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1918_12_01 La vie en abondance


Ani
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La vie en abondance

« Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ;

moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie. »

Jean 10 :10

« Le voleur ne vient pas... » J’exprimerais cette pensée à la forme affirmative : Le voleur vient. Je suis venu, Je viens. Nos contemporains s’interrogent sur la cause des souffrances dans la vie. Je réponds : c’est le voleur. Toutes les lois dans la vie des humains existent pour une seule raison : endiguer ce voleur. Toutes les institutions sociales ont en définitif un même but, protéger l’être humain du voleur. Le Christ désigne cet individu dangereux par le simple mot voleur alors que les gens civilisés lui donnent des noms plus nobles.

Le royaume animal a également ses voleurs. On appelle l’un d’eux le fourmilion ; il épie les fourmis et les dévore. Il crée pour cela des entonnoirs dans des endroits sableux. Lorsqu’elle entre dans l’entonnoir, la fourmi glisse sur les parois jusqu’à descendre tout en bas où se tapit le fourmilion prêt à la manger. Pour construire l’entonnoir, le fourmilion fait preuve d’aptitudes géométriques et techniques remarquables. Dans nos sociétés modernes, ces mêmes entonnoirs sont disposés à beaucoup d’endroits et c’est l’être humain qui joue le rôle du fourmilion. Il traque ses victimes, les attrape dans son piège et les dévore, c’est-à-dire les dépouille, les tue et les anéantit.

Le Christ connait les caractéristiques de ce voleur et le décrit. En général, celui qui vole n’aime pas le labeur et le travail. Qu’est-ce qu’il aime ? De grandes acquisitions au prix d’efforts modestes ; il aime la vie légère et superficielle. Le proverbe bulgare : « Tandis que le sage réfléchit, le fou se déchaîne » est en rapport avec ce voleur. Donc les malheurs dans la vie des humains sont dus précisément à l’activité extérieure et intérieure du voleur.

Il y a des voleurs dans tous les pays. Comme chaque individu représente un pays à lui seul, il renferme un ou plusieurs voleurs. Vous direz qu’il est impossible pour des individus religieux et cultivés d’avoir des voleurs en eux. Ce que vous pensez importe peu, le fait est que tous les individus portent en eux un ou plusieurs voleurs. Il n’y a pas un homme au monde qui ne souffre pas de ses voleurs. Ils se cachent si astucieusement que vous aurez du mal à les confondre. Un trait caractéristique du voleur est de beaucoup promettre, de faire grande publicité, mais d’agir peu. C’est pour cette raison que les gens aspirent à de grandes réalisations : ils veulent être célèbres, se grandir, et ils se présentent tels qu’ils ne sont pas.

Lorsque je parle du voleur, je ne le condamne pas. Puisque Dieu l’a admis, il a sa prédestination. Le Christ met en évidence les traits du voleur principalement pour les initiés qui comprennent son enseignement et peuvent se protéger du voleur à l’extérieur et à l’intérieur d’eux-mêmes. Le voleur commence toujours par une gamme en majeur, son ton est claironnant, tonique. Il est bien apprêté et il a belle allure ; il a sur ses doigts plusieurs bagues ; il fait tout dans le but d’attirer ses victimes. Tous les conflits, disputes, malentendus dans la vie lui sont imputables. Dès qu’il voit une noble manifestation, il fera tout pour l’anéantir. À qui doit-on l’effacement des belles idées et des grands élans de l’être humain ? À son voleur !

Tant qu’il est jeune, l’être humain est prêt à se sacrifier pour l’humanité, à travailler pour l’avènement des grandes idées, mais quelque chose lui murmure : « Ne vois-tu pas comment sont les gens, ne vois-tu pas l’égoïsme qui les gouverne, pour qui te sacrifies-tu ? Il vaut mieux vivre pour toi-même, au moins tu sauras que tu as accompli un certain travail. » Le jeune renonce peu à peu à ses idéaux et commence à se préoccuper uniquement de lui, plutôt que des autres. Le voleur lui murmure encore : « Tu ne vis qu’une fois, mange, bois, festoie, profites-en. » Écoutez les paroles du voleur, mais écoutez aussi les paroles du Christ qui vous dit : « Je suis venu afin qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Faites la différence entre les paroles de l’un et les paroles de l’autre. Lorsque vous écoutez en même temps le voleur et le Christ, vous êtes en lutte, en proie à des hauts et des bas psychiques brutaux.

