Jump to content

1919_04_27 Quand tu pries


Ani
 Share

Recommended Posts

Quand tu pries

Mais quand tu pries, entre dans ta chambre …

Matthieu 6 :6[1]

« Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Beaucoup se demandent pourquoi on doit prier. La supplique, la prière est un processus de travail conscient. Quelqu’un demande si on peut ne pas prier. Oui, les morts ne prient pas. Donc chaque être vivant prie. Je vais examiner la prière comme un processus naturel essentiel et non comme vous l’entendez : votre manière de prier n’en est pas une. Si le silence de la bouche ou le remuement des lèvres est une prière, alors les feuilles qui tombent en automne prient aussi. Chacun a déjà vu les feuilles tomber en automne, remuer, mais tout mouvement n’est pas un travail : c’est le mouvement conscient qui est un travail.

La prière est un processus conscient de l’âme humaine : lorsque l’on prie, l’âme se projette de haut en bas, elle sort en dehors d’elle-même ; ce processus est la sortie de l’étroite demeure que nous occupons. Lorsque l’amibe tend son pied pour attraper de la nourriture, c’est une prière ; puis elle rétracte son pied et rentre la nourriture vers l’intérieur. Lorsque l’on prie, il faut s’exprimer avec précision et concision, exprimer sa pensée avec peu de mots : chaque mot doit correspondre à son contenu. Si je prononce les mots métabolisme, anabolisme ou catabolisme, chacun d’eux a une certaine signification : le métabolisme désigne un processus chimique qui se déroule dans les cellules et qui change leur composition ; le processus où la cellule traite la matière inorganique en elle est l’anabolisme ; la dégradation de la matière vivante dans la plante est le catabolisme. L’être humain prie lorsqu’il en éprouve le besoin, et si aucun processus intérieur n’a lieu, alors ce n’est pas une prière. La chose la plus commune dans le monde est la prière, tous prient. Qui prie ? Le faible ! Le fort ne prie pas. Le faible prie le fort, et le fort prie plus fort que lui, et ce dernier un autre, encore plus fort, et ainsi de suite. En observant ceux qui prient, on constate une gradation : toutes les créatures vivantes sont reliées par la prière.

Quelqu’un dit qu’il ne prie pas. Pourquoi ? Parce que c’est un maître. Il prie aussi, mais qui ? Ses domestiques. Par exemple, l’érudit prie son médecin. Force et faiblesse sont des notions relatives. Penser qu’on est fort est une illusion : lorsque le médecin vient vous injecter un sérum dans le sang avec sa grosse aiguille, alors vous voyez combien vous êtes forts. Pour moi, celui qui est fort peut combattre toutes les maladies, toutes les mauvaises pensées et désirs ; il ne suffit pas seulement de lutter contre eux, mais aussi de les vaincre. Lorsque je passe dans les cimetières, je vois que même les plus grands héros ont fait fiasco ! Où est passé leur héroïsme ? Les gens d’aujourd’hui vénèrent les héros morts et pourchassent les vivants. Tant qu’il est en vie, on pourchasse le héros, les journaux écrivent sur lui et le dénigrent ; quand il meurt, on lui érige un monument et on le glorifie. Les gens d’aujourd’hui ne font que des promesses, mais sans rien accomplir ; de ce point de vue, ils ressemblent à la tzigane et son enfant : celui-ci est tombé malade. Il voulait constamment tantôt du lait, tantôt du beurre, tantôt du poulet grillé. Elle écoutait ses suppliques et répondait : « Je te donnerai, mon poussin, je te donnerai de tout ». Elle était pauvre et ne pouvait pas satisfaire ses demandes. Il a fini par mourir et la tzigane se lamentait en criant : « Mon chéri, au moins tu as pu goûter de tout ! » De tout et de rien ! Tous agissent ainsi : nous ferons ceci, nous ferons cela, mais ils ne font rien ; ils engagent des projets, mais rien n’en sort, rien n’est réalisé. Lorsque l’humanité s’éteindra, tous diront : « Au moins, nous nous sommes anoblis ! » Cela témoigne d’une profonde incompréhension de la vie.

Aujourd’hui, tous se marient, ils ont des enfants, puis ils meurent et d’autres naissent ; ils vont à la guerre, s’entretuent et disent en fin de compte : « Nous allons solutionner aussi cette question. » Qu’est-ce que les humains ont pu solutionner depuis deux mille ans ? Vous direz qu’ils ont acquis une grande culture. Je n’y crois pas. À mon avis, il existe deux types de culture, deux types de religion, deux types de parti : la culture de la lumière et la culture de l’obscurité, la religion de la lumière et la religion de l’obscurité, le parti de la lumière et le parti de l’obscurité. En quoi diffèrent-ils ? Les premiers savent bâtir et apportent des bienfaits à l’humanité, alors que les seconds détruisent et démolissent.

