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1919_12_21 Le jour du Bien


Ani
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Le jour du Bien

« Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat. » [1]

Matthieu 12 :12

Le samedi est un jour soit disputé, soit sacré. Les choses disputées sont chères : toutes les disputes dans le monde se font à cause des choses belle et précieuses. Il y aura aussi beaucoup de disputes pour de belles filles, beaucoup de têtes seront fendues pour cette raison. Pourquoi ? Parce qu’elles sont belles, sveltes, alors que personne ne fait attention aux jeunes filles disgracieuses. Le samedi est une belle fille, je l’appelle le jour de l’amour. Et en effet, ce jour qui devait être une bénédiction pour l’humanité, devient maintenant une entrave. Ceux qui ne veulent pas reconnaître le samedi, qui ne veulent pas le fêter, ont leur propre samedi. Chacun a dans sa vie un samedi : c’est son jour de repos, de repas, de boisson, le jour où on se pare d’une belle tenue.

Qu’entendait le Christ par les mots : « Il est donc permis de faire du bien le jour du sabbat » ? À qui cela est-il permis ? À celui qui vaut mieux qu’une brebis, à l’homme raisonnable. Les gens ne peuvent pas comprendre le sens du samedi. C’est le jour où on doit savoir accorder la disposition de son intelligence, de son cœur, de son âme et de son esprit. Les orthodoxes, les catholiques et les évangélistes fêtent le dimanche, alors que les juifs et les adventistes fêtent strictement le samedi. Les évangélistes ne font rien le dimanche et les adventistes, rien le samedi, tout comme les juifs. Le juif considère comme un péché même de cirer ses chaussures, de faire du feu ou n’importe quel autre travail, mais s’il est temps de récupérer les intérêts auprès d’un débiteur, dix, quinze ou vingt pourcent, il ne considère pas cela comme un crime. Voilà une compréhension littérale du samedi.

Il est dit dans les Écritures : « La lettre tue alors que l’esprit vivifie ». Le mot lettre désigne toujours une limitation. Par exemple, un jeune homme se marie et dit à la jeune fille : « Je te laisserai fêter le samedi comme chez vous, c’est-à-dire dans ma maison tu seras libre, je t’aimerai, je te chérirai ». Mais une fois marié, il applique l’autre samedi et dit : « Ce n’est pas comme chez vous ». Elle se met à travailler en cuisine et elle ne peut sortir nulle part, elle n’a droit à aucun samedi. La compréhension religieuse moderne cultive les mêmes idées dans les esprits humains et les limite ; et on débat maintenant s’il faut chômer le samedi ou le dimanche, au lieu de débattre s’il faut s’aimer. Les Turcs chôment le vendredi alors que les Bulgares ont trois jours pour cela : le mardi, le vendredi, le dimanche et parfois même la moitié du samedi. Pourquoi les Bulgares considèrent-ils le mardi et le vendredi comme des jours chômés en plus du dimanche ? Car c’est écrit ainsi dans la loi de leurs coutumes. Le Christ détermine le samedi comme un jour où il est permis de faire du bien. Comment peut-on faire du bien les autres jours alors qu’on vaque à ses autres affaires ? Comme le septième jour appartient au Seigneur, il est dit qu’il est permis de faire du bien un samedi. Ne pensez pas que chômer le samedi est une sorte de processus automatique qui vous rend meilleurs. J’appelle le samedi jour d’instruction où il faut travailler et bâtir. On est dans le labeur et l’effort pendant six jours et on travaille le septième jour. Le travail est la chose la plus sublime, la plus noble, la plus grande au monde, il est la plus grande science de l’avenir. C’est pour cela qu’il est permis de faire du bien le samedi.

« Non seulement ce n’est pas interdit, mais c’est permis » dit le Christ, ce qui signifie qu’il faut passer son samedi à faire uniquement le bien. Je vais définir maintenant le mot bien. Le mot bien caractérise les qualités de tous nos actes, il en est le fruit et le Christ dit : « On les reconnaîtra à leurs fruits[2] ». Il ne peut pas y avoir de bien dans la vie humaine s’il n’y a pas de fruit, par conséquent la vertu n’est pas quelque chose d’abstrait mais de réel, c’est l’essence de la vie humaine : le sens de la vie humaine est le bien. La justice, la vérité, la sagesse, l’amour sont les forces qui travaillent pour que le bien se réalise dans la vie humaine. Comme les fruits déterminent la qualité de l’arbre, de même le bien détermine la qualité de l’être humain. Nous apprécions les arbres fruitiers en fonction de la saveur de leurs fruits. Le pommier qui donne les fruits de la meilleure qualité bénéficie de nos plus grands soins, de notre plus grande attention et affection. Pourquoi ? Parce que ses fruits sont bons et savoureux. Si ce pommier cesse de donner du fruit, il n’y a plus de raison d’en prendre soin.

