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1919_03_30 L’enfant croissait


Ani
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L’enfant croissait

« Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit,

étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était sur lui. »[1]

Luc 2 :40

« Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était sur lui. » On évoque ici deux situations : croître en esprit et en sagesse, et en grâce divine. Qui croît dans la vie, l’enfant ou l’adulte ? L’enfant. C’est vrai que la croissance est une différence substantielle entre l’enfant et l’adulte. L’enfant croît de jour en jour et la mère se réjouit lorsqu’elle voit comment un bout de chair devient un jeune homme gaillard ou une jeune fille élancée. Pendant la croissance physique les membres du corps doivent se développer de façon proportionnée, on dit alors que l’organisme est extérieurement beau, robuste et bien portant. Sur le plan physique, l’esprit se manifeste dans la force et la sagesse, dans la plasticité, c’est-à-dire dans des os solides et des muscles endurants ; donc si les os ne sont pas solides mais se brisent facilement, et si les muscles manquent d’endurance, l’individu n’a pas atteint la sagesse dont parle le Christ. Celui qui ne comprend pas le sens de la croissance physique en esprit et en sagesse dit que le sens de la vie se résume à se nourrir ; ce n’est pas ainsi. Il ne suffit pas seulement de manger, mais faut-il encore manger avec plaisir, être content lorsqu’on mange et lorsqu’on ne mange pas, être content de ce qu’on reçoit. Si tu manges et éprouves un mal-être, tu ne vis pas comme quelqu’un de raisonnable et de conscient.

Ainsi, la nourriture, l’alimentation est une question humaine essentielle, mais il faut y porter un regard conscient. Voilà pourquoi, tous les partis politiques dans le passé comme dans le présent mettent la question de la nourriture au premier plan : les partis conservateurs aussi bien que les bolchéviques mettent la question du pain à la première place. Le riche veut avoir plus de canards, de poules, d’agneaux pour manger et boire avec des amis et des parents, fêter l’anniversaire du fils, de la fille, de la femme ou du mari ; une autre fois ils se rassemblent pour se régaler en l’honneur de saint Pierre, saint Jean ou un autre saint ; ils trouvent toujours une occasion de bien manger ! Le pauvre regarde comment le riche mange et boit, et il se dit : « Je veux moi-aussi manger en l’honneur d’un saint, je veux aussi festoyer en l’honneur de mes enfants », et en fin de compte la haine et la discorde naissent entre le riche et le pauvre. Tout le monde a le droit de se nourrir, car on assimile par la nourriture les éléments nécessaires à son développement ; que celui qui n’admet pas cela essaie de vivre sur terre sans manger et sans boire ! Lorsqu’on prêche aux humains qu’ils doivent manger moins, et qu’il est normal qu’il y ait des riches et des pauvres, ce prêche a quelque chose d’intéressé ; selon cet enseignement, la richesse sous-entend une vie d’abondance pour les uns au dépens des autres : ce n’est pas juste. Tous doivent manger sans excès, en ce sens il n’y a pas plus grand bienfait que la nourriture. La nourriture est la seule chose que les humains comprennent de la même façon. Fais venir quelqu’un d’affamé et d’indisposé chez toi et donne-lui à manger ; il sera bien disposé, il ouvrira son cœur et t’écoutera ; il acceptera ce que tu lui dis, il acceptera l’idée de la fraternité et de l’égalité, du Seigneur. Tant qu’il est affamé, rien ne l’intéresse : il renie le Seigneur, la morale et rejette toutes les grandes idées.

Le Christ dit : « Le Royaume de Dieu sur terre est proche [2]». Il est proche, mais il n’est pas encore venu ! Quand viendra-t-il ? Lorsque la question de la nourriture, c’est-à-dire du pain sera résolue. Certains diront que l’Église recommande le carême ; par carême, j’entends du travail. Celui qui jeûne, travaille intensément dans le champ : il laboure, il sème, il moissonne ; lorsqu’il termine son travail, il rentre chez lui, rompt le jeûne et dit : « Donnez-moi à manger, j’ai fini un travail et j’ai le droit de bien manger et de bien me reposer, cela m’est agréable et me fait du bien ». Manger a un rapport à la vie physique et spirituelle, par conséquent, comme tu nourris ton estomac, de même tu nourriras ton esprit et ton cœur, et tu remercieras de les avoir contentés. Tu assimileras des pensées et des sentiments purs, tu les assimileras sans faire d’excès ; c’est ainsi que tu comprendras le lien étroit et inaltérable entre les mondes physique, spirituel et mental. C’est la seule façon de comprendre que le monde physique incarne les ombres des choses, et les mondes spirituel et mental, leur réalité. Le monde physique est la forme extérieure des choses, il passe par différents changements, le monde spirituel en est le contenu et le monde mental, ou encore divin, en est le sens ; leur force se trouve dans leur contenu et leur sens et pas dans la forme.

« Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse. » La croissance naturelle est celle où l’être humain passe graduellement d’un palier à un autre comme l’enfant passe d’une classe à une autre : c’est le chemin du développement humain. Celui qui essaie de sauter un palier se heurte à de grandes difficultés. Le rapport entre la force et l’organisme humain est le même qu’entre l’esprit et la sagesse : l’un ne peut se manifester sans l’autre. Est-ce que cette comparaison est juste ? Essayez et vous verrez ; chacun a la possibilité d’éprouver et de vérifier les choses. Comment vous prouver qu’une pomme est savoureuse ? Il suffit de la goûter pour avoir un avis sur sa saveur.

Paul dit : « Il y a un corps naturel et un corps spirituel [3]». Par corps naturel, on entend le corps physique étroitement lié au corps spirituel, et il faut préserver le lien entre eux, c’est-à-dire ne pas l’abîmer. Plus étroit est le lien entre eux, plus robuste est l’individu, aussi bien physiquement que spirituellement. Celui dont le système nerveux fonctionne parfaitement est en bonne santé physique. Les nerfs de l’organisme humain sont comme les cordes d’un instrument : l’instrument est bien entretenu lorsqu’il se trouve entre les mains d’un maître musicien ; s’il est entre les mains d’un enfant, il s’abîme rapidement. Chacun a un enfant en lui qui ne peut pas encore réfléchir et fait toujours des erreurs et des bêtises ; sachant cela, ne vous demandez pas pourquoi vos cordes sont rompues ou vos instruments cassés, mais élevez votre enfant pour qu’il croisse en force et en sagesse. Tant que l’on ne prend pas conscience d’être un enfant espiègle qu’il faut élever, on ne peut pas croître, devenir adulte et acquérir la sagesse.

