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1915_06_06 La Providence Divine


mayakitanova
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Le dessein divin

 

Tous les cheveux même de votre tête sont comptés ;

ne craignez donc point; vous valez mieux que beaucoup de passereaux.

(Luc 12, 7)

 

            Il faut convaincre nos contemporains, à force de persuasion, d’arguments, de faits et de déductions logiques, qu’il y a un dessein divin qui gouverne la vie de l’homme. Toutes les pensées, sentiments, actions se régulent suivant certaines lois. Parfois, on donne à certains événements bizarres dans la vie, une fausse interprétation qui sert, à travers les âges et les générations, à entériner cette philosophie curieuse que tout serait arbitraire dans le monde, sans ordre, ni organisation et que le droit est du côté du plus fort, du plus rusé, etc. Est-ce nécessaire de démontrer à quel point c’est un leurre ?

 

            En observant la vie du Christ, nous voyons qu’il a toujours porté une grande attention aux petites choses. Il dit par exemple à ses disciples : « Ne craignez rien, votre vie est assurée » et il donne l’exemple des cinq passereaux dont aucun ne tombe par terre sans la volonté du Père.[1] Pourquoi le Christ ne prend-il pas pour exemple un seul passereau, mais cinq ? Il y a ici une loi et celui qui est régi par cette loi du chiffre cinq, ne tombera pas sans la volonté du Père. Par la comparaison suivante, le Christ nous dit : « Vous êtes assurés, tous les cheveux de votre tête sont comptés », et il s’arrête là. On peut se dire : « Quelle importance que nos cheveux soient comptés ? » C’est cela précisément qui est important : pour que les cheveux soient comptés par le Seigneur, pour qu’Il en tienne une comptabilité, c’est qu’ils doivent avoir une importance en soi. Connaissez-vous leur nombre ? Beaucoup les ont comptés : certains en ont deux cent cinquante mille, d’autres, trois cent vingt mille ; et le Seigneur les comptabilise tous comme un jardinier ses arbres fruitiers : chaque arbre a son nombre. Nous pouvons arracher un cheveu et le jeter, mais ce cheveu accomplissait une fonction très importante sur notre tête.

 

            Si je me lançais à vous expliquer la signification des cheveux, je ferais une digression. Mais je reviens à la comparaison avec les passereaux, qui laisse entendre que notre vie spirituelle est protégée par le dessein divin, et à la comparaison avec les cheveux sur la tête qui laisse entendre que la vie physique est également protégée par ce même dessein divin. Il faut forger notre foi en ce dessein, car nous ne nous développerons correctement que si nous croyons en lui. Chaque doute qui nous assaille au sujet de l’existence du dessein divin, nous éloigne de la juste compréhension de l’ordre des choses et nous fait créer un autre ordre et d’autres règles, propres à notre vision personnelle du monde. Ainsi, l’homme et la femme qui se marient croient que le Seigneur leur a donné du pouvoir ; l’homme dit : « Chez ta mère tu as vécu comme ça, mais sous mon toit s’applique une nouvelle loi ; je suis un peu irascible, orgueilleux, un peu susceptible, sois prudente car si tu me vexes, j’appliquerai strictement ma loi. » La femme dit à son mari : « Je suis très sensible, délicate, peu habituée à l’effort, ne me fais pas travailler durement ; si tu enfreins cette loi, les choses vont se gâter. » Vous le voyez, tout le monde fabrique ses lois, mais en fin de compte, les deux se houspillent ! Pourquoi ? Parce que leur attitude est faussée à sa base : le vrai mariage n’est pas quelque chose de fabriqué sur terre.

