maisons ; la nature elle-même le prouve, comment ? Par les tremblements de terre : la terre se plaint qu’elle porte un fardeau plus grand qu’il ne faut et Dieu envoie un tremblement de terre pour la libérer. La terre n’est pas tenue de porter des fardeaux aussi grands. C’est le signe que la propriété privée n’est pas autorisée, c’est la voix de Dieu. Vous pouvez vous faire une maison, mais si vous commencez à vous disputer pour elle, le juge dira : « Donnez la panse à l’agneau pour la remettre à sa place et que l’agneau reprenne vie ». C’est ce que le Christ voulait dire dans son verset : « Si vous ne comprenez pas les affaires terrestres, comment vous comprendrez les affaires célestes ? » Vous dites : « Donc le Christ a été aussi contre la propriété privée ! Que ferons-nous si nous y renonçons ? » Observez combien de temps dure la floraison d’une plante ? Chaque floraison est temporaire. De même que la fleur et le fruit ne sont pas éternels, de même la propriété privée et la possession sont des choses temporaires.

         Lorsque je parle contre la propriété privée, je n’ai pas en tête vos maisons ; je parle de cette propriété que vous dénoncez vous-mêmes. Le mari par exemple considère sa femme comme sa propriété, la femme considère son mari comme sa propriété. Ils doivent se sacrifier l’un pour l’autre, sans se posséder, sans se considérer comme la propriété de l’autre. Ce qui ne signifie pas que la mari doit quitter sa femme ou inversement. Le lien entre l’homme et la femme doit être intérieur, il doit reposer sur la loi de l’amour où il n’y a pas de trahison. Paul dit : « Celui qui est attaché, qu’il ne se détache pas, et celui qui est détaché, qu’il ne s’attache pas »[5]. Tant que tu laboures, tu dois avoir un licol ; quand tu cesses de labourer, tu enlèves le licol et tu vas manger, c’est ainsi que s’apprend la patience. Celui qui n’apprend pas cette leçon reçoit un sac sur le dos et on l’expédie dans les champs. Ainsi je ne dis pas à l’homme de quitter sa femme ni à la femme de quitter son mari, mais de comprendre leurs rapports mutuels. L’intellect ne peut pas descendre dans l’estomac et l’estomac ne peut pas non plus remonter vers l’intellect, mais ils doivent définir les rapports entre eux. Si ton mari est un intellect, accorde-lui tout ton respect ; si c’est un estomac, donne-lui la possibilité de remplir sa fonction comme il se doit. Il y a des lois en mathématiques qui ramènent les membres de l’équation à des conditions rendant plus simples leur résolution : les problèmes deviennent ainsi clairs et compréhensibles. Beaucoup de choses sont encore obscures pour vous ; pour les clarifier, votre esprit doit s’envoler, monter vers les sphères supérieures. Lorsque vous sortez le soir pour observer le ciel étoilé, vous voyez les étoiles, mais sans les connaître, vous ne savez rien à leur sujet. Pour comprendre quelque chose votre esprit doit s’envoler, monter vers la voûte céleste.

         Le Christ dit : « Lorsque l’Esprit viendra, il vous apprendra tout »[6]. Il est dit qu’il existe deux principes dans le monde : le Christ, le principe du bien, et l’antéchrist, le mal ou la propriété privée. Si tu exerces une emprise sur quelqu’un ou sur une société ou si tu arrêtes l’élan intérieur de ton âme envers Dieu, tu es antéchrist ; si tu contribues à développer le divin en l’homme tu es le Christ pour lui. Tant que les organes du corps sont au service de l’organisme, ils sont liés au Christ ; dès qu’ils se séparent de l’organisme, chacun ne servant qu’à lui-même, ils se lient au principe opposé. Celui qui s’éloigne de Dieu se condamne à mort tout seul. Dieu est Un, nous sommes Ses membres ; le Christ est Un, nous sommes Ses membres. Chacun doit connaître sa place et sa mission dans le grand organisme divin : est-il nez, œil, oreille ou doigt ? Pourquoi dois-je m’occuper de ma main ? Je m’occuperai de ma main comme d’une grandeur par laquelle j’applique ma volonté ; la main représente un carré transformé : les quatre doigts sans le pouce sont les quatre roues du véhicule avec lesquels il avance. L’être humain aussi est un véhicule semblable : avec les deux roues, c’est-à-dire avec les jambes, il se déplace sur le sol, et avec les roues supérieures, les bras, il fend l’air.

