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1915_04_04 Pâques


mayakitanova
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Pâques

 

Allez, faites de toutes les nations des disciples,

les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,

et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit.

Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.

(Mathieu 28 :19)

 

Dans toute la chrétienté aujourd’hui on célèbre la résurrection du Christ. Ne serait-ce qu’aux Etats-Unis, on dénombre quatre-vingts, quatre-vingt-dix, cent mille prédicateurs et en Bulgarie, trois mille trois cents prêtres qui prêchent tous la Résurrection ; il en est question en tout lieu. Puisque tant de monde aborde ce thème, je veux moi aussi m’exprimer là-dessus.

 

Bien entendu, beaucoup ne traitent que de la question de la vraisemblance de la Résurrection d’un point de vue historique ou philosophique, et purement physiologique : l’homme peut-il ressusciter ? Théologiens et théosophes écrivent et s’efforcent de prouver que la Résurrection est plausible, sans y parvenir vraiment.

 

Je m’arrête sur ces mots : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » L’étude du Père, du Fils et du Saint-Esprit est très profonde. Quelle est cette science ? Vous prononcez souvent ces mots : Père, Fils et Saint-Esprit, mais quel sens leur donnez-vous? Ils en auront un uniquement s’ils agissent en vous. Vous n’éprouverez jamais la force d’une allumette si vous ne savez pas l’allumer ; c’est seulement en l’allumant que vous sentirez sa force. De même, la résurrection sera une notion obscure pour vous si vous n’allumez pas ce mot, comme on allume un briquet, pour faire la lumière dans votre intelligence et dans votre cœur, ou bien si vous ne le semez pas comme une graine, pour le voir germer et contempler son fruit. Ce serait beaucoup dans une vie d’homme si on pouvait assimiler correctement un de ces mots : on deviendrait alors un génie ; si on comprenait deux de ces mots, on serait un saint ; et si on comprenait les trois on serait un avec Jésus-Christ. Ainsi, dans chaque langue, certains mots, s’ils sont compris, prennent pour nous un sens magique. Moïse, en soulevant son bâton au bord de la mer Rouge, l’a séparée en deux. Et le Christ, devant la tombe de Lazare a levé les yeux et a prononcé un seul mot : « Lazare, sors ! ». De même, au tout début, Dieu a prononcé un seul mot et le monde a été créé.

 

Nous savons parler et écrire correctement selon les règles grammaticales, en respectant les virgules et les points, les points d’interrogation et d’exclamation ; nous débattons beaucoup de questions philosophiques, mais nous ne savons pas organiser notre propre vie. Nous ressemblons au philosophe qui était sorti se promener en mer et demandait au batelier : « Es-tu instruit, est-ce que tu t’y connais en astronomie ? » Et comme la réponse a été : « Non », il lui a dit : « Tu as perdu un quart de ta vie. » Puis il l’a questionné de nouveau : « Connais-tu quelque chose en géologie ? – Non. – Tu as perdu la moitié de ta vie. Mais ne connais-tu pas les mathématiques ? – Non. – Tu as perdu trois quarts de ta vie. » Une tempête s’est levée, menaçant de retourner le bateau ; c’est alors le batelier qui a questionné le philosophe : « Sais-tu nager ? » Ce dernier a répondu : « Je ne sais pas. » Et le batelier de conclure à son tour : « Tu as perdu alors quatre quarts de ta vie ! ».

 

Nous sommes comme ce philosophe à nous demander comment le Christ est né, comment Il est venu sur terre, mais si une tempête menace notre vie avec son lot de souffrances et d’épreuves, nous ne savons pas nager et nous risquons de sombrer. Alors à quoi nous aident notre philosophie, nos mathématiques ? Les mathématiques sont en réalité une science qui enseigne comment construire intelligemment notre vie ; la biologie enseigne comment mettre nos cellules en ordre ; la géologie enseigne notre rapport à la terre, et ainsi de suite.

