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1916_11_26 Zachée


Ani
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Zachée

 

Jésus lui dit : Le salut est entré

aujourd'hui dans cette maison,

parce que celui-ci est

aussi un fils d'Abraham.[1]

Luc 19 :9

 

Ce verset est, par son contenu, parmi les plus ordinaires. Il ne faut pas mépriser les fleurs car elles ont aussi leurs arômes. Les mots importants sont : « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison. » Lorsque quelqu’un est malade longtemps, sa vie traverse une crise grave : rester ou partir. Le médecin prend son pouls pour mesurer les battements de son cœur et dit que la crise est en train de s’atténuer, que les médicaments ont agi, c’est-à-dire qu’une crise salutaire se déclenche. Si c’est vrai sur le plan du corps physique, ça l’est aussi dans la vie de l’homme. C’est ce que Tolstoï a vécu avant de passer de son ancienne vie à la nouvelle. Il a tenté plusieurs fois de se suicider car il ne trouvait pas de sens à la vie, jusqu’à ce qu’un jour un motif insignifiant le sauve : une fois, alors qu’il était en forêt, il s’est dit : « Le brigand sur la croix a lui aussi traversé une crise, mais lorsqu’il a dit : « Seigneur, délivre-moi »[2], il a été sauvé. Il était un brigand mourant alors que moi je suis un brigand en vie ! »

         Le Christ a dit à Zachée : « Aujourd’hui, tu es devenu la raison de ton propre salut. » Quelle était la raison de son salut ? Bien que riche, il était de petite taille, c’est-à-dire qu’il n’était pas physiquement imposant. Mais il y a eu en lui un désir de voir Jésus et il a choisi un mûrier sur la route pour y monter. Celui qui veut atteindre un idéal, doit prendre de la hauteur, ne pas rester au milieu de la foule. Lorsque le Christ est venu et a regardé en haut, il a vu qu’une idée animait l’âme de cet homme et lui a dit : « Descends, aujourd’hui je serai dans ta maison. » Il y avait en cet homme non seulement le désir de se hisser très haut, mais aussi un esprit de justice, et il a dit : « Je donne la moitié de ma richesse aux pauvres et si j’ai offensé quelqu’un en le calomniant, je lui rends quatre fois plus. » Alors le Christ a dit : « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison. »

         Vous aussi, vous devez grimper à un grand arbre dans votre âme, vous hisser sur les cimes les plus hautes. Tant que vous fréquentez les gens en partageant leurs points de vue et en agissant comme eux, vous ne trouverez pas le Royaume de Dieu. Lorsque je dis que vous ne pouvez pas le trouver, c’est qu’il y a des raisons à cela. Le Royaume de Dieu représente une vie supérieure obéissant à d’autres lois. Ce n’est pas un endroit pour les mortels, mais pour des hommes immortels, décidés à servir le Seigneur. Par conséquent, celui qui veut aller de la vie passagère à la vie immortelle, doit monter dans le mûrier et donner la moitié de sa fortune aux pauvres et payer quatre fois plus à ceux qu’il a offensés. Ce n’est qu’alors que l’homme passera de la mort à la vie.

         Tant qu’il ne s’individualise pas, l’homme est comme une mite. Qu’est-ce que l’individualisation ? C’est l’esprit de sacrifice. Celui qui veut s’élever à une vie supérieure doit s’en donner les moyens. Les moyens que les hommes utilisent sur terre ne sont pas appropriés pour le Ciel, car ce qui est utile pour la terre ne l’est pas pour le Ciel. Ce qui est bénéfique pour le ver n’est pas bénéfique pour l’arbre, car lorsque le ver pénètre dans l’arbre, celui-ci se dessèche. Ce qui est bénéfique pour notre vie privée, n’est pas bénéfique pour la vie en société. L’homme ne doit être ni un ver de terre, ni une mite, ni un parasite.

         Notez bien que Zachée était de petite taille. Lorsque l’homme veut entrer dans le Royaume de Dieu, plus il est petit, mieux c’est. Lorsque le Christ dit qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu, c’est très juste. Pour entrer dans le Royaume de Dieu, on doit se libérer de ses anciens points de vue et aspirations. Lorsqu’une jeune fille part à la noce, elle n’y va pas avec ses vieux habits et ses chaussures usées, mais enlève tout et s’habille avec une tenue neuve. C’est curieux que les hommes d’aujourd’hui veuillent se présenter à Dieu avec leurs vieux oripeaux. Et lorsque je prône la loi du sacrifice, vous vous étonnez et vous dites : « Comment est-ce possible ! » C’est possible pour les jeunes, filles et garçons, mais non pas pour les vieux qui ne se marient plus. Ceux qui sont âgés parmi vous ne doivent pas se vexer. On doit être jeune dans ses aspirations et ne jamais dire que dans la vie quelque chose est inatteignable. L’avenir appartient aux jeunes car ils ont des idéaux.

