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1916_11_19 Considérez les lis des champs


Ani
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Considérez les lis des champs

 

Considérez comment croissent les lis des champs :

 ils ne travaillent, ni ne filent

Matthieu 6 :28

 

         Le Christ a été grand non seulement dans les œuvres majeures : la création des hommes et des mondes, mais aussi dans les petites choses. Il dit : « Allez et apprenez des lis des champs… » Apprendre quoi ? La patience d’abord, le silence ensuite. Ils ne se préoccupent pas de leurs habits et sont démunis. Ils ont seulement deux corps ; ils n’ont pas de corps astral, ni de corps mental.

         La nouvelle vie divine exige la paix, même lorsque nous ne possédons rien, et non pas lorsque nous avons tout et ne manquons de rien. Le soir en vous couchant, enlevez vos vêtements ; le soir le soldat laisse son fusil et son sac pour être libre. Allez et considérez les lis des champs : ils sont de couleur blanche. L’homme ne peut pas être en paix s’il n’est pas blanc, pur. L’homme a des résidus du passé qui ne permettent pas à la vie d’être calme et douce. Tous les hommes sont inquiets : les prédicateurs, les fonctionnaires, les hommes d’état, etc. Cette inquiétude est en soi mouvement : c’est l’impulsion initiale du mouvement. Nous devons comprendre la loi du mouvement qui stipule que Dieu travaille en nous. Ne vous inquiétez pas. Le lis des champs est piétiné par l’âne, mais il repousse et ses fleurs sont encore plus belles. Nous devons nous sauver par l’art : le lis des champs a compris cet art.

         Beaucoup de chrétiens ressemblent à cet ermite qui a vécu vingt ans au sommet d’une montagne et lorsqu’il a cru qu’il était pur et saint, il a décidé de descendre en ville chez son frère qui était cordonnier. L’ermite a pris une boule de neige et est descendu chez son frère pour lui montrer qu’il est pur comme la neige. Mais voilà qu’une jeune fille est venue voir son frère pour qu’il prenne les mesures pour de nouvelles chaussures. Le frère a tranquillement pris les mesures, alors que l’ermite, les jupes de la jeune fille étant à moitié relevées, a aperçu sa jambe et la boule de neige s’est mise à fondre. Son frère lui a fait remarquer : « Mon frère, la boule de neige fond ». Vingt ans de vie sainte a fondu devant la jambe d’une femme ! Le saint s’est dit : « Pourquoi ai-je été aussi bête durant vingt ans, de ne pas me marier et d’avoir des enfants. » De la même manière, vingt ans de vie sainte d’une femme fond devant la jambe d’un homme, vingt ans de vie sainte fond pour dix kilos d’or, etc. Dans la vie, ce parallèle n’est pas anecdotique : tous les jours nous voyons des gens fondre (Le Maître illustre ici ses propos par l’exemple de l’héroïne d’Ibsen[1], Irène, qui s’enfuit à cause d’une statue de marbre). La vie, ce n’est pas des embrassades : Judas aussi a embrassé le Christ. Combien de cœurs ont été brisés après des embrassades ! Le chat aussi badine avec la souris…

         « Allez auprès des lis des champs, dit le Christ, leur neige ne fond pas. » La pureté du Christ ne fond pas. Les juifs étaient un peuple élu avec trente-six mille promesses de Dieu, mais leur neige a fondu devant cette jambe féminine : ils sacrifiaient des veaux et des moutons, faisaient des statues au nom de Dieu, mais leur neige a fondu. Vous voulez progresser dans la quête spirituelle et je vous dis : prenez exemple sur les lis des champs.

         Il existe trois états : le champ physique, l’atmosphère et le monde. Le plan physique représente la base, l’atmosphère, c’est l’influence et les interactions entre les forces qui travaillent, et le monde, c’est le rapport entre les créatures raisonnables et vivantes. Le Seigneur a aimé le monde, c’est-à-dire qu’il est descendu pour apprendre aux hommes ces rapports.

         La jeune femme porte la couleur du lis et dit au jeune homme : « Comme c’est blanc et pur ! » Le curé leur psalmodie la dernière bénédiction, mais trois mois plus tard la neige blanche commence à fondre. Je veux que ce lis pousse dans vos cœurs. Il pousse bien dans les champs, mais je l’ai trouvé dans peu de cœurs : d’enfants, de peuples, d’églises, de prédicateurs. Je suis maintenant venu sur terre avec vous pour voir où et quels types de lis on trouve et comment ils poussent.

