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1918_12_15 Et le père dit


Ani
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Et le père dit

« Et le père dit… »

Luc 15 :22-23

« Si nous disons que nous n’avons pas pêché… »

1 Jean 1 :10

J’examinerai les mots, péché et pécher, au sens large, pas comme cela est compris par les religieux contemporains. Les péchés des humains sont des conséquences d’agissements passés, ils sont donc inéluctables. Tous les élèves font des erreurs. Demandez aux professeurs de musique ou de dessin si leurs élèves font des erreurs ou non. Combien de fois les élèves ont mis leur patience à bout ! Il n’y pas d’être humain sur Terre qui ne pèche pas, qui ne fait pas d’erreurs, en particulier lorsqu’il étudie.

Lorsque nous disons de quelqu’un qu’il est plus fautif que les autres, c’est qu’il jette plus d’ombre qu’eux. Pour comprendre entièrement quelqu’un, nous devons scruter sa vie à tous les points de vue. On dit de quelqu’un qui est bon et pour un autre qu’il est mauvais. Le mauvais est une ombre de la vie. On ne peut faire sans ombres. Le peintre met des ombres à sa toile pour accentuer l’idée qu’il y a mise. Donc l’image, l’idée de la toile représente le bien, et les ombres, le mal. Certains philosophes, écrivains, scientifiques mettent aussi des ombres dans leurs œuvres pour en accentuer la trame. Ainsi une œuvre est réputée être bonne lorsqu’il y a des ombres en elle. Si quelqu’un est pécheur, c’est que Dieu a mis des ombres sur son image. Dans dix ou cent ans il grandira et deviendra un homme remarquable, un homme de bien. Alors ses ombres disparaîtront et vous verrez son visage beau et lumineux. Sachant cela, ne vous prononcez pas sur quelqu’un qui est encore un tableau inachevé.

Lorsqu’on parle de la vie, on peut la considérer de quatre manières : sociale, politique, mentale et spirituelle. La vie politique est individualiste car c’est la vie d’un État. Comme le pays a sa politique et son programme, de même l’être en tant qu’individu isolé a sa politique et son programme. Faire de la politique, c’est se montrer meilleur qu’on ne l’est. On remarque que lorsqu’on est intéressé par quelqu’un, on l’accueille chaleureusement, on le nourrit, on lui parle aimablement : c’est de la politique ; une fois l’affaire conclue, la politique change et cet homme d’abord extraordinaire devient très ordinaire. Ouvrez les livres d’histoire pour voir comment fluctuent les relations des peuples entre eux. Tant qu’un peuple est attractif, tous l’entourent, lui rendent service, entretiennent de bonnes relations ; lorsque le but est atteint, la politique change. C’est ce qui explique le changement dans les relations entre les peuples, où ton ami d’aujourd’hui sera ton ennemi demain.

La vie sociale est semblable à la vie domestique, elle inclut tous les courants, toutes les aspirations politiques. Chaque foyer compte au moins trois partis : le parti du père, celui de la mère et celui des enfants. Plus la famille compte d’enfants, plus elle compte de partis. Il vaut mieux avoir une seule fille ou un seul fils pour le bien, plutôt que de nombreux fils et de nombreuses filles qui ne pensent qu’à boire et à manger.

La vie mentale des peuples, des sociétés et des individus représente un commencement de la culture humaine. La culture sous-entend un ensemble de conditions et de possibilités de manifestation de la vie mentale et de la vie spirituelle. L’érudition et la culture d’un peuple se juge à travers ses écrivains, ses peintres, ses musiciens, ses scientifiques et ses philosophes, c’est-à-dire à travers les manifestations de sa vie mentale et spirituelle. La culture sous-entend encore des manifestations de l’esprit humain et de l’âme humaine dans le but d’exprimer l’invisible en l’homme par des formes vivantes et visibles dont bénéficiera la génération suivante.

La vie spirituelle représente l’aspiration humaine à trouver le sens de la vie. Autrement dit la vie spirituelle est le fruit de la vie. La vie individuelle et la vie sociale sont la semence mise dans le sol pour pousser et donner des signes de vie. Lorsque les feuilles et les branches apparaissent, se manifeste la vie politique qui consiste dans le désaccord entre les feuilles et les branches : il y a du vent, des orages, du bruissement de feuilles qui représentent les débats dans la vie. Tous donnent leur avis : comment mieux arranger les choses ; on crée des lois, des règlements, des commandements. Le vent s’apaise finalement, tous se reposent et disent : « Nous avons mis de l’ordre dans notre pays ». Il ne se passe pas beaucoup de temps avant qu’un vent souffle de nouveau, encore du bruit, encore des débats, encore une dispute entre les fils et les filles. Lorsque ce trouble cesse, les humains s’apaisent et se demandent quelles étaient les raisons des disputes et des malentendus entre eux. C’est très simple, le vent souffle et oblige les humains à faire de la gymnastique. Celui qui ne comprend pas les lois cherche la cause en dehors de lui ou dans la nature. Remerciez le vent qui échauffe les esprits et vous met en mouvement.

La vie mentale ou culturelle est semblable à la vie des fleurs. Comme les différentes fleurs se distinguent par leur forme, leur taille et leur couleur, de même la vie mentale des humains est bien spécifique. Certaines fleurs flétrissent comme déclinent les cultures ; c’est un phénomène naturel pour l’arbre. Un arbre ne peut pas nourrir des milliers de fruits, c’est pour cette raison que certaines fleurs fanent au détriment d’autres, plus capables, plus aptes à vivre et à se développer. Lorsqu’une culture décline au détriment d’une autre, cela montre qu’elle n’avait pas de conditions pour s’exprimer et se développer. Où sont passées les cultures assyrienne, babylonienne et égyptienne ? Elles ont décliné car elles se sont desséchées comme des fleurs, privées de la lumière du soleil et de sa chaleur, privées d’humidité et d’éléments bénéfiques à leur développement. Le vent fait tomber les feuilles desséchées des arbres et les laisse au pied des racines comme engrais pour leur développement futur.