         Zachée était un jeune homme de ce type. Bien que fortuné, il s’est hissé sur le mûrier. À sa place, vous vous seriez probablement interrogés sur ce que les gens diraient, et vous vous seriez dit que vous occupez telle ou telle place et que vous alliez perdre la face. Zachée se désintéressait de ce que les gens pensaient. Et lorsque le Christ est passé, il l’a vu sur le mûrier et lui a dit : « Descends, tu es l’homme qui servira d’exemple dans le futur. Descends, les hommes des siècles à venir apprendront de tes actes, même si tu n’es qu’un publicain. » Pour rétablir la justice, Zachée dit : « Je donne la moitié de ma fortune aux pauvres et pour les offenses que j’ai faites, je paye le quadruple. » Je vous demande à vous qui m’écoutez, combien parmi vous sont prêts à donner la moitié de leur fortune aux pauvres et à payer quatre fois plus pour les offenses faites ? Nombreux sont ceux qui espèrent accéder au Royaume de Dieu au rabais. Celui qui dit que l’entrée dans le Royaume de Dieu est bon marché ne dit pas la vérité. L’homme doit être jeune et doit avoir en lui un esprit d’abnégation, de sacrifice, être honnête, tenir sa parole, ne pas revenir sur ce qu’il a déjà dit. Si aujourd’hui les gens tenaient la parole donnée, quatre-vingt-dix pour cent des maux actuels disparaîtraient. Il faut agir avec probité, parler avec probité, commercer avec probité et sans duplicité ! Mais que faisons-nous ? Si nous faisons une erreur, nous cherchons à nous justifier. Non ! Avoue et dis : « J’ai fait ceci ainsi. » Ce qui est juste est juste, ce qui est erroné est erroné. Tout cela a un sens plus profond. Le petit Zachée n’était pas élancé, mais il était noble de cœur et de raison. Et le Christ dit : « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison. »

         Dans l’antiquité, un roi grec qui avait une aversion pour les crimes a ordonné d’aveugler quiconque s’adonne à la débauche. Malheureusement, un jour son propre fils a été arrêté et traduit devant lui. Le roi a dit : « Crevez-moi un œil, et l’autre à mon fils. » … Voilà un homme qui tient sa parole. Quiconque commet un crime doit payer pour lui. C’est ce qu’a fait Zachée : il a donné la moitié de sa fortune, ce qui représente un œil. Pour les gens d’aujourd’hui leurs biens sont toute leur vie, et les leur prendre est comme leur prendre la vie. Aujourd’hui, c’est l’argent qui fait l’homme : celui qui est riche, est aussi considéré comme beau et vertueux. Souvent les jeunes filles disent d’un jeune homme : « Qu’il soit bête s’il le faut, mais au moins qu’il soit fortuné » ; de même le jeune homme dit au sujet de la jeune fille : « Qu’elle soit bête s’il le faut, mais au moins qu’elle soit fortunée. » Et ensuite ils se demandent pourquoi leur vie ne va pas, pourquoi ils affrontent autant de malheurs. C’est parce que tous deux sont fortunés mais bêtes. Lorsque vous vous sentez mécontents du monde, cela signifie que vous êtes bêtes. Vous demandez à Dieu argent et fortune, mais vous ne demandez pas l’essentiel. Le prêtre veut être écouté par beaucoup de monde, et personne ne veut être entendu que par un seul. On doit être prêt comme Zachée à distribuer la moitié de sa fortune et réparer quatre fois pour les offenses proférées. Vous demandez comment trouver le Christ. Appliquez cette loi : montez sur le mûrier.