Nos contemporains pensent qu’ils sont très cultivés, qu’ils savent beaucoup, etc. et ils considèrent leurs propres aïeux comme ignorants et incultes. En réalité, les gens d’aujourd’hui sont encore des enfants qui doivent grandir, mais ils ont encore beaucoup de travail pour croître en esprit et en sagesse. Tant que quelqu’un entrave les affaires de son père en se disputant et en maugréant, nous considérons qu’il ne croît pas en esprit et en sagesse. Par conséquent, ne vous mettez pas en colère les uns contre les autres, mais gardez le lien avec votre Père pour qu’Il vous apprenne à vivre et à régler vos affaires. Ce qui est vrai pour la vie physique l’est aussi pour la vie spirituelle. Il y a malgré cela une certaine différence entre le monde spirituel et le monde physique : les créatures qui vivent dans le monde spirituel accomplissent les commandements Divins sans protester, les humains sur terre en revanche n’obéissent pas à ces lois et sont en conflit permanent. Les affaires dans le monde physique ne marchent pas et ils les remettent constamment à plus tard ; dans le monde spirituel en revanche il n’y a aucun retard possible. Dans le monde physique chacun se croit plus intelligent et plus instruit qu’il ne l’est en réalité ; dans le monde spirituel chacun a une idée claire de lui-même et de ses capacités. Dans le monde spirituel, les écoles, les familles sont mieux loties que sur terre. Y a-t-il là-bas aussi des enfants et des élèves ? Oui ! On parle dans les Écritures d’enfants de Dieu. Y a-t-il des enfants de Dieu sur terre ? Il n’y en a pas ! Donc par enfant de Dieu on désigne les enfants du monde spirituel. Ils s’instruisent sur place et lorsqu’ils obtiennent leur brevet, leur baccalauréat, on les envoie sur terre pour être vos enfants ; on les pleure au Ciel alors qu’on se réjouit sur terre d’avoir un enfant gentil, noble et intelligent. Lorsqu’il passe quelques années avec ses parents sur terre, il repart dans le monde spirituel ; ses parents le pleurent, alors qu’au Ciel on se réjouit de voir qu’il a terminé son travail. Il est venu sur terre pour éveiller ses parents, insuffler dans leurs esprits une nouvelle idée et ensuite il s’en va.

Le monde contemporain est pris par une nouvelle idée : le bolchévisme. C’est une idée divine, mais il ne faut pas la corrompre. Chaque nouveau mouvement, chaque nouvelle idée est divine, mais en l’appliquant on y introduit des éléments humains : l’intérêt, l’égoïsme, etc., qui la corrompent. Ne craignez pas le divin, mais gardez-vous du transitoire, de l’humain, basé sur la vie personnelle. Ne craignez pas qu’un mouvement donné prenne de l’ampleur ; son ampleur est déterminée, et une fois atteinte il ne peut plus évoluer. Le balancier d’une pendule va d’un côté à l’autre, mais son mouvement dépend de sa longueur ; par conséquent, l’ampleur du développement humain atteindra les limites dans lesquelles il peut croître et recevoir la grâce divine.

Paul dit ainsi : « Nous traverserons beaucoup de souffrances avant d’entrer dans le Royaume de Dieu et recevoir la grâce Divine »[4]. Il l’a appris par son propre vécu et par la vie du Christ qui est venu sur terre auprès du peuple élu, les hébreux, mais ces derniers ne L’ont pas reconnu. Leurs prophètes ont prédit la venue du Christ en tant que le Messie, mais ils L’ont crucifié ; aujourd’hui encore, ils portent cette croix à cause de cette erreur. Que devaient-ils faire ? Accueillir l’enseignement du Christ. Il leur apprenait à vivre bien, mais ils ne l’ont pas accepté non plus. Ce qui concerne les hébreux concerne tous les peuples : chaque peuple doit accueillir l’enseignement du Christ qui apporte une culture sociale, politique et spirituelle reposant sur la loi de l’amour.

Par amour, nous ne comprenons pas une expérience physique, une humeur ou des ressentis, mais quelque chose de supérieur qui dépasse les capacités de l’être humain sur le plan physique. Seul celui qui a dépassé les conditions physiques et qui est maître de lui-même peut aimer. Aucune des langues actuelles ne peut exprimer le contenu et le sens de l’amour divin. Vivre dans cet amour, c’est découvrir en un instant le monde entier avec sa science, sa philosophie, son art, sa musique. Celui qui vit dans l’amour, croît et se développe normalement. Perdre l’amour déposé en son âme, c’est perdre le sens de la vie, perdre tout savoir et culture, toute musique et poésie dans la vie ; s’il en arrive là, l’homme perd la force et la lumière de sa pensée. Il ne lui reste rien d’autre qu’à manifester l’amour. Comment faire cela ? En ouvrant les fenêtres de son cœur et de son âme. Dieu a déposé l’amour dans toutes les créatures vivantes, mais elles doivent le manifester. Faites des essais avec l’amour pour voir quelle force il représente. Si tu sombres dans le désespoir et si tu te sens abandonné de tes parents, de tes amis et de tes proches, ne cherche pas les raisons hors de toi, mais oublie tout ce qui est mauvais. Ouvre ton cœur aux autres, à tes proches, regarde les comme des êtres aimés qui veulent ton bien, et ton désespoir se transformera immédiatement en joie. «  C’est difficile à obtenir. » C’est vrai, c’est accessible uniquement aux héros qui peuvent facilement dépasser leur vie personnelle pour entrer dans la vie spirituelle et se dilater. Le monde spirituel est basé sur une complète harmonie et régularité, sans désaccord, sans arbitraire et sans contradiction. Par conséquent, si tu souhaites sortir des contradictions, entre dans le monde spirituel, c’est le seul moyen de connaître l’amour et de savourer véritablement la vie.

