Jump to content

1916_12_03 Je vous élèverai


Ani
 Share

Recommended Posts

Je vous élèverai

 

 

« Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert,

il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé,

afin que quiconque croit en Lui ne périsse point,

mais qu'il ait la vie éternelle.[1] »

Jean 3:14,15

 

         Comme le serpent que Moïse éleva, de même le Fils de l’homme sera élevé… Les peuples occidentaux ne sont pas du tout accoutumés au langage symbolique des peuples orientaux. La culture de l’Orient se différencie de celle de l’Occident. On peut dire que la culture des peuples orientaux a été involutive, c’est-à-dire qu’elle descend du haut vers le bas alors que notre culture occidentale est évolutive, c’est-à-dire qu’elle va de bas en haut. Ainsi, les méthodes de déchiffrement de ces deux cultures ont une interprétation opposée, et ceux qui ne sont pas habitués à ce double processus sont souvent confrontés à des contradictions. Par conséquent la contradiction n’est pas dans la culture, mais dans notre compréhension.

         Ainsi, nous avons deux cultures : celle du serpent et celle du Fils de l’homme. Et les deux doivent être élevées. Vous demanderez quelle culture le serpent peut incarner. Chez tous les peuples le serpent a joué le rôle important d’une grande culture. Chez les Bulgares elle survit dans les mythes des dragons : « Un dragon m’aime, maman… » est chanté dans les chants populaires bulgares. Ce sont les restes de cette culture antique des peuples orientaux. Comment un dragon peut-il aimer ? Il représente la culture des gens qui sont descendus du monde invisible vers le bas, alors que les gens d’aujourd’hui montent du bas vers le haut. Ces remarques sont importantes pour clarifier les idées que je vous soumettrai.

         Souvent, la vie des gens est confrontée à de grandes contradictions. Si vous voulez un beau tissu en soie pour vous confectionner une robe, vous ne le chercherez pas chez un berger ou une femme qui travaille la laine, mais chez le commerçant qui vend de tels tissus. Pour créer ce noble tissu, que de travail pour nourrir les vers à soie, rassembler des feuilles de mûrier pour qu’ils puissent tisser ces beaux filaments pour que les jeunes filles se parent d’habits de soie. En ce sens, pour avoir du bon matériel il faut aller chez les bonnes personnes ; là se trouvent les bons tissus, alors que pour avoir du mauvais matériel il faut aller chez les mauvaises personnes. C’est vrai aussi dans la nature : les racines s’occupent du sol, de la matière brute, alors que les branches s’occupent d’une meilleure matière. Je vous invite à ne pas penser que les uns sont bons et les autres mauvais. Lorsque nous examinons les choses du point de vue philosophique, nous ne devons pas le faire comme pour la vie quotidienne, car le bien est bien dans un certain contexte et le mal est mal aussi dans un certain contexte. On n’a pas besoin de beaucoup d’exemples pour le démontrer. Si par exemple vos yeux sont en bonne santé, sortir le matin regarder le soleil vous fera du bien. Mais si vos yeux sont souffrants, regarder vous causera des douleurs et vous devrez vous isoler dans une pièce sombre, ce que les médecins recommandent pour les affections ophtalmiques. Ainsi, de ce point de vue la lumière est nocive pour l’homme et il faut la supprimer, la masquer tant que les yeux ne reviennent pas dans un état normal, capable d’accepter ses vibrations. Donc, on peut examiner les choses du point de vue philosophique, mais cela devient plus délicat lorsqu’il s’agit de la vie.

         Chaque jour les gens font des expérimentations, chaque jour vous élevez le serpent et le Fils de l’homme. Le Seigneur a fait sortir les juifs d’Égypte pour qu’ils élèvent ce serpent. Mais habitués à la culture égyptienne, ces riches juifs et aristocrates – bien que le petit peuple ait longtemps travaillé uniquement la terre cuite – ont dû être conduits quarante ans à travers le désert par Moïse pour devenir un peuple courageux et décidé. En faisant cela Moïse s’est attiré leurs foudres : ils se sont révoltés pour avoir manqué de concombres, d’oignons, d’eau, etc… Leurs plaintes ont fait que plusieurs serpents sont apparus pour les mordre mortellement. Pour les sauver Moïse a fait un serpent en cuivre afin de soigner tous ceux qui le regarderaient. Pourquoi ce serpent était-il fait de cuivre ? Le cuivre fait partie des métaux dits simples. Les anciens alchimistes l’associaient au mercure, l’un des éléments principaux du corps humain, alors que les anciens désignaient par le nom Mercure, le dieu grec Hermès, le secrétaire des dieux, le porteur des pensées dans le monde. Par conséquent, Moïse voulait montrer aux juifs que la bonne chair n’est pas indispensable à l’homme et qu’il doit être intelligent vis-à-vis de son corps. Moïse a élevé le serpent, c’est-à-dire l’intellect humain inférieur ou ce que nous appelons maintenant l’égoïsme humain, l’homme qui ne pense qu’à lui-même. Et on peut dire avec raison : « Tant que le serpent ne s’élève pas, tant qu’il ne le regarde pas, l’homme ne guérira pas. »

