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1919_02_09 Dissonance dans l’harmonie


Ani
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Dissonance dans l’harmonie

« Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le…

Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la… »[1][1]

Matthieu 5 :29-30

Le chapitre lu a un rapport avec l’harmonie et la disharmonie. « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le ; et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la ; si on te frappe sur une joue, tends l’autre joue. » Ce langage est incompréhensible pour nos contemporains. Si le Christ leur parlait comme ça aujourd’hui, très peu le comprendraient. De nos jours, il y a beaucoup d’églises où l’on prêche au nom du Christ ; on lui chante des louanges, mais s’il venait parler parmi ses disciples comme il y a deux mille ans, on le taxerait de déséquilibré, et celui qui l’écouterait se heurterait à de grandes contradictions.

À quoi sont dus les heurts intérieurs dans l’être humain ? Tout le monde soutient qu’il vient de Dieu, mais lorsqu’on leur parle le langage de l’amour, les gens ne savent pas comment agir, ils se demandent s’il est possible qu’un mouton engendre un loup ou qu’un loup devienne un mouton. Tous parlent de fraternité, d’égalité, d’amour et d’abnégation, mais lorsqu’il est question d’appliquer ces idées, ils s’embrouillent et ne comprennent plus rien. Pourquoi ? Parce qu’il y a au centre de leur vie quelque chose d’intéressé : ils servent Dieu, mais dans leur service il y a un intérêt, ils veulent gagner leur vie ; d’autres deviennent des commerçants dans l’unique but de s’enrichir ; c’est toujours leurs intérêts personnels qui les poussent en avant. C’est vrai, lorsqu’on vit on doit avoir un moyen de subsistance, mais l’important est de travailler avec amour, sinon on se justifiera toujours en disant que les conditions extérieures ou ceux qui nous entourent nous obligent à agir contre notre gré. Le loup aussi se justifie de manger les brebis car c’est son métier. Lorsqu’il est mis en difficulté, il dit : « Si les humains eux-mêmes prennent la peau de milliers de loups et de renards, n’ai-je pas le droit de prendre la peau d’une brebis ? » Lorsque le loup attaque les brebis, on leur fait tout de suite la peau ; lorsque l’homme tue son semblable en temps de guerre, non seulement on ne le condamne pas, mais on lui donne un prix, une médaille pour sa bravoure. Vous direz que c’est écrit ainsi : les humains doivent s’entretuer en temps de guerre. Qui a admis la guerre, dans quelle loi divine est-elle inscrite ? Dans l’enseignement de Moïse il est question de guerre, mais dans celui du Christ la guerre est exclue ; il y a entre Moïse et le Christ la même différence que celle entre la terre et le ciel. Par conséquent, lorsque les chrétiens guerroient, ils doivent s’avouer à eux-mêmes et au monde entier qu’ils agissent selon la loi de Moïse et non selon la loi du Christ qui sous-entend la totale application de l’amour. Nommez chacun de vos actes par le nom qui lui correspond.

Moïse dit : « Œil pour œil, dent pour dent ». Le Christ dit : « Si on te frappe une joue, tends aussi l’autre ». Nos contemporains vivent encore selon l’enseignement de Moïse, selon l’ancienne culture. Moïse lui-même dit : « Le Seigneur suscitera un autre prophète, plus grand que moi ; quiconque ne sert pas ce prophète signe sa condamnation à mort »[2][2] Moïse parlait du Christ et reconnaissait l’imperfection de son propre enseignement. Après tout cela, les gens se demandent pourquoi, puisqu’ils proviennent de Dieu, ils ne vivent pas bien. C’est très simple : ceux qui ne vivent pas bien ne proviennent pas de Dieu. Une mère menace ses ennemis en disant : « Attendez que j’accouche pour voir ! » Elle espère accoucher d’un fils qui puisse la venger. Est-ce que ce fils peut naître de Dieu ? Par héritage, il suivra la lignée maternelle ou paternelle. Les Égyptiens croyaient à la transmutation des esprits, les Hindous croient à la réincarnation, et les scientifiques modernes, à l’hérédité. Ce sont trois enseignements aux symboliques différentes : l’hérédité est une loi du monde physique, la réincarnation est une loi de l’âme et la transmutation, une loi de l’esprit. Autrement dit, les Égyptiens ont étudié la descente de l’esprit, les Hindous, les évolutions de l’âme, et les scientifiques actuels, l’hérédité : ils parlent de champs, de maisons, de vignes, de possessions, d’héritages, d’aptitudes et de talents.

« Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le. » Dans la Genèse on parle du serpent qui a séduit Ève pour qu’elle mange du fruit défendu et ouvre les yeux. En effet, Ève a mangé de ce fruit, elle en a donné à Adam, et depuis ce moment leurs yeux se sont ouverts : ils regardaient le monde de l’œil droit, c’est-à-dire ils regardaient les tentations dans la vie. Il est dit que Adam et Ève étaient nus au Paradis ; en réalité c’est inexact. La nudité dont il est question symbolise autre chose, il ne s’agit pas de nudité physique. Et pour l’évolution de l’humanité aussi les scientifiques donnent des explications diverses, mais la vérité reste inaccessible. Dans son développement, l’humanité a cheminé sur la voie de l’évolution, mais en quoi elle consiste n’est pas très clair. Il ne suffit pas de dire que l’évolution est un développement, même les enfants le savent, même la Bulgare la plus simple sait tisser une toile, mais ce n’est pas encore une évolution. Certains diront que l’évolution a tout créé. Si l’évolution pouvait créer, elle serait une grande force qui transforme, recrée et change la nature. En réalité l’évolution est un processus de l’esprit humain. Ainsi, lorsque nous parlons d’évolution, nous devons la comprendre dans son essence sans lui attribuer des vertus qu’elle n’a pas. Si nous disons que l’évolution est une loi de développement, c’est suffisant, nous n’avons pas besoin d’explications supplémentaires.