Rappelez-vous : on ne peut pas être heureux tant qu’on succombe aux conseils de son voleur. La situation de l’homme et de la femme qui croient leurs voleurs est terrifiante. La femme a travaillé toute la journée, elle a été payée, et en rentrant à la maison, dès la porte franchie, son voleur l’attend sous la forme de son bien-aimé qui lui propose d’aller boire et manger pour se délasser du labeur du jour. Aujourd’hui, ils boivent et ils mangent, demain aussi jusqu’à ce qu’ils se ruinent. Beaucoup de chrétiens agissent de la même façon envers le Christ : ils ont épousé le Christ, ils profitent de ses bienfaits jusqu’à ce qu’un jour il les quitte. Il travaillait chaque jour pour eux et le soir ils l’accueillaient et le détroussaient. Cela se répétait, jusqu’à ce qu’un matin le Christ sorte pour travailler et ne rentre plus ; c’est le grand drame de la vie humaine. Ils disent ensuite : « Je ne crois plus dans le Christ. » Tu ne crois pas parce qu’Il t’a fermé sa porte. Tu as cru que tu respectais les autres et qu’ils te respectaient, tu as cru que tu travaillais pour le Christ et que tu bénéficiais de ses bienfaits. Mais lorsque tu trahis ta foi, la bénédiction disparaît. Si tu penses que les autres travailleront pour toi, tu te leurres. Un jour le Christ vous dira : « Venez faire les comptes et liquider nos gains et nos pertes. »

Vous direz que le salut s’offre gracieusement. Oui, mais les conditions ne se donnent pas gratuitement, le caractère ne se forge pas gratuitement, les vertus ne s’acquièrent pas gratuitement. « Une telle sentence est sévère. » Elle est sévère pour le voleur dont il est dit dans les Écritures : « Tous les voleurs resteront dans les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents. »

Un vieux prêtre a dit à son domestique : « Ivan, des jours sombres nous attendent, nous irons tous en enfer où il y aura des pleurs et des grincements de dents. – Mon père, pauvres de nous autres ; mais toi, tu n’as rien à craindre, tu n’as plus de dents, donc pas de quoi grincer, a répondu le domestique en riant. »

Voilà des conclusions humaines, résultat de la logique humaine.

Un prêtre a écrit une lettre à un camarade pour lui dire qu’il lui envoie deux beaux poissons grillés par son domestique. Celui-ci a pris la lettre et les poissons et s’est mis en route. L’agréable odeur des poissons grillés a tenté le domestique qui s’arrêtait par-ci par-là pour goûter le mets. Il a fini par manger les poissons avant d’arriver à la maison du prêtre. Il a sonné à la porte et a transmis la lettre et le panier. En lisant la lettre, le prêtre a constaté : « Il y a donc ici deux poissons. – Ah bon ? Tant mieux, car j’ai cru les avoir égarés en route. »

Certains lisent l’Évangile où le Christ enjoint d’aimer son ennemi. Ils soupirent avec soulagement en disant : « Heureusement que l’amour n’est pas perdu. Puisqu’il est question d’aimer ses ennemis, c’est que l’amour est encore dans la vie. » L’amour est dans la lettre et les poissons sont aussi dans la lettre, mais ils sont en même temps dans le ventre du domestique qui est un voleur.

Le voleur extérieur est dangereux, mais le voleur intérieur est encore plus dangereux. Le menteur l’est tout autant. Voici que huit mille ans se sont écoulés depuis la création du monde et les peuples ne sont pas encore libres. Ceux qui asservissent les peuples, leur promettent la liberté, mais ne tiennent pas leurs promesses ; ils mentent. Les jeunes gens s’aiment, se promettent des palais en or mais n’accomplissent rien ; ils se trompent aussi mutuellement. La jeune fille écoute ce que son bien-aimé dit et pense qu’elle a trouvé un adorateur. S’il promet sans agir, c’est donc le voleur qui s’agenouille devant sa victime pour l’avaler. C’est toujours le fort qui s’agenouille devant le faible, sort son couteau et lui transperce la poitrine. À l’instant même où le jeune homme s’agenouille devant la fille, il a déjà piétiné son cœur et la transperce de son couteau.