Dans le monde spirituel l’être humain est un arbre. Comme les arbres fruitiers sont nécessaires à la vie humaine, de même les vertus humaines sont nécessaires aux anges qui s’en nourrissent. Si vous me demandez : « Pourquoi les anges s’intéressent-ils à nous ? » C’est parce qu’ils ont besoin des fruits de nos vertus. Pour comprendre le sens profond de ce bien, il faut que votre intelligence, votre âme et votre cœur soient en parfaite harmonie : on ne peut pas faire du bien si l’intelligence, l’âme et le cœur ne sont pas en accord. Si vous vous demandez s’il faut ou non faire du bien, vous êtes d’une civilisation inférieure ; il n’y a pas au Ciel de dualité à propos du bien. La question de faire ou non du bien ne se pose pas dans le monde spirituel ; le bien est le sens de la vie ; lorsque tu cesses de faire du bien, tu es un homme mort. Chaque pensée, chaque sentiment noble découlent du bien que nous faisons ; les bons désirs et les bonnes pensées découlent du bien, ils sont un processus de développement en nous. Lorsque nous plantons une graine, nous avons le premier processus, la germination de la plante, le deuxième c’est sa croissance, le troisième, sa floraison et le quatrième, la nouaison du fruit. Par conséquent le bien, le fruit en l’homme, peut naître uniquement dans son âme, ce qu’on appelle dans l’occultisme le corps causal des humains.

Chaque graine est une cause. La civilisation moderne, le mouvement de l’humanité est dû à ces graines de bien du passé, alors que les graines actuelles donneront la civilisation future. Toutes les autres approches pédagogiques sont pour moi du dressage, c’est-à-dire des plantes infertiles. C’est le cas du ficus par exemple : est-ce que cette plante a un fruit ? Non. Beaucoup de gens dans la vie moderne sont semblables aux ficus. Il peut y avoir des ficus sans fruit sur terre, mais c’est impossible au Ciel ; si tu veux être un ficus céleste, il faut donner du fruit.

Qu’est-ce qui paralyse les vertus humaines ? L’intelligence inférieure de l’homme et ses passions, car nos contemporains sont esclaves de leurs passions qui ne font que détruire sans créer. Pour un plaisir agréable, l’homme dépense des fortunes, parfois même il sacrifie sa vie et la vie des autres alors qu’il n’y a aucun fruit dans ce plaisir. Nous sommes comme cette touriste américaine qui, pour éprouver l’amour de son bienaimé, lui a fait escalader un rocher vertical dans les Alpes pour cueillir une fleur très rare de la région alpine. Il est monté sur le rocher, a cueilli la fleur et la lui a donnée. Elle l’a mise contre sa poitrine, elle a souri, mais il lui a alors dit : « Adieu ! » Pour son seul plaisir elle avait mis sa vie en danger. Nous tentons Dieu de la même manière, nous disons : « Seigneur, donne-nous du plaisir, de l’argent, des maisons, etc. », mais lorsqu’il nous donne tout cela, Il nous dit : « Adieu ! » Alors nous sommes fortunés, nous avons tout, mais le Seigneur n’est plus avec nous.

Je suis étonné de cette attitude chez les religieux contemporains ; je n’ai pas vu de gens plus têtus, plus obstinés et plus rétifs. Je prends le mot religieux au sens large : je considère la religion moderne comme un costume ou un parfum avec lequel nous dissimulons toutes nos mauvaises actions et toutes nos erreurs, la religion est une création moderne. Le mot religion n’est mentionné nulle part dans l’Évangile ; lorsque les gens ont perdu le sens du samedi et du bien, ils ont mis en avant le mot religion. Et maintenant ils débattent constamment si quelqu’un est religieux ou non.

