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1919_02_02 Comme toi-même


Ani
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Comme toi-même

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,

de toute ton âme et de toute ta pensée (…)

Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Matthieu 22 :37-39

Le fait que les humains n’aiment pas les vieilles choses est connu de tous. Lorsque le père et la mère vieillissent, le fils et la fille sont mécontents d’eux et veulent retrouver leur liberté au plus vite : ils les voient comme un obstacle dans leur vie. En réalité ces personnes âgées sont bien à leur place. Un proverbe bulgare dit : « La vieille chèvre fait de bons petits ». En général, les personnes âgées portent en elles toutes les bonnes conditions pour engendrer et élever un enfant. Dans la langue primordiale le mot vieux avait une toute autre signification que celle d’aujourd’hui.

Pour se développer comme il faut, le jeune doit servir les deux grandes lois : amour envers Dieu et amour envers son prochain. Sans amour rien ne peut naître. L’amour incite l’âme humaine à l’action et à la créativité. Parler d’amour, ce n’est pas parler de l’amour humain qui conduit aux désillusions ; nous parlons de l’amour dont l’apôtre Paul dit : « En effet, nous connaissons partiellement et nous prophétisons partiellement, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra.[1][1] » La perfection c’est l’amour. La vérité divine absolue se manifeste par le savoir parfait, par l’amour.

Le Christ dit que l’amour se manifeste par deux grandes lois : « Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même ». Lorsqu’on parle d’amour envers Dieu, certains pensent que Dieu est en dehors d’eux, invisible ; ils disent ainsi que personne ne L’a vu. Celui qui veut trouver Dieu doit Le chercher dans son frère, c’est-à-dire dans son prochain. Comment aimer Dieu si on n’a pas aimé son prochain que l’on voit ? Celui qui aime voit Dieu, c’est pourquoi il est dit : « Dieu est amour ». Ce verset exprime le sens extérieur et intérieur de la notion de Dieu. L’amour ne se voit pas mais se ressent, c’est ainsi que Dieu est accessible à tous les esprits, à tous les cœurs, à toutes les âmes. Il suffit que l’être humain s’ouvre à l’amour pour Le connaître. Il n’existe pas de vie sans amour. Il n’existe pas de cœur, d’esprit et d’âme qui n’ont pas goûté à l’amour. Là où l’amour pénètre, il y a de la chaleur, c’est pour cette raison que toutes les créatures le portent en eux à un certain degré, comme une manifestation inférieure ou supérieure.

         Il est dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée ». Là où le cœur se manifeste, il y a aussi des sentiments et des désirs, c’est-à-dire du matériel avec lequel l’amour travaille. Celui qui donne libre cours à ses sentiments et désirs sans travailler avec eux arrive vite à satiété et déclare qu’il n’y a aucun sens à aimer. C’est toujours sensé d’aimer, mais correctement. La chaleur corporelle du corps humain se situe entre trente-six et trente-sept degrés ; si elle dépasse trente-sept degrés, on tombe malade ; plus forte est la fièvre et plus grandes sont les complications dans l’organisme. Si la fièvre atteint et dépasse quarante ou quarante et un degrés, le malade quitte ce monde. Donc, sur le plan physique l’amour peut atteindre une température maximale de quarante et un degrés. La même loi se rapporte à la vie sociale : tant qu’on oscille entre trente-six et trente-sept degrés en société, on est considéré comme normal ; si la fièvre monte, on se met à halluciner, à dire des choses incohérentes et on finit au service de psychiatrie ! Pourquoi ? Parce qu’on a des manifestations qui ne sont pas admises dans le monde physique.

         Il est en réalité ardu de poser une frontière entre une vie normale et une vie anormale. Lorsque vous engraissez le cochon, vous trouvez cela normal et vous dites qu’il faut l’engraisser afin d’obtenir plus de lard ; lâchez ce cochon dans la forêt dans des conditions normales pour lui, et voyez ce que deviendra sa graisse, elle va fondre et le cochon reviendra à un état normal. Les notions normal et anormal sont par conséquent relatives. Comment quelqu’un était dans le passé, comment il est maintenant et comment il doit être à l’avenir, ce sont là trois choses différentes, trois réalités. La vie véritable, la vie réelle est celle qui inclut le passé, le présent et l’avenir. Celui qui porte en lui les trois vies est nommé ‘être de l’amour’ ; il est guidé par trois grandes lois : la loi de la nécessité, la loi de la liberté et la loi de la nature. La loi de la nécessité résout vingt-cinq pour cent des difficultés humaines ; la loi de la liberté en résout vingt-cinq autres pour cent, et la loi de la nature, cinquante pour cent. Ensemble, les trois lois résolvent cent pour cent des difficultés de l’être humain. Si le malade applique les trois lois, il guérira très vite. Selon la première loi, il est son propre médecin, et il s’aidera à hauteur de vingt-cinq pour cent ; selon la deuxième loi il aura recours à un médecin qui l’aidera à vingt-cinq pour cent et à la fin il se laissera entre les mains de la nature qui le soignera à cinquante pour cent ; ainsi il guérira complètement. Si le malade ne compte que sur lui-même ou sur le médecin, il ne se soignera que partiellement, alors que si le malade et le médecin appellent la nature à l’aide, les soins seront alors cent pour cent efficaces.