Que représente la loi ? Quand se créent les lois et où précisément ? Les lois existent dans la vie et dans la nature. La loi existe là où les créatures manquent encore de culture : les lois sont créées pour lutter contre les vols, les crimes et les iniquités des humains. Il y a aussi des lois dans la nature où toutes les créatures, des plus petites aux plus grandes vivent entre elles dans l’adversité et l’extermination. Cette adversité existe aussi entre les humains bien qu’on parle partout de culture. Il existe une culture humaine, mais c’est celle de l’argent, du capital. Cette culture a un rapport à l’enseignement de Moïse, il y a un point commun entre le capital et l’enseignement de l’Ancien Testament, ce sont des synonymes. C’est pour cela que le Christ dit : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ». Par Royaume de Dieu, les humains comprennent quelque chose de très différent de ce que le Christ entend. En général, encore de nos jours, son Enseignement est interprété de façon très curieuse. Si le Christ venait aujourd’hui parmi les humains, il serait étonné de cette interprétation et de ce qu’ils appellent amour. Ce qu’est l’amour est ardu à définir, mais facile à comprendre : même un enfant comprend l’amour, mais sans pouvoir le définir. L’amour est la seule force qui peut faire tout ce que l’être humain désire, il donne un élan, une impulsion, une aspiration. Sans amour la volonté ne peut rien faire, et tout ce que l’être humain aime peut être accompli par la volonté.

L’ancienne école hermétique donne une définition exacte de l’amour. Dans sa philosophie, Hermès explique toutes les contradictions dans la vie par sept principes. La science moderne ne retient que deux de ces principes. Le premier est le principe mental : manas pour les théosophes, champ du monde mental pour les occultistes, c’est-à-dire un principe qui définit les formes des choses ; le second principe est le champ du monde affectif, c’est-à-dire le monde des sentiments, des vibrations qui permettent d’expliquer le phénomène de la lumière. Les cinq autres principes résident en dehors de la science contemporaine. Elle ne se penche pas sur eux, mais pour autant elle les a nommés : elle appelle par exemple le troisième principe : « principe de similitude entre les choses » ; le quatrième principe est exposé comme un principe de dualité des forces dans la nature et c’est la raison de l’existence de forces négatives et positives ; le cinquième principe est celui du flux et du reflux qui soutient que tout phénomène dans la nature est déterminé précisément comme le sont le flux et le reflux et que partout, il existe un rythme. Dans la musique aussi il existe un rythme particulier, une mesure sans laquelle il n’y a ni musique, ni harmonie. Le sixième principe est celui des causes et des conséquences. Le septième principe est celui des genres masculin et féminin et c’est l’avènement de ce principe qui a engendré le mal dans le monde. Donc le mal existe à cause des genres masculin et féminin.

Lorsqu’il est question d’hommes et de femmes, nous n’entendons pas leurs formes, mais le principe homme et femme en tant que forces opposées dans la nature. Par femme, on entend le principe formateur. Pour bâtir quelque chose il faut du matériel de construction : briques, chaux, sable, poutres, tuiles, etc. Lorsqu’une maison est bâtie les uns se réjouissent, les autres souffrent ; l’homme se réjouit de la nouvelle maison, mais les arbres, les pierres et les plantes souffrent. Les ouvriers ne sont pas non plus très contents, il arrive qu’un ouvrier tombe du chantier et s’estropie. La même chose arrive dans la procréation : les parents se réjouissent qu’un enfant naisse dans le monde, mais beaucoup de créatures souffrent autour d’eux. Donc le bienfait des uns n’est pas un bienfait pour tous ; c’est la raison pour laquelle la haine existe entre les humains. Les malentendus entre frères et sœurs, entre religieux et laïques sont dus aux mêmes raisons. Deux bergers se disputent car l’un a dérobé une brebis à l’autre ; deux jeunes gens se querellent car l’un a pris la bien aimée de l’autre. C’est précisément pour cette raison que le Christ dit : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le ». Quel est l’œil droit de l’être humain ? Il représente le monde physique. Pour ne pas être leurré par l’apparence des choses et pour les comprendre, il faut connaître les lois du monde physique ; celui qui ne les comprend pas échoue systématiquement. Quelqu’un croise une connaissance qui lui promet de l’aider, d’arranger ses affaires ; il le croit, mais il est trompé en fin de compte. Dans la maison d’un brave homme s’immisce un inconnu qui s’éprend de sa femme ; pour dissimuler ses sentiments il se fait passer pour un bienfaiteur qui désire aider toute la famille ; en fin de compte, le brave homme comprend le but intéressé de l’inconnu : ce dernier avait de mauvaises intentions qu’il dissimulait par le mot bienfait. Dissimuler ses mauvaises intentions derrière quelque chose de bon témoigne de traits négatifs du caractère se manifestant aujourd’hui encore à cause de l’atavisme.

Quelque part aux Etats-Unis, il y a très longtemps, vivait un médecin célèbre qui avait une pathologie consistant à découper les gens. Il aidait beaucoup de patients, mais beaucoup aussi ont pâti de son scalpel. Lorsqu’il se trouvait sous l’influence de sa pathologie, il sortait son couteau et découpait le malade en morceaux. Sa première victime a été sa propre assistante. À un moment, il a décidé de découper en morceaux les membres de toute une famille dont il était le médecin traitant, mais il a été pris et livré aux autorités. Il s’est avéré qu’il avait exterminé vingt-cinq personnes. Les juges se sont enquis de la raison de cette pathologie. Ils ont interrogé d’éminents scientifiques qui ont déclaré qu’il avait hérité de cette pathologie de ses aïeux ; il l’avait reçue d’eux et la manifestait par atavisme. C’est pour cela que le Christ dit : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute et qu’il te prend l’envie de tuer ton frère, arrache-le ; et si ta main droite est pour toi une occasion de chute et qu’il te prend l’envie de commettre un crime, coupe-la ». Arracher son œil et couper sa main sont des mots qu’il faut comprendre au sens figuré ;on peut s’arracher l’œil et pourtant continuer à être tenté et à commettre des crimes.

