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1914_07_27 La loi du service


Ani
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La loi du service

 

Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ;

et où je serai, là aussi sera celui qui me sert ;

et si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera.

(Jean 12, 26)

 

Certainement, beaucoup se demandent quel est le sens caché des paroles : « Et si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera ». Le monde possède toutes sortes d’aspirations : nos contemporains aspirent au savoir, aux richesses, aux acquisitions immobilières, à la gloire, à la grandeur, à la puissance ; ils ont  des aspirations très diverses. Jésus insiste sur une seule chose : le service ! L’homme doit savoir comment servir. Serviteur, voilà un terme prosaïque qui nous renvoie aux places les plus ingrates de la société. Mais il y a des serviteurs dans tous les domaines : dans une brasserie, dans une auberge, dans une cantine, au théâtre, à l’université, dans les ministères, etc. D’une certaine manière nous sommes tous serviteurs, mais peu le reconnaissent. Ainsi, dans le monde, il y a deux types de serviteurs : ceux qui comprennent leurs obligations et savent comment s’en acquitter, et ceux qui ne savent pas comment servir. Nous les appelons communément les dirigeants, les donneurs d’ordre qui restent passifs et attendent d’être servis par les autres en leur donnant des indications sur la façon de travailler et de servir. Tout le monde veut faire partie de cette catégorie des donneurs d’ordre. À l’inverse, l’enseignement chrétien pose un principe diamétralement opposé : le principe de faire un serviteur de celui qui désire devenir un donneur d’ordre ; il dit que le Fils de Dieu n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. La loi de la nécessité nous oblige à être serviteurs. Quelqu’un dit : « Je suis un seigneur. » Non, il se trompe s’il se croit libre et non asservi. Car il sert au moins son estomac qui l’oblige à faire des besognes pas toujours agréables : cuisiner bien, mâcher la nourriture avec attention ; et s’il n’est pas bien servi, l’estomac rendra la nourriture et le punira  en lui disant : « Tu dois me servir bien, sinon je te mettrai à la porte ! » Certains pensent que seul le maître  chasse les serviteurs, mais l’estomac aussi peut renvoyer son maître. Vous n’avez qu’à demander à un médecin ce que fait l’estomac s’il n’est pas bien servi, pour comprendre comment l’estomac, au final, met son maître à la porte !

 

Servir est une qualité. Combien de malheurs dans le monde ont pour cause notre incapacité à servir ! Lorsque la mère apprendra à élever ses enfants, lorsque le maître apprendra à instruire ses élèves, lorsque le pouvoir apprendra à servir la population, c’est-à-dire à satisfaire ses aspirations, à créer des lois bénéfiques pour son développement, alors le monde aura un visage différent de celui d’aujourd’hui. La civilisation contemporaine est mise à l’épreuve en ce moment même : des millions de personnes sont appelées à l’armée ; certains portent des brosses pour nettoyer, d’autres remplissent les canons de poudre, d’autres sont artificiers, d’autres s’occupent des chevaux ; tout cela constitue un service. Quel sort attend ces serviteurs ? Toutes ces têtes, ces jambes, ces bras seront déchiquetés, broyés. C’est ce que les hommes appellent civilisation, culture ! Les peuples contemporains nous disent de la sorte : « Nous n’avons pas besoin du Seigneur, c’est la science qui nous instruira. » Et voilà ce que la science nous enseigne : à être sans cœur pour fabriquer des fusils et des grenades. Oui, la science nous a entraînés vers cette épreuve, vers cette expérimentation dangereuse. Et maintenant, le Ciel nous éprouve avec ce qui nous est imposé : le monde exige de ses serviteurs qu’ils le servent. Et le Seigneur Lui aussi exige qu’on le serve ; le Christ le dit : « Et celui qui me sert, mon Père l’honorera ».