« Quand tu pries… » Quelle doit être la prière, qu’est-ce qu’elle représente ? La prière est un ensemble de principes, d’éléments par lesquels se manifestent les sentiments et les pensées de l’homme. La prière doit être consciente, avoir un objectif précis, celui que tu sollicites avec ta supplique ne doit pas être un inconnu. L’enfant prie sa mère qu’il connaît : dans ce cas sa prière est parfaitement déterminée, il sait ce qu’il veut et de qui.

Quelque part en Amérique, une pauvre femme s’est vue obligée d’envoyer son enfant gagner sa vie tout seul dans une grande ville. Il a été seize ans durant loin de sa mère, entouré d’étrangers. Il a grandi et est devenu un jeune homme. Un jour, il est tombé malade, et les médecins ont décrété que sa maladie était incurable. Il fallait faire venir sa mère auprès de lui. Elle est arrivée auprès de son fils inconscient. Très inquiète, mais se remettant entre les mains de Dieu, la mère a touché le front de son fils. Même inconscient, il a murmuré : « Maman ! » Par un simple toucher de la main, l’enfant avait reconnu sa mère. À partir de ce moment son état s’est amélioré, l’amour de sa mère l’avait sauvé.

Ainsi, lorsque nous nous tournerons vers Dieu qui unit toutes les créatures, nos affaires s’arrangeront. Notre vie sur terre n’est rien d’autre qu’un processus conscient pour connaître Dieu et le Christ. Connaître Dieu, c’est tirer profit de toutes les bonnes pensées, les bons sentiments et désirs dans l’existence, c’est faire régner l’harmonie entre tous les êtres vivants. Je n’expliquerai pas pourquoi tous ne se comprennent pas ; un jour, tous les êtres vivants comprendront la loi de l’amour, alors tous se donneront la main.

« Quand tu pries… » Prier signifie être déterminé dans ses idées. En ce sens, la prière est une affirmation de l’être. La lettre M par laquelle commence le mot prière[2], a trois angles : deux avec le sommet en haut, et le médian avec le sommet en bas. L’angle médian montre que l’âme qui adresse sa prière vers Dieu est gravide ; la qualité de cette prière dépend du fruit que donnera cette âme. La prière n’est rien d’autre qu’un désir profond de l’âme humaine d’atteindre quelque chose ; pour réaliser ce désir, il faut la participation de l’intelligence, du cœur et de la volonté ; là où ils se rejoignent, la prière se réalise. Cette union peut avoir lieu dans l’obscurité comme dans la lumière, peu importe comment les gens prient, l’important est qu’ils prient. Le loup, lorsqu’il sort le soir pour chercher de la nourriture, prie également, c’est-à-dire, les êtres mauvais comme les êtres bons prient, seul diffère le résultat de l’union de leurs pensées, de leurs actes et de leurs sentiments. Il n’y a pas de créature vivante qui ne prie pas, en revanche la prière est d’autant plus autodéterminée que la conscience est élevée. L’un des éléments qui participe à la prière est l’amour.

« Entre dans ta chambre secrète… » Cela signifie : « Entre là où tu te détermines toi-même. » Cette chambre désigne l’endroit où s’organisent les pensées et les sentiments humains. Prier, c’est envoyer son rapport à ce grand centre dont tu es sorti. Sur quoi portera ce rapport ? Sur le travail que tu as accompli. Et il y aura en retour un échange correct entre tes pensées et tes sentiments, et ceux des êtres du monde supérieur. Si quelqu’un pense qu’on peut se passer de prière dans ce monde, il se leurre, on ne peut pas s’en passer. Seuls les morts ne prient pas ; ceux qui vivent dans l’obscurité permanente ne prient pas non plus ; les enfants qui ne sont pas encore nés, ne pleurent ni ne prient. Les âmes qui ne sont pas venues dans ce monde et qui n’ont pas vu la lumière, ne prient pas ; celui qui est venu dans le monde de la lumière prie, autrement dit, il s’autodétermine, il est inséparable du Créateur. Sachant cela, ne freinons pas ce processus naturel et authentique qui se déroule en nous. Peu importe si nous appartenons à une religion ou non, la prière est antérieure à toutes les religions ; elles lui ont donné des formes différentes et l’ont ainsi dénaturée. La prière ne peut pas être forcée : penser que tu peux te forcer à prier est un leurre, la prière est un acte libre de l’esprit et de l’âme humaine. Lorsqu’on veut prier, on manifeste une pensée, un sentiment, une action ; si dans la prière ne participe aucune pensée, aucun sentiment, aucune action, elle n’est pas authentique.

