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1920_01_18 Le bon berger


Ani
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Le bon berger

« Je suis le bon berger, et je connais mes brebis,

et mes brebis me connaissent. »

Jean 10 :14

Ce verset est encore obscur et incompris par les gens cultivés de notre époque comme par le clergé : chacun lui prête un sens qu’il n’a pas en réalité. Avant d’expliquer le sens de ce verset, je ferai un préambule. Quelqu’un me demande par exemple : « Es-tu religieux ? » Il pense que la religion est tout. La religion n’est qu’un tiers de la vérité ; les religieux connaissent donc seulement un tiers de la vérité et il ne faut pas leur en vouloir lorsqu’ils commettent des erreurs. « Es-tu spirituel ? » Ceux qui sont spirituels connaissent deux tiers de la vérité, et il leur manque aussi quelque chose. « Es-tu quelqu’un de divin ? » Les personnes divines connaissent toute la vérité, c’est-à-dire les trois tiers. C’est pour cette raison qu’il faut être en même temps religieux, spirituel et divin pour connaître la vérité.

Comment se manifeste celui qui est religieux ? S’il rencontre quelqu’un de pauvre et de mal habillé, il l’amènera dans un magasin, lui achètera des vêtements et le laissera partir. Même bien habillé celui-ci a faim ; il se sent mal sur le chemin et ne peut pas avancer : il est bien vêtu mais n’a pas de pain. Celui qui est spirituel le croise, il l’amène chez lui, lui donne à manger et l’invite à passer la nuit. Ce voyageur continue dans la vie, il chute et se relève jusqu’à se casser un jour la tête. Alors, celui qui est divin le rencontre, il l’invite chez lui et se met à lui parler, il l’instruit et lui fait connaître la vérité qui permet de bien vivre. Le véritable être humain conjugue les trois manifestations dans la vie : physiques, spirituelles et divines. La vie physique se rapporte aux formes, c’est-à-dire à la religion ; la vie spirituelle a un rapport au contenu, c’est-à-dire aux sentiments et la vie divine a un rapport au sens des choses, à l’amour.

« Je suis le bon berger. » Qu’est-ce que le berger sur le plan physique ? Tous les citoyens d’un état sont des brebis et leur dirigeant, c’est-à-dire leur chef est le berger ; tous les gens à l’église sont des brebis et l’évêque ou le prédicateur est le berger ; tous les élèves à l’école sont des brebis et le professeur qui les rassemble pour qu’ils s’instruisent et s’exercent est leur berger. Les gens s’exercent partout ; même dans les églises, ils prient et s’agenouillent ; ce sont des exercices, c’est une façon élémentaire de comprendre la religion. Quoi que vous fassiez, il est important de penser juste. Penser juste ne signifie pas penser avec logique ; penser juste, c’est mobiliser l’intelligence, le cœur et la volonté dans chaque pensée. Le mal s’introduit là où l’intelligence, le cœur et la volonté agissent séparément.

Savants et religieux attendent aujourd’hui que le Christ vienne sur terre. Que fera le Christ s’il vient sur terre ? Depuis des temps immémoriaux des gens érudits sont venus et viennent encore, des savants, des prédicateurs, et tous parlent de notre nourriture, de notre subsistance. Qu’est-ce qu’ils ont accompli ? Je nomme ces savants et philosophes des prédicateurs du pain. Je leur dis : « Tu es religieux, tu prépares bien le pain ». « Je ne vais pas à l’église. » Ce n’est pas grave, tu peux pétrir le pain. Une chose est demandée à chacun : redresser sa vie. Tout le monde souffre, se rend malade, manque de quelque chose (n’en prenez pas ombrage) ; c’est peut-être quelque chose d’anodin qui vous manque : un habit, des chaussures, une parure, l’important est qu’il vous manque quelque chose. Ce manque ne façonne pas votre caractère. Tu dis : « J’ai tout, mais j’ai faim », donc il te manque quelque chose : la nourriture. Tu dis : « Cet individu est immoral, il ne peut pas résister ». Il a faim, restaure-le pour qu’il lutte et résiste à toutes les forces qui œuvrent contre lui. Tu dis : « C’est un pécheur qui doit être mis au ban de la société ». Il a simplement faim !