         Le Christ dit : « Si vous ne comprenez pas la vie terrestre, vous ne pouvez pas comprendre la vie céleste ». Inversement, si vous comprenez la vie céleste, vous comprendrez aussi la vie terrestre. Nous commençons de bas en haut : comprendre d’abord la vie terrestre, ensuite la vie céleste. Qu’on aille de haut en bas, ou de bas en haut, on doit comprendre que seul son corps est une propriété privée. Si quelqu’un d’autre se permet de s’en emparer, l’être humain se dérègle ; les médecins appellent cet état la démence, le dérangement psychique ; pour un tel individu, je dis qu’il a perdu sa propriété privée, c’est-à-dire qu’une autre créature est entrée en lui. L’aider, c’est lui permettre d’entrer à nouveau en possession de son corps. Comment soigner un tel malade ? Les prêtres lisent des prières pour chasser le mauvais esprit de lui et les médecins lui feront des injections ; les uns et les autres ont envie de chasser l’intrus. Il y a des cas dans la vie où le véritable propriétaire se perd pendant plusieurs années, et l’intrus vit dans son corps ; dix ans après, le premier revient et recommence son activité là où elle s’était arrêtée. Où a été cette personne pendant dix ans ne peut pas être discuté maintenant ; cette question est complexe, il faut beaucoup de temps pour l’expliquer : elle est en rapport avec la psychologie.

         Je dis : on peut sortir de son corps, c’est-à-dire de sa maison, de son plein gré, sans que d’autres créatures s’en emparent et vous chassent. Il y a des lois par lesquelles on peut protéger ses possessions. Vous dites par exemple que votre père est mort et qu’il est allé auprès de Dieu ; en réalité votre père a été chassé, d’autres ont pris ses possessions et il se retrouve sans abri. Vazov[7] appelle les sans-abri, les « sans feu ni lieu » ; ce sont les héros de l’humanité. Les plus grands maux et iniquités sont commises au nom de la propriété privée. L’argent, la nourriture tout est de la propriété privée. Si vous voulez vivre en harmonie avec l’intelligence cosmique, renoncez à la propriété privée, c’est le seul moyen de comprendre le sens profond de la vie divine.

         Il y a une liberté dans le monde, mais il y a aussi une loi. Quand la loi se manifeste-t-elle ? Lorsque nous allons vers l’arrière du cheval : le sabot du cheval, c’est la loi. Comment éviter cette loi ? Tu iras par devant, vers la tête du cheval ; la tête, c’est l’enseignement du Christ. Si tu dis à quelqu’un qu’il est mauvais, tu le salues incorrectement, tu vas dans son dos ; si tu dis qu’il est bon, tu le salues de face. Celui qui salue l’homme par derrière, perdra deux canines ; lorsque tu transgresses la loi divine, un malheur te frappe nécessairement. Sachant cela, cherchez la cause en vous et non chez les autres. Si les Bulgares sont malheureux, la cause est en eux, nulle part ailleurs : ni les Serbes, ni les Grecs, ni les Anglais, ni les Allemands, ni les Français ne sont fautifs de leurs malheurs. De même pour les autres peuples : chaque peuple est responsable de son malheur. Si les Bulgares avaient salué le cheval par devant, du côté de sa tête, ils n’auraient pas reçu de ruade ; comme ils sont venus par derrière, ils ont reçu une terrible leçon. Il est dit : « La mesure que tu utilises sera aussi utilisée pour toi »[8]. Les Bulgares ont cru qu’on les grandirait, mais ils ont mal fait leurs comptes : personne ne peut grandir personne. Seul le peuple qui croit en Dieu et accomplit Sa volonté peut être grand. Lorsqu’un peuple a de l’amour en lui et qu’il est prêt à se sacrifier pour la justice, il vainc toujours. Lorsque tous les prêtres, prédicateurs, enseignants, juges et gouverneurs, mères et pères vivent dans le bien et l’appliquent, ils mènent leur peuple à la victoire. Seul ce peuple peut être grand !

         Une nouvelle époque vient pour l’humanité, une nouvelle culture, une nouvelle vie. Qu’est-ce qu’exige la nouvelle culture ? Laisser la liberté aux humains de se manifester. Comment se manifestent-ils aujourd’hui ? La mère se manifeste et opprime la fille ; si la fille se manifeste, elle opprime la mère. C’est ainsi que s’affrontent les lutteurs : l’un est au-dessus, l’autre au-dessous, puis inversement. La première fois la mère est en haut et la fille en bas, puis la fille est en haut et la mère en bas ; elles alternent ainsi jusqu’à s’épuiser. Les questions ne se résolvent pas de la sorte. Aujourd’hui, on s’acharne sur la Bulgarie, les autres se ressaisissent, demain d’autres seront opprimés. Quand les questions seront-elles résolues? Quelqu’un vient et clame qu’il est fort, un autre vient et dit qu’il est fort aussi ; mesurons-nous alors l’un à l’autre, et voici que le combat s’engage. La question se résout correctement lorsque les deux disent : « Tu es fort et je suis fort, mais ce n’est pas la peine de nous affronter et de nous faire du mal, il vaut mieux vivre en frères et employer notre force pour le bien commun, pour éclairer les esprits et les cœurs de nos proches et leur apprendre comment bâtir leurs foyers ». C’est un grand art de bâtir son foyer. Aujourd’hui, il y a des dissonances dans chaque foyer. Pourquoi ? Parce que les gens ne peuvent pas vivre correctement et ne savent pas se saluer : tous se saluent par derrière. Ce n’est pas un mal, mais ce salut est soumis à la loi qui est sévère et juste sans être cruelle.

