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1915_06_27 L'enfant prodigue


mayakitanova
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Le fils prodigue

 

Il dit encore

« Un homme avait deux fils »

(Luc 15 :11)

 

            Je prendrai uniquement le onzième verset du chapitre 15.

 

            Le Christ est inimitable dans ses exemples. Le fils prodigue est un excellent sujet sur lequel de grands prédicateurs ont fait des sermons célèbres pour moraliser les jeunes générations. À ma connaissance, tous les prêcheurs depuis l’époque du Christ se sont limités au retour du fils prodigue dans sa famille, alors que le Christ y a mis un sens beaucoup plus profond. Le péché du fils prodigue n’est qu’une conséquence, et il nous faut comprendre la raison qui l’a incité à quitter son père. Tous disent qu’il était prodigue ; sur terre un homme peut souffrir sans que les raisons en soient dévoilées. Voici une anecdote analogue à celle des deux frères : un homme  est venu se confesser chez un célèbre prêtre Russe ; c’était un criminel, coupable de meurtre. Il a avoué son crime et le confesseur lui a indiqué le moyen de se racheter. Comme vous le savez, certaines lois interdisent à un confesseur de divulguer les secrets avoués en confession, mais c’est le meurtrier ici qui est allé dire à un gendarme qu’il était l’auteur du crime perpétré. Avec nos lois actuelles, on posera la question : « S’il a commis un crime, est-ce qu’il mérite d’être gracié ? » Voilà comment raisonnent les gens qui comprennent le monde superficiellement. Mais ceux qui comprennent profondément diront qui est le vrai coupable.

 

            Alors, quelles sont les raisons de la souffrance du fils prodigue ? Je vois dans le jeune fils un esprit chevaleresque car il a eu la bravoure de dire à son père : « Mon père, je veux étudier et je laisse mon grand frère hériter de ta propriété. Et comme je ne suis pas utile dans votre foyer, donne-moi la part de fortune qui me revient. Son attitude est pour moi meilleure que celle de vos rejetons ; lorsque vous les envoyez à l’étranger, ils dépensent quarante ou cinquante mille leva. Ce jeune homme était noble, car il a posé ainsi la question à son père qui lui a d’ailleurs donné sa part de la propriété sans aucune objection. Par la suite le fils l’a gaspillée dans une vie de débauche avec des femmes, dans la boisson et les festins – Peut-il y avoir un crime commis, un mal fait, une intrigue, sans qu’une femme y soit mêlée !

 

            Il est dit que lorsqu’il a tout dilapidé, le fils est allé voir un habitant du pays et lui a proposé de travailler pour lui : « Je suis habitué à l’effort car je travaillais lorsque j’étais chez mon père. » Cet homme l’a envoyé garder des cochons. Ce jeune homme a préféré garder les cochons que de se suicider ; il a préféré garder les cochons que de marauder ; il a préféré garder les cochons que de tromper les gens. Je demande combien sont ceux qui dans la société moderne et même dans l’Église  suivent l’exemple du fils prodigue ? Voilà pourquoi le Christ esquisse dans sa parabole l’image de ce fils prodigue comme quelqu’un de bien. Il est dit qu’après avoir gardé les cochons, il a réfléchi sur sa situation et il est retourné chez son père ; ce dernier a compris la sincérité de la repentance de son fils et il a tué un veau en son honneur. Le Christ sait que dans l’histoire juive, Isaac avait deux fils : Jacob et Esaü ; à la différence de son frère, Jacob aimait mentir ; à cause d’un mensonge et d’un potage de lentilles, il est parti à l’étranger et a servi quatorze ans pour deux femmes. Lorsqu’on lui a donné la première femme, on l’a leurré. Par conséquent, vous aussi, vous pouvez tenter de mentir, mais vous servirez quatorze ans ensuite, c’est-à-dire vous rachèterez votre crime de diverses manières.