Ainsi, lorsqu’on parle de philosophie, de christianisme, d’occultisme, on entend le monde spirituel. Lorsqu’on parle de choses ordinaires, on est dans le monde physique où on fait des essais. Peut-on se passer des essais ? Non, le monde physique est un champ d’expérimentation : celui qui est passé par lui en toute conscience peut alors entrer et sortir du monde spirituel librement. Il se trouve dans la situation de celui qui connaît beaucoup de langues : où qu’il aille, il connait la langue des locaux et peut discuter avec eux. Où est le monde spirituel ? Autour de nous, tout comme le monde physique ; les deux mondes sont au même endroit, mais pour les percevoir il faut posséder les organes adéquats. Il y a aussi des maisons dans le monde spirituel, mais entièrement vitrées, c’est pourquoi la lumière y pénètre partout ; il y a des fleuves, des mers, des océanes comme sur la terre, dans le monde physique ; nous tirons la conclusion que le monde physique est créé à l’image du monde spirituel. Il est dit dans la Genèse que la terre était informe et vide, mais rien n’est précisé pour le monde spirituel, il a donc existé avant le monde physique. On aspire au monde spirituel, mais on ne peut pas y entrer facilement, il faut passer par de grandes péripéties avant d’y mettre le pied. Le monde spirituel représente une réalité absolue par la forme, le contenu et le sens ; le monde physique est réel uniquement par la forme. Pour entrer dans le monde spirituel, on doit croître en esprit et en sagesse.

Quelles que soient les explications données aux gens sur le monde spirituel, ils le comprendront uniquement s’ils entrent en eux-mêmes, c’est-à-dire : sortir du monde physique et entrer dans le monde spirituel, sortir de chez soi et aller dans la nature. Par soi nous entendons le principe divin en l’homme, c’est sa demeure qui n’a pas besoin d’être gardée. Personne ne peut pénétrer ta demeure divine ! Pourquoi ? Parce qu’elle est en harmonie avec celles de tous les autres. De ce point de vue, l’être humain est ami de tous, il n’a donc pas d’ennemis qui puissent user de la violence pour entrer dans sa demeure. Si tu rejoins une communauté dans le monde spirituel, tu peux passer par toutes les phases de la vie spirituelle et t’y arrêter. Cela n’est pas admis sur terre ; sur terre toutes les choses sont réparties et chacun ne prend que ce qui lui est octroyé ; l’érudit reste érudit, le rustaud reste rustaud, le noble reste noble. Dans le monde physique il y a des frontières alors qu’il n’y en a pas dans le monde spirituel : on peut passer par tous les endroits pour se développer. Tous parlent de fraternité et d’égalité sans se demander de qui vient cette idée ? Elle vient du monde spirituel. Peu de gens en sont conscients. Tant qu’il est sur terre et qu’il vit selon les lois terrestres, l’être humain se presse de terminer son travail au plus vite et de ne pas perdre son temps.

« Et l’enfant croissait en esprit et en sagesse. » La race blanche, c’est-à-dire l’humanité contemporaine doit croître en esprit et en sagesse pour recevoir la grâce divine, c’est le seul moyen de faire venir le Royaume de Dieu sur la terre. Vous direz que les gens d’aujourd’hui ont besoin d’autre chose, qu’ils ne s’intéressent pas au Royaume de Dieu. Quels que soient leurs intérêts, leurs besoins, ils ne les satisferont pas facilement. Pourquoi ? Parce qu’ils usent de violence. Ils sont têtus mais pas persévérants, ils sont caractériels mais inconstants. On atteint son idéal uniquement grâce à un caractère inflexible ; l’idéal s’obtient par la douceur et l’humilité, c’est cela être souple et profiter des conditions bénéfiques de la vie. L’humble a toutes les bonnes conditions pour fortifier son esprit. C’est pourquoi le Christ dit : « Si vous ne devenez pas comme les petits enfants et si vous ne devenez pas humbles, vous ne pouvez pas entrer dans le Royaume de Dieu »[5].

« Croissance et renforcement en esprit et en sagesse ». Par esprit, nous comprenons la vie divine qui organise et retraite les matériaux pour la pensée de l’homme. L’individu atteint ainsi la sagesse divine qui donne des conditions pour obtenir la grâce divine nécessaire à tous les humains, à tous les peuples. Le peuple bulgare doit aussi croître en esprit et en sagesse pour obtenir la grâce. Je parle du peuple bulgare et non pas de la peuplade bulgare : le peuple est quelque chose d’intérieur, la peuplade, quelque chose d’extérieur. Dieu aussi s’adresse au peuple juif et non pas aux peuplades juives. Le peuple incarne la conscience supérieure chez l’être humain qui se sent citoyen du monde physique et du monde spirituel, et qui travaille en même temps pour ce qui est physique et pour ce qui est spirituel. Le véritable travail a un rapport aux deux mondes qui sont étroitement liés entre eux. Vous dites qu’il importe peu comment l’être humain travaille, que dans tous les cas, une seule chose l’attend, la mort ! Qu’est-ce que la mort ? On meurt sur terre, on naît pour l’autre monde ; on naît sur terre, on meurt pour l’autre monde. Est-ce une mort ? C’est un changement d’état. Donc, on meurt et on naît en même temps, c’est-à-dire on meurt pour un monde et on naît pour un autre monde. On dit que l’homme naît pour mourir, cela signifie qu’il est né sur terre et mort pour le Ciel ; il naît au Ciel et meurt sur terre. Comment considérer la vie ? Comme une grande roue infinie sur laquelle les uns montent, les autres descendent ; tout dans la vie évolue, rien n’est statique, rien n’est invariable. Le monde spirituel aussi est organisé et évolue extérieurement, mais ses caractéristiques intérieures, intrinsèques ne varient pas.

« Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse. » Le Christ prend l’enfant comme symbole de chaque individu, puis du peuple et enfin de toute la race blanche. Croître en esprit et en sagesse, c’est ne pas se leurrer sur les changements extérieurs de la vie. Froid et chaleur, lumière et obscurité, vérité et mensonge, bien et mal sont deux forces nécessaires, toutes les contradictions ont aussi deux côtés, nécessaires tous les deux. La nécessité est une loi qui empêche les humains de faire un choix. Il est nécessaire de descendre sur terre, d’étudier et de souffrir, de croître dans la grâce et de se réjouir ; c’est nécessaire pour l’homme ordinaire comme pour l’esprit supérieur. Il est nécessaire pour l’être humain de mourir, c’est-à-dire de monter vers l’autre monde et d’y naître. La mort et la naissance sont deux états dont personne ne peut se passer. Si un grand esprit proclame qu’il ne peut pas descendre sur terre, tout est perdu pour lui ; il est obligé de descendre, de quitter les bonnes conditions et d’accomplir le programme qui lui est assigné.