Les savants commenceront à expliquer ce qu’est la faim et la soif et quelle est leur origine. Ils détermineront ce qu’est l’eau, mais cette définition est religieuse. Pour moi, la science actuelle est religieuse car elle traite principalement de la forme des choses ; il n’y a aucun contenu dans ces formes ou très peu ; je ne veux vexer personne, mais montrer que la science doit encore beaucoup avancer. Que la bouteille soit vide ne veut rien dire : elle doit être propre pour que vous la remplissiez avec du contenu pur une fois arrivés à la source. Chacun doit se demander : « La bouteille que je porte est-elle vide et propre ? » Si quelqu’un se répond que sa bouteille est pleine, c’est la moitié de la vérité, il doit savoir avec quoi elle est remplie. Dans certains cas je préfère que la bouteille soit pleine, et parfois qu’elle soit vide ; parfois je préfère un plus et parfois un moins. Tu as cinq mille levas et encore cinq mille qui deviennent dix mille levas : tu es riche ; si tu as une dette de cinq mille levas et une autre dette de cinq mille levas, tu as un plus, c’est-à-dire tu les additionnes, mais en fin de compte cette addition devient un moins : une dette de dix mille levas.

Beaucoup disent : « Nous devons être actifs et non passifs, la vie est un combat ! » C’est un tiers seulement de la vérité. La lutte existe tant que tu casses des cailloux pour construire ta maison ; lorsque tu achèves la maison et tu t’y installes, la lutte n’a plus sa place ; dans ce cas la vie n’est plus un combat ; si vous luttez, cela montre que vous n’êtes pas raisonnables. Vous dites que seule la révolution arrangera les choses. Savez-vous quel est le rapport de l’être humain avec la révolution ? Le même qu’avec l’huile de ricin. Quand prend-on de l’huile de ricin ? Lorsqu’on est constipé et qu’on ne peut pas se libérer des impuretés. L’huile de ricin produit une révolution dans les intestins et on se libère de cette entrave ; dès qu’on se nettoie, on ne cherche plus le remède de l’huile de ricin. La révolution est donc un état transitoire dont le but est de rétablir l’ordre dans la vie divine ; une fois altéré, cet ordre doit se rétablir nécessairement. Que vous preniez de l’huile de ricin ou de l’eau chaude, vous obtiendrez le même résultat.

Ainsi, raisonnez avec justesse pour vous relier à la nature intelligente que beaucoup considèrent comme inerte et inanimée : ils pensent que les minéraux, les plantes et les animaux sont des créatures complètement inconscientes. Seul l’être humain a donc le droit d’arranger la vie. Si une commission venait du Soleil pour examiner la vie et la civilisation sur terre, que dirait-elle ? Quelle est la culture du foyer où l’homme et la femme s’arrachent les cheveux et se battent ? C’est la culture de Taras Boulba[1] qui voulait éprouver le courage et la force de ses fils, il voulait savoir s’ils étaient prêts à affronter les vicissitudes de la vie. Nous aussi, nous lutterons dans certains cas, nous ferons une révolution dans d’autres et, dans d’autres cas encore, nous construirons. Vous avez tous déjà conduit une révolution ; si vous dites que ce n’est pas le cas et que vous êtes dociles, j’aurai un autre avis : qui parmi vous n’a pas tiré les cheveux de son petit frère ou de sa petite sœur, qui n’a pas arrosé d’eau ses camarades ? On traite quelqu’un de formidable ; combien de fois a-t-il tiré les cheveux de son petit frère ou de sa petite sœur ? « Choisissons-le pour patron ! » Il arrangera les choses autant qu’il a arrangé son frère ou sa sœur. Donc, lorsque vous nommez quelqu’un ministre, demandez-vous comment il a traité ses petits frères et sœurs, s’il s’est bien comporté envers eux ; si c’est le cas, il arrangera la Bulgarie ou n’importe quel autre pays.

Je parle en principe. À chaque écart, il vous manquera toujours un tiers ou deux tiers de la vérité, il vous manquera toujours quelque chose. En tant que religieux ou spirituel, on peut être bon ou mauvais, et manquer de quelque chose ; c’est seulement en se liant à Dieu que l’on devient divin ; il est dit alors qu’on est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Je dis : l’être humain doit être relié à Dieu. Le mot relié est incompris ; être relié à Dieu, c’est comprendre la loi du service. Lorsque tu seras relié, tu aimeras Dieu ; en L’aimant, tu ne demeureras pas à Ses côtés mais tu Le serviras. Les gens vont à l’église, prient, mais lorsqu’ils sortent de l’église ils continuent de vivre comme avant ; ils disent : « l’enseignement du Christ est inapplicable ». Ce n’est pas vrai ! Celui qui est prêt à servir pourra toujours l’appliquer. Quelle que soit la façon de servir l’ancien enseignement, l’usurier viendra toujours ; quelque ministre qui vienne, l’usurier se présentera ; quelque mère qui vienne, vous ne vous débarrasserez pas de l’usurier ; l’important est de savoir comment vous gérerez la situation. « Que Dieu nous vienne en aide ! » Si vous voulez que Dieu vous aide, vous devez avoir appris Sa grande loi de l’amour. Celui qui n’a pas fait preuve de miséricorde n’aura pas la miséricorde divine ; si nous avons l’amour, les gens nous témoigneront de la miséricorde.