« Entre dans ta chambre secrète ». Quelle est cette chambre ? C’est le seul endroit encore immaculé dans le monde humain, c’est l’endroit le plus pur que l’œil humain n’atteint pas, où le désir humain ne se manifeste pas, où la volonté humaine n’agit pas. L’âme humaine entre dans cet endroit virginal et de là elle adresse sa prière à son Père. Vous dites : « Ne pouvons-nous pas plutôt prier à l’église, à la maison ou dans la rue ? » Non, tu ne le peux pas, tu dois prier uniquement dans ta chambre secrète. Tu ne peux prier ni à l’église, ni à la maison, ni dans la rue ; la chambre secrète est dans ton for intérieur. Dieu a déterminé cet endroit par un commandement, en rapport avec l’avenir qui est grand et lumineux. À l’avenir les gens ne vivront pas comme aujourd’hui ; maintenant tu voyages et lorsque tu arrives à la frontière, on te demande aussitôt ton passeport ; on le prend, on examine tes traits, on les compare à ce qui est dedans ; pourquoi avoir besoin d’un passeport ? Pour vérifier que tu n’es pas un criminel. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais lorsqu’il parle de la prière, le Christ dit qu’il faut se dépouiller de toutes les croyances et préceptes humains, laisser tout de côté et entrer dans sa chambre secrète, dans son âme virginale. Là, on comprendra le sens profond des choses, pourquoi on vit et pourquoi on doit prier ; depuis cet endroit, on résoudra les questions les plus essentielles.

À l’avenir, tous les rois, les gouverneurs, les ministres, quelle que soit leur appartenance politique, doivent faire émerger les solutions depuis leur chambre secrète, sinon ils sont des représentants de la culture de l’obscurité, de la religion de l’obscurité, de la science de l’obscurité, ce ne sont pas des représentants de la véritable culture, de la véritable religion et de la véritable science. Le monde est passé par plusieurs types de gouvernances qui ont massacré et pendu des milliards de personnes dont le sang peut recouvrir la terre entière. Certains pensent que si on verse encore un peu de sang le monde pourra se redresser ; le monde ne se redressera pas en versant de sang ; pensez-vous que le sang qui a été versé reste ainsi ? Il est dit dans les Psaumes que Dieu ramasse les larmes des humains et les met dans de petits flacons dans Son laboratoire ; en les testant, Il vérifie leur provenance : vexations, aigreur, chagrin pour un défunt ou pour des désirs non satisfaits. Puis, Dieu dit à la femme qui pleure d’avoir perdu son mari : « Reprends tes larmes, ton mari est caché quelque part, il est en vie et tu peux le voir ». Tout comme Il recueille les larmes des humains, Dieu recueille aussi le sang versé : quelqu’un s’est saoulé, on lui a ouvert le crâne et le sang a coulé ; Dieu recueille ce sang dans un flacon et écrit : « C’est le sang d’un tel qui s’est saoulé dans telle auberge » ; un prêtre qui sert Dieu, s’est querellé et s’est battu avec un coreligionnaire, Dieu recueille aussi ce sang et écrit sur le flacon à qui appartient ce sang et pourquoi il a été versé ; un juge examine un dossier, mais ne peut pas se mettre d’accord avec ses collègues et ils en arrivent aux mains, Dieu recueille le sang versé dans l’escarmouche et écrit toujours sur l’étiquette du flacon à qui est ce sang ; le sang des champs de combats de tous les tués est recueilli également : soldats, officiers, généraux, mères, pères, frères et sœurs, ce sang est conservé. Voici la grande culture de la terre qui fait couler le sang jusqu’à aujourd’hui !

