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Les violettes


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LES VIOLETTES

Les disciples de la Fraternité sont originaires de toutes les classes sociales, religions et nationalités du monde. Tous sont unis dans la même ferveur : paysans, commerçants, employés, patrons, professeurs, artistes, mères de famille, hommes et femmes, jeunes et vieux. La fraternité véritable s’établit sur la base de principes immuables, les principes Divins de l’Amour, de la Sagesse et de la Vérité. On sait bien que les idées des gens de ce monde prennent différentes teintes, qu’elles ont des directions et des intensités diverses. Une idée d’une plus haute vibration prend le dessus sur celle qui a une moindre vibration. C’est pour cette raison que lors de l’apparition d’une idée nouvelle dans le monde, les adhérents des conceptions anciennes mettent en oeuvre tous les efforts pour augmenter la fréquence des vibrations émotionnelles de leurs idées afin qu’elles atteignent une octave plus élevée que celle de la nouvelle idée faisant son apparition. Ce sont, toutefois, des artifices de petite durée dont l’effet est insignifiant.

Les disciples de la Fraternité ne veulent pas d'un anarchisme chaotique. Ils apprécient à sa valeur aussi bien leur pays que toutes les autres attributions de l’homme qui sont nécessaires et encore valables pour la vie terrestre. Le Maitre lui-même a donné à quelques reprises des indications éminemment sages au niveau de la direction de l’État, sans que toutefois ses conseils aient été toujours suivis. Seules les conséquences fatales d’une mauvaise direction ont toujours prouvé la justesse de sa pensée.

Quand ces mêmes disciples écoutaient son Enseignement, plongés dans l’atmosphère de son aura, alors toutes les distinctions terrestres cessaient d’exister. Dans le salon de la Fraternité, il pouvait y avoir des gens de confessions différentes, d’autres nationalités et d’autres classes, d’autres conditions. Ces particularités s’estompaient et finissaient par disparaitre. Parce que les vibrations puissantes du principe divin s’imposaient au-dessus de tout par leur puissance. C’est dans ces minutes que chaque individu séparément, en accord au moins avec une parcelle de la grandeur de l’Universel Esprit Créateur, n’arrivait pas à concevoir comment il était possible qu’en raison de distinctions minimes, insignifiantes et artificiellement créées, on pouvait verser du sang et faire subir aux autres des souffrances infernales.

Chacun pouvait devenir membre de la Fraternité sans nulle cérémonie ni vérifications spéciales. La vérification était effectuée par la vie elle-même, qui élucide tout, et cela de telle façon que ces éléments, qui ne découlent pas de la soif sacrée de connaissances et d’élévation spirituelle, échouent d’eux-mêmes. La liberté illimitée que le Maitre accordait à ses disciples devenait parfois la cause de ce que les « adhérents » instables et mal affermis dans les idées commettent des faux-pas que la foule ignorante attribuait à l’image pure et lumineuse du Maitre. Beaucoup de citoyens incultes, n’ayant jamais étudié ni compris quelque chose à la science spirituelle, ignorant les Écoles de l’Orient et de l’Occident, ne connaissant même pas les noms d’Hermès, de Pythagore, de Platon, ni même la science secrète de l’Orient, ne sachant rien de la Théosophie, de l’Anthroposophie et des Rose-Croix, n’ayant même pas encore effleuré les principes de la Parapsychologie, ne saisissant pas que le Maitre de la Fraternité de la Lumière est un de ceux qui continuent l’Oeuvre, commencée depuis des siècles et des millénaires et dirigée vers l’élévation spirituelle de l’humanité.

Le Maitre de la Fraternité n’aimait pas qu’on fasse de la propagande avec les idées de l’Enseignement Divin. II considérait une telle sorte de prédication adressée à des gens non éveillés au sacre comme étant indigne. Les gens qui venaient à lui n’étaient pas recueillis sur les places publiques par des discours de propagande. Ils le trouvaient d’eux-mêmes, tout comme le voyageur assoiffé pendant la canicule du jour d’été cherche et trouve la fontaine ou la source, même dans les recoins de la montagne.

Un exemple significatif sous ce rapport est la conversation du frère M.Z. (un frère aussi exalté que dévoué) avec le Maitre. Cela eut lieu à « Izgrev », pendant une belle journée d’été.

Portant en lui la joie de quelqu’un ayant trouvé sa voie dans la vie et ayant nourri son âme des petites semences de la connaissance Divine, il frappa à la porte de la modeste chambre du Maitre.

« Qu’est-ce qui t’agite à présent ? demanda le Maitre à son visiteur, après un court silence.

— Maitre, commença M.Z., je voudrais aller en province pour y travailler.

—    Que feras-tu en province ?

—    Je vais y porter votre parole. Je vais porter la bonne nouvelle de l’Amour.

Le Maitre réfléchit quelques secondes et lui demanda :

—    Et comment penses-tu travailler ?

—    En élevant une tribune...

—    Non, pas comme cela ! dit avec sérieux le Maitre. Ce sont là des méthodes surannées, tombées en désuétude. Après avoir été expérimentées, elles n’ont donné aucun résultat. Il y a d’autres méthodes. »

M.Z. regardait le Maitre avec une émotion sacrée, sans arriver à se rendre compte pourquoi son plan échouait.

« Dans ce cas, dites-moi comment il nous faut travailler ? reprit

M.Z.

—    Tu vas à la montagne, n’est-ce pas ? J’aime croire que tu as fait halte dans quelque belle prairie et que tu y as respiré l’air embaumé par le parfum des violettes.

—    Mais oui, Maitre.

—    Tu as respiré ce parfum merveilleux, sans voir les violettes. II se peut que plus tard ton regard soit allé derrière quelque buisson où se cachaient ces petites fleurs parfumées qui t’envoient leur arôme. C’est comme cela que nous travaillons, tout comme les violettes. Nos pensées lumineuses, la noblesse de nos sentiments ainsi que nos actes utiles et désintéressés sont comme le parfum des violettes.

—    Est-ce que ceci est l’unique méthode ? demanda M.Z.

—    II y en a d’autres. Si tu rencontres une âme qui cherche, tu n’as qu’à lui dire deux mots. Allume en elle la petite flamme sacrée et laisse-la.

—    N’est-ce pas trop peu ?

—    Ce n’est pas peu, c’est même beaucoup. Parce que cette âme est reliée à d’autres, qui vont aussi s’illuminer. Telle est la loi.

—    Cela est merveilleux, Maitre ! » s’exclama M.Z.

Le Maitre le regardait en souriant avec un amour paternel.

Et M.Z., sur le chemin du retour, l’âme pleine de jubilation, se répétait à mi-voix les paroles :

« Tel que les fleurs, les violettes, cachées derrière les buissons, qui embaument l’air de parfum !... »

 

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