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Ani

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  1. Et il s’en alla et se mit au service « Alors il s'en alla et se mit au service d'un des habitants du pays qui l'envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux. »[1] Luc 15 :15 Les mots importants ici sont aller et se mettre au service. On dit : ils vont sur le champ de bataille pour combattre ; ils vont pour gagner de l’argent ; ils vont pour acquérir des connaissances, pour labourer les champs, etc. Aller et se mettre au service : qui se met au service de qui ? La jeune fille se met au service du jeune homme pour une longue période, le domestique se met au service de son maître pour une courte durée, tout au plus un ou deux ans. « Alors, il s'en alla et se mit au service d'un des habitants du pays. » Quel est ce pays ? Celui qui est allé se mettre au service était jeune et capable, le fils d’un père fortuné. Au lieu de commencer avec la science de l’addition dans le foyer paternel, ce fils a dit à son père : « Papa, donne-moi la part à laquelle j’ai droit. » Il voulait donc la division ; il a commencé par l’ultime opération de l’arithmétique : la division. Et le père, conformément au désir du fils, a commencé par la même opération. Le jeune homme est allé dans un pays étranger pour appliquer la multiplication. Laquelle ? Il multiplie ses amis, il multiplie les festins et gaspille son argent à festoyer jour et nuit. Quel a été le résultat sur sa vie pour avoir commencé par la multiplication et la division ? Il a bu et mangé toute sa fortune et a été contraint de « s’en aller et se mettre au service d’un habitant de ce pays qui l’a envoyé paître des pourceaux ». De plus, le fils de ce notable était juif ! Il n’y a pas de plus grand déshonneur pour un juif que de paître des pourceaux. Qu’est-ce que le métier de porcher lui a appris ? À labourer le sol. Avec son groin le cochon laboure le sol. C’est ainsi qu’agissent certaines jeunes filles en se mariant ; lorsque leur mari va labourer le champ, elles le suivent : sillon après sillon le champ finit par être complètement labouré. En observant son mari et son beau-père, la jeune fille apprend aussi ce métier. Si elle l’apprend en peu de temps, tous disent que c’est une femme intelligente. Mais le fils du notable a commencé à travailler à l’envers : d’abord à paître des pourceaux ; puis à labourer le sol, ensuite il a appris à ensemencer les champs et enfin il est retourné chez son père. Nos contemporains tout comme ce jeune homme étudient les quatre opérations arithmétiques et progressent ensuite dans l’algèbre où ils sont confrontés à des grandeurs qui croissent pour les unes et décroissent pour les autres. Quelles grandeurs peuvent croître et décroître ? Les grandeurs vivantes. Elles sont inconnues à l’homme qui de ce fait y aspire. Il avance ainsi dans le pays du plaisir et de la gaîté qui le conduisent au déclin, c’est-à-dire au métier de porcher. C’est un symbole des désirs inférieurs de l’âme humaine. Celui qui fait paître ses désirs inférieurs se rabaisse tout seul, et s’il s’introduit dans une société de personnes intelligentes, c’est la pagaille. On dit d’un tel individu qu’il est infortuné car il a commencé par la division et travaille avec le principe inférieur en lui. Le premier chapitre de la Genèse traite de la création du monde. « Et Dieu dit : Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux. Et cela fut ainsi. » On voit ici que Dieu a commencé la création du monde par l’addition. Le premier homme a été aussi créé grâce à l’addition. Lorsque cela a été le tour de la femme, Dieu a appliqué la soustraction : Il a endormi l’homme et lui a pris une côte avec laquelle Il a créé la femme. Lorsqu’on soustrait quelque chose à une grandeur, elle diminue. Cette diminution montre que le mouvement s’effectue dans un sens opposé. Nous tirons la conclusion que le fils cadet qui a voulu quitter la maison paternelle a commencé par la soustraction, c’est-à-dire par la réduction et par un mouvement opposé à celui de l’addition. En étudiant les différentes opérations mathématiques, nous arrivons aux grandeurs constantes ou changeantes (ou encore transitoires). Seul Dieu est une grandeur