La vie spirituelle, c’est le fruit de l’Arbre de la vie. Ce fruit doit être essayé pour ne pas rester dans la théorie. Le fruit est d’abord amer et acide puis il devient progressivement doux, sucré et savoureux. De même avec l’homme, plus il travaille pour son développement spirituel, plus il embellit, plus il s’adoucit. Il suffit de prêter attention aux traits des certains représentants d’un peuple pour vous faire une idée de leur culture. Plus beaux et symétriques sont les traits de leurs visages, de leurs corps, plus grande est leur culture spirituelle. On dit de quelqu’un qu’il est noble et honnête ; placez-le comme caissier dans une banque, laissez à sa disposition de grandes sommes d’argent et voyez comment il se comportera. Si les sommes fructifient, vous saurez qu’il est vraiment honnête ; si les sommes se réduisent, son honnêteté est douteuse.

Jean dit : « Si nous disons que nous n'avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n'est point en nous. » La noblesse et la grandeur de l’être humain sont dans ce qu’il a conscience de ses erreurs et est prêt à les corriger. Les erreurs de l’homme ne sont pas toujours liées à un défaut chez lui. Il ne doit pas regretter d’avoir fait une faute, mais il doit aspirer à corriger la faute ; si elle n’est pas corrigée, elle provoque des conséquences néfastes. La plus petite erreur dans le plan d’un ingénieur peut causer une grande catastrophe ; c’est ainsi que des maisons, des ponts et des tunnels peuvent s’écrouler. Si le banquier fait une petite erreur de calcul, il doit de nouveau vérifier ses comptes. Vous direz que l’erreur ne porte que sur un zéro, mais le zéro joue un rôle important parmi les nombres. Le zéro a aussi une importance dans la vie humaine. Par exemple, l’homme regarde à travers deux zéros, ses yeux. Celui qui ferme ses yeux au mauvais moment commettra de graves erreurs. Vous direz que les zéros en fin de chiffre ne sont pas importants, ce n’est pas vrai. Il faut savoir quels sont ces nombres, entiers ou décimaux. Si vous abrégez les zéros dans les entiers, vous avez un aveugle, du point de vue physique ; du point de vue spirituel, vous avez un individu avec des vices et des faiblesses.

« Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds ; amenez le veau gras et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous. » Vous direz : « Qu’est-ce qu’il y a d’inhabituel de lui donner une robe et des chaussures, de lui mettre un anneau au doigt ? Nous le faisons aussi avec les pauvres et avec ceux que nous aimons. » Non, seuls les grands hommes agissent de la sorte. Les gens ordinaires disent que tout dans la vie est vain. Ils ont leur philosophie et vivent selon elle ; ils veulent que tous leur obéissent. Mais la vie n’obéit à personne. Et alors en se confrontant à des contradictions, ils cherchent la faute ici et là, dans ceux qui les entourent, dans la nature. N’accusez personne de vos insuccès. Tous sont faits d’une même terre, dans leurs veines coule le même sang. La différence est que le sang de certains est plus près de la source, et pour d’autres, plus loin.

Selon une légende, à la création du monde une source pure jaillissait du haut d’une montagne. Des oiseaux, des animaux, des moucherons lui rendaient visite, mais pas un seul être humain car elle était trop loin de la vie bruyante des humains. Un jour la source s’est dit : « J’en ai assez de côtoyer des êtres ignorants, je descendrai plus bas chercher la gloire. » À mesure qu’elle descendait, ses eaux devenaient moins pures. Elle a fini par atteindre les champs où les agriculteurs et les jardiniers l’ont accueillie pour l’utiliser dans leurs champs et leurs potagers. En perdant sa pureté et son abondance, elle s’est indignée : « Ces humains sont curieux, je ne suis tout de même pas créée pour leurs jardins et leurs potagers. » Dieu lui a demandé : « Es-tu satisfaite de ta situation ? – Non, a répondu la source. J’ai décidé de descendre, montrer mes qualités pour être appréciée, mais les humains m’ont attelée au travail et m’ont salie. – Pour te purifier, tu dois descendre encore plus pour passer dans les couches sédimentaires. – Je ne descendrais pas davantage ! a maugréé la source indignée. »

Beaucoup agissent de la sorte : lorsqu’on leur dit de descendre pour se purifier, ils s’indignent et restent à leur ancien niveau.

Dieu a de nouveau interrogé la source : « Que veux-tu à présent ? – Je veux aller dans une grande ville parmi les érudits leur montrer mon eau pure et être utilisée comme fontaine. »

Dieu a exaucé son désir et l’a envoyée parmi les érudits qui l’ont aussitôt employée en tant que fontaine. D’abord les enfants ont sautillé joyeusement autour d’elle, puis on a commencé à y laver sa vaisselle et sa lessive. La source soupirait sans cesse, toujours mécontente de sa situation. « Es-tu contente à présent ? a demandé encore le Seigneur. – Pas du tout ! Les humains sont si peu éduqués, je me demande comment tu les tolères ! »

Finalement, Dieu l’a envoyée servir l’être humain lui-même, afin que la source entre en lui pour le désaltérer. Même là, la source n’était pas contente. Elle a été confrontée à de grandes dissonances, elle a trouvé dans le for intérieur des humains plus d’impuretés que parmi les créatures ignorantes.

Vous devez apprendre une chose : la vraie vie passe par les plus grandes contradictions et les plus grandes impuretés. Sa mission est de nettoyer, de corriger les choses et de renouveler toutes les créatures vivantes sur terre. Toutes les cultures ont poussé sur un sol constitué de milliards d’organismes morts. Elles sont les racines de notre culture qui y puise sa sève. Grâce aux sacrifices que les créatures du passé ont fait, nous bénéficions de la nouvelle culture qui vient déjà dans le monde.

« Et son père dit… » Que représente le père ? Ce qui est supérieur chez l’homme, ce qui bâtit et crée. Les serviteurs que le père a dépêchés pour apporter les nouveaux vêtements étaient cinq, ce sont les cinq vertus : amour, sagesse, vérité, justice et bonté. L’esprit, c’est-à-dire le père, a envoyé les serviteurs apporter la nouvelle robe. Revêtir une nouvelle tenue, c’est revêtir un nouveau corps. Chaque homme, chaque peuple doit revêtir quelque chose de neuf, c’est-à-dire appliquer de nouvelles méthodes et moyens pour vivre une nouvelle vie. Le père a habillé son fils prodigue dans une nouvelle tenue, c’est-à-dire l’a préparé à une nouvelle vie.