         Maintenant je poserai la question autrement : admettons que vous êtes paresseux et que vous comptez sur vos amis, que vous rechignez à vous laver, à vous peigner, etc. Je demande si ces serpents ne viendront pas alors autour de vous ? Donc, il vous faut être un peu plus égoïste : vous protéger du point de vue de l’ancienne culture et de l’instinct de survie. C’est une loi qui s’applique aussi bien à l’homme, qu’à la famille, la société, les peuples et l’humanité. Celui qui comprend cette loi pour lui, peut l’appliquer pour les autres. C’est pourquoi il y a ce parallèle dans les Écritures : comme Moïse a élevé le serpent, ainsi il faut élever le Fils de l’homme, le Christ, pour que l’homme puisse apprendre l’autre culture. Non pas que ces cultures soient en contradiction, mais elles doivent s’unir pour donner naissance à une troisième culture qui vient maintenant.

         Il est dit : « Afin que quiconque croie en lui, ne périsse point ». Qu’est-ce qui ne doit pas périr ? Ce qui est noble chez l’homme. Avant de continuer, je vais vous donner un schéma, c’est-à-dire l’enseignement des anciens. Dans ce schéma nous avons les trois énoncés suivants : le libre arbitre, la providence et le sort ou le destin. Le libre arbitre est le futur de l’homme, la providence est le présent et le destin est son passé. On enseignait cela en Égypte, en Grèce, et on l’enseignera à l’avenir. La providence est le point de départ, l’origine du destin. Lorsque l’homme est en désaccord avec la providence, il n’a pas de libre arbitre alors que, s’il est en accord avec Dieu et Ses commandements, il a du libre arbitre. Alors vous résoudrez très facilement la question de savoir pourquoi vous êtes persécutés par le destin. Parce que vous êtes en désaccord avec la providence. Pourquoi le destin ne vous persécute-t-il pas ? Parce que vous êtes en accord avec la providence. Par le mot volonté, je désigne la volonté divine. Nous obtenons d’elle trois moyens d’action : corps, intellect et âme humains. Le côté positif de l’âme est la vertu et le côté négatif est le vice ; le côté positif de l’intellect est le savoir et le côté négatif est l’ignorance ; le côté positif du corps est l’instinct et le côté négatif est la cruauté. Il existe encore une série de trois choses : sentiments, compréhension et sensations. Le côté positif des sentiments est l’amour et le côté négatif est la haine ; le côté positif de la compréhension est la vérité et le côté négatif est l’égarement ; le côté positif des sensations est le plaisir et le côté négatif est la souffrance.

         Ainsi nous avons deux forces : lorsque nous mettons la providence comme le méridien de notre vie, nous aurons un hémisphère de chaque côté ; d’une part le côté positif de la vie, et de l’autre le côté négatif de la vie. Quelle que soit notre façon de penser et de philosopher, il n’y a pas d’autre possibilité. J’accepte la philosophie, mais celle qui peut bâtir la vie, qui peut bâtir la vertu et lui créer des conditions pour se manifester. Par intellect, j’entends que l’homme puisse par sa volonté créer des conditions de manifestation du savoir. Par homme intelligent, je désigne celui qui crée les conditions pour utiliser les forces de l’instinct. Par sentiments, j’entends que l’homme puisse créer des conditions de manifestation de l’amour et de la vérité, donner la volonté à ses organes sensoriels de se manifester comme de vraies sensations. Si vous êtes en opposition avec la providence, alors l’ignorance, le vice et la méconnaissance se manifesteront obligatoirement. Par conséquent, chacun doit tendre à être en accord avec la providence. Si vous avez le libre arbitre, les germes les plus nobles, endormis depuis des millions d’années, se manifesteront en vous. C’est pour cela que le Christ devait être élevé !