Aujourd’hui encore les gens débattent pour savoir si Dieu existe ou non, si la religion existe ou non, si le monde s’arrangera ou non. Tous les processus de redressement sont dans les éprouvettes des laboratoires. Tous les héros dont le sang coule s’affaiblissent, se ramollissent ; si le plus grand fanatique, combattant pour une idée, se fait fendre le crâne et qu’un litre de sang s’écoule, il s’affaisse immédiatement, abandonne son idée et dit : « Que d’autres combattent à ma place, j’ai assez donné de ma personne ». La guerre résulte par conséquent du sang accumulé en surplus dans les êtres et qui doit être versé ; des créatures de l’autre monde viennent prendre le sang humain en surplus. Chaque particule du sang humain correspond à quelque chose d’extérieur : par exemple, tu veux avoir beaucoup d’argent ; la quantité d’argent que tu veux posséder correspond à une certaine quantité de sang dans ton organisme. Chaque objet extérieur que l’on maîtrise, correspond à une quantité donnée de sang dans l’organisme ; ce sang contrôle et veille sur cet objet. Est-ce possible ? Fais une expérience pour t’en convaincre. Par sang, je désigne la force intérieure de l’homme. Si tu veux du blé, apporte un sac, je suis prêt à remplir ton sac entièrement, mais tu le porteras tout seul. Combien de blé peux-tu porter ? Autant que tes forces te le permettent : la quantité de blé que je te donnerai correspond à ta force intérieure. Selon le même principe, je dis : la réalisation de nos désirs est fonction de la quantité de sang, c’est-à-dire de notre force intérieure.

Le Christ dit : « Entre dans ta chambre secrète pour te libérer du sang en surplus ». Celui qui a plus de sang qu’il ne faut est exposé à des catastrophes ; pour que ce sang s’écoule, il faut soit lui fendre le crâne, soit l’envoyer sur le champ de bataille ; des voleurs et des brigands viendront le dévaliser. Qui sont les voleurs et les brigands ? Ses fils et ses filles. Il dit : « Je laisserai ma fortune à mon fils », oui, mais ton fils te ruinera comme tu as ruiné des milliers de familles.

« Quand tu pries… » La prière est un processus qui équilibre les forces du bien et du mal. Si tu pries comme il faut, tu n’auras aucun malheur dans ta vie. La plupart des gens ne savent pas prier, ils prient dans les églises, dans la rue, les cafés, mais pas là où il le faut : c’est l’un des plus grands malheurs dans le monde. Je demande aux religieux qui croient dans le Christ, qui le vénèrent comme Fils de Dieu, ce qu’ils ont accompli jusqu’à présent. Aux premiers siècles de l’Empire Romain, les chrétiens ont été pourchassés, donc il était normal qu’ils ne se manifestent pas, mais ils ont obtenu à l’époque de Constantin le droit de mettre de l’ordre dans le monde, qu’ont-ils fait jusqu’à maintenant ? Il est facile de s’insurger contre ceux qui ont martyrisé les chrétiens, mais que font les chrétiens d’aujourd’hui ? Ils ont mis une couronne sur la tête, un spectre dans la main, mais ont vécu comme des païens : l’évêque rentre à l’Église, met sa chasuble pour officier, regarde et bénit tout le monde, mais en sortant de l’église, il se rend au siège épiscopal pour traiter des affaires de divorce. Pourquoi ces gens ne redressent-ils pas le monde ? Quelque chose les en empêche, un danger tapi dans l’être humain lui-même. Ce n’est pas un reproche, mais le danger vient du fait que les gens se leurrent eux-mêmes. Les peuples chrétiens devaient appliquer l’Enseignement du Christ pour éviter de recourir à la violence, de tuer des centaines de milliers, de millions de personnes. On dit qu’il y a beaucoup de meurtres en ce moment. Non, vous n’avez pas encore atteint ce que l’Inquisition a fait ! On dit que deux mille prêtres et six cents évêques ont été fusillés : l’église romaine a brûlé des millions de personnes, donc les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas aussi cruels que ceux du passé. Et si les bolchéviques empruntent aussi ce même chemin, ils n’arriveront à rien. Viendra un temps où les riches deviendront des prolétaires, et les prolétaires, des riches, mais cela ne redressera pas le monde ; les incroyants d’aujourd’hui seront les religieux de demain et les religieux seront les incroyants ; ce qui est important, c’est de redresser le monde ; qui y arrivera est une autre question.

Vous dites que les gens cultivés redresseront le monde. Quelle est la culture des gens d’aujourd’hui ? Les plantes et les fleurs recueillent la sève, la traitent et produisent des arômes : il est agréable de sentir une fleur ! Les gens reçoivent l’arôme des plantes, mais lorsqu’il passe par eux, ils secrètent des substances qu’eux-mêmes n’arrivent pas à supporter ; voici les gens cultivés que vous êtes tous. Pourquoi les sociétés ne progressent-elles pas ? À cause de trop d’excréments ! Il y a des années quelqu’un a rêvé qu’une grande et belle vigne avait rapidement poussé ; mais peu de temps après elle a commencé à se dessécher ; il s’est demandé pourquoi, et il a vu que ses racines étaient couvertes d’excréments humains. Que représentent ces excréments ? Les pensées et les désirs impurs. L’église chrétienne doit travailler pour l’humanité afin de purifier les pensées et les sentiments humains.