Ainsi, les êtres du monde spirituel conjuguent le verbe pouvoir et s’en servent dans toutes les occasions de la vie ; sur terre les humains conjuguent le même verbe mais à la forme négative : ne pas pouvoir. Pour les premiers pouvoir est une nécessité et pour les seconds ne pas pouvoir est une nécessité. Pour les créatures du monde spirituel tout est possible car ils s’en remettent à Dieu et œuvrent en Son nom ; il y a pour les gens des choses faciles et d’autres difficiles. Pour les choses difficiles ils disent : « Nous ne pouvons pas terminer ce travail », et ils traitent les choses faciles avec dédain. Les choses difficiles sont divines et les choses faciles, humaines. Celui qui se sert du verbe pouvoir fait un seul essai infructueux sur mille ; celui qui se sert de la forme négative de ce verbe fait un seul essai fructueux sur mille. Cette loi a une application dans la science : si une roue tourne un million de fois dans un sens, alors elle tournera une seule fois dans le sens opposé. Ainsi, l’expression « l’exception confirme la règle » signifie qu’une exception se produit une fois sur un million. Observez les mouvements des différentes parties d’un mécanisme pour vérifier cette loi : elle a un rapport au monde physique, au monde en trois dimensions, alors que le monde spirituel est un monde en quatre dimensions. Si vous posez une roue sur un plan et la faites tourner, elle va tourner autour de son axe, mais le plan restera immobile ; si la même roue tourne dans le monde spirituel, le plan tournera avec elle. Dans le monde physique, un véhicule se déplace en ligne droite, c’est-à-dire dans une seule direction, alors que dans le monde spirituel il se déplace dans quatre directions en même temps : est, ouest, nord et sud. Vous direz que c’est incompréhensible.

Lorsqu’il est question du monde spirituel, d’un côté vous vous intéressez à lui, et d’un autre, vous ne croyez pas ce qu’on vous en dit. Que direz-vous par exemple si vous voyez un train se déplacer dans les quatre directions en même temps ? Sur terre il faut patienter plusieurs heures, voire des jours pour atteindre une destination lointaine ; dans le monde spirituel le voyage se fait instantanément, rapidement. S’il faut cent ans sur terre pour accomplir un travail compliqué, il faut au maximum un an dans le monde spirituel ; là-bas les conditions de travail sont meilleures et plus propices.

« Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse. » C’est ainsi que doit croître chaque être humain. Ce n’est qu’alors que l’enseignement du Christ devient compréhensible et applicable. Il ne suffit pas d’aspirer à l’enseignement du Christ, faut-il encore des conditions favorables. La première condition est de changer sa pensée et son cœur pour que le nouveau les imprègne. Quand fleurissent les fleurs ? Au printemps, lorsque la nature s’éveille, lorsqu’il y a plus de lumière et de chaleur. On ne peut pas traiter de questions religieuses, philosophiques ou scientifiques à longueur de journée ; observez combien de temps par jour vous êtes enclins à traiter de telles questions. Il ne suffit pas de se proclamer miséricordieux, faut-il encore manifester sa miséricorde, faire un travail avec elle et en plus, faut-il encore respecter le moment où cette miséricorde agit. C’est pourquoi Dieu dit : « Cherchez-moi lorsque je suis près de vous [6]», ce qui signifie : cherchez Dieu jusqu’à ce que son Esprit et sa Sagesse se manifestent.

Beaucoup attendent des conditions favorables pour travailler, ils se trompent. Vous devez toujours travailler pour ne pas rater les conditions favorables ; si vous les ratez, alors ce sont les conditions défavorables qui viendront. Tous les arbres fruitiers, toutes les fleurs fleurissent en mai ; si l’un d’entre eux ne fleurit pas, il a raté les conditions favorables, il attendra le mois de mai prochain, l’année suivante. Les autres arbres nouent les fruits et ils mûrissent alors que l’arbre retardé, même si les conditions extérieures sont favorables, ne peut pas croître et se développer ; il traverse des conditions intérieures défavorables et il en souffre ; il est privé d’énergie interne. Comment aider cet arbre ? En le transportant dans une autre région, dans des conditions qui lui sont favorables, il y fleurira et suivra le chemin de son développement. C’est une loi qui a un rapport à la vie psychologique : vous rencontrez une petite enfant, pauvre, affamée, épuisée, aux yeux enfoncés dans les orbites ; les passants la croisent mais personne ne la remarque. Pourquoi ? Elle ne peut pas fleurir. Mais quelqu’un de miséricordieux la voit et la prend sous sa protection : il la nourrit, l’habille de vêtements chauds, et prend soin d’elle. En peu de temps la fillette se relève, s’embellit, s’égaie, s’anime, et celui qui la croise s’arrête pour la complimenter. Simplement, l’amour a déjà éclairé cette enfant et elle commence à fleurir et à se développer correctement.

Nos contemporains s’entretiennent sur beaucoup de sujets, débattent sur beaucoup de questions, mais il y a toujours quelque chose qui leur échappe finalement. Ce manque de compréhension prouve qu’ils se sont retrouvés dans l’ombre. Lorsque la fleur pousse au pied d’un arbre, elle ne peut pas fleurir, l’ombre la gêne ; ainsi je vous dis la même chose : ne restez pas à côté des riches, ne bâtissez pas de grandes maisons, restez à distance des érudits, des philosophes, des prédicateurs. Si quelqu’un vous demande de rester à proximité de lui, c’est qu’il cherche à vous dévaliser ; son portefeuille est vide alors que le vôtre est plein, il veut vous prendre quelque chose. Sachant cela, ne vous approchez pas de lui : il prône la fraternité et l’égalité, ne vous laissez pas berner par ses paroles. Quel que soit l’enseignement prôné, nous sommes tous égaux devant l’amour. Nous devons tous travailler, aider les faibles et les pauvres qui ont besoin de notre aide. Nos contemporains doivent se parler simplement pour se comprendre. Quelqu’un a besoin d’être secouru et toi, tu lui parles de prières, du Seigneur ; quelle prière plus efficace que de panser et de masser sa jambe ? Assieds-toi à côté du malade, penche-toi et remets-lui sa jambe cassée. S’il te demande pourquoi sa jambe s’est cassée, dis : « Tu connaîtras ainsi ton prochain et je donne à Dieu la possibilité de se manifester à travers moi ; Dieu me dit : Remets la jambe de ton frère pour que son développement ne soit pas freiné ! ». La prière ne se résume pas à allumer des cierges et des encensoirs, ni à se prosterner, mais à prendre part à la vie de ton prochain. Si tu croises un affamé, nourris-le ; si tu croises quelqu’un de pauvre, de déguenillé, habille-le : il n’existe pas de meilleure prière.

