Jump to content

1917_01_21 Les deux maîtres


Ani
 Share

Recommended Posts

Les deux maîtres

 

« Nul serviteur ne peut servir deux maîtres…

Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. »[1]

Luc 16 :13

         Dans le monde travaillent deux principes intelligents. En disant qu’il n’est pas possible de servir en même temps ces deux principes, le Christ signifie que vous ne pouvez pas supporter plus que votre résistance ne vous le permet c’est-à-dire qu’une chaudière ne peut produire une pression plus forte que ce qu’elle est en mesure de supporter. Ces deux principes ne peuvent pas cohabiter dans une même chaudière.

         L’occultisme appelle ces principes premier et second alors que la science les appelle positif et négatif. Le principe positif est toujours plus fort, le principe négatif toujours plus faible. La force créatrice se manifeste surtout chez le principe le plus faible. Ce qui bâtit le monde n’est pas ce qui est fort, mais ce qui est faible. C’est pourquoi ceux qui détruisent sont toujours plus forts que les gens bienveillants et tendres. Vous pouvez ressentir en vous ces deux principes à la fois. Si par exemple vous vous activez et vous écriez : « De l’ordre et de la discipline ! », alors tous les domestiques, femmes et enfants prennent peur et se soumettent. Mais ce principe n’est pas créateur, il n’engendre rien. C’est seulement lorsque vous vous retirez en vous et retrouvez la paix que tout reprend son cours normal.

         Le principe primitif dont tirent leur origine le mal, la haine et le mensonge n’est pas mauvais en lui-même. Vous avez des notions curieuses de la haine et du mensonge. Pour mentir un homme doit être intelligent ; un homme bête ne sait pas mentir ; mentir est une grande philosophie que la société moderne appelle la diplomatie de haut niveau. Même les femmes n’ont pas toujours cette diplomatie. Lorsque l’homme est plus fort dans le premier principe, la femme le cajolera, l’appellera chéri pour l’apaiser avec douceur, pour assimiler ce principe supérieur. Lorsqu’ils s’équilibrent, ces deux principes commencent à travailler ensemble : le premier principe donne de son surplus au second.

         Le Christ dit : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mammon à la fois, vous ne pouvez pas servir le premier et le second principe en même temps, vous ne pouvez pas servir en même temps la haine et l’amour. » Ce sont deux choses qui s’excluent car elles sont diamétralement opposées et n’évoluent pas dans la même direction. Prenez par exemple deux commerçants : ils peuvent travailler ensemble car ils ont des intérêts communs qui vont dans la même direction, mais un commerçant et un médecin ne peuvent pas travailler ensemble.

         Le mot Seigneur désigne le commencement le plus élevé, le plus noble, celui qui crée. Ce principe est doux et souple et il est ainsi immortel et illimité ; dans ce second principe, la mort n’existe pas. C’est dans le premier principe que réside la mort, et ceci uniquement parce que le puissant, avec la force qu’il a en lui, s’autodétruit. Seuls les gens forts peuvent s’autodétruire. Prenez l’exemple du scorpion : s’il est entouré de feu et qu’il ne peut s’échapper, il se tue avec son dard, il préfère mettre fin à ses jours plutôt que de brûler vif. Le premier principe a créé le cosmos, le monde matériel, tous les mondes visibles, avec vos corps et leurs forces et énergies, nécessaires à leur construction. Lorsque vous souhaitez renoncer au premier principe, vous devez rendre tout ce qu’il vous a donné. Et lorsque vous rendrez tout, que restera-t-il en vous ? Vous retournerez dans le second principe et serez un avec Dieu. Il n’y aura alors ni Jean, ni Pierre, ni anges, ni démons ; un état de quiétude et de silence s’instaurera alors dans le monde. Il ne sera pas question de qui sortira vainqueur de la guerre et ce qu’il adviendra après ; toutes ces questions se résoudront, tout fusionnera dans le second principe et il se retirera en lui-même.

         Lorsque l’homme veut devenir plus énergique, il doit se saler. Le mal dans le monde est une salaison et l’homme doit devenir méchant pour être salé. Lorsque l’homme se dessale, Dieu envoie le premier principe pour former le sel. Mais l’homme ne doit pas servir ce principe. Le Christ l’illustre selon sa manifestation sur terre et non pas selon celle d’en haut entre les anges. L’homme ne peut pas être en même temps riche et vertueux ; je ne crois pas en une telle vertu. Lorsque sa bourse est pleine d’or et d’argent et qu’il prétend être un saint, je doute de sa sainteté. Toutes les richesses dans le monde appartiennent au Seigneur et à l’instant où tu te mets à croire que la force et l’influence que tu as sont à toi, tu sers le premier principe. Ce principe est individualiste, il désunit tous les êtres car il est maître dans l’art de la désunion et non pas dans le rassemblement. Il peut créer des milliers de personnes, mais pas les conditions dans lesquelles elles peuvent subsister ; et en fin de compte il se met en colère, les bat et les met à mort.