Depuis des années je parle aux Bulgares, mais ils ne comprennent pas et n’écoutent pas ; ils ne savent pas que lorsque je quitterai ce lieu, les bolchéviques viendront. Je parle de paix et d’amour, du principe divin qui sauvera l’humanité. Nous devons prier pour faire de la place au principe divin en nous. Si nous renonçons à ce principe, c’est la haine qui viendra. Qu’ils fassent une expérience sur un périmètre réduit : qu’ils me laissent un village de cent maisons pour que j’applique la loi de l’amour pour voir le résultat dans dix à vingt ans. Que les Bulgares voient comment on doit administrer : les lois que je vais promulguer, je les sortirai du corps humain. Lorsque j’appliquerai la constitution divine, tout ira pour le mieux, il n’y aura pas plus d’une exception sur cent cas. Cela peut-il arriver dans les conditions actuelles, avec l’ordre actuel ? Non. Celui qui ne se nourrit pas, ne respire pas, ne pense pas, ne sent pas, meurt. « Peux-tu ressusciter quelqu’un ? » Celui qui ne mange pas, ne respire pas, ne pense pas, ne sent pas et n’agit pas, ne peut être secouru par personne.

La prière est l’acte le plus puissant dans la vie de l’homme, elle concentre la pensée, les sentiments, la volonté en un point : cette prière est puissante, elle accomplit des miracles. Si l’homme, victime d’adultère, déclare qu’il va se venger de son rival, sa menace est forte comme la prière, il menace et s’exécute : les anges, les chérubins l’aident à se venger ; mais si cet homme est prêt à pardonner et à manifester le bien, cet instant est plus fort que la vengeance : tout le Ciel et Dieu lui viennent en aide.

Aujourd’hui, tous les Bulgares, l’administration, le clergé, tous se demandent ce qu’il adviendra de la Bulgarie. Rien de mal n’arrivera. « Que décideront-ils à Paris ? » Qui fait les arbitrages à Paris ? Vous direz que les Français, les Américains et les Anglais décident. Qui sont ces personnes ? Je connais deux types d’Anglais, d’Américains et de Français, et je les connais très bien. Il n’y a pas de force au monde qui puisse mettre à mort les gens, exterminer l’humanité. Ce siècle a vécu son temps, il ne reste que l’arrière-garde qui fuit déjà : dans vingt-trente ans, il n’en restera plus rien.

« Quand tu pries, entre dans ta chambre secrète ». Prie et ne reviens pas à ce qui est ancien. Prie pour les vivants, porteurs de la culture future et non pour les morts. Celui qui ne veut pas prier est libre de ne pas prier. En ce qui me concerne, je ne prie pas pour les morts. « Que Dieu pardonne à nos morts ! » Il n’a pas à leur pardonner, Dieu pardonne aux vivants, pas aux morts. Il est risible de prier pour un cheval mort, en train de se décomposer ; prie pour les vivants ! Prier pour les morts est un leurre qui n’a rien à voir avec le christianisme. Celui qui accomplit le bien est vivant ; celui qui commet des crimes est mort.

Les gens sont de gauche ou de droite ; les philosophes et les scientifiques aussi ; au parlement aussi il y a la gauche et la droite. Parfois ceux de gauche sont à droite, ceux de droite, à gauche. Dans les conditions actuelles, vous ne pouvez pas vous prononcer sur le parti qui prendra le pouvoir. En Bulgarie, le parti des vivants doit monter alors que le parti des morts doit être balayé par le Seigneur : plus vite cela se fera, mieux ce sera. Ne prenez pas mal le mot « balayer » : comme la ménagère balaie et nettoie la maison, de même le parti des morts, autrement dit le parti de la mort sera balayé. Questionnez-vous à présent : « Faut-il être morts ou vivants ? –  Vivants ! – Faut-il prier pour les morts ou pour les vivants ? – Pour les vivants ! » Je ne veux pas blesser vos sentiments et ceux de vos amis, mais j’expose une grande vérité divine.