 

            Il y a trois types de mariages : ceux qui se font au Ciel, ceux qui se font sur terre et les troisièmes, en enfer ; les uns, faits par Dieu, les autres, par les hommes et les troisièmes, par le diable. Lorsque vous entrerez dans une union établie par Dieu, elle apportera amour, paix et joie dans le foyer : l’homme et la femme seront toujours en accord, aucun mauvais mot ne s’entendra, ils auront une vie bienheureuse. Lorsque les hommes vous uniront, ce sera pour vous faire progresser ; il y aura du frottement entre vous pour vous polir car deux meules acérées ne broient pas bien le grain. Ce mariage n’est pas l’œuvre de Dieu, mais celle des hommes : le travail réalisé sera à la mesure de votre discernement. Lorsque le Seigneur, dans son omniscience, fait quelque chose, il prévoit tout parfaitement ; lorsque les hommes font quelque chose, il subsiste toujours du frottement, nécessaire pour s’améliorer, polir son caractère. Lorsque c’est le diable qui vous marie, alors les disputes, la dépravation régneront dans la maison. La vie assujettie à ce mariage est toujours l’œuvre du diable. Ainsi, donnez à chaque type de mariage sa juste définition et ne mélangez pas les actions divines avec celles des hommes, ni avec celles du diable.

 

            Pour pouvoir raisonner avec justesse et logique, nous devons comprendre la cause des événements. Il y a quelque chose de raisonnable dans les sciences modernes, et c’est la découverte de certaines lois qui, dans le monde, régulent les rapports entre les objets, les éléments, les corps : des lois physiques, chimiques, des lois de l’âme humaine et personne ne peut les enfreindre sans en supporter les conséquences. Ainsi, il y a trois types d’hommes : les uns comprennent les choses de façon divine, les autres, de façon humaine, les troisièmes, de façon diabolique. La première attitude consiste à comprendre les choses comme elles ont été ordonnées par le Seigneur ; la deuxième attitude est de considérer que le Seigneur ne s’immisce pas toujours dans tout, et que l’homme doit lui-même intervenir pour arranger certaines choses. Si le Seigneur fait quelque chose, nous disons : « Le Seigneur n’a pas bien ficelé cela, réajustons-le un peu mieux ! » la troisième attitude est de vouloir devenir Seigneur nous-mêmes. Les hommes avaient jadis une vision divine des choses, mais ils l’ont perdue dans leur décadence. Vous aussi, si vous êtes de bonne humeur, vous croyez en Dieu ; si les affaires vont bien, vous dites : « Dieu soit loué, le Seigneur prend soin de nous ! » Mais un malheur survient et vous proclamez : « Le Seigneur nous a oublié ! » Sur quelle base affirmez-vous que le Seigneur vous a oubliés et qu’Il est la cause de vos souffrances ? Le Seigneur dit : « Parce que vous m’oubliez, moi aussi Je vous oublierai ! » Si vous vous éloignez de Lui, Il s’éloignera de vous. Certains considèrent que Dieu, immuable et omniprésent dans Son amour, doit les suivre comme une mère suit son enfant et s’ils commencent à se détourner de Lui c’est à Lui de les mettre en garde : « Attends, fiston, ne t’éloigne pas de Moi ! » Non, le Seigneur reste à Sa place et lorsque vous dites : « Le Seigneur s’est éloigné de moi », je déduis que c’est vous qui vous êtes détournés de Lui et non l’inverse. La trajectoire de certains autour du Seigneur suit quelques variations insignifiantes : ils s’en éloignent un petit peu, mais se rapprochent ensuite de nouveau, comme la terre quand elle tourne autour du Soleil ; d’autres par contre ont une trajectoire de comète errante : parfois ils s’approchent très près du Soleil, puis ils ne s’en approchent plus pendant des siècles. Vous aussi, en vous détournant du Seigneur, vous dites : « Le Seigneur nous a oublié. » Je vous dis : dans soixante-quinze ans, lorsque vous vous approcherez de Lui comme la comète de Halley, le Seigneur Se souviendra de nouveau de vous ; selon la trajectoire que vous empruntez autour du Seigneur, si elle vous rapproche de Lui, Il Se souviendra de nouveau de vous.