La même loi s’applique à la vie familiale, sociétale et universelle. Lorsque deux jeunes se marient, le jeune homme doit participer à hauteur de vingt-cinq pour cent de ses forces et capacités pour assurer une bonne vie à son couple, la jeune fille aussi ; tous deux doivent ensuite se tourner vers Dieu pour solliciter Sa participation à leur vie ; Dieu ajoutera cinquante pour cent, et leur vie sera cent pour cent normale. Les familles modernes ne reposent pas sur un socle stable car l’un des deux jeunes donne vingt-cinq pour cent et attend soixante-quinze pour cent de l’autre. Chacun peut donner seulement vingt-cinq pour cent, et le reste sera complété à cent pour cent par le prochain et par le Seigneur. Si la vie de la famille et de la société ne reposent pas sur ce principe, il manquera toujours quelque chose et ce quelque chose sera source de déceptions. Appliquez les trois lois en même temps pour éprouver leur puissance. Si vous ne vous servez que d’une ou de deux, vous serez toujours mécontents. La cause de la mortalité dans les foyers, la cause des maladies, de l’infertilité est précisément dans l’application de la loi de la nécessité et dans le déni du principe divin.

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme ». Par le mot âme, le Christ comprend un chemin, une condition pour que l’amour agisse. Il y a une activité dans toute la nature : tous les lacs, les rivières, les mers se déplacent. Là où il y a de la croissance, tout est en mouvement ; c’est une condition de développement de l’âme. C’est pourquoi nous disons que le mouvement est nécessaire pour l’amour divin, angélique et humain ; si le mouvement cesse, la vie cesse et l’amour également. Comme dans l’amour il y a du mouvement, l’être humain doit aimer toutes les créatures vivantes qui se trouvent sur sa route ; c’est la seule façon pour lui de donner la possibilité à Dieu en lui de se manifester, c’est cela sentir le pouls de la vie, la grandeur et la beauté de la nature et la puissance du Créateur. C’est la seule façon de comprendre et appliquer le verset où le Christ dit comment aimer Dieu. Sans élan vers la beauté, l’amour ne peut pas se manifester.

« Tu aimeras le Seigneur de toute ta force » La force sous-entend l’intensité. C’est aimer le Seigneur au point de surmonter tous les obstacles et difficultés. L’amour qui cède devant les obstacles n’est pas authentique ; l’amour intéressé n’est pas authentique. L’amour exige de grands sacrifices ; tous les grands personnages ont d’abord fait un sacrifice au nom de l’amour. Beaucoup doutent qu’il puisse exister des individus prêts à une totale abnégation au nom de l’amour ; ils peuvent douter, mais le doute ne résout pas les questions. On peut nier une chose et en soutenir une autre, mais on doit donner des preuves. Comment nier la lumière, comment nier la vie ? La vie se démontre par la mort et la mort par la vie ; puisqu’il y a la vie, il y a aussi la mort ; puisqu’il y a la mort, il y a la vie. Il est dit dans les Écritures que nous vivons et nous agissons en Dieu ; par conséquent tant qu’on est relié à Dieu, on vivra toujours, que ce soit dans ce monde ou dans l’autre. Le départ de l’âme humaine dans l’autre monde est appelé mort mais, au sens strict du mot, la mort n’existe pas ; qu’un être humain meurt et s’efface est une vision erronée, héritée de nos aïeux. La mort est en réalité l’ombre de la vie. On cherche l’ombre des arbres pendant les chaudes journées d’été, est-on mort pour autant ? Non, on s’est simplement abrité à l’ombre. Il est dit dans les Livres sacrés que la mort est un repos ; donc celui qui a travaillé et qui travaille a le droit de s’asseoir à l’ombre d’un arbre pour se reposer ; si on dit de quelqu’un qu’il est mort, c’est qu’il s’est mis à l’ombre pour se reposer.

Pour beaucoup la mort est une convulsion, une distorsion, une agonie, un tourment, etc., ce sont des apparences. L’habit physique de l’homme se détache de l’habit spirituel, mais ce n’est pas une mort. Vous pouvez insinuer à quelqu’un qu’il est en train de mourir et il traversera toutes les étapes de l’agonie, mais sans mourir réellement ; lorsqu’il se libérera de l’emprise extérieure, il sera convaincu de lui-même qu’il est bien portant. Peut-on alors considérer qu’il a ressuscité ? Il est autant mort que ressuscité. Ceci montre que la mort est un produit de la pensée humaine. Lorsqu’il est venu sur terre et qu’il a compris que tout ce qui l’entoure est une création divine, l’être humain a voulu faire quelque chose et a fini par créer la mort, c’est-à-dire le repos. Les humains d’aujourd’hui craignent la mort sans la considérer comme leur œuvre ; comment peut-on avoir peur de sa propre création ? On dit qu’après la mort on fait face à des souffrances, au feu et aux tourments éternels ; qui a été dans l’autre monde et en est revenu pour décrire ce qu’il y a et ce qui nous y attend ? Que les philosophes et les scientifiques qui parlent de l’autre monde viennent s’expliquer entre eux pour voir dans quelle langue ils décrivent et expliquent la vérité.