         Le serpent s’est élevé en vous lorsque vous avez commencé à souffrir pour devenir conscient, pour vous mettre en accord avec la providence. Vous n’êtes pas des hommes, mais les esclaves de vos désirs et de vos passions et c’est pourquoi vous souffrirez. Entrez en accord avec la providence et vos souffrances se transformeront en plaisir. Vous devez élever le Christ, et il enclenchera le processus inverse : lorsqu’il entrera en vous, le Christ engendrera toutes les vertus. Moïse a élevé le serpent dans le désert pour éloigner le vice, l’ignorance, la cruauté, la haine, l’égarement et la souffrance. Il fallait que le Christ soit élevé comme ce serpent pour faire naître en nous cette vertu, ce savoir, cette vérité, cet amour et le véritable plaisir. La vertu est en rapport avec l’âme, le savoir en rapport avec l’intellect, l’amour en rapport avec les sentiments, la vérité en rapport avec la compréhension et le plaisir en rapport avec les sensations. Le Christ devait être élevé pour que les hommes puissent bénéficier de ces grands bienfaits.

         Dans la société contemporaine, chez les peuples modernes, il existe une contradiction entre ces deux cultures, ce qui attise la guerre. Elle se nourrit de ce que Moïse a élevé le serpent qui mord maintenant les peuples. Il doit être élevé pour faire venir le Christ ; c’est une loi vivante. Ne pensez pas que dans le monde les hommes régissent tout seuls leur destinée. Ils s’apercevront qu’à présent le Seigneur dirige leur destinée très facilement. Si les peuples balkaniques avaient écouté le Seigneur, si les Serbes n’avaient pas pillé la Macédoine, si les Grecs n’avaient pas conquis des territoires étrangers, si la Roumanie n’avait pas annexé Dobroudja, alors ces malheurs ne surviendraient pas. C’est pour cela que le Seigneur a puni la Serbie et a puni la Grèce. Et pour la Roumanie, il a ordonné : « Donnez-lui vingt-cinq coups de bâton ! » C’est pourquoi on frappe aujourd’hui la Roumanie. Ainsi, chaque voleur, quel qu’il soit, doit être corrigé. Le Seigneur veille aujourd’hui et nous devons être attentifs. Il traite tous les peuples comme ses fils, mais ne se comporte pas comme les pères ordinaires ; Il ne les caresse pas, mais les punit s’ils le méritent.

         Maintenant je vais vous illustrer ma pensée par un conte. C’est une ancienne histoire bulgare d’avant le christianisme. Une mère aimait beaucoup son fils et l’approuvait toujours, qu’il fasse du bien ou du mal, elle ne trouvait jamais rien à lui reprocher. Elle le portait aux nues, elle le félicitait jusqu’à ce qu’il devienne un grand malfrat et qu’il soit condamné à la pendaison pour ses crimes. Lorsqu’ils l’ont amené à la potence, il a demandé : « Appelez ma mère que je l’embrasse avant de partir. » Sa mère est venue et il lui a dit : « Je t’aime beaucoup, mère, je veux t’embrasser sur la langue. » Sa mère a sorti sa langue et son fils l’a mordue en disant : « Sans cette langue, je ne serais pas aujourd’hui dans cette situation ; si tu l’avais utilisée à bon escient, je ne serais pas pendu !!! » Par conséquent, nous ne devons pas toujours nous couvrir de lauriers les uns les autres.

         Les puissances européennes se réjouissaient du spectacle des petits pays qui se pillaient entre eux. La Roumanie s’est invitée en Bulgarie soi-disant pour apporter la paix, amener l’équilibre, mais maintenant ce fils lui mord la langue comme aux autres pays. Ils devaient dire : « Ce n’est pas bien ce qui se fait. » Ce n’est pas bien de s’accaparer la terre d’un peuple. La terre d’un peuple est son corps et les gens qui la peuplent sont son âme. Par conséquent, du point de vue purement divin, personne n’a le droit de prendre la terre d’un peuple, là où il s’instruit et s’exerce. Et lorsque les gens ne se comportent pas comme il faut, les souffrances surviennent.