Que représentent l’œil droit et la main droite ? L’œil représente le mental humain et la main, la volonté humaine. Par conséquent, si ton mental te tente pour commettre un crime et si tu diriges ta volonté dans cette direction, arrête-les et agis sur toi pour te protéger du mal. Vous direz que le loup reste toujours un loup et la brebis, une brebis. En l’homme sont assemblées les qualités de tous les animaux, il ne tient qu’à lui d’en laisser certaines prendre l’ascendant sur d’autres. En travaillant sur lui, l’être humain peut éduquer ses faiblesses et ses passions et ainsi s’anoblir. Il est difficile d’éduquer et d’anoblir les animaux extérieurs, mais il est plus facile d’éduquer l’animal qui est en l’homme : il faut pour cela une conscience et une sincérité dans le travail. Les animaux représentent des degrés de développement par lesquels les humains sont passé et passent encore. Ainsi la culture moderne est-elle encore considérée comme une culture du loup et une culture de la brebis. Nos contemporains doivent étudier les animaux en tant que symbole à exploiter. En étudiant le cheval, vous voyez que ses pattes arrière rappellent les bras d’un homme. Le cheval rue avec ses pattes. Pour éduquer ce trait de caractère, le Créateur a transformé, chez l’être humain, les pattes arrière du cheval en bras avec lesquels il travaille et progresse. C’est vrai, les humains sont privés de la capacité de ruer ; au lieu de ruer, ils ont attelé leurs bras au travail : toute la journée ils lèvent et baissent la binette, poussent la charrue et labourent la terre. Tant qu’il est conscient de la fonction de ses bras et travaille avec eux, l’être humain aide son prochain à se redresser ; dès qu’il oublie la fonction de ses bras, il applique aussitôt son ancien métier, la ruade, et fait chuter son prochain ; c’est un atavisme, un reste de la culture du cheval. C’est pourquoi le Christ dit : « Coupe la main droite qui applique l’art ancien de la ruade, cesse de ruer et mets-toi au travail, redresse ton prochain et toi-aussi avance ! ». « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et garde seulement l’œil gauche, l’œil de l’amour ». L’œil gauche a un rapport à l’amour divin qui pousse les humains en haut et en avant.

Beaucoup me demandent quelle religion je prône. Je ne prône aucune religion, mais je parle aux gens d’une bonne vie : ma science porte sur la vie que les humains ont perdue. Tout le monde, érudits ou ignorants, jeunes et vieux veulent vivre bien : la mère veut avoir de bons enfants, les enfants de bons parents, etc. Ce désir est naturel, mais personne ne peut être bon s’il n’a pas la vie en lui. Ainsi le Christ dit : « Je suis le chemin, la vérité et le vie ». Le Christ n’a prôné aucune religion, mais il a parlé du chemin, de la vérité et de la vie auxquels l’être humain doit aspirer. Lorsqu’on a interrogé le Christ sur le dieu qu’il fallait vénérer, il a répondu : « Le jour vient maintenant où on ne vénérera ni à Jérusalem, ni sur cette montagne, mais on vénérera Dieu en esprit et en vérité »[3][3]. Ce n’est pas une religion, mais un service au véritable Dieu, en esprit et en vérité. Vous direz que cette vision détruit les anciennes idées : l’ancien se défait de lui-même, chaque nouvelle culture détruit l’ancienne. Chacun doit renoncer à l’ancien pour bâtir quelque chose de neuf, plus beau, plus robuste. L’ancienne religion sera détruite et une nouvelle religion viendra, une religion du travail à laquelle le futur appartiendra. Le nouveau se distingue de l’ancien parce qu’il se libère progressivement du mensonge et d’une vision déformée. Aujourd’hui, tous les prédicateurs prient Dieu de bénir les armes de leur peuple ; ils ont le droit de prier pour leurs armes, mais en tant que nationalistes et patriotes et pas en tant que chrétiens. Le Christ n’a pas soutenu la guerre, par conséquent personne n’a le droit de prier en son nom pour la bénédiction des armes et la réussite dans la guerre. Beaucoup se cachent derrière le Christ, justifient leurs actes en son nom et disent que dans certains versets la guerre est présentée comme un mal nécessaire. Ce n’est pas vrai, le Christ n’a jamais parlé en faveur de la guerre. Au contraire, le Christ a dit : « Tu aimeras ton ennemi, tu ne répondras pas au mal »[4][4].

« Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le ». Cela signifie : renonce à ton mental trompeur qui a mis tes pensées, tes sentiments et tes actes sur le mauvais chemin. Ce mental a usé ton cœur et les forces de ton organisme, y renoncer est dans l’ordre des choses.

« Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la. » Tu dis de quelqu’un : « Il est mon bras droit, je ne peux pas me passer de lui ». Si cet homme considère tes intérêts et ton bien-être comme les siens, tu ne dois pas t’en passer, mais s’il commet des crimes et s’il te lèse, tu dois y renoncer. Si ta main droite commet des crimes, tu dois absolument y renoncer. La société non plus ne tolère pas ces gens : si elle remarque qu’une personne a un mental fourbe et une volonté pervertie, elle le jette dehors. Rejeter une personne signifie ne pas se laisser influencer par elle. Si vous devez vous laisser influencer par quelque chose, que ce soit par l’amour ; seul l’amour a le droit d’influencer les gens. Celui qui vit selon les règles de l’amour est quelqu’un de bon ; celui qui se laisse aller à détester est quelqu’un de mauvais. Qui est bon ? Celui qui retient le bien et oublie le mal ; si vous prononcez cent mauvaises paroles et une seule de bonne, il retiendra la bonne et oubliera les mauvaises. Qui est mauvais ? Celui qui retient le mal et oublie le bien ; si vous prononcez cent bonnes paroles et une mauvaise, il retiendra la mauvaise et oubliera les bonnes. Et après tout ça, il espère être accueilli avec les honneurs lorsqu’il partira de l’autre côté. Non, le monde supérieur n’accepte pas les personnes avec un mental et un cœur pervertis, avec un œil droit et une main droite qui se laissent tenter.

