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1917_03_25 Le Sel


Ani
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Le Sel

 

 

 

Vous êtes le sel de la terre ;

mais si le sel perd sa saveur,

avec quoi le salera-t-on ?[1]

Matthieu 5:13

 

 

 

         Le Christ débute son sermon sur la montagne par les neuf béatitudes. Les béatitudes dont Il parle ont un rapport à un autre monde qui n’est pas le monde terrestre. Pour les humains, sur la terre, le Christ dit : « Vous êtes le sel. » Je parlerai du sel car, sans sel, il n’y a pas de vie possible sur terre. Le monde physique est celui du sel alors que le monde des anges est celui de la lumière. « Vous êtes le sel… », qui est ce vous ? Ne prenez pas ce mot au sens strict. Vous désigne tous ceux qui ont la foi et qui ont une conscience divine éveillée ; tous les humains qui ont cette conscience éveillée sont le sel de la terre.

         Tous les occultistes, kabbalistes, mystiques désignent par le mot sel une force qui équilibre, cet ingrédient de la force qui maintient les choses en équilibre. Pour marcher dans les rues il faut garder l’équilibre ; lorsqu’on bâtit les navires, on les leste avec du sel, pour garder l’équilibre et ne pas chavirer dans les vagues. Le mot sel désigne cette force qui densifie la matière, la protège contre la décomposition et permet aux forces supérieures d’agir dans le monde. Le sel est un élément nécessaire sur terre pour la santé du corps humain. Lorsque l’organisme perd son sel, il perd sa base, ce qui est le déclencheur de toutes les maladies. On dit de quelqu’un : « Il est névrosé », je dis : il a perdu son sel, son système nerveux a perdu son sel, son énergie s’écoule. Si nous regardions d’un œil clairvoyant les nerfs et les artères d’un névrosé nous verrions des fissures à plusieurs endroits d’où s’écoule son énergie. Un tel homme est faible. Pourquoi ? Parce qu’il a perdu le sel divin qui est une force essentielle : elle soutient la vie humaine sur terre.

         Quelles sont les raisons de la perte de ce sel ? Ce sont d’abord les passions humaines mal maîtrisées. Après chaque crise passionnelle, quelle que soit sa nature, l’homme est la proie d’une faiblesse ; vous l’avez tous éprouvé. Les passions ne sont pas utiles aux hommes qui ont du sel, mais uniquement à ceux qui n’en ont pas. Le Christ dit à ses disciples : « Vous êtes le sel et si le sel perd sa force, c’est-à-dire sa saveur, il ne vaut rien, sinon à être jeté dehors et foulé par les hommes. » Et pourquoi précisément fouler le sel sans saveur ? Le foulage est une action qui sert à rétablir la saveur du sel. La souffrance est un foulage : les anges vous jettent dehors au milieu des humains et vous devenez faibles car vous n’avez plus de saveur : si vous êtes riches, vous vous appauvrissez ; si vous êtes intelligents, vous vous abêtissez. Vous perdez votre sel et vous perdez ainsi le sens de la vie et tous les courants de pensées contraires surviennent alors, à savoir, doit-on se marier ou non, avoir ou non des enfants, aimer son épouse ou non, etc. La philosophie épicurienne qui exhorte à avoir beaucoup d’épouses et à tout essayer, prend le dessus. Vous pouvez tout essayer, mais vous serez alors jetés et foulés par tous les gens raisonnables tant que vous ne retrouverez pas votre saveur. Viendra alors le second processus, la lumière viendra, votre discernement s’éclairera et vous comprendrez pourquoi vous souffriez. Vous comprendrez que ces choses n’étaient pas en accord avec la vie.