Le voleur se présente aussi devant moi pour me dire que je suis envoyé de Dieu. Ce que je suis, je le sais, je ne me laisse pas leurrer par ses racontars. Il est important que lui-même sache dire s’il est de Dieu ou non. En me disant que je suis de Dieu, il tente de savoir s’il peut me détrousser. S’il ne peut pas, il tente de savoir si nous pouvons détrousser les autres ensembles. Il est terrible ce voleur : il dévaste les foyers, anéantit vos filles et vos fils, pille les pensées et les sentiments nobles et sublimes des humains. Ils se découragent souvent et disent qu’ils ne sont bons à rien. Pourquoi ne seraient-ils bons à rien ? Pourquoi se laissent- ils abuser par le voleur ? L’être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, il porte donc en lui toutes les conditions et les possibilités pour se développer. S’il acquérait maintenant les conditions et les aptitudes, alors le voleur serait déchu, il ne serait plus bon à rien. Par conséquent, tant qu’il pense, sent et agit avec justesse, l’être humain a toutes les conditions pour croître et se développer.

Le Christ dit : « Je suis venu donner la vie. » Qui est ce ‘Je’ ? Tant que l’on ne reconnaît pas celui qui donne la vie et celui qui prive de la vie, on ne peut pas s’élever. Quelqu’un dira que l’être humain doit être positif, comprendre les choses, qu’il doit persuader les autres de ce qu’ils doivent faire et ne pas faire. Ce n’est pas suffisant. Combien de personnes avec des idées positives, avec une vision juste de la vie et une capacité d’influencer leurs proches restent en arrière ! Influencer, c’est comme enfoncer un clou, chacun sait le faire. Ce qui importe n’est pas de suggérer des idées, mais de les mettre en pratique. La suggestion, c’est de la violence, du pillage. Tu peux insinuer à quelqu’un qu’il est bon et noble alors qu’il ne l’est pas. As-tu changé sa nature ? Le voleur est terrifiant, mais sa fin est proche, il tremble de peur, il sent sa fin arriver. Jusque-là, il se manifestait dans le monde en égorgeant, en tuant et en pillant. Tous vos proches, partis de l’autre côté, ont pâti du voleur. Si les yeux de nos contemporains étaient ouverts, ils verraient un voleur se tenir debout à côté de chaque mourant, prêt à voler sa victime une dernière fois. Il dit ensuite « Que Dieu lui pardonne, c’était quelqu’un de bien. » S’il était bon, Dieu n’aurait pas à lui pardonner. Le voleur a besoin de repentir car il sera dans une prison dont il aura du mal à s’échapper.

« Je suis venu donner la vie. » Quelle vie le Christ donne-t-il aux humains ? Une vie nouvelle. Les gens parlent de vie nouvelle, mais ils se préoccupent de mieux arranger la leur. Ils vivent donc encore dans l’ancienne vie. Le père travaille trente ans sans relâche pour élever ses enfants, les instruire et les mettre à l’abri ; il leur fait une belle maison, mais le voleur vient et l’emporte de l’autre côté. Ce n’est que là qu’il peut comprendre pourquoi il a vécu. Ses filles et ses fils se querellent pour se partager sa fortune. Ils empruntent un chemin dangereux. Pourquoi ? Parce qu’ils ont accordé une place au voleur en eux. Cela ne signifie pas que le père doit négliger ses enfants. Au contraire, celui qui a de l’eau en abondance doit la laisser couler librement au dehors pour irriguer tous les jardins, tous les champs qui la côtoient. La bénédiction divine est une pour toutes les créatures vivantes. Dieu bénit davantage ceux qui ne L’aiment pas que ceux qui L’aiment par intérêt. Quelqu’un dit : « Aimons le Seigneur pour qu’Il nous bénisse. » Qu’est-ce qui en résulte ? Avant d’aimer Dieu, il était béni davantage qu’après.

