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1916_01_09 La naissance


mayakitanova
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La Naissance

 

Il vous est né aujourd'hui,

dans la ville de David,

un Sauveur qui est le Christ Seigneur.

(Luc 2,11)

 

            Il est né. « Né », voici le mot qui donne le plus de courage dans la vie sur terre ; que contient ce mot ? La naissance représente ce qui est supérieur, puissant, ce qui pousse toute l’humanité vers la perfection. Souvent on demande : « Comment entrer dans le Royaume de Dieu, comment se libérer des limitations des lois de la nature et comment les maîtriser ? » Je réponds : en naissant. J’utilise le mot naissance et non pas le mot réincarnation. L’homme s’est réincarné des milliers, des millions de fois : il a commencé son existence comme un microbe, il s’est déployé, réorganisé, pour naître finalement comme un homme au sens propre du terme. La réincarnation est un processus, et la naissance un cycle entier et accompli de ce processus. Lorsqu’il est dit dans les Évangiles : « Il vous est né aujourd’hui », cela signifie que celui qui a été conçu il y a des millions d’années, est enfin né. Le mot naissance contient une idée grandiose que Dieu a mis dans l’esprit, et lorsque chacun de vous ressentira qu’il est né, vous serez délivrés et vous comprendrez le sens de la vie. Car vous êtes nombreux encore à ne pas être nés et vous vous réincarnerez jusqu’à naître réellement un jour et faire dire aux anges : « Il est né dans la ville de David… » Le Christ doit naître dans chaque cœur, dans chaque âme. Nos contemporains disent : « Il est né à Jérusalem…» et ils vont là-bas en pèlerinage, sans pour autant comprendre le sens de cette naissance, et ils n’ont pas l’élan de vivre comme le Christ. Il est né parmi les juifs, le peuple élu, mais eux non plus n’ont pas compris le sens profond de sa naissance, ce qu’il portait en lui pour toute l’humanité : l’amour divin.

 

            Chaque naissance s’accompagne de souffrance et pour que le Christ naisse dans l’âme humaine, il faut affronter cette souffrance. C’est la même chose qu’une mère qui enfante : elle doit surmonter certaines souffrances, donner tous les soins à son enfant. La même loi oblige chaque peuple, chaque humanité dans lesquels nait le Christ, à prendre le plus grand soin de cet enfant pour son développement. Cette idée est peut-être encore confuse pour vous, mais ne soyez pas inquiets ; ça dépend de la distance qui nous sépare des choses et de la lumière avec laquelle nous les éclairons pour les examiner ; chacun peut comprendre les choses selon l’éclairage qu’il leur apporte. Les anges proclament : « Aujourd’hui, il vous est né un Sauveur », pour nommer la joie qu’Il apporte à l’humanité, et la paix, la plus subtile manifestation de Dieu. Le Seigneur se manifeste comme paix et la paix est une loi de l’harmonie, de l’unité, du discernement, du caractère supérieur, de l’amour, de la sagesse, de la vérité, de la bonté, de la justice. Voilà ce qu’est la paix. Seul celui qui apporte la paix peut naître. Vous ne pouvez pas naître sans avoir compris ces grandes vérités, sans avoir acquis la paix en vous.

 