Dans un passé lointain, quelque part en Inde, dans le palais du shah d’alors vivait un philosophe émérite qui étudiait les secrets de la nature. En plus de ses connaissances philosophiques il a appris à communiquer par le langage des signes. Le shah s’y intéressait, et pour voir comment les gens seraient capables de se comprendre uniquement par les signes il a demandé au philosophe de trouver un autre connaisseur de cet art avec lequel parler. Le philosophe ne connaissait personne de la sorte et le shah a alors chargé l’un de ses érudits brahmanes d’en trouver un en lui disant : « Je veux que tu trouves quelqu’un qui puisse communiquer par le langage des signes comme le philosophe, sinon je te chasserai du palais. » Pris de peur par l’ordre donné, le brahmane a cherché en vain une telle personne. Il a quitté le palais, attristé et pensif. Un jour son barbier l’a croisé et lui a demandé : « Pourquoi es-tu si pensif ? – Je ne peux pas te le dire, tu n’es pas capable de m’aider. – Dis-moi ce qui te tourmente, je trouverai un moyen de dissiper ta peine. – Le shah m’a chargé de trouver quelqu’un qui sait parler le langage des signes, mais je n’ai trouvé personne. Comme j’ai échoué dans cette mission, j’ai quitté le palais. – Ne t’inquiète pas, je connais cet art. Je parlerai avec le philosophe en présence du shah pour faire étalage de mon art.

Le shah a fixé le jour de l’entrevue et la discussion a débuté. Le philosophe a levé une main et un doigt et le barbier les deux mains et les deux doigts ; le philosophe a baissé un bras les doigts écartés vers le bas et le barbier a tendu sa main les doigts écartés vers le haut. Le shah a demandé au philosophe ce qu’il se disait avec le barbier et celui-ci a répondu : « En levant la main et le doigt j’ai dit qu’un seul être gouverne le monde, Dieu. Le barbier a levé deux mains et deux doigts pour me dire que deux êtres gouvernent le monde, Dieu et le shah. En baissant la main et en écartant les doigts vers le bas j’ai voulu dire qu’il va bientôt pleuvoir. Le barbier a opposé sa main contre la mienne pour me dire qu’une grande abondance viendra à la suite de cette pluie. » Ensuite le shah a demandé au barbier ce qu’il avait compris de sa discussion avec le philosophe. Le barbier a répondu : « Lorsque le philosophe a levé un doigt vers le haut, il voulait me signifier qu’il me crèvera un œil. J’ai levé mes deux doigts pour lui dire que je suis plus fort et que je lui arracherai les deux yeux. Lorsqu’il a tendu sa main dans l’air, il voulait me dire qu’il viendra me châtier avec cinq personnes. J’ai aussi tendu ma main pour lui prouver que je m’y opposerai avec cinq autres personnes plus fortes que les siennes. » Le shah a souri et s’est dit : « Et c’est cela qu’on appelle de la communication ! » C’est ainsi que se comprennent beaucoup de nos contemporains religieux ou du monde, c’est ainsi que se comprennent les gens dans les familles, les sociétés, et c’est la cause des malheurs et des souffrances.

Le Christ parle de la vie éternelle et il écarte ainsi la mort. La vie éternelle sous-entend une connaissance de Dieu et du Christ. La connaissance repose sur une véritable compréhension intérieure. Celui qui aime Dieu de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme et de toute sa force, et qui aime son prochain comme lui-même, a acquis la vie éternelle et ne craint pas la mort. Pour beaucoup, le concept de vie éternelle est vague, confus. Beaucoup de choses, beaucoup de concepts sont vagues, empruntés ; ce mot emprunté a un double sens, extérieur et intérieur. On dit que quelque chose est emprunté, donc on en est dépossédé ; souvent les jeunes se plaignent que leur amour leur a été enlevé. Un jeune homme se lamente et souffre que quelqu’un a enlevé sa bien-aimée ; tant qu’elle était à ses côtés, il était heureux ; une fois enlevée, il sombre dans le malheur. C’est une incompréhension ; personne ne peut enlever l’amour de quelqu’un sauf lui-même ; dès qu’il se met à douter de son amour, celui-ci le quitte aussitôt. Donc le doute, le soupçon est la cause de la perte des belles idées sublimes, de l’amour : on perd sa paix intérieure et on cherche la raison de son malheur en dehors de soi-même. La cause de tout cela est en soi-même ; on détermine sa vie, mais aussi celle de la famille et de la société ; l’état de l’individu détermine celui de toute la société. Les individus forment les sociétés, les sociétés forment les peuples, les peuples, toute l’humanité et l’humanité a quant à elle un lien avec le monde angélique. Par conséquent, tout dépend de l’individu : il bâtit l’humanité et ce n’est pas l’humanité qui bâtit l’individu. Par le mot individu j’entends le principe divin en l’homme, son âme.

Beaucoup trouvent contradictoire de parler d’individu et d’âme comme de synonymes. Il est contraire à la logique de dire que 10 est égal à 1, mais si vous achetez un kilo de pommes, si vous les comptez et vous voyez qu’elles sont au nombre de 10, dans ce cas 1 vaut bien 10 ou 10 vaut 1. En ce sens l’individu dans lequel demeure l’âme est une unité dans laquelle se trouvent toutes les conditions et les possibilités de créer toute l’humanité. Le grain de blé renferme les conditions de créer cent autres grains de blé : c’est une approche philosophique des choses. C’est ainsi que les gens doivent s’entendre et non pas comme le philosophe et le barbier. Elle n’est pas juste la pensée de celui qui se croit une nullité ni celle du pécheur qui en cherche la cause chez sa mère, chez son père… Le maître de maison a bâti sa demeure sans forcément connaître les lois de la construction, et au lieu d’une grande maison solide il en est sorti une petite chaumière, mais sache que la chaumière et toi-même vous êtes deux choses distinctes. Ta maison actuelle peut être petite, insalubre, mais tu peux quand même te manifester, tu peux laisser entrer la lumière dans ta petite maison et tu peux manifester ton amour. « Mon amour est insuffisant. » Même s’il est insuffisant, manifeste-le, ne ferme pas ton cœur à Dieu et à ton prochain, laisse cheminer l’amour pour te dilater. Ne crains pas les changements dans la vie : vie et mort sont deux états que l’être humain traverse inévitablement, ce sont des changements qui mènent à la réalité. Tu vivras et tu bâtiras, tu agrandiras ta maison pour manifester l’amour de Celui qui t’a créé ; tu mourras et tu emporteras avec toi ce qui ne pourrit pas et ne meurt pas. Tu croîtras et te développeras ainsi jusqu’à atteindre la perfection que le Christ décrit : « Moi et le Père nous sommes un [2][2]».