         Plusieurs fois j’ai observé comment un grand troupeau défile à côté du berger qui voit passer toutes les brebis, mais il s’arrête à une seule qu’il caresse et à qui il parle. Cela montre que c’est sa brebis favorite. Il lui donne un surnom affectueux, et l’appelle par exemple Maro, et elle lui répond. Ce qui montre que cette brebis s’est distinguée à ses yeux. A l’instar de Zachée, elle est montée sur le mûrier, et le berger l’a reconnue. Nous devons nous individualiser de la même manière. Nous devons nous affranchir de nos vieilles habitudes et coutumes. C’est le but de la culture contemporaine. Chaque science a pour objectif de restructurer la raison humaine. La science travaille avec la raison et la religion avec le cœur ; ce sont deux méthodes d’élévation de l’âme humaine, de préparation du chemin vers la vie supérieure, car l’orgueil vient de la raison et le mal, du cœur. Parfois vous pensez être capables de transformer le monde ou bien vous êtes peiné que les gens ne vous considèrent pas bien. L’orgueil nait lorsque l’homme commence à s’individualiser.

         Je vous recommande maintenant de jeûner cinq à six jours pour éprouver votre force. D’habitude, au bout de deux ou trois jours vous ne tiendrez plus. Le Christ a mis sa vie à l’épreuve : il a jeûné quarante jours pour connaître son âme. Si vous ne savez pas jeûner, vous n’avez donc pas de force et vous ne pourrez pas trouver le Christ. Les gens d’aujourd’hui ont amassé des fortunes car ils pensent qu’ils doivent boire et manger : ils sont devenus des esclaves culinaires. La femme est soumise à la cuisine. Le prêtre aussi ordonne du matin au soir ce qu’il faut préparer à manger et comment ; et combien de domestiques sont punis et battus uniquement pour ne pas avoir bien préparé le repas et à temps. Le prêtre arrive et demande avant tout si le repas est prêt. C’est l’idéal auquel les gens aspirent. Ne me comprenez pas de travers, je ne parle pas contre la nourriture, mais il est néfaste de l’élever au rang de culte dans la vie. Maintenant on distribue par exemple un quart de kilo de pain par personne – avant cela ne suffisait pas, mais désormais on s’en contente très bien. L’autre jour, j’ai rencontré un monsieur qui avait pu obtenir au fournil en tout et pour tout trois quarts de kilo de pain. Il se demandait comment il allait contenter toute sa famille avec cette quantité qui suffirait à peine pour lui seul, et il se disait : « Quelle époque nous vivons ! » Je dis : « Il faut te hisser sur le mûrier. »

         Et aujourd’hui, le Christ passe dans le monde et tous s’agglutinent autour de Lui. Il veut voir combien de personnes seront en haut dans le mûrier. Cette image doit être comprise intérieurement. Tant que vos âmes n’empruntent pas ce grand chemin de l’abnégation, vous ne pouvez pas entrer dans le Royaume de Dieu. C’est un endroit pour des gens forts. Il est dit : « Celui qui gagne. » Gagner signifie donner. Dans le monde, le mal vient du fait que nous voulons uniquement les choses pour nous-mêmes. Dieu nous a envoyé ici non pour conquérir le monde, non pour dominer les forces de la nature, car tout Lui appartient. Conquérir signifie gouverner avec raison. Le jour viendra où vos possessions vous seront reprises. Où seront vos corps dans vingt ou trente ans ? On viendra, on vous chassera et on vous dira : « Allez-vous-en ! » Pourquoi ? Si vous étiez montés sur le mûrier, le Christ vous aurait dit : « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison. » Zachée ne sera chassé par personne. Celui qui chasse les hommes du monde, ce n’est pas le Seigneur. Dieu a envoyé l’homme sur terre en lui donnant des serviteurs pour l’aider, mais l’homme les a pervertis et aujourd’hui ils le chassent. Les microbes sont ceux qui le corrompent et le répudient. Les humains ont raison de dire que tout comme l’homme dévore les autres, lui-même est dévoré par eux. Nous avons engendré en nous nombre de pensées et de désirs parasites qui sont capables de nous tuer. Souvent une seule pensée est capable de tuer l’homme ; une mauvaise pensée est capable de changer notre pouls et notre humeur. Savez-vous combien pèse un mot ? Il peut embraser le monde entier. C’est pourquoi, lorsque nous gouvernons, nous devons nous préserver du mal, de la fausse monnaie qui corrompt le monde. Ce sont des parasites que nous nourrissons en nous. Si nous nourrissons un petit serpent dans nos entrailles, une fois devenu grand, il dévorera notre ventre pour sortir (on dit que certains petits serpents dévorent les entrailles de leurs mères). Si de tels mauvais désirs et pensées vivent dans votre âme, ils vous dévoreront et vous mourrez. Alors tout l’art de la science restera inutile, toute la philosophie ne vous sera d’aucune aide. Le salut vient uniquement lorsque le Christ rentre dans la maison. Car Zachée avait cet esprit d’abnégation.

