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1916_05_07 La Vérité


mayakitanova
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La Vérité

 

La vérité vous affranchira.

(Jean 8, 32)

 

            Pilate a demandé au Christ : « Qu’est-ce que la vérité ? » Voici une question philosophique ardue, facile à poser, mais difficile à expliciter. La vérité en soi est concrète, réelle, immuable : lumière éternelle, sagesse éternelle, amour éternel, justice éternelle, vie éternelle. Mais cette définition exige d’expliquer plus concrètement ce qu’est la vérité. Je m’arrêterai à l’idée suivante : la vérité est ce qui donne la liberté. La liberté est une aspiration de l’intelligence, du cœur, de l’âme humaine, de l’esprit ; la liberté, c’est la vie et le but de la vie, c’est de chercher la vérité ; mais ne pas la chercher comme le raconte Tolstoï dans son livre « Ma religion ».

 

            Il parle dans ce livre d’un songe qui illustrait son état d’esprit avant l’avènement de l’esprit en lui. « Je me trouve, dit Tolstoï (je relate succinctement son récit), allongé sur un lit, mal installé, mal à l’aise ; je me retourne pour voir comment est fait ce lit, en métal ou en bois ; je remarque à un moment que les traverses du côté de ma tête et de mes jambes commencent à se détacher et à tomber jusqu’à ce qu’il ne reste à la fin qu’une seule traverse ; et à cet instant une voix m’ordonne : « Ne bouge plus, ni ta tête ni tes pieds : garde l’équilibre ! » Et je vois, au-dessous, une grande colonne et un abîme sans fond. »

 

            Souvent, certains philosophes sont allongés sur le dos et explorent le monde divin, mais ils finissent soutenus par une simple traverse et le Seigneur leur dit : « Garde l’équilibre ! » Et lorsque vous prononcez le mot équilibre, l’accident est évité. Lorsque vous explorez la vérité, vous devez rester debout sur vos jambes et ne pas être allongé sur le dos ; seuls les morts gisent comme cela. J’emploie le mot mort au sens figuré pour désigner un homme limité qui ne raisonne pas. Vous devez être tourné à l’Est pour accueillir le Christ lorsqu’Il viendra. Beaucoup agissent comme Tolstoï, mais le Christ leur dit : « Attention à l’équilibre !»

 

            « La vérité vous affranchira. » La vérité est une chose réelle, elle est la vie véritable ; n’allez pas penser que c’est quelque chose d’imaginaire. Elle est un monde avec sa beauté, ses couleurs, ses tons, sa musique, un monde qui a existé et qui existera toujours. Le Christ dit : « Celui qui comprend ce monde, ses lois et ses puissances, sera libre. » Il dit encore : « C’est pour cela que je suis né, pour rendre témoignage de la vérité. » Alors Pilate l’a questionné : « Qu’est-ce que la vérité ? » Les gens d’aujourd’hui ont des idées curieuses sur le Seigneur. Le Seigneur, c’est la vérité ! Lorsqu’un jour vous vous sentez joyeux et réjouis et que vous vous mettez à chanter, voici que la vérité, le Seigneur vivant est en vous. La vérité, c’est un mouvement, un élan, et lorsque le Christ dit : « Je suis le chemin », on devine que l’homme doit agir et ne pas rester sur place comme un animal attaché. Dans ce monde, les choses ont des relations mathématiques strictes, rien n’est arbitraire, imprévu ; votre vie, vos souffrances, vos peines et vos tourments sont tous calculés ; ils sont un plus ou un moins. Les quatre opérations de base rentrent dans la vérité : l’addition et la soustraction, la multiplication et la division. Celui qui possède beaucoup, additionne ; celui qui possède peu, additionne aussi mais de façon différente. Vous avez deux mille leva, mais avec un plus ou un moins devant, vous devez donner ou prendre ; c’est cela qui détermine l’opération ; si vous dites : « J’ai deux mille ans » et mettez un moins, je conclus que dans le passé vous avez vécu deux mille ans de vie impie ; si vous dites « J’ai deux mille ans » et mettez un plus, j’en conclus que vous avez vécu une vie de plénitude et que vous êtes donc réellement très riche.

