Jump to content

Ani

Administrators
  • Posts

    446
  • Joined

  • Last visited

Everything posted by Ani

  1. Ne commettez pas d’extorsion ni de fraude « Des soldats aussi lui demandèrent : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur répondit : Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde.[1] » Luc 3 :14 Les soldats, ce sont les hommes forts qui gouvernent sur terre. Il faut maintenant s’adresser aux forts et non pas aux faibles, aux riches et non pas aux misérables, aux savants et non pas aux ignorants, aux bons et non pas aux méchants. Chaque enseignement doit être compris strictement et avec une rigueur mathématique, compris dans notre conscience et non pas à l’extérieur, non pas dans la forme. Je peux vous livrer un savoir dans une forme poétique ou en prose - ce ne sera pas alors un savoir compris dans votre conscience. Par conséquent toute cette controverse qui existe dans la culture contemporaine ne concerne que l’acquisition extérieure du savoir ; dans cette acquisition extérieure du savoir il y a toujours un débat sur qui détient la vérité, alors que l’acquisition intérieure ne suscite jamais aucun débat. Prenez deux violonistes qui ont terminé le conservatoire et ont développé un savoir-faire, et présentez-leur n’importe quelle œuvre d’art : lorsqu’ils prennent le violon et exécutent l’œuvre, cela ne laisse pas de place au débat ; mais leurs violons doivent être accordés de la même façon et ils doivent avoir appris les mêmes choses, avoir acquis le même savoir, les mêmes règles. Mais si un joueur de cornemuse bulgare exécutait ce morceau de musique, qu’en ferait-il à votre avis ? Les touches sur le cornemuse bulgare sont absents pour ainsi dire, il manque aussi certaines ouvertures dans le sifflet avec lesquels reproduire certaines tonalités. Des touches sont manquantes même sur un piano moderne, même sur un orgue actuel il y a également pas mal de défauts. Le piano ne peut pas produire un quart de ton ; il peut produire un demi ton, mais à peine un huitième de ton et encore moins un seizième de ton. Les chrétiens contemporains ont appris à chanter comme celui qui commence par une note entière à quatre temps : en début d’une note entière… Je ne dis pas que c’est mauvais, mais ce ne sont que les prémices de la musique, là où celle-ci a pour but l’élévation de l’âme humaine. Si vous me demandez pourquoi la musique existe, je vous dirai qu’elle est un moyen du monde spirituel d’élever l’âme déchue de l’être humain, descendue sur terre. Tous les tons musicaux ont une hauteur et lorsqu’on se met à chanter de quelle que façon que ce soit, l’âme s’allège, tandis que si on ne chante pas, l’âme se resserre, se voile de tristesse. Donc l’être musical peut penser et sentir mélodieusement avec de la musique, mais il peut aussi sentir et penser mélodieusement même en l’absence de musique ; les deux existent, mais le premier processus est une élévation et le second processus est une intériorisation. Maintenant par exemple, lorsque je vous expose ceci vous pouvez approuver en disant : « Oui, c’est juste ». Je ne cherche pas à vous convaincre de la justesse de mes paroles, je n’ai pas besoin de cela ; constater si mes paroles sont justes ou non n’est pas une philosophie car j’ai soumis cet Enseignement à l’épreuve. Je ne veux pas que vous constatiez, je ne demande pas ce qui est juste ou non. Si je viens à vous avec deux coffrets remplis de graines – deux coffrets en or, travaillés de la même manière, colorés, badigeonnés – et je dis que dans l’un il y a telle sorte de graines à semer dans votre jardin dans telles ou telles conditions ; et si je vous donne toutes les directives en disant : « Il y a dans l’autre coffret des graines qui sont singulières qui vont donner des résultats singuliers ». Si vous semiez les graines des deux coffrets, quels seraient les résultats ? Un enseignement peut être doré mais stérile ; un enseignement peut être constitué de graines et si vous les semez, les arbustes qui en résultent donneront du fruit. Je veux donc que vous tous goutiez les fruits de cet enseignement divin que je prône ; et alors, lorsque vous gouterez ces fruits, cela va m’agréer. Cet enseignement divin ne dépend pas du coffret en or, car celui-ci est secondaire, j’aurais pu mettre ces graines dans un coffret tout simple. Je peux exprimer une grande vérité dans une forme poétique, je peux aussi parler en poète. Je suis capable de parler en poète, je suis un poète de nature ; je peux aussi parler en musicien, je suis un musicien de nature ; je peux aussi parler en philosophe, je suis un philosophe de nature, mais je préfère parfois parler avec des approximations comme les enfants, c’est mieux car il vaut mieux avoir le verbe approximatif sur terre, et avoir le verbe parfait au Ciel. Avoir le verbe parfait sur terre signifie faire des erreurs, et avoir le verbe approximatif au Ciel signifie être imparfait. Je vous dirai maintenant pourquoi sur terre il faut parler avec des approximations : lorsque tu bâtis une maison sur terre, elle ne doit pas être hermétiquement isolée, sans conduits de ventilation, mais avoir des entrées de façon qu’un pauvre homme puisse venir et entrer s’il est dans le besoin ; comme tu es endormi et que tu ne l’entends pas frapper, il peut trouver cette entrée et dire : « Dieu merci, j’ai trouvé ». C’est pour cette raison que je laisse ces grandes ouvertures dans mes causeries, pour que quelqu’un puisse entrer dans la maison ; puisque je suis parfois absent et que les domestiques dorment, je laisse donc ces ouvertures pour qu’il puisse entrer. Comprenez-vous cette philosophie ? C’est une figure de style comme celle des contes des Mille et une nuits. D’ailleurs il n’y a pas de telles maisons en Bulgarie, ni en Angleterre, ni en Inde, il n’y a nulle part dans le monde de maison comme celle que je vous décris, avec de grandes ouvertures de la sorte ; donc elle n’existe pas en tant que fait réel, mais uniquement en tant que probabilité, une probabilité mathématique, et lorsque cette probabilité mathématique se réalise elle devient une espérance mathématique, car il y a une probabilité mathématique, une foi mathématique et une espérance mathématique. Les mathématiciens disent : « Lorsque toutes les conditions sont aussi bénéfiques, concordantes et constantes, tu peux déjà par avance connaitre le gain » : c’est cela l’espérance mathématique. Mais lorsque cette probabilité mathématique est plus faible et qu’une des conditions est incertaine, alors tu attendras qu’elle se vérifie pour récupérer ce qui t’est dû. On demande maintenant à Jean-Baptiste – il est l’ancienne vie que nous menons à présent – : « Que devons-nous faire, nous, les hommes forts de ce monde ? Tu es venu, tel un prophète de Dieu, que devons-nous faire ? » Il a dit aux uns de ne pas se rassembler plus qu’il ne faut et à d’autres il a conseillé de donner un vêtement à son prochain s’ils en possèdent deux et de partager leur bouchée de pain ; aux soldats il a demandé de ne faire violence à personne et de ne pas proférer de fausses accusations. Et en réalité, si dans un régime social on interdisait la violence, mais aussi la fraude, si on les interdisait dans tout un pays, les choses s’y amélioreraient à cinquante pour cent au moins et le mal serait écarté ; et si toutes les sociétés écartaient la violence et la fraude, on obtiendrait le même résultat. Ce péché est maintenant chez tous ; on peut exercer la violence sur quelqu’un et ce de plusieurs façons : il y a une violence directe dans sa forme brute due à la force physique, à l’instar des animaux qui peuvent violenter d’autres animaux ; il y a une violence juridique, sous couvert de la loi quand celle-ci est utilisée à mauvais escient ; il y a une violence psychologique lorsque nous disons ce qui n’est pas, c’est-à-dire lorsque nous trompons les autres. Imaginez que certains demandent : « Comment reconnaître si quelqu’un est de Dieu ou non ? » Vous direz : « Il parle bien et intelligemment, cite les Écritures, cite Isaïe, cite Jésus-Christ, parle de la foi », mais selon moi cela n’est pas encore une preuve que c’est un envoyé de Dieu. Je traite le fondement des choses, je me soumets moi-même et les autres à la même critique. Je demande alors pourquoi un prophète penserait être ce qu’il n’est pas, ou pourquoi un chrétien penserait être ce qu’il n’est pas ? Pourquoi ne pas admettre la grande vérité en notre for intérieur telle qu’elle apparaît à un instant dans notre conscience, ce que nous percevons et ressentons au plus profond de nous ? Nous devons être sincères envers nous-mêmes et ne pas considérer notre vie du point de vue de ces moments agréables où règne la bonne humeur et où l’ambiance se réchauffe, car ces moments peuvent être occasionnels. Maintenant ton grand-père t’a légué un ou deux millions de levas, mais c’est occasionnel et lorsque tu perdras ton capital, ton argent, ta fortune, le savoir que tu as, la forme ne te sera plus d’aucune utilité. Nous les contemporains, nous croyons à tort que la culture est quelque chose de substantiel. Je demande quel profit tirent le monde invisible et Dieu si un ingénieur en Bulgarie invente une machine à voler dans les airs ? Est-ce que le Seigneur prendra cette machine pour modèle ? Avant que ce Bulgare ne la fabrique, depuis des millions d’années, le Seigneur avait déjà de telles machines, vivantes de surcroît ! Certains disent « Culture ». Quelle culture avons-nous ? En quoi cette invention est-elle utile au monde invisible ? En quoi avoir su exploiter l’électricité est au profit de la culture ? La nature a attelé cette électricité depuis des millions d’années ; avant qu’il dompte l’électricité dans des câbles électriques, elle s’est déjà servie de cette électricité. Il dit : « Je pense ! » Il s’est dressé sur ses deux jambes il y a des millions d’années, il a une intelligence, il se dit capable de penser ; puisqu’il sait penser, que peut-il transmettre au monde : est-ce que les humains avant lui ne pensaient pas ? En quoi consiste alors l’essence des choses ? Nous devons nous approcher d’un grand principe à travers lequel notre âme peut se connaître : suis-je ou ne suis-je pas ? Je vais vous relater de nouveau cette anecdote car elle est bulgare et vous devez vous en souvenir. Je changerai le nom : c’était Stoyan auparavant, mais il y a des stoyans ici ; si je mets Ivan, il y a des Ivans ; si je mets Petko, il y a des petkos ; je le nommerai Mango pour que vous ne preniez pas ombrage. Un tzigane, nommé Mango avait un petit âne, mais il cherchait de l’argent ; il a voulu l’amener au marché pour le vendre et offrir à sa femme un nouveau nikab pour la fête du Bayram. Il a conduit son ânon en ville avec son licol en poussant la chansonnette. Fatigué, il s’est arrêté sous un poirier pour se reposer, il a attaché le licol à sa main et s’est assoupi. Deux enfants ont libéré l’ânon du licol, l’ont monté et ont déguerpi. Mango se réveille et constate que l’ânon a disparu, mais que le licol est toujours là ; comment l’ânon a-t-il pu glisser sa tête hors du licol ? Il se dit : « C’est curieux, j’ai perdu cet âne. Si je suis Mango, l’âne est perdu, mais si je ne suis pas Mango, je dirai à ma femme que j’ai gagné ce licol ; j’ai donc un licol ». Nous, les contemporains, nous avons un licol dans les mains et nous nous interrogeons : « Est-ce que l’âne est perdu ou bien est-ce que le licol est gagné ? » Et les gens disent : « Sommes-nous sauvés ? » Alors certains nous persuadent que si on est sauvé, on gagnera des choses de l’autre côté ; ce n’est que le licol, mais tu as perdu l’âne ; si tu as perdu l’âne, dans l’autre monde tu ne gagneras rien, je te l’affirme : tu ne gagneras rien ; mais si ton âne est avec toi, tu gagneras beaucoup. Et selon moi Mango ne devait pas mettre cet ânon en vente. Chaque enseignement doit être strictement défini dans nos esprits pour ne pas engendrer ces contradictions. Quel est le juste enseignement ? Seul l’enseignement divin est juste car il est applicable ; c’est un Enseignement qui peut en un an changer l’être humain en forme, en contenu et en nature. Je m’exprime parfois en symboles car la matière est très abstraite et le chemin de la symbolique est le plus facile à emprunter, il me fait économiser du temps. Si je m’élance à parler comme vous le faites, pour un seul de mes discours symboliques il faudrait une année entière ; il est nécessaire de consacrer un an à chaque symbole de mon discours. Chaque symbole ou chaque métaphore sont reliés, ils ont leurs rapports, leurs accords qui expliquent leur genèse, qui expliquent le comment et le pourquoi ; ces définitions ne sont pas employées arbitrairement, elles suivent certaines lois, il y a certains accords, c’est toute une musique. La nature aussi s’exprime de la sorte, c’est un langage particulier que vous étudierez à l’avenir. Chaque enseignement doit être strictement défini, non pas mécaniquement, mais mathématiquement parlant, et nous devons avoir la certitude que cet enseignement est absolument divin et que nous pouvons l’utiliser partout dans notre vie. Par exemple, vous affirmez que Dieu est amour ; très bien, mais l’avez-vous vérifié ? Tous parlent de cela, tous le prêchent. Allez dans une église orthodoxe, allez dans une église évangélique, dans une mosquée, dans chaque église toutes les religions clament : « Dieu est amour », mais combien parmi les dévots ont vérifié que Dieu est amour ? Je vais me servir d’une analogie. Je prends en guise de comparaison les cinq sens. Commençons par la langue humaine, admettons que l’être humain doit percevoir ce qu’est la lumière par le biais de sa langue : il tire sa langue, s’il est aveugle et sourd, et fait des observations. Comment fera-t-il pour établir s’il y a de la lumière ou de la chaleur ? Par le seul constat du dessèchement de sa langue. S’il la tient au soleil, sa langue se desséchera et commencera à se rider, ce qui sera le signe qu’elle a été exposée au soleil ; si elle ne se dessèche pas mais reste humide, c’est que le Soleil ne l’a pas irradiée. C’est pour cette raison que la nature a caché la langue à l’intérieur car elle ne doit pas se dessécher, voyez-vous ? Je raisonne par analogie : si dans le monde les choses se dessèchent – je tire une conclusion, je peux l’argumenter et la prouver mathématiquement parlant, si elles se dessèchent, si elles ne progressent pas, s’il y a un retour en arrière, une dégénérescence, une perversion, leur langue est dans un état anormal, elle est exposée au soleil à l’extérieur. Donc la chaleur et la lumière mécaniques sont nuisibles pour la langue. Bien, admettons maintenant que vous testiez cette lumière uniquement par votre oreille ; comment ressentirez-vous la lumière et la chaleur ? Votre oreille brûlera et vous ressentirez parfois une grande chaleur. Vous ressentirez deux gênes dans vos tympans : élévation de la température et brûlures. Donc, lorsque la fièvre se manifeste lors d’une maladie, je dis : « Les humains perçoivent la lumière et la chaleur par leurs tympans ». Ainsi, la perception intelligente de la lumière et de la chaleur ne se fait ni par la langue, ni par les oreilles. Je peux aussi maintenant procéder à une analogie pour le nez mais je la laisse de côté. Le seul organe par lequel nous percevons la lumière en ayant une idée précise de ce qu’elle est, ce sont les yeux. Les yeux distillent une sensation agréable ; en quoi consiste cette sensation ? Si la lumière transite par l’oreille, il n’y a aucune dilatation, si elle transite par la langue, il n’y a aucune dilatation non plus, mais si elle transite par tes yeux, tout un monde s’ouvre devant toi : tous les objets qui sont confus, flous et qui restent dans le secret, se révèlent à présent à tes yeux. Par conséquent, chaque enseignement est authentique seulement lorsqu’il peut nous révéler le monde divin en forme, en contenu et en sens. Maintenant, vous pouvez appliquer cet Enseignement à vous-mêmes. N’appliquez pas aux autres l’Enseignement que vous recevez. Certains font la différence entre ce que le Christ a enseigné et préconisé, et ce que j’enseigne moi ; le Christ et moi nous enseignons la même chose, rien de plus. Certains demandent : « Qui es-tu ? » La question n’est pas qui je suis ! D’autres demandent : « Qui est le Christ ? » La question n’est pas qui est le Christ ! Il y a Un seul Dieu dans le monde : le Dieu de l’amour qui se manifeste à sa guise et à travers celui qu’Il veut. Toute gloire, toute sagesse et tout savoir dans le monde est Sien ; et tout être, qu’il soit le plus grand des prophètes, un maître ou l’un des dieux, s’il ose seulement s’approprier ce titre et s’approprier ce que Dieu a en Lui serait une personne déchue. Nous ne nous illusionnons pas, nous ne voulons aucune gloire pour répondre qui nous sommes, non, non, ce n’est pas pour nous ; l’important pour nous dans ce Verbe du grand Seigneur de l’amour est que tous les humains aient Sa bénédiction, Sa lumière et Sa chaleur, et non pas par les oreilles, la langue ou le nez, mais par les yeux. La question n’est pas de savoir ce que nous devons être : orthodoxes, évangélistes ou catholiques. Certains nous baptisent maintenant deunovistes ; le plus grand mal, le plus grand déshonneur pour moi est ce nom deunoviste ; c’est un pseudonyme, moi-même je n’en suis pas un. Certains peuvent trouver agréable de s’appeler deunoviste, mais pour moi lorsqu’on prononce le mot deunoviste ou Deunov, c’est comme si on me plantait un clou dans la main. Peu importe tout cela, nous souffrons tous de deunovisme, de paulisme, d’apostolisme, de petrovisme et tutti quanti[2]. Le monde souffre de cette incurie, de noms comme karavelistes, tonchevistes, draguiévistes, stambolovistes[3] et ainsi de suite ; aucuns d’eux, ni les stambolovistes ni les karavelistes n’ont redressé la Bulgarie. Rien qui soit déterminé par la pensée humaine n’est authentique ; le christianisme aussi a perdu lorsqu’il a été affublé de ce nom. Je n’ai rien contre le christianisme, mais sa force ne réside pas dans son nom ; si nous pensons le contraire, c’est-à-dire que la force est dans le nom, nous nous trompons. J’interprète cette loi d’après le principe. La force d’un enseignement dépend seulement de l’amour qui l’habite, seul cet amour qui pénètre l’âme humaine, la pensée humaine, le cœur humain, l’esprit humain, lui seul les élève. Vous pouvez louer mon nom, mais alors, non seulement il ne vous apportera rien mais de surcroît vous pâlirez et vous vous dessècherez complètement. N’allez pas de l’autre côté. Je ne vous dis pas qui est Deunov, je ne veux pas que vous le sachiez ; je suis comme vous : lorsque j’examine l’enseignement du Christ, je ne m’écarte pas de vous. Pourquoi suis-je l’un de vous ? Parce que je sais que Dieu est amour, je ne peux pas faire de différence entre Ses créatures. Si je vous considère en dehors de Dieu, vous n’êtes rien ; mais du point de vue de l’amour, dans cet organisme, dans cette conscience, j’ai du respect et de l’amour pour vous en considérant que vous êtes une manifestation de Dieu. Dois-je vous demander à présent ce que vous pensez de moi ? Le Christ aussi interrogeait les disciples autrefois : « Que pensent-ils de Moi, qui je suis » ; ils lui ont répondu : « Les uns pensent que tu es Isaïe, d’autres, que tu es l’un des prophètes ». « Mais vous, que pensez-vous ? » L’un a osé dire : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant », mais il n’a pas encore formulé la vérité et le Christ l’a corrigé en lui disant : « Je suis de chair et de sang », et il a ajouté : « Ce ne sont pas les gens qui te l’ont révélé, mais mon Père [4] ». Voilà ce qu’Il a dit lorsqu’Il l’a corrigé, ce n’est pas relaté dans l’Évangile. Vous me demanderez ce qui est écrit ? Je vous le dirai, mais lorsque l’amour vivra en vous. Êtes-vous prêts à sacrifier toute votre vie, tous vos avoirs pour Dieu ? Certains parmi vous attendent que je leur révèle des choses ; je ne vous révèlerai rien. Êtes-vous prêts à tout sacrifier ? « À moitié. » Non, non, lorsque nous révélons une vérité divine, nous voulons que les gens sacrifient toute leur vie, sans réserve, sans conditions, je suis très clair là-dessus. « Je veux quitter ma femme », dis-tu. Tu n’en es pas content, mais alors laisse-lui tous tes avoirs : tu vas assurer ses arrières et si tu gagnes quelque chose, tu le lui céderas et tu ne retiendras rien pour toi ; tu lui diras : « Je te laisse tout mais tu me laisseras libre ». L’homme d’aujourd’hui a vendu ses avoirs, a mis l’argent dans le coffre-fort et il est parti servir Dieu : en voici un « service » remarquable ! Il clame : « L’Esprit a ordonné ainsi ! » Non, non, l’Esprit n’a jamais ordonné cela. Et une femme qui veut être entretenue par son mari est la plus fallacieuse ; il n’y a rien de plus déshonorant que cela dans le monde : des femmes qui se marient dans le but d’être entretenues par leurs maris. C’est cela le mariage ? C’est le signe que vous ne vous appuyez pas sur Dieu, mais que vous avez fait de votre mari une idole qui vous entretient. C’est pour cela que la mort est apparue, c’est pour cela que meurent les hommes qui ont fait des idoles de leurs femmes, c’est pour cela que les femmes meurent aussi. Et lorsque vous allez auprès de votre mari, vous regardez s’il a légué quelque chose : ce sont des affaires commerciales, pourquoi ne pas établir un contrat commercial dans ce cas ? « Le Seigneur a dit ainsi ». Non, le Seigneur n’a pas dit ainsi, ce sont vos propres dires. Vous devez discerner le Divin de l’humain si vous voulez avoir à l’avenir une culture pas seulement en paroles. Et ne pas laisser dire que cet Enseignement est seulement dans les nuages - ce que je vous dis est applicable dans la société, partout ; il y a des moyens, des méthodes pour bien me comprendre. Il faut partout insuffler la justice. Une femme lassée par son mari se dit maintenant : « Le Maître parle vrai, je vais le quitter ». Non, non, je ne dis pas cela ; et un mari, lassé par sa femme, voudrait aussi la quitter. Je ne cautionne pas cela, je m’exprime en principe ; tu es venu seul dans le monde et tu dois vivre seul. Que signifie vivre seul ? Aux yeux de Dieu vivre seul signifie vivre pour tous et que tous vivent en toi, voilà ce que signifie être seul. Et on demande maintenant : « Que devons-nous faire ? » Ne pas exercer de violence ; nous nous faisons tous subir de la violence les uns aux autres. Quelqu’un vient à moi et veut parfois – je le note, j’observe les gens – que je lui confie quelque chose, mais je ne peux pas le lui dire. « Ainsi, tu ne me fais pas confiance, ne suis-je donc pas digne d’être dans la confidence ? » Maintenant les gens ne comprennent pas : dans cet Enseignement je dois parfois préciser une grande loi, mais cela recèle un danger. Je vous donnerai une comparaison, une analogie pour illustrer ce danger. Admettons que vous êtes pauvres et que vous venez me voir : je vous donne à manger, je vous habille et je vous laisse un sac rempli d’or ; là, sur le chemin, il y a dix brigands qui attendent. Si je vous y envoie avec ce sac, à votre avis, passeriez-vous sain et sauf ? Vous paierez de votre vie et il vaut mieux avoir des habits propres que ce sac d’or. Si le chemin est sûr et la société bien réglementée, même deux sacs d’or ne vous exposeront pas à un danger quelconque. Du point de vue occulte c’est le signe qu’on a dompté ce qui est matériel, qu’on a une morale très haute, sans trace de brigands en son for intérieur, alors cette grande vérité peut lui être confiée ; mais s’il n’a pas cette stabilité, s’il nourrit des brigands en lui, si ce sac d’or apparaît, alors il le paiera de sa vie. Je ne veux plus de cela, ce qui est ancien est déjà révolu, et n’est plus acceptable. Quelles doivent être les nouvelles formes dans la vie, les nouvelles compréhensions, comment doit être la nouvelle morale ? On dit par exemple : « Ne mens pas ! » Il faut parler de façon véridique, bannir le mensonge, mais la question n’est pas là. Le mensonge est la négation de la vérité. L’amour doit être parfait, désintéressé, sans limites, sans aucune revendication de l’âme. L’amour, le premier principe doit être en nous plein et parfait ; cet amour doit non seulement habiter notre pensée, mais être aussi dans notre cœur et dans notre âme en substance et en contenu, et enfin être en puissance dans notre volonté pour être applicable instantanément. Nous appliquerons, nous éprouverons l’amour par lui-même. Comment s’illustre le puissant ? De deux façons : il peut combattre un autre puissant, pour montrer sa force, c’est ainsi que les lutteurs s’affrontent couverts de prix, de lauriers en cas de victoire et ils clament : « Il n’y a pas d’autre lutteur semblable à moi ; celui qui me cherche des noises, je le mets en bouillie si je l’attrape ». Et on dit : « C’est un héros de notre patrie ». Le monde est plein de ce type de héros. Le deuxième héros, le puissant est celui qui lorsqu’il croise une vieille femme – ou jeune, peu importe, la prend sur son dos, discute avec elle : « Grand-mère, où veux-tu te rendre ? » Il l’amène chez elle, la dépose, lui rend service et s’en va ; s’il voit que quelqu’un se noie, il l’attrape par la main, vient à son secours. Ce gaillard rend service à tous où qu’il aille. Qu’est-ce qui est mieux : se mesurer aux autres ou bien être au service des faibles ? N’est puissant que celui qui peut aider les faibles. Secourons les faibles ! Vous tous qui m’écoutez, vous êtes forts, vous êtes des héros. Qui parmi vous ne caresse pas l’idée d’être le premier ministre de Bulgarie ? Qui parmi les femmes ne souhaite pas être comtesse ? La société est ainsi, vous avez tous ce désir, mais vous le dissimulez, vous le taisez. Si je vous le demande directement, vous direz : « Ce n’est pas vrai » ; je ne veux pas poser la question, demander, car vous me mentirez et je ne veux causer de tort ni à moi ni à vous. C’est un trait distinctif chez tous. S’il est question d’être comtesse, vous êtes plus qu’une comtesse. Mais être comte en Bulgarie signifie être balayeur au Ciel ; le comte le plus émérite sur terre sera chargé des pires corvées au Ciel, comprenez-vous ? Alors je vais vous relater l’anecdote de ce grand bœuf. Au temps de leur civilisation – les bœufs avaient leur propre civilisation et leur culture actuelle est le reliquat de celle d’antan – ce bœuf a parcouru le monde entier et a vaincu tout le monde avec ses cornes, il n'avait trouvé aucun adversaire digne de lui. Il a appris l’existence des humains et a dit : « Je vais aller là-bas, je leur montrerai les cornes que j’ai ! » C’était tout de même le grand bœuf qui n’avait pas rencontré d’adversaire capable de lui résister. Il se rend chez les humains pour les combattre et ils l’ont attrapé puis attelé au travail ; ils lui ont montré qu’il y avait plus fort que lui. Maintenant, lui et ses congénères labourent les champs des humains. Nous les contemporains, les religieux, nous pensons être pieux et puissants. « Le Christ a fait cela pour nous ». Le Christ peut faire quelque chose pour vous seulement à une condition : il n’a pu dire ces paroles que sous la loi du plein amour divin. Vous êtes dans une église et vous dites ainsi : « J’aime le Christ et je suis prêt à sacrifier ma vie pour Lui », mais vous êtes attachés à l’église et vous dites : « Que diront les nôtres à l’église, que dira mon père, que dira ma mère, que dira le peuple, que dira celui-ci ou celui-là ? J’aime le Christ, mais son temps n’est pas encore venu ; peut-être plus tard, dans un futur lointain ». Certains qui croient à la réincarnation peuvent dire : « Pas dans cette réincarnation mais dans la suivante » ; les religieux de leur côté diront : « Lorsque nous irons au Ciel, le Seigneur nous apprendra comment y arriver, nous n’avons pas pu sur terre ». Non, non, celui qui ne peut pas servir le Christ ici sur terre ne pourra pas le servir au Ciel, et celui qui peut le servir sur terre, pourra le faire aussi au Ciel ; comprenez-vous ? On prêche maintenant que tout est possible au Ciel ; c’est au sens figuré, cela veut dire que dans des conditions plus favorables sur terre, telles qu’elles existent au Ciel, lorsqu’on y met cet ordre et cette discipline, lorsque les lois du monde invisible, lointain – non pas qu’il soit lointain en temps et en espace, mais lointain du fait de l’absence de ces organes sensoriels, nous ne pouvons pas entrer en contact avec lui – lorsque ces lois du monde invisible seront accessibles pour notre pensée, pour nos cœurs, et seront applicables sur terre, il y aura des conditions plus bénéfiques pour appliquer cet amour divin sur terre. Cela veut dire que nous devons quitter la terre et y revenir pour retravailler ce matériel et revêtir ces formes nouvelles par lesquelles introduire le Nouvel Enseignement pour bannir la violence de ce monde. Je vais m’arrêter maintenant pour vous relater un conte occulte à propos de la tribu des finuces. Je ne donne pas son vrai nom occulte car ce n’est pas autorisé ; c’est un sobriquet que j’ai inventé, il est de moi, je vous dis la vérité. Je ne vous donne pas non plus le nom de l’héroïne, je la baptise Kvistinia ou Kvistina, comme vous voulez. Elle a eu un éveil de conscience et a voulu entrer dans la Fraternité Blanche pour accélérer son développement ; elle est partie dans le monde chercher des procédés et des méthodes pour acquérir ce savoir en entrant dans des fraternités successives qui lui étaient inconnues. À un endroit elle a dû gager son cerveau pour obtenir du savoir : elle l’a fait ; à un autre endroit elle a dû gager son cœur pour obtenir de l’amour : elle l’a fait ; à un troisième endroit pour obtenir la force il a fallu gager sa volonté : elle l’a fait ; à un quatrième endroit elle a gagé son âme. En gageant son âme, elle a compris qu’elle avait tout perdu sans rien acquérir. Je tracerai maintenant un parallèle, je vais interpréter ce conte ancien. Si nous gageons notre pensée que Dieu nous a donnée, si nous gageons notre cœur que Dieu nous a donné, notre volonté que Dieu nous a donnée et notre âme, nous sentirons que nous avons tout perdu : on appelle cela la chute originelle. C’est ce conte fondateur de la Bible sur le jardin d’Eden, c’est gager tout pour obtenir savoir et amour, mais si tu gages tout, tu sentiras que tu as tout perdu sans avoir rien acquis. Je demande alors : comment faut-il trouver cette vérité dans le monde ? Eh, savez-vous quand est apparu le mariage ? Je vais entamer une réflexion à présent : l’histoire du mariage. Lorsque cette héroïne était en proie au désespoir, un des adeptes ou des Maîtres de la Grande Fraternité Blanche a adressé une prière à Dieu en disant qu’elle avait suivi un mauvais chemin et en demandant qu’elle soit reconduite dans le droit chemin. Il a fallu alors qu’un des frères de la Fraternité Blanche se marie pour la sauver : qu’il sacrifie la moitié de sa pensée, la moitié de son cœur. C’est ce conte de la création d’Ève avec une côte d’Adam, c’est cette autre histoire. Et vous maintenant, vous vous mariez, mais à quoi bon ? Le mariage, c’est une loi pour sauver les humains, c’est l’un des grands sacrifices que l’on peut faire. Tandis que le mariage d’aujourd’hui ressemble à quoi ? Du moins en Bulgarie, à quoi cela ressemble-t-il ? Se présentent d’abord de vieilles grands-mères, les marieuses qui se mettent à fréquenter la famille de la jeune fille de loin en disant : « Ne songez-vous pas à la marier ? Il y a un beau jeune homme, il est comme ci et comme ça, elle vivra heureuse avec lui, ce sont des gens riches, fortunés, on prendra grand soin d’elle ». Oui, ce sont tous des anges, lui aussi c’est un ange. Et la mère ne dira pas la vérité à la jeune fille, mais : « Tu auras une belle vie ». Une fois mariée, la fille dit : « Maman, tu m’as parlé ainsi, mais nous ne vivons pas comme tu l’as dit » et la mère dit : « Nous aussi, nous vivons comme ça avec ton père, dans la tourmente ». Et cette jeune fille aussi affirmera plus tard à sa propre fille que celle-ci vivra heureuse : c’est ainsi vous vous mariez. Vous direz : « C’est ainsi que le monde est fait ». Ne mariez jamais personne, ne mariez pas, comprenez-vous ? Celui qui est prêt à sacrifier sa vie et à délivrer cette Kvistinia, qu’il se marie et que ce mariage soit entre elle, lui et Dieu. Pour accéder à cette région, il doit être un héros dans tous les plans : il doit s’élever dans le monde invisible, dans le champ mental et combattre pour y reprendre sa richesse ; il doit ensuite descendre dans le monde astral et livrer un autre combat, et libérer le cœur de sa bienaimée ; puis descendre sur le plan physique et libérer sa volonté ; puis monter dans le monde causal pour libérer son âme ; et après lui avoir restitué toutes ses richesses, il doit dire : « Ma bienaimée, j’ai accompli ta délivrance, reprends tout ; nous sommes libres et nous pouvons servir Dieu comme nous le souhaitons ». Voilà ce qu’est le mariage contrairement à maintenant où le mari va mettre en gage la pensée de sa femme, son cœur, il gagera tout, il la conduira à la ruine et la femme aussi le mettra en gage à son tour. Je ne vise personne en particulier, j’aborde la question sur le principe, mais je ne m’intéresse pas à vos fautes actuelles. À l’avenir, si vous voulez redresser votre vie, sans violence, vous devez appliquer l’amour divin en vous ; vous devez dire : « Seigneur, nous travaillerons désormais exactement comme Tu le veux : d’abord, nous n’allons jamais transgresser Ta loi mais l’appliquer ; nous n’allons jamais dénigrer Ta parole, elle sera toujours sacrée pour nous, elle sera sacrée ». Savez-vous alors quelle joie jaillira lorsqu’une parole divine se présentera ? Lorsqu’elle pénètre en vous, quelle joie ce sera, quelle lumière pénétrera votre âme ; vivrez-vous une telle expérience ? Vous pourrez tous la vivre. Certains me demandent : « Devons-nous nous marier ? » Je le déterminerai. Vous dites : « Notre Maître dit que nous ne devons pas nous marier ». Si tu comptes vendre la pensée de ta femme, son cœur, sa volonté, son âme, ne te marie pas, ne foule pas le sol de sa maison ; et si toi, en tant que femme, tu comptes aussi agir de la sorte, ne te marie pas. Mais si tu vas la libérer en héros ou en héroïne, tu peux te marier, sans marieurs, sans curés, sans aucune autre force à part l’unique force divine, l’amour divin qui te pénètre ; cela doit être la nouvelle compréhension du mariage. Alors que Paul dit à propos du mariage d’aujourd’hui : « Si ta femme mourait, tu pourrais en épouser une autre » et dans ce mariage qui peut aller jusqu’à soixante ans, il peut se marier dix fois. Non, lorsqu’il se marie, il partira en voyage lointain et après avoir acquis toute la richesse, il reviendra pour la restituer à sa femme, il lui donnera un baiser sacré qui vaudra cent mille fois mieux que tous vos plaisirs d’aujourd’hui. Vous pouvez alors vous marier cent fois si vous le désirez, mais vous serez des héros. Je parle du mariage du futur, le véritable mariage et non pas celui d’aujourd’hui. Mariez-vous, vivez comme bon vous semble, je ne m’en mêle pas le moins du monde. Vous faites affaire comme deux marchands qui négocient : chacun doit honorer son engagement comme il l’a promis ; qu’il soit juste ou non il se doit de l’honorer. « Qu’il n’y ait pas de violence. » Maintenant, je dis que nous avons un rapport à cette grande vérité dans le monde. Eh, comment un peuple peut-il se montrer héroïque ? Pensez-vous que le peuple bulgare peut s’élever à l’avenir grâce à cette morale et être quelque chose de plus ? Non, il deviendra plus chétif ; pensez-vous que les peuples anglais, allemand ou américain peuvent s’élever par cette morale ? Pas le moins du monde. Ce n’est pas un reproche, ils ne peuvent pas s’élever plus ; les formes qu’ils revêtent ne peuvent plus donner d’essor à l’être humain. Tous les gens de la culture actuelle ont un seul idéal, ils ne pensent qu’à l’argent ; l’argent n’est pas un but dans la vie, mais un simple moyen, une condition. Est-ce qu’il y a une seule façon de vivre ? L’argent n’est pas le seul moyen, il en existe d’autres : les terres, les champs, les jardins, les fruits, les graines, le soleil, tout cela peut être mis à profit. Mais y a-t-il un seul moyen de nous élever ? Vous les religieux, vous dites à présent : « Les gens ordinaires vivent d’une manière, et nous d’une toute autre manière, nous n’avons pas besoin d’argent », et pourtant vous ne cessez de manipuler l’argent ; vous dites : « Je ne veux pas d’argent », mais vous portez de l’argent dans vos poches. Un autre ne porte pas d’argent, mais oblige les autres à en porter : de l’argent, du pain, quelle différence ? Ce ne sont que des mots. Non, non, j’aborde cette question autrement : si j’ai foi en l’argent et non pas en mon âme, je commets un crime. Nous pouvons l’utiliser à l’extérieur, la question n’est pas de ne pas l’utiliser extérieurement, mais intérieurement, intérieurement ce penchant pour l’argent ne doit pas toucher votre âme. Si j’ai un couteau, je peux l’utiliser extérieurement, mais la question est de savoir si j’ai pour but de trancher la gorge de quelqu’un avec ce couteau ; si ce couteau est lié à un désir pervers et criminel, ce désir doit disparaître complètement. Lorsque je parle de l’argent, je le désigne comme un mal, c’est un couteau avec une idée toxique dans l’esprit, dans l’âme humaine ; donc cette idée ne doit pas exister dans le monde, alors que le couteau en tant que couteau peut très bien être utilisé. Et alors vous débattez : « Est-ce que ce prophète est de Dieu ? » Combien y a-t-il de prophètes en Bulgarie qui viennent de Dieu ? En prenant la Bible vous verrez que les prophètes juifs ont été canonisés. Les peuples européens n’ont pas de prophètes canonisés, mais je demande : est-ce que ces prophètes, venus parmi le peuple hébreu lui ont apporté la délivrance ? Il n’y a pas de peuple plus malheureux que le peuple juif, persécuté depuis deux mille ans partout, persécuté, persécuté ! Pourquoi ? Parce que ce peuple n’a pas accompli ses devoirs et ses engagements envers Dieu ; il a servi Dieu en forme et non pas en amour ; il a transgressé la loi de l’amour, et alors les souffrances et les malheurs se sont abattus sur lui. Aujourd’hui, les peuples chrétiens non plus ne servent pas Dieu par amour. Dans leurs églises, les prêches, l’office sont remarquables, ils comprennent les Écritures, les prières sont excellentes, au premier abord tout est bien et cela me plait aussi, mais ce qui est substantiel, cet amour du Christ est absent ; il y a de l’amour, mais de l’amour ordinaire. Vous direz : « Un chrétien a donné cent mille levas » ; il y a des gens ordinaires qui sans être chrétiens ont donné un million de levas. Le héros du christianisme doit se distinguer des gens ordinaires par quelque chose. Il doit être un héros pour s’élever, libérer la pensée de son frère et y insuffler la lumière ; lui rendre son cœur et donner la liberté à ses sentiments ; délivrer sa volonté, lui donner la force ; détacher les entraves de son âme pour qu’elle puisse croitre, se développer et ressentir une liberté pleine et entière, voilà ce que je nomme amour dans le monde, c’est cela l’amour. C’est un amour qui n’asservit pas, qui libère, tu commences à respirer et à croître. Lorsque ton frère reviendra, tu diras : « Je te remercie, viens dans mon jardin je vais cueillir ces fruits, prends-en » ; alors vous serez joyeux tous les deux. Je vais vous donner maintenant un exemple pour les choses qui sont réellement substantielles et non pas pour celles qui le sont uniquement en contenu et en forme. Je vous fais don d’un jardin que vous devez cultiver, mais il n’y a pas d’eau dans ce jardin ; vous commencez à l’exploiter, vous tracez des allées, des carrés, vous plantez des piquets, vous aplanissez la terre, mais sans rien semer ; vous créez des fontaines, des statues, mais le jardin est mort, il n’y a pas d’eau. Je vous demande : en quoi tirez-vous profit de ce jardin avec ses fontaines et ses sculptures ? L’essentiel est de faire passer une rigole dans le jardin et y planter de beaux arbres fruitiers, des pommiers et des légumes. Utilisez cette eau et vous serez utiles à vos proches, vous serez satisfaits, voilà l’essentiel. Nous pouvons avoir un caractère remarquable fait de marbre comme les statues, nous pouvons avoir d’excellentes connaissances contenues dans la Bible, mais ce sont des connaissances inertes, l’important est d’avoir le caractère d’un jardin vivant, d’une rivière vivante : c’est ce que le Christ exige. Et Il dit : « Je vais vous montrer cela ». Il frappe à votre cœur et demande : « Avez-vous de l’eau de ma rivière, avez-vous détourné une petite rigole qui puisse irriguer votre jardin ? – Seigneur, il n’y a personne pour le faire. – Je vais le faire, vous, tenez-vous prêts ? » Il suffit que vous ayez le désir de détourner une rigole. Vous poserez la question : « L’eau sera amenée de loin ? Quelle sera la longueur de la rigole ? » Peu importe : cent mille kilomètres, un million de kilomètres, dans tous les cas l’eau est utilisable. Vous devez avoir en vous une source vivante. Et Jean dit : « N’exercez pas de violence ». Lorsque le principe divin de l’amour entre en vous, la première chose qui va forger votre caractère si vous êtes forts est qu’il n’y aura pas en vous le désir d’exercer la violence. Et si vous voulez savoir, la deuxième chose est de ne calomnier personne. Je suis frappé par les suspicions des gens. Je fais des expériences, je soumets les gens qui nourrissent ces suspicions à la tentation. Mettez un homme et une femme dans la même pièce et demandez aux autres ce que ces deux-là font ; demandez à cent personnes de donner leur avis : qu’elles vous disent ce que cet homme et cette femme font, sans qu’il soit possible de les surveiller, les rideaux étant fermés ; que cent personnes se prononcent sur ce qu’elles en pensent ; que vont-elles dire ? Combien seront proches de la vérité ? Ces deux personnes, homme et femme, peuvent débattre les idées les plus sacrées, mais on va leur imputer les agissements les plus pervers et les plus abscons. Avec un tel état d’esprit comment pouvons-nous servir Dieu ? C’est comme si en passant à côté d’une charogne de bœuf que se dispute une meute de chiens, quelqu’un me regarde, s’étonne et m’interroge : « Toi-aussi, tu veux en manger ? – Non, non, c’est votre privilège. » Oui, frères, un idéal est exigé de vous tous. Nous devons tous combattre ces sentiments ténébreux. Pureté, une pureté absolue envers Dieu est exigée, non seulement extérieure, par la forme – vous êtes tous purs par la forme – mais aussi intérieure, une pureté intérieure est nécessaire. Je voudrais vous goûter comme on goutte l’eau pure d’une rigole qui peut purifier quelqu’un ou bien le pervertir ; chacun de vous peut goûter. À mon avis la pureté ou l’avilissement consistent en cela : vous êtes un jeune professeur, j’ai une fille que je vous confie pour lui enseigner la musique ou quoi que ce soit d’autre, vous l’enseignez chez vous. Disons que vous n’êtes pas marié, vous êtes un jeune enseignant en qui j’ai confiance. Si son caractère à son retour s’améliore, si elle est devenue plus intelligente, si vous lui avez insufflé quelque chose, alors votre influence a été bénéfique ; mais si après avoir séjourné chez vous, ses mœurs se sont dissolus, je dis alors : « Vous l’avez influencée en mal ». De ce point de vue nous pouvons toujours montrer quelle est notre influence, cela ne demande pas une grande philosophie : il suffit que quelqu’un vive un ou deux ou trois mois avec moi. Certains me demandent qui je suis. Je dis souvent : vivez un mois avec moi et vous me connaîtrez, vous verrez par vous-mêmes, c’est l’expérience vivante ; il peut y avoir d’autres moyens, mais c’est l’expérience qu’il faut appliquer sur terre. Nous devons être nobles, car celui qui pervertit les autres se pervertit lui-même ; nous faisons tout dans le monde pour nous-mêmes. Nous devons donc servir au nom de ce grand amour pour libérer l’organisme divin, donner la liberté à toutes ces âmes qui servent le corps divin, mais ce n’est pas une liberté comme celle de maintenant. Je veux que l’amour jaillisse de chacun de vous et que vous vous respectiez les uns les autres en tant qu’individus qui se reconnaissent. Certains demandent maintenant : « De tout ce qui a été dit, qu’est-ce qui est juste ? » Je serai catégorique, je le dirai si franchement qu’il n’y aura pas de doute possible ; il y a une grande justice qui lorsqu’elle entrera dans le monde fera régner l’ordre et la discipline partout sur terre ; les portes seront ouvertes et les jardins ne seront pas clôturées, la terre entière ressemblera à un jardin d’Eden, et alors votre fille pourra fréquenter qui elle voudra sans qu’un cheveu ne tombe de sa tête ; quels que soient ses habits, elle reviendra chez vous avec des habits encore plus propres. Ce sera ainsi, mais quand ? Vous direz : « Ces idéaux sont lointains » ; non, mes frères, nous pouvons les appliquer dès aujourd’hui. Avez-vous du caractère ? Ou bien devons-nous encore vous démontrer que vous êtes pourvus d’une âme ? Nous n’avons pas à vous le démontrer. Avez-vous un élan intérieur ? Vous répondez : « Nous examinerons ce que chaque savant a écrit » ; il n’a pas écrit jusqu’au bout. Les prophètes d’antan non plus ne savaient pas tout ; il y a des choses dans le monde que même les prophètes ne connaissaient pas, il y a des choses que même les Grands Maîtres ignorent, sachez-le. Cette grande sagesse divine qui se manifeste, ces secrets en Dieu qui sont dissimulés, seul le temps les révèle. Et ces Maîtres qui comprennent les lois s’instruisent aussi ; et ils mettent des millions de siècles pour vérifier une grande vérité divine. Alors que nous sommes maintenant englués dans les petites choses pour les arranger, et nous avons délaissé le plus important. Quelqu’un dit : « Je veux aimer » ; c’est bien d’aimer, mais sais-tu comment et qui aimer ? Pensez-vous que si vous prenez un serpent avec vous et que vous le nourrissez, il vous rendra quelque chose, pensez-vous que si vous réchauffez le petit serpent, il vous donnera de l’amour ? Non, il va seulement engloutir tout, sera de plus en plus grand comme un boa et un jour s’enroulera autour de vous, vous écrasera les côtes et votre vie passera dans le serpent. On dit : « Aimons-nous ». Comment ? En nourrissant le petit serpent ? Vous, les jeunes qui êtes ici, de quelle façon voulez-vous aimer ? Je vous pose la question au nom du Christ : de quelle façon voulez-vous aimer ? Savez-vous pendant combien de vos existences sur terre ce serpent a broyé votre organisme ? On dit : « Le Seigneur est bon ». Si vous ne nourrissiez pas ce serpent en vous, comment pourrait-il vous broyer ? Dans les Misérables, Victor Hugo – vous avez lu ce roman n’est-ce pas ? – décrit un héros, Jean Valjean, et une héroïne Cosette. Il devient son tuteur alors qu’elle est une pauvre fillette et tombe en même temps amoureux d’elle, mais sans être en situation de l’épouser. Lorsqu’elle tombe amoureuse d’un autre, un jeune, il est envahi d’un grand chagrin et cède à l’excentricité. Et nous tous qui tombons amoureux dans le monde mais ne pouvons pas assouvir notre désir, nous devenons excentriques. On se demande pourquoi nous tombons amoureux de ce que nous ne pouvons pas avoir. Cosette a des sentiments de reconnaissance envers Jean Valjean, mais l’amour est d’une autre nature. Vous avez aimé ce monde, mais il ne veut pas de vous, car le monde est une force qui donne mais ne rend rien. Le monde ressemble aujourd’hui à ce Turc qui n’avait pas d’argent et qui a mis son chapeau à la maison, a allumé une bougie au-dessus et a clamé : « Celui qui verra, regrettera ; et celui qui ne verra pas, regrettera aussi ». Tout le monde s’agglutine, tous veulent voir. Quelqu’un entre dans la pièce et voit le chapeau et une bougie allumée posée sur lui, il paie puis sort dehors. : « Qu’as-tu vu ? – Entre pour voir. » Il crie encore : « Celui qui voit le regrettera, et celui qui ne voit pas, le regrettera aussi. – Comment, qu’est-ce qu’il y a dedans ? » Un autre entre et voit la bougie brûler sur un chapeau. Ils entrent l’un après l’autre, regardent l’exposition du Turc et son capital fructifie ; celui qui sort n’avoue pas avoir été bête au point de regarder une bougie allumée sur un chapeau ! Maintenant dans le monde, vous voyez aussi cette exhibition de derviche turc et vous dites : « C’est excellent », mais en sortant vous dites : « Entre pour voir ». Il y a dans ce monde un chapeau et une bougie allumée, toute la vérité est là. Celui qui a vu, dit : « Entre pour voir » ; je sais déjà ce qu’il y a, aucune culture ne peut exister sur ce chapeau. Que la culture que nous espérons ne puisse pas y perdurer, que nous ne puissions pas être heureux dans cette vie et vivre en frères, pourquoi ne pas s’avouer cette vérité ? Il y a des raisons à cette impossibilité. Alors qu’on peut créer une nouvelle culture dans le monde ; ne serait-ce que deux ou trois personnes peuvent donner un exemple d’une bonne compréhension de Dieu et non pas cette compréhension physique comme maintenant. Et ils auront raison. Nous avons besoin de cette véritable compréhension : que Dieu est un grand principe de l’amour conscient qui pénètre en nous. Chacun peut avoir un instant dans sa vie, une expérience même minime, et peut en tirer la loi : ce qui est vrai à l’échelle microscopique reste vrai même à l’échelle réelle. Chacun doit atteindre cette grande loi et reconnaître que l’amour œuvre. C’est ainsi que parlait Jean il y a deux mille ans : « Sans violence et sans calomnies ». Je veux que deux choses restent dans vos esprits après cette causerie : ne violentez personne et ne calomniez personne dans votre âme. Pouvez-vous appliquer ces deux choses élémentaires ? S’en suivront d’autres bienfaits que vous éprouverez. Lorsque nous abordons les choses en ce sens – c’est ce que Jean disait – après ces deux attitudes, si vous êtes fidèles, viendra alors la loi christique de l’amour. Elle vient déjà dans le monde et porte en elle deux autres éléments : l’esprit et le feu ; l’esprit c’est la purification de la pensée, et le feu c’est la purification de la matière. Lorsque ces deux éléments viendront, l’esprit et le feu, ils nettoieront le monde d’aujourd’hui et insuffleront dans notre vie une pensée nouvelle, une philosophie nouvelle, et poseront les fondements de la grande loi qui doit se manifester. Nous devons par conséquent avoir cette large compréhension dans notre âme, une compréhension large, très large. Que vous dire à présent ? Je vous dirai : « Que ma paix soit avec vous ». Sofia, 4 juin 1922 [1] Dans ce chapitre 3 de l’évangile de Luc, les paroles citées sont de Jean Baptiste. [2] En italien dans le texte original [3] Les noms cités reflètent des factions et des courants politiques de l’époque [4] Matthieu 16, 13-17 « Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus interrogeait ses disciples : Au dire des hommes, qui est le Fils de l'homme ? Ils dirent: " Pour les uns Jean le Baptiste ; pour d'autres Elie ; pour d'autres encore Jérémie ou l'un des prophètes. Il leur dit: " Et vous, qui dites-vous que je suis? " Prenant la parole, Simon-Pierre répondit: " Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Reprenant alors la parole Jésus lui déclara : " Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » (Traduction œcuménique de la Bible)
  2. Beaucoup de fruit « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ; et vous serez alors mes disciples. » Jean 15 :8 En quoi consiste la vie consciente de l’être humain ? La nature répond à ce problème par le fruit : là où il y a du fruit, il y a une vie consciente, et là où il n’y a pas de fruit, il n’y a pas de vie consciente. Ces fruits dans la nature se distinguent en qualité, en composition et par la force qu’ils recèlent. Nos contemporains ne méditent pas sur cette philosophie de la vie. La civilisation contemporaine est comme celle des joueurs de cartes, d’échecs ou de billard dont toute l’attention est concentrée sur la boule et sur la canne ; ils jouent toute la nuit comme si le monde ne se résumait qu’à ces boules, du début à la fin, et en les faisant tourner ils disent : « Nous avons joué et je l’ai emporté ». Qu’est-ce qu’il a emporté ? D’un bout à l’autre avec une boule. D’autres jouent avec des quilles : on les fait tomber puis on les redresse, on les refait tomber et on les redresse, et on dit : « J’ai vaincu ». Puis on dit : « J’ai gagné aux cartes contre lui ». Il a pris la dame, et d’autres cartes aussi ; ils ont échangé des morceaux de papier. « Il a combattu » et « il a vaincu ». Je ne vois aucune victoire, aucune civilisation, c’est un divertissement agréable, mais en aucune manière une science. Nos contemporains cultivés et religieux jouent aussi aux cartes et au billard. Les théologiens ont des cannes si longues, et ils renvoient les balles d’un côté puis de l’autre tandis que des gens sont rassemblés autour d’eux et les écoutent ; ils débattent et disent qu’ils ont correctement interprété tel ou tel verset de l’Écriture. Je dis : l’avez-vous bien appliqué ? – « Non, nous ne l’avons pas appliqué, mais nous l’avons seulement interprété ». La nature ne tolère aucune interprétation, elle reconnaît seulement l’application, l’application ! Tous les malheurs dans le monde sont dus à l’inapplication de ses lois, tous les malheurs d’aujourd’hui, actuels, passés et futurs sont dus à l’inapplication. Que ce soit une inapplication dans la vie politique d’un État, ou dans la vie physique, ou dans la vie intérieure, la transgression de cette loi déclenche des conséquences néfastes, sans exception. Tous les savants modernes veulent nous convaincre qu’il y a des exceptions, qu’un jour, d’une certaine manière… Ils me disent qu’ils vont fabriquer de petites pilules pour nous nourrir sans avoir à travailler. Les Turcs disent : « Guial, kouzoum, guial » tandis que les Bulgares disent : « Patiente, petit cheval, pour de verts pâturages » ; il y a des consolations qui sonnent juste et d’autres qui sonnent creux. Il serait risible de dire à un condamné à mort : « Ce n’est rien, le Seigneur est bon » ; ton Seigneur est bienveillant, mais la corde ne l’est pas. On nous persuadera de nouveau : « C’est écrit ainsi » ; non, ce n’est pas écrit ainsi, ce sont les humains qui ont écrit cette loi. Pourquoi faut-il constamment excuser nos fautes avec ce que le Seigneur a écrit ? Dans le grand livre divin que j’examine, je n’ai jamais vu le Seigneur écrire une chose pareille ; j’ai côtoyé nombre d’auteurs qui ont beaucoup écrit, mais dans Son livre il est écrit ainsi : « Celui qui suit Ma loi est béni, alors que celui qui ne l’a pas suivi est puni » : c’est ce qui est écrit dans le livre et c’est ce que la loi proclame. Vous me comprenez de travers lorsque je parle de l’amour. L’amour absolu de Dieu entend la justice absolue ; là où il n’y a pas de justice, il n’y a pas d’amour, donc la justice est le côté physique de l’amour ; il faut nécessairement avoir la justice pour que l’amour puisse se manifester sur le plan physique. En l’absence de justice, vos paroles les plus douces, vos exhortations les plus insistantes : qu’il y ait un Ciel, qu’il y ait des Anges, une Église, que celui-ci ou celui-là aient raison, ce ne sont que de vains divertissements. Il nous faut ici la justice, une justice absolue et cette justice doit s’appliquer à tous sans exception : une même justice envers le bœuf et envers l’être humain. Et je lis ainsi dans le livre divin : « L’humain est supérieur au bœuf en intelligence, mais en justice ils ont les mêmes droits devant Dieu ». Et si vous ne reconnaissez pas ce droit au bœuf, c’est votre point de vue, mais Dieu vous appellera à la barre un jour pour vous dire que vous deviez être justes envers ce bœuf qui a labouré dix ou quinze ans dans les champs pour ne recevoir qu’un peu de foin en guise de salaire et être envoyé à l’abattoir à la fin. Et vous avez pris sa femme, la vache, et son enfant et vous dites : « Dieu l’a décidé ainsi » ; le Seigneur ne l’a pas décidé ainsi. Je m’adresse maintenant à ceux qui sont doués de raison comme vous, car je vous crois doués de raison ; les choses se posent ainsi à leurs yeux et autrement aux yeux des idiots. Je peux maintenant m’arrêter et expliquer ce que j’entends par le mot bœuf. Dans le livre divin les bœufs ont une signification très différente de celle que vous connaissez. Si vous voyiez un bœuf, vous l’attèleriez au travail, n’est-ce pas ? Mais dans le monde divin ces créatures occupent un tout autre poste, et les bœufs au Ciel sont plus intelligents que le plus grand philosophe sur terre : le saviez-vous ? L’esprit d’un bœuf en haut dans le monde divin est dix fois plus intelligent que l’homme le plus génial ici sur terre, et grâce à ce génie ces bœufs endurent les coups d’aiguillon et l’abattoir, et disent : « Ce n’est rien, nous nous sacrifierons pour ces « intelligents » et « civilisés », faits à l’image et à la ressemblance divine ». Les bœufs par conséquent éprouvent l’intelligence des humains, mais ils se tiendront un jour devant Dieu et diront : « Nous avions des cornes, nous avons labouré les champs, que faisaient les humains sans cornes et avec de si beaux bras et jambes pendant ce temps-là ? » Et alors sur le côté, des machines, des canons, des jambes brisées et des humains seront alignés qui illustreront l’humain fait « à l’image et à la ressemblance divine ». Quel est le fruit récolté du travail humain ? Les humains ont fabriqué les banques, les caisses, l’argent, les intérêts à dix, vingt, trente pour cent, et si on parcourt toute cette culture je ne sais pas quel fruit en ressortira. Et vous, les contemporains d’aujourd’hui et les religieux, vous parlez d’une seule voix comme les quatre cents prophètes du temps du roi d’Israël qui enjoignaient de faire la guerre ; ils l’exhortaient tous d’une seule voix. Le prophète Jérémie vint, mais on lui dit : « Tu mens, ce n’est pas le Seigneur qui t’a envoyé, c’est nous qui disons vrai ». Et nos contemporains disent : « Qui t’a envoyé ici pour nous parler ainsi et nous troubler ? » Je leur répondrai : ici, votre voiture s’enlisera et tombera en panne alors qu’il existe un autre chemin, plus commode ; je me manifeste pour vous protéger, et lorsque j’accomplirai ma mission, c’est tant mieux si vous m’écoutez, sinon vous apprendrez par vous-mêmes. Je vais vous donner un petit exemple. Il y a des gens intelligents dans ce monde. Deux ennemis, un conte et un citoyen ordinaire – le conte s’appelait Königsberg et l’autre, Brugson, tous deux ennemis jurés – se provoquaient souvent en duel et ne pouvaient pas se réconcilier. Le conte Königsberg avait une fille ravissante. Brugson a une idée lumineuse pour se réconcilier. Il achète un ouvrier et lui donne quatre ou cinq mille levas pour pousser à l’eau la fille du conte lorsqu’elle se promène sur la berge, sans se préoccuper de la suite. Et l’ouvrier a pris ces quatre ou cinq mille levas, et un jour pendant que le conte se promenait avec sa fille, il a poussé celle-ci à l’eau. Le conte ne savait pas nager, Brugson se jette dans la rivière et la sauve. C’étaient des personnes qui s’étaient provoquées quatre ou cinq fois en duel, mais à cet instant le conte prend la main de son adversaire et dit : « Je te suis reconnaissant, j’ai compris à présent ta noblesse ». Je dis aussi à nos contemporains : quelqu’un doit venir pousser votre fille à l’eau pour que vous vous réconciliez. Le deuxième exemple que je vais relater est d’une toute autre nature, je l’appelle le pont ouvert. C’est arrivé en Amérique. Monsieur Brown et Mel-Bee, une jeune fille, sont amoureux. Vous direz : « Qu’est-ce qu’il y a de mal à s’aimer ? » Il n’y a rien de mal, c’est très bien. Brown est préposé à un pont levis et il a pour mission d’ouvrir et de fermer le pont : il doit lever le pont lorsque des bateaux passent et le baisser après leur passage. Mais une fois, il lève le pont et sa bienaimée se présente, et il oublie de le refermer ; le train express vient pendant qu’ils roucoulent et rêvent de jours heureux, et il s’abîme dans le fleuve. Je dis qu’en ce moment tous les religieux contemporains ont ouvert ce pont et s’amusent comme ces deux-là, Brown et Mel-Bee, et le train express tombera dans le fleuve. Vous n’avez pas commis ce crime avec préméditation, mais par amour. Ne pouviez-vous pas refermer le pont ? Cette Mel-Bee devait dire : « Ferme le pont et nous discuterons ensuite ». Mais à présent tout le monde résout les questions les plus ardues et les plus controversées pendant que le pont est ouvert ; je dis : ce pont doit se refermer. Quel est ce pont ouvert ? La haine. Fermer le pont, c’est se relier à l’amour. Insufflez cette justice. Je suis prêt à aller parler dans n’importe quelle église, mais je veux une chose : parler sans tenues épiscopales, selon Dieu ; le Seigneur est blasé de nos chants élogieux pendant que les ponts sont ouverts. Nous allons d’abord nous poser la question : depuis tant de milliers d’années, qu’avons-nous fait pour l’amour ? Y a-t-il de l’amour, cet amour est-il reconnaissable comme un fait ? Et aucunes excuses ne sont admises ! « Et toi, que penses-tu ? » Je réponds : vous me reconnaitrez à mes actes ; que pensez-vous ? On vous reconnaîtra à vos actes. Cela ne souffre pas d’ambiguïté. Lorsque je suis parfois un peu incisif dans mes causeries, vous m’accusez d’agressivité ; non, je dis la vérité. J’aime parler un langage doux et je regrette d’être contraint de dire la vérité et en la disant, elle vient percuter les intérêts divergents des gens. Je suis face à un dilemme : plaire à Dieu ou plaire aux humains ; si je plais aux humains, Dieu me rejettera, mais si je plais à Dieu, les humains me rejetteront ; alors je dis : je préfère le moindre mal, être rejeté par les humains, car être rejeté par Dieu est un grand malheur. De surcroît, j’expose cet Enseignement sur le principe. Non seulement en théorie, mais je montrerais à tous les pères et toutes les mères des méthodes d’éducation à appliquer. Quand ? Lorsque vous enlèverez vos tenues. Je vous le dis à tous car vous êtes des prêtres richement vêtus, mais je ne vous confierai jamais toute la vérité car elle est sacrée et vous pouvez en abuser ; c’est seulement lorsque vous enlèverez vos chasubles, vos tenues et que vous appliquerez la justice, c’est seulement là que je vous indiquerai des règles dans la nature, et vous aurez en un an les résultats de mille ans d’étude. Certains me demandent à présent : « Y a-t-il un Seigneur ou non ? » C’est une philosophie mensongère. Le Seigneur dans le monde a disparu à cause de notre injustice. Si j’arrache les yeux de quelqu’un et si je lui demande : « Y a-t-il de la lumière ? » Mais pour quelle raison ses yeux sont-ils arrachés ? Ceux qui ont les yeux arrachés, disent : « Il n’y a pas de Seigneur ». Quelle en est la raison, à qui la faute ? Je suis prêt néanmoins à remettre vos yeux à leur place. Vous dites : « Peux-tu comme le Christ nous ouvrir les yeux ? » Je le peux, je peux le faire pour tous. Non pas remettre vos yeux physiques, c’est le plus facile, je peux les ouvrir pour tous. Je le devine maintenant à vos visages : vous saisissez le côté matériel et vous dites : « Est-ce que cela se réalisera ? » Non, non, dans cet Enseignement que je prône, le chemin est très facile, mais les méthodes sont très ardues. Ces expériences, si je les conduisais, ne seraient pas très réussies. Vous vous créerez beaucoup de travail. Il faut étudier, étudier, étudier, étudier ! Cela ne se fera pas facilement. La plus grande imposture est de dire maintenant : « Le Seigneur l’enseignera en un instant » ; eh bien, montrez-moi quelqu’un qui soit né érudit ! Il naît avec certaines prédispositions, mais l’Esprit ne peut pas tout donner. Les individus les plus savants ont traversé de telles souffrances, tourments, épreuves pour acquérir ce savoir, et on veut maintenant nous persuader qu’il peut s’obtenir facilement ; c’est une philosophie trompeuse ; Dieu aime les êtres studieux, travailleurs, sincères et qui aiment travailler. Il faut travailler avec honnêteté et probité. Le Christ dit à présent : « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ». Qui se glorifie en ceci ? C’est l’amour qui s’en glorifie. Quelle est cette force qui peut maintenant nous rapprocher, pourquoi nous ne nous entendons pas ? Nous pouvons pourtant nous entendre, le monde est si vaste, il y a tant de bienfaits placés en lui ! Vous pouvez être heureux, mais vous n’avez pas encore vécu, vous n’avez pas encore vécu. Et votre vie, votre vie actuelle, je trouve qu’elle n’est pas très heureuse : c’est une vie de tourments. On vous donnera un peu de miel… Vous êtes presque dans cette situation : à Yambol[1] les Bulgares ont des cardeuses avec une plateforme mobile sur laquelle se déplace le cheval. On lui met un peu de foin et lui, en s’avançant vers le foin marche à longueur de journée, fait tourner la cardeuse, la laine est traitée et le cheval se dit : « Je finirai par y arriver » ; et lorsque le travail est terminé, on dit : « Donnons-lui un peu de foin ». Le diable aussi a mis un peu de foin devant vous et vous dites : « Nous avons un idéal », et enfin lorsque vous finirez son travail, le diable dira : « Donnons-lui un peu de foin » et vous dites : « J’ai beaucoup gagné ». Mais moi je dis : vous avez beaucoup perdu. Je demande à présent : lorsque vous quitterez la terre, que ferez-vous ? Lorsque viendra l’heure d’aller au Ciel, quel fruit y aura-t-il dans votre pensée ? Le fruit n’est-il pas l’aboutissement de tout ? Celui qui a travaillé sera jugé selon ce fruit. Donc notre vie entière qui se terminera dans une école est le fruit que Dieu cueillera pour voir comment ce dernier s’est développé. Et s’il y a dix vers dans ce fruit, je pose la question : est-ce que votre vie a alors atteint son but ? Maintenant, nous les contemporains, nous nous occupons seulement du côté négatif de la vie. Et quoi qu’on nous dise, nous sommes aussi sensibles car nous sommes souffrants : nous ne pouvons rien prendre du bon côté, ni les caresses ni les paroles. Vis-à-vis de la justice par exemple : si je parle sur la justice, certains diront : « Il est question de moi ». La justice est une grande loi dans le monde ; partout, dans la vie politique, spirituelle, dans les maisons, partout cette justice doit exister et elle donnera son fruit, ce qui est nécessaire. Si le fils est juste, si le père est juste, si la fille est juste, si la mère est juste, ils donneront leur fruit, il y aura la paix ; ils sauront s’acquitter de leurs devoirs. Si le père est injuste, le fils aussi sera injuste ; si la mère est injuste, la fille aussi sera injuste. Si la mère aime, la fille aussi aimera ; si le père aime, le fils aussi aimera. La loi dans la nature est comme ça : le semblable est engendré par le semblable. Mais nos contemporains veulent démontrer que l’amour engendre la haine : c’est impossible, l’amour ne peut pas engendrer de haine et la justice ne peut pas engendrer d’injustice ; si ces choses sont engendrées, cela est dû à de toutes autres raisons. Quelqu’un d’extérieur peut facilement brouiller deux personnes parmi vous, et deux personnes parmi vous peuvent facilement se réconcilier, mais dans les deux cas il faut un sacrifice. Lorsque nous fâchons les gens, nous faisons un sacrifice, mais lorsque nous réconcilions les gens, nous faisons aussi un sacrifice. Pensez-vous que vous seriez heureux si vous brouilliez deux personnes ? Non, vous ressembleriez à cet écrivain dont voici l’histoire. Quelqu’un est allé visiter l’autre monde. Il s’est rendu dans le Purgatoire et a aperçu une broche avec un peu de feu sous le corps d’un écrivain comme pour le réchauffer du froid ; pourquoi l’avoir mis sur cette broche ainsi ? Le feu est petit, mais dans cent ans ce feu sera grand. Quel était le fin mot de l’histoire ? Le livre qu’il avait écrit avait provoqué un petit feu au début, un maigre résultat, mais cent ans plus tard il produirait un grand malheur, ce qui explique le futur embrasement du feu. Lorsqu’on présente ces exemples, on rétorque : « Ce sont des choses sans fondement, mangeons et buvons, tout est là » ; qu’est-ce que ce tout ? Je vous dirai : le plus terrible n’est pas l’au-delà, l’enfer, mais la tombe : l’âme du pécheur ne quitte pas le corps, mais il y reste, et lorsqu’on t’ensevelit, tu entends les pleurs, ton corps commence à pourrir et tu l’observes de très près jusqu’à ce que les dernières bribes de chair disparaissent, et tu commenceras à pleurer ta maison écroulée : voici ce qui vous attend tous à l’avenir. C’est un fait que vous constaterez tous sans exception. Quelqu’un dit : « Son âme est partie » ; seule l’âme du juste part, mais l’âme du pécheur ne part pas. Qui sort de prison ? Celui qui a purgé sa peine. Et tous les autres, peuvent-ils sortir ? Qui est libéré par ses créanciers ? Celui qui a remboursé sa dette, mais celui qui n’a pas remboursé n’est pas libéré. Vous pensez à présent que vous vous libérerez facilement de vos péchés sans avoir payé ; le Christ a dit ainsi : « Le Ciel et la Terre passeront mais mes paroles ne passeront point ». Maintenant, je ne m’adresse pas à vous. Ce n’est pas vous qui m’écoutez qui êtes visés, je serai désolé si vous le croyez. Je ne fais que constater un fait que le monde contemporain verra aussi. C’est à l’adresse du monde et non pas à votre adresse ; vos âmes sortiront et vous serez libres. Mais je vous dis : si en vous, si un disciple de cet Enseignement est assailli par le moindre doute ou soupçon et s’il dit : « Allons, moi aussi je veux vivre comme les autres », alors vous aussi, vous resterez à l’intérieur du corps comme le pécheur. Soyez vigilants, car on pardonne difficilement au disciple ! Ne croyez pas que ce soit facile ; Dieu est miséricordieux, mais l’amour absolu exige une justice absolue. Si Dieu nous pardonne, c’est à cause de Son amour. L’amour ne tolère aucun pardon, non pas à cause de la haine, mais parce que l’amour exige toujours que justice soit faite. Que l’amour de Dieu soit accessible à tous ! Nous les érudits contemporains qui vivons dans l’organisme divin, nous causons les plus grandes souffrances à Dieu ; pensez-vous que Dieu ne nous rétribuera pas ? Il nous donnera une rétribution selon la loi de la justice. Il n’y a pas en vous maintenant de grands péchés, mais il y a autre chose : vous vous tenez par exemple là et vous critiquez quelqu’un, n'est-ce pas ? Mais vous ne le critiquez pas par amour, du point de vue de cette justice éternelle pour l’aider à se redresser, mais parce qu’il vous a vexé, vous le critiquez car il a péché. Vous le critiquerez selon cette grande loi de la manière suivante : lorsque vous aurez un point de vue divin, vous parlerez doucement et en toute conscience et sans déformer les faits, mais vous énoncerez la vérité comme elle est, sans l’exagérer et sans la rabaisser. Et je vois maintenant que beaucoup parmi vous ont les visages changés. Pourquoi ? Deux personnes se tiennent mécontentes l’une de l’autre. Quand tu es mécontent , tu fronces les sourcils. Sortez la fille de l’eau ! Il y a quelqu’un qui te hait ; il est pauvre, va l’aider, fais lui un bien et tu te réconcilieras ; le Seigneur t’a donné une occasion d’aider un misérable, sois-en reconnaissant ! À chaque fois que nous mettons en avant notre désir de faire le bien, nous attendons d’abord de devenir très bons et travailler ainsi pour le monde ; un tel enseignement n’existe pas. Dieu ne remplira jamais ta grange de la sorte, Il te donnera moins. L’agriculteur qui va semer ne prend pas tout son stock dans sa voiture, non, il ne prend que trois, quatre, cinq ou six boisseaux pour semer. Alors que nous voulons maintenant emporter toute la grange pour montrer que nous sommes très riches ; non, tu prendras deux, trois, quatre boisseaux, tu les sèmeras selon toutes les bonnes règles, puis tu rentreras chez toi faire le bilan. Maintenant, ce Seigneur que vous cherchez depuis tant d’années est dans votre for intérieur et j’aimerais m’entretenir avec Lui, avec votre Seigneur. Avez-vous l’intention d’être d’honnêtes gens ? Vous direz : « Comment cela, nous sommes d’honnêtes gens ! » Avez-vous l’intention d’être absolument justes ? – « Oui. » Je m’en réjouis. Mais je viendrai vous rendre visite, je suis très intéressé de voir votre maison et de me réjouir de votre justice. Si je viens dans votre jardin et si j’entends une poule s’égosiller, si je viens dans votre maison et si je vois votre domestique pleurer, si je viens dans votre cour et si je vois vos débiteurs vous implorer alors que vous les violentez en leur imposant un taux d’intérêt de trente pour cent, alors vous feriez partie de tous ces gens honnêtes, de ces « justes ». Vous direz : « Ce sont les lois ». Ces lois sont les vôtres, il n’y a pas de tel taux d’intérêt dans la banque divine. Je le dis pour ceux qui en sont conscients. Maintenant que nous étudions la vie, il y a d’autres facteurs à prendre en compte. La société actuelle est sur sa fin, ce cycle s’achève, et tous les humains sont mis à l’épreuve. Vous ne pouvez pas savoir qui est votre ami et qui est votre ennemi, mais je vais vous donner un critère avec lequel connaître tous vos amis et tous vos ennemis : celui qui est un ami commence par la rudesse, il vous vexera, mais dans son âme il cherche à vous faire du bien ; tandis que celui qui est malveillant procède ainsi : il commencera par de grandes effusions de sympathie, par vous offrir un festin, mais ses intentions sont mauvaises, il veut vous nuire. Dans la justice absolue nous commençons par le bien et nous finissons avec le bien. Les fraternités blanche et noire utilisent deux procédés différents. Moi aussi je vous donnerai un tel exemple : à la campagne la paysanne sort avec un boisseau de blé et dit : kat, kat, kat et toutes les poules concluent : « Comme notre maîtresse est belle » ; puis encore kat, kat, kat jusqu’au moment où cela se termine dans la casserole. C’est un fait, c’est la même chose avec les jeunes : un jeune vient chez vous et vous faites : kat, kat, kat ; il arrive, distribue ses bienfaits et les beaux-parents disent : « Quel beau-fils nous a envoyé le Seigneur, qu’il soit béni, kat, kat, kat ». Mais voilà que trois ou quatre ans plus tard, il dépècera leur fille et elle changera : et n’en restera qu’un sac d’os ; c’est un beau-fils envoyé par la loge noire qui n’a rien à voir avec l’humanité. Un autre vient, plus pauvre et dit : « N’espérez pas beaucoup de moi, je suis pauvre » mais il s’avère remarquable en fin de compte : il est noble, il est envoyé par la Fraternité Blanche. Le fruit de tout travail témoignera de ce que nous sommes. Nous devons tous être nobles dans nos intentions ; je crois que vous tous qui m’écoutez, vous êtes ainsi. Il faut séparer les chèvres des moutons, il faut les séparer maintenant. Mon désir n’est pas de vous parler de belles choses, non, ce n’est pas mon but ; mon désir est de vous mettre en contact avec Dieu maintenant et non dans mille ans. Non pas que vous ne soyez pas en contact avec Dieu, mais je veux amplifier votre lumière, vous aider concrètement ; si l’attelage de quelqu’un s’est enlisé et qu’il s’échine, et que le cheval est faible, je dis : « Attends, mon frère, je vais faire tous les efforts pour faire repartir l’attelage » ; j’en croise un autre, son attelage aussi est arrêté là. Lorsque votre carriole avance, il me sera agréable de parler avec vous ; maintenant aussi je vous parle car votre carriole est arrêtée. Le Christ dit : « Que vous portiez du fruit ». En quoi consiste ce fruit ? C’est le fruit de l’amour. Sommes-nous prêts chaque heure, chaque minute à porter ce fruit à Dieu qui demeure en nous ? Disons : « Seigneur, travaille maintenant, nous sommes prêts, Tu nous guideras et nous pourrons travailler, et nous écouterons ce que tu diras ». Vous me rétorquerez : « Cet enseignement est très dangereux ». Oui, en effet, lorsque le Seigneur dira à l’instruit : « Quitte ta femme » ou « Quitte ton mari ». Vous direz : « Nous sommes dans le pétrin, que dira la société ? » Lorsque le Seigneur te dit quelque chose, quoi que ce soit, ne mets pas Sa parole en doute. Et si le Seigneur envoyait l’Archange Mickael prendre ton âme, quitterais-tu alors ta femme ? Si tu ne la quittes pas de ton plein gré, alors l’Archange Mickael viendra et tous verseront des larmes. Si tu quittes ta femme et tes enfants de ton plein gré, ils resteront en vie et vous vous bénirez. Et lorsque tu pars, que tes enfants ne disent point : « Où vas-tu papa ? », mais : « Papa, nous nous réjouissons que le Seigneur t’appelle » ; et le père s’étonnera et dira : « Je vous suis reconnaissant de m’avoir donné la liberté ». Mais on dit maintenant : « Comment, tu dois nous nourrir, nous installer dans la vie avant d’aller accomplir la volonté divine ! » Patiente, petit cheval, pour de verts pâturages ! Nos contemporains souffrent de cela : lorsqu’il faut partir sur le champ de bataille lors de la mobilisation générale, les femmes laissent leurs maris partir, mais lorsque le mari veut quitter sa maison pour Dieu, on dit alors : « Ce n’est pas intelligent » ! Est-ce intelligent de le faire pour aller au front ? Donc, vous devez tous obéir à cette mobilisation qui vous appelle à présent et vous demande d’aller combattre. On fera passer l’idiot par sept épreuves pour lui donner des preuves, mais pour celui qui est intelligent on fera un seul essai ; deux, trois, sept fois, tu accumuleras les preuves et tu commenceras à accomplir l’œuvre de Dieu. Si nous nous soumettions tous à cette grande loi intérieure, à l’amour divin, et si nous appliquions cette justice absolue, toute la société serait transformée. Une sœur s’est plainte de quelque chose que je vais vous raconter. Une jeune sœur habite chez une autre sœur. Les deux sont du même enseignement et croient les mêmes choses, lisent les mêmes prières et œuvrent ensemble, mais l’ancienne sœur réprimande constamment la jeune dans la cuisine. « Que penser ? Que je suis une domestique ? Au lieu d’échanger la moindre parole bienveillante ou de parler du Seigneur, elle ne fait que me dire : « Tu es idiote, tu n’as pas fait ceci, tu n’as pas fait cela », tout en disant en même temps : « Seigneur que l’Esprit Divin vienne en moi », mais elle enchaîne de nouveau : « Tu n’as pas haché l’ail ! », etc. » On doit faire preuve de noblesse. Il n’y a pas de chose plus répugnante pour un chrétien, pour un disciple s’il fait consciemment ce que je viens de décrire. S’il le fait consciemment, mais comme le maître, pour mettre à l’épreuve, c’est alors noble, mais si on en retire du plaisir car l’autre est soumis, ce n’est pas noble. Il y a des cas – j’en ai vu – où un grand chien se jette sur un plus petit qui s’enfuit et croise un autre chien, et se jette à son tour sur lui ; je dis : « Ils apprennent le métier ». Le chien qui est attaqué n’a pas encore appris le métier ; le plus grand lui dit : « Tu n’attaques pas comme moi » mais le petit comprend : « Tu dois attaquer comme moi ». Le Seigneur t’envoie des souffrances et te dit de ne pas causer d’injustices, mais tu dis : « On ne peut pas se passer de l’injustice ». Il y a alors deux possibilités ou deux procédés par lesquels redresser sa vie. L’un est celle du conte Königsberg et de Burgson, et l’autre est celle du chrétien pieux, mais surtout pas celle de Brown et Mel-Bee. Tous les occultistes modernes, même en Occident ont une faiblesse : ils montrent aux jeunes d’aujourd’hui comment développer leur force et s’élever au-dessus de la société contemporaine. Mais alors ce n’est pas quelque chose de neuf, c’est un ancien enseignement ; ce n’est pas un fruit, mais un acte. C’est pourquoi le Christ dit : « Que vous portiez du fruit » : le fruit de notre Père qui demeure en nous. Et quelque temps après, Il enverra Ses serviteurs nous appeler pour voir le fruit que nous avons cultivé dans Son champ. Je vous donnerai à présent un autre problème à méditer : ne bouleversez pas votre vie, mais soyez attentifs aux petites choses de la vie. Ne vous évertuez pas à distribuer des milliers de levas aux pauvres, mais tâchez un jour, lorsque vous êtes dehors, de dire une parole bienveillante à quelqu’un ; donnez quelque chose à une mendiante, à une pauvre femme, mais dites-lui aussi une parole bienveillante : « Sœur, ce soir, lorsque tu auras fini, viens me rendre visite à la maison ». Ne donnez pas d’argent, c’est parfois un crime, mais dites : « J’aimerais te restaurer, discuter avec toi ». Rencontrez des pauvres, invitez-les un jour à déjeuner chez vous : l’un viendra lundi, un autre mardi et ainsi de suite. Voilà comment il faut commencer, et si nous appliquions tous cette règle, beaucoup de ces âmes seraient consolées. Nous nous tenons là maintenant en disant que le Christ a souffert sur la croix : « Le pauvre Christ, comme Il a souffert sur la croix ! » Et ils pleurent à chaudes larmes, mais lorsqu’ils croisent certains misérables, ils ne songent pas que le Christ demeure en eux, ils ne songent pas aux souffrances du Christ mais disent : « Leur karma est comme ça », et ensuite : « Oh, Seigneur, comme Tu as souffert sur la croix ! » C’est un artifice de la fraternité noire. C’est à l’image de nos théâtres contemporains : un auteur a écrit une tragédie, toutes les dames de la haute société versent des larmes pour le héros de la pièce ; c’est une fiction mais elles pleurent alors qu’une fois dehors où d’autres meurent vraiment, pas une larme ! Je dis : pleurez pour ceux-là et riez de ceux du théâtre. J’ai décidé un jour la chose suivante : je vous dirai un mot, une remarque, je ferai un petit test psychologique et ce sera si puissant et cela provoquera une telle explosion que personne ne subsistera dans ce salon. « Ah, direz-vous, c’est curieux, qu’est-ce que ce sera comme mot pour avoir une telle puissance ? » Nous les contemporains, nous ressemblons à ce prédicateur évangéliste qui prêche à l’église sur les souffrances du Christ et tout le public est en pleurs. Une pauvre femme entre et dit : « Aidez-moi ! », on l’apostrophe: « Ne nous dérange pas ! » Maintenant les pauvres sont à l’intérieur et le Christ est dehors, Il souffre et Il n’est pas dedans. Donc prononcer ce mot doit produire un bouleversement ; dis : « Désormais je vivrai selon Dieu », mais non une vie de moine, non une vie de saint homme, non ! La vie de saint viendra lorsque tu auras passé toute ta vie à œuvrer pour le bien, tu deviendras un saint homme en accomplissant la volonté divine. J’ai par exemple posé la question suivante à mes élèves : « Vous me donnerez l’un de vos plus grands défauts », mais je sais qu’ils me donneront le plus petit. Le plus grand défaut est la tête du serpent et le plus petit est la queue ; ils me donneront la queue, mais si je l’attrape la tête se retournera et me mordra. Ils ne comprennent pas la loi. Donnez-moi la tête du serpent, le plus grand mal est dans la tête ; si j’attrape le serpent par le cou, alors je peux facilement maîtriser la queue. Nous aussi, nous devons attraper le plus grand péché, le plus grand défaut par le cou et ensuite la queue se rendra. Savez-vous de quel mot je veux vous parler ? Dois-je le prononcer ou bien vous laisser le prononcer vous-mêmes ? Je peux vous le dire, mais il y a une manière particulière de le prononcer ; par exemple quelqu’un peut chanter une chanson et un second peut aussi la chanter, et un troisième, mais lorsqu’un chanteur la chante vous direz : « Ah ! » L’un chante et l’autre chante. C’est la même situation maintenant si je vous dis ce mot ; vous direz : « Nous savons cela ». Ce mot doit être prononcé en pleine lumière, dans la clarté et non pas dans l’obscurité. Lorsque je vous le dirai, vous devez me connaître et je dois vous connaître ; lorsque je vous dirai ce mot, vous devez m’aimer et je dois vous aimer ; lorsque je vous le dirai, je dois tout sacrifier pour vous et vous devez tout sacrifier pour moi ; lorsque je vous le dirai, vous devez voir Dieu dans mon visage et je dois voir le visage de Dieu en vous. Si vous avez ces sensations, alors je vous le dirai. Les avez-vous ? Ce sont des conditions. Je vous le dirai maintenant et savez-vous l’effet que ce mot produira ? Vous n’avez jamais entendu ce mot. Vous entendrez un mot nouveau qui bouleversera votre âme. Le Seigneur qui est aujourd’hui dans le monde est vivant, le savez-vous ? Ne succombez pas à l’émotion, je ne veux pas que vous succombiez à l’émotion, mais que vous atteliez votre pensée, votre cœur et votre volonté à une réflexion intense. C’est une épreuve grandiose, une épreuve qui bouleversera la société. Ce mot peut remodeler toute la société, inciter les gens à vivre tous en frères et faire de la terre un paradis. Mais laissons maintenant ce débat. J’ai dit dans la précédente causerie : il y a un autre moyen par lequel nous pouvons connaître la vérité. Nous ne sommes pas de ces papillons qui abandonnent la vie, non ; nous sommes de ceux qui veulent mettre à profit la vie actuelle pour le mieux, l’utiliser de façon à obtenir le meilleur résultat possible. J’aimerais que vos visages soient lumineux et que vos cœurs ne soient pas attristés ; que vous ayez une légère tristesse, mais sans vous énerver à la maison, en gardant une bonne disposition constante. Alors la vie aura du sens. Et je dis : si nous pouvons prononcer le mot amour assez bien, ce mot nous révélera tout ; mais la prononciation du mot amour sur terre a un effet ascendant et un effet descendant. Tu souhaites parfois le bien pour toi tout seul ; tu as raison, c’est ainsi. Les petites sources sont pour les petits et les grandes sources sont pour les grands. Lorsque la grande source vient, elle est pour tout le monde. Tu t’accroches à la petite gargouille une demi-heure et tu ne permets pas aux autres de boire, mais si je viens, si j’ouvre la vanne et je mets en route le grand déversoir, alors tu en profiteras. J’ai décidé par conséquent de fabriquer de grands déversoirs, d’enclencher un tel courant que vous vous en rappellerez tous : de l’eau claire coulera. Je dis : le Seigneur m’a envoyé. Lorsque j’ouvrirai cette vanne et que ce courant traversera la société, tout sera nettoyé et lavé, et j’ai décidé de l’ouvrir ; de la boue s’écoulera d’abord, suivie de l’eau claire, cela ravira tout le monde et apportera l’abondance. Je veux que vous soyez prêts lorsque cette vague viendra ; ne craignez pas la noyade à cause d’une pluie soi-disant torrentielle et ne courez pas, mais restez droit sur vos jambes et dites : « Dieu soit loué ! Que cette vague vienne ». Alors que vous vous écriez maintenant : « Sauvons-nous, un déluge approche ! », et tous parlent contre moi : « Fuyiez pour ne pas l’écouter ». Ce n’est pas moi qu’il faut écouter, c’est Celui qui parle à travers moi que vous écouterez. Ce n’est pas une question personnelle, mais une question de principe. En tant que votre frère, je suis tenu de vous dire la vérité et je vous dis : vous êtes mes frères et sœurs, il n’est pas permis de vivre à l’ancienne ; nous sommes tenus au nom de cet amour de vivre en frères et nous le ferons. Et nous pouvons partager notre repas : quand l’un travaille un autre sera au repos, mais nous porterons tous le fardeau et ce sera léger pour tous ; en croisant quelqu’un, nous dirons : « Donne-moi un peu de ton fardeau ». Qu’une rivalité pour rendre la vie plus belle ait lieu ! Alors qu’on dit à présent : « Le Seigneur a ordonné ainsi, le Seigneur a écrit ainsi » ; non, le Seigneur n’a pas écrit ainsi, le Seigneur a écrit que tous soient intelligents et heureux sur terre, que tous aient à manger et à boire et qu’ils soient satisfaits et reconnaissants envers Dieu. Lorsque je monte dans une cariole, c’est pour rentrer chez moi ; et lorsque j’arriverai, j’embrasserai la monture. Quelle est la prédestination du repas ? Ce repas est une force qui doit nous amener plus près de Dieu. Manger tous les jours est comme un train constamment alimenté avec du charbon : nous devons sans cesse insuffler de l’énergie. Certains disent : « Ne mangeons pas » ; non, tu mangeras pour pouvoir te rendre auprès de Dieu, il n’existe aucune autre façon d’aller auprès de Dieu. Mangez, buvez et œuvrez toujours pour la gloire de Dieu. Ne pensez pas qu’un seul individu puisse redresser ce monde, nous allons le redresser tous ensemble, et nous dirons : « Nous savons que c’est Lui qui nous a créés, qu’Il est notre Père qui nous a engendrés, qui a créé la Terre et le Ciel pour nous ; nous savons qu’Il est, et nous accomplirons Sa volonté ». Et ce Seigneur n’est pas en haut au Ciel. Certains disent que le Seigneur est au Ciel. On nous ment, où est ce Ciel ? « Il est au Ciel », mais ce Ciel nous pénètre tous, ce Ciel pénètre tout. Et les Écritures disent qu’au commencement Dieu a créé le Ciel et la Terre. Le Ciel tient la terre, c’est l’œuvre de forces qui soutiennent tout le Cosmos ; elles ne sont pas au-dessus de nous, elles sont partout, dans notre for intérieur et au-dessous de nous, et au-dessus de nous. Nous sommes toujours au Ciel et le jour où nous prendrons conscience que là demeure notre Père de l’amour, ce Ciel nous sourira, toutes les fleurs nous souriront et les animaux nous adresseront la parole. Lorsque nous Le connaîtrons, en croisant le bœuf, il dira : « Frère, puisque tu as reconnu Dieu, je peux te parler ». Pourquoi les bœufs se taisent-ils jusqu’à maintenant ? « Que pourrait dire un bœuf ? » Il ne se plaint pas, c’est un bœuf, il marche en silence et nous lui disons : « Hue ! », mais lorsque nous appliquerons l’amour, nous enlèverons le licol et les aiguillons, nous irons travailler avec lui dans les champs et il dira : « Frère, je te reconnais ». Le bœuf reconnait ceux qui vivent dans l’amour ; et il sait travailler dans les champs. Alors il ne travaillera plus huit heures, mais seulement deux heures et ces deux heures produiront autant que les huit. Un poirier qui donne une centaine de poires en donnera alors des milliers, et ce seront de belles poires. Les champs donneront du fruit en abondance et la bénédiction viendra partout sur la face de la terre. Maintenant, êtes-vous prêts à accueillir cet Enseignement et à l’appliquer ? Lorsque vous l’appliquerez, celui qui l’appliquera en premier, je l’embrasserai. Alors nous nous comprendrons. Mais savez-vous ce que signifie le baiser ? Lorsque le Seigneur a embrassé l’homme, il l’a créé : « Et Dieu a fait l’homme et a insufflé dans ses narines [2] ». Dieu a d’abord créé l’homme par un baiser. Il y a un conte : Dieu a fait l’homme, mais sans lui donner d’âme et celui-ci a longtemps crié : « Seigneur, tu m’as fait semblable à un animal, donne-moi une âme ! » Il L’a appelé, L’a appelé, il L’a cherché, et en fin de compte le Seigneur l’a embrassé et l’homme est devenu une âme vivante. Donc, lorsque le Seigneur nous embrassera, nous prendrons vie. Nous sommes maintenant dépourvus d’âme, il y a beaucoup d’êtres dépourvus d’âme. Un pauvre passe par là, quelqu’un le regarde et passe son chemin : il n’a pas d’âme ; s’il avait une âme, il dirait : « Frère, viens ici ». Ne parle pas uniquement au corps, mais prends conscience qu’il y a ici une âme vivante comme toi ; elle peut être haut placée dans la société, cela ne veut rien dire : l’âme communiera avec l’âme. Je vous souhaite maintenant à tous, à mes disciples – je vous appelle maintenant disciples – que le Seigneur vous embrasse, mon Seigneur que je sers ; et lorsqu’Il vous embrassera, il y aura en vous une âme plus grande que celle d’aujourd’hui, vous vous emplirez de ce grand Esprit et vous serez alors libres. Alors la règle suivante s’accomplira : la vérité dans l’âme vous apportera la liberté, la lumière viendra dans votre esprit, et la pureté dans votre cœur ; la vérité vous donnera la liberté, la lumière vous donnera du savoir divin, la pureté vous donnera la force et par cette force nous accomplirons tout dans ce monde. Je vous renvoie maintenant chez vous et non seulement je vous renvoie, mais je vais personnellement venir vous rendre visite. Vous dites avoir la justice. Je commencerai à venir chez vous, je ne laisserai personne sans visite, personne ne sera négligé ; et lorsque je vous rendrai visite, j’aurai un carnet où je noterai tout ce que je verrai. Ce sera un beau souvenir, tout sera beau. Je finirai maintenant ma causerie avec un petit conte de la vie perse. Le fils d’un chah perse Sabousadin a été fait prisonnier par une tribu nomade ; le chef de la tribu n’a voulu considérer la proposition du père de payer une rançon qu’à une condition : lui donner autant d’yeux humains de son peuple que le poids du fils ; il devait peser des yeux humains sur une balance jusqu’à ce que cela couvre le poids de son fils. Savez-vous combien de milliers de personnes se sont sacrifiées pour ce Sabousadin ? C’est cela un sacrifice. Je vous demande : savez-vous combien d’yeux ont été donnés pour vous ? Si ses propres citoyens ont donné leurs yeux pour cet héritier perse, Sabousadin, comment croyez-vous qu’il ait vécu ensuite ? Il a vécu la vie la plus pieuse. À tous ceux qui ont donné leurs yeux pour lui, il devait sa vie et il a œuvré pour eux, il a pleuré pour eux, comprenez-vous ? Il allait de maison en maison pour dire : « Votre malheur est dû à ma négligence ». Savez-vous combien ont perdu leurs yeux pour nous ? Savez-vous combien de nos frères et sœurs pleurent maintenant pour nous ? Et maintenant, nous ne serions pas aussi courageux que ce fils de roi ? Il a été bien plus noble. Retiendrons-nous nos larmes ? L’amour divin exige à présent que vous tous commenciez à pleurer, au moins une fois, pour les yeux de ceux qui les ont perdus afin de racheter votre ignorance ; ils méritent ces pleurs. Je ne veux troubler personne. Si vous pensez pleurer comme au théâtre, alors retenez vos larmes ; si vous pleurez parce que votre père est décédé, retenez vos larmes. Mais si vous pleurez parce que vous avez délivré l’un de vos amis et que vous l’étreignez, alors ces pleurs sont une bénédiction ; ou bien si vous pleurez lorsqu’une pauvre femme vient, vous l’embrassez et elle se réjouit ; ou bien lorsque vous avez une pensée pour ceux qui souffrent. Les pleurs qui apportent la joie et la gaîté à une âme sont les véritables pleurs. J’aimerais que tous les chrétiens puissent pleurer pour que ce monde de souffrance soit consolé ; nous devons tous pleurer, pleurer ; mais pleurer pour les défunts ou pour la fortune perdue ne sont pas utiles, nous avons déjà assez pleuré pour ces choses ! Maintenant, préparez-vous pour ce mot. J’ai préparé ce mot et je vous le dirai et nous le prononcerons ensemble : je le prononcerai et vous le prononcerez. Nous ferons un essai et vous vérifierez s’il y a une vérité ou non, s’il y a un Dieu ou non, si le monde est animé ou inerte, s’Il est le Seigneur pour lequel je prêche ou s’Il ne l’est pas. Vous essaierez, vous comprendrez le sens de la vie. Mais les plus courageux commenceront la nouvelle science : la science de l’amour, de la sagesse et de la vérité. Soyez intègres vis-à-vis de vos plus grands péchés, dites-les moi ; attrapez ce serpent par le cou et passez-le moi. Il n’y a qu’une chose à faire : soyez courageux et ne vous taisez pas. Lorsqu’on vous demande ce que je vous ai dit, dites : « Énoncer nos plus grandes fautes et comment les corriger », voilà ce que je prône. Ce n’est pas dans « l’autre monde » qu’on vivra, le monde est ici, le monde est un, nous sommes dans le monde divin, au paradis, mais nous sommes affligés ! Lorsque vous guérirez, vous verrez que le monde est un. Ceux qui veulent nous tromper, disent : « Mais nous n’avons pas vu le monde divin ». « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez ce fruit de l’amour ». Oui, l’amour divin se manifeste précisément ainsi : en portant ses fruits. Je veux apporter ce fruit et nous devons entamer ce travail avec courage et audace. Et si vous commencez par l’amour, pas un cheveu ne tombera de votre tête. Soyez sûrs, vous passerez par ce feu, par l’eau, mais vous serez invulnérables, vous ne souffrirez pas. Le Christ a parlé ainsi ; si nous servons la loi de l’amour, tout est clair. Nous n’avons aucune mauvaise intention contre aucune église. Je souhaite à ces églises que le salaire des prêtres et des prédicateurs soit augmenté, mais ce n’est pas le plus important, quelque chose d’autre est nécessaire : une vie pure et sainte, une vie de justice ; lorsque nous comprendrons cela, nous aborderons l’autre côté de la science : du point de vue purement scientifique nous sortirons dans la nature pour étudier les procédés et les méthodes pour améliorer la société. Nous nous approprierons tous les exemples de la nature et nous verrons comment la vie peut être améliorée ; et lorsque nous ferons cette expérience, nous commencerons alors avec le grand enseignement de la nouvelle culture qui vient maintenant dans le monde. Le monde dépasse déjà cette ancienne culture, tout cela se dissoudra et ce jour de dissolution doit nous trouver prêts. Je loue ceux qui œuvrent dans cette direction ; nous devons servir le Dieu de l’amour. Où que nous soyons, nous pouvons tous vivre dans l’entente : pauvres et riches, de tout parti confondu dans ce pays, nous pouvons tous être en accord ; notre amour peut être soudé, désintéressé, et nous pouvons donner le droit et la liberté à tous les peuples et individus de vivre selon les desseins de cet amour vis-à-vis de la justice divine éternelle. Maintenant, mes meilleures salutations à vous tous : soyez rassénérés et joyeux ; en rentrant, que ceux qui sont affligés voient leur chagrin diminuer de moitié ; ceux qui sont très endettés, que la moitié de leurs dettes soit remboursée ; ceux qui sont malades, qu’ils rentrent à moitié guéris, et ceux qui sont affamés qu’ils soient à moitié rassasiés, toujours à moitié ; que ceux qui n’ont pas de maison aient au moins une petite cabane et une couverture pour se couvrir. Que tous obtiennent quelque chose, que vous soyez tous contents jusqu’à ce que ce Grand que le monde attend vienne. Que cet amour demeure en vous, vous inspire et vous transforme en héros du nouvel exploit que nous sommes appelés à accomplir dans ce monde. Sofia, 21 mai 1922 [1] Ville bulgare du centre du pays. [2] Genèse 2, 7