            Maintenant regardons le mot naissance du point de vue psychologique. Ce mot a un rapport avec le mysticisme ; un chrétien qui veut devenir mystique, étudier la nature divine et être digne de la dénomination d’homme, doit bien comprendre le mot naissance. Vous avez lu dans la Genèse que Dieu a fait l’homme de terre, puis Il a insufflé en lui un souffle de vie et il est devenu une âme vivante ; à cette époque régnait le processus de l’insufflation et non pas le processus de la naissance comme aujourd’hui. Je pourrais vous expliquer le mot insuffler, mais cette explication serait incompréhensible, car il y a dans ce mot quelque chose d’insaisissable pour les gens d’aujourd’hui ; mais un jour vous le comprendrez. Passons maintenant aux contraires, conditionnés par la loi de la naissance qui est une loi de développement permanent : c’est par cette loi que le Seigneur se manifeste à notre âme et c’est par elle que l’esprit travaille concrètement. Toutes vos aspirations ardentes sont sous la loi de la naissance ; c’est par elle que se manifeste et se perfectionne la conscience divine, supérieure, chez l’homme ; la conscience humaine ordinaire est une notion peu connue. Il y a des idées différentes sur la naissance. Si on vous interroge là-dessus vous direz : « La naissance signifie concevoir et enfanter. » La naissance ne se définit pas par rapport au corps, mais par rapport à l’âme humaine, c’est-à-dire par rapport à la conception de cet embryon divin dont je vous ai parlé, et à sa naissance. Et lorsque nous disons : « Un homme est né », bien plus que le processus de la ‘nouaison’[1] et de la croissance, nous entendons aussi le processus de la connaissance et de la sagesse ; sans connaissance, l’homme ne peut pas prétendre qu’il est né. Les animaux, les poissons, les microbes se réincarnent et tâchent d’achever le cycle de la réincarnation ; dans la langue bulgare, le mot réincarnation sous-entend la re-fabrication des choses : ruminer comme un bœuf n’est rien d’autre que re-fabriquer. Nous aussi, sur terre, nous ne faisons rien de plus que ruminer une expérience que nous avons acquise depuis des millions d’années.

 

            Certains se demandent d’où nous venons. Du grand océan. Vous pouvez demander combien de temps nous sommes restés là et comment s’est produite notre apparition ici. En vous chauffant des milliers d’années, le soleil de la vie vous a emportés là-haut, et par la loi de refroidissement des corps vous êtes redescendus en bas ; donc l’esprit vous a emporté, comme le soleil emporte les vapeurs d’eau de la mer, et vous a envoyé sur terre. Ne pensez pas que c’est un grand malheur pour vous : c’est une grande bénédiction ! Je vous dis qu’il n’y a pas au monde un plus grand savoir que celui de savoir souffrir ; la plus grande manifestation de l’amour est la souffrance. Celui qui n’a pas compris le sens de la souffrance est encore un animal, un microbe qui va beaucoup se réincarner et, inversement, celui qui a compris le sens de la souffrance est né, il est devenu un homme. La souffrance est propre à l’homme ; les animaux ne souffrent pas comme l’homme ; pour eux, les coups ne sont qu’un massage : le chien craint le bâton qui le tape sur le dos, mais, dès qu’il cesse d’agir, la souffrance cesse. Le sens profond de la vie est dans la souffrance, cette tristesse universelle… Le secret de la vie est caché dans la souffrance. Si vous voulez vous initier à la Sagesse divine et aux secrets de la nature, je vous dis que la souffrance est le seul chemin. Lorsque l’homme demande à Dieu de descendre sur terre, Dieu l’interroge : « Veux-tu passer par la loi de la souffrance ? Si tu le veux, je t’y enverrai. » Si l’homme répond : « Je ne veux pas », Dieu lui dira : « Reste ici dans le grand océan avec moi, car si tu en sortais, tu deviendrais un ouvrier qui doit travailler et souffrir sur terre. » Et qu’est-ce que la terre ? C’est la Mère universelle, votre mère qui enfante et élève les êtres ; une fois qu’elle vous aura reçu en elle, elle vous gardera des millions années pour vous remodeler, pour vous faire ressortir,  enfin prêts, et dire : « Voici mon enfant, il est maintenant capable de vous parler des choses dans le langage divin. »

 

