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1914_04_27 Les talents


Ani
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Les talents

 

Et il donna à l'un cinq talents, et à l'autre deux,

et à un autre un ; à chacun selon sa portée.

(Matthieu 25 :15)

 

            Je vous parlerai du verset 15 du chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu. Sans doute, avez-vous souvent lu ce chapitre et réfléchi aux talents ; peut-être avez-vous tiré quelques conclusions, certaines plus près de la vérité, d’autres, moins. Je prendrai ce verset au sens propre.

 

            Lorsque Jésus a énoncé quelque chose ou a raconté une parabole, il visait la pensée divine originelle, la loi divine, c’est-à-dire qu’il n’a pas parlé parce qu’il y avait une occasion de s’exprimer, mais parce qu’il énonçait certaines vérités. Nous pouvons maintenant nous demander pourquoi le personnage de la fable a donné cinq talents à l’un, deux à un autre et un seul au dernier. Est-ce un hasard ou est-ce volontaire ? Dans la nature Dieu n’a rien créé au hasard ; le hasard n’existe pas. Nous attribuons nombre de phénomènes « au hasard » lorsque nous ne savons pas les expliquer. Nous croisons une personne et nous attribuons cela au hasard. Or, une des lois de la vie stipule que notre rencontre est subordonnée à certaines causes en amont qui nous ont amené à la rencontrer ; si nous ne connaissons pas la loi, nous disons que la rencontre est due au hasard, sans raison, mais ce n’est pas le cas. Que devons-nous entendre par les mots cinq talents, deux talents, un talent ?  

 

           Il y a trois sortes d’hommes : les uns correspondent aux cinq talents, d’autres aux deux talents, d’autres encore à un talent. Maintenant, qui sont ceux qui correspondent à un seul talent ? Ce sont ceux qui ne vivent que pour eux-mêmes : « Mangeons trois fois par jour, arrosons les repas, reposons-nous pour nous engraisser et nous habiller confortablement ; c’est pour cela, clament-ils, que nous sommes venus dans ce monde. » Ce sont des gens égocentriques, inféconds, stériles : des gens qui ont un seul talent. Qui sont ceux qui ont deux talents ? L’homme qui se marie a un talent, son épouse en a un second ; ils se réunissent et gagnent encore deux talents car deux enfants leur naissent ; ils sont quatre et se disent : « Seigneur, nous avons mis à profit les deux talents, nous avons élevé nos enfants et nous en avons gagné encore deux. » C’est ainsi au sens propre. Au sens figuré, il s’agit des gens qui se consacrent à leur foyer, à la société, à la patrie. Ceux qui ont cinq talents possèdent encore quelque chose de plus : les cinq talents sont nos cinq sens ; ce sont donc des personnes dont tous les sens, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher sont à leur place. Ils ont un raisonnement et un jugement juste sur tout ce que Dieu a créé, ils comprennent la nature, les choses, les causes et les effets ; ce sont des maîtres qui vivent pour toute l’humanité.

 

            Faisons maintenant un calcul rapide des talents distribués : nous avons 1+2+5=8 talents. Ce chiffre 8 est-il le fruit du hasard ? Non, c’est le chiffre du labeur. Les Écritures disent que le Seigneur a fait le monde en six jours et s’est reposé le septième jour. À chaque jour de repos succède un nouveau jour de labeur. Nous sommes dans le huitième jour. Le Seigneur a dit aux hommes : « Voilà, J’ai créé le monde, à présent débute votre jour, mettez-vous au travail et Je viendrai un jour inspecter ce qui a été fait. » Au huitième jour nous ne savons pas comment travailler, nous faisons des erreurs, mais le Seigneur dit : « Travaillez, marchez, avancez ; des erreurs, vous en ferez bien entendu. » Quel maître d’école ne s’attend pas à ce que les élèves déchirent les manuels ou abîment la classe ; quelle femme qui fait le ménage n’abîme pas parfois la maison ; quel artisan peintre ne tâche pas autour de lui pendant qu’il travaille ; qui ne salit pas ses vêtements et ne les abîme pas au travail ? Tout au long de notre développement nous ne devons pas exiger l’impossible, nous devons continuellement nous attendre au changement et à l’usure. Vous craignez la mort, mais qu’est-ce que la mort ? La mort est une usure, le vieillissement de notre habit. C’est la loi, le corps change peu à peu. Les Écritures disent : « Le Seigneur a fait l’homme à son image et à sa ressemblance. » Oui, tel est le plan divin, mais puisque c’est à nous de le réaliser en travaillant, il n’y a pas de mal à éclabousser un peu tout autour, en accomplissant ce plan divin. Lorsqu’une maison se construit, des matériaux divers, briques, pierres, sable jonchent le chantier, pourtant une fois la maison bâtie, on nettoie le chantier et les propriétaires s’installent pour y vivre. Par conséquent nous sommes dans la période du huitième jour et nous bâtissons. Et trois catégories d’hommes œuvrent sur ce chantier : ceux qui ont un talent, ceux qui en ont deux et ceux qui en ont cinq.