 

            Le Christ dit : « La vérité vous affranchira. » La liberté est une nécessité pour l’homme et la femme ; tout l’ordre social repose sur elle. Chacun aspire à la liberté et il a le droit de vivre librement. Mais cette liberté lui est donnée dans la mesure où il peut utiliser les bienfaits de la vérité. Les calamités qui frappent un peuple lui sont nécessaires collectivement comme individuellement. Les afflictions et les tourments sont notre création. Si votre mari gagne disons cinquante leva qui suffisent à peine pour joindre les deux bouts vous dites : « Mais Pâques approche, nous n’aurons pas assez pour les brioches : le sucre et les œufs sont chers ! L’argent ne suffira pas pour acheter des chaussures ; un chapeau coûte dans les cinquante à soixante-dix leva ; pourquoi n’avons- nous pas plutôt cent cinquante à deux cents leva ? – Pour avoir la paix, laissez de côté les brioches, tout ne se résume pas au repas de Pâques. – Non, j’en ai besoin maintenant ! – Mais le Seigneur n’a donné que cinquante leva, contentez-vous de ce qu’il y a, ne gâchez pas la fête de Pâques ! » De ce point de vue, la femme doit laisser la liberté à son mari, et le mari, à sa femme : laissez tomber les brioches ! Voici la liberté, mais aussi la vérité. C’est pourquoi les Écritures disent : « Remerciez pour chaque chose. » Ne pensez pas que Dieu vous a privés de richesses ; il vous les a données, vous êtes tous riches, mais vous devez découvrir ces richesses.

 

            Nous devons être imprégnés de liberté intérieure dans notre compréhension des commandements divins, éviter les faux semblants. La vérité est indépendante de votre point de vue, de mon point de vue ; penser d’une manière ou d’une autre, s’éloigner ou s’approcher d’elle, ne changera rien, elle restera inaltérable dans ce monde qui a été créé de façon très intelligente. La clarté que nous avons provient de la lumière de la vérité. L’amour vient d’en haut, de la vérité, et lorsqu’il s’emparera du monde, il vous affranchira ; l’amour aspire toujours à la vérité. La beauté est aussi une expression de la vérité : la beauté est à l’homme ce qu’est la vérité au monde divin ; elle est l’un des visages de ce monde divin, un monde d’harmonie, de beauté. Et lorsque vous demandez : « Pourquoi sommes-nous misérables ? », la vérité vous répond : « Parce que vous êtes ignorants et que vous transgressez la Loi. »

 

            Je sais qu’à une époque, à Varna, les femmes roumaines s’amourachaient des bulgares et les recherchaient pour maris, car les Roumains avaient la réputation d’être portés sur la boisson, alors que les Bulgares ressemblaient à des bourriquots, beaux et dociles. Mais ce n’est pas une approche juste de la vérité ; la vérité est une science des échanges mutuels et intelligents entre les hommes. Tant que l’homme ne met pas sa raison et son cœur en accord avec la vérité, il ne peut pas se prétendre libre. Ce n’est qu’ainsi qu’il peut s’unir au monde divin.

 

            Beaucoup se demandent si on peut vivre sans être malheureux. « Oui, on le peut. » – Et sans souffrances, sans tourments ? – Oui, bien sûr, on le peut, mais les souffrances sont nécessaires pour l’évolution de l’homme. » L’homme veut s’instruire dans le monde et c’est pourquoi il souffre nécessairement, car la terre est un lieu de souffrances. Il dit : « Oui, mais comment aurais-je pu le savoir ? » Pourquoi, avant de descendre ici, n’as-tu pas questionné les créatures intelligentes là-haut ? Autrefois, un petit ange qui avait beaucoup entendu parler des humains, a demandé à un ange : « J’ai très envie d’aller voir ces hommes, emmène-moi sur terre pour les rencontrer » L’ange l’a emmené en bas. Le petit ange a dit alors : « Je t’ai demandé d’aller chez les hommes, mais toi tu m’as envoyé au purgatoire ! – Mais le purgatoire, ce sont les hommes ! » a répondu l’ange. Et en vérité, le purgatoire, c’est bien nous. Dans ce mot on devine la fermentation, le bouillonnement, la suffocation, le combat entre deux frères : pourquoi l’un a pris plus de l’héritage du père et l’autre moins ; il faut une égalité. Ce frère est plus grand, qu’il prenne plus.