C’est le temps qui révèle le mieux l’être humain et le positionne dans la catégorie des bons ou des méchants. À l’avenir, les scientifiques disposeront de laboratoires où la simple analyse de la sueur permettra de savoir si quelqu’un est bon ou mauvais ; il s’agit d’analyses que les scientifiques actuels ne soupçonnent même pas encore. Il existe aussi une science, le bovarysme, qui sait déterminer qui est bon et qui est mauvais. Cette science analyse le rayon qui sort de l’œil humain. Ce rayon ne trompe jamais : chez ceux dont les pensées et les sentiments sont élevés, le rayon sortant de leurs yeux est au-dessus du plan des yeux et se dirige vers le haut ; chez les mauvaises personnes ce rayon est sous le plan et se dirige vers le bas, vers le sol. Regardez ce rayon et ne vous laissez pas berner par les opinions de votre interlocuteur ; quelles que soient ses convictions, si le rayon de l’œil est au-dessus du plan, il est bon ; si le rayon est sous le plan et dirigé en bas, il est mauvais ; même s’il passait pour un saint devant les autres, il est mauvais et indigne de confiance. En étudiant le bovarysme, vous pouvez conclure qu’il y a trois catégories d’individus : la première catégorie vit pour Dieu et pour tout ce qu’Il a créé ; ils sont bons à cent pour cent ; la deuxième catégorie vit pour son prochain et pour ce qui la touche ; ils sont bons à cinquante pour cent ; ceux de la troisième catégorie ne vivent que pour eux-mêmes ; ils sont bons à vingt-cinq pour cent. Si les parents ne traitent pas bien leurs enfants et ne pensent qu’à eux, ils ne sont pas à leur place ; si les enfants ne respectent pas leurs parents, eux non plus ne sont pas à leur place. Si l’homme et la femme n’ont pas de bonnes relations entre eux, ils ne sont pas fameux, on dit d’eux que l’œil droit et la main droite les tentent, leur mental est pervers et ressemble à un serpent qui peut les surprendre à chaque instant.

En Europe, un dresseur de serpents faisait diverses expérimentations qui l’ont rendu célèbre. Il lui suffisait de dire quelques mots aux serpents pour les obliger à s’enrouler autour de lui et suivant un autre ordre, de le laisser et de reprendre leurs places. Il y avait parmi eux un grand serpent très dangereux qui obéissait aussi à ses ordres. Un jour, alors qu’il était enroulé autour de lui, il n’a pas obéi à l’ordre de se retirer, mais a continué à le serrer. Lorsque les os du dresseur de serpents se sont brisés, le serpent s’est retiré et a repris sa place. C’est pour cela que le Christ dit : « Sors la tête et la queue du serpent en dehors de toi, c’est-à-dire en dehors de ta vie et jette-les ». La tête du serpent est l’œil droit et sa queue est la main droite : examinez votre vie et vous vous convaincrez de cette métaphore.

Beaucoup citent le verset dont je vous parle aujourd’hui, mais le comprennent autant qu’ils comprennent le phénomène de la lumière. Chacun parle de la lumière en tant que reflet de quelque chose. Vous voyez une vitre et nommez l’objet sans vous demander combien de réfractions a subi la lumière pour que vous obteniez l’image de la vitre dans votre œil. Le photographe aussi, à l’instar de la lumière va d’un objet à un autre, fait des photos et les vend ensuite aux gens en tant qu’images réelles pour être étudiées ; ce ne sont pas des images réelles, mais des ombres. Chaque objet doit être dans sa position naturelle comme les feuilles, les branches, les fleurs et les fruits des arbres, c’est la seule façon d’en avoir une idée claire.

Une chose est exigée de nos contemporains : prendre les choses avec sérieux. Quelqu’un se réjouit devant les fleurs, devant leurs couleurs et leurs arômes en disant : « Tout cela est créé pour moi ». C’est inexact, les couleurs et l’arôme des fleurs sont créés pour attirer les insectes afin de faciliter la pollinisation et la fertilisation. Si tu peux toi aussi tirer profiter de leurs couleurs et de leur arôme, tu es libre, mais tu n’as pas le droit de penser qu’ils sont créés uniquement pour toi. Quelqu’un prêche en disant que le monde a été créé pour les humains, c’est inexact ; il faut savoir de quel monde on parle. Si vous parlez du monde créé par les humains avec leurs propres conceptions, en effet, ce monde est le leur. Si vous parlez du monde incommensurable et grandiose dans lequel agissent des millions de créatures, il n’est pas créé uniquement pour les humains. Pensez-vous que toutes ces planètes : Jupiter, Saturne, Vénus, Neptune, Uranus s’intéressent aux humains ? Pensez-vous que les êtres qui vivent sur ces planètes s’intéressent aux affaires bulgares et à ce qui se passe en ce moment en Europe ? Le monde supérieur prête attention aux affaires européennes dans la mesure où il y voit l’accomplissement de la volonté divine. De même, un individu s’intéresse à un chanteur ou à un musicien connu, dans la mesure où ses chansons ou sa musique nourrissent les aspirations de son âme. Si un sourd ou un homme inculte se retrouvent au milieu d’un concert, ils n’y resteront pas : ils regarderont à gauche, à droite et quitteront ce lieu. Quel intérêt représente un asile d’aliénés pour un individu bien portant ? En y entrant, il éprouvera la peur et la terreur, et il sortira aussitôt dehors. Dans l’asile se trouvent des gens qui sont habités par leurs propres idées : un tel ramasse des brins de paille, les range en petits tas, et les déplace d’un endroit à un autre jusqu’à épuisement, puis il s’endort, et le lendemain il recommence la même chose. Beaucoup de nos contemporains font un travail semblable : ils transportent les brins de paille d’un endroit à un autre puis, à la fin de leur vie, ils se disent : « Dieu merci, nous avons rempli notre mission sur terre dignement, nous pouvons tranquillement quitter ce monde et aller auprès de Dieu ». Celui qui est prédestiné à aller directement auprès de Dieu n’est pas envoyé sur terre pour étudier. On descend un grand nombre de fois sur terre tant que l’on n’est pas prêt à devenir citoyen du Ciel. Le Ciel est un lieu d’amour, de sagesse et de vérité et non pas un lieu pour ramasser des brins de paille ou de l’argent. Les habitants du Ciel sont une grande famille dont les membres aspirent à appliquer la loi de l’amour et du sacrifice. Renoncer à soi-même, c’est renoncer à sa charge superflue, et c’est ainsi que le Christ dit : « Si tu as deux tuniques, donnes-en une à ton prochain qui n’en a point ». C’est terrible lorsque le monde entier est affamé et que tu ne penses qu’à ton bien être. Celui qui ne pense qu’à lui ressemble à Nastradine Hodja qui affirme : « Lorsque ma femme mourra, la moitié du monde sera perdue pour moi ; lorsque je mourrai moi-même, le monde entier sera perdu ».