 

            Additionnons maintenant ces talents : celui qui en a gagné cinq de plus avec les cinq de départ en a obtenu dix ; celui qui en a gagné deux, avec les deux de départ, cela fait quatre, donc quatorze au total et un dernier, enfoui dans le sol, quinze. Bien ! Et si nous soustrayons de ce chiffre les huit de départ, combien ont été gagnés ? Sept. Que signifie le chiffre sept ? Nous l’avons dit : le repos. Maintenant nous comprenons la loi, l’idée que le Christ a mise ici, perceptible uniquement par celui qui connaît les Écritures : elle dit que celui qui aspire au repos, doit avoir travaillé, et que celui qui n’a pas travaillé, ne doit pas se reposer puisque le Seigneur a travaillé six jours avant de se reposer le septième jour. Nous disons souvent : « Si je pouvais me reposer ! » Quel repos cherches-tu alors que tu n’as pas encore travaillé ? Tu as à peine mis la houe à l’épaule et tu demandes du repos ; lorsque tu auras labouré tout le champ tu pourras demander le repos. Nous devons assimiler la loi divine fondamentale : le repos est le résultat du travail. Seuls les travailleurs seront gais et joyeux ; et ailleurs, le Christ le dit aussi : « Ceux qui ont travaillé, demeureront dans la joie du Seigneur ; tous Mes biens, ils les auront aussi. »[1] Et qu’a-t-Il dit à celui qui n’a pas travaillé, mais a caché le talent dans la terre ? « Otez-lui son talent et donnez-le à celui qui en a cinq ; puis jetez-le dans les ténèbres du dehors pour qu’il apprenne à travailler. » Quels sont ces ténèbres du dehors ? Les vers qui travaillent dans le sol ! Si vous n’apprenez pas à travailler, le Seigneur vous transformera en vers et vous mettra en terre dans l’obscurité tant que vous n’apprendrez pas à travailler. Tous ceux qui veulent discuter la loi divine vont vérifier si ces paroles sont justes ou non. Je vous parle ce matin de cette loi fondamentale : il faut travailler ! Seul le travail pour Dieu est un travail ; lorsque nous travaillons pour nous-mêmes, c’est du labeur.

 

            Le travail sous-entend la Connaissance. Celui qui a pris cinq talents, a cinq sens ; le Seigneur lui a donné toutes les aptitudes et le savoir nécessaire ; celui qui a deux talents, possède aussi des capacités selon ses connaissances. Je ferai la comparaison suivante : celui qui a un talent est un homme, tel un minéral, incapable de se multiplier, il reste toujours un. Il peut réfracter merveilleusement la lumière solaire, mais ne peut pas devenir un être doué de raison. Lorsque votre cœur durcit comme un minéral, vous êtes un homme avec un seul talent. C’est là qu’est le danger, comme le disent les Écritures : « J’enlèverai votre cœur de pierre »[2] Cet unique talent doit s’éveiller et se mettre à enfanter et se développer. On devine facilement le sens des autres talents : le grain de blé, c’est le règne végétal qui est au-dessus de celui des minéraux car il se multiplie et se développe. Que nous apporteraient les jolis minéraux dans la vie ; nous serions tous morts s’il fallait s’en remettre uniquement à eux pour notre survie. Grâce au grain de blé qui porte deux talents, grâce à l’amour du travail et grâce aux cinq autres talents (nos aptitudes pour une meilleure vie spirituelle qui nous aident à faire fructifier les biens que Dieu nous donne), nous pouvons échapper à beaucoup de tourments dans ce monde.