 

Il y a trois phases importantes dans la vie du Christ, présentes aussi dans toute vie : naissance, mort, résurrection. Notez qu’à la naissance du Christ, les anges se sont manifestés au Ciel pour annoncer la paix entre les hommes ; le Christ est donc né d’une manière glorieuse, mais ce Christ majestueux devait mourir de la mort la plus infâmante. Mais on se demande pourquoi Il devait mourir ainsi. Les gens d’aujourd’hui meurent et on me demande souvent pour quelle raison ; il y a des raisons à cela. Le Christ est mort ignominieusement pour ensuite ressusciter.

 

Je ferai maintenant une comparaison : comment la mort est-elle apparue dans le monde ? Nous savons que lorsque Adam était au Paradis, Dieu a révélé la vie et la mort sous forme de deux arbres fruitiers dont le premier a été appelé arbre de la vie et le second, arbre de la connaissance du bien et du mal. Sur un plan strictement occulte et mystique, on entend par arbre de la vie, toutes les aspirations de la nature vers le divin : l’élan dirigé de bas en haut ; c’est l’afflux qui fait croître. L’arbre de la connaissance du bien et du mal par contre est dirigé de haut en bas. Maintenant, comment a été engendrée la mort ? De la façon la plus naturelle : si nous lançons deux trains face à face, que se produira-t-il ? Un accident. Adam s’est retrouvé entre ces deux trains et comme il ne savait pas comment éviter l’accident, il est mort. Et chacun de vous subira le même sort s’il touche à l’arbre interdit ; le jour où il touchera à cet arbre, la même chose lui arrivera. Mais en se produisant, elle l’entraînera dans ce courant puissant du haut vers le bas, vers la terre, dont seule la force divine peut le délivrer. C’est pour cela précisément que le Christ est venu sur terre, pour conduire les hommes dans le courant originel de la vie, le processus inverse que nous nommons Résurrection.

 

Comprendre cet enseignement, c’est comprendre l’enseignement du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Dans Père, il faut entendre l’enseignement de la Sagesse divine ; dans Fils, l’enseignement de l’Amour divin ; dans Saint-Esprit, l’enseignement de l’élévation, de l’évolution de l’homme. Il est dit dans les Écritures : « Celui qui croit en cet enseignement, sera sauvé. » Nous devons assimiler les lois de cet enseignement. Qu’est-ce qui vous est demandé ? Vous êtes tous des pères, mais comprenez-vous la vocation du père ; chacun a été fils, mais comprenez-vous quel doit être le rapport du fils à son père ? Vous n’avez pas encore été Esprit, mais vous le serez ; vous êtes maintenant dans le processus d’être Esprit, cet Esprit qui élève les gens et doit à présent établir le Christ en nous.

 

Pour comprendre véritablement l’enseignement du Christ il nous faut renoncer à certains artifices du monde ; non pas renoncer au monde car ce serait mal juger les choses. Le monde a deux visages : un visage pur, divin et un visage apparent, extérieur ; et lorsqu’il est demandé de renoncer au monde, il faut comprendre renoncer à tous les éléments passagers, trompeurs qui n’apportent rien de significatif à notre vie. Tout ce qui sert notre élévation sur terre, doit par contre être conservé, car les Écritures disent à un autre endroit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse point. »[1] Que le monde ait deux aspects, cela est visible dans un autre verset de l’apôtre Paul qui dit : « L’image de ce monde est passagère et périssable alors qu’il y a une image qui ne périt pas. »[2] L’homme nait, grandit, et pense qu’il va dominer et conquérir le monde, mais arrivé à l’âge de quarante-cinq ou cinquante ans, il remarque un certain affaiblissement, il sent ses forces l’abandonner et, devenant plus intelligent, il fait travailler les jeunes pour lui : il devient plus doux, plus aimable car il est faible et guidé par l’idée qu’il vieillit et peut mourir demain. Il n’y a pas en lui de pensées qui le feraient ressusciter. Les gens d’aujourd’hui sont en principe dominés par l’idée que l’on ne peut pas ressusciter, vivre de nouveau, et c’est là la plus grande illusion de la vie actuelle. L’homme peut ressusciter comme il peut mourir : ce sont deux choses très relatives. Si tu entres en contradiction avec les forces qui agissent dans la nature, ton enveloppe sera détruite ; si tu ne comprends pas les lois, tu seras écrasé.