         Ainsi, il n’est pas de salut dans ce monde sans le Christ. Comme le malade ne peut guérir si la lumière ne rentre pas dans sa maison, de même si le Christ ne rentre pas dans votre intelligence, il n’y a pas de salut. Le salut est une prérogative de Dieu uniquement. Pour se sauver, il faut comprendre, il faut se maîtriser. Tu peux dire que tu as un élan et que tu sais, alors agis pour savoir jusqu’où tu sais. Un officier français voulait s’opposer à une loi, mais il est d’abord allé chez un ami en lui disant : « Bats-moi autant que tu le souhaites ! » Mais deux coups de bâton plus tard, il a dit : « Assez, je vois combien je peux tenir au nom de mes convictions ! » … Si vous ne pouvez pas vaincre une mauvaise pensée ou un mauvais désir, comment imaginer vaincre le monde ? Si vous ne pouvez pas maîtriser votre langage, vous ne maîtriserez pas le monde. Quelqu’un dit : « Ma fille est devenue méchante. » Elle n’est pas devenue méchante maintenant, elle l’était avant même sa naissance et tu aurais dû savoir comment elle serait. Ce que nous voyons maintenant est en nous et n’est pas extérieur à nous.

         Quelqu’un demandera pourquoi le Seigneur permet ces grandes souffrances. C’est un grand maître qui nous fait passer un examen. Il utilise le bâton en disant : « Jetez ce fils par terre et portez-lui vingt-cinq coups de bâton ! » Si ce fils se relève et embrasse son père, c’est qu’il connaît les lois. Le Seigneur dit : « Tous vos désirs, vos pensées et vos actes, tous vos vieux oripeaux, je ne les veux pas, ici ce n’est pas un marché aux puces. » Cette affaire ne s’arrange pas avec des prières ou des lectures. Les gens sont très bizarres ! Quelqu’un est venu me voir et m’a dit : « Je t’en prie, influence les choses pour que je gagne cinquante mille leva au loto et j’en donnerai vingt-cinq mille à l’église pour des œuvres de charité. » Non, le Royaume de Dieu n’est pas une loterie. Il faut clairement et sans ambiguïté déterminer pourquoi le Christ sépare les chèvres des moutons. En ce moment, le Christ trie les personnes comme en chimie où un composé se désagrège et où les éléments se séparent les uns des autres. Vous devez prendre ou bien la position de Zachée qui est l’homme du futur ou bien la position de la foule qui n’est pas ancrée dans l’avenir. Zachée est un être collectif ; il représente ceux qui peuvent renoncer à eux-mêmes et se donner la main les uns aux autres. C’est cela Zachée.

         J’ai visité les églises (même si on m’accuse de ne pas aller à l’Église), je connais tous les gens et tous les prêtres comme je me connais moi-même. Je comparerai les gens religieux modernes, à l’histoire de ce roi qui, avant d’entreprendre un long voyage, a convoqué ses dix ministres et a réparti son royaume entre eux pour qu’ils gouvernent chacun leur partie en attendant son retour. De retour, le roi s’est déguisé en pauvre mendiant, puis s’est rendu chez le premier de ses ministres en lui disant : « Je suis pauvre, n’avez-vous pas quelque chose à me donner ? – Femme, donne lui mes pantalons troués que je m’en débarrasse, a dit le ministre. – Merci, a répondu le mendiant. – Tu peux me remercier, oui, a rétorqué le ministre, pour toi, ils sont très bien. » Ensuite le roi s’est rendu chez le deuxième ministre : « Mon fils, n’as-tu pas un vêtement à me donner ? – Femme, donne-lui mon costume déchiré ! » Il se rend chez le troisième ministre et il y reçoit une chemise déchirée. Chez le quatrième, il obtient un chapeau troué, chez le cinquième, des souliers abîmés, etc. Tous lui donnent quelque chose. Puis, arrivé officiellement au palais, le roi a convié tous ses ministres à un banquet. « Quels sont les cadeaux que le roi nous apporte ? » ont-ils pensé. Ils se sont tous habillés avec leurs tenues de parade, et l’ont attendu, tous groupés autour de la table. Et le roi commença à leur distribuer : les pantalons troués au premier, le manteau déchiré au deuxième, le chapeau au troisième, la chemise au quatrième, etc. Vous direz maintenant : « Dieu merci, nous ne sommes pas de ceux-là. » Je ne sais pas, il y a un poème qui dit : « Leurs pensées les suivent… »