  3. Son commandement « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle. » Jean 12 :50 Le commandement, c’est la première limitation de la vie consciente. Pour que le grand principe de la vie se manifeste, celle-ci doit adopter une forme adaptée à son aspiration et à son mouvement. Par les mots mouvement et aspiration j’entends deux idées différentes : l’aspiration, c’est l’élan intérieur conscient, tandis que le mouvement est le côté physique des choses. Le Christ dit : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Donc, la vie éternelle repose sur ce commandement. Lorsqu’un inventeur se lance dans une invention, il établit d’abord le principe, c’est-à-dire qu’en établissant le principe sur lequel il doit travailler, il cherche la loi par laquelle ce principe peut être mis en évidence ; et lorsqu’il trouve cette loi, il a la foi que le principe sera réalisé. C’est la même chose avec ceux qui cherchent Dieu : Dieu est un grand principe, Il est plus qu’un principe et nous devons connaître Sa loi. Nous parlons parfois sur Dieu de façon incohérente, confuse, nous L’assimilons à de la lumière, à une conscience, à ceci et à cela ; Dieu n’est ni lumière, ni conscience, Il n’est pas quelque chose, nous ne pouvons pas Le définir. Ce serait risible qu’un critique puisse définir le peintre à partir de sa toile : peut-on s’imaginer que les teintes qu’il barbouille sont l’image de son idéal ? Non, ces teintes et couleurs ne sont que des ombres qui expriment la réalité qui demeure inexprimable en elle-même. Lorsque j’écris le mot amour, est-ce que l’amour est contenu dans ce mot ? Pas le moins du monde ; vous pouvez écrire toute une causerie sur l’amour sans que l’amour soit dans la causerie, mais cet amour repose et se manifeste d’une certaine façon. Lorsque nous connaîtrons les lois, nous saurons travailler. Et le musicien trouvera aussi la loi de la musique et il devra bâtir sur cette loi ; c’est pareil avec l’écrivain : lorsqu’il étudie la grammaire, il y a d’abord des règles, des lois pour commencer à écrire ; c’est ce que font aussi les enfants lorsqu’ils apprennent à écrire. Seuls les religieux contemporains font exception ; ils disent : « Nous pouvons vivre sans loi ». Je ne nie pas qu’on puisse vivre sans loi, mais la vie consciente commence par une loi. Dans la forêt aussi il y a des bruissements et des sifflements, les feuilles y sifflent et bruissent sans obéir à une loi, mais quelle différence immense avec un piano ou un instrument qui joue ; lorsque quelqu’un joue du violon nous voyons la différence énorme entre le bruissement des feuilles et la musique du violon, la différence est énorme, la loi de l’intelligence humaine est placée dans le violon. Je dis de temps en temps maintenant : il y a de la musique dans la nature, mais non pas dans cette nature que nous voyons. Vous devez avoir des organes sensoriels, des perceptions singulières et être alertes pour saisir cette musique, et ceci à des moments très particuliers : la nature ne chante pas toujours, ne joue pas toujours, ne parle pas toujours ; elle se tait aussi, il y a parfois un silence profond et il y a un sens intérieur grandiose contenu dans ce silence, un sens engendré dans ses entrailles ; c’est pour cela qu’elle se tait tant que cette pensée ne prend pas sa forme pour s’exprimer par ce grand commandement divin. Souvent certains me demandent pourquoi les sociétés contemporaines n’évoluent pas comme il se doit ? Parce qu’elles n’ont pas trouvé cette grande loi par laquelle la vie peut s’exprimer. Qui n’a pas le désir de vivre ? Chacun a ce désir. Qui n’aime pas être musicien, jouer de la musique ? Mais lorsqu’il prend l’instrument, il ne peut pas jouer mais fait seulement grincer les cordes et on lui dit : « Laisse tomber, ne fais pas de bruit ». Beaucoup qui viennent dans cet enseignement divin, disent : « Nous vivrons une vie pure et sainte » ; je les interroge : « Qu’entends-tu par vie pure et sainte ? » Un ou deux ans plus tard, ils disent : « Ce n’est pas pour nous », ils retournent dans le monde et recommencent à vivre leur ancienne vie. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas trouvé ce commandement pour lequel le Christ dit : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Pour comprendre ce commandement et nous redresser, nous devons affronter beaucoup de difficultés en nous ; tous les inventeurs passent dix, quinze, vingt ans jusqu’à ce qu’ils réussissent et parfois même ils ne réussissent jamais ; il y a des peintres et certains musiciens qui ont traversé des années durant certaines difficultés avant de produire quelque chose de beau, avant d’exprimer la grande loi de la vie. Quelle est-elle, comment doit-elle s’exprimer ? Admettons, tu as des yeux ; pourquoi ces yeux ? Le chat a adapté ses yeux et dit : « Le Seigneur a créé mes yeux uniquement pour les souris et les oiseaux, pour me procurer à manger », et chaque jour il cherche, scrute s’il y a une souris, un oiseau. Si tu interroges le commerçant, il dira : « Le Seigneur a créé mes yeux seulement pour les tissus », il scrute les tissus chaque jour, fait des comptes et dit : « Mes yeux ne me servent qu’à ça ». Tu regardes cet écrivain, il se tient avec sa plume et dit : « Le Seigneur a créé mes yeux pour écrire », et il gribouille, écrit quelque chose. Le peintre dit : « Le Seigneur a créé mes yeux pour regarder mes esquisses », et ainsi de suite, tous assimilent leurs yeux à leur métier. Pourquoi les yeux sont-ils créés en réalité ? Si on prend les oreilles, c’est la même loi. Demandons-nous à quoi elles servent ; quelqu’un dit : « À percevoir d’où vient mon ennemi pour prévenir le danger, et tous les animaux exercent d’abord leur ouïe à cet effet, c’est pour cela que l’ouïe a été créé ». Ils ont en partie raison, cependant l’ouïe a une prédestination plus profonde. Prenons nos sentiments, pourquoi sont-ils créés ? En disant : « Pourquoi sont-ils créés ? », je ne dis pas qu’ils n’ont pas pré existé, mais pourquoi sont-ils apparus : ils ont leur prédestination. Parfois nous nous plaignons de ces sentiments et nous disons : « Il vaut mieux ne pas ressentir ». Savez-vous à quoi on ressemblerait sans sentiment ? Imaginez un œil humain, mis dans une pierre qui de là observe le monde sans éprouver de sentiments ; quelles seraient les perceptions de cet œil sur le monde si nous admettions que l’on regarde le monde avec un œil, mais sans sentiment ? Imaginez maintenant le contraire : votre main est mise dans cette pierre et ressent les choses ; quelle serait alors votre perception du monde ? Vous devineriez que certains objets sont chauds, d’autres froids, d’autres lisses ou rugueux et ainsi de suite, vous sentiriez les variations. Et vous pouvez maintenant comprendre que certains ont une vie quasi semblable à cette main dans la pierre : ils sentent simplement les variations. On dit : « Aujourd’hui je n’ai aucun goût », mais ils ne se demandent pas à quoi est due cette indisposition. « Un tel m’a vexé », mais on ne se pose pas la question : « Pourquoi m’a-t-il vexé ? » « Aujourd’hui je suis joyeux car un tel m’a dit un mot doux » ; pourquoi ce mot a-t-il produit un tel effet ? Vous vous arrêterez et vous direz : « Car la vie est ainsi faite » ; non, cela sous-entend que cette âme divine veut laisser libre cours à toutes ses pensées et désirs, et que par conséquent Dieu vit en nous et se manifeste à travers nous. Et pour celui qui s’y oppose, Il déploie durant des milliers d’années toutes les conditions pour inciter cet individu à L’écouter, à avancer en harmonie et enfin de compte, si celui-ci n’obéit pas, Il l’efface ! Et les Écritures disent que les pécheurs périront. Je ne parle pas des pieux ; par pieux j’entends ceux qui comprennent cette grande loi divine. Maintenant, avec cette idée en tête nous devons appliquer cet enseignement divin. Est-ce qu’il a une application dans la phase actuelle de notre développement ? Il en a une. Pourquoi devrions-nous rester dans la même forme qu’aujourd’hui, pourquoi notre visage, nos yeux, nos oreilles, nos mains devraient rester tels quels ? Non, ils doivent changer et Paul dit : « Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés [1] ». Et c’est étrange que beaucoup de ceux qui suivent ce chemin, le nouveau chemin, voudraient entrer sans effort dans le Royaume de Dieu. Nous pouvons y entrer sans effort même à présent, mais nous ne comprenons pas ce Royaume de Dieu ; le Seigneur parle en ce moment même, mais nous ne L’entendons pas ; les Anges nous chantent même maintenant, mais nous ne comprenons pas leur chant. Pourquoi ? Parce que nous avons une éducation qui consiste à attendre que notre père ou un autre riche aïeul meure et nous laisse un héritage, un ou deux millions d’héritage, pour en disposer sans travailler. Nos contemporains veulent vivre de façon économique vis-à-vis de Dieu, sans fournir de travail. Tu peux demander à n’importe qui, chacun dira : « Si mon père m’avait laissé des espèces sonnantes et trébuchantes, si j’avais de l’argent, de l’argent, de l’argent, et aussi du savoir et des forces pour bien vivre ». Mais comment bien vivre ? Je ne vais pas vous le décrire, je suis fatigué de la façon de vivre des humains ; de leur point de vue c’est bien, mais cette façon de vivre ne contribuera même pas d’un cent millionième à votre développement. Si vous enfermez une truie dans une porcherie et si vous la nourrissez des années durant selon toutes les bonnes règles, vous aurez une truie particulièrement civilisée, mais cela restera une truie, son groin n’évoluera jamais ; et si vous la mettez hors de la porcherie, elle se remettra à fouiller le sol, même si elle ne le faisait plus dans la porcherie ; elle ressemblera à une truie bien élevée, mais si vous la laissez hors de la porcherie elle se conduira comme avant. Lorsque nous, les contemporains, nous parlons d’éducation, je dis que ce n’en est pas une, et que nos méthodes actuelles ne sont que des méthodes de dressage ; nous n’avons pas encore dans notre civilisation moderne de vraies méthodes d’éducation. Voici ce que j’appelle éducation : prendre un enfant à l’école en cours primaire, secondaire, ou à la faculté, travailler une année entière sur lui avec les mêmes règles qu’un jardinier, on obtiendra dans ce cas des résultats et pas seulement un dressage. Il faut une éducation, non seulement apparente mais de fond : manifester cette conscience divine de façon que cet individu ou cet enfant se connaisse lui-même et se contrôle sans recours à la contrainte. Lorsqu’un de vos enfants a commis une erreur, mais ne l’avoue pas tout de suite, vous prenez le bâton et alors il dit la vérité. Il dit d’abord : « Maman, je n’ai pas touché le sucre ! – L’as-tu touché ? – Je ne l’ai pas touché. » Deux fois : « Je ne l’ai pas touché », Trois fois – « Oui, je l’ai touché ». Un autre enfant dit : « Je l’ai touché » dès la première fois ; un deuxième, à la deuxième fois : « J’ai touché ». Donc certains enfants avouent la vérité après trois ou quatre réprimandes, et certains après cinq ou six coups de sorte qu’il est possible de déterminer par une formule mathématique quel enfant avouera la vérité et après combien de coups. Certains m’interrogent : « Pourquoi y a-t-il tant de souffrances dans le monde ? » Je dis : vous êtes des enfants et certains de ceux qui souffrent disent la vérité dès le premier coup de bâton, d’autres au deuxième et ainsi de suite, et la nature a préparé beaucoup de bâtons, beaucoup de souffrances pour que tu dises la vérité. Maintenant, il ne s’agit pas de dire la vérité dans ce sens prosaïque, mais de comprendre la vérité sur la raison de notre venue sur terre. Si on vous demande : « Vous avez un père, mais pourquoi ? Vous avez une mère, mais pourquoi ? Vous avez des frères, mais pourquoi ? Vous avez une sœur, mais pourquoi ? », vous direz que vous savez pourquoi : « Le Seigneur l’a ordonné ainsi ». Bien, Il l’a ordonné. Connaissez-vous les lois ? Vous connaissez-vous vous-mêmes selon la loi que le Seigneur a décrétée ? Honorez-vous vos pères et vos mères par la loi que le Seigneur a décrétée ? Honorez-vous vos frères et vos sœurs par cette loi ? Savez-vous que cette loi apporte la vie éternelle ? Non. Et dans le monde, l’un des frères est riche alors que l’autre s’appauvrit, et le premier dit : « Qu’il se débrouille tout seul » ; chaque frère tire la couverture à lui au détriment de son frère. Je dis : ces deux frères n’ont pas compris cette loi divine et se sentent comme des individus isolés. Nous croyons que le monde n’est créé que pour nous ; c’est la plus grande erreur de penser que le monde est créé seulement pour nous. Il n’est pas créé pour nous, Dieu a créé le monde pour Lui-même et non pas pour nous, pour qu’Il puisse se manifester, et nous ne sommes que des êtres occasionnels, oui, occasionnels. Mes cheveux peuvent pousser et je les coupe pour cette raison, une partie de mes cheveux partent, ils ne représentent pas quelque chose de substantiel. Certains parmi vous dont les cheveux tombent, mettent une perruque. En effet, la nature sait : lorsque la tête de quelqu’un se dégarnit, il peut prendre froid, c’est mieux d’avoir des cheveux sur la tête. Les cheveux ont un autre bon côté. Savez-vous pourquoi les cheveux tombent ? Les savants disent : « à cause d’une accumulation d’acide urique » ; c’est vrai, mais il y a un grand nombre d’autres raisons psychologiques qui ont agi avec le temps pour dégarnir la tête. Lorsqu’une région est déforestée – il y a beaucoup d’endroits déforestés en Bulgarie – quelle en est la raison ? Les gens du pays eux-mêmes abattent les forêts et les intempéries viennent dénuder ces collines. Chaque année, lors des inondations on dit : « Nous ne savons pas ce qui nous arrive, mais il y a beaucoup d’intempéries dans le coin depuis quelques années ». J’interprète : leurs collines ont été dénudées ; personne ne prend soin des forêts et ne perçoit leur importance. Maintenant, nous les contemporains, nous avons dénudé toutes les collines divines. On ne peut plus trouver aujourd’hui deux personnes partageant le même avis. Tous disent que le monde est mauvais ; c’est vrai, mais en quoi est-il mauvais ? Il est mauvais dans le sens que chacun veut vivre pour lui sans connaître ni respecter cette loi divine. Un magistrat te jugera selon une loi différente. Nous débattons de la vérité, mais en ayant oublié la juste loi divine à laquelle fait allusion le Christ en disant : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Que contient la vie éternelle ? Elle contient toutes les conditions d’une croissance consciente, une vie où notre pensée peut s’exprimer au niveau le plus élevé ; ce n’est que dans cette loi que nous pouvons chercher et trouver notre bien. Cette loi est écrite en nous, elle y est écrite plusieurs fois. Le Seigneur dit – je citerai les Écritures : « J’ôterai leurs cœurs de pierre, je leur donnerai des cœurs de chair et j’écrirai Ma loi en eux [2] ». Les annales de la nature témoignent que le Seigneur a écrit Sa loi un grand nombre de fois dans les cœurs des humains, mais qu’ils l’ont effacée ; j’en tire la conclusion suivante : nous les contemporains, nous sommes comme les petits enfants : s’ils trouvent une pièce de monnaie sale, ils ne regardent pas ce qui est écrit dessus, mais ils la mettent sur une pierre et la polissent soigneusement. Nous aussi, nous suivons toujours le même procédé. C’est ainsi qu’est né le nationalisme, il ne fait rien d’autre que polir ce que Dieu a écrit ; les allemands ont été polis, les Bulgares ont été polis, les anglais, tous les autres, tous sont polis, rien de ce que Dieu a écrit sur eux n’est resté ; ils savent beaucoup sur leur peuple, ils se battent pour leur honneur, mais ils n’ont pas le bon procédé pour se tenir du bon côté. Quelqu’un de grand, de noble comme Gladstone se présentera, mais même sa voix pour la juste cause de l’humanité sera une voix qui crie dans le désert. Chaque peuple agit selon ses lois. Et si on vous demande pourquoi, c’est parce que les grands hommes de ces peuples n’ont pas conscience que « Son commandement est la vie éternelle » et que s’ils appliquaient ce commandement, ils obtiendraient plus de bienfaits. La mission du Christ n’était autre que de venir et de réconcilier ces peuples. Ces peuples sont les membres de ce grand corps divin. Ce n’est pas un mal d’être nationaliste, mais chaque peuple doit se considérer comme un membre du corps divin et savoir où est sa place, et fonctionner correctement dans le corps divin pour appliquer les idées divines. Mais à présent chaque peuple considère que le monde n’est créé que pour lui, chaque société considère que le monde n’est créé que pour elle, et chaque individu considère que le monde n'est créé que pour lui ! Mais Dieu nous a prouvé que le monde n’est créé que pour Lui. Et viendra un jour où Il nous balayera tous, Il effacera nos formes, et dans des milliers et des millions d’années, si vous recherchez dans les archives, il n’y aura que de très faibles résidus de la culture actuelle ; toutes ces formes actuelles seront aux oubliettes comme cela a été le cas de bon nombre de formes du passé. Par conséquent, l’Esprit Divin aspire à créer la forme la plus sublime dans laquelle Il peut se manifester. Et chacun de nous qui adopte cette idée : connaître comme dit le Christ Son commandement, aura la vie éternelle ; c’est seulement avec une telle forme, avec une telle loi que les forces de la nature viendront à notre secours. Nous sommes là maintenant, et nous pensons, nous faisons des plans, nous croyons pouvoir tout contrôler, mais notre pensée est limitée par une entité supérieure - par exemple ces Êtres, les Anges qui sont passés avant les humains et qui occupent un rang plus élevé, contrôlent nos pensées à travers le règne végétal ; ils sont capables à tout moment d’influer sur votre vie quand ils le veulent et comme ils le veulent. S’ils ne vous donnent pas de pain, vos joues se creuseront, votre ventre rentrera, plus de bedaine, plus de panse. Comment se forme la silhouette pansue ? Aujourd’hui un porcelet, demain un dindon, une poule, une oie, tartinée au beurre, et ainsi de suite ; on dit alors : « C’est pour cela que le Seigneur a créé ces porcelets, c’est pour nous ; nous, les créatures nobles, nous devons manger, c’est la seule façon d’être des humains ». Et nous pensons que le Seigneur a créé l’homme uniquement pour qu’il se nourrisse. Non, l’être humain n’est pas créé pour cela, la culture d’aujourd’hui va dans une mauvaise direction ; manger est quelque chose d’occasionnel, il y a des choses plus belles que cela, manger n’est qu’un moyen. Comment comprendrons-nous le sens profond des paroles du Christ qui dit : « Je suis le pain vivant, descendu du ciel [3] » ? L’eau et le pain sont vivants. Mais je demande : tu attrapes le cochon – ne le prenez pas comme une offense, je constate simplement un fait, en rapport avec cette loi – tu attrapes un cochon ou une dinde, elle t’implore dans sa langue : « Je t’en prie, épargne-moi ! » et toi tu dis : « Comment t’épargner, puis-je rester affamé ? », et clac, tu lui coupes la tête ; mais demain surgit une maladie qui terrasse ton enfant et tu dis : « Que le Seigneur lui pardonne ». Le Seigneur n’a pas de quoi lui pardonner, tu as simplement mangé la dinde et la maladie a mangé ton enfant ; tu devais dire : « Seigneur, puisque j’ai mangé la dinde, la maladie a mangé mon enfant », mais nous disons : « Que le Seigneur pardonne à cet enfant ». La question n’est pas de lui pardonner, car il n’a pas pêché ; est-ce ton enfant qui est la cause de tes péchés ? Je vous donnerai un exemple : un Bulgare, boucher qui a égorgé des bovins durant vingt-cinq ans s’est enrichi et il a dit : « Dieu merci, j’ai arrangé ma vie, je vais laisser tomber l’abattoir désormais, et je vivrai comme un homme, comme les autres ; mais j’ai encore une dizaine d’agneaux : je vais les liquider pour mettre à jour mes comptes ». Il avait trois enfants ; l’un a dit au second : « Je te montrerai comment papa égorge les agneaux » ; il a sorti un couteau et lui a tranché la gorge. Voyant ce qu’il a fait, il prend le couteau et s’enfuit, mais il trébuche et est transpercé par le couteau en tombant. La mère qui donnait le bain au troisième enfant, entend cela, elle le laisse dans la bassine et il se noie. Le premier, égorgé, le deuxième, embroché sur le couteau, le troisième, mort dans la bassine ; ce Bulgare a « liquidé » ses trois enfants, et a « arrangé » sa vie. Vous direz : « C’était son destin, c’est ce qui était écrit » ; ce destin est réservé à toute personne qui égorge. Nous voulons maintenant la bénédiction divine, mais si tu es un tel boucher – prenez-le dans un sens plus subtil, l’exemple ici est trop grossier – tu ne comprendras pas ce commandement, qui est la vie éternelle. Pour connaître ce commandement, nous devons nous libérer de tous les péchés. La loi divine ne souffre aucune exception, elle ne pardonne pas et n’excuse pas. Elle n’est pas brutale. Ce serait risible si un élève qui s’entraîne devant son maître musicien commet une erreur et veut être pardonné ; il dit : « Je ne suis pas fautif ! » Tu n’es pas fautif, mais tu dois jouer correctement. Chaque travail doit être accompli conformément à la loi. La vie sur terre doit être parfaite. Cela se peut-il ? Cela se peut pour celui qui travaille. Que notre vie soit parfaite, c’est le sens de notre existence. Soyez parfaits ! Alors que nous disons constamment devant les fautes des autres : « Tu as fauté ! » Non, non, arrête, lorsque tu commets la première faute, dis-toi – si ton nom est Stoyan par exemple : « Stoyan, nous sommes frères tous les deux, nous avons lié nos vies, nous vivons en harmonie ; la manière dont tu gères nos affaires ne mène à rien de bon ». Tandis que si nous commettons une erreur, nous disons : « Mets-là sous le tapis du mensonge ». Nous créons ainsi les gens les plus pieux, et les plus grands menteurs sont les plus pieux dans ce monde ! Ce sont ceux qui mentent le plus qui parlent le plus sur la vérité. Parfois moi aussi je crains de trop parler de la vérité, c’est parce que la conscience de l’être humain doit être présente lorsqu’il parle : vous n’êtes pas les seuls à m’écouter, ma pensée et mes sentiments produisent certaines mouvements au sein de la nature elle-même, ils peuvent se diriger en harmonie ou en dysharmonie vis-à-vis d’elle, ils peuvent aller vers Dieu ou en dehors de Dieu. Nous pouvons donc établir deux processus : l’un qui détruit et l’autre qui bâtit. Le processus de la destruction mène à la mort, il n’y a en lui aucune culture ; seul le processus qui bâtit est divin. Par conséquent si vous n’êtes pas prêts à respecter la loi divine, en vous travaillent ces forces qui vous détruiront, non seulement vous, mais aussi vos enfants, votre argent, vos maisons : il n’en restera rien en quelques générations. Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas compris votre vie, vous ne l’avez pas bâtie sur ce grand commandement qui détermine ce que peut être la forme véritable de cette vie qui est éternelle. Maintenant, à coup sûr vous prendrez seulement le côté négatif. Ce n’est pas un dogme, simplement une manière d’illustrer la façon dont ce commandement régit les choses. Ce commandement divin peut se manifester de trois manières : comme une loi mécanique, comme une roue dentée qui te dépècerait si elle t’accrochait avec sa dent ; tu peux l’implorer mais elle n’a pas de conscience. Il peut parfois y avoir un être conscient à côté de cette roue pour la réguler et si tu implores la roue lorsque la dent t’accroche, il la fera stopper ; il te dira : « Reste à l’écart de la roue ! » Nous les contemporains, nous sommes intrus dans un monde où toutes les roues sont mécaniques sans personne pour les surveiller et donc celui qui passe à côté d’elles doit être sur le qui-vive. Tu sors de chez toi ; tu dois être aussitôt relié au monde invisible, ton esprit doit être relié à Dieu, ton âme doit être irréprochable. Certains disent : « Pas besoin d’être reliés », mais est-ce que la vie des peuples contemporains qui ont tous reculé sur cette loi de bon sens est meilleure pour autant ? Tous ont commencé à arranger leurs vies, à écrire tout et son contraire, à faire des calculs savants, mais ils n’ont pas su trouver la loi par laquelle manifester ce grand principe. Ce principe ne tolère aucune violence en soi ; lorsqu’il s’exprimera dans toutes les formes, il agira de toutes les façons, mais sans qu’il y ait de dysharmonie. Nous nous arrêtons maintenant pour dire : « Le Seigneur arrangera le monde » ; les gens du monde disent : « Nous arrangerons le monde » ; d’autres disent : « Ceux qui gouvernent arrangeront le monde » ; nous attendons toujours que le monde soit arrangé. Il se redresse graduellement, la question n’est pas là, je le sais, mais notre vie actuelle, individuelle reste dans une certaine mesure mal réglée. Le plus important dans les conditions actuelles est l’âme de l’être humain. Toi, en tant qu’être conscient, comment imagines-tu vivre à l’avenir ? Beaucoup parmi vous connaissent Dieu n’est-ce pas ? Certains diront qu’ils aiment Dieu. Je concède que vous Le connaissez, que vous L’aimez, mais je vais vous dire à quoi j’assimile votre connaissance et votre amour de Dieu. Vous avez une fille remarquable, noble, belle, bien éduquée, très tendre ; elle lie connaissance, un bienaimé vient, elle l’accueille tendrement, elle le prend par la main : elle est très attentive et patiente, et lui s’exprime avec douceur pour ne pas la contrarier ; on le ménage, et on lui dit : « Vous avez de la noblesse ». Mais une fois mariés, ce feuilleton cesse : il n’y a plus d’accueil, plus de trémolos : un autre feuilleton démarre, le ton se durcit ; il va d’abord pianissimo et puis fortissimo. Vous dites : « Comment cela ? » C’est uniquement la musique qui a changé. Pourquoi ? Au fond cette jeune fille n’était pas mue par un idéal, mais par un égoïsme matérialiste afin d’assurer ses arrières. C’est aussi vrai pour le jeune homme, c’est aussi vrai pour le maître ; nous voyons partout que les gens sont très aimables au premier abord, puis ils abattent leurs cartes. Je demande : qu’est-ce que cette jeune fille a à y gagner ? Le Seigneur ne peut pas être trompé de la sorte ; Il tolère d’être trompé, mais Il enregistre dans Son livre tous ceux qui Lui ont menti et note comment Il a été accueilli et traité. Il écrit depuis des milliers d’années et enregistre toujours notre accueil et nos adieux, et lorsque nous nous rendons auprès de Lui, Il dit : « Je sais très bien comment vous M’avez accueilli et raccompagné ». Les religieux, les marchands, tous Lui allument des bougies et prient lorsque les affaires tournent mal, mais dès qu’elles se redressent, ils disent : « Il ne faut compter que sur soi-même » ; et les soldats sur le champ bataille également, s’ils sont en mauvaise posture, ils s’agenouillent et disent : « Seigneur ! » mais s’ils gagnent : « Vois-tu un peu nos muscles, vois-tu un peu ces canons ? » C’est ainsi que nous accueillons et que nous raccompagnons le Seigneur. Mais quel est le sens du combat militaire ? Nous commençons bien, mais nous devons aussi bien terminer ; et nous ne terminerons bien que si nous reconnaissons cette loi. La raison n’est pas que nous ne connaissons cette loi que partiellement, nous la connaissons parfaitement. Disons, un inventeur fait des plans et les trouve excellents, il a commencé parfaitement bien ; mais quand il applique ces plans, il n’arrive à rien : les esquisses sont excellentes, mais en les appliquant cela ne donne rien. Maintenant, en théorie nous sommes presque sur le bon chemin, nous parlons bien, mais s’il est question d’appliquer l’amour et la sagesse comme tous les autres principes, nous finissons par faire faillite et nous disons « C’est notre destin », et les astrologues disent que la faillite est causée par quelque astre. Quel rapport entre l’astre et ta vie, en quoi te fait-il obstacle ? Non, c’est ta pensée qui n’a pas compris cette grande loi, c’est ta pensée qui t’a entravé dans ton chemin ; il nous faut maintenant une pensée évoluée et éclairée, et il nous faut prêter attention aux petites choses. Il y a un petit conte à propos du Christ : en voyageant avec ses disciples il a vu à un endroit une pièce de cinq centimes et a dit à Pierre : « Prends cette pièce », mais Pierre ne l’a pas prise, se disant : « À quoi bon, le Seigneur me met à l’épreuve ; non, je renonce à cette pièce de cinq centimes, je vais servir Dieu ». Ils ont passé sans s’arrêter. Le Christ revient sur ses pas, prend la pièce et repart. En passant à côté d’un homme qui vendait des cerises, il lui a dit : « Donne-moi des cerises contre ces cinq centimes » ; il les prend et les met dans sa poche – le Christ avait une poche – et en marchant, comme ses disciples commençaient à avoir faim, il s’est mis à laisser tomber une cerise, puis une autre. Tous marchaient derrière Lui et se baissaient ; longtemps il laissait échapper des cerises, ils se baissaient constamment et Pierre qui ne voulait pas se baisser une seule fois pour la pièce, s’est baissé dix fois pour les cerises. À nous aussi maintenant, on nous dit de nous baisser pour comprendre et accomplir la loi divine, mais nous rétorquons : « Comment est-ce réalisable ? Quel est ce commandement, qu’est-ce que la vie éternelle ? Ce sont des vues philosophiques ! » Je dis : ami, prendras-tu la pièce de cinq centimes ? Si tu ne la prends pas, ton Maître la prendra et tu te baisseras ensuite dix fois jusqu’à ce que tu comprennes qu’il est préférable de se baisser une fois pour la pièce plutôt que dix fois pour les cerises. Nous pouvons accomplir ce commandement. Comment ? Arrêtons-nous là-dessus : ne pouvons-nous pas agir sincèrement envers les autres comme nous voulons qu’ils agissent envers nous ? Si je raisonne ainsi : quelqu’un a une parole un peu dure, je ressens une douleur et je hausse le ton ; mais tu as constaté à l’instant ce que cela fait de hausser le ton, pourquoi le fais-tu aussi toi-même ? Quelqu’un t’a trompé et tu le trompes aussi, tu dis : « Cela passe » ; lorsque je mens ça passe, mais lorsque les autres mentent, cela ne passe pas ? Or, si cela passe dans un cas, cela passe aussi dans l’autre et vice versa. La faute si elle est mienne n’est pas une faute, mais elle ne m’exonère pas plus que vous. Le bien qu’il soit en vous ou en moi est toujours du bien ; c’est une qualité noble qui édifie, qui bâtit la vie. Et n’est-ce pas mieux de se connaître si nous nous croisons ? Quelqu’un dit : « Je veux savoir ». Que veux-tu savoir ? « Je veux savoir ce qui est placé en moi ». Mon frère, il y a beaucoup de choses mauvaises en toi et beaucoup de bonnes choses. Si je connais ces mauvaises choses, je n’en tire aucun profit. Si je sais qu’il y a dix mille pièces d’or dans ta caisse, cela ne me profite en rien ; et si je sais que tu as une dette de dix mille pièces d’or, en quoi cela me profite-t-il ? En rien, ce n’est qu’un fardeau pour mon esprit. Ce à quoi nous devons nous intéresser, ce sont nos relations. C’est l’acte à un instant donné : est-ce que je peux me comporter bien avec vous ; vous ne devez vous intéresser qu’à ma parole : c’est le plus important à un instant donné. Les paroles que je prononce, c’est moi, alors que vous méditez sur ce que j’ai voulu dire. Je suis si sincère que je vous révèle une grande vérité que j’ai appliquée et j’ai obtenu d’excellents résultats. Certains parmi vous ne peuvent pas encore s’en convaincre ; vous ressemblez à ce Bulgare qui s’était mis à boire mais implorait le Seigneur de le libérer de l’ivrognerie. Et son bras a commencé à trembler : il avait envie de boire, il renverse le verre, il ne peut pas boire mais en meurt d’envie. Il a réfléchi un jour, deux jours, il ne pouvait toujours pas boire ; il a dit à sa femme : « Tu vas m’attacher la main avec une cordelette ». Il voulait grâce à la cordelette se remettre à boire. Le Seigneur voulait le délivrer d’une façon, mais il préférait encore attacher son bras et continuer de dire : « Seigneur, Tu ne m’aimes pas ». Je vous vois maintenant attachés avec de nombreuses cordelettes, je vous vois et je dis : vous glissez vers le bas ! Vous n’êtes pas de mauvais bougres, mais vous dites : « Nous ne boirons pas, nous accomplirons la loi divine, nous avons de la volonté, de la volonté, de la volonté ! Nous sommes des êtres vivants, nous ne sommes pas des esclaves, nous servirons Dieu ». Mais vous me répondrez : « Dans des conditions plus clémentes, à l’avenir, dans une autre réincarnation, lorsque Dieu nous enverra de nouveau sur terre ». Ce sont des réflexions comme celle d’une truie dans la porcherie qui dit : « Maintenant, je fouille, mais si un meilleur maître se présente et me nourrit davantage, je renoncerai à fouiller ». Les Turcs disent : « Bochlaf [4] ». Même si des maîtres cent mille fois mieux se présentaient, elle resterait une truie à moins que sa conscience ne change : elle doit laisser de côté la porcherie et agir d’une autre manière, sinon elle gardera la même forme. Par conséquent, nous aussi nous pouvons demeurer en Dieu, mais seulement si nous assimilons Sa loi, si nous commençons à réfléchir comme il faut et à sentir comme il faut, sinon, nous resterons dans la porcherie. Mais vous dites : « Le Seigneur nous changera » ; le Seigneur te changera si tu changes. Le Seigneur a une autre façon de te faire changer, mais je dis : que le Seigneur vous en garde ! Et vous dites : « Nous ne nous soumettrons pas » ; le Seigneur a aussi une fournaise pour les humains, il les jette dedans, les fond et lorsqu’ils fondront, ils ne se reconnaitront plus. « Ne sommes-nous pas des individus, dites-vous, je suis Stoyan, sais-tu qui est mon père ? » Oui, mais lorsque le Seigneur vous mettra dans la fournaise, rien n’en restera et vous ne vous reconnaîtrez pas. Comment ferez-vous dans Sa fournaise, de quel sujet débattrez-vous ? Maintenant je reviens à la pensée principale : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle ». Cette grande loi est le reflet de l’amour divin. Par cette loi vous pouvez changer votre vie personnelle. Vous voulez être heureux ? Vous pouvez être heureux dans le respect de la loi ; vous voulez être savants ? Vous pouvez être savants ; vous voulez être puissants ? Vous pouvez être puissants. Tout ce que vous désirez, vous pouvez l’avoir au nom de cette loi où agit l’amour, mais vous l’appliquerez de façon à agir envers autrui comme vous agissez envers vous-mêmes. La société ne doit pas vous troubler, elle ne peut pas vous entraver ; cela n’a pas de sens de dire que nous voulons appliquer la loi divine, mais que la société vit d’une autre façon, car chacun vit selon ses propres compréhensions. Maintenant, nous pouvons corriger notre trajectoire dans ce monde, nous pouvons la redresser grâce à cette nouvelle compréhension. Ce qu’un seul fil ne peut faire, dix fils le peuvent ; ce qu’une personne ne peut faire, deux, trois, dix, cent, mille le peuvent. Avez-vous discuté avec votre Seigneur en votre for intérieur, avez-vous dit : « Seigneur, quelle est Ta volonté ? Seigneur, est-ce que je peux accomplir Ta loi ? » Vous direz : « Un homme de bien doit venir nous le dire ». Oui, un homme de bien doit vous le dire, mais comment allez-vous comprendre cet homme de bien ? Je vais vous relater un ancien conte de l’histoire égyptienne. Tatzin, un grand Maître de la loge Blanche, âgé de soixante-dix ans cherchait un manuscrit datant de la création du monde où étaient consignés tous les secrets primordiaux : comment vivre et comment tirer profit de la vie. Ce papyrus était écrit dans une langue singulière et se trouvait entre les mains de la plus belle, mais la plus pauvre jeune fille, Isis. Selon les règles d’autrefois dans la Fraternité Blanche, les femmes étaient complètement exclues car elles ne s’étaient pas élevées jusqu’à cette grande culture. Il y avait une règle qui déconseillait aux élèves de fréquenter les femmes. Tatzin a commencé à fréquenter cette jeune fille et tous ont spéculé sur ses intentions ; ils ne soupçonnaient pas la présence chez elle de ce papyrus précieux. Elle devait seulement poser le papyrus devant lui et après avoir lu un long moment, il se levait de table, revenait dans son temple tandis qu’elle enroulait le papyrus et le remettait de nouveau dans ses archives. Ainsi il revenait jour après jour, et la jeune fille se demandait quel amour il nourrissait pour ce livre : lorsqu’il touchait le livre, un frémissement sacré montait en lui, son visage changeait, mais elle ne pouvait pas se l’expliquer. Et les gens de l’extérieur pensaient : « Il est probablement tombé amoureux de cette jeune fille ». Elle s’étonnait des raisons qui le poussaient à lire ce livre et les gens de l’extérieur se demandaient les raisons qui l’incitaient à lui rendre visite. Lorsqu’un contemporain commence à étudier le Verbe Divin, les gens se demandent pourquoi cet individu commence à frémir. Un médium frémit et les gens disent : « Il est dérangé ». Et vous lorsque vous dansez dans la ronde, ne frémissez-vous pas ? Vous êtes dans un bal, vous faites une révérence. Y a-t-il quelqu’un qui ne frémit pas ? Si quelqu’un se met à frémir, on dit : « Celui-ci a perdu la tête ». Ce n’est pas dans l’ordre des choses, mais si le mari se fâche et bat sa femme, alors ce serait dans l’ordre des choses ; lorsqu’un patron ou un ministre se fâche on dit : « C’est dans l’ordre des choses, quelque chose a dû provoquer sa colère ». Si un religieux qui cherche Dieu est bouleversé, alors on dit : « Il lui manque un boulon, il a perdu la boule ». Non, justement il est en train de retrouver la boule et la raison de ses frémissements est toute autre : il recherche Dieu ! C’est un processus de la pensée, c’est un bouleversement intérieur, le temps que ces mouvements deviennent plus beaux, plus musicaux, plus harmonieux, alors nous les considérerons comme normaux. Le médium frémit longtemps car il se heurte à un obstacle. Et tous ceux qui commencent à penser et à agir, frémissent, mais c’est la loi qu’ils recherchent à travers ce tremblement. Lorsque vous la trouverez, arrêtez-vous et ne philosophez pas. Vous direz : « Est-ce que la loi est applicable ? » Oui, vous pouvez l’appliquer, certains parmi vous ont suffisamment mûri pour l’appliquer. « Mais quels seront les résultats ? » Les résultats seront excellents. « Est-ce que je serai quelqu’un de bon ? » Tu ne seras pas bon, mais tu sauras comment vivre. Bien et mal, ce ne sont pas des choses substantielles dans la vie, le bien et le mal sont des serviteurs qui te conduisent à Dieu, l’un et l’autre te guident, ce sont des êtres vivants : le mal te guide d’une façon, le bien d’une autre ; ce sont des serviteurs qui te guident vers le commencement éternel d’où tu proviens. Le mal dit : « Écoute, si tu n’accomplis pas la loi divine, tu me ressembleras, c’est ce que tu veux ? Si tu cherches un autre sens dans la vie, rebrousse chemin ! » Et lorsque tu passes du côté du bien, il dit : « Si tu cherches le sens de la vie, travaille comme je travaille, et tu trouveras le chemin ». Ces êtres sont si sincères ! L’un dit : « Ne sois pas comme moi, mais si tu veux, viens travailler avec moi dans les champs ». Mais en premier lieu un esprit, aussi malfaisant soit-il, te dira toujours : « Dis la vérité, ne sois pas comme nous, car nous n’aimons pas les peureux ». Donc, le bien comme le mal nous guident vers Dieu. C’est pourquoi Paul dit : « Lorsque nous terminerons notre évolution, ne demeurera que l’amour [5] ». Vous direz : « Un simple sentiment ? » Non, non, nous rentrerons dans une vie indicible ; notre langage ne peut même pas décrire le reflet, le préambule de ce qui sera révélé. La vie qui vient est si grandiose, si glorieuse dans ses possibilités, dans ses manifestations : science, musique, poésie, vie sociale, amour et vérité, que cela vaut la peine de passer mille ans de souffrances, pour ne serait-ce qu’une minute de cette vie. Un instant de cette vie vaut mille ans de nos souffrances. Le Christ dit : « Et je sais que Son commandement est sa vie éternelle », et le Christ vous dit à présent – c’est-à-dire Il se dit à Lui-même : « Et je sais que Son commandement est pour moi la vie éternelle ». Si vous dites de même, en même temps que le Christ : « Et je sais que Son commandement est la vie éternelle », vous entrerez dans ce commandement. Ne demandez pas si ce temps est venu, c’est le malin qui vous y pousse ; ce serait ridicule si un disciple venait auprès de son maître pour demander : « Est-ce que le temps est venu pour moi d’apprendre ? » Il a déjà vingt ans, ce temps est venu depuis belle lurette, tu devais venir dès l’âge de sept ans. Quelqu’un qui a quarante ans révolus demande s’il peut être admis ; il est admis plutôt deux fois qu’une. Un autre, âgé de soixante ans demande : « Est-ce que je pourrais comprendre ? » Et comment ! Si tu n’es pas apte à comprendre à soixante ans, quand le seras-tu ? Il dit : « Notre temps est révolu car nous sommes vieux ». Vous êtes vieux ? Celui qui cherche la vérité se bonifie avec l’âge. S’il commence dès son plus jeune âge, c’est bien. Je dis : c’est bien pour vous d’étudier et de ne pas perdre votre temps avec des racontars. Étudier les religions et leur histoire, l’histoire de la terre, par quelles périodes géologiques elle est passée, tout cela est très bien. Lorsque vous comprendrez cette grande loi divine, vous étudierez l’histoire de la terre en un jour, comme dans un cinématographe, vous verrez en images comment a été créée la terre. Il y a dans cette terre d’autres trésors qui doivent s’étudier, mais certains parmi vous diront maintenant à propos de ces trésors grandioses : « Montre-les nous ! » C’est dangereux de les montrer. Dans le passé une jolie fille de la race blanche est tombée parmi les noirs, et pour s’en protéger elle s’est mise un masque, deux fois plus noir qu’eux. Ils la considéraient comme un héros. L’un d’entre eux vient la voir et lui dit : « Soulève ton masque pour qu’on te voie ! » C’est dangereux de montrer sa réalité. Quelqu’un dit : « Soulève ton masque ! » Non, non, parmi les noirs c’est dangereux de soulever son masque, il faut se présenter en noir devant eux. Cet Enseignement que je prône dans la causerie d’aujourd’hui n’est pas pour le monde mais pour vous. C’est un moment psychologique intérieur qu’il faut vivre, un vécu que vous ne devez partager avec personne ; ces moments sont sacrés, si sacrés que vous devez les garder comme quelque chose de rare. Savez-vous comme c’est beau pour vous-mêmes qu’un de vos frères vous adresse la parole, un frère du monde invisible, comme c’est précieux que le Christ vous adresse la parole, mais non ce Christ dont tout le monde parle ! Il y a un conte sur un prédicateur qui a longtemps étudié l’amour divin et la vérité. Il est tombé un jour sur des brigands qui lui ont brisé les deux jambes. Des confrères sont passés à côté de lui et chacun disait : « Allons, c’en est fini de toi, mais au moins que cela ne nous retombe pas dessus ». Ils passaient et s’en allaient alors qu’il pleurait, abandonné de tous. Venait enfin le Christ en pauvre homme. Le Christ s’arrête devant lui et lui demande : « Qui es-tu, mon frère ? – Je suis prédicateur. – Prédicateur ! Mais que prônes-tu ? Je suis un homme simple, mais j’ai un talent : remettre les os cassés. Allons, tu vas prêcher pour moi, et moi je vais remettre ta jambe, mais prêche bien. » Et il commence : « Tes jambes sont cassées à plusieurs endroits ; si tu ne dis pas la vérité, l’os va mal cicatriser. Tu vas me faire le prêche le plus beau, le plus sublime ; la rémission de tes jambes dépendra de ton prêche. » Le prédicateur a réfléchi : il devait dire la vérité car cette vérité concernait sa jambe, ses os. Il a rassemblé ses pensées, il a regardé le Christ, il voulait mentir. Le Christ lui dit : « Réfléchis, réfléchis bien car je remarque que l’une de tes mains tremble. » Le prédicateur a commencé à confesser ses fautes : « Tu me pardonneras, mon frère, mais mes prêches n’étaient pas fameux. – Très bien ! » Le Christ a commencé à bouger sa jambe jusqu’à ce qu’il finisse par dire : « Tu es guéri, lève-toi, va et désormais prêche comme il faut ». Je vois maintenant que le Christ viendra, beaucoup de vos jambes sont brisées, le cœur est brisé ; et pour guérir votre cœur le Christ dira : « Tenez votre plus beau discours, votre plus beau prêche et je vais commencer à replacer les morceaux ; et le résultat dépendra de ce que vous direz ». C’est difficile de dire la vérité, c’est difficile, mais c’est ce qui est le plus noble et le plus courageux. Le Christ est le dernier qui viendra ; le dernier, mais il remettra tout à sa place : avez-vous la foi pour le croire ? Vous croyez, mais votre jambe est cassée, et si vous ne dites pas la vérité, elle ne guérira pas. Il ne suffit pas de dire : « Nous croyons ». Si quelqu’un vient ce soir et dit : « Mon frère, donne cent mille levas pour le Christ, pour que ma jambe guérisse ! Vous direz : « Laisse-moi réfléchir un peu, vérifier mes comptes, consulter ma femme, mes enfants… » Il dira à un autre : « Peux-tu me consacrer un mois de ta vie ? – Oui, à moins que mes enfants … » Non, non, il n’y a pas de temps à perdre. Lorsque viendra ce moment, et que tu as les jambes cassées, tu dois te sacrifier de ton plein gré. Nous devons tout bâtir de notre plein gré sur la base de cette grande loi divine. Je ne vous dis pas d’être différents, mais sincères envers vous-mêmes, d’avoir la bonne volonté. Que le marchand reste marchand, mais qu’il soit honnête ; que le médecin soit médecin, mais qu’il soit honnête. Est-ce qu’un médecin ne peut pas consacrer un mois dans toute l’année pour soigner sans prendre d’argent ? Est-ce que l’avocat ne peut pas consacrer un mois pour plaider des affaires gracieusement ? Est-ce qu’une mère, un fils, une fille, nous tous, nous ne pouvons pas consacrer un mois dans l’année à Dieu ? Mais nous buttons sur : « Que dira celui-ci ou celui-là ». L’homme dit : « Que dira ma femme », le Seigneur dit : « Ta femme te dit de ne pas travailler », mais un mois plus tard il la congédiera et elle s’en ira. Le mari se met à la pleurer et demande ensuite : « Est-ce que je peux me marier une deuxième fois ? » Il en épouse une autre, le Seigneur demande : « Es-tu prêt ? » Mais celui-ci se demande encore : « Que dira ma femme ? » Elle aussi part, mais il en prend une troisième. La troisième femme vient et cette fois Dieu interroge la femme : « Que dira mon mari ? » et le Seigneur congédie le mari. « Que faire ? Attends que j’en trouve un autre ! » Le Seigneur patiente ; lorsque le second mari se présente, il accapare la femme. Et nous nous justifions : le mari avec la femme, la femme avec le mari, le frère avec la sœur. Et la volonté divine n’est pas accomplie. Et nous disons : « Le Christ descendra du Ciel avec des Anges et redressera le monde ». Ce n’est pas ainsi que cela se passe : le Christ frappe à vos portes et vous dit : « Pouvez-vous me consacrer une journée ? » Vous me direz maintenant que je vous l’ai déjà répété plusieurs fois ; oui, mais je ne vous ai pas parlé comme je vous parle aujourd’hui. Il n’y a pas aujourd’hui d’enthousiasme. Vous direz : « Nous ne ressentons aucun enthousiasme » ; non, non, je dis aujourd’hui : je ne veux pas d’enthousiasme. L’argent, par ici l’argent ! C’est moi qui distribuais jusqu’à présent et vous disiez : « Ho-ho-ho ! » Un ami me racontait l’anecdote suivante. Quelqu’un est allé dans une auberge et a commencé à manger en disant : « Des côtelettes et du vin, ho-ho-ho ! », mais au moment de régler, le restaurateur lui a dit : « Il faut régler l’addition maintenant ! » – « Aïe ! aïe ! aïe ! » Jusqu’à présent c’était « Ho-ho-ho », mais maintenant c’est devenu « Aïe ! aïe ! aïe ! » Car je dis : « Donne ici cent mille levas, règle la note ! », et tu dis : « Attends ! » En premier lieu, tous au travail ! Tu diras : « Mais où est notre philosophie ? » Laissez vos philosophies, nous avons une plus grande philosophie et nous l’appliquerons concrètement. Vous dites : « Réfléchissons désormais ! » Il n’y a pas de temps pour réfléchir, tu donneras ou non ? Si tu donnes, tu es le bienvenu, entre ; sinon, tu peux partir, je ne te retiens pas. Tu veux quelque chose ? À ta guise, sers-toi ! Il faut du courage de notre part pour tenir les engagements que nous avons pris depuis que nous avons quitté le Ciel. Savez-vous combien d’obligations vous avez ? Lorsque je ferai ma dernière causerie en Bulgarie, j’apporterai mes archives complètes à tous les disciples ; je vous les lirai et je vous demanderai si vous êtes prêts ou non. Si vous n’êtes pas prêts, je fermerai les archives et je vous laisserai en tête à tête avec vous-mêmes, pour parler clairement et en vérité. On ne tolère pas que le disciple ait deux avis. C’est l’Enseignement que vous devez appliquer et vous l’appliquerez : s’il est authentique, bien ; autrement au moins vous saurez toute la vérité. Vous n’aurez aucune obligation, n’est-ce pas ? Vous connaîtrez la vérité comme elle est. Vous vous tenez là à présent et vous dites : « Cela se peut ». Je vous dévoilerai cette archive et vous la ressentirez instantanément, et savez-vous ce qu’il adviendra de vous ? Certains parmi vous fondront comme de la cire ; lorsque je l’apporterai, vous ne serez plus que des os, des os, et tout le reste, même votre cerveau, disparaîtra comme dans un laboratoire, puisque vous tergiversez. Et lorsque vous verrez votre archive et que vous élèverez votre âme vers Dieu, soupirez profondément et dites : « Que la grande conscience s’instaure ! » Vous ressentirez le passage de la mort à la vie. Ce n’est pas une plaisanterie, je vous dis : un grand moment approche dans la vie, le moment le plus grand, le plus glorieux : vous serez soit seulement des os, soit une bougie allumée et vivante, pour briller dans les siècles comme les étoiles dans le firmament et indiquer la route à ceux de vos frères qui suivent ce chemin. Je parle aux disciples et non aux croyants et aux nouveaux venus, ceux-là sont libres. Cette vérité se vérifiera et elle sera pour vous la dernière seconde de votre vie, elle est l’ultime seconde ; désormais si vous n’exploitez pas cette seconde, vous êtes perdus à jamais, sachez-le, tout sera perdu à jamais, mais si vous l’exploitez, vous êtes sauvés, l’avenir est à vous, la gloire de Dieu est à vous et Dieu sera avec vous. Lorsque je dis perdus, c’est une exagération. Quelqu’un viendra rappeler ce que Paul a dit ! Laissez Paul, ne jouez pas avec Dieu, vous faites erreur. Vous direz comme le Christ a dit : « Et je sais que Ton commandement est la vie éternelle ». Oui, ce commandement est la vie éternelle. Et lorsque je vois ce commandement, toutes mes fautes doivent repeupler ma conscience et je dois dire : « Seigneur, il n’y aura pas deux pensées en moi. Il y aura seulement une pensée sacrée, un cœur pur et sacré, une âme sacrée, un esprit pour accomplir Ta volonté grandiose et être Ton collaborateur dans les siècles à venir, et travailler avec Toi ». Vous serez par conséquent des ouvriers et vous entrerez dans la grande école. Lorsque je dis vous êtes perdus, j’entends : vous perdrez toutes les conditions de connaître cette grande vérité, cette grande sagesse à laquelle votre âme a aspiré depuis des milliers d’années. C’est à cela que vous aspirez et c’est maintenant le bon moment : ne tergiversez pas, ne vous regardez pas les uns les autres. Tous les disciples maintenant, concentrez-vous et dites : « Sans peur et sans obscurité dans l’amour infini de l’éternité ! » Sofia, 28 mai 1922 [1] 1 Corinthiens 15, 51 [2] Ézéchiel 36, 26 [3] Jean 6, 51 [4] Exclamation en turc qu’on peut traduire par « Fadaises ! » [5] 1 Corinthiens 13, 13 « Maintenant ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, l’amour ; mais la plus grande des trois c'est l’amour.
  4. Fille de Sion « Jésus trouva un ânon, et s'assit dessus, selon ce qui est écrit : « Ne crains point, fille de Sion ; voici, ton roi vient, assis sur le petit d'une ânesse ». Jean 12, 14-15 Il faut du sens à la vie. Lorsque le prêtre ou l’archimandrite se parent de tous leurs ornements dans l’église, je demande : quel est le but de ces ornements ? Vous me répondrez : « Servir Dieu », c’est-à-dire lorsque ce prêtre se pare de sa tenue, il est comme la jeune fille qui s’apprête à se fiancer ou à se marier, c’est la même situation. Pourquoi la jeune fille s’habille-t-elle ? Demandez à toute jeune Bulgare qui rejoint la ronde – elle se peigne les cheveux, s’habille avec éclat, met des fleurs à ses oreilles, dans ses cheveux – à quoi songe-t- elle ? Elle veut se marier, mais pourquoi doit-elle se marier ? On me répondra : « Le genre humain doit se perpétuer ». Pourquoi le genre humain doit-il se perpétuer ? « Pour que les humains se perfectionnent ». Pourquoi doivent-ils se perfectionner ? « Eh, c’est une loi de la nature ! » Nous mettons toutes ces réflexions sous le même dénominateur commun : connaître Dieu. Il n’est pas seulement question ici de la jeune fille ; dans les fleurs et dans les arbres il y a aussi cette conscience : lorsqu’ils rencontrent leur bienaimé, le soleil, ils mettent aussi leurs plus belles parures, leurs plus belles fleurs. Les plantes ont de bien meilleures connaissances sur le soleil que nos contemporains. Lorsque le soleil les réchauffe, les gens érudits d’aujourd’hui portent des ombrelles, de grands chapeaux, tirent des rideaux très longs pour que la lumière n’entre pas par leurs petites fenêtres ; et tous se protègent d’un coup de soleil. Les citadins agissent en ce sens, tandis que les paysans ont un autre crédo : c’est uniquement à midi qu’ils vont s’abriter sous quelque poirier. Je demande alors où est le sens de la vie. Le sens de la vie n’est pas dans les singularités, dans nos façons de voir ; le sens de la vie ne consiste pas en une théorie, en un point de vue ; le sens de la vie ne consiste pas en la religion, même la religion n’est pas une expression de cette vie sensée, car la religion ce sont des formes, des coutumes dont nous devons nous servir. Est-ce que la fille qui peut exécuter toutes les danses dans la ronde a pour autant compris le sens de la vie ? Elle peut danser parfaitement dans la ronde, mais ne pas savoir cuisiner ; elle peut danser remarquablement bien, mais ne pas savoir coudre ; elle peut danser parfaitement, mais être trop bavarde. Elle est remarquable au milieu de la ronde, c’est une meneuse : il n’y en a pas de meilleure qu’elle pour faire rentrer tout le monde dans la danse derrière elle, mais allez chez elle pour constater qu’elle mène la danse autrement : lorsqu’elle mène la ronde tout le monde se réjouit, mais lorsqu’elle mène la danse à la maison tout le monde pleure. Je demande pourquoi ? Elle fait pleurer la belle-mère, elle fait pleurer le beau-père, la belle-sœur, les voisins, tous pleurent et disent : « Mais c’était la meneuse à la ronde ». Comment cela se fait-il ? Être la première dans la ronde, mais faire pleurer tout le monde à la maison. Cette conclusion, qu’elle est mauvaise et qu’elle fait pleurer tout le monde est parcellaire, cela ne prouve nullement que son caractère est mauvais ; elle s’exprime de manière parcellaire. Je peux expliquer à quoi cela est dû : si vous avez une bouteille parfaitement lisse, vous pouvez la transporter en toute sécurité, mais si vous la cassez en plusieurs morceaux, chaque morceau est un danger car il peut blesser un pied ; je dis : cette jeune fille était entière à la ronde alors qu’elle est en morceaux à la maison. Que faut-il faire ? Rassemblez tous les morceaux, recollez-les, et elle sera remarquable en tout. Avançons dans notre réflexion. Admettons que nous prêchons un certain enseignement ; nous ne sommes pas les seuls à le prêcher, tous les êtres doués de raison le font ; le Christ prône un enseignement et j’expose aujourd’hui l’enseignement du Christ. En son temps, le Christ parlait avec beaucoup de logique, beaucoup de sobriété, c’était l’enseignement le plus sobre qui soit, mais ses contemporains l’ont trouvé inadéquat pour la culture d’alors. Même aujourd’hui, deux mille ans plus tard, on trouve l’enseignement du Christ inadéquat car inapplicable : si une femme appliquait aujourd’hui l’enseignement du Christ, son mari la répudierait ; si un homme appliquait l’enseignement du Christ, sa femme le répudierait ; si la fille appliquait l’enseignement du Christ, le père et la mère la renieraient, ils se sépareraient aussitôt. On dit : « Nous ne voulons pas de gens aussi pieux », car tous s’imaginent que quelqu’un, devenu très pieux a les yeux creusés, le visage changé et que ces traits creusés expriment la piété. Je me demande d’où sort cette idée sur la piété ? Si c’était de la piété, alors les malades dans les hôpitaux sont les plus pieux. Si nous réfléchissons de la sorte, alors que dire de certains prêtres ? Nous dirions qu’ils manquent complètement de piété car ils n’ont pas de traits creusés du tout ! Ce sont des réflexions extrêmes, dénuées de toute logique. Notre discours peut être logique sans pour autant refléter cette vérité nécessaire à la pensée, et je dis vérité au sens premier. Prenez la nourriture qui donne des forces à l’organisme : elle contient la vérité en elle. « La vérité vous rendra libres. [1]» Si, lorsque je voyage, je me trouve éreinté de fatigue au bout de trois ou quatre jours à ne plus pouvoir terminer mon voyage, ce peu de nourriture que je prends alors me transmet la vérité, cette nourriture me rend libre de continuer le voyage. Par conséquent quelqu’un dira : « Comment reconnaître la vérité ? » La vérité vous donnera la force de terminer votre voyage et vous rendra libres, vous permettra d’achever le voyage entamé et le travail entamé. Quel est alors l’objectif de la religion ? Nous donner la vérité, nous montrer le chemin vers Dieu et nous unir à Dieu. Par quel moyen ? Par la loi de l’amour. Ils disent : « L’Église elle-même doit être amour ». Je vais vous relater un exemple, je l’appellerai : « Pour le bienfaiteur présumé ». Je vous donnerai une nouvelle façon de voir les choses pour voir comment vous l’appliquerez. Une comtesse, nommé Bérosa se retrouve dans le dénuement le plus complet, dans une misère indescriptible ; un poète du nom de Samoussali – je l’appelle ainsi – voulait l’aider, mais la sachant très fière il cherchait un moyen convenable ; un, deux, trois jours passent, il songeait chaque soir comment la secourir, la relever sans qu’elle se rende compte qu’il y a un bienfaiteur. Il étudiait ses habitudes, ses fréquentations, et se doutant que son portefeuille est vide, il décide d’y mettre dix mille francs sans être vu. Mais il se trouve que lorsqu’il prend le portefeuille et y met les pièces d’or, les gendarmes l’attrapent et disent : « Mademoiselle, est-ce votre portefeuille ? – C’est le mien. – Et l’argent est à vous ? – Il est à moi. » Alors, c’est que ce monsieur, ce bienfaiteur, veut dévaliser cette comtesse. » Et Samoussali de se retrouver en prison. Le tribunal est saisi, viennent des avocats qui plaident et qui finissent par obtenir une condamnation à dix ans de prison. Je demande : vous, après être sortis de prison, essaierez-vous une deuxième fois de mettre de l’argent dans la poche de la comtesse ? Vous vous retournerez et vous direz : « Comme elle est ingrate ! oui, par simple fierté : ne pas avouer que son portefeuille est vide. C’est la fierté, c’est notre fierté. Nos contemporains ne veulent pas avouer qu’il n’y a rien dans leur portefeuille. Tous les prêtres, prédicateurs, magistrats, nobles, aucun d’eux ne veut avouer la vérité, mais tout le monde dit : « Ce qui est dans le portefeuille est à moi », et chaque bienfaiteur doit finir en prison ! Je demande alors : ces prêtres qui détiennent cette vérité, d’où l’ont-ils prise, est-elle la leur ? L’Église, est-elle la leur ? Ils disent : « Notre Église » ; et Bérosa dit : « Cet argent est à moi ». Notre Église, l’Église bulgare, l’Église anglaise… Notre Église, le symbole de notre Église, de notre portefeuille… Malheur à celui qui dirait : « C’est moi qui ai mis cet argent là-dedans ». Je vous demande : quelle logique y a-t-il dans un tel enseignement ? Qu’on me montre un génie qui a insufflé quelque chose de neuf dans le monde. C’est un leurre. Celui qui a tout insufflé dans notre âme, nous n’avons pas encore vu sa beauté, il est maintenant en prison, enfermé à cause de vous et vous poursuivez votre chemin comme la comtesse Bérosa. « Nous sommes des gens pieux, nous n’avons pas causé de mal ». Je dis : vous avez commis un mal, votre Samoussali est enfermé mais à qui la faute ? A vous. Je demande où est votre Christ, où est le Christ des prêtres, où est le Christ des prédicateurs, où est le Christ du peuple bulgare, où est le Christ du peuple anglais ou du peuple américain ou du peuple russe, existe-t-il ? Il ne suffit pas de parler sur le Christ qui est venu il y a deux mille ans ; ce Christ-là est-il vivant maintenant ? Nous n’avons pas besoin du Christ qui est mort, le Christ historique ; nous n’avons pas besoin des fossiles des créatures antédiluviennes, des mammouths, de conserver leurs squelettes et d’admirer leur gigantisme. Ce sont des choses intéressantes, mais nous aspirons à une vie divine, à une vie dans laquelle vivre maintenant ! Est-ce que cette vie peut entrer en nous, est-ce que cette vie peut guérir toutes nos infirmités, élever nos pensées, nos cœurs, nous donner un noble élan dans le monde ? Certains qui m’écoutent diront : « Voilà, il condamne » ; non, je ne condamne pas, je dis la vérité ; je dirai la vérité comme personne ne l’a encore dite, et si cette vérité afflige quelqu’un, je ne suis pas fautif. « Ne condamnons pas » dit le Christ ; je suis d’accord avec lui pour ne pas condamner, mais il dit aussi : « Je suis le chemin, la vérité et la vie », et il dit : « Allez et dites cette vérité à mes frères pour venir sur le chemin de Galilée pour me voir et me parler [2]». Je vous dis aussi aujourd’hui : « Jésus trouva un ânon et s’assit dessus, selon ce qui est écrit ». Pourquoi le Christ est-il monté sur un ânon ? L’ânon est l’emblème d’un être orgueilleux et vaniteux. Le Christ est d’abord monté sur un âne ; mais il voulait montrer que l’orgueil et la vanité humaines doivent être attelés par son Verbe, mises au travail, mises à contribution pour une œuvre grandiose, et c’est pour cela qu’il est monté sur un ânon. Vous savez que je raconte un conte occulte sur l’âne : comment est-il devenu âne ? Parce qu’en voyant la femme créée par le Seigneur, pour la première fois une vanité démesurée s’est emparée de lui et il a dit : « Cette femme que le Seigneur a créée ne vaut rien » ; c’est pour cela qu’il est devenu ânon, parce qu’il a affirmé que la femme ne valait rien : « Elle n’est pas plus belle, plus attrayante que moi ». Et le Christ est monté sur l’ânon pour dompter cette vanité. Cet ânon est le symbole de cette vanité et de cet orgueil qui nous entravent en tant que civilisation, en tant que peuple, mais surtout en tant qu’individus. Toutes le disputes domestiques sont attisées par cela. Et il est dit : « Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, selon ce qui est écrit : « Ne crains point, fille de Sion, ton roi vient, assis sur le petit d’une ânesse ». « Ne crains point ». À quel moment avons-nous peur ? Celui qui a perdu son amour a peur et celle qui a perdu l’amour de son bienaimé a le cœur tremblant, les jambes flageolantes, le teint pâle, jauni, elle est incapable de manger. Pourquoi a-t-elle perdu son amour ? Vous allez me rétorquer maintenant : « Eh, bien, c’est ainsi pour ceux qui ne peuvent pas manger, mais pour les autres ? » Tant qu’elle a conscience d’avoir perdu son amour, elle est tremblotante ; mais elle s’exclame finalement : « Je peux me passer de lui », et elle le laisse tomber en disant : « Je peux me passer d’amour », et elle se remet à manger et à boire ! Les gens au teint jauni sont plus près du Royaume de Dieu que les gens gras : ces derniers sont si profondément enlisés dans la vie matérielle que pour les en sortir des milliers d’années sont nécessaires. C’est alors que se pose la question de ce qu’il convient de faire. Nous ne devons pas nous couper de la vie, mais la comprendre, la vivre dans toute sa plénitude ; nous devons méditer intensément là-dessus. Si je vois que mon père – qui a vécu cinquante ou soixante ou quatre-vingts ans et qui n’est pas instruit – se meurt, et si je le déterre dix ans après, tout a disparu ; je prends sa tête : son crâne n’est qu’un os, le cerveau a disparu, et je dis : « Papa, papa ! » Quel papa ? Je prends ce crâne et je dis : « Père ! » Un père en os. « Cette tête sacrée, mon papa ». Nous pleurons : « Où est mon papa ? » Peux-tu seulement discuter avec lui ? Vous appellerez alors le prêtre pour lui lire des prières, lui verser de l’eau, de l’huile, mais papa ne revient pas. Est-ce cela l’Enseignement divin ? Le Christ dit : « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants [3]». Si notre cœur reste insensible aux souffrances de l’humanité d’aujourd’hui, si notre pensée est insensible aux pensées qui font péricliter toute l’humanité, alors je demande : ne sommes-nous pas ces morts, ces têtes aux cerveaux disparus dont ne restent que des os ? Si aujourd’hui quelqu’un essaie de dire la vérité, la première chose qu’on dira à son sujet est : « C’est un hérétique », qu’est-ce que l’hérésie ? Cela veut dire scission de l’Église ; l’hérétique est quelqu’un qui ne soutient pas l’enseignement de l’Église. Bien, je l’accepte, admettons que je sois un hérétique. L’église orthodoxe et l’église catholique ne sont-elles pas hérétiques du point de vue de l’église juive ? Je dis : frère, tu es hérétique et je suis hérétique de la même façon ; et j’ai autant raison que vous. Quelle citoyenneté revêtez-vous, de quel droit vous considérez-vous authentiques et pas moi ? Les juifs vous considèrent comme hérétiques. Par conséquent, sur le plan juridique, mes fidèles qui me défendront sur la base de la Bible diront que vous, les orthodoxes, vous êtes des hérétiques. Ayons de la suite dans les idées. Mais on dit : « Notre enseignement est juste » ; je dis que mon enseignement est également juste, il ne faut pas pour autant affirmer sans preuves à l’appui. Je pose la problématique différemment. Je mets mon enseignement à l’épreuve sur une base sociétale, je peux procéder avec les prêtres de façon plus douce : prenons par exemple cent personnes parmi les plus pauvres – je les choisirai dans les familles les plus pauvres, et non parmi les riches – et les prêtres choisiront cent disciples et nous leur donnerons notre enseignement ; à la fin, au bout de quatre ans, mettons ces disciples à l’épreuve, ceux de leur enseignement et ceux de mon enseignement pour voir ceux qui obtiendront les meilleurs résultats. N’est-ce pas une expérience révélatrice ? Si votre enseignement donnait de meilleurs résultats, je l’accepterai ; si mon enseignement donnait de meilleurs résultats, vous accepteriez mes méthodes : en quoi cela peut-il nuire ? C’est l’expérience. Chaque enseignement do it voler de ses propres ailes, et c’est curieux lorsque quelqu’un prétend que cet enseignement conquerra le monde ; seul un enseignement divin, un enseignement de la vérité peut conquérir le monde, alors que la vie d’un enseignement mensonger est courte. Il est dit quelque part : « Chaque plante –autrement dit chaque enseignement – que mon Père n’a pas semée, sera arrachée [4] ». Je demande alors : si je prône un enseignement qui vient de Dieu, si l’arbre que je plante est de Dieu, savez-vous quelle menace plane sur les Bulgares ? Il y a cinq ans, j’ai été mis à l’amende pour un montant de vingt-cinq levas, au motif que je prêchais sans autorisation, sans l’autorisation du pouvoir, et mon conseiller juridique m’a proposé de contester ; j’ai dit non, nous paierons. Des réparations de deux milliards et demi de levas ont été infligées à la Bulgarie à cause de ces vingt-cinq levas. Vous direz : « Une coïncidence, un simple hasard ». Oui, une « coïncidence », mais refaisons une expérience, la même coïncidence se répéterait. J’ai ensuite été injustement et avec iniquité assigné à résidence. Je ne dis pas qu’il puisse y avoir une vie future ou ne pas y en avoir ; il n’y a pas en moi de « il peut y avoir », je conçois la vie autrement. « Y a-t-il un Seigneur ou non ? » Cette question non plus, je ne la résous pas comme ils la résolvent, nous avons une autre manière de la résoudre. Pour moi, la logique de nos contemporains est une logique d’aveugles. Les gens disent : « Réfléchissons logiquement ». J’appelle cela de la cécité. Cette manière est bonne, mais il y en a une autre, ce n’est pas l’unique chemin. Lorsque tu es aveugle, tu argumentes avec tes sentiments, tu utilises le toucher et lorsque tu trouves les proportions dans les traits d’un visage, tu te fais une idée de celui que tu examines. Et comme ces personnes ne voient pas Dieu, elles L’approchent par le toucher. Il y a des volumes entiers, je les lis et je dis : tu as de très bons arguments, mais ce n’est pas la seule façon ni la façon la plus juste de trouver Dieu. Ils disent : « Remontons des effets vers les causes et des causes vers les effets » ; oui, je ne le conteste pas. « Un prophète a parlé ainsi depuis des milliers d’années » ; mais je dis que ce prophète qui a parlé il y a des milliers d’années s’est réincarné aujourd’hui et parle de nouveau ; je le trouve en Europe et je lui dis : « Camarade, tu as écrit un livre il y a deux mille ans, tu as été un apôtre, Jean, Pierre, mais qu’as-tu voulu dire ? » et il commence à m’expliquer. Les autres commentateurs qui ne vont pas auprès de Dieu se mettent maintenant à raisonner, à Le jauger. Par exemple, sur les épîtres de l’apôtre Paul, il y a en grec des dissertations entières sur l’article indéfini : pourquoi parfois Paul utilise l’article indéfini et parfois l’article défini ? Pourquoi l’apôtre Paul s’est exprimé ainsi ? Je dis : Paul, lorsqu’il a écrit, n’a pas raisonné sur les articles de grammaire, mais il a voulu exprimer une idée grandiose, et les articles lui sont venus naturellement. On y réfléchit à présent et on dit : « Qu’avait Paul en tête pour mettre plutôt un article défini au lieu d’un article indéfini ? » Et s’ils trouvent, ils disent : « Quel théologien érudit ! » Pourquoi Paul utilise l’article indéfini ? Je dis que je converse avec l’apôtre Paul et qu’il n’a pas le moins du monde songé à ces articles : l’apôtre Paul dit autre chose : « Beaucoup des choses que j’ai écrites ne sont pas rapportées, mes écrits sont altérés, tout n’est pas rapporté ». J’interroge aussi le Christ. Certains m’accusent de ne pas me montrer pieux envers le Christ ; je ne me comporte pas pieusement, mais j’ai de l’amour pour le Christ, je l’aime, c’est tout ! Je lui dis : « Certains disent que tu as dit ceci ou que tu as dit cela », et Il me répond : « J’ai parlé sur tant de choses, mon enseignement n’est pas exposé, des choses importantes ont été mises à l’écart, tout a été élagué et ne restent que les semences de mon enseignement ». Et l’Église contemporaine est bâtie uniquement sur les semences de l’enseignement du Christ, le Christ en est absent, l’amour en est absent et l’Église en est absente. J’aimerais voir derrière les habits de chaque prêtre cet amour vivant, j’aimerais y voir l’amour vivant du Christ, cet Enseignement vivant. Que personne ne s’avise de dire sur moi : « Il dit ce qui lui passe par la tête » ; non, je ne dis pas ce qui me passe par la tête, mais je dis de grandes vérités que j’ai éprouvées, que j’ai éprouvées. Pour moi le monde n’est pas inerte, pour moi le monde entier est vivant et je vois dans chaque créature – dans un bœuf, dans une mouche et ainsi de suite – je vois ce que le monde ne voit pas. Et je dis : nous savons pourquoi les bœufs sont des bœufs, nous savons pourquoi les mouches sont des mouches, nous savons pourquoi les poissons sont des poissons, nous savons pourquoi les végétaux sont des végétaux, nous savons pourquoi les minéraux sont des minéraux, nous en connaissons les raisons et les comprenons. Les physiologistes et les botanistes modernes peuvent écrire encore pendant de milliers d’années, je n’ai rien contre, nous nous réjouissons de leurs efforts, mais nous avons élucidé cette question et nous en traitons de toutes autres désormais. Nous savons pourquoi les hommes et les femmes ont été engendrés, nous en connaissons les raisons, tandis qu’il y a encore des querelles là-dessus : est-ce que la femme a été engendrée par l’homme ? De quel côté, droit ou gauche ? Et le Seigneur a-t-Il pris une côte, droite ou gauche ou deux côtes ? Et enfin, l’être humain a maintenant douze côtes, donc s’Il en a pris une, il y avait alors treize côtes ? A-t-Il pris une côte ou deux et pourquoi ? Les gens raisonnent de cette façon et c’est pour cela qu’ils ne peuvent rien résoudre. Le Christ est monté sur cet ânon, il a donc soumis sa vanité et son orgueil. Ce qui signifie : je vais désormais servir Dieu avec amour, de tout mon cœur, de toute ma pensée, de toute mon âme, de toute ma force ; tout ce que je possède, je le mets à Son service : voilà ce que signifie est monté sur un ânon. Et en s’approchant, il dit : « Ne crains point, fille de Sion, j’étais celui qui te tourmentait jadis, j’étais celui qui te tenait enfermée ; ne crains rien, ma fille, ton Roi vient, le Roi de l’amour, il vient ouvrir les prisons ». Lorsque vous vous rendez à la cour du roi, vous devez lui baiser la main. Et autrefois on baisait même les pieds du roi et plus précisément le gros orteil et on se mettait à genoux à dix ou douze pas de lui avant de ramper humblement jusqu’à lui. Comment les chats avancent-ils en rampant ? Tu vas te prosterner et tu vas ramper en avant, puis parfois en arrière jusqu’à ce que le roi tende son sceptre et te permettre de te relever et de formuler ta requête. Combien de fois avez-vous rampé de la sorte, et en examinant votre vécu, quelles images désagréables je vois, à ramper et se prosterner ! Vous avez oublié à présent toute cette vanité et vous dites : « Nous avons résolu un grand problème », mais je vous réponds : vous n’avez pas résolu la tâche principale de votre vie, vous devez monter sur cet ânon et dire à votre fille de Sion : « Ne crains point, ton Roi vient ». Et alors, vous ne ramperez plus. C’était ainsi autrefois, il fallait baiser l’orteil royal, alors que maintenant le roi nouveau t’accueillera et t’embrassera comme un frère ; si c’est une reine, elle t’accueillera comme une sœur, elle n’attendra pas que tu l’embrasses, mais dira : « Sœur, tout ce que j’ai est à ta disposition ». Je sais maintenant pourquoi je suis craint, je vous le dirai : certains prêtres et évêques pensent que je les obligerai à embrasser mon pied ; je dis : nous ne voulons pas de cette prosternation, non, non ! Ce serait un enseignement contraire à l’enseignement divin, ce serait un enseignement humain. Je veux leur apprendre à ne pas embrasser mes pieds, nous nous embrasserons autrement, comme je viens de vous le décrire. Je parle au sens large, nous devons nous éprouver. Certains viennent et disent que mon discours est confus ; humm, je peux montrer le niveau de développement de votre sens musical : si je vous donne une tonalité de quarante à cinquante millions de vibrations – les ondes les plus hautes sont à trente-deux millions – et si j’élève ma voix à trente-deux mille, allez-vous entendre quelque chose ? Vous n’entendrez rien ! Si je baisse les vibrations au-dessous de seize mille, allez-vous entendre quelque chose ? Vous n’entendrez rien, mais il y a une autre gamme dans le monde en dessous de ces vibrations. Nous n’avons pas encore atteint cette logique divine, notre logique est illogique au Ciel ; lorsque nous parlons le plus logiquement possible, les habitants célestes se tiennent le ventre de rire. Moi aussi je présente souvent un ange qui a visité la terre dans le but d’étudier la vie des chevaux. Il a pris leur forme puisqu’il voulait les étudier et il est devenu cheval. Il était la risée de tous les autres chevaux lorsqu’il se mettait à prier, car il ne pouvait pas parler comme eux : il ne savait pas hennir ; tous le raillaient et disaient : « Comme il est ignorant, il ne sait pas hennir comme nous ». Maintenant, puisque je ne sais pas hennir non plus, je reconnais mes lacunes. J’ai encore besoin de vivre des milliers d’années parmi ces chevaux pour produire un hennissement aussi bon que le leur. J’y travaillerai, mais vous aussi vous devez travailler sur ma science. Pourquoi ? À l’avenir ce n’est pas moi qui descendrai auprès de vous, mais c’est vous qui viendrez auprès de nous. Je suis chez vous maintenant et j’apprends, mais lorsque vous quitterez vos formes, alors nous rirons de votre maladresse lorsque vous essayerez de parler comme nous. Nous devons donc mutuellement apprendre nos leçons, nos langues. Et Paul dit : « Si je parle la langue des anges, mais que je n’aie pas d’amour, je ne suis rien [5] ». Je ne fais pas de reproche, c’est une bonne chose d’avoir de l’érudition, mais l’érudition n’est pas le but ultime de la vie. « Nous connaissons en partie – dit aussi Paul à cet endroit – nous prophétisons en partie, mais quand la perfection sera venue, alors ce qui est en partie sera aboli [6] ». Comment ? Comme l’exige la vérité, le grand amour dans le monde. Ainsi mon désir est que vous tous commenciez à penser d’une manière, de cette manière authentique que je suis et qui régit mon discours. Lorsque quelqu’un me vexe, je suis ému. Si je réfléchis et si mes réflexions apportent la paix dans mon âme, je dis : je raisonne juste ; si je réfléchis et si mes réflexions n’apportent pas de paix dans mon âme, je dis : je ne raisonne pas bien. Vous dites que vous aimez le Christ ; votre mari vous a vexé et le Christ dit : « Pour moi, pardonne-lui », mais vous dites : « Comment lui pardonner, je ne peux plus le voir ! » Je demande : alors, où est votre amour ? Le Christ dit maintenant aux prêtres bulgares – j’ai rencontré le Christ à maintes reprises – : « Je leur ai dit d’être plus attentifs ». Si je leur relate ce que le Christ a dit, ils rétorqueront : « Tu nous mens ». Le Christ dit : « Soyez attentifs, l’Enseignement de cet homme se juge selon les résultats obtenus, attendez de voir ce qu’il donnera, il n’y a rien qui puisse rester caché, vous en verrez le résultat ». Je vais vous raconter une fable. Nastradine Hodja vivait une vie honnête, mais il n’avait pas de chance et il s’est dit un jour : « L’honnêteté ne permet pas de bien vivre ». Il a décidé de commettre un vol : il sort le soir avec une lime à métaux et se met à scier : traka-traka-traka. On lui demande : « Que fais-tu là Nastradine Hodja ? – Je joue du violon. – Mais où est la voix qui accompagne la musique ? – Vous l’entendrez demain… » Lorsque vous aurez joué, lorsque vous aurez accompli quelque chose, cela donnera des résultats. Cette fable prête à sourire, mais c’est ainsi : toutes nos paroles, toutes nos croyances, quelle que soit leur orientation, donneront des résultats ; et à l’avenir chaque arbre se reconnaîtra à son fruit. Maintenant, je vais vous donner un autre exemple pour préciser ma pensée. Je prends un conte mythique du temps de Babylone. Azempho, le fils d’Abuzadar tombe amoureux. Lorsque je dis tomber amoureux, cette idée vous est familière : vous êtes déjà tous tombés amoureux. Dans un sens plus large, il est possible de tomber amoureux de la science, mais je précise qu’il s’est épris comme s’éprennent les jeunes ; et je prends les jeunes comme idéal, car lorsqu’ils s’éprennent, ils sont plus désintéressés, plus altruistes. Sa bienaimée n’était pas belle ni de noble ascendance, mais Azempho s’éprend si fort qu’il pousse son père à l’accepter dans le palais, pourtant personne n’en voulait car elle était disgracieuse. Alors, selon les dires des mages de la loge Noire de l’époque, il était de coutume pour devenir belle d’arracher les cœurs de petits enfants, de belles fillettes, de les cuire de façon particulière et de boire le bouillon de cette préparation. Et le fils royal Azempho de s’atteler à la tâche : aujourd’hui disparait une belle fillette ici, demain une autre ailleurs, les gens s’alarmaient de ces disparitions. Je dis : c’était à cause de la bienaimée d’Azempho, comme elle était disgracieuse, elle allait ainsi embellir et pouvoir être acceptée au palais royal. Mais qu’est-ce qui se passe en fin de compte ? La Fraternité Blanche à Babylone condamne cette bienaimée tout comme Azempho qui appartenait à cette École occulte et voulait utiliser son art, et elle s’est enlaidie encore plus, dix fois plus qu’auparavant. Alors Azempho a adressé des prières aux dieux et a décidé de devenir un âne, un âne noir. Comme le mot âne est abrupt, pas très joli, je dis ânon, un ânon noir. En anglais aussi comme en bulgare, il existe deux mots : on emploie donkey mais aussi ass ; ils emploient plus donkey que ass. Et il est devenu un ânon noir. Pourquoi ? La fraternité noire avait besoin d’un ânon noir et ils le trouvent pour le prendre ; ils ne savaient pas qu’il s’agissait d’Azempho. Et il s’était transformé pour percer le secret de sa bienaimée : pour quelles raisons elle était aussi disgracieuse, et existait-il un moyen, un moyen occulte de la guérir. Il a longtemps porté des charges lourdes en prêtant l’oreille à toutes les conversations. Cet ânon a servi cette fraternité noire afin de sauver sa bienaimée. Certains me demandent souvent, à la vue d’un ânon qui transporte du bois : « Vois-tu comme le Seigneur a fait cet ânon ? » Je dis : le Seigneur n’a pas fait cet ânon, il a une toute autre prédestination qui vous est inconnue. Ce que nos contemporains perçoivent de la vie, n’est pas la vie. Que percevez-vous par exemple ? Je parle et puis je converse avec vous, mais vous ne connaissez pas ma vie intérieure, mes pensées. Ce que je suis devant vous n’est pas mon tout, je ne suis pas entièrement dans ce discours que je vous livre. Vous pouvez le critiquer autant que vous le souhaitez et affirmer que j’exprime la vérité ou non, cela ne me regarde pas le moins du monde, c’est une petite expérience que je mène ; ma vie se manifeste dans une autre direction, et m’adresser à vous n’est qu’une obligation ; tout comme le travail d’un ânon qui transporte du bois d’un endroit à un autre, je ne considère pas cela comme quelque chose d’extraordinaire et remarquable, non, non, je considère ce travail avec beaucoup de modestie. On dit : « C’est un prédicateur remarquable » ; je dis : c’est simplement un très bon ânon qui sait bien braire. Mais si je vous parle de la sorte, vous vous offusquerez : « Comment cela, un individu raisonnable peut-il braire ? ». Et si je ne disais pas la vérité au Nom de Dieu, ne serait-ce pas un braiment épouvantable ? Si je voulais vous éloigner de l’Église, vous éloigner de votre Père et de votre Mère, ne serait-ce pas un braiment épouvantable ? Pensez-vous alors que ma parole serait sublime ? Pas le moins du monde ! Je dis : lorsque l’âne brait dix fois par jour, ce bruit est plus sensé que mon discours. Mais je dis la chose suivante au monde : si vous n’assimilez pas l’amour divin et si vous n’appliquez pas cette grande loi de l’amour, vous allez braire comme cet âne dix fois par jour, vous porterez du bois d’un endroit à un autre, vous n’aurez pas de mains mais des sabots et alors on vous frappera cent fois la croupe ; ils diront : « Le tambour bat dans le bas quartier, mais on l’entend dans le haut quartier ». Si on me frappe le derrière, n’est-ce pas moi qui souffre ? Ils rient car les coups dans l’arrière-train ne sont rien tant que cela ne remonte pas à la tête. Mais ce n’est pas une philosophie de la vie, il ne faut frapper ni le derrière ni la tête. Par conséquent, notre vie dans le monde doit être consciente. Le Christ s’adresse à la fille de Sion, vous êtes ces filles de Sion auxquelles il dit : « Ne craignez point ! » Certains qui m’écoutez maintenant, vous dites : « C’est bien cet Enseignement, accueillons-le, mais qu’en dira-t-on ? » « Qu’en dira-on ? » Vous voulez ici faire une comparaison entre l’amour de Dieu et le « qu’en dira-t-on ». Je ne ferai pas de comparaison, car sinon j’offenserai l’amour divin comme l’opinion publique. Toutes les sociétés doivent être vigilantes : les aristocrates, les évêques, les archevêques. Lorsque nous parlons de l’amour divin, tous, du plus haut placé au plus bas placé, tous sont tenus de tourner leurs visages, de s’agenouiller, de regarder Dieu et de dire : « Seigneur, que Ton amour règne en nous ». C’est ce que le Christ nous demande à présent. Je vous demande plus de courage, non pas du courage dans les paroles, mais du courage dans l’amour ; que vos cœurs se mettent à battre, que vos pensées prennent une autre direction, que vous soyez prêts au sacrifice. Si quelqu’un doit mourir, qu’il meure pour ce grand amour divin, et si on vous interroge au Ciel sur les raisons de votre mort, puissiez-vous répondre : « Nous sommes morts pour que l’amour divin règne sur la terre ». Si tous ces Bulgares morts sur les champs de bataille étaient morts pour cet amour, la Bulgarie se serait redressée. Voici l’Enseignement que je prône et il est véridique. Nous devons tous être des frères et non des poltrons ; sans nommer quiconque, car pour moi les noms n’importent pas, nous devons tous accomplir notre devoir et je veux que chacun accomplisse son devoir comme il l’entend, mais au nom de ce grand amour divin, est-ce clair ? Voici la logique grandiose, la logique divine vivante. Si nous appliquons tout cela, nous ressusciterons dans le monde et alors nous ne pleurerons pas les morts, les têtes mortes de nos pères et les os de nos mères, mais tout cela reviendra à la vie. Et ceux qui viendront alors comprendront la vérité. À présent on marie quelqu’un, mais le temps de tout arranger, toutes sortes de marieurs viennent auprès de lui. Quelqu’un qui veut se faire prêter de l’argent vient négocier avec toi jusqu’à ce qu’il obtienne cet argent et il s’en va ensuite. Donc pour réussir, il met le mensonge en avant. Pourquoi ? Certains veulent me tromper. Voici une chose que j’abhorre ! Je fais crédit à tout sauf au mensonge. Dans l’histoire de ma vie, personne, à aucun moment, n’a pu me mentir. Je n’ai pas menti et personne n’a pu me mentir. Le mensonge, c’est une négation de l’amour divin, le mensonge, c’est une négation de la grande vérité divine, le mensonge, c’est une négation de la justice, le mensonge, c’est une négation de la bonté divine. Le mensonge est une négation à tout ce qui est positif, grand, noble, sublime, c’est le mensonge qui nous a mis dans cette situation. Je parle sur le mensonge en principe, je ne parle pas du mensonge tel que vous l’entendez, non, non ; il s’agit du mensonge qui nous ruine, qui dit au nom de la piété : « C’est le Seigneur qui m’a envoyé », alors que ce n’est pas le Seigneur ; « C’est l’Esprit qui me parle », mais ce n’est pas l’Esprit qui lui parle ; « Je suis un tel », mais il ne l’est pas, il est déguisé : il se dit Ivan Stoyanov, mais lorsque tu l’attrapes par la barbe tu vois que c’en est un autre. Si le Seigneur envoie un Ange sur terre pour inspecter les barbes de tous les évêques, prédicateurs, prêtres et la mienne, savez-vous les dissimulations qui en sortiraient ? Ainsi sera la vérité divine : elle restera immuable, le Seigneur ne reculera devant personne, Il ne peut pas être outragé. Nous aussi nous parlons au nom de cette vérité, et nous voulons que la vérité vienne de la Bulgarie. Nous ne parlerons pas de son utilité ou de son inutilité, vous mettrez cette grande vérité dans votre vie : pas de mensonge ! Lorsque nous parlons de l’amour, aucun mensonge n’est toléré. Vos cœurs doivent vibrer, cet amour doit vibrer en vous. Je ne le dis pas pour que vous prôniez cet amour, mais lorsque vous irez devant Dieu, vous devez dire toute la vérité. Nous avons dit des mensonges lorsque nous nous tenions loin de Dieu. On dit : « Aimons-nous » ; je n’encourage pas à aimer à la façon des humains, non, non, je dis : nous aimerons de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre pensée, c’est-à-dire par tout notre être, et nous manifesterons tout l’amour divin. Cela se peut-il ? Cela se peut, et si tu n’aimes pas ainsi tu proféreras un mensonge. Quelqu’un dit : « Cela se peut, mais d’un amour plus petit » ; moi, je me meurs d’un petit amour. Il y a en moi deux pôles : m’aimer comme il faut ou bien me détester comme faut, mais non à moitié comme aujourd’hui ; si c’est de l’amour, que cela soit de l’amour et si c’est de la haine, que ce soit de la haine. Quelqu’un dit : « Je te hais ! » Il exprime une vérité négative. La vérité négative et la haine détruisent, tandis que la vérité positive et l’amour construisent. Vous direz : « Mérite-t-il mon amour ? » Chaque frère, chaque sœur mérite mon amour. Quelquefois une sœur ou un frère me croisent et disent : « C’est l’homme le plus cordial », mais parfois ils disent : « C’est un homme très froid » ; et ne disent pas que je ne peux pas exprimer mon amour ; d’autres disent : « Il est froid ». Pour vous embrasser je dois être pur ; ma bouche est salie car je me trouve parmi les humains. Pour vous embrasser je dois être pur et non comme cet ouvrier américain qui a payé cinquante mille dollars pour un baiser. Il travaillait dans une mine. Il sort un soir, trouve une américaine et l’embrasse dans l’obscurité, mais laisse des traces sur son visage. Elle croyait qu’il était beau, attrayant et ils ont discuté, mais arrivés sous un lampadaire, elle l’a vu et s’est mise à crier et a témoigné qu’il l’avait embrassée ; il a été arrêté et condamné à payer cinquante mille dollars pour un baiser : il avait laissé des traces noires sur son visage. Je ne veux pas vous embrasser dans l’obscurité, c’est-à-dire vous mentir, je ne veux pas laisser de tâche sur votre visage. Mais lorsque tu embrasseras quelqu’un, tu l’embrasseras avec ce grand amour divin et alors le Ciel entier se réjouira et on dira : « Aujourd’hui ces frères ont échangé un baiser divin » ; et Paul dit : « Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser [7] ». Et le Christ dit : « Ne crains point, fille de Sion ». Pourquoi ne rien craindre ? Parce que désormais : « Je viens, mon enseignement de l’amour vient, l’amour vient, la justice vient, la vérité vient, la bonté vient, la miséricorde vient, tout ce bien que Dieu a préparé depuis le commencement des âges, tout cela sera ta parure et tu la mettras, tu seras belle aux yeux du monde comme jamais auparavant ». Eh, comment vous appeler maintenant ? Des frères et des sœurs ? Vous ne me croirez pas, vous ne pouvez pas me croire. Pourquoi ? Parce que vous avez tant de pères chez vous, alors que pour vous appeler frères et sœurs vous ne devez reconnaître qu’un seul Père. Je peux vous appeler frères, mais dès demain un autre de vos frères… Nous devons avoir un seul Père et ce Père se nomme le Père de l’amour. Est-ce que cet Enseignement est clair ? Essayez-le dans votre for intérieur, mettez-le en application. Si tu es malade, réchauffe-toi au soleil et ce soleil te guérira. Et ton Père t’enseignera la vérité. Vous direz : « Le Seigneur est loin, loin quelque part ». Ce sont des réflexions philosophiques ; songez à Dieu comme à un amour qui englobe tout, il n’y a pas de contradiction en Lui. Quoi qu’il advienne, dites : « Dieu est amour » ; vous perdez de l’argent, dites : « Dieu est amour » ; des tribulations, votre père décède : « Dieu est amour » ; les enfants se meurent : « Dieu est amour » ; des afflictions : « Dieu est amour ». Maintenez ceci jusqu’à l’examen ultime, et lors de l’examen ultime tout ce qui était perdu sera retrouvé : votre père, votre mère… Lorsqu’il fera revenir votre père et votre mère, l’amour fera revenir aussi votre sœur ; alors vous verrez votre Père, et Il vous donnera un saint baiser tel que vous n’en avez jamais eu ; ce baiser sera si chaleureux, si agréable, si grandiose, il vous insufflera la vie éternelle et vous serez immortels : c’est la renaissance. J’aimerais que vous vous prépariez pour ce jour afin que votre Père vous donne la vie à vous tous en vous donnant ce baiser. Lorsque nous nous croiserons, puissions-nous savoir que nous sommes dans la vie nouvelle, puissions-nous dire que l’ancien est passé et que le nouveau demeure ; c’est alors seulement que nous pourrons échanger un baiser fraternel et connaître que nous sommes frères et sœurs. Sofia, 14 mai 1922 [1] Jean 8, 32 [2] Matthieu 28, 10 : « Alors Jésus leur dit: " Soyez sans crainte. Allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. " [3] Luc 20, 38 [4] Matthieu 15, 13 [5] 1 Corinthiens 13, 1 [6] 1 Corinthiens 13, 9-10 [7] Romains 16, 16
  5. Le disciple n’est pas plus que le maître « Le disciple n’est pas plus que le maître. » Matthieu 10 :24 Tous les systèmes philosophiques enseignent et clarifient la question de la vie. Nous étudions la nature car elle a des imbrications dans notre vie : les médecins examinent les qualités et les caractéristiques des microbes nuisibles pour soigner plus efficacement leurs patients – ils examinent aussi des microbes mieux disposés à l’égard des humains pour apprendre à s’en servir ; les chimistes, les techniciens et ainsi de suite, tous étudient la nature car toutes ses forces ont un rapport avec la vie humaine. Quel que soit l’enseignement, quelle que soit la situation, nous devons les rapporter à un domaine donné et déterminer précisément leur prédestination et leur place : c’est la tâche de la vie consciente. Prenez par exemple les enseignements religieux. La religion est un système de méthodes pour guider – ou conduire – la vie humaine supérieure dans la bonne direction. Ce n’est pas la religion qui crée l’être humain, mais c’est l’être humain qui crée la religion ; ce n’est pas l’être humain qui crée la nature, mais c’est la nature crée l’être humain – au sens premier –. Je dis souvent : « Puisons quelque chose de la nature » ; cette sentence est en elle-même comprise à moitié. Si un grand violoniste veut exprimer ce qui est déposé en lui, de quoi a-t-il besoin ? D’un violon : ce violon et cet archet correspondent à la nature, et c’est au moyen de ce violon qu’il peut donner libre cours à son inspiration. Le violon entre les mains du violoniste s’exprime de façon remarquable, il prend vie dans ses mains, mais si le violoniste le pose à terre, il se rendort de nouveau ; par conséquent la nature est parfois vivante, parfois endormie. Je dis : nous devons aller dans la nature, mais quand ? Seulement lorsque le Grand violoniste s’y produit, lorsque l’Esprit Divin la prend entre ses mains et que toutes les puissances agissent comme ce violon ; c’est alors que nous devons nous y rendre et non lorsque le Violoniste dort ou lorsque l’Esprit Divin s’est retiré, alors elle aussi se met en repos. Car ce violon aussi, la nature, a besoin de repos, tout dans le monde a besoin de repos. Maintenant, beaucoup ont une mauvaise compréhension de la vie ; ils veulent par exemple être aimés par les autres n’est-ce pas ? Quelqu’un est triste qu’il n’y ait personne pour l’embrasser, qu’il n’y ait personne pour lui dire un mot tendre, pour l’aider, pour lui donner à manger et ainsi de suite. Mais prenez par exemple le baiser : tu as des milliers d’amis et l’un d’eux te croise et t’embrasse, un deuxième, un troisième, tous ces milliers de personnes t’embrassent ; je demande : lorsque le dernier t’aura embrassé, que diras-tu ? Tu seras enclin à dire en toi-même : « Je ne veux plus d’embrassades amicales ! » Lorsqu’on dit un baiser, on entend un seul et non pas des milliers, et ces milliers d’amis doivent venir chacun t’embrasser une seule fois et ne pas venir tous le même jour : que chacun fixe son jour, alors que le baiser en lui-même est au contraire une chose qui n’est pas fixée. D’où vient chez l’humain cette envie d’embrassades, de repas, de beuveries ? Comment sont apparus ces processus ? Ils ont leur origine, mais on ne s’y arrêtera pas maintenant car si nous nous arrêtions sur l’origine du baiser, beaucoup pourraient dire : « Nous ne voulons pas le savoir, le baiser n’est pas quelque chose d’important ». Le baiser est aussi important que celui qui signe un contrat d’emprunt. On te dit : « Je veux que tu mettes ta signature. – Pourquoi ? – Parce que ce contrat n’est valide qu’accompagné de ta signature. Il faut embrasser mon contrat de façon que ce baiser reste et qu’on sache que ton nom y est inscrit : où que le contrat soit présenté, je saurai que tu l’as embrassé et qu’il est ainsi opposable dans n’importe quelle banque. Si tu mets seulement tes initiales, par exemple G. T. S., personne ne le considérera valide, car on estimera que la signature n’est pas valide. Puisque ce contrat n’est pas opposable, c’est que tu ne l’as pas signé, tu ne l’as pas embrassé. Donc chaque désir humain dissimule une pensée intéressée. Lorsque quelqu’un me dit : « Signe-moi ce contrat », quoi qu’il me dise ensuite : « Je t’aime, tu es un ami, tu m’as rendu service », je sais que ce contrat cache quelque chose, un désir intéressé. Si j’aime quelqu’un, pourquoi avoir besoin d’un contrat ? Je lui dirai : « Combien veux-tu de moi ? – Dix mille levas. – Prends-les ! » Et rien de plus, aucun contrat, aucun baiser ; je peux donner l’argent même sans avoir un baiser en échange : c’est le juste enseignement des choses. Le Christ dit : « Le disciple n’est pas plus que le maître ». Qu’a-t-il voulu dire par ces mots ? Le désir d’être plus que son maître ne doit pas germer dans l’esprit du disciple ; et pourquoi ? Je vous le dirai : l’eau ne peut pas s’élever au-dessus du niveau de sa source, c’est une loi ; la lumière du soleil ne peut pas s’élever plus haut que le soleil ; l’être humain ne peut pas s’élever plus haut que Dieu, il peut atteindre Dieu. Le disciple doit être comme son Maître, au même niveau, ni plus bas ni plus haut ; une fois ce niveau atteint, il ne peut pas s’élever plus haut. Qu’il soit comme son Maître de corps : avoir la même construction corporelle, et de cœur : avoir le cœur de son Maître, et en pensée : avoir la pensée de son Maître, et que sa volonté soit comme celle de son Maître. Qu’a voulu dire le Christ : « Le disciple n’est pas plus que le maître » ? Il pose deux principes. Si le disciple veut être Maître, il a perdu sa prédestination, il n’a pas compris le commandement divin essentiel dans le monde ; si l’humain veut devenir comme Dieu, il a perdu sa prédestination. Le disciple est une feuille blanche sur laquelle on peut écrire de belles choses ; si ce livre est écrit, il ne faut pas griffonner par-dessus. Le Maître est un livre écrit sur lequel les gens apprennent, en revanche personne ne peut apprendre à partir d’un livre non écrit alors que chacun peut y mettre ses annotations. Je demande maintenant : si vous ne pouvez pas mettre sur ce livre ce que vous avez appris de votre Maître, en quoi vous profite votre savoir ? Un simple exemple : si vous demandez du blé à un agriculteur et s’il est prêt à vous donner deux boisseaux de blé, mais que vous n’avez pas de sac pour l’emballer, ni lui, comment pouvez-vous en tirer profit ? Vous ne pouvez pas vous nourrir d’une poignée de blé, il faut un sac ; le disciple est ce sac et le Maître sera le blé versé dedans ; tous deux, le maître et le disciple, en allant au champ et en semant ce blé, produiront la croissance. Nous abordons à présent un nouveau domaine, plutôt incompris, mais je dis : par le mot Maître le Christ comprend un processus achevé, et par le mot disciple, un processus qui commence maintenant. Ainsi, lorsque vous écoutez n’importe quel autre enseignement, vous devez cultiver le désir d’assimiler tout ce qui est principe avéré et l’appliquer. Vous avez besoin d’améliorer votre vie et toutes les choses dans la nature vivante sont créées pour les âmes vivantes qui sont incarnées ici sur terre. Comment et par qui Dieu conduit-il les choses ? Cela n’a pas beaucoup d’importance. Lorsque le soleil envoie sa bénédiction, lorsque Dieu envoie Sa bénédiction par les rayons du soleil, ils viennent tous, unis sous forme de lumière blanche. La science moderne nous dit que la lumière blanche n’est pas uniforme mais qu’elle contient plusieurs faisceaux et aucun de ses faisceaux naspire à se mettre en avant ; il y a par exemple une lumière rouge, une autre jaune, verte, bleu clair, bleu foncé, violette et d’autres, mais aucune d’elles ne met son nom en avant pour dire : « Mon nom doit figurer ici » ; lorsqu’elles passent par le prisme, elles se séparent et forment des faisceaux colorés, mais lorsqu’elles repassent par un deuxième prisme, elles s’unissent à nouveau. Des disputes éclatent souvent maintenant dans la vie ; ces disputes ont pour origine des prismes différents. Je vous donne en exemple ce qu’un ami me racontait au sujet du prisme de la société actuelle. Un croyant, un spirite qui croit en la réincarnation, et un prédicateur évangéliste discutent en tête à tête dans une pièce et se comprennent. Le prédicateur évangéliste dit : « Je crois aussi qu’il y a des esprits, qu’il y a une réincarnation, les Écritures le mentionnent aussi ». Puis ils sortent et vont à l’église évangélique et le pasteur dit alors : « Ce n’est pas vrai, il n’existe pas de tels esprits ! » Ils ne peuvent plus s’entendre à l’intérieur de l’église car le prédicateur évangélique a traversé un prisme et la lumière n’est plus unie : il y a un intérêt personnel, la couleur orange a pris l’ascendant en lui. « Je suis prédicateur, si je maintiens cet enseignement qui n’est pas familier à mes auditeurs, je peux altérer ma réputation, donc j’affirme qu’il n’existe ni esprits ni réincarnation » Pourquoi cela n’existe pas ? Parce que cela nuit à son intérêt. Ils se réunissent de nouveau le troisième jour, l’un dit : « Comment cela, pourquoi n’affirmes-tu pas ce sur quoi nous sommes tombés d’accord l’autre jour ? » L’autre répond : « Tu es quelqu’un de libre, sans contrainte, alors que je suis sous la contrainte ; un jour lorsque j’éliminerai le licol et l’aiguillon, moi aussi je parlerai comme toi ». Il considère donc ses ouailles comme un licol pour sa tête et un aiguillon pour son arrière train, et c’est pour cela qu’il ne peut pas s’exprimer à sa guise : il parlera et même pensera comme ses ouailles le souhaitent. C’est étrange que les disciples puissent imposer à leur maître leur façon de penser ; c’est étrange que les domestiques puissent imposer à leur maître d’agir à leur guise. Le maître réfléchira selon les règles sur lesquelles il est tenu de réfléchir, et le disciple assimilera ce savoir selon les règles auxquelles obéit sa vie. Le maître a une certaine obligation et le disciple a une autre obligation, mais ne pensez pas que ces relations datent d’aujourd’hui ; pour quelqu’un, être disciple au sens spirituel est prédéterminé depuis des milliers d’années, cela existe depuis des milliers d’années. Lorsqu’un étudiant entre dans un établissement scolaire, lycée ou faculté, il y a un règlement intérieur ; la question est : d’où vient cette idée dans la tête des enseignants et des professeurs d’instaurer ces règles, pourquoi ? Ne peut-on pas s’en passer ? On ne le peut pas, ils appliquent les règles auxquelles ils ont obéi dans le passé lointain, tous les élèves doivent s’y conformer. Donc la première chose est de comprendre votre condition de disciples. Le mal dans le monde actuel est que tous veulent être maîtres. Je n’ai rien contre, à condition que vous soyez un livre écrit et bien écrit de surcroît ; et que quiconque lise ce livre bien écrit puisse redresser et améliorer sa vie. Il y a des milliers de sources dans le monde et elles sont précieuses grâce à leur pouvoir de guérison. Prenez tout cela comme des symboles : sources, forêts, montagnes, vallées, rivières, et ainsi de suite, ce sont des symboles, des rappels du monde spirituel. Si vous ne savez pas comment lire ce livre qui est la nature, apprenez l’alphabet sur terre, ne pensez pas qu’on vous l’enseignera au Ciel, qu’on prendra le temps de vous enseigner ces choses élémentaires ; on vous renverra sur terre pour apprendre. La réincarnation est une loi, vous allez vous réincarner dans cette crèche, la terre ; tous les ignorants qui se sont cru très savants sur terre s’entendront dire au Ciel : « Comment cela ? Nous n’avons pas ici un tel cursus, une telle matière, de telles crèches, renvoyez-le pour qu’il termine ses études ! » Un Bulgare qui avait fait des études en Amérique après la Libération nourrissait de grandes prétentions et avait une grande vanité. En revenant ici, il s’est présenté devant le prince Battenberg qui lui a fait un accueil remarquable en lui disant : « Je suis prêt à vous confier le poste que vous souhaitez, premier ministre ou autre chose de la sorte. » Le Bulgare s’est empli de vanité : « Je dois réfléchir un peu… Je veux être proviseur de lycée. – Alors, a dit le prince, vous vous adresserez au ministre de l’éducation. » Ce Bulgare croyait que proviseur de lycée était un poste très haut placé dans l’appareil de l’État. Maintenant, lorsque le Seigneur nous appelle et dit : « Demandez-Moi quelque chose », nous bombons le torse. « Que veux-tu ? – Je veux être proviseur. » Le Seigneur dit : « Prends rendez-vous avec le ministre de l’éducation. » À présent, tous sont envoyés chez ce ministre de l’éducation sur terre. Ce ministre de l’éducation, c’est l’incarnation physique ; ce ministre qui vient et qui te nomme, signera le décret et l’enverra à Dieu qui le ratifiera et tu deviendras proviseur. Mais les élèves dont tu seras le proviseur te feront un tel accueil que tu t’en souviendras longtemps. Je m’arrête un instant pour raconter une légende. L’un des grands anges du Ciel – je l’appelle Oriphiel – est venu rendre visite aux humains pour voir comment ils vivent et les étudier un peu. En passant dans une rue, il a entendu du vacarme. Il a vu un petit enfant dans un berceau et lui a demandé : « Mon frère, pourquoi pleures-tu ? – Il n’y a personne pour m’aider, ces gens ne me comprennent pas ; ils m’ont laissé dans ce berceau, je suis petit, je ne peux pas me manifester et en plus je ne comprends pas les lois. – Que veux-tu ? – J’ai faim. » L’ange a pris le biberon et le lui a mis dans la bouche. L’enfant était une fillette, âgée de un an. Il a continué son chemin, il a exploré, puis il est revenu au même endroit quatre à cinq ans plus tard. Il a vu une fillette en chemin, de nouveau en détresse qui pleurait, inconsolable. « Pourquoi pleures-tu ? a-t-il demandé. – J’ai perdu ma mère, je ne sais pas comment rentrer chez moi. » L’ange a pris cette enfant et l’a ramenée chez elle en se rendant compte qu’il s’agissait de la même fillette : elle avait pleuré une première fois d’avoir perdu son biberon et une deuxième fois d’avoir perdu sa mère. L’ange a continué à étudier la conduite des gens, leurs sciences. Plus tard, en longeant une rivière il a vu une jeune fille de dix-neuf ans qui s’apprêtait à se jeter à l’eau. Il s’est arrêté et a demandé : « Que veux-tu faire ? – Je suis désespérée ; je n’ai plus le goût de vivre car j’étais avec quelqu’un qui m’aimait, mais qui m’a trompée et la vie n’a plus de sens pour moi. – Penses-tu que celui que tu aimes peut te donner ce que tu désires ? – Je peux être heureuse uniquement avec lui – répète-t-elle en pleurant. » La première fois ce sont des pleurs de faim, la deuxième fois ce sont des pleurs d’enfant perdu, la troisième fois ce sont des pleurs de chagrin d’amour. « Tu attendras et tu trouveras ton véritable bienaimé ; tu as été trompée alors que ton véritable bienaimé ne mentirait jamais ; quelqu’un t’a menti, tu l’a pris pour ton bienaimé, et tu veux maintenant te jeter dans la rivière ! » Nos contemporains aussi sont maintenant désespérés : quelqu’un pleure pour du pain, un autre pour père et mère, et un troisième parce qu’il a perdu le sens de la vie. Pourquoi ont-ils perdu le sens de leur vie ? Ils n’ont pas encore trouvé ce sens, ils ne l’ont pas trouvé. Lorsque vous trouverez votre bienaimé que vous donnera-t-il ? Beaucoup parlent maintenant du bienaimé et disent : « Si seulement il y avait quelqu’un pour m’aimer ! » Je dis : si on vous met un pou dans les cheveux et s’il vous aime, il vous piquera et vous vous mettrez à vous gratter, alors qu’il dira : « Je veux juste aspirer un peu de ton sang pour devenir noble comme toi ! » Eh, mais alors, combien d’années doit-il aspirer ton sang pour devenir comme toi ? La force n’est pas dans le fait d’être aimé. Et j’énonce une grande vérité : il n’y a personne dans le monde qui puisse vous aimer et si quelqu’un vous dit que l’être humain peut vous aimer, je prétends le contraire. L’être humain peut être conducteur de l’amour, mais il ne peut pas vous aimer ; l’amour dans le monde, c’est Dieu tout entier, et si tu veux que quelqu’un t’aime, c’est que tu veux que le Seigneur t’aime. Ce Seigneur pour vous aimer doit choisir quelqu’un qui soit un conducteur pour Le connaître. Vous vous égarez si vous pensez que celui par qui vient l’amour est la source de l’amour ; vous finirez alors au bord de la rivière pour vous y jeter et vous y noyer. Mais si on ferme les volets de la fenêtre par laquelle pénètre cet amour et qu’il ne peut plus passer et reste dehors, à qui la faute ? Vous devez comprendre cette situation. Lorsqu’on te dit : « Il faut m’aimer » ; tu répondras ainsi : « Lorsque le Seigneur m’aimera, je Lui dirai qu’Il t’aime aussi ; lorsque le Seigneur viendra et manifestera Son amour envers moi, je Lui parlerai de toi aussi, Il peut tous nous aimer ». Quelle est la loi de l’amour ? Définissons-là. Lorsque le soleil brille, il envoie ses rayons depuis les immensités et répand la lumière et la chaleur ; qu’est-ce qui est alors attendu de nous ? Que chacun délimite une petite parcelle sur terre pour la labourer, l’ensemencer et faire pousser quelque chose. Vous ne pouvez pas approcher ce soleil, l’embrasser, l’étreindre, mais de son baiser nous pouvons tirer des bienfaits pour nous-mêmes. Le soleil dit : « Laboure le champ et plante quelque chose, je vais manifester mon amour : je ferai pousser ce que tu sèmeras, pommes, prunes, poires, pastèques, courges, radis, je ferai tout pousser. Tu goûteras la saveur de mon amour dans les pastèques, les pommes, etc. » Donc, lorsque Dieu se manifeste en nous et lorsque nos contemporains veulent L’étreindre, Il n’a pas besoin d’étreintes, mais Il dit : « Laboure ton cœur, puis plante les meilleures graines, et lorsqu’elles pousseront et que les fruits mûriront, tu goûteras des bienfaits du grand amour ». Que nous apprennent maintenant nos contemporains ? Ils nous apprennent de bonnes choses, je ne vois rien de mauvais chez les chimistes, les techniciens, les physiciens, les astronomes, les biologistes, tout ce qu’ils enseignent est juste, mais ce n’est que le côté extérieur de la vie. La lumière aurait sept couleurs, mais en quoi est-ce important si nous ne savons pas comment utiliser chaque couleur ? Le peintre qui comprend la loi, lorsqu’il prend le pinceau sait accorder les teintes, il dessinera une image ; et l’agriculteur qui comprend la loi de cette lumière, l’utilisera d’une autre manière. En général, celui qui comprend la loi de cette lumière l’utilisera d’une manière ou d’une autre. Et si nous ne savons pas comment utiliser l’amour divin, alors tout est vain. Et je dirai de nouveau qu’il n’a pas seulement sept couleurs ; je répète, l’amour n’a pas que sept couleurs. Un savant et prédicateur anglais affirme aussi que l’amour a sept couleurs, mais je prends mes distances avec cela, je pense différemment : l’amour a plus de couleurs, beaucoup plus de couleurs ; et chaque couleur de l’amour fait naître des fruits spécifiques. La science moderne n’a pas encore étudié les conditions qui font naître les pommes, les poires et les raisins ; pour quelles raison le jus de pomme diffère du jus de poire ou de prune et selon quelle loi. Il y a une particularité dans la prune, il y a une particularité dans la pomme, il y a une particularité dans la poire, dans l’orange, dans le citron, il y a une particularité dans tous ces fruits ; ce sont des accords de lumière particuliers. Certaines couleurs prédominent dans certains fruits et d’autres moins. Prenez par exemple la cerise : la couleur rouge prédomine en elle et par conséquent si quelqu’un est anémique et s’il comprend comment se nourrir de cerises, s’il a cette disposition, s’il mange selon le nouveau procédé – non pas une alimentation mécanique, mais consciente – s’il a cette compréhension intérieure, à savoir comment la nature est créée et comment nous sommes créés, il va nécessairement assimiler tout ce qui est nécessaire pour son organisme. Ainsi, dans chacune de nos paroles, dans chacune de nos pensées prédomine une couleur précise parmi les couleurs de l’amour. Quelqu’un dit : « C’est facile de vivre dans le christianisme, nous le pouvons ». Si c’était facile, pourquoi alors les chrétiens n’ont-ils pas réussi à appliquer l’enseignement du Christ ? C’est une science, une grande science. Et le Christ dit : « La vérité ne se transmet que d’une seule manière : lorsque cet Esprit de la vérité viendra, Il vous la transmettra [1]». Si nous étudions le christianisme sans l’Esprit Divin, la question est entendue : nous n’apprendrons que le côté extérieur. Nous apprendrons que saisir la grandeur du Christ, appliquer sa réforme serait prétendument impossible maintenant sur terre car son temps ne serait pas venu ; alors qu’à l’avenir, ce serait possible si l’être humain évoluait d’une manière ou d’une autre... L’Enseignement du Christ doit être compris, il est fondé sur une grande loi divine, une loi au-dessus de toutes les autres lois, la loi immuable de l’amour. Et nous disons que cet amour peut s’appliquer partout. L’amour exige uniquement de nourrir l’affamé, d’habiller celui qui est nu, d’instruire l’ignorant ; l’amour n’exige pas de construire des palais pour les gens, de leur procurer dix costumes, dix paires de chaussures, mais de leur donner seulement ce qui leur est nécessaire ; même les enfants peuvent faire le reste. Et je remarque que les gens d’aujourd’hui cuisinent beaucoup pour l’ami qu’ils invitent et qu’ils mettent quelque chose de mauvais dans le repas. Nous voulons le contenter par le repas, et nous lui donnons un mets, un autre, un troisième, un quatrième et nous lui disons : « Goûte ceci, mais aussi cela » ; après qu’il ait trop mangé on le prie : « Dis-nous quelque chose d’important ». Que peut-il vous dire ? Il dit : « Je suis indisposé, j’ai trop mangé, vous devez patienter ». Et regardez : il est tombé malade et il a trépassé. Lorsque votre ami vient et que vous voulez apprendre quelque chose de lui, ne le régalez pas, donnez-lui peu, mais avec amour. Et le Bulgare dit : « Ne régalez pas trop ». « Le disciple, dit le Christ, n’est pas plus que son maître », c’est-à-dire l’amour manifesté ne peut pas être plus grand que l’amour non manifesté, l’amour limité ne peut pas être plus grand que l’amour illimité. Les gens qui disent : « Tu ne m’aimes pas » sont bizarres ; pourquoi t’aimer, sur quelle base suis-je obligé de t’aimer ? Ou bien si c’est moi qui disais : « En quoi es-tu obligé de m’aimer ? » Si j’avais signé un mandat et emprunté de l’argent, tu pourrais dire : « Monsieur, tu as accepté cet emprunt, es-tu prêt maintenant à tenir parole ? – Oui, je suis prêt. » Mais tu te présentes ici, on te signifie un mandat et tu dis : « Il n’est pas à moi, je ne le reconnais pas, un autre l’a signé. » L’amour, c’est une loi de libres rapports. Les rapports entre le Maître et le disciple sont absolument libres : le Maître n’a pas le droit de crier et de dire au disciple : « Tu dois étudier, sais-tu seulement que tu es dans mon École ? » Non, non, dans l’école divine le Maître comme le disciple sont absolument libres. Le disciple peut dire : « J’étudierai si je veux et je n’étudierai pas si je ne veux pas » ; il peut devenir savant, mais peut aussi rester ignorant. Il n’y a pas à le moraliser : il a choisi une situation pour éprouver un certain vécu, laissons-le l’acquérir. Et le Maître peut choisir : il prend ses propres dispositions. Donc les deux, s’ils baignent dans cette grande liberté n’éprouveront aucune dysharmonie entre eux. À quoi est due toute la dysharmonie d’aujourd’hui ? Tu aimes quelqu’un, mais tu te mets à éprouver la jalousie : qu’est-ce qu’elle montre ? La jalousie est de l’amour qui se manifeste dans le monde physique. La jalousie, c’est le premier doute, ton manque de foi dans les capacités morales de ta femme ou de ton mari. Le maître aussi peut jalouser son disciple s’il a perdu confiance en lui, et le disciple peut jalouser son maître s’il a perdu confiance en lui ; c’est une manifestation sur le plan physique uniquement. Je demande alors : que gagnes-tu à être jaloux ? Jalouser la vérité est une chose, tandis que jalouser l’amour en est une autre ; lorsque par ta jalousie tu affaiblis et limites l’être humain dans tous ses actes, tu agis de façon insensée, de façon purement physique. Ce sont des contrats d’emprunt : tu m’épies car j’ai signé dix contrats et où que j’aille, tu m’épies de peur que je m’échappe. Tu peux demander : « Est-ce qu’un tel est bien à Sofia ? – Pourquoi ? – Je m’intéresse beaucoup à lui car nous avons des affaires à régler ensemble. » Ou bien : « Je ne veux pas qu’il quitte le pays car les dix contrats… » Une fois les emprunts récupérés, il peut alors aller où cela lui chante. Il a bien raison de réfléchir de la sorte. Donc, si tu es jaloux de quelqu’un, je comprends que tu as une dette envers lui et si c’est lui qui est jaloux de toi, il a une dette envers toi. Certains demandent comment éliminer la jalousie ? Vous allez rembourser vos contrats, vous serez dans la situation de maîtres et de disciples, c’est-à-dire vous embrasserez les mêmes principes ; vous serez dans la situation de domestiques et de maîtres. Pour améliorer cette vie sur terre, nous devons comprendre la grande loi divine et mettre de l’ordre dans notre vie actuelle. Certains disent : « Ça s’arrangera », oui, mais c’est dans cette vie, c’est aujourd’hui que nous devons régler cette question. Certains disent : « À l’avenir ». Du point de vue divin chaque question peut se régler maintenant ; si tu n’es pas prêt à la régler maintenant, tu ne le seras pas non plus à l’avenir. On dit : « Dans la prochaine incarnation » ; si dans la prochaine incarnation ce cycle s’achève, vous raterez le dernier train ; n’est-ce pas les trains ont des horaires précis et lorsque tu rates le dernier, lequel prendras-tu alors ? Certains disent : « On a le temps » ; oui, on a le temps, mais s’il y a dix trains et que vous avez raté le premier, le deuxième, le troisième, si vous avez raté les neuf et qu’il n’en reste plus qu’un, alors je demande : quelle sera votre situation ? Et le Christ dit : « Le disciple n’est pas plus que le maître ». C’est beaucoup pour le disciple d’être comme son Maître ; ne nous suffit-il pas d’être comme le Christ ? Ne nous suffit-il pas à tous d’être aussi dévoués et valeureux qu’il l’est ? Ne nous suffit-il pas d’avoir sa pensée, ses aspirations, sa sagacité ? Mais nous dirons : « Il est le Christ, le Fils de Dieu ». Ce Maître sous-entend que vous êtes tous des disciples. Ceux qui veulent être disciples, ceux qui soupirent maintenant : « S’il y avait seulement quelqu’un pour m’aimer », ne doivent-ils pas avoir ces qualités ? Seul le disciple qui a compris son Maître peut avoir cet amour. L’amour est une manifestation consciente entre deux êtres supérieurs et doués de raison ; à chaque fois que l’amour se manifeste il y a une conscience. Cet amour se manifeste même dans les cristaux. L’amour doit être conscience, si celle-ci cesse, l’amour disparaît. Lorsque nous parlons d’amour, nous entendons deux créatures développées de manière identique en pensée et en cœur : également intelligentes, également cultivées, avec des âmes nobles et une volonté puissante ; seuls deux êtres comme cela peuvent se comprendre. Si ton ami te dit un mot et que tu le comprends d’une façon et lui d’une autre, de quel amour peut-on parler ? S’ils se fâchent, quel est cet amour ? Lorsqu’ils se disputent, peut-il y avoir de l’amour ? L’amour est comme la musique : seuls deux grands musiciens dont l’un sera premier violon et l’autre second violon s’aiment. Pourquoi ? Tous deux vont ensemble donner des concerts. Si un troisième arrive et dit : « Je viendrai aussi », ils peuvent le prendre pour leur garder les violons, mais ils joueront tout seuls sur scène. C’est cela s’aimer : ils décident quel morceau sera exécuté, ils s’entraînent, ils ont de l’amour. Et d’autres disent : « Aimons-nous ! » Peux-tu jouer de ce violon ? Nous pouvons alors nous aimer, mais si tu ne peux pas, tu garderas l’étui du violon ; tu garderas l’étui de l’amour car sur scène ce serait trop difficile. Parfois tu seras juste auditeur, mais c’est aussi un bienfait. Si tu es bon violoniste, c’est une chose de jouer avec un ami, c’est autre chose de prendre ce violon de l’amour ensemble avec le Christ – mais je prends le Christ au sens imagé – et de jouer avec lui ; c’est autre chose si quelqu’un joue pour le Christ et que tu écoutes de l’extérieur ; il y a jouer et jouer, il faut faire la différence. Je vous relaterai encore cette anecdote sur un Bulgare. Il avait loué bien imprudemment à Moscou un appartement au-dessus de ses moyens ; il a donné tant d’argent qu’il n’en avait plus assez pour vivre jusqu’à la fin de l’année. Il dit à un ami : « Si j’avais su, je ne l’aurais pas loué, j’ai gaspillé mon argent. » L’autre lui répond : « Je peux facilement obliger cette Russe de te rendre ton argent. – Comment ? – Ne dis plus un mot ! » Il vient un jour avec un ami, sort une cornemuse dans la chambre et commence à jouer, un jour entier, puis un autre jour… Le troisième jour la Russe vient et dit : « S’il vous plaît, prenez votre argent et quittez l’appartement ! » Le Bulgare est inventif, il s’est servi d’une ruse ; il ne voulait pas de conflit, mais voulait jouer. Il a dit : « Nous les Bulgares, nous fêtons un évènement et nous aimons jouer ainsi. – Nous aussi nous chantons, mais vous jouez et chantez plus que nous ; nous ne voulons plus de vous ici car vous nous empêchez de travailler. » Il est suffisant pour le disciple d’être comme son Maître. Nous aussi, nous nous libérons souvent par des ruses. Dans le christianisme, dans le nouvel enseignement, aucune ruse n’est tolérée. Une vie pure est exigée, une vie absolument pure et sainte ; cette vie doit avoir les aspirations telles qu’elles sont issues de Dieu : dans tous nos actes, nous devons être désintéressés comme Dieu est désintéressé, aimants comme Il est aimant. Ne pas manipuler l’amour divin, ne pas en profiter, autrement dit, cet amour doit passer par nous, mais nous ne devons pas en retenir la moindre particule ; que chaque particule de cet amour aille selon sa prédestination. Que ce qui appartient aux autres suive son chemin. On nous surveille du monde invisible, la lumière nous est prédestinée. Quelqu’un dit : « Tu peux te réchauffer quand tu veux ». Ce n’est pas ainsi, il y a des jours où il est prévu de vous réchauffer, mais il y a des jours où cela n’est pas prévu et vous serez enfermés si vous le faites. Si les choses n’étaient pas prévues ainsi, vous seriez malades. On dit : « Je me réchaufferai » ; non, non, tu te réchaufferas lorsque c’est prévu et tu dois mettre à profit ce temps-là, tandis qu’on pense maintenant qu’on peut toujours se réchauffer. Maintenant on nous instruit, mais vous dites : « Le Seigneur est bon ». Je ne doute pas que le Seigneur soit très bon, mais c’est nous qui ne sommes pas bons. Le Seigneur est omniscient, mais nous ne le sommes pas, c’est-à-dire, comme nous ne savons pas, nous transgresserons la loi, nous pécherons et les conséquences néfastes viendront. On viendra alors nous consoler ; quelqu’un me brise la jambe et dit : «Telle a été la volonté divine ». Ce n’est pas la volonté divine ; pourquoi le Seigneur me fabriquerait une jambe pour me la briser ensuite ? Pourquoi me fabriquerait-Il un discernement pour me l’enlever ensuite et me rendre idiot ? Ce n’est pas cela Sa volonté. Quelqu’un d’autre t’a frappé et tu dis : « Le Seigneur l’a ordonné ainsi ». Non, non, toutes ces anomalies résultent de l’incompréhension de Ses lois. C’est pourquoi le Christ dit : « Le disciple doit être comme son maître ». Il y a alors un autre égarement : s’il ne peut pas être comme son Maître, comment doit-il être ? Il ne peut pas être marchand par exemple, mais que doit-il être ? « Il doit être prédicateur, prêtre, évêque, avoir une bonne situation, avoir les arrières assurés. » N’y aurait-il pas dans la nature des affaires commerciales ? Bien sûr qu’il y en a. On peut tout être et quand même accomplir la volonté divine, tout est possible dans le monde ; et cela se peut seulement si nous comprenons profondément le sens de la vie : lorsque Dieu est avec nous, nous pouvons tout faire. Lorsque l’amour est dans un être, il peut s’élever au-dessus de son niveau, mais il faut de l’amour ; que tu sois enseignant ou prêtre, quel que soit ton titre, tu ne peux pas faire ton travail comme il faut sans amour. Et inversement, si tu as l’amour tu peux avoir la pire situation dans le monde, tu peux être balayeur, mais tu accompliras tout remarquablement bien. Si tu es balayeur, tu peux faire beaucoup plus avec l’amour. En Amérique, un américain a hérité de quinze millions. Il a distribué tout cet argent aux pauvres, il a pris un balai et s’est mis à balayer les rues de New York. On lui demande : « Pourquoi ? – Je préfère, a-t-il dit, gagner ma vie par le travail plutôt que vivre avec cet argent que je n’ai pas mérité. » Et c’est vrai qu’avec son travail et son exemple il a accompli plus qu’avec cet argent. Ainsi, ma causerie de ce matin ne vise que mes disciples et non pas certains auditeurs extérieurs ; ils sont venus trop tard, j’ai beaucoup avancé, je ne peux pas revenir en arrière, je parle pour les disciples, pour la minorité. Je dis de nouveau : quel point de vue philosophique devez-vous adopter ? Vous ne devez pas vous illusionner. Il est temps pour vous de vous poser une question : comprenez-vous le Christ, pensez-vous comme le Christ, ressentez-vous comme le Christ, agissez-vous comme le Christ ? Vous direz : « À peu près ». Non, non, pas approximativement, mais avec une précision absolue, j’entends sur le principe : vous devez avoir les mêmes désirs qui ont animé l’Esprit du Christ, les mêmes mobiles. Le même Esprit doit pénétrer le Maître comme le disciple, non deux esprits, mais un grand Esprit doit pénétrer et alors, guidé par Sa sagesse, Il statuera sur la situation du disciple et du Maître, sur leurs rapports dans le monde physique. Quelqu’un demandera : « Que veut dire le Maître ? » Voici ce que je veux dire : si cet Esprit est en vous, Il vous enseignera et vous rappellera ce que je veux vous dire. Lorsque je dis : Je, j’entends le divin, le grandiose qui a tout créé dans le monde, il y a un seul Je dans le monde, seul Dieu est Je, le premier qui a tout créé dans le monde. Je sous-entend Dieu qui a créé tout le cosmos, Lui seul peut dire : « J’ai créé tout cela, tout est à Moi, Je Suis et il n’y a personne d’autre que Moi ». Alors que nous bombons le torse à présent et nous disons : « As-tu une idée de qui je suis ? » Oui, tu es un je qui n’a rien accompli ; tu es un je qui ne peut même pas porter cent kilos sur son dos ; tu es un je qui ne peut pas avaler la moindre vexation, un je qui ne peut cohabiter avec personne, qui n’a pas réglé ses affaires, etc. Tu dois prendre conscience qui est ce Je - c’est Dieu, l’amour ; nous devons raisonner de la sorte et c’est le seul moyen de réguler notre vie. Il y a une seule morale dans le monde. Quelqu’un dira : « Vivons dans l’amour ! » Ce sont de vaines paroles. « Échangeons une douce parole »… « Mais le disciple n’est pas studieux »… Est-ce toi qui le moraliseras ? Il étudiera s’il le veut, est-ce à toi de le raisonner ? Toute personne entrée à l’école divine doit apprendre de son plein gré ; elle s’y tiendra si elle le veut, elle y étudiera si elle le veut, elle est absolument libre. Si elle étudie, elle est avec nous ; si elle n’étudie pas, elle n’est pas avec nous. Si elle aime, elle est avec nous ; si elle n’aime pas, elle est en dehors de nous, nous n’avons pas à nous inquiéter. Vous vous arrêtez maintenant pour me demander : « Maître, dis-nous un grand secret ». Il n’y a pas de plus grand secret que l’amour dans le monde, et si vous compreniez ce mot, vos yeux s’ouvriraient et vous verriez ce que vous n’avez jamais vu. Vous ressembleriez alors à cette jeune fille qui se tient là et voyant passer un très riche jeune homme, se dit : « Si seulement le Seigneur pouvait être assez bon pour que je puisse vivre avec ce jeune homme ». Comment vivras-tu avec lui alors que tu ne sais pas jouer de la musique ? C’est un désir : nous voulons tous vivre auprès du Christ et nous le pouvons ; comment ? Le même cœur noble doit battre en nous – ne le prenez pas uniquement au sens figuré – ce cœur noble qui a battu en Lui il y a deux mille ans, et que sa pensée raisonne en nous comme il y a deux mille ans. Et savez-vous comment pense le Christ à présent ? Deux mille fois mieux qu’autrefois. En parlant ainsi, vous arriverez à une compréhension philosophique. Le Christ s’est dilaté à présent ; à quel point de vue ? Tout d’abord la mère enveloppe son petit enfant dans des langes et l’imite en parlant ; l’enfant articule mal et la mère articule mal aussi et tâche de l’imiter, mais dix ans plus tard elle dit : « Non, mon chéri, je parlais comme toi avant, mais à présent tu parleras comme nous ». Le Christ parlais jadis comme nous, mais maintenant il veut que nous parlions comme lui, car le temps d’avant est révolu. Le Christ parlait comme nous, mais la loi a changé et le Christ dit : « Maintenant vous parlerez comme moi ; je ressentais jadis comme vous, mais maintenant c’est vous qui ressentirez comme moi ; je pensais jadis comme vous, mais maintenant c’est vous qui penserez comme moi ». N'est-ce pas compréhensible ? Si par conséquent, deux mille ans plus tard, vous n’êtes pas aptes à penser, sentir et agir comme le Christ pense, ressent et agit, vous ne pouvez pas être disciples. « Le disciple n’est pas plus que son maître. » Je dis ainsi au peu de disciples qui sont présents : en rentrant chez vous, mettez la main sur votre cœur, écoutez profondément et dites : « Est-ce que ce cœur bat comme le cœur du Christ ? Il a battu tant de milliers d’années pour des futilités, s’est-il mis à battre comme le cœur du Christ ? » Gardez ainsi votre main un long moment jusqu’à donner une réponse positive. Puis mettez la main sur votre tête et dites : « Cette pensée s’est occupée de futilités des milliers d’années, raisonne-t-elle à présent comme la pensée du Christ ? » Puis examinez vos mains et dites : « Ces mains qui ont travaillé des milliers d’années, qui ont tout fait, ont-elles commencé à faire ce que le Christ fait, à œuvrer comme le Christ a œuvré ? » Voici la question essentielle que les disciples doivent résoudre aujourd’hui. Sofia, 7 mai 1922 [1] Jean 16, 13 « Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité toute entière. Car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu'il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir. »