         Lorsque je dis que le Christ vient, beaucoup me comprennent de travers. Tâchez de bien comprendre : le Christ est une lumière intérieure. Vous avez tous aimé. Lorsqu’il est question d’amour, tous sourient et c’est naturel : il faut lui sourire. Mais dans ses manifestations il est hétéroclite. Si l’homme suit la loi de Moïse, il se manifestera d’une manière. Par exemple, l’homme aime sa femme mais la jalouse – c’est typique chez les Bulgares – et si seulement elle ose en regarder un autre, il lui dira : « Pourquoi le regardes- tu ? » La femme aime son mari, mais elle aussi est jalouse et s’il regarde une autres femme, elle lui demande : « Pourquoi la regardes-tu ? » Pourquoi le monde est-il ainsi fait ? Le mal n’est pas dans le regard, mais dans la convoitise qu’il porte. Par conséquent tant que nous n’avons pas de preuves factuelles, il ne faut rien craindre.

         Je vous donnerai un exemple tiré de la tradition populaire bulgare : une jeune fille rêve une nuit qu’elle se marie et qu’elle accouche d’un bel enfant qui meurt ensuite. Le matin, la jeune fille se lève et fond en larmes. Elle raconte ensuite son rêve à sa mère qui se met également à pleurer. Le mari qui était au champ, en rentrant le soir, les voit pleurer toutes les deux. Elles lui racontent que la fille a rêvé qu’elle avait mis un enfant au monde et que cet enfant était mort. Alors, le père décide de fuir en disant : « Je n’ai jamais vu des personnes aussi bêtes. Si je ne trouve pas plus bêtes que vous, je ne reviendrai plus. »

         Il s’est mis en route et a vu à un endroit un homme qui s’était fait fabriquer un beau pantalon pour Pâques, mais qui ne savait pas comment l’enfiler. Il pensait à monter dans un arbre et de là, à sauter pour entrer dans son pantalon. Le voyageur lui a crié : « Arrête, tu te feras mal. Je t’apprendrai comment mettre ce pantalon, mais promets-moi de me le donner ensuite. – Je te le donnerai, a répondu l’autre, apprends-moi seulement à le mettre. »

         Le père a continué son périple et, à un autre endroit, il a vu les invités d’une noce rassemblés, en train de pleurer car la mariée était trop grande pour passer par la porte de la maison : il fallait lui couper la tête pour la faire passer ! Le voyageur leur a dit : « Pourquoi ce trouble ? Je la ferai entrer si vous me donnez un bracelet. – On te donnera même deux bracelets pourvu que tu la fasses entrer. »

         Alors il a pris la ceinture du beau-père, a attaché avec elle la tête de la mariée, a tiré vers le bas, elle a incliné sa tête et elle a pu entrer dans la maison… Cela semble risible et stupide à entendre, mais vos pensées sont souvent pareilles : nous pleurons pour des enfants que nous n’avons pas, nous mettons des habits en sautant d’un arbre et nous voulons nous couper la tête pour entrer quelque part. C’est pourquoi les bulgares disent : « Le sabre ne coupe pas la tête inclinée. » Ce proverbe est parfois compris dans un sens péjoratif, mais il peut aussi être compris positivement. Par exemple, lorsqu’un déluge survient, ne dis pas : « Je ne fuirai pas, ce n’est pas digne de moi ». Il faut t’enfuir, sinon il t’emportera. Si un rocher tombe à côté de toi, il faut t’enfuir et ce n’est pas indigne. A certains moments l’homme doit fuir et à d’autres - il doit résister.

         Moïse a élevé le serpent pour que le peuple d’Israël le voie. Certains se servent de cette loi de la suggestion pour préparer certains remèdes. Vous pouvez mettre dans un peu d’eau à peine le millième du sel utilisé pour guérir le malade, à condition d’y mettre votre bonne pensée. Par conséquent, la loi de la suggestion est nécessaire, et nous réussirons avec elle, nous nous élèverons et nous serons bons. Vos pensées doivent toujours être orientées de manière positive. Si par exemple vous dites : « Je vais me venger », vous êtes de l’ancienne culture, alors Moïse élèvera pour vous le serpent et vous souffrirez. Si vous êtes de la nouvelle culture, vous élèverez le Christ en vous et vous vous élèverez comme Lui. Car il ne souffrait pas pour ses péchés mais pour les péchés des autres, pour leur permettre de s’élever. Vous vivez parmi une population qui n’est peut-être pas éduquée, qui a des vices, mais vous devez être patients, comme le Christ, pour l’aider. On peut vous charger encore de beaucoup de choses, mais cela ne doit pas vous désespérer.