Je dis : jusqu’à maintenant tout le monde a souffert et souffre uniquement du mensonge ; vous vous mentez à vous-même, vous mentez aux autres, vous mentez à Dieu ; le mensonge crée tous les malheurs dans le monde. Le mensonge peut être à sa place, mais à quelle condition ? Lorsque le rapace fond sur le bœuf mort, il est à sa place, mais lorsqu’il fond sur le bœuf qui laboure le champ, il n’est pas à sa place, il commet alors un crime. Enterrer un mort est une bonne chose, mais enterrer un vivant est un crime.

Le Christ dit : « Entre dans ta chambre secrète et prie Dieu », ce qui signifie : « Détermine-toi vis-à-vis de Dieu de façon positive ». Si tu te détermines ainsi, tu regarderas ceux qui t’entourent avec les yeux de Dieu et tu comprendras qu’ils sont tes frères. Nous sommes envoyés sur terre non pas pour redresser le monde, mais pour travailler. Certains médecins ont des méthodes curieuses lorsqu’ils posent un plâtre à des patients : s’ils voient que la jambe du malade est cassée, ils posent aussitôt un plâtre ; s’ils voient que la jambe n’est pas bien remise, ils cassent le plâtre et en mettent un nouveau ; si la jambe se remet de travers, alors ils cassent l’os et posent un nouveau plâtre. Les médecins nouveaux évitent les plâtres : leur premier travail est de remettre attentivement les os brisés qu’ils bandent pour que la jambe ne bouge pas, et puis ils laissent la nature terminer le travail ; on attend du médecin de bien remettre les os brisés, Dieu fera le reste du travail.

Le Christ dit : « Ton Père qui voit dans le secret, te le rendra ». Donc le Père te donnera tout ce que tu désires. C’est ainsi que se réalise le désir puissant de la jeune fille et du jeune homme : une jeune fille par exemple commence à rêver de mariage et choisit comment sera son bien aimé : blond, aux yeux bleus, bien habillé, intelligent, bon, avec une noble allure ; peu de temps après le jeune homme arrive auprès de la jeune fille pour lui faire une déclaration d’amour ; il est sûr qu’elle l’acceptera car il sent intérieurement qu’il est désigné pour elle d’En Haut.

Un jour, lorsque la Bulgarie sera aussi croyante que cette jeune fille, elle songera au gouvernement et aux gouvernants qu’elle souhaite avoir, et il sera fait selon son désir. Tu dis : « Je veux emprunter de l’argent ». Combien veux-tu, détermine exactement ce que tu veux. « Je veux du blé, du seigle, du maïs ». Il en sera ainsi, mais détermine exactement les quantités que tu veux. « Je veux quinze paniers de blé, trois paniers de maïs, un panier de haricots et trois paniers de lentilles ». On te donnera la quantité que tu réclames ; voilà, prends tout cela et utilise-le pour ton bien et celui de tes proches.

Depuis deux mille ans on prône l’enseignement du Christ, mais rien ne se fait. Pourquoi ? Parce qu’on ne respecte pas les conditions propices à la germination des graines. Le prêche est une semence qui doit germer et donner du fruit.

Maintenant, lorsque je parle ainsi, certains approuvent, mais d’autres doutent et se disent : « Nous savons pourquoi il nous parle ainsi ». Moi aussi je sais pourquoi je parle ainsi, et de plus je ne parle pas à l’aveuglette, en tâtonnant, je dis que nous devons prier ! « Donc nous devons être dévots ? » Ce n’est pas nécessaire, la religion désigne un lien, et les mots ligue, légion en découlent. Il est dit qu’il faut prier et servir Dieu en esprit et en vérité ; l’esprit désigne la force et la vérité désigne tous les commandements intelligents, étroitement liés entre eux. Je dis : être spirituel ce n’est pas être religieux ; par spirituel, je désigne quelqu’un de fort. Est fort, celui qui à la vue d’une caisse ouverte et remplie d’or reste calme, silencieux et dit : « Je n’ai pas besoin d’argent ». Si tu es un bon musicien comme Paganini, qu’as-tu besoin d’argent ? Tu prendras le violon, tu joueras et l’argent viendra à toi.