Aujourd’hui tous souffrent des critiques et du mécontentement des autres, chacun voit les fautes des autres mais pas les siennes. Acceptez l’enseignement du Christ, appliquez son amour pour vous libérer des anciennes habitudes de critique et de jugement. Tout ce que l’on fait doit être basé sur l’amour. Lorsque vous faites du bien à votre prochain, vous le faites aussi à vous-mêmes ; cette loi ne souffre pas d’exception. Si quelqu’un dit qu’il n’est pas disposé à faire le bien, il se limite tout seul. Il faut être toujours bien disposé envers le bien ; il faut être toujours indisposé envers le mal. Celui qui ne vit que pour lui-même sert le mal, c’est-à-dire le diable ; donc, attelez le diable au travail, dites-lui qu’il peut se considérer comme invité trois jours durant et que le quatrième jour il doit aussi se mettre au travail.

Maintenant, en étudiant les agissements des gens, nous voyons une différence due à la structure de leur crâne. Chez certains le cerveau est fortement développé, ils sont intelligents. De plus les différents centres du cerveau ne sont pas également développés chez tous : si la partie frontale au-dessus des sourcils est bien développée, c’est un individu d’une intelligence objective ou encore naturelle ; si la partie arrière du cerveau est mieux développée, il manifeste d’autres aptitudes et ressentis ; chez certains le cœur est mieux développé : ils sont très sensibles, cordiaux. Les différents centres cérébraux ont une influence différente, c’est pourquoi certains sont des travailleurs scientifiques, d’autres des philosophes, d’autres des diplomates, des politiques, ainsi de suite.

« Et le petit enfant croissait en esprit et en sagesse. » Par esprit nous comprenons la vie affective, politique et sociale des humains et par sagesse, leur vie culturelle et spirituelle. Lorsqu’il termine son développement spirituel, l’être humain acquiert l’amour. Cela ne s’obtient pas d’un seul coup ; il a travaillé des milliers d’années et il travaillera encore des milliers d’années jusqu’à ce qu’il manifeste son amour ; il faut pour cela un travail intensif et conscient sur sa pensée et son cœur. Un tel individu ressemble à un riche parent qui a amassé de l’argent des années durant et là où il va, tous l’accueillent joyeusement car ils profitent de ses largesses ; lorsqu’il a dépensé tout son argent, tous l’abandonnent ; même s’il est très amer, il est contraint de retourner là d’où il vient. C’est ainsi qu’agissent et les religieux et les laïques ; leurs proches leur disent aussi : « Allons, va d’où tu viens pour amasser de nouveau de l’argent et aider les autres ». On nomme un professeur au lycée ; il est d’abord riche, énergique, plein de vie, tout le monde est content de lui car on reçoit quelque chose de lui ; lorsqu’il a travaillé quelques années, ses élèves le pillent, il s’appauvrit et voit qu’il doit quitter son métier. Pour ne pas se retrouver dans cette situation, le riche doit garder son capital de base, ne le donner à personne. Pour la même raison je dis : lorsque vous ouvrez votre cœur sur le monde extérieur ne laissez pas sortir toute votre chaleur. Le monde n’a pas besoin de votre chaleur – quelles que soient les quantités que vous donnez, il n’en tire pas profit. Si tu veux aider ton frère, appelle-le pour qu’il se réchauffe dans la pièce au lieu d’ouvrir tes fenêtres et laisser s’échapper la chaleur ; si tu veux le réchauffer à l’extérieur, tu n’arriveras à rien. Le monde n’évolue pas correctement car on compte sur les héritages : un tel a fait un testament à un autre, un autre aussi et en fin de compte l’héritage s’épuise, les bienfaiteurs s’appauvrissent et les sources s’assèchent. Lorsqu’une source se tarit, les deux côtés souffrent : d’abord, la source elle-même, et ensuite, les gens aux alentours. C’est une question sociétale importante qu’il faut résoudre convenablement ; l’une des méthodes est la suivante : que chacun ait un champ à cultiver. À l’avenir, tous doivent travailler sur leur champs mental, affectif et matériel.

« Et le petit enfant croissait en esprit et en sagesse. » Chaque chose qui croît en esprit et en sagesse a des conditions de développement. La terre aussi doit être exploitée et répartie en esprit et en sagesse, alors tu travailleras si tu es bien disposé, sinon tu te reposeras. On demande aux êtres de travailler pour contribuer d’un élan sincère à l’œuvre divine, au lieu de l’entraver ; c’est la seule façon de redresser le monde. Il ne peut se redresser par les seules paroles. N’ayez pas peur de ce qui arrive maintenant, cela cache aussi quelque chose de divin. Épaulez le divin alors que l’humain, le transitoire tombera de lui-même. On peut plumer les uns, on peut couper les ailes aux autres, cela importe peu : les feuilles, ne tombent-elles pas à l’automne, les fleurs ne fanent-elles pas en mai ? C’est dans l’ordre des choses. Chaque peuple a une mission déterminée qu’il doit accomplir. Chaque peuple s’est vu octroyer un territoire bien précis qu’il doit exploiter et gouverner, personne n’a le droit de s’emparer d’une terre étrangère ni d’assujettir et martyriser les autres peuples : la terre appartient au Seigneur et Lui seul peut la régenter. Tous les peuples sont des serviteurs de Dieu qui accomplissent la volonté de leur Maître ; celui qui n’accomplit pas cette volonté signe lui-même sa condamnation. Il est dit que Dieu rétribue chaque individu, chaque peuple selon ses actes ; chacun reçoit ce qu’il mérite. Étudiez l’histoire pour voir quel a été le destin des Romains, des Égyptiens, des Babyloniens, ainsi de suite. Voilà pourquoi, l’essentiel pour les êtres humains c’est de croître en esprit et en sagesse et de bénéficier de la grâce divine.