constante et toutes les autres grandeurs, humains, animaux, plantes, minéraux changent, c’est-à-dire croissent ou décroissent constamment. Le développement de l’homme et de toutes les créatures vivantes est dû précisément à ces processus. Le jeune homme a quitté son père dans le but d’explorer le vaste monde où les grandeurs croissent et décroissent. Son élan est bon, mais son erreur a été d’entrer dans le monde du plaisir et non du travail. Beaucoup de fils de notables choisissent le même chemin : ils cherchent des compagnons de festins et de beuveries, de loisirs et de divertissements, et lorsqu’ils ont tout perdu ils reviennent à la maison en haillons, faibles et impuissants, en disant : « Nous avons tout perdu, mais au moins nous avons acquis de la culture. » Ils font fausse route, ce qu’ils ont acquis c’est la culture de la perversion, le côté inférieur de la vie. « Alors il s'en alla et se mit au service d'un des habitants du pays. » Qui est cet habitant ? Le seigneur de ce pays : l’intelligence primitive ou le mental inférieur. Lorsqu’il s’est trouvé en mauvaise posture, le jeune homme s’est tourné vers cet habitant pour lui demander conseil, et ce dernier lui a conseillé de voler, de se quereller avec les autres, de se battre. Il lui disait : « Ne crains pas les autres, ils sont aussi comme toi. – J’ai des ennemis. – N’aie pas peur d’eux, sème la discorde parmi eux et ils vont se battre entre eux. – Ils vont me fendre le crâne ! – Ils vont te fendre le crâne, mais les leurs ne resteront pas intacts non plus. » Celui qui écoute les conseils de cet habitant finira forcément mal. Lorsqu’il entre dans une famille où l’homme et la femme vivent bien, il les influence par ses conseils et ils finissent par se séparer. Il s’adresse d’abord au mari : « Pourquoi te laisser faire par ta femme, tu n’as aucun amour-propre, tu as perdu toute dignité ». Alors le mari commence à tout imposer à sa femme, il veut que seule sa parole soit écoutée. Puis l’habitant se tourne vers la femme : « C’est curieux que tu supportes encore ce rustre ? Tu es aussi une créature de Dieu, tu as droit à la liberté, montre-lui que tu n’es pas un jouet entre ses mains ». La femme se met alors à opposer de la résistance à son mari. Les deux sont mécontents l’un de l’autre, chacun cherche à obtenir réparation, chacun réclame son dû : ils prennent chacun leur part et partent dans le vaste monde. On crée ainsi la nouvelle liberté, c’est-à-dire l’émancipation de l’homme et de la femme : l’homme se considère libre et la femme gagne aussi sa liberté. Vers qui cette liberté est-elle dirigée ? L’homme veut s’émanciper de la femme, et la femme de l’homme. En réalité, ce n’est pas cette liberté à laquelle aspire l’âme ; l’âme aspire à la liberté intérieure, raisonnable, consciente. Qu’est-ce qu’on obtient lorsqu’on écoute les conseils de cet habitant ? C’est intéressant de noter qu’il ne laisse pas le jeune homme être son serviteur dans sa maison, mais qu’il l’envoie paître ses pourceaux dans les champs. Quelle est l’idée exprimée par le Christ dans ce verset, pourquoi le maître a-t-il agi de la sorte envers le jeune homme ? À cause de son mécontentement de la vie : le jeune homme n’était content ni de la vie ni de son père, il pensait qu’on pouvait vivre autrement, c’est pour cela qu’il a demandé sa part pour partir dans le vaste monde. Ce monde a un rapport aux mathématiques, aux grandeurs inconnues. Pour résoudre ces grandeurs, il faut trouver le sens de leur mouvement, voir si elles croissent ou décroissent. Savez-vous à quoi sont égales les grandeurs du bien et du mal ? Vous ne le savez pas, mais vous les avez partiellement essayées. On travaille ainsi en mathématiques : pour trouver la valeur d’une inconnue, on prend un nombre aléatoire et on travaille avec lui. « Et l'envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux. » Qu’est-ce qu’il y a de mal à cela ? Ce n’est pas un mal d’aller paître les pourceaux ; le mal, c’est qu’il se soit mis à ce travail après avoir bu et mangé toute sa fortune. Les pourceaux peuvent se passer du porcher ; être porcher est une invention humaine. Lorsqu’Il a créé l’homme, Dieu n’a pas dit qu’il doit paître les pourceaux. Il y a tout de même des pourceaux à