XIX. Les épreuves de l’amour

[Ani]

LES EPREUVES DE L’AMOUR

Après la conférence, nous sommes tous sortis dans la clairière. L’herbe était recouverte de millions de gouttes de rosée qui brillaient, telles des pierres précieuses. Au fonds de l’horizon, le Vitocha était doré par les rayons du soleil levant. Le Maître a regardé ce beau paysage et a dit:

Chaque jour apporte une bonne nouvelle pour le monde. Tout sera réglé, tout sera réglé! Des jours meilleurs sont prévus pour l’avenir.

Nous avons dansé la Paneurythmie. Puis, tous nous nous sommes réunis autour du Maître et l’avons salué. Quelqu’un a offert au Maître des guévretsi⁵. Il en a donné un morceau à chacun en disant:

Remercions Dieu pour ce bien qu’Il nous a donné. Remercions aussi ceux qui les ont pétris et fait cuire. Désormais, dans le monde régnera l’abondance! Avec l’amour viendra aussi l’abondance.

Nous nous dispersons en cherchant l’amour partout autour de nous, et c’est notre illusion. En réalité, c’est une force que chacun porte en lui-même. Si nous nous mettons à attendre qu’il vienne, notre cause est perdue.

Nous tous, nous possédons des connaissances et désirons maintenant avancer dans les grades supérieurs, mais commençons par les niveaux les plus bas. Depuis le degré que nous avons atteint, que devons-nous faire, comment continuer à progresser sur la voie spirituelle? Par exemple, combien d’entre vous ont fait des prières aujourd’hui, quelles réflexions sont venues à votre esprit?

Celui que nous aimons nous chasse: „Va-t-en, occupe-toi de tes affaires, laisse-moi libre!” C’est une sorte d’examen que nous devons réussir. Quand notre amour est mis à l’épreuve, il commence à faiblir. L’amour est une force que tout le monde souhaite posséder et à laquelle tous aspirent. Mais le plus grand danger est l’obstacle à l’amour, qui vient de l’intérieur. Ceux qui continuent à nous aimer même si nous sommes rejetés par la communauté et tombé déjà dans la misère, ont réussi l’examen de l’amour. Quand nous aimons quelqu’un et trouvons des faiblesses et des erreurs en lui, sans cesser de l’aimer, nous avez réussi l’examen de l’amour. Quand celui que nous aimons se soucie peu de nous et que notre amour envers lui ne diminue pas, nous avons réussi l’examen de l’amour. Lorsque celui que nous aimons en aime un autre mais que notre amour ne diminue pas, nous avons réussi l’examen de l’amour. Sachons que notre amour va passer par toutes sortes d’examens et que nous devons être fort pour les réussir.

Même quand nous sommes rejetés et privés de tout, le Seigneur nous aime. Si nous comprenons cela, nous serons fort.

Ne nous mêlons pas de l’amour des autres, ne réagissons pas face à l’amour. Les gens ne suivent pas la volonté divine, et Dieu prévoit avec regret qu’ils seront éprouvés parce qu’ils sont entrés en conflit avec Lui. La colère de Dieu s’abat sur les fils désobéissants. La colère de Dieu apparaît donc comme résultat de l’opposition à l’amour. L’amour divin est immuable, et par „colère de Dieu”, nous entendons quelque chose de tout à fait différent, à savoir: en violant les lois divines on devient incapable de recevoir les bienfaits de Dieu et on s’enlise dans la souffrance. Servons-nous d’une comparaison: le péché forme des nuages autour de l’être humain, et celui-ci devient incapable de recevoir des rayons de soleil et de s’en nourrir. Quand l’amour est entravé, il renverse l’obstacle et détruit tout. Il ne s’arrête pas sur son passage. Peu importe la densité de la matière, il passe et la détruit. Ne cherchons pas à endiguer l’amour. Il n’aime pas les obstacles. Ces règles ne sont pas destinées au monde. Elles sont réservées aux Initiés. Oublions les canaux humains. L’amour est puissant. L’amour est la seule force qui ne tolère aucun contrôle. Quand Dieu projette un sentiment à travers nous, malheur à nous si nous voulons l’arrêter. Il brisera le barrage, avancera et nous détruira. C’est une force pareille à la tempête. Malgré notre obstination, nous ne pourrons pas l’arrêter. Quand quelqu’un nous aime, réjouissons-nous de son amour. C’est l’essence du nouvel Enseignement que nous avions oublié. Nous avons beaucoup à apprendre dans l’amour. Ne faisons pas obstacle à celui qui aime parce qu’il réalisera de très bonnes et belles choses. Ne faisons pas obstacle même à la pire des personnes, qui aime. Chacun aime comme il peut. En nous engageant à lui apprendre à aimer, nous fermons le robinet de l’amour. Ne tarissons pas l’amour. La moindre limitation de l’amour introduit une poison chez l’être humain. Limiter l’amour, c’est limiter Dieu en nous-même. Nous n’avons aucun droit de mesurer aux autres la quantité de leur amour. Permettons à chaque personne de manifester librement son amour. Nous devons posséder intérieurement sur ce sujet une éducation personnelle.

Dans la conversation est abordée la question de la jalousie. Le Maître:

La jalousie n’appartient pas au monde de l’amour. En réalité, nous n’en sommes pas nous-même à l’origine. D’autres se querellent et nous font participer à leur conflit. La jalousie provient des esprits déchus qui trompent les humains. Toutes les illusions, auxquelles nous nous heurtons en amour, sont les théories des anges déchus, et nous les développons et interprétons comme de l’amour, ce qui est faux.

Pour le niveau des connaissances actuelles, la jalousie existe parce que nous pensons que nous allons perdre l’objet de notre amour. Mais si nous savions que nous ne pouvons pas le perdre, la jalousie pourrait-elle exister? La jalousie est un sentiment négatif et indique notre incapacité à comprendre correctement l’amour. L’être humain doute de celui qu’il aime.

Jean Valjean aimait Cosette, il a été attristé d’en être éloigné mais heureux que quelqu’un d’autre l’aimât.

La jalousie est apparue avant que l’être humain ait atteint son état d’évolution actuel. Les insectes et tous les autres animaux sont jaloux. La jalousie est l’aspect le plus inférieur du développement mental parce qu’il est associé à la notion de séparativité.

_______________________
⁵ Une sorte de pain petit et sec bulgare, pareil au bretzel, mais en forme d’anneau. (N. trad.)