         Le Christ dit : « Je suis le bon berger ». Je détermine le bien comme une qualité de la volonté humaine. On n’est ni bon ni mauvais, cela dépend du moment où on manifeste le bien ou le mal. Si on manifeste sa volonté intelligente, on est bon. L’homme de bien donne de bons fruits, sans vers, ses fruits sont sucrés et peu acides.

         Rappelez-vous : tout ce que je vous dis maintenant est le fondement de la vie, personne ne peut diminuer la portée de mes paroles. Elles produiront leur effet au plus dans mille ans. Je dis ma pensée en sous-entendant la nouvelle pensée, c’est-à-dire la pensée du Dieu vivant auquel je suis relié. Comme Dieu pense, je pense aussi ; ce qu’Il désire que je fasse, je le fais. Chacun peut faire de même : ce n’est pas difficile, mais il faut se montrer héroïque. Beaucoup sont héroïques sur le champ de bataille, mais lorsqu’ils reviennent à la vie civile, ils ne sont plus courageux, ils ont peur du lendemain, ils ont peur pour l’avenir de leurs enfants. C’est pourquoi quelqu’un dit : « On ne peut pas se passer du mensonge dans cette vie ». Il ne sait pas qu’il va précisément faire souffrir ses enfants par le mensonge. Le mensonge est une belle femme qui a perdu son honneur ; on dit d’elle : « Laisse aller la belle femme sans attaches, elle reviendra avec des attaches ». Je prends le mot attaches au sens large.

         Je dis : « À qui voulez-vous plaire ? – À la société. – À quelle société ? – Aux prêtres. – À quels prêtres ? » S’il est question de véritables humains, où sont-ils ? Dans l’antiquité, Diogène les cherchait aussi avec une bougie allumée. Où sont ces personnes qui peuvent vaincre par la force de leur volonté ? Je ne cherche pas les forts du passé, je veux les voir à présent : si tu es bon aujourd’hui, tu seras bon à l’avenir. « Je deviendrai bon. » Pourquoi ne l’es-tu pas maintenant ? Si tu peux être bon à l’avenir, tu peux l’être aujourd’hui aussi : l’instant présent bâtit et crée. Dieu aussi bâtit et crée dans le présent et non pas dans le passé ! Les pécheurs sont dans le passé. Les gens d’aujourd’hui se disent de droite ou de gauche, et les religieux luttent pour s’asseoir à droite du Père. J’aimerais accomplir la volonté divine à tout instant, je ne désire rien de plus. « Je suis le bon berger » Le bon berger est bon à un instant donné. Nous sommes des brebis sur terre. Un berger qui ne s’occupe pas bien de ses brebis et ne peut pas les protéger contre les loups, alors son maître le congédiera. Le bon berger par exemple conduit ses brebis vers les endroits d’altitude pour qu’elles ne souffrent pas de la douve du foie.

         Les humains se demandent souvent pourquoi les souffrances les frappent. Je vous répondrai par l’exemple suivant. Jadis vivait un roi intelligent ; il était jeune mais extrêmement ambitieux. Lorsqu’il s’est marié, il a eu une petite fille très jolie. Aussitôt les astrologues se sont présentés pour faire l’horoscope de l’enfant et ils ont dit : « Pour garder sa beauté et sa santé, ta fille doit tous les jours prendre un bain dans les larmes de tes sujets ». Avant que naisse l’enfant, les citoyens devaient prier Dieu d’envoyer un héritier au roi ; ils ont tardé avec leur prière et c’est une héritière, la fille du roi, qui est venue à la place de l’héritier. Il a fallu alors que tous les sujets du roi pleurent pour elle. Quand pleure-t-on ? Lorsqu’on souffre sous les coups reçus. Toutes les rues résonnaient de pleurs : il fallait récolter des larmes. On récoltait les larmes chaque jour pour baigner la fille du roi, et cela a duré vingt longues années.  