  6. Se dissoudra « Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, que ne doit pas être la sainteté de votre conduite et votre piété. [1] » 2 Pierre 3 :11 Le monde contemporain est habitué aux compliments, aux promesses, aux récompenses ; tant que vous pouvez parler de cette façon, tout le monde vous écoutera. Mais lorsque vous exprimez une vérité factuelle, tous sont dubitatifs et disent : « Ce n’est pas vrai ». Lorsqu’on dit que le monde actuel se dissoudra, ils disent : « Comment est-ce possible, on ne voit pas le moindre signe ». Mais lorsque nous employons le terme « monde actuel », nous ne désignons pas les corps célestes, mais notre monde terrestre. Quelqu’un peut rétorquer : « Nos savants ne l’ont pas encore démontré » ; ils ne l’ont pas démontré, mais ils s’y mettent, il y a des conjectures. Ce sur quoi nous nous tenons n’a pas toujours été aussi immuable que nous le croyons, il y a eu maints bouleversements sur terre. Un autre changement se prépare et son avènement est proche, il se produira en temps utile : il s’agit d’un Nouveau Ciel et d’une Nouvelle Terre où régnera la justice. Certains parmi vous maintenant peuvent percevoir, comme tous les autres d’ailleurs, uniquement le plan physique. Si quelqu’un doit mourir, ils disent : « Comment mourra-t-il ? » ; ils sous-entendent une sortie du corps, mais quitter son corps, faire le deuil de son corps n’est pas un grand malheur. On demande s’il est possible de vivre sans corps ; cela se peut, tout comme il est possible de sortir de sa belle maison, de son palais et de vivre dans une cabane, sous une tente ; on peut même y vivre mieux car on est au grand air ! L’âme et le corps sont deux choses différentes. C’est bien de posséder sa propre maison, mais je préférerais l’air pur et les rayons du soleil avec une nourriture saine plutôt que cette belle maison ; je préférerais l’air pur, les rayons du soleil et la nourriture saine plutôt que ce château dans lequel l’air pur et la lumière du soleil entrent à peine. Au sein de ce monde il y a deux plans : nous ne parlons pas uniquement du monde physique, mais aussi du monde des attitudes et des théories que nous avons créées. Par exemple tous les peuples sur le globe, païens ou chrétiens, considèrent que se battre pour son peuple est sacré ; ils pensent à élever leur propre peuple et à lui apporter des bienfaits seulement au moyen des combats et de l’extermination des ennemis ; et tout le monde aspire à la gloire en proclamant : « Notre peuple doit se glorifier » ; il n’y a rien de plus idiot que cette gloire. Dites-moi quel peuple s’est glorifié par la guerre ? Où est l’ancienne Égypte, où est l’ancienne Syrie, où est l’ancienne Babylone, où est Rome ? Tous ont raisonné, comme nous raisonnons de nos jours – et comme les peuples européens contemporains ont raisonné – croyant qu’ils se glorifieraient et amélioreraient leur situation économique en faisant la guerre, mais qu’en est-il ? Ils se sont trouvé sur une planche savonnée, car ils n’ont pas agi conformément à la loi de la justice divine et à la piété qui sont déposées dans l’âme humaine. Chaque créature douée de raison sait ce qui est juste, on n’a plus à enseigner ce qui est juste, et le nier c’est nier l’essence de la vie. Ainsi, puisque tout se dissoudra, comment devez-vous être dans la sainteté de votre conduite et votre piété ; quel est notre objectif sur terre, quelle est notre mission ? Votre objectif peut être très proche ou très lointain ; votre mission peut très facile ou très ardue ; votre tâche peut être de faire une addition ou une soustraction, une multiplication ou une division, elle peut être de faire une équation avec une inconnue, deux, trois, quatre, etc. Mais vous voulez tous être heureux sur terre, la première chose que nos contemporains recherchent est le bonheur. Pourquoi devons-nous être heureux ? Nous naissons car nous voulons être heureux ; nous étudions car nous voulons être heureux ; nous mangeons car nous voulons être heureux et ainsi de suite ; nous cherchons le bonheur dans toutes les situations de la vie et pourtant ne dit-on pas sans cesse : « Le bonheur est inatteignable, il n’existe pas, il n’y a pas de bonheur dans le monde ». Pourquoi n’existerait-il pas, serait-il quelque chose de physique ? Il n’est pas physique, mais divin. Si deux personnes s’aiment et s’il n’y a aucun mensonge dans leurs âmes, ces deux-là peuvent être heureux ; si ces deux personnes en aiment deux autres dont les âmes n’ont aucun mensonge, aucun intéressement, ces quatre personnes peuvent être heureuses. Moi je peux par exemple rendre n’importe qui malheureux : si vous avez travaillé toute la journée sans rien manger et que la table est mise et que vous attendez pour manger, et si je mange tout sans rien vous laisser, je vous demande si votre bonheur ne sera pas altéré ; si on vous a préparé des vêtements chauds et qu’il fait froid dehors, mais que je vous prends ces vêtements, vous laissant nu, est-ce que je ne vais pas altérer votre bonheur ? Oui, je vais le mettre à mal ; si je mets le feu à votre maison et vous oblige à fuir, est-ce que je ne vais pas altérer votre bonheur ? Si je viens chez vous pour mettre à mal vos convictions et les croyances avec lesquelles vous vivez, sans rien vous donner, est-ce que je ne vous rendrai pas malheureux ? Oui, je vous rendrai malheureux. Non seulement nous devons faire des promesses aux gens, mais ces promesses doivent se réaliser ; chaque promesse doit se réaliser, doit être authentique, chaque parole que nous prononçons doit être absolument fidèle et authentique. Lorsque je vous dis qu’il y a un monde invisible, ce monde invisible doit être des milliers de fois plus réel, plus immuable que ce monde. Ce monde invisible dont nous parlons viendra sur terre, mais pas cette terre-ci ; il ne peut pas y avoir de bonheur sur cette terre. J’entends par ce mot les conditions dans lesquelles les gens vivent à présent. Lorsqu’ils te croisent, ils te toisent de haut en bas, ils te jaugent, mais qui jaugent-ils ? En général, lorsque quelqu’un meurt, on prend ses mesures pour fabriquer le cercueil : « Il faut, disent-ils, le mesurer ». Nous avons la philosophie des défunts : « Voyons, disent-ils, si c’était quelqu’un de moral ». Exposez-le à la lumière du soleil et vous verrez s’il est moral ou non : s’il commence à sentir il est immoral, mais sinon il est moral ; s’il se décompose, il est immoral. Exposez-le à la chaleur du soleil : s’il fond il est immoral, sinon il est moral. S’il est fait d’eau, il fondra. Bien, exposez-le au soleil : s’il est fait de matière solide et si cette matière se dessèche, il est immoral, mais si elle reste élastique, souple, il est moral. Maintenant nous définissons ce qu’est la force morale : la force morale est un processus intérieur, une croissance divine de l’âme humaine pour réaliser toutes les idées déposées par le Divin : c’est la règle. Donc chaque âme est ensemencée par les vertus, et celui qui l’a envoyé lui a donné des conditions pour réaliser leurs bienfaits : ces bienfaits seront le bonheur. Donc, dans le monde nous n’avons pas le droit d’arrêter quiconque sur son chemin divin. Lorsque nous, les chrétiens, quel que soit notre crédo, prenons conscience qu’il y a déposés en nous certaines vertus, certaines forces, certaines aptitudes, certains sentiments divins qui doivent se réaliser, nous devons alors leur donner des conditions pour se développer – c’est cela la force morale. Ce n’est pas moral de prêcher à quelqu’un que le purgatoire existe, nous savons ce que c’est : nous sommes dans le purgatoire en ce moment. On nous prêche le purgatoire ; je n'ai pas vu de pire purgatoire que la terre, je m’y trouve maintenant et je ressens ses flammes : le plus grand purgatoire est ici sur la terre. Ma situation est semblable à celle de ce petit ange qui avait entendu parler des humains et a demandé à un grand ange : « Descends-moi chez ceux que Dieu a créés à Son image et à Sa ressemblance pour voir ce qu’est la terre ». Le grand ange l’a emporté dans ses bras sur terre. Les humains se battaient et répandaient partout des souffrances. « Je t’ai demandé, a dit le petit ange, de m’emmener chez les humains qui sont à l’image et à la ressemblance de Dieu tandis que tu m’as emmené dans le purgatoire. » « Ce sont eux, a dit le grand ange, les humains à leur stade actuel. » Quelqu’un peut rétorquer que ce feu est circonscrit ; non, il n’est pas circonscrit, il est partout : entre enseignants, prêtres, croyants, ce feu brûle partout. Si deux parmi vous s’assemblent et s’aiment, il y aurait de telles flammes autour d’eux qu’on ne pourrait pas s’en approcher. Nous sommes comme des poules qui grillent sur une broche et qu’on retourne d’un côté et de l’autre. Vous devez d’abord vous débarrasser du vieux diable de l’illusion, le diable de ces choses trompeuses qui ne peuvent pas rendre votre vie heureuse. Quelle sera votre situation si on met sur votre dos cinquante kilos d’or et si deux gendarmes vous encadrent, mais qu’en arrivant chez vous – et croyant vous être prémunis, vous receviez un coup de fouet avec les mots : « On vous déleste de l’or ! » Je vous demande ce que vous avez gagné. Je demande ce qu’a gagné cette jeune fille à qui on dit : « Tu seras heureuse si tu le prends pour mari : il a des maisons, des champs, sa mère a telle situation et ses frères… » et ainsi de suite, et elle, la pauvre, se dit : « Dieu merci, ma souffrance prend fin » et elle l’épouse. Mais quatre mois plus tard on la voit inconsolable, et pourtant elle prétend : « Je pleure de joie, je pleure de trop de bonheur ». On soupire toujours de trop de bonheur ; comme elle est noble, elle se tait, elle est déjà embrochée et se fait griller mais ne dit mot. Pourquoi ? Parce que les anciens disent : « Ne dites pas aux jeunes que nous souffrons, de façon qu’ils viennent aussi pour voir quelle est la souffrance de se faire embrocher ». Les anciens qui ont cru, n’y croient plus, en revanche ils veulent convaincre les jeunes d’adopter aussi ce crédo : « Il y a en effet un au-delà, il y a un Seigneur ». Je ne reproche rien à ces affirmations, je ne les conteste pas : il y a du pain, il y a de l’eau, il y a donc des conditions propices. Lorsque je dis : « Il y a du pain que je peux assimiler, qui peut me servir dans ma vie », l’idée est déjà toute autre. Dieu est en nous et en dehors de nous, ce sont deux concepts différents : Dieu qui existe quelque part, qui a créé tout l’univers et moi qui n’ai aucun rapport à Lui, aucun lien à Lui car Il est à l’extérieur, ceci promeut une certaine idée ; mais si je peux prendre part aux bienfaits qu’Il a créés et que j’y suis, alors l’idée est toute autre. Nous ne prêchons pas un Seigneur abstrait, non, non ; nous prêchons un Seigneur, un amour qui vient ordonner la vie et démontrer que le bonheur est possible sur la terre, mais non sur cette terre. Lorsque Pierre dit que la terre brûlera, je m’en réjouis : il y aura une nouvelle terre et un nouveau ciel. Selon ma compréhension un hôpital doit être brûlé tous les quarante ans ; pourquoi ? Il y a dans cet hôpital tant de gémissements, tant de crachats, il est si imprégné de ces pensées douloureuses, de ces miasmes, que celui qui y entre n’en sort pas en bonne santé ; et les médecins essaient en vain de guérir les malades, ceux-ci sont contaminés par les pensées même des autres malades. Et je dis : au bout de quarante ans, jetez une allumette et brûlez cet hôpital pour en créer un nouveau, un nouvel hôpital est préférable à l’ancien. Par conséquent, selon la même loi, les formes – non les principes – des religions changent, tous les mille à deux mille ans le Seigneur envoie quelqu’un du Ciel sur terre pour bâtir un nouvel hôpital. Lorsque de tels bienfaiteurs apparaissent certains disent : « Comment, nous avons déjà un ancien hôpital et nous n’avons plus de crédit pour un nouveau ». Je dis : brûlez ces hôpitaux, je vais vous créer un nouvel hôpital dans lequel vous vous soignerez de façon plus efficace. Un prêtre orthodoxe, un frère, qui maintenant est parti de l’autre côté me racontait son histoire – j’ai le droit de vous la raconter – Il avait lu l’Évangile et était arrivé à une compréhension profonde de l’enseignement du Christ, il disait : « Je ne dois pas appliquer cet enseignement comme un curé, je veux l’appliquer comme le Christ l’a enseigné, il faut être exemplaire. Je vois que les choses doivent changer, mais je ne m’y mets pas, j’attends un an, deux ans, trois ans. Les Russes[2] sont venus, mes granges se sont remplies de blé, il y avait à boire et à manger. Mais j’entendais dans mon for intérieur : « Tu dois distribuer tout cela, tu dois être un prêtre orthodoxe exemplaire ». J’hésitais toujours. Une nuit, je me vois dans un champ immense, empli de monde : des milliers et des milliers de personnes qui passaient par un défilé étroit, entouré de deux grands fours. Et en approchant, j’ai vu des individus en noir qui les prenaient et les jetaient dans la géhenne. Je me suis dit : « Je vais finir là-dedans ». En approchant, moi-aussi je suis attrapé pour y être jeté, mais le Christ apparaît et dit : « Cet homme est à moi, ne le jetez pas ». En se réveillant après ce rêve, il s’est décidé à vivre pour le Christ et, c’est animé par cette foi qu’il est parti de l’autre côté, et je crois qu’il est maintenant auprès du Christ. Il n’est pas seulement au Ciel, mais aussi parmi nous. Il y avait en cet homme un vécu réel auquel il a consacré sa vie, et il y avait en lui quelque chose de jeune, on s’étonnait de sa fin de vie, il vivait comme un jeune, vivait avec une grande vérité, il y avait un crédo dans son âme, pas seulement en théorie. Aujourd’hui, lorsque le Christ approche, il dit ceci : « Vous êtes dans le champ, la géhenne brûle et les gens s’y dirigent ». Que vous dit ce verset de Pierre ? « En sainteté et en piété ». N’est pieux que celui qui comprend la grande loi divine de l’amour, celui qui comprend que toute créature peut souffrir, que toute créature aussi petite soit-elle a certaines aspirations. Lorsque nous venons à comprendre que toutes les créatures veulent être heureuses et ne veulent pas souffrir, nous sommes sur le chemin de la vie divine. À présent, nous croyons que nous sommes les seuls à souffrir et que les autres ne souffrent pas. Nous ne devons vexer personne, nous devons être sincères et ne pas vouloir causer de mal et de souffrance à quiconque ; non seulement je suis tenu à prononcer une parole douce, mais de plus je dois la dire du plus profond de mon âme ; et lorsque je vous fais un bien, je dois le faire comme si je le faisais à moi-même. Vous êtes attristés alors que j’ai lu un beau livre qui m’a réconforté ; je te le donne et je dis : « Frère, lis-le, je veux avoir ton avis » ; tu le liras et tu te sentiras heureux. Cela veut dire que je suis au bon endroit, que j’ai un bon déjeuner et je dis : « Viens chez moi, j’ai trouvé un four où le pain est très bon » ; je mets ce pain sur la table, je donne la moitié du repas à mon frère, je prends l’autre moitié et nous faisons un excellent déjeuner : c’est cela avoir des sentiments communs. Lorsque tu vois ton frère dans les souffrances, dans la misère, dans les privations, alors partage avec lui ton repas, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan spirituel : c’est l’Enseignement que le Christ a prôné. Il dit : « J’ai été malade et vous n’êtes pas venus, j’ai été affamé et vous ne m’avez pas nourri, j’ai été assoiffé et vous ne m’avez pas désaltéré, j’ai été jeté en prison et vous ne m’avez pas rendu visite [3] ». Personne n’est allé le voir. Il y a quatre choses pour lesquelles le Christ jugera le monde chrétien. Je demande aux peuples chrétiens d’aujourd’hui s’ils ont appliqué cet Enseignement ? Ils ne l’ont pas appliqué. Et comment ont agi ces peuples chrétiens durant la guerre ? Je crois qu’on exige cent milliards de l’Allemagne, mais s’ils avaient utilisé ne serait-ce que cinquante milliards pour l’Europe, elle ressemblerait à un jardin d’Eden. N’avaient-ils pas ce choix ? Oui, mais ils manquaient de connaissance ; ils entretenaient le principe de la vanité et non le principe de l’amour, et c’est pourquoi ils ne l’ont pas fait. Et autre chose attend maintenant le monde actuel. Maintenant, soyez sereins, ne croyez pas que je suis en train de prophétiser ; je ne parle pas en mon nom, mais je vous dis ce que les autres ont prédit. Un savant américain le prétend : l’Europe serait mise à mal. Pour moi les souffrances physiques des gens importent peu, elles sont le résultat de leur vie spirituelle. De notre point de vue, selon la compréhension de la science occulte, la terre d’aujourd’hui, puisqu’elle est contaminée, doit faire place à un nouveau monde, une nouvelle matière ; il faut déverser une nouvelle vie puisque cette vie est viciée. Si vous introduisez un loup dans une forme quelconque, celle d’un mouton ou d’un humain, d’un bœuf, d’un cheval ou d’autre chose, ce loup restera loup quelle qu’en soit la forme. Si vous mettez cette intelligence de loup dans une forme humaine, cet humain deviendra érudit mais gardera toujours les coutumes du loup et vous ne le changerez d’aucune manière. Il faut donc insuffler une nouvelle vie dans cette forme humaine, nous ne pouvons rien faire avec notre ancienne vie, et c’est pour cela que le Christ dit : « Si vous ne naissez pas de nouveau » c’est-à-dire si une vie nouvelle ne vient pas, un courant divin nouveau, vous ne pouvez rien obtenir dans cette ancienne forme, c’est une grande loi dans le monde : le nouveau doit venir en vous. Faites l’expérience suivante : barrez les rivières qui alimentent un lac, faites en sorte qu’aucun ruisseau ne vienne plus s’y jeter et vous verrez que peu de temps après ce lac se dégradera ; plantez n’importe quel végétal, laissez-le sans air et sans lumière et il s’étiolera ; il faut déverser continuellement la lumière et l’air, déverser la nouvelle vie. La lumière apporte la vie et l’humidité apporte la vie ; oui, il faut que cette vie nouvelle s’écoule constamment dans notre âme. Maintenant, je n’ai pas pour but de réprimander quiconque, je ne suis pas envoyé pour réprimander, mais j’ai un droit, j’ai le droit de vous dire, si j’entre dans votre maison : « Frère, votre maison est faite selon toutes les règles divines, simplement ouvrez les fenêtres pour laisser entrer plus de lumière » ; et si vous ne les ouvrez pas, on vous mettra une amende, on vous sanctionnera. Vous direz : « Nous n’avons pas ouvert depuis si longtemps » ; parce que vous n’avez pas ouvert depuis si longtemps, votre vie jusqu’à là a été contre nature, vos visages ont changé et vous êtes devenus chétifs. Ouvrez toutes les fenêtres, tirez tous les rideaux et laissez entrer plus de lumière, plus d’air, puis refermez-les lorsque ce sera bien aéré. Vous pouvez aussi faire cet essai. Vous les gens d’aujourd’hui vous souffrez d’une illusion. Un vieux loup, couvert d’une peau de mouton se rend auprès d’une jeune brebis qui venait de mettre bas. Ce « mouton » se présente et dit : « Je veux éduquer ton fils. Comme tu le vois, nous les anciens, nous avons une culture singulière, nous ne sommes pas bêtes comme vous. Vous avez des sabots alors que nos pattes sont formées différemment. Je suis un mouton comme tu le vois, mais mes pattes sont souples et elles cachent – il montre ses griffes – une arme de défense. De longue date nous avons compris qu’il faut nous défendre. Lorsque ton fils viendra avec moi, je le lui enseignerai. Nos gueules sont comme les vôtres, mais nous avons appris, en plus de paître l’herbe, à avoir aussi des dents acérées pour intimider nos ennemis ». Convaincue, la jeune brebis a dit : « Si mon fils peut devenir comme toi, je te le confie, maître ». « Je le prends et tu verras quel gaillard il sera à son retour ». Il le prend, le met sur son dos et l’emporte. La brebis dit : « Bonne chance, fiston, j’attendrai ton retour avec confiance ». Quelqu’un le croise et lui demande : « Où vas-tu ? ». « On me l’a offert gracieusement, je vais voir ce que j’en ferai ». À votre avis, comment l’éduquera-t-il ? De la même façon que lors des fêtes de Saint Georges.[4] Leurs peaux seront vendues aux tanneurs et se retrouveront ensuite sur votre dos, vous en ferez des pelisses, c’est ainsi que vous rendrez les fils des brebis à leurs mères. C’est vrai non seulement pour des agneaux, mais aussi pour des humains ; c’est ainsi que nous pervertissons les âmes : lorsque nous prenons une âme innocente comme une brebis, nous l’écorchons vive après un certain temps et nous n’en gardons que la peau. Faites un essai : qui sont les chrétiens prêts à sacrifier tous leurs avoirs pour l’enseignement du Christ s’il venait, sans penser à demain ? Combien de chrétiens sont capables de tout donner ? Ils diront : « Il ne faut pas se montrer naïf ». Une autre question dans ce cas : vous qui êtes si intelligents, combien êtes-vous à avoir assuré vos arrières ? Combien de chrétiens sont capables de tout sacrifier et de le faire avec intelligence, car même le sacrifice peut révéler la vanité. Si quelqu’un décidait de payer un ou deux milliards aux Bulgares, il dirait : « Vous graverez mon nom dans l’histoire pour des siècles et des siècles ; vous pouvez vous combattre, commettre tous les crimes, mais mon nom doit être inscrit dans les livres : j’ai donné deux milliards pour la Bulgarie ». Je ne prône pas cet enseignement-là, je dis ceci : je paierai toutes vos dettes, je paierai même plus pour vous, mais à une condition : que vous bannissiez le mensonge de vos vies, et que la paix, l’amour, la liberté et la justice règnent dans vos maisons, que hommes et femmes vivent dans la joie. Je paierai toutes vos dettes, voici, je prends le pari avec les Bulgares, je veux faire une expérience avec eux en tant que peuple, et si je ne tiens pas parole qu’ils me crachent dessus. Mais je veux qu’eux aussi tiennent parole : qu’il n’y ait pas de larmes dans les maisons bulgares, que l’ordre et la justice règnent partout, qu’il n’y ait pas de malheurs et qu’ils soient prêts à mourir pour tenir la parole donnée et à se sacrifier pour autrui. Que les Bulgares soient d’accord afin de voir si cet enseignement est juste ou non. Voilà, le Seigneur veut vous faire un bien et vous direz : « Réfléchissons à présent. Qu’est-ce que c’est que cette philosophie, il parle en métaphores, de façon abstraite, alors que nous devons comprendre avec précision ». Il y a en effet des choses secrètes, abstraites, et je n’ai rien contre cela, mais certaines choses ne sont ni secrètes ni abstraites. « En piété ». Nous avons tous maintenant besoin de piété. Nous et le peuple bulgare dans son ensemble, nous avons besoin de piété : les gouverneurs, les prêtres, les mères, les pères, les commerçants et ainsi de suite, nous avons tous besoin de piété. Si tu entres dans une échoppe et si on te dit : « C’est un tissu en laine », tu dois avoir la certitude que c’est réellement de la laine ; tu vas dans une boulangerie et on te dit : « Ce pain est pur », tu dois avoir la certitude de sa pureté ; si tu vas emprunter de l’argent, tu dois savoir qu’on ne te plumera pas ; il ne faut pas ressembler à ce Bulgare de Provadia[5] qui a emprunté du blé à un Turc et qui, après avoir remboursé huit ans durant avait toujours une dette de quatre-vingt boisseaux de blé ! Est-ce qu’un peuple peut prospérer dans ces conditions ? Les peuples européens d’aujourd’hui ont fomenté la guerre et les vaincus doivent maintenant payer quatre-vingt boisseaux de blé ; ils pensent que ce Seigneur qui est au Ciel leur pardonnera ; non, Il ne leur pardonnera jamais ! Ne fais pas de violence à ton prochain. Maintenant, certains vont rétorquer : « Nous avons assuré nos arrières et si ce monde périclite nous mangerons et nous boirons ». Non, non, ce monde périclitera d’un côté et sera renouvelé de l’autre : c’est ainsi qu’agit Celui qui crée de nouvelles formes dans lesquelles sera insufflée une nouvelle vie, et où redémarrera le Divin. Cela débutera de la même façon que le poisson qui est sorti de l’eau pour vivre sur la terre ferme, de même nous pouvons vivre dans d’autres conditions, ce n’est pas impossible. Le mode de vie actuel n’est pas le seul qui permet l’essor de la vie humaine ; il y a d’autres conditions propices aux gens d’aujourd’hui. Il ne faut pas se créer de fausses idées par son imagination, je suis du côté de l’expérience à mener : viens et expérimente. Je t’emmènerai à la source pour te faire boire ; je demanderai : « Comment trouves-tu cette source ? » Ou bien je t’emmènerai vers le pain, je te donnerai à manger, je te laisserai du temps : un jour, deux, trois et je te demanderai : « Comment le trouves-tu ? » Je te donnerai un livre à lire et tu devras t’en faire une idée par toi-même. Ta pensée, ton cœur doivent être en accord avec la vérité que Dieu a déposée en ton for intérieur. Je vous mettrai dans ces conditions. Et si j’osais vous mentir, je mentirais à Dieu et Il me dirait : « Tu ne dis pas la vérité ». Tu parleras à Dieu avec vérité, car en même temps que je parle et que vous m’écoutez, vous vérifiez. En disant la vérité, je testerai la façon dont vos cœurs accueillent cette vérité. Vous direz maintenant : « Pourquoi un seul doit-il parler ? » C’est la loi : un seul parlera et plusieurs écouteront, ce n’est pas une contradiction. Nombreux sont ceux qui travaillent : vous prendrez cette vérité et vous la ferez travailler ; on attend un grand travail de votre part dans le monde ; dans ce cas précis vous pouvez faire plus que moi dans vos conditions de vie actuelles : vous prendrez cette graine pour la planter. Vous vous tenez maintenant devant ce terreau et vous dites : « Qu’est-ce que je peux faire dans le monde ? » Vous pouvez faire beaucoup et il n’est pas question d’inscrire votre nom ici-bas sur terre, il est question de ceci : que Celui qui vous a envoyé sur terre, que ce Grand Amour, Dieu, soit satisfait ; lorsque vous sèmerez le bien, Il le fera germer; ensuite Il vous dira : « Vous avez bien agi, Je m’en réjouis, Je le ferai croître » ; lorsque tu sèmeras la graine, le Seigneur dira : « Je ferai pousser le bien que vous avez planté ». Cet arbre que vous plantez est le vôtre et vous cueillerez ses fruits, je ne viendrai pas prendre le fruit. Et Paul dit : « C’est moi qui plante, mais c’est Dieu qui fait croître[6] ». La piété doit croître en nous, mais non de façon automatique. Nous ne devons pas distribuer notre fortune inconsciemment, mais nous devons d’abord en avoir la disposition d’esprit. Quelqu’un dit : « Je donnerai ma maison », mais l’autre y entre et n’en sort plus. Tu prends un locataire qui dit : « Je suis honnête, je paierai mon loyer », tu dois croire ses paroles, mais il emménage et ne paie plus : il n’est donc pas honnête et ensuite tu te retrouves au cœur des conflits. Et le propriétaire dit : « Je suis honnête », mais il augmente constamment le loyer, il demande la moitié du salaire du locataire en loyer, alors je pose la question : s’il a un salaire de quatre cents levas, peut-il vivre décemment avec deux cents levas ? Il ne le peut pas. Et les gens cherchent d’autres ressources ; d’où les obtiendront-ils ? Des peaux des moutons. Il se peut que les forêts disparaissent, que les animaux se raréfient, d’où viendront ces autres ressources ? Nous devons être raisonnables dans la vie d’aujourd’hui, manger autant qu’il nous est donné, or nous mangeons plus qu’il ne faut, nous faisons des maisons plus grandes qu’il ne nous faut ; chacun a besoin d’une grande pièce, exposée au soleil, mais certains en ont quatre ou cinq, tandis que d’autres n’en ont pas une seule. Si nous venions à examiner notre vie intérieure, la même anomalie existe partout et toujours à cause des enseignements mensongers. Un Bulgare lit la Bible et dit : « Tout ceci n’est pas vrai ». Tu dois en fin de compte fonder ta vie sur ce qui est vrai, mais qu’est-ce qui est vrai ? La seule chose vraie dans le monde est l’amour intelligent, non l’amour d’aujourd’hui qui fait pleurer les gens : ce n’est pas de l’amour ; l’amour intelligent est celui qui crée, qui fait croître. Il est dit dans les Écritures que le Seigneur est bienveillant, miséricordieux et patient. Dans le monde, lorsque nous détruisons systématiquement, les petites créatures pleurent. Dieu travaille constamment. Pourquoi ? Parce que nous détruisons constamment. Dieu est contraint d’œuvrer, de leur créer de nouvelles formes, de les mettre dans d’autres conditions. Un agneau vient, nous l’égorgeons, il revient une deuxième fois, une troisième, une quatrième fois et ainsi de suite, et nous causons sans cesse de nouvelles souffrances tout en implorant le Ciel d’être heureux un jour. Le Ciel doit commencer ici, sur la terre, dans la vie actuelle. Et vous tous qui m’écoutez – non seulement vous mais l’ensemble du peuple bulgare – vous comprenez tous l’amour, chacun le comprend. Comment ne pas le comprendre, il ne faut pas longtemps pour établir si je suis honnête ou non : il suffit d’une seule journée. Deux, trois ou sept jours à mes côtés vous suffisent pour voir si je suis honnête ou non. Si nous vivons dans une chambre, si pendant une semaine j’apporte de l’eau à l’ami qui entre dans ma chambre, si je l’aide et range ses affaires, je suis quelqu’un de bien ; s’il m’apporte de l’eau et range mes affaires, il est un homme de bien. Selon ma compréhension, celui qui travaille est bon. Le Christ n’est pas venu pour se reposer, mais pour travailler, pour servir. Tout être qui travaille et sert son prochain est bon, c’est ma règle. Si tu ne travailles pas pour les autres, tu n’es pas bon. Si je passe ma journée à penser à moi-même, comment améliorer ma situation, je ne suis pas bon ; mais si dans la journée je songe à ceux qui souffrent, si je pense constamment à éliminer les souffrances, je peux ne rien faire, mais par mes pensées je suis quelqu’un de bon intérieurement. Si vous agissez de la même manière, vous êtes bons. Le bon doit conserver sa condition intérieurement. Rien ne m’empêche de labourer le champ avec mes bœufs tout en continuant à songer comment secourir mon prochain. Quelles que soient les conditions, nous devons être habités par une idée essentielle : comment secourir notre prochain. Vous dites : « Je suis pieux ». Je peux en l’occurrence bénéficier des meilleures conditions : être prêtre ou évêque et penser que les journaux feront des éloges sur la qualité de ma causerie et me complimenteront ; qui que ce soit, je considère qu’il est mauvais puisqu’il attend des journaux des compliments sur sa causerie ; dans ce cas, malheur à ce peuple. Non, ce sont les cœurs et les pensées des humains qui doivent dire si cet évêque est bon. Nous appliquerons ce principe maintenant. Nous ne condamnons pas les évêques car n’importe qui à leur place serait exposé à une grande tentation, soyez reconnaissants que le Seigneur ne vous ait pas fait évêques pour avoir droit à : « Mon saint père ! » Seul Dieu est saint dans le monde, et celui qui ne raisonne pas de la sorte est dans l’erreur. Je suis saint dans la mesure où Dieu demeure en moi, c’est-à-dire tant que cet amour demeure en moi. Lorsque je me sacrifie pour mon prochain et pense aux autres, je suis un saint homme ; si on cesse de penser aux autres et qu’on ne pense qu’à soi-même, on s’obscurcit : c’est ainsi qu’on vous voit du Ciel. « Vivez dans la sainteté et la piété ». Nous devons nous encourager de ce point de vue. J’approuve un communiste lorsqu’on dit : « Il n’est pas croyant, mais il agit bien ». J’approuve le prêtre s’il pense à son frère et fait du bien. Cet homme, même communiste, qui pense à son prochain sans se préoccuper de Dieu, je l’approuve. S’il fait le bien sans Dieu, pendant qu’un autre ne fait pas de bien avec Dieu, qui se tient plus haut ? Le premier place le Seigneur dans son âme alors que le deuxième Le place en dehors. Tous ceux qui se sacrifient pour leur prochain, peu importe qui ils sont, sont le bienfait d’un peuple, tandis que ceux qui ne se sacrifient pas n’en font pas partie. Pour s’aimer soi-même, il faut aimer son prochain, car ces trois commandements sont liés : amour envers Dieu, amour envers son âme et amour envers le prochain : c’est une seule loi qui se manifeste. Celui qui aime Dieu montre qu’il est dans le pur monde divin ; celui qui aime son âme – ce qui signifie qu’il ne lui fait aucune violence – vit dans le monde spirituel ; enfin celui qui aime son prochain est dans le monde physique. Ce sont trois grands commandements : le prochain, mon âme et Dieu, c’est la Sainte Trinité, et de ce point de vue j’embrasserai ce frère lorsque je le verrai. À l’avenir les pieux doivent embrasser les pécheurs, et non pas les pécheurs les pieux. Car le pieux qui embrasse le pécheur transmettra ses vibrations, son élan, ses désirs, et le pécheur s’élèvera. C’est pareil dans la nature : c’est le Soleil qui vient d’en haut et nous embrasse sans relâche sans attendre que nous l’embrassions. C’est donc le Divin qui agit constamment en nous. Souvent on me demande : « Est-ce que le Seigneur m’aime ? » Si quelqu’un prétend que Dieu ne vous aime pas, il ment sur toute la ligne ; Dieu est le seul être qui vous aime, que vous soyez souffrants ou joyeux Il reste le même. Lorsque vous souffrez, Il dit : « Je me désole que vous n’ayez pas agi selon Ma loi, redressez-vous », et lorsque vous vous redressez, que vous êtes enjoués, le Seigneur dit : « Je me réjouis aussi d’avoir été écouté ». Dans la souffrance comme dans la joie c’est Dieu qui vous parle : c’est une des grandes vérités. Lorsque je dis : « Réjouissez-vous dans la souffrance et dans la joie », c’est parce que le Seigneur vous parle. Vous ne comprenez pas le Seigneur dans la souffrance tandis que vous Le comprenez dans la joie, mais dans les deux cas c’est Dieu qui s’adresse à vous dans votre for intérieur ; Il est le seul Être qui puisse vous rendre civilisés et intelligents, développer votre pensée ; lorsque nous accueillons cet Être en nous, nous élevons nos pensées et nos cœurs. Nous devons croire en ce Seigneur vivant, L’accueillir en nous tous, c’est Lui qui œuvre dans le cœur de chacun. Certains viennent m’interroger sur l’existence du Seigneur dans le monde ; je dis : mon frère, il y a un Seigneur, il y a un Seigneur, Il est en toi. « Je ne L’ai pas encore vu, j’ai toujours été affligé. » Je me réjouis de tes souffrances, car le Seigneur est en toi ; lorsque tu souffres, le Seigneur est en toi, donc Il ne t’a pas abandonné, Il t’aime. Les Écritures disent aussi : « Le Seigneur châtie celui qu’Il aime[7] », autrement dit, Il l’éduque. Alors, ces anciens points de vue apparaissent et prônent de nous éloigner du monde, mais de quel monde ? Du monde des mensonges, de l’injustice, de l’insincérité ; nous devons nous en éloigner de tout ce qui nous entrave. Et ce monde, pour le prendre comme exemple, ne sera qu’un tas de débris si vous y revenez dans mille ans, comme les débris qui témoignent dans les musées de l’existence d’une créature antédiluvienne. Et les crânes des humains d’aujourd’hui – je l’ai dit aux savants – peupleront demain les musées. Les types anciens que vous allez étudier se distingueront des nouveaux types. Et vous demanderez pourquoi les uns vivent d’une façon, et les autres d’une autre ; je vous expliquerai pourquoi : si vous donnez un violon percé à un violoniste distingué, que peut-il jouer ? Rien, ce violoniste a besoin d’un violon à la hauteur de son génie, alors qu’un autre ne pourra guère jouer même si on lui donne un violon de grande qualité. Ainsi donnez un instrument remarquable au violoniste doué et donnez le violon percé à l’ignorant pour qu’il s’exerce. À l’avenir on donnera tous les mauvais instruments à ceux qui n’ont pas appris à jouer. Ainsi Pierre dit : « Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, que ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété ». La future culture qui vient est celle de la piété. Je parle dans votre langue : vous devez avoir une pensée emplie de lumière, souple, élastique et sagace, qui puisse saisir aussitôt la vérité ; avoir un cœur si pur que chacun puisse voir son reflet dans ce cœur ; avoir une âme, obsédée par la vérité dans laquelle ne se trouve aucune tromperie. Lorsque cette vérité viendra dans nos âmes, il n’y aura pas de lien de dépendance, on ne vous dira pas : « Tu m’as promis, tu dois le faire ». Je dirai : « Mon frère, si tu aimes, si l’amour dans lequel tu demeures te le permet, ce que tu veux faire, fais-le ». La loi sera ainsi. Et je ferai aussi ce que mon amour me dicte. Je ne dirai pas : « Tu t’es engagé, tu m’as promis, c’est une honte », mais tout se fera au nom de l’amour. Nous aurons un monde sublime et nos visages seront beaux et lumineux. L’homme ne viendra pas dire au prédicateur : « Fais un peu peur à ma femme, fais cette sorte de prêche » ; ni la femme de dire : « Prêche pour mon mari car il est brutal ». Maintenant les hommes enseignent au prédicateur comment prêcher aux femmes, et les femmes comment prêcher aux hommes. Puis le père vient et dit : « Prêche à mon fils, inspire-lui la peur » ; vient la mère, elle lui enseigne aussi comment prêcher à sa fille ; c’est au tour du maître de dire : « Fais peur à mon domestique, il doit obéir à son maître » ; et le domestique de venir : « Fais un peu peur à mon maître ». Ainsi, le prédicateur a tant de conseillers qu’il se tient et se gratte la tête : « Qu’est-ce que cette femme m’a dit déjà ? » et il se met à faire peur aux hommes. Elle revient et le remercie. Mais l’homme revient aussi : « Sais-tu quel a été l’effet de ton prêche sur les femmes ? » Une autre fois il prêche en faveur des hommes. C’est au tour du père, il donne aussi des conseils ; le prédicateur se gratte de nouveau la tête et se demande comment faire peur au fils. Il ne faut pas effrayer, mais prêcher avec sincérité, honnêteté et franchise ; il doit dire au fils : « Ton père t’a donné la vie, il t’aime et tu dois l’aimer ! Être fils est quelque chose de noble ». Pourquoi effrayer la fille, je lui dirai plutôt : « C’est remarquable pour une fille d’aimer sa mère, ta mère t’a donné la vie. Il n’y a rien de plus noble que d’aimer ta mère de tout ton cœur ». Quant à la mère, je lui dirai : « Toi qui as donné la vie, il n’y a rien de plus noble que d’aimer ta fille ! Ne la contrains pas, ne la mets pas dans la géhenne ». Laissez la fille, qu’elle choisisse le chemin qu’elle souhaite emprunter ; laissez votre fils noble, votre fille noble dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place, laissez les avancer comme Dieu les guide. Laissez l’homme et la femme ; mais de quel homme parlons-nous ? De celui dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place ; de quelle femme parlons-nous ? De celle dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place. Voici ce que j’enseigne aux gens. Quelqu’un dit : « Le Maître a dit ainsi ». Qu’est-ce que j’ai dit ? J’ai dit : l’homme dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place doit être aimé par sa femme et elle doit tout accomplir pour lui, et prendre soin de lui ; j’ai dit : la femme dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place doit être chérie par son mari comme une fleur, il doit tenir à elle comme à la prunelle de ses yeux ; j’ai dit : le fils dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place doit être chéri par son père car il est son avenir ; j’ai dit : la fille dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place, au sens propre, doit être chérie par sa mère ; j’ai dit : le domestique dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place doit être chéri par le maître car c’est un excellent serviteur et vice versa : le maître dont la pensée, le cœur et l’âme sont à leur place doit être chéri par son domestique. Voici ce que j’enseigne aux gens : le maître doit aimer son domestique comme lui-même, l’homme doit aimer sa femme comme lui-même, la femme doit aimer son mari comme elle-même, le père doit aimer son fils comme lui-même, tous doivent aimer les autres comme eux-mêmes et appliquer cette grande loi dans le monde, et que cette loi agisse. Cela ne peut se produire d’un coup, mais nous devons poser ce principe : c’est cela la piété. Et que Dieu nous trouve préparés en ce jour qui approche. Le jour du Seigneur arrive. Si le jour divin arrive et si nous sommes prêts, nous verrons le visage de Dieu souriant et Il dira : « Venez, vous, qui êtes bénis du Père, qui avez cru, et héritez le Nouveau Ciel et la Nouvelle Terre, vivez en paix et en joie, vivez et jouissez de tous les bienfaits, car l’ancien est révolu et vous servirez la vérité dans les chants et le renouveau ». Vous me poserez alors la question : « Tu parles maintenant du Nouveau Ciel et de la Nouvelle Terre, mais que devons-nous faire là maintenant ? » Maintenant ? C’est une équation que vous allez résoudre. Maintenant, que signifie maintenant ? Si vous vous conformez à cette loi, l’actuel peut immédiatement se transformer. Comment ? Quelqu’un est tombé dans un sommeil léthargique ou bien a été hypnotisé ; on vient, on le secoue, mais il n’y a rien à faire, il ne se réveille pas ; vient celui qui comprend la loi et commence à neutraliser l’effet hypnotique ; il tend son bras d’après certaines règles, l’hypnotisé se lève d’un coup et revient à lui. Lorsque vous accepterez l’amour, le Seigneur commencera à tendre le bras, et puis lorsqu’Il lèvera et baissera Ses deux mains, Il dira : « Lève-toi et sors pour vivre dans le monde grandiose de la liberté que J’ai créé et ne pense pas à ce qui est révolu ». Si vous vous mettez à croire en cet amour dès aujourd’hui, un grand changement va s’opérer en vous : c’est une loi intérieure. Vous décidez de vivre dans l’amour, mais il y a quelque chose qui vous freine ; vous dites : « Quel remarquable enseignement, je vais vivre pour le Seigneur », mais lorsque vous rentrez chez vous, vous tendez l’oreille : les enfants pleurent, le mari est renfrogné et le doute s’empare de vous, vous vous dites : « Le temps n’est pas encore venu ». Non ! Entre et dis à ton mari : « Au nom de l’amour », étreins-le, embrasse-le ; il se trouble, mais embrasse-le encore une fois et dis-lui : « Viens, je t’apporte quelque chose de très bon. – Quoi ? » Il est assoiffé ou affamé et dira une fois que vous l’aurez restauré : « Bon, je comprends maintenant le Royaume de Dieu ». C’est le doute qui vous freine, vous pensez : « Cela se peut-il ? » Un ami me dit : « C’est un très bel enseignement et lorsque je l’écoute je suis comme hypnotisé, mais lorsque je reviens dans le monde, je dis : « Est-ce applicable ? Nous sommes vieux, c’est pour les jeunes ». Tandis que les jeunes disent : « Nous allons l’appliquer lorsque nous serons plus vieux ». Non, non, sitôt dit, sitôt fait : appliquez la loi ! Elle donne des résultats. « Dans la piété », et la piété découle de cette grande loi de l’amour. Ne doutez absolument jamais du divin qui est en vous : ayez foi dans votre pensée qui est à sa place, dans votre cœur qui est à sa place, dans votre âme qui est à sa place, et n’espérez le salut que de vous-mêmes et non pas de l’extérieur. Vous dites : « Je ne m’occupe pas des autres ». C’est un point de vue, mais le commencement est toujours le même chez tous les humains. J’entends par-là que toute personne peut penser comme les autres. Lorsque j’entends mon frère dire cela, je me réjouis qu’il puisse penser comme moi. Nous pouvons tous vivre selon la loi du grand amour divin, mettre de l’ordre et de la discipline et rétablir l’harmonie divine. Et nous devons être libres à l’avenir, ne limiter personne ; le monde peut se libérer si nous commençons à apprendre aux autres comment faire, comment souffrir, comment prier, à genoux ou non ; vous savez déjà comment rechercher le Seigneur. Il faut vous débarrasser entièrement du doute. Piété, voilà ce dont vous avez tous besoin. Sofia, 30 avril 1922 [1] « Puisque tout cela doit ainsi se dissoudre, quels hommes devez-vous être ! Quelle sainteté de vie ! Quel respect de Dieu ! Vous qui attendez et qui hâtez la venue du jour de Dieu, jour où les cieux enflammés se dissoudront et où les éléments embrasés se fondront ! Nous attendons selon sa promesse des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habite. » 2 Pierre 3, 11-13 [2] Il est fait ici très probablement mention du passage de l’armée russe lors de la guerre russo-turque en 1877-78 qui a permis la libération de la Bulgarie du joug ottoman [3] Matthieu 25, 42-43 [4] Saint Georges est réputé être le protecteur des bergers, il est célébré le 6 mai en préparant de l’agneau pour la table de fête. [5] Provadia – petite ville du Nord-Est, proche de Varna. [6] 1 Corinthiens 3, 6 : « Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé; mais c’est Dieu qui faisait croître. » [7] Hébreux 12, 6
  7. Christ crucifié « Car je n'ai pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. » 1 Corinthiens 2 :2 À priori, ce verset est clair en soi : qui ne connaît pas la crucifixion du Christ ? Pendant la semaine sainte à l’église orthodoxe on expose constamment le Christ crucifié, on jette des fleurs, des bouquets ; les évangélistes parlent du Christ crucifié ; tous savent que le Christ est crucifié, mais cette connaissance ressemble à celle du Bulgare affamé qui en passant devant une gargote turque n’avait que du pain sec qu’il posait au-dessus de chaque casserole fumante et disait : « Dieu merci, j’ai pu manger de tout ». Nous avons atteint une phase de développement dans laquelle il nous faut quelque chose de plus conséquent. Ne nous imaginons pas que la nourriture à notre disposition est abondante. Nos contemporains diraient, s’ils étaient interrogés, qu’ils vivent une vie très civilisée, mais si vous examinez cette vie et cette civilisation vous verrez que ce n’en est pas une, ni par rapport à l’alimentation, ni par rapport aux habitations, ni par rapport à la philosophie. Ce n’est pas exagéré, je parle en principe. Les souffrances et les maladies actuelles le démontrent : il y a tant de maladies aujourd’hui dans le monde que les médecins ne savent plus comment les nommer, des maladies qui rongent les organes du corps humain. Vous aurez du mal à trouver dans le monde d’aujourd’hui quelqu’un de bien portant avec des poumons, des muscles, l’estomac, le système nerveux sains ; ces malades sont tous des enseignants, des prédicateurs, des ministres, des patrons, tous gouvernent le monde. Je demande : est-ce que des gens malades peuvent gouverner, guider la civilisation ? Nous avons avant tout besoin d’individus sains. Maintenant Paul dit qu’il a décidé de ne savoir rien d’autre que le Christ crucifié. Il emploie cette expression dans un sens un peu singulier. Lorsqu’on crucifie en soi toutes les manifestations inférieures de sa nature, et lorsqu’on dompte tous les sentiments inférieurs, les désirs inférieurs, les agissements inférieurs, on déclenche tout ce qui est noble et sublime au sens le plus élevé ; c’est cela connaître le Christ crucifié. Et selon moi c’est mettre l’amour dans sa nouvelle forme comme elle est apparue maintenant, comme une nouvelle et grande loi dans la vie qui vient guérir toutes les infirmités humaines. Jusqu’à maintenant, l’amour n’a existé que dans les pharmacies, les églises, les monastères comme la panacée que les gens prenaient à petite dose, uniquement lorsqu’ils avaient mal au ventre, comme un baume pour les pieds et pour les maladies légères. Mais jusqu’à maintenant ils n’ont pas appliqué l’amour en disant : « Cet amour est inapplicable ». Qu’il soit jugé inapplicable se voit dans les paroles des anciens à l’adresse des jeunes : « Nous avions un amour comme le vôtre jadis, nous étions idéalistes, nous raisonnions en idéalistes, nous aimions en idéalistes, mais nous avons vu que le monde ne peut pas être idéal, cet amour idéal est pour l’autre monde, dans ce monde ci nous vivrons en matérialistes ». Et qu’est-ce que la vision matérialiste des choses ? C’est celle qui engendre toutes les souffrances ; qui que vous interrogiez, tous ont conscience de souffrir, ils sont tous mécontents : il y a du mécontentement dans leurs pensées, leurs désirs, leurs agissements. Si vous interrogez nos contemporains là-dessus ils vous donneront des réponses variées ; certains dirons que les raisons sont purement sociales, ils manqueraient de pain. Le pain manque, mais pourquoi ? Parce que les gens ne l’ont pas partagé équitablement, le monde invisible nous a envoyé assez de pain. Certains disent : « L’air est impur » ; il y a assez d’air, mais nous sommes enfermés dans des édifices sombres et étouffants ! Les riches sont bien de ce point de vue, ils respirent un air sain, mais il y a des édifices sans aucune lumière. Il y a des édifices de ce type dans les grandes villes européennes et même ici à Sofia, et celui qui y vit pendant dix ans sera impacté par cette atmosphère. C’est le cas sur le plan physique, mais venons-en à la culture religieuse : parfois la lumière solaire ne pénètre pas dans nos édifices religieux ; il n’y a que la lumière des bougies, mais cette lumière n’est pas idéale. Je demande si les fruits peuvent mûrir à cette lumière ? Non, ils ne mûrissent pas. Les fruits comme tout le reste sur terre ne mûrit qu’à la lumière du soleil. Tout ce qui est noble et sublime dans l’âme humaine ne peut mûrir qu’aux rayons de la lumière divine du grand amour qui se manifeste selon cette loi immuable. L’amour de ce soleil grandiose qui éclaire tout le cosmos doit nous éclairer aussi ; puisque le Seigneur a ordonné à tous les anges d’ouvrir toutes les fenêtres du monde invisible, cette lumière jaillira et tout le monde doit sortir s’exposer à ce soleil. Mais nos contemporains disent : « Ne sortez pas, vous prendrez un coup de soleil, vous n’avez pas besoin de cet enseignement, son heure n’est pas venue ! » Lorsque vous vous exposerez à ce nouveau soleil, vous tomberez d’abord malades ; je vous demande : quelle femme qui nettoie ne soulève pas la poussière ; quelle femme qui lave ses vêtements ne trouble pas l’eau ; qui est celui qui peint sa maison sans salir un peu ses habits, c’est simplement le signe qu’il travaille. Faut-il que ces entraves extérieures nous empêchent d’aller vers l’objectif ? Est-ce que les chaussures du voyageur qui a emprunté le chemin ne finissent pas par s’user ? Il rencontrera beaucoup de péripéties sur le chemin, mais l’objectif devra être atteint. Paul dit : « Car je n'ai pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié ». Ceux qui servent ce Christ surenchérissent : « Le juste enseignement est de notre côté », mais si vous y entrez, vous trouverez l’amour du Christ dans un bocal, exposé comme une panacée : « Si tu es avec nous, tu peux avoir cet amour, mais si tu es en dehors, nous ne t’en donnerons pas la moindre goutte ». Ils tiennent l’amour dans ces petits flocons. L’Église orthodoxe dit : « Si vous venez chez nous, vous aurez tout l’amour dans ces flacons », les évangélistes disent la même chose, les musulmans aussi ; ils ont tous des flacons. L’amour divin ne se garde pas dans des flacons ! Tel que nous l’entendons, cet amour pénètre tout l’espace, car l’espace et le temps, selon notre compréhension sont quelque chose de vivant, tout le cosmos est un être vivant dans lequel nous demeurons et nous nous mouvons ; et alors ce cosmos peut être illimité et limité, grand et petit ; c’est une propriété de l’Éternel : produire toutes les formes qui soient. Pour ce type de réflexion nous devons avoir une pensée lumineuse afin d’appréhender le Divin. Souvent les élèves des classes supérieures peuvent expliquer les trois degrés que le professeur leur dicte : « A1, A2, A3 » de trois façons différentes. Que signifie A au premier degré ? Admettons que ce soit une créature vivante, au premier degré il s’agit alors d’un individu qui avance en ligne droite : la ligne droite avec une longueur, mais sans largeur ni profondeur. Je vous demande comment vous définirez une telle ligne, une droite au sens mathématique avec seulement une longueur. Tandis que A au deuxième degré signifie que cette créature a trouvé une autre créature et que toutes deux se déplacent en angle droit et forment un plan, par conséquent la droite se voit ajouter une largeur. Il y a donc une longueur et une largeur, mais pas de profondeur. Comment imaginerez-vous un monde avec une longueur et une largeur, mais sans profondeur ? A3 met en évidence que le plan qui se déplace en angle droit par rapport à lui-même forme le cube. Cet A est passé par trois degrés : par la ligne droite il a acquis une longueur ; en angle droit à lui-même il forme le plan, il a acquis ainsi une largeur ; en angle droit par rapport au plan, il a formé le cube, il a acquis une profondeur. Les gens d’aujourd’hui sont donc un A3 et forment un cube. Lorsque vous dépliez le cube vous obtenez la croix humaine, donc la croix n’est rien d’autre qu’un cube déplié pour faciliter l’aération. Déplier le cube est le symbole du fleurissement dans la nature, chaque bouton fleuri est un cube déplié afin d’exprimer le nouveau contenu, et lorsque ce nouveau contenu se manifeste de l’intérieur, il peut aussi recevoir le contenu céleste car il y a deux courants dans le monde : l’un qui vient du centre de la terre, et l’autre qui vient du centre du soleil. Paul dit : « Je ne voulais savoir que le Christ crucifié, parmi vous ». Comment imagineriez-vous ce Christ ? Dans une école occulte ici et en Occident on dit souvent : « Dieu est lumière ». Je dis : Dieu n’est pas lumière ; et au premier abord, si je dis que Dieu n’est pas lumière on dira : « Il renie Dieu ». Lorsqu’un sculpteur sculpte une œuvre d’art, est-ce qu’il est cette statue ? Et lorsqu’un fidèle allume une bougie, est-ce qu’il est la bougie ? Les écritures disent ainsi : « Dieu a dit : que la lumière soit et la lumière fut [1]», donc le Verbe manifesté a produit la lumière ; donc Dieu peut-Il être lumière ? Non, la lumière est une manifestation de Dieu. Et si vous dites : « Dieu est lumière », cela produira un tout autre résultat dans votre esprit. Cette lumière qui vient d’en haut est passée par plusieurs niveaux ; pour comprendre le véritable sens de la lumière, vous devez la faire revenir jusqu’à cet Être qui l’a créée, c’est-à-dire jusqu’au Verbe originel qui a prononcé : « Que la lumière soit ! » Et la loi est juste : lorsqu’un élève a réfléchi sur un problème ardu, il en a d’abord une perception confuse, ce problème est difficile pour lui, mais après avoir réfléchi longtemps pour comprendre le rapport des éléments dans le problème, une petite lumière apparaît. Donc, à chaque fois que le Verbe est assimilé en toute conscience dans notre cerveau, dans notre cœur et dans notre âme, la lumière survient comme le résultat ; donc Dieu a dit : « Que la lumière soit dans cet esprit, que la lumière soit dans ce cœur, que la lumière soit dans cette âme » et la lumière fût ! Et quels en sont les résultats ? Cette lumière produira d’abord des orages, des vents, de la pluie, une tempête, un cataclysme, et lorsqu’elle formera son terreau, cette lumière produira des fruits d’or, des rivières, des sources ; et par ces fruits nous reconnaîtrons les qualités de la lumière. Tous les fruits sont-ils identiques ? Je demanderai à n’importe quel botaniste si la lumière qui rayonne de sa source est toujours la même ; si ses vibrations sont toujours les mêmes ; pourquoi la pomme a un goût et la poire un autre ? Comment est-ce possible ? Vous direz : « Le Seigneur l’a ordonné ainsi ». Les religieux parlent ainsi, mais les scientifiques ne peuvent pas parler de la sorte. Ce Seigneur dont nous parlons est Seigneur de l’amour et lorsque nous prononçons le mot amour, tout notre être doit ressentir un frémissement, une joie grandiose doit envahir notre cœur ; et lorsque nous disons : « Dieu est sagesse », dans votre esprit les pensées les plus grandioses doivent de même prendre du relief. Quelle était la tâche du Christ sur la terre ? Sa tâche était d’exprimer Dieu en tant qu’amour et en tant que sagesse, l’exprimer physiquement et donner également les méthodes et les moyens d’appliquer l’amour et la sagesse. Toutes les plantes ont leurs méthodes, tandis que nous les humains qui voulons améliorer notre vie, nous n’en avons pas. Nous étudierons leurs méthodes avec lesquelles elles créent leurs fruits savoureux et ce n’est qu’à cet instant que nous améliorerons notre vie, nous étudierons aussi comment elles utilisent la lumière dans le même but. Quelqu’un dit : « Je veux être bon ». Étudie le cerisier, étudie la vigne, étudie le figuier et beaucoup d’autres plantes pour comprendre comment elles rendent leurs fruits succulents. Nous les humains, nous disons : « Le Seigneur s’en occupe ». Ne vous trompez pas : le père peut tout donner à son fils et l’enseignant aussi, mais ni l’enseignant ni le père ne peuvent étudier à la place du fils. Le père et l’enseignant peuvent tout donner au fils mais ne peuvent pas se nourrir pour lui : si je mange pour mon fils je prendrai la force et lui n’en tirera aucun profit ; lorsque vous vous nourrissez, vous mangerez tout seuls ; c’est une loi incontournable. Nos contemporains veulent aussi nous apprendre à penser comme tout le monde. Non, non, c’est un péché pour nous de ne pas penser par nous-mêmes ; c’est un péché de ne pas agir ; mais lorsque nous disons que nous devons manger, nous devons savoir quoi manger ; lorsque nous disons que nous devons penser, nous devons savoir quoi penser ; lorsque nous disons que nous devons ressentir, nous devons savoir quoi ressentir. Maintenant je vais vous raconter une histoire que j’ai déjà relatée à certains amis, mais je vais clarifier son contenu. Il s’agit d’un adepte hindou ou un Maître en Inde : je l’appelle Tagor-Bil Ra, un fameux Maître d’une École, serviteur dans l’un des temples hindous les plus fameux. Initié, conformément à son rang il devait rester chaste toute sa vie pour terminer complètement le cycle de son perfectionnement, c’est-à-dire ne pas se marier. Mais une jeune femme, une prêtresse du temple est tombée amoureuse de lui. Il ne faisait pas attention à elle, mais après de longues années elle s’est adressée à lui : « Si je venais auprès de toi pour vivre ensemble notre amour, tu achèverais plus vite ton perfectionnement ». Il a fini par la croire, il est tombé amoureux d’elle, mais à cet instant elle a cessé de l’aimer. Je laisse maintenant la deuxième partie du conte, je le terminerai toute à l’heure. En colère qu’elle l’ait interrompu sur son chemin d’évolution, il la maudit, et elle s’est transformée en serpent. Il a dit : « Serpent, tu ne sortiras plus de ce temple ». Pourquoi a-t-elle cessé de l’aimer ? Elle est tombée amoureuse d’un des disciples de Tagor-Bil Ra. L’adepte interrompt son évolution dans cette vie, meurt, et cinq cents ans s’écoulent. Il s’agit maintenant d’un conte, ne le prenez pas littéralement, méditez dessus, c’est simplement un conte qui explique un principe. Il se réincarne comme lord en Angleterre – je ne dévoilerai pas son nom en tant que lord, je le tairai, je donnerai seulement son prénom – mais ce premier disciple qui a séduit et en même temps mis à l’épreuve cette prêtresse, se réincarne aussi en tant que femme anglaise. Et il se trouve que Tagor-Bil Ra l’épouse. Ils voyagent en Inde et un désir d’étudier les temples hindous et certains rituels naît en lui. Lorsqu’il se rend dans le temple où il avait vécu son épreuve, il ressent des frissons. Pendant qu’il arpente l’édifice, un serpent surgit et mord sa femme qui meurt sur le coup. Je vous demande maintenant pourquoi le serpent a mordu sa femme ? Ce serpent est la même prêtresse, cette femme dit : « Tu m’as fait chuter et tu l’as fait chuter lui-aussi ». Le lord a compris cette loi, il a levé sa malédiction et la prêtresse a revêtu sa forme d’avant et a emprunté de nouveau le chemin de son évolution. Beaucoup parmi vous s’empressent comme cette prêtresse de trouver le Christ, vous tombez amoureux de lui et vous dites : « Seigneur, si Tu nous permets d’entrer dans Ton royaume, Ton Enseignement se répandra », mais une fois entrés, les disciples de Tagor-Bil Ra vous séduisent. Il n’y a pas de prédicateur ou de prêtre aujourd’hui qui ne soit pas séduit par l’un des disciples de Tagor-Bil Ra ; quand je dis : « Pas un seul », ne le prenez pas dans un sens absolu : c’est une affirmation hyperbolique. Les Bulgares disent ainsi : « Même si tu jetais un seul œuf, il n’aurait pas trouvé de place pour tomber », c’est une expression, ne la prenez pas au sens mathématique, des milliers d’œufs pourraient trouver de la place pour tomber dans une foule dense, c’est simplement l’expression qui est ainsi. Les Turcs disent : « Persingui laf guelsan », c’est-à-dire « Cela illustre bien nos propos ». Donc lorsque vous emprunterez ce chemin, vous ne devez pas vous laisser tenter ; si vous cédez à la tentation, vous serez enfermés cinq cents ans durant comme le serpent dans un temple. Certains disent : « Il vaut mieux mourir dans cette église » ; cette prêtresse aussi est morte dans ce temple, mais en devenant un serpent. Certains disent : « Qu’il soit enfermé dans le temple » ; on peut vous enfermer en tant que serpent, mais n’imaginez pas que vous serez au paradis si on vous enterre dans une église. Il faut ici une vie sainte et pure d’amour divin ; inspirée par ce grand amour divin que tu saches qu’à tout moment tu accomplis la volonté divine. Les gens d’aujourd’hui qui vont mourir organisent des préparatifs : « Vous m’habillerez de telle manière, ce sera avec tel prêtre, dans tel cercueil, à tel endroit ». Très bien, c’est parfait, mais ce n’est pas l’enseignement du Christ, ce n’est pas un enseignement de l’amour, c’est un ancien culte païen ; jadis on enterrait de façon bien plus magnifique : en quoi se distingue-t-on des païens ? « Ils sont païens. » Très bien, les peuples païens enterraient leurs morts de cette façon, mais nous les chrétiens, comment procédons-nous ? De la même manière. « Nous croyons dans le Christ. » Oui, vous êtes des gens qui croient aux cimetières, aux sépultures, vous dites : « Lorsque je mourrai, lisez-moi nombre de prières, ne me laissez pas sans secours ». C’est ainsi que procédaient les peuples païens et ces coutumes sont passées dans la modernité. Ce ne sont pas de mauvaises choses, elles sont bien, mais ce serait risible que le papillon qui s’est transformé après avoir été chenille conserve ses coutumes de chenille : son mode d’alimentation, de mouvement sont diamétralement opposés à ceux d’une chenille. Lorsque le poisson deviendra humain, cet humain se distinguera diamétralement du poisson. Nous ne devons pas dire maintenant : « Tu es chrétien, es-tu transformé, as-tu des branchies ; de poisson tu es devenu humain, as-tu des poumons ? – Je n’en ai pas, mais je pense être un humain ». Je vais de nouveau vous rappeler ce conte humoristique de l’américain qui a guéri un malade. Il se passe des choses miraculeuses en Amérique : on peut soigner les gens à distance, sans aucun remède, simplement par la pensée. Un riche homme s’est brisé la jambe, un docteur s’est présenté et lui a dit : « Tu imagineras que ta jambe n’est pas cassée, tu l’imagineras durant un jour, deux, trois, et ta jambe se remettra », il lui a dicté tout ce qu’il y avait à faire. Et en effet sa jambe a fini par se remettre. Le docteur revient : « Monsieur, je t’ai rendu un grand service, tu dois me payer et grassement. – Oui, combien veux-tu, je te paie cinq cents dollars. Imagine que tu as cinq cents dollars, imagine-le, imagine-le jusqu’à ce que tu les obtiennes tous. » Il y a une différence entre penser et penser ; si je pense à cinq cents mille dollars, ils ne viendront pas aussi simplement. Il y a un procédé dans l’amour que je vous exposerai. Il y a des procédés par lesquels les plantes transforment la lumière en sève, il y a des méthodes par lesquelles nous pouvons transformer la sève de cet amour divin, et qu’elle stimule les qualités de notre pensée et de notre cœur ; ces méthodes ne sont pas enseignées. Je parle en général, mais dans le monde chrétien il faut des écoles comme celles d’aujourd’hui dans lesquelles enseigner ces méthodes. Que les tout petits enfants sachent par quel moyen transformer l’amour divin en miséricorde, par quel moyen le transformer en foi, en espérance, en joie, en humilité, en savoir et ainsi de suite ; ce sont des méthodes à connaître. Viendra alors quelqu’un pour dire : « Il y a un moyen plus facile que celui-ci : crois en le Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé, toi et ta famille », donc tout comme cet américain : « Crois et tu obtiendras l’argent ». Croire ? Il faut avoir des méthodes pour croire, il faut qu’un bouleversement intérieur s’opère en toi. Tu ne peux pas croire tant que tu n’as pas d’amour, la première chose est l’amour, la première loi par laquelle commence la vie est l’amour. Par conséquent les petits enfants, les animaux savent dans une certaine mesure transformer cet amour. Certaines disciples du Christ disaient : « Donne-nous la foi ! » Il y a des procédés pour transformer l’amour en foi, et après cette transformation, quand viendra la vérité, la foi se transformera en savoir ; et après le savoir viendra le Verbe intelligent, viendra la lumière manifestée sur le plan physique, et elle vous aidera. Car il y a deux courants : lorsque l’Amour Divin vient d’en haut, le courant contraire se manifestera nécessairement d’en bas et selon la connaissance que nous développons il y a deux courants : l’un depuis l’incommensurable qui diminue constamment et descend vers l’être humain ; l’autre, le devenir de l’être humain à partir d’une simple cellule microscopique, comme le stipule la science moderne. Le premier, le petit courant qui grandit et devient immense, et l’autre, immense qui rapetisse ; ces deux courants, lorsqu’ils interagissent, dans cette tension mutuelle, alors – pour celui qui comprend cette loi – germent toutes les grandes vertus et aptitudes de l’âme humaine. Maintenant, vous vous direz dans votre for intérieur : « C’est inexplicable ! » C’est inexplicable, bien entendu, seul celui qui a étudié longtemps, qui a procédé à des milliers d’expériences peut comprendre la signification profonde de ces versets et passages des Écritures où le Christ dit : « Si mes paroles demeurent en vous et si vous demeurez en Moi, vous obtiendrez ce que vous désirez ; Moi et Mon Père viendrons établir notre demeure en vous et alors je me manifesterai devant vous [2] ». Une graine, tombée en terre, se manifeste après quelque temps, fleurit et donne du fruit. Maintenant Paul dit : « Je ne voulais savoir que le Christ crucifié », ce qui, en langage actuel se traduit : il a décidé de connaître uniquement la grande loi de l’amour qui insuffle tout dans l’âme humaine car le Christ manifeste cette grande loi de l’amour. Seul celui qui est empli d’amour divin peut être crucifié. Votre idéal est de vous sacrifier. Seul le riche peut se sacrifier ; et Paul dit à un autre endroit : « Celui qui était riche en haut, a décidé de devenir misérable et de descendre parmi nous, de prendre un visage humain pour aider ses frères par cet amour qu’Il avait et leur donner cet amour et les relier à Dieu, c’est-à-dire à l’amour [3] ». Et le Christ sauve les gens uniquement de cette manière : en les reliant à l’amour. Nos contemporains disent : « Aimons-nous ». Bien, mais sais-tu faire des nœuds avec l’amour ? Prenez ceux qui font les installations électriques : quelquefois lorsque le câble grille dans l’installation, celui qui ne s’y connait pas ne sait pas où est située la panne. J’ai observé quelqu’un qui réparait une telle panne : il a tout d’un coup compris le problème, il a pris un fil et l’a relié à un autre fil. Il faut donc avoir un fil très fin qui doit relier ton cœur au cœur Divin, ou un fil qui doit unir ton cœur au cœur du Christ ; et qui peut fabriquer cette installation ? Seul le Christ le peut, comprenez-vous, seul le Christ peut mettre tous ces fils et relier les humains à Dieu, lui seul connaît cet art et vous devez longtemps vous instruire auprès de lui. J’observe à présent ceux qui suivent le Nouvel Enseignement, ceux qui suivent l’ancien enseignement, et ceux qui suivent toutes les églises : ils commencent très bien – ils commencent par l’amour, mais finissent sans amour. J’ai d’ailleurs constaté ceci dans les églises : dans une église évangélique un prédicateur prêchait dix ans durant sur les mêmes questions : le salut, le repentir, ceci et cela, et tous les auditeurs se sont mis à somnoler, il a senti alors qu’ils avaient déjà compris. Et lorsqu’un nouveau venait, le prédicateur concentrait toute son attention sur lui comme s’il représentait tout le public, les autres étant déjà rassasiés de ces futilités. Le prédicateur prêche sur le salut alors qu’il n’est pas lui-même sauvé ; il parle de miséricorde alors qu’il n’est pas lui-même miséricordieux ; il parle de sacrifice alors que lui-même ne fait pas de sacrifices ; il dit que si quelqu’un meurt, il ne faut pas pleurer alors que si sa femme ou son enfant meurt, il est le premier à pleurer. Les gens prêchent des choses qu’ils n’appliquent pas eux-mêmes et disent ensuite : « Le Nouvel Enseignement est dangereux, il sabote la société ». Les soldats qui partent au front, dans quel état reviennent-ils ? Ils partent avec des bouquets, de la musique et des fleurs, mais ils reviennent l’un le bras cassé, l’autre les jambes brisées ; et on leur donne une croix d’honneur car ils ont fait un sacrifice pour la patrie. Est-ce que votre peuple s’est élevé par ce sacrifice ? Et tous diront : « Ils ont accompli la volonté divine ». Ils n’ont rien accompli ! Cela fait huit mille ans que l’être humain accomplit sa propre volonté, et c’est pourquoi Dieu dit à la mort : « Tu éduqueras constamment ces enfants turbulents », et c’est bien ce qu’elle fait, elle nous éduque à présent. Et si vous me demandez : « Jusqu’à quand mourrons-nous ? » Le jour où vous déciderez d’appliquer la loi de l’amour divin, la mort vous laissera tous et dira : « Je vous laisse libres de retourner chez votre père » ; et en me croisant vous ne me demanderez pas : « Est-ce que cela se peut ? » Cela se peut, cela se peut, il y en a déjà certains qui ne meurent plus. Il y a aussi en Bulgarie un mythe qu’après avoir cherché certains dans les tombes où on les a ensevelis, on ne les trouve plus. Ils disent : « Il ne reste pas dans la tombe car il a ressuscité ». Quelqu’un dira : « C’est une mystification ». Cela peut être une mystification, il est sorti de la tombe. Certains individus ne meurent pas, et si vous le croyez tous, vous ne mourrez pas : un Ange descendra, roulera la pierre funéraire et vous fera sortir, mais il faut une foi en l’amour vivant, il faut une foi, une foi irrépressible en l’amour qui neutralise toute notre haine. Comprenez-vous ce qu’est la haine ? Nous allons la combattre. Je parle de l’amour qui peut faire fondre toutes les barrières qui existent en nous, c’est cela l’amour. Si ton amour ne peut pas éliminer toutes les barrières, si tu n’es pas capable de t’élever vers Dieu et couper d’un seul coup les sept têtes de ce démon, tu ne seras pas pénétré par l’amour divin. Tu attends et tu dis : « Ma fille doit régler ses affaires, mon mari aussi, et alors je servirai le Seigneur ». Vous n’arrangerez jamais vos affaires, cela fait huit mille ans que vous arrangez ainsi vos affaires, mais c’est dans notre for intérieur, dans notre pensée, notre cœur, notre âme qu’une rupture doit avoir lieu, une rupture secrète : appliquer cet Enseignement pour soi-même, et c’est après l’avoir appliqué et éprouvé sa force que nous commencerons à bien vivre. « J’ai décidé, dit Paul, parmi vous », parmi qui ? Parmi vous qui vous disputez, qui vous faites la guerre, qui vous querellez pour tenter d’être le premier parmi les autres, j’avais décidé de ne pas vous écouter, de ne pas prêter l’oreille à vos querelles, mais de savoir une seule chose, le Christ crucifié, je ne veux connaître que l’amour. Si vous vous rendez dans une église contemporaine dont le prédicateur est doué, si vous êtes quelqu’un d’intelligent il vous dira en descendant de la chaire: « Je suis désolé que ces gens ne soient pas intelligents et ne me comprennent pas » ; si un musicien d’aujourd’hui se produit et si vous êtes musicien comme lui, il vous dira : « Le public ne comprend pas mon métier, ne connait pas la musique, mais que faire, nous allons jouer pour insuffler la culture » ; si c’est un prêtre qui a bien servi alors que les auditeurs faisaient du bruit, il dirait à un autre prêtre qui serait présent : « J’ai déployé tous mes efforts, mais ils ne comprennent pas ». Pourquoi ne comprennent-ils pas ? Parce qu’ils n’ont pas d’amour. Et en effet, l’amour contrôle la pensée des humains, voulez-vous que je le prouve ? Je le prouverai avec des arguments forts. Je prendrai le plus petit : vous avez une fille bavarde et vous dites : « Ma fille parle trop » ; mais elle tombe amoureuse et devient taiseuse. Vous dites : « Ma fille s’est assagie ». Je dis : je me réjouis qu’elle se soit assagie, le nouveau soleil l’a réchauffée et elle a commencé à penser, et si personne n’arrache cette fleur divine, elle peut acquérir certaines connaissances divines. Mais lorsque la jeune fille trouvera le soleil divin, viendra une vieille femme qui dérangera ce bouton floral, viendra une autre vieille femme qui en fera autant et les boutons se perdront un à un. Alors l’amour ne peut plus agir et lorsque le dernier bouton sera tombé la vieille femme dira : « Ce n’est rien, ce n’est rien, tu es comme nous à présent ; jadis nous étions semblables à toi, mais maintenant tu vivras comme nous ». Voici l’enseignement d’aujourd’hui. Aucune vieille femme n’est autorisée à abîmer ce bouton qui fleurit ; c’est un lieu sacré, personne ne peut toucher à cela, seuls les rayons divins toucheront chaque bouton floral jusqu’à ce qu’il fleurisse et accueille la lumière pour donner ce fruit que vous devez goûter tout seuls. C’est ce que Paul dit : « J’avais décidé de ne rien savoir des querelles qui éclatent ». On me demande par exemple : « Pourquoi parles-tu ainsi ? », c’est-à-dire à propos des procédés de transformation des énergies ; un tel l’a compris d’une façon, un autre s’est vexé parce que j’ai dit : « Il ne faut pas faire d’opérations ». Je parle en principe : là où la nature ne permet pas de faire d’opérations, n’en faites pas. Lorsque vous voulez faire une opération, interrogez la nature, si elle vous y autorise, faites-en une, là où elle ne l’autorise pas, personne n’a le droit d’en faire. La nature est le plus grand médecin et les médecins ne sont que ses assistants, ils doivent écouter le médecin en chef et s’il les autorise, ils peuvent faire des opérations ; je suis pour les opérations raisonnables et non pour les opérations insensées. Je dis pour chaque enseignement et chaque Église qui applique son enseignement : est-il en accord avec Dieu ? Si oui, appliquez-le. Avez-vous éprouvé cet enseignement ? « Mais il nous est légué par nos ancêtres. » L’avez-vous éprouvé ? Si quelqu’un a du blé, resté du temps de son grand-père, n’est-ce pas qu’il doit le semer pour l’essayer : l’apporter au moulin, le moudre et goûter la qualité de la farine. Tandis que nous le tenons comme une relique et quiconque vient, nous disons : « C’est un objet de commémoration, nous l’utiliserons comme porte-bonheur et nous le porterons sur le champ de bataille ; tant que le porte-bonheur nous accompagne, Dieu merci, il n’y a aucun danger », mais un jour la mort t’emporte malgré le porte-bonheur. Dites-moi, quel individu qui arbore un porte-bonheur n’a pas fini par mourir ? Le salut n’est pas dans cela. « J’avais décidé, dit Paul, de ne rien savoir d’autre que le Christ crucifié », le Christ qui apporte la vie, la joie, la gaîté dans l’âme, le Christ qui veut nous apprendre à vivre, à nous tenir. C’est un grand art de bien savoir se tenir, ce n’est pas simple de mener une vie fraternelle. Lorsque je dis : « Vivez en frères et en sœurs », ce n’est pas facile, c’est un enseignement ardu mais applicable, et s’il est appliqué un jour, nous aurons une société, un peuple, une humanité ; on vivra alors sous son figuier en disant : « Le Seigneur est bon, la vie vaut la peine d’être vécue ». Tandis qu’à présent, quiconque a vécu cinquante à soixante ans dira : « Je suis las de la vie, ne pouvons-nous pas rejoindre le Seigneur ? » Le fils n’est pas satisfait, n’est pas reconnaissant, pourquoi ? Parce que le père n’est pas riche. Et vice versa : le père est misérable et il est mécontent de ses fils. Tout le monde est mécontent car on perçoit la vie uniquement du point de vue matériel ; nous cherchons tout sauf le Christ crucifié, nous cherchons tout sauf l’amour, alors que c’est précisément l’amour que nous devons chercher. Lorsque je prône l’amour à présent, l’homme dit : « C’est ainsi que doit vivre ma femme » et la femme dit : « C’est ainsi que doit vivre mon mari ». N’appliquez pas cet Enseignement ainsi ; je prêche pour que vous vous disiez en écoutant : « C’est ainsi que moi je dois vivre ». Que l’homme dise en son for intérieur : « C’est ainsi que je vivrai désormais, je ferai cette expérience », que la femme dise : « C’est ainsi que je vivrai », le fils : « C’est ainsi que je vivrai », la fille, les amis, que tous disent : « C’est ainsi que je vivrai ». Mais nous ne devons pas récriminer contre les autres comme si nous étions dans le droit chemin et les autres dans le mauvais, non, non, nous devons clamer : « Je, je ». Nous devons être parfaits et nous serons parfaits seulement lorsque nous nous approprierons les méthodes de cet amour. Nous ne faisons que commencer l’étude des grandes méthodes de l’enseignement du Christ. Certains chrétiens ont acquis ces méthodes, mais ceux qui sont sur terre à présent ne doivent pas se tromper en disant : « Les saints hommes prieront pour nous ». Ils prieront même sans nos attentes, mais nous devons manger, étudier et travailler par nous-mêmes. Je demande : qu’avons-nous fait pour le Christ, qu’avons-nous fait pour nous-mêmes ? Avec cette bénédiction qui arrive dans le monde, c’est un péché, de laisser souffrir son âme ; c’est un péché d’affliger sa pensée, son cœur et son âme, de laisser s’atrophier sa volonté. Notre époque est propice et bénéfique à une nouvelle civilisation. Les conditions sur terre sont ardues, je le reconnais, mais vous vivrez dans ces conditions comme la plante vit et se transforme continuellement ; nous, les humains, nous vivrons aussi dans les pires conditions et nous réussirons à nous transformer. Je veux vous dire : mettez de la foi dans l’amour ! Le jour où vous croirez que l’amour peut tout faire pour vous, non l’amour d’aujourd’hui, mais cet amour que vous n’avez pas encore expérimenté ; vous avez seulement essayé ses préliminaires, son ombre, mais le jour où vous croirez en l’amour divin, une transformation grandiose s’opérera en vous, et vous direz comme l’aveugle : « J’étais aveugle autrefois et je ne voyais pas, mais maintenant j’ai recouvré la vue, cet amour a produit en moi ce à quoi j’aspire ». Je ne veux pas que vous soyez comme cet américain-là : deux individus, deux savants américains voyageaient en train. L’un était croyant et l’autre incroyant et les deux débattent : l’un démontre qu’il y a un Seigneur et l’autre démontre le contraire et ils donnent des arguments puissants pour montrer leur érudition. En passant sur un pont, celui-ci s’écroule et tous deux périssent noyés. Je demande : ont-ils résolu la question ? La question ne se résout pas de cette façon, lorsque nous débattons de la question de l’existence ou non de Dieu, nous ne devons pas être en train, mais à pied, sur nos jambes, c’est-à-dire demeurer dans notre vertu. L’un et l’autre doivent s’en tenir à la vertu, les deux doivent être sincères. Voici les traits distinctifs de l’amour que je prône : chaque parole doit avoir un unique sens. Lorsque je dis aimer, il faut bannir aimer plus ou aimer moins ; le mot aimer doit avoir un seul sens ; et lorsque je dis aimer, il faut être prêt à accomplir ce qui est déposé dans le mot amour, l’accomplir comme un fonctionnaire s’acquitte de sa mission ; et lorsque tu regardes un être, ton regard doit être entier, tu dois savoir que tu es sincère dans ton âme, honnête et sans arrière-pensée et prêt à rendre service ; voici ce que veut dire l’amour ; ce regard doit être pur comme un ciel d’azur, c’est cela l’amour. Le fait de serrer la main et toute autre civilité doit inspirer à tous la confiance dans le fait que nous suivons le Nouvel Enseignement de l’amour. Nous ne l’avons pas encore appliqué, mais je dis : ce sont les qualités requises. Lorsque nous appliquerons l’amour, nos visages rayonneront et nous serons satisfaits de nous-mêmes. Lorsque cet amour vous pénétrera, vous ressentirez une joie qui vous rendra puissants ; tous prononceront alors ces paroles : « Tout se fait grâce au Christ ». Quel Christ ? Non le Christ historique, non le Christ de chair, mais le Christ dans lequel demeurait l’Esprit Divin, l’Esprit de l’amour ; par cet Esprit d’amour nous pouvons tout accomplir et nous dirons alors comme Lui : « J’ai accompli ce pour quoi mon Père m’a envoyé, j’ai accompli Sa volonté ». Vous devez d’abord tous apprendre les méthodes de l’amour, l’étudier comme les savants contemporains étudient la lumière, sa manifestation et sa réfraction ; de la même façon nous devons commencer à étudier l’amour. Si nous parlons de l’amour aujourd’hui, beaucoup de contradictions naissent. Cet amour a pourtant un trait distinctif : lorsqu’il pénètrera nos cœurs, il nous rendra tous intelligents. Lorsque l’amour n’est pas appliqué comme il faut, il insuffle l’obscurité. Tandis que celui qui sert Dieu, t’aime, et s’il vient auprès de toi il va d’abord insuffler de la lumière dans ta pensée ; si la lumière est absente, il ne s’agit pas d’amour. Si vous étiez tous accordés comme je le dis, savez-vous quel aura rayonnerait ici ? Mais comme vos pensées, vos désirs sont loin de cela ! En sortant d’ici vous direz comme les Turcs : « Peut-être que oui, peut être que non », vous direz comme ce tzigane-là : « Dans ce vallon soit on trouve de l’eau, soit on n’en trouve pas ». Mais je l’affirme : dans ce vallon il y a de l’eau, il y a une riche source, allez et vérifiez, il y a une source remarquable, telle que vous n’en avez jamais vue, et lorsque vous boirez de cette source, toutes les maladies disparaîtront dans le monde. Et le Christ est une source semblable, il est une source grandiose qui s’écoule de Dieu, et il dit : « À celui qui a soif je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement.[4] ». Certains parmi vous ont déjà trouvé ce Christ ; écoutez-le, appliquez son Enseignement. Je ne dis pas que vous ne connaissez pas le Christ, mais je dis que vous n’avez pas appliqué l’Enseignement de votre Maître. Cela fait deux mille ans qu’Il est venu ; non que vous ne Le connaissiez pas, vous Le connaissez, Il vous a parlé, mais vous n’avez pas eu suffisamment de foi et d’intégrité pour appliquer Son Enseignement. Vous avez dit : « Maître, patiente un peu ! » Deux mille ans déjà que vous retardez l’échéance, et comme vient le dernier cycle de cette vie, le Christ dira : « Je ferme l’école », et alors ? Et Paul dit : « Car j’avais décidé de ne rien savoir parmi vous sauf le Christ, et le Christ crucifié ». Commencez à étudier l’Amour du point de vue scientifique, strictement scientifique ; appliquez toutes ses méthodes, et quant aux conditions négatives qui entravent son action, éliminez-les, et je vous dis que le Christ, votre Maître, vous aidera à condition que vous soyez prêts. Il y a de bonnes choses déposées en vous et vous pouvez réussir. Sofia, 23 avril 1922 [1] Genèse 1, 3 [2] Jean 15, 7 ; 14, 23 [3] 2 Corinthiens 8,9 « Vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus-Christ qui, pour vous, de riche qu'il était, s'est fait pauvre, pour vous enrichir de sa pauvreté. » [4] Apocalypse 21, 6
  8. Ne sois pas incrédule mais croyant « Puis il dit à Thomas : Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant. » Jean 20, 27[1] Nos contemporains demandent quel est le sens ou le but de la vie ; cette question n’est pas seulement l’apanage de la culture contemporaine, des philosophes et des religieux contemporains, chaque individu se la pose et chacun apporte une réponse, bonne ou mauvaise. Que demande l’affamé qui approche d’une table ? Il demande ce qu’il y a à manger, est-ce du pain ou un autre mets, est-ce bien cuisiné et est-ce agréable au palais : voilà ce qui lui importe, sa philosophie ne va pas plus loin. Lorsque quelqu’un se rend à un concert, il veut savoir les morceaux qui seront joués, s’ils seront bien exécutés et s’ils lui plairont ; lorsqu’un prêtre va à l’église, il veut savoir comment il s’acquittera de son travail, si les fidèles seront satisfaits et s’ils l’écouteront ce jour-là, car ce service n’est qu’une partie de sa mission ; lorsque l’étudiant va à l’école, il se demande s’il pourra s’instruire et décrocher son diplôme. Maintenant, le monde chrétien contemporain se pose une question, il se pose plus de questions que les païens et les incroyants, il veut montrer qu’il a une philosophie qui repose sur un meilleur fondement, mais les résultats des croyants et des incroyants sont les mêmes et je vais vous le démontrer. Quelqu’un ne croit pas en Dieu, mais il se conforme aux lois de son pays : il agit selon les lois et prête de l’argent avec intérêts ; un autre croit en Dieu et prête aussi de l’argent avec intérêts, à cette différence que le croyant dira : « Je crois, et mon taux d’intérêt est plus bas d’un sou », ainsi toute sa bonté se résume à ce sou en moins. L’incroyant que tu vexes, te houspillera, et si tu le gifles, il te giflera deux fois en retour ; le croyant te giflera une seule fois et te dira : « Sois reconnaissant que je ne t’ai pas giflé deux fois ». La différence est qu’il ne t’a pas giflé deux fois, mais qu’il pratique simplement : « œil pour œil, dent pour dent ». Parlons maintenant de la vérité : les gens du monde aiment arranger un peu la vérité ; les religieux aussi, et ils disent de surcroît : « Nous n’avons nullement l’intention de mentir ! » Oui, je crois que vous n’avez pas l’intention de mentir, mais vous utilisez une monnaie d’échange truquée, pourquoi ? « On nous l’a donnée, nous devons la faire circuler. » Les religieux ont les poches pleines de fausse monnaie et disent : « On nous l’a donnée, nous allons la faire passer d’une manière ou d’une autre ». Et les gens veulent maintenant trouver la vérité ? On ne peut pas trouver la vérité de cette façon, pour la trouver nous devons d’abord savoir quelles qualités elle nous apportera, quelles qualités nous prendrons et ce que nous lui rendrons : lorsque nous accueillons la vérité, il y a un échange entre nous et la vérité. Lorsque nous accueillons l’amour, il y a aussi un échange ; lorsque nous trouvons Dieu, il y a aussi un échange. Il y a maintenant une philosophie substantielle, une distinction intérieure que chaque croyant doit faire : l’idéal, l’immuable, le permanent doit être toujours loin de nous, nous ne devons l’atteindre ni avec nos mains ni par notre pensée, car nous abîmons chaque chose que nous touchons de nos mains ; soyez assurés que de même nous abîmons aussi chaque chose que nous pouvons toucher par notre pensée. Les choses matérielles ne s’abîment pas par la pensée, mais par les mains ; en revanche une multitude de formes s’abîment par la pensée. Si vous vous réchauffez au soleil il n’y a pas de danger, le soleil n’a jamais causé de mal à personne, mais si vous avez la lumière du soleil concentrée dans une bougie, vous pouvez causer mille catastrophes avec elle ; vous pouvez lire un beau livre à la lumière de la bougie, mais vous pouvez aussi incendier une ville entière, cent granges et des milliers de maisons. Quand certains disent : « Pourvu que j’aie la lumière du soleil », de quel soleil parlent-ils, de celui qui allume les incendies ? Et comment ? De près ou de loin ? À mon avis, tous ceux qui portent une bougie – qui portent la lumière du soleil de près – sont dangereux. C’est ma conclusion, ce sont mes déductions, basées sur une grande loi intérieure. Je ne vous demande pas de les accepter, c’est la vie qui est ainsi ; vous pouvez incendier une grange avec la bougie, mais avec le soleil vous ne pouvez mettre le feu à aucune grange. Ainsi, si la lumière divine prédomine dans nos pensées, nous ne pouvons causer aucun mal avec cette lumière, mais si cette lumière est concentrée dans notre pensée et a été transmise en nous par quelqu’un d’autre, cette lumière est dangereuse ; cette lumière est inoffensive tant qu’elle n’est pas passée par nous, et c’est pourquoi nous devons être très vigilants ; si tu mets la bougie au sol et que tu t’endormes en lisant, et si le plancher est fait de lattes de bois, elle peut te brûler toi-aussi. Lorsque je dis que la pensée humaine peut tout brûler, j’entends que son plancher est fait de lattes de bois et que la bougie qui tombe met le feu à toute la maison et la brûle. Arrêtons-nous sur le verset 27 du chapitre lu : « Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant ». Donc, celui qui veut éprouver quelque chose doit avoir de la volonté. « Avance ton doigt. » La main est l’expression de la volonté humaine ; cette volonté doit être bien formée et tous les doigts doivent lui obéir, car si ton doigt n’obéissait pas à ta volonté, comment avancerais-tu ta main, comment avancerais-tu ton doigt ? Et alors comment éprouverais-tu les choses ? Le monde moderne célèbre la tranquillité, la paix et l’absence d’agitation, c’est-à-dire que nous tendons vers une vie de tranquillité perpétuelle, et c’est pourquoi beaucoup de tissus dans notre cerveau sont atrophiés car inactifs ; beaucoup d’organes de notre corps sont aussi restés inactifs et c’est pourquoi il y a chez nous quelque chose d’anormal ; par exemple nous ne sommes pas capables de formuler une pensée juste. Tu veux exprimer une pensée juste, mais tu te dis : « Cela me coûte » et tu t’arrêtes ; puis en l’exprimant, tu réfléchis : « Il faut que je lise tel auteur pour comprendre », mais cet auteur te renvoie vers un autre ; vous prenez un auteur, un deuxième, un troisième, ils vous éclairent un peu, mais ils vous disent finalement : « Il y a quelque chose que nous ignorons ». Et ce que nous ignorons, c’est nous-mêmes, nous ne nous connaissons pas nous-mêmes. Nous ressemblons dans ce cas à ces deux Bulgares d’autrefois dont la légende dit qu’ils s’étaient enrôlés dans l’armée aux temps des romains. Ils étaient jeunes, mais après avoir été longtemps absents, plus de quarante ans, ils avaient une barbe et des moustaches très longues. En se voyant un jour dans un miroir ils n’ont pas pu se reconnaître et se sont demandé : « Est-ce nous ? Nous allons le vérifier en retournant auprès de nos femmes ». Ils se sont rendus chez leurs femmes et les ont interrogées : « Est-ce que vos maris étaient barbus et moustachus ? – Non, nos maris étaient jeunes et imberbes. – Alors ce n’est pas nous. » Quelqu’un revient maintenant barbu et moustachu et il demande : « Dis-moi d’où je reviens ! » Je dis : tu reviens des légions romains, du front ; rase-toi les moustaches, enlève ta barbe ! Mais quand même quelque chose d’autre a changé, les mains ont durci, le visage n’est plus aussi lisse et du coup les femmes disent : « Ce ne sont pas nos maris, les nôtres étaient jeunes et ceux-ci sont vieux ». Alors comment reconnaître la vérité ? Le Christ dit : « Avance ton doigt ici ! Mets-le dans mon côté ! Regarde mes mains ! D’abord regarde mes mains ! » Maintenant, nous les contemporains, lorsque nous nous croisons, nous disons : « Tendons-nous la main ». Puis nous nous demandons : « Comment vont ton père, ta mère ? » Après s’être serrés la main, nous nous présentons, et en mettant le doigt dans cette plaie, nous ne faisons attention à rien et nous ne nous connaissons toujours pas. Par exemple, nous ne faisons pas attention à la main tendue de notre interlocuteur pour voir comment elle est. « Mais se serrer la main est une coutume », dites-vous. Lorsque tu toucheras cet individu, tu verras si sa main est dure ou douce, chaude ou froide, humide ou sèche : ce sont les caractéristiques de l’individu. Alors que tu réponds à ceux qui te demandent : « Comment était sa main ? – Je ne sais pas, je lui ai simplement serré la main. » Tu ne peux pas le reconnaître ainsi. Tu mettras la main dans cette plaie pour le reconnaître. Demande-lui : « Qui es-tu ? – Je suis celui-ci. – Qui ? – Celui qui était là-haut sur la croix. – Ah bon, il y a un peu de sang dans cette plaie. » J’entends ici la loi qui stipule que boire le sang de l’homme insuffle la force, n’est-ce pas ? Le Christ n’a-t-il pas dit à un endroit dans les Écritures : « Si vous ne buvez pas mon sang et ne mangez pas ma chair, vous n’aurez pas la vie éternelle [2]». Si le Christ venait aujourd’hui pour redire la même chose, on l’enfermerait dans une asile et nos psychiatres auraient un avis lapidaire sur notre vision des choses ; tandis qu’on ne réfléchit pas aux médecins qui prélèvent le sang des patients avec leurs seringues. « Avance ton doigt ici, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant », c’est-à-dire mets ta main auprès de mon cœur. Les mots importants ici sont les mots incrédule et croyant. Il y a deux sortes d’ignorance ou d’incroyance, il y a aussi deux sortes de croyances : tu peux croire dans le bien et ne pas croire dans le mal, mais tu peux aussi croire dans le mal et ne pas croire dans le bien. Donc si je te persuade maintenant de ne pas croire dans le mal, alors l’incroyance est positive ; si quelqu’un te convainc de ne pas croire dans le bien, mais d’avoir une incroyance pour le bien et la foi dans le mal, cette foi est négative. Donc certains disent de croire ou de ne pas croire : cela dépend, quelquefois l’incroyance est utile et la foi nocive, mais parfois la foi est utile et l’incroyance nocive ; ce sont encore mes propres déductions, mes arguments. Je ne fais pas de différence entre la foi et l’incroyance, c’est le préfixe in qui importe, c’est un élément qui porte en soi l’acide, donc, quand on extrait de l’incroyance son acide – in – tous les autres éléments sont alors à leur place ; lorsque tu extrais le in de l’incroyance, elle devient inoffensive, mais lorsque tu mets le in, elle redevient redoutable. Nous disons toujours « Non, oui ». Pourquoi dire non ne sous-entend pas un oui et pourquoi dire oui ne sous-entend pas non ? Parce que les vibrations du non traduisent des caractéristiques entièrement négatives ; le mot non symbolise deux grandeurs opposées, deux vérités opposées qu’il faut rassembler en un seul lieu, ou bien en une seule pensée afin de passer d’un état à un autre et concilier ces deux vérités contradictoires qui n’ont aucun point d’adhérence ; non signifie deux rivages entre lesquels coule de l’eau, et celui qui ne sait pas nager se noiera forcément dans cette rivière, et c’est pourquoi il faut un pont. Ceux qui s’occupent de pensées négatives doivent être bien portants et avoir des esprits lumineux. Maintenant le Christ dit : « Ne sois pas incrédule, mais croyant après avoir mené ton expérience ». Il faut donc mener une expérience. Je veux faire une mise au point dans la causerie d’aujourd’hui. Beaucoup s’arrêtent et disent : « Ce sont des sornettes qui sont prêchées ici ». Des sornettes ? Si je semais mon blé dans le champ selon cet enseignement qui serait « idiot » et que le blé pousse et donne de grandes gerbes avec une centaine de graines chacune et si le blé planté selon votre « bel » enseignement donne une gerbe de cinq centimètres de haut avec une vingtaine de graines seulement, je demande alors, du point de vue purement économique, qui a raison ? Mais quelqu’un dira : « Notre gerbe donne une vingtaine de graines, mais elles sont belles, pleines, et les vôtres sont chétives ». Bien, d’accord pour mener aussi cette expérience : nous ferons du pain et nous nourrirons avec les malades, les faibles, et nous verrons quel pain guérira plus vite les gens, nous soumettrons ceci à l’épreuve. Si leur pain guérit les gens plus rapidement, ils sont du bon côté : nous reconnaîtrons ainsi la droiture de leur enseignement, mais si notre pain guérit les pauvres plus vite, nous sommes du bon côté : c’est ainsi que se pose la question. Nous le vérifierons sans nous laisser guider par des croyances, il n’y a pas de croyances chez nous. Le Christ dit : « Avance ton doigt dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant ». Après avoir mené l’expérience, sois croyant et ne nourris plus ton incrédulité. On nous dit maintenant du camp d’en face : « Croyez ce que les saints pères ont écrit ». Nous appellerons les saints pères, nous avancerons notre doigt dans leurs plaies et alors nous croirons ; il est temps que tous les saints pères et apôtres viennent dans ce monde et témoignent de la vérité comme le Christ en a témoigné ; et tous ceux parmi nous qui s’avèrent être chrétiens, qu’ils viennent avancer leur doigt pour témoigner. Si un Thomas incrédule venait vous demander : « Crois-tu dans le Christ ? » … non, c’est une question subsidiaire, il doit vous demander : « Est-ce que dans ton âme vit l’esprit divin, et est-ce que l’amour divin se manifeste à travers toi ? » Qu’est-ce que tu expliqueras à cet homme ? Tu lui diras : « Avance ton doigt ici, tu me reconnaîtras par mes mains et mon côté ! » Il y a une légende, elle est de moi et n’est pas vérifiée et vous l’entendrez pour la première fois. Vous direz : « Qu’est-ce que cela doit être ! Une légende extraordinaire ? » Elle est très simple, la voici. Une étrangère, une pauvre femme a longtemps cherché le Christ pour être guérie, mais elle n’a pas pu Le trouver. Lorsqu’on Le clouait sur la croix, elle en a entendu parler et s’est rendu à cet endroit en se lamentant qu’il soit trop tard, et qu’elle ne serait pas guérie. En la voyant le Christ a prié les soldats de lui libérer une main, il l’a posée sur la femme et l’a guérie en disant : « Va et vis d’après la foi et l’amour ». Vous êtes capables de tout faire à présent, mais pas une telle chose n’est-ce pas ? Tous les jours les faits témoignent en votre défaveur. Vous êtes malades, vous avez cherché le Christ longtemps, vous l’avez trouvé, mais il vous dit : « Ne vois-tu pas que je suis cloué sur la croix et que je souffre depuis longtemps ». Non, vous direz aux soldats : « Libérez ma main ! » Vous direz : « Avance ton doigt dans mon côté pour reconnaître que je suis à l’image du Christ ». Il y a une grande philosophie là-dedans. Lorsque vous commencerez à comprendre la vie aussi intelligemment, alors seulement le monde chrétien contemporain se transformera, les cœurs et les esprits des gens se transformeront ; cela est impossible avec les croyances et les procédés d’aujourd’hui. Je lis une brochure des évangélistes : elle explique en quoi consiste la vérité de l’enseignement du Christ. Après l’avoir lue, je dis : ils ont tout dit sauf la vérité ; ils n’ont pas dit : « Libérez ma main pour guérir cette femme malade ». On y relate les persécutions des croyants, la persécution de l’Église ; j’entends bien, mais qui n’est pas persécuté dans le monde d’aujourd’hui ? Nous n’avons pas à nous vanter, car certains matérialistes ont plus souffert que les religieux. Combien de personnes se trouvent en prison et souffrent comme je souffre. En quoi pouvons-nous nous distinguer ? Par le fait d’être emprisonné au nom du Christ ? C’est une question : es-tu emprisonné au nom du Christ ? Et si tu es cloué sur la croix et si tu demandes aux soldats de te libérer une main pour guérir la femme, et puis tu remets ta main sur la croix pour endurer tes souffrances jusqu’au bout, c’est que tu es bien emprisonné au nom du Christ. Nous les contemporains – je me mets avec vous car si je disais vous, vous diriez : « et toi alors ? », donc nous, nous les contemporains n’avons pas cette probité en nous, nous voulons que le Seigneur descende parmi nous. Et les évangélistes chantent : un ange vient, prend une âme, l’embrasse et la porte dans ses bras là-haut au Ciel. Mais savez-vous quelle est cette âme que l’ange porte là-haut au Ciel ? C’est une âme souffrante qui a lavé ses péchés par les souffrances ; l’ange ne porte que des âmes pures, des âmes comme celle-ci, alors que les âmes impures et pécheresses restent depuis des milliers de siècles comme des vers dans la terre, et l’ange vient et leur dit : « Tu n’es pas pure, je ne peux pas t’emmener au Ciel ». « Ah, s’il y avait un ange pour m’étreindre ! » Oui, mais tu dois aussi avoir la pureté, tu dois avoir des mains pour étreindre cet ange ; les anges ont goûté de nos procédés. Savez-vous dans quelle situation nous sommes ? Dans celle du charmeur de serpents qui faisait souvent des expériences avec un boa : il l’incitait à s’enrouler autour de lui puis lui ordonnait de le relâcher. Un jour le boa s’est enroulé autour de lui et lorsqu’il lui a demandé de le relâcher celui-ci n’a pas obéi, mais il l’a serré si fort que tous ses os se sont brisés. Nous aussi, nous brisons beaucoup d’os au nom de l’amour. J’ai éprouvé les humains, je les connais maintenant, et lorsque je les croise je sais de quel bois ils sont faits, rien ne peut me tromper ; j’ai éprouvé les hommes et les femmes, j’ai éprouvé toutes les choses amères et je vois des milliers de crimes commis au nom de Dieu. Aucun ange ne peut se laisser berner. Je dis : « Si tu veux m’éprouver, nul besoin de me toucher. Si tu veux du sang, je t’en donnerai autant que tu veux ». Tu hourdis un crime, il vaut mieux l’avouer plutôt que de commettre deux crimes. Tu veux me dévorer ? Dis-le au lieu de chercher à dissimuler ton intention ; mais me dire que tu ne me mangeras pas et me manger ensuite, ce sont deux crimes qui ne se pardonnent jamais. Lorsque tu seras mangé à ton tour et que tu passeras de l’autre côté, le Seigneur te dira : « Je te pardonne à présent ». Alors tous les deux, celui qui t’a mangé et toi qui as été mangé, tels deux commerçants en faillite vous recommencerez à vivre de nouveau. Lorsque tu commets un mal, il vaut mieux l’avouer, alors le Seigneur te pardonnera ; alors que nos contemporains ont mangé cent personnes et veulent être pardonnés par le Seigneur, ils veulent être pardonnés par le Christ. Le Christ est un amour éternel, il ne pardonne pas, il dit : « Condamnez ce frère à être mangé ». Les chrétiens d’antan, n’étaient-ils pas dévorés par des fauves, des lions ? Quelles souffrances ont-ils enduré pour avoir été pécheurs ! Le Christ leur a dit : « Comment voulez-vous expier vos péchés ? » Des fauves les ont dévorés, c’est terrible, mais ces saints hommes ont mérité ces souffrances et ont donné un bon exemple : ils disaient que chacun portera les conséquences de ses actes ; c’est ainsi qu’ils ont liquidé leur karma. En revanche, nous prônons un Enseignement d’amour. Et je dis : « Je prône l’amour ». Pour qui ? Non pour ceux pour qui il y a de l’amour, mais pour ceux pour qui il n’y a pas d’amour dans le monde, qui sont en dysharmonie par rapport à lui. Il n’y a pas de force plus redoutable que l’amour lorsque tu es en dysharmonie avec lui. Donc la vie dans le monde n’est rien d’autre que toujours agir dans la direction de nos aspirations et de nos objectifs, et alors nous n’allons pas contrarier nos propres efforts. Mais lorsqu’en nous des aspirations diffèrent et sont diamétralement opposées, il y aura alors de la violence, de la lutte : le premier jour on mentira, le deuxième jour on mentira encore, on n’exprimera pas la vérité. Lorsque deux chrétiens ne peuvent pas s’entendre à cause de Dieu, c’est que leurs aspirations diffèrent. Lorsque deux personnes ne peuvent pas s’entendre, leurs objectifs sont différents, le Seigneur n’est pas auprès d’eux, leur Seigneur est l’égoïsme sacralisé. Les Églises catholiques et évangéliques ne peuvent pas se concilier. Le peuple se concilie, mais les prêtres, les sacristains qui mènent la papauté ne peuvent pas se concilier. Un prêtre évangélique n’a pas été admis à officier dans une église orthodoxe car il fallait l’ordonner ; et un prêtre orthodoxe s’il se rend dans une église évangélique pour officier ne sera pas admis car il doit passer par la même procédure. Je n’ai rien contre, mais je dis que tout s’est matérialisé : le Christ se manifeste dans les croix en or, les habits en or, tout l’intérieur est sorti à l’extérieur : tenues, croix, reliques, tout est en or. Si vous vous rendez dans une église évangélique, elle est toute revêtue des versets de la Bible, mais si vous regardez dans les cœurs des fidèles, les versets n’y sont pas. On dit : « Crois-tu en la croix d’or ? – J’y crois, et comment ! – Cette croix est en or, sais-tu combien elle coûte ? – Je sais, elle peut m’assurer pendant six mois au moins. » Bien, venez chez moi sans cette croix en or ! Viens chez moi et dis-moi : « Crois-tu ? – Pourquoi croire en toi, peux-tu être ma caution ? – Non. – Alors je ne crois pas. » Nous les chrétiens modernes, nous voulons appliquer ce que le Christ a voulu dire. Il voulait dire la chose suivante : « Il y a dans le monde un objectif unique : que les humains s’approchent de Dieu dont émane l’Esprit qui donne la vie » ; et ce Dieu est amour et cet amour contient en lui toutes les méthodes, tous les moyens, toutes les conditions permettant à l’âme de se développer pour être heureuse et joyeuse. Donc le Christ dit : « Seul l’amour contient en lui toute cette science grandiose qui rend heureux et aimant ». Lorsque je dis « aimant », vous rétorquez : « Comme si nous ne connaissions pas l’amour et le besoin de nous aimer ? » Vous ne le connaissez pas, vous devez apprendre à aimer. Il faut des méthodes. Je dis : comment aimeras-tu l’être humain, lui as-tu appris à ne pas mentir ? Nous disons aux enfants : « Tu ne mentiras pas » et on se cantonne à cela, « Tu ne voleras pas » et on se cantonne à cela, mais comment ne pas voler et ne pas mentir ? Il faut apprendre les méthodes. Nous disons : « Aimons-nous. – Comment ? » Vous demandez comment ? Bon, voilà ce qu’exige l’amour : admettons que je suis un écrivain ou un prédicateur, ma vie est bien réglée, ma maison est bien meublée, mon lit est confortable, je veux y dormir seul, avec personne à côté et que nos fluides ne se mélangent pas pour ne pas perdre ma force, et je dis : « Personne ne peut entrer dans ma chambre ». Je prône alors un amour égoïste : c’est l’ancien enseignement. Eh bien, une sœur qui croit à l’ancien enseignement est arrivée à la gare, venant de quelque part, et personne ne l’accueille, dehors il pleut, il neige, et elle frappe à ma porte ; si je dis : « Ne me dérange pas, viens demain car j’ai un thème important à préparer, un prêche pour demain », est-ce une preuve d’amour ? Je vais laisser ma causerie de côté et tout le reste, je vais l’accueillir, je vais chauffer de l’eau, je la nourrirai, je lui cèderai mon lit et moi, je resterai à veiller et je dirai : « Sœur, ce n’est rien, je me réjouis : tu n’es pas venue depuis tant d’années, je t’ai trouvée maintenant, tu étais perdue ». Et je lui donnerai des chaussures, des vêtements pour se changer et si une instruction lui est nécessaire, je l’enverrai à l’école. Vous direz : « Pouvons-nous faire tout cela ? » Nous le pouvons, nous le pouvons, c’est le Nouvel Enseignement, c’est l’Enseignement que prône le Christ. Vous dites : « Seules les mères peuvent agir de la sorte envers leurs propres enfants ». Je vois beaucoup de mères qui n’agissent pas ainsi. Une mère nourrit sa fille et puis elle dit : « Écoute, tu dois bien te nourrir pour plaire », puis elle tâchera de faire venir un candidat pour la marier. Celui-ci examinera si elle est bien portante, bien nourrie, si elle peut cuisiner, si elle dispose d’argent et de ceci et de cela ; il enverra enfin des marieurs pour conclure le mariage. Ils se marient, mais tu la vois revenir deux ou trois mois après, malheureuse, auprès de sa mère qui dit : « Elle est ingérable ». Lorsqu’une mère enfante une fille, ce n’est pas pour la marier, comprenez-vous ? Selon l’enseignement du Christ, elle enfante une fille pour lui apprendre à aimer le Seigneur, à accomplir la volonté divine, et seul le Seigneur marie les gens dans le monde : ni les évêques ni les prêtres n’en ont le droit ; personne ne peut marier sa fille sauf Celui qui l’a envoyée sur terre, Lui seul a ce droit, c’est ce qui est dit dans le Nouvel Enseignement. En conséquence, les souffrances surgissent lorsque nous commettons des crimes non autorisés par Dieu. Nous marions et séparons constamment, mais nous n’en avons pas le droit ; nous avons seulement le droit d’agréer ce que Dieu a prévu. Lorsque le Christ dit à Thomas : « Avance ton doigt dans mes mains, viens mettre ta main dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant, et sache que je suis celui qui a souffert là-haut sur la croix ». Pour qui ? Pour tous ceux qui ne croyaient pas. Les chrétiens d’autrefois qui sont partis au Ciel sont sortis d’affaire et pensent comme nous, mais ceux qui sont sur terre ne sont pas encore sortis d’affaire. Vous aussi, vous vous en sortirez. Je ne parle pas spécialement pour vous, certains parmi vous sont sortis d’affaire, pour d’autres il manque un petit pas, un petit quelque chose. Vous êtes assis et vous dites : « Par quel moyen accomplit-on la volonté divine ? » Vous attendez et vous vous dites : « Je ne suis pas disposé ». Non, la volonté divine ne s’accomplit pas seulement dans la bonne disposition : bien disposé ou mal disposé, on doit accomplir la volonté divine. Vous dites : « Je ne peux pas faire le bien car je ne le ressens pas dans mon âme ». Eh bien, que fait le loup quand il ressent quelque chose ? Il attrape la brebis et la dévore. Lorsque nous avons un sentiment, ce n’est pas forcément le signe qu’il faut faire quelque chose ; et si en revanche nous avons une indisposition, ce n’est pas le signe qu’il ne faut rien faire. Parfois l’indisposition est négative ; quelqu’un dit : « Je ne suis pas disposé à dire la vérité ». C’est précisément lorsque tu n’es pas disposé à dire la vérité qu’il faut la dire, l’exprimer. On dit : « Je ne peux pas aimer, ce n’est pas dans ma nature, je suis quelqu’un qui pense ». Précisément, l’amour passe par la pensée, celui qui pense doit aimer ; si tu penses sans aimer, je dirai que tu ne fais pas partie des plus intelligents, tu ne penses pas. L’argument ultime sur ce point est Dieu, l’Être le plus intelligent qui soit, qui a engendré toutes les autres créatures, est réputé être Dieu de l’amour, car Il aime le plus ; donc la chose la plus grandiose, la plus sage au monde est l’amour. Et malgré cela nous disons : « Je suis un être intelligent qui n’a pas à aimer ! » Pardonnez-moi, je vous dirai que vous n’êtes pas intelligents, que vous n’avez aucune sagacité. Celui qui a créé les mondes, qui a tout fait est un Dieu de l’amour ; Il a accompli tous les sacrifices, tandis que toi, un pygmée, tu dis ne pas pouvoir aimer avec ton intelligence, pourquoi ? Parce que tu serais trop intelligent ? L’évêque ne pourrait pas aimer, pourquoi ? Il se tiendrait trop haut et ne pourrait pas redescendre ! Oui, tu es un évêque, un grand homme qui ne peut pas aimer. Le Très Haut est descendu du Ciel et s’est incarné sur terre, Il a été crucifié comme un esclave, tandis que toi, tel un évêque, tel un seigneur, tu agites les mains et tu clames que tu ne peux pas t’occuper de futilités ? Ce n’est pas juste, il n’y a ici aucune philosophie. C’est autre chose si tu es incapable d’aimer : cet enseignement appartient au côté gauche. « Avance ton doigt dans la plaie ! » Où ? Dans la volonté divine, dans le cœur divin, pour comprendre que Dieu est amour, pour voir Ses mains qui ont souffert, et toucher Son côté qui a souffert à cause de l’amour. Quelqu’un dit : « Je m’enthousiasme de cet amour ». Pourquoi j’ai ces plaies sur les mains ? Parce que je me suis enthousiasmé de cet amour. Nous disons : « Comme le Christ est grand ! » Oui, enthousiasme-toi de cet amour ; oui, nous devons être grands dans l’amour. En quoi pouvons-nous être grands ? Nous ne pouvons pas être grands en intelligence, mais en cœur et en âme. On relate l’histoire d’un roi antique Ida-Mouri et de son fils, très instruit et très doué. Le fils a entamé l’écriture d’un grand livre sur la vie : pourquoi les hommes et les femmes sont créés et quelle est leur prédestination. Selon la coutume de ce royaume, le père qui a marié son fils, lui a donné une bougie pour s’éclairer pendant de longues années, mais l’homme et la femme devaient utiliser la même bougie. Un mois après son mariage, le fils du roi a allumé cette bougie et a ouvert son livre pour en lire le début à sa bien-aimée, mais il a vu un passage inachevé et a voulu le terminer. Pendant ce temps, une invitée de sa femme est apparue, celle-ci est entrée dans sa chambre, a pris la bougie, et a laissé son mari dans le noir. Cette invitée avait apporté son propre livre qu’elle s’est mise à lire. Une heure, deux heures se sont écoulées sans qu’elles ramènent la bougie. Le fils du roi a été très peiné au point de pleurer. Une amie d’enfance s’est rendue chez lui en lui demandant : « Pourquoi pleures-tu ? – Je n’ai pas de bougie, je ne peux finir d’écrire ce que je veux dans l’obscurité. – Où est ta bougie ? – Chez ma femme, elle discute avec son amie. » Comprenez-vous à présent à quoi aboutit cette philosophie ? Le Seigneur a donné une bougie à l’homme et à la femme. Il y a maintenant une lutte entre les hommes et les femmes dans le monde. Le bougeoir est unique, mais si les femmes le prennent et vont dans leur chambre, l’homme reste dans le noir ; si les hommes prennent le bougeoir et vont dans leur chambre, les femmes restent dans le noir. Jusqu’à présent ce bougeoir allait tantôt dans la chambre de l’homme, tantôt dans la chambre de la femme : lorsqu’il est chez les hommes, ils sont inspirés, éduqués et ils griffonnent, ils griffonnent ; mais lorsque les femmes le prennent, elles écrivent à leur tour et se montrent éduquées. À l’avenir les hommes et les femmes mettront une bougie sur une table dans une même pièce et écriront ensemble et reliront ce qu’ils ont écrit. Par conséquent le Christ est descendu sur terre et a dit à Thomas et à sa femme : « Avance ton doigt dans mes mains, mets les mains dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant. » – Thomas avait une femme car le Christ ne recevait ni un homme sans sa femme ni une femme sans son mari – Quand il a appelé Thomas, il lui a dit : « Avance ton doigt ! Crois-tu ? – Je crois. » Soyez assurés qu’il y a une seule bougie allumée par l’amour divin, il n’y en a aucune autre. Donc vous tous, mes frères, vous devez allumer cette bougie avec le grand amour divin, mais qu’elle soit près de vous. Hommes et femmes, vous devez lire ce livre sacré, mais vous devez le lire uniquement à la bougie allumée par l’amour, et alors vous le comprendrez ; le sens profond de chaque mot s’épanouira comme chaque grain de blé et comme chaque fleur, et alors vous verrez ce monde sublime. Le Christ se tourne vers ces hommes et ces femmes et il dit : « Venez, vous, incrédules ! » Je vous dis aussi maintenant : aujourd’hui le Christ vous convie, hommes et femmes ; n’est-ce pas vous voulez servir l’enseignement du Christ, c’est-à-dire ôter la main de la croix pour guérir la femme et puis être de nouveaux crucifiés ? Avancez votre doigt dans ses mains et qu’Il vous demande : « Es-tu prêt désormais à vivre par amour avec ta bienaimée ? – Je suis prêt, Seigneur. – Appelle ta femme, que ta bienaimée vienne ! Avance ton doigt dans mon cœur. Es-tu prête désormais à vivre dans ce grand amour divin ? – Je suis prête. – Soyez bénis par moi, allez et prêchez ce Nouvel Enseignement et portez cette bougie pour que tous puissent venir grâce à elle jusqu’à la véritable connaissance de l’amour divin ! » Maintenant vous vous enthousiasmez, mais cet enthousiasme ne me réjouit pas. Lorsque le riche donne de sa fortune, cela ne m’impressionne pas le moins du monde, mais lorsque le pauvre qui a pris sa binette et se rend au travail s’arrête en me voyant et vient aussitôt me rendre service, cela m’impressionne : nous devons justement être comme lui. J’ai souvent vu de simples ouvriers : ils ont pris leurs outils et se rendent au travail, mais ils s’interrompent pour aller parler avec quelqu’un, lui rendre service, perdant ainsi plusieurs heures. Le riche se dit : « Mon temps est précieux » alors que le temps du monde n’est créé que pour Dieu ; cinq minutes passées en amour valent mieux que mille ans sans lui, et plus que n’importe quelle autre chose dans la vie ; comprenez-vous que cinq minutes passées dans l’amour divin valent mille ans, êtes-vous donc prêts à passer ces cinq minutes dans l’amour ? Je préfèrerais passer cinq minutes dans l’amour divin plutôt que d’être couronné roi et recevoir la fortune du monde entier. À quoi bon cette fortune, à quoi bon cette couronne ? Que ferais-je en tant que roi ? Je pendrais des milliers de personnes ; que ferais-je si j’étais plus riche ? Je violenterais cent ou deux cents personnes et je partirai de l’autre côté en pécheur. Si je passais cinq minutes dans l’amour divin, je cèderais mon lit à mon frère, il se lèverait rasséréné, frais et dirait en me voyant : « Je crois, Seigneur, en Ton cœur, en Tes mains, en Ton Amour, car Tu le prouves par Tes œuvres ». Vous vous dites à présent : « Où est le Christ ? Qu’il apparaisse maintenant ! » S’il apparaissait là, entouré d’anges, il y aurait un tel remue-ménage et vous croiriez, comment ne croiriez-vous pas ! Vous diriez : « On nous jettera en prison ». Le Christ n’agira pas de la sorte, et s’il s’agit de prisons, le Christ a ici ses anges et ses lois, ce sont eux qui s’acquitteront de leur mission et vous mettront en prison ; mais s’Il veut montrer le Nouvel enseignement, le Christ n’apparaîtra pas avec des anges, avec une couronne, mais Il sera crucifié, Il ôtera sa main de la croix et dira : « Viens plus près ! » Il tendra sa main d’en haut et puis la relèvera. Si tu comprends le sens de cet amour, tu partiras. Où cela ? Sur le droit chemin. J’appelle droit chemin, le chemin de l’amour divin ; ce chemin est intérieur. Vous direz : « Ah, non, il est en haut ! » Il est intérieur, ce chemin est intérieur. Lorsque nous le trouverons, il donne la plus grande paix, la plus grande joie qu’il nous soit donné de ressentir. Et je vous dis maintenant à tous quel chemin emprunter. Vous dites : « Qu’enseignez-vous au juste ? » En résumé, j’enseigne la chose suivante : que tous les êtres doivent avoir une bougie allumée par l’amour divin ; cette bougie doit être placée si haut qu’elle vous éclaire tous, sans la toucher, sans toucher sa mèche ni savoir de quelle substance elle est faite. Elle doit éclairer et nous devons nous en réjouir. Nous pouvons prêcher à la lumière d’une telle bougie, tandis que les bougies que chacun peut porter et qui peuvent mettre le feu aux granges ne sont pas des bougies divines, ce sont des bougies fabriquées par vos pensées. Par conséquent l’amour divin vous convie tous à cet enseignement robuste. Lorsque nous l’appliquerons, nous serons tous bien portants, alors que maintenant nous sommes en danger. Je ne me fais aucune illusion, je vois que lorsque je prêche aux gens, beaucoup souffrent, ne comprennent pas l’Enseignement et ne font que s’enthousiasmer. En premier lieu ta pensée doit être à sa place, et l’amour divin doit passer par ta pensée ; s’il passe à l’extérieur en la contournant, tu es sur un chemin périlleux ; l’amour divin doit traverser la pensée humaine et se manifester grâce à elle. Si Dieu, l’Être le plus grandiose, le plus intelligent dit qu’il est amour, alors nous qui voulons Le suivre, nous aussi nous devons être représentants de cet amour. « Avance ton doigt et vois mes mains ; donne-moi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant ! » Maintenant, je vous souhaite aujourd’hui, en rentrant chez vous, d’être appelés par le Christ et qu’il vous dise : « Thomas – car la plupart parmi vous êtes des Thomas –, viens ici, mets ta main dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyant ! Que la femme de Thomas vienne aussi. Toi aussi, mets ta main dans mon côté et ne sois pas incrédule mais croyante ! Soyez maintenant croyants ! « Croyez-vous ? – Nous croyons, Seigneur, nous croyons. – Laissez votre incrédulité, accueillez la foi de l’amour et vivez, alors je serai avec vous maintenant et jusqu’à la fin des siècles. » Une petite précision. J’aimerais vous protéger d’un leurre. Lorsque je dis : « Que le Christ vienne ! », vous direz : « Ne connaissons-nous pas déjà le Christ ? » Thomas suivait le Christ depuis trois ans ; mais il y avait dans la connaissance du Christ de nouvelles étapes, Thomas ne connaissait pas encore ce Christ de l’amour ; lorsqu’il l’a connu, il a dit : « Mon Seigneur et mon Dieu[3] ! » Il ne s’agit pas de connaître le Christ historique, mais le Christ qui se manifeste à présent, le Christ du grand amour qui agit dans notre for intérieur, au sein du monde. Ce n’est pas un reproche de dire que nous ne connaissons pas le Christ, car peu connaissent le Christ en tant qu’amour. C’est donc indispensable de connaître ce Christ en tant qu’amour et d’avoir le courage de Thomas : avancer notre doigt dans Ses mains et la main dans Son côté et dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Sofia, 16 avril 1922 [1] « Puis il dit à Thomas: "Mets ici ton doigt, et regarde mes mains; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois plus incrédule, mais croyant. » [2] Jean 6, 53 [3] Jean 20, 28