         Les femmes sont fautives : elles ont chassé Dieu du paradis. Je ne vous juge pas, mais j’énonce une vérité. Dans le Royaume de Dieu il n’y a pas d’hommes et de femmes, tous sont des êtres humains. S’il y entrait des hommes et des femmes, ils le corrompraient. Je ne vous offense pas, je vous parle ainsi car vous êtes des êtres humains et votre neige ne doit pas fondre.

         Si j’étais riche à millions, j’aurais eu plus de personnes autour de moi. Ma situation est comme celle de ce derviche qui est allé aux bains : il s’est baigné sans avoir d’argent pour payer. Le préposé aux bains insistait néanmoins pour avoir le paiement de l’entrée et le derviche a imploré : « Seigneur, donne-moi un sou pour payer ou bien démolis ces bains ! » Et voici que quelque chose a claqué, le préposé aux bains est entré pour voir ce qui se passait et le derviche a pu entrer. Il a vu ensuite un Hodja prier ; ce dernier lui a dit qu’il priait pour avoir un sou… Et les gens aussi implorent constamment pour obtenir de l’argent du Seigneur, mais l’argent n’est pas à Lui, ce n’est pas Lui qui l’a créé. L’argent est dans la terre et si nous connaissons bien la loi, nous saurons le trouver sous forme d’or pour le battre en monnaie.

         Mais revenons aux lis. Le Christ envoie ses disciples vers eux. Leur calice est ouvert vers le haut, c’est-à-dire regarde vers Dieu, vers l’Esprit vivifiant, et si vos cœurs sont ouverts à Dieu, vous serez purs comme les lis. Nous devons croître comme les lis et ne pas mélanger le monde divin et le monde matériel. Le bien-être que nous souhaitons obtenir pour nous, il faut le désirer et le donner aux autres ; cette loi nous permettra de nous développer, de croître et d’ajouter chaque jour une pierre aux fondations.

         La première chose que le Christ nous dit, c’est de nous arrêter, ce qui veut dire de nous observer nous-mêmes. Chez les gens prédominent les désirs d’aller dans des directions différentes. Non ! Comme le lis, arrêtez-vous, tournez-vous vers Dieu, entrez en vous-mêmes. Et alors votre neige ne fondra pas. Cela fait huit mille ans que la neige des gens fond constamment. On me rend visite et pour me dire : « Celui-ci ou celui-là m’a volé ma tranquillité », ce qui signifie : « Ma boule de neige a fondu. » Par l’expression jambe féminine je veux qu’on comprenne un symbole au sens large : le saint portait la neige à l’extérieur alors que la neige de son frère cordonnier était en lui, dans son cœur. Vous aussi, soyez ainsi : cultivez toujours le contentement. Les souffrances actuelles dans le monde sont voulues : le projectile tiré par un soldat est dirigé par une force intelligente. Si vous gagnez, vous êtes à la place du cordonnier ; si vous êtes vaincus, cela indique que votre neige a commencé à fondre.

         Les choses extérieures peuvent toujours nous être enlevées. Le lis reçoit tout du soleil, du vent, de l’humidité. Nous aussi, nous devons nous arrêter comme le cordonnier, comme le lis, et le Seigneur va travailler sur nous. Oubliez les illusions de votre vie, prenez l’essentiel comme vous prenez ce qui est utile avant un voyage et non pas toute la maison. Transportez avec vous seulement une somme d’argent utile et si vous êtes attaqués par les brigands, donnez-leur l’argent. Ne soyez pas comme cet avocat qui n’avait jamais d’argent sur lui, et attrapé par les brigands, sans rien à monnayer, a reçu une bonne correction, ce sur quoi il s’est fait la promesse d’avoir toujours de l’argent sur lui désormais. Si tu n’es pas érudit, si tu n’es pas un notable, si tu n’es pas riche, si tu ne réussis pas, c’est que ta neige fond. La neige est le symbole de l’eau, elle ne doit pas se perdre. Notre élan vers le divin ne doit jamais changer le sens de son mouvement. Chaque vie croît dans une certaine direction : la plante croît suivant un cercle, les animaux, suivant un cylindre et les hommes, suivant une spirale qui peu à peu les élève vers Dieu. Les regards et les embrassades sont pour moi la même chose. Si vous vous irritez, cela indique que les centres de la spirale de votre croissance ne sont pas correctement placés.