 

            Vous suivez tous maintenant une certaine voie, mais vous ne pouvez pas me comprendre de la même façon. Pourquoi ? Parce que vous n’empruntez pas la même trajectoire. Je ne vous condamne pas, j’ai un regard très objectif, philosophique. Vous allez rétorquer : « C’est notre chemin ! » La question est de savoir si le chemin est comme ça ou bien si c’est vous qui l’avez façonné ainsi. Je vous dis que votre chemin n’est pas comme ça : entre Sofia et Varna il y a une voie ferrée qui demande constamment des réparations coûteuses : est-ce que c’est le Seigneur qui a construit cette voie ? S’Il l’avait construite, elle aurait été faite plus intelligemment, mais étant l’œuvre des hommes, elle est ce qu’elle est ! Si vous suivez les lois du dessein divin lors de la construction de la voie ferrée, aucune péripétie n’adviendra. Pour autant, les ingénieurs ont une meilleure idée des exigences sur les édifices, que les chrétiens croyants sur la vie. Ils disent : « Nous devons calculer très précisément les virages et la pente de la voie que la motrice doit emprunter, pour réguler la force de son déplacement, car sinon il se produira une catastrophe », alors que les chrétiens se disent : « Le Seigneur est bon, Il veille sur nous, peu importe la rudesse de la pente que nous suivons ! » Et lorsque la motrice se renverse, ils disent : « Nos affaires vont mal ! » Bien sûr elles vont mal car vous agissez stupidement : la catastrophe survient parce que vous n’avez pas mis en œuvre les lois du dessein divin dans la conception des virages de la voie ferrée. Voilà pourquoi vous, les hommes spirituels, vous devez prendre l’exemple des hommes du monde, être leurs disciples ; il n’est pas honteux d’être le disciple de quelqu’un. De même, la sphère spirituelle inconnue des gens du monde, les oblige à devenir à leur tour disciples. Vous ne pouvez pas être maîtres partout : à certains moments vous serez maîtres, à d’autres, disciples.

 

            Le dessein divin a strictement défini toutes les choses et tous les phénomènes, rien n’est arbitraire. Tous les événements, quelle que soit leur nature, physique, psychique, sociale sont guidés par un Être supérieur qui supervise leur devenir. Tout comme le machiniste a pour mission de veiller sur la motrice du train, car la vie des passagers en dépend, notre terre aussi, dans l’espace, a son machiniste qui parfois met un peu plus de carburant dans le moteur, parfois un peu moins. La trajectoire de la terre subit aussi quelques variations ; la terre se rapproche parfois d’une plus grande planète qui agit sur elle ; ce sont des choses éloignées que vous étudierez et comprendrez à l’avenir.

 

            Mais à propos du dessein divin qui est important pour vous, je vous donnerai un exemple, une légende très ancienne où les événements relatés sont allégoriques. Certains datent le récit du temps de Salomon, mais ce qui est évoqué concerne une époque bien antérieure. On raconte qu’il y avait jadis un roi très instruit et très intelligent qui comprenait le langage des animaux. Tous les ans, il réunissait les animaux pour les instruire, leur donner des conseils et finissait toujours les réunions avec les mots : « Ce que le Seigneur a fait, personne ne peut le défaire. » À l’un de ces rassemblements assistaient deux grands aigles que l’on appelait roca ; l’un a dit : « Je peux défaire ce que le Seigneur a fait. » Le roi a répondu : « Très bien, prouve-le ! » Puis il a clos le rassemblement. La même année, la fille d’un autre roi se mariait ; après la noce, tandis qu’ils revenaient du temple, l’aigle a fondu sur le jeune couple, il a attrapé la jeune mariée et l’a emportée sur une île lointaine, dans son nid au sommet d’un très grand arbre. L’époux, resté seul sans sa compagne, a sombré dans le désespoir et a décidé de partir au loin. Au bout de quelques mois, alors qu’il était en mer, il a fait naufrage et s’est retrouvé sur la même île que son épouse. Il a commencé à se lamenter auprès du Seigneur : « Le malheur de perdre ma femme n’était-il pas assez grand pour en plus me retrouver sur cette île déserte, il aurait mieux valu ne pas naître du tout ! » Sa femme, le voyant pleurer au pied de l’arbre et reconnaissant son mari, l’a caché dans le nid. Lorsque le temps du rassemblement suivant a approché, les deux aigles ont pris le nid avec la mariée et l’ont transporté devant le roi. Lorsqu’il a conclu une fois de plus son discours par les mots : « Ce que Dieu a fait, personne ne peut le défaire », l’aigle a pris la parole : « J’ai défait une œuvre du Seigneur ! – Prouve-le ! », lui a demandé le roi. Lorsque l’aigle a raconté l’histoire du mariage, le roi a voulu voir la mariée ; l’aigle l’a appelée, mais lorsqu’elle est sortie du nid, son époux est sorti en même temps qu’elle. En voyant qu’il n’a pas pu défaire ce que le Seigneur a fait, l’aigle a explosé de colère. Cet aigle est le symbole de l’intellect humain. Nous pensons parfois que nous pouvons défaire ce que Dieu a fait, changer le cours des choses, mais en fin de compte elles restent comme Dieu les a ordonnées et nous explosons de colère comme l’aigle vaniteux.