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même », cela implique d’aimer chaque âme en dehors de soi ; ton prochain était en toi et il est sorti hors de toi. Si dans cette situation tu l’aimes comme toi-même, tu as accompli la seconde grande loi de l’amour. Vous allez rétorquer que vous n’avez aucun souvenir du prochain en vous, ni en dehors de vous ; cela ne prouve rien ; le grain de blé ne sait pas non plus que tous les grains de blé sur la gerbe proviennent de lui. Par conséquent, tu dois aimer ton prochain comme ton enfant qui a vécu et qui vit en toi. Comme Dieu demeure en l’être humain, ton prochain aussi demeure en lui. Le prochain qui vit en tant qu’âme dans chaque être humain ne s’est pas encore manifesté par manque de conditions favorables. Donnez-lui des conditions et il va se manifester ; aussi petit qu’il soit, quelque chose de beau en sortira. Chacun aspire à la beauté et à la perfection, c’est une loi naturelle.

Nos contemporains ne peuvent pas encore se targuer de cette beauté et de cette liberté auxquelles ils aspirent. L’individu libre résiste à toutes les épreuves. On parle de liberté, d’amour, mais si on vous soumet à plusieurs jours de jeûne vous renoncerez aussitôt à l’idéal que vous poursuivez. On n’atteint pas l’immortalité avec un tel amour et une telle liberté. Seul celui qui a brisé les chaînes de la mort peut parler de liberté ; tant qu’il est son esclave, ni sa liberté n’est liberté ni son amour n’est amour.

Les gens d’aujourd’hui, religieux ou non, parlent d’amour, mais manifestent pour la plupart la haine et la jalousie. Comment expliquer la haine entre une mère et une fille, entre un père et un fils, entre amis ? Il ne suffit pas de donner une docte explication à la question : chaque médecin sait comment on soigne les diverses maladies, mais il ne peut pas guérir tout le monde. Par conséquent, la véritable explication de la haine est ce qui peut la transformer en amour. La haine est la lèpre du cœur humain ; si aujourd’hui vous savez guérir cette lèpre à vingt-cinq pour cent, vous avez fait un très grand pas, la paix et la joie vont donc régner dans vos foyers. Mais du travail est demandé à l’homme, un travail intérieur et conscient. C’est pourquoi nous disons : n’attendez pas que l’aide vienne de l’extérieur, attelez-vous tous au travail. Tous les humains, toutes les familles, toutes les sociétés et tous les peuples attendent de l’aide extérieure, attendent une aide d’en haut. La force et le bien-être se trouvent dans l’individu ; si les parties d’un tout sont en bon état, le tout est aussi en bon état. Les parties doivent compter sur ces bienfaits que la nature donne et non pas sur des choses fugaces et passagères. Quelle civilisation adviendrait s’il ne pleut pas et s’il ne fait pas beau ? Et quel rapport entre la pluie, le soleil et la civilisation humaine ? Il y a un point commun que les habitants du Soleil connaissent. Il suffit d’aller un moment sur le Soleil, parmi les habitants solaires, pour voir quel grand intérêt ils portent à la Terre. On rétorquera que la Terre est inerte. Non, la Terre est vivante, elle aime les humains, ses enfants, et prend constamment soin d’eux. La Terre envoie son amour aux humains à chaque instant, mais l’amour du Soleil est plus intense encore ; si le Soleil privait les humains ne serait-ce qu’un instant de son amour, ils sentiraient aussitôt le froid et le désamour, et comprendraient d’où viennent la vie, le développement et la culture.