faire paître, ce sont les pourceaux qui demeurent en l’homme. Donc être porcher a un rapport non seulement à la vie extérieure, mais aussi à la vie intérieure de l’homme. Nos contemporains ne voient pas les liens entre la vie extérieure et la vie intérieure, entre leurs pensées, leurs sentiments et leurs actes. De plus ils ne font pas attention à leur direction et à l’orbite de leur mouvement, ce qui cause des échecs dans la vie. En faisant le bilan de leur vie, ils constatent des évènements heureux et malheureux sans chercher à se les expliquer. Par exemple, si un enfant nait un mardi à 9h, il ne vivra pas longtemps. Pourquoi ? Parce que la planète Saturne est ascendante et monte progressivement à l’horizon. Les planètes ont une influence bénéfique ou maléfique, non seulement au moment de la naissance, mais aussi au moment de la conception. Les gens intelligents connaissent ces choses et les respectent à la conception d’un enfant, au commencement de chaque travail important. Le jeune homme dont parle le Christ a quitté le foyer paternel un mardi et c’est pourquoi ses affaires n’allaient pas bien ; il organisait les fêtes et les festins les vendredis, et un samedi il a commencé à paître les pourceaux. Tandis qu’il faisait paître les pourceaux, il se rappelait souvent que le samedi était un jour de repos, ce qui l’affligeait. Alors, il a décidé de revenir auprès de son père pour lui demander pardon. Le jeune homme, appelé le fils prodigue, représente une phase de la vie humaine. Chacun traverse cette phase dans sa vie lorsqu’il décide de quitter le foyer paternel, d’aller dans un pays lointain et de trouver cet habitant qui l’enverra paître des pourceaux. Est-ce un art d’être porcher ? Non seulement ce n’est pas un art, mais ce n’est ni une science ni un métier. Cela n’éclaire pas le sens de la vie. Celui qui veut trouver du sens à sa vie et trouver son salut doit se tourner vers le christianisme. Si tu fais paître les pourceaux de ton maître, tu dois trouver le Christ pour qu’Il te sauve. Si tu es chez ton père, tu dois trouver un maître qui t’apprenne comment vivre. Lorsque je parle du fils prodigue je ne vise personne mais j’attire votre attention sur des grandeurs qui croissent et décroissent. Être guidé par les plaisirs, c’est avancer sur le chemin de grandeurs décroissantes. Comment savoir si on a emprunté ce chemin ? Par le résultat de sa vie : si on est agriculteur, nos terres diminueront ; si on est riche, notre argent fondra, si on est une femme, notre visage s’enlaidira, se couvrira de rides ; on ira ensuite chez le résident pour passer à la dernière étape de la vie : être porcher. Enfin, on mourra au mal et aux égarements pour revenir à son Père et commencer une nouvelle vie. Ceux qui ne comprennent pas le cheminement de l’âme humaine ne voient pas ce processus et disent : « Que Dieu ait pitié de son âme, c’était quelqu’un de bien. » Par conséquent, si tu commences à t’enlaidir, n’attends pas de finir porcher, ni d’être enterré, mais commence à réfléchir avec droiture pour résoudre correctement la question. La juste solution de la question consiste à suivre le chemin des grandeurs croissantes ; ces grandeurs sont l’amour, la sagesse, la vérité, la justice et la vertu. Combien d’amour est nécessaire à l’homme ? Autant que la roue de son moulin est capable de supporter. Chaque moulin a besoin d’une quantité d’eau bien précise pour déplacer sa roue, si plus d’eau arrivait la roue serait arrachée. Lorsque quelqu’un demande beaucoup d’amour, il doit savoir que l’amour emportera la roue de sa vie. Beaucoup de chrétiens sont prêts à se sacrifier pour le Christ, pour le bien de l’humanité, mais seulement en paroles ; lorsque viennent les épreuves, ils s’enfuient et trouvent que ce travail n’est pas pour eux : ils vont dans un pays étranger ! Alors, celui qui s’enfuit et celui qui le pourchasse vont au même endroit. Où ? De l’autre côté pour paître les pourceaux de leur maître. Donc, la femme prodigue et le fils prodigue meurent. Et malgré cela les gens parlent de vainqueurs et de vaincus : c’est risible de parler de victoire puisque les deux paient de leur vie. Celui qui corrompt la santé, la force, la fortune de l’homme, si essentiels pour sa vie, descend