 

Nous devons enlever certains freins dont nous avons hérité. Je vous donnerai un exemple pour expliquer une grande loi qui régule la vie : un groupe de marins anglais ont quitté leur navire pour visiter une ville européenne. Après avoir fait le tour de la ville et des bars et avoir copieusement bu, ils ont repris le chemin du retour, mais une fois montés dans la chaloupe pour retourner sur le bateau, ils n’ont pas pensé à la détacher du quai. Et ils se sont mis à ramer, à ramer toute la nuit croyant s’approcher du bateau, mais au petit matin ils s’aperçoivent qu’ils sont toujours sur le quai. Pourquoi n’ont-ils pas rejoint le bateau ? Par la faute de la petite corde qui attachait la chaloupe au poteau sur le quai. Les gens ne peuvent pas ressusciter précisément pour cette raison : ils sont attachés à un poteau. J’ai souvent vu des enfants attraper un oiseau, puis le laisser s’envoler en l’attachant à une cordelette ; l’oiseau prend son envol, puis retombe au sol ; c’est ainsi que tous les hommes sont attachés. Ils doivent avoir un idéal, mais lequel ? Un idéal qui les tire vers le Ciel. « J’ai pris mon envol, mais j’ai chuté, je ne sais pas pourquoi. » Tu es enchaîné, en proie au doute ; tu as des questions importantes non résolues : détache la chaloupe, mets-toi à ramer et avance vers l’objectif.

 

Nous ne pouvons pas nous soustraire aux liens de cause à effet. Nous considérons que nos pensées et nos sentiments n’exercent aucune influence, alors que toute pensée, aussi faible soit-elle, exerce une influence. Moïse, je crois, dit dans les tables de la Loi que Dieu rétribue pour les crimes jusqu’à la quatrième génération : un crime doit se neutraliser en cent ans. Ceux qui ont étudié la loi ont remarqué quelque chose : si une femme noire a une relation intime avec un homme blanc, l’enfant de première souche peut être blanc, ceux de deuxième et troisième souche également, mais alors le descendant de quatrième souche sera nécessairement noir ; s’il nait dès la première génération, c’est bien, le lien karmique sera résorbé. La loi agit aussi inversement : si une femme blanche a une relation intime avec un homme noir, un enfant noir peut naître tout de suite et sinon, il naîtra nécessairement dans les cent ans à venir. Et les gens sont sidérés : « Comment le Seigneur nous a-t-Il donné cet enfant noir ? » L’un de vos aïeux a fréquenté jadis un homme noir. Cette loi agit dans nos sentiments et dans nos pensées : vous êtes assis en plein jour et une mauvaise pensée vous assaille : pourquoi ? Il y a cent ans votre âme a été intime avec un personnage noir que, symboliquement, nous appelons le diable. Un désir impur est aussi un enfant à vous ; la loi du karma est stricte et nous devons nous protéger, car il n’est pas possible d’enrayer ses conséquences. Il ne faut jamais céder la place à une mauvaise pensée dans notre for intérieur car elle s’y installera et dans un avenir proche ou lointain, elle nous barrera le chemin. La question n’est pas ici la descendance de tels ou tels parents, la question est qu’il y a des vibrations humaines qui sont différentes. Certains ont une aspiration vers la terre et non pas vers le Ciel ; ce sont ceux qui sont issus de l’arbre dont votre première aïeule a mangé ; d’autres sont les hommes de l’arbre de la vie. Par conséquent, nous serons façonnés à l’image de l’arbre dont nous mangeons les fruits.