 

Nous cherchons à arranger nos affaires sans relâche, mais elles restent continuellement en désordre : nous tombons malades, appelons les docteurs à la rescousse, mais malgré cela la mort nous surprend ; nous construisons une maison et mettons des gardes pour ne pas nous faire dérober nos richesses, mais on finit par nous les voler. Le Christ dit : « Pendant tant de milliers d’années vous avez agi selon ces principes qui sont les vôtres et vous en mesurez maintenant les conséquences ; mais si vous me servez, vous comprendrez le sens de votre vie ». Nous devons servir comme le Christ : il est venu pour servir et non pour être servi. Les hommes doivent devenir serviteurs des plus faibles, des plus démunis ; nous ne devons pas laisser de mauvaises personnes servir le monde. Savez-vous pourquoi la société moderne est corrompue ? Les mères, au lieu d’éduquer leurs enfants, les laissent entre les mains de servantes dépravées et ignorantes pour pouvoir aller au théâtre, au bal, à la brasserie, s’adonner à toutes sortes de loisirs. Qu’est-ce que ces servantes ignorantes et corrompues apprennent aux enfants? Ce qu’elles connaissent ! De nos jours, les servantes éduquent les enfants, non seulement en Bulgarie, mais aussi en France, en Allemagne, en Amérique, partout ! Je ne dis pas que toutes les servantes sont dépravées, certaines le sont à cause de leurs maîtres. Si les mères servaient leurs enfants – dans le vrai sens du terme – pour leur développement et leur éducation, le monde aurait aujourd’hui un tout autre visage. Il en est de même si le père avait été l’éducateur de ses fils. Dès que le père et la mère abandonnent leurs obligations, laissant des servantes ignorantes des lois de la vie éduquer leurs enfants, pour aller eux-mêmes s’adonner aux plaisirs, alors les résultats seront catastrophiques. Une servante ne peut pas éduquer l’enfant parce que, d’une part  ce n’est pas le sien et d’autre part  elle n’éprouve pas d’amour pour lui. Elle se dit : « Si ma maîtresse passe du bon temps à la brasserie, pourquoi devrais- je moi élever ses enfants ? »

 

Je vous expliquerai en quoi consiste le service, quelles sont les vertus attendues d’un serviteur : il doit avant tout avoir un cœur noble, être sensible, compatissant, humble et souple, pour s’adapter à toutes les conditions ; il doit être travailleur et non pas paresseux. La vie est exigeante et nous devons la servir en conséquence. Lorsqu’un couturier se trompe aujourd’hui sur un vêtement et ne le fabrique pas comme il faut, on le lui rend et il subit des pertes. Il en est de même pour la nature : elle nous donne un tissu – la vie que nous avons est une sorte de tissu – et elle nous dit : « Faites-en un vêtement » ; et si nous ne pouvons pas le fabriquer convenablement, elle nous punit. Si nous souhaitons apprendre à servir, nous devons nous tourner vers le Christ pour qu’il nous l’enseigne. Le serviteur doit être très intelligent, un sot ne peut pas servir convenablement. Les professeurs, les prêtres sont également des serviteurs. Si le professeur comprend bien sa vocation, il doit avant tout comprendre l’âme de l’enfant pour savoir comment l’orienter vers l’apprentissage. Le prêtre doit comprendre l’âme de ses fidèles pour donner la nourriture adéquate à leur cœur. Nous devons posséder une autre qualité importante : une grande patience. Beaucoup traitent les gens patients de bœufs : « Lui, c’est un bœuf. » Se montrer patient n’est pas être un bœuf ; la patience est un acte d’intelligence ; pour traverser les épreuves de la vie extérieures, il nous faut cet équilibre intérieur entre l’âme, le cœur et l’intelligence.