Je travaille depuis quarante ans parmi les Bulgares et j’entends toujours : « Argent, argent ! » Voilà, maintenant ils ont de l’argent. Jadis, les Bulgares vénéraient des idoles, et maintenant ils vénèrent l’argent, ils s’inclinent devant lui comme devant une icône. Ils ne doivent vénérer ni les idoles, ni l’argent, ce n’est pas une prière ; les Bulgares doivent prier uniquement Dieu et Le vénérer. Ils devraient prier uniquement pour avoir du blé, du maïs, des fruits. Il y a aujourd’hui des riches, mais ils vénèrent encore l’argent. Beaucoup parmi nos contemporains vendent des icônes : nous savons quelles sont leurs icônes. Il n’est pas permis aux gens cultivés de vénérer des idoles et des icônes ; ils peuvent les utiliser comme décors, mais y déposer leur espoir est criminel. La femme qui voit l’argent de son mari ne doit pas le convoiter, mais se dire que c’est de la cupidité. Sers toi de l’argent sans le vénérer. L’argent peut disparaître, que feras-tu alors ? Tu diras que tu ne peux plus vivre : c’est de la cupidité. Quelqu’un veut avoir du sonnant et du trébuchant ; s’il en veut, il va se marier avec. Demain viendront les bolchéviques, que feras-tu alors ? Je ne parle pas des bolchéviques d’aujourd’hui, mais de ceux qui veulent être libres tout en limitant la liberté des autres. Il y en a.

Je dis : il existe deux types de bolchéviques. Les uns, je les nomme des bolcheviques blancs, lumineux : ils ne recourent ni à la violence ni à la contrainte, je suis avec eux et je les soutiens. Je nomme les autres les bolchéviques ténébreux : ils recourent à la violence, ce sont les anciens bolchéviques avec une nouvelle étiquette ; ils doivent comprendre l’enseignement du Christ et l’appliquer. Puisque nous sommes venus sur terre, nous devons utiliser l’enseignement du Christ ; nous ne sommes pas venus exploiter les gens, les atteler et les aiguillonner, ce n’est pas une culture. Il y a une loi et nous devons tous nous y conformer ; elle doit être écrite dans nos cœurs, chacun doit être son propre juge et vérifier sa bonne application. Souvent les gens changent d’avis au gré de l’opinion publique ; à mon avis l’opinion publique fluctue comme la météo : en été c’est une chose, en hiver, c’en est une autre. La Terre est la raison de la fluctuation de l’opinion publique. Pourquoi ? Parce que son axe de rotation est incliné de vingt-trois degrés par rapport à sa position initiale. Un jour, lorsque l’axe de rotation de la Terre se redressera et reprendra une position perpendiculaire, alors l’opinion publique se stabilisera, et des temps meilleurs viendront pour l’humanité.

Ce qu’il est advenu de la Terre, nous l’observons aussi dans le cerveau humain : il est incliné de vingt-trois degrés par rapport à l’angle droit. Voilà pourquoi nos pensées, nos réflexions philosophiques sont éloignées à vingt-trois degrés de la vérité ; la philosophie actuelle et les croyances des gens d’aujourd’hui sont éloignées de vingt-trois degrés de l’amour. Quand le monde s’arrangera-t-il ? Lorsque vous redresserez l’axe de votre cerveau à quatre-vingt-dix degrés ; cela signifie que le monde se purifiera, l’harmonie et la résurrection des âmes adviendra. Alors, l’être humain sera prêt à renoncer à tout ce qui est transitoire et passager : si quelqu’un vient lui réclamer sa maison, il ne s’y opposera pas mais dira : « Sois le bienvenu, entre ici, cette maison n’est pas ma propriété », il laisse la maison et s’en va. Vous dites : « On parle facilement lorsqu’on n’a pas de maison à soi ». Toutes vos maisons sont aussi miennes. Si un jour je vais au loin, je visiterai toutes les maisons comme les miennes : j’entrerai où je veux, je prendrai ce que bon me semble, mais je ne veux pas aller par des passages étroits. Si je veux être un fils de roi, je peux aussi le devenir : je naîtrai dans une demeure royale et je serai un héritier royal ; la naissance est un passage étroit.

« Quand tu pries, entre dans ta chambre secrète ». Qu’est-ce que tu y feras ? Tu connaîtras les âmes humaines, tu commenceras à les comprendre et à discuter avec elles, et lorsque tu rencontreras quelqu’un, tu le reconnaîtras et tu diras : « Voici celui que je cherche ». Maintenant, vous vous rencontrez et vous êtes déçus l’un de l’autre. Combien de fois par jour votre visage change de couleur, il est tantôt pâle, tantôt rouge ; on prie, mais la prière n’aboutit à rien. C’est une chose de prier dehors, c’est-à-dire en dehors du monde spirituel, et c’est autre chose de prier dans ta chambre secrète, c’est-à-dire dans le monde spirituel. Très peu sont entrés dans leur chambre secrète : celui qui y entre devient maître de lui-même et ressuscite. Qui ne ressuscite pas ? Celui qui ne sort pas de la chambre secrète. Tu y entreras et ensuite tu en sortiras. Vous dites : « C’est cette résurrection-là que nous devons espérer ? » Vous ressemblez à une jeune fille qui attend un prince ; comme il ne vient pas, un jeune homme pauvre et modeste apparaît, elle lui jette un regard et dit : « Le prince est en retard, je ne l’attendrai plus, je prendrai celui-ci ».

