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Septième conversation


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SEPTIÈME CONVERSATION

 

Ce jour-là, le temps était pluvieux. Le groupe des disciples s’était réuni sous le bel auvent et, entourant le Maitre, tous écoutaient ses sages paroles. Le bruissement léger de la pluie printanière ne pouvait que devenir plus lointain.

LE DISCIPLE. — Une fois, vous nous avez dit que les gens avaient deux manières de parler : sur un ton doux ou sur un ton fort. Lequel est préférable ?

LE MAITRE. — II est naturel que chacun dise qu’il préfère un langage doux, mais même dans ce cas il y a quelque chose de relatif. Quand nous parlons à quelqu’un qui est tout près, nous lui parlons bas ; cette façon de parler est en elle-même douce. Mais s’il nous faut dire quelque chose de loin, parler bas n’est pas pratique. Si vous parlez de près, utilisez le parler doux, mais si vous dites quelque chose de loin, utilisez le parler fort.

Parfois il peut arriver une erreur dans l’estimation des relations entre les gens, si on juge par la manière de parler. Vous pouvez estimer que le langage de quelqu’un est doux et tendre, sans qu’il en soit ainsi, parce que celui qui vous parle est, spirituellement, loin de vous. Une autre fois, un langage aigu peut vous paraitre inamical, tandis qu’il parait seulement tel, car celui qui vous parle est spirituellement « près de vous ».

И Il y a des gens qui nous aiment. Ils sont honnêtes, francs, sincères, pensent à notre bien et nous préviennent qu’il y a un danger quelconque. Leur sorte de langage peut nous sembler inamical, ce qui est erroné.

Dans le langage de la nature aussi il y a des nuances dans la force et la faiblesse. C’est pourquoi certains poètes estiment que la nature est douce, tendre, caressante, tandis que d’autres, dans d’autres circonstances, la trouvent terrifiante.

La nature dans tous les cas est infaillible et immuable.

LE DISCIPLE. — Sommes-nous responsables de tous nos actes ? N’y a-t-il pas des actes, dans la vie, dont nous ne soyons pas responsables ?

LE MAITRE. — Il y a beaucoup de choses qui, à première vue, vous paraissent fortuites, mais dans la raison de la Nature cachée et encore inconnue des hommes, elles sont strictement déterminées. Quand la charrue d’un laboureur, passant à travers une fourmilière, abime tout le système de la fourmilière, la cause de ce fleau est absolument inconnue des fourmis. Seul celui qui laboure sait pourquoi et comment cela est arrivé. Si tous les philosophes de cette fourmilière se réunissaient et commençaient à discuter de cet évènement, ils n’arriveraient à aucune conclusion. Seul l’homme raisonnable, qui a entrepris de labourer, sait comment expliquer ce phénomène inattendu.

Il y a beaucoup de cas également dans la vie des hommes qu’ils ne peuvent pas s’expliquer, et qui ont leurs causes raisonnables connues seulement d’êtres supérieurs. Un jour, dans le lointain avenir, elles deviendront claires pour chaque homme.

Ne vous pressez pas dans vos conclusions, même quand vous procédez à une estimation de ce qui est bien et de ce qui est mal. Dans la vie humaine, il y a inéluctablement des chutes et des relèvements. C’est la loi de la croissance et des enfants. Chaque chute a son bon côté. Un jour, un artisan, en se rendant à son travail, avait glissé et s’était foulé la cheville. Un de ses amis qui passait tout près le releva et le fit monter sur son cheval pour l’emmener chez un rebouteux qui savait guérir les luxations et les fractures. En cours de route, le cheval prit peur à cause de Bohémiens qui tapaient sur des boites en fer-blanc ; il s’enfuit sur le côté de la route et jeta à terre l’artisan à la cheville foulée. « II ne me suffisait pas du premier malheur, se dit-il, mais il fallait qu’il m’arrive cela aussi. » Cependant, quand il voulut se relever, il comprit que sa cheville foulée s’était remise.

Le fait que le cheval ait jeté l’homme à terre, c’est un mal apparent étant donné que la cheville s’est remise. C’est pourquoi, si vous rencontrez dans la vie un obstacle qui va remettre « la cheville foulée », ne vous plaignez pas.

Le matérialisme, qui est qualifié par beaucoup de gens et de philosophes comme un mal, joue malgré tout un rôle positif dans l’évolution spirituelle. Il nettoie un grand nombre de toiles d’araignées restées depuis les temps de la scolastique et de la grossière superstition. C’est lui-même qui deviendra la cause que les hommes acquerront une nouvelle conscience à l’aide de laquelle seront interprétés correctement les faits et les phénomènes dont la science matérialiste a fait une nouvelle superstition et un nouveau fanatisme.

Voilà pourquoi le véritable homme spirituel ne doit pas et ne peut pas être le partisan aveugle et fanatique d’aucune théorie scientifique.