 

            Sur terre, nous avons précisément les relations qui témoignent  des lois que Dieu a décrétées ; et lorsque nous les appliquerons selon la vérité, la liberté en résultera. Celui qui veut étudier la vérité, doit étudier la qualité de la liberté. Si vous me demandez ce qu’est la musique, je ne peux pas vous le dire, mais je peux vous dire ce que la musique fait naître : une harmonie, un accord de tons. Asseyez-vous au piano ou devant n’importe quel autre instrument, jouez et vous verrez ce qu’est la musique. Pour la manifestation de la musique, on a besoin de trois choses : d’abord, une idée dans notre tête pour une chanson, puis un instrument, et troisièmement un artiste ; donc, il faut une aptitude musicale en soi, une oreille sensible à la musique et enfin, un artiste pour jouer. Si vous me demandez ce qu’est un Maître, je peux vous répondre ce que le Maître produit : il vous donne un savoir, et si vous étudiez ce savoir, alors vous vous rapprochez du Maître. Vous demandez ce qu’est la vertu ; demandez plutôt ce qu’elle fait naître. Avant de vous instruire sur l’essence des choses, instruisez-vous sur les effets qu’elles produisent.

 

            Par quoi se distingue la liberté ? Par le très vaste champ d’action qu’elle offre. La nécessité ne permet qu’un seul chemin ; vous y êtes attelés. L’attelage peut être en or, très beau, mais vous devez suivre une seule direction : en avant ! Si vous vous arrêtez, le fouet s’abat sur vous. Dans la liberté vous avez au contraire le choix. Vous avez le choix d’escalader un sommet montagneux, d’y monter par n’importe quel côté, mais lorsque vous descendez, vous ne suivez qu’une seule direction. Vous demandez : « Mais pourquoi l’homme raisonne-t-il ainsi ? –  Il est libre de penser ainsi. – Mais, c’est irréligieux. – C’est un égarement temporaire. – Il est mauvais. – La conscience du Bien n’est pas encore développée en lui. – C’est un pécheur ! – Sa volonté n’est pas forgée. » Vous dites : « Telle femme a accouché en dehors de la loi. – Régulez les rapports entre les sexes. – Je considère que les gens sont libres ! Seuls les craintifs ne sont pas libres et ce sont eux qui commettent des crimes : ils n’ont pas le courage de prendre leurs responsabilités. – Qui est fort dans ce monde ? Ceux qui sont libres et qui peuvent endurer les souffrances, les afflictions, les humiliations et les médisances ; ce sont des épreuves et celui qui les endure, agit héroïquement. » Les souffrances sont là pour éprouver qui est un héros et qui est un poltron ; celui qui ne veut pas souffrir, mais qui veut être servi sans effort, passe sur la liste des peureux ; si vous souffrez, vous êtes un héros. Désignez-moi ceux que le peuple bulgare glorifie : les peureux qui ont trahi le pays pendant le joug ottoman ou ceux qui se sont sacrifié pour lui ? Et combien plus encore seront glorifiés ceux qui souffrent pour la vérité : c’est le même principe.

 

            C’est pourquoi la science de la vérité est une science de la vie sociale ; la vérité rend toujours les hommes libres ; ceux qui se sacrifient pour les autres, les libèrent. Si Étienne n’était pas mort, Paul ne serait pas né ; lorsqu’Étienne est mort, son esprit s’est incarné en Paul et tous deux ont commencé à travailler ensemble pour le Seigneur. Étienne a appris à Paul à souffrir et à endurer trois fois trente-neuf coups de bâton ; Paul s’est rendu célèbre pour sa patience. Et savez-vous pourquoi il a reçu trente-neuf coups ? Trois plus neuf, cela fait douze ; le chiffre douze correspond au cycle d’évolution de tous les jours de la vie de l’homme. Et celui qui est battu ainsi sur terre, ne le sera plus de l’autre côté. Si vous demandez pourquoi le Christ a été battu, il vous dira : « J’ai souffert pour vous affranchir. » Lorsqu’ici sur terre quelqu’un te frappe, un fil qui te retient à ton mauvais destin se coupe ; c’est pourquoi le Christ dit : « Si on te frappe sur une joue, tends aussi l’autre. » Seul le fort peut frapper, et lorsqu’il le fait il vous fait une faveur. Comment font les paysans ? Lorsqu’ils cherchent à rendre un champ plus fertile, ils envoient les moutons le piétiner ; pour les champs ils appliquent bien cette loi, mais pas pour eux-mêmes ! Ainsi laissez-vous piétiner par les troupeaux de moutons du monde.