            Je ferai une petite digression. La naissance révèle la grande force du mouvement ; c’est la plus forte impulsion qui puisse être donnée à un homme. Si vous alliez sur le soleil avec les yeux d’un clairvoyant, vous comprendriez par quelle puissante énergie il distribue ses rayons. Vous dites qu’un canon est très puissant quand il propulse un projectile à cent vingt kilomètres de distance, mais imaginez la puissance et la vitesse des rayons solaires et le nombre de kilomètres parcourus avant qu’ils atteignent leur destination ! Les physiciens parlent d’une vitesse de trois cent mille kilomètres par seconde : pouvez-vous vous imaginer cette force ? L’intensité des rayons lumineux diminue progressivement, car l’intensité de la lumière dépend de la force du mouvement ; lorsque la limite de leur champ d’action est atteinte, ils s’arrêtent et la lumière se transforme en ténèbres. Et savez-vous ce que sont les ténèbres ? Ils sont le processus inverse de la lumière qui se propage de bas en haut, alors que les ténèbres se propagent de haut en bas, c’est-à-dire de la périphérie vers le centre : c’est le mouvement le plus faible. Ainsi les ténèbres sont en haut et la lumière en bas. Mais vous direz : « Nous savons que le royaume des ténèbres, c’est l’enfer. » Qu’est-ce que l’enfer ? Certains pensent que c’est un endroit de torture. Qu’est-ce qu’un endroit de torture ? Une femme qui veut enfanter se torture ; la terre elle aussi a été fécondée et les millions et les milliards de créatures qui se trouvent sur elle et au-dessus d’elle se tourmentent pour enfanter : c’est l’enfer ! Certains ne veulent pas y rester et préfèrent être au Ciel en disant : « Je ne veux pas vivre dans cet enfer. » Tant que vous ne passez pas par l’enfer, vous ne deviendrez pas des hommes. C’est pour cela que la naissance évoque cet enfer et il n’est pas si terrifiant. L’homme qui est né et qui a péché transgresse la loi, et il va chuter très lourdement ; il sera de nouveau placé dans le canon du Soleil, catapulté pour voyager des millions d’années dans l’espace, et s’arrêtera quelque part ; tout dépend de la force avec laquelle il sera projeté par le Seigneur. S’il est éjecté pour voyager cent millions d’années, il lui faudra autant d’années pour revenir. Plus vite il sera propulsé dans l’espace, moins vite il reviendra en sens inverse vers Dieu ; et lorsqu’il s’approchera de Dieu, celui-ci l’attirera avec une plus forte intensité. Ainsi, naître signifie pour l’âme d’atteindre la limite jusqu’à laquelle elle a été projetée dans l’espace, et s’arrêter là pour reprendre de nouveau notre évolution. Et lorsque l’homme achèvera ainsi ses réincarnations, il naîtra.

 

            L’humanité a perdu espoir après le péché originel d’Adam et Ève : ils ont eu deux enfants, mais la mort s’est emparée d’eux, personne ne pouvait les consoler, eux qui, tels des riches sans enfants se plaignaient : « Nous n’avons pas d’héritiers, tout cela passera aux mains d’étrangers », et ils étaient découragés. L’humanité se trouvait dans cette situation, mais Dieu lui a donné un enfant immortel pour la délivrer : c’est le Christ.

 

            Dans vos esprits naissent souvent de nouvelles pensées. J’ai entendu une fois un prédicateur éminent dire : « J’ai tellement d’idées que je ne pourrai pas les exposer en dix ou vingt ans », mais à peine dix sermons plus tard, il a avoué qu’il avait épuisé tout son matériel. Lorsque vous pensez avoir un grand nombre d’idées, vous êtes sous la loi de la réincarnation, selon laquelle ont d’abord été  créés les organismes inférieurs : les insectes, les moucherons, etc. Vos nombreuses pensées valent si peu qu’une fois attelées, elles ne vous aident pas à améliorer votre existence. Mais lorsque viendra cette pensée divine essentielle, elle sera vivante et unie à vous, et elle se développera comme un nouveau-né. Ce que le christianisme appelle l’avènement de l’Esprit, c’est cette pensée divine que certains appellent le subconscient, d’autres, la conscience, d’autres encore, la superconscience ; les théosophes la nomment l’éveil du Soi supérieur, les occultistes, la manifestation du sublime, etc. Lorsque cet état se réalisera en vous, vous sentirez une paix, une joie permanente et immuable. Quelqu’un dira : « J’éprouve cette joie » mais à peine une demi-heure plus tard on voit sa joie s’éteindre ; c’était une joie passagère, contraire à la loi : comment se pourrait-il qu’une pierre précieuse disparaisse ? Tu te trompes, ce n’est pas de la joie, mais un état éphémère qui s’évanouit et qui te fait pleurer. Quelqu’un dit : « Je suis en paix, je suis serein », mais demain le trouble l’envahit et il se met à froncer les sourcils ; où est alors cette paix ? Ce n’était pas une vraie paix. « Je suis chrétien, depuis dix ans j’ai lu tous les écrivains : Spencer, Spurgeon, l’Apôtre Paul …» Oui, ils disent de très belles choses, mais toi, que dis-tu ? Lorsque tu iras auprès du Seigneur, Il ne te demandera pas ce qu’a dit l’Apôtre Paul ni ce qu’a fait Spencer, mais ce que tu as fait toi ; tu n’emporteras là-bas ni Spencer, ni l’Apôtre Paul, ils se rendront tout seuls auprès du Seigneur, mais toi avec qui iras-tu ?