On parle souvent du fils prodigue et les gens ont pitié de lui. Mais il y a en lui quelque chose de beau qui l’a sauvé : l’humilité. Il avait un plus grand frère, réputé pour être bon, mais qui dissimulait en lui de la vanité et de l’avarice. Il a fallu que le jeune frère rentre de son périple pour que cette vanité et cette avarice s’expriment. Le jeune frère qui ne pouvait pas cohabiter avec le grand avait quitté le foyer familial pour amasser du savoir et des expériences. Il a donc renoncé au foyer paternel, aux nouveaux habits pour descendre entre les couches sédimentaires et se purifier. Il est ensuite retourné chez son père, riche de son vécu en disant : « Je ne suis pas digne de m’appeler ton fils, accueille-moi comme l’un de tes serviteurs. » Ce qui signifie : « Je n’étais pas digne de la nouvelle robe, je n’en suis pas digne maintenant non plus ; accueille-moi comme un simple domestique, comme une personne ordinaire. » Il avait acquis une telle humilité qu’il acceptait d’être le dernier des domestiques. Il n’y a rien de plus grand pour un homme que de devenir serviteur, de servir Dieu avec amour. Vous direz qu’il vaut mieux pour l’homme être héritier d’un roi que serviteur. C’est bien d’être héritier d’un roi si on sait servir avec amour. Si on a l’amour, c’est bien d’être professeur, prêtre, mère ou père ; l’amour donne du sens à toutes les missions et à tous les postes.

Seul celui qui a le savoir peut servir. À l’avenir, les plus érudits, les plus vertueux seront serviteurs de l’humanité ; les bonnes mères enfanteront des fils et des filles pour l’humanité. Si l’érudit dit qu’il ne veut pas travailler pour le bien de l’humanité, il n’a pas d’amour en lui ; si la mère renonce à enfanter de bons fils et de bonnes filles pour l’humanité, elle non plus n’a pas d’amour. Il n’y a pas de mission plus grande pour la mère que celle d’enfanter un fils ou une fille qui se consacre à servir le sublime dans le monde. On admire aujourd’hui les grands peintres et sculpteurs, leurs toiles et leurs sculptures. Nous devons admirer encore davantage la mère qui sculpte des statues vivantes pour le bien et le progrès de toute l’humanité ! C’est une chose grandiose de voir la mère habiller son fils ou sa fille dans une tenue nouvelle et lumineuse.

« Mettez-lui un anneau au doigt ! » Que symbolise l’anneau ? Les commandements et les lois auxquels on est tenu d’obéir. Lorsqu’ils se fiancent, la jeune fille et le jeune homme se mettent un anneau au doigt. Certains le mettent au premier doigt, d’autres, au deuxième ou au troisième ; ils pensent que le doigt indiffère, mais ce n’est pas indifférent. D’habitude, les gens mettent les anneaux à la dernière phalange, à la base du doigt, ils disent que c’est sa place, pour ne pas tomber. En fait la raison est différente : la dernière phalange représente les lois du monde matériel et physique.

Vous dites que des lois sont nécessaires pour relever la société ; pour moi loi et licol sont la même chose, ils sont synonymes. On peut en déduire que la société peut évoluer sans licol ; oui, c’est vrai. Les animaux ont besoin de licol, mais pas les humains. Il est préférable pour l’homme d’être pauvre, simplement habillé, mais ne pas porter de licol, plutôt qu’être dans une nouvelle tenue et couvert de diamants mais avec un licol. Quand le monde s’arrangera-t-il ? Lorsque les humains vivront sans licol, c’est-à-dire sans lois. Peut-on vivre sans loi ? Je vous demande sur la base de quelle loi la mère nourrit, habille et éduque ses enfants, sur la base de quelle loi le père s’acquitte de ses obligations envers ses enfants et sa femme ? Où sont écrites ces lois ? Dans le cœur et la pensée des humains. Par conséquent, lorsque les humains commenceront à vivre selon les lois écrites dans leur cœur et dans leur mental, le monde s’arrangera. Que font les humains maintenant ? Si un pauvre vient vous emprunter de l’argent, vous lui direz : « Tu es bon et honnête, mais je ne peux pas te donner d’argent sans caution. » Dans ce cas la caution est le licol par lequel les gens se lient mutuellement.

Il y a des années de cela, je faisais le tour de la Bulgarie, je faisais des études scientifiques sur différentes personnes et j’étudiais leurs caractères. Je longe un jour le champ d’un paysan ; il faisait avancer la charrue avec ses bœufs qu’il aiguillonnait de temps en temps. Il m’a dit en me voyant : « C’est bien de se promener dans les champs, tu n’as pas de travail, mais nous vois-tu, nous travaillons dur toute la journée. – Je vois tout, je sais que tu es travailleur, mais pas charitable. – Comment le devines-tu ? – Par la croupe des bœufs blessée par ton aiguillon. Ils travailleraient même sans cela : puisque tu les as attelés, ils font leur travail.

Vous direz que le bœuf est un animal qui ne ressent pas la douleur. Il sent bien l’aiguillon sur sa croupe, mais ne peut rien dire, il patiente et avance. En allant dans l’autre monde, il dira : « Seigneur, j’ai appris ma leçon, à l’avenir je veux vivre sans licol. »

« Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez. » L’habit, la tenue est nécessaire pour la vie, surtout lorsqu’elle est neuve et propre. C’est pour cela que l’hygiène recommande de brûler tous les vêtements avec lesquels on a vécu une maladie lourde et contagieuse ou traversé des états psychiques sombres. La nouvelle hygiène recommande même de changer de maison si on y a vécu de grandes souffrances ; une telle maison est imprégnée de chagrin et de souffrances. Si on y reste, on se trouve continuellement sous l’influence du passé. Celui qui a un odorat fin devine par l’odeur si quelqu’un est bon ou non. Comme vous reconnaissez les fleurs à leur arôme et les fruits à leur saveur, de même, par l’odeur de la maison ou de l’homme, on reconnaît s’il est pur ou non. La société future, la future famille doivent être fondées sur un socle solide et positif.  