Un marchand de Varna a décidé de devenir évangéliste pour stimuler son commerce, mais il a été déçu car il gagnait moins qu’avant. Il s’est questionné sur la raison de ses pertes dans les affaires. C’était pourtant simple : en tant qu’évangéliste il avait décidé de vendre honnêtement avec moins de profit. Le travail honnête et intègre ne génère pas de grands profits. Vous croisez un notable, bien portant, aux joues roses, joyeux ; dès qu’il devient chrétien, il maigrit aussitôt. Pourquoi ? Auparavant, le voleur lui faisait crédit ; maintenant, voyant qu’il le perd en tant que client, il l’abandonne et lui dit : « Maître, il est temps de rembourser. » Et les créances s’alignent l’une après l’autre. L’homme rembourse un crédit, puis un autre, puis un troisième et lorsqu’il ne peut plus payer, il fait faillite.

Le voleur est le créancier des humains, il les détrousse depuis huit mille ans. Où qu’il emmène l’homme, que ce soit dans une société scientifique ou religieuse, il poursuit un objectif unique, gagner quelque chose. Vous devez savoir une chose : tant que vous ne perdez pas ce que vous avez hérité depuis des siècles, vous ne pouvez gagner rien de nouveau. Qu’est-ce qu’il faut perdre ? L’habitude de voler. Vous direz qu’il y a une contradiction. Celui qui ne comprend pas le sens intime des mots voleur et vol, vivra toujours dans des contradictions. Non seulement les humains, mais les plantes aussi vivent dans des contradictions.

Près d’une source avaient pris place l’un à côté de l’autre un crocus – avec sa toilette jaune, et un perce-neige – avec sa petite tête blanche, humblement baissée. C’était une froide journée d’hiver, mais ils discutaient entre eux. Le crocus a interrogé le perce-neige : « Pourquoi es-tu sorti si tôt avec ta tenue blanche, ne sais-tu pas que le blanc ne tient pas chaud ? Enfoui de la sorte dans la neige, tu n’es remarqué de personne. Il faut te mettre en avant ! Regarde ma tenue jaune orangé, on me remarque de loin. » Le perce-neige a soupiré sans rien répondre ; il savait que sa mission était d’éveiller chez les humains l’élan vers la pureté. Un jeune homme s’est rendu à la source et les a cueillis, puis il s’est précipité joyeusement vers sa bien-aimée pour lui apporter les premières fleurs du printemps. Elle s’en est parée en sautillant de joie. Le perce-neige et le crocus ont alors accepté leur situation : le crocus, l’idée qu’il pousse les humains à s’individualiser et à s’affirmer, et le perce-neige, à se purifier. La pureté est nécessaire à nos contemporains : une nourriture pure pour avoir une bonne santé et un sang pur ; des pensées et des désirs purs pour avoir un esprit fort et énergique.

Vous direz que vous vivez une vie vertueuse et pure, que vous croyez en Dieu, et que vous faites le bien. Même si c’est le cas, il n’est pas facile de racheter les crimes et les péchés. Celui qui est venu sur terre porte ses péchés du passé lointain. Combien d’égarements vous avez insufflé dans le monde, combien de promesses non tenues, combien de bougies appartenant à d’autres avez-vous éteints ! Par bougie, j’entends la lumière de la raison. Aujourd’hui on allume des cierges pour le défunt qu’on enterre. Pourquoi ? Pour qu’il apprenne à ne pas éteindre les bougies des autres. Comme de grandes ténèbres l’attendent dans l’autre monde, on brûle des cierges pour lui éclairer le chemin. « Comment nous accueillera-t-on de l’autre côté ? –  On vous demandera si vous êtes prêts à vivre sans mensonge, sans vol, sans violence. » Celui qui est prêt sera bien accueilli ; celui qui n’est pas prêt, sera renvoyé sur Terre comme le dernier des misérables pour apprendre ses leçons, c’est-à-dire corriger ses erreurs. La piété est en celui qui a l’amour en lui. « Est-ce que je serai sauvé ? » Tu peux parler de salut, mais tu es encore loin de la piété. Celui qui se repent sera sauvé. Mais seul peut se repentir celui qui a compris le sens profond de la vie ; il s’est donné pour but de chasser le voleur de son pays. Se repentir c’est s’engager sur le chemin divin.