 

Et l’arbre de la vie, c’est le Christ. Lorsque cette grande idée du Christ va s’imprégner en vous – non pas l’idée prosaïque d’un Christ à droite du Père, mais le Christ, la Force qui a pénétré toute notre terre – et lorsque ce jaillissement va pénétrer toutes les créatures, petites et grandes, alors adviendra la délivrance. Lorsque le Christ est mort, l’obscurité a régné et les gens l’ont ressentie, et les Écritures disent que le Christ est alors descendu en enfer pour y prêcher cet enseignement ; et tous ceux qui l’ont écouté sont sortis de l’enfer pour venir sur terre. N’étiez-vous pas parmi ces gens pendant que le Christ prêchait ? Vous y étiez, mais vous avez oublié. Que vous a dit le Christ lorsqu’il est descendu là pour vous sortir des ténèbres ? – « Sortez et ne péchez plus. » Sinon, vous enfanterez comme je vous l’ai dit à l’instant des enfants « noirs » : des souffrances succéderont aux souffrances. Parce que le Christ est sur terre, Il a décidé de sauver l’humanité et il le fera ! Nulle force au monde, aussi puissante soit-elle, ne peut contrecarrer la puissance du Christ. Il dit : « Les brebis que mon Père m’a données, personne ne peut me les dérober car personne n’est plus grand que mon Père. » Si le doute s’infiltre en vous, c’est votre « père noir » : coupez tout lien avec lui ;  l’âme pure ne doit jamais communier avec une âme impure ! Si l’enfant d’une mère se salit, court-elle l’embrasser ? Non, elle le corrige d’abord, puis le lave, le change et l’embrasse seulement ensuite : c’est la philosophie la plus simple de la vie. Quelqu’un viendra vous dire : « Mais tu ne m’aimes pas ! –  Tes habits sont sales, camarade, tu es crasseuse, ma sœur ; viens, je te paierai un bain, lave-toi, nettoie ton corps et ton cœur, et alors seulement tu ressusciteras. »

 

Maintenant, savez-vous pourquoi le Christ souffre ? La croix désigne la maison de l’homme : le cube déplié donne une croix et le Christ a été crucifié sur elle. Et Dieu dit à présent : « Nettoie la maison, ouvre les fenêtres, purifie tout ! » Certains disent : « Embrasse cette croix ! » Mais elle aussi doit être purifiée. La croix est à l’intérieur de notre intelligence, de notre cœur ; cette croix ne peut pas être embrassée tant qu’elle n’est pas nettoyée. Nous sommes tous des croix, des croix vivantes. Nous devons sublimer ces croix divines dans nos cœurs et ainsi les inscrire dans un cercle qui symbolise l’éternité, et faire de la croix une roue qui pourra tourner.

 

Par conséquent, le Christ veut démontrer avec son Enseignement les lois primordiales grâce auxquelles changer l’ordre des choses. Et nous pouvons le faire. Nous devons d’abord savoir comment y parvenir et, ensuite, avoir l’élan pour l’atteindre. Les gens d’aujourd’hui ne peuvent pas l’atteindre pour la simple raison qu’un égoïsme implacable les anime : chacun veut être devant les autres. Un peintre a très bien représenté cela dans un tableau : on y distingue un haut sommet affublé d’une idole et des millions de personnes, les yeux fixés sur elle ; et si quelqu’un décide d’escalader le sommet pour attraper l’idole, les autres l’attrapent et ne le lâchent pas ; ainsi tout le monde se bat et personne ne peut atteindre le sommet. Lors des courses olympiques dans la Grèce antique, celui qui atteignait le but le premier, récupérait les lauriers. Par contre, la quête du Christ est un exploit pour lequel chacun peut recevoir les lauriers du moment qu’il s’efforce de respecter Son enseignement.