  9. La volonté du Père « Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » Jean 6 :38 Je vais vous lire un extrait du chapitre 6 de l’Évangile de Jean. Beaucoup s’y arrêtent en disant : « Croyons en Jésus et les affaires seront réglées ». Non, il faut plutôt que les gens croient en l’amour, qu’ils le reçoivent et l’assimilent ; s’ils n’accueillent pas cet Enseignement, aucun autre n’existe. Jésus Christ est le symbole de l’amour. Si vous n’avez pas d’amour, vous n’avez personne dans le monde. Volonté au sens premier signifie un acte, une manifestation de la vie consciente et il y a dans la vie consciente trois éléments fondamentaux, trois manifestations qui nous poussent à conclure que la vie consciente est une vie sensée, une vie de désirs intelligents et d’actes intelligents ; donc il est question de pensée, de sentiment et d’action ; mais c’est seulement le côté extérieur de la vie, car ces trois éléments sont transitoires, superficiels bien que nous considérions que la pensée est tout ; pourtant nos pensées fluctuent constamment : nous avons de bonnes pensées comme nous en avons de mauvaises. Dès lors ce qui change n’est pas réel ; non pas que cela n’existe pas, mais cela existe de façon dysharmonique, alors que la vie consciente sous-entend une harmonie immuable. Le Christ dit maintenant : « Je suis descendu du Ciel non pour accomplir ma volonté mais celle de Celui qui m’a envoyé ». La plus grande erreur dans le monde d’aujourd’hui est l’idée que nous ne sommes envoyés sur terre par personne ; érudits et ignorants ont tous cette idée en tête. Allez dans la forêt et demandez à n’importe quel oiseau : « Qui t’a envoyé ? » Il sautillera d’un endroit à un autre et dira : « Moi » ; demandez à un vers de terre : « Qui t’a envoyé ? » Il bougera à peine et dira : « Moi » ; demandez à quiconque : « Qui t’a envoyé ? » « Tir-tir – dit-il, moi, moi ! » Allez auprès des humains, demandez aux gens simples, ils vous diront la même chose ; demandez aux savants, tous disent : « Moi, moi ». Et savez-vous d’où vient l’erreur ? Un grand diable et un dieu se sont jadis liés d’amitié ; le diable était très ignorant et le dieu – je parle des anciens dieux – était plus instruit. En réfléchissant et en étudiant la nature, ils se sont penchés sur eux-mêmes : « Comment sommes-nous venus dans le monde, quelle est notre origine ? » Ils partent dans la forêt auprès d’un grand sage et l’interrogent : « Maître, dis-nous, qui nous sommes ? » Et il leur dit : « Vous êtes ce que vous êtes, trouvez-vous vous-mêmes : le Je, c’est vous ». Tous deux ont déclaré : « Nous avons compris la vie : nous sommes ce que nous voyons ». En comprenant de la sorte, le diable est venu sur terre et a construit des maisons, des auberges, des cafés, il a fait griller des poulets, des pintades et a dit : « le Je, c’est-à-dire ce que je suis doit être nourri, je suis tout dans le monde » ; et il a créé toutes les auberges qui existent maintenant : les poêles, les casseroles, les bols, les cuillères, tout cet art a été promu par lui, c’était le premier professeur d’art culinaire. Et il est resté comme il était, ignorant, se contentant de dire : « J’ai compris la philosophie de la vie : mange, bois, le reste n’est que futilité, aucun savoir n’est nécessaire dans le monde ». Lorsque vous demandez à un matérialiste ce qu’est la vie, il fera griller un poulet et dira : « C’est cela la vie ». Il a en partie raison, mais si cette affirmation était avérée, alors ceux qui mangent du poulet devraient bien vivre, ne pas être malades, ne pas mourir, alors que nous les voyons cinquante ou soixante ans plus tard mis en bière et pleurés, alors ? Quelque chose manque à cette philosophie, cette vie ne contient pas tout, donc les poules ne donnent pas tout, le diable ne s’est pas décidé à aller plus loin pour résoudre la question. Mais ce dieu qui a bu et mangé, n’en est pas resté satisfait, il est retourné chez le sage en disant : « Qu’est-ce que je suis ? » Le sage a répondu : « Trouve ce que tu es ! » Il est allé dans le monde et il a compris qu’il y a des forces chez l’homme qui agissent d’après ses désirs ; mais il a vu qu’il y avait quelque chose de changeant là-dedans : quelquefois on est heureux, puis on est malheureux, quelquefois on est content, d’autres fois on est mécontent, et il s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose à comprendre là-dedans. Il est revenu chez le sage : « Maître, dis-moi ce que je suis, ce qu’est la vie ? » « Trouve-la, a dit le sage, va et cherche la ». Il est reparti et a eu l’idée que dans la vie on trouve la pensée, mais il s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose de changeant dans la pensée. Il est revenu chez le sage et a reposé sa question. « Va, a dit le sage, et ne cherche pas la vie dans le changement des choses, mais dans toute chose qui ne change pas ». Et ce dieu a trouvé et a compris que la véritable vie ne naît pas et ne meurt pas. Quelqu’un dira maintenant : « Comment est-ce possible : ne pas naître ? N’est-ce pas que l’on naît et que l’on meurt ? ». Nous comprenons que naissance et mort ne sont qu’une phase, une limitation de la vie. Pourquoi et pour quelle raison ?Je ne m’arrêterai pas là-dessus, simplement je vous dirai ceci : la vie est un cercle, un cercle fini, constitué de segments finis ; tandis que la vie illimitée est une circonférence infinie, elle est une spirale, et cette spirale vue de haut en bas ressemble à une circonférence. Mais il faut sortir de cette philosophie, prendre du recul et voir que la vie n’est pas un simple cercle, mais plusieurs cercles qui montent et s’élèvent de plus en plus haut. Vous tous qui m’écoutez à présent, vous vous trouvez dans un cercle et vous dites : « Nous sommes des personnes, nous pensons », mais savez-vous ce que vous étiez il y a cent ans, il y a mille ans ? Et il y a cent millions d’années ? « Ah, direz-vous, il y a cent millions d’années nous n’existions pas ! » Je vous pose une autre question : lorsque vous vous endormez, que votre conscience s’assoupit et s’éveille de nouveau sans que vous vous rappeliez quoique ce soit, je demande : où étiez-vous hier soir ? Si vous étiez dans ce corps, vous devriez avoir un souvenir. « Je ne sais pas où j’étais. » Eh, comment cette conscience peut-elle faire des allers et retours, où était-elle ? Les matérialistes diront que notre conscience est produite par les cellules cérébrales ; bien, si le cerveau est un facteur de la conscience, il doit être plus haut qu’elle, alors que nous constatons l’inverse : lorsque le cerveau tombe malade, la conscience le soigne et l’on est jugé bien portant à partir du moment où la conscience est claire. Plus la conscience s’obscurcit, plus les maladies menacent : tout dépend de la lumière de la conscience, de cette lumière intérieure ; donc les porteurs de cet enseignement divin doivent réveiller en eux leur conscience. Vous pouvez faire une petite expérience. Je ne vous demande pas votre religion ou confession – évangéliste ou orthodoxe ou bouddhiste ou musulman, ces choses ne nous importent pas, vous pouvez vous conformer au culte que vous souhaitez. Nous sommes des personnes de l’expérience vécue et des expériences modestes ; nous ne faisons pas de grandes expériences, et toute chose est chez nous mathématiquement déterminée, nous soumettons tout à l’épreuve et nous pouvons toujours faire une expérience pour conforter nos affirmations, elles sont aussi authentiques que celles d’un machiniste qui dit à propos de sa machine : « Cette machine est fabriquée de ceci et de cela » : cet homme a un savoir positif. Maintenant, il y a dans les mathématiques des problèmes où les éléments sont parfois indéterminés, mais il faut néanmoins systématiquement avoir en mathématiques un ou deux éléments sur lesquels bâtir le reste : peut-on bâtir s’il n’y a que des inconnues ? Nos contemporains veulent maintenant déchiffrer le sens de la vie ; ils ne connaissent pas Dieu, ils ne connaissent pas la lumière, mais ils veulent pourtant devenir des anges. Oui, c’est la lumière qui leur manque, et ensuite ils se tiennent en disant : « Qu’est-ce que le Seigneur ? » Ils commencent par : « Dis-moi ce qu’est le Seigneur », et imaginent que c’est l’une des questions essentielles. Je dis : c’est la question la plus stupide, il n’y a pas plus stupide que cette question, de demander ce qu’est le Seigneur ! Celui qui pose cette question est le plus grand des misérables. Pour demander ce qu’est Dieu, tu dois étudier, étudier, étudier et après avoir épuisé toutes les sciences sur la terre et au Ciel, c’est alors seulement que tu poseras la question sur Dieu. Savez-vous ce qu’on vous répondra ? Dieu est amour et vous devez l’éprouver en vous-mêmes ; c’est la réponse directe. Et ensuite : « Et maintenant que tu as trouvé le Seigneur ? » Si tu es mort et que tu le trouves, tu revivras, si tu es pauvre, tu deviendras riche, si tu es idiot, tu seras intelligent : voilà les effets ; et les autres conséquences sont : lorsque tu trouveras le Seigneur, tu quitteras l’église orthodoxe, tu quitteras l’église évangélique, tu quitteras l’islam, tu quitteras le bouddhisme, tu quitteras le peuple bulgare, le peuple anglais, le peuple français et les autres ; et qu’est-ce qui restera ? Il ne restera que l’être humain comme le Seigneur l’a initialement créé, comme ta mère t’a enfanté ; ce ne sont que des langes dans lesquelles ta mère t’a enveloppé. Je ne dis pas que ces langes sont une mauvaise chose, ils sont magnifiques – vous les avez jusqu’à l’âge de six mois – ils sont très bien et très utiles pour être enveloppé, mais lorsque tu as vingt ans ce serait risible si ta mère t’enveloppait dans des langes, ce serait alors risible de parler encore de langes. Nous n’avons pas besoin de langes, mais de pantalons confectionnés du meilleur tissu et de longs manteaux en laine ou en lin ou en chanvre ; et ce tissu sera assez large pour ne pas entraver nos mouvements et éviter que les mères disent : « Attends, mon chéri, tu ne sais pas, tu vas te tordre les jambes ». Lorsqu’on prône : « Cherche le Seigneur dans l’église orthodoxe, le crédo est là » ; ou bien lorsque tu viens chez les évangélistes – mes frères et sœurs de là-bas ne doivent pas croire que je me moque d’eux, qu’ils me pardonnent – je dis : comme ils sont risibles ! Quelqu’un dit : « Crois-tu dans le Seigneur Jésus-Christ ? » Je dis : « As-tu vu ce Seigneur ? – C’est ainsi que dit l’Évangile, il est vrai, les saints pères l’ont écrit. Je demande à la grenouille pourquoi elle croasse dans la marre ? « Eh, mes grands-parents croassaient ainsi par le passé, c’est notre coutume ». Cela n’a aucun sens ! Si je trouve un bœuf attelé à une charrue et que je lui demande : « Comment as-tu mis le cou dans ce licol ? » il répond aussi : « Je ne sais pas ». Quelqu’un a dû l’atteler et il dit : « Je suis attelé, je travaillerai ; il y a une force naturelle, agrippée à mon cou, je ressens quelque chose et je dois labourer, c’est nécessaire et c’est contre mon gré ». Oui, l’aiguillon humain est contre son gré et nous ne voulons pas de licols ni d’aiguillons, le Seigneur ne les a pas créés ; au commencement le Seigneur a créé une vie d’amour et d’harmonie, et nous avons fabriqué tous les licols et tous les aiguillons et nous avons dit : « Ce licol est nécessaire, cet aiguillon est nécessaire ». Il est nécessaire pour les bœufs, mais si on te met aussi le licol tu diras alors : « On peut s’en passer ». Le Christ dit : « Je suis descendu pour faire, non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé » ; donc, il a été envoyé pour énoncer, exprimer la volonté du Père. Il est dit dans les Écritures : « Dieu vous a attirés avec les fils de Son amour », et le seul grand objectif pour lequel Dieu a créé le monde est celui-ci : vous montrer qu’Il est amour. Si vous me demandez comment vous devez vivre, je vous répondrai : toute votre vie doit être l’expression de cet amour illimité et infini qui agit dans le cosmos, et toutes vos pensées, tous vos sentiments, tous vos actes doivent être la manifestation de ce grand amour divin : voici ce qui fait sens ; la vie n’a pas de sens en dehors de cet amour. Je peux faire une petite expérience avec vous qui m’écoutez et c’est celle-ci : vous prouver l’amour. Lorsque je parle, je ne plaisante pas et je soumets à l’épreuve ce que j’affirme. Je dis à ceux qui me croient : essayez, faisons une expérience. Prenons un vieillard de quatre-vingts ans et une jeune fille de vingt et un ans, la plus enthousiaste possible, et faisons un essai : mettons l’enseignement que je prône dans la tête du vieux et l’ancien enseignement dans la tête de la jeune fille ; je vous garantis que cinq ans plus tard le vieillard aura rajeuni grâce à cet enseignement alors que la jeune fille aura vieilli. Je demande : un enseignement qui vous vieillit et prive votre vie de sens, y a-t-il une raison de le porter sur le dos ? Non ! Donc nous prônons un Enseignement que vous pouvez essayer. Il n’y a pas de tromperie chez nous, bien au contraire, toutes les tromperies disparaissent lorsque vous venez ici. Nous ne disons pas : « C’est ainsi qu’a voulu le Seigneur » ; lorsque l’affamé me sollicite, je ne lui dis pas que le Seigneur lui a ordonné d’avoir faim, mais plutôt : « Frère, viens, j’ai l’occasion de te montrer mon amour. Nous allons chanter un peu ensemble, prends ma harpe à trente-deux cordes et nous allons chanter à deux ». Il chante, je chante, il chante, je chante ; une demi-heure plus tard je dis : « Ce morceau est sublime ! » Cela peut être du chou, des poireaux, du pain de blé, et il dit : « Je te remercie ». Mais nous les philosophes modernes, lorsque quelqu’un que la faim tourmente se présente, nous radotons : « Tu sais, tu es un grand pécheur et c’est pour cette raison que tu en es arrivé là ; si tu t’étais mieux débrouillé… Ta mère est comme ci, ton père est comme ça, ceci, cela » ; vous lui réciterez des prières et il ira chercher ailleurs. Et ensuite on lui enseignera la loi du karma. La loi du karma se prêche uniquement à ceux qui sont rassasiés, il ne faut pas la prêcher aux affamés : n’explique pas au pauvre pourquoi il est pauvre, n’explique pas aux idiots comment est créé le monde, c’est pour les savants ; tu traiteras l’idiot autrement. Vous avez une occasion en or de montrer votre amour à l’affamé, vous avez une belle occasion de montrer à l’assoiffé que vous l’aimez, ne le questionnez pas sur sa soif. Beaucoup disent maintenant : « Éduquons-nous de sorte que lorsque l’Esprit viendra en nous, nous pourrons agir ». Comme ils sont drôles de croire que l’Esprit peut venir d’un seul coup. Les Bulgares font venir un joueur de cornemuse, il sort l’instrument et souffle dedans ; et ils se disent ainsi : « Lorsque l’Esprit soufflera en moi, je jouerai de la musique » ; c’est une compréhension basique, ce n’est pas un exercice conscient. Tu es une cornemuse qui peut souffler tout seul en toi-même ; comment ? En insufflant l’amour en toi, et alors tu joueras bien. Si tu n’insuffles pas l’amour, tu peux toujours attendre l’Esprit ; n’est-ce pas l’amour la manifestation de l’Esprit ? Si tu n’accueilles pas l’amour, l’Esprit ne viendra jamais. Nous ne suivons pas le bon chemin ; si nous n’accueillons pas l’Esprit, Dieu ne viendra pas non plus : c’est ainsi que se passent les choses. C’est dans cet ordre que se fait cette grande illumination intérieure de la pensée. En premier lieu dans la vie vous voulez tous vivre une vie heureuse ci-bas, mais c’est impossible si nous vivons une vie terre à terre. Dans le passé j’ai dit qu’il n’y a pas de bonheur sur terre ; dans quelles conditions ? Avec la compréhension actuelle, avec cette philosophie, ce savoir, ces croyances religieuses et ces traditions, c’est vrai, il ne peut pas y avoir de bonheur. Deux personnes ou deux peuples se fâchent, et cela commence : pan – pan ! Bien, ils sèment d’abord une pagaille inextricable pour revenir ensuite en musique et en disant : « Nous avons vaincu ! » Maintenant, tantôt l’un sort vainqueur, tantôt l’autre et toute la terre est couverte d’ossements avec un écriteau au-dessus : « Un tel a vaincu ». Quand pouvez-vous vaincre ? Uniquement lorsque vous saurez maîtriser votre pensée, votre cœur et votre volonté : c’est une victoire grandiose dans la vie. Ne pensez pas qu’il n’y a pas d’autres forces capables de nous élever ; il y en a. Si on nous questionne sur le redressement du monde, nous, les érudits contemporains, nous répondrons : « Il ne peut pas être redressé ». Si vous descendez plus bas pour demander aux animaux inférieurs, peuvent-ils vous répondre ? Ils vont hausser des épaules . Pourquoi ? C’est impossible pour eux. Beaucoup d’animaux ne peuvent pas fabriquer un chemin de fer ou une maison, mais un poète, un professeur, un médecin peuvent bâtir une maison comme cela ; même s’ils le veulent, les animaux ne le peuvent pas, ils disent : « C’est impossible pour nous », mais ce qui est impossible aux animaux est possible aux humains. Il y a donc des choses qui nous sont impossibles alors qu’elles sont possibles pour d’autres créatures qui se tiennent à un niveau supérieur au nôtre. Ce sont aussi des êtres humains, il y a d’autres humains que vous ne voyez pas, et ils sont bien matériels. Les Bulgares ont coutume de dire : « Ces autres personnes peuvent nous jeter le mauvais œil » ; si on a le dos bloqué cela peut vouloir dire que cette personne d’en haut a appuyé un peu trop. Le mauvais œil, ce sont précisément des choses faites par ces personnes-là. Si une mouche se pose sur ma tête et que je lui dise : « Ne me dérange pas ! » une fois, deux fois, trois fois, et puis je l’écrase ; lorsqu’elle reviendra chez les mouches, elle dira : « Quelque chose m’a écrasée » ; non, non, c’est un individu conscient mille fois supérieur à elle qui l’a écrasée, et rien de plus ; ce n’est pas bien de déranger quelqu’un d’intelligent. Le Christ dit : « Je suis descendu pour faire, non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé ». Comment interprétons-nous ce qui se passe dans le monde ? Je vais vous raconter une petite anecdote. Le docteur Merrill, un médecin célèbre, jeune et beau, d’une intelligence supérieure et d’une grande noblesse s’est marié avec une jeune fille, une comtesse de noble ascendance. Mais elle était très jalouse car il était beau et recevait en tant que médecin beaucoup de malades : de belles dames couvertes de bijoux, portant des tenues élégantes se présentaient, et elle se disait : « Ces malades… Celle-ci est parfaitement bien portante, mais elle vient ici à cause du docteur ». Voici la première qui vient, reçue par lui dans son cabinet. Sa femme écoute. La dame se tient là et dit : « Monsieur le docteur, j’ai un trouble du cœur… » Et sa femme de dire : « Je sais, je sais, mon cœur aussi tremblait autrefois. » « Quelque chose me serre la poitrine… » « Oui, je sais, quelque chose te serre la poitrine ! » Elle déduit que c’est le même serrement que pour elle jadis. L’autre dit : « J’ai mal à la tête. » « Moi aussi, j’avais mal à la tête alors. » L’une raconte sa maladie et l’autre se tient dans la pièce voisine et philosophe ; elle n’y croit pas : « Nous connaissons cette maladie : tu veux juste être auscultée parle docteur, tu n’as aucune maladie ». Et dix ans plus tard la clientèle du docteur Merrill s’est réduite comme peau de chagrin, et son cabinet est devenu désert. Nous agissons de la même façon dans notre vie actuelle : quel que soit le trait de noblesse que quelqu’un manifeste, on dit : « Nous les connaissons ceux-là, nous savons qui ils sont » ; et il n’y a pas de peuple plus malheureux que le peuple bulgare dans tous les Balkans : il ressemble à la femme du docteur Merrill : il est beau, remarquable, mais sa jalousie et son orgueil sont grands. Il y a une curiosité chez le Bulgare, une curiosité exacerbée ; le Bulgare tend l’oreille partout pour écouter ce qui se dit, mais s’il est question de mener des débats savants, il reste en retrait ; mais parlez-lui de magie, de choses fantasmagoriques et il tendra l’oreille. Les savants bulgares comme les musiciens sont tous pareils. Un musicien se plaignait : « Nous sommes si nombreux à Sofia, mais nous n’arrivons pas à nous entendre ». Tous les musiciens se critiquent les uns les autres. Et pourtant les Bulgares se trouvent maintenant dans les meilleures conditions de développement. Deux musiciens ne peuvent pas s’entendre pour jouer ; celui-ci ne joue pas bien tandis que l’autre joue bien ; c’est un mauvais trait de caractère, c’est une incompréhension de la vie. Savez-vous en quoi réside le mal ? Dans la mauvaise compréhension des choses. Si ce musicien bulgare avait considéré qu’il était un pécheur, un grand pécheur qui veut étudier, et qu’une grande vie l’attend s’il étudie la musique, il aurait vécu d’une toute autre manière et aurait exprimé partout son don ; mais lui, après avoir terminé les études au conservatoire veut jouer pour de l’argent, tout comme on veut aussi devenir prêtre pour l’argent, partout, seulement pour l’argent ! Je ne dis pas que seuls les Bulgares se comportent comme des idiots ; tous les peuples dans le monde civilisé d’aujourd’hui ne s’intéressent qu’à l’argent. Il y a un autre peuple auquel nous ressemblons, les Américains qui clament : « Le dollar est tout puissant ! » Et Slaveikov[1] a dit ainsi : « Piécette d’or, piécette d’or, reine toute puissante, avec toi au paradis, sans toi au rebut. Celui qui ne savait pas manier la binette a été ordonné évêque ». Les Bulgares ressemblent aux Américains : ils clament que l’argent rend tout possible. Je dis : non, non, tu peux devenir évêque grâce à l’argent, mais tu ne peux pas devenir frère grâce à l’argent ; et Slaveikov dit encore : « Piécette d’or, grâce à toi, même l’inculte rejoint le paradis ». Oui, le paradis terrestre certes, mais le paradis céleste - jamais. Le Christ dit : « Je suis descendu pour faire, non ma volonté, mais exprimer la volonté consciente ». De nos jours tous disent: « Je peux être chrétien, j’accomplirai la volonté de Celui qui m’a envoyé », et cette volonté est une volonté d’amour. Maintenant, je veux parfois être très clair, entier, sincère, franc, et je ne pense guère aux conséquences. Nous devons tous apprendre cette grande loi de l’amour, et comme vous avancez en âge, je vous dis : le droit chemin dans lequel vous pouvez rendre votre vie heureuse est celui-ci : es-tu mécontent ? Cela dénote l’absence de quelque chose en toi. Quel manque met en avant la faim ? L’absence de nourriture ; la faim sous-entend la nourriture, la soif sous-entend l’eau, le mécontentement sous-entend l’absence de quelque sentiment, la mauvaise pensée, l’absence de pensées nobles. Nous disons : « D’où viennent ces mauvaises pensées ? » Ne demande pas d’où viennent les mauvaises pensées, mais demande-toi comment combler ce manque : comme la nourriture comble la faim, comme l’eau comble la soif, de la même façon le contentement comble le mécontentement. Peux-tu faire durer le contentement ? Tu le peux. Si tu es mécontent, trouve une pauvre créature à aimer. Je vais vous présenter maintenant les deux sortes d’amour dans le monde qui sont nobles toutes les deux. Je les présenterai sous deux traits : imaginez deux nobles jeunes hommes, éduqués par leurs parents, qui doivent manifester le sentiment d’amour. Le premier jeune homme trouve une vieille femme de quatre-vingts ans, abandonnée, il la prend avec lui, l’amène à la maison, lui lave les pieds, le visage, la nourrit, la sert, fait son lit et s’occupe d’elle jusqu’à sa mort ; le deuxième jeune homme trouve une pauvre fille, très belle ; il l’amène à la maison, la nourrit et l’habille. Je demande : lequel de ces deux amours est le plus noble ? Le premier est plus noble car il est désintéressé alors que le second jeune homme fera face à la tentation. Mais voici ce qui arrive : cette fille pauvre tombe amoureuse d’un autre, et laisse le premier frustré. Dans le premier cas la vieille femme meurt, dans le second cas la jeune fille épouse un autre, pour autant le premier jeune homme reste moralement satisfait alors que le second dit : « Cela ne vaut pas la peine d’entretenir les jeunes filles, ce sont des créatures ingrates » ; cette pensée lui passera nécessairement par la tête. Ainsi, la grande loi est : que cet amour désintéressé se manifeste en nous. Ces deux natures d’amour sont belles. Et nous devons tous maintenant tendre vers cette loi. Je vois les gens, je les observe jour après jour. J’ai fait des expériences, non pas une, deux, trois, quatre, j’ai mené des milliers d’expériences, je traque depuis vingt ans les moindres exceptions. Prenez deux fillettes : si vous leur donnez des pommes, si vous vous comportez équitablement envers chacune, toutes les deux se tiennent bien car elles se rendent compte que vous êtes juste. Elles sont attentives à vos actes. Leurs vêtements sont les mêmes. Lorsque vous leur donnez la nourriture, elles ont foi en vous, mais si vous faites le moindre écart, si vous montrez la moindre préférence, ne serait-ce qu’en apparence, leurs visages changent aussitôt : l’une embellit et l’autre enlaidit. Quelqu’un la croise et demande : « Qu’est-ce qui te manque, mon enfant ? » Je dis : sa pomme était plus petite, ses vêtements n’étaient pas si beaux, la nourriture était moins abondante ; ce sont des raisons psychologiques ; changez alors les conditions et appliquez la loi inverse ; tournez votre attention vers cette fillette, alors l’autre commencera à enlaidir. Vos visages aussi ont enlaidi par l’effet de la même loi, vous avez vieilli sous l’effet de cette même loi. Certains disent : « Toi qui prêches maintenant, ne veux-tu pas laisser ton nom dans l’histoire de ce peuple ? » Non, ce serait le plus grand malheur, le même symbole que la jeune fille. J’aimerais laisser seulement le souvenir de la vieille femme plutôt que celui d’une jeune fille ; je vais léguer aux Bulgares l’amour envers la vieille femme de quatre-vingts ans : c’est une philosophie, il faut avoir du désintéressement. Si vous acceptez l’amour et si vous vivez au nom de cet amour, c’est alors le Nom de Dieu, ce grand Nom qui doit rester ; si vous acceptez l’amour, il n’y aura pas de souffrances. Ce monde souffre de trop de noms, il y a trop de noms. Je dis à présent : il n’y a pas de place pour mon nom dans le monde. Pourquoi ? Tous les noms qui devaient s’écrire dans le monde sont écrits, et il n’y a pas de place pour le mien, je le garde pour l’autre monde ; lorsque je retournerai au Ciel, on y écrira mon nom, ce sera le nom de l’amour, comprenez-vous ? Certains m’interrogent : « Te reverrons-nous ? » Vous ne me verrez nulle part ; « Ne te verrons-nous donc pas ? » Vous ne me verrez pas. « Mais alors ? » Je veux que vous rencontriez Dieu qui vous a donné cet amour, Il est cet amour. Ne vous trompez pas ; si vous ne pouvez pas vous aimer vous-mêmes, si vous êtes infidèles à vous-mêmes, si vous n’avez pas appris à vous aimer vous-mêmes, vous ne pensez pas à votre bien ; et puisque vous ne songez pas à votre propre bien, vous ne pouvez pas songer au bien des autres. Nous devons avant tout mener une expérience sur nous-mêmes. Je ne prêche pas : « Sois bon », mais je dis : fais une expérience ; je dis : puis-je être bon, dans quelles conditions et comment puis-je être bon ? J’expérimente : une fois, deux fois, trois fois ; et lorsque j’aurai appris cet art, je dirai : « Mon frère, mes expériences se sont révélées probantes et c’est un bien ». Ainsi le Christ est venu sur terre pour accomplir la volonté de Celui qui l’a envoyé. Et vous dites : « Comme le Christ est bienheureux puisque le Seigneur l’a envoyé accomplir Sa volonté », et vous êtes malheureux de ne pas être l’heureux envoyé ; mais c’est un pur mensonge, vous aussi vous êtes envoyés par le Seigneur pour accomplir Sa volonté, mais vous êtes venus, vous vous êtes mariés, vous avez bâti des maisons, vous avez oublié pourquoi vous êtes venus, et le Christ doit venir ensuite vous trouver. Quelqu’un dit : « Je ferai comme le Christ ». Oui, comme le Christ, car Lui n’oublie pas, Il n’a pas de duplicité comme vous, Il a une seule pensée, un cœur qui n’oublie pas. C’est l’amour qui n’oublie pas en dépit de toutes les conditions de la vie, comprenez-vous ? Et le Christ vient nous raisonner et nous dire : « Frères, assez de spectacles sur terre, assez de sang versé, de têtes brisées, de cœurs brisés, de poumons brisés ; assez, revenez à présent ! Je ne suis pas venu accomplir ma volonté et vous avez péché en faisant votre volonté. Je suis venu vous montrer que nous devons accomplir la volonté de Celui qui nous a envoyés ». Tandis qu’on dit à présent : « Crois en le Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé ». Croire en quoi ? Croire que tu es envoyé sur terre par Dieu pour faire Sa volonté. Tu diras : « Je ferai Sa volonté, la volonté de Celui qui m’a envoyé et non la mienne », et ainsi tu seras un avec le Christ. L’Esprit du Christ et notre Esprit sont les mêmes, notre âme et celle du Christ sont les mêmes, d’une même origine, et lorsque nous disons : « Pouvons-nous être comme le Christ ? » nous posons une question illogique ; et lorsque nous disons que le Christ était d’ascendance royale, alors qu’un autre est né d’une simple paysanne, cela revient exactement au même. Quelle différence ? Cette paysanne est beaucoup plus noble parfois et se tient plus haut que certaines reines et inversement : la noblesse ne se mesure pas selon l’instruction de l’être humain, mais selon son degré de conscience. Lorsque tu prendras conscience d’être un envoyé de Dieu pour accomplir Sa volonté, lorsque tu te rappelleras que tu es noble, tu comprendras tes origines ; et si à la question « qui est ton père » tu réponds : « Je ne sais pas qui est mon père », tu es donc un enfant abandonné. Mais c’est vous qui avez quitté votre demeure céleste et qui êtes venus sur terre, c’est vous qui avez mangé et bu et qui vous grattez maintenant la tête en vous demandant comment vous en êtes arrivés là ; tout être qui ne pense pas, qui ne ressent pas, finit ainsi : il est jeune, il mange, il boit et finalement devient un vieillard. Lorsque tu veux résoudre la question correctement, ouvre tes yeux, regarde en haut, inspire l’air profondément et tourne-toi vers le Soleil pour que cette lumière te pénètre ; ne te recroqueville pas, mais élargis-toi, élève ta pensée. Ainsi, nous devons tous être rassérénés. Nous sommes envoyés pour accomplir Sa volonté, non seulement moi, mais vous aussi. Vous me direz : « Pouvons-nous être comme toi ? » Et moi, je demande si je peux être comme vous. Je le peux : quand je prendrai votre pensée pour raisonner comme vous et agir comme vous, je deviendrai comme vous ; et puisque vous portez ma pensée, vous deviendrez comme moi ; mais quand ? Je ne me suis pas encore manifesté, je n’ai même pas manifesté un centième de ce que je suis ; je vous entretiens d’une philosophie qui n’est qu’un préambule. Il y a quelque chose de grandiose dans le monde, une expérience vivante, une expérience vivante grandiose qui peut venir dès aujourd’hui et non pas dans cent ans. Les choses dans le monde sont possibles d’une seule façon : en insufflant le feu de l’amour nous pouvons tout faire, nous pouvons tout faire dès aujourd’hui ; cela mobilisera les conditions pour le deuxième jour, pour le troisième jour et ainsi de suite, et nous comprendrons qu’il y a dans la vie un sens intérieur. Je dis que la philosophie de la vie est de comprendre que vous êtes envoyés d’en haut pour accomplir la volonté de Celui qui vous a envoyés sur terre il y a des millions d’années. Le Christ est par conséquent venu pour cela, pour apporter la loi de l’amour ; et Il dit : « Vous pouvez accomplir Sa volonté uniquement par la loi de l’amour car Il est amour ». Là où se trouve l’amour, se trouve aussi l’Esprit, ce qui meut les forces ; on le remplace par le terme prana dans la philosophie hindoue : le prana est une matière dans toutes ses manifestations, elle pénètre tout et se déplace perpétuellement. Il y a plusieurs termes : prana, akasha, ce sont des forces potentielles ; certains la nomment tattva, mais akasha est la manifestation originelle de cette matière tattva dans le monde. Ce sont des concepts abstraits. Les hindous ont leurs mots ; ils doivent faire évoluer leur philosophie. Les philosophes modernes chrétiens aussi doivent puiser dans l’expérience des orientaux et débuter par là où ces derniers se sont arrêtés. Je ne dis pas que ce que prônent les Églises est mensonger ; tout ce qui est authentique dans l’Église orthodoxe ou évangélique, nous l’acceptons, mais nous abandonnons ce qui est mensonger. Nous ne reconnaissons pas les Églises qui apportent le licol et l’aiguillon. Nous avons du respect pour tous, mais nous disons à celui qui ne dit pas la vérité : « Frère, ce que tu dis n’est pas vrai ; je regarde ton visage, tes yeux montrent que tu ne dis pas la vérité ; ton cœur n’est pas sincère ni rassénéré, tu n’as pas cette flamme divine, ta pensée n’a pas de lumière, elle est obscurcie ». Quelqu’un dira : « Comment le sais-tu pour parler à ma place ? C’est ainsi, votre maison n’est pas rangée, il y a des désaccords chez vous, les affaires, le travail, les champs, tout : vous vous battez, vous vous querellez, ce n’est pas de l’amour. Lorsque l’amour entre dans une maison, l’homme cède, la femme cède, le fils cède, la fille cède, chacun cède ; non seulement on cède mais chacun donne et chacun veut rendre service. Si nous ne sommes pas disposés à rendre ces menus services, comment pourrions-nous en rendre de plus grands ? Le Seigneur n’attend pas de grandes œuvres de notre part, mais de petites choses : si je m’arrête pour nouer les lacets d’une personne âgée, c’est une noble initiative ; si je m’arrête chez une vieille femme pour lui offrir un verre d’eau, c’est une grande œuvre qui vaut plus que plusieurs millions de levas donnés aux pauvres ; cela vaut plus devant le Dieu de l’amour car je le fais en toute conscience. Le bien est ce que je puise de mes propres forces et non les dix millions légués par mon père que j’utilise pour faire le bien : ce n’est nullement un bien. J’entends le bien dans le fait de venir dans ton champ avec une binette et labourer une heure, moissonner aussi une heure ou faire ton ménage : c’est le bien ; tu es misérable, je viendrai une heure dans ta maison pour la nettoyer : c’est un bien ; mais te donner quelque chose déjà prêt n’est pas un bien, ce n’est pas faire le bien, ne vous trompez pas, ne vous leurrez pas vous-mêmes. L’ancien enseignement repose sur une philosophie mensongère tandis que dans le Nouvel Enseignement chaque action, chaque pensée, chaque sentiment, chaque manifestation de notre esprit doit venir du plus profond de notre âme, du plus profond de notre cœur. Recevez cette bénédiction de toute personne. À présent il y a un mensonge dans le monde. Nous avons fait une petite expérience vendredi. Je dis à mes disciples : « Nous ferons une expérience, nous irons en excursion » et ils croient que « lorsque nous partons avec le Maître, la météo lui obéit », et ils disent : « Il fera très beau ». Je leur dis : « Écoutez, ne vous trompez pas, vous mettrez des pulls épais, des blousons, de bonnes chaussures », et je leur dis le temps qu’il fera. Ils sont dubitatifs. Vous comprendrez ainsi qui peut se promener en temps d’orage, de pluie ; c’est ainsi que nous devons travailler : démarrer dans de très mauvaises conditions et les surmonter. Lorsque le bien viendra, nous appellerons jeunes et anciens alors que dans les tempêtes ce sont les plus forts qui doivent venir. Ce sont de petites expériences alors que nous voulons commencer avec le monde entier ; non, non, empruntez ce chemin de l’amour divin et vous comprendrez qu’en réalité il n’y a pas de mal dans le monde, il n’est qu’apparent, tout dans le monde a un dessein, tout est bon et remarquable. Et dire que le vent est mauvais, que le froid, le temps sont épouvantables, non, non, le froid est à sa place, il est formidable, le vent est aussi à sa place. Les maladies sont formidables, ce sont des états remarquables. Vous direz : « Comment ? » Je donne parfois cent mille levas pour une maladie. Quelqu’un projette d’en tuer un autre ; une fièvre ou une maladie infectieuse l’attrape, on le plaint : « Pauvre homme », mais ces microbes ont apporté une bénédiction, ils disent : « Frère, tu as beaucoup d’énergie en réserve, attends, au lieu de tuer les autres, nous allons plutôt en bénéficier un peu ». Vous dites : « Qu’est-ce qu’il a dû faire ? » La maladie l’a délivrée d’un état néfaste. Les maladies existent donc comme un frein, et lorsque les humains apprendront à vivre normalement, selon la loi de l’amour, il n’y aura aucune maladie, ni misère, ni pauvreté. Le Christ dit : « Je suis descendu pour faire, non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé ». Quelle est cette volonté ? La volonté de l’amour. Ainsi, lorsque la volonté de l’amour vient, tu auras toujours des désagréments, mais tu transformeras ces désagréments comme le sculpteur façonne la glaise : tu la prendras et tu en feras les meilleurs pots, ou bien comme ce jardinier-là, tu feras un jardin magnifique. Lorsque la raison se manifestera, nous améliorerons les plus mauvaises conditions dans le monde. Alors que nous cherchons maintenant quelqu’un pour redresser le monde. « La jeune fille doit être érudite, le jeune homme doit être riche et instruit ». Non, non, à l’avenir le jeune homme doit chercher la fille la plus misérable et la jeune fille doit chercher le jeune homme le plus misérable, puis le jeune homme doit chercher la fille la plus idiote et la jeune fille doit chercher le jeune homme le plus idiot. Attendez que je vous dise pour quelle raison les gens d’aujourd’hui sont des idiots finis : lorsque quelqu’un commet un crime, les docteurs disent : « Qu’il simule la démence pour échapper à la prison ». Je ne parle pas de cette idiotie feinte, je parle d’être idiot même sans avoir commis de crime : c’est ainsi que vous devez me comprendre. Nous descendrons, nous descendrons par la loi de l’amour et nous débuterons ce travail grandiose : relever nos frères ; le monde entier peut se relever par la loi de l’amour. Une critique peut affleurer, mais cette pierre, cette pensée, attrape-la et dompte-la, fais-en quelque chose de beau ! Je critique quelqu’un de ne pas bien agir. Le pauvre dit : « Je regarde un riche ; pourquoi ne m’a-t-il pas donné d’argent ? » Pourquoi le critiquer moi aussi ? Je peux lui donner de l’argent et lui dire : il n’est pas obligé de donner de l’argent à ce misérable, mais moi j’y suis tenu, c’est ma mission, je ne dois pas le juger ; je prendrai cet homme, je l’amènerai chez moi, c’est ma mission. Là où s’éveille notre conscience, nous sommes tenus d’accomplir la volonté divine. Quelqu’un dit : « Est-ce moi qui suis tenu de redresser le monde ? » Tu n’es pas envoyé pour redresser le monde, mais pour accomplir la volonté divine et cette volonté est : prends cet homme chez toi et parle-lui avec sagesse ; tu lui diras : « Frère, ne te laisse pas tromper par les gens, Dieu est amour ; bienvenue chez moi, le Seigneur m’a envoyé pour te montrer qu’Il est amour ». Mais on te dira maintenant : « Crois en le Seigneur Jésus Christ et il réglera tes affaires ». Vous allez dans une maison ; on s’y querelle et vous dites : « Crois en le Seigneur Jésus ! » Non, non, vous y apporterez votre amour. Quelque chose leur manque. Quoi ? Deux personnes se battent. L’homme a apporté peu d’argent à la maison, il faudrait que la femme puisse lui dire : « Ce n’est rien, le Seigneur y pourvoira » ; il apporte du pain, quelques oignons, des radis, des pommes, qu’il puisse dire : « Venez frères, le Seigneur est amour ». Tous ont le sourire d’amour parce que le Seigneur est venu et ils croient dans le Christ. Ensuite qu’elle dise : « Chantons un peu », tandis qu’on dit maintenant : « Agenouillons-nous et prions » ; mais les affamés ne prient pas ; les Bulgares disent : « Un ours affamé ne danse pas » et c’est très juste, alors qu’on veut nous faire danser maintenant. La prière est un état de gratitude, c’est de l’amour et je peux jouer pour cet amour ; lorsque nous aurons mangé à notre faim, nous danserons. J’approuve également ces gens de l’amour ; lorsqu’ils mangent à leur faim, ils dansent ; j’aimerais aussi que vous dansiez de la sorte après avoir mangé. Mais les gens diraient en vous voyant : « Quels vieux fous ! Danser maintenant de nos jours, ils n’ont pas honte, des vieux de quarante-cinq ans ! Même les enfants ne doivent pas danser ». Puisque vous avez faim vous devriez alors être pensifs comme des philosophes et dire : « Grand est le malheur que le Seigneur nous a envoyé ». « Je suis descendu pour faire, non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé ». Qui est-Il ? Notre Père qui est amour, et Il nous appelle à cet acte d’amour. Nous pouvons comprendre que nous sommes tous envoyés au travail et qu’il est temps d’accomplir cette œuvre grandiose : les uns plus tôt, les autres plus tard. Sofia, 9 avril 1922 [1] Petko Slaveikov (1827 – 1895) – poète, journaliste et folkloriste bulgare du XIX siècle
  10. Faites droits ses sentiers « Faites droits ses sentiers. » Matthieu 3 :3 Cette phrase a été prononcée il y a près de deux mille ans ; elle a été prononcée il y a plus longtemps encore, et répétée il y a deux mille ans ; pour répéter une chose, la reproduire, il faut être un grand artiste, un grand peintre. Qu’a voulu dire le prophète par ces mots : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, faites droits ses sentiers [1]» ? Le monde chrétien contemporain peut avoir plus de cinq cents mille prophètes – si on laisse de côté les prophètes musulmans, bouddhistes et autres – cinq cents mille personnes qui clament sans relâche : « Faites droits les sentiers du Seigneur », mais ces chemins ne deviennent pas droits pour autant. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de gens sincères, mais lorsqu’on prononce cette phrase : « Faites droits les sentiers du Seigneur », on doit comprendre son sens intérieur, on doit avoir du savoir, du savoir, du savoir, du savoir, du savoir ! Nos contemporains disent : foi, foi et foi : c’est la foi qui gouverne. Mais si tu entres dans une auberge, on déclare : « Aujourd’hui, de l’argent, et demain seulement la foi » ; pour dire qu’aujourd’hui on fait des échanges en espèces sonnantes et trébuchantes, et seulement demain avec la foi ; mais la foi demeure un concept inatteignable. Nous ne sommes pas intéressés maintenant par ce que disent ces cinq cents mille prophètes, ni par ce que disent les prophètes musulmans et bouddhistes, ni par ce que disent les philosophes sur terre. Vous direz : « Pourquoi ? » Si je suis malade, si mes yeux, mes oreilles ne peuvent pas percevoir les bienfaits de ce monde alors que tous les autres le peuvent, quel profit est-ce que j’en tire ? « Mais eux, qu’ils soient heureux ! » Ce n’est pas une philosophie, il n’y a pas une telle philosophie dans la science divine : soit nous devons tous être heureux, immergés dans le Divin, ou tous malheureux ; c’est l’un ou l’autre ; la moitié heureux et la moitié malheureux n’est pas possible, c’est la philosophie humaine de croire qu’une partie peut être heureuse et une autre partie malheureuse. Tous veulent par conséquent nous expliquer que certains doivent être heureux, sauvés, et les autres doivent périr ; les uns doivent être au paradis et les autres dans le purgatoire ; les uns doivent être ignorants et les autres instruits. Ce n’est pas ainsi, ces affirmations mensongères sont notre œuvre. Tous disent aujourd’hui : « Crois-tu en la religion ? » Je n’ai pas à croire, nous ne croyons pas aux expérimentations du futur, mais à celles du présent : tout comme je dois chaque matin sortir et expérimenter le soleil, exposer mon dos à ses rayons et éprouver sa puissance, de la même façon, chaque créature aussi petite soit-elle, qu’elle revête la forme d’un humain ou d’une mouche, celle d’un moustique ou d’une puce, quelle que soit sa forme – je prends ces formes au sens littéral – elle a le droit d’éprouver ces rayons solaires afin d’assimiler la vie qui est en eux et de ressentir la douceur de ce soleil aussi minime que soit cette perception. Lorsqu’on trouve un pou sur sa tête, on l’écrase entre ses ongles ; en se mettant sur cette tête le pou ne sait pas qu’il a affaire à un être civilisé, car il est inculte, et en explorant le monde il monte sur une tête qui raisonne et se met à l’examiner, et le philosophe dit : « Tu es venu au mauvais endroit, moi aussi je suis un explorateur », et c’est pour cette raison qu’il l’écrase. Le pou n’a pas à mourir, mais puisqu’il est monté sur cette tête de philosophe, il est condamné à mort comme un criminel : si on transgresse la loi, on est pendu ou fusillé. Et alors les gens diront : « C’est écrit ainsi dans la loi divine, il ne fallait pas la transgresser ». Il n’y a dans le code divin nulle trace de peine capitale, la peine capitale est une tromperie, une déformation de la pensée humaine. On dit : « N’avons-nous pas le droit de tuer au nom du peuple ? » Si tu le veux tu peux tuer au nom du peuple, mais tu n’as pas le droit de tuer au nom de Dieu. Donc vous le condamnerez au nom du peuple, mais vous l’amnistierez au nom de Dieu, et vous direz à l’avenir : « Nous te condamnons pour le crime commis contre notre nation, mais comme nous avons aussi une autre loi, celle de notre Dieu, nous t’amnistions et nous te relâchons : tu es libre ». Ce prophète qui a dit : « Faites droits les sentiers du Seigneur » veut dire que c’est en nous-mêmes qu’il faut faire droits ces sentiers : des chemins droits dans nos esprits, dans nos pensées. Nous voulons à présent redresser le monde à l’extérieur. Dieu merci, si vous allez en Angleterre ou en France, vous y verrez de belles routes, cela ressemble à un beau jardin, et de belles automobiles y circulent, alors que les routes bulgares ne sont pas si attrayantes. Le code pénal en France et en Bulgarie malgré les bonnes routes des premiers et les mauvaises routes des Bulgares est identique, les gens dérobent et volent de la même manière, mais l’un volera de façon à ne pas se faire attraper, c’est ce qui distingue la civilisation occidentale : en Occident lorsque quelqu’un commet un vol, on ne l’attrape que vingt ans après tandis que les Bulgares l’attrapent dans l’année. Donc le Bulgare est rustre, il n’est pas assez érudit pour masquer son crime, et les Grecs disent de lui qu’il a la tête dure. J’appelle cette civilisation byzantine, ce n’est pas une culture divine, nous devons avouer tout de suite la vérité. La justice est justice chez tous les peuples, un trait noble est noble chez tous les peuples, tous les individus et les sociétés ; tous les traits nobles sont d’origine divine et tous les traits négatifs sont d’origine humaine. Il y a deux grands enseignements dans le monde, l’un descend et l’autre monte ; l’un est purement divin et l’autre est humain, c’est un courant de la pensée, et ces deux courants entrent ainsi en nous et produisent toujours deux influences contradictoires : lorsque le courant humain entre en nous, nous devenons agités, colériques, haineux et l’anarchie s’empare de nous, ce courant vient du centre de la terre ; l’autre courant lorsqu’il vient, apporte la paix, l’entente, des pensées pures et des désirs nobles et sublimes. Tous les grands Maîtres du passé qui comprenaient la loi de la nature ont toujours transmis cette grande vérité : « Faites droits les sentiers du Seigneur ». Ainsi, prenez le courant divin, il est en accord avec la nature ; quand il entre, l’âme a des éléments avec lesquels travailler. Vous direz : « Pourquoi faut-il faire du bien ? » Parce que notre âme peut trouver les matériaux pour bâtir ses corps uniquement dans ce bien. Et si le courant terrestre prend le dessus en nous, il produit deux effets contradictoires dans l’organisme humain : s’il agit sur le corps physique, on commence à se dessécher, à se dessécher comme un hareng et on finit par dépérir ; l’autre effet est contraire : on commence à grossir, à grossir et la fin est identique, c’est la mort ; ce courant est une simple accumulation qui vient de l’extérieur et qui finit par nous briser ; alors que l’autre courant qui vient d’en haut organise les choses : cette matière est malléable et demeure en l’être dans la mesure où cela est nécessaire à son développement. Maintenant, pour que ces deux courants subsistent, les Maîtres du passé ont recommandé certaines méthodes alors que les chrétiens modernes, les musulmans, les bouddhistes et d’autres ont oublié comment réguler ces courants. Le jeûne vise à réguler ces deux courants et n’est pas comme on l’a décrété un moyen de salut : il n’y a rien à sauver, le jeûne ne sauve jamais ! On dit : « Il faut maigrir ». Si tu te dessèches, tu t’abêtis ; chose étrange, il faut se dessécher pour ressembler à un saint, eh bien, si votre cheval se dessèche et que vous l’attelez, quel travail fera-t-il ? Et si votre pommier se desséchait aussi ? Ainsi de suite… Il n’y a ici aucune logique, vous n’avez donc le droit de martyriser ni votre corps, ni votre pensée, ni votre cœur ; vous avez le droit d’harmoniser votre pensée, d’harmoniser votre cœur, d’harmoniser votre corps. Si vous vous imposez ce jeûne comme une diète pour harmoniser vos forces spirituelles, vous êtes dans la bonne direction pour réguler et exploiter les courants en vous. Le jeûne excessif, la retenue excessive ont engendré le processus inverse : la gourmandise. La gloutonnerie et l’anorexie sont deux pôles opposés. Vous dites : « On est né pour boire et manger ». Vous faites aussi fausse route, on n’est pas venu sur terre pour boire et manger ; il faut manger avec amour et on saura dans ce cas pourquoi on mange ; nous devons savoir pourquoi nous mangeons. Dans le passé, j’ai interrogé nos contemporains sur la raison qui nous pousse à prendre trois repas par jour, matin, midi et soir, il faut se l’expliquer. On répond : « On l’a hérité ainsi de nos aïeux ». Toutes nos croyances viennent toujours de nos aïeux et trisaïeux ! Il y a eu des livres, des écritures, ceci et cela. Pour nos contemporains civilisés ces affirmations ne tiennent pas ; si nous croyons, nous devons argumenter notre croyance et être capable de donner une réponse sensée sur ce qui fonde notre foi, avoir un fondement solide, être prêts à donner une réponse sensée. On dit : « Il faut avoir un crédo ». Pourquoi ? La nouvelle science, le nouvel enseignement divin met toutes les choses à l’épreuve ; ce que vous ne pouvez pas éprouver, ne l’admettez pas, ce que vous ne pouvez pas éprouver, n’y croyez pas. Tu peux croire en la vérité, on peut croire ce qui a été éprouvé, mais il y a à présent en nous tant de superstitions accumulées que nous croyons tout et n’importe quoi. Maintenant une grand-mère croit en la magie et les savants se moquent d’elle, mais combien sont les savants qui croient encore plus de bêtises que la grand-mère ? Les savants croient qu’on vieillit et qu’on meurt parce que c’est une loi naturelle ; c’est une croyance de grand-mère ! On affirme : « Il y a une loi naturelle, on croît, on se développe et à la fin on meurt ». Est-ce que la mort a été soumise à l’épreuve, qui parmi ces savants a éprouvé ce qu’est la mort ? Ils constatent que le pouls s’arrête, mais je peux faire arrêter le cœur humain pendant vingt-quatre heures et faire revivre la personne ensuite. On dit que la mort survient lorsque le cœur s’arrête ; ce n’est pas ainsi, une activité peut s’arrêter pendant qu’une autre activité plus subtile subsiste et agit toujours. Prenons un exemple simple : considérons une machine quelle qu’elle soit qui avance sur des rails ; cette machine est d’abord froide, plantée comme un rocher, puis une chaleur imperceptible apparait en elle, ensuite se produit un rugissement, les roues tournent et toute la journée la machine s’anime ; le soir, elle redevient inerte et puis revit le lendemain ; qu’est-ce que cela illustre ? Ce n’est qu’une transformation de l’énergie, rien de plus ; et lorsque quelqu’un débat sur la mort, nous lui dirons que la mort n’est rien d’autre qu’une transformation de l’énergie dans la nature d’un état dans un autre. Lorsqu’on cesse de fonctionner sur le champ physique avec la matière brute, et qu’on entre dans l’autre monde où la matière est plus subtile, plus délicate par ses vibrations, ceux qui ne comprennent pas la loi disent : « Il est parti, emportons son corps » ; et de cette façon des milliers de personnes sont enterrées vivantes. « Faites droits les sentiers du Seigneur ». Ces sentiers sont là depuis la nuit des temps où le Seigneur a mis ces lois, depuis que ce monde est créé ; nous devons étudier ces lois. Je dois maintenant apporter des arguments, vous démontrer s’il y a un Seigneur ou non. Je vous le montrerai avec deux arguments très puissants, irrésistibles, tels des bombes. Quand faut-il manger ? Quand on est affamé ; mais quand ne faut-il pas manger ? Quand on est rassasié ; quand faut-il boire ? Quand on est assoiffé ; et quand ne faut-il pas boire ? quand on a déjà bu. Celui qui ne croit pas en Dieu est rassasié ; celui qui croit en Dieu est affamé. Donc les incroyants sont des gens rassasiés, ils disent : « Nous sommes rassasiés ; ce Seigneur que l’on nous a prêché jusqu’à maintenant, laissons notre pensée Le digérer ». Ceux-là, je les appelle incroyants, ce sont des gens rassasiés. « Nous étions jadis comme vous. » Un homme affamé et un homme rassasié se croisent et se disputent ; pour quelle raison ? Posez la question comme il se doit : « Ami, es-tu rassasié ? – Je suis rassasié. – Au travail ! » Tu es affamé ? Mets-toi à table. Je traduis : tu es rassasié, tu n’as pas besoin de foi ; je suis affamé, j’ai besoin de foi. Donc tous ceux qui doivent croire sont affamés et ceux qui ne doivent pas croire sont rassasiés. Mais le changement est une loi dans la nature : les affamés seront rassasiés et les rassasiés seront affamés, donc dans quelque temps la roue tournera : les incroyants seront croyants et les croyants seront incroyants. Quel intérêt alors à convaincre ces gens de l’existence ou non du Seigneur ? Nul besoin de les convaincre. Et tous les prêtres seront désormais fâchés. Il y a deux sortes d’incroyants dans le monde – Je parle au sens littéral, je vous expliquerai pourquoi vous ne faites pas droits les sentiers de Dieu – il y a des incroyants nobles, ceux qui ont mangé et qui sont contents de leur repas et qui disent : « Ce déjeuner a été fameux » ; mais un autre est mécontent après le repas et critique sa femme, son estomac lui fait mal, il a mangé sans que cela lui fasse plaisir. Il y a deux sortes d’incroyants : les uns sont en dehors de l’Église alors que les autres sont dans l’Église ; ceux de dehors sont nobles et les autres sont des incroyants, mais ils ne l’avouent pas, ils prêchent, mais sans croire, ils sont hypocrites ; il y a une multitude de faits qui montre leur incroyance, je leur dis : « Vous êtes aussi rassasiés, mais vous n’avez pas aimé le repas. » Un pope orthodoxe m’a dit un jour : « Je n’en peux plus de l’encens ! Je ne veux plus sentir l’odeur de l’encens pour les cent ans à venir : j’enterre un mort, je brûle de l’encens ; un enfant naît, encore de l’encens ; je célèbre un baptême quelque part, encore de l’encens. Et ma tête sature : naissances, enterrements, baptêmes ; je veux me libérer de cet encens ». Vous direz : « On ne peut pas se passer d’encens ». Cet encens signifie quelque chose d’autre : on ne peut pas se passer de pensées nobles, mais on peut se passer de l’encens ; on ne peut pas se passer de cet encens intérieur qu’est la pensée. Donc cet encensoir symbolise l’esprit, le cœur humain où brûle le feu divin ; l’encens monte vers Dieu pour révéler tout l’univers, tout le cosmos ; c’est cela encenser : savoir pourquoi est fait le monde, pourquoi on croit, et écouter Dieu ; voici la croyance juste. Mais on dira maintenant : « Viens voir comment notre curé encense bien, il a une manière bien à lui d’encenser ». Je dis : oui, il sait comment agiter l’encensoir, mais il ne sait pas rendre sa pensée agile. Ce n’est pas un reproche, je parle d’une grande vérité, nous devons savoir rendre notre pensée agile. Et je veux tous vous libérer, mes amis, d’un égarement : il n’y a pas de milieu dans cette vie : ou bien tu crois, ou bien tu ne crois pas ; ou bien tu es rassasié ou bien tu es affamé, il n’y a pas de demi-mesure. Alors si vous êtes incroyants, je vous prendrai par la main et je vous demanderai : « Es-tu satisfait du repas ? – Je suis satisfait. – C’est bien, tu es un bon incroyant ! » Et l’autre dira : « J’ai mangé à ma faim, mais je ne suis pas satisfait ». Tu es un mauvais incroyant. Alors ceux qui ont faim sont aussi de deux sortes : à celui qui est tiraillé par la faim, mais reste doux et humble et attend d’être servi, je dis : « Tu es un bon affamé » et à l’autre qui se montre renfrogné je dis : « Tu es un mauvais affamé ». Ainsi les mauvais affamés deviennent de mauvais rassasiés ; les mauvais croyants deviennent de mauvais incroyants, les bons croyants deviennent de bons incroyants. Donc les croyants ont engendré les incroyants et l’incroyant est le fruit du croyant : voilà une philosophie, n’est-ce pas ? Lorsque je vois un incroyant, je dis : « Provient-il des bons croyants ou des mauvais croyants ? » Je m’arrête maintenant pour faire une petite disgression : je sais, en général le Bulgare qui entend une pensée philosophique profonde, soit se laissera distraire, soit s’endormira ; son esprit ne peut pas résister à une pensée puissante, c’est pourquoi je ferai une disgression avec un conte de l’époque romaine, au temps de Néron. Un patricien noble du nom d’Iverce, très érudit, a fait la connaissance d’une veuve romaine, mère d’une petite fille. Il éprouvait une forte aversion naturelle envers les femmes ; il aimait les femmes, mais détestait être touché par elles et chaque contact était comparable à une brûlure. Cet Iverce a connu l’enseignement des chrétiens d’alors et a décidé de consacrer sa vie à ce nouvel enseignement. Et selon la coutume de l’époque il a décidé de se retirer dans le désert, de s’adonner à la contemplation, à la méditation pour trouver les vérités divines, c’est-à-dire pour éprouver s’il existe un Seigneur vivant ou non et s’il peut Le voir. Lorsque nous disons : « Pouvons-nous voir le Seigneur ? » les évangélistes disent : « Nul n’a jamais vu Dieu ». Non, non, les aveugles ne L’ont pas vu, mais tous ceux dont les yeux sont ouverts L’ont vu au moins une fois dans l’année ; et celui qui a écrit l’Évangile a pris ce verset : « Nul n’a jamais vu Dieu », mais en retirant les mots : « Nul n’a jamais vu Dieu à cause de son ignorance », car il ne s’agit pas d’un Dieu pour les êtres frappés de cécité et d’ignorance, et chaque être qui a du savoir, du savoir divin, L’a vu. Si on est orthodoxe on dira : « Le Seigneur est si saint, si pur, que nous les pécheurs, nous sommes indignes de Le voir, mais c’est possible à travers un prêtre, un saint homme, un croyant ; qu’il prie pour nous afin que le Seigneur ait pitié de nous ». C’est pour cela que nous en sommes arrivés là, c’est parce que nous envoyons des incapables pareils auprès du Seigneur. Je vais vous donner un exemple. Un enseignant tombe amoureux d’une jeune fille enseignante elle aussi, mais pour savoir si elle le prendrait pour mari, il envoie l’un de ses élèves la voir et lui parler. L’élève s’est rendu chez elle, il a vanté son professeur, mais elle a eu un faible pour cet élève et lui a dit : « Pourquoi ne me parles-tu pas de toi, mais de ton professeur ? » Nous aussi nous envoyons constamment nos élèves auprès du Seigneur pour régler nos affaires. Et en fin de compte l’élève a épousé la jeune fille alors que le professeur est resté bredouille ! C’est un constat : en envoyant des marieurs nous les laissons arranger leurs propres affaires et nous restons là à méditer sur la question de l’existence ou non du Seigneur. Tu iras toi-même si tu souhaites te marier ; va, fais connaissance avec la jeune fille, tu n'as pas besoin de médiateur, les marieurs sont les pires personnes au monde. Ils sont venus préparer un mariage : ils vont dire ceci, cela, ils vont tordre la vérité, faire des éloges du garçon, faire des éloges de la fille ; et s’ils ne s’entendent pas, les marieurs diront : « Nous avons fait notre travail ! » Et tous les enseignements religieux agissent aussi de la sorte. Posez à un religieux la question brute : « Crois-tu en Dieu ? » Il ne te répondra pas directement mais dira : « Attends de voir ce qu’un tel ou tel autre a écrit sur le sujet ; je sais, j’ai étudié cela, mais je te laisse te prononcer ; je dois vérifier ce que l’occultisme dit à ce sujet, ce qu’un tel en pense ». La science traite ces sujets, mais quel est ton vécu à toi, as-tu une expérience personnelle ? Pour ne pas trop s’avancer, il va réfléchir avant de répondre ; je sais qu’il n’a pas d’expérience propre si je lui demande un avis sincère. Un monsieur est venu chez moi et m’a posé cette question : « Écoute, ne me parle pas comme à tes auditeurs, ne me traite pas comme un imbécile qui aurait besoin d’être convaincu ; je ne veux pas que tu me persuades, mais as-tu éprouvé ce que tu prônes ou bien est-ce que tu trompes seulement les gens ? » Je dis : « Je te le dirai maintenant ». Je lui ai fait expérimenter de ce que je crois et ensuite j’ai dit : « Crois-tu en Dieu ? – Je crois ! » Ce que je prône est une grande vérité et tu peux l’éprouver comme je l’ai éprouvée ; et lorsque tu essaieras cette grande vérité, un grand bouleversement se produira dans ta pensée au point de servir toute personne en conscience, et avoir l’âme et le cœur emplis de joie. Je vous le dis aussi : vous pouvez faire cette expérience. Certains l’ont fait, mais s’arrêtent encore, réfléchissent : « Nous sommes des pécheurs et le Seigneur ne nous recevra pas ». Ce Seigneur que je prône aime beaucoup les pécheurs : lorsqu’il les regarde Il sourit et leur envoie Ses rayons ; ce Seigneur que je prône a un faible pour les pécheurs, Il les aime, comprenez-vous ? Je L’appelle le Seigneur des pécheurs et des incroyants et non pas le Seigneur des justes. « Faites droits les sentiers du Seigneur. » Nous avons laissé Iverce : il est parti, il a décidé maintenant à se retirer dans le désert et à suivre cet enseignement. Il y a passé vingt ans. Mais cette petite fille en grandissant a un faible pour Iverce et décide de le retrouver. Seulement elle sait qu’il a une grande aversion envers les femmes et elle prend une forme masculine : elle s’habille en jeune homme qui fuit le monde pour se consacrer au christianisme. Même s’il servait Dieu depuis vingt ans, Iverce a été aveuglé par la Providence et il n’a pas pu la reconnaître, croyant qu’elle était du même genre que lui. Il lui a dit : « Tu dois te méfier des femmes car elles peuvent te créer, en tant que jeune homme, les pires maux de tête. – Oui, oui, disait-elle, je sais et je mettrai ton enseignement sur mon cœur pour l’accomplir. » Mais il s’étonnait : lorsqu’une femme ou une jeune fille venait, il était, ou plutôt elle était singulièrement prévenante, elle approchait, prenait la jeune fille par la main, l’embrassait, l’étreignait. Le soir même, Iverce le rappelait à l’ordre : « Tu me soumets à une tentation terrible, tu ne dois pas faire de telles choses, ces gens qui viennent chez moi le verront ; tu es un jeune homme et tu ne dois pas embrasser les filles ; ou bien tu dois corriger ton attitude ou bien je dois fuir. – Je t’en prie, mon doux maître, j’ai un faible pour les femmes ; en les embrassant je peux gommer cette faiblesse. – Que Dieu t’aide à te débarrasser de cette faiblesse. » Je demande : est-ce que cet Iverce avait une idée juste de la nature humaine ? Si ce faux jeune homme embrassait ces filles, quel mal commettait-il, dites-moi ? Aucun mal ! Maintenant je vous donne un deuxième exemple de l’époque classique. Azman-Tura était le nom de ce Grand Maître de la Loge blanche. Azman-Tura avait deux élèves qui étaient, pour sûr, des jeunes hommes et non pas des femmes en tenue d’homme. Le second s’appelait Vimersidé. Il est tombé amoureux d’une jeune fille sans que son Maître s’en doute, ce qui était interdit en ces temps à tous les disciples de cette école : être amoureux au sens où nous l’entendons à présent était interdit. Il comptait énormément sur ces deux disciples et voulait leur transmettre son savoir et en faire ses héritiers. C’était à l’époque où il s’apprêtait à mener une expérience de rajeunissement, de rétablissement des énergies. Il a appelé ses deux disciples. Il y avait une pièce prévue pour l’expérience : il a donné à chacun un liquide qu’ils devaient diluer et entreposer dans la pièce depuis l’extérieur. Je ne vais pas vous expliquer cela en détail. Mais il cherchait à les éprouver car il se doutait de quelque chose. L’amoureuse de Vimersidé était malade et l’idée a germé en lui d’utiliser cette expérience pour la secourir. Je demande maintenant : vous avez deux obligations de loyauté : une obligation envers votre Maître et une autre, une attirance envers votre bien aimée ; comment résoudrez-vous la question, a-t-il le droit de tromper son Maître pour le bien être de sa bien-aimée ? Et l’expérience d’Azman-Tura a échoué. Les chrétiens modernes ressemblent aussi à ce Vimersidé : ils ont bénéficié de la bénédiction divine et en profitent maintenant sur terre, ils mangent et ils boivent ; oui, ils mangent et ils boivent, mais la mort, la rétribution karmique revient constamment. Azman-Tura applique la loi sans relâche : chacun va récolter le fruit de sa croyance, le fruit de ses actions. Et je dis que nos sentiers doivent en premier lieu être droits. Si ce disciple avait été fidèle à son Maître il aurait bien agit ; ce Maître a compris son cœur : il ne voulait pas que le maître aide sa bienaimée, il agissait de façon hypocrite, pour l’aider lui-même, se mettre en avant et se faire passer pour une sommité. On dit maintenant : « Je ne veux pas être un simple curé, mais au moins un évêque » ; et la mère dit : « Grandis, fiston pour être évêque, ou au moins archimandrite ». C’est la morale la plus basse qui existe au monde. Si on adhère à l’Église pour devenir évêque ou archimandrite ou autre chose, on n’a rien à voir avec la vérité divine. On doit entrer dans l’Église avant tout pour trouver la vérité divine, servir Dieu, devenir un enfant, et le Christ dit : « Le Royaume de Dieu est pour les enfants ; si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas au Royaume de Dieu [2]». Tous s’interrogent pourquoi les jeunes fuient l’Église. Pourquoi pas ? Il y aura de plus en plus de fuites de l’Église. Certains disent en m’écoutant : « Ce n’est pas pour le bien du peuple bulgare ». Je demande : votre vision des choses jusqu’à présent était-elle pour le bien de votre peuple ? Il y a mille ans – je n’étais pas alors ici – comparez avec la situation d’il y a mille ans, ou huit cents ans ou cinq cents ans - si la Bulgarie avait été meilleure que maintenant, j’aurais été prêt à retirer mes paroles. Un enseignement qui repose sur le patriotisme périclitera car il n’est pas bâti sur un socle ferme ; le patriotisme social doit se baser sur des vérités absolues, le patriotisme doit reposer sur le grand amour divin, sur la grande sagesse divine, être fondé sur une loi intérieure. On nous dira : « Nous sommes des Bulgares ! » Non, nous sommes avant tout des êtres humains doués de raison, et ensuite nous sommes des Bulgares. Mais vous voulez maintenant nous persuader que vous êtes des Bulgares, et alors si vous êtes des Bulgares, la Bulgarie doit être le peuple le plus grand dans le monde. Ce n’est pas ainsi, je n’ai rien contre aucun peuple, je ne trouve pas leur vie mauvaise, mais quelque chose manque aux humains, il leur manque l’amour. Vous me direz encore : « Eh, toujours cet amour ! » Oui, oui, je vais vous harasser avec cet amour, tiens, lorsqu’il est question de l’amour j’userai de violence ; j’ai songé à détruire vos maisons car si on ne détruit pas vos maisons vous mourrez dedans, tandis que si je les détruis le soleil entrera et vous serez libres. La tombe n’est-elle pas une maison ? « Et les tombes s’ouvriront et les morts sortiront. » Les maisons et les églises d’aujourd’hui doivent s’ouvrir, s’ouvrir entièrement ; j’entends par-là que vos préjugés accumulés depuis des millénaires, vos théories doivent s’ouvrir et la lumière et la chaleur divine doivent y pénétrer pour faire fondre la glace qui vous a figés. Vous êtes toujours mécontents, même érudits, même fortunés, pourquoi ? Et vous direz alors : « Il y a dans le monde un Seigneur miséricordieux, omniscient, un Seigneur de l’amour qui aime les pécheurs, le grand Maître des ignorants ». Lorsque quelqu’un est ignorant, le Seigneur est prêt à l’instruire tout comme celui qui a besoin de Sa lumière ; il est agréable au Seigneur de nous réchauffer lorsque nous nous montrons comme nous sommes. Quelqu’un dit : « Est-ce que nous ne t’affligeons pas ? – Non, cela m’agrée que tu t’éclaires à ma lumière ; cela m’agrée de te réchauffer. » C’est ainsi que je lis dans le livre divin. Les plus avancés – lorsqu’ils me suivront et lorsque vous emprunterez le chemin divin – vous comprendrez que c’est cela le Seigneur. As-tu une idée de ce qu’est le Seigneur à présent ? Je vais vous raconter cette anecdote sur les étudiants d’une faculté en Amérique. Ils voulaient éprouver l’instruction d’un professeur, excellent zoologue. Tous les étudiants ont assemblé un coléoptère en prenant dix ou vingt morceaux d’insectes divers pour en créer un nouveau ; ils ont élu une commission qui s’est rendue chez lui avec les mots : « Monsieur le professeur, nous avons trouvé un spécimen singulier, nous vous prions d’éclairer notre ignorance et de nous dire ce que c’est ». Il l’a examiné et a dit : « Humbug[3] ! Jeunes hommes, c’est votre création, le Seigneur n’a jamais fait une chose pareille ». Nous aussi nous fabriquons un humbug et celui qui ne sait pas, dit : « C’est un drôle de papillon celui-là » ; oui, il est singulier pour l’ignorant, mais pour le professeur érudit, c’est un humbug. Lorsque l’amour, l’amour divin entrera dans votre cœur, vous comprendrez alors la vérité de façon claire. Pour m’expliquer, je vous dirai maintenant comment trouver cette vérité. Où naissent les contradictions ? Disons que j’ai un palais somptueux et je vous accueille, mais ma chambre est très petite, elle a une seule petite fenêtre qui donne à l’Est. Je peux faire en sorte qu’un ou deux puissent voir le Soleil, mais pas tous ; puisque deux cents personnes se pressent dehors, une rivalité se crée : « Pourquoi celui-ci est à la fenêtre et pas un autre ? », et il y aura un début de bagarre : « Est-ce toi qui as raison ou non ? » Je leur dis : « J’ai une nouvelle philosophie où on ne se bagarre pas. Je vais éliminer cette fenêtre ». « Mais on ne peut pas se passer de fenêtre, nous regarderons le soleil par la fenêtre ». Ce n’est pas une science, c’est une science du conflit, mais je vous aligne dehors, dans la cour du palais, à une distance de dix mètres les uns des autres, les deux cents auront suffisamment de place pour le regarder et il en restera encore autant. Mais on nous met maintenant à l’Église et on nous dit : « Ce n’est que d’ici que vous pouvez regarder le soleil ». Oui, humbug, vous devez rejeter ces théories mensongères et prendre conscience que nous sommes des enfants du Seigneur Vivant. C’est ce qui est écrit dans la Loi : « Je me manifesterai et Je donnerai toute Ma bénédiction à ceux qui sont doués de raison, qui Me connaissent et qui M’aiment ». Dans l’humanité actuelle les âmes les plus puissantes sont incarnées dans les pauvres, alors que les riches sont des âmes chétives ; il y a des héros parmi les pauvres alors que les riches qui disposent des meilleures conditions de vie dégringolent car ce sont des âmes faibles. Notre Enseignement aussi n’est pas celui des plus riches et des plus savants, car les âmes les plus fortes ne se trouvent pas parmi les savants. Interrogez un savant sur l’existence ou non du Seigneur : il n’a pas le courage de dire s’il sait ou non, mais il dira : « La science ne l’a pas encore prouvé ». Laisse la science de côté, c’est toi le professeur, c’est toi qui enseignes les autres, et c’est une question essentielle. L’être humain doit connaître Dieu avant tout, rien de plus ; chaque créature doit être familière du soleil avant tout pour avoir une pensée agile, et pourrait-on avoir une intelligence agile sans connaître Dieu ? Non ! c’est un mensonge, c’est un mensonge. Chacun de nous peut voir Dieu, parler avec Lui, demeurer en Lui, travailler, et aller vers ce monde grandiose, tous les bienfaits se produiront alors. Quand ? Toute l’éternité est à votre disposition, d’abord libérez-vous de l’idée de la mort ; cela peut être aujourd’hui, demain, dans un an, dans dix ou vingt ans ; des gens qui mesurent le temps sont mortels alors que nous ne le mesurons pas. Le Seigneur est bon à notre égard, car si ce n’est pas dans cette vie, ce sera dans la prochaine, ou bien la cinquième ou bien la sixième… Mais laissons chaque chose venir en temps utile. « Faites droits les sentiers de Dieu », ces sentiers que Dieu a faits pour nous. Il viendra libérer nos âmes et je veux que vos âmes soient libérées de l’idée mensongère de la mort, libérées des idées mensongères que nous sommes mortels ; vous devez être très libres. Pensez avec justesse ; que chacun dise : « J’ai vu le Seigneur », et je demanderai : « Quand as-tu vu le Seigneur ? Lorsqu’Il se levait ou lorsqu’Il se couchait ? » Vous direz à présent : « Ce sont des adorateurs du soleil ». Non, non, les gens regardent ce soleil et rien ne s’arrange pour eux, mais celui qui a vu ce Soleil-là une fois ne l’oubliera jamais, une telle lumière et une telle chaleur vibreront dans son cœur, elles le transformeront et vous le verrez lorsqu’il retournera après ce lever. Le temps approche maintenant, l’aube est proche, une aube grandiose approche ; je veux que vous soyez tous prêts et à votre place. Quand vient le Soleil ? Certains parmi vous diront : « C’est une mystification ». Il n’y a aucune mystification avec nous, il n’y a pas de secrets, les secrets sont pour les idiots ; nous voulons rendre toutes les choses compréhensibles pour les gens, et par conséquent la vérité est toujours une et chacun peut la connaître, alors que le mensonge est toujours dissimulé et personne ne peut le connaître. On dit alors : « Étudions les secrets de la nature ». N’étudions pas les secrets de la nature, ni les secrets de la vie et du monde, mais les vérités vivantes dans la nature. J’affirme : étudions la vie grandiose de la nature vivante, entrons en contact avec elle, travaillons avec ce Seigneur qui œuvre à présent. Et certains diront : « Est-ce que le temps est venu ? » Pour les gens doués de raison, le temps est venu, mais pour l’idiot il ne viendra pas ; pour l’affamé le temps est venu, mais pour le rassasié il ne viendra pas ; pour l’assoiffé le temps est venu, mais pour ceux qui ne le sont pas, il viendra dans mille ans. Celui qui est affamé parmi vous, son temps est venu, c’est maintenant, dans une demi-heure vous aurez droit à un petit déjeuner ou un déjeuner. Le Seigneur donne la pelle et la pioche à ceux qui sont rassasiés : là-bas dans la vigne, dans les maisons, tous au travail ! « Faites droits les sentiers de Dieu. » Je ne fais pas de reproche, mais je dis qu’il est temps pour tout le monde : les curés, les évangélistes, tous sans exception doivent savoir qu’il y a un Seigneur dans le monde qui nous enjoint tous à vivre dans la fraternité ; c’est le droit chemin : dans la fraternité et la sororité, c’est ainsi que parle la voix divine qui vient d’en haut et elle dit cette vérité dans vos cœurs. Il n’y a aucune mystification dans mes propos et je vois combien vous êtes satisfaits. Y a-t-il meilleure chose que de croiser son frère ou sa sœur, qu’ils t’étreignent et qu’ils t’embrassent comme un frère ou comme une sœur ? C’est le plus sublime, le plus noble dans le monde. Et si je traduisais ces formes de fraternité et de sororité au deuxième ou au troisième degré, vous diriez : « Voici une nouvelle mystification ! » Allons, je laisse de côté ces degrés, je garderai ces fraternités au premier degré. « Faites droits les sentiers de Dieu. » Et dites : « Ai-je vu le Seigneur ? Non ». Ne dites pas : « Eh non, je ne Le verrai pas », non, dites : « Je ferai tout, j’essaierai tout, mais je verrai le Seigneur, je Le verrai ce Seigneur et je veux qu’Il me parle, qu’Il me dise un mot ». Vous Le verrez et Il vous dira ce mot qui vous bouleversera ; vous passerez ainsi d’un état à un autre et vous acquerrez l’intelligence d’un ange et vous direz comme l’aveugle : « J’ai été aveugle autrefois mais j’ai recouvré la vue. [4] » Vous direz : j’ai été ignorant jadis, mais je sais tout maintenant car la lumière de ce Dieu-là m’a éclairée et je Le reconnais à présent ; Il est mon bienaimé dans lequel je vis, je me déplace, j’existe et j’accomplis tout. « Faites droits les sentiers de Dieu », car le Seigneur vient ! Sofia, 2 avril 1922 [1] Isaïe 40, 3 : « Une voix proclame « Dans le désert dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu ! » [2] Matthieu 18, 3 [3] Humbug – de l’anglais « human bug » - insecte fabriqué par l’humain [4] Jean 9, 25
  11. Celui qui vous reçoit « Celui qui vous reçoit, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. » Matthieu 10 :40 Il y a dans chaque enseignement des éléments fondamentaux, des lois, des principes, des concepts : ce sont des postulats invariables. Le nombre des éléments chimiques est connu, je pense qu’ils sont plus de soixante-dix, certains veulent réviser ce nombre à la baisse, et les uns comme les autres ont raison. Les gens dans le monde, les savants veulent tout qualifier, ils veulent traduire les faits en lois et les lois en postulats, afin d’expliquer les manifestations dans la nature. Les religieux qui considèrent que les postulats énoncés par les savants sont erronés, tirent la conclusion générale que tout ce que le monde enseigne est erroné ; il n’en est pas ainsi, il y a dans le monde nombre d’enseignements erronés, mais aussi un grand nombre d’enseignements justes ; chez les religieux il y a aussi beaucoup d’enseignements erronés. De ce point de vue, nous ne nous faisons aucune illusion, c’est-à-dire que nous ne voulons guère nous abuser. Savez-vous d’où viennent les illusions humaines ? De l’égarement. C’est un côté négatif de la pensée humaine, de la pensée inférieure, de la pensée animale chez l’être humain. Observez n’importe quel animal dont la queue pend, faites un essai : lorsque vous regardez le chat ou le bœuf, ils lèvent la queue, et nous ne voyons que le côté extérieur de la chose et nous disons : « Il a levé la queue ». Mais pour quelle raison ? Parce qu’il a été regardé ; et pourquoi a-t-il été regardé ? Parce qu’il a été complimenté à cause d’un mérite : on lui a dit : « Tu es un poète remarquable, nous n’avons jamais lu de vers comme les tiens ». « Ah bon ? » et il lève la queue et le lendemain il a une autre allure. Mais tu es le même, celui qui t’a fait des compliments n’a rien insufflé de significatif dans tes strophes ; tu ne dois pas te bercer d’illusion. Maintenant, je ne réprouve pas l’éloge, il peut être à sa place, mais pas toujours : parfois l’éloge égare la personne. Le contraire de l’éloge, c’est réprimander quelqu’un pour lui ouvrir les yeux. Quelqu’un dit : « Pourquoi me réprimandes-tu, pourquoi m’offenses-tu ? » Si tes yeux sont fermés ou voilés, je vais les opérer avec mon scalpel pour ôter le voile afin que tu voies mieux. Tu dis : « Mais je vois bien ». Oui tu vois, mais confusément, alors que si j’enlève le voile, tu verras avec plus d’acuité. L’Enseignement que nous prônons est fondé sur un commandement intérieur. Si je procède à cette opération et si je dis : « Vois-tu mieux ? – Oui ! – Comprends-tu bien ? – Oui ! Alors ma réprimande est à sa place ; mais si je t’offense et dis : « Vois-tu mieux ? – Non ! – Comprends-tu mieux ? – Non ! » Alors ma réprimande est déplacée et j’emploierai la deuxième méthode, je te ferai des éloges. Je dirais alors : « Vois-tu ? – Je vois très bien. – Comprends-tu ? – Je comprends. » Donc mon éloge est à sa place. Ce sont des situations communes. Si quelqu’un profère des louanges ou des insultes à notre encontre, nous devons apprécier dans notre for intérieur : si celui qui m’insulte insuffle en moi une nouvelle idée et redresse un travers que j’ai, cette insulte est à sa place ; mais s’il altère ma paix que je ne peux retrouver que des années plus tard, elle n’est pas appropriée. Le Christ dit maintenant : « Celui qui vous reçoit », c’est-à-dire qu’il commence de bas en haut et ne dit pas : « Celui qui reçoit Dieu, puis me reçoit, et enfin vous reçoit », mais il dit : « Celui qui vous reçoit, me reçoit et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé ». Alors que vous dites souvent : « Je ne veux rien savoir des autres, je veux savoir ce que le Seigneur a dit ». Eh bien, si le Seigneur a d’abord parlé à l’un de tes frères, à tes proches, il ne répètera pas deux fois ; si le maître a parlé une fois et que tu étais dehors, il ne viendra pas parler une deuxième fois pour l’élève absent, tu iras chez celui qui a écouté la causerie du Maître ou la conférence du Maître, et il te la racontera. Mais tu rétorques : « Comment donc écouter un élève ? Je ne le peux pas ». Puisque tu ne le peux pas, tu resteras ignorant ; il faut de l’humilité. Chacun doit être à sa place dans la classe et entendre ce que le Seigneur a à lui dire. Beaucoup disent qu’ils ont écouté le Seigneur. Quel Seigneur ? « Le Seigneur s’est adressé à mon Seigneur [1]», donc il y a un petit Seigneur en nous et un grand Seigneur qui s’adresse à lui ; le grand Seigneur s’adressera au petit et celui-ci te parlera alors, et tu connaîtras la vérité ; la science occulte l’appelle le Moi supérieur, l’éveil du Je, alors que les chrétiens l’appellent l’ange gardien. Les occultistes appellent « dieux » ceux qui nous guident. Il y a un principe Divin auquel nous sommes liés ; nous appelons ce principe le Christ qui est en nous, il est le petit Seigneur en nous. Certains prétendent que le Christ est au-dessus de tout, toujours et en tout. Ce n’est pas ainsi, si vous voulez le savoir du point de vue philosophique, ce n’est pas ainsi. Le Christ est le commencement dans lequel Dieu se manifeste le mieux, et il dit très justement : personne ne peut venir auprès de moi, si le Père, le Principe Divin ne l’attire pas. Avec quoi ? Avec amour. Si dans votre cœur ne vibre pas cet amour, Il ne vous attirera pas. Je veux que vous vous concentriez un instant sur le côté positif de l’amour ; tant que vous doutez, tant que vous êtes inquiets, tant que votre cœur est cupide, tant que vous recherchez la gloire à l’extérieur, tout dans le monde est négatif, votre amour est négatif, votre énergie est faible, ce n’est pas un amour divin ; et toute notre culture est fondée sur cet amour négatif. Je vais vous raconter un conte occulte pour que vous sachiez ce qu’est cet amour négatif. C’est un amour sans faille, mais qui ne dure que quatre jours. Il s’agit d’un jeune loup qui venait sur terre pour la première fois. Comme il était né parmi les loups et qu’il trouvait son espèce peu noble, il a voulu réformer son espèce en disant : « Je suis envoyé par le monde invisible pour vous corriger, car vos crimes sont si grands, vous faites tant de mal aux moutons qu’il a été décidé de vous corriger, vous devez vous limiter et je vous montrerai ce qu’il faut faire ». Un jour il croise une jeune brebis, une fille – les brebis ne sont pas bien âgées – et lui dit : « Je t’aime beaucoup, je suis amoureux de toi, je veux passer toute ma vie avec toi. – Passer toute ta vie avec moi ? Mais je sais le mal, les dégâts que vous avez causés à notre famille. – Non, non, je viens du mode invisible pour réformer tous les loups et tu le verras, je te le démontrerai en vrai. – Alors, je suis prête. » Ils s’aiment, s’attèlent à ce nouvel enseignement, empruntent le chemin pour démontrer qu’entre les loups et les moutons s’instaure la fraternité et l’égalité ; mais comme les brebis vivaient loin, elles devaient voyager longtemps. La brebis paissait alors que le loup jeûnait « Au nom de l’amour, dit-il, j’ai réussi à jeûner le premier jour ». Le deuxième jour ils sont là, elle l’invite à paître : « Je ne suis pas disposé, tu peux manger, moi je me promènerai » ; et ce deuxième jour il dit : « J’ai tenu » ; le troisième jour elle paît l’herbe et l’invite à en faire autant. Le quatrième jour il dit : « En réalité, je t’aime beaucoup, j’ai souffert quatre jours pour toi, mais est-ce que toi, tu m’aimes ? – Je t’aime. – Es-tu prête à te sacrifier pour moi ? – Je suis prête. – J’ai faim, est-ce que je peux te manger ? » C’est cela notre amour contemporain, c’est ainsi avec tous, je le dis à tous et tous trébuchent là-dessus. Quatre jours ça va, ça passe, mais ensuite : « Tu m’aimes, n’est-ce pas ? – Je t’aime – Est-ce que je peux te manger ? » Jusqu’au quatrième jour tout va bien. L’amour divin en revanche est l’inverse de l’amour humain. Que restera-t-il de cette brebis ? Uniquement les os, la chair disparaîtra. Nous dirons alors : « Comme ce loup est cruel ! » Bien, lorsque vous prenez une femme qui a été pure et noble, sa mère, son père, toute sa famille ont déposé le meilleur en elle, vous lui promettez des montages d’or, mais après avoir vécu quatre ans à vos côtés, dans sa tête il ne reste rien de ce qui y a été déposé ; je demande alors qui est la brebis et qui est le loup. Cette loi s’applique à tous : pour les hommes et les femmes, pour les prédicateurs et les auditeurs. Si je vous prêche quatre ans durant et que rien ne reste de vous, c’est que le maître est un loup et les disciples des brebis ; ce principe est implacable, je l’applique, et vous aussi appliquez-le partout. En premier lieu l’amour exige la liberté, la liberté, une entière liberté, partout et non seulement la liberté matérielle : il y a un autre joug, plus lourd que le joug matériel. Quelqu’un peut travailler dans une fabrique, mais rester libre de penser et de ressentir à sa guise. Alors qu’il existe un joug mental. Un auteur a dit ainsi : « Tu veux t’exprimer, mais tu ne peux pas exprimer ta pensée », c’est-à-dire, si du point de vue matériel le domestique ne peut pas se prononcer, mais seul le maître le peut, du point de vue mental on observe le même parallèle. Les gens suivent des règles. Les poètes aussi ont des règles pour savoir comment faire des rimes et chaque poète parle en rimes, mais la poésie ne se juge pas d’après les rimes, ce n’est qu’un des éléments de la poésie ; les poètes doivent comprendre ce qu’est la poésie : elle est comme la musique, il faut une certaine harmonie et les mots doivent être ordonnés de façon à ressentir un frémissement du cœur à la lecture d’un poème, une dilatation, une joie, une gaîté ; c’est ainsi que je comprends le véritable poète : lorsque je lis ses strophes, si je suis attristé alors elles atténuent ma tristesse, me consolent, alors que les vers de cet autre poète qui clame : « Quel destin nous a accablés, être des esclaves tous les deux ! », on n’en veut pas dans la science occulte. Dieu est amour, alors que nous nous créons un tel destin ; ce joug, cet égarement sont les enfants de nos esprits tordus, de notre philosophie, de ceux qui nous ont gouverné par le passé et non de ceux d’aujourd’hui ; depuis des milliers d’années ils ont engendré ceci, non les prêtres d’aujourd’hui, mais les anciens ont introduit toutes les erreurs qui existent maintenant, ceux d’aujourd’hui ne sont pas fautifs : ils portent les péchés des anciens. Et le Christ dit : « Celui qui vous reçoit… ». Si tu ne peux pas recevoir ton frère par amour, tu ne peux pas recevoir le Christ non plus, cette loi est absolue. Si tu ne peux pas donner un leva à un mendiant, comment donneras-tu quelque chose de plus au Christ ? Car lorsque le Christ viendra, il demandera plus ; si tu ne peux pas nourrir une mouche par excès d’avarice, comment nourriras-tu une brebis qui mange mille fois plus que la mouche ? Si tu ne reçois pas ton frère, comment recevras-tu l’Éternel qui demandera plus ? Ainsi le Christ dit : « D’abord tu recevras ton frère ». Puisque nous avançons selon la loi de l’évolution, nous recevrons notre frère, le Christ viendra ensuite et après le Christ, Dieu, c’est-à-dire la plénitude de l’amour se manifestera. Je vais vous narrer un petit conte à propos de deux sœurs. L’une était enseignante et l’autre, la plus jeune, servait à la maison. La grande sœur épargnait pour s’acheter des livres et aider les pauvres. La petite sœur tombe amoureuse d’un jeune homme qui ne s’habillait pas bien. Et que fait-elle pour s’assurer qu’il soit bien accueilli par la grande sœur ? Elle va lui prendre son argent pour que le jeune homme s’habille mieux. Elle lui donne l’argent pour qu’il s’achète un beau costume, une canne, un haut de forme ; il s’est mis du parfum et il est venu chez elles. Elle demande à sa sœur : « Alors, est-ce qu’il te plaît ? – Très bien, il me plaît. » Mais cherchant son argent, elle ne le trouve pas et demande à sa sœur : « Où est l’argent ? – Je ne sais pas, quelqu’un a dû le voler. » C’est ce qui se passe avec nos contemporains : nous prenons leurs richesses pour habiller ceux qui en sont indignes. Ce jeune homme n’avait pas besoin de haut de forme, de canne, de parfum ; ce jeune homme a besoin d’intelligence, de cœur et de volonté. Lorsque tu te marieras, tu enlèveras le haut de forme : haut de forme et canne ne font pas tourner la maison, et le parfum encore moins. Cependant vous dites tous : « Voyez comme il est bien habillé ! » Vous avez raison, mais considérez cette tenue du point de vue intérieur : est-il intérieurement paré d’un cœur noble, d’une volonté puissante sur laquelle tu peux toujours compter ; voici la véritable tenue avec laquelle se parer. Mais maintenant nous recevons la civilisation de ce monde sans le Divin, nous ne suivons pas la loi du Christ. Sur quoi repose la civilisation d’aujourd’hui ? Sur l’égoïsme humain qui au bout de quatre jours vous mettra à nu, vous dévorera et ne laissera de vous que les os ! Que quelqu’un vienne démontrer que ce n’est pas ainsi, vérifiez-le. J’ai aussi un remède et un commandement que mon Seigneur que je sers m’a donné pour l’offrir au monde, non pas au monde en réalité, mais à vous. Je veux en allant dans le monde agir comme le Christ : je veux d’abord vous recevoir vous, mes petits frères, et je vous le donnerai. Mais vous direz : « C’est nous les plus nobles ? » Je ne commence pas par les plus nobles, mais par les moins capables, par les boiteux, les infirmes, les lépreux par tous ceux qui sont rejetés ; si je ne suis pas capable de les recevoir, de leur donner mon amour, la question me concernant est réglée ; lorsque je vous recevrai dans mon cœur, je vous donnerai ce commandement, et les plus nobles viendront alors ; lorsque j’achèverai le travail avec vous, les autres m’attendent, les plus nobles, et le Christ. Je sais aussi comment agir avec les nobles. Les savants se vantent d’avoir la science, mais nous pouvons aussi discuter avec les savants, les académiciens et les philosophes, nous savons aussi nous y prendre avec eux, par des preuves, et ainsi de suite. Puis viendront ceux qui gouvernent et qui ont la force ; nous aussi nous avons la force et nous serons sur un autre pied avec eux, nous emploierons un autre langage. Mais si je passe directement à eux en vous délaissant, la question vous concernant est aussi réglée. S’ils me demandent : « Pourquoi fais-tu cela ? » Mon Seigneur m’a dit de donner d’abord une part aux plus petits frères et ensuite aux autres ; ils diront : « Mais ignorez-vous que nous sommes nobles ? » Je le sais, je le sais, mais si vous êtes nobles, vous vous réjouirez de mon action et vous ferez la même chose : quittez vos places et venez aider. Mais certains se tiennent à l’Église et disent : « Il est parti parler aux rustres, qu’il vienne auprès de nous » ; oui, mais vous me comprendrez mal, comme vous avez compris le Christ il y a deux mille ans. Je ne me fais pas d’illusion et je leur dirai : lorsque je suis sorti du Ciel, le Christ m’a dit : « Regarde mes mains, ceux-là, les « nobles » n’ont pas encore changé de caractère, mais sont restés les mêmes. – Pourquoi ? – Parce qu’ils n’ont pas encore appliqué mon commandement sur l’amour. » Si les Églises avaient appliqué le commandement sur l’amour, il y aurait eu paix et entente entre toutes les Églises du monde chrétien. Est-ce qu’il y a une entente entre elles toutes ? Non. Même parmi ceux qui prônent un seul Évangile, comme les évangélistes en Amérique, il n’y a pas de visite d’autres églises, un prédicateur ne peut pas aller dans une autre Église car leurs dogmes, leurs visions diffèrent en quelques points mineurs : ces gens filtrent le moustique, mais avalent le chameau. Par conséquent nous commencerons sur terre avec le petit et terminerons avec le grand. La Bible dit : « Dieu a d’abord fait l’homme à Son image et à Sa ressemblance ». Je ne vais pas m’arrêter et vous expliquer ce verset, il contient une grande vérité occulte qui ne peut pas être révélée complètement. La Bible dit en second lieu : « Dieu forma l’homme de la poussière de la terre et souffla dans ses narines un souffle vital » ; ceci montre son origine, non pas l’origine de son esprit, mais l’origine de ses passions, de ses désirs et de sa pensée inférieure, de ce qui est animal en lui. Donc les êtres humains auront une autre évolution, depuis les minéraux et les végétaux, et par conséquent le Divin et l’animal sont liés l’un à l’autre, et certains commencent par l’ancien être humain, d’autres, par le nouveau. Et Paul dit : « Qui me délivrera de cette loi de la chair [2]? » Quelle loi ? La loi animale. Et il dit ensuite : « Je suis reconnaissant d’avoir acquis ce savoir [3]». Comment ? Par la loi de l’amour, car seul l’amour peut vous libérer. C’est grâce à l’amour seul, entrant comme une force en vous, que vous ne quitterez pas votre demeure, mais serez si puissants que tout fondra : toutes ces cordes, ces chaînes de fer qui vous entravent fondront sous le feu de cet amour et vous serez libres. Si je prône l’amour, c’est afin que cet amour fonde vos chaînes, et je vois beaucoup de chaînes autour de vous. J’ai déjà fait des expériences, pas une, ni deux, ni trois, quatre, cinq, six fois ou plus : elles se sont toutes vérifiées. Quelqu’un dit : « Pourquoi es-tu aimable avec certains, et moins avec d’autres ? » Je vous dirai pourquoi : avec les malades je suis très prévenant, je caresserai le visage d’un tel homme, puis je lui parlerai doucement comme à un ami et je lui dirai : « Tu guériras ». Imaginez que je sois un médecin avec une situation sociale importante, et que je rentre dans une famille où la fille est belle, bien éduquée ; que penseriez-vous de moi si je me mettais à la caresser et à l’embrasser, vous me prendriez pour un esprit dérangé, n’est-ce pas ? Mais comme je ne veux pas être considéré comme un caractère faible, je me tiendrai à deux ou trois mètres et je dirai : « Mes hommages ! » et vous direz : « Comme il est cérémonieux, regardez-moi cet hypocrite ». Je dis : si votre fille vient un jour à la place de celle qui est malade, je la traiterai comme une malade, mais puisqu’elle est bien portante, je ne peux pas avoir une autre attitude. Je dois d’abord faire une opération. Quand aura lieu l’opération ? Le malade doit se relever. Les Écritures disent aussi : « Les gens intelligents doivent se diminuer complètement pour trouver Dieu [4]». Le seul moyen pour vous aussi est de vous « diminuer », c’est-à-dire de croire en l’amour. N’allez pas croire que la civilisation actuelle peut vous sauver : un ingénieur fabriquera une mitraillette capable de tirer vingt-cinq mille cartouches à la minute et ils disent alors : « C’est pour le bien du peuple » ; un chimiste invente un poison, capable de tuer en masse et dit : « Je les ferai trembler devant notre invention » ; et nous louons tout ceci. Aujourd’hui il y a un excès de philosophie négative : un avocat qui connait bien les lois peut innocenter le fautif ; d’autres veulent inciter la jeune génération à entrer dans l’Église. Quelle église ? Celle des mensonges ! Ce n’est pas une église. Je vous parle avec sincérité : l’Église du Christ est Église d’amour, de paix, de sagesse, de vérité, où les êtres sont frères et sœurs, c’est cela l’Église du Christ ; si une église est comme cela, je serai le premier à y entrer, à m’agenouiller, à prier et à étendre mes mains sur chacun, mais uniquement si j’entre dans une telle Église. Maintenant certains veulent me juger, pourquoi ? Est-ce que les prêtres en Bulgarie peuvent me juger ? Pour le faire, ils doivent être plus purs et plus intelligents que moi. « Non à votre manière, leur dis-je, mais à la manière divine : apportez une plus grande lumière pour que je voie que la mienne n’est pas grande », je suis prêt à l’accepter, je suis prêt à accepter tout savoir, je m’intéresse à tout, je ne suis pas étroit d’esprit. « Celui qui vous reçoit… » Essayez cet Enseignement, appliquez-le, il est applicable dans vos foyers ; vous avez des enfants, l’Enseignement est pour vos enfants, pour les élèves, pour les domestiques ; appliquez-le, s’il ne donne pas de résultats, laissez-le de côté. « Lorsqu’ils reçoivent leurs frères, ils me reçoivent ». Que représente ce petit frère ? Le lien est le suivant : lorsque je décide de recevoir mon frère, cela veut dire que je dois donner à vous, mes frères, tout ce qui est matériel et que je possède en ce monde ; lorsque je viendrai à vous, je ne viendrai pas les mains vides, mon sac sera rempli, je vous donnerai du matériel ; ensuite se déclenche le deuxième processus : lorsque je suis prêt à sacrifier à Dieu ce qui est matériel, alors viendra le Christ, ce qui est spirituel en moi, la loi de l’amour, et lorsque je recevrai la loi de l’amour, alors se manifestera l’Esprit et le grand Seigneur. Cela veut dire que c’est à moi de faire le premier sacrifice dans le monde ; alors que si je garde maisons et avoirs pour moi, et que je ne suis prêt à rien céder, et que de surcroît je prône l’amour, alors rien ne sera possible. Et je dis : si nous sommes prêts… Ici le Christ a dissimulé sa pensée. Je vais vous relater une anecdote sur la vie en Bulgarie. Un riche croise au marché un misérable qui disait : « Je n’ai pas le sou ; si seulement j’avais de l’argent pour acheter ces tripes et que ma femme les cuisine ». Le riche lui demande : « Que regardes-tu ? – Je regarde ces tripes. – Le riche sort son portefeuille, l’ouvre et sort une pièce turque en disant : « Donnez-lui ces tripes à emporter. » On lui demande sur le chemin de retour : « Où étais-tu grand-père ? – J’ai été au marché, j’ai vu ce pauvre homme et je lui ai rendu un service ; je me suis dit : achète lui ces tripes. » Nos bontés ressemblent en tout point à celles de ce grand-père : lorsqu’on fait un bien, on clame à qui veut l’entendre : « Nous avons accompli un bien ». Non, non, ce n’est pas ainsi que ce travail s’accomplit, ce n’est pas cela faire du bien, ce n’est pas cela recevoir son frère. Avant tout une chose est exigée : créer des conditions, se fabriquer de bons corps ; nos frères doivent éliminer toutes leurs infirmités physiques, corriger d’une manière consciente leurs corps qui souffrent, et ensuite les âmes doivent entrer et vivre dans des corps sains. Mais nous nous contentons de dire : « C’est ainsi que cela a été décidé pour lui, c’est son karma, c’est ce qui était écrit, c’est le Seigneur qui a décidé ainsi, c’est le destin ». Non, son destin n’est pas celui-ci, le Seigneur n’a pas décidé ainsi, mais c’est nous qui écrivons ainsi, c’est nous qui écrivons et lisons, nous avons rédigé nos propres lectures, et nous disons : le Seigneur l’a écrit. Ainsi, nous devons insuffler cet amour. Comprenez-moi, lorsque je m’adresse à vous je ne vise personne parmi vous car j’ai décidé de tous vous recevoir ; ne pensez pas que je vous critique, pas le moins du monde, simplement je vous explique certains faits, lois et principes. Ils sont en rapport avec vous, mais vous n’en êtes pas responsables. Si je trouve un pou sur ta tête, serais-je dégoûté de toi ? Tu n’es pas fautif, je ne pense pas que tu l’as créé, il a seulement atterri sur sa tête et si tu n’es pas très sensible, tu ne t’en es pas aperçu ; il existe un remède : tu prendras un peigne très fin et si tu n'as pas assez d’argent pour ce type de peigne, prends-en un plus gros mais resserre-le avec des fils, et tu te nettoieras de la sorte ; il vaut mieux te débarrasser des poux plutôt que de les laisser pondre leurs œufs. Il y a maintenant des philosophes qui veulent que tous les maux restent en nous ; non, non, tous les maux doivent sortir, toutes tes pensées néfastes : dehors ! Ce sont des poux, des lentes. Je ne blâme pas ces poux, ils disent : « Nous devons aussi avoir une vie », c’est leur culture. Tu es un grand bonhomme et le pou dit avec son rostre : « N’est-ce pas tu as de l’amour, je veux prendre un peu de ton sang, qu’est-ce que ça te coûte ? » Mais si deux mille poux envahissaient ta tête !? Je n’ai rien contre le fait de donner un peu de mon sang, mais avec vos rostres vous m’instillerez beaucoup de poison ; la question n’est pas de vous tolérer, mais j’ai un jardin, je vous apprendrai à bien travailler, je vous donnerai une binette et je vous préparerai une bonne soupe de lait et vous pourrez manger à votre faim ; mais vous ne monterez pas sur ma tête car elle a une autre prédestination : discerner et demeurer dans la sagesse, et non être votre jouet. « Celui qui vous reçoit, me reçoit », dit le Christ. Si nous admettons ce principe, qu’advient-il ? Il y a certaines grandes lois immuables dans la nature qui agissent dans l’existence ; nous ne pouvons pas, concilier ces lois. Chaque pensée, chaque désir est relié à des courants qui circulent dans la nature : certaines pensées attirent les atomes du fer et si vous vivez longtemps avec ces pensées, vous deviendrez irascible, brutal, ce processus se déroule en votre sein ; d’autres pensées qui agissent longtemps en vous, finissent par attirer les atomes de l’argent et lorsque cet argent prend le dessus en vous, le désir d’accumuler toutes les richesses germera, et vous croyez qu’en cumulant cette fortune vous ferez je ne sais quoi ; vous ne pouvez rien faire ! Si le monde pouvait s’arranger avec de l’argent, cela se saurait, il y a tant de milliards maintenant. Le plus riche n’est pas meilleur ; les américains ont créé une loi contre l’accumulation des richesses, ces richesses ne sont que des avalanches de neige qui dévalent les pentes montagneuses et malheur aux villages sur lesquels elles s’abattent, elles les anéantissent. Nous ne voulons pas de richesse matérielle, mais une richesse d’amour, de cœur, qui t’apporte la bénédiction lorsqu’elle entre dans ta maison. Nous n’avons pas à améliorer le monde extérieur par la force, nous devons aujourd’hui apprendre à labourer la terre pour qu’elle donne plus de blé. Nous avons plus de blé qu’il n’en faut, mais ce blé est en Amérique et en Allemagne, il est stocké dans les granges, et tous les riches attendent que son prix grimpe d’un franc pour le vendre et faire du profit, et si le prix n’augmente pas, ces petits frères n’ont qu’à souffrir ! Pourtant ce blé est envoyé pour les hommes sur terre, et si nous étions tous intelligents il faudrait le partager en parts égales, manger, boire et remercier Dieu. Si un misérable volait un pain, il se retrouverait aussitôt au commissariat ; je ne dis pas qu’il doit voler, cet homme est devenu faible de caractère à cause de ses déboires, il a été contraint de voler et nous ne l’excusons pas, mais je dis : si vous appliquez la loi, appliquez-la équitablement : le misérable en prison et les fortunés aussi en prison ; si c’est une loi, qu’elle le soit pour les petits comme pour les grands et qu’elle soit implacable et non arbitraire. Maintenant on contourne la loi constamment : un riche ici en Bulgarie a commis un grand crime et après avoir été jugé, il a été acquitté et il a dit : « Je suis soulagé d’avoir été libéré, mais cet acquittement m’a coûté cher, près d’un million » ; et celui qui n’a pas de millions restera en prison. Dans ces conditions je demande s’il existe une loi? C’est le côté extérieur. Nous qui voulons accepter la vérité en nous, si nous avions de telles lois, si je mettais l’un de mes frères dans cette situation, qu’adviendrait-il ? Nous devons nous montrer justes. Dans mon attitude je me suis parfois montré différent : j’ai été prévenant à l’égard de certains et je vous dirai pour quelle raison : ceux qui se sont compromis à mes yeux, qui ont commis quelque crime ou bien sont fautifs d’un méfait, je m’approche d’eux ; il y a en moi une aspiration à m’approcher des faibles, sans distinction de richesse ou de pauvreté, c’est le même principe : j’éprouve toujours de la compassion envers les faibles, je veux les aider. En même temps certains n’ont pas besoin de moi. On dit de quelqu’un : « Il est pur, il est saint », mais d’autres objectent : « Pourquoi n’agis-tu pas ainsi avec nous ? – Vous n’avez pas besoin de moi. » Le Christ agissait de même ; il n’est pas venu pour les dévots, mais pour les souffrants et les malades, les faibles et les miséreux ; un jour nous allons nous retrouver aussi avec vous. Je sais autre chose : j’irai auprès des malades avec ma pharmacie, alors que parmi vous je porterai seulement le violon sur le dos, et lorsque je rentrerai chez vous je jouerai, et vous et vos enfants m’écouterez et direz : « Tu joues de belles choses, de Beethoven, de Mozart, de Bach, joue encore un autre morceau. Regardez-le, il a entrepris de changer le monde avec un violon ! » Si je ne peux pas redresser le monde avec un violon, je prendrai la plume et je deviendrai poète ; j’en suis arrivé là : si je viens une fois de plus dans le monde, je serai un musicien ou un poète, ce sont les deux choses qui redresseront le monde, les deux choses qui restent, la musique et la poésie. Je veux que votre vie prosaïque disparaisse. Deux choses pures demeurent dans le monde : la musique et la poésie, elles sont encore immaculées, tout le reste est sali, et par conséquent nous devons tous être musiciens et poètes. Lorsque tu commences un travail, fais une expérience : avant d’aller labourer dans les champs, chante une chanson. Tu vas dans les champs ? Écris une strophe et prends ensuite la charrue ; tu es magistrat quelque part et tu dois juger quelqu’un : chante une chanson et juge ensuite ; et si tu es poète, dis : « Attendez, je ne prononce pas de sentence » ; écris une strophe sur la sentence et alors prononce-la ; si tu es gendarme, assieds-toi et écris des vers. Si tous les prêtres, magistrats, ministres, enseignants, si nous tous observons ces deux règles, chanter et écrire des vers, savez-vous alors quelle harmonie s’instaurera ? Je viens chez vous et je veux me quereller, mais je chante un peu et je dirai ensuite : « Frère, je suis venu régler mes comptes avec toi, mais j’ai chanté et ma chanson a révélé que je peux m’en passer, pardonne-moi, j’avais de mauvaises intentions ». Ou bien je viens en poète, je veux te vexer, mais en écrivant une poésie, je dirai : « Frère, je pensais t’affliger, mais je te donne ceci en cadeau et je ne vais pas mal penser une seconde fois ». J’applique moi-même cette règle pratique : lorsque j’écris une poésie, ce qui est amer est mis de côté ; elle n’est pas applicable immédiatement, mais petit à petit ; nous ne serons pas de saints hommes tout de suite : en appliquant quotidiennement cet amour divin, nous pourrons améliorer notre vie. Ce Christ, le petit Seigneur qui demeure en nous, dit la même chose en chacun ; lorsque vous allez commettre le mal quelque part, il dit : « Ne le fais pas, prends ton mal en patience ». Et ce qui est animal en toi dit : « Non, non, on ne peut pas attendre, fais ce mal maintenant ! » Patiente un peu et alors la vie s’arrangera et si tu veux faire un bien, le côté animal dira : « Non, qu’adviendra-t-il de toi si tu agis bien à chaque fois ! » Donc ce sont ces deux principes : le mal est le côté animal et le bien est le côté divin en nous, ils agissent constamment et nous devons les distinguer strictement : le premier principe est celui des ténèbres, et le second celui de la lumière ; si nous les distinguons à chaque instant, quelle poésie, quels vers divins pourrons-nous écrire ! Et si tu sais bien écrire, tu pourras aussi chanter, et si nous savons bien jouer, bien chanter et bien écrire, savez-vous seulement quelles belles pensées, quels beaux désirs et quelles belles actions peuvent être encouragés en nous et réalisés ? Donc nous devons appliquer cet Enseignement pour donner un exemple au monde. Toutes les aspirations des partis politiques sont honorables, mais il leur manque une chose : l’amour, le plus important ! À présent, dans toutes les religions du monde il y a des choses remarquables, des richesses précieuses, mais il leur manque l’amour ; ce n’est pas la discipline et l’ordre qui manquent dans les tribunaux, mais l’amour ; l’amour manque partout. Une chose : insufflez cet amour divin qui apporte musique et poésie, croyez ce Seigneur qui s’adresse à vous. « Ah, dites-vous, ce temps n’est pas encore venu ». Vous retardez, vous retardez, le soleil s’est déjà levé depuis longtemps, et vous ne faites qu’aggraver votre retard. Ces musiciens sont comme les oiseaux migrateurs qui cessent de chanter après le mois de juillet. Si vous retardez encore, ces chanteurs divins cesseront de chanter et diront : « Nous irons ailleurs », et ils nous laisseront. Aujourd’hui je veux vous recevoir, je veux vous chanter et vous écrire une poésie. Quel doit être le chant nouveau ? Pour moi il sera : « Seigneur, je Te remercie d’avoir pu recevoir aujourd’hui mes petits frères, et Toi, Seigneur, entonne maintenant Ton chant d’amour pour mon âme ». Ensuite, vous comme moi nous chanterons pour le grand Seigneur et pour l’Esprit, et lorsque nous recevrons le Christ, nous chanterons tous c’est-à-dire nous chanterons des louanges pour le grand Seigneur. Le Christ dit : « Celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé ». L’Esprit viendra en nous et lorsque l’Esprit Divin viendra, nous serons immortels, nous serons libres du joug terrible du monde et de la mort. Et en premier lieu veillez à libérer vos pensées, vos cœurs, votre volonté de ce joug. Et ce frère qui vous aime ne doit pas limiter votre pensée, votre cœur et votre volonté, il doit avoir foi en vous. Je dis parfois aux mères : « Aie foi, ton enfant ne chutera pas, car par ta foi tu lui transmets la force » ; elles ne peuvent pas comprendre ce que la foi peut apporter. Et si je pouvais vous sauver par ma foi sans vous adresser la parole ! Je peux grâce à la foi élever les vibrations de votre conscience, et si vous trébuchez, je vous garderai en équilibre, vous vous relèverez aussitôt sans tomber si je dis : « Ce frère chutera s’il avance ainsi sur son chemin, il a simplement dévié légèrement, mais il sera un excellent frère ». Maintenant, certains petits frères ont à peine germé, d’autres ont fleuri et noué, et d’autres encore ont déjà mûri, et certains ont déjà donné du bon fruit. Tous y arriveront, aucun de vous ne se perdra, aucun de vous ne restera idiot ou cruel, vous serez tous des frères et des sœurs de l’amour, de la sagesse, de la vérité, de la justice, de la bonté et de la miséricorde, et nous glorifierons tous le Seigneur : il en sera ainsi. Je crois en vous, je crois que vous redresserez tout seuls vos torts et deviendrez meilleurs que moi. Quand je dis : « vous deviendrez meilleurs que moi », le Christ dit à un endroit, il y a un verset : « Vous accomplirez de plus grands miracles que moi [5]», vous aurez dans le futur des conditions pour faire de plus grands miracles ; non que vous soyez meilleurs, mais vous aurez des conditions pour mieux manifester vos vertus dans le monde. Je ne suis pas si bon maintenant. Si quelqu’un s’habille bien, mais qu’un tel lui jette de la boue et tel autre aussi, que se passe-t-il alors ? Je dois aussi me changer. Et lorsque je passe dans votre rue, les enfants me salissent et vous dites : « Cet homme manque de culture » : je ne sais pas si c’est moi ou vous qui manquez de culture. Mais lorsque vous viendrez de nouveau dans le monde, il n’y aura plus d’éclaboussures, vous serez remarquables. Ainsi, lorsque vous recevrez l’amour, je pourrai user à votre adresse d’un langage érudit et châtié, vous enseigner comment ces faits, ces lois et ces principes existent et agissent dans le monde. Il n’est pas nécessaire de beaucoup travailler dans le monde et nous pouvons nous satisfaire de peu ; nos maisons aussi doivent être petites, nous pourrons les édifier d’une manière très naturelle. Mais afin d’acquérir tout ce savoir, il faut que vienne l’amour divin et non pas l’amour de ce loup là ; mais lorsque tu rentres dans une maison, il ne faut pas avoir d’arrière-pensées intéressées, tu dois être pur et saint en ton for intérieur et rester en retrait, ne pas te mettre en avant ; prends les devants uniquement lorsque tes frères en ont besoin pour se relever, et que leur joie soit la tienne, que leur amour soit le tien : c’est ainsi que vous devez vivre. Maintenant, j’ai haussé la voix comme un moraliste ; je n’aime pas cela, je préfère parler avec naturel, je ne veux pas imposer mes pensées ; c’est pourquoi je veille à ne pas hausser la voix, je ne cherche pas à imposer mes idées. Je veux vous décrire ce qu’est l’amour ; si vous recevez cet amour, il apportera paix et joie dans votre maison, vos enfants seront bien portants, vos affaires se régleront, votre vie ira bien, vous serez sauvés et trouverez le Royaume de Dieu, tout s’enchaînera. Alors que maintenant les gens se questionnent : « D’où viendra le Christ ? » Les prêtres disent : « Il viendra à travers nous car nous sommes ordonnés ». Ils m’excuseront, mais je vais leur dire qui est ordonné : seulement celui sur qui Dieu a tendu Ses mains, Son Esprit ; l’ordination n’est pas possible par des mains humaines. La première ordination est celle que Dieu a faite lorsqu’Il a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, alors Il a mis Ses mains sur lui ; s’Il t’a fait de la poussière de la terre, je te dirai : frère, tu fais encore partie du règne animal ; il y a des frères dont la condition est celle des animaux, et ils attendent pour se réveiller que le Seigneur vienne. Donc l’ordination est l’œuvre de Dieu, sachez-le, le Nouvel Enseignement prêche ainsi : premièrement, les humains ne peuvent pas vous donner la liberté, la liberté vient seulement de l’Esprit, à travers Dieu ; et deuxièmement, le Savoir ne vient pas des humains qui sont simplement ses porteurs, mais de Dieu ; toutes ces grandes vertus viennent de Dieu. Et on veut nous berner à présent en disant qu’il faut attendre. Je ne dis pas que l’amour vient de moi, je porte cet amour pour vous le transmettre, j’ouvre mon âme pour accueillir cet amour ; tout vient d’une source grandiose, illimitée et éternelle, tout vient des mondes grandioses de l’Univers tout entier, de ces soleils, de cette conscience divine dans laquelle nous sommes immergés ; ce grand Seigneur travaille pour créer cette harmonie dans le monde. Toutes nos souffrances, tout ce dont nous sommes mécontents disparaîtra un jour lorsque le Seigneur posera la main sur nous, et vos visages seront aussi beaux que les visages angéliques. Vous ne savez pas encore ce qu’est la beauté ; nous devons être beaux comme des anges, vous devez être beaux comme des anges ; nos cœurs aussi doivent être beaux, nos esprits aussi doivent être beaux et non ténébreux. Certains diront : « Ces choses sont attrayantes, mais qu’en est-il des conditions ? » Les conditions ? Savez-vous quel est votre travail ? La mère d’un enfant lui a donné une très longue ficelle, au moins quarante à cinquante mètres ; il a attaché la ficelle à un arbre et à son pantalon et s’est mis à tourner jusqu’à oublier de quel côté il est parti, et il ne peut plus se délier ; il se tient là-bas en pleurant, empêtré dans la ficelle : que faire ? « Qui t’a attaché ? » lui demande-t-elle. Il ment : « les copains ». Non, il s’est empêtré tout seul, mais ne sait plus comment s’en sortir, et sa mère lui dit : « Tu vas te dépêtrer tout seul comme tu t’es empêtré au début ». Vous êtes aussi des petits frères empêtrés et en pleurs : « Les conditions sont fautives ! » Non, ce n’est pas la faute des conditions, reviens en arrière comme sur un manège, détache cette ficelle avec la même adresse avec laquelle tu t’es attaché ; moi aussi je crois que vous finirez par vous détacher. Voici un exemple, celui de Marie Madeleine[6] ; elle représente l’éveil de la conscience humaine ; lorsqu’on a vécu dans le péché et qu’on se réveille, on décide de vivre selon Dieu. Chacun peut être Marie-Madeleine : à l’instant où nous prenons conscience d’avoir vécu dans le péché et que nous nous tournons pour vivre selon Dieu, nous sommes Marie-Madeleine ; en vous tous il y a une Madeleine qui s’éveille, elle cherche, elle a la conscience du Divin. « Celui qui vous reçoit, me reçoit et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé ». Nous aussi, nous apportons cet Enseignement pour tous sans exception ; maintenant je veux que vous receviez vos petits frères et disiez en sortant d’ici : « En ton nom Seigneur, je recevrai tous ces petits frères » ; et soyez fidèles, le Christ vous répondra alors : « Puisque vous les avez reçus, vous m’avez reçu et puisque vous m’avez reçu, vous recevrez aussi Celui qui m’a envoyé ». Donc le Christ unit tous les êtres dans cet amour infini dans lequel nous devons vivre en frères et en sœurs. Ceux qui sont nés de Dieu, sur lesquels Dieu a posé Ses mains, sont devenus à Son image et à Sa ressemblance. Nous serons libres du joug d’aujourd’hui, nous serons libres sur le plan matériel, spirituel et mental : partout l’amour, l’amour de l’Esprit ! Je souhaite que vous soyez tous inspirés par cet amour, et en rentrant chez vous, embrassez-vous tous, prenez vos violons et jouez de la musique, chantez et dites : « Nous chanterons et nous vivrons dorénavant dans la poésie ». Sofia, 26 mars 1922 [1] Psaume 110, 1 [2] Romains 7, 24 : « Malheureux que je suis! Qui me délivrera de ce corps qui appartient à la mort ? » [3] Romains 7, 25 [4] Luc 10, 21 : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents, et de les avoir révélés aux tout-petits. » [5] Jean 14, 12 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père. » [6] Luc 8, 2 : « Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons »
  12. Ta parole « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité. » Jean 17 :17 Ce verset est l’un des plus profonds, des plus grandioses dans l’Évangile : il contient une vérité si grandiose qu’elle peut difficilement être décrite. Seule la nature est un maître artisan capable de rendre les grandes choses petites, et les petites grandes. Par conséquent, pour comprendre ce verset, il faut avoir une âme, ou une pensée, ou un esprit en état de comprendre ce que le Christ a voulu dire : « Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité ». Ce n’est pas que le mot vérité vous soit inconnu, mais comment l’employez-vous ? Vous dites : « Dis-tu la vérité, est-ce que ce que tu dis est vrai ? » Mais lorsque nous venons dans l’École Divine, nous ne travaillons pas de façon aussi abstraite avec les choses, au contraire nous devons les comprendre concrètement, saisir les rapports entre elles. Si nous prenons par exemple le mot eau, vous direz : « Qui ne sait pas ce qu’est l’eau ? » Oui, mais si vous demandez aux poissons ce qu’est l’eau, ils vous diront : « L’eau est un liquide dans lequel nous vivons », et rien de plus ; ils ne savent pas à quoi elle sert. Les poissons ne connaissent rien à propos de la vapeur, ils ne savent pas que l’eau peut se transformer en vapeur ; les poissons ne savent pas que cette eau peut ranimer les humains et les plantes s’ils sont assoiffés. Si quelqu’un dit vérité et que tu es un poisson, tu comprends la vérité comme un poisson et tu dis : « Nous vivons dans la vérité ». Paul dit : « Nous demeurons et agissons en Dieu [1]». Comment ? Comme les poissons ? Les humains ont vécu jadis comme végétaux et comme poissons en Dieu, mais à présent nous sommes plus intelligents, nous demeurons et agissons en Dieu ; et d’autres vivent en apparence, tels des poissons dans l’eau. Ceux qui ne comprennent pas cette philosophie diront : « C’est une déviation, une hérésie » ; ils pensent que les choses dans le monde ne s’interprètent que d’une seule façon : c’est là l’égarement. La vie a des critères, une grille de compréhension des choses ; sur cette échelle, toutes les créatures depuis l’être humain jusqu’en bas, tous les animaux, mammifères, poissons, mollusques, même les végétaux, les cristaux et ainsi de suite, ont ces critères. Vous croyez maintenant comprendre la vie, vous dites que les cristaux sont morts. Savez-vous à quoi fait penser votre situation ? Les cristaux sont si loin de nous ! Du point de vue purement astronomique certaines étoiles sont si lointaines que nous ne percevons pas leur mouvement dans le ciel, alors que les astronomes qui les étudient disent : « Elles se déplacent à des vitesses vertigineuses, et pourtant nous ne percevons pas ce mouvement ». Ainsi, de notre point de vue nous affirmons : « Elles sont immobiles ». Le mouvement d’objets proches qui se déplacent vite est perceptible alors que celui d’un objet plus lointain même s’il se déplace aussi se perçoit et se démontre plus difficilement. Maintenant, lorsque nous demandons ce qu’est la vérité… Est-ce que mon lait est pur ? Est-ce cela la vérité ? Quelqu’un dit : « Dis-moi si cette parole est véridique, est-ce qu’elle reflète la vérité ? » J’interprète, si quelqu’un me dit : « Est-ce que tu me dis la vérité », j’entends la chose suivante qui s’y cache : lorsque quelqu’un me demande si ce fruit a mûri au soleil, et s’il a mûri en effet au soleil, sous l’action du soleil, qu’adviendra-t-il ? L’existence du fruit ne peut pas s’expliquer uniquement par la lumière, par la force du soleil. Qu’est-ce que la vérité ? Est-ce que le fruit a mûri à la vérité : c’est ce qu’on comprend, mais qu’est-ce que la vérité ? La vérité est la direction que nous suivons, le chemin que nous empruntons, c’est cela la vérité. Les Écritures disent : « Le principe de Ta parole est la vérité », et nous savons que tous les mouvements se dirigent vers la tête, vers le haut, et pour aller vers le bas nous partons toujours de la tête ; la tête nous montre la direction, et lorsque nous disons que quelqu’un a une tête, nous comprenons qu’il a un objectif vers lequel il tend. Quelqu’un dit : « Crois-tu en la vérité ? » Quelque chose de plus qu’un objectif est requis, mais je dis : « Est-ce que tu tends vers la vérité ? – Oui. » Mais comment ? En cercle ou bien en ligne droite ? Il y a des chevaux dans les jardins qui tournent seulement en rond. Quelqu’un dit : « J’avance dans la vérité ». Comment ? En cercle ou en ligne droite ? Le cheval aussi se déplace, tire l’eau et irrigue le jardin ; qu’a-t-il accompli ? Il se déplace de nouveau le lendemain, il fait un travail sérieux ; si nous l’interrogeons sur ce qu’il fait tourner, il répondra : « Une roue. – Quel est ton rapport à cette roue ? – Je ne sais pas, c’est mon maître qui sait ». Et alors, nous les savants contemporains, les érudits, savez-vous à quoi nous ressemblons ? À un cheval qui a servi trente ans de la sorte dans un jardin pour arroser les choux et les poivrons, et trente ans après son maître s’est montré si noble qu’il a dit : « Allez, je te laisse dans le pâturage à côté pour y passer les dernières années de ta vieillesse ». Mais le cheval n’était pas satisfait ; après avoir brouté l’herbe en journée, il retournait de nouveau à son lieu de travail pour tourner autour de la roue, puis revenait brouter dans le pâturage, et il le faisait maintenant de son plein gré. Nous aussi, libérés de nos anciennes croyances, nous continuons à tourner en rond en pensant accomplir quelque chose : tourner ainsi n’est pas encore un crédo philosophique. Toutes les choses se meuvent en cercle, dans l’Univers tout se déplace sur une trajectoire sans fin. Si la Terre tourne autour du Soleil, le Soleil lui-même décrit un autre cercle, qui lui-même tourne autour d’un troisième et ainsi de suite ; nous obtenons donc un mouvement imbriqué dans un autre mouvement, c’est un mouvement en ligne droite et la ligne droite signifie tendre vers la vérité, donc nous tendons tous vers Dieu. Et alors on demande ce qu’est Dieu. Nous avons deux idées sur Dieu : lorsque nous sortons de Dieu, nous L’appréhendons comme limité en Lui-même, c’est-à-dire comme l’Illimité qui se limite en Lui-même, et alors nous entendons Dieu comme quelque chose de limité ; mais lorsque nous démarrons notre vie, nous allons vers la vérité, c’est-à-dire nous allons vers l’Illimité, l’Éternel, donc vers ce qui n’a pas de limites ni de commencement ni de fin ; par conséquent, la vérité est une direction vers l’Illimité et l’Incommensurable, en lien avec ce qui est limité. Et du coup, qu’avez-vous compris de cela : limité, illimité, incommensurable, quel profit en tirer, qu’est-ce que c’est que cela ? Nous nous trouvons dans la situation de ce bouc qui s’est jeté dans une fosse, trompé par un renard. D’abord le renard s’est introduit dans un poulailler et a étouffé dix ou quinze poules qu’il a emportées, mais comme il ne voyait pas bien devant lui il a fini par tomber dans une fosse profonde. En regardant vers l’extérieur, il s’est dit : « Cela se présente mal pour moi ». Il y est resté deux ou trois jours jusqu’à ce qu’enfin un bouc passe par là. « Que fais-tu ici ? lui a-t-il demandé. – J’avais chaud en haut, je suis descendu pour me rafraîchir, c’est un endroit idéal pour vivre. – Est-ce que je peux aussi descendre ? – Mais bien sûr ! » Hop, le bouc a sauté dedans. Il avait de grandes cornes. Le renard est monté sur son dos, puis sur ses cornes et il est sorti de la fosse ; il s’est libéré tandis que le bouc a pris sa place. Les gens d’aujourd’hui nous entretiennent de la vérité jusqu’à ce que nous entrions dans la fosse comme le bouc et qu’ils montent sur notre tête pour en sortir. Chacun parle au sujet de la vérité, le temps de se libérer ; par exemple celui qui emprunte de l’argent dit : « Crois-moi, je suis honnête, je te rembourserai sans tarder, crois-moi sur parole » ; et on lui fait confiance et on donne l’argent, mais ensuite l’autre disparaît. Maintenant, dans toutes les autres situations sociales, on promet toujours : les mères promettent, les hommes, les femmes, les enseignants, tous promettent. Je dis : ils promettent, mais personne ne tient parole et même certains oublient et nos souffrances sont engendrées par cet oubli. Pourquoi souffrons nous ? Parce que nous faisons tous parti d’un grand organisme divin ; chaque âme, chaque individu dans le monde joue un rôle important dans cet organisme et seul celui qui a la vérité en son sein, connaît le sens de sa vie. Et quel est-il ? Dans la religion, on nomme cette direction Dieu, et du coup on débat sur Lui. Il est dit dans les Écritures : « Nul n’a jamais vu Dieu, seul le Fils unique qui est sorti du sein du Père, nous L’a révélé.[2] » Et qui est ce Fils unique ? C’est l’amour qui est sorti de Dieu, il nous L’a révélé ; et cette vérité qui est sortie de l’Illimité a rendu les choses limitées et a révélé ce qui est limité. Donc nous devons comprendre pourquoi la tête et le cœur ont certains rapports entre eux. Si vous demandez pourquoi le cœur bat constamment, c’est parce qu’il travaille pour la tête à laquelle il envoie du sang. Pourquoi est-ce le cœur et non pas la tête qui est l’emplacement de l’amour ? L’amour travaille pour la tête qui est principe de la vérité : « Le principe de Ta parole est la vérité[3] » ; donc toutes nos pensées, tous nos actes tendent à connaître la vérité. Les Écritures disent : « Lorsque nous connaîtrons la vérité, nous serons libres ». Et en quoi consiste la liberté ? La liberté consiste à vivre dans l’Illimité. Si tu foules le sol, tu peux trébucher et tomber, mais si tu t’envoles comme un oiseau, peux-tu trébucher ? Imaginez que vous puissiez voyager dans l’espace avec les ailes d’un ange ou bien par la pensée d’un ange dans cet univers grandiose, quelle serait votre perception sur lui ? Nous avons tellement rapetissé que nous ne songeons qu’à nous demander ce que nous allons manger le matin et si ce que nous mangerons nous donnera assez de forces pour faire le travail ; et nous nous demandons si ce travail nous fera gagner quelque chose et si nous pouvons vivre heureux. Tout le monde élabore des plans pour vivre heureux ; si nous parlions sur la vérité, tout le monde dirait : « Ne nous parlez pas maintenant de choses si abstraites, d’abord enrichissons-nous », mais ils ne savent pas que toute leur fortune, leur argent est conditionné par la vérité, car chaque particule de notre organisme, aussi petite soit-elle, a son mouvement et sa direction. Je vais vous préciser maintenant pourquoi il ne faut pas manger de porc ou certaines autres viandes comme le bœuf. Je vais m’arrêter sur le porc : pourquoi ne faut-il pas en manger ? Voici comment se pose la question du point de vue psychologique : comme les cellules du porc sont extrêmement individualistes, lorsqu’elles entrent dans notre organisme, nous devons dépenser deux fois plus d’énergie pour les digérer ; celui qui en mange tombe malade plus facilement car ces cellules porcines cessent parfois de travailler, et alors l’estomac dysfonctionne ; cela revient à louer des ouvriers à l’extérieur, c’est en principe une idée intelligente, mais si tu loues une centaine d’ouvriers qui ne font rien, cela vaut-il la peine de les enrôler ? Tu les paieras, mais sans que le travail soit fait. Vous direz : « Que faire dans ce cas ? » N’embauche pas les ouvriers qui sont dans le porc, mais ceux qui sont dans les pommes de terre, le blé, les carottes, le chou, le poivron, le persil, le chou-rave, les poires, les cerises : ils sont remarquables et ils feront un excellent travail même sans rétribution, ni besoin de surveillance : c’est cela la grande vérité, et c’est pourquoi les Écritures disent : « Nous devons vivre une vie sainte et pure ». Nous recrutons des ouvriers, dix ou vingt personnes qui travaillent sur les routes, mais je vois des soldats avec des baïonnettes se tenir à côté d’eux ; ils travaillent non par amour mais par crainte du fusil. Et je vois parfois le soldat se distraire et l’ouvrier s’évader, on dit alors : « Ce prisonnier-ci a réussi à s’enfuir ». De même avec les cellules du porc : elles se dérobent et s’enfuient tous les jours et c’est pourquoi je dis : il ne faut pas tolérer de prisons dans notre organisme, supprimez ces prisons d’abord en vous, dans votre cerveau, votre estomac, et alors toutes les cellules qui travaillent et qui sont intelligentes travailleront selon la loi de la vérité car elles tendent toutes vers Dieu. « Sanctifie-les par ta vérité » signifie : Répands la lumière dans leurs esprits pour envisager qu’ils puissent connaître la vérité et, puisque « La vérité est le principe de ta parole », puisque Ton Verbe est vérité, c’est donc le seul moyen pour eux de comprendre la vérité ». Et on dit à un autre endroit : « Tu les a aveuglés pour qu’ils ne se retournent pas vers Toi et qu’ils ne soient pas sauvés ». Qui sont ceux que le Seigneur a aveuglés ? Ceux qui ne comprennent pas la loi divine. Il y a un verset dans les Écritures : « Ne nous induis pas en tentation », mais c’est mal traduit, ce doit être : « Donne-nous du savoir et de la sagesse, pour ne pas succomber par nos bêtises à la tentation et ainsi souffrir ». Oui, la pensée est celle-ci : « Donne-nous du savoir et de la sagesse, pour ne pas succomber par nos bêtises à la tentation et ainsi souffrir ». Par conséquent, en commettant un péché, nous nous aveuglons nous-mêmes et du coup nous ne comprenons pas Dieu lorsqu’Il nous dit la vérité. Pour comprendre la vérité il faut avoir un esprit libéré de tous les égarements qui sont les nôtres. Lorsqu’on commet un péché et qu’on ne veut pas le réparer, on se trompe soi-même, on ne voit pas sa faute ; eh bien, aujourd’hui tu fais quelque chose, mais tu te trompes, demain tu fais autre chose, une troisième, une quatrième, mais ces péchés finiront un jour par abîmer ta propre vie. Admettons que je prenne un verre de rhum ou un verre d’eau de vie pour faciliter ma digestion – c’est ce que les médecins préconisent – eh, bien, je vais voir si cet avis recoupe l’avis de la nature, que dira-t-elle ? Lorsque je bois du vin, je ressens une lourdeur et je dis au médecin : « Dans quelque temps un changement se produira là-dedans. » Quel est le changement qui se produit ? Un verre aujourd’hui, un autre verre demain et ainsi de suite. Quelqu’un me racontait que sa femme souffrait de neurasthénie ; les médecins la soignaient par la boisson, ils l’ont guérie de la neurasthénie, mais elle est devenue alcoolique ! Est-ce une guérison ? Je demande ce qu’elle a gagné au bout du compte, savez-vous à quoi cela revient ? Je vais vous relater une anecdote. Un Turc de Tsarigrad[4] était cupide, il voulait gagner beaucoup d’argent. Quelqu’un vient le voir en disant : « Pourquoi gardes-tu ton argent dans un coffre, donne-moi deux cents lires, je te donnerai un taux d’intérêt de cent pour cent ». Le Turc lui a laissé l’argent et l’autre s’est mis à lui rembourser les intérêts. Au bout de six mois, il lui a demandé : « Es-tu reconnaissant ? – Oui, je suis content, je suis content mille fois, mais quand est-ce que tu me rendras le capital initial ? – Ce capital, laisse-le de côté. » Ainsi beaucoup clament aujourd’hui : « Écoute, nous te donnerons cent pour cent » ; oui, tu mangeras cent et tu me cèderas cent : il n’y a aucune philosophie là-dedans et ce n’est pas un raisonnement. Dans notre régime sociétal actuel nous laissons toujours le capital initial de côté sans vouloir nous rendre à l’évidence que nous suivons un mauvais chemin, mais nous recherchons des coupables. Non, non, dans tous les cas nous devons connaître la direction de notre mouvement, et nous ne devons arrêter ce mouvement sous aucun prétexte. Aucune hésitation n’est tolérée vis-à-vis de la vérité, toute hésitation est péché car ton mouvement est relié à d’autres mouvements, et tu peux déclencher une catastrophe : il y a des croisements sur ces chemins dans l’Univers. C’est là la grande philosophie, la science divine nous apprendra à vivre et nous montrera ce qui est principe de la vérité ; seule la vérité peut nous donner une réponse satisfaisante à cette question, nous rendre intelligents pour savoir pourquoi nous vivons et comment vivre. Il y avait en Amérique un prédicateur fameux, très érudit, le docteur Gordon. Il y a là-bas des Églises démocratiques, et l’Église méthodiste en fait partie, alors que ce docteur Gordon était rattaché à l’Église aristocratique, l’Église épiscopale. Il prêche, il y a des rassemblements pour l’écouter, mais il n’y a pas de vie dans cette Église. Il se trouve que beaucoup d’incidents se produisaient dans son église, avec ce docteur Gordon. Un jour un misérable y entre – il a réussi à s’introduire à l’intérieur de son église. On les appelle les gens libres dans la religion, ils ne donnent pas un sou de l’opinion des autres lorsqu’ils expriment leurs idées ; ce sont des libres penseurs qui n’obéissent à aucune règle et qui sont des épines dans le pied de chaque Église ; les américains les nomment krianx, c’est-à-dire leur roue tourne librement, ils entrent à l’église sans payer – on paie là-bas chaque place mille cinq cents à deux mille dollars – les sièges là-bas sont en velours et on y sert Dieu très honorablement. Ce misérable entre et s’installe sur un siège. Le propriétaire du siège le fixe et veut le chasser, mais il n’y arrive pas. Il lui demande : « Sais-tu à qui est cette place ? – Je ne sais pas. » Il lui dit : « Cette place est à moi. – Je m’en félicite. – Sais-tu le prix que ça me coûte ? Deux mille dollars ! – Ça les vaut. » Et il s’arrête là. Vient maintenant le docteur Gordon qui se met à parler ; il lit un passage, et l’autre s’écrit : « Amen, ainsi soit-il ! ». Tous sont troublés. Il dit encore : « Seigneur, aide-le à ne pas s’entraver, il s’exprime bien ». Par la suite le docteur Gordon raconte sa vie dans un livre, mais aucun des incidents relatés n’ont pu lui faire démarrer une nouvelle vie. Un soir il a rêvé – un rêve éveillé – il prêchait dans l’Église devant une assemblée immense, toutes les places étaient prises. Un homme vient, mais il n’y a pas de place pour lui ; il lui faisait une forte impression. Après avoir terminé son prêche, il s’est dit : « Je veux savoir qui est cet homme » et il demande : « Qui est-il ? » L’un de ses acolytes dit : « C’était le Christ ». Il se réveille et se dit : « Le Christ est venu dans mon église et il n’y avait pas de place pour Lui ! » Je vous demande s’il y a de la place pour le Christ dans toutes les églises ? Le Christ reste debout ! « Le principe de ta parole est la vérité. » On nous bassine maintenant avec beaucoup de choses, on nous bassine avec tout, personne en revanche ne parle de la vérité qui dirigera notre vie et qui nous fera emprunter une nouvelle direction. Toutes les questions qui agitent la société peuvent être résolues par la vérité. Les Écritures disent : « Lorsque nous connaîtrons la vérité, nous serons libres ». C’est très naturel : lorsque tu prends la route avec quelqu’un, tu partageras avec lui tout ce que tu as ; à chaque fois que tu t’arrêteras, tu ouvriras ton sac ; le Bulgare est très prévenant, tu marches avec lui et il te nourrit. Par conséquent, tous ceux qui marchent dans la vérité, dans la même direction, peuvent s’entraider et seront disposés à manger et à boire. Pourquoi on ne se comprend pas maintenant ? Parce qu’on ne marche pas avec Dieu ; l’un part à gauche, à l’Est, un autre à l’Ouest, et ils cherchent toujours des idéaux. Quels idéaux, il n’y en a aucun ! « Si, être Bulgare ! » Je demande : est-ce que le Bulgare vit perpétuellement ? « Non, mais alors être un professeur ! » Bien, mais resteras-tu professeur pour toujours ? « Être ministre ! » Resteras-tu ministre pour toujours ? « Non. » Mais alors ? Notre destin à tous est d’aller à Orlandovtzi[5], entrer dans la poche du curé. Ce n’est pas une solution, je n’entre jamais dans la poche d’un curé ; une fois que j’en suis sorti, je n’y entre plus jamais. C’est curieux, quel salut peut-il y avoir dans la poche d’un curé ? Ce ne sont pas des réflexions, ceci prouve la légèreté de nos réflexions, ce sont des proverbes. Les Bulgares disent ainsi : « Tu entreras dans la poche du curé[6] ». Pourquoi les gens y entrent-ils ? Tous ceux qui ne suivent pas la vérité divine entreront dans la poche du curé et cette poche est si profonde, c’est la poche la plus profonde et la plus dangereuse, il n’y a rien de plus dangereux que la poche du curé : cette poche est la tombe, c’est ainsi que je l’entends. Et une fois enterré, tu peux être pleuré, mais plus personne ne pensera à toi. « Ivan, pourquoi m’as-tu laissée ? » Ivan dit : « Pourquoi ne me déterres-tu pas ? » On vient des années durant, on pleure, mais la femme dit : « Tu es dans la poche du curé, je ne te déterre pas ». Certains disent : « Lorsque nous mourrons, tout sera terminé ». Je demande alors aux gens : es-tu déjà mort avant, sais-tu ce qu’est la mort ? Nos contemporains disent : « Personne n’a vérifié ce qu’est la mort ! » Je conteste la mort ; ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas ! Es-tu déjà mort pour savoir ? Tous disent aujourd’hui : « Nous mourrons ». La mort sous-entend une limitation de la vie, la mort est la plus grande limitation que la vie peut présenter, un repos absolu, sans conscience, sans aucune initiative ; c’est ainsi que je définis la mort ; lorsque tu entreras dans la poche du curé, tu subiras le joug le plus pénible. Et nous disons alors : pour nous délivrer de la mort, nous devons aspirer à la vérité, et pour aspirer à la vérité, notre cœur doit être rempli d’amour et nous devons connaître Dieu en tant qu’amour. Le Christ dit alors : « Personne ne peut venir auprès de Moi si mon Père ne l’attire pas ». Donc Dieu, en tant que vérité, nous attirera à Lui et le Christ nous montrera le véritable chemin de ce mouvement. Et quel est l’emblème de la vérité ? Que ressentira chacun dans la vérité ? Lorsque vous aurez assimilé la vérité, je ne vous parlerai pas beaucoup, je vous parlerai positivement sur la vérité dans la mesure où vous pourrez me comprendre. Tu es désespéré, tu songes à te suicider… Il y a quelque temps je donnais cet exemple : un jeune musicien talentueux tombe amoureux d’une comtesse – je le tire d’un roman non publié – mais elle lui dit ceci : « Mes conditions de vie sont très compliquées, mon père et ma mère ne me laissent me marier sous aucun prétexte, je ne peux te prendre pour époux ». Il est désespéré et part : son monde s’était assombri, il avait perdu tout but dans la vie et cherchait à se suicider. À ce moment-là, pour le délivrer, elle met un masque sur son visage, le rattrape sur le chemin et lui murmure quelque chose – l’auteur ne divulgue pas ses paroles, personne ne les a entendues – et tout à coup le voilà rassénéré. Qu’est-ce que lui a dit ce visage masqué ? Un seul mot magique qui a illuminé son visage. Il revient et dit : « Désormais je vais vivre ». Qu’est-ce qu’elle lui a dit ? « Je t’aime et je partagerai toutes les difficultés dans ta vie ». Donc cette comtesse c’est le Christ. Et lorsque tu désespères dans cette vie : « C’en est fini de ma vie », le Christ masqué te murmurera : « Je t’aime, je partagerai avec toi toutes tes difficultés dans la vie », alors tu dis : « La vie a du sens ». Pourquoi ? Lorsque l’amour est en notre sein, cet amour éternel et illimité, c’est que nous avons connu la vérité ; par conséquent lorsque nous connaissons la vérité, une lumière intérieure naît en nous, notre âme est légère, nous sommes comme un oiseau qui bat librement des ailes et nous avançons dans la bonne direction. La première chose à trouver est la vérité. À présent, j’interroge votre comtesse, la comtesse qui est en vous, vous a-t-elle dit cette vérité en chemin, ce mot secret ? C’est une expérience intérieure que vous devez tous vivre. Ce sur quoi insiste le Seigneur est : pas de mensonge ; on ne tolère absolument aucun mensonge de ceux qui glorifient la vérité ! Dehors, dans le monde, vous pouvez mentir autant que vous voulez, tromper ou être trompé, mais si vous empruntez ce chemin : servir Dieu, vous devez vous armer de la vérité sans faille. Alors que les Bulgares prétendent aujourd’hui : « On ne peut se passer ni d’une cuillère, ni du mensonge ». Il faut donc une cuillère pour prendre la soupe. Mensonge et cuillère[7] sont parfois proches comme en anglais les mots lawer et layer ; le danger avec cette cuillère est que si tu te mets à rire, tu risques d’avaler la nourriture de travers et c’en est fini de toi. Aucune cuillère ! Celui qui a inventé ces cuillères était très intelligent. Nous avons coutume de considérer la soupe comme la nourriture la plus revigorante ; tout le monde mange toujours de la soupe et commence les repas par elle, alors que la nature n’a nulle part prévu de soupe dans son menu, il n’y a pas de soupe ; si tu te rends à sa table, il n’y a pas de soupe. Alors que nous faisons aussitôt une soupe des gésiers de poules, de dindes, de cailles avec un peu de citron et nous l’engloutissons ; oui, tu l’engloutis, mais il en résulte des maladies. Tous les religieux maintenant veulent se nourrir de soupe, mais Paul dit : du lait ! Vous aussi, les gens d’aujourd’hui, vous voulez vous nourrir de potages. Je dis : il n’y a pas de soupe dans mon menu ; il y a des pommes, de la nourriture solide, mais de la soupe ? Je peux vous dire où trouver la meilleure soupe. « Le principe de ta parole est la vérité. » Par conséquent cette nourriture sous forme de potage est comme la lecture d’un roman : que s’y passe-t-il ? Une héroïne se marie à un poète, des enfants naissent, ils se querellent et divorcent ; et on dit : « Ce roman est une bonne soupe ! » Oui, c’est une soupe de la meilleure qualité. Ne peut-on pas trouver quelqu’un qui écrive un roman autrement, sans soupe – je n’ai pas encore vu de roman sans soupe – pour faire passer par exemple ses héros de l’autre côté sans les faire mourir. Alors qu’on dit maintenant : « Un tel a vécu soixante-dix ou quatre-vingts ans, puis il a été enterré honorablement, on y a mis des arbres et des fleurs et on a écrit : « Ici reposent deux grands héros de ce monde ». Qui sont ces héros ? Ceux qui aimaient manger la soupe avec une cuillère. Et pourquoi le monde ne se redresse-t-il pas ? Tant que vous mangerez la soupe, le monde ne se redressera pas ; nous devons mâcher de la nourriture solide, ferme. Nous nous attendons toujours à obtenir des dons par la grâce ; le Seigneur exige de toutes les créatures, des plus petites aux plus grandes, du travail et uniquement du travail. Et si nous souffrons, c’est parce que nous n’avons pas travaillé par le passé, alors le Seigneur te punit pour ton oisiveté et donne plus à celui qui a travaillé, qui a été travailleur par le passé. Nous devons travailler quelle que soit notre situation. Si tu es employé comme domestique, accomplis ta mission, un jour ta servitude te donnera plus de savoir, Dieu a prévu pour toi quelque chose de plus grand que ce que tu crois. Et si j’écrivais ce qui vous attend dans votre vie future, savez-vous ce qui se passerait avec vous ? Vous quitteriez toutes vos cabanes, toutes vos affaires. Toutefois comme ce temps s’approche, vous quitterez la terre. Mais il y a pour le moment encore un peu de travail, nous devons le terminer, préparer le terreau et les conditions pour la future génération qui vient sur terre. Et lorsque vous vous libérerez de tous ces liens, vous tendrez vers cette direction, vers la vérité, et vous comprendrez alors ce que Paul a dit : « L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu et le cœur n’a pas saisi ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment ». Certains diront : « Qu’est-ce que c’est ? » Qu’est-ce que c’est ? Tu dois le voir, l’entendre et l’essayer, cela ne peut pas être décrit. Certains religieux disent : « Tout dans le monde converge vers le même objectif », mais tu écris uniquement pour nourrir ta femme et tes enfants. Tolstoï aussi réfléchit ainsi : « Tu les nourriras, mais un jour ils mourront ; cela revient donc à donner plus de matériel à la mort ». Non, tous, père ou mère, frère, sœur, ami, tous doivent dire seulement la vérité, elle est notre salut ; sortir du cadre de l’éphémère, de la mort, et entrer dans la liberté éternelle. Quelqu’un dit : « Lorsque nous mourrons ». Non, la question n’est pas pour nous de mourir et pour eux de rester boire et manger ; le père dit : « Je travaille pour qu’à ma mort mon fils puisse boire et manger ». Non, le père doit enseigner la vérité à son fils et lui dire : « Fiston, je ne mourrai pas, je retourne simplement dans ma patrie d’antan, mais lorsque je serai de retour dans le monde, malheur à toi si je ne te trouvais pas sur le chemin de la vérité ! » Cela montre que nous devons aller vers le haut. « Le principe de ta parole est la vérité. » Ainsi vous tous qui m’écoutez, mettez la vérité comme fondement de votre vie, la vérité comme vous l’entendez, je parle selon votre compréhension. Si vous vous comprenez, vous me comprendrez aussi. Je dis : ce verset est grand, je ne veux pas le traiter par son côté intérieur, mais je traite uniquement son introduction ; si j’avais le temps de vous décrire les mondes, ces hiérarchies, comment vous passerez d’un système à l’autre, puis comment vous passerez dans les mondes spirituels, quelles forces vous acquerrez… Vous vous bagarrez à présent pour mille mètres carrés de terrain, vous vous fâchez, mais je dis : ne t’empoisonne pas la vie, un jour le Seigneur te donnera toute une planète comme celle-ci, elle sera ta propriété, une terre entière comme celle-ci t’attend dans l’espace. Pourquoi es-tu venu ici ? Apprends, apprends, tu as un héritage grandiose là-haut, tu disposeras d’une planète entière et tu règneras dessus. Vous direz : « Mais quand ? » Maintenant, maintenant, dans cette vie ! Vous direz : « Si c’est maintenant, essayons alors ! » Savez-vous à quoi cela revient ? Lorsque je parle au bœuf sur la faculté, sur la civilisation humaine, il dira : « Du foin, du foin, il me faut du foin pour manger à satiété ». Ce que je veux dire c’est que nous pouvons passer d’un état de conscience à un autre. Notre conscience n’est pas limitée par notre corps, notre conscience peut évoluer à un instant donné, emprunter une nouvelle direction et nous faire passer dans celle des anges ; cette conscience est au-dessus de nous ; lorsque nous entrerons dans cette conscience, notre esprit s’élargira et nous entrerons dans la quatrième dimension que les savants contestent maintenant. Il y a donc des lieux où habitent les esprits, et les savants commencent à reconnaître que les esprits aussi ont des endroits où vivre. Ainsi la vérité a un rapport avec notre tête et lorsqu’elle entrera dans notre conscience, elle illuminera notre pensée, emplira notre cœur de paix intérieure et donnera de la force à nos muscles. Un héros dans le monde est seulement celui qui a la vérité. Il peut être animé d’un autre esprit… non d’un autre esprit, c’est faux, mais il peut se sacrifier, et en se sacrifiant il entrera dans l’âme de son peuple ; et les êtres pieux qui partent en se sacrifiant entrent dans l’âme de leur peuple. Un jour nous allons investir le monde et nous dirons : « Assez de mystifications ! », et nous aspirerons à la grande vérité dont l’amour est l’élan. Et tous vos désirs sont des millions de mondes qui se forment et se déplacent et des milliards de systèmes qui se déplacent vers un objectif grandiose qui est la vérité : « Sanctifie-les par ta vérité, ta parole est la vérité ». Dorénavant, évitez la soupe, préférez la nourriture solide. Il faut une juste compréhension de Dieu : Il est vérité et amour, tout le reste dans ce monde est secondaire. Commencez à penser sur la vérité, je vous le demande : arrêtez-vous chaque jour cinq minutes, dirigez votre pensée vers la vérité ; cinq minutes tous les jours, et alors en un an votre pensée aura acquis de nouvelles vibrations. Maintenant nous cherchons la vérité, puis un doute nous assaille, puis nous la recherchons à nouveau. Un doute nous assaille : « Il n’y a pas d’autre vie ! » Les religieux disent : « Dans cette vie c’est impossible, mais plutôt dans la suivante », d’autres disent : « Ne peut-on pas vivre une vie sainte et pure sur terre ? » Si tu ne peux pas vivre une vie sainte et pure sur terre, tu ne le pourras pas non plus au Ciel ; la loi est ainsi ! Il ne sait pas jouer de la musique ici-bas, comment saurait-il en jouer au Ciel ? Cela fait penser à la chose suivante : À Varna, une vieille femme a rêvé qu’elle allait dans l’au-delà. Elle avait soixante ans. Elle voit là-bas des gens en vêtements blancs sur des tables vertes en train d’écrire, de résoudre des questions. Ils demandent à la grand-mère : « Pourquoi es-tu venue ici ? – Eh, fiston, je suis venu de l’autre monde pour vivre un peu. – Sais-tu lire ? – Je ne sais pas. – Alors ici tu pourras uniquement porter de l’eau. » Si vous ne savez pas lire ni réfléchir, vous porterez l’eau. Mais savez-vous ce que signifie porter l’eau ? Vous dites à présent : « Le Seigneur est doux ». Il est doux envers les travailleurs qui pensent, qui sentent et qui accomplissent Sa volonté, mais Dieu est intransigeant envers ces oisifs qui disent : « Il est notre Père, nous mettrons la main dans sa poche ». Il n’a aucune poche. Ainsi, je m’adresse à vous comme à mes frères et sœurs, il n’y a en moi nulle pensée critique. Insufflez la vérité et l’amour dans votre vie, et votre situation, quelle qu’elle soit, changera simplement grâce à cette vérité et à cet amour ! Sofia, 19 mars 1922 [1] Actes 17, 28 [2] Jean 1, 18 [3] Psaume 119, 160 [4] Nom donné à Istanbul à la fin du XIX siècle par certains peuples slaves. [5] Quartier de Sofia où se situe le cimetière de la ville. [6] Cette expression bulgare imagée traduit le moment de la mort où le curé sera payé pour l’oraison funèbre. [7] Ces deux mots en bulgare ont une prononciation très proche (laja pour mensonge et lajitza pour cuillère)
  13. Ecoutez-le «Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection: écoutez-le !» Matthieu 17:5 Écouter est l’une des qualités du monde réel. Écouter le Réel, le Conscient. Dans le monde physique nous observons trois états que traverse l’être humain : le premier est purement mécanique, un état de mouvement seul ; le deuxième est un état de perception et le troisième un état de pensée. On peut bouger sa jambe sans aucune perception et on peut ressentir en l’absence de pensée. Le meilleur état est celui où le mouvement s’accompagne de sentiment et de pensée. De ces trois états nait le Conscient et le Grand dans la vie, que j’appelle le Divin, ce qui donne sens à la vie. Lorsque nos contemporains parlent du réel, ils croient une chose et en renient une autre. Nous renions la réalité des choses qui ne renferment pas le Divin en elles. Les pépins se renient eux-mêmes. Ce qui se manifeste puis se perd est transitoire, donc, que nous le maintenions ou non, cela apparaît et disparait de soi-même. Vous ne pouvez pas compter sur l’une de vos pensées qui apparaît et disparaît, vous ne pouvez pas vous appuyer sur l’un de vos agissements qui est transitoire. Car cela reviendrait à ceci : souvent les milliardaires américains se font fabriquer des palais de glace pour le plaisir ; là-bas, dans le Nord, en Amérique, ils se paient des palais de glace pour des centaines de milliers de dollars, ils les décorent, mais lorsque vient l’été, tout ce palais fond et disparaît. Sur terre, nous aussi nous construisons de tels palais de glace. Il y a maintenant des gens riches, des savants, mais leur édifice est fabriqué avec de la glace ; cet édifice est beau, mais seulement en hiver ; lorsque le printemps vient, tout fond. Et lorsque certains demandent : « Est-ce réel ? » je réponds : c’est réel seulement en hiver, mais non en été car alors tout cela disparaît. Et lorsque nous disons aux riches que leur richesse est un palais de glace américain, ils disent : « Comment cela ? C’est bien réel ! ». Vous pouvez compter sur votre richesse en hiver, mais l’été vous ne pouvez pas y compter. « Écoutez-le ! » Qui ? Le Divin en vous, ce qui crée votre caractère. Celui qui se prive de son Divin perd le sens de la vie et ne peut avoir aucune philosophie ; il ne peut pas comprendre le sens de la vie dans quelque direction que ce soit. Notre vie moderne est subordonnée à de très petites choses ou à de très petites causes qui peuvent détruire tout notre bonheur : tout notre bonheur, toute notre sécurité sur terre sont suspendus à une toile d’araignée, à un fil de toile d’araignée, et notre bonheur n’est pas plus solide que cela. Et les savants, les philosophes modernes, même les religieux et les gens spirituels veulent nous convaincre que la vie sur terre est réelle. Je n’ai rien contre, elle est réelle, mais en hiver : tant que l’enfant vit, la mère est heureuse, mais le jour où son seul enfant part, elle est malheureuse ; tant que le coffre du riche est plein, il est heureux, mais le jour où sa richesse quitte le coffre, il est malheureux ; le savant est heureux tant qu’il a son savoir en tête, mais le jour où son savoir part, il est malheureux ; le grand orateur agite aussi la main tant que sa voix porte, mais dès qu’elle s’éteint, il est malheureux ; la belle jeune fille est heureuse tant qu’elle a un beau visage, mais dès qu’il s’enlaidit, elle est malheureuse. Le bonheur de tous tient uniquement à un fil de toile d’araignée, et ils veulent nous convaincre que c’est ce qui est réel dans le monde : être riche, beau, savant. Je demande quel est le savant qui a conservé son savoir, la père qui a gardé ses enfants, le riche qui a gardé sa fortune, le roi qui a conservé son pouvoir, la fille qui a gardé sa beauté ? Vous dites : « Ne nous occupez pas avec cela ». Oui, je peux ne pas vous occuper de cela, mais nous voulons clamer : « Écoutez-le ! » Qui ? Le Divin. Lorsque je cite ce verset, quelqu’un dira : « C’est de lui qu’il parle ». Non, le Divin est en vous, il n’est pas à l’extérieur de vous, et si vous pensez que le Divin est à l’extérieur, vous ne comprenez pas la philosophie de la vie. Le monde invisible est un monde vaste et le monde que vous percevez maintenant est un monde microscopique. Avez-vous passé du temps à observer sous le microscope et vu la vie qu’il y a dans une gouttelette d’eau, vu avec un agrandissement de deux à trois mille fois les petites créatures qu’il y a en elle, leurs mouvements, leur développement ? Là aussi il y a du mouvement, ces créatures ont aussi une conscience ; si vous les interrogez, elles vous diront que c’est la réalité de leur monde, alors qu’à nos yeux celui-ci est dérisoire. Et lorsqu’un ange met un humain sous le microscope – car pour nous voir l’ange doit utiliser un microscope, tellement nous sommes grands ! – il doit agrandir non pas deux ou trois mille fois, mais plusieurs millions de fois pour nous rendre visibles. Cependant les gens rédigent, examinent, décrivent, dissertent à propos d’un philosophe dans une faculté, à propos d’un prédicateur, à propos d’un interprète du Verbe Divin, écrivent des livres et donnent des avis. Et nous les gens d’aujourd’hui, nous avons une opinion spéciale sur nous-mêmes, nous pensons que nous sommes proches des anges ; en écoutant les prêches chacun éprouve le désir de devenir un ange ; ce sera possible à l’avenir, je ne le nie pas, je ne nie pas que ce soit possible à l’avenir, mais combien d’examens aurez-vous encore à passer avant de devenir un ange ! Alors écoutez-le ! Celui qui a réussi à devenir un ange a le Divin en lui et n’éprouve aucune dualité pour agir ; il a une pensée, un désir, une volonté pour accomplir ce qui est grand, une volonté pour tout faire. Maintenant nous, les gens civilisés, nous ressemblons à ces petits enfants assis au bord de la mer qui écrivent sur le sable. Je suis souvent passé sur le littoral de Varna et là des jeunes écrivent à l’aide de bâtons, chacun selon son degré de développement : je vois écrit quelque part : « Ah, l’amour est doux ! » mais une vague passe et l’efface ; un autre a écrit : « On a besoin d’argent dans ce monde ». Je dis : celui-ci est plus intelligent, mais la vague vient et l’efface. Un troisième a écrit : « Il faut des lois dans ce monde ! » La vague passe et le fait disparaître. Et tout le monde écrit au bord de l’eau, mais rien de ce qui a été écrit jusqu’à présent par les jeunes ou par les anciens n’a perduré. La vie contemporaine est une mer agitée et nous y inscrivons notre bonheur, toujours des lettres d’amour, des promesses : nous ferons ceci, nous ferons cela, mais jusque-là personne encore n’a fait ce qu’il fallait. Lorsque je dis personne, j’entends celui qui vit au bord de la mer et non celui qui vit loin d’elle ; ils écrivent toute la journée et je dis : ces écrits ne se gardent pas. Lorsque vous perdez le Divin qui est en vous, n’est-ce pas cette vague qui efface votre lettre d’amour ? Lorsque votre fille est partie, lorsque le savant a perdu son esprit, n’est-ce pas cette vague ? Cette vague efface tout. Pourquoi ? Parce que nous n’écoutons pas. Qui ? Lui. Qui Lui ? Le Divin. Maintenant je dois démontrer à chacun si le Divin existe ou non. C’est précisément le Divin qui est stable, cet amour entre deux personnes, c’est le Divin en elles ; tant que ce Divin est en eux, il y a l’amour, il y a un lien, mais le jour où ils s’approchent de la mer et que cette vague passe et efface ce lien, ils ne se reconnaissent plus. Comment expliqueriez-vous par exemple ceci : un homme vient te demander de l’argent, il dit : « Je te le rendrai dans quatre ou cinq mois, je suis honnête, mon père est honnête, ma mère aussi », mais six mois plus tard il a disparu, tu le cherches, tu le cherches, il n’est nulle part. Je demande : pourquoi cet homme n’a-t-il pas tenu parole ? Je dis : cette vague est passée et a effacé ses obligations. Il dit : « Je ne te donnerai pas l’argent, c’est fini, traduis-moi en justice si tu veux ! » Et maintenant les gens s’assignent les uns les autres en justice, des juges sont sollicités, ils se traînent en justice depuis des milliers d’années, mais le monde n’est pas encore redressé : nous nous tenons tous au bord de la mer. Je prêche maintenant devant vous et vous voulez assimiler le Divin ; quand je vous regarde, vos visages sont beaux, je vous considère comme des héritiers qui attendent qu’un riche parent meure pour ouvrir son testament ; et chacun de vous est très sérieux : « Quelle part de cet héritage obtiendrai-je ? » Quelqu’un se tient là sérieusement et on se demande quelle philosophie il a en lui ; il ne songe qu’à la part qu’il prendra et à rien d’autre, mais on dit : « Il a des pensées sublimes ! » Une jeune fille se tient très sérieusement et on dit : « Comme elle est noble ! » Mais elle songe à la même chose : combien vaut son bienaimé. C’est là la morale : combien cela vaut ! Maintenant, ne vous vexez pas ; vous les jeunes, si vous êtes soumis à l’examen, comment agirez-vous ? Demandez aux plus âgés et ne me reprochez pas d’être parfois subjectif car nous devons regarder sérieusement la vie et résoudre correctement la question selon cette grande loi intérieure ; c’est pour cela que nous sommes venus sur terre. « Écoutez-le ! » Lorsque le Divin viendra chez l’être humain, il résoudra la question. Il ne faut pas une grande science pour prouver à l’affamé que la faim existe. Quelqu’un me demande : « Y a-t-il un autre monde ou non ? » Cette philosophie est négative. « Y a-t-il un Seigneur ou non ? » Il me semble parfois ridicule de démontrer à l’affamé qu’il a faim : il peut le deviner de lui-même ! La seule chose qui vaille est : j’ai faim, peux-tu me nourrir ? Le pauvre vient, il n’a pas d’argent ; la question importante est : « peux-tu me donner de l’argent ? » L’ignorant vient, je n’ai pas à lui démontrer qu’il est ignorant : « Monsieur, peux-tu me donner du savoir ? » Quelque chose nous manque : c’est cela qui est important dans la vie, chacun le sait, et tant que l’important lui manque, il est mécontent, en colère, fâché et ne peut pas dormir ; il se retourne à gauche, à droite, il fulmine de ne pas pouvoir dormir. Qu’est-ce qui se passe ? L’essentiel lui manque. L’affamé qui ne peut pas dormir, c’est le pain qui lui manque ; donnez-lui une poule grillée, il dormira comme un agneau. D’ailleurs je recommande une poule grillée, mais aussi du vin de six ans d’âge ! Nous aussi nous consommons parfois du vin de six ans d’âge, mais savez-vous ce qu’est notre vin de six ans d’âge ? C’est l’eau bouillante. Et nous aussi, nous avons du « poulet grillé » … « Écoutez-le ! » Maintenant, pour clarifier ma pensée, je vais vous raconter une petite anecdote sur un saint homme. Un ermite appelé Hato – qui a vécu autrefois lorsque le monde était dans une situation plus difficile que celle d’aujourd’hui – considérait que le monde entier était en péril, et il ne pouvait pas s’expliquer comment il était possible que le Seigneur tolère un tel monde de péché, ni pourquoi il ne le supprimait pas pour créer quelque chose de mieux. Il priait tous les jours que le Seigneur vienne pour supprimer tous ces pécheurs et pour mettre de l’ordre, pour que personne ne souffre ; mais plus il priait et plus le monde empirait. Il a décidé un jour de quitter la ville, de lever les mains vers le ciel et de ne pas les baisser tant que le Seigneur n’exaucerait pas sa prière. Il a levé ses mains – c’était au début du printemps – et des oiseaux en le voyant ont voulu faire un nid ; ils ont commencé à tourner autour de ses bras pour voir s’il était possible de faire un nid, ils ont tourné, tourné et se sont mis à apporter des brins de paille toute la journée. Lui, le saint homme, les a remarqués et s’est dit : « Qu’est-ce que le Seigneur veut me dire avec ces oiseaux ? » Ils ont terminé leur nid sur le dessus de ses mains et il s’est mis à les observer : ils ont mis du duvet, se sont préparés au travail. Les paysans du voisinage le voyant dans cette situation, l’ont pris en grand respect d’être un tel saint que même les oiseaux faisaient leur nid sur ses bras, alors qu’eux, il les maudissait. Ils venaient, mettaient du lait dans sa bouche, mais il les houspillait : « Allez-vous en, pécheurs, vous ne faites que boire et manger pendant que le monde souffre à cause de vous ». Les oiseaux ont pondu des œufs et les ont couvé alors qu’il pensait : « Est-ce que la terre ne ressemble pas aussi à ce nid dans les bras de Dieu ? » Il méditait ainsi. L’idée lui venait de temps en temps de jeter le nid et de baisser les bras mais il se disait ensuite : « Non, je vais tenir ma promesse, je me tiendrai là tant que les petits n’auront pas quitté le nid » ; et en effet il a beaucoup appris d’eux et compris pourquoi le Seigneur ne corrige pas le monde, et un jour ces oisillons se sont envolés du nid et il a éprouvé du chagrin à cause de leur départ. À présent, quelqu’un se soucie du redressement du monde et je demande : as-tu tenu des oisillons dans tes mains pour voir pourquoi le Seigneur est patient ? Nous disons quelques fois que le monde est une foire d’empoigne : ce sont nos perceptions psychologiques, ce monde n’est pas une foire, ce n’est pas un monde mauvais, ce n’est pas vrai ; ce monde est un nid divin où éclosent ces oisillons, et savez-vous ce qu’ils font ? Avez-vous observé les hirondelles : la mère prend souvent la fiente des petits dans son bec pour la jeter dehors, quelle abnégation ! Mais nous, les contemporains, nous sommes comme les corbeaux ; l’hirondelle est à un niveau de développement supérieur au nôtre sur le plan de la propreté. La pureté est nécessaire à notre pensée et nos désirs doivent être purs aussi pour protéger notre cœur de l’impureté ; cela rend possible l’effort de la volonté. « Écoutez-le ! » Vous devez comprendre pourquoi le monde est créé : il est créé pour nous. Dans notre situation d’aujourd’hui nous ne pouvons pas être heureux ; notre bonheur viendra à l’avenir, il viendra si nous prenons une autre forme. Et les formes qui existent dans le monde sont des formes que traverse l’Esprit Divin, et le dessein divin prend soin de tous. Si leur maison, si leurs corps changent, cela ne signifie pas un changement de leur esprit, mais une évolution de leurs corps. Lorsqu’une étoile de mer vient fabriquer son corps, elle utilise toutes les possibilités inscrites dans cette forme, mais si elle décide de passer à une forme supérieure, elle devra recommencer une nouvelle vie. Donc, si le plus érudit parmi nous entre dans le monde angélique, il y entamera la vie d’un bébé et sera si ignorant là-bas, comme sont ignorants les oisillons. Par conséquent, nous devons avoir la patience d’apprendre et de savoir en quoi consiste la vraie science : la vraie science consiste en ce principe de base : apprendre à aimer. Qui ? Celui qui demeure en nous. Peux-tu être toujours prêt pour Celui qui demeure en toi, et ne dire de mal de personne ? Peux-tu pour Celui qui demeure en toi ne tuer personne ? Peux-tu pour Celui qui demeure en toi ne rien dérober ? Peux-tu pour Celui qui demeure en toi ne déshonorer personne ? C’est le côté négatif. Et maintenant : peux-tu pour Celui qui demeure en toi sacrifier tout ? Mais lorsque je dis tout, j’entends tout ce qui est superflu. Lorsqu’en nous naitront ces désirs, alors nous connaîtrons Celui qui demeure en nous. De nos jours, beaucoup visitent toutes les Églises : l’Église évangélique, l’Église orthodoxe, l’Église catholique, l’Église musulmane, mais la religion contemporaine est encore au seuil du temple, nous ne regardons que la forme extérieure. Vous dites : « Il est évangéliste », en quoi cela consiste-t-il ? S’il croit en l’Évangile, alors il est évangéliste ; toutefois croire en l’Évangile ne nous rend pas évangélistes. « Mais il est orthodoxe, il croit en l’orthodoxie » ; mais croire en l’orthodoxie ne nous rend pas orthodoxes. « Il est musulman », mais croire en Mohamed ne nous rend pas musulmans. Lorsque le Divin en nous commence à se manifester, non seulement en forme, mais aussi en contenu et en sens, alors nous commençons à comprendre ce qu’est l’amour divin. Lorsque nous ressentons cet état, toute crainte disparaît en nous dans ce monde, et des vibrations inconnues et jamais ressenties à ce jour frémiront en nous ; la pensée la plus claire et la plus lucide naîtra en vous. Les religieux d’aujourd’hui pensent qu’il faut s’abêtir pour devenir religieux. Qui s’abêtit ? L’être de la routine. C’est ainsi qu’on hypnotise quelqu’un, on prend un cercle lumineux et on le fait tourner longtemps jusqu’à ce qu’il soit hypnotisé. Je dis : nos contemporains sont hypnotisés par l’argent, l’argent tourne autour d’eux ; un banquier vaque à ses affaires, mais il y a un calepin rempli au-dessus de sa tête : il réfléchit à ceux qui lui doivent quelque chose, il avance, mais le calepin est toujours là ; tu croises un savant, mais lui aussi porte un calepin ; tu croises un théologien qui a rédigé un mémoire : il le porte dans sa tête ; un philosophe a rédigé une nouvelle théorie, il prêche qu’elle est la plus juste ; un autre a mis en place une nouvelle invention, et ainsi de suite. Tous pensent que ce qu’ils ont redressera le monde si c’est adopté. Au contraire, votre invention détraquera le monde, soyez reconnaissant que le Seigneur ne l’a pas admise dans le monde. Vous avez des aéronefs, des zeppelins et vous dites : « C’est cela la civilisation », mais lorsqu’ils fondent sur vous en ennemi, vous vous terrez tous aux abris en disant : « D’où nous a frappé un tel malheur ! » Non seulement ils n’ont pas redressé le monde, mais ils l’ont détraqué ! C’est autre chose qu’il faut appeler. Écoutez-le, le Conscient, il doit entrer en vous et vous serez alors gratifiés de grands bienfaits. Le Seigneur vous envoie ces bienfaits et Paul dit : « Ce que vous n’avez pas encore rêvé, ni ressenti est le grandiose qui vous attend [1]» Quand ? Lorsque cet amour entre en vous ; en réalité il n’entre pas, mais il s’éveille. Et certains me demandent ce qu’est l’amour. Comment vous l’expliquer ? Autrefois, une brebis est tombée amoureuse d’un loup. Le loup était un remarquable gentilhomme avec de belles moustaches – les loups en sont pourvus – La mère brebis a dit à sa fille : « Autant que nous le savons, les jeunes hommes de ce type de famille se conduisent mal avec leurs élues. – Mais je l’aime beaucoup ! » Et lorsqu’elle l’a épousé, le loup arrachait chaque jour un peu de sa chair jusqu’à ce qu’elle soit complètement défigurée ; et elle se demandait : « Pourquoi mon bienaimé est-il si cruel ? » Parce que c’est un loup, et le loup est l’égoïsme dans lequel nous vivons à présent. Notre siècle est celui des loups : on peut te donner un festin, mais ce sera un piège et tu le paieras toujours de ta vie. Je parle maintenant de vous, de vos maisons : si vous voulez vous renouveler, ne vous faites pas d’illusions, ne croyez pas que vous y arriverez en continuant à vivre comme maintenant. Mais vous m’objecterez : « Nous faisons des efforts » ; non, non, vous n’avez pas encore fait d’efforts, vous ferez un grand effort sur vous, vous mettrez votre volonté en action au moment le plus difficile. Quel est ce moment ? Un américain a fait le pari de parcourir le monde, nu et sans argent. Il prend le pari et se lance. Ses amis le déshabillent, mais il réussit à trouver des habits et à faire le tour du monde. Je dis : voici quelqu’un qui arrive à prospérer dans les pires conditions. Donc, nous les contemporains, nous ne sommes pas des héros, mais des individus sans volonté. Le Seigneur dit : « Ferais-tu la traversée du monde entier ? » Il y a chez l’être une volonté qui peut tout vaincre, je l’appelle le Divin et je dis : si nous mettons le Divin en nous, nous pouvons tout, mais à l’instant où nous perdons le Divin, nous perdons tout. Si vous voulez une philosophie positive, essayez le Divin en vous, voyez s’il peut transformer le monde et transformer le loup en brebis : il le peut ! Le Divin transforme le loup en brebis et les Écritures disent : « L’agneau et le loup paîtront ensemble »[2]. Un jour, un saint homme russe a été appelé par les comtes russes, il s’est vu remettre ce verset. Ils l’ont invité à festoyer et l’ont interrogé : « Comment expliquerais-tu ce verset, est-ce que le loup et l’agneau peuvent vivre ensemble ? – Ils le peuvent, ils le peuvent, vous êtes les loups, je suis l’agneau et nous pouvons vivre en frères. » Et il leur disait vrai. « Lorsque le Divin se manifeste, nous pouvons nous donner la main avec vous qui êtes si cupides, mais lorsque le Divin disparaîtra, nous n’aurons plus aucun socle commun et la désunion apparaîtra ». Nous conditionnons ainsi la civilisation future de la sixième race à cette loi : lorsque je te rencontrerai, je te regarderai et je demanderai si tu as en toi le Divin que nous appelons le soleil de la vie. Tant que le Divin parle en nous, notre pensée et notre cœur se trouvent dans un état formidable – des sentiments remarquables naissent parfois en vous – ne les anéantissez pas ! Par exemple, il y a un pauvre homme qui a une très bonne opinion de vous et qui vous aime ; ne brisez pas ce fil avec lui, rencontrez-le, il est aimant ; mais vous dites par la suite : « Il est pauvre, peu éduqué » ; la petite rigole qui traverse le jardin vivifie les plantes, donc l’amour, quelle que soit sa forme – je ne parle pas de l’amour des ombres, ne me comprenez pas de travers car il y a un amour des ombres – le véritable amour ressemble à une rigole qui insufflera quelque chose de neuf dans ta vie et ta pensée sera lumineuse, ton âme sereine et ta volonté puissante. Qui vous aime ? Uniquement celui dont la présence renforce vos sentiments moraux et qui vous rend joyeux tous les deux, lui seul vous aime ; mais si vous ressentez un sentiment de malaise, c’est qu’il vous influence de façon négative. Celui-ci avance donc à gauche et l’autre à droite. Et maintenant les Ecritures disent : « Écoutez-le ! » Depuis deux mille ans, depuis que le Christ est descendu sur terre, ce qui m’étonne n’est pas que le monde ne croit pas en lui, mais que ses serviteurs ne prônent pas Son enseignement. Aujourd’hui encore, si vous entrez dans une église évangélique, vous entendrez parler de certains auteurs plus que du Christ, le Christ reste au troisième plan alors qu’on dit de lui : « Le Christ est la tête de l’Église ». Ayons une seule tête ! Mais à présent l’Église évangélique a une tête, l’Église orthodoxe une autre tête, l’Église catholique une troisième tête ; combien de têtes faut-il avoir, est-ce qu’une Église à trois têtes peut prospérer ? Non. Et on dit maintenant : « L’Église doit avoir un chef », mais elle a une tête, c’est ainsi que le Seigneur l’a créée, nous ne devons pas lui en mettre une nouvelle – les nouvelles têtes que nous rajoutons, mettent à mal les Églises. J’insiste : dans le monde il y a une seule tête, c’est le Divin ; il n’y a aucune autre tête, coupez toutes les autres têtes à la base. Certains m’écoutent et disent : « Que diras-tu sur moi ? » Je dis ce que le Seigneur dira dans soixante ans sur toi : « Combien de têtes avais-tu sur terre ? » Et je demande : combien de têtes avez-vous ? Mon Enseignement est un Enseignement à une seule tête : il rend les humains libres à tout point de vue, il ouvre les coffres, il ouvre les prisons, il incite à vivre en frères ; cet Enseignement n’est pas mien, c’est ce que notre Père Céleste exige. Maintenant, quand les guerres surviennent, on dit : « Peut-on se passer de guerres ? Au moins, nous qui croyons, nous pouvons nous passer de guerres ; que le reste du monde guerroie autant qu’il veut. Deux personnes se chamaillent et se battent : l’un a donné dix mille levas, l’autre ne les lui rend pas, ils se battent et me sollicitent aussi. Je dis : « Combien te doit-il ? – Dix mille levas. » Je sors dix mille levas, je dis : « Les voici, ne frappe pas ce frère, il ne les a pas. » Alors que maintenant, que se passe-t-il ? On s’approchera, on attrapera ce vaurien pour savoir pourquoi il ne paie pas, mais ce n’est pas une philosophie de la vie. Je me mettrai à sa place, je dirai : « Frère, je vais payer pour lui, ne le frappe pas », et je dirai à l’autre frère : « Lorsque tu seras de nouveau en difficulté, viens me voir ». Je demande : si nous posions tous la question ainsi… Vous direz : « Lorsque tous seront en bonne santé, comment les docteurs gagneront-ils leur vie, qui les paiera, qui ira encore à l’église ? » Mais de toute façon les gens ne vont pas à l’église maintenant. Vous m’excuserez, je suis très franc, que tout le monde m’en excuse : ce qu’on raconte à présent devant le Seigneur est une représentation, sans amour. Est sincère celui qui est sincère dans son âme et sans arrière-pensée : c’est ce que j’entends par amour. Lorsque je m’approche de lui, qu’il soit homme ou femme, je dois être si pur, si bienveillant, et agir envers ce frère comme j’agirais envers moi-même ; c’est la grande loi qui dit : agissez envers les autres comme vous voulez qu’ils agissent envers vous. Certains disent : « Cet Enseignement est bon ». Il est bon, mais pouvons-nous l’appliquer ? Partout dans le monde on attend maintenant que le Christ vienne : en Amérique, en Allemagne on attend que le Christ redresse le monde ; ici en Bulgarie aussi, on s’est mis à l’attendre. Le Christ est déjà venu, Il frappe à tous les cœurs : « Amour ! » C’est cela le Christ, cette conscience intérieure. Le Christ est venu, Il frappe à la porte et l’ange dit : « Ne te lèveras-tu pas ? – Je vais dormir encore un peu. – Tu peux dormir, mais tu es en retard. » Les gens sont en retard. Et on me demande alors ce qu’est l’amour. L’amour est un feu de trente-cinq millions de degrés, et lorsque ce feu se déclare il apporte la vie et non la destruction ; ton âme aussi vibrera comme vibre l’âme d’un ange, et ce feu rendra tout le monde puissant. Ce feu terrasse tout : églises, coffres ; ce feu vient dans le monde. Si vous ne sortez pas, savez-vous ce que le Seigneur fera de vous ? Je regarde parfois comment un mulot sort de son terrier pour regarder, puis se cache des enfants, puis réapparait et se cache de nouveau ; mais parfois les enfants se montrent malins, ils apportent deux ou trois seaux d’eau qu’ils vident dans le terrier, et le mulot sort au milieu de l’eau. Maintenant le Seigneur a décidé de verser de l’eau dans les terriers de Ses enfants. Et vous sortirez ! Si un incendie se déclarait, tu quitterais aussi ta maison ; lorsqu’un incendie se déclare, hommes, femmes et enfants, tous fuient. Et vous serez alors comme ce riche américain : lorsque la ville de Chicago a brûlé, et que toute la ville était en flammes, les gens s’enfuyaient, et un riche qui avait pris son coffre a interpelé un ouvrier : « Je te donne vingt-cinq mille dollars pour emporter mon coffre. – Je ne veux pas de ton argent. » En fin de compte le riche a abandonné son coffre et s’est sauvé. Tu laisseras ton coffre pour passer de l’autre côté, c’est le feu qui menace ! « Écoutez-le » Le Verbe Divin vient et il fera fondre les cœurs et les pensées des humains et apportera le renouveau ; et les Écritures disent aussi : « Je leur donnerai un cœur nouveau[3]». Pourquoi ne pas adopter le Nouvel Enseignement ? Ne pas simplement dire Nouvel Enseignement, mais aussi nous mettre à appliquer cet Enseignement. Les agriculteurs qui veulent travailler une nouvelle culture commencent par petites touches. Je dis aussi à tous les chrétiens qui ont grandi dans ce pays : ils peuvent se donner la main et entrer dans cet enseignement Divin. « Et Moïse et Elie leur apparurent [4] » Pourquoi ? Ils sont venus pour s’instruire auprès du Christ qui a parlé là des souffrances comme le disent les Écritures, mais il a donné deux leçons à Moïse et à Élie. Car avec leur enseignement le monde n’a pas bénéficié des résultats attendus : à cause d’Élie on a coupé les têtes de quatre cents prophètes, alors que Moïse a instauré une législation qui règne encore dans le monde. Le Christ a dit à Moïse et à Élie : « Tant que ce grand Enseignement du grand Amour Divin n’est pas instauré, le monde ne se transformera pas ». Et par conséquent il dit : « Je dois souffrir », ce qui signifie : « Cet amour qui est en moi, je dois le donner au monde pour qu’il entre dans les âmes humaines et que les gens vivent avec l’amour divin ». Lorsque le Christ l’a dit aux prophètes de l’Ancien Testament, son visage est devenu lumineux comme le soleil. Je dis : vous êtes Moïse et Élie, mais vous dites : « Il faut donner un peu à l’Église, il faut de l’argent », vous vous prémunissez, donc Élie et Moïse sont auprès de vous. N’est-ce pas que vous êtes instruits et justes ? Que vous le soyez ou non, vous maintenez l’Ancien Testament, comme Moïse et Élie ; le Christ vient et vous dit : « Votre vie ne s’arrangera jamais de cette façon », et si vous le comprenez, vous direz : « Comme le Seigneur a sacrifié Sa vie pour les humains, moi aussi je peux me sacrifier pour le Seigneur », alors vos visages resplendiront comme le soleil et vos habits seront blancs comme neige. On viendra maintenant interpréter mes paroles : « On vivra comme on est, et lorsque nous mourrons alors la vie se redressera ». Non pas lorsque tu mourras, mais pendant que tu es en vie tu dois agir de la sorte ; « lorsque nous mourrons » est une philosophie ridicule. Lorsque je perdrai ma richesse, comment pourrais-je aider le pauvre ? Je peux aider si je suis riche ; le bien portant peut aider, mais si je suis chétif, comment pourrais-je aider ? Mon âme doit être pleine d’amour et je dois sacrifier cet amour : voici l’Enseignement prôné depuis des milliers d’années ; ce n’est pas un enseignement de violence, c’est un enseignement d’absolue liberté. Et comme sa patience est infinie ! Il dit constamment : « Mes enfants dans le nid acquerront l’intelligence », il les retourne, il les caresse, parfois lui vient l’idée de les rejeter, mais il dit : « Ils acquerront l’intelligence ! » Moi aussi je crois que vous, frères, vous acquerrez l’intelligence, vous serez bons, je crois que vos ailes pousseront et vous vous envolerez de ce nid, vous voyagerez tous vers le Royaume de Dieu et non pas vers les enfers ; le Seigneur vous sortira tous un jour de l’enfer – la terre est un enfer – pour aller dans Son Royaume où Son amour règne. Croyez en cet amour et le Royaume de Dieu viendra. Nous devons tous être sauvés et nous le serons. On peut maintenant citer des versets, mais Jean dit ainsi dans l’Apocalypse : « J’ai entendu toute la création glorifier Dieu », et s’il a entendu toute la création glorifier Dieu c’est qu’ils seront tous sauvés. Mais d’ici là il y aura des souffrances et un jour nous sortirons tous de ce feu, et nous entrerons dans l’amour divin. Certains parmi vous sont maintenant sur le point de sortir : sortez ! « Écoutez-le ! » Celui qui est en vous maintenant, écoutez-Le. Lorsque tu rencontres un prédicateur, un prêtre, dis-lui : « Frère, est-ce que tu L’écoutes ? » Tu lui diras : « Nous sommes en haut dans la montagne, Moïse et Elie sont avec nous ». Mais on dit : « Il est excommunié de l’église, il est maudit », alors que le Christ dit : « Non, amour pour tous, vous êtes tous des frères », c’est ainsi que parle le Christ : « Vous êtes tous des frères ». Il n’y a pas d’hérétiques, Élie et Moïse sont remplis d’amour et il n’y a pour le Christ que des frères et des sœurs, même si vous vous appelez autrement. Un jour, votre hérésie disparaîtra et seul le Divin restera en vous. Pourquoi ne pas vivre cette vie, cette vie consciente et étudier la philosophie grandiose de la vie ? Nous serons alors des milliers de fois plus intelligents que nous ne le sommes maintenant, et sur cette terre coulera toute l’abondance si les Bulgares décident de L’écouter ; si tous s’arrêtent sur ce verset et décident de L’écouter, la corne de l’abondance coulera et toutes les dettes, tous les malheurs seront effacés : voici une philosophie réelle ; chaque peuple qui a écouté le Seigneur depuis des milliers d’années a été béni. Comme on l’a prêché jusqu’à présent, Il est le grand Seigneur de l’amour, qui sauve, qui se sacrifie, qui nous nourrit chaque jour et nous console dans toutes les situations. Il dit : « N’aie pas peur, tes affaires se redresseront ». Tu as perdu ton fils, ta fille, Il dit : « N’aie pas peur, cela s’arrangera ! » « Écoutez-le ! » J’aimerais que vous vous inspiriez de cette pensée : c’est Lui que vous devez écouter en vous ; s’Il entre, la question est résolue. Élie et Moïse vous diront : « Notre enseignement était valable jusqu’à ici », mais ils ajouteront : « Écoutez-le ». Et la voix au-dessus : quelle est cette voix ? La voix divine : « Écoutez-le ! Ce que j’ai déposé en vous, écoutez-le, cet Esprit, écoutez-le ! » Quelqu’un dit : « Cet enseignement est très simple ». Appliquez-le partout : nous n’irons pas ouvrir des monastères et des églises, nous allons former une église dans notre cœur, il y aura un autel, nous mettrons cette église dans notre pensée et la garderons pure de façon que nos corps soient des temples du Dieu vivant ; les autres temples, les temples extérieurs sont faciles à construire. Maintenant, où trouverons-nous Dieu ? Si vous n’êtes pas honnêtes envers Celui qui vous aime, si vous trompez Son amour, comment Dieu pourrait-Il se manifester en vous ? N’est-ce pas Dieu celui qui vous aime ; et qui pouvez-vous aimer ? Dieu bien sûr, et donc l’amour qui se manifeste d’une manière ou d’une autre. Et on nous demandera si c’est de l’amour ou non : l’amour ne pense mal de personne, c’est la première chose ; l’amour est un Bien Absolu, je le nomme le Bien Absolu dans le monde. Dieu se réjouit de voir que toutes les créatures peuvent vivre. Je passe à côté d’une fourmi, je lui cède le passage. Je pourrais la piétiner - non, je me réjouis, elle a aussi sa vie, elle monte, elle descend et je dis : c’est mon petit frère, et si je respecte la fourmi, je respecterai d’autant plus le grand frère. Vous dites : « Ce ne sont que des fourmis ». La mère dit : « Mon enfant arrache les têtes des mouches ». Et ensuite ? Sa tête aussi est perdue. « Que faire, elles attaquent la cuisine ! » Nettoyez les cuisines et les mouches ne s’attaqueront pas à vous ; mettez une ou deux assiettes pour ces petits frères. Alors que maintenant on met du sucre et un piège par-dessus et ensuite on dit : « Nous avons éliminé les mouches. » Ce n’est pas civilisé, c’est de là que partent tous les crimes. Et alors nous sommes étonnés : pourquoi le Seigneur a-t-il ordonné le monde ainsi ? Non, les mouches aussi ont leur prédestination ; les mouches, les fourmis, toutes les créatures ont une mission importante dans le monde ; ces fourmis qui creusent des trous font un travail grandiose. Pour nous chaque chose a sa prédestination ; que de notre point de vue ce soit bien ou mal, chaque chose a sa prédestination pour nous, les êtres intelligents sur terre. Ainsi, « Écoutez-le ! » Et alors notre cœur frémira devant Son visage, et lorsque nous croiserons le loup, nous le regarderons comme s’il était une brebis, et il changera son caractère ; et lorsque le loup nous croisera et verra que nous portons en nous : « Écoutez-le », il dira alors : « Puisque tu L’écoutes maintenant, moi aussi je L’écouterai et nous pourrons vivre en harmonie tous les deux ». Et le mot loup s’entend à présent comme l’absence du Divin en nous, rien de plus, c’est une idée négative. Et Matthieu qui fait ce récit dit : « sur une haute montagne ». Nous sommes de nouveau là-haut dans la montagne. Quelqu’un dit : « Est-ce que j’y suis ? » Aujourd’hui tu es là-haut dans la montagne. Il dit : « Dressons ici trois tentes » Que sont ces trois tentes ? Ce sont les trois Églises : la première, l’Église évangélique, l’autre l’Église orthodoxe, et la troisième l’Église catholique ; ainsi certains déclarent : » Et celui qui n’est dans aucune de ces trois tentes n’est pas chrétien ! » Et tous disent : « Le salut est dans notre tente ! » Non, pas de tente ! C’est Pierre qui propose cela alors que Jésus dit : « Pierre, je dois descendre dans le monde, me sacrifier et donner ma vie pour racheter le monde ». Pas de tentes ! Par conséquent, si vous vivez dans des tentes, vous êtes dans l’enseignement de Moïse et d’Élie, mais si vous vivez sans tente, vous êtes dans l’enseignement du Christ où le monde entier est votre maison. Par conséquent l’Enseignement du Christ n’est pas une tente, mais un Enseignement d’absolue liberté. Et l’anarchiste qui vit au Ciel est dans le droit chemin. Et lorsqu’on acquiert l’absolue liberté de sa pensée, on n’est pas anarchiste. Il faut tolérer cette liberté pour tous et chacun est dans le droit chemin ; et nous sommes venus pour cela : apprendre quels sont nos droits, comment écouter et qui écouter, et alors seulement nous retournerons au Ciel et nous serons ses dignes citoyens. Tant que nous ne l’acceptons pas, nous vivrons en pension, nous recevrons des lettres d’amour, et on nous dira : « Fiston, tu n’as pas encore fini tes études, lorsque ce sera fait, reviens avec ton diplôme ». À tous ceux parmi vous qui en ont fini avec la pension, je souhaite bonne route ; rentrez chez votre Père et votre Mère et vous y serez bien accueillis. « Écoutez-le ! » Sofia, 12 mars 1922 [1] 1 Corinthiens 2, 9 : « Mais ce sont, comme il est écrit, " des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont pas montées au cœur de l'homme, - des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. » [2] Ésaïe 65, 25 : « Le loup et l'agneau brouteront ensemble ; le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage ; quant au serpent la poussière sera sa nourriture. Il ne se fera ni mal ni destruction sur toute ma montagne sainte, dit le Seigneur. » [3] Ezéchiel 36, 26 [4] Matthieu 17, 3
  14. Dans la Maison de mon Père «Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père.» Jean 14:2 Il y a ce verset quelque part dans l’Évangile, vous le trouverez ; je vais seulement le citer, vous le trouverez : « Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père ». Je pense que c’est une causerie intime que le Christ a eu avec ses disciples. Le mot maison a plusieurs sens : quelque fois un sens matériel et d’autres fois, un sens spirituel ; par le mot maison nous comprenons toujours quelque chose d’idéal, le plus sublime, le plus idéal sur terre est la maison ; donc la maison, ce qui est sublime doit être bâti sur terre avec intelligence. Les fondations de cette maison sont la mère et le père, les murs sont les enfants et le toit, les tuiles et le reste sont tous vos amis qui vous entourent. Pour bâtir la maison, il faut d’abord croire en une intelligence dans le monde : sans foi il ne peut y avoir d’intelligence. Je prends la foi non pas au sens de croyances ; la foi, c’est le socle de l’intelligence, l’intelligence est le socle de la vie, et la vie est le socle de toutes les joies que nous éprouvons. Par conséquent, si nous ne relions pas les choses selon cette loi, si nous ne bâtissons pas la maison de cette façon, nous pouvons constamment avoir une vie amère et la maison sera constamment en ruines. Il ne s’agit pas uniquement de bâtir et de démolir, mais ce que nous bâtissons doit être robuste. Quelqu’un dit : « Tu dois croire ». En quoi ? On peut avoir la foi en une seule chose, on ne peut croire qu’en l’amour, en rien d’autre, c’est ainsi. Crois-tu en l’amour ? On ne peut croire qu’en l’amour, toute autre croyance est mensonge, c’est ainsi que je le conçois. Mais on dit : « En quoi devons-nous croire ? » En l’amour ! C’est précisément là le côté faible du monde contemporain, de la société contemporaine, des religions contemporaines ; leur faiblesse est qu’ils ne croient pas en l’amour ; ils croient en tout le reste mais non en l’amour, l’amour n’est pas un sujet pour eux, ils se contentent de prêcher à son sujet. Le Christ dit à ses disciples : « Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père ». Il met un sens particulier dans les paroles : « Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père ». Si une âme vient sur terre sans avoir revêtu un corps semblable au vôtre, je vous demande : peut-elle se manifester ? Non. Elle doit par conséquent se créer une maison conforme aux besoins du monde physique. Ceux qui ne comprennent pas le sens profond de cela, se plaignent de leurs corps : comment pourraient-ils être demeures et maisons de leurs âmes ? Par exemple, nous nous plaignons souvent que nous ne pouvons pas manger, sous-entendu que nous ne pouvons pas manger plus que de raison, ce qui est une faute ! Sur toute une vie de cent à cent vingt ans, si tu manges trois fois par jour, peu à peu tu feras des essais jusqu’à être rassasié un jour ; ne t’inquiète pas, si tu n’as pas bien mangé un jour, tôt ou tard tu finiras par bien manger ; mais maintenant toutes les querelles dans le monde touchent à la nourriture et la nourriture altère le bonheur. Ce n’est pas que nous en manquons, nous ne manquons de rien, mais un mécontentement subsiste en nous de ne pas trouver la maison à notre goût, ni la nourriture ; nous trouvons que la nourriture des autres est meilleure. Nous rentrons dans une maison bien meublée : chaises, sommiers, matelas, et en jetant un coup d’œil nous disons : « On peut vivre dans cette maison », mais selon moi elle n’est pas saine. Lorsque je rentre dans une maison, je regarde s’il y a des fenêtres qui donnent vers le Sud et si elles sont grandes ; s’il y en a et si la lumière est abondante, je dis : « Cette pièce est bien », mais s’il n’y a pas de grandes fenêtres et si les rideaux sont tirés, je dis : « Cette maison est insalubre ». Nous les contemporains par exemple, nous avons meublé nos maisons de sorte qu’un grand nombre de choses doivent être jetées ; les fenêtres doivent être grandes et une lumière abondante doit rentrer à travers elles ; cette lumière est nécessaire pour la maison. Et le Christ dit : « Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père. Elles sont très salubres, de qualité supérieure ! Mais, dit-Il, vous qui vivez dans les maisons d’aujourd’hui, vous devrez entrer dans ces demeures-là, et vous comprendrez alors la beauté de la vie ». Maintenant, lorsque nous disons qu’il y a des demeures célestes, vous dites : « La mort approche ! » Non, c’est une compréhension erronée, il ne s’agit pas de mourir. Les gens sont bizarres, est-ce qu’il faut mourir pour passer d’une pièce à une autre ? Dès qu’on parle de demeure céleste, on dit : « C’est la mort qui approche ! » C’est simplement un passage d’une demeure insalubre à une autre qui est salubre, un changement de corps. Lorsqu’une âme qui a vécu dans une maison bovine… Il me vient encore la tentation de faire une comparaison et de donner cet exemple : lorsqu’une âme qui a vécu dans une demeure bovine – car chaque demeure a son emblème – a atteint un certain degré de développement, est-elle frappée par le malheur au moment où elle quitte la demeure bovine pour passer dans une demeure humaine ? Quelqu’un demande si c’est possible ? C’est possible. On dira : « Prouve-le ! » Je peux le prouver, mais je n’ai pas le temps, on ne démontre pas ces choses en une heure. Nos contemporains ont aussi une compréhension vague de ce sujet en pensant que l’être humain se trouve plus haut que le bœuf, mais il y a beaucoup de bœufs qui sont plus intelligents que les humains. Les Écritures disent : « Le bœuf reconnaît son maître, alors qu’Israël ne reconnaît pas son Dieu[1] ». Je demande : de ce bœuf qui reconnaît son maître et de cet homme qui ne reconnaît pas son Dieu, qui est le plus intelligent ? Le bœuf est plus intelligent. Donc notre intelligence réside dans la reconnaissance de l’amour en tant que fondement de la vie, et qui édifie la foi ; la foi est le fondement de l’intelligence et l’intelligence est le fondement de la vie actuelle, et au travers de cette vie nous reconnaissons Dieu de façon objective. Certains disent : « Montre-moi Dieu ! » Non, non, Dieu n’est pas quelque chose de matériel, d’extérieur, Il est quelque chose d’intérieur, alors nous pouvons Le connaître et L’éprouver par la loi de l’amour. Comment l’enfant reconnaît-il sa mère ? Par l’amour ; comment la mère reconnaît-elle son enfant ? Par l’amour ; qui sont les enfants les plus intelligents à la maison ? Ceux que la mère aime le plus. Parfois la mère dira qu’elle aime certains enfants un peu bêtes ; non, ce n’est pas vrai, on ne peut jamais aimer quelqu’un d’idiot, et lorsque la mère aime son enfant, il est nécessairement intelligent. Vous les mères, vous direz maintenant : « Prouve-le ! » Je peux vous le prouver, mais je manque de temps. Certains disent : « Le monde ne m’aime pas ! » Sois intelligent, avisé et on t’aimera. En quoi consiste l’amour ? Certains disent : « Je suis aimé ». S’il n’y avait qu’une seule personne sur terre qui vous aime, ce serait suffisant ; que quelqu’un vous aime signifie qu’il vous éprouve sciemment, et je vous montrerai les signes de cet amour : en présence de celui qui vous aime de façon divine, quel que soit votre chagrin et votre dépit, votre fardeau s’allègera et vous serez comme un oiseau au printemps ; l’obscurité s’effacera aussitôt en vous. C’est pour cela que notre bienfait en Dieu est grand, c’est parce qu’Il nous aime ; nos péchés peuvent être aussi lourds que la Terre, mais lorsque nous allons auprès de Dieu tous nos péchés fondront dans son amour et nous dirons : « Dieu merci, je me suis libéré de mes péchés, je me suis allégé de mon fardeau ». Il suffit de voir Dieu une fois, mais de Le voir ! Un tel dit : « Il peut difficilement être vu ». Si tu Le vois une fois, tous tes péchés seront effacés, mais vous devez Le voir ; et pour Le voir, il faut L’aimer. Et pour être vu de quelqu’un, il faut l’aimer. Quelqu’un me dit : « Je t’aime beaucoup », mais si je commets un péché, il ne m’aimera plus. L’amour ne remarque pas les péchés commis, aussi nombreux soient-ils ; vous direz : « Nous sommes des gens sur terre ». La question n’est pas dans les péchés, simplement l’être noble, l’être aimant a une conscience, il dit : « Mon acte est comme ceci », il ne réclame pas de commission, il ne cherche pas d’avocats, mais dit aussitôt : « Mon acte n’est pas juste » et c’est terminé, il le met sur la balance divine. À présent, dans beaucoup d’églises évangéliques, orthodoxes et autres, tous appliquent la même méthode : le pécheur vient et on lui démontre qu’il est pécheur ; parfois il nie jusqu’à ce qu’il avoue à la fin et dise : « J’ai péché ». C’est le même aveu que dans le commissariat ; là-bas aussi on t’interroge : « As-tu volé ? – Non. – As-tu volé ? – Non. » Ils diront : « Mettez-le à terre : un, deux... vingt coups de bâton. – Attendez, je parlerai ! » Après vingt-cinq coups il dit : « J’ai dérobé l’argent », il avoue sa faute. Nous craignons à tout moment le bâton et c’est pour cette raison que nous disons que le bois du bâton est sorti du paradis. Toutefois ce bois, cet arbre n’est pas sorti du paradis pour battre les humains, mais pour les faire croître, c’est la baguette divine. Si tu fais une faute, tu dois dire : « C’est une faute que je n’aurai pas dû commettre ». Maintenant le Christ dit : Il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père céleste qu’Il prépare pour vous, et vous, armés de cette baguette divine, de cette conscience, vous sortirez de votre forme actuelle pour aller dans ces nouvelles demeures ». Quelqu’un demande : « Sont-elles lointaines ? » Elles ne sont pas lointaines, je vais l’illustrer encore par analogie : quel est l’éloignement entre la forme humaine et la forme de la fourmi, et la forme du microbe ? Dans une fourmi il n’y a même pas de conscience que l’humain existe, les fourmis n’imaginent même pas que l’être humain existe ; les gens sont donc pour eux un monde abstrait, les fourmis n’ont pas la capacité de voir ce monde et par conséquent la fourmi doit acquérir cette conscience humaine, revêtir la forme humaine, et en revenant auprès des fourmis, leur prouver avec leurs formules que l’être humain existe. Maintenant nous, de cette position très élevée, depuis les formes du monde divin, nous devons rapetisser, rapetisser pour prouver aux humains qu’il y a des demeures célestes, c’est-à-dire de belles formes où les maladies et la dysharmonie n’existent pas ; c’est un monde d’absolue félicité. « Eh, direz-vous, comment cela, nous pensions que l’être humain devait souffrir pour se réjouir. » C’est vrai, mais c’est l’exact inverse au Ciel : si tu souffres là-bas, tu ne peux jamais te réjouir. Et le chagrin, c’est la conséquence de la pensée humaine déformée, et je peux vous le démontrer de la manière suivante : la mère prend un kilo de pommes, en prélève deux qu’elle donne à chacun de ses deux enfants ; l’un d’eux reçoit une plus grosse pomme que l’autre qui s’en rend compte et se met à pleurer. Pourquoi est-il mécontent ? La pensée de cet enfant est déformée. La mère dit : « Mon ange », mais le raisonnement de cet ange n’est pas juste, c’est un ange sans ailes ; il dit : « Tu m’en donneras autant qu’à lui ». Je demande : pourquoi est-il mécontent ? Il n’a pas essayé le contenu de la pomme. Les mères diront : « C’est un enfant, il ne comprend pas » ; et nous, les grands enfants, est-ce que nous comprenons ? Quelqu’un a une petite maison avec trois ou quatre enfants, il vit bien, Dieu merci, il n’a pas de dettes, mais sur son passage, il voit une plus grande maison et la pensée germe en lui d’emprunter de l’argent pour faire la même maison que celle de son frère ; il s’endette, des malheurs s’abattent sur lui et il finit par vendre sa maison et se retrouve à la rue. Alors, je demande ce qui fait le bonheur de l’homme : la maison à deux étages ou la maison avec un seul étage, apte à être habitée, avec suffisamment de lumière et sans humidité ? Maintenant, on vit au Ciel dans les demeures célestes, dans l’atmosphère de l’amour qui constitue l’air du monde divin ; en entrant dans ce monde divin, vous respirerez uniquement l’amour, vous l’assimilerez de toute part et il sera une nécessité dans votre vie ; il est l’atmosphère de ce lieu. Donc on peut tous profiter de la même façon de l’air, le riche comme le pauvre y ont droit, il n’y a pas de différence. Quelqu’un dit : « Il est riche, le Seigneur est bon envers lui, Il l’a béni ». Toi aussi tu es béni par le Seigneur : si tes jambes te portent, tu peux aller à Vitocha[2] respirer de l’air frais alors que ton frère reste au café Panah[3]. Qui est le plus intelligent ? Donc le bienfait est réparti équitablement entre tous et si nous nous contentons de nourriture frugale, nous en aurons en abondance ; l’eau aussi est donnée à tous. Pourtant les gens s’inquiètent et disent : « Quelles seront les conditions économiques dans le monde ? » Mais les conditions économiques dépendent de l’amour que les gens ont : plus l’amour diminue dans le monde, plus les conditions économiques se dégradent car les gens deviennent égoïstes et chacun se met à accumuler avoirs et richesses. Et en fin de compte, le Seigneur voyant que ces volontaires ne songent pas à se redresser, dit : « Démolissez leurs maisons, que ces gamins cessent de jouer, tous au travail ! Je vous ai envoyés à l’école pour apprendre les grandes vertus, pour vivre intelligemment ». Pour ce qui est de faire des maisons, vous savez en faire ; mais autrefois ceux qui avaient des maisons recevaient des convives, tandis que maintenant, même en ayant une maison à deux ou trois étages, vous dites en voyant arriver un invité : « Monsieur, il y a pour cela des hôtels, cette maison nous sert à nous nourrir ». Nos maisons à présent ne servent pas à vivre, mais à assurer notre pitance. Au lieu de vivre en toute intelligence, tu t’empêtreras dans tous les péchés. « Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père. » Ce n’est pas comme maintenant, avec cette commission de l’habitat qui limite les citoyens et ils se plaignent d’elle ; c’est curieux, la commission les aurait limités. Si tu n’as pas de bois à la maison, le froid te contraindra de l’extérieur, mais si tu as du bois, tu allumeras le poêle et tu te détendras. Il faut de l’amour dans le monde à présent, chacun de vous peut être conducteur de l’amour divin, il peut l’être. Les chrétiens d’aujourd’hui ne croient pas qu’ils peuvent être conducteurs de cet amour ; si nous en sommes là, avec cette compréhension, même dans cent ans l’amour ne viendra pas. Dieu doit vivre en nous, et non pas dans nos corps ; Il doit demeurer dans nos âmes, dans notre vie consciente. Maintenant nous croyons plus en l’être humain qu’en Dieu ; lorsqu’un journal écrit – comme il y a peu – qu’un martien est descendu en Russie avec un appareil, alors des croyants viennent m’interroger : « Est-il possible que les martiens viennent visiter la terre ? Sont-ils aussi avancés pour descendre ici ? » Je dis : si les martiens décidaient de descendre comme cela a été décrit dans les journaux, ce ne serait pas possible, ce n’est pas ainsi qu’ils viennent sur terre. En quoi devons-nous croire? En ce qui est déposé en nous. Tous veulent nous convaincre maintenant que nous ne pouvons pas raisonner ni comprendre. Cette pensée ne se manifestera pas d’un coup, un autre processus a lieu en nous ; nous voulons que tout se réalise d’un coup, mais c’est une méthode erronée, la nature ne connaît pas cette précipitation, elle a d’autres processus : tout ce qui est divin démarre par des proportions microscopiques. Je vous expliquerai pourquoi : lorsqu’un objet apparaît au loin, il semble très petit ; en s’approchant, il s’agrandit et parait plus grand ou vice versa : si c’est vous qui vous approchez, l’objet grandit, mais si vous vous éloignez l’objet rapetisse. Donc cet agrandissement ou ce rapetissement sous-entendent que nous nous déplaçons dans deux directions opposées, et nous avons alors l’illusion que certaines choses grandissent ou rapetissent. Si je vous dis qu’il n’y a ni croissance ni décroissance, que direz-vous : « C’est la meilleure, nos savants le démontrent pourtant ! » Je vous dirai que beaucoup de choses démontrées par la science ne sont pas vraies, et des milliers d’autres ne sont pas démontrées mais elles sont vraies. Lorsque je dis : « Ils ne croissent pas et ne rapetissent pas », j’ai autre chose en tête : nous comprenons qu’il y a des changements dans le monde, des changements de la conscience. Par les changements physiques dans la conscience tu perçois qu’un objet est devenu plus grand ou plus petit, c’est d’après ta conscience ; et quelqu’un dit : « Je l’ai touché avec la main ». Crois-tu ta main ? Tous les gens ne perçoivent pas la taille d’un objet de la même manière : demande à un paysan où se situe tel endroit, il te dira : « En partant d’ici c’est à une demi-heure », mais après trois heures de marche tu dis : « Elle est longue la demi-heure bulgare ! » Un autre te dit : « C’est très loin, à au moins trente kilomètres ». Tu pars et tu y arrives au bout d’une heure, tu dis alors : « Je suis arrivé très vite ». C’est cela la perception des choses, les gens ne partagent pas la même perception. Les ingénieurs utilisent des mesures bien définies, mais lorsqu’on vérifie si c’est juste ou non, on trouve toujours un léger décalage. Maintenant, ces demeures célestes sont aménagées de façon très hygiénique, elles ont des jardins remarquables, il y a de grands parcs dans chaque demeure ; et dans ces nouvelles maisons vous aurez tous les organes, tous les moyens pour comprendre la grande nature vivante dans laquelle vous vivez maintenant, vous comprendrez ces processus par lesquels Dieu se manifeste, car tout ce qui vit dans le monde est une manifestation de Dieu. Nos pensées et nos actes peuvent aboutir à des idées très pragmatiques. Vous direz : « Si tout est Dieu, alors où sommes-nous ? » Où est l’idée ? Dieu se manifeste en tout, Il n’est pas à l’intérieur de ce qui est manifesté. Ils pensent qu’après avoir fait quelque chose, le Seigneur est en son sein ; Lorsque je crée un tableau, est-ce que je suis dans le tableau ? Si vous transpercez le tableau, est-ce que j’aurai mal ? Cela peut me causer une souffrance morale, mais je suis en dehors du tableau. Je fais une maison ; je peux être hors de la maison et je peux être dans la maison. Et lorsque les gens disent : « Dieu a fait le monde », ils sous entendent que le Seigneur est en chaque petit caillou et si ce caillou est détruit, Dieu aussi est détruit. C’est une perception mensongère, Dieu n’est pas présent de la sorte dans les choses ; Il est en dehors du monde matériel et nous ne pouvons pas Le toucher, mais lorsque nous détruisons quelque chose de beau qu’Il a fait, une ombre est jetée sur Lui, Il vient et te repousse avec son doigt, et tu ne songeras plus une seconde fois à détruire une œuvre divine. Maintenant il y a beaucoup de savants, si quelqu’un parmi eux écrit un livre pour démontrer qu’il n’y aurait pas de Seigneur, que fait alors le Seigneur ? Il commence à le dessécher jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un tas d’os et on lui demande alors : « Y a-t-il un Seigneur ou non ? » Il est mécontent, il va par ci, par là, et on le soumet encore au feu et on lui redemande : « Y a-t-il un Seigneur ou non ? » Ce feu est l’amour. Il saute et crie : « Il n’y a pas de Seigneur ! » Bien, ce feu se renforce jusqu’à ce que cette forme en lui fonde, et alors il dit : « Il y a un Seigneur ». Il comprend l’amour et dit : « Comme je me trompais ! » On dit maintenant de Tolstoï qu’il est devenu idiot, qu’il était jadis un grand auteur qui a écrit beaucoup de livres, mais qu’en se tournant vers Dieu il est devenu idiot. Je demande en quoi consistait le génie de ses livres avant qu’il se tourne vers Dieu ? Prenons « Guerre et paix », où est le génie de ce livre ? Il a décrit la nature des choses, mais ensuite lorsqu’il a pénétré en elles, il a commencé à parler de l’amour. Lorsque nous commençons à parler aux autres du Ciel, on nous traite toujours d’idiots ; maintenant aussi, il suffit qu’un savant fasse preuve d’amour pour être traité d’idiot ; et lorsque les jeunes montrent leur amour, la mère dit : « Mon fils est devenu idiot ». Ta fille, qui maintenant n’aime pas, est bien ta fille, mais demain si elle aime, elle n’est plus ta fille. « Mais un jour la raison lui reviendra. – Est-ce que tu l’aimes ? – Oui, je l’aime. » Vous direz : « Est-elle pour toi ? » Qui est pour toi ? Celle là-bas, la fille fortunée ? Qui est riche ? Celui qui a l’amour ; celui qui n’a pas d’amour est si misérable, aussi misérable qu’un ver de terre, oui, exactement. Et ceux qui sont comparables aux vers de terre percent des tunnels. On dit : « Ce sont des savants ». Ce sont des savants en trous ! Mais aujourd’hui nous demandons aux savants d’instaurer une loi stricte et une éducation pour ne pas avoir besoin de détectives. Pendant la guerre, je marchais dans la rue et quelqu’un m’a touché la barbe. J’ai dit : « Pourquoi me touches-tu la barbe ? – Je veux voir si elle est vraie. – Elle est vraie ! » Nous passons pour une société remarquable, mais je demande si quelqu’un peut palper notre barbe pour reconnaître si elle est vraie ou non ? Non, non, cela ne se fait pas. Je lui demande : « Excusez-moi, Monsieur, avez-vous appris quelque chose sur l’amour ? – Ah, oui, dans ma jeunesse. – Et maintenant ? – Maintenant je suis détective, je gagne ainsi ma vie. » Je dis : « Tu as emprunté un mauvais chemin, mon frère, et tu finiras mal. Redeviens comme tu as été dans ta jeunesse. » Mettez l’amour partout et la question se résoudra. Et le Christ dit : « Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père », dans la maison dans laquelle l’atmosphère est l’amour. Insufflons par conséquent cette atmosphère dans nos maisons, respirons l’amour. Parfois, en l’essayant tu trouves que Dieu a changé ; non, Il ne peut jamais se salir, Il ne peut pas changer. Les évangélistes disent : « Crois en Jésus Christ et tu seras sauvé », moi je dis : « Entrez dans cette maison divine et si tu respires cet amour, tu seras sauvé toi et ta maison et tu n’auras plus besoin d’un deuxième salut ; car parfois – on le voit chez les anglais – ceux qui sont sauvés et trébuchent de nouveau, doivent se retourner une deuxième fois. Je peux retourner le portefeuille de quelqu’un et lui prendre l’argent : ce n’est pas de ce retournement qu’il s’agit. Il faut prôner l’Enseignement de vivre dans l’amour, tout autre enseignement est contre nature dans les conditions actuelles. « Crois en Jésus Christ », cela doit se comprendre ainsi : crois, sois intelligent, sagace, étudie les lois de la nature vivante, vis selon ces lois, avec ce que Dieu a ordonné, crois et toi et ta maison seront sauvés, c’est tout ! Mais ils s’imaginent que la croyance en Jésus Christ, la croyance qu’Il est venu et a souffert sur la terre, résume tout le reste. Jésus dit : « Les paroles que je prononce sont Esprit et Vie » ; ce Verbe vous sauvera si vous l’appliquez dans vos vies. Je vais vous relater un conte à propos d’une sainte de l’Église catholique, Catherine de Sienne. Alors jeune fille, elle a dit qu’elle décidait de ne pas se marier mais de mener une vie sainte, parce que le Christ lui est apparu et qu’elle L’a aimé : « Je ne veux me marier avec personne, désormais je me suis fiancée avec le Christ ». Elle a mené une vie pure et sainte non seulement dans sa cellule, mais aussi auprès des misérables auxquels elle parlait de son Bien-aimé et de son vécu. À cette époque, un jeune homme de noble ascendance – ceci se passait en Italie – a visité la ville de Sienne. L’idée lui est venue d’affranchir les paysans, mais les citadins ont voulu se débarrasser de lui, ils l’ont attrapé et ont voulu le condamner à mort. Il était jeune, il avait vingt-cinq ans. Les prêtres catholiques allaient le voir, lui parlaient de se convertir, mais il disait : « Je ne crois en aucun Seigneur ; s’il y avait un Seigneur, Il ne me punirait pas de la sorte ». Ils ont décidé à la fin de lui envoyer cette sainte ; elle lui a dit : « Je regrette, mon frère, que ton seul lit soit une paillasse, ce n’est pas humain », et elle l’a touché de sa main. Vous direz maintenant : « Elle a agi avec beaucoup d’humanité », mais il a senti qu’il y avait en elle de l’amour, l’amour du Christ s’est transmis à lui et elle a dit : « Comme je regrette que tu n’ais eu qu’une paillasse ». Et il a dit : « Si j’avais vu cette jeune femme plus tôt, je n’aurais pas fini dans cette prison », c’est-à-dire il aurait préféré l’épouser. Deux ou trois jours plus tard on a décidé de lui couper la tête et elle lui a dit : « Assieds-toi, mon frère, mets ta tête sur mes genoux » ; elle a commencé à le caresser et à lui parler. Vous direz : « Ah, non, c’est un péché de le toucher, c’est un grand pécheur et c’est pourquoi il est en prison ! » Alors qu’elle lui a dit : « Les gens sont comme ça, mais si nous aimons Dieu, nous pouvons avoir Son amour, et comme tu vas au Ciel, j’aimerais si c’était possible te remplacer et partir à ta place ». Et il a dit : « Maintenant j’ai connu Dieu. Je veux que tu me fasses une faveur : demain lorsqu’on me coupera la tête, prends-là, soutiens-la ». Elle a promis de lui tenir la tête. Elle est allée avant son exécution et lui a murmuré : « Mon frère, tu es plus courageux que moi, je suis si peureuse ; tu te tiens plus haut que moi et en allant au ciel, prie pour moi pour que ma foi grandisse aussi ». Elle a tenu sa promesse, elle a pris sa tête et a dit : « Adieu, mon frère ! » Alors que maintenant combien de têtes tombent et nous les dispersons partout. « Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père ». Ces demeures sont des demeures d’amour. Maintenant est-ce que nos pensées et nos cœurs peuvent devenir des demeures de cet amour ? On dit : « Quel est leur secret ? » Le secret est ce grand amour : pouvoir accueillir la tête de ce jeune homme et dire : « Frère, cette tête sera remise de nouveau ». C’est pour cela qu’il y a un verset dans les Écritures qui dit : « Ces os et ces crânes peuvent rester ici et reprendre vie »[4]. « Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père ». Et l’atmosphère de ces demeures est l’amour divin. Nous disons maintenant : « Lorsque nous irons de l’autre côté ». Ce monde est en notre sein. Si deux mille ans plus tard nous ne pouvons pas comprendre ce verset, si deux mille ans plus tard le Christ ne peut pas nous parler sur l’amour divin dans nos cœurs, si deux mille ans plus tard nous ne pouvons pas sacrifier tout pour Dieu, alors nous sommes en retard, très en retard ; je ne le dis pas pour vous : tout le monde est en retard, le monde entier est en retard. Lorsque le Christ qui vient – lorsque je dis que le Christ vient, ils pensent qu’Il vient de l’extérieur – toutes ces prisons, toutes ces formes mensongères, tout ceci fondra comme fondent la glace et la neige, et la nouvelle compréhension viendra pour ceux qui seront pénétrés par cet amour intelligent et divin. Je demande à présent : est-ce que la femme peut prendre la tête de son mari ? Vous pouvez chaque jour prendre sa tête. Lorsqu’il tombe dans la débauche, sa tête est coupée n’est-ce pas ? Elle est coupée. C’est précisément là que tu prendras sa tête ; c’est lorsque ta vie est emprisonnée qu’il y a des conditions, c’est là que tu mettras sa tête sur tes genoux, alors que s’il était riche et couvert de bienfaits il n’aurait pas besoin de toi. Je veux que vous ne compreniez pas ces choses au sens littéral. Sans amour on peut difficilement servir dans le monde, c’est même impossible ; mais si cet amour se déclare, alors tout devient possible et c’est alors que nous aurons une grande culture, des connaissances fines sur la nature, et de nouvelles méthodes d’éducation apparaîtront ; tous seront gais et joyeux : nos enfants, nos filles, nos amis et nos frères ; il y aura partout joie et gaîté. « Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père », dit le Christ. Ces demeures sont préparées pour vous, êtes-vous prêts maintenant que la commission de l’habitat vous a contraints et que vous n’avez nulle part où habiter ? Vous avez des demeures là-bas. Vous direz : « Le Seigneur m’en garde ». Vous pouvez essayer cette grande loi : si vous insufflez l’amour dans vos cœurs et dans les cœurs de tous ceux qui sont contraints, il se trouvera un endroit à Sofia où habiter : voilà le grand enseignement diffusé dans le monde. Je veux que vous soyez tous des héros et que vous disiez : « Nous connaissons l’amour ». Au nom de l’amour du Seigneur Vivant, vous prendrez une autre forme, cette vie se dilatera et toutes les félicités que le Seigneur a ordonnées depuis la nuit des temps entreront en vous, et vous serez joyeux et gais car vous savez que c’est ainsi et pas autrement ; et vous direz comme l’aveugle : « J’étais aveugle autrefois, mais j’ai recouvré la vue » ; c’est par la pensée humaine qu’on est capable de voir. « Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père », et ces demeures vous attendent ; l’atmosphère dans ces demeures est emplie d’amour, vous la respirerez. Non seulement l’amour est une atmosphère là-bas, mais il y a aussi des sources vivantes qui coulent constamment, et en elles la vie est éternelle ; si vous y entrez, l’amour est comme de l’eau vive qui désaltérera votre soif et là-bas vous aurez aussi du pain vivant comme le dit le Christ. « Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père. » Le Christ vous y invite deux mille ans plus tard, êtes-vous enfin prêts ? Il dit : « Je vais vous préparer la place et lorsqu’elle sera prête, je viendrai vous prendre [5]». Nous attendons ici que le Seigneur nous prenne et nous emporte au Ciel ; non, tu inviteras ton frère, il invitera un autre à son tour, ainsi nous tous, le mode entier partira en haut ; chacun invitera son frère, le deuxième invitera un troisième et ainsi de suite et le vingtième aussi invitera quelqu’un ; nous partirons tous d’un seul coup. Quelqu’un dit : « J’y vais – quant à lui, adviendra que pourra ». Mais si tu es appelé, tu iras appeler quelqu’un d’autre et cette invitation sera adressée au monde entier, au monde intelligent, et nous entrerons alors en chantant dans la vie nouvelle qui sera là pour tous : il n’y a là-bas ni riches ni pauvres, mais tous seront des frères et des sœurs du Christ, et le Christ sera notre grand frère. Sofia, 5 mars 1922 [1] Isaïe 1, 3 : « Le bœuf connaît son propriétaire, l'âne connaît la mangeoire où ses maîtres le nourrissent ; Israël, lui, ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien. » [2] Vitocha - une montagne à proximité immédiate de Sofia, culminant à 2291m. [3] Panah - la brasserie la plus célèbre de Sofia, construite à la fin du XIX siècle. [4] Ezéchiel 37, 3 [5] Jean 14, 3