Il est temps pour les gens de résoudre leurs contradictions et de cesser de se berner les uns les autres. Les ignorants et les érudits doivent s’harmoniser, se sentir frères entre eux. Le peuple représente les hommes, alors que les évêques, les prêtres et les instituteurs représentent les femmes. Qui corrompt le peuple ? Ses serviteurs. La femme a corrompu l’homme et l’homme a corrompu la femme. Vous direz que la femme est une chose terrifiante ; l’homme est en tout point semblable à la femme. Que tous les hommes et toutes les femmes, les prêtres, les instituteurs, les administrateurs, les administrés s’unissent pour redresser le peuple. La nouvelle époque exclut le mensonge : aucun mensonge n’est permis. Celui qui ment, qui transgresse le commandement divin, se met tout seul à l’écart et s’isole de la société des gens bons et honnêtes. Le monde a besoin de personnes saines, aux esprits lumineux et aux cœurs nobles. Si vous rencontrez des personnes avec des yeux arrachés ou avec des mains coupées, fussent-elles professeurs, religieux, parents, hommes ou femmes, vous ne pouvez pas compter sur eux. Restez loin de celui dont l’œil droit est arraché et dont la main droite est coupée. Dans l’avenir, des êtres viendront avec un œil et une main gauches sains, leur œil droit et leur main droite seront remplacés par de nouveaux, mais ils travailleront sous l’impulsion de l’œil gauche et de la main gauche. On a demandé une fois au cœur pourquoi il a migré du côté gauche dans la poitrine ; il a répondu : « J’ai choisi le côté gauche pour montrer que je n’ai rien à voir avec la main droite et l’œil droit des humains ».

Lorsqu’on parle aux humains de leurs défauts, ils disent qu’ils ne veulent pas écouter les paroles d’un tel ou de tel autre. Si vous n’écoutez pas les paroles de vos amis, vous écouterez les paroles de la nature. Son langage est strict et inflexible : lorsqu’elle juge quelqu’un, elle le terrasse et le prive progressivement de la graisse, des muscles, et lorsqu’elle l’envoie de l’autre côté elle lui demande : « Où est passée ta philosophie ? » Comme il ne sait pas quoi répondre, ses proches finissent par dire : « Paix à son âme ». Ce n’est pas une solution. Dieu pardonne aux humains lorsqu’ils entreprennent eux-mêmes de corriger leurs erreurs. Quelqu’un s’est emparé d’une maison, d’un champ qui appartiennent à son prochain, et il veut ensuite être absous. Rends la maison et le champ et tu seras absous, mais si tu ne corriges pas tes erreurs personne ne te pardonnera. Les gens s’excusent depuis de milliers d’années sans jamais corriger leurs erreurs. Vous direz que Dieu est plein de grâce et de miséricorde ; c’est vrai, et chacun a expérimenté la clémence et la grâce divines, néanmoins Il exige des humains qu’ils corrigent leurs erreurs, c’est-à-dire qu’ils payent leurs dettes. Aujourd’hui encore tout le monde se demande pourquoi la mort existe ? C’est très simple, la mort est un usurier qui oblige les débiteurs à rembourser leurs dettes. Elle est juste et ne fait aucune exception. Lorsque vient la mort, tout le monde a peur ; la mort vient liquider les péchés et les crimes des humains, c’est-à-dire leurs dettes. C’est pourquoi il vaut mieux avoir peur du péché et ne pas fauter, plutôt que d’avoir peur après avoir fauté. Je considère comme honnêtes ceux qui ont peur avant de commettre un crime. Le véritable héros est celui qui ne fuit pas ses dettes, mais qui les reconnaît et qui les paye ; il s’adresse à son prochain et dit : « Mon frère, j’ai commis un crime envers toi, j’ai conscience de mon erreur et je suis prêt à accepter la punition qui m’incombe ». Que dira la société à propos de cette personne ? Qu’elle dise et qu’elle pense ce que bon lui semble, l’important est ce que Dieu pense et dit. C’est pourquoi il est dit dans les Écritures : « Le début de la sagesse est la crainte de l’Éternel ».

Beaucoup se demandent pourquoi le Christ s’est exprimé surtout en paraboles et en symboles. L’objectif du Christ a été de dire la vérité aux humains, de leur montrer le droit chemin sans les blesser. Et malgré cela ils n’ont pas pu Le supporter et ils L’ont crucifié. Il disait aux prêtres : « Vous gardez les clés du ciel, mais sans y entrer vous-mêmes et sans laisser les autres y entrer ». Les chrétiens modernes s’apprêtent ainsi à aller au ciel sans être de véritables chrétiens. Pour prétendre à ce nom, il faut pénétrer le grand enseignement du Christ, comprendre profondément ce qui se passe dans le monde et être prêt à corriger chacune de ses erreurs ; c’est là que se manifeste la noblesse de l’âme humaine. Nombreuses sont les illusions des humains, et elles découlent d’une autre grande illusion : que l’homme est le summum de toutes les créatures, qu’il est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Les véritables humains, faits à l’image et à la ressemblance de Dieu sont au ciel, alors que Adam et Ève qui sont faits de boue sont encore sur terre. Certains maintiennent l’idée que l’âme est faite de sang qui se répand dans la terre après la mort ; c’est vrai que la chair pourrit, que le sang se répand, mais le souffle vivant ne pourrit pas, ne se répand pas et ne se perd pas dans la terre, mais subsiste pour l’éternité ; dans l’être humain, il représente le principe divin qui est immortel. L’homme est soumis à la loi de l’évolution, donc le principe animal en lui meurt alors que le principe divin vit éternellement. C’est le divin qui est important, non l’animal. Si ton ami vient te rendre visite à cheval, qu’est-ce qui est le plus important, sa présence ou celle du cheval avec lequel il est venu ? L’important est ton ami et non pas son cheval. Quelle importance aurait le cheval, blanc ou roux, qui a conduit ton ami ? Il est important dans la mesure où il permet d’entendre de loin l’arrivée de ton ami, et si le cheval est blanc, tu verras ainsi de loin ton ami s’approcher de toi.