 

            Les maîtres contemporains disent à chaque instant : « Soyez intelligents, le monde ne fonctionne pas n’importe comment. »  Je dis : « Remerciez les imbéciles, car le Seigneur s’occupe du monde à cause d’eux. Il n’y a pas d’esprits plus intelligents que les démons ! » Avez-vous une idée de la manière dont ils vivent dans leur royaume ? Vous parlez d’intelligence humaine, mais si vous descendiez chez ces esprits déchus, vous trouveriez des connaissances de physique, de chimie, de psychologie, des connaissances pour tromper, berner, tout savoir faire, mais un savoir qui ne peut pas organiser les choses, car il ne repose pas sur des éléments capables de cimenter la vie. Les connaissances doivent être cimentées par l’amour divin. Par conséquent, lorsque quelqu’un parle de connaissances et de faits, je demande : « As-tu du ciment pour consolider cela ? » Si tu as ce ciment, tu as des connaissances divines, sinon les faits seuls, sans ciment, ne peuvent pas servir. Je vous demande : si vous amassiez deux cent mille ou même un million de fibres de laine, mais que vous ne sachiez pas comment les agglomérer, quelle utilité auraient-elles ? C’est seulement si vous les tissez d’une certaine manière que vous pourrez confectionner des vêtements et vous habiller. Suivant la même loi, en cimentant en nous nos pensées et nos sentiments par ce ciment divin : le dessein divin, nous pourrons nous tailler un vêtement pour habiller notre nudité intérieure. Ainsi le dessein divin nous est-il indispensable pour vivre et nous développer.

 

            Le Christ dit : « Ne craignez point » et nous demande pourquoi cinq moineaux ne tombent pas. Ce chiffre cinq se rencontre aussi ailleurs : cinq sens, cinq doigts, etc., c’est le symbole de l’homme sur terre. Le chiffre 5 représente donc l’homme, le sage, l’érudit et signifie que ce sage ne tombe pas tant qu’il ne commet pas de méfaits. Tant que vous êtes intelligents et accomplissez la volonté divine, vous ne chutez pas ; par contre, le jour où vous péchez, le Seigneur laisse l’un des passereaux tomber au sol, et quand il tombe, les cheveux de votre tête commencent également à tomber, ce qui signifie que votre vie se met à péricliter.

 

            Ayez toujours en tête que le dessein divin veille sur vous tant que vous suivez invariablement ses lois ; mais si vous vous en détournez, votre vie commence à se désagréger. Tournez-vous de nouveau vers le soleil de ce dessein divin pour que votre développement recommence.

 

Sofia, 6 juin 1915

 

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[1] Je vous le dis à vous, mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus… Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? Pourtant pas un d'entre eux n'est oublié de Dieu. (Luc 12, 4 ; 6)

 

Traduit par Bojidar Borissov

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