 

Ainsi, nous trouvons cette trinité dans l’enseignement du Père, du Fils et du Saint-Esprit, si nous pouvons donner à ces trois mots leur sens véritable : si nous prononçons Père, que nous puissions sentir le pouls de cet Être qui anime le monde, le sentir comme une mère sent le pouls de son enfant ; et ressentir la pensée divine revient à la comprendre et à la connaître. « À ce moment-là, dit le Seigneur, avant même que vous demandiez quelque chose, Je répondrai à vos désirs. » Nous devons tous avoir une relation filiale parfaite avec Dieu, et nous acquitter de notre devoir auprès de notre Père. Il n’est pas venu sur terre, mais Il a envoyé Son Fils. Nous aussi, nous devons nous sacrifier dans ce monde. Beaucoup ont peur du sacrifice en disant que le sacrifice est contraire à la vie ; et beaucoup sont déconcertés devant les paroles du Christ : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Nous mangeons tous les jours pour vivre ; mais ces grains de blé, ces herbes, ces jus que nous avalons, ne meurent-ils pas, ne se sacrifient-ils pas pour nous ? Ils disent : « Nous mourrons, pourvu que vous deveniez de vrais hommes. » Combien de milliards de créatures sont nos serviteurs et que faisons-nous sur terre ? Nous débattons des questions scolastiques, comme ces théosophes du moyen âge qui se disputaient pour savoir combien de diables peuvent danser sur la pointe d’un couteau, voilà ce qui nous occupe à longueur de journée.

 

Je dis que l’enseignement du Christ contient en soi le sens de la vie. Dans les grandes époques, il y a toujours un plus bas ; par exemple, notre cerveau a des creux et des renflements ; la pensée humaine circule grâce à ces sillons ; la terre aussi a ces creux qui véhiculent certains courants grâce auxquels nous pouvons vivre. Quelqu’un soutient : « Je ne veux pas habiter en bas d’un vallon ! » Mais alors où veux-tu habiter, combien de diables peuvent vivre au sommet d’une montagne ? Tous ne peuvent s’y loger; chacun est dans les sillons de sa vie : une fois, dans un vallon, puis au sommet, puis encore dans un vallon, et ensuite, encore au sommet. Il y a une montée et une descente jusqu’à ce qu’on prenne conscience que l’évolution est un mouvement sur une ligne qui oscille. Mais lorsque l’homme s’imprègnera de l’enseignement du Christ sur le mouvement circulaire dans l’éternité, il entrera dans un autre cycle de l’évolution qui n’oscille plus, mais évolue en cercle.

 

Par ailleurs, l’enseignement de l’Esprit qui est réel, est refusé par les gens d’aujourd’hui. Lorsque l’Esprit divin œuvre en nous, Il sous-entend l’unité, mais aussi la pluralité. Le Père a créé les choses ; l’Esprit représente les deux pôles, et le Christ représente la sève qui circule constamment dans l’arbre de la vie. L’Esprit incarne les conditions dans lesquelles nous vivons. Les astrologues contemporains disent que l’homme est en relation avec tout l’univers, ce qui signifie que tous les êtres sont en rapport les uns avec les autres ; le cœur, la raison, les oreilles, les yeux correspondent à certains êtres dans l’espace et en cas de conflit entre eux, on ressent ces conflits dans la partie correspondante du corps, les pieds ou la tête. Quelque fois tu as mal au bras ou ailleurs : c’est une influence extérieure, venant comme on a coutume de dire de Jupiter, de Saturne ou de Mars. Quelqu’un objectera: « Comment Mars peut-il influencer les hommes ? » Nous disons bien que l’Angleterre exerce une influence : la terre d’Angleterre, le peuple qui y habite, exerce cette influence  par ses pensées. Par conséquent les êtres qui vivent sur Mars, nous influencent aussi à travers l’espace par leurs pensées et, sous l’effet du courant ainsi formé, nous devenons belliqueux à notre tour.