Lorsqu’il est question du principe de mortalité et d’immortalité en l’être humain, la question de la résurrection des humains se pose aussi. Certains prétendent qu’ils ressusciteront avec le même corps que le corps terrestre. Donc, un lutteur qui pèse cent à cent vingt kilos, réapparaîtra après sa résurrection aussi massif, imposant et lourd ! C’est une compréhension enfantine et non pas une véritable résurrection de l’âme. La résurrection sous-entend une vie divine nouvelle. En ce sens, on peut ressusciter plusieurs fois par jour, il suffit de renoncer à une illusion pour que quelque chose en soi ressuscite. La résurrection sous-entend une libération, ce qui n’a rien à voir avec la tombe. Quel être humain est sorti de sa tombe vivant et ressuscité ? Cela n’a jamais été et ne sera jamais. En revanche, on est soumis à des changements incessants, c’est pour cela que Paul dit : « Nous ne mourrons pas, mais nous serons changés [5][5]». Cela a été et sera toujours ainsi : l’être humain d’aujourd’hui n’est pas ce qu’il a été par le passé et il ne restera pas ainsi à l’avenir. Il sera transformé dans sa pensée, dans son cœur et dans sa volonté ; il changera aussi sa compréhension des choses et sa façon de vivre. Nos contemporains parlent de dignité, de volonté, de pensée forte, etc. ; à mon sens seul celui qui a une forte volonté peut renoncer au mal qu’il a projeté de faire, et le remplacer par du bien. Vous direz que vos aïeux savaient aussi tout cela ; ils le savaient, mais sans comprendre comment le mal peut être transformé en bien.

Un ange a fauté devant le Seigneur et a été envoyé sur terre parmi les chevaux pour étudier leur langage. Lorsqu’ils étaient joyeux les chevaux prononçaient les sons i-hou-hou. L’ange a appris la langue des chevaux et a pu converser avec eux, mais dès qu’il s’agissait de se montrer enjoué et de dire i-hou-hou, il n’y arrivait pas et les autres se moquaient de lui. Il n’était pas facile pour lui de prononcer ces sons. Pourquoi ? Parce qu’il ne comprenait pas leur sens. En effet, on a du mal à prononcer les mots dont on ne comprend pas le sens.

Que signifient les sons i-hou-hou ? Lorsqu’ils font des mariages dans les villages, les Bulgares font la fête, jouent et crient i-hou-hou : ils expriment ainsi leur contentement d’avoir obtenu quelque chose de précieux. D’abord, les parents du jeune homme choisissent une jeune fille et envoient un messager pour la demander en mariage. C’est fait par une vieille femme très futée qui entreprend l’affaire de façon très diplomatique : elle s’enquiert d’abord de la situation matérielle de la jeune fille et veut savoir si les parents ont des champs, des vignes, des troupeaux ; lorsqu’elle s’est assurée que la jeune fille est fortunée, elle se met à vanter le jeune homme, à dire qu’il est très travailleur, bon et prospère. Les parents de la fille écoutent, mais sans encore donner de réponse. La grand-mère revient deux ou trois fois et parle toujours du jeune homme jusqu’à ce que les parents donnent leur accord ; ils font venir la jeune fille pour qu’elle donne aussi son propre accord. Commencent alors les préparatifs du mariage. Le jour de la noce est choisi et les festivités commencent : la jeune mariée et le jeune marié marchent devant, les parrains[6][6] viennent après eux, portant une corbeille pleine de noix, de fruits secs et d’argent. Viennent à leur suite tous les proches, amis et connaissances, tous sont souriants, joyeux, la musique les accompagne. La marraine jette de temps en temps des noix, des fruits secs ou de l’argent aux enfants qui attendent avec impatience cet instant. Lorsque tout le rituel est accompli, la musique reprend, les danses commencent et l’un des danseurs s’écrie : I-hou-hou. Que représentent la corbeille, les fruits et l’argent ? La corbeille c’est l’intelligence humaine, porteuse de richesses : noix, noisettes, fruits, argent. Donnez généreusement de ces richesses à tous ceux qui en ont besoin. Les enfants qui amassent ces bienfaits représentent les pensées et les désirs humains : l’intelligence doit leur donner un élan pour croître et se développer.

Si on demande à la marraine pourquoi elle porte une corbeille de fruits qu’elle distribue, elle dira que c’est la coutume, mais sans pouvoir l’expliquer. Nos contemporains ont beaucoup de coutumes, ils accomplissent beaucoup de rituels, mais sans comprendre leur sens intime. Les coutumes et rituels étaient d’abord accomplis en l’être humain lui-même, mais il les a ensuite perdus et il n’en demeure désormais que les formes extérieures. Au début, le temple était à l’intérieur des humains, mais lorsqu’ils l’ont perdu, ils se sont mis à construire des temples extérieurs et à les vénérer. Avec la perte de la pureté, l’être humain a perdu tout ce qui a été inscrit dans son cœur et dans son âme. Quel temple plus grandiose chercher autre que celui qui demeure en lui et celui qu’il contemple dans toute la nature ? Il suffit de sortir dans la nature, regarder le ciel, s’exposer au soleil, respirer l’air pur et remercier Celui qui a créé tout l’univers ; sortir le soir lorsque le ciel est constellé d’une infinité d’étoiles pour sentir la grandeur du Créateur. Tout ce qui nous entoure est apte à élever notre pensée et nos sentiments, à nous lier à Dieu ; voici où est l’église, c’est-à-dire le temple de l’âme humaine. C’est l’église divine qui nourrit les âmes. Elle est à l’intérieur de l’être humain et en dehors de lui, dans les fleurs, les arbres, les rivières et les mers, les oiseaux et les animaux. Là où la vie se manifeste harmonieusement, là est le temple divin, là sont les cierges et les encensoirs. Lorsque les individus s’uniront pour vivre entre eux dans l’amour et dans la fraternité, ils entreront dans le temple divin. Tous les individus ne sont pas au même niveau, mais ils peuvent tous être frères et tirer profit des bienfaits de la vie de la même façon. À ceux qui sont tentés par les bienfaits et les grâces d’autrui, le Christ ordonne d’arracher l’œil droit et de couper la main droite.