Il n’y a pas de siècle plus religieux que le nôtre. Prenez un homme qui appartient à un parti et croit en lui, il est prêt à sacrifier sa vie pour lui. Combien de fois il a mis en danger sa vie et celle de toute sa famille pour ce parti, combien de fois sa tête a souffert ! Il se dit : « Notre parti aussi arrivera au pouvoir » ; il attend son parti, et en attendant, il est molesté un grand nombre de fois, il rentre chez lui la tête cassée sous les coups infligés. Tous vivent avec cette religion, montent et descendent, en attendent un changement. Aucun parti n’apportera de changement ni d’avantages dans la vie, car lui-même exige, mais sans rien donner. C’est vrai, il diminuera des impôts de cinq à dix pour cent, mais les augmentera ailleurs ; alors vous demanderez : « Que faire ? » Vous labourerez la terre et vous prierez Dieu d’avoir plus de blé qu’avant pour pouvoir le distribuer ; le salut est dans l’abondance. Lorsque les gens disent qu’ils veulent être civilisés, je dis que tous doivent revenir à la terre pour labourer et semer. Nous sommes maintenant tous rassemblés dans les villes, répartis en corps de métier, les uns travaillent, les autres se prélassent : c’est cela la cause des maux. Je n'ai rien contre cet ordre, il est très naturel, mais en l’utilisant nous sommes en perdition et nous y étouffons. Si vous visitiez Londres, vous verriez que cette ville a un sous-sol si creusé, un air si enfumé, elle n’est semblable à nulle autre ville : sept millions de personnes y vivent et espèrent un avenir. Ces gens se sont rassemblés et attendent l’occasion de se faire chanter les uns les autres : c’est la culture du chantage ! Londres a un côté sombre comme aucune autre ville au monde, toutes les civilisations y sont déportées depuis la nuit des temps.

Le Christ sous-entend la nouvelle culture lorsqu’il dit : « Il est permis à ces gens qui viendront à l’avenir de faire du bien le jour du sabbat ». De quelle manière est-ce permis ? Il est permis au chirurgien expérimenté d’opérer, alors que ce n’est pas permis au sot et à l’inexpérimenté. Tu es par exemple quelqu’un de pieux qui doit consoler un autre, il t’est permis de le faire si tu sais t’y prendre, mais si tu troubles sa paix, tu ne dois pas t’en approcher. Ne pensez pas que c’est facile de faire du bien, c’est un grand art. Si je viens chez vous et que je vous prône un nouvel enseignement pour faire de vous mes disciples, mais que je vous dévalise après, j’ai alors des mobiles matériels : ce n’est pas une bonne œuvre mais une affaire commerciale. C’est ainsi qu’un représentant de commerce vient chez toi, présente aimablement ses échantillons, te fait goûter, discute d’une chose et d’une autre jusqu’à ce qu’il t’égare et qu’il réussisse à ficeler son affaire, et cet homme passe pour religieux ! Je ne comprends pas une telle religion. « La controverse entre toutes les sectes religieuses est une controverse commerciale », c’est ainsi que raisonne le monde invisible. Ce sont les gens de la culture passée. Alors que les gens de la culture future qui auront pour devise de faire le bien par amour, le jour du sabbat, seront les gens nouveaux avec un signe particulier sur le front et un caillou particulier sous la langue. La langue, les yeux de ces gens sont formés autrement : leur regard est profond, il n’y a en eux aucune duplicité, et dans leurs yeux transparait une seule idée et elle est amour et désintéressement. Amour et désintéressement semblent des mots vides de sens, n’est-ce pas ? Comprenez-vous ce qu’est le désintéressement, l’avez-vous essayé au moins une fois dans votre vie ? Avez-vous essayé au moins une fois dans la vie ce qu’est l’amour ?