LE DISCIPLE. — Quels désirs du disciple méritent d’être réalisés et est-ce que cela est toujours possible et utile ?

LE MAITRE. — Les désirs ne sont pas fortuits. Ce sont des impulsions provenant d’un centre. Parfois non pas d’un seul, mais de plusieurs centres. Dans tous les cas, les désirs doivent être envoyés tout d’abord dans le supraconscient. Les entités supérieures raisonnables, qui s’occupent de la vie de l’homme dont elles examinent le désir, décident si ce désir doit être réalisé et, si cela est dans l’ordre des choses, l’envoient au subconscient, d’où l’individu tire les forces pour sa réalisation. Après cela, la voie de ce désir est dirigée vers le conscient.

Ce processus s’effectue d’une manière cyclique dans ce que nous nommons : Roue Divine de la réalisation des désirs.

Chaque homme qui est raisonnable et a de la patience peut réaliser ses désirs. Si, par exemple, quelqu’un veut devenir musicien, il projette son désir ardent dans le supraconscient, d’où il va dans le subconscient. Là sont accumulées de nombreuses expériences et des possibilités insoupçonnées. Là, dans le subconscient, peut jaillir l’idée que cet homme aille à un concert dans l’ambiance duquel il sera inspiré et recevra une grande stimulation pour travailler dans les sphères de la musique. Après cela, le conscient va le réaliser raisonnablement et avec patience, tandis que l’inconscient va en quelque sorte sanctionner que ce désir de devenir musicien est un beau et Divin désir pour son évolution, et enfin la joie va apparaitre.

LE DISCIPLE. — À plusieurs reprises, il a été question du Bien et du Mal; et pourtant beaucoup de gens errent dans le labyrinthe de leur relativité. Est-ce que ces notions peuvent être concrétisées ?

LE MAITRE. — Entre autres, le Bien a cet avantage sur le Mal qu’il peut être fait dans tous les Mondes. Le criminel ne peut pas faire du mal dans l’autre monde. Le terrain sur lequel on peut commettre du mal est seulement le monde physique. C’est pourquoi un homme bon égale mille hommes méchants. Si mille méchantes gens commettent mille méchantes choses, un homme bon, par un seul bien, anéantit mille maux.

La force du mal réside dans sa quantité, tandis que la force du bien réside dans son intensité.

LE DISCIPLE. — Quelle doit être l’attitude du disciple, quand on l’accuse injustement ?

LE MAITRE. — Le disciple, ainsi que chaque personne sage et honnête, est envoyé en prison seulement à cause de la vérité. C’est une honte pour chacun d’aller en prison à cause de l’argent. Le disciple doit dire : « C’est seulement pour la vérité que je peux rester en prison ! »

Et quand on bat quelqu’un pour la Vérité, qu’il se taise. II ne doit pas se défendre, car la vérité elle-même le défendra. Celui qui vous a frappé à cause de la vérité, après un certain temps, viendra lui-même s’excuser auprès de vous et deviendra votre ami.

Les hommes spirituels veulent passer leur vie facilement. C’est impossible.

Vous saurez que vous êtes responsables pour tout ce que vous avez appris dans l’École occulte. Le Savoir rend l’homme responsable. Avec l’accroissement de vos connaissances grandit votre responsabilité.

LE DISCIPLE. — Celui qui suit la voie spirituelle et travaille à son évolution consciente, doit-il délaisser ses autres affaires ?

LE MAITRE. — Cela signifierait de l’indolence. Je ne veux pas que vous engagiez tout votre temps pour les choses dont je vous parle. Mais cela doit s’insérer dans la composition de votre vie et dans votre activité. Personne ne peut vous défendre de vous occuper d’arts. La poésie et la musique ne sont pas des choses terrestres. Elles appartiennent à un monde supérieur.

LE DISCIPLE. — Dans vos Paroles, on rencontre souvent les pensées que l’Amour et les qualités acquises par l’homme doivent devenir des actions. Le Christ n’a-t-il pas dit que la bougie ne doit pas se poser dans un endroit caché, mais qu’elle doit briller ?

LE MAITRE. — Cela est vrai. Mais, pour que vous soyez mieux renseigné sur ce que vous demandez, il est nécessaire de faire une analyse plus minutieuse des qualités d’exécution de l’homme.

Trois de ces qualités d’exécution sont: la fermeté, le courage et l’application. Ce sont les trois composantes de la volonté. Elles peuvent aussi être figurées graphiquement par les côtés d’un triangle équilatéral, si toutes les trois ont une valeur absolue identique.

Quel aspect possède la fermeté, chez un individu donné, si la raison n’a pas été mise en action ? Un tel individu est entêté et illogiquement capricieux. II tient à son opinion sans qu’il sache clairement pourquoi il fait cela. II ne cède pas, seulement pour ne « pas céder ».