         Lorsque les gens se demandent aujourd’hui pourquoi viennent les souffrances, je réponds : les souffrances viennent pour entretenir la beauté de la fille du roi. À quoi servent les larmes dans ce monde ? Pour le bain de la fille du roi ; ce n’est pas une fiction. Lorsque les usuriers, les grands propriétaires terriens accablent des dizaines et des centaines de familles, ne baignent-ils pas leurs filles dans les larmes de ces familles ? Il n’est personne au monde qui ne se soit baigné dans de telles larmes.

         Je continue mon récit : les citoyens ont commencé à se lamenter et à implorer Dieu de les délivrer de ce fléau. Dieu a enfin envoyé un chérubin sur terre pour s’incarner en chair et en os comme un beau jeune homme. La fille du roi l’a vu et est tombée amoureuse de lui. Ils se sont mariés, mais la première chose que le chérubin a faite, cela a été de transmettre le nouvel enseignement à sa bienaimée : il lui a dit : « Tu peux être belle sans pour autant te baigner dans les larmes des humains. » En ce temps-là, l’eau n’existait pas ; le chérubin a pris un petit bâton, il est allé auprès d’un rocher, lui a donné quelques coups avec son bâton, et de l’eau pure s’est mise à jaillir du rocher. Remerciez de ne pas vivre à une époque où il faut se laver dans vos larmes. La fille du roi a donné naissance à un enfant auquel elle a transmis le nouvel enseignement, elle lui a dit qu’il devait se laver dans l’eau de source et non pas dans les larmes de ses sujets comme on le lui avait appris. Le bienaimé de la fille du roi, le chérubin, a disparu du palais, il est retourné au Ciel d’où il était venu.

         Maintenant, il reste encore un grand malheur dans le monde : on ôte la vie des êtres plus faibles et plus petits. Pour vos petits anges et vos petites colombes, vos enfants, vous aiguisez les couteaux et coupez la tête des poules, des agneaux, des porcelets pour leur préparer un bon potage, c’est-à-dire les laver de l’intérieur. Aujourd’hui du poulet, demain du poulet, ce qui mène à un autre plus grand malheur. Il faut vous libérer de cette souffrance à laquelle vous êtes confrontés chaque jour. Vous dites : « Comment transiger avec ma santé, l’hygiène exige que je me lave dans les larmes de mes sujets », mais le chérubin a prouvé qu’on pouvait se passer de ces larmes. Un autre chérubin viendra prouver qu’on peut aussi se passer de ce sang.

         Dans l’antiquité, un roi voulait devenir célèbre. Il a rassemblé son peuple : les prêtres, les savants, les philosophes, les chroniqueurs, et il a ordonné à tous de lever des étendards et de parler de lui, de tenir des conférences et des causeries pour qu’il soit glorifié dans le monde entier. Montrez-moi un seul peuple qui a vécu de la sorte, qui est devenu célèbre et qui a réussi. Lorsque Moïse a conduit les juifs dans le désert et a pénétré dans le pays de Canaan, a-t-il réussi à le conquérir ? Non seulement ils n’ont pas pu s’en emparer, mais ils l’ont perdu. Où sont maintenant les Assyriens, les Babyloniens, les Égyptiens, où sont leurs vieilles civilisations ? Aujourd’hui aussi on soutient qu’on ne peut pas faire sans la guerre. On peut faire sans guerre, mais faut-il encore que la conscience supérieure des humains se réveille. Si vous compreniez la vie correctement, vous ne mettriez pas à mort un seul agneau, une seule poule. Beaucoup d’agneaux sont plus civilisés que vous ne l’imaginez ; lorsque vous irez dans l’autre monde, vous vérifierez cette vérité. Vous y rencontrerez beaucoup d’agneaux qui vous diront : « Nous te connaissons. – D’où ? – Tu nous a jadis égorgés dans ta cour. »