Un prédicateur évangéliste m’a raconté son vécu. Il a prié longtemps Dieu de lui donner la chance d’expérimenter l’amour divin. Un jour, l’esprit l’a habité et il s’est senti si dilaté qu’il s’est couché sur le ventre, incapable de se contenir en lui-même, saisi par la peur d’imploser : une telle plénitude, une telle grandeur l’avaient envahi ! Il s’est mis à prier Dieu de le débarrasser de ce grand amour pour lequel il n’était pas prêt ; il s’est mis sur le ventre pour donner des coups de pied. Pourquoi ? Parce qu’il ne voulait pas donner. Lorsqu’un enfant prend une pomme et que sa mère veut la reprendre, il donne des coups de pied. Pourquoi ? Parce qu’il ne veut pas la rendre. Le cheval rue, pourquoi ? Parce qu’il ne veut pas donner. Les gens médisent, pourquoi ? Parce qu’ils ne veulent pas donner. C’est pourquoi il est permis aux gens de la nouvelle culture de faire du bien le jour du sabbat afin d’élever l’humanité.

Le samedi est un jour divin qui nous élèvera et nous transformera entièrement, et ainsi nous transformerons le monde à notre tour. Je ne dis pas que nous devons quitter tous les travaux le samedi. Non, les travaux seront bénis et seront un bien pour nous, ils seront fondés sur le principe de faire du bien le jour du sabbat. Ne pensez pas que je cherche à détruire votre point de vue, non, je veux enlever la poussière de vos yeux. Lorsque je viendrai chez vous, je vous apprendrai d’abord à vous laver les yeux, je vous donnerai de l’eau pour ce faire et ensuite nous discuterons. Avez-vous appris l’art de vous laver les yeux ? Je vous recommanderais de faire l’essai suivant : si tu es indisposé ou si tu ne peux pas comprendre un sujet ou si quelqu’un t’est désagréable, prends une bassine d’eau de source, lève les yeux vers Dieu, mets ton visage dans la bassine, ouvre les yeux, fais quelques clignements d’œil dans l’eau et dis : « Je veux que mon intelligence soit pure comme cette eau », puis vérifie si ton humeur a changé. Si ce n’est pas le cas, remets ton visage dans l’eau, refais cela plusieurs fois et vois le résultat. L’eau est une emblème de la vie. Nous devons implanter en nous l’idée de faire du bien. Chacun de nous doit se dire : « Je serai bon », mais que ce ne soit pas mécanique. Ceci montre qu’il faudra planter en nous tous les arbres fruitiers du jardin d’Éden. Lorsque viendront les gens nouveaux, alors ces pensées et ces sentiments supérieurs pourront s’épanouir dans leurs cœurs, leurs âmes et leurs esprits.

Avec votre conception actuelle des choses, nous ne pouvons pas nous comprendre. En m’écoutant vous direz : « Est-ce que cet homme est orthodoxe pour parler de la sorte ? S’il est orthodoxe, il dit juste, mais sinon il ne faut pas l’écouter ». Si un évangéliste m’écoute, il dira : « Est-il évangéliste ? S’il ne l’est pas, ne l’écoutez pas, il ne peut pas dire la vérité ». Et un patriote dira : « S’il est patriote, il dit juste, sinon ce qu’il dit n’est pas vrai ». Certains demandent : « A-t-il des diplômes ? Si oui, s’il est savant, nous le croyons ». Si un enseignant m’écoute, il dira : « S’il est professeur, nous le croyons ». Tous les gens commencent à juger, mais sans l’étalon divin par lequel nous devons mesurer nos actes. Je peux être orthodoxe, évangéliste, patriote ou savant ou n’importe qui d’autre, je ne dis pas la vérité pour autant. Je peux être intéressé, je peux étudier l’Évangile par intérêt, pour voir si je peux gagner mon pain avec lui, etc. Les évangélistes diront : « Les prêtres orthodoxes font du chantage ». Et eux, ne font-ils pas pareil ? Oui, les orthodoxes font du chantage avec la bassine remplie d’eau sanctifiée, à visage découvert, alors que les protestants font du chantage de façon dissimulée, sournoise : à quoi tout cela ressemble-t-il ?

Un Turc a acheté un mouton pour la fête de Kurban Bayrami[3] et l’a mis sur son dos pour aller le présenter au hodja. Tout le long du chemin le mouton lui donnait des coups de sabot. Le turc, très énervé, n’a pas cessé de l’appeler de tous les noms. En arrivant chez le hodja, il a dit : « J’apporte un mouton pour que tu fasses la prière car je vais l’égorger pour la fête, mais il me donnait des coups de sabots dans le dos et je l’ai beaucoup insulté tout au long du chemin : est-il comestible ? » Le hodja lui a répondu que ce mouton n’était pas bon et qu’il fallait en amener un autre. Le Turc a acheté un second mouton et l’a porté chez le hodja. Il recevait toujours des coup de sabot dans le dos, mais se taisait en pensant : « Tu es comme l’autre, tu donnes des coups de sabot, mais je ne dirai rien de peur de devoir en acheter un troisième. » Je dis : « Si tu donnes des coups de pied, tu es comme eux ».