Aspirez à la grâce qui vient d’en haut, de l’amour. Comment atteindre la grâce divine ? Par le travail et l’enseignement en esprit et en sagesse. Etudiez tous les enseignements, tous les systèmes philosophiques et religieux, mais tenez-vous au divin en eux. Ils sont donnés par le monde intelligent, mais avec le temps les humains les ont déformés ; aujourd’hui ils ne sont pas ce qu’ils étaient à l’origine. La tâche des humains est de les purifier et de les libérer des dépôts du passé. Chaque enseignement, chaque religion, chaque système philosophique est une branche de l’arbre divin, par conséquent chaque branche doit rester sur l’arbre. Si vous dites que l’arbre peut se passer de branches, vous serez dans les illusions et les égarements de la vie. Mettez devant une poule une bassine pleine de maïs : lorsqu’elle sera rassasiée, elle dispersera le maïs et attendra le lendemain une autre bassine, en vain car aucune bassine de maïs n’apparaîtra et elle sera affamée. Beaucoup agissent de la sorte : lorsqu’ils voient quantité d’enseignements et de religions, ils se jettent sur eux et lorsqu’ils sont rassasiés, ils les dispersent partout ; ils cherchent en vain de la nourriture le lendemain : ils se condamnent ainsi tous seuls à la faim. Que fait l’écureuil ? Il stocke le surplus de nourriture et lorsqu’il en a besoin, il puise dedans. Vous aussi, stockez la sagesse divine comme l’écureuil la nourriture, comme les abeilles, le miel sucré. Chaque système religieux et philosophique représente une fleur dont vous pouvez puiser un nectar sucré ; recueillez le nectar sucré de toutes les fleurs en vous et ne dites pas qu’une fleur ou une autre est inutile : tout ce que Dieu a créé est nécessaire et à sa place. Celui qui dit que tel enseignement ou système est inutile sera appelé là-haut pour s’expliquer ; il doit savoir lui-même pourquoi telle chose est stupide et ce qu’il faut en faire. Beaucoup se prononcent sur le christianisme, sur le socialisme, sur le communisme, les qualifiant de mouvements extrémistes qui ne peuvent apporter aucun bienfait aux humains ; le monde intelligent écoute leurs réflexions et les appellera dans quelques années pour qu’ils argumentent leurs dires et comblent les lacunes de ces enseignements. Vous direz que s’ils sont appelés là-haut, c’est qu’ils meurent ; pour vous c’est la mort, mais pour le monde supérieur ce n’est rien d’autre qu’un rappel en haut pour donner son avis sur d’importantes questions sociétales. On peut conclure que les humains partent de l’autre côté à cause de trop de savoir !

Qu’ont fait les premiers humains, Adam et Ève, au paradis ? Lorsqu’ils ont acquis beaucoup de connaissances, ils ont croisé un grand adepte qui leur a dit qu’il y avait quelque chose d’autre qu’ils ne connaissaient pas encore ; ils ont été intrigués par ce nouvel enseignement et ont voulu l’acquérir. En quoi consistait-il ? À leur faire manger les fruits de l’Arbre défendu, ce qui non seulement ne les ferait pas mourir, mais ouvrirait au contraire leurs yeux et les ferait devenir comme le Seigneur. Cet enseignement les a fait hésiter, ils ont douté des paroles du Seigneur et ont transgressé Son commandement. Dieu les a ensuite convoqués pour qu’ils Lui démontrent en quoi Son enseignement est mensonger et les a chassés du paradis pour aller dans le monde et s’y instruire. De leur côté les juifs disaient que l’enseignement du Christ n’est pas juste ; le Christ les a appelés pour qu’ils Lui démontrent cela. En effet, en lisant l’histoire des juifs, vous vous rendez compte qu’ils ont traversé des souffrances auxquelles ils ne s’attendaient pas, par exemple, lorsque Titus a conquis Rome, soixante mille juifs ont été crucifiés ; c’est de cette façon que les juifs devaient démontrer que l’enseignement du Christ n’était pas juste.

Aujourd’hui le clergé bulgare aussi, de concert avec des érudits et des philosophes, clame que l’enseignement que je prône n’est pas juste ; qu’ils sachent que la même chose que les juifs leur arrivera : ils seront appelés en haut pour faire un rapport argumenté. On me rétorquera que je serai aussi appelé en haut ; oui, je serai appelé, mais eux également. Les juifs ont jadis dépouillé le Christ et L’ont crucifié, mais aujourd’hui ce n’est plus permis, aujourd’hui personne ne peut dépouiller et crucifier le Christ : celui qui prône l’enseignement divin est invulnérable. L’enseignement divin est indivisible : il a été dans le passé, il est maintenant et sera demain. Par conséquent, il importe peu qui l’a prôné, qui le prône aujourd’hui et qui le prônera demain : l’Esprit divin est le même en tout temps et à toute époque, par conséquent aucune force au monde ne peut le vaincre.

Qu’est-ce qui est attendu de nos contemporains ? Honorer Dieu qui demeure dans chaque âme. Si nous n’aimons pas Dieu, nous ne pouvons aimer personne : Il est Un, en Lui se trouvent toutes les créatures vivantes. C’est ainsi uniquement que les humains s’entendront et que le monde se redressera. C’est l’amour qui redressera le monde et non pas le désamour ; l’amour apporte la liberté alors que le désamour apporte la violence. Là où se trouve la violence, rien de bon n’arrive ; qu’est-ce qu’on obtient si on pend quelqu’un ? Sais-tu qui pendre ? Tu te rends dans les vignes et tu coupes les serments, mais il faut savoir quel serment couper ; si tu coupes les serments sains et pleins de vigueur, tu nuis à la vigne et à toute la société. Malheur au vigneron qui coupe les serments avec deux ou trois boutons ! C’est interdit. Malheur à celui qui pend et tue son prochain ! Le Christ dit : « Malheur à vous, pharisiens qui déformez le Verbe divin ! »[7]. Que doivent faire ceux qui partent sur le champ de bataille pour combattre ? Ils résoudront eux-mêmes cette question. Je dis pour moi-même que je suis contre tout type de guerre qui pervertit les humains. Tous les malentendus, disputes, guerres entre frères, entre peuples proches sont le résultat d’inventions humaines, il n’y a rien de divin en eux. Ce n’est pas un reproche, mais chacun doit savoir tenir son rang en tant que mère et père, en tant que professeur et prêtre, commerçant et ainsi de suite.