         Toute pensée, tout désir qui ne sert pas la construction de l’âme humaine et qui détruit, est inutile, c’est un dessalement. Mettez ce désir au foulage pour le resaler. Lorsqu’un mari « foule » sa femme, qu’elle se dise : « Foule-moi que je retrouve ma saveur ! » Un mari qui est « foulé » par sa femme montre qu’il manque de sel. Souvent, en Bulgarie, un dresseur d’ours rend visite aux malades, il laisse l’ours les fouler un peu, les resaler et rétablir leur santé. Cette force est présente chez chacun. Les contemporains ou les occultistes la nomment différemment ; l’une des appellations est le magnétisme. Lorsqu’il a ce sel, l’homme est magnétisé. Lorsque vous avez ce sel, vous sentez une agréable chaleur sous la langue, vous vous levez le matin bien disposés ; si vous n’avez pas de sel, vous vous levez indisposés et vous invectivez le premier venu, vous lui sautez dessus, vous vous mettez en colère. Et cette colère indique que vous demandez à être foulé un peu pour vous resaler. Celui qui viendra le fouler possède ce sel et rétablira tout de suite l’équilibre du colérique.

         Je veux que vous vérifiiez par l’expérience les choses que je vous expose pour constater le résultat. Seul celui qui a une conviction profonde sur les choses et qui les vit est fort, mais si vous êtes crédules face à tout le monde, vous êtes sans sel. Je crois que Dieu s’adresse aux humains selon le sel qu’ils ont en eux. Si tu as du sel, Il te dira : « Lorsque tu te lèveras, tu iras dans le potager pour y travailler, tu iras dans le champ pour le semer ». Si tu es juriste, tu iras t’occuper de tes affaires judiciaires, etc. et vous Le comprendrez. Si tu n’as pas de sel, tu seras foulé, dépouillé de ton argent, de ton épouse, des enfants, de la maison. « Du foulage est nécessaire, dit le Seigneur, pour ceux qui ne savent pas accomplir leur travail sur terre. »

Les gens se demandent souvent pourquoi le monde ne fonctionne pas si bien que cela. Le monde manque de sel. Donnez du sel aux humains ! Il n’en faut pas beaucoup, juste un quart de kilo du sel dont je vous parle. Vous pourrez resaler l’ensemble du peuple bulgare et il deviendra un peuple merveilleux en l’espace de cent ans. Savez-vous combien de temps doivent fonctionner vos usines pour fabriquer ce sel ? Un scientifique a fait des calculs sur la matière primitive à l’origine du cosmos et a prouvé qu’elle était des milliers de fois plus légère que l’hydrogène, et que pour obtenir un gramme de cette matière primitive, il fallait que toutes les usines travaillent trois mille ans. Vous êtes le sel, et pour obtenir ce sel il faut y consacrer toute une vie. Si tu as un gramme de ce sel, tu seras l’homme le plus riche du monde et où que tu ailles, tu soigneras les gens. Lorsque tu entreras dans une maison où l’homme et la femme se querellent, donne un peu de ce sel, alors la paix et l’entente s’instaureront tout de suite. Des enfants se querellent : donne un peu de sel ; des juristes polémiquent : donne un peu de ce sel ; des peuples guerroient : donne un peu de ce sel et la paix et l’entente se rétabliront entre eux. Vous vous dites : « Quel est élément alchimique de ce sel, quelle puissance cache-t-il ? » Un prêtre qui a de ce sel inspirera le silence à tout le monde en entrant dans l’Église. Les humains sont demandeurs de ce sel et si vous n’en avez pas, n’espérez aucune réussite. Ce que je vous dis n’est pas un jugement, je ne juge personne, mais je cite seulement un défaut propre à tous et pas seulement aux bulgares. Chacun sur terre a des défauts ; si nous étions parfaits, nous serions parmi les anges, auprès de Dieu. Mais parce que nous devons nous instruire, Dieu nous a envoyés sur terre, le lieu de sagesse où s’enseignent ces leçons grandioses.