Il est permis à l’homme de faire du bien le jour de sabbat. On doit surmonter son égoïsme, ouvrir son âme au soleil divin, dépasser le cadre de sa compréhension actuelle. L’humanité actuelle regorge d’hypocrisie. Je regarde un homme et une femme marchant calmement, pieusement, mais en même temps s’épiant mutuellement de peur que l’autre regarde ailleurs. « C’est la religion ». Lorsque le mari est absent la femme est libre de regarder, mais si le mari revient, elle redevient pieuse ; il en est de même avec le mari : ce serait cela la religion ? Pourquoi l’homme ou la femme en présence de l’autre ne seraient pas libres de regarder où ils veulent, en quoi est-ce répréhensible ? Cette limitation vient du fait qu’il n’y a pas de samedi dans leur âme. Certains me demandent : « Quand l’humanité sera-t-elle anoblie ? Quand verrons-nous les nouvelles idées ? » Je dis : les nouvelles idées ne peuvent venir tant que le samedi n’est pas là, tant que nous n’apprenons pas à faire le bien le jour du sabbat.

Prenez tous les écrivains contemporains, quelle que soit leur notoriété, et désignez m’en un seul capable d’indiquer une façon juste de vivre. Ils ont tous leur manière de faire : ils commencent par le préambule, mais après avoir lu tout le livre, ce qui est substantiel reste non résolu. Cet auteur écrit dans son livre que vous trouverez la solution de cette question dans le livre d’un autre ; vous sollicitez le deuxième auteur, mais il ne résout pas non plus la question essentielle et vous renvoie vers un troisième auteur ; vous commencez à le lire aussi, mais il ne vous satisfait pas non plus. Tu chemines d’un auteur à un autre et tu te rends compte qu’ils sont tous commerçants. L’un dit : « Il n’y a pas chez moi ce type de marchandise, va en voir un autre » ; cet autre déclare : « Je n’ai plus ce qu’il te faut, va en voir un autre » ; tu vas auprès d’un troisième qui te dit encore la même chose, etc. On te dit finalement : « Ce sera pour plus tard, lorsque nos marchandises seront écoulées et nos affaires conclues, alors nous te rendrons service ». Oui, c’est ainsi, tu n’as pas fini de faire le tour des boutiques ! C’est pourquoi nous devons avoir deux ou trois règles de base à appliquer dans la vie. D’abord, puis-je agir ainsi pour l’amour de Dieu ? Deuxièmement, puis-je agir ainsi pour le bien de mon âme ? Et troisièmement, puis-je agir ainsi pour le bien d’autrui ?

Je suis venu annoncer une grande vérité que Dieu dit, et que je connais très bien. Celui à qui j’ai dit cette vérité et qui l’a expérimentée a nécessairement obtenu des résultats. Tout ce que je dis, je le soumets à des vérifications scientifiques strictes. Celui qui veut faire une expérience auprès de moi ne peut pas s’en tirer facilement. Certains viennent auprès de moi pour se soigner ; je leur demande : « Vous avez fait le tour de tous les médecins, êtes-vous prêts à présent à servir Dieu et à Lui consacrer votre vie ? Si vous êtes prêts, alors d’accord, je vous aiderai ». Quelqu’un veut des connaissances ; es-tu prêt à consacrer ta vie à Dieu ? Si tu es prêt, je te révélerai un grand secret, mais si tu n’es pas prêt, je te parlerai de pommes, de poires, de feuilles, de brindilles, mais je ne te révélerai aucun secret. Moi aussi j’ai quelques règles de conduite que je ne transgresse jamais. Vous me demanderez pourquoi j’agis de la sorte. Je réponds : es-tu prêt à faire le bien le jour du sabbat, es-tu prêt à servir le Seigneur que je connais et dont proviennent tous les bienfaits, qui a créé tout dans le monde et qui a donné la vie aux humains ? Es-tu prêt à Le servir ? Alors je serais prêt moi-aussi à te servir. Mais si tu n’es pas prêt, je te parlerai seulement d’oignons. C’est un enseignement strict et tous les Grands Maîtres ont procédé ainsi.