 

            Dans la parabole, le Christ dit que le grand frère s’est mis en colère à l’idée que son père ait pu tuer un veau pour un fils prodigue. Il va voir son père et lui dit : « Tu ne m’as jamais donné le moindre chevreau pour que je fasse la fête avec mes amis ! »

 

            Ainsi, tous ces hommes qui ont péché dans le monde sont le plus jeune frère, tous les publicains sont le plus jeune frère, et le grand frère symbolise les ministres, les évêques, les dirigeants, les juges et les professeurs qui enseignent les gens en disant : « Nous gouvernons toujours avec sagesse. » En réalité le jeune homme a quitté la maison paternelle à cause du grand frère, car celui-ci était jaloux et irascible ; le jeune dit : « Je crains que tu puisses me mentir comme Jacob a menti à son frère. » Le fait que la dépravation est toujours causée par les grands hommes est une loi : si la femme pèche, c’est l’homme qui est coupable ; si l’homme pèche, c’est la femme qui est coupable. Car celui qui pèche est le plus petit ; ce sont toujours les enfants qui pèchent,  alors que les plus intelligents, les plus âgés, même s’ils pèchent, ils ne sont pas attrapés par la loi ; ils peuvent voler, mais ils le font de sorte que la loi ne les attrape pas, alors que l’imbécile qui vole est toujours confondu car il ne comprend pas cette loi «suprême» sur laquelle repose la société contemporaine.

 

            Il est dit dans la parabole que lorsque le fils est revenu, le père s’est réjoui ! Pourquoi ? Parce que ce jeune homme a suscité un sentiment noble dans le foyer paternel. Il est revenu avec humilité pour dire : « Mon père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi et je ne suis pas digne de ton foyer » ; il a montré un véritable amour. Et lorsque le Christ dit qu’il faut devenir des serviteurs, Il veut dire que nous devons être humbles.

 

            Maintenant, vous n’avez jamais vécu dans la luxure, mais vous savez vous mettre en colère. Oui, je connais beaucoup de prédicateurs et d’évêques qui sont des saints, mais la haine s’emparera nécessairement de leurs cœurs, ils voudront que le veau soit tué pour eux et ils diront : « C’est seulement nous, les saints hommes, qui pouvons enseigner le monde. » Souvent la femme dit à son mari : « Tu me serviras ! » À son tour, le mari dit à sa femme : « Tu me serviras ! » À un autre endroit l’homme dit : « Je te commanderai et tu me serviras », mais la femme ne servira pas sans mot dire. Le trait que le Christ souligne est cette profonde humilité que chaque âme doit posséder. Cela a un sens encore plus profond, mais je ne veux pas l’aborder car c’est un sujet tendancieux.

 

            Maintenant, nous savons comment enfumer les gens avec du tabac : savez-vous à quoi sert le tabac ? On enfume le diable avec du tabac, et tous ceux qui fument donnent des coups d’encensoir au diable et il se laisse dompter. Ainsi, si ta femme est en colère, donne-lui un coup d’encensoir au tabac. Une nuit, un prêtre est resté à court de tabac et s’est mis en colère ; tout le monde s’est interrogé : « Que lui arrive-t-il ? » Alors ils l’ont encensé et il s’est apaisé. De la même façon le plus jeune frère qui connaissait l’avarice de son frère, lui a donné un peu de « tabac ». Disons que quelqu’un t’en veut ; enfume-le un peu. Par exemple un curé t’en veut ; enfume-le, c'est-à-dire donne lui quelque chose ; si tu lui mets dans la poche cinq, dix, vingt, cent leva, il va sourire ; les curés, les évêques, encensez-les. Certains rechignent à donner de l’argent ; donnez pour vous en débarrasser ! De même, son père console le grand frère et lui dit : « Tout ce que j’ai est à toi », c’est-à-dire il l’encense ! Et lorsqu’on me demande comment le monde s’arrangera, je réponds que c’est de cette façon que cela se fera : deviens serviteur et dis à ton père de tout donner à tes autres frères ; ainsi, plus tu apparaitras petit à leurs yeux, mieux ce sera pour toi.

 

            Nos contemporains revendiquent l’accès à la culture. Je ne redoute pas la culture, mais je remarque que le clergé s’en méfie car il prétend qu’elle débauche les gens. La culture implique de cultiver : un champ, des fruits, des fraises, des cerises. Mais les religieux pensent que si les gens gagnent en intelligence, le monde se détraquera ; ils disent : « Maintenons-les dans l’ignorance pour leur laisser croire qu’ils n’ont pas de droits. » Et le Christ, en venant sur terre, est allé voir son « plus grand frère » pour dire : « Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir le monde. »[1] Mais on ne l’a pas cru et on a objecté avec véhémence au Père : « Fais le partir ! S’Il entre, Il détruira tout ! »

 