Des poules vous rencontreront aussi pour vous dire la même chose, vous les avez égorgées sans vous douter qu’elles vous donnaient l’exemple du sacrifice. L’agneau peut bêler plaintivement sans te perturber ; tu te dis : « Qu’il bêle ! » ; la poule caquette et tu dis : « Qu’elle caquette ! » Lorsque vous souffrez, vous dites : « Mon cœur se déchire ». Pourquoi ? « Je n’ai pas de nouveaux vêtements ni de nouvelles chaussures à mettre pour Pâques. » Mais lorsque tu égorges l’agneau, ton cœur ne se déchire pas ! Est-ce cela la civilisation ? La patience divine est grande envers ceux qui n’accomplissent pas la volonté divine, mais la leur. Dites : « Seigneur, nous n’accomplissons pas Ta volonté ». La Bulgarie a besoin de gens sincères qui disent la vérité, c’est le seul moyen d’élever le peuple bulgare. Le Christ est venu au sein d’un peuple, mais il a été crucifié. Les Bulgares ont pour tâche de transmettre cet enseignement aux autres peuples. Que veulent-ils ? Devenir un grand peuple ? Votre terre est aussi grande que celle des juifs, et si vous n’écoutez pas le Seigneur, rien ne restera de vous non plus. Si vous acceptez les grandes lois divines, l’amour et la sagesse, vous serez un grand peuple et votre pays sera connu dans le monde entier. Vous règnerez alors, non par la violence, mais par l’enseignement divin qui sortira de vos cœurs, il donnera partout des fruits sucrés et abondants. Vous direz que cette idée est séduisante.  « Pouvons-nous être un si grand peuple ? » Je demande : comment pouvez-vous tuer des milliers de personnes sur le champ de bataille, et vous ne pourriez pas en élever autant ? À mon avis, ce qui est fait sur le champ de bataille est inique ; ce qui est fait par amour est la loi.  

Vous voulez à présent accueillir le nouvel enseignement. Comment cela se fera-t-il ? Par l’étude et le travail. Vous contemplez le soleil, mais cela ne suffit pas. Il faut observer d’où le soleil se lève, quelle trajectoire il décrit par rapport à la terre, etc. Vous pouvez aussi connaître le soleil par les plantes et par les sources. Il faut en général suivre tous les changements dans la nature, c’est le véritable savoir. Lorsque vous souffrez, vous en cherchez la cause et vous déclarez ne pas avoir assez de nourriture ; en réalité vous ne souffrez pas de dénutrition mais de surnutrition. Dans votre situation, il n’est pas possible de manger beaucoup. Pourquoi ? C’est très simple : le papillon n’est pas autorisé à manger autant que la chenille. Connaissez-vous le ratio de poids entre le nectar que le papillon prélève et les feuilles que la chenille ingurgite ? Ceux qui sont dans le cocon n’ont pas besoin de nourriture ; ils passent un certain temps sans manger, puis ils commencent à se nourrir du nectar nouveau de la vie, c’est-à-dire de la nourriture du nouvel enseignement. Si les gens d’aujourd’hui ressentent en permanence la faim et la soif, c’est parce qu’ils amassent du matériel en croyant bâtir leur corps futur qui ne mourra jamais. À l’avenir, lorsque quelqu’un, tourmenté par la faim viendra me voir, je lui donnerai dix gouttes du nectar de la vie ; il en prélèvera les éléments qui lui sont nécessaires. Puisqu’on peut extraire un kilo d’huile de rose à partir de trois mille kilos de pétales de rose, de même, on peut extraire de la matière brute ces éléments fins qui servent à bâtir vos pensées lumineuses et vos sentiments nobles. Vous ne pouvez pas penser et sentir si vous n’avez pas le matériel adéquat pour construire vos pensées et vos sentiments.

Quelqu’un dit qu’il est incapable d’aimer. Comment peux-tu aimer si tu es le dernier des nécessiteux ? Seuls les riches peuvent aimer. Avant d’aimer, tu dois avoir été une chenille, avoir mangé des feuilles et ensuite, une fois papillon, tu pourras extraire les sucs sucrés des fleurs. Tu diras que tu manges par plaisir, mais ensuite tu auras mal au cœur car tu n’as pas pu assimiler correctement la nourriture. Alors on te prescrira de l’huile de ricin ; veille à conserver de bonnes relations avec tes sujets car une révolution éclatera de nouveau. Je ne soutiens personne, mais je dis que ceux qui violentent et asservissent appartiennent à l’ancienne culture. Quels que soient les arguments moraux que j’expose, ils n’en feront qu’à leur tête : ils ont raison ! Même si je dis que je suis prêt à être pendu pour quelqu’un, je n’arriverai pas à les infléchir. Je ne peux pas imposer par la force à quelqu’un d’agir d’une manière ou d’une autre ; je peux seulement dire aux gens que ce qu’ils font n’est pas bien, et qu’il leur sera rendu en conséquence[2].