 

Je vous donnerai l’exemple d’un mathématicien des temps passés. Durant vingt années de sa vie il avait travaillé sur des formules qu’il avait griffonnées sur des feuillets volants dispersés un peu partout dans sa chambre ; mais il avait fait attention de bien fermer la porte à clé à chaque fois qu’il s’absentait. Un jour, il a oublié de la fermer. Sa servante, en rangeant la chambre dans la journée, ramassa tous les papiers qui étaient par terre et les jeta dans le poêle à bois, puis elle nettoya entièrement la chambre. Lorsque le mathématicien rentra, il demanda : « Où sont les feuillets avec mes notes ? – Je les ai jeté dans le poêle à bois, regardez comme tout est bien propre et rangé à présent ! – Ne fais plus cela une autre fois, a été alors la réponse du mathématicien. »

 

Nous servons comme cette femme : nous ramassons des feuillets : celui-ci ne vaut rien, celui-là non plus, et nous les jetons au feu. Cet érudit, dont vingt ans de travail a été détruit, n’a pas réagi comme nous l’aurions fait, mais il a montré une patience exemplaire : il s’est contenté de lui demander : « Ne fais plus cela une autre fois. »

 

Vous vous trouvez à présent dans la même situation : votre maison est grande ouverte et la servante est en train de ramasser tous les feuillets, et vous les verrez un jour brûler dans le poêle. Et une fois votre maison rangée, selon les règles de votre servante, que lui direz-vous ? Je sais qu’il y aura des pleurs : « Seigneur ! Suis-je un si grand pécheur, suis-je le seul à mériter ce destin ? » Et cependant, nous nous considérons comme des personnes qui comprennent la loi divine ! Nous devons agir comme ce philosophe : « S’il te plaît, ne fais plus cela une nouvelle fois », et nous décider, par la même occasion, à tenir nos affaires en l’ordre, et à ne pas laisser notre chambre ouverte à la merci des serviteurs.

 

Maintenant, le Christ dit : « Et si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. » Vous pensez tous au monde, à vos affaires passagères, aux moyens d’arranger vos affaires familiales, tout en laissant de côté des questions très importantes : vos relations avec le Seigneur qui un jour vous demandera des comptes. Et ce jour arrive. Savez-vous où vous serez dans quelques années, savez-vous quelle tempête balayera l’Europe pendant cette période et ce qu’il adviendra ensuite ? Vous n’en avez aucune idée ! Le monde d’aujourd’hui sera purifié, il sera vacciné et se relèvera pour une vie nouvelle. Ceux qui viennent soutenir la civilisation devront appliquer les principes du Christ et apprendre comment servir. Et ceux qui ne savent pas servir comme l’enseigne le Christ n’ont aucune chance d’évoluer. La théorie de Darwin postule que seuls les gens en bonne santé et les plus aptes survivront. En effet, survivront uniquement ceux qui ont une santé morale et spirituelle ; et ceux qui ont la santé physique survivront à condition d’avoir cette force morale intérieure. Ne vous illusionnez pas : grossir du corps et du visage ne témoigne pas d’une bonne santé ; avoir un menton plus épais, un ventre plus proéminent, être plus gros, manger plus, non plus ! Si toute la vie ne se résumait qu’à manger et à boire, ne s’agirait-il pas d’un état maladif ? Combien de kilos de nourriture est nécessaire à un homme qui pèse 100 kilos ?

 