         Pour illustrer cette pensée, je vous raconterai une anecdote : un paysan n’avait pas d’enfant et priait souvent Dieu de lui en envoyer. Un jour il a pris un sac contenant des grains de blé et a prié Dieu de transformer ces grains en enfants. Dieu a entendu sa prière et a transformé toutes les grains en enfants. Au réveil le matin, tous les enfants se sont mis à crier et à pleurer : ils voulaient manger. Très en colère le paysan s’est dit : « Ces enfants me mangeront » et il s’est mis à les frapper et à les tuer. L’un des enfants a réussi à se cacher derrière la porte et lorsque son tour est arrivé, il s’est mis à pleurer et à implorer : «Laisse-moi en vie, au moins moi! »

         Voici le premier principe en nous : le mal qui agit et qui proclame en arrivant : « Je vais tout démolir. » Mais lorsque le second principe que les humains appellent l’amour, la mère, survient, il adoucit immédiatement le premier principe, et ainsi unis, tous deux donnent naissance à ce qui est le plus grand, le plus sublime dans le monde. Ce n’est qu’en servant le Seigneur que vous pouvez influer sur le premier principe ; seul le Seigneur est capable de vous délivrer de la mort. Si vous ne servez pas le Seigneur, vous serez engloutis par le premier principe car la loi est ainsi. L’eau revient là d’où elle s’écoule ; les vapeurs reviennent là d’où elles sortent ; la force rentre là d’où elle sort ; tout retourne à son origine. Toutes ces choses sont issues du premier principe. Et dans l’amour, vous avez une manifestation dans le monde du Dieu absolu que personne ne connait, Dieu insondable dont les humains n’ont aucune notion. « Ce Dieu que vous ne connaissez pas et devant lequel vous vous prosternez, c’est Lui que je vous enseigne »[2], dit Paul. Lui seul tient en soi ces deux grands principes par lesquels Il se manifeste.

         Ainsi, comme l’un détruit alors que l’autre bâtit, vous ne pouvez pas en même temps détruire et bâtir. Lorsque vous détestez, vous détruisez et lorsque vous aimez, vous bâtissez. Certains imaginent que le premier principe incite les humains à construire, mais en réalité il pousse à dévorer. « Je t’aime, je t’aime, mais je te mangerai. » Ainsi le chat joue avec la souris, puis finit par la coincer et l’avaler. Voilà ce que les humaines nomment amour ! Certains qui parlent de la philosophie hindoue, désignent par nirvana l’union avec Dieu et non pas une construction. C’est en partie vrai ; il y a une fusion et une construction. Il faut entrer en accord avec le second principe et vivre avec lui. Dans le second principe il y a une aspiration immuable de ramener toutes les créatures en un, de les unir ; c’est l’aspiration du Christ de faire se manifester Dieu individuellement dans chaque âme. Dieu veut créer dans le monde des petits foyers où demeurer. Grande est la créature qui peut concevoir ce principe fondateur.

         Beaucoup de philosophes contemporains se sont empêtrés dans ces deux principes. Chez tous les pessimistes, anarchistes et autres de ce genre, le premier principe a pris l’ascendant du point de vue religieux ou social. Je suis ces choses et je tiens des statistiques : un homme et une femme se marient, mais deux à trois ans après la femme épuise le mari, le déséquilibre, l’éreinte et se marie une seconde fois. Elle épuise aussi son second mari, puis se marie une troisième fois, mais le troisième mari subit le même sort. On dit alors : « Cette femme est caractérielle. » L’inverse se produit aussi : un homme ne peut pas vivre avec une femme ; le premier principe a pris l’ascendant en lui et lorsqu’il prend une femme comme épouse, il finit par l’épuiser. Pour ce type d’homme ou de femme, le second principe doit être assez fort pour s’équilibrer avec le premier. Par exemple souvent se pose la question qui placer plus près de l’autel à l’église. Sur le plan physique il n’est pas possible de placer plusieurs chaises près de l’autel et si vous décidez de faire cela, le prêtre ne sera plus visible. Les mêmes questions agitent les professeurs : qui doit être le proviseur ? Combien de proviseurs peut- il y avoir ? Un seul. Les mêmes questions naissent entre les militaires, entre les prédicateurs : tous veulent la primauté. Cette lutte est naturelle, c’est un grand processus divin que tous les anges ont traversé. Beaucoup ont réussi l’examen, ils sont passé par le premier principe et sont entrés dans le second, et maintenant ils servent Dieu. Et d’autres ne l’ont pas réussi, ils ont échoué et demeurent serviteurs du premier principe, Mammon, et on les nomme des démons. Et parmi les humains il y a des serviteurs du premier et du second principe.

         À l’avenir lorsque l’humanité terminera son évolution, chacun ira à sa place. C’est pourquoi le Christ dit : « Sans Moi (sous-entendu, sans le second principe) vous ne ferez rien.[3] » Le sens profond en est : si vous restez à vous battre seuls dans le monde, vous deviendrez des serviteurs du premier principe et alors se manifesteront en vous toutes les qualités négatives : fatigue, jalousie, dégoût, mécontentement qui détruisent en permanence. Plongé dans ce principe vous ne pouvez trouver aucune utilité, aucun sens à la vie. C’est pourquoi le Christ dit : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et Mammon. » Si vous servez le Mammon, vous serez dans les abîmes de l’enfer, éternellement mécontent et vous ne comprendrez même pas pourquoi vous êtes homme ou femme. Vous pouvez passer par toutes les formes de la création, mais vous serez toujours mécontent car l’être humain n’est jamais content de lui-même. Et le mot mécontentement désigne le manque de satisfaction de son allure extérieure. Pourquoi l’homme est-il mécontent ? Son esprit est bien plus grand et exige un champ d’action plus large que celui qu’il montre. Tu as un corps menu tandis que l’esprit en exige un plus grand : commence alors un combat permanent. Et dans ce combat vous dites : « Le droit est au plus fort », c’est le premier principe ; et lorsque vous dites : « Le droit est au plus faible », c’est le second principe. Quelqu’un a commis un crime, mais s’il donne deux ou trois mille leva au juge, il est gracié, comme au Moyen Âge où on blanchissait les humains avec les indulgences : si tu achètes une indulgence, tes péchés seront absous !