 

            Le Christ dit : « C’est pour cette raison que je suis né. » La naissance s’entend ici au sens spirituel : il naît dans chaque tête, dans chaque cœur, pour témoigner de cette vérité. Lorsque la vérité commencera à naître en vous, vous ressentirez la liberté. Lorsqu’une femme se marie, elle veut avoir des enfants, car elle s’imprègne de la vérité qu’il s’agit du seul moyen de se conformer à la loi, d’hériter d’un patrimoine. C’est la même chose dans le monde spirituel : sans la vérité, on ne peut pas hériter des richesses divines. Donc, il faut faire naître la vérité en vous, alors vous serez riche et votre vie sera plus légère.

 

            Il y a une légende au sujet de Moïse. Alors qu’il se rendait au Sinaï, il a vu un berger tout joyeux et lui a demandé pourquoi il était si gai. Le berger lui a répondu : « Le Seigneur me rendra visite ce soir, j’ai sacrifié un agneau pour le régaler. – Le Seigneur ne mange pas d’agneaux, tu te leurres ! » a rétorqué Moïse, avant de s’en aller, laissant le berger très peiné. En arrivant au mont Sinaï, Moïse a remarqué que le Seigneur était mécontent de lui et de sa mauvaise action ; il est alors revenu sur ses pas pour annoncer au berger que le Seigneur lui rendrait visite et goûterait de son agneau. Puis il s’est caché pour observer la suite des évènements. À un moment le berger s’est tranquillement endormi, alors un éclair est descendu du Ciel et a consumé l’agneau. Quand le berger s’est réveillé il a dit : « Comme je me réjouis que le Seigneur soit venu et ait mangé l’agneau ! »

 

            Ainsi, lorsque la vérité descendra en vous, son feu, l’amour, fera un sacrifice agréable à Dieu. C’est le monde réel de la vérité. Pour certains il est irréel, mais certains – non pas un ou deux, ni une dizaine, mais quelques milliers de par le monde – connaissent cette vérité qui doit être implantée encore longtemps. Voyez comment ces fleurs devant vous sont jolies : jaunes, rouges, bleues, et vous les cueillez, mais avez-vous compris leur signification ? Vous dites : « Cette fleur sent si bon.  –  Que traduit cet arôme ? Il montre la grande tristesse de la fleur, son chagrin qui produit le nectar prédestiné à votre vie. » Certains disent du haut de leur opulence : « Le Seigneur n’existe pas. » Mais lorsqu’ils perdent leurs richesses ou leur santé ou leur position sociale, parce que le Seigneur les comprime, ils commencent à être parfumés comme les fleurs et ils disent : « Il y a un Seigneur ! » La richesse avait aboli leur discernement et en la leur ôtant, le Seigneur les aide à porter un juste regard sur les choses. Ce que vous voyez sur terre est passager, irréel ; comme des jeunes filles fort belles, mais après un certain temps leurs visages se fanent et elles deviennent de vieilles grands-mères ! Je demande où sont passées ces belles jeunes filles que nous admirions avant ? De même avec les jeunes hommes : où a disparu leur virilité ? Vous ne vous connaissez pas encore ; lorsque vous apprendrez la loi de la vérité, elle vous donnera le pouvoir sur la matière, le savoir sur les affinités entre les substances, pour perfectionner votre vie. C’est la loi du mouvement : l’homme se transforme continuellement pour passer de l’éphémère à l’impérissable et comprendre la nature immuable de la vérité.

 

            Les gens disent : « Le Christ est né et il a prêché la vérité. » Voyons de plus près quelle est cette vérité. Le Christ veut rendre votre discernement plus sûr, vous donner un élan vers une idée, vous lier au monde divin ; vous êtes tous continuellement liés à Dieu. Dans le monde vous avez des amis et s’ils se montrent parfois insensibles, c’est à cause de vos rapports régis par l’ignorance. Paul dit : « Dieu méprisait l’ignorance humaine et a laissé les gens suivre leur chemin, mais maintenant Il les appelle pour que la loi s’accomplisse. »[1] Que doit faire la mère appelée pour accomplir la loi ? D’abord elle doit donner naissance à des enfants bons et raisonnables, c’est sa tâche. Certaines se plaignent : « Pourquoi suis-je une femme ? » Qui alors devrait être à leur place, je vous le demande. L’homme doit préparer le matériel en pensée, en volonté, en caractère et le transmettre, alors que la femme doit enfanter.