         J’ai étudié la psychologie des Bulgares et je suis arrivé à la conclusion suivante : au même titre que d’autres bon traits de caractères, les Bulgares ont encore un signe distinctif. Lorsqu’il entend prêcher tel ou tel enseignement, le Bulgare veut d’abord savoir si le prêche est donné gratuitement ou s’il est payant. Si tu l’enseignes contre de l’argent, il te dira : « Je sais pourquoi tu prêches, c’est pour de l’argent ! Moi aussi, je peux prêcher », et alors tu ne peux exercer aucune influence sur lui. Le Bulgare dit : « Je ne t’ouvre pas ma porte, je sais pourquoi tu prêches. » Mais s’il apprend que tu prêches gratuitement, il dira : « Puisqu’il le fait gratuitement, c’est qu’il y a quelque chose en cet homme » … Et en vérité, le Bulgare a raison. Souvent, les évangélistes me demandent pourquoi ils ne trouvent pas d’écho parmi ces gens ; je leur dis : « Parce que vous prêchez pour de l’argent. – Mais peut-on le faire sans argent ? – Oui ! Sinon laissez ce travail aux curés, vous n’êtes pas meilleurs qu’eux. Mais si vous voulez avoir du succès et être écoutés par le peuple, faites-lui du bien et laissez-le travailler. » J’entends le mot prédicateur de la façon suivante : c’est celui qui peut sélectionner les meilleures graines, puis recevoir tout le monde pour les leur distribuer. Je vous demande ce que faisait le Christ ? Si un jour un homme vient parmi les hommes et, comme le Christ, se met à ouvrir les yeux des aveugles, à guérir les malades, etc. et que tout le peuple se lève pour le suivre, je vous demande : fait-il quelque chose de mal ? Si cet homme peut distribuer toutes les bonnes graines et peut apporter la paix et l’entente, fait-il quelque chose de mal ? Par conséquent, chaque personne qui vient dans le monde pour apporter l’enseignement divin, doit avoir en tête que c’est le Christ qui est en lui.

         Maintenant, nous nous préparons pour une autre culture, la culture d’un autre monde. Qu’est-ce que l’autre monde ? C’est celui qui succédera à l’actuel. Il ne sera pas à un autre endroit : lorsque ce monde passera, l’autre viendra. Prenez par exemple le théâtre : vous avez une scène, le premier acte est joué, on change les décors, on joue le second acte. La localisation des deux actes est la même, mais le contexte est différent. Certains pensent qu’ils habiteront sur une autre planète lorsqu’ils iront dans l’autre monde, mais vous n’avez pas d’argent pour cela, vous êtes tous pauvres. Pour aller jusqu’à l’étoile Alpha du Centaure par exemple il vous faut quarante-trois millions de leva, car vous devez payer trois centimes par kilomètre. Qui de vous est aussi riche ? Dans l’autre monde, on ne nous transporte pas gratuitement, il vous faut de l’argent. Donnez gratuitement ce qui vous est donné gratuitement, mais pas ce que vous aviez déjà. Si on me prie de distribuer cent mille leva aux pauvres, je dois leur donner gratuitement car on me les a donnés gratuitement. Si je commence à poser des conditions et à vouloir en échange du beurre, des œufs, de la laine, etc., ce n’est pas un enseignement divin, ni un enseignement du Christ. Lorsque je prône l’enseignement du Christ, j’entends toute l’humanité. Et lorsque je parle des prêtres, je parle de tout le clergé et pas de personnes isolées. Une loi est commune à tous les peuples, à toutes les familles. Et la loi des anges l’est aussi.

         Je dis que personne ne doit périr si la foi est vivante en elle. Ce Christ pour lequel je prêche est vivant, il est parmi les hommes sur terre ; c’est ainsi que je le vois, que je le connais, que j’ai parlé avec lui. Il est parmi les humains. Mais quelqu’un rétorquera que ce n’est pas sûr car les Saints Pères se prononcent autrement. J’ai aussi parlé avec eux ; ils sont tous ici sur terre et travaillent. Le Christ dit : « Allez, prêchez et je serai avec vous aux siècles des siècles.[2] » Par l’expression jusqu’à ce que Je vienne[3], j’entends « jusqu’à ce que j’instruise les humains ». Le Christ dit aussi : « Maintenant je travaille de l’intérieur et lorsque je sortirai, je verrai ce qui est fait, s’il y a des manques, et ensuite j’entrerai de nouveau.[4]» Ceci a un sens au Ciel. Par Ciel, j’entends monde divin.