« Et son père dit… » Qu’a-t-il dit et à qui ? Il a dit à ses serviteurs d’apporter une nouvelle robe, des chaussures et un anneau pour son fils. Chacun doit appeler ses serviteurs et dire la même chose que le père aux siens. Chacun doit accueillir le fils prodigue en lui-même avec amour. Qui n’a pas de pensées et de désirs comme ceux du fils prodigue ? Combien de bonnes pensées et de bons désirs a-t-on chassé de soi ! Que deviennent ces pensées et ces sentiments ? Ils partent dans le monde jusqu’au jour où ils reviennent comme le fils prodigue dans la maison paternelle. Les pensées et les désirs sont vivants et peuvent parler comme un humain. Est-ce possible ? C’est possible. Par exemple, il nait dans l’esprit de la jeune fille ou du jeune homme l’idée de donner naissance à une bonne fille ou à un bon fils, et cette idée est tellement vivante qu’elle finit par se réaliser. Chaque pensée qui est nourrie prend vie, si elle n’est pas nourrie, elle reste latente. Chaque pensée qui n’est pas sculptée selon les règles de l’art ne peut résister ; même si le monde entier veut la conserver, il ne le peut pas et en fin de compte elle s’abîme. Lorsque la mère perd son enfant elle pleure, elle souffre et se demande : « Pourquoi mon enfant est-il mort ? » Parce qu’il n’a pas été sculpté selon les règles de l’art. « Que dois-je faire ? – Tu renouvelleras ton essai. Le premier essai n’a pas été réussi, tu en feras un deuxième, un troisième jusqu’à sculpter une statue qui résiste à tous les aléas. »

Que font les élèves de dessin ? Le professeur leur donne un tableau à peindre. L’un d’eux finit dans l’heure ; le professeur passe à côté, n’approuve pas le dessin et dit : « Tu le peindras de nouveau. » Un autre dessine deux à trois heures, un troisième dessine pendant plus de trois heures. Le tableau du dernier est le meilleur, mais il n’est pas encore irréprochable. C’est la même chose pour le corps humain : la mère et le père créent le corps de leur enfant, mais une commission chargée de vérifier le travail leur dit : « Ce tableau ne durera que quelques années. » Puis la commission vient une seconde fois et déchire le tableau. « Pourquoi mon enfant est-il mort ? » C’est le temps qu’il a pu résister. Il ne faut pas se lamenter, vous prendrez en compte les remarques faites et vous dessinerez un meilleur tableau la prochaine fois.

Vous entendez souvent certains chrétiens dire que le Christ les a sauvés. Comment ? Par son sang. C’est une compréhension superficielle. En réalité le sang du Christ sous-entend l’idée de l’amour que l’être humain doit appliquer dans sa vie et avec laquelle il doit travailler. Il ne peut pas dessiner ce tableau sans ce sang. Il est la teinte qui sert à dessiner les tableaux. C’est à l’être humain de choisir la quantité de teinte et le degré de saturation à employer. Lorsque le Christ dit à ses disciples : « Celui qui ne mange pas ma chair et ne boit pas mon sang… », certains ont cédé à la tentation. Et ceci, parce qu’ils n’ont pas compris l’esprit de Ses paroles. Comme l’eau est nécessaire aux plantes, le sang aussi est nécessaire à la vie. Il est un élément constitutif du règne végétal et du règne animal et se manifeste sous différentes formes.

En étudiant les manifestations de toutes les formes organiques, vous voyez partout une aspiration consciente ou inconsciente au perfectionnement. Les peintres et les sculpteurs actuels sont des artisans et à l’avenir ils deviendront des créateurs. Les animaux aussi seront plus évolués qu’aujourd’hui, leur langue se déliera et ils parleront. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Pourquoi ? Parce que les animaux font partie de l’arbre de la connaissance. L’arbre montre le degré de notre développement. Peu nombreux sont ceux qui voient la partie élevée de l’arbre et ils demandent continuellement : « Y a-t-il une autre vie, est-ce que Dieu existe ou non ? – Il y a une autre vie, il y a un Dieu. – Où est l’autre monde ? – Au même endroit que celui-ci. – Pourquoi nous ne le voyons pas ? – Parce que vous ne voyez même pas le monde physique qui est visible.

« Et son père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez. » La nouvelle robe est l’enseignement du Christ. Lorsque les humains se libèrent de l’ancien enseignement, leurs vêtements doivent être lavés ou brûlés. Ceci se fait par le biais des souffrances : elles sont un feu qui purifie les anciens vêtements ; elles sont le lave-linge où sont lavés les vêtements impurs. C’est pour cela qu’il est dit que pour se purifier l’homme doit passer par le feu et l’eau. L’homme passe inéluctablement par le feu divin et le lave-linge divin. Vous direz qu’il est terrifiant de passer par le feu et l’eau. C’est terrifiant pour celui qui résiste ; c’est un privilège pour celui qui comprend les choses : il s’anoblit et s’élève par les souffrances.

Aujourd’hui la Bulgarie traverse de grandes épreuves. Elle est plongée dans la grande lessiveuse divine, lavée par cinq peuples : anglais, français, italiens, grecs et serbes, les cinq domestiques que le père a dépêchés pour la laver et la revêtir d’une nouvelle robe. Ne fait-on pas de même avec la jeune fille qui se fiance ? On l’amène aux bains avant le mariage pour la purifier. La jeune mariée, appelée Bulgarie, est très salie et passe dans la lessiveuse divine pour être nettoyée. Qu’adviendra-t-il d’elle ? Elle sera habillée d’une nouvelle robe propre. Elle sortira et dira : « Maintenant j’ai compris le sens de la vie. »

En quoi consiste le sens de la vie ? En la fraternité, en la conscience que les humains sont frères et sœurs. Les Bulgares diront qu’ils sont frères et sœurs car ils sont un peuple ; les Allemands sont frères et sœurs en tant qu’Allemands, les Anglais, en tant qu’Anglais, etc. L’idée de la fraternité est encore plus vaste : tous les humains sont frères et sœurs. Quelles doivent être les qualités premières du Bulgare ? Il doit être intègre, bon, juste et intelligent. Je souhaite rencontrer de tels Bulgares et les fréquenter. Celui qui n’a pas ces qualités sera mis dans la lessiveuse divine. Ne vous insurgez pas contre elle pour ne pas voir la mort venir et vous emporter. Vos proches vous pleureront ensuite. Pourquoi pleurent-ils pour le défunt ? Pour le laver avec leurs larmes. S’ils le lavent une fois, ils ne doivent plus pleurer ensuite ; il ne vous reste désormais qu’à l’habiller dans un vêtement de noce blanc et vous réjouir de le voir retourner auprès de son Père. Peut-on revenir en arrière et laver la jeune fiancée après le mariage ? Non. Puisque c’est ainsi, ne pleurez pas sans cesse les défunts.