avec lui dans l’abîme ; ceci est l’ancien enseignement de la vie que tout le monde a expérimenté. Un nouvel enseignement est nécessaire aux gens, un enseignement de la vie éternelle, un enseignement de l’amour. Le nouvel enseignement exclut les désirs inférieurs, il ne s’occupe pas de grandeurs décroissantes et qui avancent à l’opposé de l’amour. Celui qui s’occupe de ces grandeurs descend dans la matière dense où le cœur, l’intelligence et la volonté se pervertissent. Un tel individu est imperméable à toute éducation. Voilà pourquoi le véritable disciple doit savoir sur quel chemin il avance : celui des grandeurs qui augmentent ou celui des grandeurs qui diminuent. Comment reconnaissez-vous celui qui suit le chemin des grandeurs croissantes ? Le premier signe est que sur le plan physique il est en bonne santé, vif, plein d’énergie pour vivre et travailler. On dit de quelqu’un qu’il s’abrutit depuis qu’il est entré dans la vie religieuse. C’est impossible d’entrer dans la vie religieuses et de s’abrutir. Si tu te contentes de porter l’écriteau de cette vie, mais que tu suis le chemin des grandeurs décroissantes, non seulement tu t’abrutis, mais tu perds aussi toute ta fortune. Mais si tu vis sans écriteaux et sur le chemin des grandeurs croissantes, tu te développeras non seulement physiquement, mais aussi spirituellement. Celui qui va à l’opposé de l’amour perd progressivement sa santé, ses forces, son visage pâlit, se creuse et se couvre de rides. Ce n’est pas un mal d’avoir des rides à condition qu’elles soient à leur place pour montrer ce qu’on a appris. Le peintre aussi met des ombres, c’est-à-dire des rides sur sa toile, mais chacune d’elles est à sa place. Le petit enfant aussi dessine, jette des ombres sur sa toile ; la mère se réjouit que son enfant dessine, mais les ombres de son tableau sont des gribouillis, pas des rides ; il veut dire ainsi qu’il vient d’un monde de désordre où il a fait paître des pourceaux et où il n’a rien appris. Malgré cela les parents l’admirent et l’appellent « notre petit ange ». Tous les enfants sont des petits anges, mais ils n’ont pas encore d’ailes. Il faut vous poser la question si ce petit ange avance dans le sens des grandeurs croissantes, s’il se fortifie physiquement et spirituellement. Chacun doit connaître le capital dont il dispose dans la vie. « On ne peut pas le savoir. » Comment peux-tu ignorer la somme dont tu disposes dans ta tirelire ? Si tu as deux mille levas et que tu en retires cinq cents, ne sais-tu pas déduire qu’il t’en reste encore mille cinq cents ? Si tu les retires aussi, il restera zéro leva, un rond, une roue qui te permettra difficilement d’avancer. Le mouvement est nécessaire à l’homme, mais en ligne droite, c’est-à-dire dans le sens des grandeurs qui augmentent. « Alors il s'en alla et se mit au service d'un des habitants du pays. » Donc, le jeune fils est allé voir l’intelligence primitive qui lui a dit : « Puisque tu n’es pas un fils digne, je t’apprendrai à travailler. » Comme il n’a pas pu apprendre l’art de travailler, le jeune fils a décidé de quitter cet habitant, c’est-à-dire de mourir pour le monde et de retourner chez son père. C’est ce qui arrive à toute personne qui perd sa fortune extérieure et intérieure, qu’il soit religieux ou laïque. Il meurt enfin pour le monde et retourne dans son foyer paternel, c’est-à-dire dans le monde de l’amour. La situation du porcher est terrifiante. Le cochon est un animal individualisé à l’extrême ; il aime la vie et est très lié à la terre. Il suffit de le prendre par les pieds pour qu’il s’égosille comme si on l’égorgeait ; dès que vous le reposez à terre, il se calme aussitôt et se remet à grogner tranquillement. Donc, si vous entendez certains crier beaucoup et beaucoup pleurer, sachez qu’ils ne sont pas encore arrivés à la véritable souffrance. La souffrance est un processus intérieur qui n’a rien à voir avec les cris et les pleurs. La véritable souffrance est déclenchée par une grande déception. Imaginez qu’un ami pour qui vous avez tout sacrifié vous dénonce aux autorités et qu’on vous emprisonne ; ou bien une mère qui s’est sacrifiée pour ses enfants constate leur ingratitude : ce ne sont pas des souffrances personnelles, mais des déceptions