 

Tous les hommes sont à présent sous l’influence de Mars : ils se battront jusqu’à ce que cette influence atteigne l’objectif qui lui est assigné. Ne pensez pas que l’enseignement du Christ soit l’enseignement de la paix ; c’est celui de la paix, à moins que l’équilibre ne se rompe, et dans ce cas une guerre est déclarée, car seule une guerre peut rétablir l’équilibre perdu. Nous voyons cette loi au quotidien : la femme bat la crème pour faire le beurre. La guerre s’arrêtera aussi dans le monde à la seule condition d’obtenir le beurre. Pourquoi les hommes sont-ils en guerre maintenant ? Le Christ dit : « Je veux du beurre ; grâce à lui, vous serez plus doux et malléables et pas aussi durs et aussi rustres que maintenant. » Maintenant on bat la crème, et lorsque le Christ vous enduira de beurre vous serez plus tendres. Cela est palpable aussi dans la parabole des vierges étourdies qui ont oublié l’huile pour les lampes et sont restées dehors ; pour rentrer dans le Royaume de Dieu, il faut avoir de l’huile avec soi.

 

C’est l’enseignement de l’Esprit. Je vous parle de façon allégorique, mais vous pouvez comprendre les effets des forces qui adoucissent. Savez-vous pourquoi le Seigneur a créé le monde contemporain ? Les esprits créés au début ont été des cristaux ; il a fallu ensuite créer notre terre pour former de nouvelles cellules de forme circulaire et non pas de forme cristalline, géométrique, en ligne brisée. Un cristal, un diamant doit devenir une cellule vivante pour se développer, comme un végétal. Si vous comprenez bien cette idée, vous verrez que même la plante la plus noble doit transformer ces cellules figées et imprégnées de xylème en chair et en nerfs pour bouger et ressentir, comme bougent et ressentent les animaux. Ainsi devons-nous tout investir pour former cette cellule qui crée les saints. Nous sommes maintenant morts, et plantés au Ciel la tête en bas. Nous devons nous sacrifier, devenir des cellules raisonnables, être unis au Christ, pénétrer son corps, sa raison, son cœur, pour réussir à comprendre le sens profond de toute chose. Ce sont, bien entendu, des aspects très abstraits et, pour le moment, se lancer dans leur description ne vous aiderait en rien.

 

La première chose dans la vie est l’obéissance. Dans l’Antiquité, un disciple grec est parti en Égypte pour étudier les sciences occultes dans l’école de la Fraternité Blanche. Le grand prêtre du temple d’Isis l’a arrêté devant une statue en lui disant : « Voici la Vérité. – Pourquoi ne pas être venu ici directement au lieu de me faire visiter le reste – a répliqué le disciple. –  Je ne pouvais pas,  a dit le prêtre, en ajoutant : surtout ne lève pas le voile de cette statue, ne touche pas le voile, mais examine la de l’extérieur. »

 

Tiraillé par le désir de regarder sous le voile, le disciple s’est dit : « Si je le soulève, je trouverai la Vérité et en rentrant en Grèce, je jouirai d’une grande force. » Un soir, il s’est glissé discrètement dans le temple pour lever le voile, mais le lendemain, on l’a retrouvé mort gisant aux pieds de la statue. Qu’est-ce qu’il a appris ! Quelqu’un proclame : « Levez le voile, je veux voir la Vérité. » Il est risqué de soulever le voile ; l’homme doit être prêt pour ce moment. Le Christ est venu sur terre pour nous préparer à affronter ce moment sans peur. D’abord, nous devons comprendre quelle vie nous mène vers la délivrance ; nous devons ensuite passer par un autre processus pour lequel Il dit : « Si tu ne nais pas en haut, tu ne verras pas le Royaume de Dieu. » Il a d’ailleurs dit à Nicodème que nul n’entrera dans le Royaume de Dieu à moins de naître d’eau et d’esprit.[3]