         Je prêche aujourd’hui sur le sel, pourquoi ? Vous voulez tous être heureux. C’est vrai, chacun peut être heureux, mais vous devez acquérir l’art de retenir ce bonheur et non seulement de l’obtenir. Vous vous levez le matin bien disposé en disant : « Comme je suis heureux ! » Cinq ou dix minutes après vous perdez ces dispositions, ce bonheur. Pourquoi ? Vous n’avez pas de sel en vous. Le sel désigne le monde et toutes ses formes. Comme vous ne savez pas retenir une essence sans formes, je dis alors que le monde est réel-authentique et réel-fictif. Le monde réel-authentique est celui qui a toutes les formes et leurs contenus, et le monde réel-fictif est celui qui a des formes sans contenu. Il y a des humains réels-fictifs car ils ont un corps mais pas de sel. Si vous n’avez pas de sel vous ne pouvez pas comprendre ce qu’est la lumière divine, la bonté et l’amour divins. C’est seulement par le biais du sel et dans l’équilibre de votre cœur et de votre esprit, lorsqu’ils seront apaisés, que vous discernerez ce monde Divin.

         Le Christ dit : « Le sel qui a perdu sa saveur doit être jeté dehors et foulé aux pieds. » C’est pourquoi j’ai plusieurs fois parlé de l’utilité des souffrances : elles sont le chemin du resalage, le resalage est le chemin vers la lumière, la lumière, le chemin vers l’amour, et l’amour, le chemin vers Dieu. Si nous nous engageons sur le chemin, à la quête de Dieu, le monde prendra toute de suite une autre apparence que celui qu’il a maintenant. Vous tous qui m’écoutez ce matin, vous pensez parfois que le monde a un sens et parfois qu’il n’en a pas et qu’il est accablant. Vous avez des amis, ils ne vous comprennent pas ; des enfants, ils ne vous aiment pas ; des croyants comme vous, ils ne vous soutiennent pas. Tout l’art est de comprendre sur qui repose la faute ; est-ce que c’est eux qui manquent de sel ou bien vous. Le vrai est du côté de celui qui a le sel ; le faux est du côté où l’on manque de sel. Puisque tu n’as pas de sel, tu diras : « Il faut que je me laisse fouler ». Tous les humains sont des particules de Dieu, dans tous les cas ce sont les mains et les pieds divins qui vous foulent. C’est mille fois plus agréable que de se faire fouler par un ours comme les bulgares le pratiquent.

         Un anglais a relaté un épisode de sa vie : il s’était rendu aux Indes pour étudier la vie des autochtones. Sportif amateur, il avait pris un jour son fusil et était allé chasser en forêt. Il portait le fusil de la main droite lorsqu’un coup puissant sur son côté gauche l’a projeté à terre. Cette attaque était portée par une tigresse qui l’a pris et emporté dans sa tanière, avec ses tigreaux. La tigresse a dit aux petits : « Tenez cet anglais, piétinez-le bien, donnez-lui une bonne leçon et s’il tente de dégager sa tête, piétinez-le encore. » L’anglais a essayé de lever la tête pour voir ce qui se passait, mais la tigresse a dit : « Ne regarde pas en haut, tu ne verras rien, j’éduque mes enfants ». « Je n’étais pas tant traumatisé par ma fracture au bras – a dit l’anglais – que d’avoir la tête piétinée sans même pouvoir regarder. » Tous ceux qui n’ont pas de sel tomberont dans les griffes du tigre.

         Lorsque certains jeunes se choisissent par amour, ils vont à l’Église, le prêtre prie pour eux, tous les embrassent. Un mois plus tard ils se séparent : le tigre a pris la jeune mariée ou le jeune marié. Ces gens ont perdu leur sel et sont jetés dehors. S’ils divorcent, c’est qu’ils ont perdu leur sel ; il ne faut pas assembler de telles personnes. Homme ou femme, qu’ils procèdent au foulage. Les bulgares se soignent ainsi, c’est un agréable massage, une plaisante friction.

