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3. — LES SLAVES ET LE BOGOMILISME


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3. — LES SLAVES ET LE BOGOMILISME

 

 

Au sujet du Bogomilisme, l’écrivain russe Venguérov écrit (1) : « On peut dire que presque tout le monde considère les Albigeois comme le premier rayon qui perce les

 

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(1) S. Venguérov : Les Bogomiles (Essai historique).

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ténèbres du Moyen Âge. Mais ce n’est absolument pas vrai. En réalité, cette lumière commence pour la première fois à briller dans une petite contrée assez lointaine de l’Europe : dans le pays sauvage des « barbares bulgares », comme l’appellent les chroniqueurs contemporains. Cette lumière s’intensifiait de plus en plus, jusqu’à devenir enfin un immense incendie dont les flammes et les étincelles arrivaient jusqu’aux pays les plus lointains de l’Europe. Celui qui connait l’Histoire des peuples slaves comprendra que nous parlons du Bogomilisme, de cet évènement le plus marquant de l’histoire bulgare, où l’on a le sentiment de s’évader des limites étroites de l’histoire d’un peuple pour effleurer un courant universel. Le Bogomilisme représente un de ces rares cas où les Slaves allaient à la tête de l’humanité ; quand la majeure partie de l’Occident, fort de sa philosophie, de bon coeur inclinait la tête devant la force morale de ces « hérétiques » slaves. La poétique Provence, que parcouraient, de donjon en donjon, des trouvères de haut talent, chantant l’amour et la volupté, écoutait avidement les paroles simples du Bulgare et s’avoua vaincue. Le Bogomilisme a exercé une immense influence sur l’évolution des idées en Europe. En France, les Albigeois ont adopté tout l’enseignement des Bogomiles. Alors nous nous convaincrons que la haute importance de la pensée slave pour la liberté ultérieure de l’Europe tout entière s’est manifestée en tant que liberté religieuse. La cause de ce phénomène est clairement recélée dans les fondements profondément éthiques qui se cachaient derrière les principes religieux du Bogomilisme. Les Slaves avaient compris plus profondément l’exhortation à la fraternité de l’Évangile et s’étaient mis à la tête des couches sociales les plus inférieures de l’époque. Et l’Europe de grand coeur s’achemina sous cette direction. Voilà comment les Slaves commencèrent brillamment à exercer une action sur la marche générale de la civilisation. Et cet éclat, ce brillant, n’est pas extérieur. »

 

Le premier foyer du mouvement bogomile se manifesta chez le peuple bulgare sous le règne du Tzar Pierre, au cours de la première moitié du Xe siècle. Cet enseignement prit profondément racine dans l’âme bulgare et c’est pourquoi il put résister plus de cinq siècles. Certains auteurs avançaient l’opinion que le Bogomilisme avait fait son apparition en Bulgarie en tant que secte d’origine orientale, par l’entremise du Paulinisme et du Manichéisme. Mais, cette opinion prouve que ces auteurs n’ont qu’une notion rudimentaire et superficielle de la nature et de l’esprit de ce mouvement.

 

Le Mouvement Bogomile est le véritable précurseur de la mission historique non seulement du peuple bulgare, mais aussi des Slaves en général, prédestinés à donner leur âme à la sixième culture de la Race Blanche. Cette dernière, de son côté, aura pour mission de poser les fondations de la future sixième Race. Comme nous l’avons déjà dit, à la base du Bogomilisme se trouvent les idées de collectivité, de commune et de communauté fraternelle. Le trait le plus caractéristique de la future sixième culture est la fraternité ainsi que la collaboration auxquelles les Slaves sont destinés à donner l’expression la plus réelle et la plus concrète sur la terre. Déjà à cette époque si lointaine, les Bogomiles étaient parvenus à établir les bases de cette vie sociale qui reposait sur la loi sublime de l’abnégation, de la fraternité, de l’amour et de la liberté. Auprès de cette entraide fraternelle, la pauvreté ne se rencontrait que très rarement dans leurs milieux. Ils travaillaient collectivement et leurs ressources communes étaient suffisantes pour tous, car ils menaient une vie modeste ; ils étaient abstinents et végétariens.