Quelqu’un se plaint que sa vie conjugale s’est détériorée depuis que sa femme s’est proclamée disciple du Christ. Évidemment, désormais ses vêtements sont lavés ; peut-on laver ses vêtements sales sans troubler l’eau ? Puisque vous lavez vos vêtements impurs, l’eau sera forcément trouble. Ce n’est que lorsque vous aurez fait passer les vêtements par dix bains que l’eau sera propre. Donc, le mari doit patienter et attendre que sa femme soit passée par dix bains pour être parfaitement nettoyée. Elle est à peine dans son premier bain et ne peut plaire à personne, et son mari ne peut pas non plus être content d’elle. Cela vaut pour tous ceux qui marchent sur le chemin divin. Si vous pensez que marcher dans le droit chemin vous rend aussitôt justes, vous vous leurrez. Au contraire, il faut d’abord évacuer toutes les impuretés et on vous nettoiera ensuite. L’eau divine recouvre toute la Terre et nettoie tout ce qu’elle rencontre sur son chemin. Lorsque quelqu’un se plaint qu’il est impur ne vous moquez pas, mais appelez-le pour qu’il vienne dans le bain où vous êtes déjà pour vous nettoyer ensemble. Ne lui dites pas qu’il doit venir pour lui montrer le chemin vers Dieu, il suffit de l’inviter dans le bain pour qu’il se nettoie.

Celui qui promet beaucoup ne dit pas la vérité. Un hindou s’est rendu à Paris et s’est présenté comme un grand adepte maîtrisant les forces secrètes de la nature. Il disait qu’il pouvait arrêter les trains les plus rapides par la pensée. Pour faire cette démonstration il avait besoin d’or et de pierres précieuses. Les personnes intéressées lui ont apporté tous les matériaux demandés, afin qu’il puisse faire l’expérience. Un jour, il est monté dans le train express avec tous les riches à qui il avait pris quelque chose, afin de faire l’expérience décisive. Tandis qu’ils attendaient que l’express s’arrête, une autre surprise s’est produite : l’adepte avait disparu.

Ainsi, si vous entendez quelqu’un vous promettre qu’il vous rendra extraordinaire si vous le suivez, ne le croyez pas. Pourquoi être extraordinaire ? Il suffit de devenir quelqu’un d’authentique et de vrai. Celui qui se rend auprès de Dieu doit être seul : la femme laissera son mari et le mari, sa femme ; ils se présenteront seuls devant Dieu. Vous direz qu’un homme sans femme et une femme sans homme ne sont que la moitié d’une personne. Ils ne sont pas la moitié d’une personne, mais un pôle. Tant que les pôles sont séparés, il y a de l’activité, de la créativité. Le Christ est la première moitié dans l’homme, l’autre est le voleur. Chacun doit renoncer au voleur et ne laisser agir que le Christ. C’est le seul moyen d’avoir la vie et de l’avoir en abondance.

La première condition pour acquérir la vie est la présence de l’amour. Celui qui ouvre son cœur pour l’amour a la vie en lui. Il est dit dans les Écritures : « L’amour ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne pense pas à mal.[1] » Celui qui aime est humble et témoigne un respect et une déférence profonds envers tout ce qui est vivant. Qui est humble ? Celui qui travaille consciemment son jardin. Lorsqu’il rentre de sa journée de travail, il prend la pioche, la binette et se met à bêcher et labourer son jardin ; il témoigne du respect envers tout travail. Vous aussi, respectez votre moitié qui travaille sans relâche en vous. Vous prétendrez ne pas la voir. Cette moitié est invisible, le Christ est invisible en vous, mais l’être humain met à profit l’invisible et non pas le visible. L’être humain met à profit la lumière, l’eau, la nourriture ; lorsqu’elles deviennent invisibles pour lui, elles pénètrent son corps et lui apportent leur bénéfice. Aujourd’hui tous veulent voir les choses ; ils peuvent les voir, mais ils n’en profiteront pas. Jusqu’à présent, le voleur était invisible en l’homme et se manifestait secrètement. Désormais, le Christ doit devenir invisible et le voleur visible, c’est-à-dire qu’il doit se montrer au grand jour. Le voleur a été invisible car il est toujours venu le soir. Donnez une impulsion à la première moitié en vous, au Christ, pour que vos yeux s’ouvrent, pour voir clairement, pour savoir où mettre les différentes couleurs. Chaque couleur, chaque peinture doit être mise à sa place.