Le Christ parle des deux grandes lois de l’amour comme d’une chose réelle. L’amour se manifeste dans les plus petites particules en tant qu’énergie, impulsion. Les scientifiques appellent cette énergie gravité, attraction ; quel que soit le nom qu’on lui donne, elle est toujours la même : amour des parties et amour du tout. Il n’y a pas un seul atome, un seul ion, une seule molécule qui ne contiennent pas l’énergie de l’amour. L’atome est petit, mais il recèle en lui tout l’univers en miniature ; celui qui connait les propriétés et la composition de l’atome, connaît tout l’univers ; c’est pourquoi on dit dans les mathématiques spirituelles qu’une particule est égale au tout. D’après la loi de l’évolution, le petit aspire au grand, alors que selon la loi divine le grand aspire au petit. Donc, deux lois agissent dans la nature : une loi de la dilatation et une loi de la contraction. La contraction permet à l’âme humaine de pénétrer les plus grands secrets de la nature. C’est l’humble et le docile qui se diminuent et non pas l’orgueilleux ; c’est pour cela que le Christ dit : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu [3][3]». Ce verset a un rapport au sacrifice ; seul celui qui est prêt à renoncer à lui-même et à se sacrifier peut entrer dans le Royaume de Dieu. Aimer le Seigneur, c’est se montrer humble ; aimer son prochain, c’est se dilater ; donc l’individu doit en même temps se contracter et se dilater, c’est-à-dire devenir petit comme l’atome et grand comme l’univers. Celui qui aime s’anoblit ; celui qui n’aime pas, souffre. En le sachant, ne vous demandez pas pourquoi vous êtes malade : les maladies sont le signe du désamour ou de trop peu d’amour dans le cœur humain. Si vous voulez être bien portants, mettez de l’amour dans l’esprit, le cœur, l’âme, tout le corps. Là où demeure l’amour, il n’y a pas de malentendus, de haine, de jalousie, de maladies et de tourments. Sans amour dans le cœur, vous ressemblerez à quelqu’un qui marche dans l’eau mais reste assoiffé, qui porte du pain mais reste affamé. L’amour veut des actes et pas des mots ; trop parler est source de malheurs. En général, aspirez aux petites choses, mais bien comprises et appliquées.

Aujourd’hui on parle beaucoup de l’amour, mais malgré cela les résultats sont mitigés. Pourquoi ? Parce qu’on n’emploie pas le langage approprié. Vous parlerez aux gens de trois façons : avec le langage de l’air, le langage de l’eau ou le langage du soleil. Le langage de l’air a un rapport à la respiration, c’est-à-dire à la purification du sang ; tu parleras ce langage et tu penseras à l’air pur, à l’oxygène, à tout le système respiratoire. Lorsqu’on s’exprime par le langage de l’air, on doit penser avec justesse, accorder sa pensée avec la pensée divine, sinon on souffrira nécessairement. Lorsqu’on pense avec justesse, on transforme son énergie mentale en énergie électrique et magnétique et on crée ainsi en soi des conditions pour une vie saine et normale.

Parler le langage de l’eau signifie manifester ses propriétés, c’est-à-dire être dynamique, énergique, pur comme elle, tout irriguer sur son passage, et dissoudre les éléments solides pour les renvoyer comme des sucs nutritifs à toutes les créatures vivantes. Le langage de l’eau a un rapport au système digestif.

Parler le langage du soleil, c’est-à-dire le langage de la lumière, c’est transformer l’énergie inférieure en énergie supérieure et l’envoyer directement dans le cerveau sous forme d’énergie dynamique, créatrice. Plus la lumière pénètre dans le cerveau humain, plus pure et lumineuse est la vie de l’homme, plus pures et élevées sont ses œuvres. Le langage de la lumière a un rapport au sang artériel qui irrigue tout le corps et le nourrit. L’amour envers Dieu a un rapport au sang veineux et l’amour envers son prochain a un rapport au sang artériel. Par conséquent, si tu te lasses de la vie et que ton sang devient impur, cherche ton prochain ; lorsque tu l’aimeras, tu te dilateras et ton sang se purifiera. Crois en ton prochain comme en toi-même ; plus forte est ta foi, plus forts seront ton amour et ton espérance. 

Que représentent l’amour, la foi et l’espérance ? L’amour c’est Dieu, la foi, ce sont les anges et l’espérance, toute l’humanité. Revêtez les habits de l’amour, de la foi et de l’espérance, c’est la seule manière d’arranger votre vie. Comment la société peut-elle aller mieux ? En ne contrariant pas le dessein Divin. Si vous voulez guérir une blessure à votre main, nettoyez-la, pansez-la et ne la touchez plus ; plus vous la grattez et plus lentement elle guérira. Ne vous mêlez pas des affaires divines. Comme toutes les conditions de guérison se cachent dans l’organisme, de même le plan divin a prévu toutes les conditions pour redresser l’humanité.

Tout ce qui arrive dans la vie est prévu, rien n’est arbitraire. Des mesures sont prises pour redresser les affaires mal engagées. Après 1945, les affaires européennes s’arrangeront dans leur ensemble, mais d’ici là les voyageurs auront la nausée comme ceux qui traversent l’océan Atlantique en bateau. Vous avez déjà vu les passagers qui s’apprêtent à partir et qui envahissent le port : leurs proches les accompagnent, leur offrent des bouquets, tous sont joyeux ; une fois montés sur le bateau et en pleine mer, leur disposition change : ils pâlissent en proie aux vomissements, cloués au lit. Le deuxième jour leur état empire ; ils n’ont envie ni de manger ni de parler. Le troisième jour leur état est pire encore, mais leur espoir d’aller mieux se renforce à l’approche d’un port ; une fois à terre, tous retrouvent le sourire, joyeux et bien disposés, et se mettent à parler comme si de rien n’était ; tout le monde les interroge sur leur traversée et ils racontent leur mal de mer avec le sourire. Comme pour les voyageurs sur les mers, les choses se passent de la même manière pour les voyageurs sur terre : tant qu’il est jeune, l’être humain est gai et joyeux, il aime tout le monde, il monte sur le bateau et ses proches l’accompagnent ; plus il avance dans la vie, c’est-à-dire sur la mer, plus il devient sérieux et pensif ; lorsqu’il se marie, il est encore plus pensif : le bateau avance plus loin sur la mer, des enfants lui naissent qui ne le respectent pas, et il se trouble complètement et ne peut jouer son rôle ; le fils et la fille sont mécontents de lui et trouvent qu’il est arriéré, qu’il ne s’adapte pas aux nouveautés ; lorsqu’il se trouve dans cette situation, il descend de la scène et cède sa place aux nouveaux acteurs, le public lui donne un bouquet et l’interroge sur le sentiment qu’il a de sa situation.