            Ainsi, quelle conclusion en tirer ? Nous aimons à la manière des fils et des filles qui sont éduqués et demandent leur part d’héritage, promettant de nourrir leurs vieux parents une fois diplômés. Mais lorsque le fils finit l’université, que fait-il à son père ? Il a honte de dire qu’il est son fils et se tient loin de lui. La compréhension erronée du christianisme est ici : ceux qui sont fortunés, sont tous justes sans exception – donnez dix ou douze mille leva à un vagabond et il aimera aussi l’ordre. En conséquence, les anarchistes qui veulent détruire le régime social établi représentent les grands frères, mais le Christ donne en exemple le plus jeune frère. Parce que, quelle que soit la réorganisation de la société moderne, si nous ne transformons pas nos propres pensées et sentiments, le régime protégera toujours ceux qui possèdent et ils auront toujours le pouvoir.

 

            Actuellement, le serviteur veut devenir le maître. La femme cherche un mari riche, instruit, avec un don artistique ; c’est une aristocrate qui veut mener grand train et ne pas être une servante. L’homme, c’est le grand frère : il cherche aussi une jeune femme riche et dit qu’il n’est pas bienséant pour un homme de travailler dans le monde. Il quitte sa femme pour en prendre une autre, mais le Christ nous donne un exemple à suivre : accepter le plus jeune frère dans la famille. Par conséquent, nous pouvons accepter une autre femme dans le foyer uniquement si elle dit comme ce jeune frère : « Mon père, j’ai péché. » Le Christ dit que l’homme n’a pas le droit de répudier sa femme et si la femme arrive à cette humilité au point d’accepter de le servir, il doit la garder ; il fera ainsi la volonté divine. C’est l’enseignement du Christ. Et maintenant que faites-vous ? Un homme pèche, sa femme se cherche un autre homme, plus juste ; elle en trouve un ; il pèche aussi ; elle en cherche un troisième et ainsi de suite. Mais la femme mariée ne peut pas avoir deux maris, ni un homme, deux femmes, même si les gens d’aujourd’hui se le permettent…

 

            Dans la parabole, le Christ représente les relations telles qu’elles doivent être, Il représente l’amour profond que le jeune frère avait envers son père ; et ce jeune frère savait que son père le comprenait.

 

            On me demande souvent comment on sauve un homme. J’ai écouté des sermons qui prônent que le sang du Christ sauve les gens. La médecine moderne décrit cette réalité physiologique qui permet à un homme anémique de recevoir dans ses veines du sang et de rétablir son organisme souffrant. Eh bien, si le sang du Christ est salvateur, coule-t-il dans vos veines ? Êtes-vous prêts à le transfuser en vous ? Si quelqu’un est prêt à recevoir ce sang, alors on peut l’aider. Si vous n’avez jamais donné votre sang, vous n’avez sauvé personne. Depuis deux mille ans le Christ sauve : Il envoie ce sang par la mère dans chaque enfant qui naît ; voilà pourquoi le Christ dit que si on ne naît pas de nouveau, on n’entrera pas dans le Royaume de Dieu. Par conséquent, l’homme doit recevoir ce sang. Je souhaiterais que tous les prédicateurs de toutes les églises soient testés sur leur amour du monde ; si on les suspend par quatre clous, ils vont le maudire. Oui, le christianisme est facile à prêcher pour deux mille, dix mille ou vingt mille leva ! C’est ainsi en Amérique : il y a des prédicateurs qui sont rémunérés cent mille leva ! Le Christ dit : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » On ne peut pas prêcher la parole divine pour de l’argent, les prêtres n’ont pas le droit de faire des sermons pour de l’argent. Ceux parmi eux qui sont porteurs de la vérité, qu’ils prêchent gratuitement, que chacun ait un métier pour se nourrir par son labeur. Alors qu’aujourd’hui, les prédicateurs protestent en voyant les fils prodigues revenir. Si nous prenons le sang du Christ des sermonneurs modernes pour l’examiner, nous verrons qu’il y a en lui des pensées et des sentiments impurs. Je vais embrasser ceux dont le sang est pur. Et si nous nous vantons, on nous prélèvera un peu de sang pour l’examiner. Avant d’être nommé évêque, chaque sermonneur devrait donner un peu de sang à examiner pour qu’il lui soit confirmé : « Tu portes le sang du Christ. » Et ce sang du Christ doit être dans nos veines à tous : lui seul nous sauvera, lui seul fabriquera cet amour que le Christ prône.