 

            Voilà l’idée principale sur laquelle nous devons méditer aujourd’hui. Je sais que certains parmi vous ont des notions erronées sur l’esprit : ils pensent que le Saint Esprit et le mauvais esprit, c’est la même chose ! Non, le bon et le mauvais esprit sont diamétralement opposés ; il n’y a pas de loi qui fasse se déverser de l’eau douce et de l’eau amère d’une même source ; tout comme l’eau amère est toujours amère et l’eau douce, toujours douce, ainsi le Bien est toujours Bien et le mal toujours mal. L’essence du Bien et du mal est une question très ardue et vous vous leurrez si vous pensez pouvoir y répondre en cinq, dix, cent ans d’étude ; il faut au moins mille ans d’enseignement du Christ pour se faire à peu près une idée sur l’un et sur l’autre. Je ne cherche surtout pas à vous décourager, mais seulement à vous apprendre les lois qui gouvernent notre vie, afin de vous débarrasser de certaines illusions. Chaque jour, chaque heure de la vie a sa prédestination ; nous devons au jour le jour achever le travail de fond dont dépend notre progrès. Par ailleurs, vous n’avez pas à vous préoccuper de votre développement ; vous allez vous développer, je vous le confirme. Certains demandent : « Est-ce que je me développerai ? – Lorsque tu seras propulsé sur terre, non seulement tu te développeras, mais tu passeras même de l’autre côté. – En combien de temps ? – En mille ans. – C’est beaucoup ! » Mille  est un chiffre humain, mais ce n’est pas un gros chiffre ; cent ans est beaucoup plus grand que mille et dix ans entre plus, car dans ce processus tout est inversé : mille ans est le plus petit chiffre, cent ans est le plus grand. Vous êtes troublés ? Le chiffre 1000 a trois zéros qui représentent les trois conditions, les trois étapes par lesquelles passer ; pendant ces mille ans il faut former trois corps : dans le zéro de fin vous formerez votre corps physique ; dans le deuxième zéro vous formerez votre cœur et dans le troisième zéro votre intelligence. En atteignant le « un », vous allez naître, vous élever et dire au Seigneur : « Nous voici devant Toi, notre Père ; maintenant, nous aussi nous pouvons travailler pour Toi. »  Voilà la naissance. Une grande époque a démarré à la naissance du Christ, l’avènement du Fils de Dieu ; c’est pourquoi nous devons tous la célébrer.

 

            Les souffrances temporaires que vous éprouvez sont la plus grande bénédiction pour vous ; il n’y a rien de mieux que la souffrance, car c’est par son seul biais que le Seigneur peut vous bénir. Lorsque quelqu’un se plaint de ses difficultés, je lui dis : « Donne-moi de tes souffrances, je te donnerai de ma joie », et j’ajoute : « Maintenant je ressens l’agréable légèreté de la vie. » Il se dit : « Cet homme est très bon » et je me dis pour ma part : « Merci, car tu m’as donné plus que tu ne m’as pris ; pour moi le chagrin est plus précieux. » Le Seigneur aussi a préféré descendre souffrir sur terre et abandonner Sa majesté et Sa gloire ; il y a des raisons à cela, à ce très grand amour que le Seigneur manifeste. Lorsque nous commencerons à comprendre intérieurement la souffrance, nous parviendrons au véritable processus que le christianisme appelle le salut : nous ne pouvons pas être sauvés sans accepter que les souffrances sont une bénédiction. Arrête-toi et dis : « Souffrance, tu m’es utile pour naître. » Si tu souffres plus, cela montre que tu es plus près de Dieu. Lorsque la souffrance arrive à son paroxysme, naît immédiatement la joie ; la mère éprouve les plus grandes souffrances lorsqu’elle enfante ; à cet ultime instant tous s’échappent et s’enfuient, mais lorsque l’enfant naît, tous se félicitent. Oui, pour qu’il y ait une naissance, tous doivent crier : l’homme comme la femme.