         Mais le Christ ne tolère pas la désunion dans la construction de notre vie. Puisque vous êtes intérieurement désunis, il faut vous élever au-dessus de cette désunion pour travailler dans le sein de Dieu. Ce n’est qu’ainsi que vous comprendrez le sens intérieur de ces forces qui agissent dans l’univers. Ceux qui suivent le chemin, les initiés, ont une plus grande expérience. Pourquoi ? Ils souffrent plus que les autres, car dans le christianisme le second principe se renforce en même temps que le premier. Là où se manifeste l’amour, se manifeste aussi le premier principe qui reste une ombre, l’ombre de l’existence. Par ombre je désigne un principe mortifère. Le premier principe est en soi sombre et porteur d’obscurité, alors que le second principe est toujours porteur de lumière pour l’esprit. Lorsque le premier principe est là, vous êtes en proie au chagrin, à un sentiment d’inutilité de la vie, alors que l’avènement du second principe vous sublime et vous élève. Au sein du premier principe vous cherchez une issue et si vous ne la trouvez pas, vous vient l’idée du scorpion : vous suicider pour vous libérer des conditions défavorables de la vie que vous vous êtes créés tout seuls.

         Ainsi le premier principe est avide, insatiable ; les désirs qu’il engendre n’ont pas de limite. Quelle vie peut-il y avoir dans ce qui est insatiable ? Quel sens a une vie qui avance en ligne droite ? Vous voyagez par exemple dans l’univers avec la vitesse de la lumière ; quel sens peut avoir ce mouvement pour vous ? Rentrer dans une, deux, trois maisons n’a pas de sens. Il y a un sens à connaître ceux qui habitent ces maisons, à entrer en communion avec leur intelligence et leur cœur. La proximité, l’amitié dans ce monde consiste à se mettre en accord avec ce principe divin qui est exprimé par le Christ, ici sur terre.

         Le premier principe a créé beaucoup d’illusions dans l’esprit humain. Comme il porte toutes les ombres, il est fort, il a créé toutes les combinaisons permettant d’exprimer l’amour divin ; l’amour trouve en lui son terreau. Le désir de ce premier principe est de subordonner le second principe, l’amour, mais ce dernier ne se soumet pas. Il est une loi qui régule les choses dans le monde : le premier principe craint le second car lorsqu’il l’affronte, la lumière se manifeste et il prend peur devant sa propre image. Aussi, lorsque vous allez auprès de quelqu’un qui vous aime, votre cœur se met à battre, mais il vous dit : « Tu as trouvé ton maître, j’en ai déjà englouti beaucoup de cette façon. » Hommes, femmes, enfants, leurs cœurs battent la chamade. Homme ou femme, les deux ont un dessein inavoué : le premier principe, ils veulent gouverner. Mais lorsqu’ils sentent que le second principe ne cède pas, ils disent : « Ah, j’ai trouvé mon maître ». C’est le second principe, le principe divin porteur de vie et d’immortalité.

         Les écritures disent : « L’amour chasse toutes les peurs. » Pour être heureux, nous devons à tout prix nous unir avec le Christ, sinon nous nous perdons en chemin. Puisque nous ne servons pas Dieu, nous servons Mammon. Si nous servons Dieu, nous avons terrassé Mammon ; si nous ne servons pas Dieu, Mammon viendra pour dire : « Tu me serviras ! » Chacun doit être au clair avec cela. Certains disent : « Je veux être libre ». Tu seras libre si tu sers l’amour, sinon tu serviras Mammon et tu seras un esclave. Servir en même temps Dieu et Mammon est impossible ! J’entends souvent dire : « Je vais corriger celui-là, qu’il ait peur de moi ». Tu peux le corriger, tu peux le terroriser, mais il ne t’aimera pas. J’aimerais voir celui qui a réussi à se faire aimer d’un autre par la violence ; je n’ai jamais rencontré une telle personne. Ce n’est pas seulement moi qui le dis, mais tous les grands hommes, tous les saints.