 

            Je ne veux de mal à personne ; ce que j’ai, je le donne, mon but est de servir. Je ne veux pas diriger les hommes, mais vous ne pouvez pas échapper à cette loi. Votre sang produira des fruits intérieurs : lorsque vous l’acquerrez, votre sang fabriquera tous ces fruits qui vous nourriront. Ce sang circule dans le Ciel, dans toutes les plantes fruitières célestes ; nous envoyons donc la sève vers ces fruits et lorsque nous entrerons dans le Royaume de Dieu, nous nous nourrirons avec eux. Ceux qui prêchent autre chose ne comprennent pas l’Enseignement du Christ. Nous parlons de ce que nous avons expérimenté.

 

            Et maintenant, est-ce que l’exemple du jeune fils qui revient chez son père vit en nous ? Certains diront : « Comment est-il possible qu’un fils prodigue demeure en nous ? » Oui, je souhaite que dix fils prodigues vivent en nous, je souhaite avoir cette grande vertu de l’humilité. L’humilité est le terreau de la culture, l’homme humble favorise la culture ; montrez-moi quelqu’un d’orgueilleux qui a fait de grandes choses. Les grands frères ont créé la guerre, ils ont gouverné alors que tous ces petits frères vont hériter du Royaume de Dieu parce qu’ils disent : « Nous donnerons tout. » Je vous dis que le fils qui dira : « Mon père, donne-moi ma part », sera un homme. Vous direz qu’un tel fils peut succomber au vice ; qu’il succombe, mais il reviendra, alors que le fils qui reste vous tourmentera parce que vous ne lui aurez pas payé un chevreau ! Certains chrétiens sont assis entre deux chaises.

 

            Maintenant dans l’Église certains ne sont pas d’accord avec moi. Qu’ils me prouvent le contraire et je leur donnerai ma bénédiction. Non, ils doivent avoir le courage d’aller dire aux prêtres : «  Donnez-moi cela », donnez la liberté à cet homme d’expérimenter ce monde divin. La femme ne veut pas vivre chez son mari, donne lui sa part ; l’homme ne veut pas vivre avec sa femme, donne lui sa part, laisse la partir. Vous me direz que ce n’est pas un prêche chrétien : si ta femme le veut, donne lui de la place, si ton fils le veut, donne lui la part qui lui revient. L’enseignement que je prêche n’est pas pour des gens de faible intelligence ; ceux parmi vous qui n’ont pas d’intelligence, qui ne peuvent pas raisonner, qu’ils oublient ce que j’ai dit, mais vous qui pouvez penser, méditez sur ce sujet. Ceux qui n’ont pas l’échine robuste, qu’ils ne mettent pas ce sac à dos, c’est un enseignement lourd. Ta femme te renie et veut sa liberté, donne lui de l’air. Mais vous allez m’objecter : « Si nous faisons ainsi, qu’est-ce qui se passera ? – comme si votre attitude actuelle favorisait par ailleurs l’ordre social ! Messieurs, ce n’est pas un ordre social, ce n’est pas un enseignement ! » Nous devons naître d’un seul père et d’une seule mère. Eve a enfanté de deux hommes et a péché ; chaque femme qui enfante de deux hommes pèche. C’est la signification des paroles du fils prodigue : « J’ai péché car il y avait des raisons profondes dans la vie pour cela ; je ne m’adonnerai plus à la débauche, fais de moi un serviteur et pour moi, le plus grand plaisir sera de te servir. »

 