Le Christ dit : « Je suis le bon berger et mes brebis me connaissent. » Qui sont ces brebis ? Ce sont ces brebis intelligentes, prêtes à accueillir son enseignement : elles m’écoutent et je les écoute. Tout comme les rapports entre le berger et les brebis sont intelligents, de même les rapports entre les professeurs et les étudiants, entre les prêtres et leurs ouailles doivent aussi être intelligents. Où se manifeste le bon berger ? Là où ce qui est humain n’aide pas, le divin se manifeste : le bon berger. Imaginez qu’une épine rentre dans le pied de votre enfant ; il pleure, crie toute la nuit et ne peut pas fermer l’œil à cause de la douleur ; vous appelez un médecin pour lui faire des frictions, mais la douleur ne passe pas. L’épine ne se soigne pas par les frictions, elle doit être sortie, puis il faut extraire un peu de sang pour nettoyer la plaie. L’épine symbolise l’avidité humaine, la cupidité humaine qui doivent être expulsées.

Je croise beaucoup de gens dont les cerveaux sont contaminés ; ils disent : « Nous voulons du vin et pas ton enseignement ». Je vois que tes petits frères, les vers de terre te mangeront, ils feront un bon festin et diront : « Ce monsieur est un grand savant ». Il est savant mais ne laissera que des os. On a interrogé le Christ : « Est-ce que ces os vivront ? » L’enseignement que je prône amassera ces vieux os. Malheur à celui qui n’obéit pas à l’Esprit qui vient. Ne pensez pas que le soleil peut changer les choses, ne pensez pas que c’est moi qui fais quelque chose, la volonté divine fait tout dans le monde. Je dis : le temps est venu, sortez la charrue et semez, il y aura du blé en abondance l’an prochain. Écoutez-moi, faites l’expérience, des conditions très bénéfiques viennent pour les Bulgares. Tournez-vous vers le Seigneur vivant, vers Son grand pays. Vous direz que personne n’a vu le Seigneur. Tournez-vous vers le Seigneur vivant qui est toujours parmi nous. Les saints sont parmi nous, les anges aussi. Tout ce qui n’est pas en accord avec mes propos est loin de nous. Lorsque deux jeunes se retrouvent et s’aiment, le monde entier est beau pour eux, ils promettent de vivre selon les lois de Dieu. Lorsque leur père les voit, il les corrige ; le lendemain ils se retrouvent de nouveau : ce sont des héros. Je ne parle pas de vos embrassades qui sont les ombres de la vie, je parle d’un baiser où l’intelligence et le cœur s’unissent, puis l’esprit et l’âme ; Dieu vient enfin et donne sa bénédiction, alors tout le Ciel se réjouit. Maintenant, la jeune fille ne se laisse pas embrasser tant que le jeune homme ne lui promet pas quelque chose ; s’il s’engage à lui acheter une robe, une montre en or, des chaussures, alors elle dit : « Tu peux m’embrasser ». Ce n’est pas un baiser divin, le monde entier souffre de tels baisers, on ne peut vivre ainsi.

         Le Christ dit : « Je suis le bon berger ». Tournez-vous tous vers le bon berger, vers Dieu, il se formera ainsi un rocher impressionnant et inébranlable. Il est dit : « J’enverrai mon Esprit », alors des milliers de rivières couleront, ce qui signifie que des milliers de religieux serviront Dieu. Voilà pourquoi, lorsque vous retournerez chez vous, promettez-vous de servir Dieu. Si tu le dis une fois, tu tiendras bon, aucun renoncement n’est autorisé. « Je suis faible ». Je ne crois pas aux faibles, celui qui sert Dieu ne peut pas être faible. Le Seigneur vivant parlera, des milliers de personnes se rassembleront : des savants, des philosophes, des professeurs, des médecins évolueront dans leurs convictions et commenceront à s’adoucir.

         Que représente le monde actuel ? Un lac gelé sur lequel patinent des milliers de personnes ; d’autres se tiennent sur le bord et observent. Puis le soleil se lève et la glace se met à fondre, une catastrophe se produit, ceux qui patinent se noient et appellent à l’aide ; ceux qui sont sur le côté remercient d’être hors de danger. La vague divine vient et elle fera fondre les lacs humains, aucune trace n’en restera. Tu ne seras plus un morceau de glace, mais une source pure qui coulera dans le monde pour répandre le nouvel enseignement. Si les Bulgares acceptent ce que Dieu dit, la Bulgarie se redressera en trois ans tout au plus. Que toute trace de critique s’efface, que le mari cesse de parler contre sa femme et la femme contre son mari, les étudiants contre les professeurs, les professeurs contre les étudiants, les domestiques contre leurs maîtres et les maîtres contre leurs domestiques. Si vous appliquez l’enseignement ainsi, vous vérifierez mes dires. Le Seigneur est vivant. Sur qui se reposer ? Sur les grandes puissances ? En Russie, Tolstoï disait qu’il fallait se tourner vers le Seigneur, mais on ne l’a pas écouté ; il était messager du Seigneur, mais il a prêché dans le désert, et ensuite la Russie a souffert. Pensez-vous que la Bulgarie ne souffrira pas si vous ne m’écoutez pas ? Lorsque je reviendrai au Ciel auprès du Seigneur, je Lui dirai toute la vérité. Aimons le Seigneur qui a toujours été bon envers nous, donnons-Lui une place en nous. Que le Royaume de Dieu vienne en nous !