Un peintre aimait une jeune fille qui, fâchée contre lui, cherchait à lui nuire. Elle lui a administré un poison qui a agi sur sa vue. Il est devenu aveugle, mais son amour pour elle le poussait toujours à peindre. Il peignit, dix ans durant, un même tableau, à la risée de tous : il ne voyait pas quelles couleurs il utilisait ce qui déclenchait les rires. La jeune fille qui l’avait aveuglé était son voleur auquel il avait cédé la première place en lui. Pour rétablir sa vue, le peintre doit mettre le voleur dehors et accueillir le Christ à sa place. À toute autre moitié de vous-mêmes qui est à l’extérieur, vous direz : « Celui qui veut rester dans ma maison, doit d’abord passer par le bain divin. » Ne vous associez pas à ceux qui pensent autrement. Exercez votre esprit critique sur vous et sur les autres sans vous décourager. Si vous voulez conserver votre vie, tâchez d’être invisibles. L’agneau reste indemne et sa laine aussi tant que le loup ne l’a pas repéré ; dès qu’il le voit, l’agneau est en danger. Celui qui veut conserver sa pureté sur Terre doit aussi rester invisible.

Beaucoup veulent voir et connaître le Christ avant de lui préparer une place en eux. Si vous connaissez l’alphabet : a, b, c, d[2], cela vous suffit. Que signifient ces lettres ? Le A désigne l’homme ; le B, le livre divin ; le C, c’est l’instruction, la lecture ; le D, je vous parle du voleur. Vous direz que la discussion sur le voleur ne vous intéresse pas. Je vous donne alors une autre explication : le a c’est le moi, le b, l’ombre. Cela ne vous plaît pas non plus. Alors je dis : appliquez le feu des alchimistes pour dissocier ce qui est pur de ce qui est impur. Vous accéderez ainsi à la véritable richesse, la même que celle renfermée dans le grain de blé. Il est préférable d’avoir un seul grain de blé plutôt que toutes les richesses du monde. Le grain de blé renferme une grande puissance en lui. Le Christ se manifeste par les graines et par les plantes. Pour essayer leur force, il faut les planter. « Nous ne le voyons pas. –  Vous ne pouvez pas le voir, il est la vie et la vie est invisible. » Il est dit que Dieu habite les cœurs des humbles, et là où est Dieu, là est aussi le Christ ; par conséquent, cherchez-le dans les esprits, les cœurs et les âmes des humbles, pas dans leurs corps. « Il est dit que le corps est un temple divin. – Mais il est dit aussi qu’il y a un corps naturel et un corps spirituel. C’est donc le corps spirituel qui est un temple de Dieu, pas le corps matériel. »

« Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire. » Où le verrez-vous ? Dans tous les agissements négatifs. Lorsque le voleur dépouille l’être humain de quelque chose, un vide se forme en ce dernier et le pousse à faire le mal. Le voleur ne reconnaît aucune loi, il franchit les limites et atteint son but. La première chose que l’on doit appliquer dans sa vie sociale et personnelle est le respect. Il n’y a rien de plus beau que de rentrer dans une maison où tous se respectent : la femme respecte son mari, le mari, sa femme, les enfants, leurs parents. C’est pénible d’observer une fille qui critique sa mère ou un fils, son père, puis les voir ensuite se mettre à lire les Évangiles où le Christ dit que les humains doivent s’aimer. C’est une vie contre nature de se critiquer d’abord pour ensuite s’avouer pécheurs. Les êtres supérieurs savent d’ores et déjà que vous êtes pécheurs - ils attendent de vous que vous vous corrigiez.