 

            Nous devons nous interroger sur ce que signifie « à chacun selon ses capacités » ; cela signifie que chacun de nous doit connaître ses possibilités. Souvent les gens disent : « J’aimerais avoir un meilleur potentiel. » Bien, mais étant donné que tu n’as pas su développer le potentiel qui est déjà en toi, qui t’en donnera encore plus ? Chacun de nous a le potentiel suffisant qui, s’il était bien exploité, permettrait d’obtenir cinq talents. Mais peu nombreux sont ceux qui les ont. Je crois que la majorité d’entre vous qui m’écoutez ce matin, possédez deux talents ; je peux même affirmer que vous tous ci-présents avez deux talents. Mais si vous transformez ces deux talents en quatre, cela changera tout. Que signifie le chiffre 4 ? Que vous devez découvrir le processus de purification de votre vie. Vous avez besoin d’eau, mais elle est trouble ; il faut la filtrer car si vous la buviez avec les impuretés, elle serait toxique. Donc, le chiffre 4 est le processus divin qui filtre nos désirs et nos pensées dans ce monde. Celui qui a deux talents doit travailler jusqu’à élaborer ce filtre. Et combien coûte-t-il ? Demandez-le à un laitier. Allez dans une laiterie et demandez à ceux qui font le fromage ce qui reste dans le filtre. Seul le petit lait peut franchir le filtre. Ce filtre est votre esprit critique face aux choses de la vie. Lorsque vous dites de quelqu’un qu’il est critique, cela sous-entend qu’il a un filtre qui retient ce qui est précieux et laisse passer ce qui est inutile. Cela dépend de ce que vous filtrez : si c’est du fromage, alors il reste dans le filtre, mais si vous filtrez l’eau, l’eau pure et limpide sortira du filtre alors que les impuretés seront captées. Le filtre doit avoir deux caractéristiques, c’est-à-dire deux talents : si vous utilisez le premier talent, le précieux doit rester dans le filtre ; si vous utilisez le second talent, le précieux doit sortir du filtre. Je ferai une autre comparaison : le filtre avec le fromage, c’est votre grenier à blé ; l’eau en dehors du filtre, c’est votre blé, semé dehors, dans les champs, dans la vie. Le premier talent doit profiter des bienfaits que Dieu vous a donnés et le second talent doit être semé pour travailler avec Lui. Dans le monde vous avez diverses prédestinations : parfois vous réussissez dans vos entreprises, parfois non ; ceci ne doit nullement vous décourager, car la personne qui a peu de talents et qui souhaite les multiplier, doit travailler davantage ; c’est la loi. Celui qui a un talent et n’a jamais travaillé avec lui court un grand danger. La première chose que l’on exige de nous est de savoir travailler.

 

            Je vous ai dit que vous aviez deux talents ; vous demanderez lesquels. Votre intelligence et votre cœur, ce sont deux talents. Mais vous répliquerez : « Á quoi puis-je atteler mon intelligence ? » La voiture de quelqu’un est tombée en panne ; vous passez par là, vous avez des connaissances, alors réparez sa voiture ; il vous sera reconnaissant et plus tard à son tour, il vous aidera ; dans ce cas vous êtes aussi gagnant. Le second talent, c’est votre cœur. Quelqu’un est malade ; votre cœur doit vous pousser à aller le voir et le secourir. Notre vie repose sur ces deux talents : le cœur représente les racines de notre vie ; l’intelligence, c’est le feuillage et les branches. Vous savez que dans la nature il y a une corrélation entre les racines et les branches : chaque branche a son pendant de racines sous terre, et si une racine se dessèche, alors la branche qui lui est reliée en haut meurt également. La loi à laquelle on doit se conformer est celle-ci : savoir que si un désir se fane en vous, alors une pensée va se faner également ; si deux désirs flétrissent, alors deux pensées flétriront également ; si trois désirs flétrissent, alors trois pensées flétriront également et, lorsqu’un jour tous vos sentiments seront parfaitement atrophiées, alors toutes les petites branches se dessécheront et vous deviendrez des hommes avec un seul talent.