         Je souhaite que dans toutes les familles, à l’extérieur comme à l’intérieur, règnent la paix et l’amour, la joie et la gaîté. Vous direz que le nouvel enseignement est une secte. Ce n’est pas une secte car il exige de tous d’être à la fois religieux, spirituels et divins, d’être prêts à se sacrifier pour le Seigneur, d’être de bonnes ouailles et de bons bergers.

         Les gens se vexent souvent pour des broutilles et se regroupent en partis. Je ne reconnais aucune division : le monde appartient au Seigneur vivant, nous pouvons tous en tirer parti équitablement. Si tu exposes ton dos au soleil, tu tireras un bienfait de ses rayons. Sortez tous pour vous réchauffer à la lumière divine, pour acquérir de la force et ressusciter. Tu peux être malade de la tuberculose, être en phase terminale, mais si tu acceptes l’Enseignement, tu sortiras du lit et tu guériras. Chaque individu est appelé à servir Dieu ; s’il ne répond pas à sa vocation, il tombera malade. Celui qui renonce à servir le Seigneur ne vivra pas, aucune chenille ne subsistera dans le monde. Je ne parle pas des chenilles qui pullulent dans les arbres ; je parle des chenilles de notre intelligence, de notre cœur : il ne restera pas trace d’elles. Elles sont terrifiantes ! Si une telle chenille apparait dans mon esprit, je commence à la persuader de descendre de mon arbre ; je suis pacifique, je suis prêt à lui donner tout ce dont elle a besoin, du moment qu’elle me quitte. Sachez que tout ce que vous demandez au nom de l’amour vous sera donné.

         Dans une grande ville en Angleterre vivait un malfaiteur célèbre. Il est entré un soir dans la maison d’un milliardaire pour le cambrioler. Le milliardaire s’était retiré dans sa chambre et, pensant être seul, il s’était mis à compter son argent et à s’en réjouir. Le cambrioleur, caché sous la table, est sorti à cet instant, face à lui, un révolver à la main. Le milliardaire l’a regardé et a dit aussitôt : « Prends autant d’argent que tu veux ». Vous direz que ce milliardaire était très généreux. Tout le monde est généreux dans ces conditions : allait-il donner de l’argent au cambrioleur s’il n’avait pas vu le révolver ? Fallait-il que ce malfaiteur se cache sous la table ?

         Qu’est-ce que le nouvel enseignement exige de vous ? D’être fidèles à votre intelligence, à votre cœur, à votre âme et à votre esprit. Ne vous croyez pas faibles : soyez faibles pour le péché et pour le mal dans le monde. Si on vous demande de commettre un crime, dites : « Je suis faible, je ne peux pas le faire ». Soyez forts pour faire le bien, faibles pour faire le mal. Si quelqu’un marche à contre sens, qu’il tourne la page de son livre et mette un nouveau dénominateur.

         Je veux maintenant arrondir les choses pour que vous les acceptiez librement, et uniquement dans la mesure où elles conviennent à votre intelligence et à votre cœur. Soyez entièrement libres d’accepter les choses selon votre disposition intérieure. J’arpente souvent les rues de Sofia pour voir ce que font les gens et ce qu’ils pensent. C’est ce que faisait un sultan turc : il se déguisait et allait dans les rues pour voir ce que faisaient ses sujets. J’écoute aussi comment les humains cherchent à se débarrasser des chenilles dans leurs esprits. Je dis : nous enverrons de fortes pluies qui chasseront toutes les chenilles. Que faire des prisons ? Il y aura de grands tremblements de terre qui ne laisseront aucune prison en place. Que deviendront les églises ? Elles changeront radicalement. Ce sont des images qui aident à exprimer la pensée. Lorsque je parle des tremblements de terre, j’ai en tête les changements radicaux qui s’opéreront dans les esprits humains : toutes les anciennes idées disparaîtront.