J’ai entendu parler d’une anglaise qui mangeait neuf kilos de pain ; et d’une autre encore qui mangeait le pain et le café prévus pour soixante-douze enfants : il s’agit là d’un état maladif. Je ne suis pas contre la nourriture, mais de nos jours les gens croient que tout se résume à la nourriture. C’est vrai que manger occupe un tiers de notre vie, car du matin au soir nous obéissons uniquement à la nécessité de manger : le matin, nous pensons à ce qu’il faut boire, du thé ou du lait, si le lait doit être préparé avec du cacao à l’allemande ou bien avec du café à la turque, doit-il être crémeux ou non ; puis à peine sortis du petit-déjeuner, nous nous mettons à réfléchir : que mangerons-nous à midi, y aura-t-il du bœuf ou du poulet, comment l’accompagner, avec des tomates ou des courgettes, faut-il hacher la viande ou non, faut-il ajouter ceci ou cela ? Et le déjeuner terminé, nous nous projetons vers le dîner. Certaines fois, nous sommes satisfaits, d’autres, non ! Et nous varions sans cesse la nourriture. Il est vrai que l’alimentation est devenue une véritable science culinaire dans laquelle les gens se spécialisent. C’est très bien, mais ce n’est pas le but ultime de la vie. La force d’un aliment que notre estomac peut absorber ne dépend pas de la manière de le préparer. Ne nous imaginons pas qu’en mettant plus de sel, plus de poivre et d’huile, la nourriture sera plus saine ; cela n’a de rapport qu’avec notre goût, notre bouche. Pour savoir si un aliment est bénéfique, nous devons nous prononcer une fois que cet aliment est resté une demi-heure dans notre estomac : si nous sentons un poids, une légère indisposition, c’est que l’estomac nous dit : « Cet aliment ne correspond pas à votre santé, je ne peux pas secréter le suc correspondant ». Le lendemain, nous disons parfois : « Je vais lui faire ingérer plus pour renforcer son activité », jusqu’à ce que les médecins constatent une dilatation de l’estomac ! De nos jours les gens ne vivent que pour contenter leur estomac, ce qui explique l’attention excessive portée aux pensées et considérations à son sujet. Le professeur enseigne à l’école et ne songe qu’à l’argent que cela lui rapportera : trois cents ou quatre cents leva et il calcule combien il utilisera pour se nourrir et pour le reste. Tout se rapporte à la nourriture, et nous sommes surpris ensuite de ne pas être capables de nous élever en tant que professeurs ou prêtres. Nous tentons tous de conserver notre corps dans l’état le plus sain possible, et nous nous préoccupons de l’alimentation à lui réserver, de la demeure à lui construire. Nous travaillons tous sur l’aspect extérieur des choses, mais personne ne s’arrête pour réfléchir à l’aspect intérieur de la vie humaine. Tout comme notre habitation doit être rangée, notre mental aussi doit être ordonné ; si une demeure saine est bénéfique pour notre corps, la même hygiène est à observer pour notre cœur. Je ne tiens pas pour intelligent celui qui a une maison propre et rangée mais un cœur insalubre. Ainsi, nous trouvons certains comportements exagérés, mais nous restons asservis à divers facteurs extérieurs, alors qu’il faudrait veiller avant tout sur notre intelligence, sur notre cœur et seulement après sur notre corps. Seule cette manière de construire notre vie nous apportera la bénédiction divine.

 

Le Christ dit : « Si quelqu’un me sert, qu’il offre son cœur. » Le Christ est venu sur terre pour travailler sur le cœur humain. En quoi consiste ce travail ? À ôter toutes les mauvaises herbes, les infirmités de notre vie. Cela fait longtemps que vous êtes chrétiens, vous suivez tous le Christ, mais s’il vous convoquait maintenant pour un examen ? Combien réussiraient un examen sur la patience et l’humilité –  s’il faut résoudre cela en pratique et pas seulement en théorie –  et sur toutes les vertus humaines : la justice, l’amour, la vérité, la sagesse ? Ne pensez-vous pas que vous allez être recalés à cet examen ? « Êtes-vous aimés des autres ? », est un concept que vous comprenez  facilement, mais « aimez-vous les autres ? », est une chose que vous n’avez pas encore comprise. Puisque le Seigneur exige de nous que nous aimions les autres, dans cet amour nous devons aller jusqu’à l’abnégation. Vous vous plaignez souvent : « Ces gens-là m’ont tout pris, ils m’ont dépouillé ! » Mais n’avons-nous pas dépouillé le Seigneur de toutes ces richesses que nous trouvons ici sur terre ? Le Seigneur est descendu sur terre pour dire à tous ses serviteurs qui ont volé et trompé : « Cela suffit de voler et de tromper, venez ici pour rendre des comptes ! » C’est cela la guerre actuelle en Europe, le Seigneur qui proclame : « Venez rendre des comptes sur la façon d’utiliser tout ce que je vous ai donné. » Beaucoup diront que la guerre est dictée par des motifs économiques ; l’Allemagne, par exemple, combattrait pour gagner plus de territoires. Si l’Allemagne a peu de territoires, est-ce que l’Angleterre et la Russie en ont peu aussi ? Donc, ce n’est pas une question de territoire, quelque chose d’autre manque aux gens. Chacun veut dominer, chaque race qui se développe veut être supérieure aux autres, chaque peuple veut soumettre tous les autres peuples, et c’est pourquoi tous engendrent des conflits. Si tous les hommes se laissaient gouverner par le principe du Christ qui est de servir l’humanité, si chacun dans sa sphère de travail contribuait au bien-être de l’humanité, il n’y aurait plus aucun désaccord.