Donc, la nouvelle culture exige de faire le bien le jour du sabbat. Si vous appliquiez les nouvelles règles, il y aurait de grands résultats. J’use ma langue depuis tant d’années à Sofia, mais le résultat est minime car le samedi manque, ce que le samedi exige n’est pas là. Je le note même parmi mes amis les plus proches ; lorsqu’ils se rassemblent, ils restent côte à côte, mais l’atmosphère est tendue, ils ne s’entendent pas. Je dis : vous fêtez le samedi en vous, mais je vous parlerai des oignons. Savez-vous que si vous étiez au Ciel, pour un seul mauvais regard comme ceux que vous adressez ici sur terre, vous seriez exclus pendant dix mille ans ? Si un ange jetait un regard de travers, il serait exclu du Ciel pendant dix mille ans : la règle est très stricte.

Certains veulent allez au Ciel ; remerciez de ne pas y être dans votre état actuel. On vous pardonne maintenant car vous êtes sur terre dans un lieu d’apprentissage ; tout est toléré sur terre, mais dans l’endroit pur pour lequel vous vous préparez, vous devez être parfaits, il n’y a pas d’expérimentations là-bas. Il n’y a pas de pleurs et de chagrin dans l’autre monde ; il est dit dans les Écritures : « J’essuierai toutes larmes de leurs yeux et il n’y aura plus de peine, tous seront gais et joyeux[4] ». Savez-vous ce que sont la joie et la gaîté ? Quel grand sacrifice de la part d’un ange occupé à résoudre de grandes questions, qui voit une âme en souffrance et qui délaisse aussitôt son travail pour aller la consoler ? Qui parmi vous ferait de même ? C’est vrai, nous ferions beaucoup de choses pour certains s’ils nous sont sympathiques, tout le monde peut rendre service à celui qui lui est sympathique. Un gentilhomme est serviable à souhait auprès de la jeune fille sympathique, mais personne ne fait attention à la jeune fille disgracieuse et qui louche. Je demande : puisque vous agissez ainsi, quelles sont vos convictions ?

Pensez-vous que lorsqu’Il viendra, le Christ dont vous attendez qu’il redresse le monde entier, parlera partout et sans raison ? Chassez ce diable qui s’est emparé de vous tous. Huit mille ans de servitude et d’esclavage sous son joug suffisent ! Dites à ce diable : « Dehors ! Prends tes affaires et ton argent ! » Qu’il sorte, et qu’il ne reste aucune trace de lui dans votre âme ! Dites-lui : « Si tu ne sors pas, c’est nous qui sortirons ». Souvent le diable n’accepte pas de sortir et tu commences à négocier avec lui, à chercher un accord. Non, finis-en une fois pour toutes !

Pourquoi le Christ a-t-il séparé ce verset du chapitre lu, est-ce par hasard ? « Combien un homme ne vaut-il pas plus qu’une brebis », ce qui signifie : comme le bien est plus puissant que le sabbat ! Je considère aussi le sabbat comme emblème de l’amour. Si vous faites du bien un jour de sabbat, toutes les maladies, tous les malheurs s’effaceront, soyez-en sûr. Si ton enfant tombe malade, vérifie quel samedi tu n’as pas fait de bien, corrige ton erreur, ton commerce reprendra. Tu as écrit un livre, mais il ne se vend pas ; corrige ton erreur et la vente reprendra. Le samedi s’immisce dans toutes tes affaires, donc sois irréprochable à son égard et tout ira bien. Pour moi, cette question est très claire. Quelqu’un me demande : « Pourquoi faire le bien ? » Si on ne fait pas de bien, on ne peut pas faire un seul pas en avant, c’est un axiome mathématique. Si tu pars en voyage sans pain, où arriveras-tu ? Faites un essai pour voir combien de kilomètres vous pourrez marcher sans pain : tout au plus cinquante, soixante ou cent kilomètres, mais ensuite vous vous arrêterez. Donc le bien est la force, la nourriture qui permet à l’âme humaine de progresser et d’évoluer dans ce monde. Chaque savoir, chaque sagesse s’appuiera sur les fruits de cette vertu, c’est pourquoi tu dois faire du bien si tu veux t’enrichir et te développer au sens très large.