         Le bon berger, le Christ, vient déjà dans le monde. Il sera sur un cheval blanc. Il visitera la Bulgarie, tous les hommes de pouvoir, toutes les administrations, toutes les sociétés caritatives ; Il visitera toutes les églises, toutes les maisons pour voir comment les gens vivent. Là où Il trouvera des anciennes idées, Il dira : « L’avenir ne tolère rien de vieux, mon Royaume est celui du nouvel enseignement. Dieu veut savoir si vous êtes prêts à Le servir avec amour et sagesse ; celui qui est prêt passera à droite ; celui qui n’est pas prêt passera à gauche ». Les gens de la nouvelle culture sont les gens de la sixième race, des êtres de la lumière. La différence entre les anciennes et les nouvelles créatures humaines sera la même que la différence actuelle entre les mammifères et les humains. Les gens de l’ancienne culture resteront à la place des mammifères pour éprouver leur condition ; les êtres de la lumière leur montreront comment ils doivent vivre.

         « Que votre cœur ne se trouble pas. » Je vous dis aussi : ne soyez pas troublés ! Des choses miraculeuses se produiront dans le monde : je ne vous demande pas de croire, mais vous pourrez les vérifier par vous-mêmes. Un jour, en voyant tout ce qui se passe, vous direz : « C’est vrai que ce que Dieu a annoncé se produit réellement ». Je ne vous dis pas de mettre la clé sous la porte de vos magasins ni de quitter vos maris et vos femmes, mais de travailler honnêtement et avec amour. Travaillez bien la terre pour qu’il n’y ait pas de pauvres en Bulgarie. Tous doivent travailler, les prêtres doivent sortir des églises avec leurs bannières et montrer aux autres comment travailler. Le Seigneur vivant dit que le monde n’a pas besoin des prières actuelles, Il dit que la prière doit sortir du cœur. Vous ne savez pas quel changement peut s’opérer en vous : ce qui arrive à la chenille vous arrivera aussi. En observant les changements qui auront lieu en vous, vous vérifierez mes propos ; ce qui se produira sera une bénédiction pour vous. Les parents aujourd’hui ne sont pas contents de leurs enfants, mais les enfants non plus ne sont pas contents de leurs parents ; les têtes des mères et des pères d’aujourd’hui ont blanchi pour le bien de leurs enfants. Les cœurs et les âmes des gens doivent blanchir, mais pas leurs cheveux. La blancheur intérieure est nécessaire aux humains, le blanc est le symbole du bien.

         Le Christ dit : « Je suis le bon berger ». Vous avez tous croisé ce berger, ne pensez pas que vous Le rencontrerez maintenant pour la première fois, vous L’avez croisé depuis des milliers d’années. Quand les gens se connaissent-ils ? Lorsqu’ils s’aiment ; si tu n’aimes pas quelqu’un, tu ne le connais pas. Aime un être humain avec justesse et tu verras que dans son âme, dans son intelligence et dans son cœur se cache quelque chose de grand. Si tu n’aimes pas comme il faut, tu seras enchanté par quelqu’un aujourd’hui, mais déçu demain. Tu as une amie dont tu dis : « C’est curieux, qu’est-ce qui lui est arrivé pour qu’elle change autant ? Je la croyais bonne, mais ce n’est pas le cas ! » Tu ne peux pas fermer l’œil de la nuit, tu es mécontente de son attitude ; on te demande le matin comment tu vas, tu dis : « Je vais bien ». Tu ne dis pas la vérité. Pourquoi ne pas dire que tu es déçue de ton amie, pourquoi ne pas demander à la voir pour t’excuser des mauvais sentiments que tu nourris à son égard ?

         Certains ont de l’inimitié envers moi, mais je leur répondrai par l’amour. Non seulement à eux, mais aussi à tous les Bulgares je répondrai par la grande loi divine, la loi de l’amour : j’ai reçu gratuitement et je donnerai gratuitement.

         Tournez-vous vers l’Est où est votre intelligence et votre cœur. Glorifiez le Seigneur vivant qui vous a envoyés dans la vallée magnifique de la vie, réjouissez-vous à cause du Seigneur vivant. Tournez-vous vers Lui : ce sera ma plus grande joie, ce sera la joie du Seigneur vivant que vous cherchez.

Sofia, 18 janvier 1920

Traduit par Bojidar Borissov

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