 

            On m’a raconté une histoire survenue à Nikolaevka[2] il y a cinquante ou soixante ans : la femme d’un turc connu a eu une rage de dents ; il y avait au village un bulgare qui savait arracher les dents. Le turc lui a amené sa femme qui est montée à l’étage tandis qu’il restait en bas. À un moment, la femme s’est mise à s’égosiller, mais son mari en bas, lui aussi s’est mis à crier en même temps qu’elle. L’arracheur de dent était très surpris : « Pourquoi, lorsque j’arrache un dent à l’un, c’est l’autre que j’entends crier ? » Nous aussi, nous sommes liés de la sorte : il arrive qu’on arrache une dent à un inconnu et nous crions en même temps.

 

            Je vous parle ainsi parce que vous vivez à une époque de grandes souffrances[3]. Vous devez considérer les choses comme des mystiques et non pas comme des spectateurs indifférents ; sachez que les souffrances sont la plus grande bénédiction que le Seigneur nous envoie ; un jour vous le vérifierez. Des gens sont massacrés, la famine et les épidémies règnent, des pères et des mères perdent leurs enfants, des sœurs sont déshonorées, des familles sont souillées ; vous devez tirer profit de ces souffrances, envoyer de la joie aux affligés et leur dire : « Donnez-nous de vos peines. » Mais, comme des spectateurs, vous êtes assis et vous dites : « Heureusement que nous ne sommes pas au front et que nous ne sommes pas affamés ! » Quelle expérience tirerez-vous de ça ? Au contraire, entrez dans la situation des âmes qui souffrent, allez les aider : vous serez alors bénis. «Mais comment aider ? » C’est très facile ! Si vous ne pouvez pas aider directement, vous pouvez les aider spirituellement. Chacun est tenu de prendre au moins la moitié des chagrins de son camarade et lui donner de sa joie. Vous lui dites : « Que le Seigneur te bénisse ! » Le Seigneur bénit les gens par votre intermédiaire. Mais vous dites : « Qu’Il trouve quelqu’un d’autre, mais pas moi ! » L’électricité magnétise un bâton en fer en le traversant ; de même, si le courant divin ne vous traverse pas, comment comptez-vous vous élever ?

 

            Et maintenant vous êtes nombreux à considérer que vos idéaux sont détruits, dévastés. Ils ne sont pas dévastés, mais des quantités de moucherons, d’insectes, de poissons, d’oiseaux et de mammifères ont proliféré et vous ne gagnerez en intelligence qu’à condition de vous en débarrasser. Lorsque, peu à peu, vous bâtirez votre temple, le Seigneur viendra et naîtra en lui. Que Jésus Christ soit né il y a deux mille ans à Jérusalem ne vous est d’aucun profit ; vous pouvez chanter cette chanson encore quatre mille ans, elle ne vous aidera pas. Vous vous élèverez uniquement lorsque les anges entreront dans votre âme et diront : « Aujourd’hui, dans la maison de David, il est né un Sauveur. » Et lorsque le Christ naîtra, Hérode, Pilate et le grand prêtre Caïphe seront là aussi ! Vous direz alors : « Mais cet enfant est une calamité, débarrassons-nous de lui ! » Et vous le donnerez à Pilate pour le crucifier. Alors, il ira chez d’autres : comme le Christ a quitté les juifs pour aller chez les païens, votre enfant aussi ira chez d’autres, chez ceux qui lui donneront un abri. Et vous serez un peuple élu, mais abandonné ! Et si on vous demande pourquoi vous souffrez, vous répondrez : « Parce que nous avons laissé notre enfant à Hérode et à Pilate pour qu’il soit crucifié. » C’est pourquoi je vous dis qu’il faut vous faire les défenseurs de votre Seigneur et dire : « Je vivrai avec le Seigneur : s’Il vit, je vivrai ; s’Il meurt, je mourrai. » Et de même que le Christ a ressuscité après avoir souffert, vous aussi vous ressusciterez et vous apprendrez la loi de l’immortalité. Certains sont proches de la Résurrection. Les apôtres ont ressuscité et travaillent sur terre. Vous direz : « Pourquoi ne les voyons-nous pas ? » Le ressuscité peut voir le ressuscité, comme le musicien comprend le musicien, comme le médecin comprend le médecin etc. Vous devez acquérir cette faculté de compréhension : c’est pour cette raison que vous êtes sur terre.