Où sont vos défunts ? Là où vous êtes. Vous avez deux amis et vous dites que l’un vous est plus proche que l’autre ; donc l’un est plus près de vous et l’autre plus loin. C’est la même chose avec les vivants et les morts : les uns et les autres sont au même endroit, mais pas à la même distance les uns des autres. Ceci prouve qu’il existe entre les gens une proximité intérieure ou un éloignement intérieur. C’est aussi le rapport des humains à Dieu ; si on dit que quelqu’un est proche de Dieu, c’est qu’il accomplit la volonté de Dieu, qu’il pense et sent comme Lui ; s’ils disent qu’il est loin de Dieu, c’est qu’il n’accomplit pas la volonté de Dieu.

Vous entendez souvent demander si Dieu existe. Sur quel Dieu vous questionnez-vous, le Dieu des formes, du contenu ou du sens ? Quel Dieu vénérez-vous ? Si vous vénérez le Dieu des formes, c’est comme si vous vénériez une bouteille vide. Si vous vénérez le Dieu du contenu, c’est comme si vous vénériez le contenu de la bouteille. Ce n’est pas un mal si ce contenu est capable de vous soutenir dans toutes les épreuves et toutes les souffrances ; si ton Dieu ne peut pas te soutenir dans les souffrances, ceci montre que ce n’est pas un véritable Dieu. Et enfin, si tu vénères le sens inscrit dans les choses, et si tu surmontes aisément tes souffrances, tu as trouvé le véritable Dieu.

Vénérez et croyez ce Dieu qui vous préserve de toutes les chutes. Quand l’homme chute-t-il ? Lorsqu’il a un licol. La vie spirituelle ne tolère aucun licol. Si vous voulez vous en débarrasser, entrez dans cette vie qui apporte la liberté à l’âme humaine. La liberté ne s’atteint pas en un jour ni même en une vie ; on doit vivre des milliers d’années pour devenir libre. La vie future apporte la liberté à l’humanité. Pour que la liberté vienne, il faut que les conditions de vie changent. Les temps d’aujourd’hui exigent une chose des humains : ne pas détruire ce qui se bâtit aujourd’hui. Les temps d’aujourd’hui exigent de la gratitude de la part des humains. Soyez reconnaissants de ce qui vous a été donné. Le peu, bien assimilé, profite davantage que la quantité, mal assimilée.

Dans la parabole du fils prodigue, le Christ montre l’amour du père pour son fils. On y voit comment on peut recevoir celui qu’on aime. C’est ainsi qu’on était accueilli jadis : si un convive venait, on le lavait, on lui préparait à manger ; si c’était un invité proche, alors on lui donnait un anneau. Qu’est-ce que cela signifie de donner un anneau à quelqu’un ? C’est le prévenir qu’il ne doit pas transgresser la loi dans ton foyer. C’est pourquoi, lorsque tu entres dans une maison, ne regarde pas la femme de ton hôte. Si elle est belle tu as le droit de la regarder avec un œil, et son mari avec l’autre ; il faut donc partager son attention équitablement. Si tu regardes d’un œil, mais que tu fermes l’autre, tu appliques la loi de l’hypocrisie. C’est ainsi qu’agit le chat lorsqu’il guette la souris : il regarde d’un seul œil et ferme l’autre. Il veut montrer ainsi qu’il ne s’intéresse pas à la souris. Au début, lorsqu’il entend la souris, il ferme les deux yeux et fait semblant de dormir ; de temps à autre il ouvre un œil et puis il se rue d’un coup sur la souris et l’attrape. Il se met à lui raconter ensuite comme il l’aime : il l’attrape dans ses pattes, puis la relâche, puis l’attrape de nouveau jusqu’à ce qu’il la dévore. C’est ainsi que le mal agit avec les humains. C’est ainsi que beaucoup agissent, animés uniquement par leurs propres intérêts. Leurs intérêts ne sont peut-être pas condamnables, mais leurs méthodes sont retorses. Certains se servent des méthodes du chat, d’autres de celles du loup, et d’autres encore, des méthodes des créatures intelligentes et supérieures.

La compréhension humaine de la vie diffère aussi. Il existe une différence entre les gens du monde et les religieux. Entrez dans les sociétés des croyants pour voir les différences entre eux. Les uns reconnaissent le baptême, d’autres le renient ; les uns reconnaissent le samedi, d’autres le dimanche ; les uns promeuvent la résurrection de la chair, d’autres la résurrection en esprit, etc. D’où la question de savoir pourquoi tant de points de vue religieux diffèrent sur les mêmes questions. C’est parce que tous ne sont pas dans la même classe ou au même niveau ; ils étudient à la même faculté, mais dans des classes différentes. Chacun ne sait que ce qu’il apprend et ce qu’il croit ; chacun pense que son savoir est le plus authentique et le plus juste. Ainsi, si vous croisez des élèves de classes différentes, vous entendrez toujours des points de vue différents. Vous direz que les points de vue de ceux qui sont à l’université sont les plus justes. Ce n’est pas vrai. Ce ne sont pas les étudiants les plus avancés. Il y a au-dessus d’eux d’autres élèves qui se spécialisent dans la vie, et au-dessus, d’autres encore, les disciples de l’école divine.

Le savoir comme les visions des gens sur les choses n’ont ni début ni fin. Ne vous étonnez pas lorsque quelqu’un vous parlera de son abécédaire, un autre de son livre, un troisième de l’arithmétique, un quatrième des équations à une, deux ou à plusieurs inconnues. Ce n’est pas important de savoir quel est le point de vue d’un homme, l’important est qu’il avance, qu’il ne piétine pas sur place. Comme dans les écoles sur Terre, certaines lois ne permettent pas à l’élève de rester dans la même classe plus de deux fois : des anges descendent du ciel pour aider les mauvais élèves à passer dans la classe supérieure. Certains élèves redoublent et ne peuvent pas avancer sans être aidés. Vous direz que les temps sont difficiles et que vous ne pouvez pas songer à la science et à la connaissance tant que l’on vit avec des tickets de rationnement, tant que la vie est plus chère chaque jour qui passe. La vie se déroule et l’homme doit étudier pour acquérir des connaissances.