         Ce sel est utile pour vous, pour l’organisme sur le plan physique, pour vos pensées et vos sentiments. La loi est la même pour le monde physique, pour le monde angélique et pour le monde divin. Les philosophes contemporains nomment les qualités du monde spirituel différemment ; par exemple, ils appellent moral, l’homme qui a du sel, et amoral, l’homme sans sel. On dit pour quelqu’un : « Cet homme est extrêmement intelligent, raisonnable » ; on sous-entend que la loi de l’équilibre agit en lui, qu’il a du sel. La raison, c’est le sel, le mot raison désigne donc cet état dans lequel toutes les capacités humaines ont de bonnes conditions de travail. Le sel constitue le terreau. Sans sel, il ne peut rien y avoir dans le monde ; sans sel, même la terre serait un désert et tout périrait. Le sel est un engrais accumulé depuis des années. D’autres forces viennent après lui pour bâtir notre organisme. Pour ne pas perdre votre sel, il faut vous protéger des désirs illicites.

         Je vais vous relater un mythe : jadis est née dans un palais royal une fille, la plus belle jeune fille au monde. Lorsqu’elle a grandi, son père lui a trouvé comme compagnon pour la marier un jeune homme vertueux. Ces jeunes étaient si aimables au regard du Ciel que le Seigneur a envoyé un ange pour le représenter à leur mariage sur terre. Lorsqu’il est venu sur terre, l’ange est tombé amoureux de la jeune fille et n’a plus voulu retourner au ciel ; il a commencé à ourdir un plan pour la conquérir. Le Seigneur l’a attendu un jour, deux jours, un mois, l’ange ne revenait pas. Lorsqu’Il a compris de quoi il en retournait, le Seigneur l’a transformé en oiseau pour lui montrer les conséquences désastreuses des désirs illicites : pour errer d’arbre en arbre en étant mis à l’écart par les autres oiseaux. Il a ainsi volé d’un arbre à un autre, mais tous les oiseaux le fuyaient. Il s’est attardé un jour sur un arbre pour se plaindre de son sort ; à ce moment-là, quatre brigands sont venus pour partager leur butin. Ils ont tout partagé en parts égales, puis deux parmi eux ont décidé d’aller en ville acheter de la nourriture et du pain pour organiser un festin. Ils sont allés acheter la nourriture, mais l’idée leur est venue de mettre du poison dans le repas pour empoisonner les deux autres et se partager ainsi leurs parts. Les deux brigands restés sous l’arbre ont décidé, en attendant leurs complices, de leur tirer dessus et de s’accaparer leur butin. L’ange a compris le mal projeté par les uns et les autres. Lorsque les deux brigands se sont rapprochés, les deux autres les ont assassinés alors qu’ils étaient encore loin, puis ils ont mangé la nourriture apportée, mais ils se sont empoisonnés. C’est alors que l’ange a compris les conséquences des désirs illicites et les raisons de sa souffrance.

         Lorsque le Seigneur vous envoie à une noce à laquelle Il prend part, n’ayez pas le regard de cet ange. Si tu es un homme, garde toi de dire : « Elle sera à moi », ou si tu es une femme : « Il sera à moi », car vous chanterez longtemps en haut des arbres ! Je vous demande : « N’êtes-vous pas ces oiseaux jetés du Ciel ? » Certains demandent : « Dis-nous pourquoi nous sommes descendus du Ciel ? » Nous sommes tous descendus pour apprendre que les désirs illicites ont des conséquences néfastes et pour comprendre qu’un homme sans sel est loin de Dieu.

         Les humains veulent la liberté et c’est pourquoi le Seigneur les envoie sur terre en leur disant : « Vivez selon la loi de Ma liberté ». C’est la propension des humains à exiger la liberté pour eux seuls qui est néfaste. Selon la loi divine, nous devons comprendre les rapports qui existent entre nous. La loi du sel est celle-ci : ce que tu souhaites pour toi, ne le refuse pas aux autres, donne-leur la possibilité de développer eux-aussi leurs capacités. Si quelqu’un a un champ ou un potager, ne l’envie pas, mais remercie qu’il ait tout. Tu vois quelqu’un à cheval ; ne dis pas : « Oh, si seulement ce cheval était à moi ! », remercie qu’il ait ce cheval, il le mérite. Tu vois une belle maison, bien meublée, ne la convoite pas. Si tu as du sel, tu auras tout ce dont tu as besoin. Dites au Seigneur : « C’est du sel que je veux désormais. »