         Il y a des milliers d’années de cela, un berger gardait beaucoup de brebis, mais dans cette région vivait un loup qui venait souvent visiter le troupeau. Le berger le chassait et le battait, mais le loup réussissait de temps à autre à voler une brebis. À un moment, une maladie s’est déclarée sur les animaux et a décimé toutes les brebis. En entendant cela, le loup s’est mis à se lamenter et est allé voir le berger, lui disant : « Quel grand malheur nous a frappés tous les deux : tu as perdu les brebis, et la laine, le lait et la viande et moi j’ai perdu la possibilité de prendre une brebis de temps en temps. » Le berger a dit : « Pourquoi pleures-tu, ce n’est rien, avant ce malheur nous avons vécu comme des ennemis, alors que maintenant nous vivrons en amis. » Mais le loup a répondu : « J’aurais préféré être toujours pourchassé par toi, mais que tes brebis soient encore en vie. » Voici une idée peu noble, une idée intéressée : que les autres aient quelque chose pour que nous possédions aussi. C’est comme ça que les chiens d’aujourd’hui sont apparus : ce loup a été le premier à devenir un gardien de troupeau. Cet ancien loup tient toujours sa promesse et accompagne encore le berger. Et le berger lui dit : « Ne crains rien, je vais toujours te donner du mouton lorsque je l’égorgerai, pourvu que tu ne voles pas ! »

         Et le Christ est rentré dans la maison de Zachée pour l’élever. Si le Christ entre dans votre âme, Il vous élèvera. Si le Christ entre et dit : « Le salut entrera aujourd’hui dans cette maison », vous serez reconnus par tous les anges, par tous les hommes. Pour les gens du passé, Zachée n’a rien fait d’extraordinaire, mais pour nous, c’est un idéal ; il a accompli un acte noble. Je voudrais que cet élan naisse en vous et que le Christ vous trouve en haut du mûrier. Certains demandent ce qu’ils feront une fois morts. Faites en sorte que le Christ vous trouve sur le mûrier et vous dise : « Viens, Zachée, le salut est entré aujourd’hui dans ta maison. » Et lorsque le Christ vient, il ne faut pas vous cacher mais dire : « Je donnerai la moitié de ma fortune aux pauvres et j’aspirerai à corriger toutes mes erreurs. »

         Combien d’années faut-il attendre pour que les gens s’anoblissent ? Si vous avez le courage de Zachée, vous pourrez y arriver en un jour c’est-à-dire en une seule vie. Si vous n’avez pas ce courage, il faudra beaucoup de jours, beaucoup de vies, mais vous devrez de toute façon finir par monter sur le mûrier, c’est-à-dire sur l’Arbre divin. Le serpent s’est hissé sur un arbre et a trompé Ève, tandis que Zachée s’est hissé sur l’Arbre de la vie et le Christ l’a appelé. Vous aussi, vous devez maintenant monter sur l’Arbre de la vie. Quel est cet arbre ? C’est la vie consciente que Tolstoï décrit ainsi : vivre pour Dieu et rompre tous les liens avec ce qui est ancien. L’ancien est une nourriture inutile et toxique pour nous. Avec quoi êtes-vous remplis maintenant ? Si je vous dissèque, je trouverai dans vos caves et dans vos greniers la jalousie, la haine, la colère, le pessimisme, le manque de foi, l’imprudence. Vous direz que c’est désobligeant. J’aimerais que vous regardiez dans mes greniers pour voir ce qu’ils referment. Chacun doit ouvrir son âme pour que le monde voie ce qu’il y a dedans, comme la nature ouvre son âme au printemps. Chacun doit ouvrir son âme, sa source, et montrer ce qu’il a.