Réjouissez-vous que l’époque actuelle offre de bonnes conditions de travail. Les chrétiens ont pour tâche de travailler sur eux et sur leurs proches, et d’œuvrer pour accueillir Dieu en eux. Chacun doit ouvrir son cœur pour Dieu et se réconcilier avec tout le monde. Ainsi s’effacera cette haine qui subsiste entre citadins et paysans, entre érudits et gens simples, entre riches et miséreux. Lorsque Dieu vit en l’homme, celui-ci est bon, qu’il soit politique ou notable, érudit ou philosophe, mondain ou religieux.

Quelqu’un se demande pourquoi un homme est plus instruit, plus riche, plus vertueux que les autres ? C’est parce qu’il a travaillé davantage. Celui qui acquiert plus, travaille plus. Le labeur de chacun est récompensé justement. N’enviez personne. Celui qui possède beaucoup et peut le porter sans aide extérieure est quelqu’un de fort. Le cheval puissant porte cent kilos sur son dos, mais le cheval chétif ne porte que cinquante kilos : faut-il que ce dernier imite le cheval fort ? La même chose s’applique aux humains : ne vous forcez pas pour ne pas vous briser l’échine. Vous direz que l’argent résout les questions. Je suis d’accord que l’argent est nécessaire, mais l’homme doit avoir trois portefeuilles remplis d’argent : l’un dans la poche, l’autre dans le cœur et le troisième dans sa tête. Alors, si tu vas vendre ou acheter quelque chose, tu ouvriras successivement les trois portefeuilles. Beaucoup de marchands donnent peu et prennent beaucoup, ils cherchent le chemin facile pour faire fortune. Il n’y a pas de chemin facile dans la vie. Tout se gagne par le travail et le labeur et c’est la chose la plus agréable dans la vie. Si l’on veut s’enrichir vite, on se heurte à des contradictions.

Un américain a voulu tester la puissance des chutes du Niagara pour devenir célèbre. Dans ce but, il a commandé un grand tonneau qui a été longuement enduit de résine. Lorsqu’il a été prêt, l’américain est rentré dedans et s’est laissé emporter par le courant des chutes. À cause du bruit infernal de l’eau et du mouvement effréné du tonneau, il a perdu connaissance ; on l’a sorti à demi-mort du tonneau. Lorsqu’il a repris connaissance, il a déclaré : « Pour rien au monde je ne referai cela ! Même pour toutes les richesses du monde, je ne rentrerai plus dans ce tonneau. » La vie en politique est une chute d’eau dans laquelle les gens se jettent, mais ils déclarent en fin de compte : « Le sens de la vie n’est ni dans les tonneaux ni dans le courant des chutes d’eau. »

Il y a dix siècles de cela vivait en Chine un philosophe émérite nommé Kou. Sa femme était belle et bonne ménagère. Ils étaient pauvres mais intègres. Un jour sa femme lui a dit : « Voilà déjà dix ans que nous sommes ensemble. Nous avons bien vécu car tu es un homme de bien. J’en ai assez de la misère, je veux vivre dans l’aisance et ne pas penser au lendemain. J’ai rencontré un riche marchand que je pourrais épouser si tu me libères. » Son mari l’a libéré, lui a donné sa bénédiction et s’est séparé d’elle. Contente et joyeuse que la misère ne l’éprouverait plus, elle s’est mariée avec le riche marchand. La Chine traversait à cette époque une grave crise politique, il fallait élire un nouveau gouverneur pour améliorer le sort du pays. Étant quelqu’un d’intelligent, honnête et digne, le philosophe a été élu gouverneur. En l’apprenant, sa femme est revenue le voir : « J’ai commis une grande erreur en me séparant de toi. Peux-tu me pardonner si je reviens auprès de toi pour vivre de nouveau une vie calme et digne ? » Le philosophe l’a regardée, puis au lieu de répondre, un peu pensif, il a pris un verre, l’a rempli de nectar et l’a renversé ; le nectar s’est répandu au sol. Il lui a dit alors : « Si tu arrives à recueillir le nectar aussi pur et intact qu’il était dans le verre, alors nous nous réunirons de nouveau. »

Les gens agissent souvent avec Dieu comme la femme du philosophe avec son mari. Ils Lui font d’abord la promesse de Le servir et de vivre pour Lui, mais lorsqu’ils ne reçoivent pas ce qu’ils attendaient, ils renoncent à Lui. Lorsqu’ils comprennent leur erreur, ils reviennent de nouveau auprès de Dieu, mais ils recevront une réponse semblable à celle que le chinois a donnée à sa femme. Depuis deux mille ans, le Christ attend que les humains se tournent vers Dieu pour devenir meilleurs et désintéressés, et qu’ils jettent leur licol. Si cela n’arrive pas, Il ne viendra pas parmi eux.

La venue du Christ sur la Terre se reflétera comme le soleil levant se reflète sur la vie, à savoir : les fleurs s’épanouissent, les oiseaux chantent, les animaux gambadent, et les humains se renouvellent, ils commencent à chanter, à se réjouir et à revêtir de nouvelles tenues. Il n’est pas loin le temps où le Christ viendra sur Terre. J’appelle tous à se préparer pour cet avènement grandiose. Que chacun accomplisse son travail : s’il est élève, qu’il étudie avec amour, sans redoubler ; s’il est ouvrier, qu’il travaille, qu’il profite des conditions bénéfiques qui lui sont données. Avancez tous, ne vous arrêtez pas et ne critiquez personne. Étudier, travailler, aider son prochain, se réjouir au nom de Dieu, voilà la poésie de la vie. Réjouissez-vous que le Soleil se lève tous les matins, que vos fleurs s’épanouissent et embaument l’air au loin. Réjouissez-vous que vos oiseaux chantent et dissipent les chagrins de votre cœur. Le soleil levant vous libérera des contradictions et des revers de la vie.