  15. Le Royaume de Dieu «Mais cherchez premièrement le Royaume de Dieu, et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.» Matthieu 6:33 La vie consciente sur terre commence par un sujet matériel, ou dit du point de vue philosophique, par un objectif extérieur, ou dit du point de vue occulte, par une base externe. Tout ce que nous exprimons, nous le subordonnons à un grand principe intérieur de la vie. De ce point de vue, il n’y a pas pour nous de différence entre vie matérielle, vie spirituelle et vie divine : ce sont trois grandes phases de la vie dans son ensemble. Et ceux qui ne connaissent pas cette vie disent : « On ne vit pas uniquement par la foi » ; dans ce cas le mot foi n’est pas compris. Si la foi est la base de l’intelligence et si l’intelligence est la base de la vie matérielle, nous pouvons alors dire : pour bien gérer ses affaires sur terre, il faut être intelligent. Mais cette intelligence est elle-même conditionnée : tu peux revêtir l’intelligence du renard, celle du loup, celle de la brebis, de la vache, du buffle, de l’aigle, l’intelligence du paon, du singe, jusqu’à atteindre celle de l’être humain dans toutes ses manifestations. Autrefois dans le passé lointain, une vache a vêlé, et comme les loups étaient alors mieux éduqués, deux loups l’ont entourée, l’un à gauche, l’autre à droite, sans l’attaquer, mais avec l’intention cachée de prendre le veau à la fin du vêlage. Et pourquoi se tenaient-ils là ? Parce qu’ils n’avaient pas pu se mettre d’accord sur la façon de se partager la vache. Tous deux étaient de force égale et ils se sont dit : « Ne nous épuisons pas inutilement, reste à gauche et moi à droite, nous résoudrons ainsi la question plus facilement ». Un berger qui passait par-là leur a demandé : « Que faites-vous ici ? – Nous aidons cette vache à mettre bas. » À présent, quand vous interrogez nos contemporains sur leur idéal, ils ressemblent à ces deux loups : ils se tiennent à côté de la vache et si on leur demande : « Que faites-vous ? », ils répondent : « Nous aidons à faire venir le petit, notre but est noble ». Mais noble comment ? En apparence ou en réalité ? Maintenant le Christ pose un sujet : cherchez ! Il ne dit pas Désirez le Royaume de Dieu, mais Cherchez. Cherchez est le sujet du cœur. Quel est le sujet de la mère ? L’enfant. Quel est le sujet du professeur ? L’élève. Quel est le sujet du médecin ? Le malade. Je peux ainsi énumérer le sujet de chacun, c’est-à-dire l’aspiration de chacun. Nous ne faisons pas de différence entre les aspirations, mais elles ont toutes des conséquences différentes ; les conséquences diffèrent selon la direction où nous porte l’élan. Certains pensent que le monde est intelligent et d’autres pensent qu’il ne l’est pas, mais il est fait de façon que chaque sujet produise ses résultats ; ces résultats sont proches ou lointains, individuels ou familiaux, sociétaux, nationaux ou universels. Maintenant beaucoup disent : « Comment comprendre la vie ? Je comprends la vie comme elle se manifeste et non comme elle s’est manifestée dans le passé ou comme elle se manifestera dans le futur. Quelqu’un dit : « Je vis ». Tu vis, mais il y a deux moments, et certains vivent l’ancienne vie. Vous rétorquerez : « Comment peut-on vivre son ancienne vie dans le présent ? » Voici comment : admettons qu’étant jeune tu as bu, mangé, tu as eu une vie dissolue, et que devenu vieux tu as toujours mal au dos ; tu vis alors, mais comment ? Tu vis la vie dissolue de ta jeunesse ; donc tu n’es pas un vieillard, mais tu vis ton ancienne vie, ta vie dissolue. Alors que tu pourrais avoir vécu une vie pure, remarquable, et une fois vieux être frais et serein. Vous direz : « Frais ? » Oui, il vit alors la vie de sa jeunesse. Je vous donnerai une autre précision : tu as emprunté de l’argent, tu as contracté une centaine de polices, tu as mangé, tu as bu et à présent les créanciers se postent devant chez toi, frappent à ta porte ; « Mes cheveux ont blanchi », dis-tu. Quelle sorte de vie vis-tu ? Ce sont les amis de ton passé qui te rendent visite : « Il y a ici une lettre d’amour, ne tiendras-tu pas ta promesse ? » Les polices, ce sont des lettres d’amour, c’est un fait. Lorsque le jeune homme ne veut pas épouser la jeune fille, elle ressort ses lettres : ce sont des engagements contractuels. Il y a une loi de justice qui peut obliger le débiteur à rembourser sa dette. Maintenant, les gens spirituels qui passent de la vie physique à la vie spirituelle disent que notre vie se distingue de la vie physique. En quoi se distingue-t-elle ? Vous direz : « C’est une vie spirituelle ». Alors la vie spirituelle doit se distinguer par ses aspirations, par les objectifs visés, par les principes poursuivis. Le Christ dit : « Mais cherchez en premier lieu le Royaume de Dieu et Sa Justice » ; ce verset est cité plusieurs fois. Le Royaume de Dieu est pour nous un sujet grandiose, et dans ce Royaume de Dieu est déposée la vie consciente, l’intelligence, toutes les forces avec lesquelles nous pouvons travailler ; c’est un crédit, c’est un socle sur lequel bâtir. « Cherchez, dit le Christ, le Royaume de Dieu et tout vous sera donné », c’est-à-dire tout se réalisera de soi-même. Maintenant venons à la science qui a aussi son propre sujet. D’abord la vie choisit un point invariable – aussi petit qu’il soit, ce point est vivant, c’est un fondement – où toutes les forces se concentrent dans un nœud intérieur, un croisement où toutes les forces fusionnent ; et dans ce croisement de forces divines, le sublime, le conscient, l’esprit humain ou la pensée humaine commencent à bâtir notre corps. Je veux ce matin répandre la lumière sur votre pensée, et lorsque je dis que cette vie est une illusion, c’est-à-dire que ni ceci ni cela n’est substantiel, je dis ce qui est substantiel dans le monde ; lorsque je parle de la vie, je sous-entends notre compréhension de la vie, non pas la vie divine – qui est réelle – mais nos compréhensions de la vie ; nous nous créons une grande illusion et nous nous éloignons ainsi de la vie divine, nous nous éloignons des lois de la nature et nous ressemblons alors à ces dames de Tsarigrad[1]. Il y a quarante-cinquante ans quelqu’un a demandé à ces dames comment on préparait le pain et elles répondaient, sans en avoir la moindre idée : « Quelle sorte d’arbre peut donner ces grands pains ? » Les savants modernes ont ce type de compréhension, ils considèrent que certaines choses sont engendrées, alors que ce n’est pas le cas. Les pains ne naissent pas dans les champs, mais sont cuits dans un four. Autre chose. Je dis aux gens : il faut vivre selon Dieu et ils répondent : « Vivre selon Dieu certes, mais pour soi » ; voici encore une idée incomprise. Ils conçoivent Dieu comme un associé extérieur ; cette idée est trompeuse, Dieu n’est pas notre associé, et celui qui soutient cela, soutient une philosophie mensongère sur laquelle s’appuient certaines religions : elles considèrent Dieu comme un associé et aspirent à Le convaincre par leurs prières, à L’amadouer, à L’attirer à leurs côtés. Non, non, tout dans le monde est à Lui et c’est très bien ainsi ; Dieu a remarquablement bien fait le monde, et Il sait pour quelle raison c’est ainsi. Nous qui ne comprenons pas l’objectif lointain de cet Être, nous disons : « Pourquoi le Seigneur a-t-il fait le monde ainsi ? » Il l’a très bien fait, mais c’est nous qui ne comprenons pas la vie. Le Christ dit : « Pour comprendre la vie sublime, cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice ». Je vais me servir maintenant d’un cas précis – un exemple vécu en Bulgarie – pour montrer d’où naissent les contradictions. À l’époque turque, un jeune Bulgare qui avait terminé ses études pour être professeur, a été appelé à exercer dans un riche village. En visitant le village, il a vu que les paysans étaient riches ; « On peut y vivre » s’est-il dit et il a décidé d’être professeur à cet endroit. Mais avant de partir – il était violoniste – sa mère lui a dit : « Fiston, prends aussi ton rebec. – Eh, ne suis-je pas professeur, pourquoi le rebec ? Sa mère le lui a tendu en disant : « Prends-le, fiston, pour jouer de temps à autre ». Il a écouté sa mère et a pris le rebec. Dans ce village tout le monde a voulu savoir qui il était. On jaugeait les professeurs de l’époque d’après leur aptitude à chanter à l’église. C’était au moment de Pâques. En entrant dans l’église et en entonnant un chant religieux fameux, tout le monde a été très satisfait de lui, tout le monde lui a serré la main : « Maître, nous sommes très contents de toi » ; l’un lui serre la main, un autre lui serre la main, tout le monde l’étreignait et le saluait, mais personne ne l’a convié à déjeuner et il est resté tout seul à Pâques sans invitation. Il est rentré chez lui, mais la faim le tiraillait ; il s’est levé, a pris son rebec et s’est rendu à l’auberge ; là, tout le monde mangeait et buvait et il s’est mis à jouer. « D’où est venu ce joueur de rebec ? Allez, une demi-bouteille de vin pour lui ! » Ils lui ont donné du pain, de la viande, il a bien mangé. Mais lorsque cela a été ébruité, les dévots ont dit : « Il chante si merveilleusement à l’église alors qu’il se donne en spectacle à l’auberge… Comment se débarrasser de ce professeur, il nous déshonore ? » On l’appelle et on lui demande : « Pourquoi fais-tu cela ? » Il leur a répondu : « J’ai chanté pour vous à l’église, vous m’avez tous serré la main, mais personne ne m’a invité chez lui pour me restaurer alors que ces gens ont compris mon violon et m’ont régalé ». Ainsi les gens ordinaires comprennent mieux le violon du joueur de rebec que nous ne comprenons le Verbe Divin. Les gens ordinaires s’uniront et accompliront un certain travail, alors que les religieux se demanderont : « Est-ce cela la volonté divine ? » et le temps que nous raisonnons là-dessus, d’autres en tirent profit. Par conséquent je ne fais pas de différence entre les religieux et les gens ordinaires. Toute personne qui vit en bonne intelligence et conformément aux lois divines, je la traite de personne intelligente. On dira : « Qu’a-t-il fait de mal ce joueur de rebec ? » Ce professeur a bien agi. Nous songeons parfois à jouer au violon ; puisque tu n’as pas été invité à déjeuner pour Pâques, rends-toi à l’auberge, n’aie crainte. Quelqu’un dit : « Il sort de l’église mais cherche à arranger ses affaires ». Tu es affamé, n’est-ce pas ? Va dans l’auberge, tu as un violon, joue, tous ces amis diront : « Tends le verre à notre frère qui est venu » et les affaires s’arrangent aussitôt ; tous ces frères te reconnaîtront et diront : « La semaine prochaine nous te convierons de nouveau ». Maintenant par le mot jouer, je désigne toujours le conscient manifesté dans n’importe quelle direction, pourvu que les résultats obtenus soient appropriés. Ainsi le Christ dit : « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice et toutes ces choses vous seront données ». Ce Royaume de Dieu doit être le socle de notre vie actuelle. On prône maintenant deux enseignements contradictoires : il y a des mères et des pères qui prônent à leurs filles et à leurs fils que jeunes ils doivent vivre d’une façon, et plus vieux d’une autre manière ; non, non, le jeune et le vieux doivent vivre de la même façon, en toute intelligence et pas autrement. Certains disent : « Il est jeune, on tolère qu’il puisse faire ce qui lui plaît, mais lorsqu’il sera plus vieux, alors il sera pieux ». Je recommande la piété aux jeunes et les bons repas aux vieux ; que les jeunes soient tempérés et que les vieux délient leurs jambes, mais que les jeunes ne reculent pas. Mais qui nomme-t-on vieux ? Ceux dont les esprits sont rouillés par quelques vieilles idées et qui doivent être tonifiés par une force divine : les nouvelles idées doivent tonifier leur vie. Une dame de San Francisco, en Amérique, était paralysée depuis dix-sept ans. Après avoir essayé tous les médecins, le mari s’est rendu à l’évidence : elle était incurable. Mais au moment du grand tremblement de terre qui a eu lieu là-bas, oubliant qu’elle était paralysée, cette femme a sauté sur ses jambes et s’est enfuie ; on s’est employé deux bonnes heures pour la faire revenir à la maison ! Comment la guérison a-t-elle été possible ? Le tremblement de terre lui a insufflé un nouvel élan. Les gens disent : « Pourquoi des malheurs doivent-ils venir ? » Les malheurs sont parfois nécessaires pour stimuler votre pensée dans une nouvelle direction, et si un tremblement de terre se passe dans votre vie alors que vous étiez paralysés, et si vos jambes se libèrent, c’est que le tremblement de terre a agi sur votre pensée. Ainsi, dans le dessein général de Dieu ou dans les lois de la nature, tout est prévu. Tous ces petits épisodes de la vie dans un sens ou dans un autre ont toujours pour but de tonifier les pensées, les cœurs. Qu’est-ce que l’être humain sans sa pensée et son cœur, dites-le moi ? L’être a une pensée, il a un cœur et ensuite vient sa volonté ; si nous avons un ami, il doit avoir une pensée lumineuse et un cœur noble et élevé. Les Bulgares ont un proverbe qui dit : « Il vaut mieux un ennemi intelligent qu’un ami idiot », l’ennemi intelligent te donnera un bon conseil alors que l’ami idiot t’attirera un malheur. Donc dans la vie tous ceux qui contribuent à notre développement, quelle que soit la direction, sont des amis. Le Christ dit : « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice », et nous nous mettons à faire une distinction : « Si nous cherchons le Royaume de Dieu, est-ce que ce Royaume de Dieu sera en accord avec notre vision du monde ? » Sur ce Royaume de Dieu est fondé tout l’ordre des choses ; non seulement la culture de la génération précédente, mais toutes les civilisations des temps futurs lorsque nous bâtirons notre vie. Ainsi le Christ s’adresse à nous pour nous faire comprendre ce que notre rapport individuel au Royaume de Dieu doit être, comment le comprendre. Alors dans mon esprit germe la pensée suivante : si je dis au malade « Cherche d’abord le soleil et ensuite toutes ces choses te seront données », cela fait-il sens ? Oui. Cherche toujours le soleil et toutes ces choses te seront données, cela a du sens, mais si je vous disais : « Cherche d’abord le verre de vin et ensuite toutes ces choses te seront données », vous seront-elles données ? Vous ferez deux expériences différentes. Donc il y a une différence entre chercher et chercher : si nous appliquons la première loi du Royaume de Dieu, nous aurons un résultat produit directement par le soleil ; si on se guide seulement selon ses désirs, on obtiendra le résultat du verre de vin et on sera affamé et misérable, vous serez tous malades jusqu’à la quatrième génération. Les religieux prétendent que lorsqu’on devient spirituel, on ne doit pas manger. C’est une compréhension erronée. Non, on doit manger, mais quoi ? En tant qu’êtres spirituels nous devons apprendre quelle est la nourriture la plus saine pour le corps ; en tant qu’êtres spirituels nous devons savoir quelles pensées sont les plus saines pour notre esprit et quels désirs sont les plus sains pour notre cœur. La question n’est pas de nous priver de manger, mais de savoir choisir notre nourriture ; par conséquent, d’après ce programme, l’être spirituel doit manger la nourriture la plus saine et ne jamais en abuser ; ce sont deux règles : manger la nourriture la plus saine et ne jamais en abuser. De plus la nourriture la plus saine est meilleur marché – surtout de nos jours – et la meilleure ! Cela peut se vérifier, la vie aujourd’hui est bon marché. Si tu gardes ces deux règles pour la nourriture, tu auras une vie remarquable. Vous direz : « Une nourriture aussi frugale, ne faut-il pas un peu de viande, un peu de beurre ? » Ce sont des choses superflues dans la vie. L’essentiel pour un vêtement qui habille une dame est que le tissu soit robuste et tombe bien sur le corps, mais la présence ou non d’un ruban rouge est quelque chose de secondaire ; vous pouvez aussi en mettre – autant que vous le souhaitez – et les enlever ensuite. Nous devons d’abord commencer la vie par ce qui est indispensable ; si nous résolvons cette question, alors nous pourrons résoudre ce qui est secondaire, tandis que vous commencez par le moins important et vous dites : « Oui, mais il faut d’abord arranger nos affaires ». Comment ? Les cimetières dans le monde montrent comment on arrange nos affaires : « Ici repose un jeune homme, mort sur le champ de bataille », « Ici repose une jeune femme, terrassée par la grippe ». Et nous soupirons : « Ah, ces maladies que Dieu a envoyées ! » Ces maladies sont notre œuvre, ce sont nos enfants qui nous tourmentent à présent. Qui tourmente la mère ? Sa fille ; qui tourmente le père ? Le fils ; qui tourmente l’enseignant ? Les élèves ; qui tourmente le prêtre ? Les ouailles ; qui tourmente l’homme de pouvoir ? Les citoyens ; qui pousse le patron à la démission ? Les salariés. Pourquoi ces gens souffrent-t-ils, pourquoi est-ce ainsi ? C’est très naturel : lorsque le poids d’un poteau devient intenable pour sa fondation, tout le poteau s’écroule. Nous disons maintenant : la vie n’est pas bâtie intelligemment, conformément aux lois divines, aux lois qui agissent à présent et qui agiront à l’avenir. Et nous aurons un résultat remarquable si nous les appliquons ; on peut éprouver le verset, le Christ dit : « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice et toutes ces choses vous seront données ». Je vais vous donner un autre exemple : un jeune homme se présente auprès d’un saint très sage et lui dit : « Mon père, j’ai vécu une vie très pure comme quelqu’un de jeune peut vivre, mais si j’ai commis le moindre péché, je suis venu auprès de toi, un être très saint, pour me faire pardonner ce petit péché. Le vieux saint voulait éprouver le jeune – c’est une légende du Moyen Âge, au temps des chevaliers – et lui dit ainsi : « La fille d’un chevalier tombe amoureuse d’un bel homme et les deux sont si amoureux qu’ils se promettent de ne jamais se trahir. Mais il se trouve que le père a obligé sa fille à épouser de force un autre qu’elle n’aime pas ; et elle doit ainsi trahir son engagement ». Le saint raconte ensuite que la fille a transmis une lettre à son père pour son bienaimé où elle écrit qu’elle tient sa promesse, mais puisque son père l’oblige, elle se marie. Elle écrit cela pour que le jeune homme le sache et ne mette pas fin à ses jours – car il avait dit : « Si tu me trahis, je me suicide ». Elle se marie, ne tient pas son engagement ; son père aussi trahit sa promesse et ne transmet pas la lettre. Après la noce, une grande tristesse envahit la jeune femme qui voulant se racheter dit à son mari : « Puisque mon père m’a mariée à toi, je veux l’autorisation d’aller chez mon premier bienaimé et le lui dire, car j’aurai un grand chagrin s’il se suicide ». Elle lui dit cela le soir même. Il a réfléchi un moment, puis il a dit « Vas-y ! » donnant ainsi son autorisation. Tous les convives attendent ; elle se présente à eux en disant : « Vous, les invités, mangez et buvez, j’ai mon bienaimé, je me rends auprès de lui pour le sauver, je serai de retour d’ici trois ou quatre heures, mais vous pouvez festoyer, je serai de retour ». Les convives ont dit : « Nous attendrons jusqu’à ce que tu sois de retour ». Le père la croise et dit à sa fille : « Je n’ai pas transmis la lettre, pardonne-moi ». Elle passe dans la cuisine, le cuisinier s’affairait autour du feu : son repas était raté ; il roue de coups le marmiton comme si celui-ci était le fautif. Elle lui dit : « Ne le bats pas ! – Je lui pardonne à cause de toi ». Et elle s’engage dans la forêt ; un brigand la croise et se dit : « Je vais dévaliser cette jeune mariée et je vivrai bien », mais en la voyant si belle, il la laisse passer. Elle arrive à la rivière et rencontre un ermite qui avait jeûné six jours et s’apprêtait à rompre le jeûne. Il l’a prise sur son dos pour lui faire traverser la rivière. Elle va chez son bienaimé, frappe, frappe à la porte et enfin il ouvre et elle lui raconte son histoire, et il dit : « Comme ton mari était intègre et t’a laissé venir, je ne veux pas que tu restes chez moi, tu retourneras vers lui ». Il selle deux chevaux et la reconduit chez son mari. Maintenant, parmi tous ces gens, le père, le jeune marié, les convives, le cuisinier, le brigand, l’ermite et le bienaimé et ainsi de suite, je demande : qui parmi eux a fait preuve de la plus grande abnégation ? Le jeune homme a dit : « Sans doute, tu reviendras », c’est son mari qui l’a autorisée à partir, les convives qui ont refusé de manger sans elle et le cuisinier. Dans tous ces renoncements se cache un péché : le père par exemple est l’emblème de la fierté : il est fier de ses enfants et veut marier sa fille à un chevalier ; l’homme est le symbole de la jalousie car seul l’homme est habité par la jalousie ; le cuisinier est l’emblème de la colère : c’est lui qui allume le feu et cuisine ; le brigand est l’emblème de la soif de tout accaparer ; et cet ermite est l’emblème de l’oisiveté ; dans ce conte l’ermite représente l’oisiveté, seuls les religieux sont oisifs, en servant Dieu ils oublient de travailler et alors ils commettent ce péché d’oisiveté dans les monastères et les églises où ils disent : « Donne, Seigneur, donne ! » C’est l’un des péchés mortels. C’est bien de prier, mais ce péché doit être supprimé. Bien, et le bienaimé là-dedans ? Vous direz : « Comme il est noble de ne pas avoir mis fin à sa vie », mais il est l’emblème de la luxure. Lorsque les jeunes s’aiment, de quoi s’agit-il ? De la luxure ; de quoi s’émeuvent-ils ? de leur amour. L’amour où le cœur tremble, c’est la luxure ; le cœur de la jeune fille bat fort : il y a un péché mortel dans ton âme et tu le prends pour quelque chose de noble. Être père c’est développer la fierté, être jeune marié c’est développer la jalousie, être cuisinier c’est développer la colère, être brigand c’est développer la cupidité ; et enfin tu dis : « Je serai un dévot ». Ce saint a deviné qui était le jeune homme. Par conséquent, scrutez en vous ce que vous cherchez à devenir. Vous reconnaîtrez votre côté faible, c’est cela regarder les choses objectivement, car toute forme peut engendrer deux choses en même temps. Si ce père n’a pas de fondement dans son âme, le royaume divin, s’il n’a pas conscience qu’une grande vie lui est donnée, mais pense qu’il est un père et s’enorgueillit et procrée des enfants, alors le péché nait en lui, car seul Dieu est Père dans le monde, c’est cela la grande idée. As-tu donné quelque chose à ton fils ? Tu diras à ton fils : « Je t’ai donné la vie » ; si tu es si puissant, pourquoi ne retiens-tu pas sa vie lorsqu’il se meurt ? Tu dis : « Fiston, je t’ai donné la vie – Alors je mourrais, et si tu peux me retenir tu es mon père, sinon je saurai que tu n’es pas mon père ». C’est pour cela que les enfants meurent. Ce sont des choses secondaires. C’est pourquoi je dis : nous devons réfléchir sérieusement sur notre vie, la passer au tamis pour ne garder que le Divin ; ne pas nous libérer, mais garder en nous les principes divins qui sont purs. La vie actuelle doit être le résultat de ces grandes vibrations, et alors notre visage, nos yeux auront une autre expression, alors que nous restons à présent et nous raisonnons : « Je vais un jour me libérer de ce péché ». Tu peux te libérer dès maintenant, tu peux te libérer instantanément. Et beaucoup me demandent comment. Je vous donnerai un exemple. Un riche a été poursuivi sa vie durant par des brigands – c’est un conte – qui voulaient lui soustraire sa fortune. Il a stocké toute sa richesse de pierres précieuses dans un coffre qu’il a caché au fond de l’océan, et les brigands n’ont pas pu mettre la main dessus. Il y est resté un an, deux ans, mais rien ne se passait : « J’ai une fortune, mais elle ne s’accroît pas, s’est-il dit, j’aurais dû leur céder quelque chose ». Il ne peut pas regarder sa richesse car elle est juchée sur son dos. Vient alors l’un des grands esprits qui lui dit : « Pourquoi restes-tu ici ? – Comment faire avec ce coffre ? – Je peux te libérer, mais es-tu prêt à abandonner ce coffre ? » Beaucoup me demandent pourquoi le Christ nous enjoint de nous libérer de notre richesse. Si tu es au fond de l’océan, ne vaut-il pas mieux laisser ce coffre et aller en haut au soleil ? Tu auras de la terre à labourer. Quelqu’un dit : « Ne vaut-il pas mieux que ce coffre remonte ? » Non, non, nous avons insufflé ainsi des idées trompeuses aux enfants : « Nous devons garder de l’argent pour les jours sombres ». Inculque à ton fils l’idée d’être intelligent, courageux, décidé quoi qu’il advienne et il sera prémuni, ne lui inculque pas que tu as déposé cinquante ou soixante mille levas dans une banque : demain elle peut faire faillite et ton fils peut se suicider ; incite ton fils à compter sur lui-même et à croire en Dieu, c’est cela son capital. Vous direz : « Lui, notre Maître parle, mais il n’a pas essayé ». Est-ce que je n’ai pas essayé la vie ? Je sais ce que vous ne savez pas. – « As-tu élevé des enfants ? » J’ai élevé beaucoup d’enfants et j’en élève d’autres. – « As-tu été marié ? » Quelle histoire ! – « As-tu vécu avec une femme ? » Je sais ce que ces choses signifient. Nous avons tous éprouvé ces difficultés, on peut endurer soi-même les difficultés des autres ; je vis ces difficultés d’une autre manière : on peut se lier à quelqu’un et prendre sur soi toutes ses difficultés. Je peux vous donner un exemple pour montrer comment quelqu’un peut prendre sur lui les difficultés d’autrui, vous pouvez faire cette expérience. Quelqu’un est déchu, il porte un révolver et se dit : « La vie ne vaut pas la peine ». J’ai cent mille levas, et je l’interroge : « À combien s’élèvent tes dettes ? – À cent mille levas avec des intérêts. » Je lui donne l’argent et je lui donne encore dix mille levas de plus. Et je demande : est-ce que je ne prends pas sur moi ses difficultés ? Ainsi on peut très facilement endosser les difficultés des autres, les difficultés peuvent très facilement passer d’un dos à un autre, elles sont en accès libre et n’ont pas un caractère privé. C’est pour cela que le Christ dit : « Pour résoudre toutes les difficultés dans la vie, cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice et toutes ces choses vous seront données ». Mais ne soyez pas fiers ni jaloux. Vous dites : « Il est jaloux dans l’accomplissement de l’œuvre divine ». On dit souvent : « Il est fier d’appartenir à son peuple ». Mais de quoi souffrent les peuples ? Il faut autre chose : au lieu de cette fierté, il faut de l’amour ; au lieu de la jalousie, il faut la sagesse ; au lieu de la colère, il faut la vérité ; au lieu de la cupidité, il faut la justice ; et au lieu de l’oisiveté du saint ermite, il faut la vertu ; comment serait alors votre vie si tous étaient purs et si nous faisions tous une prière commune ! « Mais, objecterez-vous, le monde, le régime est ainsi, les conditions sont telles, nous devons nous résigner. Ce temps viendra, ce sera dans le futur, l’évolution avancera ». Quelle évolution ? Avez-vous vu cette évolution ? « Et la biologie ? » Cette biologie l’avez-vous vue ? L’évolution est en toi, la biologie est en toi, tu peux résoudre radicalement toutes les questions et ceci sans te soumettre aux règles de la fierté, de la colère, de l’oisiveté, de la cupidité et de la luxure. Mais quelqu’un dira : « C’est compliqué », et il ajoutera : « Et de toute façon, on ne peut pas être un saint, mais au moins évitons d’être de grands pécheurs, tout doit être mesuré ; oui, on ment, on ne peut pas se passer du mensonge, mais au moins celui qui ment, doit mentir peu, il doit mentir très peu, et exceptionnellement ! » À cela près, que celui qui ment peu, mentira aussi beaucoup. Il ne faut pas mentir du tout ! « Mais alors comment m’en sortir ? » Je ne parle pas de tes anciennes affaires ; lorsque je dis de ne jamais mentir, je dis : ton ancienne maison est ainsi faite que le Seigneur l’emportera et la nouvelle maison que tu feras doit être de pierres indestructibles ; nous parlons de ce qui est nouveau, nous voulons transformer la vie. Le Christ se tourne maintenant et dit : « Cherchez en profondeur avec votre cœur ». Nous nous arrêtons et nous disons : « Nous sommes de grands pécheurs ». C’est un autre faux-semblant ! Vous dites : « Je suis une grande pécheresse ». En quoi ? « Mais je suis un grand pécheur ». Tiens, énumère-moi tes grands péchés ! Nous ressemblons à quoi dans ce cas ? Je vous donnerai un exemple d’un grand péché. En Russie, une pauvre femme va voir un saint homme et lui dit : « Je suis une grande pécheresse ». Il a réfléchi et s’est dit : « Qui sait ce qu’elle a commis ? » « As-tu commis un meurtre ? – Non, un péché plus grand encore. – Tu as volé ? – Non, un péché plus grand. – Dis-moi alors ce qu’il en est ! – En allaitant mon enfant, une goutte de lait est tombée sur ma main et je l’ai léchée. » Quelle superstition ! Nous aussi, à présent, nous avons léché une goutte de lait. Ce n’est pas une philosophie pour la vie, nos grands péchés ne résident pas dans cela ; notre malheur n’est pas dans nos grands péchés, mais dans nos petits péchés, le premier écart débute par là. Je ne dirai pas aux jeunes de se laisser aller ; non, même jeunes ils doivent bien vivre. Vous direz : « Comment bien vivre ? » Voilà ce qui afflige l’homme. Dieu a créé ce monde et le monde offre d’autres divertissements, nous pouvons nous créer des milliers de divertissements plus nobles. Le monde est créé, nous n’avons pas encore tiré profit de la nature et de ce que Dieu a déposé en elle ; il y a tant de divertissements et nous ne les avons pas encore essayés. Et on prêche maintenant que la terre est une vallée de larmes ; cette terre est une grande école, et nous devons étudier tous les bienfaits que Dieu y a mis, et chercher Son Royaume sur cette terre. Et si vous pouviez à un instant donné transformer votre état d’esprit, vous tous qui avez perdu le sens de la vie, si vous pouviez radicalement transformer votre état d’esprit, vous produiriez un bouleversement dans votre âme, et vos ennemis deviendraient vos amis. Alors qu’à présent, en cas de nécessité vous dites : « Donne-moi dix mille levas », il répond : « Je ne les ai pas ». Mais si tu commences à vivre pour le Seigneur, il dira : « Je sais pourquoi tu viens », il t’aidera, les cœurs des gens s’ouvriront. Mais la porte est maintenant fermée car nous vivons pour nous-mêmes et je dis : notre siècle est un siècle de l’égoïsme sacré, personne ne cherche le Royaume de Dieu ; il est temps pour tous de passer de l’égoïsme sacré au Royaume de Dieu qui nous apporte l’harmonie. Je ne dis pas de mal de ce qu’il y a dans le monde : c’est très bien, on peut, à peu d’exceptions près, redresser toutes les choses, mais il faut un artisan avisé. Si quelqu’un se tord le pied, est-ce à nous de lui remettre le pied ? Non, c’est une personne compétente qui doit venir s’en occuper. Donc il faut que le maître artisan de ce monde vienne pour remettre en place tous ses membres : que nos pensées soient remises en place, nos cœurs aussi ; alors que nous commençons toujours par ce qui est extérieur. Ainsi, lorsque certains me le demandent, je dis : vous mangerez, vous aurez des maisons, vous vous marierez, vous aurez des enfants, vous aurez une vie sociale, mais vous vous marierez en toute intelligence, les hommes et les femmes vivront en amour, les amis vivront en amour, en sagesse et en vérité. Alors que la femme à présent se dit en voyant son mari : « Ça vaut la peine de mentir ». Il l’interroge : « Où es-tu allée – quelquefois cela se passe ainsi et je ne veux pas citer de noms connus – où es-tu allée, Venka ? » et cette Venka de répondre : « Ici, tout près, chez une amie », alors qu’elle n’y a pas été. Nulle part nous ne disons la vérité. Si quelqu’un vient te dire : « En quoi crois-tu ? », on commence à tourner autour du pot : « Eh, maintenant… », va droit à la vérité, tu diras : « Je crois en l’amour vivant qui apporte la vie dans le monde, je crois en la sagesse qui relève les gens, je crois en la vérité vivante qui nous montre le chemin, en la justice vivante qui donne des droits à chacun, en la vertu vivante qui est le fondement de tous les foyers ». Y a-t-il un sens à la vie ? Oui ! Vous direz : « Je crois en ceci, en cela » ; nous croyons depuis huit mille ans et notre croyance s’achève dans l’incroyance : on fait face aux mêmes débats aujourd’hui. Il faut plus de courage, nous devons être courageux, servir Dieu. Ayez honte, non pas devant moi, nous devons tous avoir honte d’avoir menti à notre Père ; nous dirons : « Père, nous servirons cette terre, Tu l’as faite et, à partir de maintenant, nous vivrons pour Toi ». C’est cela le Nouvel Enseignement. Si vous pouviez prononcer cela, une délivrance viendrait et vous n’iriez pas alors vous cacher dans la forêt ; le printemps viendra, on mangera et on boira, mais par amour ; et nous pourrons tous nous entendre alors, et nous pourrons communiquer dans le même langage en toute intelligence. Ainsi, « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice et alors toutes ces choses vous seront données ». Puisque nous mettrons ce socle, nous aurons alors des conditions pour étudier la profondeur de l’existence, la profondeur des cieux, des étoiles, des mondes lointains, des autres créatures qui sont montées le long de cette hiérarchie. Mais dans cette crèche ici, nous devons réussir nos études et bien les réussir. Je ne veux pas maintenant que reste dans vos âmes, dans vos esprits l’idée que cet Enseignement n’est pas fondé ; tout ce que je vous dis, je l’ai vérifié et ce qui n’est pas exact, je le corrige aussitôt ; et j’ai trouvé que ce qui est insufflé dans la nature vivante est immuable, et si un jour les humains croyaient, croyaient simplement en cette nature vivante, alors leur vie se transformerait. Les Bulgares doivent aller en Angleterre pour étudier la vie intime, intérieure des Anglais, au lieu d’étudier leurs façons de gouverner ; c’est là-dessus que nous pouvons tirer quelque chose de bon. Quelle est la vie intérieure de l’Américain, de l’Allemand, du Grec ? Il y a de bons traits dans chaque peuple, et si nous voulons en tirer profit nous ne devons pas nous arrêter à la vie extérieure, mais entrer dans la vie intérieure ; vous aussi, vous devez vous connaître intérieurement ; je le veux aussi. Lorsque tu touches à la vie intérieure de quelqu’un, tu dois te déchausser et attendre avec le plus grand respect que ton frère te convie ; il est ton frère, son âme est semblable à la tienne : il pleure aussi, il souffre aussi, il a les mêmes faiblesses, nous les avons tous. Que ce soit un roi ou bien un personnage influent, nous avons tous les mêmes besoins, le reste n’est pas important, nous devons en prendre conscience. Nous avons des besoins dans ce monde et dans cet édifice sacré de l’existence nous devons nous respecter, connaître et appliquer les règles de la sagesse divine. Maintenant, je dis à tous, aimons ! Mais comment ? Si quelqu’un t’aime, c’est parce que tu as de l’argent, mais dès qu’il aura fouillé dans tes poches pour le prendre, l’amour cesse ; cet amour est extérieur alors que le divin en nous nous donnera tous les bienfaits et toutes les richesses. Il y a des complications qui nous guettent désormais. Et l’être humain aujourd’hui, comme je l’observe, a un corps bien et mal fait. Lorsque nous approchons les gens, les gens d’aujourd’hui, si votre odorat est développé, quelle puanteur se dégage de leur corps ! Ce n’est pas divin, nous n’avons pas purifié nos corps. Je me réjouis qu’il existe des bains, mais il faut aussi instaurer des bains intérieurs, pour nos pensées, nos cœurs ; j’apprécie lorsque les ongles sont propres, mais que dire des ongles intérieurs ? Je vois que les cheveux en apparence sont bien gominés ; oui, cet être extérieur dans lequel demeure le Seigneur me plait, mais faisons la même chose pour l’être intérieur. L’apôtre a dit juste : « Renouvelons l’homme de l’intérieur [2]» et nous pouvons le transformer uniquement avec l’amour, la sagesse, la vérité, la justice et la vertu. Ainsi, l’idée principale est : cherchez le Royaume de Dieu ! Faites un changement radical en vous, soyez prêts pour Dieu à la vie et à la mort ; dites : « Quoi qu’il advienne désormais, je vivrai pour Dieu », mais sans que les autres le sachent, gardez-le dans votre âme. Qu’un bouleversement se produise dans votre âme. Quelqu’un dit : « Distribue tes richesses », oui, mais en toute intelligence. L’apôtre Paul dit : « si je donne toute ma richesse mais je n’ai pas d’amour, je ne suis rien [3]». Nous distribuerons en toute intelligence, nous penserons, nous ressentirons en toute intelligence ; il faut de l’intelligence partout et en tout ce qui se trouve au sein de ce Royaume Divin, et que vous devez rechercher avec votre cœur. Maintenant, je ne m’adresse pas seulement aux jeunes ; les jeunes sont un reflet des vieux et les jeunes seront comme sont maintenant les vieux, les vieux sont des miroirs pour vous ; si vous vous voyez dedans, considérez les vieux comme sacrés, car si le miroir se casse, votre compte sera réglé aussi. « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa Justice et toutes ces choses vous seront données », c’est cela l’intelligence ! Sofia, 26 février 1922 [1] Nom donné à Istanbul dans certains pays slaves à la fin du XIX siècle [2] 2 Corinthiens 4, 16 [3] 1 Corinthiens 13, 2
  16. Demandez, cherchez et frappez «Et moi, je vous dis : Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira.» Luc 11:9 La nature humaine est assujettie à trois grandes injonctions : demander, chercher et frapper ; c’est ainsi que le Christ les a énoncées il y a deux mille ans dans un langage courant, mais reformulées en notre langage elles prendraient un tout autre sens. Pour faire germer le désir de demander, il faut un motif. Les motifs peuvent être justifiés ou injustifiés : la raison qui pousse l’enfant à demander du pain à sa mère est justifiée, il dit : « Du pain, maman » ; et la raison qui pousse l’ivrogne, le soulard, à demander du vin en clamant : « du vin ! » est injustifiée. Nous fondons notre philosophie sur les résultats constatés à un instant donné, car il y a une grande loi dans la nature qui détermine les choses instantanément ; la vérité se détermine tout de suite, il ne faut guère des siècles pour trouver la vérité : en ce moment elle entre directement dans la pensée et le cœur de l’être humain. Donc quelqu’un dira : « La connaissance de la vérité est inscrite dans les conditions de l’évolution ». J’appelle cela des amusements, des représentations, des divertissements théâtraux. Lorsque j’invite quelqu’un qui est rassasié pour le restaurer, il me dira : « Attends un peu ! » Pourquoi ? Parce qu’il est rassasié. Il doit d’abord attendre que la faim vienne. Je teste ton déjeuner ; il y a quelque chose qui vient percuter ce que je veux donner, donc nous remettons à plus tard, et nous disons : « Ce n’est pas le moment maintenant » ; mais savez-vous pourquoi ce n’est pas le moment ? Si vous avez un lourd sac à dos et que je veuille vous affubler d’un sac supplémentaire, vous direz : « Attends un peu, ce n’est pas dans mes capacités ». Donc ce renoncement est raisonnable, mais remettre à plus tard n’est jamais raisonnable. Lorsqu’on cherche une grande vérité, il ne faut jamais remettre à plus tard ! Quelqu’un dira : « On a le temps ! » Oui, on a le temps, mais ce temps est déterminé ; si vous entrez dans une école de nos jours : à la faculté, au lycée, au collège ou à l’école primaire, le temps est aussi déterminé et chaque élève doit suivre chaque cours au bon moment. Maintenant, nos contemporains qui ont perdu la notion de l’ordre naturel veulent qu’un nouvel ordre soit instauré ; ils disent : « Ne peut-on établir un autre ordre ? » On le peut, et je vous donnerai un exemple. Le violoniste Paganini donnait un concert, un concert remarquable. On lui demande : « Peux-tu jouer sur trois cordes ? – Je le peux. » Il s’est présenté et le concert a été une fois de plus remarquable. « Peux-tu te produire sur deux cordes uniquement ? – Je le peux. » Enfin ils ont voulu un concert sur une seule corde et de nouveau il a dit : « Je le peux », mais il n’est plus apparu. La nature aussi donne un concert sur quatre cordes ; quand nous le réclamons, elle le donne sur trois cordes, sur deux aussi, mais lorsque nous réclamons un concert sur une seule corde, elle reste silencieuse. Et savez-vous ce que ce silence signifie ? C’est ce qu’il y a de pire. Quelqu’un prend le téléphone, presse l’écouteur et cire : « Alo, alo !’, l’autre en face reste silencieux – pas de signe, pas de réponse ; puis tu vois qu’il a jeté l’écouteur et fait les quatre cents pas. « Comment cela ? » - il reprend le téléphone et le fait sonner ; il dit : « Ces gens-là, sont-ils sourds ? ». Ce sont précisément ces gens qui jouent sur une corde, rien de plus, et j’appelle ces gens qui ont une seule corde des gens sans idée. Il faut deux éléments pour dérouler un processus dans la vie, c’est nécessaire ; on ne peut pas le déclencher avec seulement de l’oxygène, car il y aura une combustion, mais elle ne sera pas durable ; avec uniquement de l’hydrogène on ne peut pas le créer non plus ; ou bien avec de l’azote ou du carbone et ainsi de suite. Les anciens alchimistes comme les chimistes modernes considèrent qu’il y a quatre éléments principaux, mais il en existe d’autres. Maintenant le Christ dit : « Demandez et on vous donnera », mais demandez avec intelligence, en accord avec ces grandes lois sur lesquelles la vie est fondée, comme cet enfant qui connaît sa mère et qui demande du pain qu’elle lui donnera ; mais si cet enfant demandait du poison à sa mère, elle refuserait de lui en donner ; demandez des choses raisonnables. Donc ce qu’on demande met en évidence le degré de civilisation que la pensée a atteint. Pourquoi demander ? Il faut être très intelligent pour demander. Le deuxième postulat, le Christ dit : « Cherchez et vous trouverez ». J’attribue l’acte de chercher au cœur, c’est un processus du cœur. Seul l’être assoiffé dans le désert cherche les belles sources, seul celui qui a soif cherche de l’eau dans les endroits montagneux, ses yeux sont fixés sur une petite source ou une petite rivière, il cherche ; donc il y a en lui l’éveil d’un désir, d’un besoin. L’ivrogne aussi cherche les auberges et le bon vin, mais il y a une différence immense entre les sources de montagne et le goulot du tonneau : si vous vous abreuvez à ces sources, votre pensée se rassérènera, s’aiguisera, alors que boire dans les auberges obscurcira votre esprit. Alors certains demandent : « Comment reconnaîtrons-nous la vérité ? » La vérité ressemble à une journée claire, sans brouillard où toute la nature fleurit et croît, la pensée aussi se clarifie à cet instant, tandis que les esprits s’obscurcissent là où il n’y a pas de vérité. De ce point de vue, à chaque fois que votre esprit s’obscurcit, c’est le signe que vous ne buvez pas de cette source de montagne, mais du tonneau de l’auberge. Vous direz que les conditions sont ainsi ; votre source aussi peut déterminer les conditions de votre vie. J’admets qu’il y a des conditions à prendre en compte dans le monde, mais il y a des conditions créées par la nature et des conditions créées par nous-mêmes. Lorsque la nature a donné l’eau au poisson, vous ne pouvez pas le sortir de là car sinon il mourra ; la culture de l’eau est strictement déterminée, quelle autre culture peut-on prêcher aux poissons, quelle autre culture implanter ? Il faut d’abord changer leur milieu. Maintenant je transpose : quelqu’un qui a une notion de la vie des poissons – car il y a des gens qui vivent comme les poissons – dit ainsi : « Le Seigneur a créé l’eau pour les grenouilles et le vin pour les hommes ; l’eau pour les grenouilles car elles vivent dans l’eau, et le vin pour les humains qui résolvent les grandes questions dans le monde : lorsqu’ils vident leur verre, tout va bien ». Mais c’est précisément l’eau que le Seigneur a créée pour les humains. Car si les grenouilles ignorantes ont su vivre dans l’eau, combien plus nous les intelligents nous devons utiliser cette eau ! Les humains ont commencé à exploiter l’eau pour l’éclairage électrique, les meuniers font tourner leurs moulins et ainsi de suite, par conséquent l’eau n’est pas créée pour les grenouilles, mais pour nos besoins. Je prends l’eau comme emblème de la vie, mais quelqu’un peut dire : « Pourquoi la vie ? » La vie est un grand bienfait, si tu la comprends, tu en extrairas chaleur et lumière, mais si tu ne la comprends pas, tu croasseras seulement telle une grenouille. Mais il vaut encore mieux le croassement que la mort. Le troisième postulat dont parle le Christ est : « Frappez et on vous ouvrira ! » Ouvrir est l’aboutissement. J’assimile le fait de frapper à la volonté humaine : seul celui qui a des bras musclés peut frapper. Quelqu’un dira : « Comment frapper ? » Très facilement, je vous donnerai un exemple : lorsque quelqu’un s’est attardé le soir et que le temps est chaud, il frappe, mais si personne n’ouvre, il restera dormir à la belle étoile ; mais lorsqu’il fait froid et qu’il y a du blizzard, il frappe de plus en plus fort. Ainsi on peut frapper fort, mais il y a d’autres manières de frapper dans le monde : frapper c’est aussi prendre la bêche et tracer un sillon d’un bout à l’autre du vignoble, et que la vigne dise l’année suivante : « Bienvenu, tu as beaucoup frappé et tu auras beaucoup de raisin ». Mais les gens d’aujourd’hui ont appris à frapper dans les banques, les cafés et les brasseries ; non, il faut frapper dans la nature, nous devons avoir une idée précise de ces grandes lois dans la nature, de la loi vivante que nous pouvons vérifier chaque jour, la vérifier et l’appliquer à tout moment. Je pense avoir un auditoire intelligent devant moi qui peut mettre à profit mes propos : je ne m’adresse pas à ceux qui ne comprennent pas, mais à ceux qui comprennent. On pose la question : « Comment ? Est-ce que ce sera agréable, est-ce que le travail sera fructueux ? » Nous, les contemporains, nous voulons que chaque commencement soit comparable à un accueil avec des lauriers et de la musique ou bien à une noce ; mais ayez en tête que sur terre, dans la civilisation contemporaine, la vie commence toujours par un malheur : lorsque vous conviez vos invités, leur bonheur sera la malheur de quelques oies, poules, dindons ou agneaux ; ces agneaux seront malheureux. Donc le bonheur d’un côté est un malheur de l’autre : ceux qui gagnent sur le champ de bataille se réjouissent, trinquent ; mais ceux qui ont perdu ? Ceux qui ont conquis un pays se réjouissent d’être vainqueurs, mais les vaincus ? Je demande alors comment on peut expliquer ce fait : les humains, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, ce que l’Écriture a proclamé il y a deux mille ans, comment deux mille ans plus tard, des peuples considérés comme civilisés, pour lesquels la venue du Christ est un bienfait, qui le considèrent comme Dieu avec un million d’églises dans le monde, avec plusieurs millions de sacristains qui le servent et clament sans cesse qu’il faut vivre dans l’amour, comment peut-on alors expliquer que ses disciples soutiennent qu’un peuple peut conquérir un autre peuple, qu’un être humain peut violenter un autre être humain ? Pourquoi ? Ils disent : « Le bienfait l’exige ». Et non seulement les peuples, mais l’Église aussi a maintenu cela depuis des siècles, et elle le maintient encore. C’est important pour moi maintenant de vous voir expliquer les raisons psychologiques qui créent cet état anormal. Lorsque quelqu’un a la fièvre – il y a plusieurs types de fièvre, mais je prendrai celle que vous appelez « la tremblante » qui fait claquer les dents et trembler les jambes – je demande : celui qui est éduqué, réservé, qui n’ouvre jamais la bouche, qui est noble, comment cela se fait-il qu’une fois fiévreux, il bouge et remue la bouche ? Je réponds : la fièvre s’est emparée de lui. Les anciens se représentent la fièvre comme une femme sèche qui veut sucer leur sang, extirper leurs péchés ; c’est ainsi qu’on disait au Moyen-Age, alors que les savants disent aujourd’hui que c’est le fait de petits bacilles qui se forment dans l’organisme. Peu importe, mais ces minuscules organismes ont fait claquer les dents de ce noble bonhomme, et la question sous-jacente est claire : « quel intérêt ont ces minuscules organismes pour me faire claquer des dents ? » Je me l’explique légèrement différemment : ces microbes, lorsqu’ils entrent, prennent quelque chose à l’individu et lui les attrape et dit : « Ça alors, que fabriques-tu là ? » À peine en a-t-il attrapé un qu’un deuxième surgit, et il ne fait que combattre ces microbes qui volent et pillent, donc il les attrape comme des brigands et du coup agite les bras, les jambes et les mâchoires. Mais la question ne se résume pas à cela, il n’arrive pas à prendre le dessus et dit alors : « Cela ne s’arrange pas, vite appelons le médecin ! » Celui-ci vient avec une injection, avec sa petite pharmacie et une forte dose de quinine ; quatre-cinq jours après, l’injection fait son effet et il dit : « Dieu merci, je me suis débarrassé de ces brigands ». C’est bien sûr une image : le médecin vient auréolé de sa superbe pour secourir un frère attaqué par de minuscules microbes, mais il y a un autre côté : les microbes attaquent des gens qui se sont enrichis injustement par le passé ; les microbes n’attaquent jamais celui qui a un sang pur et sain mais celui qui a du sang vicié et des graisses malsaines. C’est pour cela que, lorsque nous expliquons pourquoi il faut vivre une vie pure, nous disons : c’est pour ne pas être attaqué par les microbes, car s’ils trouvent des impuretés chez toi, tes jambes trembleront, des médecins viendront et puis tu auras le teint jaune et les yeux creusés. Le Christ dit maintenant : « Demandez, cherchez et frappez ». Laissez-moi clarifier ma pensée par un petit exemple. Je vais relater encore un conte occulte car ceux-là sont moins dangereux. Dans le passé lointain le roi d’un peuple antique, les Amrichores, avait deux filles : Azibo et Benomi. Azibo était remarquable, dans la fleur de l’âge, très belle, c’était l’une des filles les plus en vue de son époque ; elle était si intelligente qu’on lui laissait juger les affaires les plus importantes du pays et prononcer la sentence. Le fils du roi des Amers voulait visiter le royaume des Amrichores pour connaître la cour royale, l’ordre du pays, sa civilisation. Il a été bien accueilli et a fait connaissance avec Azibo qui l’a reçu poliment et chaleureusement comme une fille de roi peut le faire. Mais dans ce royaume des Amrichores les rossignols étaient l’objet d’une vénération tels des divinités. Le fils du roi des Amers ne connaissait pas ces coutumes et un jour il a frappé un petit rossignol qui en est mort. On l’a attrapé et on l’a accusé de crime ; on l’a enfermé et jugé, et Azibo a dû se prononcer : elle l’a condamnée à quinze ans de prison. Je demande maintenant : est-ce que la mort d’un rossignol mérite quinze ans de prison pour le fils d’un roi ? Quel est le lien ? Donc je dis : la vérité, c’est cette belle Azibo. Lorsque tu ne transgresses pas la loi dans son pays, il n’y a pas plus agréable qu’elle, mais si tu transgresses la loi dans la nature, Azibo est inflexible. Ainsi nos contemporains disent : « Lorsqu’on est malchanceux, c’est ainsi que les choses se passent, les malheurs arrivent, et on tue quelque rossignol ». Je prends le rossignol comme emblème de la pensée humaine. À chaque fois que nous tirons sur ce rossignol, c’est-à-dire que nous déréglons notre pensée, on nous inflige une punition méritée ; il n’y a pas une seule personne qui ait tiré sur son rossignol sans se voir infliger quinze ans de prison. Clarifions à présent : seul celui qui a un esprit éclairé et une grande sagacité peut demander, chercher et frapper ; il n’est pas assujetti au hasard ni au bonheur, car nous ne cherchons que le bonheur sur terre. Tu dis : « Pourvu qu’un aïeul meure pour recevoir son héritage ». Oui, il peut mourir, mais il peut aussi ne pas mourir, ne pensez pas que ce soit la seule manière d’exaucer votre prière, on peut y répondre d’une autre manière. Le défunt Mihalaki Georguiev racontait l’histoire d’un shop[1] qui vivait à Constantinople. Il vivait chez un pacha turc et voulait de tout cœur rentrer un peu auprès des siens. Le pacha le lui a permis en disant : « Si tu ne reviens pas dans trente jours, je te ferai pendre ». Il est rentré à Sofia, mais s’est mis en retard ; il est reparti en disant : « Cet homme me fera pendre, pourvu qu’un cheval surgisse pour me sauver ». Il a prié et il a vu surgir un usurier turc à cheval qui conduisait un jeune poulain ; il s’est dit : « Bien, il me cédera son cheval pour que je puisse rentrer à temps », mais lorsqu’il l’a rattrapé, l’usurier lui a dit : « Tiens, prends le poulain et porte-le ! » Et il l’a mis sur son dos en disant : « Seigneur, est-ce moi qui ai mal prié ou bien est-ce Toi qui ne m’as pas compris ? » Non, non, la prière doit être quelque chose de compréhensible, elle doit être compréhensible ! Le monde chrétien contemporain ne comprend pas ce qu’est la prière. Il y a une expression : « C’est un imbécile, il ne fait que prier », sans se rendre compte que la prière est la chose la plus sublime, mais il faut bien l’expliquer ; il faut expliquer aux savants d’aujourd’hui ce qu’est la prière, intelligemment, selon la langue originelle, et non selon leur entendement. Et le Christ dit : « Demandez et on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira ! » Donc le Christ dit : « Développez ce bien être que Dieu vous a donné » ; demander vérifiera si votre pensée suit le juste chemin de son développement, chercher vérifiera si votre cœur suit un chemin juste, et frapper vérifiera si votre volonté se développe correctement. Car toutes les indispositions dans le monde découlent d’une interprétation intérieure déraisonnable, ce que les gens d’aujourd’hui appellent un conflit d’intérêts ; mais lorsque nous nous trouvons dans un monde divin qui est un monde d’harmonie où les rapports sont justes, nous n’avons rien à craindre. Ainsi, nous devons exercer notre pensée au quotidien, il faut faire des exercices ; la pensée doit s’exercer tout comme le Bulgare exerce le soc de sa charrue : il est toujours lisse et brillant, alors que laissé à l’abandon, il rouille. Et les Bulgares disent : « Il ne faut pas trop penser, on peut perdre la tête pour avoir trop pensé ». Je conteste cette philosophie, il n’y a pas un seul exemple de quelqu’un qui ait perdu la tête pour avoir trop pensé. Pour avoir eu trop d’angoisses et de soucis, oui, mais quant à la pensée elle renforce et rassérène l’être humain. Les Bulgares disent : « Il ne faut pas trop penser ». S’ils entendent par-là : « Il ne faut pas trop s’angoisser », c’est vrai, c’est juste, mais il faut le traduire et dire: « Il ne faut pas trop s’angoisser » au lieu de « Il ne faut pas trop penser ». Et ils ont raison, on perd la tête à trop s’angoisser. Beaucoup des proverbes bulgares sont mal interprétés, par exemple : « Dieu donne mais ne cueille pas à ta place », « La vigne attend après la bêche et non pas après la prière ». Si je prie, j’aurai la force de bêcher le vignoble, mais si je ne travaille pas et que je prie seulement, il ne peut pas y avoir de résultat : la prière sous-entend toujours le travail. « Demandez et on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira ! » Nos demandes doivent être raisonnables, et chacun doit vérifier au quotidien si ce que nous demandons est intelligent et en accord avec la loi qui nous régit : non pas la loi des humains, mais les lois édictées dans notre existence, que nous appelons divines, et nous devons tous aspirer à cet accord. Maintenant les Bulgares ont une autre faiblesse : lorsque le Bulgare fait une erreur, il ne va pas droit au but pour donner la raison, mais cherche des justifications pour chasser le coin ; mais si tu chasses un coin, un autre viendra ; nous devons résoudre la question en totalité. Le coin ne peut pas être chassé, la nature a enfoncé tellement de coins que nous ne pourrons pas les chasser en plusieurs siècles ; un coin ne peut jamais être chassé. J’ai observé la psychologie des Bulgares : les vols, les souleries, les meurtres sont considérés comme étant dans l’ordre des choses, mais si un jeune homme ou une jeune fille font un petit écart, on crie : « Finissons-en, ils sont la cause de tous nos malheurs ». Celui qui est affamé et qui a volé, c’est humain, il doit manger à sa faim, mais transgresser le reste… Ils prennent des faits mineurs et les montent en épingle : eh bien, s’il faut appliquer cette loi, appliquons-la à tous ! Nous sommes comme les chrétiens d’aujourd’hui qui interprètent la loi de Moïse : « Gardez-vous, ne vous unissez pas aux esprits », disent-ils, mais Moïse a écrit beaucoup alors qu’ils ne prennent en compte que vingt-cinq pour cent, selon ce qui les arrange ; il n’est pas question de s’unir avec des esprits, il est question de s’unir avec son argent, son portefeuille : par cette loi, c’est l’usure que Moïse visait. Ce n’est pas une culture, ce n’est pas une philosophie, ce n’est pas un point de vue, ce n’est pas une humanité, nous ne pouvons pas bâtir sur une telle compréhension des choses. On ne peut pas bâtir sur le régime sociétal actuel : on ne peut compter sur le régime et sur le pouvoir en place que dans la mesure où ils sont moraux et intègres ; ils doivent avoir des principes sur lesquels repose leur fonctionnement. Si tu mets en place un organe de pouvoir qui n’est pas apte à respecter la loi, peux-tu compter sur lui ? Si quelqu’un est ivre, peux-tu compter sur lui ? Si ce socle pourrit, qu’est-ce qui restera du régime en place ? Le Christ décrète : nos demandes doivent être intelligentes. Que devons-nous demander ? Demander une vie intelligente : il faut d’abord de l’ordre dans le monde, et par conséquent, pour quoi devons-nous frapper ? Demander doit englober tous les êtres et chercher doit aussi englober tous les êtres : si cela se passe ainsi, il y aura de l’harmonie car il y aura de la justice dans le monde. Un Bulgare disait vrai : « Il faut aujourd’hui justice et vérité ». Toutes les factions bulgares doivent écrire ce que nous devons demander à présent : justice et vérité ; que ce soit écrit dans chaque maison, ou qu’on écrive le cas échéant les paroles du Christ: « Demandez, cherchez et frappez ! » Mais pour demander, chercher et frapper, il faut avoir une philosophie, tandis que vous dites à présent : « Qu’est-ce que le Christ a bien voulu dire par : demandez, cherchez et frappez ? » Si le Christ avait précisé sa pensée, on l’aurait crucifié dès le tout premier jour. Même deux mille ans après, les gens ne peuvent pas supporter la vérité ; tous les malheurs dans le monde viennent de ce qu’ils ne comprennent pas la pensée du Christ. Cette vérité doit être vivante, nous concerner tous équitablement, elle doit nous concerner comme la lumière du soleil, c’est alors seulement qu’elle insufflera la vie, à la façon de la lumière du soleil et non pas autrement. De même, demander, chercher et frapper, ou encore le savoir, le sentiment et la volonté doivent nous concerner d’une façon intelligente. Donc cette Azibo vous condamnera. Vous êtes maintenant au royaume des Amrichores. C’est un peuple occulte et nous traversons maintenant ce royaume et beaucoup parmi vous se retrouveront en prison à cause des rossignols. Nous traversons le royaume des Amrichores, mais nos contemporains les nomment les Amers. Le Bulgare dit : « Que vaut un rossignol ? Je peux lui arracher la tête ! » Mais celui qui ose arracher la tête d’un rossignol encourt quinze ans de prison dans le royaume des Amrichores. Et beaucoup de temps s’écoulera avant que nous ne quittions ce royaume. Ainsi, je vous prie de penser sainement, de sentir de façon robuste, de tempérer vos désirs, et alors frappez, car votre volonté sera forte. Ayez la persévérance de cette fourmi que Mohamed a observée, c’est cela la volonté : lorsque Mohamed s’est découragé à propos de son enseignement, songeant qu’il lui serait impossible de le propager, il s’est enfermé dans une grotte. Son attention s’est focalisée sur une fourmi qui portait une charge quinze fois plus lourde qu’elle-même ; elle voulait la porter d’un endroit à un autre et la soulevait jusqu’à un point, mais la charge retombait et elle devait la soulever de nouveau ; quatre-vingt-dix-neuf fois la charge est retombée, mais à la centième fois la fourmi a réussi à la porter de l’autre côté et il s’est dit : « Dis donc, si une fourmi peut quatre-vingt-dix-neuf fois descendre et monter, j’ai percé le secret ». Moi aussi je dis : c’est la vérité, dans la vie le Seigneur t’éprouvera quatre-vingt-dix-neuf fois et dira à la centième fois : « Tu mérites d’être aidé pour passer de l’autre côté ». Mais il faut deux fois le chiffre 9 : homme et femme ; la femme est un neuf, l’homme un autre neuf, et de quoi est constitué chaque neuf ? 3 x 3 font neuf. Donc le divin rentre trois fois dans le chiffre neuf : demandez, cherchez et frappez y rentrent trois fois, c’est ainsi que le neuf se formera. Ainsi le Christ dit : « Demandez intelligemment, cherchez intelligemment et frappez intelligemment » ; c’est la grande philosophie de la vie. Ne cherchez pas d’autre bonheur. Sofia, 19 février 1922 [1] Un paysan de la région de Sofia
  17. Ils mangèrent et furent rassasiés «Ils mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient.»[1] Marc 8: 8 Ce verset est parmi les plus ordinaires, il ressemble à un petit caillou de montagne, mais seul un savant, un fin connaisseur, un géologue ou un spécialiste en minéralogie qui comprend la construction ou la constitution de ces pierres et leur origine peut se prononcer sur leur valeur. Ce sont des mots très ordinaires : « Ils mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient ». Que doit-on manger sur le plan physique ? Du pain, c’est la chose la plus importante ; que faut-il manger sur le plan spirituel, et sur le plan divin ? C’est à vous de répondre à ces deux questions. Sur le plan spirituel il n’y a pas de pain comme le nôtre ; on se nourrit aussi là-bas, mais de quoi ? Répondez maintenant pour vous-mêmes, si vous le pouvez. La nourriture est une nécessité sur terre, la chose la plus importante ! Vous direz que vous avez certaines idées, des croyances, des religions et des sciences différentes ; je reconnais tout cela, mais si vous avez jeûné six ou sept jours et qu’ensuite on vous propose soit d’avoir un déjeuner abondant, soit d’écouter le discours d’un philosophe connu, soit d’aller à un concert ou une représentation, soit de vous offrir de beaux habits pour vous apprêter, que choisirez-vous ? Le repas bien entendu. Après avoir mangé, toutes les autres choses viendront : c’est ainsi que s’énonce la loi. Bien, maintenant certains avancent : « Manger est quelque chose d’ordinaire ». Non, c’est quelque chose d’extraordinaire, ce sont les forces les plus sublimes, densifiées dans une forme visible. Les êtres humains se nourrissent depuis des milliers d’années, mais sans comprendre le sens de la nourriture. Un chimiste dit : « Le pain contient de l’hydrogène et de l’oxygène », ce seraient des particules nutritives ; le pain n’est constitué ni d’hydrogène, ni d’oxygène, ni de carbone. Lorsqu’une essence est renfermée dans une forme, cela ne veut pas dire que cette essence découle de la forme ; donc l’azote, l’oxygène, l’hydrogène sont des formes qui renferment certaines forces naturelles, et la vie multiforme est renfermée dans ces forces qui se transmettent ; ainsi les forces sont-elles porteuses de la vie qu’elles transmettent aux humains. Il y a en vous maintenant une envie de bien manger, mais savez-vous à quoi ressemble votre situation ? À celle de ces deux jeunes gens qui veulent plaire à quelqu’un et sortent bien apprêtés. Mais il ne suffit pas de plaire un jour, tu peux plaire et tu peux même être affublé de couronne et de lauriers, mais trois mois après la couronne peut tomber et les lauriers disparaîtront. Je demande : pourquoi faut-il se plaire les uns aux autres ; d’où est né ce désir chez le jeune homme de plaire à la jeune fille et vice versa, comment cela prend racine, pourquoi et à quoi bon ? Vous êtes-vous posé cette question ? Vous dites : « Ah, ce sont des choses évidentes ! » Oui, pour les idiots tout est évident, mais pour les êtres intelligents tout est extraordinaire. Je vais vous raconter une anecdote amusante au sujet d’un peintre réputé, nommé Gario ; je le baptise ainsi, je dissimule son vrai prénom. L’idée germe en lui de sculpter dans la cire une figure féminine sublime afin de l’admirer et de la contempler tout seul, de faire une œuvre destinée à lui-même. Il s’est longtemps intéressé aux sciences occultes. Il choisit une pièce et travaille dix ans durant sur sa statue en cire et a la contemple tout seul en tenant tout bien fermé à clé. Comme il était marié depuis peu, sa bienaimée a été intriguée et s’est dit : « Qu’est-ce qu’il fabrique ? » Elle a voulu percer son secret et comprendre ce qu’il faisait dans cette pièce. Malheureusement, un jour elle a réussi à prendre la clé dans son manteau et en ouvrant la porte, elle s’est exclamée : « Ah, c’était donc ça ? Tu es gardée sous clé, c’est ça ! » La sculpture paraissait si vivante qu’elle n’a pas compris que c’était de la cire et elle s’est mise à la rouer de coups : la statue est tombée à terre, et elle la tapait, la piétinait et criait : « Comment oses-tu troubler mon bonheur sous mon propre toit ? » Après l’avoir tabassée, elle est sortie de la pièce et a remis la clé dans le manteau, mais en gardant une rancune féroce contre son mari. En pénétrant dans la pièce, il a découvert sa momie, mortellement blessée par l’incident. Nous aussi nous avons maintenant de telles disputes qui ressemblent à cela, et nous les résolvons de la même façon ; les savants résolvent les questions comme la femme de Gario qui a dit à la momie en cire : « Tu es la cause de mon malheur ! » Nous aussi, nous nous imaginons souvent des choses qui ne sont pas. Manger n’est pas un processus similaire, il n’est pas possible de traiter la nourriture ainsi. Cette femme pense qu’elle donnera une bonne leçon à son mari : « Comment ose-t-il fréquenter d’autres femmes ! » Nous aussi, nous donnons souvent des explications du monde qui n’ont aucune réalité ; savez-vous que si des créatures avancées venaient sur terre et écoutaient nos théories sur l’autre monde, elles se tordraient de rire pendant cent ans, en se tenant le ventre, à cause de nos bêtises et celles des occultistes les plus émérites, avec toutes leurs thèses et explications sur le monde. Et lorsqu’on fait un pas vers ce qui est grand dans le monde, il faut avoir cette humilité extrême et savoir qu’on ne l’a pas encore déchiffré. Pour déchiffrer le monde, il faut avoir la perfection de Dieu, ce qui n’est pas le cas : nous tirons notre origine de Dieu et nous nous instruisons de Lui ; on ne déchiffrera jamais le grand secret. Les philosophes aussi affirment qu’ils le déchiffreront ; non, jamais, le monde restera toujours une énigme non résolue ; on déchiffrera d’un côté, et on obscurcira de l’autre ; on démêlera les choses d’un côté et on les emmêlera de l’autre. C’est comme le paquebot qui fend les vagues à l’avant mais qui se reforment à l’arrière : c’est ainsi que nous avançons. Il n’est donc pas question de déchiffrer le monde. Si j’analyse votre corps pour savoir combien d’hydrogène, d’azote, d’oxygène, de fer et ainsi de suite il contient, pensez-vous que j’ai trouvé l’essence de votre existence ? Ou bien, il se peut que je ne connaisse rien de votre corps et de sa constitution en éléments, alors que je peux connaître les éléments de votre âme. Les deux sont possibles. Il est dit : « Ils mangèrent et furent rassasiés ». On doit manger à sa faim. Et le Christ dit que vous avez mangé le pain vivant : « Je suis le pain vivant ». Et comment expliquez-vous ce pain vivant ? Il dit encore : « Je suis l’eau vivante », la source qui coulera perpétuellement de vous et vous n’aurez pas besoin de venir puiser à ce puits. Par conséquent nous devons aspirer et avoir un lien direct avec les origines de notre existence. Souvent ces liens sont rompus en raison de considérations extérieures. Je vous donnerai encore un exemple. Un docteur Furio – je nomme ce docteur Furio – était très talentueux et avait un grand amour pour la musique, il souhaitait chanter à la folie, mais il n’avait pas de voix. Cela le tourmentait énormément car il avait un désir inextinguible de chanter. Je peux expliquer le désir du docteur Furio par celui d’un autre docteur anglais : il était quant à lui docteur, avocat et mécanicien doué, mais il est devenu juriste. Il raconte ceci : il était engagé à examiner l’affaire d’un client et d’un seul coup, il a vu devant lui des rouages, des machines et ne pouvait plus plaider ; et une heure après, quand il a fini avec cela, il a pu alors continuer à faire l’avocat ; il s’est dit : « Quand est-ce que le Seigneur me libérera de ce diable ? » Ce n’est pas le diable, simplement les aptitudes et les aspirations les plus importantes ressortent au premier plan. Le docteur Furio a trouvé une demoiselle Berthe qui avait une très bonne voix et a entrepris de développer ce talent chez elle avec sa propre méthode. En sa présence Berthe chantait merveilleusement bien, comme un ange ; tous deux voyageaient dans le monde, elle chantait alors qu’il se tenait derrière la scène et elle faisait fureur ; mais elle chantait tant qu’il était là, et dès qu’il sortait, sa voix s’éteignait : la force venait de Furio et elle l’exprimait. Cependant un jeune homme est tombé amoureux d’elle et a dit : « Quelle fameuse cantatrice, en revanche il faut se débarrasser de l’autre diable ». Dans les coulisses, pendant une représentation, il lui tire une balle, mais la cantatrice aussi a cessé de chanter et n’a plus émis une seule note. Nous aussi, tant que nous sommes liés au monde invisible, tant que nous sommes liés à Dieu d’où nous puisons nos forces, tant qu’Il est notre arrière-garde, tant que Ses forces se projettent en nous, nous sommes d’excellents chanteurs sur scène ; mais qu’un péché soit commis, et le lien est rompu, alors tout s’arrête, tous les talents disparaissent. Ce lien se brise aussi chez tous les écrivains et poètes, savants et rustres, tout le monde en a fait l’expérience. Ces gens n’ont pas mangé et ne sont pas rassasiés, car on chante seulement lorsqu’on est rassasié. Les Bulgares aussi ont l’habitude, lorsqu’ils appellent un clarinettiste de le restaurer d’abord et de le laisser ensuite jouer, jouer. Ils ont un proverbe qui dit : « Un ours affamé ne se joint pas à la ronde », et le clarinettiste affamé ne joue pas non plus. C’est pourquoi un homme sans convictions ne peut rien faire : c’est la même loi. Maintenant, le Christ dit qu’il est le pain vivant, donc nous devons manger la nourriture qui est vivante ; il faut qu’il y ait des restes, il faut économiser quelque chose de cette abondance. Je prends le mot manger au sens large, il faut manger et méditer sur ce qui est contenu dans ces éléments. Cette vie est cachée dans le pomme, le blé, le maïs, le seigle et ainsi de suite, il y a une vie invisible dans tous ces fruits et lorsque nous pénétrerons son sens profond, nous comprendrons que notre vision du monde se développe au fur et à mesure que notre compréhension progresse. Je vous donnerai encore un exemple pour préciser ma pensée et ce sera ma conclusion, je serai très bref aujourd’hui. Le fils du roi d’Adit Zenzibo a voulu avoir une bougie qui brûle perpétuellement pour éclairer et réchauffer sa chambre. L’un des plus grands sages de son royaume a trouvé une bergère amoureuse du fils du roi, il a transformé son âme en une telle bougie et il est venu la lui présenter, mais dès que le fils du roi jetait un regard à la bougie, ses yeux se remplissaient de larmes, sans qu’il sache pourquoi. Les bougies vivantes et brûlantes, ce sont vos âmes, vous devez avoir des âmes aimantes, des âmes qui illuminent ; si vous avez une telle bougie vivante, celle de la jeune bergère dont l’âme a été transformée en bougie, et que vous l’utilisez, je demande : que devez-vous en retour à cette bougie ? Je vous laisse cet exemple pour résoudre l’énigme qu’il renferme : c’est une grande énigme, une clé à déchiffrer. Donc la nourriture est invariablement une bougie allumée qui brûle sans cesse. Ce que nous mangeons est le petit lait qui afflue continuellement dans le monde, c’est un déversement d’un monde dans un autre. Le péché est d’utiliser ces énergies pour ne vivre que pour nous-mêmes au lieu de les utiliser pour de nobles œuvres à travers le monde. Combien même de grandes pensées sont déposées dans les esprits, et de grands désirs dans les cœurs, nous nous contentons d’aller de maison en maison et de parler de choses superficielles. Allez dans le monde, examinez les journaux, allez parmi ceux qui répandent les informations, parmi les religieux aussi, et écoutez seulement ce qu’ils se racontent, de quoi ils traitent. Lorsque vous venez ici, vous tergiversez. Mais on n’arrive à rien de la sorte. Savez-vous que j’ai déjà vu une mère dont l’enfant se noie alors qu’elle s’arrache les cheveux et crie : « Mon enfant se noie ! » Et les religieux aussi crient en ce moment : « L’enfant se noie ! » Non, non, cela ne sert à rien de s’arracher les cheveux, il faut sortir l’enfant de l’eau ! Mais alors vous avez tous envie d’occuper la première place. Lorsque vous allez au ciel, vous réclamez : « Je veux la chaise de devant, j’aime le Christ », mais combien de cheveux de votre tête avez-vous sacrifié pour Lui ? Je parle du Grand Christ : combien de cheveux de votre tête avez-vous sacrifié pour Lui ? Je prends le mot cheveux au sens propre, c’est-à-dire quelle partie de votre vie avez-vous donnée pour le Christ, qu’avez-vous fait pour Lui ? Le Christ est pour vous une bougie allumée, depuis des milliers d’années il se tient à votre table et brûle constamment : vous vous réchauffez, vous résolvez toutes les questions, et vous dites : « Ah, qu’elle est belle cette bougie ! » Mais puis-je transformer votre âme en une bougie pour que vous compreniez ce qu’est une bougie allumée. « Ils mangèrent et furent rassasiés. » Tout le monde mange et tout le monde est rassasié, mais la question principale dans le monde n’est pas encore résolue : c’est la paix, la grande paix qui doit exister entre tous, elle ne règne pas encore dans leurs cœurs ; et je dis : il n’y a pas de paix en nous. L’amour se manifeste de la même façon qu’avec la nourriture, mais en même temps un mécontentement se manifeste aussi ; la sagesse aussi se manifeste de la sorte, nous sommes parfois très sages, mais nous perdons quand même notre équilibre. « Ils mangèrent et furent rassasiés », dit l’évangéliste. Et dans votre esprit restera maintenant la pensée : « Il y a tout de même un reproche ». Non, il n’y a pas de reproche, mais un constat. Vous devez parcourir mille kilomètres et je dis : combien de kilomètres avez-vous parcouru ? « Deux cents. » Il vous en reste encore huit cents. « Mais je pense que j’en ai fait plus ». Tu crois en avoir parcouru plus, mais ce n’est pas ce qui est marqué sur la carte. « Mais c’est impossible ! » Notre avancement est un fait. Si ce soir un ange vient vous dire : « Maintenant, revenez en arrière » ; de combien de kilomètres avez-vous avancé ? Beaucoup prétendent maintenant : « Nous sommes prêts pour l’autre monde », mais savez-vous à quoi ils font penser ? Je vous donnerai une anecdote de la vie américaine. Une noire, une vieille chrétienne de quatre-vingts ans, vivait à côté d’une faculté américaine, et les étudiants qui passaient devant chez elle l’entendaient constamment prier : « Viens me chercher, Seigneur, viens me chercher », et ils se sont dit : « Faisons-lui une petite farce ». Ils se sont déguisés et sont allés toquer à sa porte. « Qui est là ? – L’Archange Mickael, pour prendre ton âme. – Dites au Seigneur qu’elle n’est pas là, elle est partie. » C’est ainsi que nous résolvons des questions, des problèmes, mais s’il est question de nous-mêmes nous disons : « Ma tâche n’est pas encore résolue, mais nous avons de grands projets à l’avenir ; lorsque nous les résoudrons… ». Nous devons résoudre la question de Furio, nous devons résoudre la question de Gario, nous devons résoudre la question de Zenzibo, ce sont des questions importantes : notre lien avec Dieu. Cette momie en cire, notre corps, pourquoi nous est-il donné ? Parfois nous flagellons notre corps comme cette femme a roué de coups la momie en cire ; nous commettons péché après péché, puis nous disons : « Allons flageller notre corps pour qu’il ne pèche plus ! » C’est le maître qui faute, mais c’est son cheval qu’il châtie. Je suis passé l’autre jour ici à Sofia. Quelqu’un avait chargé sa carriole avec plus de huit cents kilos ; le cheval entame la montée, et recule, alors l’homme lui donne des coups de pelle sur la tête ; je me suis arrêté et j’ai dit : « Écoute, mon ami, enlève la moitié de la charge pour que le cheval puisse tirer jusqu’en haut, sinon je vais t’atteler et je prendrai alors la pelle ». Il s’est arrêté, m’a regardé – je lui avais dit cela par la pensée – il a baissé la pelle, et m’a écouté. Ne chargez pas votre cheval avec huit cents kilos ! Votre corps n’est fautif de rien, la nourriture est une bénédiction donnée par Dieu et sa mission est grande : Dieu veut que nous résolvions ce problème. « Mangez, buvez, dit l’apôtre Paul, et remerciez ». Mais comment remercier ? Vous entretenez votre fille ou votre fils, vous servez votre mari toute la vie, la femme sert son mari toute sa vie ; je demande : et après être passé de l’autre côté, que faites-vous alors ? Le mari vous dit : « C’est bien qu’elle soit partie, le Seigneur l’a accueillie : elle est libre et moi je suis libre ». Lorsque le mari meurt, la femme pleure extérieurement, mais elle aussi se dit : « C’est bien qu’il soit parti ». Je demande alors : ne sommes-nous pas déjà libres ? Maintenant, à quoi nous sert cette bougie allumée qui nous est donnée ici-bas ? À quoi sert cette momie en cire que Gario a faite ? Pourquoi le docteur Furio chante avec sa cantatrice Berthe ? Nous chantons aussi, mais elle, pourquoi chante-t-elle ? – « Pour gagner de l’argent. » La question n’est pas dans l’argent. Nous résolvons la question exactement à l’envers en disant : « Nous mangeons pour nous rassasier ». Oui, mais il faut que sept corbeilles pleines restent à la fin du repas. Savez-vous pourquoi vous devez manger ? Après s’être rassasiés, il faut que restent encore sept corbeilles pleines. Vous étudiez, pourquoi ? Vous dites que l’instruction est utile pour survivre dans ce monde. Pour survivre dans ce monde ? Non, car il y a beaucoup d’animaux non instruits, comme les porcelets qui vivent bien sans être instruits. Et si je compare la vie d’un ivrogne, un individu qui a passé sa vie à boire, à la vie d’un porcelet, lequel des deux se tient plus haut et a accompli un meilleur travail ? « À ta santé, Ivan ! » dit l’ivrogne, alors que le porcelet déterre ce qu’il trouve, et chacun dira qu’il en a fait trop. Ne me comprenez pas de travers : cet Ivan dont il est question est spécial, c’est l’Ivan primordial. Savez-vous qui est Jean Baptiste ? Il était de l’ancienne loi. Et si j’ai prononcé cent fois ou mille fois le nom de Dieu en disant : « Le Seigneur est bon », est-ce que j’apporte un bienfait au monde de la sorte ? Si je lève mon verre en disant : « Que tout nous réussisse, le Seigneur est bon, santé ! » et demain encore de même : « Le Seigneur est bon, le Seigneur est bon », je demande : ce Seigneur sera-t-Il bon ? Non, ce Seigneur que vous invoquez en buvant apparaîtra, mais alors vos cheveux blanchiront, ils blanchiront et renoirciront neuf fois ; et si vous voulez le comprendre, étudiez la science occulte et regardez les causes du blanchissement ou du noircissement des cheveux au sens figuré. Ainsi, nous sommes amenés à résoudre l’une des questions les plus essentielles : manger et être rassasié. Être rassasié a du sens uniquement si notre vie a été spiritualisée ; si tu es anobli, tu es rassasié et ta vie a du sens, et si tu ne te spiritualises pas, une faim perpétuelle tiraillera ton âme et tu perdras le sens de la vie. Ainsi, mangez et rassasiez-vous. Donc, étudiez cette bougie allumée qui est en vous. S’il vous arrive de pleurer, analysez la raison de vos pleurs ; si un jour vous êtes joyeux ou affligé, faites une juste analyse de votre état : c’est la compréhension juste du grand enseignement qui vient, qui descend et pénètre ici-bas. Cet enseignement vient de deux directions : d’en haut en partie, et d’en bas, du centre de la terre ; donc ces deux vagues se rencontreront. Si nous ne mangeons pas selon cette loi, toutes sortes de crimes seront commis, mais si nous mangeons et nous nous rassasions selon cette loi, cela encouragera les œuvres nobles. On dit que les animaux carnivores ont toujours faim ; les herbivores se rassasient alors que les carnivores mangent constamment et ont constamment faim sans se rassasier. Donc, selon moi, être carnivore est une transgression de la loi divine. Celui qui transgresse la grande loi divine de l’amour et de la sagesse est carnivore, un carnivore de première : c’est ainsi que je le dis ! Et celui qui accomplit la loi divine de l’amour, de la sagesse et de la vérité est fructivore, non pas végétarien, mais fructivore ; si nous expliquons ainsi le végétarianisme, il fait sens. Quelqu’un dit : « Il se nourrit de végétaux, mais il ne s’est pas anobli ». Oui, celui qui mange des végétaux ne sera pas anobli s’il ne se conforme pas à cette loi. Si tu titilles le cheval, tu feras un vol plané dans les airs ; si tu titilles le chat, tu recevras de belles égratignures de ses griffes ; le cheval est un animal herbivore, mais si tu nuis à ses intérêts, prends garde ! Donc être carnivore et végétarien ne se résume pas à ne pas manger de viande comme on l’entend en ce moment : c’est la lettre de la loi ; tout être qui n’accomplit pas la loi divine est carnivore. Appliquez-la et vous verrez que cela a du sens. – « Comment devenir végétarien ? » Tu accompliras la loi divine et il y aura des résultats. À présent les savants prouvent que les gens ne s’anoblissent pas par la nourriture. C’est seulement dans une créature qui n’accomplit pas la loi divine qu’on trouve une telle cruauté : regarder la souffrance des autres créatures ! « Ils mangèrent et furent rassasiés ». Qui ? Ceux qui ont accompli la grande loi de l’amour divin, de la sagesse divine et de la vérité divine. Sofia, 12 février 1922 [1] Deuxième multiplication des pains : « Il leur demandait : " Combien avez-vous de pains?" - " Sept ", dirent-ils. Et il ordonne à la foule de s’étendre par terre. Puis il prit les sept pains et, après avoir rendu grâces, il les rompit et il les donna à ses disciples pour qu’ils les offrent. Et ils les offrirent à la foule. Ils avaient aussi quelques petits poissons. Jésus prononça sur eux la bénédiction et dit de les offrir également. Ils mangèrent et furent rassasiés. Et l'on emporta les morceaux qui restaient : sept corbeilles ; or ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya. » Marc 8, 5-9
  18. Que faut-il demander «Et Jésus répondit et dit : vous ne savez ce que vous demandez, pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé; ils lui répondirent : nous le pouvons.» Matthieu 20:22 Chaque vie met en relief des désirs contre-nature, non divins, qui insufflent de la dysharmonie dans le monde ; et le monde contemporain est rempli de ces désirs dysharmoniques, pour cela je n’ai pas besoin d’argumenter : dans n’importe quel journal, n’importe quel livre, n’importe quel foyer, il y a partout des désirs de la sorte ; ils ne datent pas de maintenant, ils sont implantés depuis longtemps ; donc beaucoup de désirs se manifestent, mais ils ne mènent à rien de bon : nous souhaitons ce qui n’est pas pour notre bien. Il y a ici un exemple avec les disciples du Christ. Le Christ a prôné un enseignement idéal. Apparaît la mère avec ses deux fils et elle désire qu’ils soient honorés par le Christ : qu’il les place à sa gauche et à sa droite et qu’il leur alloue une place qu’il ne faudrait pas leur allouer, l’une des places les plus en vue. Voyant cela, les dix autres disciples se sont insurgés : « Comment ça, un traitement de privilégiés ? » Et le Christ se retourne et dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez », et il interroge ensuite : « Pouvez-vous boire la coupe que je bois et être baptisés du baptême dont je suis baptisé ? » Ils lui répondent : « Nous le pouvons ». Il y a des coupes agréables et des coupes désagréables ; il y a un baptême agréable et un baptême désagréable. Le Christ utilise le mot coupe. Est-ce que pour le prisonnier condamné comme Socrate à boire la coupe de ciguë, cette coupe est agréable ? Il est contraint de la boire, la coupe sera pleine et il en aura fini après l’avoir vidée. Il y a aussi un baptême et vous en aurez fini lorsque vous serez baptisés. « Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ? – Nous pouvons. – Et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? – Nous pouvons. – Vous pouvez boire la coupe et être baptisés, mais vous asseoir à ma gauche et à ma droite ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux auxquels mon Père l’a réservé. » L’erreur des gens en général, qu’ils soient religieux ou pas réside dans ce que nous croyons disposer de notre vie à notre guise : c’est une énorme erreur. Nous, les gens d’aujourd’hui, nous sommes très limités : même le héros le plus héroïque sur le champ de bataille se met aussitôt à pleurer et à prier si un projectile le touche ; même le plus grand héros dont le coffre était rempli d’argent, se sent privé de toute sa force dès que ce coffre est vide ; l’homme d’état est puissant tant qu’il est au pouvoir, mais s’il est destitué sa puissance disparaît ; auprès du héros malade et mourant tout le monde, médecins, parents, tous pleurent et ressentent cette affliction. Le sens de la vie réside dans ce que nous sommes tous envoyés pour servir Dieu fidèlement. Maintenant, comment accomplir notre mission ? En ayant d’abord un rapport à Dieu, deuxièmement à notre âme et troisièmement à nos proches ; si nous comprenons nos rapports à Dieu, nous comprendrons la deuxième loi et nous accomplirons la troisième, mais si nous ne nous conformons pas à la première loi, nous ne pouvons pas le faire pour les deux autres non plus : elles sont liées. Si j’avais du temps, je vous expliquerais, mais ce serait une digression. Aujourd’hui, tous doivent commencer par la première loi, c’est elle qui redressera le monde. Si nous ne sommes pas prêts à accomplir la volonté divine avec bonne volonté, alors tous les autres efforts seront inutiles. Faut-il une loi écrite ? Cette loi n’est pas écrite, mais elle est sous-entendue dans l’essence même des choses ; qui comprendra comment accomplir nos obligations envers Dieu ? Cette loi est écrite à l’intérieur de chaque âme. Et le Christ se tourne et dit : « Pouvez-vous boire cette coupe ? » Car l’affection se témoigne ordinairement en cas de nécessité. La femme ne doit pas aimer son mari simplement parce qu’il lui achète des habits, des robes et des chapeaux, ce n’est pas cela l’amour, mais c’est lorsque ce mari se retrouve le plus misérable, le plus affligé qu’elle peut témoigner son amour envers lui, donc durant les jours de souffrance. Quand pouvez-vous avoir des amis ? Seulement lorsque vous êtes riches ? Alors vous pouvez tout faire ; le plus grand rustaud qui a le coffre plein d’argent aura beaucoup d’amis, mais ces amis n’apportent aucun bienfait, alors que les amis qui agissent selon cette loi divine, apportent un baume guérisseur. Cet Enseignement n’est pas seulement celui du Christ, c’est l’Enseignement de la vie elle-même : si nous l’appliquons, nous sommes calmes, nous sommes physiquement bien portants, mais si nous perdons cet Enseignement, diverses maladies nous frappent aussitôt. Et si quelqu’un demande pourquoi surgissent les maladies, je dis : parce que nous perdons souvent le lien entre notre âme et Dieu ; nous ne devons jamais briser ce lien, ce lien ne doit jamais être rompu ; où que vous soyez, en Australie, en Afrique ou ailleurs, il est le même, il n’est pas fondé sur telle ou telle société. Si quelqu’un est bon parce qu’il est dans une société religieuse, c’est compréhensible ; mais celui qui est bon dans une société hostile est le véritable homme de bien. Être bon parmi les bons est naturel, mais être bon parmi les mauvais, est extraordinaire ; et l’autre loi est aussi vraie : être mauvais parmi les mauvais est très naturel, mais être mauvais parmi les bons sort de l’ordinaire. Donc le Christ s’adresse à ses disciples, à ces deux-là, et dit : « Pouvez-vous boire cette coupe que je bois ? » et ils lui répondent : « Nous le pouvons ». Mais en pratique on boit difficilement cette coupe lorsqu’elle nous est tendue. J’ai souvent vu des petits enfants incapables d’avaler des remèdes amers. « Mon chéri, bois pour ta santé, dit leur mère. – Je ne veux pas, maman, c’est trop amer. » Moi aussi, j’aimerais qu’il n’y ait pas de coupes amères dans le monde ; dans l’évolution humaine, un jour viendra où ces coupes disparaîtront. Elles ne sont pas dans le dessein divin, les souffrances ne sont pas infligées par Dieu ; Dieu accompagne l’action, mais ne s’y complait pas, Il dit : « Mon âme ne se complait pas dans la mort du pécheur [1]». Lorsque nous souffrons nous expions, non pas d’un coup, mais selon notre état de développement actuel. Comment conciliez-vous la chose suivante : une brebis à l’abattoir dit : « Pourquoi le Seigneur m’a-t-il créée ? Pour être égorgée ? Quelle philosophie y a-t-il là ? » Dites à cette brebis : « C’est une nécessité au vu du développement actuel des gens, il le faut, le Seigneur ne le veut pas, mais les gens le veulent ». C’est ainsi qu’il faut comprendre cela. Lorsque ce couteau passe sous la gorge de l’animal, nous n’y pensons pas, nous n’y pensons pas du tout ; mais lorsque ce couteau passe sous notre gorge, nous disons : « Pourquoi ? » Eh oui, pourquoi ? Parce que nous avons rompu le premier lien entre Dieu et notre âme, c’est seulement pour cette raison ; rétablissez ce lien dans votre âme, entre vous et Dieu, et tous vos rapports s’humaniseront progressivement. D’abord vos forces se rétabliront de façon très naturelle. Vous demandez : « Comment ? » Si vous avez une blessure, pansez-là et le corps lui-même commencera à la soigner, car il renferme cette force ; quelle que soit votre blessure, elle guérira et il ne restera aucune trace d’elle ; donc le corps renferme des forces pour la guérison et lorsqu’il perd cette force, aucun médecin ne peut vous aider. La même loi s’applique à l’âme : tant que notre âme est reliée à Dieu, elle renferme des forces naturelles et peut soigner ses blessures. Les blessures surviendront dans la vie d’aujourd’hui, à chaque étape vous pouvez avoir des blessures, à chaque étape que vous suivez, dans un tramway ou partout ailleurs, vous pourriez subir une petite avarie. Les souffrances actuelles existent à cause de cette nécessité, quelle que soit votre situation ; le monde entier traverse une perturbation, les savants en Amérique, en Angleterre et ailleurs disent : « Que faut-il faire ? » Tout le monde s’interroge, mais personne n’a donné de remède. Il existe une panacée qui soigne ces souffrances. Nous n’avons aucun savant capable de donner un remède pour ces blessures qui rongent la société, non seulement les foyers, mais aussi nous-mêmes. Tu es riche, érudit, angoissé, tu as perdu le sens de la vie ; maintenant le Christ parle vrai en disant : « Ils ne savent pas ce qu’ils veulent ». Nous, les contemporains, nous voulons tout sauf l’essentiel ; chacun veut être riche, puissant, avoir du confort matériel. Allez dans la société et dites à quelqu’un de se lier à Dieu, combien le souhaitent ? Ils vous diront : « Non, non, de l’argent, de l’argent ! » Mais l’argent, c’est un résultat. Le Seigneur l’a déposé sur terre il y a des milliards d’années, cet or est stocké, on a stocké ici il y a des millions d’années du blé, du maïs, de la nourriture en abondance, tout a été pensé ; mais cette abondance qui existe dans le monde ne peut pas venir en temps utile car nous nous entravons non seulement physiquement mais aussi spirituellement : nous entravons les énergies de notre vie spirituelle. Souvent l’énergie qui doit venir pour notre cœur, ne vient pas à temps. Quelques fois vous vous levez tôt, mais vous n’êtes pas bien disposés et vous n’avez pas cette énergie. Comme l’affamé : comment reconnaîtra-t-il qu’il a trouvé la nourriture ? Lorsqu’il aura mangé. Vous direz : « Alors, comment reconnaîtrai-je avoir trouvé la vérité ? » Je dis : l’affamé reconnaîtra qu’il a trouvé la nourriture lorsqu’il sera rassasié ; l’assoiffé aussi sait qu’il a bu lorsqu’il s’est désaltéré ; et celui qui trouve la vérité le saura selon la même loi. Maintenant ceux qui suivent ces enseignements divins ont leurs habitudes et veulent les garder, faire un compromis entre le Divin et l’être humain. L’être doit être la fondation et le matériel bâtisseur est le Divin ; l’harmonie peut découler uniquement de l’amour divin, et s’il n’y a pas d’harmonie dans une société, l’amour divin n’est pas là, la sagesse divine n’est pas là, ils n’ont pas encore œuvré en elle ; si la société elle-même ne s’imprègne pas d’eux, nous avons seulement une accumulation mécanique, mais non une construction organique. Je demande : quel est le sens de la vie terrestre ? Le sens de la vie terrestre est de connaître Dieu car nous cherchons l’amour divin, et nous, les hommes et les femmes, nous sommes de petites particules de cet amour divin manifesté chez chacun ; puisque nous comprenons Dieu, nous comprendrons que ces êtres minuscules sont des particules de Dieu ; et comme nous aimons Dieu, nous aimerons ainsi tous les êtres. Si nous ne L’aimons pas, nous ferons toujours une différence entre l’un et l’autre ; même dans les meilleures familles où les mères sont réputées aimer équitablement, elles aussi ont plus d’affection envers un enfant qu’envers un autre ; le père aime davantage un fils qu’un autre. C’est très facile de proclamer : « Aime ! », mais lorsqu’il s’agit d’appliquer la loi, c’est plus délicat ; c’est facile à dire mais ardu à accomplir, pourquoi ? Lorsque mon coffre est plein, je peux donner beaucoup, je suis généreux, mais lorsqu’il est vide, quelle somme pourrais-je donner ? Et notre coffre ne peut être plein qu’à une condition : lorsque nous sommes liés à cette grande source de la vie ; alors nous parviendrons à résoudre ces questions grâce à Dieu, par la voie la plus habile. À présent, certaines insatisfactions germent dans notre vie, à quoi sont-elles dues ? À une satiété poussée jusqu’à l’indigestion. Je vais vous raconter une anecdote. Le dégoût de la vie engendre des maladies plus terrifiantes que les maladies ordinaires. Un américain qui a reçu de son père un héritage de vingt millions de dollars, s’est mis à manger et à boire, à manger et à boire jusqu’à ce qu’il perde le sens de la vie, jusqu’à devenir hypocondriaque ; il a songé à se suicider, il a consulté un médecin, un deuxième, un troisième, un quatrième et s’est rendu enfin chez un médecin réputé de New York en disant : « Tu es le dernier, si tu ne me guéris pas, je vais me suicider. – D’accord, mais nous préparerons un contrat pour attester que tu ne contesteras aucune des méthodes que j’emploierai pour te guérir. » Celui-ci signe et paie deux cent cinquante mille levas pour la première phase du traitement. Le médecin l’endort avec du chloroforme et ordonne à l’un de ses assistants de lui couper la jambe droite sous le genou. Au réveil, il voit que sa jambe manque et dit : « C’est cela votre traitement ? J’ai payé deux cent cinquante mille levas pour être privé d’un bienfait. Si ma jambe était encore là, je vous donnerais des coups de pied. – Dans deux semaines, dit le médecin, lorsque tu te seras calmé, je reviendrai te voir. » Deux semaines après le malade s’est mis à pleurer en disant : « Docteur, soit tu m’indiques un moyen de guérison, soit, puisque tu as commencé à me tuer… – Tu me paieras encore deux cent cinquante mille levas. » Il lui a fabriqué une jambe artificielle qu’il lui a fixée, et depuis le malade n’a plus songé au suicide, il avait compris le sens de la vie. Souvent, nous aussi, les contemporains, nous forçons la nature à pratiquer sur nous ce type d’opérations , et elle le fait ! On le voit partout : quelqu’un a mal à l’œil, à l’oreille ; il y a des centaines et des milliers de maladies que les médecins ne savent même plus comment baptiser ; et nous parlons de culture, de quelques microbes : ils ne sont pas la cause : les maladies découlent du simple fait que nous avons rompu le lien primordial avec Dieu, c’est la loi. Je fais la comparaison suivante : là où pénètre le soleil, là où il y a de l’eau fraîche, là les gens sont bien portants, tandis que sur les versants nord des montagnes où pénètre peu de lumière solaire, il y a plus de maladies ; et par conséquent, là où les fenêtres sud ou est sont fermées et où seules les fenêtres nord sont ouvertes, il y a le plus de maladies ; les fenêtres nord, c’est l’égoïsme humain. Quelqu’un dit : « Je vais me prémunir ». Je demande : montrez-moi un seul individu qui se soit prémuni, il n’y a pas d’autre moyen de se prémunir que d’entrer en harmonie avec Dieu. Nous pouvons faire ce que nous voulons, mais chaque enseignement doit être appliqué. Quelqu’un dit : « Tu enseignes, mais ceux qui t’écoutent ne vivent pas ainsi ». Je le crois : ceux qui m’écoutent ne vivent pas selon mon enseignement, mais s’ils ne vivent pas selon mon enseignement, suis-je fautif ? Si je suis fautif, je suis prêt à me corriger. Nous allons redresser la vie d’une nouvelle façon et ces personnes ressentiront que Dieu demeure en elles ; c’est un grand art, et je vous dis : si je relie ces deux fils pour faire passer ce courant divin, leur vie s’arrangera. Maintenant, je suis en train de monter mon installation, mais venez voir lorsqu’elle sera terminée et que je ferai passer le courant ! Maintenant, je charrie encore des pierres, il y a de la dysharmonie, des cris, du tumulte, des ouvriers, l’installation n’est pas prête. Vous n’avez pas vu mon enseignement, mais lorsque nous brancherons cette installation, alors vos visages s’illumineront et vous direz comme dans l’Évangile : « J’étais aveugle autrefois, mais maintenant je vois », et alors il n’y aura pas de dispute dans vos maisons, pas de discorde entre les hommes et les femmes, mais une compétition pour manifester le plus d’amour envers autrui. Regardez ce que cette ancienne installation a produit depuis des milliers d’années ; il faut une nouvelle installation. Si nous ne mettons pas la nouvelle en place, savez-vous ce que l’ancienne produira ? Il faut un éclairage entièrement neuf. Ayez patience, cet enseignement concernera tout le monde et alors les premiers seront les derniers. Nous le ferons par amour et non par obligation ; nous, les plus intelligents et les plus forts, nous aiderons les plus faibles, et alors la fille se lèvera le matin, préparera le thé pour son père et tous les enfants l’embrasseront. Alors que les filles d’aujourd’hui disent : « Je ne suis pas disposée à me lever ». C’est l’ancienne installation. Qui est fautif si quelqu’un est malade, qui est le coupable ? Ainsi vous ne devez pas accuser l’enseignement mais dire : « Pourquoi cet enseignement n’est-il pas appliqué ? » Nous devons être suffisamment sincères et honnêtes pour l’appliquer ; cet enseignement n’est pas mien, c’est un enseignement divin qui doit tous nous concerner, en tant que frères et sœurs, rien de plus. Et le Christ dit : « Vous ne savez pas ce que vous voulez ». Maintenant, j’ai connu différentes situations. Nous devons désormais supprimer les coupes amères. Il y a dans la médecine contemporaine des allopathes et des homéopathes qui se disputent sur la manière de soigner les maladies : les allopathes recommandent les remèdes amers, et les homéopathes les remèdes sucrés. Vous pouvez boire la pharmacie entière d’un homéopathe sans subir de trouble ; il y a là des dilutions, jusqu’à un facteur trente… Savez-vous ce que c’est ? Une part microscopique ! Vous faites, disons, une solution, vous diluez dix grammes de sucre dans cent grammes d’eau, vous en prélevez une goutte que vous diluez de nouveau dans cent grammes d’eau : c’est la première et la deuxième dilution ; vous en prélevez encore une seule goutte et ainsi de suite jusqu’à trente ; et lorsque vous en prendrez une goutte, elle doit guérir le malade : un trentième seulement ! Les homéopathes disent que leurs médicaments agissent bien, alors que les allopathes maintiennent l’inverse. Il y a une troisième méthode entre ces deux-là ; les uns et les autres ont raison. On me demande parfois : « Les médecins doivent-ils faire une opération du corps ? » Je dis non, si le corps est sain, mais si le corps est malade, s’il y a un abcès par exemple, le médecin doit retirer le pus, réaliser cette petite opération ; mais s’il n’y a pas de pus le médecin n’a pas le droit de couper : laissons la nature travailler, elle peut faire les plus grandes opérations : c’est idiot d’opérer un corps sain. Vous direz maintenant : « Peut-on ou ne peut-on pas ? » Ce sont des conditions dans lesquelles travailler. À la maison, dans les conditions actuelles, la femme peut avoir recours à des mesures extrêmes et l’homme aussi s’il y a un très gros abcès ; et parfois c’est même la nature qui nous impose des mesures aussi radicales. Je vais vous donner un exemple. Il y a cinq ou six ans, un homme et une femme viennent me consulter. La main de la femme est enflée. Ils me demandent : « Faut-il qu’elle se fasse opérer ? » Je dis : « Allez chez le chirurgien, qu’il vous opère ». Ils repartent, mais elle trébuche sur le chemin, tombe dans un fossé et dit : « Voilà l’opération » ; et en effet, c’était une opération remarquable. Même le médecin lui dit : « Je ne pourrais pas opérer ainsi ». Il a juste désinfecté sa main et il a avoué lui-même : « L’opération sur votre main a été remarquable ». Quelques jours après la main a guéri. Donc, si vous trébuchez chez vous, si la main vous fait mal, ne le considérez pas comme un grand malheur : crevez et videz l’abcès vous-mêmes. Si nous demandons : « Pourquoi tomber ? » Nous devons tomber pour que cette belle opération ait lieu. Tu vas t’allonger chez le médecin et le scalpel interviendra ; la nature aussi, pour faire cette opération, te fera allonger. Il ne faut pas se demander si une opération est nécessaire ou non, la question porte seulement sur ce qui arrive à un moment précis ; si je peux, je dois remercier Dieu ; si je ne peux pas, je dois prendre des précautions pour que cela n’arrive jamais dans ma maison. Donc, avec cette philosophie positive sur Dieu, je ne vous dis pas que Dieu est caché au Ciel, mais je vous prêche sur un Seigneur qui demeure en vous, vous pouvez le trouver : Il est endormi en vous et vous pouvez l’éveiller. Ne dites surtout pas : « Quel Seigneur ? » Je vous recommande de trouver votre Seigneur et cela me réjouit ; et je dirai alors : je te salue d’avoir trouvé ton Seigneur. J’emploie le mot endormi, mais Lui, le Seigneur ne dort pas, c’est vous qui dormez. Lorsque vous vous éveillerez, vous entendrez Sa voix : elle sera si douce, elle produira un tel bouleversement dans votre vie, qu’elle donnera sens à vos affaires quelles qu’elles soient : ce Seigneur illuminera toutes vos affaires, et alors, même le travail le plus insignifiant vous sera agréable à accomplir. Ainsi je dis : certains parmi vous entament leur éveil, ce Seigneur vous parle à présent. Vous dites parfois : « Ce n’est pas Lui », et vous doutez. Le salut consiste uniquement en cet éveil intérieur. Peu importe qui vous prêche, si vous n’entendez pas vous-mêmes cette voix intérieure, la question restera non résolue pour vous ; mais le jour où vous entendrez cette voix, elle se résoudra. Ce ne sera pas un appel ordinaire, mais il sera semblable à une nouvelle joyeuse : on vous donne le télégramme « L’un de vos parents vous fait hériter dix millions », n’est-ce pas que cette nouvelle sera des plus agréables ? Et lorsque vous trouverez le Seigneur, vous serez riches de dix millions et vous direz : « Adieu, misère ! » Vous serez heureux, car votre grand-père vous a laissé un héritage de dix millions. Et le Seigneur aussi, lorsque vous entendrez Sa voix, produira un tel changement que vous ne reviendrez plus jamais en arrière. Maintenant le Christ dit : « Vous ne savez pas ce que vous voulez », alors que nous devons demander, nous devons demander ! Je suis sérieux aujourd’hui. Il faut un bouleversement intérieur dans notre vie, une transformation pour prouver dans les faits que nous avons cet amour. Si nous suivons un enseignement et si notre vie est différente seulement en apparence, nous n’en tirons aucun profit. Nous devons être sincères dans notre for intérieur, notre vie doit être pure comme un cristal, il faut avoir les mêmes reflets que le plus pur diamant, que quiconque nous regarde voit un visage lumineux et se dise : « Cet homme n’a aucune arrière-pensée » ; soyons prêts à manifester à chacun notre cordialité et notre douceur ; soyons comme une source abondante qui rejette toutes les impuretés. Ce monde est rempli de désordre : les journaux que nous lisons, les livres, les conversations laissent en nous des dépôts au quotidien ; nous sommes soumis à une grande épreuve, il n’est pas facile de vivre une vie divine. Autrefois, les saints fuyaient dans les forêts, alors qu’aujourd’hui les forêts aussi sont remplies de brigands ; les saints ne peuvent plus habiter les forêts, ils doivent vivre dans les villes, et dans les villes il faut aimer les gens ; et si tu les aimes, le Seigneur dira : « Tu as compris Mon enseignement et tu porteras Ma lumière ». Dieu envoie la Lumière à tous de la même façon, aux bons et aux méchants, et Il se montre même plus tolérant envers les méchants. Vous dites n’est-ce pas : « Il ne vit pas bien, mais ses affaires roulent », et toi qui suis Dieu, tu as constamment droit au fouet ; l’autre n’a pas d’enfant malade, sa femme aussi est bien portante, alors que tu pries trois fois par jour et aujourd’hui tu perds vingt mille levas, demain ta fille meurt, et ainsi de suite. Pourquoi est-ce ainsi, comment démêler cela ? Pourquoi le Seigneur est-il tolérant envers ces pécheurs, savez-vous répondre à cela ? Vous direz : « Tu vois, Seigneur, ils ne T’écoutent pas, alors que nous prions trois fois par jour… ». C’est cela Sa force et vous devez vous réjouir que ce soit aussi bien pensé ; vous devez dire : « Celui-ci a de l’argent contrairement à nous, mais c’est mérité ». Pourquoi ne pas dire ainsi ? Donc, ces gens ont été longtemps frappés par les souffrances, et maintenant le Seigneur leur a laissé un peu de répit, et vous êtes venus à leur place pour travailler un peu ; ton frère se nourrira pendant que tu portes son malheur. Ces choses sont ainsi en apparence, nous ne savons pas qui est bon et qui est mauvais. Vous direz : « Savez-vous que Ivan Draganov est un brigand ? » Mais connaissez-vous Ivan Draganov ? C’est une firme d’associés. Si dans une firme les employés ont commis un crime en agissant au nom d’un patron, il n’est pas en tort ; en apparence il peut être responsable indirectement des actes de ses employés, mais je demande si c’est lui le coupable ? Nos employés et nos employées commettent des fautes et nous, leurs patrons, nous en sommes responsables. Mais il y a aussi souvent des patrons qui commettent des fautes. Je parle des croyants : personne parmi vous n’a envie de faire du mal, mais quelquefois tu dis quelque chose, tu fais une faute et puis tu dis : « Je ne dirai plus rien de méchant, je parlerai avec affabilité » ; mais lorsque tu es mis à l’épreuve, non seulement tu oublies l’affabilité, mais en plus tu dis ensuite : « J’ai été trop loin ». Oui, vous allez tous trop loin car vous ne savez pas ce que vous voulez. Le Seigneur a mis quelqu’un ici, mais tu dis : « Cela ne se fera pas par le bien au moins, attends que je lui bourre le crâne ». Avec quoi lui bourreras-tu le crâne ? Ainsi, l’amour divin doit s’appliquer. Je ne dis pas que vous manquez d’amour, mais le Divin doit venir en chacun, que cette aspiration se renforce en vous, cette conscience, pour avoir une expérience positive et qu’une transformation radicale s’opère. Viendra alors le jour de la libération, le jour de la liberté dans ce monde ; ce jour peut venir aujourd’hui pour certains, demain pour d’autres, mais il pourrait être pour tous aujourd’hui, chacun de vous peut être bon. On vous apporte un chèque de dix millions : quelle situation plus enviable que celle-ci ? Où que vous alliez, à l’église, chez quelqu’un, partout on vous reçoit avec les honneurs. Une ville dans laquelle tout le monde est à l’abri du besoin, quelle sera leur vie ? Idéale ! Nous pouvons donc espérer une vie idéale sur terre, alors que nous disons tous à présent : « C’est possible, mais pas maintenant, peut être dans des milliers d’années lorsque l’être humain s’élèvera ». Pour certains ce temps est venu. Comment cela ? La larve qui sort de son cocon ne doit pas le regretter, mais aller aussitôt dans la nature sans attendre les autres. Nous les religieux, on nous laisse affamés tant que nous ne comprenons pas où nous sommes ; oui, à force d’attendre, vous mourrez de faim. Nous nous demanderons : « Où allons-nous nous retrouver ? » Sur les fleurs, et alors vous vous raconterez votre histoire. Ne vous attardez pas dans vos cocons, vous n’en avez plus besoin, dehors ! Alors que vous gardez maintenant vos cocons pour empêcher les autres d’y pénétrer. Non, maintenant tu es libre, envole-toi, bois de ce nectar divin, et tu auras alors la force d’accomplir la volonté divine. Ainsi je dis : nous avons besoin d’une chose, la force divine doit entrer en nous ; sans elle, même les choses les plus essentielles que vous devez résoudre resteront non résolues. Maintenant le Christ se tourne : « Vous ne savez pas ce que vous voulez ». Il nous faut le baptême de l’esprit, il nous faut la coupe de l’amour : au lieu d’un poison comme pour Socrate, donne à ton frère une coupe avec le meilleur nectar, au nom de l’amour et dis-lui : « Tu as bu beaucoup de choses, mais rien qui soit comparable à cette coupe », et il dira : « Donnez-moi cette coupe, je n’ai rien bu de comparable », et tu le baptiseras, mais ce baptême est singulier. Les Bulgares disent : « Pour le baptiser à la Bulgare, rouons-le de coups ». Alors qu’avec ce baptême-là, tu diras : « Ce baptême que vous me donnez, insuffle une vie nouvelle dans ma conscience, donne sens à mon cœur et à ma pensée ». Alors je dis : réveillez votre Seigneur, j’insiste là-dessus, et dites : « Notre Seigneur, c’est notre salut ». Vous le reconnaissez. Selon les Écritures le Seigneur dit : « Appelez-moi en un jour d’affliction, vous qui êtes affligés, et Je vous aiderai et vous Me glorifierez ». Et le Christ dit : « Si vous demeurez en moi et si mes paroles demeurent en vous – dans votre rapport à Lui – alors, dit-il, moi et mon Père, nous viendrons établir notre demeure en vous, et je me manifesterai devant vous ». Comment ? Avec amour. La première chose : demeurer en Dieu ; deuxièmement : que le Christ demeure aussi en nous ; et troisièmement : le Père et le Fils doivent venir en nous pour y établir leur demeure. Et le Christ dit : « Je me manifesterai devant vous », c’est-à-dire l’amour se manifestera. Ces trois situations doivent se réaliser pour qu’une transformation ait lieu dans notre pensée, dans notre âme, et si ces trois situations ne se réalisent pas, la vie sera toujours sans fondement. Ainsi faut-il appliquer cet amour, je le recommande. Ce sont d’abord les femmes qui doivent l’appliquer. Je vous dirai où est l’erreur : l’homme a perdu l’amour, il s’est endurci et il a fauté ; c’est là l’erreur, il a perdu l’amour divin. Alors que les femmes ont perdu la sagesse divine, elles aussi ont fauté et se sont endurcies. Hommes et femmes ont perdu deux éléments substantiels : l’homme a perdu l’amour et la femme a perdu la sagesse. Et la maison où l’homme n’a pas d’amour et où la femme n’a pas de sagesse, cette maison est bonne à être brûlée. Vous demanderez alors : « Peut-il y avoir de la vie ? » Il ne peut pas y en avoir. Donc l’homme doit insuffler l’amour, l’amour divin dans la maison, et la femme doit insuffler la sagesse pour instaurer l’harmonie : c’est l’Enseignement prôné par le Christ. La famille est quelque chose de divin contrairement à aujourd’hui ; c’est une institution divine fondée sur l’amour et la sagesse, et les enfants apporteront la vérité : nous aurons alors la loi, la justice et la vérité et une société idéale ; si elles s’y implantent, alors Dieu est dans cette maison, nous aurons une maison selon le Nouvel Enseignement et nous donnerons un exemple au monde sur la façon de vivre. Mais nous ne devons pas nous faire d’illusions : s’il n’y a pas d’amour chez l’homme, la question est close ; s’il n’y a pas de sagesse chez la femme, la question est close ; s’il n’y a pas de vérité chez l’enfant, la question est close. La père et la mère se réjouissent seulement des enfants qui portent la vérité en eux ; si l’enfant aime mentir, ils sont chagrinés. Lorsque l’homme voit l’absence de sagesse chez la femme, il est chagriné aussi ; lorsque la femme voit l’absence d’amour chez l’homme, elle est chagrinée. Je vous parle à vous tous à présent, comprenez-vous ? Cet ancien diable, nous devons le jeter dehors, et le Seigneur de l’amour, de la sagesse et de la vérité doit régner dans notre maison. Et en entrant, il y aura alors une lumière à la maison, et un crédo : le crédo de l’amour, le crédo de la sagesse et le credo de la vérité ; nous vivrons tous selon ce crédo et nous serons frères et sœurs auprès du Seigneur. Et alors vous me dites : « Maintenant nous t’écouterons ». Il n’est pas question de m’écouter, mais d’appliquer, d’appliquer ! Ou alors j’appliquerai moi-aussi ; si quelqu’un vient se plaindre, je mettrai mon habit et j’arrangerai votre maison, car il faut bien que quelqu’un puisse ranger vos affaires ? Ne dites pas que l’homme ou la femme ont raison, je ne prends parti pour personne : je dirai à l’homme : « As-tu l’amour ? – J’en ai ! » Je dirai à la femme : « As-tu la sagesse ? – J’en ai ! » Je dirai à l’enfant : « As-tu la vérité ? – J’en ai ! » Alors nous pouvons travailler et dans ces conditions seulement le Seigneur s’éveillera ; et alors l’impossible deviendra possible. Au nom de votre Seigneur, je vous en prie ne vous mentez pas en disant : « Cet homme a un enseignement mensonger ». Cet enseignement n’est pas le mien mais le vôtre. Si vous avez un autre enseignement, je suis prêt à vous écouter et je l’appliquerai s’il est divin ; nous écouterons, car nous sommes prêts à écouter le Divin d’où qu’il vienne. Il doit donc être appliqué : il est en nous et non à l’extérieur de nous. Ainsi le Christ, le Christ vivant, votre Christ vous appelle à l’amour, à la sagesse, à la vérité pour sanctifier son grand commandement ; en l’appliquant vous le glorifierez, et lorsque les autres verront vos œuvres, ils glorifieront votre Père, pas moi, mais le Père qui est aux Cieux. Et à présent, nous devons glorifier notre Père qui est dans les Cieux. Sofia, 5 février 1922 [1] Ézéquiel 18, 23