         Sur cette base, le Christ entame une nouvelle phase et dit : « Si vous ne naissez pas de nouveau, vous ne rentrerez pas au Royaume de Dieu », ce qui signifie : « Si vous ne revenez pas dans le droit chemin dont vous vous êtes éloignés, vous ne pouvez pas penser comme le Fils de l’Homme pense, vous ne pouvez pas comprendre les choses célestes, par conséquent vous ne pouvez pas améliorer votre vie ». Si vous ne comprenez pas la vie intérieure, vous ne pouvez pas comprendre la vie extérieure.

         Pour expliciter cette pensée, je prendrai l’exemple suivant : imaginez que vous vivez dans un palais avec cent pièces immenses : le monde extérieur. Les pièces sont fermées, il y a un manque d’air ; vous habitez ce palais, vous allez d’une pièce à une autre, vous étudiez tout ce qu’il y a dedans, mais vous commencez peu à peu à vous lasser, vous manquez d’air et de lumière. Vous dites qu’il faut agrandir les fenêtres pour avoir plus d’air et plus de lumière ; vous agrandissez les fenêtres, mais cela soulève de la poussière, des impuretés s’accumulent. Vous vous demandez quoi faire, vous éprouvez alors le besoin de sortir au milieu de la nature, dans le large monde divin. Voilà la situation de nos contemporains qui vivent seulement dans le monde physique : ils savent beaucoup de choses, ils ont étudié la philosophie, l’histoire, le droit. Ils sont en admiration devant le droit romain, il est en effet remarquable, mais s’applique en principe aux citoyens romains. Chaque peuple a ce type de droit. Le droit romain a protégé le citoyen romain, malheur à ceux qui n’en faisaient pas partie ! Je dis : il y a un droit, nommé divin, c’est le droit pour tous, pour toutes les créatures vivantes sur terre. Le Christ parle de ce droit, et celui qui accepte ce droit et les grandes idées divines sera citoyen du Royaume de Dieu. Ce droit le protégera partout. Faites un essai : que le plus malheureux accepte ce droit pour se convaincre de sa force : sa vie s’améliorera, les gens commenceront à l’aimer, ses affaires iront bien.

         Je répète : tenez-vous loin de l’idée de la propriété privée qui étouffe l’homme. L’idée d’être le premier dans le monde, d’être le plus fort est l’idée de la propriété privée : elle vous conduira dans la tombe. Elle étouffe l’homme comme une bouchée avalée de travers. La gorge, le cœur doivent s’ouvrir et se dilater pour qu’on respire librement. Rejetez la bouchée avalée de travers.

         Qu’est-ce qui est nouveau dans cette vie, quels bienfaits apporte-t-elle ? Elle transforme la chenille en papillon et lui apprend à puiser le nectar sucré des fleurs, elle libère l’homme de l’idée de la propriété privée. Je ne parle pas contre vos corps en tant que propriété privée, en tant que possession personnelle ; je dis : gardez vos corps de façon à rendre compte à votre maître, lorsqu’il viendra, de ce que vous avez reçu de Lui. Vous direz : « Seigneur, j’ai très bien vécu dans Ta maison, je Te la rends avec les améliorations effectuées. Si tu as l’intention de me renvoyer sur terre, je Te prie Seigneur de me donner une meilleure maison pour que je réalise quelque chose de mieux ».

         Ainsi, les temps nouveaux qui viennent maintenant exigent de vous la patience, la patience exige la foi, la foi exige l’amour, l’amour, l’obéissance, et l’obéissance, le savoir et la sagesse. Seul l’intelligent peut aimer. L’amour est quelque chose de grand et d’intelligent : aimer quelqu’un, c’est le chérir comme la prunelle de ses yeux. Tourmenter l’autre n’est pas de l’amour ; assassiner les autres, n’est pas de l’amour. Vous direz que l’amour apporte de la souffrance ; ne souffre que celui qui ne comprend ni ne connait les choses. Le Christ est venu pour apprendre aux gens à aimer et à savoir pourquoi ils souffrent.