         En disant cela, je veux vous dire que ce monde ne se résume pas à ce que vous voyez. Que connaissez-vous de ce monde ? Il y a devant vous un rideau et s’il se soulève, vous verrez un grand nombre de choses cachées. Si vos yeux s’ouvraient maintenant, vous verriez combien de vos proches vous entourent : vos grands-mères, arrière grands-mères, etc. « Vous dites qu’il y a des morts parmi nous ? » Non ! Ils ne sont pas morts, mais vivants. En d’autres mots, il y a deux types de gens vivants : les vivants-morts et les morts-vivants. Vous êtes de la première catégorie, c’est-à-dire des vivants-morts. Par conséquent il n’y a pas de passé, de présent, de futur, ce sont seulement des aspects apparents des choses. Quelqu’un dit : « C’est déjà du passé. » Qu’est-ce que le passé ? Par exemple, je suis maintenant ici et je pars pour une autre ville ; je suis à présent à Sofia, mais je peux être d’ici peu à Plovdiv, et pour autant Sofia n’est pas une chose passée, elle existe en même temps que Plovdiv ; et Plovdiv n’est pas le futur, mais existe en même temps que Sofia, c’est-à-dire, les deux villes existent dans le temps présent. Si je monte au sommet d’une montagne, je verrai le passé et le futur, alors que la montagne est le présent. Si nous voyons notre passé, c’est notre vie que nous n’avons pas achevé. La vie que vous avez maintenant, vous l’avez tissée, tricotée et il vous reste des millions d’années pour la tisser jusqu’au bout.

         Il y a par conséquent deux manières de tisser. D’abord celle du serpent qui a trompé Ève et a chassé l’homme du Paradis. Ensuite, le Christ est venu, il est monté dans l’Arbre de la Vie, on l’a crucifié et il dit maintenant : « Ève, prend de ce fruit. » Quel est ce fruit ? Le libre arbitre, la providence et la destinée – l’âme, l’intellect et le corps – l’amour, la vérité et le plaisir de la vie divine : ces fruits sont donnés par le Christ. Comme Ève s’est retrouvée nue après avoir mangé le fruit donné par le serpent, vous, au contraire, lorsque vous élèverez le Christ, vous vous vêtirez. Vous allez tous ressusciter. Un peuple qui mange de ce fruit sera un peuple élu. Qui est ce peuple élu ? Celui en qui il y a amour, vérité, sagesse, intellect et corps.

         Lorsque les gens disent : « Que le Seigneur ne nous prive pas de notre petite terre », ils ont raison. Le Bulgare est très pragmatique, car la terre est notre corps. Par conséquent, dans la guerre d’aujourd’hui le Christ vient dire : « Chacun devra ressusciter et récupérer sa terre. » C’est pour cela que les Bulgares sont tous prêts à mourir, mais ne veulent pas céder leur terre. Donc, tous les prédicateurs, les prêtres, les peuples doivent se donner la main, non pas selon la loi du serpent, mais selon la loi du Christ, selon le Nouvel Enseignement. Selon cet Enseignement, si tu es fort tu devras être un appui pour le faible ; si tu es intelligent, tu dois éduquer les autres qui n’ont pas ce savoir. C’est uniquement par ce moyen que nous bâtirons notre vie future ; elle est devant nous.

         Maintenant, vous attendez que le Christ vienne. Oui, le Christ vient pour vous. Il viendra un jour frapper à la porte comme un marié, il enverra des messagers. Que font les gens aujourd’hui ? Lorsqu’ils choisissent la jeune fille, ils envoient des personnes âgées, des parents par alliance qui s’assoient autour du feu et ne vont pas droit au but, mais s’entretiennent d’abord sur des sujets annexes. Ils commencent par exemple comme ça : « Vous avez de beaux champs, du bon bétail, nous nous portons acquéreurs », et ce n’est qu’à la fin qu’ils annoncent être venus pour la jeune fille. C’est alors aux parents de la fille de ne pas répondre directement, mais de dire qu’ils veulent en savoir plus sur le jeune homme avant de se prononcer… De même, le Christ viendra pour voir comment est la jeune fille. Pour vous fiancer avec le Christ vous devez aussi avoir des vertus, du savoir, de la force, l’amour, la vérité, la joie. Si vous ne possédez pas ces choses, la noce ne se fera pas. Quelle que soit l’Église à laquelle vous appartenez, la noce ne se fera pas. Il ne suffit pas que l’homme soit citoyen d’un état, il doit aussi avoir des droits. Par conséquent, nous ne devons pas seulement entrer dans le monde divin et intelligent, mais aussi devenir des citoyens, voter et choisir. Mais pour cela il faut un grand désintéressement.