 

Nous nous permettons de nous référer une seconde fois aux paroles de Vengérov qui a su apprécier avec le plus de profondeur la nature et les tâches du Bogomilisme. II dit, entre autres : « II ne nous reste qu’à nous tourner vers la nature intérieure des Slaves pour rechercher en elle les causes de l’éclosion du Bogomilisme. Les traits principaux de l’enseignement bogomile ne nous deviendront clairs que quand nous aurons procédé à une étude approfondie des sources initiales de cet enseignement. Le Bogomilisme est chair de la chair et moelle des os des Slaves. L’immense amour de l’indépendance est propre aux Slaves, les très vifs sentiments d’équité et de morale leur sont tout autant propres. Le Bogomilisme a ses racines dans le fond du caractère slave. »

 

Cet enseignement qui a pris naissance au plus profond de l’âme slave est celé dans le haut idéal qui emplit l’âme russe. Dans le « Journal d’un Écrivain » de Dostoïevsky, nous trouvons : « L’idéal slave permet de résoudre le destin de l’humanité et de l’Europe. Vous et moi nous croyons en l’universalité, c’est-à-dire en cela que tôt ou tard tomberont, devant la lumière de la raison et de la conscience, les barrières artificielles et les préjugés qui divisent les hommes et qui jusqu’à présent font obstacle à de libres relations entre peuples, par l’égoïsme des exigences nationales. La Russie, à la tête et de concert avec toutes les autres nations, dira au monde entier la plus sublime parole qui ait jamais été prononcée, et c’est justement cette parole qui sera le testament de l’union universelle des humains, et cela non dans un esprit d’égoïsme personnel par lequel les gens et les peuples s’unissent d’une façon simulée et artificielle, dans la civilisation de nos jours. »

 

Nombre d’écrivains russes, tels : André Béliy, Soloviev, Merejkovsky, Tolstoï et autres, dévoilaient dans leurs écrits le rôle que les Slaves auront à jouer ; leurs conceptions, leurs personnages possèdent de nouveaux éléments humains. Ils n’ont rien de commun avec le nationalisme étroit, le chauvinisme et l’égoïsme racial. Ils sont partisans d’une union spirituelle et culturelle, d’une coopération fraternelle universelle.

 

Le mouvement des Doukhobors en Russie, par exemple, dont la plupart des promoteurs avaient émigré au Canada, comporte dans ses conceptions éthiques de nombreux éléments du Rogomilisme. Tout comme les Rogomiles, eux non plus ne veulent prendre part à aucune violence, gardent un régime hygiénique végétarien, mènent une vie fruste et simple et vivent dans des communautés fraternelles.

 

En Pologne, Hoené Wronski souligne également, durant la première moitié du XIXe siècle, que c’est le mysticisme des Slaves qui élèvera à une grande hauteur les lois de la Nature Vivante Raisonnable.

 

Rudolf Steiner, et, dernièrement, Oswald Spengler, parlent également de la nouvelle culture qui s’exprimera par l’entremise de l’âme slave. Combien profondément l’enseignement bogomile s’est enraciné dans l’âme slave ! Les fruits de ses idées universalistes renaissent sans cesse dans la littérature russe qui témoigne et reflète un idéal aux conceptions hautement humanitaires et éthiques ; elle prépare la conscience des nations et joue le rôle de précurseur déblayant la voie pour l’adoption des conceptions universalistes du Maitre qui pose les bases solides de la nouvelle sixième culture.

 

Nous prenons la liberté de citer un passage d’une lettre qui nous a été adressée par une société gnostique d’Allemagne : « De par la volonté de Dieu, nous avons obtenu l’adresse de votre Fraternité et certains renseignements sur votre enseignement. Nous remercions le Tout-Puissant de ce que dans le pays où nos précurseurs ont reçu l’appel à la liberté spirituelle par l’entremise de Nikita, soient apparus de nouveau les disciples du Bogomilisme. Notre petite société en Allemagne est la seule qui soit restée des centaines et des milliers d’Anabaptistes et de Rose-Croix ayant trouvé la mort au cours des persécutions organisées par l’Église officielle. Notre Société a le plus vif désir de recevoir des renseignements sur vous, nos frères dans la Lumière de la Gnose. Ci-joint, vous trouverez une liste qui nous a été léguée par nos précurseurs. Cette liste démontre mieux que les plus longs des exposés l’étroit contact qui a existé entre les Bogomiles de Bulgarie et notre société en Allemagne. »

 

II est extrêmement intéressant de voir énumérée dans cette liste toute une série de mouvements ésotériques du plus lointain passé. Ces mouvements datent de Saint Jean l’Évangéliste, comprennent les Bogomiles, les Rose-Croix, les Frères d’Asie, les Frères de l’Euphrate, et d’autres encore.

 

On voit comment d’une manière générale la Fraternité Blanche a placé le foyer des conceptions bogomiles parmi les peuples slaves, afin que de là elles traversent les frontières et se propagent en Occident. C’est une indication sur la manière dont les Êtres Avances créent, des siècles à l’avance, les bases d’une culture nouvelle ; c’est ainsi que la conscience des individus, des sociétés, des nations et de l’humanité tout entière, s’élève peu à peu et constamment vers les cimes de la Conscience Cosmique.

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