  19. Je vous verrai de nouveau «Jésus connut qu'ils voulaient l'interroger.» Jean 16:19 Toute la vie est fondée sur nombre d’interrogations et de questions : pourquoi et à quoi bon, pourquoi, à quoi bon et comment. La philosophie et toute la science moderne reposent sur pourquoi, à quoi bon et comment. La science moderne s’interroge sur le comment le monde s’est créé, alors que la philosophie s’interroge sur le pourquoi il s’est créé. Maintenant, le Christ a compris que ses disciples étaient sur le point de lui poser quelques questions importantes ; tous soulèvent ce genre de questions, mais il faut pouvoir donner une bonne réponse. Une jeune demoiselle, très instruite est venu me dire : « Lorsque je parle avec toi, tu me donnes à réfléchir, alors que si je parle avec tes disciples ils m’induisent en erreur et anesthésient ma pensée, ils me parlent de pardessus que nous devons enlever. Je ne comprends pas pourquoi enlever ces pardessus. Vous dites, n’est-ce pas, que pour entrer dans le Royaume de Dieu il faut enlever cinq ou six pardessus ? » Si on pouvait entrer dans le Royaume de Dieu en enlevant les pardessus, ce serait incongru et incompatible avec l’idée elle-même. Je peux enlever un pardessus, puis un autre et un troisième, mais par quel moyen ? Si la température s’élève, je peux enlever mon pardessus ; selon le degré d’élévation de la température j’enlèverais les autres. Donc, à la température maximale je ne resterai qu’avec un seul pardessus et si elle augmentait encore, je l’enlèverais aussi et alors on se trouverait dans une situation naturelle. En revanche, si la température s’abaisse, selon la même loi par laquelle tu les as enlevés, tu les revêtiras. Quelle philosophie y a-t-il dans le fait d’enlever ou de revêtir des pardessus ? Ceci témoigne seulement de l’élévation ou de l’abaissement de la température. Puis, chez les religieux par exemple nait le désir de jeûner, de maigrir ; mais cela doit être fondé sur une loi, une loi intérieure. Pourquoi, pour quelle raison jeûner, comment et pourquoi ? Tout cela doit être parfaitement fondé. On me dit : « Quelqu’un me parle, je l’écoute, c’est un esprit qui me contacte ». Eh, ces esprits… qui n’entend pas un esprit s’adresser à lui, qui n’est pas en communication avec les esprits ? Philosophes, savants, prédicateurs, à qui les esprits ne s’adressent-ils pas ? Des esprits parlent à tous, seulement certains l’avouent et d’autres non. On ne peut pas parler sans l’aide des esprits et celui qui dirait qu’il peut parler sans y recourir, nous lui dirions qu’il est sans âme. Donc, ceux à qui les esprits ne s’adressent pas sont sans âme. Une sœur à qui les esprits s’adressaient beaucoup est venue me voir il y a des années, elle écrivait de très beaux poèmes ; elle me dit : « Je veux les vérifier auprès de toi. » En les lisant, je me rends compte que n’importe quel poète pourrait en être l’auteur alors qu’elle prétend : « Il s’agit d’un esprit très singulier ». Ne soyons pas enfantins ! Les Grands Maîtres du monde s’adressent à leurs disciples uniquement lorsque ceux-ci sont prêts à comprendre leur enseignement. Le maître de musique ou le virtuose s’adresse à son disciple uniquement lorsque ce dernier est prêt à comprendre les grandes mathématiques de la musique, son sens intérieur. Les élèves qui démarrent à peine le solfège n’ont droit qu’aux professeurs ordinaires. Et maintenant les élèves ont tendance à surestimer la renommée de leurs professeurs alors qu’il s’agit de professeurs de solfège et pas plus. Jésus a compris qu’une question importante lui serait posée. Et Il érige le principe qu’une femme qui enfante éprouve de la tristesse. Pourquoi ? Parce qu’elle enfante. Pourquoi est-elle triste ? Parce qu’elle a voulu mettre un être humain au monde. Vous pouvez considérer cette explication au sens propre comme au sens figuré : celui chez qui une pensée est engendrée souffre également. Regardez cet élève qui est pensif, comment il se tient la tête : il est triste et il soupire, mais dès qu’une idée germe en lui, la lumière se fait et l’élève oublie aussitôt sa tristesse, il se réjouit et s’égaie. Et Jésus dit : « Lorsque la femme enfante, elle oublie sa souffrance car un être humain est né qui donne du sens à la vie ». Et Jésus a compris qu’il serait interrogé, cela est lourd de sens. Maintenant, si on vous demande pourquoi vous croyez en Dieu, comment répondrez-vous à ces gens ? Si on m’interroge : « Pourquoi manges-tu ? », je répondrai : « Parce que je suis affamé » ; la nourriture est une nécessité, la faim est une quête de nourriture, la soif une quête d’eau, voilà la résolution de la question. « Pourquoi bois-tu – parce que je suis assoiffé et l’eau est une nécessité, donc je dois boire. » Ne peut-on se passer d’eau ? Dans nos conditions actuelles de vie, on ne peut pas se passer d’eau ni de nourriture ; tu peux jeûner un jour, deux, trois, quatre, jusqu’à quarante jours, mais tu finiras par manger de nouveau. Et finalement la gloire de Dieu ne consiste pas à jeûner, mais à manger et à boire. « Mangez, buvez et remerciez ! », disent les Écritures, elles ne disent pas : « Jeûnez ! » Alors j’énonce l’axiome suivant : la gloire divine est dans la nourriture et la boisson, et la gloire de Dieu est dans le Savoir ; ne pas manger, c’est ne pas posséder de Savoir ; et être assoiffé aussi. Il faut du Savoir, du Savoir ! Mais quelqu’un dira : « Eh, le savoir… on peut s’en passer. » Et alors que faut-il ? De l’ignorance ? Dieu n’a pas besoin d’ignorants, Dieu veut que tous ses enfants soient aussi intelligents que Lui, aussi aimants que Lui, aussi friands de vérité que Lui, aussi justes que Lui et aussi doux et vertueux que Lui, rien de plus ! Dans la vie, toute autre philosophie, toute autre science est erronée et dénuée de sens. Quelqu’un dira : « Je dois me sauver ». De quoi ? Je comprends : se sauver de ses propres bêtises ; on peut se sauver de ses bêtises, de sa misère, de sa faim, de sa soif, voilà ce dont il faut se sauver. Si seulement j’avais le temps de préciser pourquoi nous devons nous sauver… Je prends le mot salut au sens figuré du terme et non pas au sens propre. Ensuite, en nous interrogeant sur telles ou telles questions philosophiques nous nous leurrons souvent, nous croyons connaître le secret de l’existence ; non, non, nous comprenons certaines choses, mais d’autres non, nous ne comprenons pas l’essentiel et nous devons l’étudier à présent. Donc la première chose est de saisir qu’on ne sait pas, qu’on est vide ou bien qu’on doit se vider pour se remplir ; nous devons apprendre à nous vider et à nous remplir. Un roi de l’Antiquité que sa cour glorifiait en prétendant que tout lui obéissait, même la Nature, a ordonné d’emporter son trône et son sceptre sur le rivage avant une grande marée. Il s’y est assis avec son sceptre face à la marée montante en disant aux vagues : « Je vous ordonne de reculer ». Ceux qui l’entouraient ont dit : « Votre Majesté ! – J’ordonne à ces vagues ! – Toi comme nous, nous devons nous en aller, nous devons nous enfuir. – Ah ! Il y a donc une chose plus puissante que nous à laquelle nous devons obéir. Alors prenez le trône et courez ! » Dans la nature certaines choses sont au-dessus de nos forces, au-delà de notre entendement et de nos connaissances. Et nous devons le comprendre avec humilité, reconnaître que nous sommes les enfants de cette nature grandiose, et que nous devons étudier et nous montrer assidus et travailleurs. Je veux à présent vous faire comprendre cette idée : si nous suivons un chemin en pensant que nous bénéficions d’une plus grande lumière, alors que notre vie n’est pas différente de celle des gens qui nous entourent, je demande alors : en quoi consiste notre enseignement ? Notre force ne doit pas se manifester comme ces esprits déchus qui s’attardent au café ou à l’auberge en disant : « Santé ! Bien ! Puis réfléchissent un peu : « Cela ne va pas à la maison », et ils disent alors : « Rajoute un demi-litre ! » Puis, ils réfléchissent encore et résolvent les questions en profondeur : « La force me revient, disent-ils, je peux résoudre cette question à condition de boire un demi-litre de plus ». Mais c’est une solution transitoire, les questions ne se résolvent pas grâce à un demi-litre de vin. Personne ne devient saint en une journée, ni en un an. Saint est celui qui a appris la grande loi de la condensation de la lumière en soi afin de la répandre autour de soi pour le prochain ; voilà ce qu’est un saint : celui qui montre le chemin grâce à sa pensée et à son âme. « Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger. » Ceux qui suivent le nouveau chemin doivent se méfier du défaut suivant : En Occident, une comtesse est tombée amoureuse d’un célèbre peintre ; elle est tombée si amoureuse qu’elle s’est mise à craindre et a pensé : « S’il devient très connu, je perdrai son amour, je dois donc trouver le moyen de le priver de la gloire », et elle a commencé à lui donner des pilules qui ont altéré sa vue, il ne pouvait plus distinguer les couleurs et ses peintures ressemblaient à des caricatures ; et lorsqu’il a organisé une exposition, tous étaient pliés de rire en se tenant le ventre, tellement ils riaient. Cette comtesse qui peut altérer la raison de n’importe qui et l’empêcher de voir les couleurs, c’est la vanité humaine. Chez les religieux contemporains aussi il y a plus de vanité que de spiritualité, et la vanité n’est pas une science, mais un culte ; le vaniteux exclut toute sorte de souffrance et c’est ainsi que je le reconnais. Si vous demandez pourquoi nous devons souffrir, je vais de nouveau vous relater l’exemple des anglais qui ont imposé une loi pour réformer la ville de Constantinople. Un gendarme anglais entre un jour dans une boutique turque en disant : « Je vous mets une amende de dix levas. – Pourquoi ? – Quinze levas. – Mais pourquoi ? Vingt levas. – Pourquoi ? – Trente levas ! » Alors le marchand a ouvert la caisse et a dit : « Il y a ici mille cinq cents levas, prends-les. » Et il a ensuite compris la raison de l’amende : il y avait un bout de papier jeté devant sa boutique. Il peut y avoir un bout de papier devant votre boutique et s’il vient, le gendarme anglais dira : « Dix levas d’amende ». Je remarque aussi pas mal de petits papiers et j’aimerais qu’un régime sous autorité anglaise soit établi afin qu’un gendarme rentre chez vous en disant : « Dix levas d’amende, quinze, vingt, trente. – Mais pourquoi ? » Non seulement nous devons entreprendre une vie spirituelle, religieuse, mais nous devons aussi achever intelligemment cette vie. Cette vie spirituelle suit un cadre strict. Il y a quelques temps, une sœur qui avait emprunté le chemin de cet Enseignement s’est présentée. Quand je l’ai vu, sa manière de parler m’a plu : elle était entière et perspicace, l’esprit divin s’exprimait en elle. Je me suis dit : le Seigneur s’est adressé à cette âme ; je vois l’œuvre de l’esprit divin dans une telle beauté. Mais moins d’un mois plus tard, cette même sœur a changé, sa beauté avait disparu et je lui ai dit : « Comment se fait-il que ton visage ait changé ainsi ? – Il y a des raisons à cela. » Elle avait été intérieurement troublée. Pourquoi ? Parce qu’en l’espace d’un mois elle a été envoyée au front au milieu d’une bataille féroce. Je lui dis : « Ces officiers qui t’ont appelée dans cette bataille ont fait une erreur. Tu devais rester à l’arrière, alors que tu as été envoyée sous le feu des mitraillettes ». Elle a eu peur et s’est dit : « Ça va mal aller ». Il y a chez vous ce désir, lorsque quelqu’un s’est tourné vers Dieu, d’aller se battre au front ! Être en première ligne dans la bataille nécessite des esprits forts et supérieurs, seuls les anges peuvent combattre à cet endroit. « Bien, dit-on, mais quid du diable ? » Je vais vous donner un autre exemple. Il y a quelques années, l’un de nos amis a fait un rêve, un rêve réaliste. Il voit s’abattre un grand orage, un blizzard, mais il passe, et un arc en ciel apparaît à l’Est, le Christ est dans cet arc en ciel ; au-dessous, un pont que des milliers de personnes cherchent à emprunter et quelqu’un lui dit : « Tu ne peux pas y aller, va en haut ». En passant sur le pont, il voit des gaillards, vêtus de blanc qui mènent un énorme loup et il leur dit : « Attendez que je donne un coup de bâton à ce loup qui a égorgé tant de brebis. – Garde-t’en car s’il t’attrape par derrière… Et il s’étonne : « Waouh ! Est-il capable d’une telle chose ? » Tu n’as pas à le battre, il est entre les mains de ces gaillards, alors que vous dites : « Allons, moi-aussi, je veux lui mettre un coup de bâton ». Non, non, ce n’est pas une philosophie ni une compréhension de la vie spirituelle : vous tous devez développer votre pensée et votre cœur, tous les sentiments nobles et les aptitudes mentales, et c’est dans la réflexion, l’analyse et l’application de cet Enseignement qu’il vous faut trouver la méthode, autrement cet Enseignement est inutile. « Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger. » Sur quoi ? Nous prônons aujourd’hui qu’il faut être bons, mais dans la vie nous disons : « L’être humain ne peut pas être bon ». La question n’est pas là : lorsque je vais à l’école je dois être bon, mais en dehors du bien je dois étudier ; je peux avoir une conduite exemplaire, mais être le dernier dans les résultats scolaires. On dit : « C’est un très bon enfant, mais il ne travaille pas à l’école ». Nous mélangeons deux choses : notre vertu et notre instruction ; tu peux être parmi les meilleurs élèves, être le plus doué, mais avoir le pire des comportements. « Mais pourquoi, Seigneur, as-tu donné de telles aptitudes à celui qui se comporte aussi mal ? » Parce qu’il est intelligent et a compris la loi divine avant toi. Tu crois être bon et il croit aussi être bon, donc nous devons d’abord être intelligents avant d’avoir la conscience de notre bonté, tandis que nous cherchons à être bons avant d’avoir la conscience de notre intelligence. C’est pourquoi il y a une manie chez les religieux : tâcher de montrer de l’humilité dès lors qu’ils sont tournés vers Dieu : ils enlèvent les pardessus, ils jeûnent. Si tu es malade tu jeûneras, c’est une nécessité pour toi ; le jeûne est nécessaire seulement en cas de maladie ; dans le monde spirituel aussi, imposer un jeûne à quelqu’un est le signe qu’il est malade et que son organisme doit se reposer : c’est une loi intérieure. Mais si on est bien portant et si le cœur peut battre, nous dirons : « Tu mangeras et tu glorifieras Dieu ! » Est-ce que cette philosophie est claire ? Aucune critique, aucune autre voie n’est possible, il y a un seul moyen. Ceux qui avancent sur ce chemin veulent se montrer plus intelligents que moi ; non, nous ne pouvons pas être plus intelligents que la nature ni plus intelligents que celui qui a appliqué ses lois. Nous devons nous soumettre intelligemment dans notre for intérieur, non de force, mais par une prise de conscience, pour fournir une explication juste lorsque nous viendrons vers les humains en leur expliquant toute chose. Si je mange, c’est un processus ; manger n’est pas s’instruire, tu peux manger parfaitement bien mais t’instruire très mal ; et tu peux t’instruire très bien mais manger très mal : l’un comme l’autre sont possibles. Mais qui se nourrit bien, étudie bien et boit bien est quelqu’un d’intelligent. Maintenant, vous tous qui m’écoutez ici, vous manquez chacun de quelque chose. Ce n’est pas une provocation, mais quelque chose vous manque. Un ermite, un saint a vécu quarante ans dans le désert. Il a prié le Seigneur, il a prié, il a prié ; il pensait qu’il était prêt pour le Ciel, que lui manquait-il encore ? Un ange est venu et l’a conduit en ville ; il lui a montré l’un des plus beaux édifices. L’ermite lui dit : « Bel édifice. – Mais il manque une pierre. Oui, c’est la pierre que tu devais poser depuis longtemps, mais tu ne l’as pas encore fait. » Vous n’avez pas encore apporté votre pierre et si on vous conduit en haut au Ciel, vous verrez que dans votre édifice la pierre la plus importante manque ; c’est pourquoi, lorsque l’ange viendra, il dira : « Cette pierre, il aurait fallu la poser depuis longtemps ». Et cette pierre, c’est la sagesse divine, « la pierre que les bâtisseurs ont rejetée[1] ». « Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger. » J’entends que tous les disciples ne font qu’interroger, toujours interroger : quand le Christ viendra-t-il ? Comment régnera-t-il sur terre ? Comment ce monde se redressera-t-il ? Les Bulgares demandent comment s’arrangera la situation économique, ce qu’il faut entreprendre, où trouver des ressources ? Tous les peuples s’interrogent, on pose ces questions à l’école, dans les églises, au niveau de l’État, chez les commerçants, partout : comment s’en sortir face à la cherté de la vie ? Puisque tout le monde me le demande, je leur répondrai. Tout est cher, disent-ils : « Ne mangez que ce qui est nécessaire ». Oui, mais tu voyages, un ami te croise en chemin, tu es affamé depuis trois jours et il te donne un gros pain ; remercie-le, bois un peu d’eau, mâche le pain, ne dis pas : « Eh, si seulement il y avait du poulet grillé, des pommes, des noix, un peu de beurre, ceci, cela » ; ne soulève pas ces questions, n’attise pas ton goût, remercie pour le pain qui est une nécessité ; si tout est cher, contente-toi alors de peu ; demain s’il y a plus, mange à ta guise. Certains rétorqueront : « Mais si nous ne mangeons que du pain, nous maigrirons ». Je peux vous prouver que même ceux qui mangent du poulet grillé maigriront aussi ! Ce n’est pas une philosophie : tout dépend de la façon de manger, celui qui mange du poulet et remercie Dieu est bien portant, alors que celui qui mange des poules mais ne remercie pas Dieu n’est pas bien portant. Considérez les animaux carnivores et herbivores : les uns comme les autres sont bien portants. Vous transposerez ces choses d’ordre naturel dans le monde spirituel. Contentez-vous de ces explications qui éclaireront votre pensée. Admettons que vous ayez un enfant : il se fâche, il est mécontent pour telle ou telle raison et vous dites : « Quel diable s’est emparé de cet enfant ». Quel diable ? Ce n’est pas une explication, cela n’explique rien ; vous lui dites : « Sors d’ici ! » Il ne sort pas. À quoi ressemblerez-vous ? On a organisé une séance spirite à Plovdiv : l’esprit d’un Turc entre dans le médium et ne veut pas sortir. On lui dit : « Sors ! – Je ne sortirai pas ! », et une dispute éclate ; il ne veut pas sortir. Si tu as de la force, tu le chasseras, sinon, il ne sortira pas. Nous croyons qu’en chassant un diable, la question est résolue facilement. Je sais où se tient ce diable : l’homme rentre du bureau, il a travaillé, son chef l’a réprimandé, il a faim et sa femme le pique un peu, le voilà qui explose ! « Quel diable est entré en lui ? » Plus vite tu mettras la table et rassasieras son estomac, plus vite le diable sortira, c’est aussi simple que cela, ce sont des choses très naturelles. Lorsque nous venons à la vie spirituelle, chaque manifestation négative est due à un besoin intérieur, chaque mécontentement est dû à un besoin intérieur. L’affamé est mécontent, pourquoi ? Parce qu’il est affamé. L’assoiffé est aussi mécontent, pourquoi ? Il lui manque quelque chose. Le marchand est mécontent de la vie, pourquoi ? L’argent lui manque. L’enseignant est mécontent, pourquoi ? Il n’a pas d’élèves. Le musicien est mécontent, pourquoi ? Il n’a pas de public pour qui jouer. La jeune fille est mécontente, pourquoi ? Elle a attrapé la petite vérole. Quelque chose manque, chaque mécontentement est toujours fondé sur un manque intérieur. Lorsque le savoir, la vertu nous manquent, un besoin nait en nous, nous devons trouver une loi pour combler ce manque ; c’est pourquoi je dis : celui qui a perdu la beauté doit l’acquérir de nouveau, les élèves doivent acquérir du savoir, l’assoiffé doit s’abreuver, le malade doit guérir ; il faut donner des réponses positives aux besoins de tous. « Le Seigneur est bon. – Je sais que le Seigneur est bon, ce Seigneur m’a fourni de la nourriture et tout le reste, et pour cette raison je veux combler mes besoins. – Ce n'est pas encore le moment. – Vous pensez que ce n’est pas le moment, et moi je pense que le moment est venu. » « Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger. » On lui demandera encore : « Seigneur, pourquoi vit on ces jours sombres ? Pourquoi les riches ont-ils à manger et à boire alors que nous qui prions trois fois par jour nous devons jeûner ? Nous te louons, nous te craignons, nous t’encensons, mais tu ne nous as rien donné ! » Le Seigneur dit : « Je ne vous ai pas demandé d’allumer des encensoirs mais de penser ; je ne veux pas d’encensoirs ». Et au lieu de vous montrer bons, vous allez égorger un veau, vous le mangerez et vous direz : « Nous servons le Seigneur ». Je prends ce mot au sens très large. Maintenant que nous débattons, vous dites : « On nous a passé un drôle de savon aujourd’hui! » Non, il n’est pas question de cela, je n’aime pas passer de savon, simplement je prépare un four, un four, comprenez-vous ? Et ce four, lorsque je vous mettrai à l’intérieur, recouverts avec une couche de charbon, une couche de minerais, une couche de charbon, une couche de minerais, j’y mettrai le feu et l’or se déposera alors que la fumée s’échappera par le haut : vous en ressortirez purifiés. Un feu, mais quel feu ! Et lorsque vous vous trouverez dans ce four, il y aura des pleurs, des cris, mais je dirai : « Attendez, lorsque vous sortirez, vous serez purs comme vous ne l’avez jamais été ». Maintenant vous me rétorquerez : « Pourvu que ce ne soit pas ainsi ! » Pourvu que cela le soit ! « Pourvu que ce ne soit pas ainsi ! » C’est avec ce Pourvu que ce ne soit pas ainsi que le monde en est arrivé là, et à présent nous disons : que ce soit ainsi, que vienne ce feu, qu’il nous purifie et qu’il remette tout à sa place, pour vivre comme nous avons vécu jadis. Et le Christ dit : « Je vous verrai de nouveau et vous vous réjouirez ». Quand vous verra-t-il ? « Lorsque vous commencerez à penser, à accomplir la volonté de mon Père, je viendrai, et vous vous réjouirez et personne ne pourra vous ôter votre joie. » Le Christ est la plus puissante manifestation de l’amour divin et de la sagesse divine et de la vérité divine. Donc appliquez maintenant l’amour, je le dis encore ! L’amour avec la sagesse : savoir pourquoi tu aimes l’être humain ; avez-vous aimé de cette façon ? Les femmes parmi vous, vous aimez vos enfants et vous dites : « Mon angelot », mais cet angelot, une fois qu’il a vingt-cinq ou trente ans, vous fait dire : « Notre ange n’en est pas un » ; oui, ce n’est pas un ange, vous n’avez pas encore connu l’ange. L’amour sous-entend de savoir pourquoi tu aimes l’être humain. Je vous dirai : j’aime l’être humain parce que Dieu demeure en lui. Pourquoi devons-nous nous aimer ? En aimant, nous cherchons Dieu. Lorsque je dis que nous devons aimer, j’entends que nous devons chercher Dieu, car Dieu est amour, alors que nous avons chuté, nous n’avons pas encore aimé ; tu iras auprès de l’amour pour devenir amour : l’amour signifie de devenir comme Dieu. Quelqu’un croit avoir aimé. Non, non, tu n’as pas encore aimé ; ton amour… allons, je ne dirai pas ce mot : c’est un amour qui ne dure que trois jours ! Nous devons aimer pour trouver Dieu, car Dieu est amour ; nous devons L’accueillir en nous, L’éprouver, et lorsque nous L’accueillons, alors nous éprouvons sa sagesse ; réfléchissez de cette façon. Certains parmi vous disent : « Cette sœur aime beaucoup ». Elle aime ? Je dis : aime le mieux celui qui aime comme le Seigneur. Et toi, as-tu aimé comme le Seigneur ? Non, donc tu es encore apprenti de l’amour. « Mais elle aime ! » Comment aime-t-elle ? Non, non, il s’agit d’aimer comme Dieu aime : Dieu est amour, et c’est l’art le plus sublime ; et lorsque nous aurons appris cet art, alors le Christ répondra à nos interrogations. « Et je vous verrai de nouveau et personne ne pourra alors ôter votre joie. [2]» Ainsi, je veux que vous soyez intelligents. Ne parlez pas uniquement d’enlever des pardessus, ne parlez pas uniquement de jeûne ; si tu es malade, tu jeûneras un jour, deux, trois : c’est un moyen de guérir. Je comprends le mot jeûne au sens très large : il y a un jeûne physique, mental et spirituel. 29 janvier 1922, Sofia [1] Psaume 117, 22 et Matthieu 21, 42 [2] Jean 16, 22
  20. L’ivraie et le blé «Et il leur dit : non, de peur qu'il n'arrive qu'en cueillant l'ivraie, vous n'arrachiez le blé en même temps.» Matthieu 13:29 Je crois, puisque vous êtes des disciples adultes à présent, que vous ne serez pas troublés par un problème mathématique complexe. Les élèves qui sont doués ne se troublent pas devant un problème complexe inscrit par le professeur au tableau noir, n’est-ce pas ? Tous ouvrent bien les yeux, ils commencent à réfléchir et regardent comment il va s’y prendre. De quoi découlent les contradictions dans la vie : dans la vie personnelle, dans la vie du cœur, la vie de l’âme, la vie de la pensée et la vie de l’esprit ? Dans tous ces domaines, c’est la vie moderne qui se manifeste. Nous nous heurtons à de nombreux obstacles, à des malentendus. Nos savants philosophes ont pour but de nous rassurer avec leurs explications sur la vie : les médecins nous expliquent comment les maladies sont engendrées et comment elles se soignent ; les psychologues nous expliquent les origines des états psychiques ; les serviteurs du Dieu Vivant nous expliquent nos rapports justes avec Dieu ; les professeurs nous font connaître la nature vivante ; les mères et les pères nous fournissent la nourriture nécessaire pour le maintien de la vie. Mais malgré cela il y a des contradictions, notre bonheur et notre joie sur terre se délitent constamment, et s’il existe quelqu’un dont le bonheur reste intact, c’est une exception. Je ne vais pas m’arrêter pour apporter des arguments, car la vie elle-même en apporte. Les serviteurs disent qu’il faut arracher les mauvaises herbes. Non, laissez les pousser. Dans la société contemporaine l’idée d’arracher ces mauvaises herbes se développe, mais imaginez que ce maître était beaucoup plus intelligent et que ses domestiques étaient très intelligents, dix fois plus intelligents que les érudits d’aujourd’hui. Ce maître était dix fois plus intelligent que les maîtres d’aujourd’hui, et il dit : « Non, laissez les pousser jusqu’à la fin des siècles, alors j’ordonnerai aux moissonneurs de séparer le blé de l’ivraie », et la question sera résolue. Car dans le processus de la croissance il y a un risque d’arracher le blé en même temps que l’ivraie. Si tu arraches une mauvaise herbe, mais en saccageant deux épis de blé, alors je demande quel bien tu as introduit dans le monde ; si tu tisses deux fils, mais que tu en défais trois, à quoi bon ? Si tu inculques à quelqu’un une vertu et deux vices en même temps, cela n’a pas de sens non plus. Il dit : « Laissez les pousser ! » Ce qui freine nos contemporains est leur désir de se libérer du mal, de se libérer de tous ces sentiments désagréables, de ces pensées désagréables, de ces agissements désagréables, pour que leurs affaires se déroulent au mieux. Tous veulent travailler comme Halima dans les « Mille et une nuits », en levant la baguette magique, mais le cosmos repose sur des fondations toutes autres auxquelles nous devons nous conformer. « Laissez-les, dit le maître intelligent, qu’elles croissent. » Je ne vais pas argumenter sur le fait qu’elles doivent croître, mais j’ai un argument très puissant. J’ai décidé ce matin de parler brièvement car mon auditoire est exposée à un froid très vif. J’ai d’autres arguments également, puisque mon intérêt personnel s’y mêle : j’avais promis de payer quiconque attraperait froid ici ; si dix personnes prennent froid, je devrai leur payer mille levas chacun, et ainsi en plus de faire des prêches gracieusement, je devrai m’acquitter d’une amende de dix mille levas ! Les uns et les autres doivent croitre, c’est-à-dire nous devons devenir tolérants sur la base de cette grande loi sans laquelle aucune vie culturelle, aucune vie mentale n’est possible. Chaque philosophe, quelles que soient ses opinions, doit réconcilier ces deux contradictions : laisser au bien et au mal des conditions de croître et de se développer. Cela ne signifie point que nous devons encourager le mal. Vous dites : « Il encourage le mal et le bien ». Nous ne pouvons pas les encourager, je peux réfuter face à tous les philosophes le fait que nous ne pouvons pas les encourager. C’est comme si en plantant un chardon dans le champ, je l’encourageais à pousser comme un chardon ! Non, il pousse car c’est un chardon, sans prêter attention à mes éventuels encouragements ; ou comme si j’encourageais ce pommier que j’ai planté : c’est un pommier qui se développe par lui-même. Lorsqu’autrefois les fruits n’étaient pas cultivés par les humains, ils poussaient mieux que nos fruits de maintenant ; je ne parle pas de notre époque, mais d’une époque très lointaine. Lorsque nous disons encouragement, j’entends de laisser le bien pousser comme ses lois l’exigent ; de laisser aussi le mal pousser comme ses lois l’exigent. Pourquoi ? Parce que le maître l’a dit. Maintenant, certains qui m’écoutent diront : « Voici une contradiction ». S’il est question de contradiction, je peux vous en trouver dix : lorsque vous allez près d’un rocher et que vous cassez des pierres, une grande joie anime d’abord ces pierres d’avoir été séparées, individualisées ; vous les emportez en voiture en ville, mais vous les ajoutez à du ciment pour les enfouir dans la terre car vous bâtissez votre maison. Elles étaient jadis exposées au soleil, alors que maintenant vous vous mettez à bâtir votre maison ; je demande : quelle culture vous avez apporté à ces pierres ? Vous avez érigé une maison, c’est une culture pour vous et non pour ces pierres. Par culture dans la nature on sous-entend celle qui irrigue tout le monde : lorsque je suis imprégné de cette culture, je peux toucher ainsi toute votre existence. Et c’est pourquoi ce maître dit : « Laissez les pousser les uns et les autres jusqu’à la fin des siècles, lorsque viendra le jour du sacrifice, nous séparerons l’un de l’autre et le monde se redressera ». Je vais m’appuyer sur un exemple. En Égypte, au début du christianisme, vivait un ermite très pieux. Il passait sa vie à prier, lire et méditer sur les moyens de redresser le monde. Il a passé ainsi quarante ans sans que personne ne vienne le voir ; il a accumulé des quantités de connaissances, mais personne n’est venu le voir pendant ces quarante ans. Il a été très peiné et il a dit : « Seigneur, envoie au moins une âme auprès de moi pour que je lui transmette ce savoir ; je suis vieux, je suis devenu inapte ». Ce vieil ermite croyait qu’un disciple studieux viendrait, mais il a vu arriver une femme débauchée. Pourquoi est-elle venue auprès de lui ? À l’époque, dans la ville d’Alexandrie, c’était la plus grande débauchée, mais en lisant l’Évangile elle était devenue chrétienne et voulait se faire baptiser, or aucune église et aucun curé – je ne sais pas s’il y avait déjà des curés alors – aucun sacristain n’a accepté de la baptiser, d’assumer cette responsabilité : « Nous ne pouvons pas t’accepter dans notre église, tu es une débauchée incorrigible, un diable incarné qui veut nous éprouver, mais nous sommes instruits, nous connaissons les Écritures et tu ne peux pas entrer ni passer le seuil de notre église ». Elle s’est mise à pleurer, à tant pleurer et à prier que le Christ lui est apparu en disant : « Va dans le désert chez cet ermite ! » Et ce dernier en la voyant, a dit : « Oh, Seigneur, n’as-Tu pas trouvé mieux à m’envoyer à la fin de ma vie ? » et il a lourdement soupiré. Mais il a entendu une voix : « Tu la baptiseras ». « La baptiser ? » Il a incliné la tête se demandant si ce n’était pas la voix d’un mauvais esprit. « Je vais la baptiser quoi qu’il advienne ». Il la baptise et elle meurt quelques jours plus tard. Le jour de l’enterrement, il est tombé en extase et a vu un ange pur et lumineux sortir du corps de cette débauchée au moment de son ensevelissement. Ce n’était pas une débauchée, mais un ange sublime. L’ermite est mort aussi quelques jours après en demandant d’être enterré à côté d’elle. Tout le monde s’est demandé : « Dans cette même tombe, à côté d’elle ? » Et qu’est-ce qui s’est produit ? Lorsqu’il a été enterré, des gens des environs se pressaient à cet endroit où de grands miracles se produisaient et tous guérissaient. Lorsque cette débauchée et ce saint se sont réunis, alors le monde s’est redressé et les gens se sont mis à étudier l’enseignement de cet ermite. Vous allez maintenant transposer cela dans votre vie, car vous serez parfois dans la situation de cet ermite. Vous vous croyez très pieux, agréable à Dieu, cependant le Seigneur peut vous envoyer l’un de vos frères qui semble être à votre opposé – il est de l’ivraie en apparence – comment résoudrez-vous ce problème ? Vous le résoudrez seulement lorsque vous le baptiserez et que vos yeux s’ouvriront pour voir ce qui sort de son corps : un ange lumineux ou un démon, se dirige-t-il en haut ou en bas ? Et lorsque le Christ dit : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits », certains croient qu’il s’agit des fruits actuels ; non il s’agit des fruits de la fin d’une époque, du dernier fruit. J’ai fait une bonne œuvre et ils disent : « C’est quelqu’un de remarquable, de bon » ; si je fais quelque chose de mal, ils disent : « Il est mauvais ». Non, vous ne pouvez pas me juger selon mes actes actuels, je ne peux être jugé que sur ma vie entière où tous mes actes seront un fruit dans un sens ou dans l’autre ; à présent, le destin n’est pas déterminé. Donc il faut laisser chacun de vous terminer ce qu’il a commencé. Et si dans votre esprit germe l’idée de supprimer le mal, savez-vous ce qui vous arrivera ? J’entends dire souvent : « Je veux supprimer ce mal, l’arracher de mon âme ». Je serais ravi si vous l’arrachiez, mais c’est une autre question. Je vais vous donner un autre exemple. Un vieux prieur vivait dans un monastère. Ce monastère était riche, il n’était pas bulgare. Je ne parle pas maintenant des monastères bulgares, pour éviter que certains s’imaginent que je traite de notre époque : celui-ci existait il y a mille cinq cents ans. Ce prieur amassait la fortune de ce monastère. Il est mort et ses comptes sont restés non clos – les comptes dans les monastères sont en général non clos – ici aussi, pour la simple et bonne raison que beaucoup entrent et boivent et mangent et les comptes ne sont pas en règle. En arrivant, le nouveau prieur a dit : « Nous devons appeler l’ancien prieur, il doit venir ici et régler les comptes, sans quoi nous finirons encore plus mal ». Et tous ont commencé à prier, en pensant que le prieur était au ciel, alors qu’il était en enfer. Et en effet il est venu leur faire un rapport ; et savez-vous ce qui s’est produit ? À l’instant où il a mis le pied dans le monastère, celui-ci a été complètement détruit et une telle odeur s’est dégagée de chaque endroit que foulait son pied que tous les fidèles se sont enfuis. Vous aussi, si vous décidez d’anéantir le mal, vous produirez une telle odeur pestilentielle – si c’est à Sofia par exemple – que rien ne restera de Sofia et tous les habitants devront s’enfuir. C’est pourquoi le maître a dit : « Laissez les croître tous les deux », n’y touchez pas, sinon il y aura une odeur pestilentielle. Que les racines de ces deux vies soient enfouies pour se nourrir de leurs sucs jusqu’à la fin des siècles, et il sera alors possible de séparer le mal du bien. Les serviteurs l’ont interrogé : « Faut-il les arracher ? » Il a dit : « Non, laissez les pousser ». Vous avez une mauvaise pensée ? N’essayez pas de l’arracher. Les psychologues modernes disent : « Enlève-la ! » Non, non, que ces pensées poussent dans ton cerveau ; lorsqu’elles poussent, de bonnes graines poussent aussi à côté, car il y a d’autres pensées en vous, de très bonnes pensées. Des milliers de désirs nobles germent en vous, laissez entre eux quelques mauvaises herbes ; ayez la probité de dire : « Au milieu de la multitude, qu’elles poussent elles-aussi ». Et tous ceux qui exigent comme ce prieur : « Pourquoi est-ce ainsi, qu’il vienne faire son rapport », voient qu’au retour de l’ancien prieur tout le monastère tombe en faillite. Les Bulgares disent aussi : « Le saint excessif n’est pas agréable à Dieu ». Un saint sans aucun péché n’est pas agréable à Dieu car le saint excessif n’a pas compris le sens profond de la vie ; si le Seigneur avait besoin de tels saints, Il aurait pu envoyer le Christ comme un ange lumineux pour impressionner le monde, alors que le Christ est descendu comme un homme ordinaire qui travaillait parmi les pécheurs. On disait de lui : « Voici un homme qui mange et qui boit, à l’inverse de Jean qui jeûnait, qui avait une certaine piété, alors que celui-ci vivait avec les publicains et les pécheurs ». Le Christ qui donnait cet exemple comprenait la philosophie de cette science divine et disait, en citant les mots de ce Maître du Grand Livre qu’il lisait, ce que le Maître avait dit : « Laissez les pousser ». À un autre endroit, le Christ disait souvent : « Qui parmi vous m’accuse de péchés ? » Car celui qui accuse l’autre de péchés, doit lui-même être irréprochable. J’entends souvent quelqu’un dire : « Écoute, tu dois corriger cette faute commise » ; c’est bien, mais en as-tu fait l’expérience pour savoir comme on redresse des torts ? Nos contemporains rasent les têtes des autres, sans mousse, sans précaution, ils rasent, ils rasent… Pardonnez-moi, je ne prends pas le mot rasage dans un sens péjoratif ; en bulgare il est un peu connoté et je me demande parfois quel mot utiliser, mais les Écritures utilisent ce mot. Certains demandent pourquoi je n’ai pas un langage plus châtié. Si j’employais des mots choisis, il ne resterait personne, et remerciez qu’il y ait dans mes causeries quelques mauvaises herbes qui poussent. Il y a aussi une autre raison : puisque je dis un mot en connaissant tous les autres sens qu’il revêt, le diable peut se présenter et dire : « Tu peux employer d’autres mots également ». Oui, cela se peut : lorsque le Christ a dit : « un peuple malin et adultérin », ne pouvait-il pas utiliser d’autres mots, ces mots sont-ils agréables : des fils infâmes ? » Ce sont les paroles de quelqu’un dont la bouche a été sanctifiée. « Vous êtes, dit-il, des enfants du démon », et ainsi de suite. Mes paroles n’ont rien de personnel, ce sont des paroles qui désignent des principes pour celui qui comprend les principes ; et à celui qui est influencé par ces paroles, c’est-à-dire par les mauvaises herbes, elles engendreront des mauvaises herbes dans son âme. Je ne le dis pas pour me justifier, mais pour dire que nombre de fois les choses se manifestent comme les mauvaises herbes, nombre de fois tu dis ce que tu ne veux pas dire : vous êtes par exemple très pieux dans votre façon de parler et pour le reste, mais un jour quelqu’un vous irrite et vous vous mettez à crier, puis vous le regrettez : une mauvaise herbe a germé. C’est tout aussi bien que vous ayez ces mauvaises herbes en vous, vous direz : « J’ai des mauvaises herbes. – Qu’en feras-tu ? – J’attendrai la fin des siècles, et alors l’ivraie ira d’un côté et le blé de l’autre. » Ainsi, voilà la méthode que nous devons employer – je vous y invite – mais ne vous troublez pas : dans chaque foyer il y a des contradictions, parmi vos enfants, vos filles, dans vos maisons, tous demandent quoi faire ? Je vous dirai : laissez les croître, donnez-leur des conditions de croissance. Celui qui aime l’argent, s’il porte vingt kilos, mettez-lui encore quarante kilos d’argent, donnez-lui de l’or ; celui qui aime les livres, donnez-lui en ; celui qui aime manger, donnez-lui un festin et ne lui recommandez pas de jeûner ; qu’il se nourrisse bien et que sa panse soit bien remplie jusqu’à dire : « J’ai trop mangé, je ne mangerai plus autant » : il peut tout seul se fixer une règle. Alors que nous cherchons maintenant à moraliser nos contemporains. Le monde ne s’arrangera jamais de cette façon, il n’y a qu’un moyen : appliquer l’amour divin, non pas l’amour ordinaire, mais l’amour divin qui renferme en lui tous les éléments pour l’éveil de la vie divine, cet amour bâtit selon les méthodes de la sagesse divine. Lorsque dans ces méthodes rentre la lumière de la vérité divine, et lorsque cette lumière est appuyée par la mesure de la justice divine, et que tout cela est fondé sur la vertu divine, alors nous aurons une bonne direction dans la vie. Ne dites pas : « Ne sois pas renfrogné, Ivan, je t’en prie, ne sois pas renfrogné », mais parle à ton mari de l’amour jusqu’à lui en rebattre les oreilles – c’est bien l’expression n’est-ce pas ? – En lui parlant ainsi sans cesse, qu’il finisse par dire : « J’ai déjà entendu, j’ai compris ». Comme celui chez qui on frappait sans cesse à la porte et qui a dit : « Levez-vous, donnez-lui un pain que je puisse dormir ». En Amérique, un musicien noir – il avait une trompette – se rend vers dix heures du soir devant la demeure d’un riche millionnaire et se met à jouer sans s’arrêter ; le riche lui dit : « Va-t’en, tu m’empêches de dormir ! – Tu ne peux pas dormir, mais moi non plus. – Je te dis que tu m’empêches de dormir. – Moi non plus, je ne peux pas dormir, je veux avoir un ami. » Le millionnaire lui jette alors cent dollars. « Ah, merci mon ami, cela me fait taire ! » Il a pris l’argent, a rangé la trompette et est parti. Cet ami jouera, tu diras : « Je ne peux pas dormir » mais lorsque tu sortiras cent dollars – ce sont cinq cents levas or – « Fort bien, mon ami, maintenant je peux me taire, bonne soirée et fais de beaux rêves ». « Laissez-les pousser ! » Je vous dis que ce n’est pas une incitation au péché ; lorsque nous nous occupons à déraciner le mal, nous perdons les conditions dans lesquelles notre âme peut croître, alors que si nous acceptons ces faits comme ils sont, nous nous développons correctement. Laissez le bien croître par lui-même dans votre âme ; l’apôtre Paul dit aussi : « Là où le péché croît, les bienfaits croissent aussi », donc croyez en Dieu : là où augmentent les tourments, augmente aussi la consolation qui vous aidera. Laissez ces choses croître en vous et ne soyez pas là tous les jours à dire : « Attendez, je vais me faire un programme pour savoir ce que je ferai et ce que je dirai ». Non, ne fais pas de programme, laisse le bien croître par lui-même dans ton âme, n’y pense pas. Ne pense pas que tu es bon ou mauvais ; si quelqu’un te fait des reproches, dis ceci : « J’ai laissé le bien et le mal croitre en moi, et à la fin des temps le Seigneur donnera sa sentence ». Vous dites maintenant : « C’est excellent », n’est-ce pas ? Je peux expliquer cette question autrement, mais j’aborderais un autre domaine d’une telle puanteur, que si j’exposais ces faits pour apporter des arguments à cette philosophie, mon respectable public s’enfuirait. Le mal est une nécessité dans les conditions actuelles de la vie, et le bien est une autre nécessité pour la croissance de l’être humain ; donc nous nous trouvons face à deux nécessités : d’un mal et d’un bien qui servent le cheminement de notre évolution actuelle ou le développement de notre âme actuelle. À l’avenir il se peut que cette loi change, rien n’est éternel dans la nature. Seul l’amour est éternel, l’amour est sans fin et le bien en tant que fruit de l’amour est inclus en lui : il est illimité, alors que toutes les choses en dehors de lui sont limitées. Vous direz sur la sagesse : « C’est une méthode de l’amour divin, donc il est inclus dans l’amour ». La vérité est une graine, elle aussi incluse dans l’amour ; la justice aussi est incluse dans l’amour. Donc, lorsque vous manifesterez l’amour, tous les grands bienfaits se manifesteront et alors vous serez accordés comme une guitare ou un violon - le grand artiste viendra s’y produire. Parfois il peut briser une corde, vous en tendrez une nouvelle ; si une corde se brise, vous risquez de vous abîmer l’œil ; si la corde casse à la mentonnière, non, mais si elle casse à la cheville, votre œil peut rougir. Comment l’œil peut-il rougir de l’exercice ? « J’ai joué avec tant d’inspiration que la corde m’a frappé à l’œil par amour ». Vous direz : « Si c’est ainsi, cela ne vaut pas la peine de jouer de la musique ». Combien de fois je vous vois les yeux rougis et je dis alors : la corde s’est cassée au niveau de la cheville ; les médecins expliquent qu’une inflammation s’est produite, je dis simplement : la corde s’est cassée et l’a frappé à l’œil ; ils ont raison et j’ai aussi raison. Ensuite, c’est dangereux de rester contemplatif devant le bien, c’est dangereux ; si nous commençons à penser que nous sommes très bons, que nous savons beaucoup, nous nous engageons sur un chemin glissant : c’est vrai du point de vue psychologique, ceux qui pensent qu’ils savent beaucoup, ne lisent plus mais disent : « Cela suffit, nous sommes diplômés ». Deux peintres rentrent dans une église et y choisissent quelques icônes parmi les plus belles pour les dessiner. Le premier, le plus célèbre, a monté un échafaudage et a entrepris de peindre Notre Dame. Ce ne sont pas les églises de maintenant, on parle ici d’il y a mille cinq cents ans, c’est alors que travaillaient ces deux peintres. Le premier est monté et lorsqu’il a terminé Notre Dame, il a dit : « Comme elle est belle ! » Il voulait la contempler : « Attends de voir comment cela rend de plus loin » et il a reculé, encore un peu et il a failli tomber d’en haut. L’autre peintre prend le pinceau et va directement vers l’icône en la barbouillant toute entière. Le premier se prend la tête à deux mains ; tu devrais plutôt remercier car sinon c’est ton « icône » qui aurait été abimée ! Souvent des Anges descendent du Ciel avec leurs pinceaux et lorsque nous dessinons quelque chose, ils viennent barbouiller notre tableau et nous nous exclamons : « Mon cœur est brisé, mon tableau est perdu ». Mais je dis : sois reconnaissant que ton icône ait été barbouillée, car sinon c’est toi, l’icône vivante, qui en aurait pâti. Nous ne devons penser qu’à une chose : nous sommes venus sur terre pour apprendre ; pouvons-nous être de bons élèves, nous approprier le savoir divin, rendre notre vie supportable selon les conditions actuelles et selon ce que Dieu exige de nous, le Dieu de cet amour, pour surmonter les douleurs, les épreuves ? Chaque jour apporte des épreuves que nous devons affronter. Et le maître dit : « Laissez les pousser, le bien comme le mal ». Et ne dis pas que si nous laissons le mal sans l’affronter, il s’amplifiera ; les deux peuvent croître, chaque force a des limites dans lesquelles Dieu lui permet de se développer. Nous devons abandonner tous les malentendus, laisser le temps résoudre toutes les difficultés, c’est Dieu qui œuvre dans le temps, c’est l’esprit humain qui œuvre dans le temps. Par conséquent, si nos contemporains demandaient quoi faire, nous leur dirions : laissez tout se dérouler, donnez des conditions pour tout, pour le bien comme pour le mal, et à la fin des siècles, lorsque la nouvelle culture viendra, toutes ces choses se transformeront. Que faut-il faire dans les foyers ? Je vous donnerai encore la même règle car mes paroles sont toujours interprétées selon ce qui nous convient. Lorsqu’elles conviennent à la femme, elle dit : « Savez-vous ce qu’a dit le Maître ? Il a raison ». Et de l’autre côté, lorsque mes paroles conviennent à l’homme, il dit aussi : « Le Maître a raison ». Le domestique qui écoute, dit : « Sais-tu ce que dit le Maître ? » Non, non, je ne parle pas à des femmes et à des hommes, la question est indépendante des femmes et des hommes, indépendante des maîtres et des domestiques, je parle de la façon de vivre. Nous sommes des élèves, et si le bon maître m’a demandé de rendre un service, de nettoyer les chaussures de quelqu’un, cela ne veut pas dire que je suis son domestique ; ce sont des choses secondaires, l’important est le bon enseignement que nous devons assimiler. On dit souvent : « Soyons patients ». Selon cette philosophie il faut comprendre ainsi : si tu es impatient, sois encore plus impatient ; si tu es très patient, sois encore plus patient ; si tu es en colère, quelqu’un dit : « Qu’il soit en colère, ne le freinez pas » ; si quelqu’un parle beaucoup, qu’il continue ; s’il parle pendant une demi-heure, laissez le parler une heure entière ; s’il se tait une demi-heure, qu’il se taise une heure entière. Donnez à chacun ce qu’il aime. Ainsi le maître dit : « Laissez les pousser ! » Et à la fin des siècles, Il enverra ses serviteurs. Qui ? Le Christ sous-entend la culture future, lorsque viendront les êtres intelligents qui descendront sur terre : ils redresseront le monde d’une manière qui nous est maintenant inconnue. Si je vous racontais à présent comment sera la Nouvelle Vie, à quoi cela rimerait ? Je vais vous relater une anecdote. Une grenouille s’est trouvée dans une mare à côté d’une grande ferme où le lait était battu par un nouveau procédé et elle a rapporté cela aux autres. Deux grenouilles très curieuses se sont dit : « Voyons en quoi consiste les procédés de cet agriculteur ». Hop, hop ! elles vont dans la cour de la ferme, voient un chaudron et sautent dedans, il était rempli de lait ; elles sautent, elles sautent, mais n’arrivent pas à ressortir. « Que faire ? » Elles se sont mises à tourner ; elles ont tourné, tourné : « La culture humaine est ardue, notre eau est plus agréable, mais ceci n’est ni de l’eau, ni autre chose… c’est une drôle de culture » se disent-elles. « Ma sœur – a dit l’une – elles étaient sœurs – ma sœur, que devons-nous faire, je suis épuisée et je pense descendre au fond pour voir la culture qu’on y trouve. – Non, nous avons été déjà trompées une fois et nous ne sortirons pas. » L’une est descendue au fond et y est restée, et l’autre qui faisait tourner le lait, a obtenu du beurre, puis est montée dessus et a dit : « J’ai compris quelle est cette culture : battre le lait ». L’agriculteur a surgit, il a vu le lait battu et a dit : « Quel phénomène de la nature ! » Il a rameuté tous ses voisins : « Rendez-vous compte, j’ai laissé le lait frais et je le trouve déjà battu en beurre, comment l’expliquer ? L’impossible s’est produit ». Ce sont les grenouilles qui voulaient tester la culture des humains, et c’est l’une d’elles qui a battu le lait. Si j’essaie de vous décrire la nouvelle culture, je ressemblerais à l’une de ces grenouilles et alors vous expliquerez comment battre le lait d’une façon et moi d’une autre. Qu’a dit le maître : « Non, laissez les pousser jusqu’à la fin des siècles et alors j’ordonnerai la moisson ». Ainsi, pour en finir avec tous vos troubles – ils sont partout, pas uniquement en vous – laissez tout croître. Et nous, étudions et accomplissons la volonté divine. Il n’y a rien de mieux que d’éprouver, après une souffrance, le sens des insuccès, cela peut induire des moments si agréables ! En avez-vous vécu ? Oui, vous en avez vécu, ils sont peu nombreux, mais dans un tel instant, une telle expérience de paix, de silence, on a l’impression de converser avec les anges, avec toutes les créatures supérieures, et quelle élévation ressent-on alors ! Un instant pareil vaut plus que toutes les richesses. Ainsi, nous ne devons pas être troublés que le diable règne dans ce monde ; le diable règne et le Seigneur règne ; tous les deux règlent leurs comptes. Lorsque les maîtres règlent leurs comptes, les domestiques doivent se tenir à distance et les observer. Lorsque les domestiques se bagarrent, les maîtres ne se bagarrent pas, les domestiques disent : « Sais-tu ce que mon maître a dit ? » L’autre aussi parlera de la sorte et cela s’envenimera : « Prends ça, et puis ça ! » Les domestiques se rouent de coups les uns les autres et disent : « Maître, je t’ai défendu aujourd’hui, ce vaurien a dit des horreurs à ton sujet. – Tu as bien fait » répond le maître. Ce maître a dit : « Laissez les pousser ». Ne vous bagarrez pas avec eux, voilà la juste compréhension des choses. Tous ceux qui, depuis la nuit des temps ont tenté de lutter contre le mal, de le déraciner, ont toujours fini tout salis, et il leur a fallu des milliers d’années pour se nettoyer ne serait-ce que de la puanteur de ce mal. Sofia, 22 janvier 1922
  21. Pourquoi tes disciples mangent et boivent «Ils lui dirent aussi : pourquoi est-ce que les disciples de Jean jeûnent souvent et font des prières ; pareillement aussi ceux des Pharisiens ; mais les tiens mangent et boivent?» Luc 5:33 Les éclaircissements sur un verset peuvent être directs ou indirects : les explications directes sont pour les enfants et les indirectes pour les adultes. Lorsque le professeur de l’école primaire explique l’addition aux enfants, il prend des épis de maïs et dit : « Combien font un épi plus un épi ? » L’enfant répond craintif : « Deux ». Maintenant certains ont toujours le réflexe de dire : « Faites-nous toucher du doigt, voir » ; comme les petits enfants, eux aussi disent : « Un épi plus un épi font deux ». Pensez-vous qu’en disant : « Une graine d’épi et encore une font deux » permet de résoudre la question des épis ; pensez-vous que même en additionnant cent épis et cent autres épis nous avons résolu la question des épis ? Même si nous savons diviser et multiplier, la question sur le maïs, sur l’épi reste insoluble ; il faut d’autres connaissances pour la résoudre : connaître les conditions dans lesquelles ce maïs peut croître, quand le semer, quel sol privilégier, comment il se développe, comment l’utiliser et quelle est sa valeur ? Par analogie vous pouvez maintenant faire des comparaisons plus abstraites. Il y a par exemple en mathématiques des explications sur les fonctions : il y a des fonctions dans la physiologie, ce sont des fonctions physiologiques, des fonctions cardiaques, des fonctions cérébrales, des fonctions dans la vie sociale, familiale ; il y a des fonctions partout. Lorsque vous rentrerez chez vous, que ceux qui connaissent plus sur les fonctions disent ce qu’il en est. Quelle est la fonction de la femme ? Cuisiner. Celle du professeur ? Enseigner. Celle du prêtre ? Servir. Celle du voleur ? Dérober. Ce sont des fonctions du premier degré, c’est-à-dire des fonctions directes. Mais le professeur n’est pas né uniquement pour enseigner, le prêtre n’est pas né uniquement pour servir, c’est l’explication directe du verset : un épi de maïs et encore un épi de maïs font deux épis. En revanche l’explication indirecte d’une question ou d’une idée contient une connaissance plus fine sur l’objet lui-même. Nous pouvons prouver à quiconque que l’être humain a une âme tout comme nous pouvons prouver qu’un épi de maïs et un autre épi de maïs font deux épis : nous pouvons plonger n’importe qui dans un sommeil hypnotique, sortir son double en qui demeure l’âme, le matérialiser et voici qu’on obtient un individu et encore un : ils sont deux mais vivent tous les deux dans un seul être. Est-ce possible ? C’est possible. Nous les remettons l’un dans l’autre, ils s’assemblent et ensuite nous en retirons de nouveau l’un d’eux. Nous déroulons donc ce processus. Nous devons non seulement savoir comment sortir ce double, mais connaître aussi ces grandes lois grâce auxquelles l’âme se développe, croit et acquiert ses connaissances. Nous devons apprendre du maïs qui étend ses petites racines dans le sol noir ; il a un degré d’évolution inférieur au nôtre, mais une fois planté dans le sol, il peut assimiler les éléments qui nous sont nécessaires, si bien que notre vie dépend de ces éléments emmagasinés dans le maïs. Si les graines de maïs, de blé, de seigle n’assimilaient pas ces éléments vitaux, qu’adviendrait-il de nous, les gens intelligents qui nous croyons tellement civilisés ? Nous ne maîtrisons pas encore le savoir du maïs, du blé, du poirier, du prunier, mais nous disons tout de même : « C’est une pomme, c’est une poire ! » ou bien « Il est idiot comme une poire ! » Non, la poire dans son domaine est dix fois au-dessus de l’être humain du point de vue agricole. Les Turcs disent : « Persengui olsun », c’est-à-dire « Le compte est bon », mais ce n’est guère vrai au sens littéral du terme. Ce n’est pas vrai qu’un épi de maïs et un autre épi de maïs font deux épis et que le poirier est dix fois au-dessus de l’être humain ; c’est ainsi d’après les explications indirectes et non selon les explications directes, car alors ce serait l’inverse. Un débat peut s’engager ici, nous pouvons débattre là-dessus à n’en plus finir. Ces savants interrogent le Christ : « Pourquoi est-ce que les disciples de Jean jeûnent souvent, et font des prières ; pareillement aussi ceux des Pharisiens ; mais les tiens mangent et boivent ? » Est-ce une si grande science de jeûner, est-ce une si grande science de jeûner et de prier ? Non. Lorsqu’on te cadenasse la bouche, que peux-tu faire ? Tu jeûnes : ton estomac ne reçoit rien et tu dis : « C’est un jeûne ». Lorsqu’on te bat, tu prieras et tu feras même plus : « Je t’implore, maman ! » Certains pensent ainsi qu’ils font beaucoup, qu’ils ont jeûné et prié énormément : avec le fouet, tu prieras, et nous savons à quelle culture tu appartiens. Nos contemporains disent : « Mon médecin m’a interdit de manger, je suis au régime, il faudra jeûner ». Non, non, non. « J’ai mangé et j’ai bu jusqu’à présent, mais désormais je vais jeûner ». Quelle est cette culture ? Le Seigneur aurait-il besoin de notre jeûne et de notre prière, le Seigneur a-t-il besoin de nos larmes, de nos complaintes et de nos lamentations incessantes ? Deux étudiants discutent. L’un d’eux conseille à l’autre qui est pauvre d’aller chez son riche oncle, personne bonne et pieuse pour quémander de l’argent : « Va le voir, demande-lui de l’argent, mais fais en sorte de verser des larmes. Si tu pleures, il te donnera de l’argent, sinon il ne t’en donnera pas, c’est quelqu’un qui ne croit qu’aux larmes ». Il s’y rend et la tentative est couronnée de succès. Est-ce que nous ne constatons pas la même réussite en rendant visite à certaines personnes démunies ? Un journaliste nous décrit cet état – c’est ainsi qu’on décrit la famine chez les Russes – est-ce que notre cœur ne s’ouvre pas ? Il s’ouvre bien sûr. Et si cette nourriture n’allait pas aux malades, aux affamés, mais dans les poches des bien portants ? Le Seigneur aussi, lorsqu’Il envoie tant de nourriture, plus qu’il ne faut, est-ce qu’elle ne se perd pas quelque part dans les transports ? Le Seigneur envoie une commission pour voir ce que devient cette nourriture ; les gens sont affamés en Russie, en Angleterre, en Allemagne, en Bulgarie, et partout cette nourriture transportée a été perdue ; et que font tous les religieux ? « Prions le Seigneur pour qu’Il renvoie de la nourriture ! » et ils prient de nouveau. Chaque année le Seigneur envoie dix fois plus de nourriture que nécessaire et les gens finissent par se demander ce qu’elle devient. Et on dit que les disciples de Jean Baptiste, c’est-à-dire ceux de l’ancienne culture, jeûnent et prient comme les pharisiens, alors que ceux du Christ ne font que manger et boire. On nous demande maintenant : « Quelle est la voie du salut ? » Je vais vous narrer un récit et je vous laisserai ensuite tous seuls résoudre par les mathématiques le grand problème du redressement du monde. Dans le passé lointain, dans les temps antiques, vivait un roi célèbre, Ormuzd-Dei, disciple du Dieu Unique, Dieu de l’harmonie éternelle. Mais dans le royaume voisin se trouvait un confrère, le roi Salomon-Ra : il était païen et de surcroît il pratiquait les sacrifices, il sacrifiait des êtres humains à ses dieux. Le roi Ormuzd-Dei avait cinq filles très belles. La première, Adita, était la plus belle et la plus intelligente de tout le royaume. Alors, dans le cœur du roi Salomon-Ra naît le désir de voler les filles de Ormuzd-Dei. Lorsque cette idée lui est venue, il a appelé ses sages les plus puissants et leur a commandé d’ériger un palais qui s’ouvre et se referme par la magie, et qu’un tunnel soit creusé à partir de ce palais menant au royaume d’Ormuzd-Dei. Après cela, les filles d’Ormuzd-Dei ont commencé à disparaître de façon mystérieuse jusqu’à ce qu’elles soient toutes enlevées et enfermées dans ce palais régi par la magie pour empêcher leur libération. Vous direz : « Quel était son objectif ? Les épouser ? » Non, pas le moins du monde ; comme il pratiquait les sacrifices, il avait en tête de les sacrifier à ses dieux afin de devenir le roi le plus fameux dans le monde. Les cinq sœurs ont passé un an enfermées dans le palais. La deuxième année elles ont commencé à réfléchir, à chercher un moyen de se libérer. La plus grande sœur, Adita a trouvé dans sa chambre un livre laissé par les sages qui avaient fabriqué le palais : ils étaient de la loge Blanche. Adita comprenait le langage secret de ce livre où il était écrit que quatre clés se trouvaient quelque part : l’une était tournée à l’Est, l’autre à l’Ouest, la troisième au Nord, le quatrième au Sud ; pour ouvrir, tu tourneras une fois la clé à l’Est, deux fois la clé à l’Ouest, trois fois la clé au Nord et quatre fois la clé au Sud ; puis tu les tourneras à nouveau ; tu tourneras deux fois la clé orientale, trois fois la clé occidentale, quatre fois la clé septentrionale et cinq fois la clé méridionale ; tu tourneras à nouveau les clés : l’orientale, trois fois, l’occidentale, quatre fois, la septentrionale, cinq fois et la méridionale, six fois. En les tournant de la sorte, les nombres iront l’un après l’autre ; en le faisant trois fois de suite, se formera le nombre 12, ainsi vous déduirez le nombre de fois où il faut tourner l’orientale, le nombre de fois où il faut tourner l’occidentale, le nombre de fois pour la septentrionale et le nombre de fois pour la méridionale ; alors vous déduirez une corrélation mathématique et vous travaillerez. Après avoir tourné les clés de la sorte, une porte s’ouvrira pour les laisser sortir. Ainsi dit le sage dans ce livre : « Lorsque tu entreras, tu tourneras les portes dans le sens opposé : tu tourneras six fois la porte orientale, sept fois la porte occidentale, huit fois la porte septentrionale, neuf fois la porte méridionale ; à chaque nouvelle ouverture tu diminueras progressivement : à la deuxième ouverture : cinq fois l’orientale, six fois l’occidentale, sept fois la septentrionale, huit fois la méridionale ; à la troisième ouverture : quatre fois l’orientale, cinq fois l’occidentale, six fois la septentrionale, sept fois la méridionale. Lorsque tu sortiras, il y a d’autres clés, alors toi et tes sœurs vous rentrerez chez vous ». Ainsi : Pour sortir : 1ère fois 2ème fois 3ème fois Porte orientale 1 2 3 Porte occidentale 2 3 4 Porte septentrionale 3 4 5 Porte méridionale 4 5 6 Pour entrer : 1ère fois 2ème fois 3ème fois Porte orientale 6 5 4 Porte occidentale 7 6 5 Porte septentrionale 8 7 6 Porte méridionale 9 8 7 Tableau récapitulatif pour sortir et pour entrer : Porte orientale : 1, 2, 3, 4, 5, 6 Porte occidentale : 2, 3, 4, 5, 6, 7 Porte septentrionale : 3, 4, 5, 6, 7, 8 Porte méridionale : 4, 5, 6, 7, 8, 9 Vous me demanderez à présent : « Que devons-nous faire ? » Tournez la clé orientale une fois, la clé occidentale deux fois, la clé septentrionale trois fois, la clé méridionale quatre fois ; tournez encore une fois la clé orientale deux fois, la clé occidentale trois fois, la clé septentrionale quatre fois et la clé méridionale cinq fois ; et lorsque vous tournerez encore une fois la clé orientale trois fois, la clé occidentale quatre fois, la clé septentrionale cinq fois et la clé méridionale six fois, cette porte s’ouvrira. Quelle porte ? Celle du savoir afin de comprendre les voies impénétrables qui mènent à Dieu, au salut, c’est-à-dire à votre chez-soi. Maintenant, à propos de manger et de boire. Le Christ dit : « Si vous ne mangez pas et ne buvez pas la chair et le sang du Fils de l’Homme, vous n’avez pas de vie en vous ». Manger et boire ici doit concerner le Savoir, notre âme doit être assoiffée de Savoir. Nous recommandons la nourriture au sens large ; tous ceux qui s’instruisent et travaillent doivent manger, ils doivent beaucoup manger. Seuls les gens religieux croient qu’on peut manger peu ; ils doivent manger, manger beaucoup. Mais l’abondance de nourriture ne sous-entend pas de remplir son estomac, ce n’est pas cela se nourrir ; beaucoup n’est pas dans la quantité, beaucoup sous-entend toujours la qualité, et la vie qu’il faut manifester en soi. Le Christ leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les amis de l'époux pendant que l'époux est avec eux ? » Il fait cette comparaison pour montrer qu’ils ne peuvent pas jeûner tant que l’époux est avec eux ; il serait risible que ceux dont la grange est remplie de blé pleurent et jeûnent. Pourquoi ? Lorsque l’affamé pleure, c’est compréhensible ; lorsque quelqu’un prie pendant qu’on le roue de coups, je comprends ; mais lorsque le Seigneur lui donne tous les bienfaits, que doit-il faire ? Se réjouir, s’instruire, aider ses proches et lui-même. On veut donc nous présenter la vie telle qu’elle se déroule dans le palais du roi Salomon-Ra. Si nous nous y trouvons, nous serons sacrifiés aux cinq dieux, mais si nous avons le livre de ces sages-là, nous trouverons les clés qui nous guideront vers la porte pour retourner au foyer paternel. Maintenant, certains disent : « Montrez-nous le chemin ! » Il y a deux chemins. Si je me rends dans une riche demeure pour tuer le maître des lieux et faire main basse sur ses richesses, qu’est-ce que je gagne ? Si je sacrifie sa fille, qu’est-ce que je gagne ? Rien. La question n’est pas de tuer cet homme riche, mais de le laisser en vie, d’ouvrir son cœur pour qu’il consente volontairement à sacrifier une part de sa fortune et à ne garder pour lui que ce dont il a besoin, afin d’apporter à ses frères le reste de ce que Dieu lui a envoyé. Pensez-vous que si Dieu dépêche une commission, elle ne trouvera pas le blé, le maïs ? Il y aura pour tous les Bulgares du blé en abondance. Tous les Bulgares tergiversent maintenant, il y a tant de commissions nommées et qui ne savent trouver ni le blé ni le maïs ; non seulement en Bulgarie, mais aussi dans le monde entier, il y a des commissions de ce type, et on attend que les chimistes trouvent un moyen de pitance facile, des sortes de comprimés. Qu’adviendra-t-il de nous en attendant qu’ils trouvent cela ? La question concerne ce qui est déjà là sur place, ce n’est pas une question d’argent, que l’argent reste dans les caisses. Ce blé, ce maïs doivent être distribués à tout le monde, qu’ils puissent manger et boire ; nous tous, nous ne voulons pas d’argent : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ! » Il n’y a nulle part dans la prière du Seigneur : « Donne-nous aujourd’hui de l’argent », mais il est question de maïs, de pain. J’aimerais que tous commencent à tourner cette clé du Savoir au lieu de prier. Je vous dirai maintenant pourquoi vous n’avez pas tourné cette clé. Beaucoup parmi vous qui m’écoutez depuis tant d’années, je vois que vous vous demandez encore si cet Enseignement est véridique ou bien s’il peut y avoir un autre enseignement. Il n’y a pas dans le monde d’autre enseignement que l’enseignement de l’amour ; Il n’y a pas d’autre enseignement dans le monde que l’enseignement de la sagesse divine, je ne connais pas d’autre enseignement ; et si vous pensez qu’il y en a un autre, c’est que vous êtes trompés par Salomon-Ra. Rappelez-vous que l’amour est uniquement pour les bien portants, l’amour n’est pas pour les malades ; les malades ne peuvent pas aimer : sachez-le, les malades, les morts n’aiment pas, seuls les vivants, remplis de l’Esprit Divin ont le cœur rempli d’amour, l’amour agit en eux. Je ne voudrais pas de l’amour des défunts ; l’amour n’est pas accessible aux malades et aux ignorants, et la sagesse ne leur est pas accessible : les ignorants n’ont pas d’amour et ceux dont le cœur n’est pas généreux n’ont pas d’amour. L’amour est une force constante et intelligente dans le monde, dans laquelle Dieu demeure, donc si quelqu’un dit : « J’aime », je lui demande : « Es-tu malade ? – Je suis malade ! – Alors l’amour ne t’a pas encore illuminé. » Venons-en au positif, pensez avec force et ne vous trompez pas ! Si votre cœur est malade, l’amour n’est pas encore venu ; si votre pensée est malade, la sagesse n’est pas encore venue ; si votre volonté hésite, vous ne savez pas tourner les quatre clés d’Adita. Connaissez-vous Adita ? J’aimerais que vous soyez tous Adita : Adita est la substance primordiale de la sagesse dont découlent toutes choses. On interroge le Christ : « Pourquoi tes disciples mangent et boivent ? » Parce qu’ils sont bien portants, seuls les bien portants mangent et boivent. Mais comprenez-moi, je parle aujourd’hui sur le principe : je dis « seulement les bien portants », car les malades mangent aussi, mais ce n’est pas manger : lorsqu’on verse mille litres d’eau dans une cruche fêlée, cette eau se perd ; je demande : est-ce que cette cruche se nourrit ? Non. Les malades mangent comme une cruche fêlée et les bien portants comme une cruche intacte. Quelqu’un dit : « Je mange beaucoup, mais je reste sec comme un hareng ». Tu es une cruche cassée, une cruche fêlée ; mais maintenant d’autres rétorquent : « J’ai grossi d’avoir trop mangé ». Grossir n’est pas non plus manger : l’eau dans la cruche a trop de dépôts qui ont obstrué les parois de la cruche à l’intérieur et cela cause l’engraissement, ce sont des dépôts de boue. Ainsi manger consiste à ne pas être sec ou gros mais entre les deux. Manger sous-entend toujours que celui qui mange avec justesse est illuminé comme une bougie, son cœur doit être rempli de joie et de reconnaissance envers Dieu : tant que votre cœur est rempli de joie et de reconnaissance, vous mangez comme il faut, mais à l’instant où vous perdez cette joie et cette reconnaissance, vous êtes une cruche brisée. Je ne dis pas vous pour vous, ce vous est une tournure grammaticale, et vous n’êtes pas un vous grammatical ; vous êtes une unité distincte, en dehors de la grammaire. Par conséquent, deux choses sont nécessaires dans la nourriture : manger et boire. Manger signifie transformer la nourriture solide en liquide ; pour ce faire, il faut impérativement s’abreuver en parallèle ; donc deux qualités sont requises pour savoir transformer cette matière en mangeant. Après chaque repas, tu dois maintenant transformer ce que tu as mangé en sentiment, et en un sentiment le plus sublime possible : c’est une richesse, un élan pour le cœur ; et ne pas nous arrêter là, mais transformer cette énergie avec notre pensée de façon qu’elle soit la plus sublime, la plus élevée, alors le développement de notre âme va dans le bon sens et ces fonctions bâtissent progressivement notre organisme. Nous nous arrêtons à présent constamment sur l’enseignement de Jean Baptiste et sur celui des pharisiens. Le Christ énonce que lorsque l’époux est avec eux, ni l’un ni l’autre de ces enseignements n’est à sa place : lorsque le soleil réchauffe votre chambre vous n’avez pas besoin de poêle, mais lorsque ce soleil s’éloigne vers le pôle Nord, dans les nuits boréales, vous aurez alors besoin de votre poêle, vous aurez alors besoin de votre petite bougie. Je ne dis pas que ces enseignements sont inutiles, mais l’enseignement de Jean Baptiste et l’enseignement des pharisiens ne sont pas l’enseignement du Christ. Puisque le riche qui mange et boit demeure constamment mécontent, il se dit : « Oui, mon âme est assoiffée de quelque chose, mon âme aspire à quelque chose », il est affamé. Aujourd’hui, tous sont affamés, ils ont un désir insatisfait, ils sont tous malades. Vous dites : « Nous sommes malades » ; oui, tous sont malades. Qu’ils soient tous malades se voit dès que tu touches légèrement quelqu’un, il clame aussitôt : « Ne vois-tu pas que je suis malade, nerveux, indisposé, ne sais-tu pas que j’ai mal dormi cette nuit ? » Dès que tu effleures quelqu’un, il s’emporte aussitôt. Sinon, nous lisons, nous décortiquons la Bible pour voir ce que le Christ a dit : le Christ a dit que ses disciples savaient comment manger et boire. Nous devons apprendre cette façon de nous nourrir. Le mot manger est symbolique, le mot boire aussi. Si manger concernait tous les domaines de notre vie, si boire concernait tous les domaines de notre vie et pas seulement l’aspect extérieur, il y aurait chez tous le désir d’apprendre à manger et à boire ; non pas se goinfrer ni s’enivrer, mais que tous soient joyeux, rassénérés, gais et que tous disposent du nécessaire que Dieu nous a donnés pour notre vie. Donc, lorsque Dieu nous a envoyés sur terre, Il a pensé à tout. Savez-vous pourquoi ces souffrances surgissent ? Le Seigneur vient rétablir sa loi de manière autoritaire et demande : « Où est le maïs, où est le blé ? Appelez le directeur de la pension pour nous dire où est le pain pour les enfants, la confiture, les pommes, les poires que j’avais envoyés. – Nous les avons vendus. » Pourquoi ? Pour avoir de l’argent et s’acheter de jolis chapeaux, des habits et pouvoir sortir comme des coqs en pâte ! Après, que les gens meurent de faim… « À présent, allons à l’église ! » Tous sont en tenue et le Seigneur les trouvera tous bien vêtus. Pour être en tenue, ils sont tous en tenue, mais certains de leurs frères ne le sont pas ! Le Seigneur demandera : « Pourquoi vos frères sont-ils affamés et assoiffés ? » Alors tous ces riches bien habillés se trouveront dans la situation du riche qui, une fois mort s’est trouvé dans le lieu du tourment. Certains pensent : « Est-ce qu’un tel jour arrivera ? » Je vous dis que le Seigneur enverra tous ces riches, jusqu’au dernier, à l’endroit où l’on n’entend que des grincements de dents. Alors on raconte souvent cette anecdote pour faire rire : un curé grec se plaint à son domestique : « Eh, Stoyan, je n’ai pas bien servi le Seigneur, nous allons grincer des dents de l’autre côté – Eh, mon père, toi au moins tu n’as pas de dents, tu les as déjà perdues ». Nous devons aussi revenir aux paroles du Christ. Il faut manger et boire comme ses disciples ont mangé et bu, il faut appliquer l’enseignement du Christ dans le monde chrétien moderne – ne se disent-ils pas tous chrétiens – et le plus petit bienfait est celui qui est inscrit dans la prière du Seigneur : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ! » Si on se demande ce que le Christ veut aujourd’hui, le programme minimal est celui-ci : donnez à vos frères le pain de ce jour. Vous parlerez maintenant de salut, de ceci, de cela, de tout, sauf de ce que le Seigneur exige ici sur terre ; on citera ce qu’ont dit les auteurs en Allemagne, en France, ce qu’a dit tel ou tel prédicateur, très bien, nous applaudissons à tout cela, mais nous ne comprendrons toutes les choses que les gens ont dites que si nous nous sommes bien nourris, si notre cœur est chaud, notre pensée éclairée et notre volonté infaillible, alors nous comprendrons le monde qui nous entoure. Et alors vous aussi, vous me comprendrez. Ainsi j’ai nommé le jeûne du repos. Seul celui qui a beaucoup travaillé a le droit de se reposer. Dans ce cas, le jeûne lui servira de moyen pour renouveler son organisme et la prière lui servira de moyen d’assimiler du savoir et de la sagesse ; le disciple priera son maître de l’enseigner, il priera pour obtenir du savoir. Si les enseignements de Jean Baptiste et des pharisiens sont appliqués de cette façon, ils vont dans le bon sens, alors que nous les contemporains, après avoir dissimulé le maïs et le blé dans nos maisons, nous allons ensuite prier le Seigneur : « Seigneur, nous sommes de grands pécheurs, nous avons dissimulé le blé et le maïs, que faire maintenant ? » Allumer une bougie ? Non, le Seigneur dit : « Tu as dissimulé ce maïs et ce blé. Puisque tu as conscience de tes fautes, tu iras rendre le maïs et le blé à tes frères affamés ». Vous aussi, vous rendrez le maïs à votre frère car je vois dans vos chambres beaucoup de maïs dissimulé ; au sens très large, il y a chez vous, les dévots, du maïs caché, mais le destin se penchera sur vous en premier. Il y a dans ce monde un destin pour les pécheurs. On demandera aussitôt : « Comment as-tu osé dire la vérité, pourquoi t’autorises-tu à ne jamais mentir, qui t’a donné le droit d’être miséricordieux et honnête, pourquoi n’as-tu pas volé, pourquoi n’as-tu pas dévalisé les autres ? » et ainsi de suite. Pour tous ces crimes et d’autres encore les juges délibéreront que tel homme, juste sur la terre, est condamné ; condamné à quoi ? À payer une amende ici sur terre, que les accusés au titre de l’article 4 doivent payer 4 milliards de levas et se faire confisquer tous leurs avoirs. Au contraire, les justes devant le Ciel sont « condamnés » à récupérer en double tous leurs avoirs et à obtenir les conditions d’une vie meilleure et plus heureuse : c’est ainsi qu’on condamne de l’autre côté. On a demandé au Christ : « Pourquoi tes disciples ne font-ils que manger et boire ? » Comment ne pas manger et boire puisqu’ils m’ont condamné avec une telle sentence. Puisque je suis condamné de la sorte, je donnerai à tous un excellent banquet, un festin ; j’ai été condamné hier, on a prononcé un jugement remarquable, je vous donnerai un festin : mangeons et buvons pour fêter cette condamnation ! Donc la condamnation dans le monde spirituel a précisément l’effet inverse de la condamnation sur terre, et la vie céleste est l’exact contraire de la vie du terre : les gens sont maîtres dans l’art de dire la vérité là-bas pendant qu’ici ils sont maîtres dans l’art de mentir ; dans l’autre monde ils excellent dans l’art de remplir ton coffre alors qu’ici ils excellent à le vider ; là-bas ils excellent dans l’art de te parer d’une nouvelle tenue alors qu’ici ils excellent dans l’art de te dépouiller de tes vêtements dans le parc, et que tu sois obligé de rentrer chez toi en caleçon. Interprétez en sens inverse la vie terrestre pour trouver comment est la vie céleste, il n’y a aucune exception à cela. Si quelqu’un débat là-dessus, je le lui démontrerai. De quelle façon ? L’un des sultans turcs a posé trois questions à un hodja savant : 1. Quelle est la distance jusqu’au Soleil, 2. Quelle est la distance jusqu’à l’autre monde et 3. Quelle est la distance de la Terre à la Lune. Le hodja est revenu et a répondu : « Le Soleil est à une distance de 12 heures car douze heures après il se lève de nouveau. Le chemin jusqu’à l’autre monde est très long car mon père, parti il y a 33 ans, n’y est toujours pas arrivé. Et la distance de la Terre à la Lune est aussi grande que le fil de cette pelote. Si tu ne le crois pas, prends en un bout et va vérifier ». Ce sont des preuves indirectes et non directes. Maintenant, la règle sur les quatre clés que je vous ai donnée, arrêtez un moment et faites un essai, juste une manipulation. Comment traduire le mot manipulation en bulgare ? C’est savoir guider sa main. Tu es en situation délicate, arrête, tourne la clé orientale une fois, tourne la clé occidentale deux fois, la clé septentrionale trois fois, la clé méridionale quatre fois ; note-le et recommence : tourne la clé orientale deux fois, la clé occidentale trois fois, la clé septentrionale quatre fois et la clé méridionale cinq fois ; tourne les encore une troisième fois et regarde ensuite ce qu’il adviendra avec ta pensée. Imaginez que vous êtes Adita et que vous vous trouvez dans cette prison, et lorsque vous en ressortirez, ne sortez pas seuls, mais emmenez aussi vos sœurs avec vous. On a demandé au Christ : « Pourquoi tes disciples ne font pas comme ceux de Jean et des pharisiens ? » Chaque disciple est à sa place : ceux de Jean sont pour Jean, ceux des pharisiens sont pour les pharisiens et les miens sont pour moi, dit le Christ. Les autres se préparent pour mon enseignement et comme les miens sont déjà passés par le jeûne et la prière, c’est pour cela qu’ils mangeront et qu’ils boiront ». Je prends les mots manger et boire au sens du processus que traverse l’âme pour arriver à l’amour et à la sagesse ; lorsque ces deux vertus emplissent entièrement l’être humain, il commence à résoudre tous les problèmes de la société et partout il peut aider les autres. On ne peut pas aider le monde entier, mais on doit d’abord savoir comment s’aider soi-même : tu es affligé, tu dois savoir soigner ton affliction ; tu es dans l’incompréhension, tu dois d’abord savoir comment sortir de cette incompréhension ; tu manques de volonté ou bien ta volonté est faible, tu dois savoir comment la forger. Tout comme le maïs sait laisser pousser ses radicelles pour assimiler les nutriments qui lui sont nécessaires, de même nous devons par la même loi savoir mener nos expériences. Ne pensez pas que nous éviterons les souffrances dans ce monde, non ; ce maïs éprouve aussi mille difficultés, mais il lutte et les surmonte ; lorsque l’humidité vient, le maïs utilise chaque instant et chaque épisode humide pour pousser et se développer. Maintenant le Christ vous recommande à tous de manger et de boire ainsi. Manger est synonyme d’étudier le Verbe, et si nous, les contemporains, nous sommes pauvres, c’est parce que nous ne mangeons pas. Nous ne sommes pas simples d’esprit, mais pauvres ; nous ne nous percevons pas comme simples dans le monde et puissants en Dieu, mais au contraire puissants dans le monde et simples en Dieu. Non, nous devons avoir la conscience d’être simples dans le monde, mais puissants en Dieu, voilà l’enseignement du Christ. Chacun doit bien nourrir son âme, bien nourrir sa pensée, bien nourrir son cœur : manger et boire. Et alors, prenez exemple d’Adita et tournez la clé. Quelle est la première clé ? La clé orientale. Je vous dirai, j’irai un peu plus loin pour résoudre le problème : tournez votre première clé qui est à l’Est, la clé de votre esprit ; tournez votre deuxième clé qui est l’Ouest, c’est votre âme ; tournez votre clé qui est au Nord, c’est votre pensée ; tournez enfin votre quatrième clé qui est au Sud, c’est votre cœur. Tournez ces clés, mangez et buvez, n’ayez crainte ; si quelqu’un vient vous juger, venez auprès de moi, je permets de manger et de boire au sens plein du terme, non comme une cruche brisée mais comme une cruche intacte ; ainsi, votre tête, votre cœur, tout sera lumineux, vous serez bien portants et rassénérés, vous allez vibrer comme la rosée du matin et vous porterez cette grande bénédiction. Que notre volonté, notre âme et notre esprit répandent la bénédiction à travers le monde entier. En vous levant le matin, frottez-vous les mains et pleurez, ce que font aussi les petits enfants ; leur mère vient et leur dit : « Le lait arrive, chéri. – Il y a du lait ? » L’enfant se réjouit, mais d’abord il a pleuré pour manger. Vous aussi, songez en vous levant le matin à manger d’abord : tournez la clé de votre esprit ; que mangerez-vous, que boirez-vous ? Tournez la clé de votre âme : « Mais ce que nous mangerons et que nous boirons, comment le mettre à profit ? » Tournez la clé de votre pensée : « Quels seront les résultats ? » Tournez la clé de votre cœur ! Vous aurez ainsi une solution juste à toutes les difficultés, non pas en une seule fois, ne vous pressez pas, mais peu à peu. J’observe que tous les religieux veulent résoudre toutes les questions d’un coup. Certains viennent me demander : « Dis-moi d’où provient le Seigneur ? » Un dévot va chez un missionnaire, prend la Bible, il l’ouvre par la fin et demande : « Explique-moi ce que cela signifie ». Le missionnaire lui répond de la même façon : il ouvre la Bible au début et lui demande : « Explique-moi ce que cela signifie ? » On pose la question du quoi d’un seul coup. Je me rends à Sliven et certains disciples me demandent : « Quel est le sens de la vie ? » Je les regarde et je leur dis : je vous donnerai une explication. Il y a dans notre galaxie cent millions de soleils, vous passerez une vie entière sur chacun de ces soleils, puis revenez et je vous dirai alors le sens de la vie. Attends, attends, tu dois d’abord apprendre comment manger et comment boire, la première chose est d’apprendre à manger et à boire comme il faut, et c’est alors que tu résoudras les grandes questions sur la sagesse divine, c’est alors que nous parlerons sur ces questions, sur l’origine des choses, pas indirectement ou directement. « Pourquoi est-ce que les disciples de Jean jeûnent souvent, et font des prières ; pareillement aussi ceux des Pharisiens ; mais les tiens mangent et boivent ? » Mangez et buvez, remerciez Dieu pour tout ce qu’Il vous a donné ; le petit est toujours béni. 15 janvier 1922, Sofia
  22. Conversation avec le Maître[1] Pourquoi les juifs ne mettent pas eux-mêmes la volaille à mort ? À l’avenir, non seulement les juifs, mais plus personne ne mettra les animaux à mort. Alors, un jeune homme qui veut se marier ne tuera ni poules ni aucun autre animal, ses mains ne doivent pas être salies par des meurtres et par du sang. Vous direz qu’un animal est un être inférieur et que chacun peut porter atteinte à sa vie. Selon moi, il n’en est pas ainsi : tout comme on se recueille à la mort d’un être humain, avec une messe, avec un enterrement, de même il faut se recueillir à la mort du cochon ou de l’agneau égorgé. Il n’y a pas d’action qui ne produise des réactions au plus tard dans quatre générations ; sache que si tu accomplis un meurtre aujourd’hui, tôt ou tard tu en assumeras les conséquences. Ce que vous faites, faites-le par amour et non par crainte : voilà ce qu’exige la morale divine. Comment se manifeste la morale divine ? Par la loi de l’amour. Il n’existe pas d’autre morale que l’amour. Pourquoi ? Parce que si tu aimes, tu ne feras jamais de mal à celui que tu aimes ; l’amour exclut toute forme de mal et de crime. De quel amour parle-t-on ? Peu importe lequel. Quelle que soit sa source, si c’est l’amour, il ne fait pas de mal ; il peut se limiter, il peut aussi te limiter, mais il ne commettra jamais le mal. Que direz-vous de l’amour animal ? Les animaux aussi manifestent l’amour, ils ont aussi une conscience, même si elle est limitée. Celui qui s’occupe d’animaux doit être compréhensif à leur égard ; en étudiant les animaux, vous comprendrez le degré de développement de vos propres sentiments et aptitudes. Les plantes aussi ont une conscience ; seul celui chez qui la morale de l’amour est développée peut comprendre cela, il approchera les plantes comme ses plus petits frères, et elles l’accueilleront comme leur invité. Faut-il abattre des arbres des forêts ? Il ne faut pas. Comment se chauffer alors ? Lorsque la conscience humaine dictera de ne plus couper les arbres, alors on utilisera l’énergie électrique non seulement pour s’éclairer mais aussi pour se chauffer. Lorsqu’on parle de morale divine, il faut l’accepter et l’appliquer sans transiger. Comment nous chauffer, comment trouver du matériel de construction ? Inutile d’y réfléchir : applique cette morale sans te préoccuper du reste, elle apportera ses bienfaits. On ne vit pas une seule fois sur terre, voilà pourquoi ce qui est acquis aujourd’hui, portera ses fruits à l’avenir ; la vie d’aujourd’hui prépare les conditions futures. Ayez en tête d’avoir une attitude amicale envers les plantes : votre pensée doit influencer celle des autres qui feront évoluer leur attitude envers les plantes ; il suffit de traverser la forêt avec l’idée de ne pas couper les arbres pour que d’autres accueillent aussi cette idée. Quelqu’un entre dans la forêt, une hache à la main avec l’intention de couper un grand arbre, mais en captant ta pensée, il s’arrête devant l’arbre et se dit : « Je ne l’abattrai pas, je m’en passerai ». Sans qu’ils s’en doutent, les gens de bien laissent leurs bonnes idées partout dans le monde, et elles montent la garde telles des sentinelles : c’est une loi que peu connaissent. Les forêts que vous voyez à l’extérieur existent aussi dans l’être humain, dans son organisme. Si vous aviez les yeux du clairvoyant, vous verriez en l’être humain tout le royaume végétal, tout le royaume animal, comparables à ceux de l’extérieur ; par conséquent, lorsque les forêts sont abattues dans la nature, cela se répercute aussi sur les forêts en l’être humain. Des délits et des coupes sauvages ont lieu en Bulgarie, mais aussi partout ailleurs, notamment en Amérique où l’on coupe des centaines d’hectares de forêts tous les ans. Nulle part ailleurs la neurasthénie n’est aussi virulente qu’en Amérique. Les raisons de la neurasthénie sont aussi dans l’extermination aveugle des animaux ; les américains en prennent conscience et interdisent par la loi l’extermination des animaux et l’abattage des forêts, la cause végétarienne se fraie un chemin en Amérique. Chez le Bulgare le sentiment destructeur est très développé, il n’y a pas d’arbre qu’il n’ait pas essayé avec sa hache : entrez dans une forêt pour voir combien d’arbres sont entaillés par la hache du Bulgare, cependant il subit aussi cette pratique sur son dos : que quelque malheur surgisse, il passera toujours par la Bulgarie pour la hacher menu ! Ceux qui savent lire verront l’histoire qui y est écrite. Commencez par la nouvelle morale et observez cette règle : ce que Dieu a semé ne doit pas être arraché par l’être humain. À l’avenir lorsque la vue se développera, on percevra dans son organisme les mêmes plantes et animaux que dans la nature environnante, et c’est pour cette raison qu’en étudiant les lois de la grande nature intelligente, on s’étudie soi-même. Est-il vrai que lorsqu’elles prédominent chez l’être humain, certaines plantes sont déterminantes pour son développement spirituel ? C’est vrai. Il y a des plantes qui prédominent plus chez certains que chez d’autres, ce qui explique le degré d’avancement de leur développement spirituel. Chez les uns la couleur rouge prédomine, chez d’autres la couleur bleue, jaune ou verte, ainsi de suite ; chaque couleur donne un caractère spécifique à l’être et indique en même temps la direction qu’il a empruntée : vers le haut ou vers le bas, à droite ou à gauche. On dit que l’être humain est un être pensant : puisque la pensée est porteuse de lumière, l’être humain est lumière. Celle-ci a créé les formes vivantes dans le monde. Lorsque la lumière terrestre est en harmonie avec la lumière divine, alors l’être humain s’illumine. Tant qu’il est sur terre, l’être humain est un transformateur de la lumière divine. Pourquoi nous ne réussissons pas parfois dans notre vie ? Parce que vos affaires s’alourdissent et vous n’avez pas de méthodes pour diluer la matière dense. Quelqu’un se plaint qu’il ne peut pas tisser ; savoir tisser est du grand art ; tu regardes le métier en croyant que c’est facile, mais lorsque tu commences à manier la navette tu vois que tu en es incapable. Ne vous découragez pas, mais commencez par ce qui est élémentaire et continuez avec ce qui est plus compliqué. Dieu a strictement défini le programme de chacun, donc chacun est capable de le dérouler. C’est une autre question si on a des velléités de dépasser ce cadre, il faut pour cela une force singulière, peu en sont capables. Ainsi, lorsque tu te lèves le matin, dis-toi : « Je peux accomplir tout ce que Dieu a prévu pour la journée ». Si tu commences à en douter ou à philosopher, tu te freines toi-même. Par exemple, Dieu a ordonné que tu travailles aujourd’hui pour grandir d’un millimètre en hauteur ; tu dis : « Est-ce que je peux grandir autant ? » Travaille et ne doute pas, tu grandiras autant qu’il t’a été octroyé. Tu dois atteindre 1 mètre 60 de hauteur : tu travailleras et tu ajouteras chaque jour un peu plus à ta taille. Les yeux, le nez, la bouche, les oreilles dont l’être humain disposera sont prédéterminés et s’il ne s’immisce pas dans ce plan, celui-ci se déroulera précisément comme il a été prévu. La profession qu’on exercera est aussi prédéterminée, pas une seule d’ailleurs : vous en avez cent à votre disposition, à vous de choisir l’une d’elles, mais vous n’avez pas le droit de prendre une autre profession en dehors des cent. On meurt avant même de réaliser un centième du programme prédéfini ; il a été prévu que tu sois savant, mais tu souhaites être un homme d’état. Pourquoi changes-tu ta prédestination ? « Je veux être comme mon ami. » Ce serait une imitation, n’imite personne mais accomplis ton programme. Tu es né pour être savant ? Tu prendras le microscope et tu mèneras des recherches scientifiques ; tu es né pour être poète ? Tu prendras la plume et tu accompliras le programme qui t’est donné. Dis-toi : « J’accomplirai tout ce que Dieu a prévu pour moi. Je réaliserai tout ce qu’Il a déposé en moi. Les conditions qu’Il m’a données, je les exploiterai intelligemment. J’agirai comme Dieu l’a ordonné ». Beaucoup se demandent : « Est-ce que je peux accomplir le plan que Dieu a tracé pour moi ? » Cette question ne se pose pas. Un jour, avant de partir de l’autre côté, tu peux alors te demander : « Est-ce que j’ai accompli ce qui m’a été tracé ? » Si tu n’as pas tout fini, tu le mettras dans ton esprit comme une mission pour la vie suivante. L’être humain est venu sur terre pour croitre et se développer, et non pas pour être affligé et dépérir, ni pour être chétif, maladif, miséreux, alors que le programme divin est tout autre : lorsqu’on suit ce programme, tout s’arrange. Que direz-vous de ce buffle qui quitte la forêt pour aller parmi les humains ? Pourquoi il quitte la forêt ? Pour apprendre quelque chose de nouveau parmi les humains. Il apprendra à labourer leurs champs. Selon moi la situation du buffle dans la forêt est meilleure que celle au service des humains ; dans la forêt il est libre alors qu’il est asservi dans la maison de son maître. Il en est de même pour les humains : lorsqu’ils perdent leur liberté, ils entrent dans la société civilisée pour être aiguillonnés. Il ne faut pas sortir du plan divin, l’aiguillon attend celui qui en sort. C’est ainsi qu’en a décidé le Seigneur ; si vous n’accomplissez pas la volonté divine de votre plein gré, vous l’accomplirez sous l’aiguillon, cela ne souffre aucune exception. Le salut de tous est dans l’accomplissement du plan divin. Chacun suit son chemin. Innombrables sont les aptitudes des êtres ! Et malgré cela, ils aspirent à la civilisation alors qu’elle n’apporte rien. On conduit souvent les élèves à des spectacles, on leur donne à lire une multitude de romans ; ce n’est pas mauvais, mais ne discernant pas la vérité, ils tentent d’imiter les héros et ils se causent du tort tout seuls. Le jeune dit : « Voilà une occasion de devenir un héros » ; le vieux dit : « Ah, si j’étais jeune ! » Que ferais-tu si tu étais jeune ? Tu ferais des bêtises. De surcroît, l’auteur du roman n’a probablement pas relaté les faits comme ils sont réellement, peu sont les écrivains qui exposent la réalité. Vous direz que les héros représentent des gens intelligents. Oui, des gens intelligents qui jouent aux billes ! Intelligent est celui qui prévoit dix ans à l’avance le mal qui le frappera, et il peut ainsi l’éviter. Vous direz que les héros sont courageux, intrépides ; s’ils sont courageux et intrépides c’est une chose, s’ils sont courageux et idiots c’en est une autre. Nous avons besoin de nouveaux écrivains, de nouveaux romanciers pour exposer ce qui est important dans la vie ; si le romancier tire son héros des bas-fonds de la société, de la boue humaine pour l’élever à la position d’un homme véritable, alors ce héros est digne d’être pris comme exemple. Mais si tu prends un héros de la haute société pour le rabaisser à la marche la plus basse de la vie, ce héros incitera les jeunes à la tentation. Les nouveaux écrivains viendront pour donner une nouvelle direction à la pensée humaine. Quel profit pouvez-vous tirer de mes connaissances si je les étale sans vous donner les moyens de vous les approprier : c’est comme prêter de l’argent avec des intérêts ; l’usurier n’y gagne rien, au contraire il est perdant ; il est gagnant en apparence, mais en réalité il est perdant ; celui qui prête de l’argent avec des intérêts abrège son espérance de vie. J’ai observé beaucoup de cas semblables dans ma vie : si tu es usurier, tu dois devenir complètement insensible ; il tente de se protéger, mais son affaire tourne mal. L’usure n’est pas un moyen d’enrichissement. Je l’ai déjà dit en plaisantant : si tu veux rallonger ta vie, emprunte de l’argent ! Pourquoi en est-il ainsi ? Puisque tu dois de l’argent, ton créancier va prier pour que ta vie soit prolongée pour que tu puisses le rembourser. Il vaut mieux emprunter de l’argent qu’en prêter, il vaut mieux ôter le mal des gens et leur donner le bien, c’est-à-dire ne pas prêter du mal. Les Américains l’ont compris et ils ont mis en place un excellent système d’échange ; en Amérique les gens évitent de se causer du mal : quand un pauvre demande de l’aide au riche, celui-ci lui dit : « Voilà, j’ai une grande maison, j’ai besoin d’aide. Viens chez moi : tu allumeras les poêles, tu balaieras et tu pourras t’instruire si tu veux ». Beaucoup de pauvres parviennent ainsi à financer leurs études supérieures. Plusieurs étudiants louent une maison et forment un club ; ils ne prennent pas de domestiques, mais accueillent des étudiants pauvres qui travaillent dans la cuisine, nettoient et lavent le salon ; ainsi ils se nourrissent et étudient ; au milieu de dix étudiants riches, il peut y avoir dix étudiants pauvres qui seront diplômés grâce à leur labeur. Chez nous, beaucoup attendent après les autres ; il faut créer du travail pour tous. Que direz-vous pour ceux qui vieillissent ? Qui vieillit ? Aucun vieillissement n’est prévu dans le programme divin ; si tu vieillis c’est que tu es en dehors du cercle de la vie, on t’enverra de l’autre côté et dans quelques temps tu reviendras jeune et prêt à travailler. Par vieux, j’entends quelqu’un d’intelligent ; tu peux donc vieillir, c’est-à-dire gagner en intelligence, mais ne pas finir grabataire, ceci n’est pas prévu dans le programme divin. Lorsque vous accomplissez le grand dessein divin, vous vivrez et vous partirez de l’autre côté sans avoir été un fardeau pour personne. On attend de tous d’entrer dans la vie nouvelle, de s’immerger dans l’atmosphère nouvelle. Imaginez une société de cent à deux cents individus, tous nobles et intelligents. Il suffit qu’ils unissent leur capital spirituel et matériel pour accomplir des miracles. Faisons le calcul suivant : nous prenons cent personnes qui sont chacune reliée à dix mille autres ; dix mille fois cent font un million ; sais-tu ce que représentent un million d’individus animés d’un même esprit ? Chacun d’eux est relié à dix mille autres du monde astral, donc un million de fois dix mille font dix milliards. Imaginons que les cent personnes sont sur le champ de bataille ; chacune a derrière elle une arrière-garde d’un million de soldats qui ont eux-mêmes une réserve de dix mille ! Comme vous le voyez, pour chaque chose on peut faire dix mille tentatives. S’il y a pour chacun dix mille possibilités pour réaliser un travail, imaginez combien de possibilités s’ouvrent pour dix mille personnes ? Vous dites : « Que peuvent faire cent personnes ? » Si tu es seul, tu ne peux pas beaucoup, mais lié à dix mille personnes, c’est une arrière-garde sur laquelle tu peux compter ; avec un tel renfort, même la digue la plus puissante peut être brisée. En vous sachant entourés ainsi, ne vous découragez pas : un seul pourchassera dix mille. Et deux ? Les deux, ce sont les deux principes. Il y a encore dix mille derrière le second. La première chose : faire naître en chacun la conscience de cette arrière-garde puissante ; c’est le Seigneur qui est derrière. Personne ne peut invoquer l’aide directe du Seigneur, vous suivrez progressivement les hiérarchies l’une après l’autre jusqu’à parvenir finalement auprès du Seigneur où tout se fait instantanément. L’humanité actuelle est arrivée aux confins de la demeure du Christ. Le Christ a entrepris d’aider l’humanité à terminer tout le travail, il travaille avec la loi du million, c’est pour cela qu’il est dit dans les Écritures : « Mille aideront mille autres », ce qui montre que nous avons une troupe à nos côtés et que nous pouvons tout accomplir grâce à elle. C’est là le sens de la vie : si nous ne vivons que pour nous-mêmes, nous ne laisserons rien sur terre, si nous vivons pour le Seigneur, nous travaillerons aussi pour les autres ; celui qui ne vit que pour lui, n’a pas compris le sens de la vie. Celui qui comprend la loi des dix mille et du million, peut sans crainte aller à l’endroit le plus éloigné du monde, l’un des dix mille te rencontrera, te servira et te recommandera à d’autres ; où que tu ailles, au moins l’un des dix mille t’accueillera, tu ne resteras pas seul, tu seras accueilli et servi dès la première station. Quand cela arrivera-t-il ? Lorsque tu te diras : « Tant que je suis dans ce cercle, avec toutes les possibilités et conditions que Dieu m’a offertes, je peux tout accomplir » Si tu as un doute en disant que tu ne peux rien faire et que personne ne se préoccupe de toi, tu resteras seul. Aie en tête les cent, les dix mille, le million : le sublime est dans ces chiffres, le Seigneur se manifeste à travers eux. Je veux que naisse en vous le désir d’accomplir le plan divin, c’est la seule façon d’honorer le divin dans l’être humain : il n’y a pas de culture, il n’y a pas d’évolution si tu n’honores pas le divin dans l’être humain. Chantons les chants « Bénis le Seigneur, mon âme » et « Goutte de rosée ». Tous les frères et sœurs chantent… La journée est froide, neigeuse, les fenêtres sont ouvertes et devant elles des frères et des sœurs sont assis dehors pour écouter les paroles du Maître. Il continue : Le chanteur de psaumes dit : « Le Seigneur sera votre arrière-garde [2]» et il est dit pour l’avenir : « Je regarderai toujours le Seigneur devant moi », donc, lorsque l’être humain descend sur terre, le Seigneur est son arrière-garde, alors qu’Il est son avant-garde lorsqu’il monte au Ciel. L’homme d’aujourd’hui est descendu si profondément dans un tel tunnel, qu’en sortant il se gardera bien d’y retomber une autre fois. Cette descente et cette montée sous-entendent la bonne utilisation de la matière : utilisez la matière sans vous opposer, utilisez les forces de réaction naturelles et ne créez pas de réaction artificielle. Pour ne pas pêcher, respectez la loi. Sachez que sur le chemin sur lequel vous marchez il y a seulement des gains : la vérité est sur ce chemin. Chantez encore un chant ! Le chef de chœur a passé la tête à l’extérieur, il a donné le ton à ceux du dehors et à ceux de l’intérieur et tous se sont mis à chanter le chant bienaimé : « Je me réjouirai ». Peu importe qu’il commence à faire nuit et qu’il fasse froid dehors, personne ne songe à partir. Le Maître continue : Le bon cœur sous-entend toujours une pensée lucide, mais la pensée lucide ne sous-entend pas toujours un bon cœur. Chaque sentiment est une qualité du temps qui a servi pour le développer. Que vaut-il mieux : être aimé ou aimer ? Lorsque tu aimes comme lorsque tu es aimé, tu souffriras toujours à 50%. Tu as une pierre précieuse, tu la chéris, tu l’aimes ; tout à coup une pensée t’assaille : « Et si elle était fausse ? » Ton cœur frémit, puis tu te calmes en te disant : « Elle n’est pas fausse. Et si elle était tout de même fausse ? » Ton cœur frémit encore. Le doute crée des souffrances, mais il est inévitable. Lorsque tu aimes et lorsque tu es aimé, tu auras toujours des doutes. Tu doutes de la pierre précieuse alors que le vendeur de la pierre doute de l’authenticité de l’argent qui l’a payée. Le doute est la cause du frémissement du cœur humain, il n’y a pas une seule personne dont le cœur n'ait jamais frémi. Si tu es à la place de Dieu, il vaut mieux aimer ; si tu es à la place d’une fleur, il vaut mieux être aimé : la rosée et la lumière viennent chaque jour pour la faire grandir, ce sont des messages pour l’encourager. Peut-on en même temps aimer et être aimé ? Lorsque tu aimes, tu es semblable à Dieu, lorsque tu es aimé, tu es comme une fleur. On exige beaucoup de celui qui aime. C’est parce qu’on exige beaucoup de Dieu qu’Il a créé le monde. Lorsqu’on parle de l’amour, une lumière douce, agréable nous entoure. Lorsqu’on parle de l’amour sur terre, il est question d’amour intéressé ou désintéressé ; lorsqu’il est question de l’amour divin, le mot intéressé est exclu, l’amour divin est connu uniquement en tant qu’amour, en tant que lumière de la vie. L’amour peut être présenté dans deux tableaux vivants pour lesquels on peut seulement dire : « Viens, regarde ! » On a agi ainsi avec Paul : on l’a fait monter au troisième Ciel et on a dit : « Regarde et ce que tu verras est pour toi. Et pour ceux qui ne peuvent pas voir, tu écriras ». Si vous entrez dans le monde invisible et que vous mettez en doute ce que vous voyez, vous passerez par des souffrances telles que vous n’en avez jamais connues de telles, vous descendrez jusqu’aux bas-fonds des enfers qui sont le lieu du doute ; l’enfer n’est pas aussi terrifiant que les contradictions qui sont pourtant inévitables dans l’évolution humaine. En descendant sur terre, l’ange tout comme le buffle traverseront des contradictions. Celui qui comprend la loi sait qu’elles sont à leur place et les surmonte facilement ; celui qui ne comprend pas la loi, les met sur son dos et court avec elles. Sachant cela, faites tout passer par votre feu, retenez pour vous la pierre précieuse : le Christ aussi a renoncé à tout ce qui est terrestre lorsqu’il a trouvé la perle précieuse. Je vous présenterai un tableau romantique. Un beau jeune homme, désespéré de la vie, a sombré dans le pessimisme. Sa mère, son père, son professeur lui ont parlé, lui ont montré le bon côté de la vie, mais la vie pour lui n’avait plus de sens et il a décidé d’y mettre fin. Il est allé dans la forêt chercher un endroit pour se suicider, mais une personne masquée s’est approchée de lui et lui a murmuré quelque chose à l’oreille. Le jeune homme s’est redressé, a levé les yeux et a renoncé à se suicider. Qui était cette personne ? Sa bienaimée ! Il croyait qu’elle ne l’aimait plus. Comme elle était d’une ascendance noble, elle s’est déguisée pour ne pas être reconnue, mais s’est découverte devant lui et lui a murmuré quelques paroles de consolation. Il s’est transformé aussitôt, a oublié son désespoir, et tous deux sont repartis. Les lumières se sont éteintes : l’électricité a été coupée. Nous avons chanté « L’Amour est une source ». Par conséquent, ne doutez pas de vos bienaimés, sachez qu’ils ne vous délaisseront jamais. Le Christ aussi, sur la croix a dit : « Seigneur, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » Il devait passer par le feu, et lorsqu’il a passé son examen il a dit : « Seigneur, je remets mon esprit entre Tes mains [3]». Après ces paroles, le Christ a vu son bienaimé qui l’a ressuscité le troisième jour. Lorsqu’on est en proie à la peine et au désespoir, on se sent abandonné par son bienaimé. Ce n’est pas exclu, chacun sera délaissé pour y puiser une certaine expérience, ce n’est pas le signe d’une absence d’amour, mais c’est une nécessité : pour que l’amour supérieur se manifeste, il faut que votre bienaimé puisse vous cacher son visage et qu’il vous abandonne pour un temps. Où sont nos âmes sœurs ? Elles se cachent à vos yeux. Si j’avais du temps, je vous exposerais des exemples des romans d’écrivains célèbres qui décrivent la vie des âmes sœurs. Pour relater ces exemples, les écrivains ont capté les pensées d’une âme partie de l’autre côté : ces écrivains écrivent sous leur dictée. Tant que l’amour s’exprime, on est attentif dans ses rapports ; lorsque l’amour descend dans le monde astral, des ombres apparaissent et le couvrent ; lorsqu’il descend dans le monde physique, l’amour commence à contraindre, il limite l’être humain ; tant qu’il est sur le plan physique, on met toujours sa bienaimée ou son bienaimé dans une cage ; il se trouvera toujours quelqu’un pour vous mettre en cage. Chantez le chant Éveille-toi, cher frère. Il n’y a pas d’amour semblable à l’amour divin. Sofia, 8 janvier 1922 [1] Cette conversation a eu lieu le 8 janvier 1922 à 15h dans la salle à manger dans la maison rue Opalchenska n° 66, faisant suite à la causerie « Tu ne m’as point donné de baiser » [2] « Ce n’est pas en effet dans la précipitation que vous sortirez, ni dans la panique que vous marcherez ; car celui qui marchera devant vous, ce sera le Seigneur, et votre arrière garde, ce sera le Dieu d'Israël. » Ésaïe 52, 12 [3] Luc 23, 46