Je souhaite que tout le monde mette un nouvel écriteau sur son visage : « L’homme est un frère pour l’homme. » Effacez l’ancien écriteau : « L’homme est un loup pour l’homme » ; c’est l’ancienne philosophie qui a vécu. Dans le passé, l’homme a souffert de la famine, il a trahi son principe divin et a donné libre cours à ce qui était animal en lui. Aujourd’hui les conditions sont bonnes ; l’homme ne doit être affamé ni physiquement, ni spirituellement, ni mentalement. Donnez la possibilité aux humains de satisfaire leurs besoins. Donnez-leur du pain, un toit et des vêtements pour qu’ils aient confiance en tous comme en leurs frères. Le riche doit songer aux maisons des pauvres. Que représente la maison ? Les poumons de l’homme. Si la maison – les poumons – n’est pas développée, il contracte la tuberculose. Les riches doivent transmettre leurs bonnes pensées et leurs bons sentiments aux misérables pour les réchauffer. Ainsi, leurs poumons se dilateront pour absorber plus d’air pur et frais. Ne vous insurgez pas les uns contre les autres. Visitez les riches pour voir comment ils travaillent dans leurs jardins ; ils vous donneront de leurs graines et de leurs fruits. Lorsque vous les planterez, vous comprendrez ce qu’ils portent en eux. Suivez leur chemin pour acquérir de bons fruits et vous enrichir. Si les besoins de tous étaient satisfaits, qui envierait alors qui ?

Observez les comportements des gens pour en tirer des enseignements. Observez les petits enfants en train de jouer, prêtez attention à ce qui les occupe et aux sentiments qui les agitent. Observez comment la mère agit envers ses enfants : tant que l’enfant est petit, elle le cajole, elle l’entoure d’amour et l’appelle petit ange alors que lorsqu’il tête, ce « petit ange » la mordille et la griffe. Un enfant qui mordille et qui griffe n’est pas un petit ange. Mais avec son amour la mère peut sublimer son enfant et insuffler en lui un élan pour le bien.

En général, l’amour bouleverse l’être humain, il peut faire se tourner vers Dieu même le plus grand pécheur. On se tourne véritablement vers Dieu si on le fait avec son portefeuille et avec son cœur, alors on est prêt à tous les sacrifices. On peut compter sur une telle personne, elle est digne de confiance ; ne comptez pas sur celui qui dévalise les portefeuilles et les cœurs des autres, mais garde les siens sous clé. Il y a un sens à vider son portefeuille si c’est pour remplir celui du pauvre ; il y a un sens à vider son cœur si c’est pour secourir le souffrant ; il y a un sens à vider son esprit si c’est pour éclairer l’ignorant, autrement c’est vain.

Comme le père du fils prodigue l’a paré d’une nouvelle tenue, vous aussi vous devez sortir de nouvelles tenues et habiller vos fils et vos filles. Si un être pauvre et souffrant vient auprès de vous, parez-le d’une nouvelle tenue, donnez-lui de nouvelles chaussures et mettez-lui un anneau à la main. Soyez prêts à vider vos cœurs et vos esprits pour remplir les cœurs et les esprits de ceux qui sont privés de bonnes pensées et de bons sentiments. Remerciez votre père et votre mère des soins qu’ils vous prodiguent même si vous êtes pauvre. Il est préférable d’avoir du pain sec, gagné honnêtement et noblement, plutôt qu’une nourriture riche et abondante mal acquise.

Remerciez pour le peu que vous avez aujourd’hui, il sera béni et multiplié. La force se cache dans le minuscule grain de blé. L’avenir est dans les gens faibles et pauvres qui ont un élan envers le sublime. Le Christ parle des faibles pour désigner ceux qui sont pauvres mais qui portent le divin en eux. Il parle des obéissants pour désigner ceux qui comprennent les commandements divins et les appliquent. Ils sont les bienheureux auxquels appartient le Royaume de Dieu. La pauvreté bien comprise purifie l’homme et lui prépare de bonnes conditions pour le futur. Parfois dans la vie la misère est préférable à la fortune. Jadis, les juifs ont trahi le Christ pour trente pièces d’argent ; nous verrons pour combien il sera vendu par les peuples d’aujourd’hui. Je crois que l’humanité actuelle estime la valeur du Christ à plus de trente pièces d’argent. Le vendront-ils, je ne le sais pas, l’avenir le montrera. Je souhaite que l’humanité future estime le Christ de façon à ne le vendre à aucun prix. Si les Bulgares et les autres peuples tiennent à lui, un avenir grandiose les attend. Dieu trace aujourd’hui la carte de l’Europe. On Lui fait un rapport de tous les agissements des humains. Il vérifie les comptes de tous les peuples et les rétribue chacun selon son mérite. De grands changements se produiront dans le monde : alors, on se lèvera le matin joyeux et toniques, on se réjouira du jour nouveau, du Soleil levant. L’humanité actuelle est dans la situation de ce taureau qui a eu une grosse épine plantée dans le pied. Il s’est mis à courir en furie, en mugissant sans que personne ne puisse l’aider, sans que personne ne comprenne ce qui lui arrivait. À la fin, un garçon qui parlait le langage des animaux s’est approché du taureau et lui a demandé : « Qu’est-ce que tu as, pourquoi es-tu aussi enragé ? – J’ai quelque chose de planté dans le pied droit qui me tourmente et me cause une grande douleur. »

Le garçon a levé le sabot du taureau, il a vu la grosse épine plantée là, il l’a sortie puis il a enduit la blessure avec de l’huile d’olive et l’a soignée ; le taureau s’est aussitôt apaisé.

La même épine se trouve dans le pied de l’humanité actuelle qui l’oblige à ruer et à s’affoler. Lorsqu’elle sera sortie, l’humanité s’apaisera et commencera à travailler pour l’avènement de la nouvelle culture. Quelle est cette épine ? L’avidité. Tous aspirent à assurer leurs arrières, à acquérir des choses, mais restent toujours sur leur faim au bout du compte. L’être avide est insatiable. À cause de l’avidité, aujourd’hui le frère vend son frère, la fille vend sa mère, le fils, son père, etc.