         Maintenant, on dit pour une jeune fille : « Ne respire pas son parfum car ton nez se désagrégera » ; ou on dit pour un jeune homme : « Si tu respires son odeur, ton nez se désagrégera. » J’ai rencontré hier dans le parc un jeune homme et une jeune fille qui conversaient, mais là aussi, ils semblaient malheureux ; lui se tenait à la gauche de la fille et lui disait : « Tu as changé, tu n’es plus comme avant. » Si déjà là, ils ont changé, que se passera-t-il ensuite lorsqu’ils se marieront ? L’enseignement du Christ n’est pas une science de ce type. Dans cette science, l’homme et la femme doivent très bien se connaître. C’est seulement si vous connaissez votre mari que vous découvrirez son amour. Si vous ne vous connaissez pas, ne vous mariez pas. Si tu ne connais pas ton mari, ne te marie pas ; si tu ne connais pas ta femme, ne te marie pas ; si tu ne connais pas ton enfant, ne te marie pas. Si tu veux te marier, grimpe sur le mûrier. Et lorsque tu te maries, tâche de trouver le jeune homme ou la jeune fille sur le mûrier et qu’il te dise : « Je te donne la moitié de ma fortune et je te rends tout au quadruple si je t’ai offensé. » Les jeunes gens d’aujourd’hui se marient pour se mettre à l’abri. Le Seigneur ne vous a pas envoyés dans ce monde pour vous mettre à l’abri, mais pour vous instruire. Si quelqu’un veut être juge, confiez-lui cette fonction s’il s’est hissé sur le mûrier ; si quelqu’un veut être prêtre, donnez-lui cette vocation s’il s’est hissé sur le mûrier et s’il donne la moitié de ses richesses aux pauvres ; si quelqu’un veut devenir évêque, il doit avoir été en haut du mûrier. Alors le Christ dira : « Descends, aujourd’hui je serai dans ta maison. » Dans ce cas quatre-vingt-dix pour cent de votre choix sera juste.

         Pensez à l’arbre dont je vous parle ; il est magnifique, c’est l’arbre du Salut et chacun de ceux qui grimperont sur lui, seront délivrés. On doit mesurer les lois divines d’en haut, mesurer quelles conséquences auront nos actes non seulement maintenant, mais dans des milliers d’années, quelles conséquences auront mes paroles dans l’avenir. C’est pourquoi je continuerai à vous parler. Je veux que personne parmi vous me reproche de ne pas vous avoir expliqué ce que vous devez faire. Lorsque je vous rencontrerai un jour quelque part, je vous dirai : « Je vous ai dit ce que vous deviez faire. » En tant que pécheur ou homme vertueux, je vous rencontrerai de nouveau. Mais je ne veux pas que vous vous comportiez alors comme dans l’histoire de cet américain que je vous raconterai. En 1895, en Amérique, est apparu un homme fameux d’origine alsacienne, nommé Schlatter[3]. Pénétré par l’esprit divin, il passait secrètement pour un envoyé du Christ et guérissait beaucoup de gens avec succès. Il est parti un jour pour San Francisco et a croisé sur le chemin un mendiant malade. Schlatter n’avait que dix dollars en poche mais il les a partagés avec le mendiant. Ils ont traversé un fleuve, sont descendus dans un hôtel en ville, mais le mendiant a volé l’argent et les pantalons de l’américain et s’est enfui. Ce dernier s’est réveillé et a vu que ses vêtements n’étaient plus là. Mais un mois plus tard Schlatter a de nouveau croisé le mendiant qui était toujours très malade…

         Combien de fois avez- vous dérobé l’argent et la chemise du Christ, et il vous a ensuite de nouveau trouvés pauvres, malades et souffrants. Vous devez renoncer à voler et à être cupides ; c’est la source des malheurs. Lorsque le Christ vient partager son argent avec vous, ne lui dérobez pas sa chemise. Voler un pauvre homme, c’est lui prendre sa chemise ; vendre la maison de la pauvre veuve, c’est lui prendre sa chemise. J’en vois beaucoup qui vendent la chemise du Christ ; c’est l’ancienne culture. La nouvelle culture demande autre chose : non seulement nous ne devons pas prendre la chemise du Christ, mais il faut lui en donner dix qui soient neuves. Le Christ peut se manifester chez vous comme votre enfant, votre frère, votre sœur, votre ami ou votre ennemi tandis que vous attendez qu’il descende du Ciel. Lorsqu’il vous trouvera en train de mendier, il vous dira : « Eh bien mon ami, tu es encore souffrant ? » S’il vous trouve comme ministre du roi, il vous dira : « Voici vos présents. »

         Je dis : le Christ vient. Certains soutiennent que ce n’est pas encore le moment. Je ne sais pas si c’est le bon moment, mais lorsque les fleurs fleurissent et embaument, c’est le moment. Que le Christ soit venu dans ce monde n’est pas en doute, mais le verrez-vous est une autre question. En disant le monde, je comprends votre monde. Lorsque le Christ viendra avec les anges qui sont porteurs de bonnes pensées et idées, alors nous aurons une nouvelle culture, les bienfaits que nous attendons. Beaucoup attendent que le Christ vienne de dehors mais il ne viendra pas de cette façon. Vous pouvez m’appeler hérétique, c’est votre affaire. Lorsque le Christ est venu en tant que fils de charpentier, on ne l’a pas reconnu alors qu’aujourd’hui on l’encense. Deux mille ans plus tard on le trouve grand et dans quatre mille ans il sera encore plus grand. Et lorsque vous rencontrerez ce Christ vous devez être sur le mûrier. Que Zachée vive en vous, que chacun soit Zachée : petit en taille mais grand par la raison et le cœur. Comme il est agréable de rencontrer un homme avec un discernement limpide et un cœur noble, quelle influence puissante il exerce ! Quelle bénédiction est la présence de l’harmonie dans ce monde et la présence du Salut dans cette maison ! Le Christ est ici.