 

A présent, tous s’arment et luttent pour la suprématie. Nous disons : « Comme ils sont bêtes, ceux qui guerroient ! », mais ce dont vous êtes témoins aujourd’hui, c’est une chose qui arrive tous les jours chez vous. Entrez dans n’importe quelle maison et vous verrez ce qui s’y passe : deux jeunes gens se mettent ensemble, se marient et leur union ravit tout le monde: « Voici un couple qui vivra en paix et en harmonie. » Mais, deux à trois mois plus tard, tu retrouves la femme négligée, l’homme aussi, et tous deux se bagarrent à la maison ; la femme veut commander, mais l’homme dit : « C’est moi le maître de la maison ! » Cependant, tous deux se trompent, ni l’un ni l’autre ne domine, mais tous deux sont des serviteurs.  « Oui, mais il est dit : l’homme est le chef ! » Être chef ne signifie pas être un seigneur, mais un serviteur intelligent et, en tant que personne plus expérimentée que son épouse, un guide pour lui apprendre à servir. Alors tous deux diront : « Nous sommes serviteurs de notre Seigneur, nous pouvons être châtiés tous les deux, mais je te montrerai comment réaliser ce travail. »  C’est une allégorie, mais c’est ce qui se passe quotidiennement dans le monde.

 

Laissons maintenant l’homme et la femme de côté. Parfois nous sommes mécontents, en colère contre nous-mêmes, pourquoi ? Nous disons : « Je n’ai pas de volonté, je ne peux pas faire ceci ou cela. – Pour quelle raison manques-tu de volonté, n’es-tu pas ton propre maître ? – Je manque d’intelligence. » Comment peut-on manquer d’intelligence, pour quelle raison ? Il doit y avoir une cause très profonde à cet état, à cette dualité intérieure chez l’homme.  La cause de cette dualité, c’est que nous finissons par être en contradiction avec le Seigneur, avec la grande Loi. Et à chaque fois que l’homme se trouve en contradiction avec la loi divine, les tourments causés par cette dualité l’envahissent : son discernement se trouble, il ne sait plus comment agir ; de mauvaises pensées et de mauvais sentiments, étrangers à la vraie force divine s’emparent de lui, et sa vie prend un autre tour. Les mauvaises pensées et les mauvais sentiments sont comme un serpent qui sans cesse étouffe et épuise l’homme, jusqu’à ce que toute la sève qui nourrit l’intelligence et le cœur s’assèche pour le conduire à la paralysie.

 