         Lorsque le premier principe prend l’ascendant dans le cœur humain, on devient sec, dur. Tout se durcit : le cœur, les muscles, les bras, les jambes, les artères etc. ; les médecins annoncent alors que cet homme est atteint d’athérosclérose. J’affirme que la cause en est le premier principe qui a fait durcir le cœur de cet homme et s’est emparé de lui. Lorsqu’Il se rend compte que le premier principe s’est emparé de quelqu’un, Dieu commence à le diviser, c’est-à-dire à employer le second principe. En entrant au sein du premier principe, l’amour se met à l’organiser ; c’est une lutte qui agit mécaniquement dans le monde. Elle se manifeste dans toutes les couches de la société, dans les esprits des philosophes, dans les sociétés religieuses, partout. Il se manifestera tant que le second principe ne prend pas l’ascendant pour organiser nos cœurs, nos corps et nous rendre immortels. L’aspiration du Christ, l’aspiration du second principe est de prendre l’ascendant sur les cellules, les tissus et les rendre indestructibles, immortels. C’est seulement à ce moment que nous passerons du transitoire à l’immuable, nous accéderons aux régions d’une communion sans bornes, à l’harmonie divine éternelle. C’est pour cela que le monde est créé, pour orienter les cœurs et les esprits des humains du premier principe vers le second ; ce processus s’exerce de gauche à droite.

         Par exemple, comment travaillez-vous ? Vous allez à gauche pour permettre au bras droit d’agir plus fermement. Il y a des exceptions, certains sont gauchers, mais en général, en travaillant, nous allons de gauche à droite. Ce principe est à l’origine du déplacement du cœur vers la gauche. Les physiologues contemporains expliquent le déplacement du cœur par la position du fœtus dans l’utérus, mais ce n’est pas la bonne raison. Avec le temps, le cœur a vocation à migrer au milieu, entre les deux poumons et c’est à ce moment seulement que s’instaurera l’harmonie entre la sagesse et l’amour. Maintenant, en parlant de votre cœur, je sous-entends la même harmonie entre vos pensées et vos désirs. Vos désirs ont toujours l’ascendant sur votre discernement. Vous raisonnez très bien et vous dites : « Je ferai ceci, je ferai cela », mais vous vous mettez en colère et vous démolissez tout. Un homme et une femme s’aiment, mais un jour la femme rencontre un autre homme, plus beau que son mari, avec une belle moustache, des yeux noirs et elle dit : « Je l’ai enfin trouvé ! » Et ce foyer, qui se construit depuis vingt ans, tombe en ruines. Cette femme a trouvé le premier principe et elle est malheureuse. C’est la même chose pour les hommes, pour les enfants : un enfant trouve son père bête, méchant et dit : « Cet autre père est meilleur que le mien. » Souvent certains enfants comparent leur mère à d’autres mères et disent : « La mère de ces enfants est plus belle, plus douce que la nôtre », et la dysharmonie envahit tout de suite leur foyer, c’est le premier principe qui y a pris place.

         Je vous parle de cette philosophie non pas en profondeur, mais uniquement pour souligner combien vous êtes faibles. Vous êtes devant moi et je vous vois faibles comme des clous qui doivent être traités par le marteau. Lorsque le marteau viendra il vous demandera : « Tu me connais ? – Je te connais. » Tu seras cloué si fort que tu ressortiras de l’autre côté ; vous reconnaîtrez que vous êtes des clous et que c’est le marteau qui détient la force et non pas vous. Le marteau dit de son côté : « Tu as vu où tu te retrouves lorsque je frappe sur toi ? » La force est dans le manche du marteau, pas dans le marteau ; et cette force est dans le bras qui tient le manche, pas dans le manche ; et le bras dit quant à lui : « La force est dans l’intelligence, pas dans la main ; si l’intelligence n’ordonne pas que le bras se lève, que ferait ce dernier ? » C’est ainsi avec les humains : deux amis, deux clous, se réunissent et discutent. L’un dit : « Je suis cloué sur vingt centimètres, sais-tu quelles charges je peux supporter, personne ne peut m’arracher, c’est moi qui fais le plus gros travail ! » Voilà des réflexions de clous ! Un chrétien rentre à l’Église et dit : « Au nom du Seigneur j’ai accompli des choses, j’ai réussi à mettre quelqu’un sur le chemin du Seigneur. » Tu parles ! Tu es comme un voleur qui dérobe la bourse de quelqu’un et l’ouvre ; tu as fouillé dans son cœur, tu l’as dérobé et tu laisses cet homme se lamenter sur sa vie. Certaines mères considèrent qu’elles ont donné la vie à leur enfant et l’envoient à l’orphelinat. Tu lui as donné la vie ? Il ne faut pas mentir à cet enfant, le second principe ne tolère pas le mensonge. Pour les mauvaises personnes, le mensonge, la force, la haine, la jalousie, toutes ces choses sont compatibles, elles sont naturelles pour eux, et quand deux mauvais bougres se donnent des coups, ils éprouvent un certain plaisir. Il en est de même pour un loup ou un lion : lorsqu’ils dévorent et mangent une brebis, ils sont repus un temps, puis cinq à six heures plus tard ils ont besoin de dévorer une autre proie.