  23. Tu ne m’as point donné de baiser «Tu ne m'as point donné de baiser, mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a point cessé de me baiser les pieds.» Luc 7:45 Je vais aborder maintenant l’origine du baiser, c’est-à-dire examiner le baiser dans son principe. Si cela était arrivé à une jeune fille chaste dans un endroit obscur, ou à un jeune homme, je vous laisse imaginer ce que les journaux d’aujourd’hui écriraient sur votre fille – s’il s’agissait d’elle bien entendu – Ce verset est un épisode – je l’appelle ainsi – ou un incident ou une péripétie qui s’est produit il y a deux mille ans avec l’une des plus grandes pécheresses et débauchées que le monde ait connu, mais une débauche par amour, car il existe aussi une débauche sans amour. Je me transporte deux mille ans en arrière. Cette femme a approché l’un des êtres les plus grands qui soit jamais descendu sur terre, le plus pur qui soit apparu sur terre, l’âme la plus sublime qui ait visité ce monde, l’Esprit le plus grand qui ait jamais illuminé la pensée humaine. Si le Christ décidait de venir dans le monde aujourd’hui, je ne sais pas quelle forme il prendrait, comment il apparaîtrait et comment nos contemporains l’accueilleraient. Comme avant ? Peut-être mieux qu’autrefois sans doute : il y a aujourd’hui beaucoup d’églises bâties en son honneur, en son nom, il y a plus de cinq cent mille serviteurs , toute une armée ! Au moins il aurait droit à un excellent accueil sur la forme. C’est facile d’organiser un accueil officiel : on égorge une dinde bien engraissée qui pèse au moins douze kilos ; lorsque le Bulgare la pèse à la balance et voit qu’elle fait douze kilos, il dit : « Cette dinde est bien engraissée, on en fera une excellente soupe ! Et vous savez comme est bonne la soupe grasse à la dinde avec un peu de citron, et puis les gésiers de dinde très finement coupés dans la soupe sont un délice… » Puis on farcit cette dinde avec du riz, des raisins secs, des pistaches, ceci, cela, on le grille, et lorsqu’on te coupera un morceau de viande bien cuite, tu diras : « Allons, à notre santé, le Christ est venu sur terre ». Ou bien on grillera un cochon de dix à douze kilos comme c’est la tradition maintenant à Noël ; bien grillé et accompagné d’un peu de vin, et que tout le monde mange à sa faim pour fêter la visite du Christ. Dans cet accueil officiel il y aura des discours et des remerciements : pour le Christ d’avoir eu la délicatesse de venir et pour eux de l’avoir bien accueilli. Je suppose simplement que ce sera ainsi, je ne le dis pas de facto[1]. Mais ici, chez Simon, on lui a réservé un autre accueil : il n’y a pas eu de cochon grillé, il n’y a pas eu de baisers, on ne lui a pas lavé les pieds et on lui a réservé un accueil simple comme les juifs peuvent l’offrir. Cette femme entre. Vous la traiteriez d’insolente, de discourtoise ? Oui, totalement discourtoise pour oser s’approcher de l’être le plus pur ; imaginez son hardiesse, son insolence, sa grossièreté, je ne connais pas une autre femme avec un tel culot – j’utilise le langage moderne – Vous direz : « Quel toupet ! » Oui, mais ce formidable toupet est inscrit dans l’Évangile et érigé en exemple à suivre. Savez-vous ce que cette femme a dit en embrassant les pieds du Christ ? Je vous l’expliquerai : elle disait : « Seigneur, j’ai commis ces crimes pour Toi ; je pensais que Tu étais ici, je pensais que Tu étais là, j’ai commis tous ces crimes pour Toi. J’ai fait tout cela non par malveillance, mais il me manquait la sagesse de Te reconnaître, alors que maintenant je T’ai trouvé ». Je représente cette femme comme un idéal de l’amour ; d’ailleurs elle ne se gêne pas de clamer son amour devant le monde entier, elle dit : « Advienne que pourra, je suis déjà salie, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je vais l’embrasser publiquement, je ne veux rien savoir de l’opinion des autres ». Maintenant, pourquoi le baiser est-il considéré comme quelque chose d’illégal ? J’ai ici une résolution mathématique du baiser, exprimée sous forme géométrique : que signifie-t-il selon les règles des mathématiques supérieures transcendantales[2] ? La lettre ц représente un carré, fermé à ses débuts car tous les crimes, toutes les luttes dans le monde ont lieu dans un lieu confiné que le carré délimite ; autrement dit chaque être vivant qui est limité dans une forme quelle qu’elle soit éprouve le désir de s’en affranchir, et ce désir de liberté incite au crime ; donc le baiser est une façon de nous libérer du mal. Ainsi, le baiser est une ligne droite qui est mise en dessous du carré et forme la lettre ц ; j’appelle cela la floraison dans la nature. Celui qui, dans la nature, veut se libérer du mal avec probité, des limitations qui se trouvent au-dessus de lui, doit impérativement enlever le cadre supérieur fermé pour accueillir les rayons solaires ; il doit devenir un carré ouvert. Dans la nature il faut une floraison, et chez les humains la floraison coïncide avec le baiser ; lorsque nous embrassons quelqu’un, nous lui disons : « Le chemin de ton salut passe par la floraison[3] », voilà la signification du baiser. Qui doit embrasser ? Nous disons que les rayons solaires embrassent la fleur ; c’est celui qui est venu à la maison que l’on embrasse ; lorsqu’un convive vient à la maison, l’hôte l’embrasse. Si tu es l’hôte, ta fille, ton fils vont l’embrasser à leur tour ; si c’est le convive qui embrasse, c’est une faute. Je peux donc vous affirmer que c’est le Christ qui était l’invité chez cette femme. Elle avait loué une chambre dans la maison de Simon qui donnait un banquet en l’honneur du Christ, et lorsqu’il est venu, elle l’a embrassé à de multiples reprises ; elle a agi selon les lois de la nature, selon la loi de la floraison pour montrer que le salut se trouve là ; donc elle a ouvert son âme, elle a ouvert son cœur, sa pensée et son esprit pour accueillir ces rayons divins, elle s’est transformée en fleur. Le Christ a dit : « Puisqu’elle a agi avec intelligence, ses nombreux péchés du passé lui sont pardonnés »[4]. Une autre fois je m’arrêterai pour interpréter le sens des mots péché et faute, je vous laisserai pour l’instant avec vos anciennes idées sur le péché. Lorsqu’on ne sait pas comment fleurir ni comment embrasser, on est toujours dans le carré, et on a un cou comme celui du bœuf avec les cornes ; le bœuf a jadis fait pousser ses cornes pour se défendre, mais l’être humain l’a attrapé par les cornes, il a créé la lettre B et il a fabriqué le licol avec lequel il l’a attelé. Nous disons un grand homme. Qui est grand ? Celui qui s’attèle et se désattèle tout seul, celui qui est gai a un licol, il est attelé. Alors en quoi réside l’acte de désatteler le bœuf ? Il faut supprimer le 1 sur le dessus de la lettre B pour qu’il reste libre. Car tu peux être attaché et détaché non seulement par une corde, mais aussi par ta conscience ; on met un licol au bœuf alors que l’être humain s’attache avec sa parole, sa conscience. Donc les attaches intelligentes se font suivant la loi de la liberté. Ainsi le baiser, selon son sens originel, est le moyen de se libérer du mal qui existe à présent dans le monde. Qu’est-ce que la bouche ? La lèvre inférieure symbolise l’amour, les forces qui bâtissent, elles ont une origine, alors que la lèvre supérieure désigne la sagesse ; dans le monde divin, l’amour et la sagesse sont le socle sur lequel évoluent tous les êtres sublimes. Donc, lorsque j’embrasse quelqu’un, c’est pour dire que je m’engage à servir cette grande sagesse et ce grand amour qui constituent le monde divin, et à vivre en accord avec eux. Ainsi, vous êtes le convive de celui qui vous embrasse. Pour embrasser quelqu’un, il faut que le Seigneur soit en lui, c’est cela le véritable baiser. Qui demeurait en Christ ? Dieu Lui-même. Cette femme comprenait la loi : elle embrassait le Christ et pas l’inverse. Donc nous pouvons embrasser seulement le divin. Quelqu’un dit : « Pourquoi ne m’embrasses-tu pas ? – Est-ce que le Seigneur demeure en toi ? Si ce n’est pas le cas, je ne dois pas me salir la bouche. » La seule créature que tu peux embrasser et qui peut t’apporter le salut, c’est la lumière. Les fleurs s’ouvrent à qui ? À la lumière, elles assimilent la lumière solaire qui embrasse les fleurs et qui stimule leur formidable croissance. Ainsi, la question est résolue ; lorsqu’on vous demande : « Est-ce que deux personnes peuvent s’embrasser mutuellement ? » Non, cela ne se peut pas, c’est impensable : soit c’est l’homme qui embrasse, soit c’est la femme ; soit c’est le frère, soit c’est la sœur ; soit c’est le maître, soit c’est le domestique : la loi est ainsi. Deux personnes qui s’embrassent mutuellement ne comprennent pas cette loi et on ne peut s’attendre à rien de bon d’un tel baiser ; ils ressemblent à deux banquiers qui opèrent avec leurs capitaux dans un même établissement ; cela va forcément finir en bagarre. À présent, cela crée en vous une mauvaise compréhension. La question n’est pas qui t’a embrassé, mais qui tu as embrassé, voilà la question ; je ne parle pas de celui qui t’a embrassé, mais de celui que tu as embrassé. Le diable embrasse. Lorsque quelqu’un demande qui t’a embrassé, j’entends le mal ; quant à qui tu as embrassé, j’entends le Seigneur ; il y a donc deux sortes de baisers. Si tu embrasses une femme, elle dit à son mari qu’un tel l’a embrassée ; elle a raison, ce baiser n’est pas divin. Mais si cette femme embrasse le Christ, c’est toute autre chose. Qui a-t-elle embrassé? Si vous demandez à la fleur qui elle a embrassé, elle dira : « Le soleil, j’ai embrassé le soleil. Je suis aussi belle grâce au soleil. Lorsque j’ai embrassé le soleil, tous mes péchés ont été pardonnés, le soleil m’a élevée ». Le Christ s’est adressé à Simon : « Tu ne m’as point donné de baiser ». Ce Simon était cultivé comme nous maintenant : en voyant cette femme baiser les pieds du Christ, il s’est dit : « Cet homme passe pour un prophète, un Maître qui sait tout, qui est pur et sanctifié, mais ne sait-il pas qui est la femme à ses pieds qui l’embrasse depuis si longtemps ? À sa place, je l’aurais déjà chassée dix fois ! » Alors le Christ s’est tourné vers lui : « Simon, j’ai quelque chose à te dire – Maître, dis-le moi ! – Un créancier avait deux débiteurs : l’un devait cinq cents deniers et l’autre cinquante ». Le chiffre 5 est important ici : le premier nombre symbolise l’être spirituel et l’autre l’être ordinaire, charnel ; l’un comprend les choses dans leur immutabilité, et l’autre comprend les choses dans leurs variations. Lorsque nous étudions l’enseignement du Christ, nous devons comprendre cet Enseignement avec justesse car il est fondé sur de grandes lois, des lois vivantes que nous, les gens d’aujourd’hui pouvons appliquer, nous ne devons pas faire l’erreur de ce serviteur de saint Antoine. Quelle est l’erreur du serviteur de saint Antoine ? C’est une anecdote, j’ignore si elle est véridique, je la relate pour illustrer l’idée. Saint Antoine était invité quelque part et il est parti avec son serviteur. Il montait un cheval alors que le serviteur montait un âne. Mais saint Antoine avait des adversaires qui voulaient l’arrêter en chemin. Saint Antoine et son serviteur ont fait une halte dans une auberge. Ses ennemis sont venus, ils ont coupé la tête du cheval et la tête de l’âne en se disant : « Halte à ce voyage, il ne bougera pas d’ici ». Au petit matin le serviteur arrive pour préparer les montures, mais il voit que leurs têtes sont coupées. Informé de cela, saint Antoine lui dit : « Ce n’est rien, recolle-les et repartons ! » Dans la précipitation le domestique a échangé les têtes, il a mis la tête d’âne sur le cheval et vice versa : saint Antoine monte sur un cheval avec une tête d’âne et son serviteur sur un âne avec une tête de cheval, et ils sont repartis. Nos contemporains ont les têtes échangées : les hommes raisonnent comme des femmes et les femmes raisonnent comme des hommes. Vous dites : « Comment régler la question alors ? » Mettez la tête de cheval sur le cheval, la tête d’âne sur l’âne ; les choses doivent être comme elles ont été créées initialement et ne pas être sujettes à des interprétations. Je dis : cette tête de cheval doit être ôtée de l’âne et la tête d’âne doit être ôtée du cheval ; voilà comment il faut interpréter les choses, donner un éclaircissement de cette grande loi sur laquelle reposent nos lois actuelles. L’enseignement et les principes fondateurs dont a parlé le Christ peuvent être appliqués dès aujourd’hui. Ce sera la même chose dans des milliers et des millions d’années : l’amour sera le même jusqu’à la fin des temps et même au-delà, il ne changera pas. Lorsque je dis le même amour, j’entends le même en substance et en nature, mais non pas en forme. Avez-vous vu comment le soleil se lève le matin ? C’est pareil avec l’amour : il s’intensifie jusqu’à son zénith, puis il décline, et à l’aube suivante il s’intensifie de nouveau. Donc l’amour se renforce dans toutes ses expressions et c’est pourquoi nous devons nous préparer à explorer d’abord le sublime, l’amour divin. Vous n’avez pas encore senti cet amour ; si cet amour divin qui inspirait cette femme qui baisait les pieds du Christ avait été appliqué par les humains, le monde serait sauvé aujourd’hui. Et si nous nous posons la question de savoir pourquoi nous étudions, à quoi nous sert le savoir dans le monde, je réponds : le savoir, c’est la connaissance de Dieu ; toute la philosophie du monde réside en cela : connaître Dieu dans Sa manifestation essentielle comme Lui-même se connaît, Le connaître dans sa manifestation essentielle, Le connaître dans toutes ses manifestations matérielles dans le monde, voici la grande science de ce monde. Ainsi les luttes modernes ne sont rien d’autre que la connaissance du véritable Dieu qui apportera le grand amour qui sert pour la croissance, la floraison, la nouaison et le mûrissement de ce fruit. Je ne m’arrêterai pas sur le sens intérieur de l’amour car c’est une grande question que vous devez explorer. Pour moi, vous parler de l’amour est aussi insensé que de vous parler des mathématiques transcendantales, des mathématiques supérieures divines. Tous les nombres ont leurs manifestations, les nombres de 1 à 10 ont leurs manifestations. Vous dites : « Je sais ce qu’est le nombre1 » Ce nombre a une infinité de manifestations, il peut avoir des milliers de manifestations et des milliers de caractéristiques : les connais-tu toutes ? Il peut désigner 1 litre d’eau ou 1 kilo de cerveau humain ou bien 1 kilo d’air, et ainsi de suite. les manifestations de l’unité sont innombrables. Lorsque nous en venons au nombre 2, nous devons connaître ses rapports ; nous devons savoir ce que signifient les nombres 1, 2, 3 – 10 : c’est la manifestation du monde divin primordial. Donc le premier baiser a formé l’unité, ce baiser a soustrait la première unité. Lorsque tu veux être premier, cela signifie que tu es celui qui veut ouvrir le carré. Quelqu’un dit : « Je veux être premier ». Je demande : connais-tu l’art d’ouvrir le carré, l’art d’embrasser ? – Oh, combien j’ai déjà embrassé ! » Sais-tu, comme cette pécheresse, embrasser les pieds du Christ, le plus grand des êtres ? Autrement dit, ta bouche a-t-elle eu affaire à l’essence et à la substance de l’amour divin, de la sagesse divine, les as-tu goutés en tant que fruits ? Lorsqu’on goûte l’amour et la sagesse, c’est aussi délicieux que lorsque tu manges un fruit en disant : « Comme il est exquis ! » L’amour est la substance du socle sur lequel repose le monde divin. C’est pour cela que le Christ dit : « Je suis le pain vivant qui descend du ciel et celui qui me mange aura la vie éternelle [5]». Comment ? Avec sa bouche. Le mot manger sous-entend toujours la multiplication. Et celui qui m’embrasse produit la floraison, c’est-à-dire l’ouverture du carré. Maintenant je vous demande : vous êtes malheureux n’est-ce pas ? De quoi proviennent vos malheurs ? Du Christ ! Vous cherchez l’amour et vous pouvez commettre des milliers de crimes au nom de cet amour. Vous pouvez voir une belle femme et vous dites : « Voilà où se cache l’amour ! » Vous l’embrassez, mais après vous dites que ce n’est pas en elle que se trouve l’amour, alors un dégoût, une haine naissent en vous. C’est d’abord le diable qui vous a leurré pour que vous l’embrassiez, puis vient le Seigneur pour vous dire : « Ce n’est pas elle ». « Si ce n’est pas elle, je prendrai le couteau et je la transpercerai. » Le Seigneur dit de nouveau : « Tu ne la transperceras pas ». Imaginez maintenant de nos jours une femme ou un homme qui ont commis un crime comme cette pécheresse. Vous m’excuserez, je ne pense à aucun moment à aucune de vous. Imaginez un instant une telle femme qui après avoir commis de tels crimes, se jette pour embrasser les pieds de son mari en disant : « C’est pour toi que j’ai commis tous ces péchés ». Comment réagirait cet homme de nos jours ? Il dirait : « Va-t’en, tu m’as déshonoré ! » Et s’il se trouve un seul mari, capable de pardonner à sa femme, tous les journaux titreront : « Un homme vaillant ! » Mais le Christ a agi autrement avec la pécheresse, il y avait autre chose – comme c’est écrit dans l’Évangile – Il a dit : « Simon, je suis entré dans ta maison et tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds ; mais elle, depuis que je suis entré ici, elle ne cesse d’embrasser mes pieds ». Les pieds, c’est le sublime, ce sont les vertus divines. Celui qui cherche les vertus, celui qui cherche la justice, c’est lui qui embrasse les pieds. C’est la bouche qui est assoiffée et qui est affamée. Donc, nous appelons baiser cet état du cœur humain et cette expression de la bouche humaine. Ce baiser existe non seulement chez les humains, mais aussi chez les oiseaux et les autres animaux, et même chez les fleurs ; mais les humains l’ont corrompu aujourd’hui et ont dénaturé son sens de façon qu’au lieu de t’embrasser, quelqu’un qui a bu, dit : « Tu essaieras mon coup de poing pour voir comme je suis fort ! » Et maintenant nous, les gens de cette époque, nous luttons. Pourquoi ? Parce que les gens ont perdu le sens du baiser et leur façon de s’embrasser consiste à se battre, à se rouer de coups et à casser des jambes et des bras. Les dévots disent alors : « Seigneur, nous Te prions de bénir nos armes pour que nos armées et nos héros puissent vaincre et être accueillis avec du pain et du vin, et que tous les peuples reconnaissent ainsi que Tu es le seul Seigneur, qu’il n’y en a pas un autre ». Et ils disent alors : « Que Dieu soit béni, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen ». Non, non, non, tous les prêtres doivent prêcher au monde d’aujourd’hui et embrasser les pieds comme cette pécheresse. Quels pieds ? Les pieds des pauvres veuves, des orphelins, des misérables, des défavorisés, voilà ce qui est exigé. Vous direz : « Un baiser ? » Oui, un baiser ! Pour donner un baiser, il faut que votre cœur soit enflammé ; pour embrasser il faut se montrer héroïque. J’en connais peu en Bulgarie qui soient capables d’embrasser ; j’en ai croisé certains : ils replient leurs lèvres, ils rougissent… Du cœur, du cœur ! Je ne veux pas que tu prennes quelque chose de moi, mais que tu prennes conscience que ta vie a été jusque-là futile, une vie de mensonges en pensées, en sentiments et en désirs, et que naisse en toi désormais la grande idée de vivre une vie pure, d’embrasser ces rayons de soleil qui favorisent la croissance de ton âme. Ainsi, celui qui embrasse doit être à la place de cette pécheresse et celui qui est embrassé doit être à la place du Christ ; et lorsque quelqu’un viendra t’embrasser, tu diras : « Attends, mon frère, attends, tu crois que tu peux obtenir quelque chose de moi ? Non ». Un moine me racontait l’histoire suivante : « Je suis allé à l’Église. Un homme riche est sorti, j’ai pris sa main et je l’ai embrassée, et il m’a donné cent levas ; une femme riche est sortie ensuite, j’ai pris aussi sa main et je l’ai embrassée, elle m’a donné deux cents levas ; à la fin, c’est notre évêque qui est sorti : j’ai embrassé aussi sa main et il m’a donné un levas. Je me suis dit : « Pfff ! j’ai gaspillé un baiser en vain ! » Cet homme marchandait son baiser contre de l’argent : « Le riche m’a donné cent levas, la riche m’a donné deux cents levas, mais l’évêque ne m’a donné qu’un levas, et en plus il a eu un geste de mécontentement avec les mots suivants : « Allez, disparais ! » Mais un baiser ne se vend pas pour cent levas, ni pour deux cents, ni pour un seul. L’évêque le premier a dit la vérité, il a dit : « Écoute, ne sois pas bête, je suis évêque et non le Christ. Tant que tu embrasseras ma main, tu auras toujours cette tête et tu ne verras rien de bon » ; alors que le riche qui donne cent levas, dit : « Tant que tu embrasses ma main, tu risques le bâton. Je ne suis pas le Christ ». Voilà ce que veulent dire les cent levas ; et la femme qui a donné deux cents levas, dit : « Tant que tu embrasses les femmes pour de l’argent, tes affaires iront mal ». Le baiser doit être parfait, absolument désintéressé. Vous avez ici une femme, rejetée de tous, qui cherche son salut : c’est la femme qui se noie et qui s’accroche au Christ en disant : « Seigneur, toi-seul, seul ton amour, seule ta sagesse peut me délivrer de cette situation ». Et vous, femmes – je me tournerai vers vous et vers les hommes, je n’ai pas votre vécu – vous avez tous embrassé et vous avez tous été embrassés, qu’avez-vous senti après le baiser ? Vous n’avez pas fermé l’œil de la nuit ? Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas embrassé le Christ, mais le diable, c’est cela le tourment ; là où le diable embrasse un ulcère apparaît et le mal naît : tout est là. Remarquez le fait suivant : le visage de la femme embrassée par un homme perverti, noircit ; le visage de l’homme qui embrasse une femme qui ne tient pas la place du Christ, s’avilit aussi ; s’ils étaient purs, leurs visages changeraient inévitablement car le baiser produit toujours un bouleversement pour le meilleur ou pour le pire : si vous avez embrassé le Christ, votre visage s’illuminera forcément, mais si vous avez commis une faute dans ce baiser, vous marcherez toujours tête baissée comme cette pécheresse, vous direz : « La vie n’a pas de sens pour moi ». Quel est alors le remède ? Vous viendrez auprès du Christ ; vous pouvez trouver le Christ aujourd’hui encore : prenez l’Évangile, retournez deux mille ans en arrière ou projetez-vous deux mille ans en avant, vous trouverez et vous embrasserez le Christ. Il n’y a pas de créature vivante qui, dans la situation de cette femme, ne verra pas apparaître le Christ ; alors le Christ dira : « Tes péchés sont pardonnés et commence désormais ton nouveau développement [6]». Le Christ dit : « Je suis venu chez toi et tu ne m’as point donné de baiser ». Une pensée noble vient en toi : le Christ est cette pensée. Le Christ passe parfois dans ce monde, je le vois, il passe souvent. Je ne parlerai pas maintenant de moi, mais d’un clairvoyant qui me racontait la chose suivante : « Je vois, dit-il, le Christ se tenir à côté d’une belle femme – belle en apparence mais pas intérieurement – et lui parler, mais je regarde et je vois quelqu’un d’autre lui parler aussi de l’autre côté. » Le Christ lui dit : « Femme, tourne-toi vers Dieu, il te faut plus d’amour pour te sauver » ; alors le diable aussi lui murmure quelque chose. À l’endroit où le Christ parle, elle agite tout le temps sa main devant son oreille car le Christ lui dit : « amour ! » et elle entend : « Aimer c’est embrasser, que dira ton mari ? » Elle ne saisit que l’aspect charnel de l’amour. L’abnégation intérieure est un processus de l’âme, ni du cœur ni de la pensée ; c’est un rapport qui existe entre mon âme et ma source originelle : Dieu d’où je proviens. Et nous critiquons toujours ces pensées du Christ lorsqu’elles nous sont murmurées. Si quelqu’un vient et nous murmure par exemple : « Ouvre un commerce, tu auras beaucoup de gains ! », tu n’agites pas la main devant ton oreille, tu commences ce commerce ; lorsque le Christ vient dire à la femme : « Femme, tu es riche, il y a là-bas tant d’enfants misérables, donne-leur deux mille levas pour les aider ! » Mais le diable riposte : « N’écoute pas ! » Elle agite alors la main. J’observe les humains : ils agitent constamment la main : le Christ s’adresse à une femme et elle agite la main : « Ce n’est pas pour moi », mais si quelqu’un d’autre vient murmurer à son oreille, elle dit : « Je suis prête ! » On me demande alors : « Comment reconnaître la voix du Christ, il y a tant de voix qui nous parlent ? » Le Christ parle comme personne d’autre : Il dit : « Distribue tes richesses aux pauvres », et vous agitez la main ; « Va dans un hôpital pour aider les êtres qui souffrent », vous agitez la main ; « Lave les pieds de ton mari, réconcilie-toi avec ton ami », vous agitez la main. Mais si on vous dit : « Donne une bonne leçon à ton ami ! », vous l’acceptez ; « Traine-le au tribunal, tu as vingt mille levas à récupérer ! – Oui, c’est juste, j’ai cette somme à récupérer ». Lorsque le Christ parle, toutes les âmes comprennent sa parole. Chaque pensée qui incite l’être humain à l’abnégation est une pensée divine et cela ne souffre aucune exception ; accepte-la, elle vient du Christ ; si tu t’arrêtes pour savoir s’il s’agit de ce Christ d’il y a deux mille ans, tu perds tout. Écoute ami, si tu attends le Christ qui était là il y a deux mille ans, tu iras en enfer ; ce Christ a grandi à présent, c’était un petit enfant il y a deux mille ans, c’était un bébé de deux ans, alors qu’à présent il a grandi et s’est renforcé. Donc, tu ne le chercheras pas comme un petit enfant en disant : « Eh, si je pouvais avoir un petit bébé comme le Christ et le caresser ! » Il y a 2000 ans, il n’a pas pu sauver le monde, il a fui en Égypte, puis il a été battu et crucifié : c’était la volonté divine ; il se disait : « Eh, tu es faible, c’est normal ! » Lorsqu’il a ressuscité, il disait : « J’ai tous les pouvoirs au Ciel et sur la terre, à l’avenir ce ne sera plus ainsi, on ne me battra plus : allez et prêchez ce Verbe, je serai avec vous jusqu’à la fin des temps »[7]. On nous fait des prêches sur le Christ crucifié. Je ne prêche pas sur le Christ crucifié, je prêche sur la résurrection du Christ de l’amour divin, de la sagesse divine, de la vérité divine, de la justice et de la bonté, sur ce Christ qui porte la vie en lui, qui apporte sagesse et connaissance dans le monde ; je prêche sur ce Christ qui porte la vérité, qui vient nous donner cette lumière intérieure pour mettre de l’ordre dans nos foyers, nous donner la justice pour mesurer avec son étalon, nous donner la bonté ; le Christ est aussi porteur de ces grandes méthodes par lesquelles bâtir nos maisons : c’est cela le Christ. Vous direz : « Où est-il ? » Je le vois à présent, il murmure à vos oreilles. Voilà, je vois le Christ, je le vois, mais vous, le voyez-vous ? Je le vois, je le vois, le Christ parle. Maintenant je sais comment chacun réagira : l’un agitera la main devant l’oreille et l’autre écoutera. Beaucoup pensent que je veux ensorceler les gens. Non, c’est le Christ qui vous parle, et savez-vous de quoi ? Voilà ce que j’entends : « Vos cœurs sont froids, il y a de la neige dehors, donc vous n’avez pas assez aéré, il y a une résistance ; il vous faut de l’amour, de l’amour pour surmonter cela, de l’amour pour réchauffer ces cœurs glacés, les chauffer à cent millions de degrés pour illuminer vos cœurs ». Le Christ vous parle de nouveau, savez-vous de quoi ? Du savoir, il vous faut du savoir, pas pour cuisiner les haricots, découper la dinde, couper le chou, préparer la viande hachée ; ce n’est pas ce qu’il vous faut, mais du savoir véritable, et transmettre cette sagesse à vos filles, à vos fils, à vos maris, à vos domestiques, à vos amis et à vos ennemis ». Je vois le Christ, il vous parle maintenant et vous vous tenez là. Je vois un tableau remarquable : c’est comme si une jeune fille se tenait là et attendait le jeune homme qui s’approche et lui propose de se fiancer ; elle se tient très sérieusement, je la vois dans une posture très sérieuse. C’est la posture que vous avez et je dis : tout est prêt, pourvu que vous n’agitiez pas la main droite près de l’oreille. La jeune fille dit : « Maintenant lorsque le jeune homme viendra, attends que je réfléchisse si je dois accepter ou non ; je peux l’accepter, mais j’ai un autre candidat plus riche, plus savant qui m’offrira plus de confort ; seulement il ne m’a pas encore fait de proposition. » Elle réfléchit très intensément, elle réfléchit intensément, mais pour l’autre. Elle ne doit plus réfléchir : « Me prends-tu ou non ? – Je suis avec Toi, Seigneur ! » Affaire conclue ! Si tu réfléchis trop, rien ne se fera. Il y a des moments où il ne faut pas trop réfléchir mais se décider vite. Nous aussi, nous devons être comme cet ingénieur de Napoléon qui s’est vu ordonner : « Tu dois ériger un pont pour faire traverser l’armée. – Je n’ai pas d’outils. – Je te le dis : si dans vingt minutes ce pont n’est pas construit, je te ferai fusiller. » L’ingénieur fait le salut militaire et s’en va, sa pensée se met en branle et vingt minutes plus tard le pont est érigé. Il n’y a pas de temps à perdre, pas de temps pour chercher des outils, il faut travailler vite : lorsqu’on commet une faute, on demande un délai, on fait durer, on prend son temps au tribunal ; les fautifs veulent que le temps s’écoule lentement lorsque leurs affaires sont jugées au tribunal ; lorsque nous dérobons quelque chose nous voulons que le temps passe lentement, mais inversement, lorsque nous attendons des résultats, nous voulons que ça aille vite ; lorsqu’il est question de recevoir une récompense pour nos actes, il ne faut pas que ça prenne des années, mais que ce soit aussi rapide qu’avec Napoléon qui ordonne la construction d’un pont en vingt minutes pour traverser d’une rive à l’autre. Donc nous devons appliquer ces principes dans nos foyers, dans nos vies. Le Christ dit : « Je suis venu chez toi, tu ne m’as point donné de baiser alors que cette femme, depuis que je suis entré, ne cesse d’embrasser mes pieds et non pas ma bouche », elle dit : « Je suis indigne de baiser ta bouche, mais je vais baiser tes pieds, ces pieds poussiéreux qui foulent le sol ». Pour embrasser le Christ sur la bouche, il faut mener une vie angélique. Quelqu’un dit : « Je veux t’embrasser sur la bouche ! » Il faut avoir une vie angélique pour cela, de la pureté. Si seulement nous pouvions apprécier de tels baisers… Les Bulgares qui sont allés en Russie disent que là-bas, à Pâques, tout le monde s’embrasse, jusqu’à se salir les uns les autres ! « Embrassons-nous[8] ! » et nous voilà salis. Le Christ leur montre maintenant ce que doit être le baiser : ce carré doit s’ouvrir et ces leurres doivent être rejetés, ils doivent cesser en Russie de s’embrasser ainsi. Vous dites : « L’Église orthodoxe a toujours été comme ça ». Je vais vous relater une anecdote. L’un des tsars russes a écrit une lettre confidentielle à tous les monastères de Russie avec la demande suivante : lui envoyer la tête de saint Jean Baptiste, où qu’elle se trouve. Il a reçu en retour une tête de la part de chacun des monastères ! Il les a disposées dans des pièces dédiées : quarante têtes dans quarante pièces. Il est allé ensuite au Synode russe pour demander : « Combien de têtes a saint Jean Baptiste ? – Une seule tête, votre Majesté Impériale. – Non, dit-il, il a quarante têtes. » Il prend avec lui ces vieillards et les conduit dans toutes les pièces : « Quarante têtes, exactement quarante têtes ! » Ils ont raison si nous tenons compte de la réincarnation, nous pouvons dire que Jean Baptiste avait quarante têtes, mais l’empereur leur a dit : « Ne trompez pas le peuple avec ces superstitions ! » C’est pour cela que l’Église russe souffre maintenant, parce que Jean Baptiste a été affublé de quarante têtes. Nous ne devons pas offenser Dieu, nous ne devons pas mentir en Son nom ; si je veux vous leurrer au nom du Christ, le karma de ce peuple serait lourd ; personne ne peut réussir s’il a menti. Quelqu’un dit : « Cela vaut la peine de mentir ». Non, jamais ! Quelques fois tu peux t’économiser de dire la vérité, tu peux éviter de répondre ou rester silencieux, mais surtout ne jamais mentir ; si tu ne peux pas dire la vérité, tais-toi ; si tu ne peux pas dire la vérité, enfuis-toi, rien ne t’oblige à parler. Deux choses sont donc nécessaires, tout d’abord être humble comme cette femme, afin de discerner ses erreurs – cette femme a compris que le chemin qu’elle avait pris, la vie qu’elle avait menée, les relations qu’elle avait, tout cela avait conduit à des résultats néfastes – et ensuite être capable de dire : « Seigneur, maintenant je change du tout au tout ». Je sais que cette femme n’est pas seule en tant qu’individu : elle a changé sa vie, transformé entièrement sa vie, et elle est devenue une excellente ouvrière de l’œuvre du Christ. Sa vie a été transformée par le baiser. Donc, si la lumière divine pénètre aussi en nous et si nous assimilons cette lumière et l’embrassons, elle produira tous ces bons résultats. Ainsi, lorsque quelqu’un vient chez vous, que devez-vous faire avec lui ? Quand vous avez un rendez-vous, quand une de vos amies vient, une de vos bienaimées, ne la placez-vous pas à côté de vous ? Une amie vient, vous l’embrassez ; une autre vient, vous l’embrassez ; une troisième vient, vous l’embrassez ; vous embrassez les dix qui viennent, et vous n’embrassez pas les dix suivantes. On a donc dix embrassées et dix non embrassées. J’en conclus : dix viennent du Seigneur et dix du diable. Votre rendez-vous sera un drôle de rendez-vous ; quand vous sortirez de chez vous, on commencera à vous critiquer. Vous embrasserez tout le monde ! Si tu commences par un baiser, tu les embrasseras tous, mais si tu ne commences pas par un baiser, tu n’embrasseras personne et c’est alors que ton rendez-vous sera bénéfique. Vous direz : « Cette femme, je ne la trouve pas sympathique ». Et celle que vous avez embrassée, était-elle sympathique ? Est-ce que cette femme-là avait été sympathique au Christ ? Ce que vous trouvez sympathique est du côté du diable. Considérez deux jeunes filles : l’une a le visage osseux, couvert de plaies, tandis que l’autre est belle, qui embrasserez-vous ? La belle femme. Le diable est en elle, alors que le Christ est dans cette femme osseuse. Le diable est en ce jeune homme moustachu ; dès que tu l’embrasses ton visage noircit, alors que le Christ est en ce jeune homme disgracieux : tu l’embrasseras au nom du Christ, c’est en lui qu’est le principe christique. Et cette femme-là a préféré embrasser les pieds poussiéreux du Christ et non les pieds propres de l’autre bourgeois – car le Christ avait aux pieds des sandales avec des lanières en peau, sans chaussettes, et ses pieds étaient poussiéreux – cette femme n’a pas embrassé les pieds de Simon, mais ceux du Christ en disant : « Seigneur, Tu es poussiéreux et sale, et moi-aussi ; je Te laverai les pieds et toi, tu me laveras le cœur » ; et le Christ a répondu : « Femme, aussitôt dit, aussitôt fait », et elle l’a fait. Les savants d’aujourd’hui disent : « Il a rassemblé un tas de gens ignorants et incultes, mais ne savons-nous pas qui ils sont ? » Mais bien sûr, je ne suis pas venu en Bulgarie pour rassembler les beaux jeunes gens, je les laisse à l’Église, et ce sont les disgracieux, les sans-abri qui sont venus auprès de moi ; ainsi, inutile de faire perdurer les malentendus, en revanche une fois qu’une de mes brebis est guérie grâce à ce procédé, je ne la cède plus. Qu’est-ce que j’entends par le mot à l’église, église ? Par église je désigne toute créature vivante qui pense, qui sent, qui a une volonté, alors que ces édifices en pierre, ce sont des abris, ce ne sont pas des églises. Et maintenant les prêtres m’interrogent : « Vas-tu à l’église ? » Je serais venu chez toi, mais je vois que les portes des cœurs chez les prêtres et les évêques sont toujours fermées, et n’ont même pas de clé : je demande au sacristain où sont les clés « Aujourd’hui le père n’officie pas, venez dans l’autre église ». Ce n’est pas une église. Lorsque quelqu’un veut venir dans mon église, j’ouvre les portes pour les dévots dès quatre heures, avant le lever du soleil : c’est ainsi que doivent être ouvertes les portes de tous ceux qui veulent servir Dieu ; dans cette église, toutes les bougies doivent être allumés et répandre la lumière et la douceur, et quiconque y entre doit laisser tout son fardeau à l’extérieur : c’est cela une église, c’est comme ça qu’il faut l’entendre. Vous direz : « Qu’adviendra-t-il des gens simples ? » Nous ne parlons pas des gens simples, mais des savants : ils sont diplômés des lycées, des facultés, faut-il toujours les divertir, les amuser ? Nous leur permettrons d’entrer dans l’église, de servir, mais comment ? Lorsque l’évêque viendra, qu’il revête l’habit de l’amour, c’est l’habit intérieur ; il y a ensuite une soutane, c’est l’habit de la sagesse ; une fois habillés ainsi, ils peuvent mettre des couronnes ou autres et officier. S’il se présente ainsi, je lui attribue la première place, mais s’il vient avec ses habits actuels, je le chasse : « Dehors, vous qui avez trahi le nom du Christ ; vous venez servir pour l’argent que vous amassez dans vos chaudrons : le Christ n’est pas mort pour l’argent, le Christ est venu pour servir l’amour et la sagesse divins et ressusciter les humains ». Il ne s’agit pas seulement de nos prêtres et de nos curés. Lorsque je dis la vérité, je la dis au nom du Christ, malheur à ceux qui s’opposent à ces vérités divines ; il n’y a aucun mensonge au nom du Christ, au nom du divin. Que les Bulgares sèment leurs champs, je suis prêt à leur donner cent fois plus de blé et de maïs ; qu’ils sèment ! Que le prêtre puisse semer aussi, mais non avec la croix et le chaudron à la main, rien ne doit être gardé pour l’église, ni argent ni corbeilles d’aumône, c’est un scandale, tout cela doit être rejeté ! C’est ainsi que parle le Christ. Maintenant, quelqu’un vient me demander : « Est-ce que tu allumes des cierges à l’église ? » Je dis : mon cierge brûle toujours, mon encensoir brûle depuis la nuit des temps, il ne s’est jamais éteint. « Mais crois-tu en l’église ? » Je crois en l’Église du Christ, l’Église de l’amour, le Christ est en elle, comme tous les saints et tous les hommes et femmes de bien. – « Mais pourquoi ne viens-tu pas chez nous ? » Je suis venu chez vous, mais vos églises étaient fermées. « Comment ? » Elles sont fermées, et je ne peux pas leur donner de baiser à présent. Elles s’attendent à ce que j’aille baiser la main de l’évêque ; quelquefois je ne veux pas non plus qu’on me baise la main. Il y a quelque jours, un homme est venu, l’Esprit était en lui. Lorsque je l’ai invité à partager notre repas, il a dit que personne ne devait me baiser la main. Puis une femme est venue qui m’a baisé la main. Je me suis dit : cela a induit la tentation en lui, il a pensé : « Il est aussi comme les évêques ». Une demi-heure plus tard il est sorti et a voulu me serrer la main, je l’ai arrêté pour lui éviter de me serrer la main et je lui ai dit : « Bon courage, ta pensée est juste ». Je suis partisan de ce baiser intérieur de l’amour, de nos âmes sœurs. Certains demandent : « Comment trouver nos âmes sœurs ? » C’est la chose la plus facile, il n’y a rien de plus facile, même les plus petits vous diront comment faire ; jusqu’à l’âge de cinq ou six ans ils le savent, et à partir de sept ans ils ne le savent plus. Un père de Roussé[9] me disait qu’il avait un jour interrogé son petit garçon : « Fiston, d’où es-tu venu ? » Cet enfant lui a répondu : « Ne me dérangez pas ». Qui es-tu, d’où viens-tu ? Ces questions n’ont pas de sens si tu as l’amour en toi, tu sais que l’amour connait tes origines. Lorsque nous aimons les êtres, nous sommes venus de Dieu, alors que si nous ne les aimons pas, nous sommes venus du diable. Tout d’abord, lorsque le Christ viendra dans votre maison, vous lui laverez les pieds avec votre bouche, ce qui signifie, traduit en votre langage : vous le servirez avec sagesse et amour, vous porterez son Verbe sans nul additif : c’est cela le baiser. Lorsque j’applique toute ma pensée et tout mon cœur pour le servir de façon à porter son Verbe sans aucun mélange, c’est un baiser. Si vous pouvez servir le Christ ainsi, il vous dira : « Vos péchés vous sont pardonnés et vos noms sont inscrits au Ciel devant les anges et vous serez à l’avenir citoyens de ce grand royaume ». Ainsi, je vous enjoins tous à servir le Christ avec sagesse, de le servir avec amour, de les inscrire dans vos pensées et dans vos cœurs. Ce Christ, je le vois maintenant, je parle avec lui. Lorsque vous rentrerez chez vous, il vous parlera de nouveau ; faites attention, ne réfléchissez plus, mais dites : « Décidons-nous ! » Non, le délai est court, décidez d’un coup, aussitôt dit, aussitôt fait, sans agiter la main. Vous me direz : « Est-ce que tu nous dis la vérité, que le Christ est maintenant avec nous ? » Le Christ est avec vous, avec vos âmes, comprenez dans votre for intérieur. Je vous dis une grande vérité : ce Christ est sublime et, lorsqu’un jour les gens prendront conscience de cette vérité, savez-vous quelle culture cela engendrera ? Nous voyagerons librement en Europe, sans aucune entrave et tout sera bon marché : le blé, le beurre, tout. Comment ? Lorsque les humains commenceront à servir Dieu avec amour et sagesse. Tous les religieux doivent reprendre cet Enseignement alors qu’ils sont encore réticents à ce sujet, mais le Christ leur imposera d’oublier les réticences. Les enseignants comme tous les autres doivent à l’avenir servir le Christ avec amour et sagesse. Maintenant je m’adresse à vous non pas en tant que Bulgares ou Anglais ou Français, je m’adresse à vous en tant que mes frères et mes sœurs, au nom du Christ, et je ne dénaturerai jamais la vérité. Je vous parle comme à mes frères et sœurs, comme à mes amis, mes disciples que je traite en parfaite égalité, je vous donne mes meilleures pensées combien même certains tremblent dehors dans le froid ; je vous donne le meilleur de moi, je vous révèle ces vérités dont personne ne vous a parlé depuis deux mille ans. Pourquoi ? Parce que j’aime Dieu, parce que je Le sers avec amour et sagesse. Et vous tous pouvez Le servir, vous pouvez tous servir Dieu avec amour et sagesse ; nous pouvons tous être frères, peu importe le degré de notre développement, nous irons travailler selon nos forces. Ainsi, nous pouvons donner ce baiser au Christ, car le Christ est partout, dans toute la nature, le Christ est partout et nous pouvons lui donner ce baiser ; lorsque nous le donnerons, nous fleurirons, nous porterons du fruit et nous deviendrons puissants. Mes paroles sont symboliques, mais leur véracité est intérieure : chaque pensée, chaque baiser doivent être imprégnés d’amour, et lorsque vous embrasserez, ne regrettez pas mais sachez que vous avez accompli un devoir, que vous avez donné quelque chose de vous ; alors vous entendrez la voix du Christ : « Vos péchés vous sont pardonnés ». Nous pardonner : ce mot est remarquable. Si l’Entente disait aujourd’hui aux Bulgares : « Votre dette est effacée », qu’est-ce qui se passerait ? Les tambours raisonneraient en ville, il y aurait des affiches partout dans les villes, dans les municipalités, pour proclamer que l’Entente a effacé la dette bulgare de deux milliards et demi de levas. Alors que ce que le Christ apporte est bien plus que ces deux milliards et demi. Vous avez tous besoin d’amour et de sagesse à présent. Certains disent : « Telle sœur est aigrie ». Je dis : elle n’a pas encore embrassé les pieds du Christ. « Telle autre critique un peu trop ». Je dis : elle n’a pas encore embrassé les pieds du Christ. – « Une telle est ignorante ». Elle n’a pas encore embrassé les pieds du Christ. Les hommes et les femmes dont les cœurs sont imprégnés d’amour, et la pensée de sagesse ont embrassé les pieds du Christ ; quiconque a éprouvé une fois cet amour, l’a touché, il s’est déjà élevé plus que le monde ne s’en doute. Ainsi, servez avec amour, servez avec sagesse, cet Enseignement doit être appliqué : c’est en lui qu’à l’avenir se trouvent la force et le salut. Sofia, 8 janvier 1922 [1] En latin dans le texte original [2] Le mot baiser en bulgare s’écrit целувка (tzeluvka) [3][3] Le mot fleurir en bulgare « tsavtia » (цъвтя) commence par la même lettre ц que le mot baiser. [4] Luc 7, 47 [5] Jean 6, 51 [6] Luc 7, 47-50 [7] Matthieu 28, 20 [8] En russe dans le texte [9] Grande ville bulgare au bord du Danube
  24. Les âmes sœurs «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Matthieu 22:39 Ce verset 39 est en apparence limpide, n’est-ce pas ? « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », et le monde chrétien d’aujourd’hui croit comprendre ce commandement et l’appliquer. Je n’ai rien contre cette vision des choses. Lorsqu’une femme tisse une toile, en quoi est-elle reconnaissable ? Par le procédé de tissage, qu’il soit bon ou non ; si la matière qui a servi à la toile n’est pas solide, celle-ci se déchirera ; la toile en elle-même peut être parfaitement tissée, mais la matière utilisée peut être de mauvaise qualité. Ceux parmi vous qui manient les mathématiques supérieures peuvent calculer selon la loi des probabilités le nombre de fois où le mot amour a été prononcé depuis la création du monde par des hommes et des femmes, des frères et sœurs, des enfants et des amis : que chacun essaie de faire ce calcul, c’est toute une philosophie ! Maintenant, d’après la loi de l’évolution, toute chose qui évolue se développe et croît, alors que toute chose qui involue, descend, rapetisse et se dégrade. Ainsi, l’être humain qui provient de Dieu à l’origine a prononcé le mot amour correctement, mais lorsque cet être humain cosmique ou primordial comme on le nomme s’est éloigné de Dieu, ce mot s’est mis à rapetisser progressivement en contenu jusqu’à ce que plus rien n’en reste lorsque l’être humain a atteint le fond : il s’est complètement effiloché. Cette chute était si imperceptible, si lente, que même ce grand être s’est leurré lui-même. Vous vous trouvez maintenant dans la situation de cet être cosmique par rapport à l’amour de votre Père. Savez-vous à quoi ressemble cet amour maintenant ? À un bout d’épave de bateau naufragé qui dérive sur l’océan agité. Cette épave s’agite dans tous les sens et soupire : « Amour, amour », mais lorsqu’elle est rejetée sur la plage d’une île, elle dit : « Dieu merci, je suis sauvée ! » Ainsi, vous qui êtes rassemblés ici, vous êtes comme tous les autres chrétiens : des morceaux de ce bateau grandiose, échoués sur les rivages d’une île. Nos contemporains sont dans la situation de ce lord anglais qui était parti d’Angleterre avec sa fille et son domestique pour faire le tour du monde. Il est arrivé que leur bateau fasse naufrage et tous les trois ont à peine pu se sauver sur une barque et accoster sur une île proche. En Angleterre, le lord ne savait que donner des ordres, et son domestique ne savait qu’obéir ; mais lorsqu’ils se sont retrouvés sur cette île, ce dernier qui portait un peu de graines et savait les planter et les cultiver est devenu maître et a commencé à enseigner au lord et à sa fille comment se nourrir. Ils ont vécu ainsi une dizaine d’années sur cette île. Nous non plus maintenant, nous ne sommes pas maîtres, ce sont nos domestiques qui le sont. Qui sont nos maîtres ? Ce sont nos passions auxquelles nous obéissons ; elles nous disent : « Maître, tu nous commandais autrefois, mais à présent sur cette île, nous nous y connaissons et c’est toi qui nous obéiras ». Ainsi, combien de fois a été prononcé le mot amour ? C’est à l’évidence le mot le plus puissant. Lorsque le Seigneur a prononcé le mot amour pour la première fois dans le monde, Il a créé le Cosmos avec lui, Il a formé tous les Soleils qui se sont dispersés chacun sur son orbite ; lorsqu’Il a prononcé une deuxième fois le mot amour, tous les grands êtres et toutes les divinités se sont réveillés de leur profond sommeil ; lorsqu’Il a prononcé le mot amour pour la dixième fois, c’est l’être humain qui est né. Je ne dirai pas ce qui s’est produit lorsque le mot amour a été prononcé pour la troisième, quatrième fois, et ainsi de suite. Ainsi le Seigneur a prononcé le mot amour seulement dix fois jusqu’à présent, et toute la philosophie des kabbalistes et de leurs séphiroth repose sur ces dix mots. C’est la différenciation du mot amour dans toutes ses manifestations et les différents champs selon les théosophes, car il n’y a rien de plus réel dans le monde que l’amour. Les interactions de la matière dépendent uniquement de l’amour qui existe entre ses particules et qui anime leur attraction mutuelle ; l’harmonie des mondes dépend de l’amour qui détermine leur attraction mutuelle et qui les fait mouvoir et tourner. Mais revenons à cet amour. Lorsque vous vous dirigerez vers le haut, vous étudierez l’amour. Vous commencerez maintenant à partir du nombre 1, c’est-à-dire vous étudierez quelle partie du grand bateau constitue cette épave sur laquelle vous vous êtes sauvés. Maintenant, selon le dessein divin tous les morceaux du bateau naufragé s’assembleront et un bateau beaucoup plus grandiose que le premier sera fabriqué. Un grand violoniste se rend chez un luthier pour faire réparer son instrument sur lequel il n’arrivait plus à jouer à cause d’un petit défaut. Le luthier prend le violon et le frappe fort au sol, ce qui le fait éclater en dix morceaux. Voyant cela, le virtuose s’est pris la tête de chagrin et de terreur, croyant que ce violon, son trésor le plus précieux était perdu. « Ce n’est rien, n’aie crainte ! » lui dit le luthier ; il a ramassé les dix morceaux et a fabriqué un violon, dix fois meilleur que le premier. Ainsi, si votre violon se dérègle un jour et si le luthier le jette au sol, soyez sans crainte, ce luthier fabriquera quelque chose de mieux qu’avant. N’est-ce pas notre corps est constitué d’une multitude de particules fines et microscopiques ? Ne vous imaginez pas qu’une destruction dans le monde est le signe d’un malheur ; chaque destruction est l’occasion pour Dieu de montrer Sa puissance, Sa sagesse, Sa connaissance, Son amour envers ceux qui espèrent en Lui. Lorsque le Seigneur dit qu’Il détruira le monde, nous entendons qu’Il en créera un qui sera meilleur que le précédent ; lorsque nous disons que ce monde trépassera, nous entendons qu’un autre monde viendra, meilleur que le premier ; lorsque nous disons que cet homme partira, nous entendons qu’il naîtra de nouveau, meilleur qu’auparavant : voici une juste philosophie. Maintenant revenons à l’amour. Vous direz : « Nos têtes ont blanchi à cause de cet amour ! » En effet, toutes les têtes ont blanchi d’amour. Manger est dicté par l’amour, nous habiller est dicté par l’amour, nous instruire est dicté par l’amour, nous juger est dicté par l’amour. L’amour crée les joies et les chagrins, il est la cause de toute chose ; celui qui comprend l’amour se réjouit, et celui qui ne le comprend pas est affligé ; celui qui comprend l’amour travaille, et celui qui ne le comprend pas se repose. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Par le mot toi-même j’entends l’âme humaine divine. Toutes les âmes sorties à l’origine du néant et entrées dans l’existence étaient des couples, elles étaient par deux, et maintenant ces âmes se cherchent : tous les élans des gens, aimer, se marier, enfanter, sous-entendent que chacun cherche son âme-soeur. Lorsque ce bateau-là a fait naufrage, ces âmes se sont perdues, se sont engluées dans la matière et elles se cherchent à présent. Vous me rétorquerez : « Comment cela, ne pouvons-nous pas voir ? Les gens possèdent la faculté de voir ! » La vue spirituelle n’est pas encore développée chez vous. Une jeune fille trouve un jeune homme et se marie avec lui en disant : « C’est mon bienaimé ! » et le curé vient les marier au nom de Dieu ; à peine un mois plus tard elle dit : « Ce n’est pas lui ». L’homme trouve une femme, se marie avec elle, puis il dit : « Ce n’est pas elle ». Chacun se retrouve dans la situation du réformateur anglais John Wesley qui est tombé amoureux d’une jeune fille et l’a épousée, mais trois jours après il a dit à ses amis : « Le mariage ne vaut pas la peine. – Pourquoi ? – Ce n’est pas elle l’âme que je cherchais. » Le Christ dit : « Tu aimeras ton prochain », tu aimeras ton prochain, c’est-à-dire ton âme sœur. Ayez en tête que j’utilise le mot âme comme une mesure : si tu ne peux pas aimer ton âme sœur, si tu ne peux pas aimer l’âme avec laquelle tu es venu, tu ne peux aimer personne. Comme toi-même, dit le Christ, et non pas « en dehors de toi-même » ; c’est à partir des paroles comme toi-même, à partir de celui qui peut aimer que commence la création sur terre. Vous allez rétorquer : « Comment, mon cœur a été si ardent, je n’ai pas dormi des nuits entières ». Ne pas avoir dormi des nuits entières n’est pas encore une preuve que tu as aimé ; si on te roue de coups et qu’on te brise une jambe, est-ce que tu dors ? Tu ne dors plus des nuits durant, tu ne peux pas bouger dans ton lit ; si tu te brises la jambe, est-ce l’effet de l’amour ? Je m’étonne de ceux qui disent : « Je ne peux pas fermer l’œil par amour ». Quel est cet amour qui brûle ? « J’allais perdre la raison ». Quel est cet amour qui fait perdre la raison aux gens ? Nous avons maintenant aussi beaucoup d’écrivains, d’auteurs de roman qui décrivent comment le héros ou l’héroïne ont perdu connaissance ; ils écrivent ce qui n’est pas exact. Je peux aussi faire de sorte que n’importe qui perde connaissance ; non seulement moi, mais vous aussi vous le pouvez : si tu frappes quelqu’un sur la tête, il s’évanouira et ils diront alors : « Il a perdu connaissance ». Non, non, ce n’est pas une approche philosophique du mot amour ! « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Il y a deux mots dans la langue bulgare bien aimer et aimer[1] ; le mot bien aimer est plus fort que le mot aimer. Vous avez des êtres aimés, mais ils ne sont pas bienaimés : le premier est l’amour qui peut se terminer par le désamour, le second ne connaît pas de désamour, il y a en lui un processus d’élévation. Deux âmes sœurs sont les deux pôles d’où nait la vie : c’est seulement lorsqu’on trouve son âme sœur qui constitue le pôle opposé de sa vie, que s’enclenche une croissance et que la véritable évolution commence. Lorsque le Christ dit : « Tu aimeras ton prochain », il sous-entend qu’un autre savoir est le fondement de la science occulte que même les gens avancés perçoivent à peine. C’est seulement en acquérant ce véritable savoir que tu trouveras l’autre pôle de ta vie, ou le chemin de ton élévation. Ce qu’on appelle initiation se produira lorsque tu trouveras ton Maître et lui son disciple ; tout le secret est de trouver son âme sœur, sa bien-aimée, car si on ne la trouve pas, aucun Maître ne te prendra pour te révéler ce savoir occulte et mystérieux, pour te montrer le chemin de ton élévation. Lorsque tu trouveras cette âme sœur, tu avanceras. Si on a un point d’appui, tout est possible ; c’est ce qu’Archimède a dit : « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai la Terre entière ». Donc, ce prochain que tu dois aimer comme toi-même doit être ton point d’appui sur lequel poser ton levier. Quel est ce levier ? L’amour - et alors tous les actes seront justes. L’amour n’est pas un état transitoire, seul ce qui est matériel est transitoire, ce sont des ombres, les ombres passent car la Terre se meut, tourne et les ombres changent constamment sous l’effet de son mouvement. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Cela ne signifie pas de fusionner avec son prochain, il n’est pas question de fusion ici. Il n’est pas question de lui dire comme certains le font : « Je suis prêt à être ton esclave », ce n’est pas l’amour. Quelqu’un dit : « Je suis prêt à tout sacrifier pour toi », mais cet amour ne se mesure pas non plus en sacrifices, cet amour ne s’achète pas par le sacrifice. Lisez la deuxième épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 13, il y est dit : « Si je sacrifie tout, mais que l’amour me manque, cela ne me sert à rien », ce n’est pas l’amour ; tu peux faire tous les sacrifices, ils ne profitent qu’à toi, tu veux te sacrifier mais en quoi les autres peuvent-ils en tirer profit ? Non, l’amour exige plus que les sacrifices, le sacrifice n’est que la loi d’expiation de nos péchés : lorsqu’on perd sa pureté, on peut la rétablir uniquement par la loi du sacrifice, c’est uniquement une loi pour rétablir sa pureté originelle, pour ensuite avoir le droit de voir Dieu ; et lorsque nous verrons Dieu, nous acquerrons la véritable conscience de notre développement, ce sera le premier jour de notre évolution, le jour du lever du Soleil ; ce Soleil qui brillera mille ans en nous, qui élèvera notre âme jusqu’aux hauteurs où elle a été jadis avant que notre bateau fasse naufrage. Ainsi, le sacrifice permet d’obtenir la pureté, la pureté est le fondement qui permet de voir Dieu, et cela donne naissance à la véritable conscience, au véritable développement, à l’évolution de l’âme, à sa vie. Donc, lorsque nous disons que nous devons aimer, j’entends qu’il faut commencer à vivre. Maintenant, dans le premier commandement : « Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de tout ton cœur, de toute ta pensée et de toute ta force », le Christ donne des règles et des méthodes que nous comprenons. Le cœur, c’est la vie consciente ; la pensée, c’est la conscience de soi ; l’âme, c’est la vie inconsciente et la force de l’esprit c’est la vie superconsciente. Donc, vous qui maniez les mathématiques, vous ferez ces permutations : vous formerez deux pôles avec l’esprit dans un pôle, et vous mettrez le cœur dans le pôle opposé car la vie ne se trouve pas dans la conscience de soi c’est-à-dire dans la pensée. Ce sont des étapes transitoires que l’âme doit franchir, c’est un mouvement. Tu attends des bienfaits futurs. Tu peux te réjouir de ce que tu as vécu dans le passé ou bien de ce que tu vivras dans le futur, mais tu ne peux jamais te réjouir de ce que tu vis à l’instant présent ; toute notre vie se déroule dans le passé ou dans le futur, donc celui qui s’attend au bonheur au moment présent de sa conscience se trompe toujours. Il y a toujours dans la conscience une source d’amertume ; ce sont des processus de purification ; la loi du sacrifice agit dans la conscience et dans la conscience de soi car nous commençons à y voir nos erreurs dans les agissements du passé, et c’est alors que, dans le subconscient de notre âme qui porte tout son passé, et dans la superconscience de l’esprit qui descend, crée et porte le savoir futur, ce que Dieu crée maintenant dans le monde, c’est alors seulement que l’amour divin commencera à se manifester entre ces deux pôles. Je vois souvent dans vos maisons la présence de quelques reliques : quelqu’un par exemple est allé à la Sainte Montagne et a rapporté un petit fragment et l’expose dans sa maison comme une relique ; un autre s’est rendu en Terre Sainte et a rapporté un morceau de la croix du Christ et l’a laissé à la maison ; un troisième a prélevé les cheveux d’un ami et les garde comme un talisman ; un autre encore a conservé la moitié d’une lettre d’un ami dont l’autre moitié a brûlé, et l’a cachée. Toute votre vie est faite de ces restes de vos existences passées, vous les avez disséminés dans les armoires et vous les regardez en soupirant sans cesse ! Non, cessez ces jérémiades car ne geignent que ceux qui ont trop mangé, il n’y a pas de gémissements dans l’amour, pas de difficultés, pas d’esprits dérangés, pas d’impuissance, pas de mort, il n’y a qu’une vie intérieure intense. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » C’est normal de s’aimer soi-même car on se connaît dans une grande mesure. L’autre que tu aimeras te ressemblera parfaitement, il ne sera ni au-dessus ni au-dessous de toi ; pour cela, d’après la loi de l’amour, si tu veux aimer quelqu’un et si tu te mets au-dessus de lui, ce n’est pas toi, mais si tu es humble et que tu te mets au-dessous de lui, ce n’est pas toi non plus : tu n’es ni plus haut ni plus bas. Voyez-vous, je veux que vous réfléchissiez mieux ; non du point de vue de votre vie actuelle et de vos sentiments d’aujourd’hui : il y a des dépôts très épais qu’il vous faut purifier pour comprendre l’amour. Maintenant, lorsqu’on étudie l’amour, il faut de l’héroïsme ; lorsque nous venons à l’amour pour l’étudier, nous disons ainsi : « Qu’est-ce qu’il adviendra de moi, de ma position sociale, de mes enfants, de mes croyances ? » Tu ne trouveras jamais la vérité si tu raisonnes de la sorte ; tu dois avoir le courage de cet américain-là. Lequel ? Je vous relaterai un exemple. Près des chutes du Niagara les américains tendent une corde épaisse et cherchent un volontaire qui passera sur la corde, muni d’une perche au milieu du vacarme des chutes. Un seul s’est porté volontaire parmi tous, il prend la perche et fait la traversée le long de la corde ; la première fois il passe avec la perche, la deuxième fois il passe sans la perche et la troisième fois il met quelqu’un d’autre sur son dos et traverse avec lui. Celui qui marche sur la corde et celui qui est sur son dos sont tous les deux des héros, ce sont les deux âmes sorties ensemble de Dieu. Ils doivent passer au-dessus du grondement des chutes d’eau ; à la moindre hésitation, au moindre déséquilibre tout est perdu. Je ne vous incite pas à vous lancer dans ces expériences, mais je vous encourage : vous passerez d’abord sur la corde tendue au-dessus de chutes d’eau minuscules pour ne pas risquer de vous noyer ; puis vous passerez au-dessus de chutes d’eau plus larges jusqu’à passer au-dessus de ces grandes chutes d’eau. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Lorsque tu auras trouvé cette âme sœur, tu auras résolu la moitié de ton problème, tu auras trouvé le chemin, alors ton Maître te trouvera et le Christ te parlera, c’est alors seulement que les paroles du Christ auront un sens. C’est ici que se trouve la grande loi : là où deux sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux ; ces deux, ce sont ces âmes sœurs, et auprès de ces deux âmes sœurs le Christ sera le troisième ; ce n’est pas une loi ordinaire, ne vous faites aucune illusion. Vous citez souvent ce verset : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux. » Deux ou trois, rassemblés au nom de quoi ? Au nom de l’amour. Ceux qui ont compris cet Enseignement ont atteint l’essence divine d’où commence précisément le renouveau. Ainsi l’amour envers les grandes et les petites choses doit être identique. Si vous avez un pépin de pomme d’une part et une petite pomme d’autre part, quel doit être votre amour envers l’un et l’autre ? Vous direz : « J’aime la pomme plus que le pépin ». L’amour du pépin est plus désintéressé que l’amour de la pomme ; tu aimes plus la pomme parce qu’elle est comestible, il y a des choses à en retirer, mais si tu pouvais aimer un pépin, cet amour serait plus désintéressé. Par conséquent, si tu peux aimer ce pépin, tu peux voir de façon semblable l’infime dans le grandiose et le grandiose dans l’infime. Nous ne devons pas être trompés par nos traits extérieurs : quelque fois notre visage est plus harmonieux, notre nez plus symétrique, plus droit, nous sommes plus sveltes et en nous regardant les autres disent : « Il y a en lui quelque chose de beau », et ils nous aiment. Lorsque tu vois un enfant chétif, malade et faible, tu dis : « Cet enfant n’arrivera à rien ». Il y a dans cet enfant autant de choses déposées que chez les adultes car son esprit opère à un autre niveau ; dans le monde divin cet esprit est comme celui de l’adulte ici ; en haut, l’amour est semblable entre tous les êtres. Quand je dis semblable, comment l’entendez-vous ? Non pas semblable en intensité, mais semblable dans ses manifestations : dans ses grandes manifestations l’amour est identique. Si vous rendez service à quelqu’un au Ciel, le plus petit service qui soit, il est aussi satisfait que si vous lui aviez offert le monde entier. Ce n’est pas la même chose sur terre ! Si tu es bien nourri sur terre, bien logé, si on te confectionne un beau costume, les journaux te louent, tu dis : « Ces gens sont nobles ». Pourquoi ? « Ils m’ont nourri de poulets grillés et de tourtes, ils m’ont installé sur un canapé doux avec une couverture en duvet d’oies ». Mais si ces personnes t’ont donné juste un peu de bouillon et si elles t’ont installé sur un lit dur, tu diras en partant : « C’était très rudimentaire ». Cette comparaison vaut pour l’amour chez nos contemporains : là où il y a plus d’oies et de poules égorgées, il y a aussi plus d’amour, là il n’y a ni oies, ni poules, ni tourtes, il y a aussi moins d’amour. Ce n’est pas la même chose au Ciel. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Est-ce que tu exiges quelque chose de toi-même, est-ce que tu sacrifies quelque chose de toi-même lorsque tu es affamé, est-ce que tu prélèves de ta propre chair ? Non, tu attends toujours d’avoir du poulet grillé. Mais maintenant le Christ dit : « Tu ne sacrifieras pas un seul cheveu de ton prochain, pas le moindre muscle pour ton propre bien-être ». Ceci n’est pas pour les gens ordinaires ; si vous résolvez cette question en vous, vous avez alors résolu toutes les autres questions dans la vie. Je vais vous donner un exemple rapide. Il y a cinq ou six mille ans est apparu pour la première fois en Égypte, comme disciple dans l’École de la Fraternité Blanche, l’une des filles du pharaon. Dans le but de vérifier si elle était prête pour recevoir cet enseignement, le Maître principal de cette école a procédé à l’expérience suivante : un jour il s’est transformé en petite colombe – les grands Maîtres ont cette faculté – et s’est rendu chez sa disciple et au même moment, il a déclenché en elle une sensation de douleur. Sa domestique lui a dit qu’il fallait faire un sacrifice pour recouvrer la santé : il voulait ainsi voir si elle allait sacrifier cette colombe pour recouvrer sa santé. Elles ont attrapé cette colombe et l’ont mise dans une cage. Le Maître a aussitôt deviné son intention et a pu mesurer son développement, la question était tranchée : on a sacrifié la colombe pour que la fille du pharaon retrouve la santé, et c’est pour cette raison que son admission à l’École a été reportée. Encore aujourd’hui, il n’y a pas de femmes à la Fraternité Blanche. Tant que vous êtes des femmes, vous ne serez pas des membres, c’est-à-dire des âmes de la Fraternité Blanche ; tant que l’être veut vivre, c’est une femme. Chaque être qui veut vivre, vit comme les autres, alors que s’il se sacrifie pour les autres, il s’est déjà élevé à un degré plus haut ; donc lorsque je dis qu’il n’y a toujours pas de femmes dans l’école de la Fraternité Blanche, ne comprenez pas qu’il s’agit de femmes par la forme. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Je veux vous donner une philosophie juste, une compréhension exacte pour vous instruire. Il y a beaucoup d’écrits sur cette question, vous en trouverez même dans la littérature contemporaine, mais ce sont des ombres, cette question n’est pas encore sérieusement examinée. Vous devez vous considérer comme des âmes. Vous ne devez jamais accepter aucun sacrifice en votre faveur. Aucun maître, quel qu’il soit, ne réclame de sacrifice de la part de son élève ; si l’élève veut se sacrifier lui-même pour son perfectionnement et retrouver sa pureté primordiale, il le peut, mais le Maître n’a pas besoin de son sacrifice. Par conséquent, nous devons tout sacrifier pour retrouver notre pureté. Lorsque vous vous sacrifiez, ne dites pas que vous le faites pour le Seigneur : vous ne vous sacrifiez pas pour le Seigneur, mais pour vous. Et le Seigneur, pourquoi se sacrifie-t-Il ? Pour Lui-même. Vous direz : « C’est une mauvaise compréhension ». Non, c’est pour Lui-même, car nous L’avons corrompu, et donc pour se purifier de nos vices et de nos péchés, Il devait se sacrifier et retrouver sa pureté originelle, ce qui signifie en langage humain : le Seigneur s’est sacrifié pour Lui-même pour Se purifier et nous purifier aussi car nous demeurons en Lui ; Il s’est sacrifié pour Lui-même, pour rétablir l’harmonie primordiale. De là viennent les paroles de Paul : « Dieu était en Christ et conciliait le monde avec Lui ». Donc pour concilier le monde, Dieu devait rétablir cette harmonie primordiale en Lui-même c’est-à-dire donner Son Fils, Son Amour, Sa vie en sacrifice. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Alors je vous demanderai : avez-vous trouvé votre âme sœur ? C’est vous maintenant qui me demanderez : « Mais que faire à présent avec nos femmes, avec nos maris ? » Je n’aborde pas cette question, c’est comme si vous me demandiez : « Que faire avec notre costume ? » Le costume est un costume, la femme est une femme, le mariage est un mariage, cette grande question n’a pas de lien avec cela. Le mariage est une loi de sacrifice. Que fais-tu en te mariant ? Tu acquiers ta pureté. Si tu es pur, tu ne dois pas te marier ; si tu es impur, marie-toi autant que tu veux, le mariage est une loi du sacrifice pour acquérir ta pureté ou expier ton karma comme disent les hindous. Mais lorsque tu entreras dans la phase du véritable développement, que tu auras la pureté, la loi du mariage et de l’enfantement se posera alors différemment : les gens ne se marieront plus, ne naîtront et ne s’incarneront plus comme maintenant. Pour montrer que cela ne sera plus ainsi, le Seigneur dit : « Je descendrai parmi eux et je demeurerai en eux ». Et nous allons tous venir en descendant et non pas en naissant, en nous incarnant. Alors que la femme qui accouche maintenant, comment geint-elle, comment appelle-t-elle les sage-femmes et comment songe-t-elle parfois à faire une fausse couche ? La question n’est pas là, il s’agit d’un sacrifice. Lorsque la loi de la descente de l’Esprit s’appliquera, nous serons déjà dans le Royaume de Dieu et de là viendra la véritable compréhension : connaître Dieu. Je ne parle pas de l’époque actuelle, mais de la véritable époque, ce qui ne veut pas dire de quitter sa vie, pas le moins du monde, nous devons terminer notre travail ; le travail que nous faisons maintenant a un rapport à notre vie future. Celui qui vole de façon virtuose sera virtuose dans les autres domaines aussi ; celui qui déteste beaucoup pourra aussi beaucoup aimer ; lorsque je vois quelqu’un de mauvais dans le monde, je m’en réjouis, car lorsqu’il connaîtra la vérité, il sera aussi intransigeant pour le bien qu’il l’est maintenant pour le mal. Je ne parle pas du bien ordinaire, non ; pour moi les bons et les méchants sont logés à la même enseigne. Tout le monde est bon. Quand ? Une fois rassasié, même le lion ou le tigre le plus féroce est bon, mais si tu le prives de nourriture pendant 24 heures, essaie de le taquiner ; même le serpent le plus redoutable est bon lorsqu’il a bien mangé, mais ose t’en approcher lorsqu’il est affamé ! Puisque nous déclarons souvent : « Il est quelqu’un de noble », je dis : il est rassasié ! Mais pour savoir s’il est noble, privez-le de nourriture pendant 12 à 24 heures et essayez de vous en approcher ! L’homme de bien, qu’il soit rassasié ou affamé, est fidèle à lui-même et ne change pas. Il faut que notre conscience reste immuable. Donc, lorsque le Christ dit : « Tu aimeras ton prochain », c’est pour dire que nous arriverons à connaître notre prochain. Vous dites : « J’ai changé d’avis ». Oui, ton prochain est aussi changeant que toi : s’il te donne mille levas, il est bon ; s’il les récupère, il est mauvais ; donc à tout moment tu changes d’avis sur lui. L’homme de bien reste toujours calme et paisible, il sait que personne ne peut prendre sa richesse. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Par toi-même – les théosophes l’appellent le Moi supérieur – on comprend l’acte de s’éveiller, d’aimer cette âme sœur. C’est seulement en appliquant cette loi que l’harmonie commencera à se rétablir entre vous. C’est décidé, je ne parlerai plus à l’avenir de réconciliation, c’est trop trivial : « Réconcilions-nous ! » Je peux facilement vous réconcilier, je suis expert en réconciliation, je possède ce talent. Quelqu’un vous a pris quelque chose, il vous a pris mille levas : je vous les rembourse ; est-ce que tu continues d’être fâché ? Non. La femme en veut à son mari de ne pas avoir assez de robes ; achetez-lui une robe, n’est-elle pas contente à présent ? Lorsque tu donnes aux gens ce qu’ils veulent, ils sont contents, paisibles pendant 12 à 24 heures ; lorsque tu envoies leurs enfants étudier à l’étranger, lorsque tu leur augmentes les salaires, lorsque tu leur fournis de la viande grillée, et ceci et cela, ils disent : « Quelqu’un de bon est venu dans le monde, c’est le Christ. Le monde va bien, nous pouvons le suivre ». Ce Christ-là peut régner seulement douze heures. Le Christ pourrait résoudre la question si elle se posait de la sorte, mais il a entrepris de la résoudre d’une autre manière : nous résoudrons la question autrement, en profondeur. L’évolution actuelle est une évolution du karma, je l’appelle encore l’expiation du karma. Nous avançons dans le droit chemin et dans peu de temps nous entrerons dans le chemin de l’évolution divine, c’est pour cela que je vous enjoins à vous conformer à cette loi : trouver votre prochain. Si vous trouvez votre âme sœur et si vous l’aimez comme vous-même, vous suivrez le chemin divin ; lorsque vous trouverez cette âme, vous ne l’embrasserez pas, vous ne la toucherez pas, mais vous la regarderez de loin. Vous me direz : « Oui mais je veux l’étreindre un peu ». Si tu songes à l’étreindre, tout est compromis : ce qui peut être caressé, touché, embrassé, s’abîme ; les embrassades, les étreintes sont un appauvrissement. Lorsque nous aimons quelqu’un, nous prenons plus que nous ne donnons, nous l’étreignons : « Oh, comme je t’aime ! » Mais ainsi nous prenons. Je vois parfois une bulle d’air qu’on soulève, qu’on étreint et qui se vide ; ou bien on lève le flacon, on prend une gorgée, puis une autre et on le remet dans la poche en disant : « Comme je l’aime ! » Dès que le flacon est vide, on ne l’aime plus ; ce sont des notions trompeuses sur l’amour. Il y a quelque chose de mieux que les étreintes, que les embrassades, que les caresses, que ce point de vue actuel, voyez-vous ? Lorsque je dis que la seule perception de Dieu vaut plus que mille vies, c’est cela que j’entends. Lorsque tu vois et connais cette âme que le Christ t’enjoint de connaître et d’aimer, tu ressentiras une grande force en toi, non seulement dans ton corps, mais tu ressentiras une force telle que tu n’avais jamais ressentie auparavant ; tu seras frappé d’un tel afflux de lucidité que tu commenceras aussitôt à voir loin, par-delà la Voie Lactée. Voir Dieu, c’est beaucoup. Comment pensez-vous le voir ? Maintenant vous vous lamentez de temps à autre. Non, non, écoutez, seuls les enfants se comportent de la sorte en disant : « Attendez qu’on regarde à travers le petit trou ». Non, tu es maintenant sur le grand chemin, il ne faut pas regarder à travers les petits trous. Quelqu’un force son regard pour me voir ; je dis : pas la peine de me fixer ainsi, que peux-tu voir ? Pour me reconnaître, as-tu déjà trouvé ton âme sœur ? Pour te connaître, je dois aussi trouver mon âme sœur. Le principe divin commence à agir dans ces deux pôles et Dieu commence à se manifester : c’est le grand commencement que vous devez poser comme socle. Ne vous faites pas d’illusions : il vous vient parfois un élan, vous vous croyez au paradis, mais une demi-heure après, votre bonne disposition passe et vous vous croyez en enfer. Vous dites parfois : « Il vaut mieux mourir » et une demi-heure après : « Il vaut mieux rester en vie » ; c’est éphémère, alors qu’il y a quelque chose d’inaltérable dans l’amour. Je ne dis pas que cela provient de nous, nous sommes un simple point d’appui dans le cinématographe de l’Univers : tout ce qui traverse votre pensée ne vous appartient pas. Vous vous imaginez ainsi que les pensées qui vous traversent et qui vous sont empruntées vous appartiennent, et vous êtes affligés ; ces pensées sont étrangères, vous n’avez pas à vous réjouir ou à être peinés de ce qui est étranger. Le Christ dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». D’abord vous trouverez des méthodes dans votre conscient et dans votre inconscient, dans votre conscience de soi et dans votre superconscience, et vous trouverez votre âme sœur seulement en appliquant ces méthodes ; et si vous vous trouvez, alors vous commencerez à travailler ensemble sans faire de bruit. Si je suis milliardaire, je n’ai pas à le clamer partout ; si je connais l’Univers tout entier, je n’ai pas besoin de le clamer dans les journaux ni de le raconter aux journalistes bulgares : que m’apporteraient-ils ? Avec eux je vais parler de fruits, de légumes, de la Macédoine, de la Thrace, de l’Angleterre et de l’Allemagne, mais jamais de ce qui est substantiel. Un jour, lorsqu’un personnage émérite décède les journalistes disent : « Tel saint aurait agi ainsi », mais vous ne connaissez pas le saint sur lequel vous écrivez. Depuis deux mille ans les juifs n’ont toujours pas connu le Christ ; les chrétiens l’ont hissé jusqu’au septième ciel, et les juifs disent : « Comme ces chrétiens sont naïfs ». Je demande : qui sont les plus intelligents : les chrétiens ou les juifs ? Les juifs peuvent nous juger et dire : « Vous qui vous dites croyants en Christ, vous êtes moins sincères que nous ; nous n’y croyons pas, mais au moins nous ne mentons pas. Nous sommes mauvais, mais honnêtes, nous disons la vérité : nous ne croyons pas en Christ, nous ne voulons pas appliquer son enseignement ». Et nous, les chrétiens ? Le Christ a dit ceci ou cela, mais nous n’appliquons pas son enseignement, nous feignons de l’appliquer. Alors je demande : c’est quoi cette application mensongère ? Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai que nous sommes chrétiens. Il y a ici des prédicateurs évangélistes, des prêtres orthodoxes, des évêques et ainsi de suite, n’est-ce pas qu’ils sont ordonnés par le Christ ? Mais allez seulement les interroger sur moi, que diront-ils ? Que je suis un démon, un Satan, un menteur. Pourquoi ? Je sais à quoi cela est dû, à leur place je parlerais aussi de la sorte, mais je remercie Dieu de ne pas être à leur place, soumis à leurs tentations et je dis : je les remercie de porter mes bagages. Nous devons être persévérants dans nos croyances. Vous dites : « Je crois en Dieu ». Non, soyez sincères : si vous croyez, alors appliquez au moins quelque chose. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Maintenant, en partant d’ici, vous continuerez vos vieux procédés : « Telle sœur n’applique pas cet enseignement ». Je ne dis pas que vous êtes mauvais, vous êtes meilleurs que moi ; maintenant j’applique à peine cet enseignement, vous l’avez appliqué un peu comme des chrétiens et moi je l’applique comme les juifs. Non, chacun de vous trouvera son âme sœur et lorsque vous viendrez à moi, je dirai : « Je me réjouis que Dieu soit entré en vous ». Et vous entrerez avec joie dans le temple de Dieu, et c’est seulement à cet instant que vous pourrez glorifier Dieu. Comment le glorifier ? Par la loi de ce grand amour qui peut scruter vos âmes. Parmi vous, quelqu’un dira : « Nous sommes de grands pécheurs ». Vous n’êtes pas de si grands pécheurs, pas à mon sens du moins, votre faute est dans ce que vous voulez vivre, mais sans savoir comment vivre. Alors vous me demanderez : « Et nos croyances en Christ depuis tant d’années, et les prières que nous lisons, et notre assiduité à l’église, ça ne compte pas ? » Mais avez-vous trouvé le Christ ? Je ne dis pas que vous ne l’avez pas trouvé ; Dieu a laissé les gens Le retrouver, Il a parlé il y a deux mille ans par la bouche du Christ. Avez-vous rencontré ce Christ pour échanger sur son enseignement ? Pouvez-vous me raconter au moins un rêve dans lequel le Christ vous a révélé quelque chose de son enseignement ? Il faut avoir une philosophie positive pour voir le Christ. Je veux que ce sentiment s’éveille en vous, mais vous devez impérativement voir votre âme sœur. Paul exprime cette idée, mais autrement, il dit : « Pas une femme sans homme, pas un homme sans femme ». Il sous-entend ainsi que les deux principes actuels, masculin et féminin, doivent s’unir dans une âme qui trouvera ensuite son âme sœur ; ce n’est qu’alors que le Christ sera le troisième parmi eux. À présent, certains seront découragés ; je ne veux pas vous voir découragés. C’est en rapport avec la sagesse. Si nous sommes tous dans cet état, lorsque ce grand amour viendra nous pourrons soulever tout Sofia ; si j’avais un point d’appui en vous, je soulèverais tout Sofia avec mon levier, mais que de fois avez-vous été submergés par le doute ? Il y aura un doute encore plus grand : lorsque le Christ s’élevait sur la croix, ceux qui étaient présents ont douté de lui, et vous aussi vous douterez comme ces croyants. C’est uniquement lorsque régnera cette grande loi, Tu aimeras ton prochain comme toi-même, que vous serez sur le chemin du véritable savoir. Ainsi, ne considérez pas que le sacrifice est de l’amour, le sacrifice est seulement de la résignation. Dans l’amour, la pureté est le socle, l’inconscient, c’est l’âme, la conscience, le cœur, la conscience de soi, la pensée, la superconscience c’est l’esprit humain. Les anciens grecs ont dit : « Connais-toi ! » Ils n’avaient pas une grande philosophie non plus, ils ne tenaient compte que de la conscience et de la conscience de soi, alors que la philosophie chrétienne s’occupe maintenant du grand enseignement de l’inconscient et de la superconscience ; donc l’esprit humain, l’âme humaine doivent être unis pour trouver le véritable chemin de leur développement. Alors les hommes et les femmes d’aujourd’hui seront libres et s’entendront, vos enfants vous comprendront et vous les comprendrez, alors que les enfants disent maintenant : « Ma mère doit se sacrifier », la mère dit quelque fois : « Mes enfants doivent se sacrifier », l’État dit : « Mes sujets doivent se sacrifier » ; tout le monde exige des sacrifices. Non, nous entamerons la nouvelle culture sans sacrifices. Et David dit dans un de ses psaumes : « Je te ferais des sacrifices, mais Tu ne veux pas de sacrifices : les sacrifices que Tu attends sont un cœur pur et humble et un esprit apaisé ». Donc, lorsque tu connaîtras ton conscient et ton inconscient tu verras que ni le cœur, ni la pensée ne peuvent te sauver ; David dit : « Je Te chercherai uniquement dans mon âme et mon esprit qui viennent de Toi ». Nous reviendrons maintenant pour rechercher ce Christ de l’amour. Aujourd’hui, c’est le Nouvel An et nous le rechercherons donc par la façon nouvelle et non par la façon ancienne. Nous ferons comme David qui est allé chez Saul ; Saul lui a donné de nouvelles armes, mais lui, après avoir marché avec ces instruments savants nouveaux, a dit : « Ce n’est pas pour moi », il s’en est débarrassé et il a pris son lance-pierre. Nous commençons avec ceci et cela, avec la science, mais ce que nous avons n’est pas encore une science ; la véritable science doit nous donner des méthodes que nous pouvons appliquer, avec lesquelles travailler. Et lorsque le véritable savant viendra, tu apprendras plus de son silence que de ses paroles. Jadis, quand un disciple allait chez son maître, il restait une semaine sans que rien ne soit dit, mais en partant il avait beaucoup appris, il avait assimilé l’aura de son maître, ses pensées, ses sentiments, ses aspirations. Lorsque tu te rends dans un café, tu t’imprègnes de l’odeur forte qui y règne ; c’est la même chose pour l’action de l’humidité et des rayons solaires sur les plantes : ils produisent les mêmes effets silencieux. Ainsi, vous ne trouverez nulle part ce savoir, vous ne le lirez dans aucun livre, mais vous l’acquerrez dans le plus grand silence de votre âme ; et ensuite vous n’agirez pas comme Archimède qui est sorti du bain en criant : « Eureka ! » Qu’avait-il trouvé au juste ? Combien coûtait la couronne d’or ? Quel était son poids ? Vous ne ressemblerez pas à Archimède, mais vous trouverez ce qui bouleversera toute votre vie et les gens diront : « Cet homme a radicalement changé de vie ». Maintenant, posez la première pierre de ce changement. Le temps vient, annoncé par l’apôtre Paul disant que tous ne mourront pas, mais se transformeront. J’aimerais aussi vous rencontrer une deuxième fois, pas un par un, mais deux par deux, que vous ayez trouvé votre âme sœur, votre prochain. Ainsi dit le Christ : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Sofia, 1 janvier 1922 [1] Il existe deux verbes en bulgare vazliubvam (възлюбвам) – « bien aimer » et liubia (любя) – « aimer »
  25. Ce que vous lierez sur la terre « Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Matthieu 18 :18 Ce verset est l’atout principal dans les mains de l’Église et de ses serviteurs, dans les mains des dévots : ce qu’ils lient sur la terre sera lié dans Ciel et ce qu’ils délient sur la terre sera délié dans le Ciel ; donc ils disent : « Si vous ne nous écoutez pas, nous lions et si vous nous écoutez, nous délions ». Je vais prendre un peu cette laine pour la carder, la démêler. Qui lie ? Celui qui est fort. Qui délie ? Celui qui est fort aussi. C’est vrai, mais qui est fort ? L’intelligent. Et qui est intelligent ? Le bon. Donc le fort, l’intelligent, le bon peut lier et délier sur la terre comme dans le Ciel. Lier quoi ? Le Christ a dit cela, mais on prend maintenant ce verset pour l’arranger comme un marchand arrange ses comptes : il fait deux factures : l’une avec le vrai coût d’acquisition des marchandises et une autre facture fictive avec le prix de vente. Il y a donc deux factures : délier ceux qui sont liés au mal, délier les prisonniers ; si tu les délies sur la terre, ils seront aussi déliés dans le Ciel ; et lier quelqu’un au bien, attacher avec une corde celui qui se noie dans la mer pour le sauver. Votre philosophie actuelle vous met dans la situation de ce tzigane dont il est question dans une anecdote. Laquelle ? Sa femme est tombée malade et il s’est mis à prier le Seigneur : « Seigneur, j’ai besoin de cette tzigane pour mendier, sinon qui me nourrira ? Si tu la guéris, je vendrai ma jument et j’allumerai un grand cierge pour Toi avec cet argent ». Et en effet sa femme s’est rétablie. Fidèle à sa promesse il a détaché la jument, mais il a pris aussi un chat qu’il a attaché à la queue de la jument, et il les a menés au marché pour les vendre ensemble. Un vendeur l’interroge : « Combien demandes-tu pour le cheval ? – Soixante sous. – Et pour le chat ? – Trois cents sous. – Pourquoi ? – A toi de voir, je les vends en lot et pas séparément. » La jument est promise au Seigneur et le chat reste la propriété du tzigane : soixante sous pour la jument et trois cents sous pour le chat. De même nos contemporains mènent souvent le chat et la jument et les vendent en lot, fidèles à la lettre de la loi. Il allumera un cierge pour le Seigneur comme il l’a promis, cependant il se peut que la femme ne tombe pas malade qu’une seule fois, mais qu’elle rechute une deuxième fois. « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le Ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le Ciel. » Et ce sera selon les causes, selon ce que nous faisons sur la terre, que nous subirons la même chose au Ciel, car le Seigneur agit précisément ainsi, c’est là qu’agit cette loi des causes et des conséquences. La cause est un lien : si nous lions quelque chose sur la terre, elle sera liée aussi dans le Ciel ; si nous délions quelque chose sur la terre, elle sera déliée aussi dans le Ciel, c’est une conséquence. « Ce que nous lions sur la terre, sera lié… » Maintenant, ces paroles du Christ sont un peu abstraites n’est-ce pas ? Mais les choses abstraites, les choses cachées dans la vie sont agréables ; ce qui est caché est précieux ; ce qui est lointain, est apprécié ; les choses proches, les choses extérieures sont dépréciées. Lorsque vous voulez exprimer une grande idée, vous dites qu’elle est grande, illimitée ; votre esprit saisit alors la valeur de cette idée. Maintenant, nous pouvons lier et délier, mais quand ? Nous devons comprendre ces lois en profondeur car si tu lies quelqu’un, mais que tu te lies toi-même à sa place cent ans après, ou si tu délies quelqu’un, mais que tu te délies toi-même à sa place cent ans après, qu’est-ce que tu en tireras ? Lorsque vous examinez la loi de l’hérédité, vous voyez des pères et des mères qui lient et délient, c’est-à-dire qui éduquent bien ou mal leurs enfants, et ils se lient et se délient tout seuls. Donc tout ce que nous lions et tout ce que nous délions dans la vie, sera lié et délié. Vous comprenez mieux maintenant. Pour clarifier ma pensée, je vous dirai : vous avez tous fait de l’arithmétique, vous avez étudié la divisibilité des nombres, les critères de divisibilité de chaque nombre. Par exemple, quels sont les diviseurs des nombres de 1 à 10 ? En premier lieu ils se divisent par 1 et par eux-mêmes, et puis certains parmi eux se divisent par d’autres nombres ; ainsi 4 se divise par 2, 6 se divise par 2 et 3, 8 se divise par 4 et par 2, 9 se divise par 3. Cela concerne les nombres de 1 à 10, mais avez-vous étudié la divisibilité des nombres de 10 à 100 et de 100 à 1000 ? Vous direz : « Qu’est-ce que cela fait de pouvoir diviser un nombre ? » Là où un nombre se divise, là est son point faible, donc le point faible de 4 c’est le 2. 4, c’est un homme n’est-ce pas ? Il est robuste, riche, avare, ne donne rien et brutalise ses serviteurs ; mais lorsqu’une femme vient et le divise, son portefeuille se vide : il est divisible par deux. L’homme et la femme sont des symboles, ne prenez pas cette métaphore au sens littéral ; l’homme et la femme sont des symboles de ces lois et forces qui travaillent dans la vie. Par conséquent, chacun doit trouver par quoi il est divisible. Ceux qui sont très divisibles sont appelés en chimie des composés instables, ils subissent des compositions et des décompositions incessantes : ce sont des composés instables et tu ne peux pas compter sur de tels composés. Le Christ qui dit à ses disciples : « Tout ce que vous liez… », s’adresse à des disciples qui connaissent les lois du Royaume de Dieu et respectent ces lois. « Ce que vous liez sur la terre, sera lié dans le Ciel. » N’allez pas penser que vous pouvez lier quelque chose sans la volonté divine, c’est-à-dire en dépit des lois qui agissent dans la vie ? Vous ne pouvez pas manger ce que vous voulez ; j’ai entendu beaucoup de héros dire : « Je peux tout manger ». Oui, tu peux tout manger, mais ensuite tu te tords de coliques ; tu ne peux pas tout manger, tu ne mangeras que ce que tu aimes et ce qui convient à ta nature. Par conséquent, nous pouvons lier et délier dans la vie, mais nous pouvons adoucir les conditions, délier notre karma, c’est-à-dire le laisser mûrir, et nous pouvons aussi le lier ; nous pouvons bonifier notre vie ou la dégrader, et quelqu’un qui a vécu vingt ans peut avec un seul mot détruire sa vie. Qu’est-ce que cela vous coûte d’approcher une petite allumette de la bombe posée à la maison et d’allumer la mèche ? La bombe est une force dirigée vers l’ennemi, mais cette bombe peut aussi exploser entre amis. Le Christ aussi dit à ses disciples : « Tout ce que vous liez… ». La question n’est pas de lier, mais de poser des règles ; comme dit le prophète juif : « Vous liez des règles sur des règles et vous ne bougez pas le petit doigt pour les lever[1] ». Il n’est pas question de ces règles. Maintenant, pour comprendre la pensée du Christ, vous devez revenir, hommes et femmes, vers cet état de pureté et de raison dont on s’est éloigné. Depuis huit mille ans, hommes et femmes se sont tant éloignés de la nature, que ni la femme n’est femme ni l’homme n’est homme, et si vous compariez aujourd’hui les hommes par rapport à l’original tout comme les femmes, savez-vous quelle caricature risible vous verriez ? Il ne s’agit pas seulement pour la femme d’avoir des traits féminins et pour l’homme des traits masculins, non. Que faut-il avoir dans une forme féminine ? Toutes les grandes vertus, toutes les pensées et tous les sentiments les plus nobles : la femme est porteuse du plus sublime dans le monde, de cette tendresse qui est placée en elle ; la femme peut bâtir et l’homme peut créer, mais uniquement ce qui est raisonnable. Si vous examinez les œuvres des hommes et des femmes, vous verrez dans quelle mesure les femmes sont des femmes de l’amour, et les hommes des hommes de la sagesse. Est-ce que l’homme doit constamment répéter à la femme : « Sais-tu que je suis un homme ? » La femme ne le sait-elle pas ? Il lui dit chaque jour : « Tu dois savoir que je suis un homme ». Qu’est-ce que cela signifie ? Lorsque le riche se retrouve dans la misère, il parle beaucoup de sa richesse en ces termes : « Lorsque mon père était en vie jadis, quelle fortune nous avions ! » Lorsque vous perdez les choses, vous les mentionnez souvent. Et la femme dit à son mari : « Tu dois savoir que je suis une femme. – Quelle femme es-tu ? – Je suis fragile, ne me force pas à travailler. » L’homme dit à la femme : « Sache que je suis un homme, le chef de la maison. Et comme je suis le chef tu ne dois pas me chercher des noises ». Mais la femme comme l’homme se cherchent des noises. Je vais vous raconter un conte pour expliquer ma pensée. Mais prenez mes paroles au sens figuré. Je tire ce petit conte de la vie quotidienne en Amérique : il s’agit d’un journal non publié dont l’héroïne se nomme Mary Clinton ; cette jeune demoiselle était la fille d’un professeur, diplômée et de caractère noble. Dans le collège où elle avait obtenu son diplôme, elle avait fait connaissance d’un garçon – car les collèges là-bas sont mixtes – un jeune condisciple prénommé James. Après avoir conversé longtemps sur des idées, sur des amis, James a fini par tomber amoureux de Mary. Il lui avoue un jour son amour et dit : « Je ne peux pas vivre sans toi, je veux t’embrasser. » Elle lui a demandé : « N’as-tu pas déjà embrassé une autre femme ? – Une cousine germaine, c’est la seule que j’ai embrassée. – Eh, ce n’est pas une grande faute, une cousine ; tu peux m’embrasser. » C’est ce qu’il a fait. Un an plus tard, il a terminé le collège et deux ans après il s’est marié avec une autre jeune fille, très riche. Mary a écrit dans son journal : « Celui qui a déjà embrassé sa cousine germaine et moi-même, s’est marié avec une femme riche ». Le deuxième qui a fait sa connaissance s’appelait Richard. Il est tombé amoureux de Mary et il lui a avoué son amour : « Je ne peux pas vivre sans toi, je veux t’embrasser. » Elle lui a demandé : « As-tu embrassé une autre femme ? – J’avais deux cousines, ce sont les seules que j’ai embrassées. » Elle a pensé : « Ce n’est pas un grand péché, deux cousines ; j’ai déjà été embrassé par un autre, je peux encore donner quelque chose de moi ». Et il l’a embrassée. Mais un an plus tard il a épousé une millionnaire. Et Mary a écrit : « Celui qui a embrassé ses deux cousines et moi-même, s’est mariée à une millionnaire ». Vient enfin le troisième antagoniste, prénommé Alfred. Il tombe aussi amoureux et avoue son amour, et il veut aussi l’embrasser. Mary Clinton demande toujours : « N’as-tu pas déjà embrassé une autre femme ? – Je n’ai embrassé aucune autre femme ! – Alors je ne veux pas que tu salisses ta bouche avec la mienne car ma bouche est impure. Je ne te donnerai pas de baiser. » Maintenant, elle ne sait pas ce qu’il va devenir car il n’a embrassé aucune autre femme, elle est curieuse. Un an après, cet Alfred écrit un poème en l’honneur de Mary Clinton : il la célèbre, c’est un vrai poète. Elle a écrit de nouveau : « Celui qui a embrassé sa cousine germaine et moi-même s’est marié à une femme riche ; celui qui a embrassé ses deux cousines et moi-même, s’est marié à une millionnaire ; et celui qui n’a embrassé personne est devenu poète ». Donc les deux premiers se sont mariés, ils ont fait le tour sur le plan matériel, alors que le troisième qui n’a jamais embrassé s’est entendu dire : « Je n’ai rien à te sacrifier car j’ai été embrassée par deux hommes alors que tu n’as embrassé personne ». Il est devenu poète et Mary Clinton demeure tel un idéal dans son esprit. Toutes les choses sur terre ont leurs raisons profondes ; dans la vie sociale et dans la vie religieuse tout ce que nous faisons a ses raisons : elles peuvent être authentiques ou feintes. Nous pouvons croire en Dieu uniquement pour améliorer notre situation : ce n’est pas une raison profonde. Nous pouvons parfois exprimer un manque de foi sans qu’il soit enraciné en nous ; foi et manque de foi, c’est aujourd’hui à la mode. J’ai déjà expliqué d’autres fois : lorsque quelqu’un dit qu’il croit ou qu’il ne croit pas, je le jauge : tu crois car tu n’as pas encore perdu l’objet. Tu as un riche ami ou parent, tu attends après son héritage n’est-ce pas ? Tu le traites avec douceur, tu crois en lui, mais un jour lorsqu’il meurt sans rien te laisser, tu ne crois plus en lui. Pourquoi ? Parce qu’il il n’y a plus d’objet. La foi des contemporains est basée sur l’argent. Le Christ dit : « Celui qui veut lier et délier… ». Cela se peut de deux manières seulement : par l’amour et par la sagesse ; c’est l’idée qui n’est pas exprimée jusqu’au bout dans ce verset. L’amour lie toujours, il ne délie jamais. Quelqu’un dit : « Tu es libre comme un oiseau », mais tu rencontres une femme et tu es lié ; la jeune fille est libre, mais lorsqu’elle enfante, elle s’est liée : dès que cet enfant se met à pleurer dans son berceau… c’est l’amour qui l’a liée. Mais c’est une chose d’être lié à un enfant et c’en est une autre d’être lié à son argent dans la caisse : l’enfant pleurera et tu le caresseras ; tu peux aussi caresser l’argent, mais il ne pleure pas et ne peut pas te parler, alors que l’enfant est lié comme la femme est liée, tous deux ont à jamais une obligation. Et c’est bien la sagesse qui délie. Donc, lorsque tu enverras ton enfant, ton fils à l’école, il sera délié de cette mauvaise compréhension de l’amour. Et la mère dira : « La langue de mon enfant s’est déliée » ; mais parfois lorsqu’il a la langue déliée, le fils devient obstiné, revêche, indiscipliné ; c’est la sagesse qui l’a délié. Donc le Christ dit : « Tout ce que vous lierez avec amour sur la terre, sera lié avec amour dans le Ciel ; et tout ce que vous délierez avec sagesse sur la terre, sera délié aussi dans le Ciel ». Ainsi, quelqu’un aspire à se lier avec amour, il ne peut pas. Il faut être intelligent, très intelligent. J’ai examiné de nombreux cas, sachez-le : il y a un procédé, c’est l’amour. Celui qui comprend cette grande loi de l’amour est divin, et celui qui comprend la sagesse peut délier ; dans ces deux grandes lois se trouvent les conditions par lesquelles nous pouvons bâtir notre future maison et trouver nos futurs amis. Au contraire des nations et des sociétés actuelles : regardez-les ! Vous pouvez mathématiquement calculer combien d’années subsistera un pays. Les Russes disent que le slave a un cerveau arrière robuste, donc le slave sait lier mais ne sait pas délier. Si tu as lié tous tes amis, qui te défendra lorsque l’ennemi t’attaquera ? Comment lieras-tu tes ennemis ? La haine est aussi une sorte de lien. Si tu te fâches avec tous tes bons amis, qui t’aidera le jour où les malheurs te frapperont ? Donc la langue doit être rééduquée par la loi de l’amour. Lorsque tu lies ton ami, il y a pour cela une clé, dis-lui : « Je te lie temporairement », mais lorsque tu veux le délier, tu le délieras avec cette clé : donne-la lui, et ne dis pas : « Comme je te lie, je te délierai aussi ». J’aimerais que ceux de l’Église parlent ainsi à leurs ouailles, qu’ils leur donnent la clé qui délie : la clé qui délie est la sagesse divine. Si vous ne leur donnez pas la clé, c’est que vous n’avez pas de foi en eux, et si vous n’avez pas de foi, vous ne pouvez pas les aimer ; celui qui ne croit pas en moi, ne peut pas m’aimer. Les autres peuvent dire aussi : « Toi non plus tu n’as pas la foi en moi ». Bien, tu veux que j’aie la foi en toi ? Si tu sacrifies tous tes avoirs pour les pauvres, je crois en toi ; si tu es un homme d’état qui décrète de bonnes lois pour améliorer la société, je crois en toi, comment ne pas croire ? Mais si tu entres dans cette société sans produire ces résultats, alors j’ai le droit de nourrir quelques doutes. Par le mot Ciel, le Christ comprend la vie intelligente. Ce que tu fais sur le plan physique se reflète aussi sur le plan spirituel ; si tu délies, la même chose arrivera dans ta vie spirituelle, la loi est très juste. Si tu penses : « J’ai une maison, de l’argent à la banque, des revenus de dix à quinze mille leva par mois », ta pensée est libre, déliée. Certains me diront : « Je ne veux pas déposer mon argent à la banque, mais je le mettrai dans la banque divine ». As-tu vu la porte de la banque divine ? Nous, les représentants actuels du nouvel enseignement, nous ne devons pas parler de ce que nous ne connaissons pas. Si tu as vu cette porte, si tu as vu cet édifice divin, alors bien ; mais si tu ne sais pas, tu chercheras quelqu’un pour lui demander où est la banque divine et comment y entrer : par le Sud, par l’Ouest, par le Nord ou par l’Est. C’est comme celui qui vient en ville et demande : « Où se trouve la banque populaire ? Dans quelle rue, par quelle entrée y accède-t-on ? » Dans ce cas, les gens ont une connaissance affirmée, mais que savons-nous à propos de la vie religieuse ? Vous direz ce qu’un tel a écrit, ce qu’un autre a dit, ce qu’un troisième a vu en voyageant ; c’est bien, ces gens ont voyagé et ont vu, mais est-ce que toi tu as voyagé ? Quelqu’un viendra auprès de toi et dira comme à Mary Clinton : « Je veux t’embrasser. – Mais n’as-tu pas embrassé une autre femme ? » Il répondra : « Ma cousine. – Oh, ce n’est pas un si grand péché ! » Il t’embrassera et épousera deux ans après une femme riche. Si ce jeune homme n’avait pas embrassé Mary Clinton, il n’aurait pas épousé la femme riche ; du point de vue mathématique, je dis que le deuxième qui l’a embrassée n’aurait pas épousé cette millionnaire s’il ne l’avait pas embrassée ; et le troisième ne serait pas devenu poète s’il n’avait pas fait connaissance avec Mary. Toutefois les deux premiers l’ont embrassée physiquement alors que le poète l’a embrassée spirituellement, il a conservé son image en lui et il a écrit un livre alors que les deux autres ont pris des femmes et l’ont oubliée ; le troisième a fait un livre en son honneur. Je demande à présent : est-ce que l’image du Christ est à l’Église ? Il y a deux types de chrétiens : les uns comme James, d’autres comme Richard. Le premier a embrassé sa cousine germaine, Mary et sa femme : il s’est partagé entre trois femmes ; le deuxième a embrassé ses deux cousines, Mary et sa femme : il s’est donc partagé entre quatre femmes ; le troisième n’a embrassé personne : il est devenu poète. Je demande ainsi : est-ce que l’Enseignement du Christ est dans les esprits des gens dans sa pureté originelle ? Et lorsque vous vous immergez dans la vie spirituelle, comment imaginez-vous le Christ ? Il dira : « As-tu embrassé quelqu’un ? – Oui, ma cousine germaine. » Le Christ dira : « Je peux sacrifier quelque chose pour toi. » Le Seigneur sacrifie quelque chose : il lui donne une femme riche pour se marier. Viendra le deuxième – ces cousines sont des symboles – : « As-tu embrassé une femme ? – Seulement mes deux cousines. – Eh bien, je peux sacrifier aussi quelque chose pour toi. » Le troisième vient et dit : « Je n’ai embrassé personne. » Le Christ dit : « Je ne te donnerai pas de baiser. » Je sais maintenant, vous direz dans votre tête : « Qu’est-ce que notre Maître raconte, d’où a-t-il trouvé de tels exemples ? » Je parle votre langage : il a embrassé sa cousine germaine, c’est un symbole, une transformation de l’énergie du Ciel vers la terre et de la terre vers le Ciel, ce sont des symboles. Et attelez-vous à apprendre l’histoire du baiser : quand est-il apparu sur terre, quelles sont les conditions de son usage ? Je ne vais pas maintenant examiner cette question car elle est d’une grande importance psychologique. Donc le baiser est un lien du monde divin ; lorsque nous voulons nous lier avec le monde divin, nous nous servons du baiser, c’est le degré inférieur du monde divin. Si tu veux tromper le Seigneur avec ton baiser, vendre le cheval pour soixante sous mais le chat pour trois cents sous, alors tu ne pourras ni délier, ni lier dans le monde. Si vous affrontez en ce moment des difficultés, si votre vie traverse des difficultés, je veux diriger votre pensée dans une autre direction. Vous dites : « Certaines choses sont possibles et d’autres impossibles ». Je dis que tout est possible pour l’amour. Comment ? Si tu peux aimer tout le monde, tout est possible ; ce sentiment est le plus sublime, le plus noble qu’il faut désormais cultiver dans l’âme humaine. Le sentiment d’amour n’a pas encore commencé à se développer en vous ; lorsqu’il commencera à apparaître dans votre âme – je le nomme sagacité – on sera armé de telles forces qu’on s’apaisera face à toute chose, et ne verra plus de mal nulle part ; non seulement on ne verra pas de mal, mais on deviendra un maître artisan : on pourra bonifier toutes choses, on pourra lier et délier, on pourra unir et désunir, et les occultistes diront qu’on est devenu un mage. Et la baguette que porte le mage, où la mettent-ils ? Les curés arborent de longues manches comme les mages ; c’est dans cette large manche que le mage portait sa baguette pour accomplir ses miracles ; cette large manche montre que tout doit sortir librement comme une source abondante. Les manches des curés sont larges, mais leurs pantalons sont étroits. Pourquoi sont-ils étroits ? J’apprécie les gens du monde, je vois de la culture chez eux : leurs pantalons sont larges. Toutes les formes extérieures chez l’être humain sont le résultat de changements qui s’opèrent dans le monde mental : elles apparaissent d’abord dans l’inconscient, puis dans la conscience, puis dans la superconscience. La conscience est un état transitoire ; lorsqu’elle s’éveille, elle vous fait voir seulement vos propres fautes ; lorsque vous serez un être conscient, vous recouvrerez la vue et vous vous direz : « Je n’aurais pas dû pas faire ceci ni cela… ». La conscience est un domestique qui doit constamment remplir et vider le compte bancaire de son maître ; la conscience est un animal de trait qu’on charge et qu’on décharge en disant : « Il mène une vie consciente ». Je dis : menons une vie inconsciente et une vie superconsciente, c’est la vie : si tu mets une idée dans ton inconscient, elle se réalisera, si tu la mets dans la conscience elle ne se réalisera pas. Faites l’essai. La vie consciente altère, c’est celle qui porte constamment le marteau pour broyer les cailloux et préparer les matériaux ; c’est pourquoi, dans la science occulte, les gens intelligents enjoignent de se taire, c’est-à-dire de vivre dans l’inconscient sans trop parler. C’est une philosophie : ne pas souffrir à cause de sa conscience. Pourquoi ? Si tu es pleinement dans la soi-conscience au point de te critiquer constamment, tu dois connaître la loi permettant de passer dans la superconscience ; si tu as fait une erreur, nul besoin de s’y attarder ; si l’élève qui s’entraîne au violon commet une erreur, il ne doit pas abandonner le violon et pleurer ; le professeur dira : « Tiens le violon, corrige la tonalité ! » Les chrétiens contemporains pleurent et vous pleurerez, mais le Seigneur dit : « Tiens le violon et l’archet, assez de larmes versées ! » Lorsque vous aurez beaucoup joué, alors pleurez ! Maintenant, certains disent : « Qu’ils pleurent un bon coup ». Oui, qu’ils pleurent, mais qu’ils jouent et qu’ils pleurent sans délaisser le violon, sinon ces pleurs-là ne sont pas salutaires, ils ne permettent ni de lier ni de délier. Donc, dans le monde contemporain les femmes ne doivent pas pleurer. J’ai dit dans une causerie : la femme ne doit pas pleurer. Comment ? Elle ne doit pas poser son violon et pleurer, elle ne doit pas dire : « Pourquoi je me suis mariée à cet homme ? » Personne ne t’a liée, tu t’es liée toute seule ; cet homme ne t’a pas épousée de force, c’est toi qui as parcouru le monde depuis la Bulgarie jusqu’en Amérique pour lui. Combien de lettres d’amour lui as-tu écrites : « Je ne peux pas vivre sans toi », et tu l’as demandé en mariage, et ensuite tu dis : « Pourquoi je me suis mariée ? » Tu t’es liée et tu as bien fait de te lier ; tu apprendras maintenant le deuxième processus : te délier avec intelligence. Se lier, qu’est-ce que se lier ? Lorsque je mets le doigt sur le violon, c’est l’amour ; ensuite, une petite pause : nous transportons une tonalité d’une position à l’autre ; donc la sagesse entrera pour faire la différence entre les tonalités, les désunir, les ordonner harmonieusement. Ainsi, le Christ dit à ses disciples : « Tout ce que vous lierez, sera lié et tout ce que vous délierez, sera délié », c’est une loi. Ce que les prophètes ont prophétisé en mal s’est réalisé, et ce qu’ils ont prophétisé en bien s’est réalisé également. Maintenant nos contemporains attendent leur salut de la science, n’est-ce pas ? Le salut n’est pas en dehors de ta pensée, il est dans ce qui se trouve à l’intérieur de ton âme. Vous êtes tous des adorateurs d’idoles, la science est une grande idole : un tel a dit telle chose, un autre a dit autrement, on a réuni tout cela dans un livre qu’on a appelé science, et on dit : « Cette science nous sauvera ». Depuis dix-neuf siècles c’est toujours la science qui nous sauve. Avec quoi ? Avec des canons et des mitraillettes, et tous disent : « Quelle grande science, quelle culture, quelle intelligence ! » Oui, c’est la culture du tzigane qui a vendu le cheval pour soixante sous et le chat pour trois cents sous. Ainsi, dans le budget, disons de l’Angleterre, qu’y a-t-il ? Elle octroie un milliard et demi pour l’état, et cinquante à soixante millions pour l’Église : ce sont les soixante sous pour le cheval. On glorifie le Seigneur : « Seigneur, nous allumons des cierges en Ton nom ». On dépense sans compter pour l’armée, mais s’il s’agit d’une œuvre caritative, peu s’y engagent. Et ils disent que l’Église lie et délie ; bien, pourquoi l’Église ne délie-t-elle pas la guerre mondiale et l’empêcher de la sorte ? N’était-elle pas en première ligne ? Non seulement elle n’a rien délié, mais elle a davantage lié les choses. Certains qui m’entendront parler ainsi, diront : « On porte ainsi atteinte au prestige de l’Église », mais vous, ne lui avez-vous pas porté atteinte ? Et celui qui est en haut, ce Seigneur qui voit, Il vient à présent pour juger le monde : d’abord les pasteurs, les prêtres, les évêques, les patriarches, les rois, les enseignants, les plus éminents, alors qu’Il laissera les gens simples et leur dira : « Je vous pardonne ». On exigera beaucoup de celui à qui on a beaucoup donné, ce n’est pas moi qui le décrète. Et ils ne le croient pas, mais avec le temps ils le croiront tous. Maintenant, moi aussi je lie et je délie ; je viens dans le monde et je noue un nœud tel que personne ne pourra le dénouer, et je vais délier de façon que personne ne pourra lier ce que j’aurai délié. Je vais lier les gens pour qu’ils vivent dans l’amour, pour qu’ils voient chez l’autrui le visage d’un frère pour qui se sacrifier ; et je vais délier de façon que ne reste nulle trace du mensonge. Ce sont les mots du Christ, je relate Ses paroles, c’est ainsi que le Christ a parlé : « On m’a donné tout pouvoir au Ciel et sur la terre. Allez, enseignez tous les peuples… et je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ». C’est maintenant, ce sont ses paroles, donc il lie et il délie, et si le Christ demeure dans ton cœur, tu lieras et tu délieras avec lui : tu apprendras la nouvelle loi. Ainsi, nous devons appliquer l’Enseignement du Christ dans notre vie ; cet Enseignement n’est pas pour le Ciel, on vous donnera d’autres choses là-haut, cet Enseignement est pour la terre. Si nous ne pouvons pas vivre dans l’amour maintenant, comment pourrions-nous être en accord dans l’autre monde ? Un Français est allé en Afrique, il a gagné des millions mais ne s’est pas marié. De retour à Paris, il a voulu éprouver ses deux cousins pour savoir chez qui s’établir ; il a fait semblant d’avoir accumulé cent millions, mais de les avoir ensuite perdus au point d’être complètement ruiné. Son premier cousin lui a dit : « Tu peux rester chez moi ». Mais un mois plus tard, il lui a dit : « Nous ne pouvons pas nous montrer solidaires de ton malheur, va ailleurs ». Il va chez le deuxième cousin qui lui a dit : « Sois bienvenu, ce que nous avons est aussi à toi ». Il a vécu toute une année confortablement, puis il a dit à son cousin : « Je ne suis pas pauvre, je vous lègue toute ma richesse ». En apprenant cela, le premier cousin est revenu, mais c’était bien trop tard. C’est ainsi que le Christ nous met à l’épreuve pour savoir à qui il doit laisser sa richesse. Le Christ dit : « Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi au Ciel ». Ayez en tête que chacun de vous peut lier et délier. Vous êtes forts pour lier, en premier lieu avec votre langue ! Surveillez votre langue ! C’est une mitraillette effroyable, la plus effroyable qui soit, je n’en connais nulle autre dans le monde. Désamorcez cette mitraillette et que chacun de nous se mette à parler au nom de l’amour. Lorsque les souffrances surgiront, nous saurons délier ces souffrances et en comprendre les raisons ; délions-les ici pour qu’elles soient aussi déliées en haut. Je peux vous expliquer les causes des souffrances, dans une école on peut l’expliquer. Vous avez mal au ventre ? Si vous avez mal au ventre, mettez vos deux mains sur le ventre et quatre à cinq minutes après les douleurs disparaitront. Qu’est-ce qui s’est passé ? Vous vous êtes déliés et la douleur est passée. Vous pouvez délier en mettant les deux mains, c’est une loi ; c’est dans le bras gauche que passe le courant cosmique de l’amour et c’est dans le bras droit que passe le courant cosmique de la sagesse, du savoir. Maintenant, nous nous serrons uniquement la main droite, mais lorsque nous aimons quelqu’un nous devons nous serrer les deux mains. Mais nous le faisons aujourd’hui de façon aristocratique, d’une seule main. Lorsque nous aimons, nous devons nous prendre par les deux mains, insuffler et la sagesse et l’amour : le divin doit se transmettre et circuler partout. Ainsi le Christ dit : Tout ce que vous lierez avec amour, sera lié, car Dieu est amour ; et ce que vous délierez avec la sagesse – les souffrances des humains – elles seront bien déliées car Dieu est sagesse. De vous tous je veux deux choses qui doivent vous distinguer des autres : être des représentants de l’amour et de la sagesse ; celui qui ne porte pas ces deux grandes lois de l’amour et de la sagesse ne peut pas faire partie du Nouvel Enseignement. Quelqu’un dira : « Je suis faible, fautif ». Non, non, nous n’acceptons pas de gens faibles : lorsque tu te présenteras, nous te ferons passer devant un jury et nous te demanderons : « Peux-tu lier ? – Je peux. – Viens ici, tu es des nôtres. » Un autre vient. : « Peux-tu lier ? – Je suis faible, je ne peux pas. – Dehors ! – Peux-tu délier ? – Je suis faible. – Tu n’es pas pour nous ». Celui qui ne peut ni lier ni délier est quelqu’un de dangereux. Vous ferez attention à deux choses : vous serez représentants de l’amour afin de lier, et vous serez représentants de la sagesse afin de délier, c’est ce dont a besoin la société moderne ; si vous vous imprégnez de ces deux principes, je vous révélerai des choses fabuleuses et nous pourrons discuter. Je vous demanderai : « Pouvez-vous me lier ? – Nous pouvons ». Bien. Oui, je me laisserai lier, je dirai que je n’ai pas peur ; vous vous rassemblerez tous pour me lier. Maintenant je vous demanderai : « Est-ce que je peux me délier ? » Vous direz : « Tu peux », je ferai quelques mouvements et je me délierai aussitôt. Puis je dirai : Attendez que je vous lie à présent. Je vais vérifier ainsi que vous n’êtes pas peureux. « Pouvez-vous vous délier ? – Nous pouvons. » Ainsi, nous nous lierons et nous nous délierons et nous serons libres, sans peur, c’est une loi psychologique essentielle ; liez votre frère avec amour, déliez-le avec sagesse et aidez-le en bien, voici l’Enseignement que nous devons appliquer partout. J’aimerais que vous soyez tous des poètes maintenant pour écrire un livre. « Tout ce que vous lierez, sera lié ; et tout ce que vous délierez, sera délié ». C’est pour cela que maintenant dans le monde agissent ces forces qui lient et qui délient : nous nous délions de l’ancien, nous nous lions au nouveau ; on lie et on délie ; la Nouvelle Vie aussi sera une vie où on lie et on délie. Je traduis : ce sera une vie d’amour et de sagesse. En vous croisant, je vous demanderai : « Est-ce que votre fille est déliée ? Pour dire : « Est-elle sage ? » Je demanderai : « Est-ce que votre fils est lié ? – Il est lié, il est lié ! – Je me réjouis ! Peut-il se lier et se délier – Il peut ». Je dis : votre foyer est heureux car on peut y lier et délier. Ce sont les mots, l’idée, le sens profond que le Christ a mis dans ces paroles : « Tout ce que vous lierez avec l’amour divin, sera lié ; tout ce que vous délierez avec la sagesse divine sera toujours délié ». Je veux aussi que celui qui est lié, reste toujours lié ; et que celui qui est délié reste toujours délié. Je veux donc que les hommes soient toujours déliés, je ne veux plus voir d’homme lié ; et je veux que les femmes soient toujours liées. Qui a plus dans ce cas ? L’homme délié n’a pas de corde alors que la femme a une corde : si elle la détache, cela lui donne un atout. Les femmes sont comme des fouets dans le monde : elles détachent leurs cordes et fouettent le monde, c’est donc dangereux de les provoquer ; les gens liés sont redoutables car ils ont une arme puissante. J’utilise un langage symbolique : être homme ou femme. Si on interprétait mes paroles après des années, il y aurait des théologiens pour dire : « Qu’est-ce que Monsieur Deunov a voulu dire ? Que la femme soit liée et que l’homme soit délié ? » L’être lié est un être de l’amour, il est puissant ; l’être délié est un être de la sagesse. Donc, l’homme doit être délié et la femme doit être liée, alors la paix et l’entente règneront dans le monde. Et ne soyez plus à l’avenir comme vous êtes à présent : vous les femmes, vous ne me plaisez pas, il y a trop de femmes dans une forme masculine ; et il n’y a rien de plus dégoûtant qu’un homme dans une forme féminine ; ce sont les choses les plus intolérables, c’est pourquoi je dis : revenez en arrière ! Que les femmes arborent l’image de l’amour primordial et que les hommes arborent l’image de la sagesse primordiale ; et sachez qu’alors le monde se redressera. Ce que vous lierez, femmes de l’amour, sera lié ; et ce que vous délierez, hommes de la sagesse, sera délié : ce sont les paroles du Christ. Donc les femmes peuvent tout lier dans le monde, alors que les hommes peuvent tout délier : tout est entre nos mains. Pour cela, réalisez cette union : que les hommes délient et que les femmes lient. Tout ce que vous lierez sur la terre, femmes de l’amour, sera aussi lié dans le Ciel ; et ce que vous délierez sur la terre, hommes de la sagesse, sera aussi délié dans le Ciel : c’est l’Enseignent qu’a prôné le Christ, c’est l’Enseignement que le Christ apporte pour vous tous. Je veux que vous soyez le peuple de l’amour. Peuple – démos – est un mot grec, vous devez inventer un mot nouveau dans la langue bulgare. Que la femme connaisse l’amour et que l’homme soit sage : voilà ce dont a besoin le monde d’aujourd’hui, alors vos enfants aussi, vos fils et vos filles vous ressembleront : votre fils sera sage et votre fille sera aimante. Et la sagesse et l’amour, en se rencontrant, formeront les vibrations les plus grandioses dans ce monde, ils transformeront la culture, et lorsque nous nous croiserons, chacun suscitera la joie chez les autres, même de loin. Maintenant, méditez sur ces paroles, je les ai clarifiées pour vous, mais il reste encore une multitude de choses à clarifier : « Tout ce que vous lierez, sera lié ; et tout ce que vous délierez, sera délié ». Sofia, 25 décembre 1921 [1] « Ils lient des fardeaux pesants et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes; mais eux, ils ne veulent pas les remuer du doigt. » Matthieu 23, 4
×
×
  • Create New...