Il est venu le temps pour les peuples chrétiens de fraterniser entre eux et de se préparer pour la future religion qui arrive. Elle viendra après 1945, elle s’imposera à l’humanité et la transformera. Jusque-là, c’est la religion du travail. Après elle viendra le Nouvel Enseignement, l’enseignement de la vie. Tant qu’ils vivent dans la religion du travail, les humains se disputeront toujours, se combattront, mais dès qu’ils entreront dans l’enseignement de la vie, tout cela disparaîtra. Pourquoi ? Parce que l’amour engendre la vie. Par conséquent, chacun devra faire son bilan sur la religion dans laquelle il se trouve : celle du travail ou celle de l’amour. Dans la religion du travail il y a deux catégories d’individus : les uns vivent d’une façon divine mais se comportent comme des humains ; les autres vivent d’une façon humaine mais se comportent de manière divine. Ce sont des contradictions inexorables, mais vivez, travaillez et espérez la nouvelle religion, c’est-à-dire le Nouvel Enseignement de la vie, du travail et de l’amour. Il est dit que le côté animal en l’homme subit, le côté humain est dans le labeur et le côté Divin travaille. Laissez la voie à Dieu en vous pour qu’Il puisse se manifester et travailler à travers vous.

Que représente la terre ? Une grande école. Comme beaucoup de nos contemporains sont avides, ils aspirent à acquérir des bienfaits matériels. La providence les éduque de la façon la plus rationnelle. Comme elle éduque l’avidité du serpent, elle éduque aussi les gens avides ; elle donne la possibilité au serpent le plus insatiable d’ingurgiter autant qu’il peut et de rester tranquille cinq à six jours. Ainsi, elle donne autant de bienfaits matériels aux gens avides pour qu’ils puissent ne plus y penser des années durant. La providence a déversé des grâces en abondance sur certains pour les rassasier ; une fois rassasié, on cesse de songer à quelque chose dont on avait longtemps rêvé. C’est ainsi que s’éduque l’être déraisonnable. Il convient de renoncer aux choses passagères de la vie avant d’en être blasé. Faut-il que l’ivrogne renonce à la boisson une fois qu’il est rassasié de vin ? Il vaut mieux y renoncer avant cela, car en attendant qu’il soit assouvi, l’organisme peut être déjà atteint. Faut-il que le soldat sur le champ de bataille renonce aux tueries lorsque celles-ci le dégoûtent ? Il vaut mieux qu’il y renonce bien avant. Quelqu’un veut vivre, éprouver tous les plaisirs de la vie, mais s’expose immédiatement aux critiques des autres. La morale d’aujourd’hui est curieuse : lorsque les gens s’entretuent sur les champs de bataille, on considère cela comme normal ; si quelqu’un s’adonne aux plaisirs, on le réprouve. Si l’un est admis, l’autre aussi doit l’être ; si l’un est réprouvé et critiqué, l’autre aussi doit l’être. Donnez aux humains quelque chose de meilleur que ce à quoi ils aspirent et ne les jugez pas.

En écoutant parler ainsi, vous dites : « C’est facile de parler de nos erreurs, c’est difficile de les corriger ; c’est facile de sermonner, c’est difficile d’accomplir de grandes choses ». C’est vrai, mais on doit venir à bout de ses faiblesses et de ses défauts. Il n’est pas question de limiter l’être humain, mais il faut savoir de quelle nourriture et de quelle boisson il a besoin. Que celui qui a soif s’abreuve, mais de quoi ? D’eau pure et fraîche. Que celui qui veut penser pense, mais que sa pensée soit élevée et lumineuse. Donc mangez, buvez, pensez mais ne détruisez pas votre avenir, ne vous opposez pas aux aspirations de votre âme. Vous direz qu’un tel est tombé amoureux d’une danseuse ; si elle peut le sauver, il n’y a aucun mal à cela : certaines danseuses ont sauvé de la déchéance des dizaines d’hommes. C’est l’idéal qui est important ici ; en ce sens il vaut mieux avoir des danseuses qui sauvent les gens plutôt que de laisser les gens vivre dans le crime. Vous direz que ce n’est pas moral. Est-ce que la guerre est morale ? Si vous tolérez la guerre, vous tolérerez les danseuses, c’est le monde des contradictions ; cependant, lorsque la guerre disparaîtra, les danseuses disparaîtront aussi. Là où est le mal, se trouvent aussi ses conséquences. Extirpez le mal en tant que cause première pour venir à bout de ses conséquences.

La vie de nos contemporains est pleine de contradictions. Des centaines et des milliers de personnes meurent dans les fabriques et les mines ; ces victimes seraient justifiées uniquement si elles faisaient se redresser l’humanité, sinon, elles n’ont pas de sens. Quel est l’objectif final de la culture moderne ? Redresser les peuples et l’humanité entière. Si un pays a des centaines de navires, cela a du sens uniquement s’ils contribuent au bien-être des citoyens ; dans le cas contraire, il vaut mieux s’en débarrasser. Tous les peuples combattent pour avoir plus de territoires ; en fin de compte, non seulement ils ne gagnent rien, mais en plus la vie renchérit au point de ne plus pouvoir respirer sous ce poids. La Bulgarie aussi a combattu pour la Macédoine sans la conquérir. Le gain de la guerre est le renchérissement du coût de la vie ; aujourd’hui tout le monde se demande comment payer ses dettes. C’est dans l’ordre des évènements historiques, dans l’ordre de la culture humaine, mais ce n’est pas dans l’ordre de l’enseignement divin, ni dans l’ordre de la culture avant Adam. La culture de Moïse diffère radicalement de celle du Christ. Avant Adam vivaient des êtres lumineux, purs et élevés ; peu le savent. Pour le prouver aux gens d’aujourd’hui, il faudrait du temps et des outils spécifiques dont nous ne disposons pas aujourd’hui. Vous direz que ce sont des excuses ; même si je disposais de temps et d’appareils, je ne pourrai pas prouver la véracité de mes propos. La vérité n’a pas besoin de preuves ; ce que je dis ne tolère pas de critique ni de doute : pourquoi douter de l’or pur ?