Savez-vous ce que font les montreurs d’ours ? Ils donnent un tout petit peu de nourriture à l’ours et lui accrochent un anneau épais dans la gueule pour le rendre docile et inoffensif. De la même façon, nous devons mettre un anneau avec une chaîne à notre « ours », et lui octroyer peu de nourriture pour ne pas développer chez lui d’instincts dangereux. Prenons par exemple toutes les personnes que l’avidité pour la richesse rend fous : ils gagnent des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers, un million, dix millions, sans trouver d’apaisement ! Ils amassent des richesses, mais à quoi bon ? Cela n’a aucun sens pour la vie intérieure ! Pour s’enrichir, les gens ont commencé maintenant à exploiter de nouvelles méthodes : influencer les autres par magnétisme ou par hypnose afin d’orienter leurs pensées et leurs actes. Autrefois les brigands étaient dans la forêt avec leurs fusils, maintenant on les trouve en pleine ville, armés différemment, pour dévaliser les  autres. On raconte qu’à New-York, trois hypnotiseurs américains ont contraint par la pensée un banquier à leur signer un chèque de quinze mille dollars. Les modes opératoires du vol ont changé, tous aspirent à les manier, à les maîtriser, mais savez-vous seulement les malheurs que cela engendre ?

 

Je vous ai déjà donné cet exemple une fois : une ancienne fable raconte comment un homme aspirait tellement à la richesse qu’il voulait transformer en or tout ce que ses mains toucheraient ; il se disait : « Si j’acquerrais cette force, ce serait un bienfait pour le monde entier. » Un ange l’a alors questionné : « Si ta demande est exaucée, seras-tu toujours satisfait ? – Ce serait pour moi le comble du bonheur. – Qu’il en soit selon ton désir ! »

 

Et lorsque cet homme est rentré chez lui, les tables, les livres, les  verres, tout s’est transformé en or ! À peine sorti dans le jardin, les pierres, les arbres, tout est devenu or. Il s’est alors écrié : « Je ne serai plus jamais serviteur, mais maître. Femme, nous sommes des gens heureux ! »

 

Lorsque sa femme a mis la table, le pain, la soupe, ils se sont assis avec les enfants pour manger, et l’homme a pris la cuillère : elle s’est transformée en or ! Il l’a plongée dans la soupe qui devint de l’or ; il prît le pain qui devint or, toucha la table qui devint elle aussi or ; il effleura sa femme et elle devint or. Il finit par se prendre la tête entre les mains et pria le Seigneur de le délivrer de ce grand malheur. Voilà où mènent l’avidité et l’absence de discernement. Nous pouvons obtenir cette force, mais elle nous perdra.

 

La richesse est en nous et non pas à l’extérieur ; elle ne réside pas dans notre force physique. La force de l’homme n’est pas dans ses muscles, mais dans ce sentiment tendre et délicat qui peut développer toutes les autres forces. Et Dieu a fait le monde de manière que la nature obéisse à une force en apparence des plus faibles qui soient : l’amour. Il est si tendre et délicat, mais en réalité il gouverne tout. Lorsque l’amour rentre en l’homme, il le lamine et le transforme. Prenez un homme qui a maltraité beaucoup de serviteurs et de servantes et qui, tout d’un coup, s’adoucit et sacrifie tout pour faire le bien. Quelle est cette force qui s’empare de cet homme ? C’est ce principe décrit par le Christ : « Celui qui sert l’amour, me sert. » C’est cela que sous-entend le Christ : «  Ce serviteur aura tout ce que j’ai. » Les hommes cherchent la vérité, et le Christ met cette vérité dans la vie, dans ce petit grain de blé. Si nous mettons ce levain, l’amour, dans nos cœurs et dans les cœurs de nos proches, des chefs d’entreprise, des gouvernants, il transformera le monde entier. Le non-respect de l’enseignement du Christ a engendré le cataclysme actuel[1]. Dans ces affrontements et ces conflits le Seigneur a mis le lait et la crème et les gens se battent tantôt en haut, tantôt en bas, jusqu’à ce que le beurre remonte à la surface. Le beurre sera utilisé pour les repas, le reste constituera le babeurre : les uns deviendront du beurre, d’autres du babeurre. L’un et l’autre seront utilisés par le Seigneur pour ses nobles desseins. Maintenant, reste à savoir de quel côté chacun de nous ira, mais le destin de tous est décidé : soit dans le beurre soit dans le babeurre.