J’ai déjà décidé de briser les fils de tous les menteurs et voleurs ; je leur enverrai une telle lumière qu’ils ne pourront pas s’échapper. Si je croise un voleur, je lui dirai : « Bas les masques, applique la loi du Christ qui exige respect et déférence envers tous ! » C’est ce qui induit le respect pour le principe divin en soi et en son prochain. Celui qui est conscient de porter le visage pur et lumineux de Dieu a déjà reçu un diplôme : il a acquis la connaissance. Celui dans lequel Dieu demeure brille de loin ; il est agréable de voir un visage lumineux avec un beau sourire divin. Le Christ dit : « La force de l’homme ne se résume pas à son rapport au visible, mais à son rapport à l’invisible. » Dieu est invisible pour nous, mais réel. Il est souhaitable que le Christ reste également invisible pour nous, afin de garder envers lui des rapports saints et lumineux.

« Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire. » Lorsqu’il vole, égorge et détruit, il est devenu un saint dans l’esprit des humains, tous parlent de lui, se lamentent, soupirent et souffrent de ses agissements. S’ils cessaient de parler de lui, mais prêchaient le Christ, ils seraient déjà devenus eux-mêmes des saints. Vous comprendrez alors les paroles du Christ : « Je suis venu leur donner la vie, et la leur donner en abondance. » Ce qui signifie acquérir l’amour, non pas comme un sentiment, ni comme une chaleur, ni comme une humeur ; l’amour ne change pas. Celui qui aime a la lumière en lui. Si quelqu’un dit qu’il aime alors que sa lumière disparaît, il n’a pas d’amour. L’humanité a besoin d’esprits et de cœurs qui brillent. Les esprits et les cœurs humains ont été souvent allumés, mais le voleur les a toujours éteints. Le règne du voleur s’achève, sa fin est proche. Il ne disparaîtra pas, mais la lumière dans les esprits et les cœurs humains s’amplifiera et les humains le démasqueront.

Il y a aujourd’hui de bons chiropraticiens, des physionomistes, des astrologues qui reconnaissent si un tel est bon ou mauvais, ils savent déceler ses intentions, etc., quel que soit son masque, ils le reconnaissent. L’être humain peut être déchiffré à partir des mains, des doigts, des yeux, de l’allure et de beaucoup d’autres traits. On dit qu’il n’y a rien de caché dans le monde. Le Christ vient dans le monde et porte une lumière telle que rien ne peut rester dissimulé. Vous pénétrerez les gens par cette lumière, mais eux aussi pénétreront en vous. Dieu scrute toutes les créatures et pénètre en elles ; aucun recoin de l’âme humaine ne restera sans être éclairé par ce regard.

« Je suis venu leur donner la vie. » Aspirez à celui qui donne la vie comme une chose réelle, unique et inaltérable. Si cette réalité vous pénètre, vous allez tout acquérir ; si elle vous quitte, vous allez tout perdre. C’est le juste enseignement, c’est le droit chemin dans la vie. Si vous vous arrêtez à l’ombre de quelqu’un pour chercher du repos et du rafraichissement, vous êtes perdus. Les ombres peuvent donner du repos et du rafraichissement pendant deux ou trois heures, mais pas toute une vie ; les ombres ne portent pas bonheur. L’être humain ne peut pas rendre heureux un autre être humain. Il n’y a pas un seul cas dans la vie où le mari a donné le bonheur à sa femme, ou la femme a donné le bonheur à son mari. Dieu en l’être humain peut rendre heureux l’homme et la femme, mais l’être humain lui-même, jamais. Si c’est impossible, pourquoi chercher l’impossible ? Il y a une moitié qui peut rendre l’homme et la femme heureux, mais elle n’est pas sur Terre. – « Comment pouvons-nous être heureux ? –  En vous tournant vers Dieu. » La façon la plus simple de se tourner vers Dieu est d’être éduqué dès le ventre de sa mère ; une fois dehors, on s’éduque plus difficilement, on est déjà à la fin de sa vie. Chaque chose se retourne au début, pas à la fin ; si vous voulez retourner un gant, vous le prendrez par sa base et pas par les doigts. Si l’homme veut se retourner lui-même, il doit aspirer à la vie divine.