         Une fois, un étranger, médecin de profession, m’a raconté un épisode de sa vie. Il voulait faire le bien autour de lui : il a travaillé dix ans, a économisé de l’argent gagné avec les patients et l’a mis dans une tirelire, cherchant un moyen d’aider les nécessiteux. Un jour, une jeune veuve avec un enfant vient chez lui en lui disant : « Je suis très pauvre, peux-tu m’aider ? » Le médecin lui a donné la clé de la tirelire en lui disant : « Ouvre-la et prends l’argent qui te faut. »

         La veuve a pris tout l’argent, s’est construit une maison et a fait une dot pour le mariage de sa fille. Mais son mari s’est avéré être un mauvais homme, il a tout mangé et tout bu jusqu’à ce qu’il ne reste rien et en fin de compte la veuve est revenue voir le médecin pour lui demander : « Peux-tu encore m’aider ? »

Il a dit : « Voici la clé, prends dans la tirelire la somme dont tu as besoin. –  Mais il ne reste rien dedans » a répondu la femme.

Alors le médecin lui a dit : « Maintenant tu dois apprendre à travailler, tu dois apprendre une autre loi. J’ai un potager, je vous donnerai des outils, vous allez le labourer, le cultiver et ce que vous en tirerez, prenez-le pour vous. »

         Nous aussi, nous avons tout mangé de la tirelire divine, et maintenant nous devons aller labourer. Le Christ vient nous apprendre à travailler. Et le Christ dit avec justesse : « Celui qui ne travaille pas, ne peut pas s’élever. » Il faut impérativement fournir un effort personnel d’abnégation et de travail. Il faut créer du travail pour l’homme, la femme et les enfants. Ne laissez pas les enfants sans travail. Ne leur donnez pas de livres qui ne sont pas de leur âge ; c’est une nourriture solide qu’ils ne peuvent pas digérer. Chaque auteur met en avant certaines idées dans son livre, mais ces idées ne sont pas pour un aussi petit garçon ou une petite fille.

         Le plus grand malheur qui nous frappe aujourd’hui est le manque de respect. Il n’y a pas de plus grand malheur pour un père que son fils lui manque de respect, pour la mère que sa fille lui manque de respect, pour un enseignant que ses élèves lui manquent de respect et pour un seigneur que ses serviteurs lui manquent de respect. Moïse dit : « Respecte ta mère et ton père. » Comment restaurer l’obéissance ? L’obéissance est le résultat de la sagesse et la docilité est le résultat de la vertu. Lorsque nous voulons que quelqu’un nous respecte, nous devons lui insuffler de l’amour. Sans amour, il n’y a pas de respect ; sans sagesse, il n’y a pas d’obéissance ; sans vertu, il n’y a pas de docilité.

         Quelle que soit votre façon d’avancer dans le monde, si vous n’acceptez pas le Christ dans ce sens, vous n’obtiendrez rien. Dans cet enseignement la vertu et la raison sont des choses vivantes. La vertu est une communauté d’esprits vivants. Ce ne sont pas des ombres, mais une réalité. Si vous pouviez voir une créature de la vertu, votre cœur battrait la chamade et votre mélancolie disparaîtrait immédiatement. Comme ces créatures de la vertu sont belles ! Si vous pouviez contempler les yeux de l’homme qui exprime la vertu, son nez, sa bouche, ses cheveux ! Oui, les cheveux témoignent de notre vertu. Touchez le poil raide d’une truie pour voir combien elle est vertueuse, touchez les pics d’un hérisson pour voir combien il est bon. Touchez l’intelligence d’un homme et vous verrez combien il est respectueux, touchez son cœur et vous verrez combien il aime. Ainsi, devant vos yeux apparaîtront beaucoup de créatures de la vertu, comme l’astronome, avec un télescope, découvre des millions de soleils dans l’espace, qu’il est pourtant incapable de déceler à l’œil nu. Lorsque vous regarderez de cette manière, vous comprendrez ce qu’est la sagesse divine. Lorsque vous regarderez à travers son télescope, vous verrez ces milliards de créatures, vous entrerez dans le mouvement divin de la sagesse et vous vous élèverez. Alors, je ne vous entendrai plus chanter : « Que je sois plus près de Toi Seigneur ! » Celui qui a composé ce chant ne comprenait pas cela. Ce n’est pas nous qui devons être plus près du Seigneur, mais c’est Lui qui doit être auprès de nous. Ce Seigneur doit descendre d’en haut, Il doit être près de nous. Par exemple, quelqu’un est empêtré dans la boue et un autre vient le secourir : ce n’est pas celui qui est tombé qui va vers son bienfaiteur, mais celui qui le délivre qui va à lui.