         Ce lis est un grand esprit-ange qui se tient toujours devant la face de Dieu et reste incorruptible. Je ne ferai pas de conclusion. J’aimerais que vous vous sentiez aussi bien dans la situation du saint descendu de la montagne, que dans celle du cordonnier. J’aimerais que vous soyez aussi à la place de Moïse près du mûrier[2]. Allez auprès de ce magnifique lis blanc qui pousse maintenant partout en Bulgarie et vous comprendrez que votre avenir est d’être vertueux et de servir votre peuple. Amen.

         Notes de conversation avec le Maître

* Ne laisse jamais entrer dans ton âme, dans ta sainte demeure, un être impur. Ne t’évertue pas à l’améliorer : qu’il s’améliore dans la cour extérieure et non pas dans ton jardin intérieur.

*Quelqu’un te parle ; si tu ne veux pas l’écouter, lève-toi, éloigne-toi, mais il ne faut pas l’interrompre : il est une source qui coule. Laisse couler cette source, puis parle ; ou bien éloigne-toi si tu ne veux pas l’écouter.

         *Le Christ est le frère vendu en Egypte. Ensuite ils l’ont encore vendu aux païens, mais Il est revenu. Ce sont eux maintenant qui vont vers Lui pour s’incliner devant Lui.

         *L’homme doit prier sans cesse pour être relié à Dieu. On doit laisser reposer notre destin entre Ses mains, avec foi. Il peut parfois te laisser suspendu par un cheveu, mais ne t’abandonnera pas.

         *Le père est bon, mais il laisse ses enfants « vivre », et c’est sa première erreur. Ce qui a été bon pour le père, l’est aussi pour les enfants. Ils sont malins et devinent sa faiblesse.

         *Les hommes commencent souvent avec le Christ et terminent avec Moïse. La loi c’est : commence avec Moïse et termine avec le Christ. Aie toujours un Seigneur, un centre et non pas plusieurs centres. Lorsque ton Seigneur se fâche, c’est mauvais, mais si c’est quelqu’un d’autre qui se fâche, sois sans crainte.

         *Tant que tu n’as pas le Seigneur pour Maître, personne ne vient te donner de leçons, mais lorsque le Seigneur Christ t’enseigne, d’autres maîtres apparaitront tout de suite pour t’apprendre ceci ou cela et te montrer d’autres chemins. Ils sont mensongers, ne les écoute pas, mais écoute seulement le Seigneur Christ en secret, sans t’en vanter auprès des autres maîtres.

         *Les souffrances ne doivent pas être une raison de découragement, mais au contraire d’encouragement. Tous les écrivains ont écrit leurs meilleures œuvres lorsqu’ils souffraient le plus.

         *La bataille de Thessalonique[3] est un cheval de Troie : les grecs l’ont menée à Thessalonique mais les bulgares l’ont conduite les premiers.

         *Le dénouement qui arrive est heureux. Vous vouliez connaître la nouvelle époque, la voilà.

Sofia[4], 19 novembre 1916


[1] Il s’agit du dramaturge norvégien Henrik Ibsen (1828 – 1906)

[2] Il s’agit du Buisson ardent (mûrier sauvage) Exode 3, 2 « L'ange du Seigneur lui apparut dans une flamme de feu, du milieu du buisson. Il regarda : le buisson était en feu et le buisson n’était pas dévoré. »

[3] Action de Thessalonique – il s’agit probablement d’une campagne militaire bulgare sur le front de Thessalonique, du 12 septembre au 11 décembre 1916, lors de la Première Guerre Mondiale. Le 19 novembre 1916, jour de la conférence « Considérez les lis des champs », les armées de l’Entente ont pris possession de Bitolia, ce qui fut ressenti comme un coup moral terrible sur l’armée et l’état bulgare.

[4] Après la date sur la sténographie, il est marqué : « Après-midi, Sofia, rue Opaltchenska dans la maison du frère Petko Iv. Goumnerov »

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