 

Le Christ se tourne vers les judéens et leur demande d’être ses disciples. Parmi nous certains disent : « Je suis croyant, je crois dans le Christ. » Ceux qui ne font que croire en lui sont des auditeurs. Sa demande s’adresse en fait à ceux qui veulent appliquer sa loi. Si vous pouvez vous arrêter pour méditer sur les paroles : « Je sers le Christ », si vous essayez toute une année d’apprendre à servir le Christ, vous comprendrez le grand secret de ces paroles qui ne peut être divulgué ici. Il est très simple, mais nécessite que vous ayez la lumière. Le Christ vous donne cette lumière, les conditions pour qu’elle puisse se développer ; lui seul peut vous la donner. Je peux vous donner des petites graines, mais les conditions pour qu’elles germent sont données seulement par le Christ. Ce sentiment d’amour ne dépend ni de nos forces ni de nos désirs, il dépend de notre contact avec le Christ. Certains se demandent où est le Christ et attendent qu’il descende du Ciel. Le Christ est déjà dans le monde et celui-ci l’attend encore ! Il se manifeste de deux manières, il a deux visages ; l’un est doux : « La paix soit avec vous ! », mais l’autre est assombri à cause du feu, des fusils, des canons. Maintenant il clame : « Amenez ceux qui n’ont pas écouté mon enseignement pour qu’ils goûtent l’amertume de l’insoumission ; ils ne souhaitaient pas me servir, alors qu’ils éprouvent les malheurs causés par leurs actes, que chacun récolte ce qu’il a semé. » De même, nous ne pouvons pas pardonner à un criminel qui a massacré une multitude d’enfants innocents, mais nous le punissons.

 

Le Christ se tourne vers nous pour nous dire : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive. » Et vous répondez : « Il est facile de suivre ! » Nous pouvons le suivre et lui dire « Maître », mais il peut nous rétorquer : « Ce n’est pas par désir de suivre mon enseignement que vous m’appelez ainsi, mais parce que vous vous êtes nourris de pain et de poisson. » Il vous demandera : « Avez-vous aidé un homme malade, l’avez-vous soigné ? » Servir le Seigneur, ce n’est pas le chercher pour le servir Lui, mais pour servir ses plus petits frères. Les hommes demandent à Dieu la santé pour leurs femmes et leurs enfants, la fortune pour eux-mêmes, une bonne situation ; depuis deux mille ans, c’est ainsi qu’ils comprennent le service du Seigneur ! Et maintenant le Seigneur questionne toute l’Europe : « Qu’avez-vous fait pour Moi depuis tant d’années ? » Et si le Christ se manifeste, que Lui direz-vous ? Réfléchissez à ce que vous Lui direz, à ce que vous avez fait pour Lui.

 

Nous pouvons être sereins face aux évènements qui menacent maintenant le monde entier. Il est important pour nous de savoir dans quelle catégorie nous serons. Beaucoup parmi vous veulent voir le Christ ; le jour approche où vous le verrez : certains de près, d’autres de loin, d’autres encore seulement là-haut dans les nuages ! C’est pourquoi je vous dis : « Les instants que vous traversez-là sont les plus difficiles pour vous. Si vous espérez accomplir quoi que ce soit à partir de maintenant, vous vous faites des illusions ! » Je vous donne ce conseil : le peu de temps qu’il vous reste, apprenez à servir le Seigneur pour être prêts. Ne pensez pas que vous avez du temps : il n’y a plus de temps pour toute cette génération ! Les enfants, les adultes, les prêtres, les gouverneurs, les tsars, tous doivent apprendre à servir le Seigneur, sinon ils deviendront du babeurre ; le lait a déjà été tiré de la vache ! Comment me comprenez-vous ? Le lait est déjà sorti de la chair et le Seigneur s’apprête à extraire le beurre. Cette vache, nous la connaissons tous, la vache qui a été traite, c’est nous ! Si Dieu nous invite depuis tant de milliers d’années, comment s’attend-il à nous trouver lorsqu’il reviendra ? Si le père rentre à la maison et voit ses enfants se battre et s’arracher les cheveux, que pensera-t-il ? Que leur mère ne les a pas bien éduqués. Tous ont des griefs contre les autres, les gens se font des procès sans arrêt : citoyens, professeurs, prêtres, libéraux, conservateurs, socialistes ; procès entre la religion, l’éducation et la science : la divergence des opinions règne partout ! Mais nous devons rejeter ce qui empoisonne maintenant notre quotidien et, au moins à cet instant, nous apaiser et attendre avec humilité le grand évènement qui arrive. Jusque-là les gens se demandaient s’il y avait un autre monde ou non ; le moment approche où le Ciel dira s’il y a des esprits ou non, s’il y a des anges ou non. D’ici une année vous verrez s’il y a un Seigneur ou non, vous verrez si le Seigneur peut remettre le monde en ordre ou non. Si quelqu’un n’a pas la foi, qu’il patiente pour vérifier. Je ne vous exposerai pas d’arguments maintenant ; ceux qui sont intelligents vont saisir ce que je dis. Celui qui ne comprendra pas restera ici pour étudier de nouveau.