         Que tu sois plus près de moi Seigneur, avec ta force, ta sagesse et ton savoir ! De cette façon, tout peuple sera puissant, et le peuple bulgare aussi. Si les Bulgares écoutent le Seigneur, ils seront un peuple extraordinaire. J’utilise l’expression bulgare « extraordinaire », qui veut dire quelqu’un de bon et d’intelligent. Chacun doit porter cette idée en lui : unité et égalité partout. Certains pensent que je suis venu pour désunir. Non, je suis venu pour unir, pour rassembler, c’est pour cela que le Seigneur m’a envoyé ici sur terre. Je reçu cela gratuitement, je vous le donnerai gratuitement. Je ne veux rien d’autre que vous voir aimer le Seigneur. Et ne vous occupez pas de moi. J’aimerais que les Bulgares acceptent cet enseignement, puis qu’ils effacent mon nom, qu’ils m’oublient. On me connait ici comme Monsieur Deunov, mais on ne connaît pas mon vrai nom. Un jour, comment me recherchera-t-on ?...

         Seul le Seigneur est immortel. Mettez votre espérance dans le Seigneur, ne mettez pas votre espérance dans les humains. L’homme doit avoir une seule femme, c’est cela l’enseignement, la polygamie n’est pas autorisée. Vous devez avoir un mari, un Seigneur. Et par ses yeux vous regarderez le monde extérieur pour comprendre que vos frères et sœurs souffrent aussi. Je vous connais tous, je vois que vous souffrez, que vous avez des contrariétés, que vous tombez, que vous vous relevez. Tu es tombé, je dis : « Lève-toi, corrige-toi ! – Ma jambe est cassée. – Ce n’est rien, cela s’arrangera. – Mon estomac est malade. – Ce n’est rien, bois un peu d’eau, prends un peu de nourriture et cela s’arrangera. Ne crains rien, tout s’arrangera. » Si vous acceptez l’enseignement du Christ, vous serez tous courageux et forts. Je veux que vous les Bulgares soyez vertueux. C’est de vous que je parle, car il y a d’autres Bulgares, de l’autre côté qui veulent savoir comment vous vivez ici, comment vous vous comportez. Ils sont dans le monde divin. Chacun sera un jour dans le monde divin d’où il enverra ses ambassadeurs. Un jour vous laisserez d’autres sur terre et vous irez là-haut.

         Je veux que le Christ s’élève en vous ! Mais non pas comme le serpent, telle une jeune fille qui perd sa vie, son cœur, son discernement et détraque son cerveau. Libérez cette jeune fille, élevez-la, envoyez-la à l’école, rendez-lui le cœur et le discernement, purifiez-la entièrement : voici ce que signifie l’élever. Ce Christ que nous avons piétiné, il faut le nettoyer et l’élever. Ce Christ nous élèvera et nous dira : « Venez, Bulgares de ce monde et de l’autre monde, vous m’avez élevé, vous m’avez purifié, venez, je vous élèverai ! » Élever le serpent, c’est nous ; alors qu’élever le Christ, c’est lui qui est en nous et alors nous serons un avec le Christ.

 

Sofia, 3 décembre 1916


[1]  « Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit ait, en lui, la vie éternelle." (Jean 3, 14-15)

[2] « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. " (Matthieu 28, 19-20)

[3] « Jésus lui répondit : " Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi !" (Jean 21, 22)

[4] « Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant je quitte le monde et je vais au Père." (Jean 16, 28)

Link to comment
Share on other sites

 Share

×
×
  • Create New...