« Tu aimeras Dieu et ton prochain ». Cela signifie traverser sans danger la mer ou l’océan. Celui qui a l’amour en lui choisira un moment où l’océan est calme, pacifique, pour traverser. Il n’y a pas de succès sans amour : il faut aimer au moins une personne. Les gens d’aujourd’hui souffrent d’amour mêlé de jalousie. Vous croisez une jeune fille instruite, vertueuse mais défigurée. Pourquoi ? Quelqu’un l’a aimé au point de l’asperger de vitriol par jalousie ! Ce n’est pas de l’amour. Vous direz que les jeunes gens ne doivent pas être infidèles ; c’est une autre question. Je ne sermonne ni les jeunes ni les vieux, mais les humains doivent regarder en arrière pour corriger leurs erreurs et rajeunir. Nos contemporains ont vieilli prématurément, et ils parlent de la vieillesse sans savoir ce qu’elle est. Seul Dieu est vieux alors que l’être humain met un masque et prétend qu’il est vieux. Vieillesse sans sagesse n’est pas vieillesse. Des millions d’années passeront encore avant qu’un vieillard foule le sol de la terre. Dans le Livre des Révélations, l’Apocalypse, on parle de vingt-quatre vieillards qui se tiennent autour du trône de Dieu. Les théosophes donnent des explications diverses sur ces vieillards ; en réalité, ils symbolisent le temps, c’est-à-dire les époques que l’humanité a traversées. Le temps est en Dieu qui porte le début et la fin des choses. Lorsque le Christ dit que vous devez devenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume de Dieu, il sous-entend qu’un vieillard ne le peut pas.

Il est temps que l’être humain renonce à l’idée saugrenue de la vieillesse et qu’il rajeunisse, sinon il se justifiera toujours d’être vieux, de ne pas pouvoir travailler, étudier, aimer, etc. En sanscrit, vieux désigne un être qui s’est manifesté et a appris les lois de la nature et de l’immortalité ; nos contemporains étudient à peine maintenant ces lois. Vous direz que le vieillard est reconnaissable à ses cheveux blancs. Ce n’est pas un signe de vieillesse, voyez comment se déguisent les acteurs sur la scène : le jeune se mue en vieux, le vieux en jeune, mais cela reste fictif. Il suffit de tourner les pages de votre vie passée pour voir le nombre de fois où vous êtes montés ou descendus de scène et les rôles que vous avez joués : vous avez été roi et domestique, rustre et instruit, pauvre et riche. Lorsque vous avez joué votre rôle, vous descendez de la scène en gardant l’immuable en vous. Tout change dans la vie sauf le Divin qui en l’humain reste immuable et éternel. Celui qui ne connaît pas la loi de la réincarnation s’étonne : pourquoi un tel le déteste ? C’est très simple : tu lui as causé des préjudices dans une vie passée ; tourne l’une des pages de ta vie passée et tu verras que tu t’es approprié injustement la maison de cet homme. Maintenant, tu corrigeras ta faute ; pour qu’il t’aime et te pardonne, non seulement tu lui rendras sa maison, mais tu la meubleras de surcroît. C’est cela vivre selon les lois de l’amour.

Nos contemporains vivent de deux façons : les uns parlent de Dieu, mais agissent comme des humains ; d’autres ne parlent pas de Dieu, mais agissent de façon divine. Il est préférable de vivre de la seconde façon. Vivre comme ça, c’est être constamment gai et enjoué. L’amour rajeunit, l’amour rassérène l’homme et lui donne la force de supporter les épreuves et les contradictions dans la vie, l’amour résout tous les malentendus. Celui qui aime voit son prochain en chacun, avec trois caractéristiques en commun : la nourriture, la respiration et la vie. En cela, tous les humains se ressemblent ; tous vivent, respirent et se nourrissent ; la différence est dans leur façon de vivre, dans l’air qu’ils respirent et dans leur nourriture. Une chose est importante : tous doivent vivre intelligemment, respirer de l’air pur et manger de la nourriture saine ; c’est la seule manière pour les humains d’accomplir le travail pour lequel ils sont venus sur terre. Tout ce qui vit se déplace et travaille. Dans l’estomac humain il y a dix millions de cellules qui travaillent pour purifier le sang ; il existe une harmonie entre toutes les cellules et c’est pourquoi elles s’acquittent bien de leur travail. Qu’est-ce qu’il adviendra de l’homme si les cellules refusent de coopérer ? L’homme cessera d’exister. La dysharmonie mène à la destruction et à la mort.

Beaucoup ne réussissent pas dans leur vie car ils vivent avec leur grandeur passée. Au lieu de regarder le présent avec réalisme, ils disent : « Savez-vous qui j’étais par le passé ? » Peu importe le passé, ce qui est important c’est ce que tu es maintenant ; le passé et l’avenir sont des causes et des conséquences, et la réalité est dans le présent. Lorsqu’on traverse le passé et le présent, on arrive à la loi de la nécessité puis de la liberté qui mène à l’amour. L’amour est un chemin vers le bien et l’intelligence ; là où se trouve l’amour, là sont la pensée juste et la réflexion. Le désamour pousse à des réflexions et des points de vue tordus.