Chacun doit croître en esprit et en sagesse. La tâche de l’individu et celle de la société et du peuple entier est d’envoyer une onde d’amour dans le monde pour venir en aide à l’humanité. Chaque individu est un tuyau qui arrose les jardins. Beaucoup souffrent d’un manque d’eau. D’où viendra l’eau pour le tuyau ? Des érudits, des philosophes et des musiciens, mais aussi des religieux. Vous direz que les religieux ne font que prier ; par la prière cependant ils envoient de l’eau pour les tuyaux, pour arroser les jardins asséchés. Lorsque le blé murit, le fruit se répartit à parts égales entre tous ceux qui ont envoyé de l’eau dans les champs avec leurs tuyaux. Le blé a besoin de bons sentiments et de bonnes pensées qu’il faut diriger vers tous les champs ; si nous n’agissons pas ainsi, nous altérons nos bonnes relations de frère à frère.

Deux frères de sang se croisent dans la rue : l’un était colonel, l’autre simple soldat. Ce dernier s’est approché de son frère et l’a abordé directement sans le saluer conformément à son rang. L’autre l’a envoyé vingt-quatre heures en garde à vue stricte, en lui disant : « Dans la rue, il n’y a pas de rapports de frères, ils n’existent qu’à la maison, tu dois savoir qu’à l’extérieur nous sommes comme deux étrangers ». La fraternité n’existe qu’à la maison, c’est-à-dire en l’être humain lui-même : dans ses pensées et sentiments, dans sa vie intérieure et ses relations intérieures. Nos contemporains raisonnent comme ces deux frères, ils disent : « Dieu est en haut, au Ciel, mais Il n’existe pas sur terre ». Ils pensent ainsi car l’un est colonel et l’autre simple soldat. Que pensera le colonel lorsqu’il sera démis de ses fonctions ? Un officier a raconté que depuis qu’il a été congédié, il n’avait plus droit au respect qu’on lui témoignait avant ; il se disait : « Ivan, ne sois pas offensé que, maintenant que tu ne portes plus l’uniforme, peu de gens te respectent ». Aujourd’hui, tous regardent l’uniforme : professeur, patron, officier, ministre ; tu es honoré en fonction de l’uniforme que tu portes : si tu es un citoyen ordinaire, peu sont ceux qui te respecteront. L’uniforme est le côté extérieur de la vie, il ne faut pas être influencé par lui. En conséquence, si tu es officier et que ton frère t’aborde, ne sois pas offensé qu’il ne t’ait pas témoigné le respect réglementaire ; arrête-toi, dis-lui quelques mots chaleureux et reprends ton chemin.

Quels doivent être les rapports entre les humains, comment doivent-ils agir ? Comme le général russe Koutouzov. Il est allé inspecter un jour l’unité d’un de ses officiers qui avait pour habitude de sortir le matin parmi ses soldats en robe de chambre et non en uniforme. Koutouzov connaissait cette mauvaise habitude et avait décidé de lui donner une bonne leçon. Il est allé le voir et l’a surpris au milieu de ses soldats, en robe de chambre en train de boire du café. Le général l’a salué, a échangé quelques mots et l’a pris par la main lui demandant de l’accompagner pour inspecter l’unité. L’officier a regardé à gauche, à droite, hésitant, mais il n’y avait rien à faire. Il est parti avec le général pour faire la ronde, et à partir de ce jour il a toujours été irréprochable dans sa tenue vestimentaire. Le général ne lui a fait aucune remarque, mais il a tout seul corrigé son défaut. Ainsi, si tu croises quelqu’un en robe de chambre, c’est-à-dire avec des défauts, ne lui dis rien, ne lui fais pas la morale, mais prends-le par la main pour te promener avec lui : il verra tout seul son défaut et le redressera. Lorsque le Christ vous rencontrera, il vous prendra par la main, se promènera avec vous, et vous corrigerez vous-mêmes vos défauts.

J’ai rencontré et je rencontre encore beaucoup de personnes, mais je ne peux qualifier aucune d’elle de mauvaise par nature. Il y a néanmoins des moments dans la vie des hommes où quelque chose de profond les empêche d’agir bien ; souvent les conditions extérieures influencent les êtres humains lorsqu’ils doivent faire le bien. Par exemple un jeune homme pauvre et vertueux se marie avec une femme riche et belle ; il change sous l’influence de ses beaux-parents, renonce à Dieu et descend dans la matière opaque ; il aime Dieu, mais la richesse l’aveugle et il se détourne petit à petit du droit chemin.

Aujourd’hui les religieux comme les laïques ne réussissent pas dans leur vie. Pourquoi ? Parce qu’ils ne comprennent pas correctement la religion ni la science. Que représente la religion ? C’est une méthode d’amélioration de la vie intérieure et extérieure des humains, et d’anoblissement de leur âme. Dans la religion et la science se cache un savoir positif pour une bonne vie ; lorsque ce savoir s’applique, la société s’améliore, tout comme la famille et l’individu. Le berger sait quand ses brebis doivent être fécondées, l’être humain en revanche ne sait pas quand un enfant doit être conçu ; il dit : « Peu importe le moment de la conception, l’important est qu’il naisse, maintenant ou plus tard, lorsque Dieu le permettra ». Dieu donne tout, mais tu dois respecter les conditions favorables de conception d’un enfant. Tu as une idée, donnée par Dieu, c’est à toi de créer les conditions pour sa réalisation. Du travail conscient des humains dépend le redressement rapide de leur vie ; lorsque les conditions extérieures de la vie s’améliorent, les conditions intérieures s’amélioreront aussi. Pour cette raison, nous disons qu’à l’avenir les gens travailleront moins qu’aujourd’hui : ils auront du temps pour un travail mental et spirituel, alors, la question entre la femme et l’homme se résoudra correctement ; maintenant ils luttent pour la première place, chacun d’eux veut dominer ; à l’avenir il n’y aura plus de maîtres, tous serviront Dieu, l’unique Maître dans le monde. L’homme laissera la femme s’exprimer librement, mais la femme aussi laissera l’homme s’exprimer librement. Personne n’a le droit de faire obstacle à la liberté de quiconque. En général, il faut entre tous les humains, du respect et de la considération mutuelle. Tout homme de pouvoir a pour mission la sauvegarde de la liberté de ses concitoyens.