         Pour convaincre nos contemporains de cette grande vérité, il faut longtemps argumenter avec certains, prouver par l’expérience avec d’autres, et se comprendre tout de suite avec les troisièmes. Avec ceux qui n’ont pas une vision spirituelle développée, il faut argumenter ; c’est comme palper le monde spirituel. Par une approche méthodique, pas à pas, ils se créent progressivement une idée sur les choses qu’ils ne peuvent pas appréhender d’un seul coup. Dans nos réflexions sur Dieu, nous utilisons la même analogie pour nous faire une idée de Lui. Toutes les écoles philosophiques avec leurs volumes épais qui traitent de Dieu ne sont que des palpations ; les unes plus près, les autres plus loin de la vérité. Certains ont effleuré le petit doigt de Dieu et disent : « Quels petits doigts Dieu a ! » ; un autre a effleuré sa main et dit : « Quelle grande main Dieu a ! » ; quelqu’un a effleuré son épaule ou sa tête et tire ses conclusions à partir de cela. Mais ce n’est que le côté extérieur de Dieu : la nature manifestée. Il serait étrange si quelqu’un, monté sur le toit de ma maison disait : « Je comprends maintenant Monsieur Deunov : il est ferme car je touche une charpente très ferme ». Si quelqu’un effleure quelque chose de souple, il dira : « Comme Monsieur Deunov est souple ! » Je peux être en même temps ferme et souple. Qu’entendez-vous par ferme ? Ferme comme un roc ou ferme dans ses convictions. Par conséquent, les palpations extérieures ne peuvent pas donner une idée précise sur les choses, mais uniquement quelques idées confuses.

         Si vous n’avez pas assez de sel, vous n’aurez pas de saveur et vous direz : « La vie ne consiste qu’à boire et à manger. » Je ne suis pas contre se nourrir, ne pensez pas cela puisque si l’homme est venu sur terre, il mangera et boira. Je ne recommande pas de s’affamer, de pratiquer un jeûne excessif ; je comprends le jeûne autrement : que chacun mange autant qu’il est nécessaire pour le renouvellement de son corps. Chaque jour nous devons ingurgiter une certaine quantité de pain, d’eau et d’air pour bâtir notre corps. Certains pensent que s’ils ne mangent pas ils seront meilleurs ; non, si tu ne manges pas, tu seras plus mauvais. Tu veux rendre l’homme meilleur ? Nourris-le s’il a faim, désaltère-le s’il a soif. Et quand tu le nourriras avec du pain et de l’eau, donne-lui un peu de ton sel et il deviendra meilleur ; si tu ne le nourris pas, tu commets un crime. Si tu rencontres quelqu’un qui veut se suicider de désespoir, ne lui donne pas de conseils pour l’en dissuader, mais prends-le chez toi, nourris-le, désaltère-le selon ta coutume et une ou deux heures après, lorsqu’il aura digéré, dis-lui : « Discutons un peu à présent ». Laisse-le reprendre ses esprits et exposer pourquoi sa vie est si sombre. Donne-lui des indications et montre-lui le chemin à prendre, c’est pour cela que le Seigneur te l’a envoyé ce jour-là. Souvent nous prions : « Notre Père qui es aux Cieux, que Ton nom soit sanctifié, que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite », mais si tu n’accomplis pas Sa volonté comme Il te l’indique, c’est que tu es sans sel ce jour-là. Expérimentez ceci : si vous n’êtes pas bien disposés, allez voir un proche qui est encore plus malheureux, conviez-le chez vous, nourrissez-le et sans vous en rendre compte, Dieu vous resalera tous les deux. Une femme, mécontente de son mari, en rencontre une autre encore plus affligée ; réunies ensemble à discuter, toutes deux seront resalées en même temps par Dieu. C’est une philosophie chrétienne positive.