Les gens d’aujourd’hui doutent car ils ont eu foi dans les promesses humaines et non dans les promesses divines. Beaucoup d’hommes et de femmes se font des promesses solennelles sans les tenir ; ils perdent ainsi leur foi et sont déçus. Si tu promets quelque chose, tu parleras en accord avec la grammaire et la logique divines où tous les signes et chaque mot sont à leur place. Que signifie la virgule dans les promesses que quelqu’un donne à un autre ? La virgule montre que son discours n’est pas terminé et qu’il doit préparer sa plume pour le finaliser. Tant que le discours n’est pas fini, vous pouvez mettre une virgule, un point-virgule, deux points etc. ; après les deux points on énumère les caractéristiques de l’objet ou du sujet dont il est question ; et à la fin, le discours terminé, on met le point final.

Maintenant, vous tous qui m’écoutez, vous êtes sortis du paradis et vous avez commencé par une virgule, puis un point-virgule, puis deux points pour terminer avec un point. Que symbolise ce point ? Il symbolise la mort, la fin de l’ancienne vie et le début de la nouvelle vie. Après le point vient une nouvelle pensée, une nouvelle situation. Quelqu’un dit de lui : « Moi, jadis riche négociant, j’ai fait faillite aujourd’hui ; j’ai vécu déraisonnablement ; je veux désormais redresser ma vie, mais pour cela je dois obtenir un crédit ; je veux vivre raisonnablement pour corriger mes erreurs ». Celui qui fait crédit, se sert d’un point d’interrogation et d’un point d’exclamation ; il demande : « Es-tu prêt à rembourser tes dettes ? » Si tu réponds par l’affirmative, il met un point d’exclamation pour signifier qu’une fois les dettes remboursées, tu dois rester à ses côtés pour le servir. Tu serviras ton créancier, mais il agira envers toi avec amour. C’est agréable de servir l’amour. Des jeunes gens qui s’aiment s’envoient des baisers à distance.

Lorsqu’on parle du baiser, les gens en ont honte, le considérant comme impur et perverti. Certains se demandent comment le baiser est apparu ? Il a existé avant la création des humains. Les plantes, les oiseaux se sont embrassés entre eux, et c’est d’abord la lumière qui le leur a appris. Aspirez au baiser de la lumière, c’est ainsi que tous doivent s’embrasser. Une jeune fille dont le baiser est pur comme la lumière dit à son bien-aimé : « Je veux que ton baiser soit aussi pur et lumineux, que tu ais un esprit lumineux, un cœur noble et un corps sain ». Pour le moment seuls les baisers à distance sont admis, tout autre baiser est source de contamination. Beaucoup de nos contemporains sont malades, donc le baiser est aussi une source de douleur pour eux.

Une seule chose est attendue de nos contemporains : étudier et appliquer l’enseignement du Christ. Vous direz qu’il y a des individus qui appliquent cet enseignement et qu’il n’est pas utile que tous l’appliquent. C’est inexact. Tous les individus, tous les peuples constituent une partie du grand arbre divin, par conséquent chacun doit remplir sa mission en tant que feuille, branche, fleur ou fruit de l’arbre. C’est le seul moyen de conserver son individualité et d’aller du singulier au pluriel, du personnel vers l’universel. La vie de l’individu et du tout évolue comme l’embryon dans le sein de la mère : il passe par cinq cent mille formes avant d’adopter l’image de l’homme. Sur le plan spirituel, différentes personnes adoptent des formes différentes : l’un ressemble à un point, un autre à une virgule, un troisième à un point-virgule, un quatrième à un point d’interrogation, d’exclamation, à une feuille, à une branche, à une fleur, etc… Du point de vue de la physiognomonie comparée, l’être humain revêt une forme humaine seulement en apparence, intérieurement il a la forme d’une plante ou d’un animal. C’est pourquoi certains comparent le nez de l’homme aux serres de l’aigle : tout comme l’aigle saisit sa proie dans ses serres, de même l’être humain peut nuire à son prochain avec son nez. Le nez symbolise l’intelligence, ce qui montre que l’homme actuel n’a pas encore évolué intérieurement.

Lorsqu’on parle aux gens d’une bonne vie d’abnégation et d’amour, celle-ci ne se réalisera pas d’un coup, mais il faut savoir que la bonne vie vertueuse sera la conséquence de l’application de l’enseignement du Christ. Lorsque les mères et les pères transformeront leurs pensées et leurs sentiments, une génération saine à la pensée droite naîtra. Chacun porte en lui du matériel pour un futur développement, ainsi dit-on qu’il dépend de l’être humain lui-même de vivre bien ou mal. Celui qui vit selon le principe divin sera en paix, il aimera ses proches comme lui-même, et même ses ennemis. L’enseignement du Christ est basé sur des principes et non sur des formes ; les principes dilatent alors que les formes contractent. En dehors des principes du Christ, la vie de l’être humain est vide de sens. Le proverbe bulgare « Mara la sotte tape sur le tambour » exprime clairement la vie de l’homme ordinaire. Le tambour doit être battu au bon moment et au bon endroit, c’est ainsi que doit résonner le tambour de la mère et des enfants, des prêtres et des enseignants, des administrateurs et des administrés. Cela présuppose quelqu’un de sincère : ses paroles, son discours sont nets, authentiques. Celui qui écoute une telle personne ne se heurte à aucune contradiction, il voit une harmonie pure, sans rien de faux, sans aucune brutalité.

Ainsi, arrachons l’œil droit et coupons la main droite, sources de tentations dans la vie. Ensuite aimons nos ennemis : celui qui aime son ennemi est un représentant de la nouvelle culture. Et si ceux qui siègent aujourd’hui à la conférence de Paris aiment leurs ennemis, la véritable paix entre les peuples viendra ; sinon, même si une paix s’instaure, elle ne sera pas durable. La véritable paix porte en elle la culture du travail, de la vie et de l’amour. Si la paix que les peuples d’aujourd’hui espèrent repose sur le commandement de Moïse : « Œil pour œil, dent pour dent », l’avenir dira ce que sera cette paix et quelle culture elle apportera !

Je souhaite pour vous que vienne la culture nouvelle et que vous soyez porteurs de l’amour.

Sofia, 9 février 1919

Traduit par Bojidar Borissov

 

 


[3][3] « Jésus lui dit : Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… Mais l'heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père." (Jean 4, 21 ; 23)

[5][5] « Je vais vous faire connaître un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés. » (1 Corinthiens 15, 51)

[6][6] En Bulgarie, les témoins de mariage sont appelés « des parrains », c’est un couple marié qui agit au nom des deux familles qui marient leurs enfants

 

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