Chaque jour a sa prédestination, mais dans la vie humaine les gens ne le comprennent pas et ne donnent pas leur sens premier aux jours. Le premier jour par exemple Dieu a dit : « Que la lumière soit ! » et Dieu a vu que la lumière est bonne. Il y a eu un soir, puis un matin, ce fut le premier jour, le jour de la lumière. Le deuxième jour Dieu a séparé l’eau d’en-dessous de l’eau d’en-dessus, c’est-à-dire Il a séparé la vie supérieure de la vie inférieure, puisque l’eau comme je l’ai dit est l’emblème de la vie. Il a créé la terre ferme comme frontière entre ces deux vies, et puisque l’évolution de ce jour n’est pas terminée, Dieu ne s’est pas prononcé sur lui ; il y a eu un soir, puis un matin : le deuxième jour. Le troisième jour Dieu a ordonné que l’eau sous le Ciel, c’est-à-dire la vie inférieure soit rassemblée à un seul endroit pour faire apparaître la terre ferme, emblème du cerveau et de l’intelligence humains. Dieu a appelé l’eau, mer et le reste, terre. Et Dieu a vu que c’était bien et c’est pourquoi il a dit à la terre de produire tous les types de plantes en sous-entendant que soient produites toutes les bonnes pensées ; et il y a eu un soir, puis un matin : le troisième jour. Le quatrième jour, Dieu a dit que les deux grands luminaires apparaissent sur la voûte céleste pour distinguer le jour de la nuit, séparer la lumière des ténèbres. Il sous-entendait : le premier luminaire est l’intelligence, le second le cœur, par lesquels l’être humain fait la différence entre le bien et le mal, c’est-à-dire distingue un état d’un autre. Ainsi le quatrième jour est celui où il faut créer les conditions pour développer l’intelligence et le cœur des humains. Et le quatrième jour, Dieu a aussi créé toutes les étoiles qui matérialisent les forces de la vie humaine, Il les a mises sur la voûte céleste qui représente l’âme humaine, pour éclairer la terre en même temps que le grand luminaire, l’intelligence et le petit luminaire, le cœur. Dieu a vu que c’était bon et il y a eu un soir, puis un matin : le quatrième jour. Le cinquième jour, Dieu a dit que l’eau produise toutes sortes d’animaux et d’oiseaux qui volent au-dessus de la terre sous la voûte céleste ; ils représentent toutes les aspirations et convoitises des hommes. Et puisque cela donnait une direction et du sens au développement humain sur terre, Dieu a vu que c’était bon et les a bénis afin qu’ils soient féconds et se multiplient, et c’est ainsi que nos désirs aussi se multiplient chaque jour ; il y a eu un soir, puis un matin : le cinquième jour. Et le sixième jour Dieu a fait l’homme, c’est-à-dire le principe intelligent, à son image et sa ressemblance, pour dominer les animaux marins, c’est-à-dire ses désirs terrestres, les animaux des airs, c’est-à-dire ses pensées, et tous les animaux sur terre, c’est-à-dire ses aspirations, les bêtes rampantes, c’est-à-dire les passions qui rampent dans son cerveau. Alors, Dieu a infusé à l’homme Son souffle, lui a donné une âme raisonnable pour que celui-ci Le reconnaisse dans chacune de ses entreprises et agisse comme Dieu a agi.

Ainsi, lorsque tu voudras visiter quelqu’un pour éclairer sa vie, tu iras uniquement le dimanche, car c’est le jour de la lumière : tu lui apporteras donc la lumière. Lorsque tu veux visiter un malade, tu le feras un lundi car ce jour porte en lui la vie, etc. Et le septième jour, Dieu s’est reposé, ce qui sous-entend que le septième jour est celui du bien où Dieu a commencé à manifester Son amour envers les humains. C’est pour cela qu’Il les a invités à participer dans cette grande œuvre divine de la vie divine.

Ainsi, essayez ce que je vous dis : appliquez le samedi dans votre vie d’une nouvelle façon. Le bien et l’amour doivent être des jours fériés pour les humains, ceci doit être leur repos pour toute leur vie.

Sofia, 21 décembre 1919

Traduit par Bojidar Borissov

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