         Il y a aussi des exemples de ce type dans la civilisation moderne. C’est arrivé en Amérique, cela a été constaté dans la juridiction de New York. Un médecin américain éprouvait du plaisir à tuer des gens et il a dans un court laps de temps tué vingt-cinq personnes. Il a commencé par prendre une assistante et c’est elle qu’il a d’abord assassinée. Et comment ? Il l’a découpée morceau par morceau en observant les effets de son œuvre : il lui a coupé les orteils, les doigts des mains, il lui a arraché les yeux, il lui a coupé le nez, les oreilles, jusqu’à la tuer. Il a fait la même chose à vingt-quatre autres personnes qu’il a brûlées ensuite dans un poêle. Il était animé d’une férocité bestiale lorsqu’il assassinait ses victimes. Il a été examiné par des phrénologues dans la prison de New-York : ses mâchoires et ses globes oculaires étaient altérés. Il était sous l’influence du premier principe. Souvent ces criminels ont tendance à se laisser pousser une longue barbe : la longue barbe est le signe de la présence du premier principe. Maintenant, je ne veux pas que vous me compreniez mal et alliez dans l’autre extrême ; une longue barbe donne plus de sève chez l’homme, mais chez le criminel elle est dure et piquante.

         Lorsque vos cheveux deviennent piquants, c’est que le premier principe a pris l’ascendant en vous. Pour savoir jusqu’où vous êtes bons, testez chaque matin vos cheveux, votre peau. Si votre peau se dessèche et s’épaissit, c’est la marque du premier principe. Ce principe vous avalera comme le serpent avale la grenouille. Il vous attrape par les jambes et si vous ne vous tournez pas vers le Seigneur, vous descendrez dans les bas-fonds de l’enfer et vous connaitrez l’autre philosophie de la vie, vous saurez ce que c’est de servir Mammon. Personne ne peut échapper au destin immuable découlant de ces choses. C’est pourquoi le Christ dit : « Tournez-vous vers Moi. »

         Dans l’état d’esprit d’aujourd’hui, la vie se résume à deux directions : le contentement et le mécontentement, la montée et la descente ; il n’y a pas d’autres directions pour la pensée. C’est vrai qu’un riche ne peut pas être saint, mais le misérable non plus s’il est mécontent. Par le mot riche je désigne quelqu’un mécontent de lui ; par misérable, quelqu’un qui est content de lui. En s’enrichissant l’homme devient insatisfait de sa situation : il achète une maison, une deuxième, une troisième, il achète des meubles et cherche un moyen d’élargir ce cercle. Insatisfait signifie riche, satisfait signifie misérable. Mais lorsque je dis satisfait, je ne parle pas d’indifférence à l’image des fakirs en Inde qui s’auto-hypnotisent et s’endorment. Quelqu’un s’est ainsi concentré si fort pendant vingt ans en restant immobile que les oiseaux ont fini par le prendre pour un arbre et ont fait leurs nids sur sa tête. Je ne parle pas de cet état de contentement, jusqu’à avoir des nids d’oiseaux sur la tête. Dieu a créé les arbres dans ce but, alors que pour atteindre la satisfaction, tu dois de ton côté travailler pour Dieu et servir Dieu. Être content, c’est te réjouir si tu gagnes trois leva et remercier Dieu ; demain au réveil si tu gagnes encore trois ou quatre ou cinq leva, remercie de nouveau Dieu. Ne dis pas : « J’ai gagné trop peu. » À chaque jour suffit sa peine. Si tu gagnes un sou, remercie Dieu, si tu gagnes dix sous, remercie encore Dieu, tu n’as pas besoin de plus. L’unité rend heureux. Si deux personnes t’aiment, elles ne peuvent pas te rendre heureux, tu seras misérable. L’amour existe entre deux personnes, entre trois ce n’est pas possible. Pour que le troisième élément se manifeste, les deux doivent investir une part égale et alors leur enfant naîtra. Le père dit : « C’est moi qu’il aime le plus », la mère dit : « Non, c’est moi qu’il aime le plus. » Parfois le père est renfrogné : pourquoi l’enfant aime-t-il plus la mère ; ou inversement. Pourquoi en effet ? Parce que le principe n’est pas équilibré entre les deux parents.

         Vos vertus, vos forces correspondront toujours à votre état intérieur, ni plus, ni moins, c’est la vérité. Lorsque les gens parlent mal de moi, je dis : « C’est mérité, tant pis pour moi. » Celui qui médit de moi, je ne lui en veux pas, il fait un travail sur moi. Qu’il me fasse ce bien et je dois le remercier. C’est pourquoi le Christ dit : « Aimez vos ennemis. »[4] Tu ne peux pas vaincre cet ennemi, le premier principe, avec autre chose que l’amour ; le mal ne se terrasse pas par le mal. S’abaisser, se tapir n’est pas de l’amour, l’amour c’est aimer de toutes ses forces. Vous direz : « Cet homme a le droit de me détester. » Ne pensez pas que le loup qui attrape une brebis entend le Seigneur lui dire : « Tu n’agis pas bien ». Non, le Seigneur lui dit : « Tu agis très bien. » La brebis qui se plaint au Seigneur, L’entend dire : « Tu fais bien de pleurer ; tu dois pleurer et il doit te manger. » La brebis sort dans le champ, arrache une herbe et la mange ; le Seigneur lui dit : « C’est ton travail, tu as mangé l’herbe et un jour tu seras mangée à ton tour par le loup. »

         C’est l’évolution actuelle de la vie, mais ce n’est pas la vie dans son sens profond et intrinsèque. Casser des pierres pendant de milliers d’années pour faire des routes et porter de l’eau, ce n’est pas la vie. Tu peux être une bête de trait et transporter dix mille tonnes d’or, et alors ? Ce n’est pas ça la vie. « J’ai lu ceci et cela, j’ai fréquenté l’Église et j’ai écouté un prédicateur ». Et alors, que sais-tu ? Tu as transporté dix mille tonnes d’or, mais qu’as-tu appris ? « Je sais que les éléments interagissent et je sais comment. » Et alors ? « Je sais d’autres choses encore. » Et alors ? Si je connais toutes les particules qui composent le monde physique, qu’est-ce que cela m’apporte ? Si j’ai un trésor, mais que je ne sais pas l’utiliser, quel intérêt de l’avoir ? Si tu as une femme aimante, mais que ton cœur est endurci et que tu ne sens rien lorsque tes enfants t’embrassent, alors quel intérêt d’avoir une femme et des enfants ?

