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2. - LE BOGOMILISME, FACTEUR DE LA RÉFORME EN OCCIDENT


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2. — LE BOGOMILISME, FACTEUR DE LA RÉFORME

EN OCCIDENT

 

 

Le mouvement bogomile perdit sa puissance en Bulgarie surtout quand ce pays tomba sous le joug turc. Cependant sa force se transporta en Occident et c’est sous son influence que prend naissance, à la fin du XIVe siècle, l’essor spirituel et culturel de l’Europe.

 

En Europe, l’influence du Bogomilisme s’exerce en deux directions :

 

1)    la fondation et l’épanouissement des sociétés et des fraternités spirituelles qui deviennent le foyer de nouvelles conceptions ;

 

2)    son action fortement agissante sur l’Humanisme et la Réforme, ainsi que sur d’autres mouvements sociaux, tels les Fraternités tchèques et autres.

 

Il ne faut pas perdre de vue que sous le terme « Bogomile », nous comprenons le grand mouvement général qui s’était propagé dans diverses contrées, comme nous l’avons expliqué plus haut, et que ses partisans étaient différemment nommés suivant les pays dans lesquels ils oeuvraient. De Bulgarie, le Bogomilisme commence tout d’abord à se propager en Dalmatie et en Bosnie. Puis, par l’entremise de Troghir, qui entretenait d’étroits liens commerciaux avec l’Italie d’alors, le Bogomilisme s’implante dans ce dernier pays. En ce temps-là, la Bulgarie et l’Italie entretenaient des relations. Cela se voit dans le fait que dans la région de Turin en 1047 une localité portait le nom de « Bulgaro » ; de même, en 1146, de nouveau à Turin, on rencontre le nom de «Bulgarello »; en 1149 on parle d’un château portant le nom de « Bulgaro », tout comme d’un noble du nom de « De Bulgaro ».

 

Au cours de la première moitié du XIe siècle, c’est le château de Monteforte qui devient le centre principal du Bogomilisme, dont le chef est Girard. Ce château fut attaqué, pris d’assaut, et ses habitants brulés vifs sur des buchers à Milan. Plus tard, vers le XIIe siècle, le Bogomilisme se propage en Lombardie. En Toscane, il y eut plus de cinquante Parfaits. Malgré les poursuites draconiennes organisées par la papauté, le Bogomilisme se propage de Milan à Florence, à Naples, à Rome, etc., et le Pape Innocent IV lève une croisade contre les Bogomiles.

 

Vers la fin du Xe siècle, l’Italien Gundulf propage le Bogomilisme en France. Là ses adeptes portent le nom d’Albigeois ou de Cathares. Le Bogomilisme s’étend rapidement en Aquitaine, et Toulouse en devient le Centre. Puis, il s’infiltre à Orléans, en Champagne, où le château de Montvimere est son centre principal, puis dans le Périgord, avec le château de Montfort, etc. Le Bogomilisme recrute ses adeptes dans presque tous les milieux sociaux.

 

L’écrivain du Moyen Âge, Robert Alticiade, traite les Albigeois, ou le Catharisme, de « Bulgarorum heresis ». Dans certaines provinces, les Albigeois étaient même appelés des « Bougres ». Le chroniqueur des Croisades, Geoffroy de Villehardouin appelle la Bulgarie « bougrie ». En 1776, le Bulgare Nikita et l’ltalien Marco, se rendent de la Lombardie en France pour assister à un Concile des Bogomiles qui se tint à Saint-Félix de Caraman (Comté de Toulouse) et auquel Nikita devait prendre la parole. Le Français, Julien Palmier, fonda dans la ville d’Albe un mouvement de Bogomilisme fort actif. Auparavant, il avait passé plusieurs années en Bulgarie.

 

L’Inquisition organisa toute une série de croisades contre les Albigeois (Bogomiles), et au cours des années 1178, 1224 et 1232, un très grand nombre d’adeptes de ce mouvement furent brulés vifs sur des buchers, tués ou emprisonnés et maltraités.

 

Le dernier centre qui résista victorieusement fut Montségur. II fut détruit en 1244 par les croisades contre les Albigeois; près de deux-cents Parfaits furent brulés vifs sans aucun jugement (1). Ceux des Albigeois qui purent échapper à la persécution propagèrent le Bogomilisme dans les autres pays.