de la vie. C’est terrifiant de vivre une telle déception : on sent le sol se dérober sous ses pieds. Lorsqu’on épuise son énergie intérieure on plonge dans une déception totale, mais si on s’en remet à Dieu on aborde au rivage du salut. Si on n’élève pas son intelligence et son cœur vers Dieu, on se retrouve dans la situation du fils cadet qui a dit à son père : « Papa, donne-moi ma part pour partir dans un pays lointain ». Qui est ce fils cadet ? En parlant de lui, le Christ désigne ceux qui n’ont pas de savoir authentique et positif ni de véritable philosophie : ils veulent quitter la vie ordinaire et aller vers celle qui leur fait miroiter quelque chose de nouveau. Pour l’homme intelligent la vie ordinaire porte aussi le nouveau et le sublime. Il sait ce qu’il cherche et dirige son regard vers les grandeurs croissantes. Lorsqu’il va au théâtre, il ne s’attarde pas sur les caractères ordinaires qui avancent en descendant, mais sur les personnages avec une haute moralité, capables de grands exploits. Il sait que les manifestations inférieures s’impriment plus fortement sur le mental des gens que les manifestations sublimes, et pour cette raison il les évite. Pourquoi vous arrêter sur les choses fictives, irréelles ? Les choses ordinaires dans la vie sont transitoires et factices alors que les choses extraordinaires sont robustes et immuables ; ce qui est ordinaire est l’œuvre des humains et ce qui est extraordinaire est l’œuvre de Dieu. Un étudiant américain a décidé de tester les connaissances d’un de ses professeurs d’histoire naturelle, grand expert en entomologie. Il a ramassé des parties de différents insectes : une tête, une aile, une patte, un abdomen et il a constitué un nouvel insecte, puis il l’a montré à son professeur pour avoir son avis. Celui-ci a examiné attentivement le nouvel insecte et a dit à l’étudiant : « Jeune homme, cet insecte est un humbug[2], autrement dit, une œuvre humaine. » Beaucoup d’écrivains reconstituent des bouts de manifestations, d’expressions diverses et disent : « Lisez cela, c’est de l’amour. » Oui, c’est de l’amour, mais de l’amour humain, ramassé à différents endroits. Il n’y a pas un écrivain dans le monde qui ait décrit l’amour dans ses véritables manifestations. Tolstoï a en partie décrit l’amour, mais il n’a pas non plus traduit sa véritable expression, il manque aussi quelque chose à son amour. Certains auteurs présentent le héros et l’héroïne comme des personnages idéaux, mais ils ne manifestent pas non plus un véritable héroïsme. Le véritable héros est celui qui peut sacrifier sa vie du début à la fin, pour une idée. Il y a des quantités de héros ordinaires, mais ils font preuve d’héroïsme seulement quelques fois, on les appelle des héros « décimaux » et non pas des héros entiers. Être héroïque par moments, ce n’est pas un héroïsme véritable. Si tu es héroïque, sois le à tout instant de ta vie et avance dans le sens des grandeurs croissantes. Si tu changes de direction et que tu t’en vas dans le sens des grandeurs décroissantes, tu t’exposes tout seul aux épreuves et aux souffrances, jour après jour ton organisme dépérira, ton visage se creusera de rides et tu chercheras des médecins pour t’aider. En quoi consiste l’aide du médecin ? À montrer au malade le chemin des grandeurs croissantes. Si vous entendez quelqu’un dire que la vie lui pèse et qu’il ne supporte plus personne, c’est qu’il va en sens inverse, comme les grandeurs décroissantes. Retourne-toi et reprends la bonne direction de la vie où les grandeurs croissent, tu apprendras ainsi à distinguer ce qui t’appartient de ce qui ne t’appartient pas, et à ne pas subir d’influences extérieures ; tu analyseras chacune de tes pensées, de tes sentiments et de tes actions. Extérieurement, l’individu est un atome indépendant et libre, mais intérieurement c’est un être collectif avec beaucoup d’avis, proches ou lointains du sien. Savez-vous combien d’actions sont investies dans une société ou une collectivité ? Un homme dit qu’il ne comprend pas sa femme et qu’il ne s’entend pas avec elle ; la femme dit la même chose de lui. C’est normal, tous deux sont des sociétés avec beaucoup d’associés. Sachant cela, ne vous découragez pas ; si vous ne pouvez pas vous