            Maintenant, revenons à notre Père. Il est dans le monde. Certains disent que Dieu est au Ciel ; selon ma compréhension Dieu est sur terre, dans vos foyers. Certains prêchent que celui qui trépasse verra Dieu, c’est un mensonge ; c’est celui qui vit qui verra Dieu. Je dis que les hommes ne meurent pas,  je veux qu’ils ressuscitent. Maintenant les gens disent : « Nous mourrons tous, mais attendons au moins d’avoir économisé de l’argent, d’avoir acheté des chemises. –  Vous qui préparez ainsi vos chemises ne verrez pas Dieu, le fils prodigue n’est pas revenu de cette manière. Que faites-vous ? –  Nous nous apprêtons comme pour aller au bal et nous nous rendons auprès de Dieu. – Ce n’est pas ainsi que vous irez auprès de Lui. Comment le Christ est-il revenu auprès de Dieu ? Le Père l’a mis sur la croix et l’a baptisé, c’est la loi divine de l’amour. Et vous, en tant que chrétiens, vous dites à présent : « Quel curé m’enterrera ? » Lorsque les curés commenceront à vous ressusciter au lieu de vous enterrer, alors ils vous introduiront dans le Royaume de Dieu, sinon quel curé refuserait de célébrer votre enterrement contre rémunération ? Je n’envie pas le pécheur, mort et célébré de la sorte ! Par conséquent, nous qui nous préparons, devons revivre ; ne vous mettez pas en tête d’être mis en terre par les prêtres ; vous laisserez uniquement le corps car il est une demeure et vous direz : « Je vous laisse mon corps en héritage, mettez-le en terre et moi, je pars auprès de mon Père qui me recevra. » Je souhaite être célébré par les Anges de Dieu et le Seigneur me consolera uniquement lorsque j’irai à mon Père pour dire : « Mon Père, j’ai péché. » Je donnerai ainsi un exemple magnifique à toute la société ; alors le Christ dira : « Aujourd’hui cet homme s’est montré humble, ce fils était mort et il a ressuscité. » Je vais tuer un veau pour un tel fils et inviter tous mes amis pour manger en son honneur.

 

            Bien entendu, je ne donnerai pas un festin comme cet américain qui a reçu un héritage de trente millions de dollars à la mort d’un parent éloigné ; il était vacher, et une fois l’héritage en mains il a régalé les citoyens de la ville de San Francisco trois jours durant. Qu’est-ce qu’il en a résulté ? Ils se sont roulés dans les rues. Puis, après avoir tout dépensé il est revenu à son métier de vacher en se disant : « Être serviteur me convient mieux. » Vous me direz : « Si j’ai trente millions de leva, j’achèterai une automobile, une maison, un piano, je prendrai un professeur privé… » Et vous irez jusqu’à donner cent mille leva pour qu’on parle de vous ! J’aimerais que le véritable bulgare revienne comme ce fils pour dire à son père : « Mon Père, j’ai péché et je veux être ton serviteur. » Je voudrais voir plus de prêtres comme ça et je me réjouirai pour eux comme jamais ! Alors qu’à présent tous s’écrient : « Comme ce fils est insupportable ! » C’est que le Christ n’est pas encore en nous. Qu’ils n’attisent pas la haine en eux, c’est une grande loi divine, c’est la loi du fils prodigue.

 

            Maintenant, je vous demande si vous êtes prêts à laisser partir votre mari s’il veut vous quitter ? Si je me lançais dans l’explication de la loi de l’hérédité, vous comprendriez la façon de prêcher du Christ sur le sujet. Le Christ visait notre époque avec sa parabole du fils prodigue qu’il nous adresse directement. Et dans la culture à venir nous devons sculpter et ériger le buste du fils prodigue : voici notre opinion. Je vous demande qui est habilité à interpréter les écritures divines ? Lorsque l’homme meurt, il ne devient pas saint, il est saint lorsqu’il vit ; je ne crois pas que les morts sont devenus des saints ; celui qui vit et qui ne meurt pas est un saint, alors que celui qui trépasse n’en est pas un. J’aime le Christ parce qu’il a ressuscité ; et tous ceux qui sont comme Lui sont des saints. Lorsque nous commencerons à comprendre les choses, nous serons des saints ; vous devez vivre et alors vous serez des saints ; si vous êtes capables d’abnégation, vous êtes saints. Lorsque le saint entre dans une société, il dispense la joie partout, c’est un saint ! S’il est question de morts, alors la Bulgarie compte beaucoup de saints : Stambolov[2] est un saint pour les stambolovistes, Karavelov[3] est un saint pour les démocrates, etc… Bien entendu, ces gens ont aussi leurs raisons de penser ainsi…

 

            Ainsi, n’allez pas penser que si vous mourez, vous serez un saint ; non, vous mourrez et vous souffrirez. Nous luttons contre le processus de la mort par le processus de la résurrection : « Mon Père, j’ai péché. » Et ce fils a ressuscité : le père lui a donné une bague, l’a habillé et il a ressuscité. Aussi le sacrifice du veau est-il un symbole : le veau que l’on sacrifie, c’est le fils. Lorsqu’on envoie le fils dans le monde invisible, on tue un veau et lorsque l’enfant revient, c’est le fils prodigue. C’est vrai sur le plan physique et sur le plan spirituel : lorsqu’un homme naît, il est appelé à devenir une victime.