 

Les Albigeois et plus spécialement les Parfaits étaient courageux et dévoués. Pendant la nuit, ils allaient prêcher dans des réunions clandestines, tandis que pendant le jour ils se cachaient dans les forêts. Les Albigeois Emeric Bérault et Pons Fogassier dirigeaient les réunions nocturnes qui se tenaient dans les environs de Toulouse. Le Bogomilisme s’infiltre en Allemagne par la Hongrie, l’Italie et la Flandre. De plus, une partie des Albigeois de France fuient en Allemagne pour échapper aux persécutions. Au XIIe siècle, Cologne devient un important centre albigeois. En Allemagne, c’est en Bavière que le mouvement bogomile prend le plus d’ampleur : une quarantaine de cercles sont fondés, avec leurs écoles. Malgré toutes les persécutions et les buchers, le Bogomilisme pénètre également à Vienne.

 

En Allemagne, à la suite de la sanglante persécution insaturée par l’Inquisition, nombre de Bogomiles deviennent membres de la société allemande appelée « La Fraternité du Libre Esprit », dont les conceptions se rapprochaient de celles du Bogomilisme.

 

Sous l’influence des Albigeois français, le Bogomilisme pénètre dans les régions du nord de l’Espagne, Aragon, Catalogne, Léon, Navarre. L’Albigeois Gérard, accompagné de trente autres Albigeois, fuyant les persécutions qui sévissaient en France, avait cherché refuge en Angleterre et là, dans la ville d’Oxford, avait déployé la plus grande des activités. Cependant, le Roi d’Angleterre entama de cruelles représailles contre eux, ordonnant de les marquer au fer rouge sur le front en les faisant expulser de son royaume.

 

Plus tard, spécialement au cours du XIVe siècle, l’Europe est inondée de mouvements mystiques, toujours issus du

 

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(1) Voir : Dollinger, Sektengeschichte; C. Smith, Histoire ou doctrine des Cathares ou Albigeois; Karl Kiesewetter, Histoire de l’Ordre des Rose-Croix (d’après les archives de l’Ordre).

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Bogomilisme, et respectivement des Albigeois. Un des plus puissants mouvements en Occident fut celui des Rose-Croix qui s’infiltra dans tous les milieux sociaux. Ce mouvement fut fondé au XIVe siècle par Christian Rosenkreuz (Rosecroix) qui vivait à cette époque, Christian ou Chrétien, était né dans la famille allemande de Germelshausen. Le Bogomilisme s’était propagé dans la région du Rhin, dans les environs de Hesse et de la Thuringie. C’est là que se trouvait le château familial des Germelshausen. La famille tout entière ayant adhéré au Bogomilisme, les ennemis de ce mouvement exterminèrent tous ses membres, à l’exception du petit Christian âgé de 5 ans à ce moment-là. Le précepteur des enfants de la famille Germelshausen était un moine albigeois, d’origine française (un languedocien) membre du cercle des Parfaits. II parvint à cacher l’enfant dans un couvent du voisinage. C’est là que Christian grandit puis, sous le nom de Rosenkreuz (Rosecroix) forme un groupe de quatre moines « pour étudier la vérité ». Sur les indications données par le moine précepteur de Christian, tout le groupe se rend en Orient dans un centre d’Initiation. De retour en Allemagne, Christian fonde le mouvement portant son nom comme branche du Bogomilisme.

 

Un Occultiste de l’Occident, parlant de l’influence du rosicrucianisme dit : « Au XIVe siècle, un instructeur d’une haute spiritualité, portant le nom symbolique de Chrétien Rosecroix, vient en Europe et y fonde la fraternité mystique de la Rose-Croix, dans le but d’étudier le Christianisme à la lumière de l’occultisme et d’expliquer les secrets de la vie d’un double point de vue : scientifique et religieux. La naissance de Chrétien Rosecroix signifie le début d’une ère nouvelle dans la culture du monde occidental. Depuis lors, cet être se réincarne sans cesse dans l’un ou l’autre des pays européens. II possède un haut degré d’Initiation et représente, de par son activité, un puissant facteur dans la vie de l’Europe occidentale. II a travaillé avec les alchimistes, et a entretenu tout au long des siècles des relations avec les savants. C’est lui qui a inspiré, par un intermédiaire, leurs oeuvres les plus importantes à Bacon, Jacob Boehme et autres. Ils reçoivent de lui cette inspiration qui insuffle à leurs oeuvres cette haute puissance d’illumination spirituelle qu’elles possèdent. Des âmes intrépides qui refusent d’accepter les limitations du dogmatisme scientifique et religieux, en rejetant les conceptions superficielles, pénètrent jusqu’à l’essence spirituelle des choses, reçoivent l’inspiration de la même source où avait puisé le grand esprit de Chrétien Rosecroix. La société des Rose-Croix n’était pas une société ordinaire : ses frères hiérophantes, gardiens de son savoir sacré, sont dans le monde occidental une force bien plus grande que celle des gouvernants visibles. »