         La philosophie de l’amour est de donner et de prendre en même temps pour que l’échange soit vertueux. Vous dites : « Il ne m’aime pas ». C’est le premier principe. « Il est mécontent ». C’est encore le premier principe. Tu doutes, c’est toujours le premier principe. « Il n’y a pas de Dieu ». C’est encore le premier principe. Lorsque les philosophes soutiennent que dans le monde tout est en mouvement, c’est vrai car le premier principe est en perpétuel mouvement. La vie se manifeste dans le second principe, dans la juste construction des choses. Le second principe agit en vous. Chacun doit unir ces deux principes en Christ, c’est ainsi seulement que vous serez utiles partout : à la société, au peuple, à vos épouses, à vos enfants, etc. C’est ce que le Christ a annoncé aux juifs il y a deux mille ans, mais ils ont adopté le premier principe et rejeté le second, et c’est pour cela qu’un grand malheur les a frappés. Aujourd’hui encore c’est ce premier principe que les humains éprouvent sur leur dos ; et il agira tant qu’ils ne s’épuiseront pas. Lorsqu’ils accompliront leur travail, ils manifesteront l’amour, c’est-à-dire Dieu.

         Les gens disent : « Celui qui hait très fort, aime aussi très fort ». Ce n’est qu’à moitié vrai. Dieu met Son énergie à la disposition du second principe et Son Esprit intelligent bâtit avec lui. On ne peut pas aimer et haïr en même temps, ne vous leurrez pas, c’est une philosophie perfide, un enseignement trompeur. Lorsque le Principe divin vient en nous, alors seulement nous pouvons aimer et dire : « Dieu est Amour », alors seulement nous comprenons le vrai sens du monde matériel, car l’amour est nécessaire au développement de notre vie. Comme les maisons sont nécessaires aux humains et les nids aux oiseaux, ce principe est nécessaire au monde. Certains disent : « Pourquoi le Seigneur a-t-il fait le monde ainsi ? » Ce ne sont pas vos affaires ; il ne pouvait pas être fait autrement. Certains s’interrogent : pourquoi le Seigneur n’a-t-il pas fait telle chose ? Parce qu’Il ne pouvait pas déroger à Sa nature. « Pourquoi ne s’est-Il pas manifesté ? » Parce qu’Il ne pouvait pas déroger à Sa nature. « Pourquoi n’a-t-Il pas fait le monde meilleur, pourquoi ne nous a-t-Il pas mis sur le droit chemin ? » Il vous y a mis, mais vous ne Le comprenez pas car vous pensez à votre façon, et il y a entre vos pensées et celles de Dieu le même écart qu’entre la terre et le Ciel. Deux personnes se querellent et disent : « Pourquoi, Seigneur, ne descends-tu pas pour nous réconcilier ? » Le Seigneur n’est pas dans la désunion. Lorsqu’un jour vous serez martelés jusqu’à vous transformer en sable, de Son œil le Seigneur vous regardera pour voir si on peut faire quelque chose de ce sable. En regardant les humains d’aujourd’hui, ces philosophes sur terre, ces royaumes en guerre, le Seigneur sourit légèrement et laisse ces enfants se battre, se frapper et pleurer. Nous voulons parfois atteindre le Seigneur, Le piquer comme un moustique pour qu’Il s’en rende compte. Il est bien sûr placide et se contente de nous toucher légèrement du doigt pour nous envoyer au cimetière : c’est Dieu qui nous y envoie. Tzars, princes, colonels, juges, prêtres, prédicateurs et philosophes sont indifféremment touchés du doigt par Dieu. C’est la même chose pour vous ; si vous philosophez trop, vous finirez par vous envoler. Comme les moustiques, vous cherchez à piquer quelqu’un, mais si vous vous mettez en route pour être auprès du Seigneur, ne prenez pas votre dard, le dard du moustique, mais arrêtez-vous, levez les yeux et prenez votre souffle. Ne pensez pas que le Seigneur dort et ne voit rien. Dès que vous êtes partis de terre, le Seigneur vous voit. Si vous Le rejoignez avec amour, Il vous regardera avec mansuétude et dira : « Tu as compris le sens de la vie, viens auprès de Moi. » Celui qui aime piquer est rejeté par Dieu tant qu’il n’apprend pas sa leçon. Je vous donne ces idées pour vous faire réfléchir et que vous ne bâtissiez plus votre vie comme maintenant. D’abord, cessez de mordre. Lorsque le mari se plaint de sa femme, que fera le Seigneur ? Il va la toucher et elle mourra, et il se libèrera. Lorsque la femme se plaint de son mari, que fera le Seigneur ? Il le touchera et le mari mourra. Un fils sort son dard pour piquer ; le Seigneur le touche et il meurt. C’est ainsi que le Seigneur agit. Certains pensent que le Seigneur agit comme les humains, qu’Il fait ce que bon lui semble. Ce n’est pas vrai, Il ne fait jamais d’erreurs, en ce sens Il est omniscient. Et Son profond désir est de nous pacifier, que nous vivions en frères sans nous violenter, sans nous dépouiller, etc. « Pourquoi nous pacifier, qu’avons-nous tant perturbé dans ce monde ? » Posez-vous la question. Vous croisez quelqu’un, il ne vous salue pas et vous vous vexez. En quoi vous serait-il redevable ? Vous êtes tous les deux de minuscules insectes qui arpentez la terre. Un autre dit : « Mais tu dois te montrer galant, ne me pousse pas ! » La force qui pousse est ailleurs. Si vous prenez cent mille grains de sable et les remuez dans une bouteille, ils se demanderont : « Pourquoi nous nous agitons, pourquoi nous nous querellons ? » Si vous entrez dans ce premier principe et qu’il vous agite, vous demanderez : « Pourquoi, Seigneur, nous tourmentes-tu ? » Lorsque la bouteille se casse, vous vous dispersez, le Seigneur vous libère ; c’est ainsi que le Seigneur a entrepris de nous toucher. Il touche avec son majeur ; le majeur est la loi de Saturne, du destin. Sous la loi de la justice divine, chacun récoltera ce qu’il a semé.