 

Il y a donc deux naissances, mais pas de réincarnation. Car la réincarnation sous-entend un processus par intermittence ; la réincarnation est la loi de la dysharmonie dans le monde : se réincarner signifie commencer de nouveau le travail que tu as laissé à moitié fait : on t’attrape et on t’enferme, et vingt ans plus tard tu t’évades alors qu’il te restait encore quinze ans à purger ; alors on t’attrape de nouveau pour t’enfermer dix ans de plus, ce qui fait vingt-cinq ans en tout à rester derrière les barreaux ; cinq ans plus tard tu t’évades encore ; on t’attrape une troisième fois et on t’inflige une punition encore plus sévère. C’est cela la réincarnation : un homme qui ne veut pas purger sa peine de prison ; ou autrement dit, vous êtes envoyé sur terre et ne voulez pas vivre comme Dieu l’a ordonné, mais vous préférez vous échapper ; alors, vous serez repris et mis en prison et si vous vous évadez à chaque fois, votre peine de prison durera sans fin. La loi de la nouvelle naissance implique l’accomplissement de la volonté divine. Et il n’est pas difficile de l’accomplir, ce qui est difficile, c’est de surmonter les causes profondes qui nous empêchent de bien comprendre la vie.

 

Nos contemporains ont toujours tendance à critiquer, chacun perçoit les erreurs des autres : « Celui-ci ne vit pas convenablement. – Et toi, vis-tu selon les règles ? – Il ne raisonne pas justement. – Et toi, raisonnes-tu justement ? – Il n’est pas bon. – Et toi, es-tu bon ? » Avant tout l’homme doit se connaître lui-même, étudier sa structure. Avez-vous compris pourquoi le Seigneur vous a mis un nez, deux yeux ; pourquoi les yeux de certains sont noirs, et d’autres, bleus ou verts, et pourquoi les sourcils en haut forment un huit ; que signifie ce chiffre ? C’est le chiffre du travail. Et le nez, c’est une charrue. L’homme mis en position horizontale exprime la nécessité de labourer pour que l’abondance divine descende et fasse croitre ce qu’il a semé. En quoi consiste la réflexion ? C’est concentrer ses pensées. Et en quoi consiste cette concentration ?

 

J’ai rencontré une fois à Varna un bulgare, non croyant, libre penseur qui s’est plaint : « J’avais gagné huit mille leva, je les ai confiés à un commerçant qui a fait faillite et j’ai tout perdu, mais le Seigneur est bon et j’en gagnerai de nouveau. » Je me suis dit : cet homme a compris la loi, il n’est pas occultiste, mais il reconnaît une loi qui le fera gagner de nouveau : le Seigneur donne, le Seigneur prend. Ces choses sont éphémères dans la vie : le Seigneur nous éprouve ainsi comme la mère éprouve ses enfants. Vous pouvez tester comment sera votre enfant. Les mères disent souvent : « Mon petit ange », mais testez pour voir s’il deviendra un ange : donnez lui une pomme et demandez-la lui en retour ; s’il vous la rend, il sera un ange ; sinon, il sera un diable. Le Seigneur vous couvre d’une bénédiction et dit : « Donnez-là à d’autres aussi. – Je ne peux pas la donner ! » Voici une inconnue non résolue. « Je ne crois pas en la vie. » Voici une autre inconnue, un autre x, non résolu. Tu fuis la vie : voici un troisième x. Nous énonçons : x est égal à ceci ou cela, mais sans savoir déterminer, mathématiquement parlant, une valeur. Ce x a un contenu que nous trouverons en travaillant. Pour résoudre ce x, il faut atteler ses pensées, ses sentiments. Souvent, l’homme qui ne sait pas résoudre les x de sa vie, se lamente, en proie au malheur. Le monde est une école, pourquoi t’obliger à venir dans cette école si tu ne veux pas étudier, te concentrer ; alors il vaudrait mieux entrer dans le végétal, ou le minéral. Par la concentration assidue tu apprendras l’enseignement du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et tu chériras le Seigneur. On entend : « L’amour est une ineptie ! » C’est juste un autre x, d’une certaine valeur. Et je peux résoudre l’énigme de l’amour grâce à cet enseignement.