Je prêche aujourd’hui le Seigneur invisible qui n’est pas dans les ombres des choses, mais dans leur essence. Il donne la vie à tous et en abondance. Il apporte puissance, joie et gaité là où Il va. Il rend les humains frères, sœurs, amis. Commencez par le peu qui vous est donné et allez progressivement vers le grand. Commencez par le début et approchez progressivement de la fin. La fille et le fils sont le commencement des choses, c’est-à-dire le peu. Si vous résolvez vos rapports avec eux, vous les résoudrez avec tout le monde. Si vous donnez de la place au Christ dans votre cœur, vous avez réglé le compte du voleur que vous craignez. Soyez courageux et décidés, mais appuyez-vous sur Dieu. Seul, l’être humain ne peut rien. Faites le bien, mais soyez vigilant envers le mal qui vous guette à tout instant. Vient le temps où le mal comme le voleur et comme le diable seront impuissants. Il est d’ores et déjà temps que le diable également se repente.

Une anecdote relate comment le diable s’est découragé. Il a longtemps instruit les humains, leur a dévoilé les secrets de la nature et les a initiés aux sciences, aux arts, à la gouvernance jusqu’à ce qu’ils l’aient dépassé en érudition. Ils ont ainsi fini par cesser de l’écouter et de le respecter. Il a perdu son pouvoir sur eux et il a décidé de s’isoler. Il s’est rendu dans une montagne en se lamentant que personne ne l’aimait plus. Le Christ a compris sa peine et sa souffrance et s’est approché de lui. Le diable a levé la tête, l’a regardé et lui a dit : « Tu descends en vain sur terre, tu es en retard, il fallait venir plus tôt. J’instruis les gens depuis des millénaires, je leur ai donné le savoir, les arts, mais personne ne fait plus attention à moi. Ils sont devenus indisciplinés et rebelles. Ils ne t’écouteront pas non plus. – Je ne vais pas auprès des humains, a répondu le Christ. » À cet instant, un serpent s’est jeté sur la poitrine du diable. Le Christ l’a regardé, a eu de la compassion et l’a libéré de l’étreinte du serpent. « Je ne veux pas te priver de ton pouvoir sur les humains. Sois leur maître, mais un maître du bien. »

Le voleur aussi renoncera à son métier et dira : « Ne rentrez pas par les chemins détournés, mais rentrez avec moi par la porte principale. » Ainsi, lorsque le Christ dit qu’Il vient pour donner la vie, Il parle de tous les êtres vivants ; il apporte la vie aux humains et au voleur qui est en eux.

La pensée que le Christ laisse à nos contemporains est la suivante : « Amis et ennemis, habitants de l’enfer et du Ciel, vivez dans la paix et dans l’entente, aimez-vous en frères. » De grands esprits descendent dans l’enfer pour aider les âmes déchues. Plus grand est un esprit, plus profondément il doit descendre et travailler pour l’expiation des êtres déchus et retardés. Le Christ dit pour lui-même : « Je ne suis pas venu aider les anges, mais la descendance perdue d’Adam.[3] » À un autre endroit il est dit : « J’ai entendu petits et grands glorifier Dieu. »

Dieu descendra parmi tous les êtres et les apaisera. Ils chanteront et Le glorifieront d’une seule voix, en un seul chant : « Que le Seigneur invisible soit béni, celui qui vit dans tous les êtres et transforme tout en bien. Que le Seigneur bénisse chaque inspiration ! »

Sofia, 1 décembre 1918

Traduction par Bojidar Borissov

 


[2] En ancien bulgare, les quatre premières lettres de l’alphabet sont symbolisés par les mots : аз, буkи, веди, глаголи (az, bouki, vedi, glagoli) qui signifient dans l’ordre : je, lettre, guider, verbe – et ces quatre mots sont cités ici dans le texte par le Maître Peter Deunov.

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