         On dit souvent : « Il ne faut pas manger trop de haricots, ni de viande, ils laissent des déchets », mais demandez-vous pourquoi les gens mangent autant. Pour obtenir du sel. Lorsqu’ils auront obtenu assez de sel, ils ne mangeront plus autant. Lorsque vous serez normaux, alors nous pourrons parler d’une philosophie supérieure de la vie. Vous pouvez faire l’expérience suivante puisque vous êtes du monde réel. Vous pouvez vous dire : « Deunov a eu l’idée de nous parler du sel ! Comme si nous ne savions pas l’importance qu’il a pour nous ? » Je vous parle sur le sel pour vous faire faire l’expérience suivante : arrêtez-vous, méditez cinq à dix minutes sur le sel, son influence sur l’organisme, les sentiments, l’âme et l’esprit, et voyez alors s’il y a un changement en vous et ce que vous ressentirez.

         Pourquoi est-ce précisément le sel qui est un élément tellement actif ? Souvent les gens me confient qu’ils sont indisposés, malheureux et je leur dis : « Je le sais car je suis aussi sur terre. – Oui, mais ta situation est très différente de la nôtre ». La différence est uniquement dans la plus grande quantité de sel que j’ai. Je te donnerai de mon sel, mais tu devras bien l’utiliser et le rationner. Lorsque tu as un peu de ferment, garde un peu de ce « sel » pour la fois suivante ; quand vous mangez du lait fermenté, gardez un peu de ferment. Je recommande aux gens d’aujourd’hui de ne pas tout manger jusqu’au bout, car Dieu leur enlèvera du sel. Vous ressemblerez alors à ce Bulgare qui a pris un crédit pour s’acheter des objets superflus. Le prêteur, en voyant ça, a voulu récupérer son argent pour le recompter, mais au lieu de le redonner ensuite à l’emprunteur il lui a dit : « Tu n’es pas quelqu’un qui peut manier l’argent et tu ne le mérites pas ». Lorsque Dieu voit que vous n’utilisez pas la vie convenablement et en abusez, Il la reprend. Combien parmi vous étaient jadis en bonne santé, joyeux et heureux, alors que vous êtes anémiques aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que vous ne savez pas utiliser la vie. Lorsque vous aurez du sel en vous, vous serez en bonne santé, sains de corps et d’esprit.

         Concentrez-vous sur le sel, sur cet élément d’équilibre et d’élévation, et tâchez de le comprendre. Cet élément est nommé prana par les hindous, c’est-à-dire une force qui porte la vie en soi. Il se trouve dans l’air, dans la nourriture et dans l’eau ; c’est de là qu’il est extrait. Je vous dirai maintenant comment vous nourrir – nous commençons dans ce monde par la nourriture – : lorsque vous commencez à manger, la première condition est de rejeter tout mécontentement. Même si vous avez peu de pain, il vous faut l’entourer d’amour pour que l’énergie qu’il contient puisse pénétrer votre organisme, après quoi vous sentirez une quiétude. Alors que maintenant que se passe-t-il ? La femme cuisine quatre heures d’affilée, elle a tout mis dans le plat pour lui donner de la saveur et en effet son plat est excellent ; l’homme rentre mécontent, renfrogné ; la femme en est échaudée et tout le sel se perd. Le lendemain, c’est la femme cette fois-ci qui est contrariée. Vous mangez et n’assimilez rien de ce sel car vous êtes mécontents. L’homme et la femme sont mécontents. L’homme dit : « C’est une femme, elle ? », les enfants disent : « C’est une mère, elle ? » C’est ensuite l’homme qui achète de la viande, du beurre et des œufs, et tous sont encore renfrognés à la maison. Pour être content, prépare-toi et dis : « Tout est excellent, ma chère. » Lorsque vous mâcherez la nourriture, alors vous verrez comme elle peut être savoureuse, quelle quiétude, quel bonheur et quel contentement vous allez éprouver. Maintenant, vous vous plaignez : « Comment vivre avec un quart de pain ? » Il y a assez de sel dans un quart de pain pour vivre, mais c’est notre mécontentement qui crée les troubles. Vous vous dites : « Si mon ventre est vide, je n’ai rien à faire de ce repas ! » C’est ton intelligence et ton cœur qui sont vides et pas ton ventre. J’ai fait des essais divers avec la nourriture, j’ai mangé deux pommes et un peu de pain et j’ai été satisfait. Ce n’est pas l’abondance, mais parfois c’est le peu qu’il faut bénir avec reconnaissance. Ne méprisez pas ces grains de sel dans le monde, ils sont comme le petit grain de blé qui engendre de grandes choses.