         Je veux que vous vous libériez de vos vieilles habitudes et que les yeux de votre esprit soient ouverts lorsque le Seigneur commence à vous toucher. Si tu as sorti le dard, le Seigneur te touchera. S’Il te touche le soir, tu ne survivras pas le lendemain matin, et s’Il te réconforte, tu vas ressusciter. J’aimerais que le Seigneur, c’est-à-dire le second principe réconforte tous les humains ; c’est la philosophie chrétienne qui peut expliquer toutes les contradictions entre les humains. Les malentendus viennent de notre mauvaise communication. Vous voulez des exemples ! Quels exemples vous donner ? Si je te donne de l’argent, ne pense pas que je t’aime, je peux projeter de dérober ta maison. Un homme vient aider un misérable ; la femme de ce misérable est belle, savez-vous les intentions de ce bienfaiteur, sont-elles sincères, ne va-t-il pas lui prendre sa femme, quelles preuves avez-vous de son intégrité ? Il y a une seule preuve : depuis la naissance et jusqu’à la mort, n’avoir fait aucun mal, être intègre et irréprochable, cela constitue la preuve la plus forte pour une vie humaine. Chacun doit vivre de la sorte. Si je ne fais que philosopher sans vivre convenablement, ma vie est un mensonge. Si je vis conformément à cette grande loi de la vie, ma vie est authentique. Vous savez tous cela.

         Je vois certains venir du dehors ; ils sont très sérieux, puis ils sourient dès qu’ils entrent : c’est artificiel. Savez-vous comment les turcs nomment la femme qui sourit ? Ils disent : « Elle a souri dans mon regard » ; ils pensent qu’elle se donne déjà à eux. Le sourire est pour eux un mauvais signe contrairement à nous. Je ne vise pas votre vie privée, mais je constate juste quelque chose qui s’applique à moi et à vous tous. Le froid et le chaud, la lumière et les ténèbres, je les ressens : ces choses nous sont extérieures, ce n’est pas nous, ce sont des choses séparées de nous. La lumière et les ténèbres ne représentent pas notre vie, mais lorsqu’ils s’unissent, la vie se manifeste, c’est-à-dire le troisième principe. Et ce principe peut se manifester uniquement au zénith de la vie. 

         Ainsi, nous ne pouvons servir Dieu et Mammon en même temps. Si nous servons Dieu nous serons heureux et si nous servons Mammon nous serons malheureux ; si nous servons Dieu nous serons bien portants, si nous servons Mammon nous serons malades et pauvres ; si nous servons Dieu notre estomac sera robuste, si nous servons Mammon il sera indisposé ; si nous servons Dieu nous serons respectés en société, si nous servons Mammon nous serons méprisés ; si un peuple sert Dieu, il sera élevé, s’il sert Mammon, il s’abaissera et dégénèrera ; si nous servons Dieu notre discernement se développera correctement, si nous servons Mammon, il sera perturbé et obscurci ; ce sont les deux principes. Tu te lèves le matin perturbé, tu iras auprès du Seigneur, tu dirigeras ton esprit vers Lui, et si d’en haut Il tend sa main, il équilibrera et améliorera ton humeur. C’est pourquoi le Christ dit : « Venez auprès de Moi, vous tous qui êtes surchargés, Je vous consolerai et vous apaiserai. »[5] Pour éviter les mauvaises conséquences du premier principe qui apporte l’affliction, soyez l’ami du Christ. Le premier principe n’est pas malveillant en lui-même, mais il répand le mal sur les autres, c’est sa nature qui est ainsi.