 

            Prenons quelqu’un avec ses cinq sens : vue, ouïe, odorat, goût et toucher. Quel est le rôle de ces sens dans notre vie ? Ce sont les cinq portes par lesquelles l’homme accède à ce monde et qui lui servent à connaître la nature ; ce sont cinq régions dont nous pouvons puiser les richesses. L’homme privé d’ouïe, au sens symbolique du terme est un imbécile ; être psychologiquement privé de la vue signifie être privé de la possibilité de voir la vérité ; être privé d’odorat indique qu’on est privé d’intelligence ; être privé de goût, c’est être privé d’amour, etc. On peut énumérer une quantité de choses dans ce registre. Chacun de nos sens correspond à une grande vertu divine et chacun de nous doit observer si ses sentiments sont en harmonie avec son cœur, avec la vérité. Si nous regardions de plus près ce monde, nous verrions qu’il est un habit de la vérité ; le monde visible est une expression de la vérité : chaque feuille, caillou, source, rocher recèle de grandes leçons, cache un grand savoir. Quelles vérités la nature peut nous révéler ! Nous prenons un caillou pour le frotter et le jeter plus loin en disant qu’il ne vaut rien : nous n’avons pas compris son sens. Ou bien nous prenons une fleur pour arracher ses feuilles et la jeter : nous n’avons pas compris le sens de cette fleur. Venons-en maintenant à notre ouïe : nous entendons le mot amour ; ce mot est une fleur ; avons-nous compris le sens de ce mot et ce qu’il désigne ? Non. « Qu’est-ce que ça peut être, nous interrogeons-nous : rien ! », et nous le jetons. Dès que nous entendons le mot vérité, nous disons : « C’est un mot creux. » Qu’est-ce qui n’est pas creux alors ? « Manger à sa faim et puis vider un verre de vin » disent certains. S’il s’agit de contenter son goût, oui c’est vrai, mais tout ne se résume pas à la nourriture. L’homme doit se nourrir, c’est entendu, mais la loi des cinq talents lui indique qu’il doit se nourrir avec cinq types de nourriture : chaque sens se nourrit de sa propre nourriture ; s’il n’est pas nourri ainsi, il s’atrophie.

 

            Vous voyez que le christianisme est une science et non pas un amusement. Et savez-vous de quelle sorte de science il s’agit ? C’est une grande École avec ses cours, ses classes, ses facultés, ses doctorats et chacun, quand il vient étudier doit comprendre ce qu’il entend. Je ne veux pas de gens avec un seul talent enfoui dans le sol. Dans l’école où j’enseigne, je veux des gens avec deux talents. Pourquoi ? Parce que je ne veux pas perdre mon temps à travailler sans résultat. Aimeriez-vous élever des puces ou des poux ? Ce sont les créatures qui ont un seul talent. Tous les parasites sont des gens avec un talent : oisifs et fainéants, ils vivent sur le dos des autres et sont menacés d’une grande punition. Éprouvez les esprits. Lorsqu’un esprit vient, prenez le d’abord et étudiez-le : s’il a deux talents, accueillez-le et donnez-lui à manger ; s’il a un seul talent caché dans la terre, ne l’accueillez pas ! S’il n’a qu’un talent : dehors ! C’est un pou, une puce, un loup que vous ne pouvez pas anoblir. Certains rétorquent : « Cet homme peut s’anoblir. » Je dis qu’il peut seulement multiplier les poux. Comment a agi le maître de celui qui avait un seul talent ? Il l’a chassé pour lui apprendre à travailler. Nous ne devons pas réconforter l’homme avec un seul talent caché dans la terre, mais lui dire : « Toi, mon ami, un très grand danger t’attend dans la vie. » Il ne faut pas lui mentir, mais lui dire la vérité. Nous disons souvent : « Ce n’est rien ! » Tu as un enfant : si tu vois qu’il a un seul talent, chasse-le ! Qu’il aille errer de par le monde. Vous direz : « N’est-ce pas cruel ? » Prenez-lui son talent car il n’a pas su le mettre à profit. Vous avez un fils avec un talent et vous l’envoyez étudier à l’étranger dans une faculté de philosophie ou de médecine ou dans l’art ; il vous écrit : « Papa, envoie-moi quatre ou cinq mille leva, car j’en ai besoin pour ceci et cela », alors qu’en réalité il dépense son argent dans les cabarets. Deux, trois, sept, dix ans après, son fils n’a toujours pas obtenu de diplôme ! Son père se dit : « Oh, c’est une science très complexe », et débourse vingt, trente mille leva et nourrit de grands espoirs. Sept ou dix ans plus tard le fils revient, non seulement sans être instruit, non seulement en ayant dépensé ces sommes colossales, mais en plus, en étant dix pieds plus bas, complètement ramolli, perverti dans ses pensées et ses désirs. Alors le père dit : « Seigneur, pourquoi me l’as- tu donné ? » Est-ce le Seigneur qui te l’a donné ou bien est-ce toi qui l’as pris tout seul ? Lorsqu’un voleur a volé de l’argent, est-ce que celui qui les avait est le coupable ? Non, le coupable est le voleur qui les a dérobés. Souvent, celui qui vole le Seigneur, dérobe ce qui n’a aucune valeur.