Il y a у а également une fermeté entêtée qui se distingue de celle que nous avons citée parce que, chez cet individu, ce sont les sentiments personnels qui ont été froissés. Cette fermeté est le produit de l’amour-propre et du culte de sa propre personnalité.

En troisième lieu, la fermeté peut se manifester chez un individu qui défend ses opinions. Cette fermeté est d’une qualité supérieure, quoique parfois elle donne l’impression d’être un fanatisme.

Et c’est ainsi que les trois variantes de la fermeté sont : la fermeté physique innée, la fermeté inconsciente ; en deuxième lieu, la fermeté émotionnelle, et, enfin, la fermeté idéologique.

Je vais examiner le courage dans ses manifestations et ses variantes. L’homme courageux est le modèle de la plus haute moralité. Son courage ne provient pas de la contrainte, mais d’une impulsion intérieure. Il est notoire que la qualité d’un acte courageux dépend de la hauteur de l’évolution spirituelle de celui qui le manifeste. Un homme courageux peut se jeter au milieu des dangers pour sauver quelqu’un ; mais, avec le même courage, un autre peut causer des dégâts. Dans les deux cas, la stimulation provient de l’individu même, de la décision que, lui, il a prise.

Il y a des gens courageux qui, cependant, ne sont pas assez fermes. Le courage est alors une manifestation de plus courte durée, parfois

même momentanée, tandis que la fermeté a une durée. Tout comme celui qui est ferme n’est pas toujours courageux, de même le courageux n’est pas toujours ferme. Celui qui est ferme peut attendre très longtemps, enfermé dans une forteresse. Celui qui est courageux ne possède pas toujours cette qualité.

Un exemple pris de la nature peut illustrer ces situations. L’eau qui descend d’une haute montagne sur une pente ou un caniveau a un grand effet, mais elle ne manifeste pas son courage, car elle est contrainte de faire cela par suite de la gravitation. Et cette autre eau qui monte, par suite d’une pression, elle non plus ne fait pas preuve de courage, étant donné que des forces extérieures la contraignent à faire cela.

L’homme courageux puise des forces et une stimulation en lui-même. Cependant, il n’est pas toujours actif et exécutif. Pour manifester son courage, il doit avoir une conviction et de la raison.

On doit être courageux, mais en sachant pourquoi. Soyons aussi fermes, mais en sachant pourquoi. La même chose se rapporte à l’application. Par conséquent, le courage, la fermeté et l’application doivent être au service d’une conviction, de principes idéologiques.

Les forces et les qualités décrites plus haut ont leur place et leur signification dans le monde physique. Chaque être qui descend sur Terre doit s’en armer.

Chez l’homme qui travaille avec ces forces se manifeste souvent une autre qualité qui accompagne les qualités exécutives de l’homme que nous avons décrites. Cette qualité, ou plutôt force est la destructivité. C’est la force la plus brutale qui agisse en l’homme. Cette force s’alimente à l’horrible repas de la cruauté. La destructivité tue physiquement et moralement.

Tous les états de l’homme se reflètent sur sa nature physique. Ainsi, par exemple, les ongles peuvent être un merveilleux miroir de ces états. Au cours des 180 jours pendant lesquels les ongles changent, tout est enregistré chronologiquement sur eux. Pour celui qui sait lire sur les ongles, tout ce qui concerne un individu est clair comme de l’eau.

LE DISCIPLE. — Quels défauts chez l’homme empêchent que ces connaissances, que vous nous donnez par vos paroles, soient mises en pratique ?

LE MAITRE. — La peur ! Si nous examinons la peur d’une manière aussi détaillée, nous constaterons qu’il y a trois catégories de peurs : la peur physique, la peur émotionnelle et mentale et, en troisième lieu, la peur morale.

Le peureux moral craint de commettre une faute quelconque dans ses principes. II analyse son comportement, afin de se convaincre qu’il n’a pas fait quelque chose qui l’empêche d’entrer dans le Royaume de Dieu. Le peureux émotionnel et mental s’inquiète de ce que ses idées au sujet de son évolution mentale et émotionnelle ne se réalisent pas. Tandis que celui qui est peureux physiquement est comme un lapin qui prend la fuite en voyant sa propre ombre.

Dans le règne animal, la peur a une place, mais pour l’homme qui s’est engagé dans la voie Divine, la peur se présente comme une entrave inutile. II faut faire une distinction entre la prudence et la peur. La prudence ne doit pas se transformer en peur, par contre la peur doit se transformer en prudence.

Un exemple : II se peut qu’un jour le découragement apparaisse en vous. Vous saurez que c’est une pensée venue de l’extérieur. Ce n’est pas vous qui l’avez engendrée. Le cerveau humain est un jardin dans lequel chacun peut planter de l’ivraie. Rejetez-la. Ne cédez pas aux suggestions extérieures. L’homme doit avoir de son côté tout d’abord Dieu, puis la nature, après elle tous les hommes bons et, enfin, lui-même.

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