         Aujourd’hui vous avez appris à craindre le majeur du Seigneur. Lorsqu’ils bénissent, les prêtres unissent le pouce et l’annulaire et lèvent les deux autres doigts en haut, mais ils ont eux-mêmes depuis longtemps perdu la clé, oublié le sens de la science divine. Je vous ferai pour cela une autre causerie, c’est toute une philosophie qui a existé dix mille ans avant le christianisme. Mais vous direz : « Le monde n’était pas créé en ce temps-là, quel a été ce monde d’avant Adam ? » Avant la chute d’Adam il y avait un autre Adam, une autre grande culture. Lorsque Adam est tombé, les humains ont dégénéré et nous disons à présent : « Nous sommes le premier Adam. » Votre premier Adam est du raisin vert qui n’est divin qu’à son extrémité avant d’évoluer par la suite. En l’absence d’autre chose, le Seigneur a pris un peu de terre, a créé Adam et l’a laissé vivre dans un petit paradis en tant que jardinier. Nous disons que notre premier père était nu. Il était nu car un homme qu’une femme mène par le bout du nez est bête ; une femme qui se laisse malmener par un serpent est bête, c’est encore plus risible ! Ce n’est pas un Fils de Dieu cet Adam que vous connaissez. Le Christ était avant Adam, avant Abraham, c’est Lui qui se nomme Fils du Dieu Vivant. Le Christ en venant a dit : « Je suis celui qui était avant Adam et avant Abraham. [6]» Il a vécu à cette grande époque, dans cette grande culture où les anges chantaient dans l’aube divine de la vie, dans l’âge d’or de la vie humaine. Lorsque le péché est venu dans ce monde, alors est venu le père, le diable qui vit maintenant en vous et vous êtes les descendants du diable. Si vous ne reconnaissez pas vos péchés, vous mourrez, vous servirez à jamais Mammon et vous ne serez jamais heureux. Lorsque je dis le Second Adam, je comprends le Christ. Il est second au sens de la loi de l’amour, mais il est le commencement au sens de Dieu qui se manifeste.

         Maintenant, je crois que de retour à la maison vous commencerez à chercher en vous le troisième principe. Ceux qui connaissent un peu les mathématiques, qu’ils commencent à étudier les équations et ils trouveront le troisième principe dans le résultat d’une équation. Dans la première partie de l’équation vous mettrez votre discernement, ensuite, votre cœur et en troisième lieu votre corps, et dans ces rapports vous trouverez comment sera votre vie. Mettez dans vos esprits l’idée de l’union avec le Christ ; la vie est dans l’union et l’harmonie. Chaque parole amère, chaque mécontentement doit s’effacer et le désir de piquer votre prochain doit s’estomper. Voilà ce que veut dire servir Dieu. Comment servir si je veux vous confondre dans ma causerie pour vos péchés et vous piquer au vif ? C’est un enseignement trompeur. Piquer les autres est très facile : c’est comme prendre un marteau et vous frapper avec, jusqu’à ce que vous leviez ce même marteau un jour sur ma tête. « Qui vit par l’épée, périra par l’épée. »[7] Ainsi ne prenez pas mes propos comme une agression car je peux aussi me taire, mais je vous dis une grande vérité que vous apprendrez par vous-même plus tard. J’ai appris cela ici sur terre, après de longues années passées dans la matière.

         Vous vous plaignez : « Mon mari est méchant ». Je dirai : le premier principe est en lui ; l’homme dit de la femme qu’elle est méchante ; je dis : le premier principe est en elle ; la fille est mécontente, le premier principe est en elle ; le peuple bulgare combat, le premier principe est en lui. Vous vous demanderez pourquoi les humains s’affrontent et pourquoi le monde est mauvais, vous réfléchirez là-dessus et un jour vous comprendrez. « Soyons bons ! » C’est déjà le second principe. Lorsque tout s’apaisera, lorsque la paix s’instaurera, viendra le troisième principe.

Ainsi, mettez-vous en tête l’idée de servir Dieu, c’est là votre salut.

         Que la bénédiction de l’amour du Dieu vivant soit avec vous tous.

 

Sofia, 21 janvier 1917

 


[1] « Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. » (Luc 16, 13)

[2] « Debout au milieu de l'Aréopage, Paul prit la parole : " Athéniens, je vous considère à tous égards comme des hommes presque trop religieux. Quand je parcours vos rues, mon regard se porte en effet souvent sur vos monuments sacrés et j'ai découvert entre autres un autel qui portait cette inscription : " Au dieu inconnu. " Ce que vous vénérez ainsi sans le connaître, c'est ce que je viens, moi, vous annoncer. » (Actes 17, 22-23)

[3] « Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle des anges, s’il me manque l’amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante. Quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et de toute la connaissance, quand j'aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien. » (1 Corinthiens 13, 1-3)

[4] « Mais je vous dis, à vous qui m'écoutez : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, (Luc 6, 27)

[5] Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. (Matthieu 11, 28)

[6] Abraham votre père, a exulté à la pensée de voir mon jour : il l'a vu, et il a été transporté de joie. En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fut, je suis.  (Jean 8, 56 ; 58)

[7] TOB = « Alors Jésus lui dit: " Remets ton épée à sa place; car toux ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. » (Matthieu 26, 52)

Link to comment
Share on other sites

 Share

×
×
  • Create New...