 

            Bien sûr, je ne veux pas vous effrayer avec cette causerie, ce n’est pas mon objectif. Lorsqu’un élève est en cours, et pénètre dans un laboratoire pour faire des travaux pratiques, le professeur doit lui expliquer les propriétés des choses et le prévenir que la moindre inattention peut lui coûter très cher. Car nombreux sont ceux qui par négligence ont perdu la vue ou d’autres organes sensoriels.

 

            Appliquons les règles chrétiennes dans la vie sociale. On me demande souvent pourquoi la Bulgarie souffre. Mais vous avez mis à la tête du pays un premier ministre avec un seul talent et vous vous attendez à ce qu’il redresse le pays ! Comment le pourrait-il ? Cet homme, comme dit le Christ, doit être destitué et chassé dehors. Le poste de premier ministre exige quelqu’un avec cinq talents, même pas avec deux ; les gens avec deux talents doivent être militaires, policiers. Les officiers et les généraux doivent arborer quatre talents, les généraux et les ministres, cinq et les rois qui occupent les plus hauts rangs du pays doivent avoir dix talents. La Bulgarie souffre car le pouvoir n’est pas donné à des gens qui ont cinq talents ; on couronne des personnes qui ont un seul talent et ensuite on les convoque et on les juge ; vous êtes témoins que même en ce moment on les juge. Ceux qui ont volé sont bêtes, mais ceux qui les ont portés au pouvoir sont encore plus bêtes. Quelqu’un embauche un domestique inapte au travail et attend un bon résultat ; il s’étonne ensuite que le travail ne soit pas fait. Il faut plutôt s’interroger sur le maître. Maintenant en Bulgarie nous avons besoin de personnes ayant deux, quatre, cinq, dix talents. Si nous les avions, nous serions le peuple élu parmi tous et nous n’aurions aucune difficulté, ni entrave devant nous, même si tous les états se dressaient contre le peuple bulgare, rien n’y ferait. Aucun malheur ne pourrait alors nous atteindre, je vous l’assure. Alors priez que ces gens viennent. Ils viendront. Mettons ces talents : deux, quatre, cinq, dix au travail.

 

            Et pour terminer, je demande à quoi sert cette intelligence que le Seigneur nous a donnée ? C’est d’abord un filtre. Avez-vous filtré le lait avec elle, savez-vous le faire fermenter ? Appliquons cette loi du filtrage dans la vie. Souvent on se plaint : « Je n’ai pas d’amis dans le monde. » Pourquoi n’avez-vous pas d’amis ? Lorsque vous me dites : « Je n’ai aucun ami », je me mets à croire que vous avez un seul talent. Si vous dites : « Personne ne m’aime », je conclus que vous êtes quelqu’un qui a un seul talent, qui a caché dans la terre tout ce qui est divin, un homme égoïste qui ne vit que pour lui et mérite de rester sans amis, d’être dehors dans les ténèbres. Voilà ce que prône le Christ au sujet des talents.

 

            Vous demanderez : « Bien, quel est ce ferment avec lequel nous devons travailler ? » Vous l’avez, mais il faut savoir l’utiliser pour faire cailler le lait et en faire du fromage. Si le lait est trop froid, peut-il cailler ? Non. S’il est trop chaud, peut-il cailler ? Non. Il faut respecter une loi essentielle lors de la coagulation : il faut avoir de bons sentiments, de bons désirs, et utiliser le bon ferment pour ne pas s’aigrir, il faut utiliser le ferment de la vérité. Si vous travaillez avec la vérité, vous avez deux talents, et vous en obtiendrez quatre. Et si vous avez quatre talents, vous êtes sauvés car vous êtes passés par la loi de Jésus, par le processus de la perfection de soi, par la purification des mauvais désirs. Ce sont les deux talents que vous devez appliquer dans votre vie.