Un jour le renard se disait à lui-même : « Les gens me pourchassent injustement, ils m’accusent d’attaquer les poules et me tuent pour cela. C’est en partie vrai, mais ils oublient que j’agis mieux avec les poules que le chat avec les souris ; au moins je déshabille la poule avant de la manger alors que le chat mange la souris avec son habit ». Voici un raisonnement tordu car privé d’amour. La situation de la poule et de la souris est la même : une fois dans la gueule de leur ennemi, peu leur importe si leur habit sera préservé ou non, l’important est que dans les deux cas la vie de la poule et de la souris sera ôtée. Un jour le renard prendra conscience de sa faute et il redressera sa vie. Il y a beaucoup de poules déplumées aujourd’hui à qui on redonnera la vie dans l’avenir. Ces poules déplumées sont les humains misérables dont la condition s’améliorera.

Rappelez-vous : la nature se sert de symboles qu’il faut étudier. Les fleuves, les fleurs, les arbres, les poissons, les oiseaux, les mammifères, les humains sont des symboles dont se sert la nature pour dévoiler ses secrets. Celui qui comprend le langage de la nature lira dans son livre l’histoire passée, présente et future de l’humanité. Le médecin aussi lorsqu’il met la main sur le pouls du patient détermine aussitôt son état ; le pouls est donc un langage par lequel le médecin connaît l’état de santé du malade. Il ausculte ensuite ses yeux, sa bouche pour voir l’état de son estomac et de son foie. Vous voyez quelqu’un se taire et vous pensez qu’il réfléchit : les aspects extérieurs expriment la disposition intérieure des humains. Que représente la réflexion ? L’être humain réfléchit alors que le bovin rumine ; par conséquent, tout comme le bovin a besoin de nourriture pour ruminer, de même le cerveau humain a besoin de pensées pour réfléchir. À quoi pense l’homme ? Comment conserver l’amour de sa femme ! La femme aussi pense comment conserver l’amour de son mari. C’est une tâche difficile dans la vie, avec deux inconnues ; elle est difficile mais peut être solutionnée. Vous direz qu’elle peut se résoudre au ciel. Où est le ciel ? Le ciel est sur terre ; il dépend de vous de vivre à la fois au ciel et sur la terre. Est-ce possible ? C’est possible. Comment vivent le ver à soie et le papillon ensemble sur terre ? Le papillon se nourrit du nectar des fleurs, c’est-à-dire de bonnes pensées et de bons sentiments, et le ver à soie de feuilles, c’est-à-dire de pensées et de sentiments inférieurs. Quand l’être humain est-il semblable au papillon ? Lorsqu’il donne une place à l’esprit, c’est-à-dire au Maître en lui-même, et se nomme alors serviteur de l’amour.

Qu’est-ce qui est demandé à l’être humain pour être au service de l’amour ? Une totale abnégation. La vie est pleine d’exemples d’abnégation. Dans le passé lointain un crime abominable avait été commis dans un village en Russie sans qu’on ait pu retrouver le coupable. On a fini par accuser à la place une misérable veuve avec quatre enfants en bas âge. Le tribunal a décidé de l’envoyer en exil en Sibérie. La condamnation prenait effet dans les vingt-quatre heures. Un jeune homme du même village en a entendu parler et a été terrifié à l’idée que les quatre enfants soient abandonnés à leur sort. Il s’est dit : « Je suis sans père ni mère, je passe pour un vaurien, je suis sans utilité à personne, j’irai au tribunal pour avouer ce crime ». Il s’est présenté le jour même au tribunal pour déclarer au procureur et au juge que le crime était son œuvre et pas celui de la veuve. Il a ainsi libéré la malheureuse mère de la prison et endossé son sort. Dix ans plus tard, un prêtre qui confessait un mourant a découvert un secret que ce dernier avait sur la conscience : il a avoué être l’auteur du crime commis dix ans auparavant. Le gouvernement a aussitôt ordonné de sortir le jeune homme de prison, mais il s’est avéré qu’il était décédé depuis longtemps. Voilà comment ce jeune homme a vécu comme un humain, mais a agi selon les préceptes divins. Extérieurement il portait l’habit d’un vaurien, d’un brigand, mais intérieurement il travaillait sur lui-même et anoblissait son âme. Ces héros prêts au sacrifice méritent l’admiration. Ils sont courageux, intrépides, ils ont un élan vers le sublime et le grandiose.

Aimer Dieu et son prochain, ce sont deux grandes lois qui, bien appliquées permettent de se libérer des difficultés et des contradictions dans la vie. Vous direz que lorsque le Christ viendra une deuxième fois sur terre la vie ira mieux instantanément ! Ce n’est pas la peine d’attendre ce moment, le Christ peut venir dans deux mille ans, ne faut-il pas travailler pendant ce temps ? Même s’il revenait sur terre, le Christ ne pourrait pas faire le tour de toutes les villes, de tous les villages et faire une causerie à chaque endroit. Donc, seuls ceux qui l’entendraient profiteraient de ses paroles ; que feront les autres ? Vous attendez des choses impossibles et vous perdez votre temps. Sachez que le Christ est dans la lumière que vous recevez, dans l’air que vous respirez, dans l’eau que vous buvez, dans la nourriture que vous mangez ; le Christ est dans vos pensées, dans vos sentiments et dans vos actions : vous le rencontrez partout. Utilisez ses bienfaits sciemment et ne retardez pas les choses. Soyez de bons payeurs : lorsque vient le terme de votre emprunt, remboursez-le aussitôt ; si vous tardez, vos emprunts augmenteront. Le sens de la vie est dans l’amour, tout accomplir avec amour !