 

Et maintenant, le problème qui se pose à vous, c’est que le Christ veut que tous Le servent. Que tous ceux qui veulent être Ses disciples Le servent dans un sens très large, c’est à dire qu’ils servent ceux qui souffrent, qui sont troublés, affligés, pour les encourager. À ceux qui sont désespérés et se demandent ce qu’il adviendra d’eux, vous montrerez le vrai chemin.

 

Je vous donnerai un exemple et je terminerai là-dessus : un voyageur descend dans l’un des plus grands hôtels de New York, et prend une chambre déjà occupée par un autre voyageur. Celui-ci avait l’habitude de dormir très profondément. Pendant la nuit, le feu se déclare dans l’hôtel ; le voyageur se précipite pour réveiller son compagnon : « Lève-toi, l’hôtel brûle ! » Mais le second voyageur répond : « Laisse-moi dormir en paix. – Je te dis de te lever car l’hôtel brûle – insiste le premier. » Alors, celui qui dormait se leva pour chasser son voisin de la chambre, ferma la porte et se recoucha. L’hôtel s’est embrasé, et les sauveteurs ont fini par le voir sur le toit, appelant à l’aide, mais plus personne ne pouvait le secourir.

 

Et je vous dis la même chose : l’hôtel que vous habitez temporairement maintenant est en train de brûler. Je vous donne ce conseil : sauvez-vous, car lorsque vous monterez sur le toit pour demander de l’aide, il n’y aura plus personne pour vous aider. Lorsqu’on vous prévient que l’hôtel prend feu, habillez-vous et sortez dehors.

 

Tout ce qui brûle s’effondrera ; toutes les choses qui freinent le progrès des êtres humains vont péricliter et le Seigneur bâtira de bonnes fondations sur ces ruines. N’allez pas imaginer que la vie s’arrêtera. Une époque approche, plus grandiose que celles qui ont précédé, et nous pouvons attendre cet avenir lumineux avec joie. Nous ne devons pas craindre du tout ces tempêtes qui viennent désinfecter, purifier le monde ; nous ne devons pas avoir peur, mais remercier Dieu de leur avènement. Et il ne sert à rien d’essayer de les prévenir car, de toute façon, nous ne pouvons plus les éviter : elles se dérouleront et feront leur œuvre bénéfique. Simplement, nous devons être prêts lorsque le Christ viendra – pour certains il est déjà là, pour d’autres il se manifestera bientôt – et nous dira : « Celui qui Me sert, qu’il Me suive. » Que nous le suivions ! Le suivrez-vous ou non ? C’est là que se trouve l’idéal de l’individu, de la famille, de la société, de la nation et de toute l’humanité ; c’est le sens de la vie humaine ici sur la terre.

 

Sofia, 9 août 1914

 

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[1] Première guerre mondiale du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918

 

Traduit par Bojidar Borissov

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