 

            Il se peut que vous ayez entendu d’autres prêches sur les talents où ils symbolisent l’argent, les aptitudes, la puissance : quelque chose d’objectif et non pas de subjectif. Le talent est toujours une force, implantée du dehors, qui peut nous être donnée et ôtée de nouveau. Les talents ne peuvent pas être la possession de l’homme, ils ont appartenu et appartiennent uniquement à Dieu, et Il donne et reprend selon nos agissements. Vous naissez sur terre, on vous donne deux talents et on vous dit : « Travaille ! Si tu en gagnes encore deux, je t’en donnerai cinq et tu entreras dans ma joie. » Et d’ailleurs, même s’Il vous a octroyé un seul talent, vous avez aussi votre place : si un tel homme se dit qu’il veut gagner encore un talent, il sera délivré. Et lorsque nous voyons qu’un tel homme fait des efforts et souffre, cela montre qu’il cherche à gagner encore un talent car, lorsqu’un homme souffre, souffre en lui cette créature originelle et pécheresse qui possède un seul talent. Un tel homme doit passer de son individualisme, de son égoïsme, à l’amour divin et à l’abnégation ; celui qui a un seul talent, doit se sacrifier pour en gagner deux. Travailler sur son cœur et son intelligence, cela signifie avoir deux talents ; cinq talents, c’est développer tous vos sens à la perfection. Savez-vous ce que représentent tous ces sens ? Beaucoup regardent, mais ne voient pas ; ils écoutent, mais n’entendent pas ; ils goûtent, mais n’en comprennent pas le bienfait. Par exemple, lorsqu’un homme goûte du pain, dit-il parfois : « Seigneur, je Te remercie pour le pain que Tu m’as donné, je Te remercie pour la vie que tu insuffles en moi par ce pain ! » Si vous ne remerciez pas, cela montre non seulement que vous n’avez pas compris ce qu’est le goût, mais aussi à quoi sert la bouche. Elle sert à accueillir d’abord la vie de l’Amour qui est la base de tout.[3]

 

            Retenez ces pensées en vous : si le Seigneur vous a donné un talent, priez-Le d’être avec vous et de vous en donner deux : c’est la délivrance. Le Christ est venu sauver le monde, sauver ceux qui n’ont qu’un seul talent. Mais savez-vous combien de tourments lui ont coûté ces oisifs ? Énormément !  Si quelqu’un a un seul talent, laissez-le pour le Seigneur. Je vous le dis : chassez-le ! Pourquoi ? Seul le Seigneur peut le soigner, le délivrer, vous ne le pouvez pas. Lorsque je vous dis : « Chassez-le ! », je veux que vous lui rendiez ce service pour qu’il retrouve le Seigneur. Car s’il s’agrippe à vous, il ne travaillera jamais ; livré à lui-même, il se tournera vers le Seigneur et il sera secouru. Ne lui donnez pas à manger, qu’il reste affamé deux, trois, cinq jours, quel mal y a-t-il à cela ! Prenez un enfant : combien de fois pleure-t-il en une seule journée ? S’il ne pleurait pas, sa mère ne le nourrirait pas !

 

           Les gens avec un seul talent n’ont aucune vie en eux ; un homme avec un seul talent peut travailler autant qu’un cadavre ; un homme avec un seul talent peut aider autant qu’un avare peut donner. Je vous dis à tous ici qui avez deux talents : si vous finissiez par lui ressembler et n’obteniez qu’un seul talent, vous seriez coupables d’un grand crime. Vous êtes des gens qui pouvez avoir quatre talents. Et lorsque le Seigneur vous trouvera, attelés au travail, vous Lui direz : « Avec les deux talents que Tu m’as donnés, Seigneur, j’en ai gagné encore deux de plus. » Alors Il dira : « Mon fidèle serviteur, entre dans ma joie ! »

 

Sofia, 10 mai 1914

 

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[1] " C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître. " (Mt 25, 21)

[2] Je leur donnerai un cœur loyal ; je mettrai en vous un esprit neuf ; je leur enlèverai du corps leur cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair (Ez 11, 19)

[3] Le Maître Peter Deunov a donné une prière à prononcer avant et après chaque repas : « L’amour de Dieu apporte la plénitude de la vie »

 

Traduit par Bojidar Borissov

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