Allons maintenant à la conclusion, mais pas au bout des choses. C’est la façon de faire des pêcheurs : ils jettent un grand filet au loin et se mettent à le tirer pour voir s’il est rempli de poissons ; ils se rapprochent du rivage avec le filet. Arrivés au rivage, ils sortent le filet de l’eau pour voir le résultat, mais ils sont surpris de voir un si grand filet avec aussi peu de poissons à l’intérieur ; au-dessus en revanche nagent quantités de poissons minuscules qui ne restent pas dans le filet. Vous direz aussi que vous ne souhaitez pas non plus y rester. Je vous souhaite de conserver le divin et non pas l’humain, de retenir une conclusion de liberté et non pas d’asservissement.

Le mot conclusion a un rapport à un nouveau commencement dans la vie. Conclure sous-entend signer un contrat pour quelque chose de neuf. Le nouveau contrat consiste à accepter l’esprit en tant que socle de la vie, et la sagesse divine avec sa lumière, pour servir les gens, comme les rayons solaires servent toutes les créatures vivantes. Alors viendront dans le monde les véritables écrivains qui serviront la vérité. Le monde a besoin de véritables scientifiques, musiciens, peintres qui comprennent la vérité et l’appliquent. Il y a partout de ces gens, en Bulgarie aussi, mais les conditions pour qu’ils se manifestent manquent encore. Les peuples ne peuvent pas encore honorer leurs hommes de talent ; si un écrivain, un musicien ou un scientifique devient célèbre, aussitôt ses proches, ses concitoyens se mettront à le rabaisser. La société et le clergé se sont aussi insurgés contre moi, mais ils n’ont pas pu me déshonorer. Pourquoi ? Je suis une mer profonde : celui qui essaiera d’entrer en moi, se noiera. Je suis un grand fleuve aux eaux abondantes que personne ne peut dompter ; si vous mettez un barrage, une crue viendra démolir le barrage et submerger toute la région.

Les habitants d’une ville américaine ont voulu construire un barrage sur la rivière qui traversait la ville pour avoir une patinoire pendant l’hiver. Ils se sont divertis ainsi pendant vingt ans sans penser à ce qu’il pourrait leur arriver. Mais quelque chose d’imprévu s’est produit : le barrage a été détruit par une grande crue qui a submergé les maisons proches des berges et deux mille personnes se sont noyées. Sachant cela, ne faites pas de barrage sur vos rivières, car une grande crue pourra détruire le barrage et tout inonder : malheur à celui qui se trouve en aval du barrage. Ce qu’il faut comprendre des paroles du Christ : « Ne t’oppose pas au mal » c’est : ne t’oppose pas à l’enseignement divin qui vient avec force d’En haut ; Dieu redresse et arrange le monde. Tu peux t’opposer à ce qui est humain, mais pas à ce qui est divin ; pour les choses humaines tu peux donner un avis, mais pour les choses divines personne n’a le droit de formuler un avis. Le divin gouverne le monde, il gouverne les peuples, les sociétés et les individus.

« Et le petit enfant croissait en esprit et en sagesse. » C’est ainsi que doivent croître tous les Bulgares, tous les peuples, toute la race blanche. N’ayez pas peur de ce qu’il adviendra de vous, le futur du peuple bulgare est lumineux à peu d’exceptions près. Le futur des slaves est bon ; ils portent une culture que personne ne soupçonne. Tous les peuples puiseront dans cette culture, ce sera une culture de fraternité, d’égalité et de liberté. Au nom de cette liberté, tous les peuples s’uniront et les grands peuples protégeront les petits.

Voilà pourquoi je m’adresse à tous les hommes, femmes et enfants pour qu’ils œuvrent pour l’idée qui apportera fraternité, égalité et liberté entre les peuples. Que cesse ainsi la lutte entre les nations. Que chaque peuple s’efforce d’être grand en esprit, en sagesse et en amour et pas grand pour assujettir et gouverner les petites nations. Que chacun travaille dans cette direction pour se libérer de l’ambiance qui l’étouffe maintenant et qu’il se dise : « Nous pouvons nous accorder, régler notre vie, car le Seigneur est avec nous, le monde spirituel est avec nous ». Celui qui empêche les Slaves de s’exprimer, en pâtira. À l’avenir, tous les peuples travailleront pour les Slaves : c’est écrit ainsi dans le livre divin. Les Slaves sont riches ; leurs greniers, leurs portefeuilles s’ouvriront pour tous et ils diront : « Frères, venez avec nous vivre en paix et en bonne entente, dans la fraternité et l’égalité entre tous ». C’est la nouvelle culture pour toute l’humanité. Une nouvelle philosophie vient. Lorsque vous partirez dans l’autre monde et que vous reviendrez à nouveau sur terre, vous vérifierez si mes propos sont justes ; pendant que vous serez dans l’autre monde, vous lirez le programme qui s’appliquera dans l’avenir.

Je vous souhaite la joie et la gaîté. Pas de chagrin, pas de souffrance, pas de peur, une attitude virile est exigée de tous ! Le pain viendra, vous ne mourrez pas de faim ni de soif, vous aurez tout en abondance. Tous les morts vivront, nous rappellerons tous les tués et pendus de l’autre monde. En cent ans tout au plus, il ne restera personne de lésé, de frappé d’injustice sur terre. Dans les cent ans à venir, l’ordre sera introduit dans le monde. La grâce divine viendra sur vous et sur vos enfants.

Sofia, 30 mars 1919

Traduit par Bojidar Borissov


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