 

L’écrivain tchèque, Vladimir Sis, voulant souligner le lien existant entre le Bogomilisme et les « Frères Tchèques », avait dit lors d’une de ses conférences en Bulgarie : « Nous devrions nous arrêter sur une autre manifestation culturelle et historique qui relie les peuples bulgare et tchèque en une étroite parente d’idées. Je pense que le mouvement réformateur, le Bogomilisme, et les Frères Tchèques ont un lien entre eux. Quels autres peuples de cette époque peuvent se vanter de leur liberté de penser et de leur maturité sociale, caractéristiques de l’enseignement des Bogomiles et de celui des Frères Tchèques ? Tout ce à quoi aspirait la révolution française à la fin du XVIIIe siècle, ce que Tolstoï cherchait vers la fin du XIXe siècle, les Bogomiles bulgares le prêchaient déjà au Xe siècle, et les Frères Tchèques 500 ans plus tard. Si jusqu’à présent il n’existe pas de preuves éloquentes permettant d’établir une relation étroite entre les Bogomiles et les Frères Tchèques — par suite de la différence des époques et de l'éloignement géographique — nous avons cependant des preuves que l’enseignement des Bogomiles a été transmis en Tchécoslovaquie par une voie indirecte qui passait en partie par l’Italie, et en partie par la France (Valdéens et Albigeois). Cependant, il n’est pas exclu que l’enseignement bogomile ait été transplanté en Tchécoslovaquie par les Bogomiles bulgares et bosniaques eux-mêmes, par l’entremise des marchands qui aux XIVe et XVe siècles, visitaient Bratislava et, de là, allaient aussi à l’intérieur en Moldavie et en Tchéquie. Et puis, comment pourrait-on expliquer autrement la similitude existant entre l’enseignement des Bogomiles et celui des Frères Tchèques au sujet de la lutte contre le pouvoir temporel, contre l’impérialisme et le hiérarchisme, contre le catholicisme, la lutte pour un partage équitable des terres, l’opposition à la guerre et au versement du sang humain, la négation de la propriété, et principalement, au-dessus de tout, la lutte pour le « Moi » humain ? Les Bogomiles, tout comme les Frères Tchèques, étaient des altruistes qui plaçaient le bien de l’humanité au-dessus des intérêts de leur propre peuple; ils étaient des internationalistes éthiques — trait spécifique des Slaves. »

 

Les Fraternités ésotériques et mystiques qui ont pris naissance en Occident sous l’influence des Bogomiles, ont provoqué un essor de la pensée humaine à l’aide des oeuvres d’éminents philosophes, savants, poètes, artistes et réformateurs spirituels qui avaient été en contact avec ces centres spirituels. Ainsi, Dante connaissait la science ésotérique, chose qui ressort clairement de ses oeuvres profondément mystiques. Léonard de Vinci a également puisé son inspiration dans des centres ésotériques et mystiques. En ce qui concerne Halcicki, père spirituel des Frères Tchèques, Tolstoï souligne que ses conceptions s’identifiaient avec l’enseignement des Bogomiles qui date d’une époque bien antérieure.

 

Le Martinisme nait en France sous l’influence des Rose-Croix, lesquels, de leur côté, comme nous l’avons dit plus haut, provenaient de l’enseignement bogomile. Un disciple de Robert Fludd, William Maxwell écrit au XVIIe siècle une oeuvre en trois tomes, intitulée « De Medicina Magnetica » qui donna un grand essor au mesmérisme. Cet auteur était un Rose-Croix.

 

Un grand nombre d’éminents savants, philosophes, artistes, hommes politiques entretenaient des liens étroits avec ces divers mouvements spirituels. Nous pouvons citer, entre autres : le philosophe Spinoza, le grand astronome Kepler, lequel dans une de ses oeuvres affirme « Dans le temps, j’ai étudié l’astronomie en Égypte et maintenant, je continue ici le travail que j’avais commencé alors »; le compositeur Richard Wagner, le grand homme d’état William Gladstone, etc.

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