 

Maintenant, le Maître de cet enseignement vient chaque matin jeter dans nos âmes une pensée et malgré cela nous nous appauvrissons. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons pas apprécier cette pensée que le Christ nous donne. Vous dites : « Je veux la gloire, je veux ceci, je veux cela ! » Les bienfaits que donne le Christ sont bien plus importants ; la gloire de Dieu a une valeur bien plus grande que celle des hommes. Le Christ veut vous mettre tous au pouvoir pour dominer la vie et la mort. Savez-vous qui crée la mort ? Ce sont ces milliards d’esprits qui détruisent sans cesse. Tous les jours vous êtes en proie au doute, à la jalousie et pourtant vous voulez être des hommes de progrès ; on rencontre même des gens qui parlent d’occultisme alors que leur pensée n’est pas libre : ils ne comprennent pas la vie. Le Christ a ressuscité, Il a montré le chemin à suivre, le processus de la naissance. Savez-vous ce qu’est la naissance ? Tolstoï raconte l’un de ses rêves : il a essayé d’enfanter toute une nuit, pris de telles douleurs que le matin à son réveil il a demandé si réellement les femmes éprouvent des douleurs aussi intenses ; et dans l’affirmative, il a dit : « Il est difficile d’être une femme. » Une pensée nait dans votre esprit ; pour l’enfanter elle vous causera de grandes souffrances, mais ne pensez pas que ces souffrances sont mauvais signe. Tout comme la mère, vous aussi, vous devez donner vie et force à une pensée auguste, puis avoir le courage de déplacer la pierre, et ne pas rester à controverser comme les philosophes modernes pour savoir si le Christ peut ressusciter ou non. Il y a eu des gens sur place lorsque le Christ a ressuscité. Quelqu’un dit : « Prouve-le ! » Je peux vous le prouver, mais vous discuterez ! La loi doit être respectée : qu’est-ce qu’apporter une preuve ? C’est emmener l’homme sur le chemin et lui montrer le moyen ; il essaiera seul et éprouvera la vérité.

 

C’est l’heure ultime, nous devons tous ressusciter et nous ressusciterons. Et la question à se poser, c’est : est-ce que notre temps pour ressusciter est venu et non pas est-ce que le Christ a réellement ressuscité ; voilà la véritable question. On se demande s’Il est resté trois jours dans son tombeau ; depuis huit mille ans vous gisez dans ce tombeau, cela ne suffit-il pas? Oui, cela suffit. Et cet ange d’en haut est un appel du Christ qui annonce que le jugement dernier vient. Comment le Christ vous trouvera si la pierre tombale de votre caveau est fermée ? Et comment dira-t-Il : « Lazare, sors !» ? Vos proches et vos amis doivent vous rendre le service de déplacer la pierre, et alors le Christ dira : « Levez-vous ! », et vous ressusciterez.

 

Vous tous qui m’écoutez ce matin, j’enlève vos pierres tombales. Le Christ vient. Il se tiendra devant vos tombeaux ouverts et dira : « Sortez ! »

 

Sofia, 4 avril 1915

 

____________________

[1] Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. (Jn 3, 16)

[2] Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre. Le second homme, lui, vient du ciel... Et de même que nous avons été à l'image de l’homme terrestre, nous serons aussi à l'image de l’homme céleste. (1 Co 15, 47 ; 49)

[3] Jésus lui répondit : "En vérité, en vérité, je te le dis : à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le royaume de Dieu... Jésus lui répondit : " En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jn 3, 3 ; 5)

 

Traduit par Bojidar Borissov

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