         L’arbre dont je vous parle est si grand que vous pouvez tous monter dessus. Vous pouvez tous refleurir comme les fleurs de cet arbre et alors les abeilles divines vous visiteront et vous allez nouer, devenir des fruits et le Christ dira : « Es-tu là Zachée ? – Je suis là, Seigneur. – Viens, le salut va entrer aujourd’hui dans cette maison. » Que trouvez-vous pour le moment dans ce fruit ? Vous trouvez des graines et vous faites ce que vous voulez avec elles : vous les donnez le plus souvent aux poules, vous les jetez, vous ne les appréciez pas. Mais lorsque viendra le Christ, il mettra cette richesse dans une boîte et vous comprendrez son sens intérieur profond.

         A présent, je tente de vous parler à demi-mot, car si je rends ma pensée plus claire, vous serez aveuglés, comme Paul a été aveuglé et n’a pas pu voir le Christ et il a fallu longtemps avant que le voile ne tombe de ses yeux. Vous dites : « M. Deunov parle, mais ce n’est pas exactement comme ça. » Vous avez raison, vous avez un voile sur les yeux. Certains disent : « Lorsque nous sortirons d’ici, nous serons les mêmes qu’avant. » Expérimentez, je veux que vous n’acceptiez rien sans le vérifier, sans appliquer mes paroles dans les actes. Ce que je prône est un enseignement des commandements divins, un enseignement des anges, des saints, des êtres nobles, expérimentez-le ! Vous ne pouvez pas donner votre richesse à quelqu’un tant qu’en vous ne naît pas cet amour, cette pensée. La jeune fille ne donne pas son cœur tant que l’amour ne naît pas en elle. Les anciens disent : « Mariez-vous, l’amour viendra ensuite » ; c’est un enseignement mensonger. Tant que vous n’aimez pas, ne vous mariez pas ; tant que vous n’aimez pas une pensée, un désir, un acte, ne le faites pas. Que chaque élan dans votre vie soit un élan d’amour et alors vous serez dans le chemin divin, et ce que vous ferez sera béni.

         N’acceptez pas mon enseignement inconditionnellement, vérifiez-le d’abord et acceptez-le ensuite. Acceptez ce qui est divin et ce qui n’est pas divin, ne l’acceptez pas. Mes paroles sont emballées ; jetez l’emballage et pénétrez leur contenu. Aujourd’hui, vous n’êtes pas seuls à écouter, vos proches du Ciel, les anges, sont avec vous. Ils vous surveillent tous pour savoir comment vous allez vous acquitter de cette tâche ; ils se disent : « Attends que je voie si cet ami grimpera dans le mûrier. » Car si vous ne grimpez pas dans le mûrier, vous ne pourrez pas trouver le Christ. Il passera et s’en ira chez d’autres personnes qui l’accueilleront, et il leur donnera le nom de Fils de Dieu. Ce mûrier est dans votre âme. Tous vos ancêtres vous surveilleront pour voir si vous vous distinguez. Vous direz que cela ne concerne que les hommes. Dans cet enseignement il n’y a pas d’hommes et de femmes, il y a seulement des âmes. On dit de quelqu’un : « Il est prédicateur, prêtre, officier, etc… » ; il ne faut pas se laisser leurrer par le titre ; aujourd’hui tu peux être mère et demain autre chose. Chacun doit être Zachée pour dire : « Seigneur, je donne la moitié de ma fortune aux pauvres. » C’est seulement si vous agissez comme ça que la paix s’instaurera.