 

            Ainsi le Christ s’est manifesté et maintenant Il vit, Il est parmi vous, Il travaille en vous tous. Et ce que les gens nomment la Résurrection, c’est une naissance ; ce que les chrétiens appellent la Résurrection c’est sortir de sa tombe. Pour moi vous êtes tous des tombes : certaines plus grandes, d’autres plus petites ; je vois différentes inscriptions funèbres sur vos pierres tombales : un certain Ivan a vécu tant d’années ; une certaine Hélène a vécu tant d’années ; un autre en mourant a été enterré dans le même tombeau ! Combien de fois est morte cette Hélène qui porte les épitaphes de tous ses parents sur la stèle mortuaire ? Vous demandez : « Quand ressusciterons-nous ? » Dès aujourd’hui vous pouvez ressusciter, mais vos pierres tombales sont trop lourdes, un ange doit descendre pour les enlever. Si, même pour le Christ, un ange a dû descendre et enlever la pierre devant sa tombe, à plus forte raison pour vous ! En trente-trois ans, le Christ a vécu un changement majeur qui, en sa fin, se nomme Résurrection ; dans ce mot résurrection, je comprends la lutte et la victoire d’un enfant sur la mort. L’homme naît pour combattre et vaincre la mort ; lorsque vous vaincrez la mort, viendra le jour de la Résurrection.

 

            Certains objectent : « Alors pourquoi, à la naissance du Christ, lorsque les anges d’en haut ont annoncé la paix pour les hommes, les gens ne se sont-ils pas améliorés ? – Parce qu’ils n’ont pas assimilé l’enseignement du Christ correctement. » Le Christ va enseigner de nouveau dans le monde ; vous le verrez, je vous le dis avec certitude. Certains parmi vous ne le verront pas. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils sont aveugles ; ils vont longtemps implorer le Seigneur, comme cet aveugle : « Fils de David, aie pitié de moi, touche mes yeux de ta main ! » Lorsqu’il vous touchera les yeux, il vous demandera : « Est-ce que vous voyez ? –  Nous voyons, Seigneur, les gens comme des arbres. » Puis il vous touchera de nouveau : « Maintenant que voyez-vous ? – Les gens bougent ! » (Mc 8, 22-25)[4] Qu’est-ce que cela signifie ? Que vos pensées et vos désirs sont d’abord immobiles comme les arbres, puis, lorsque vous commencez à voir, les choses deviennent vivantes comme les hommes. Alors, vous comprendrez ce qu’est la vertu.

 

            Le Christ est venu montrer qu’il faut combattre la mort, la vaincre et ressusciter : voilà le sens de la naissance.

 

Sofia, 9 janvier 1916

 

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[1] Terme de botanique = Stade du cycle végétatif d'un arbre fruitier, qui marque le début du développement du fruit après la fécondation

[2] Nikolaevka – le village natal du Maître Peter Deunov, près de Varna

[3] Première guerre mondiale etc.

[4] « Ils arrivent à Bethsaïda ; on lui amène un aveugle et on le supplie de le toucher. Prenant l'aveugle par la main, il le conduisit hors du village. Il mit de la salive sur ses yeux, lui imposa les mains et il lui demandait : « Vois-tu quelque chose ? Ayant ouvert les yeux, il disait : « J’aperçois les gens, je les vois comme des arbres, mais ils marchent. » Puis, Jésus lui posa de nouveau les mains sur les yeux et l’homme vit clair ; il était guéri et voyait tout distinctement. » (Mc 8, 22-25)

 

Traduit par Bojidar Borissov

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