Tant qu’il est jeune, l’être humain vit avec foi et amour, prêt à tous les sacrifices ; lorsqu’il perd sa foi et son amour, il dit : « Le bon temps est terminé ». Aujourd’hui la plupart des gens souffrent de l’amour perdu ; ils ont raison, l’amour est une force qui élève l’être humain. Comme un crime peut pervertir la vie de l’homme, de même l’amour peut en un moment le purifier et le redresser ; comme la mort peut faucher en un instant des milliers de têtes, de même la vie peut les rétablir. La vie est plus forte que la mort, et l’amour est plus fort que la haine. Sachant cela, soyez du côté de la vie et de l’amour. Seul celui qui est fort a le droit de se reposer parfois sous l’ombre de la mort et de la haine. Extérieurement la haine est hideuse, terrifiante comme un loup, mais intérieurement elle a quelque chose de noble et doux. Celui qui hait peut aussi aimer ; celui qui ne hait pas, ne peut pas aimer. La haine est aussi de l’amour, revêtu d’un habit étranger dans le but d’éprouver ce qui se cache dans le cœur humain. Le misérable frappe aux portes des gens pour éprouver leur miséricorde ; extérieurement il est en guenilles, poussiéreux, mais intérieurement sa tenue est propre et jolie. Si vous voyez quelqu’un de trop bien paré et habillé sachez qu’il n’est pas celui que votre âme recherche ; vous trouverez l’homme véritable dans quelqu’un de pauvre, de souffrant et de mal habillé. La vérité, l’amour s’habillent en haillons. Celui qui les cherche sincèrement apprendra à discerner le bien du mal et ne sera pas trompé par les apparences, c’est-à-dire par la façade.

Appliquez l’enseignement du Christ pour comprendre pourquoi vous devez aimer et pourquoi vous devez haïr. Si tu veux aimer, tu dois savoir haïr ; tu ne peux pas aimer si tu n’as jamais haï. L’amour et la haine sont deux forces qui œuvrent en parallèle dans la nature : l’amour est un magnétisme, et la haine de l’électricité. La haine actuelle est de l’amour futur, et l’amour actuel est de la haine future ; c’est une loi de polarisation. Pour éviter cette loi, l’être humain doit renoncer à lui-même : si tu sens que la haine pénètre ton cœur, renonce à toi-même. Le Christ dit ainsi : « Celui qui ne renonce pas à lui-même, ne peut pas être mon disciple [4][4]». Appliquez l’abnégation pour voir ce que sera votre vie.

Un père de famille est décédé en laissant un héritage considérable à partager entre ses quatre fils. Ils ont commencé à se quereller à qui prendra le plus. Le plus jeune a compris la situation, et pour éviter la discorde, il a renoncé à sa part et a dit à ses frères : « Prenez ma part et partagez-la entre vous : je préfère votre amour à la discorde ». Peu de temps après, les autres frères se sont réconciliés et le partage s’est déroulé de façon pacifique et affectueuse.

On note que dans l’amour entre deux personnes, si les deux sont positifs, ils se repoussent ; s’ils sont un homme et une femme, ils restent sans enfant, c’est une loi du plan physique ; lorsque l’homme et la femme deviennent négatifs, des enfants naissent mais ne peuvent pas vivre longtemps. Par conséquent, dans l’amour entre deux personnes, l’un doit être positif, l’autre négatif, l’un doit créer, l’autre bâtir ; si les deux créent, ils ne peuvent pas enfanter. Cette loi a un rapport à la société et à l’État : lorsque deux candidats postulent au même poste ministériel, les affaires de l’État vont mal. Si l’État veut prospérer, la moitié des citoyens doivent être positifs et l’autre moitié négatifs, c’est-à-dire les uns doivent créer et les autres bâtir, les uns doivent servir et les autres gouverner. Ce n’est pas bien de démolir, ce n’est pas une science. Celui qui ne fait que démolir, n’a pas assimilé la loi de la création et de la construction. L’une des grandes lois de l’existence exige de l’homme qu’il bâtisse ou qu’il crée ; c’est le moyen de déclencher le principe divin en soi et d’accomplir sa prédestination, dictée par la nature.

On peut avoir beaucoup de croyances, mais on doit aussi essayer l’enseignement du Christ qui transforme les choses. Pour beaucoup, l’enseignement du Christ est vieux, dépassé : c’est faux ! L’enseignement du Christ est aussi moderne qu’il est ancien. Si vous le considérez comme ancien, réjouissez-vous car la vieille mère met au monde des enfants bons et raisonnables ; s’il est nouveau, réjouissez-vous aussi : la jeune mère met au monde des enfants aux cœurs aimants. Accueillez l’enseignement du Christ avec amour, appliquez-le et soyez enjoués et heureux.

Le Christ dit : « Tu aimeras le Seigneur et ton prochain ». Cela signifie que les gens d’aujourd’hui ont besoin de lumière, d’air, d’humidité, de nourriture ; le soleil d’aujourd’hui nous le montre. Prenez soin du cerveau, des poumons et du cœur, écoutez la voix de la nature intelligente, liez-vous à Dieu et un avenir lumineux vous attend.

Sofia, 2 février 1919

Traduit par Bojidar Borissov

 

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