 

            Dans le monde, les gens cherchent le confort, mais ils doivent comprendre cette loi essentielle qui régit aussi la musique : la gamme mineure et la gamme majeure. Le Seigneur a placé certains dans la tonalité mineure, Il les a marqués avec un bémol : le chagrin, la tristesse, la profondeur des sentiments ; Il en a placé d’autres dans la tonalité majeure, en dièse, en surface de la vie, car ils n’ont pas de profondeur dans les sentiments. Que peut-on voir dans une danse, dans une marche ? Des figures de danse, des pas de marche et … de la fatigue ! Sur un air triste vous ne bougez pas, mais vous restez calmes et vous réfléchissez. Avec la tonalité mineure le Seigneur vous a créé pour méditer sur l’autre monde et avec la tonalité majeure, sur ce monde ci ! Parfois vous aspirez à un autre rôle : « Mais est-il permis aux religieux de danser ? – Oui, ils peuvent danser, mais comment ? » David qui portait l’arche sautillait partout et sa femme lui disait : « Regarde comment tu te déhanches devant tout le peuple d’Israël ! – Pourquoi ne pas danser devant le Seigneur ? » lui a-t-il rétorqué[2]. Le Seigneur ne nous limite pas, Il nous a donné la grande liberté de faire le Bien et le mal et le Bien peut, sous certains angles, s’avérer un mal. Vous me direz : « Comment cela est-il possible ? » Voilà un mari et une femme qui vivent très bien ; le Christ prône de distribuer ses richesses aux nécessiteux ; l’homme dans son désir de suivre l’enseignement du Sauveur veut donner tous ses biens, mais sa femme lui dit : « Tu es fou, tu veux que ta femme et tes enfants restent dans la misère ? – Mais je veux accomplir la loi divine. – Moi, je ne veux pas de cette loi ! » Tu n’as pas le droit de distribuer les biens de ta femme et de tes enfants, ce sont les leurs ; tu as cent mille leva, partage les équitablement entre toi, ta femme et tes enfants et utilise comme bon te semble ta part uniquement ; mais n’agit pas au nom du Seigneur avec leur argent ; c’est cela la loi du Christ. « Mais j’en ai le droit ! » Non ! Qui t’a donné ce droit ? D’où vient ta femme ? Non pas de tes pieds, mais de tes côtes : le Seigneur te l’a donnée comme compagne et tu n’as pas le droit de la tourmenter.

 

            Bien entendu ces propos plaisent aux femmes qui se disent : « C’est bien dit ! » Ne considérez jamais les questions de votre seul point de vue, mais du point de vue collectif. La vie universelle est tissée d’une infinité de possibilités : dans cette vie vous êtes un homme, mais dans une autre vie on peut vous faire femme et inversement. Si dans cette vie vous proclamez : « Je n’octroie aucune liberté à la femme », dans la vie suivante, en tant que femme, vous allez goûter le bien-fondé de ce type de prescription ! Vous  direz alors : « Cette loi n’est pas juste ! – Mais c’est toi qui l’as jadis promulguée. » Hommes, édictez des lois justes, car la prochaine fois vous tomberez sous leur couperet. Bien entendu, l’homme n’est pas le seul à promulguer des lois, la femme le fait aussi et ils se créent mutuellement des limitations. Beaucoup de femmes ont inscrit de mauvaises lois dans leurs filles et dans leurs fils, comme par exemple la détestation du père : « Votre père est un vaurien, un vagabond ! » Ne décrétez pas de telles lois, car vous avez un seul et unique Père ; cet homme – ou cette femme – est un support de l’Esprit divin, il incarne une idée, et quand vous vous plaignez de lui, vous vous plaignez du Seigneur. Il ne faut pas confondre les traits de base avec l’idée incarnée physiquement. Vous pouvez jouer sur les ombres, leur donner plus ou moins d’importance, mais l’essentiel, ce qui doit subsister, c’est l’idée divine.

 

Sofia, 7 mai 1916

 

_________________________

[1] Et voici que Dieu, sans tenir compte de ces temps d'ignorance, annonce maintenant aux hommes que tous et partout ont à se convertir. (Ac 17, 30)

[2] David tournoyait de toute sa force devant le Seigneur – David était ceint d'un éphod de lin. David et toute la maison d'Israël faisaient monter l'arche du Seigneur parmi les ovations et au son du cor. Or, quand l'arche du Seigneur entra dans la cité de David, Mikal, fille de Saül, se pencha à la fenêtre : elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant le Seigneur et elle le méprisa dans son cœur. » (2 S 6, 14-16)

 

Traduit par Bojidar Borissov

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