         Les Écritures parlent d’eau et d’esprit. En termes scientifiques l’eau est le magnétisme, c’est-à-dire elle porte une force magnétique en elle, alors que l’esprit conduit l’électricité. Le Christ dit : « Celui qui est passé par l’eau et l’esprit, peut rentrer dans le Royaume de Dieu », ce qui signifie : « Si votre intelligence renaît de l’électricité et votre système nerveux sympathique du magnétisme, vous deviendrez des citoyens du Royaume de Dieu. Si vous traitez vos pensées avec l’électricité et vos sentiments avec le magnétisme, vous comprendrez la grande loi divine et vous serez porteurs de la foi et de l’amour.

         Inscrivez les pensées suivantes : la patience exige la foi, la foi exige l’amour, l’amour exige l’obéissance et l’obéissance apporte le savoir et la sagesse. Méditez sur elles, combinez-les de diverses façons pour qu’elles insufflent dans votre âme un nouvel élan de vie. Qu’éprouvez-vous si quelqu’un dit qu’il vous aime ? Vous éprouvez lumière et joie, quelque chose s’éclaire en vous et vous vous réjouissez ! Lorsque la mère dit à sa fille qu’elle l’aime, elle se réjouit aussitôt. Si le maître dit à son domestique qu’il l’aime, il devient gai et joyeux ; si le maître se fâche contre son domestique, il se décourage. Qui sont les élèves qu’aime le professeur ? Ceux qui sont bons et obéissants.

         Je vous souhaite à tous d’appliquer l’amour dans vos rapports mutuels. Acceptez le nouvel enseignement et emmenez-le chez vous, transmettez-le à vos enfants et à vos proches. Faites des expériences sans vous décourager, même si vous faites cent tentatives, l’important est de réussir ; c’est peut-être la centième tentative qui sera finalement la bonne. En fin de compte vos yeux s’ouvriront et vous direz comme l’aveugle : « J’ai été jadis aveugle, mais à présent je vois ».

         Beaucoup me demandent : « Crois-tu ce que tu prêches, es-tu allé de l’autre côté pour te permettre d’en parler ? » Je ne suis pas allé de l’autre côté, mais j’y demeure. « Es-tu allé auprès de Dieu ? » Je n’y suis pas allé, mais je demeure en Lui et je L’étudie dans tout : les minéraux, les plantes, les animaux, l’eau, l’air, la lumière. Dieu est dans tout ce qui vit, je Le vois dans le plus petit et dans le plus grand, je me réjouis et je m’égaie lorsque j’entends Sa douce voix. Y a-t-il quelque chose d’étonnant à cela ? Vous vous attendez à voir le Seigneur après votre mort ? Si vous vivez comme des humains et que vous mourez, vous serez toujours sur terre. L’être humain doit mourir à son égoïsme et se transformer de glace en liquide, c’est le seul moyen de se sauver. Si tu meurs sans transformer la glace en liquide, tu restes en danger. Accueillez les nouvelles idées qui viennent d’en haut. Où est Dieu ? Il est dans le professeur qui instruit, dans le prêtre qui prêche ; dans la ménagère qui prend soin de sa maison, dans le magistrat qui juge bien ses affaires, dans le soldat, dans l’officier, Dieu est partout ! Il est en moi qui vous parle et en vous qui m’écoutez. Dieu dit : « Ce sont mes enfants qui m’écoutent ; ils deviendront à l’avenir des êtres d’excellence, Je me réjouis qu’ils se transforment ». Certains disent que vous êtes des pécheurs, que vous irez en enfer ; tout est temporaire : ceux qui sont pécheurs aujourd’hui se purifieront et se transformeront demain ; ils sont maintenant en enfer, mais demain ils en sortiront. Quel enfer est plus effroyable que la terre ? Dieu est venu sur terre pour nous sortir de cet enfer-là et Il le fera. Il nous baigne de son amour, Il nous le montre et renforce ainsi en nous la foi et la patience.

         Je vous souhaite à tous d’être des Fils de Dieu. Autrement dit, écoutez la voix de Dieu, faites Sa volonté comme vous la comprenez et n’ayez crainte.

Sofia, 1 février 1920

Traduit par Bojidar Borissov


[2] chops – le nom des paysans de la région de Sofia

[3] Jean 3, 5

[7] Ivan Vazov (1850 – 1921) – figure emblématique de l’histoire bulgare – écrivain et poète célèbre mais aussi homme politique.

Link to comment
Share on other sites

 Share

×
×
  • Create New...