         Je connais les gens : pour le nouvel enseignement ils ont de nouveaux noms, mais chaque nom doit avoir un contenu. Nous devons être riches en pensées et en sentiments. Lorsque vous sortirez d’ici, vous devrez tous réfléchir et commencer à considérer ce monde comme une école. Et vous devez considérer que c’est une école uniquement pour vous, pas pour les autres, car si vous devenez Zachée, un meilleur ouvrier se manifestera dans le monde, et la situation s’améliorera. Chez les juifs, il s’est trouvé un seul Zachée. Lorsque le Seigneur a visité Abraham, avant d’anéantir Sodome et Gomorrhe, celui-ci lui a demandé : « Si tu en trouves dix comme Zachée, est-ce que tu brûleras ces villes ? » Le Seigneur cependant n’en a pas trouvé autant, et c’est pourquoi ces villes ont souffert. Zachée était seul.

         Il aurait mieux valu avoir plus d’un Zachée en Bulgarie. Si vous allez en France, en Allemagne et ailleurs, combien de Zachée trouverez-vous ? Aujourd’hui le Christ ne cherche que des Zachée dans le monde. Aujourd’hui se joue un drame terrible, un drame de larmes et de souffrances. Car si chez les juifs il y avait eu dix Zachée, ces souffrances ne se seraient pas abattues sur eux. Les juifs, ce sont tous les peuples d’aujourd’hui. Les gens qui ne savent que se battre et s’entretuer, ce sont vos frères qui se disent civilisés, ce sont tous des peuples chrétiens. Le Christ n’approuve pas leur attitude et trouve qu’ils sont tous fautifs. Il viendra faire régner l’ordre et la loi divine sur terre. Et alors vous verrez s’il peut ou non apporter cette paix. Le Christ se garde deux choses avec lesquelles faire régner la paix dans le monde si les hommes ne résolvent pas tout seuls cette question. Si la paix n’est pas rétablie, viendra une famine telle que l’Europe n’en a jamais connue et il y aura un tremblement de terre qui secouera le monde entier. Alors le Christ viendra, effacera les larmes des filles, des mères, des pères, des sœurs et dira : « Qu’avez-vous fait, vieux juifs ? » Alors les canons se tairont, ce tonnerre s’arrêtera et les gens vivront comme le Christ l’entend. Mais je dis : chacun de nous doit être un Zachée.

         Et lorsque je dis ces mots, c’est la décision du Ciel. La terre et le Ciel passeront, mais ce que le Seigneur a dit ne passera pas. Le bien triomphera dans le monde, Zachée de la race blanche montera sur le mûrier et le Christ dira : « Le salut viendra dans cette maison. » J’aimerais que tous les prêtres parlent ce langage et alors les peuples verront si le Seigneur travaille ou non. Le Seigneur s’est réveillé, il laisse encore une année à l’Entente et à l’Axe pour résoudre cette question. Elle sera résolue définitivement avant 1921. C’est le nouvel Esprit. Tous les anges viennent agir et le monde ressentira ce que personne n’a jamais senti. La question est, dans quel état nous trouveront-ils ? Un jour nous quitterons cette terre et avec quoi accueillerons-nous le Christ ?

         Je vous laisse avec l’idée d’être de vrais frères et sœurs, de vous aimer et de savoir que vous avez un Père, un Frère qui vous aime. Vous avez un Zachée et vous devez le suivre. Hommes, femmes, enfants, frères, sœurs, vous devez tous le suivre. C’est le Nouvel Enseignement, enseignement de renaissance qui apporte joie et gaîté à l’âme qui souffre.

         Oui, j’aimerais que la Bulgarie ait plus d’un Zachée sur cet arbre. Ce que je vous dis, répétez-le, racontez-le à vous-mêmes ! Le Christ vient pour vous ; il est venu, il vient et il viendra, vous entendrez sa voix. Aux uns il dira comme à Zachée : « Viens avec moi », et il laissera les autres. Ceux auprès de qui le Christ viendra sont là-haut et ceux qu’il va laisser sont en bas. Il passera et laissera ceux qui sont en bas comme les eaux de source traversent un lieu et s’en vont.

         Que le salut entre aujourd’hui dans votre maison !

 

Sofia, 26 novembre 1916


[1] « Alors Jésus dit à son propos : " Aujourd'hui le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d'Abraham. » (Luc 19, 9)

[2] Luc 23, 39-43 « Or, l'un des malfaiteurs, mis en croix l'injuriait, disant : " N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous ! " Mais l'autre le reprenait… Et il dit : " Jésus, souvenez-vous de moi, quand vous reviendrez avec votre royauté." Et il lui dit : " Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. »

[3] François Schlatter – né en 1856 à Ebersheim en Alsace, parti en Amérique en 1884, il a entamé un parcours de 730 jours dans huit états d’Amérique marqué par des milliers de guérisons miraculeuses.

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