         La première chose à faire est de rééduquer ce sentiment de mécontentement qui subsiste en nous. L’homme apporte un quart de viande, un quart de pain à la maison – que Dieu soit remercié pour cela. Ils vont alors se multiplier, car il y a une force dans le magnétisme vivant qui stipule que toutes les particules qui vibrent au diapason du magnétisme central, s’attirent. Si vous êtes contents de la nourriture que vous mangez, vous pourrez attirer autant d’éléments que nécessaire pour vous rassasier. Certains disent : « Il ne faut pas boire d’eau, c’est pour les grenouilles, pour nous c’est le vin. » Vous boirez de l’eau et cela, à jeun, de cent à cent cinquante centilitres à chaque fois. Vous boirez chaque jour un demi à un litre d’eau dont vous allez extraire la nourriture nécessaire pour vos artères. Vous respirerez profondément et cela, par le nez et non pas par la bouche pour ne pas avaler de poussière. Lorsque nos contemporains comprendront comment assimiler ces éléments : la nourriture, l’eau et l’air, l’autre bénédiction viendra toute seule.

         Ne pensez pas qu’en vous, en votre âme, les choses vont se construire à présent. Non, il y a en vous déjà beaucoup de sentiments mais ils sont endormis. L’âme humaine est riche et attend des conditions bénéfiques pour se développer. La première chose qui doit se développer en vous est la gratitude envers tout ce que vous avez. Surveillez votre œil pour qu’il ne soit pas comme l’œil de cet ange dont je vous ai parlé à l’instant. Si vous appliquez tous cette grande loi de la gratitude, au moins cinquante pour cent de toutes les affaires sur terre s’arrangeront. Et du coup, les anges, s’ils voient que nous avons emprunté le chemin viendront nous aider ; ne pensez pas que vous travaillez seuls dans le monde. Creusez un peu le sol pour voir combien de petits vers aident le semeur, combien de microbes préparent le sol avec l’agriculteur et combien d’autres éléments entrent dans la constitution du grain de blé. Et pourtant, nous sommes comme des enfants, toujours mécontents quel que soit le cadeau que notre père nous apporte. Chaque enfant doit remercier son père pour tout ce qu’il lui rapporte. Un enfant qui n’embrasse pas son père lorsqu’il reçoit quelque chose de lui, n’a pas de sel. Certains parents disent : « Mon petit ange » ; oui, un petit ange, mais sans ailes. Une fille qui ne remercie pas son père et sa mère et ne les embrasse pas, est un ange sans ailes.

         Vous qui m’écoutez, vous parlerez de la même façon aux autres. Ainsi nous vérifierons par l’expérience que ce sel est indispensable à tous. Aujourd’hui, le Seigneur foule les humains et resale le monde : les anglais et les allemands, les russes, les français et les autres. Le Bien vient désormais. Je vous souhaite, de retour à la maison, de conserver au moins un gramme de sel pour être des membres utiles à votre famille, votre société, votre peuple, et en être reconnaissants. C’est seulement alors que vous obtiendrez la vertu : vous serez intelligents, bons, travailleurs et assidus.

 

 

 

Sofia, 25 mars 1917


[1] « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel ? Il ne vaut plus rien ; on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes. » (Matthieu 5, 13)

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