Rappelez-vous : tant que vous êtes en dehors de votre chambre secrète, vous ne comprendrez jamais l’enseignement du Christ ; si vous y entrez, la vérité, la justice, l’amour régneront en vous ; la volonté, l’intelligence, le cœur se manifesteront avec toute leur force et aucune trace de mécontentement, aucune ombre n’assombrira votre visage. Vous demandez : « Est-ce que je suis en dehors de la chambre ou dedans ? » Vous êtes dehors, vous êtes tous dehors. Parfois vous faites des tentatives, vous entrez dedans, vous y restez une dizaine de secondes et vous ressortez ; l’humeur inspirée qui vous anime parfois, votre désir d’aider, de pardonner à votre prochain, de relever celui qui a chuté, c’est grâce à l’instant passé dans votre chambre secrète. « Ne sommes-nous pas orthodoxes ? » N’est orthodoxe selon moi que celui qui se trouve dans sa chambre secrète. J’envoie ma bénédiction et mes respects à celui qui s’y trouve, je pourrai à tout instant prier pour lui ; celui qui reste en dehors de sa chambre et ne fait que philosopher reste loin de moi, je ne peux pas prier pour lui. Il dit : « Prie pour moi. – Entre dans ta chambre secrète et nous prierons ensemble ». Vous dites : « On doit être fort, appliquer l’enseignement du Christ ». Puisque vous vous trouvez faibles, ce sont vos enfants qui appliqueront cet Enseignement, ils redresseront le monde. La mère vit uniquement pour son enfant car il crée un élan en elle : l’enfant est roi pour la mère, elle fait ce qu’il ordonne. On exauce les demandes de l’enfant qui crée un élan vers la science, la culture ; je pourrais prier un tel roi moi-aussi, je lui enverrais beaucoup de cadeaux et je lui dirais : « Tu es digne de commander ».

Le Christ dit : « Quand tu pries, entre dans ta chambre secrète ». Cette chambre est une énigme non encore résolue. Philosophes et érudits ont réfléchi et réfléchissent sur cette énigme, mais sans la résoudre. Il est dit clairement et simplement : « Entre dans ta chambre secrète, là où le pied de l’homme n’a pas encore pénétré, où seuls les anges habitent, et lorsque tu y entres, prie ton Père qui voit dans le secret ». Lorsque tu y entreras, tu comprendras ce qu’est le Seigneur, Il n’est pas celui que les philosophes et les théologiens décrivent, ils ne Le connaissent pas, car l’axe de leur cerveau est incliné. Vous tous qui m’écoutez aujourd’hui, entrez dans votre chambre secrète et priez Dieu : ce que vous désirez dans le secret, Dieu vous le donnera au vu de tous. Lorsque je dis que tout vous sera donné, j’ai en tête les Bulgares lumineux : ce sont des hommes et des femmes de bien, un avenir grandiose les attend.

Que signifie le mot bulgare ? Il a une origine antique, sa racine vient des temps immémoriaux. Par bulgare je désigne celui qui cherche son Maître, Le trouve et étudie : voici le sens du mot bulgare de point de vue de la philologie divine. En tant que Bulgare, trouve ton grand Maître et dis : « Maître de la lumière, tu seras parmi nous et tu nous gouverneras ! » Donc tous ceux qui cherchent et trouvent leur grand Maître pour appliquer son enseignement et montrer à son prochain et à son peuple comment vivre, sont des Bulgares. « Suis-je un Bulgare ? » Si tu me comprends, tu es Bulgare ; si tu ne me comprends pas, tu n’es pas Bulgare.

Je vous souhaite de rentrer chez vous avec le mot bulgare et de trouver votre grand Maître. Je vous souhaite d’entrer dans votre chambre secrète et de prier votre Père qui voit dans le secret et qui vous donnera tout, au vu de tous.

Ne craignez pas la conférence de Paris, ni les Bolchéviques, ni les Grecs, ne craignez personne. Soyez des citoyens libres de la Terre vivante et elle vous appartiendra !

Sofia, 27 avril 1919

Traduit par Bojidar Borissov

Link to comment
Share on other sites

 Share

×
×
  • Create New...