La future culture arrive et pénètre tous les foyers, toutes les sociétés et tous les peuples ; elle touche jeunes et vieux, filles et garçons. Du point de vue de la nouvelle culture, toutes les pensées, tous les désirs et toutes les actions des humains sont porteurs de sens. Chaque mouvement aura alors sa signification et chaque parole prononcée un sens. Chaque savoir sera appliqué en temps et lieu utile. Aussi modeste que soit le savoir que vous avez, il peut être appliqué. Dieu s’intéresse au plus petit savoir, c’est pourquoi Il demandera à l’élève du primaire lorsqu’Il le croise : « As-tu passé ton niveau avec succès, es-tu passé en classe supérieure ? » Les créatures supérieures s’intéressent aussi à la culture des humains, elles veulent comprendre quelle puissance y est cachée. Et la culture de l’autre monde, quant à elle, est majestueuse ; peu nombreux sont ceux qui peuvent la voir et la comprendre. Comme les astronomes ont besoin de télescopes pour voir les étoiles dans le ciel, de même vous aussi avez besoin de télescopes pour voir cette culture. Pour y arriver, l’être humain doit travailler énormément sur lui-même. Chrétiens, croyants dans le Christ, certains prétendent que la porte entre ce monde et l’autre monde est fermée ; c’est un niveau de connaissance d’enfants de cours primaire. Il y a des portes fermées uniquement dans les endroits fermés, impurs. Chaque maison avec les portes et les fenêtres fermées est plongée dans l’obscurité et le froid.

Le Christ se tourne vers tous pour dire : « Donnez de nouveaux habits, de nouvelles chaussures et un anneau au doigt de votre fils prodigue et accueillez-le avec amour. Votre plus grand fils viendra pour dire son mécontentement du bon accueil réservé au plus jeune frère, mais cela ne doit pas vous troubler. Vous lui avez donné toute votre fortune et son mécontentement témoigne du degré de son amour. Ce type de personnes se prétend croyante. L’avenir est entre les mains des incroyants qui sont actifs et énergiques, justes et vertueux. Ils sont en apparence incroyants, alors qu’en réalité Dieu demeure en eux et ils Le servent.

Aujourd’hui le monde est plongé dans l’obscurité et le froid. Qui peut réchauffer les humains et les tourner vers Dieu ? Seule la mère peut le faire. Encore enceinte, elle doit dire à son enfant : « Mon fils, je t’ordonne de vivre dans la pureté et la probité, de ne pas tuer et de ne pas voler, d’accomplir les lois que Dieu a écrites dans ton cœur. À cette unique condition je t’aiderai à venir au monde. » Que dit la mère d’aujourd’hui à son enfant ? Elle lui conseille d’être intelligent, pratique, de tirer profit des bonnes conditions de la vie et de ne pas penser aux autres. C’est à ces conseils que les humains doivent leur égoïsme et leur avidité, ainsi que la carricature de l’enseignement du Christ. Vous direz que vous comprenez l’enseignement du Christ ; cela ne suffit pas. Si on comprend la musique, il faut aussi savoir bien jouer. Donc le véritable être humain est celui qui connait la musique et la peinture et qui peut jouer et peindre, et appliquer les grands principes et lois dans sa vie.

Aujourd’hui le Christ prêche à tous les humains, à tous les dirigeants. Sa parole est entendue et recueillie par tous. Le monde va de l’avant et ne peut plus revenir en arrière. Le mal aussi est déraciné. Une fois déraciné, il n’y a pas de retour en arrière ; une fois qu’il a abandonné son royaume, le mal ne peut pas régner une seconde fois. Des jours heureux arrivent pour l’humanité. Il est temps que les travailleurs soient à la première place.

J’ai observé un jour comment un jeune gaillard transportait femmes et enfants au milieu d’une rivière pour les faire passer d’une rive à l’autre. Le monde a besoin de jeunes gens qui œuvrent pour transporter les faibles et les impuissants sur l’eau. Je croise maintenant beaucoup de jeunes gens avec une jeune femme au bras, ils se promènent fièrement, ils se prétendent des gentilhommes. Pour moi le gentilhomme est celui qui peut transporter la jeune fille d’une rive à l’autre. C’est facile de se promener avec elle sur la terre ferme.

Tendons-nous une main fraternelle les uns aux autres, c’est ce que le Christ demande à tous. Que chacun préserve ses convictions, mais qu’il aspire à fleurir, à donner du fruit et à le faire mûrir. Que chacun donne le fruit dont la graine a été déposée en lui par Dieu. Quelle que soit ta fleur, l’important est de fleurir ; quel que soit ton fruit, l’important est de mûrir. Ma tâche est de donner à chaque racine plus d’engrais, plus d’humidité, plus de lumière et de chaleur.

Chacun doit tendre à exprimer l’image qui lui a été attribuée depuis des millions d’années ; que chacun qui le regarde se dise : « Voici un être, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ! » La tâche de chacun est de rétablir cette image. Comment y arriver ? En travaillant sur soi pour corriger les erreurs qui ont assombri sa conscience, en retrouvant les vertus qu’il a jadis perdues, en rectifiant les lignes tordues de son visage. Aidez celui qui a chuté, qui est triste et malheureux, sans le critiquer, sans le railler. Soyez cléments les uns envers les autres comme la mère est clémente envers les erreurs de ses enfants. La Bulgarie a besoin de bons Bulgares honnêtes, intelligents et justes. N’ayez pas peur de ce que vous vivez aujourd’hui : tout sera pour le bien. L’individu a une prédestination grandiose à l’intérieur du peuple dans lequel il se développe. La Bulgarie est pensée pour les bons Bulgares, l’Angleterre, pour les bons Anglais, l’Allemagne, pour les bons Allemands, etc.

Je souhaite qu’aujourd’hui encore vos pères vous donnent une nouvelle tenue, de nouvelles chaussures et un anneau au doigt ; que les serviteurs égorgent ensuite le veau le plus gras pour que vous mangiez et que vous vous réjouissiez ; lorsque votre grand frère rentrera mécontent du champ, dites-lui : « Ne sois pas fâché, mon frère, je suis venu chez mon père non pas en tant que fils, mais en tant que serviteur dévoué parmi ses autres serviteurs. »

Le Christ a apporté cet enseignement dans le monde, l’enseignement de l’amour. Vous aussi, acceptez-le.

Sofia, 15 décembre 1918

Traduction par Bojidar Borissov

 

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