 

            Je veux maintenant que deux choses subsistent dans votre esprit. Premièrement, vous convaincre qu’il ne faut pas rester assis entre deux chaises. Si vous êtes des chrétiens croyants, clamez-le. « Quel chrétien es-tu ? – Je suis orthodoxe. – En quoi crois-tu ? – Je crois que le sang du Christ est en toi, que l’Esprit du Christ est en toi. » Deuxièmement, nous devons avoir l’humilité ; chacun de vous est tourmenté car il manque d’humilité ; par exemple quelqu’un vous regarde de travers et vous vous vexez. Sachez que vous êtes un serviteur et implorez la bienveillance de Dieu. Il faut avoir la bravoure de ce monsieur à qui un ami a dit : « Tu es un vagabond et un voleur » et il l’a remercié de ne pas avoir dit plus : voici le fils prodigue. Mais que font les gens d’aujourd’hui ? Lorsque le diable nous achète, nous poursuivons les gens au tribunal au lieu de poursuivre le diable au tribunal. C’est l’enseignement du Christ, nous devons revenir auprès de nos pères et faire régner l’amour dans nos esprits, êtres sincères et bienveillants. Ce qui est bien devant Dieu est bien pour l’humanité ; je crois uniquement en le sang du Christ qui fait naître de bons fruits. Je crois en une Église qui a de tels fruits, je crois en une Église qui fait naître des fruits du Christ : amour, humilité, tempérance. Et en ceux qui n’ont pas ces fruits, je ne crois pas ! Disons que vous êtes riches, vous avez mille leva ; vous devez devenir comme le fils prodigue et savoir que vous n’avez rien à vous. Tous ceux qui prêchent la vérité sont pauvres et celui qui dit ne pas connaître le Christ est un menteur. Le Christ a établi une Église d’amour. Nous devons aimer nos prêtres à cause de Dieu car ils sont nos frères ; je sais qu’ils ont certaines faiblesses, je prends cela en compte. Je voudrais qu’il y ait des héros dans chaque Église, car alors nous serons un peuple chrétien qui vivons selon les rites chrétiens.

 

            J’aimerais être à la place du fils prodigue. Je joue le rôle du plus jeune frère : je suis parmi les pécheurs dans ce monde et je ne suis pas plus juste qu’eux. Oui, je peux paraître juste devant vous, mais je ne le suis pas devant Dieu. Combien je dois encore travailler pour devenir celui que Dieu attend que je sois. Je ne veux pas que vous pensiez autre chose à mon sujet, mais je veux que vous essayiez tous, et dire ensuite : « Nous avons essayé. » Si quelque chose n’est pas vrai, dites-le moi, mais ne parlez pas dans mon dos ; nous devons prêcher un enseignement de l’expérience. Comme le plus jeune fils, je veux incarner cette humilité. Ce n’est pas facile ; être tourmenté par sa femme est difficile. Il n’y a pas plus grande lutte que celle d’atteindre l’humilité et la conscience intérieure. C’est très difficile, c’est héroïque, seules les grandes âmes peuvent jouer ce rôle, seuls les jeunes frères le peuvent. Et le Christ était l’un des petits frères ; Il était le premier à servir les gens pour les libérer du péché, mais Dieu L’a élevé car en Lui coulait du sang divin. Il disait : « Le Père demeure en Moi.»

 

            Nous devons tous avoir le sang du Christ, C’est alors seulement que ce sang enfantera des prêtres, des professeurs, des hommes, des femmes ; C’est alors seulement que vous aurez des enfants comme vous le souhaitez. Tâchez d’enseigner les jeunes, seulement lorsque le sang du Christ  coule en vous; si vous n’avez pas ce sang pur, ouvrez vos artères pour le recueillir. Alors vous ressentirez une joie que personne ne pourra effacer de votre âme. Vous serez alors liés au monde invisible et vous parlerez avec les gens par la vue et non par le toucher.

 

            Je vous demande quel rôle vous voulez jouer. Certains diront que c’est très difficile. Essayez, et Dieu vous bénira.

 

Sofia, 27 juin 1915

 

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[1]Car le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. (Mc 10, 45)

[2]Stambolov – homme politique du début du XXème siècle

[3] Karavelov – homme politique et écrivain du début du XXème siècle

 

Traduit par Bojidar Borissov

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