entendre avec l’un des associés, vous y parviendrez avec un autre, il se trouvera toujours quelqu’un parmi eux qui soit sensé et qui puisse vous aider. C’est ainsi qu’on s’encourage et qu’on va de l’avant. L’objectif de la société est de s’enrichir, de faire fructifier son capital et de le protéger, donc tous les associés doivent s’entendre et être unis. « Alors il s'en alla, et se mit au service d'un des habitants du pays. » C’est le chemin de l’âme humaine qui descend sur terre pour s’instruire. Le père trouve légitime le désir de son fils et lui cède sa part en disant : « Bon vent, mon fils, va dans le pays qui t’attire pour acquérir ce que tu désires. » Le père est noble, il laisse son fils libre. En se voyant seul et sans surveillance le fils se montre dispendieux. C’est bien de se montrer parfois généreux et peu regardant, mais il faut parfois se montrer économe. L’agriculteur prend le boisseau et jette le grain dans le champ labouré : ce mouvement est à sa place, mais sur le sol non labouré cet acte n’a pas de sens. Si le vigneron se rend dans la vigne et taille les sarments dans les règles de l’art, ce travail est à sa place ; s’il ne s’y rend pas au bon moment et s’il taille les boutons n’importe comment, son travail, quel que soit son élan, abîme la vigne. Un prêtre a dit à son domestique : « Stoyan, peux-tu tailler la vigne ? – Je peux, monsieur le curé. – Si c’est ainsi, vas-y et taille le bois inutile. » Stoyan s’est rendu à la vigne et en est revenu très content d’avoir pu accomplir seul un travail. Le prêtre lui a demandé : « Stoyan, est-ce que la vigne pleure ? – Elle pleure, monsieur le curé. Lorsque tu la verras, tu pleureras aussi. » C’est ainsi que font les religieux et les laïques : quand ils ne savent pas comment faire un travail, ils prennent le couteau et coupent tout sans discernement. S’ils voient la vigne pleurer, ils disent : « Je lui ai donné une bonne leçon, qu’elle ne se prenne pas pour quelqu’un d’important. » Ils coupent les sarments de sorte que les passants pleurent la vigne. « Qui l'envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux ». C’est ainsi que le fils cadet a appris sa première leçon sur le labeur. Il a vu en même temps avec quelle difficulté les cochons trouvent leur nourriture ; ils doivent longtemps labourer le sol avant de manger à leur faim. Il y a chez les humains des désirs inférieurs qui les accablent ; ces désirs ne sont pas mal intentionnés à leur égard, mais les conduisent à une vie très individualisée qui n’a rien à voir avec la vie humaine ; pour ne pas rester seul, l’individu cède à ses penchants inférieurs et se met à leur service. « Ne peut-on pas vivre seul ? » Non. Si vous laissez la personne la plus douée seule ou parmi des gens qui ne la comprennent pas, son don se tarira par manque de conditions d’expression de ce don. Donc, le fils cadet se voyant dans des conditions défavorables (sous l’emprise de l’égoïsme où on creuse le sol du matin au soir pour chercher sa pitance), a décidé de revenir auprès de son père. Que fait le cochon lorsqu’il trouve quelque chose à manger ? Il commence à grogner et les autres cochons se rassemblent autour de lui. C’est bien pour les cochons, mais pour le jeune homme ? Voici un problème à trois inconnues : l’une est le père, la deuxième est le fils aîné, la troisième le fils cadet. On parle maintenant du fils cadet qui ne comprenait pas la vie et avançait dans le sens des grandeurs décroissantes. D’ailleurs, avec quel étalon mesure-t-on les grandeurs en général ? Lorsque vous mesurez l’infiniment petit, vous vous servez de microscope ; lorsque vous mesurez l’infiniment grand, vous vous servez d’un télescope. La tâche de l’homme est de trouver l’étalon avec lequel mesurer ses sentiments, ses pensées et ses actes, et déterminer le sens de leur mouvement. Vous direz que les pensées et les sentiments sont invisibles et qu’il ne faut pas en tenir compte. Ils sont invisibles à l’œil nu, mais ils sont visibles pour l’œil exercé. D’autant plus qu’ils peuvent, aussi petits qu’ils soient, changer la vie de façon positive ou négative. La cellule même petite peut influencer la vie humaine. Chaque organe influence la vie humaine. L’estomac par exemple a fait avancer l’humanité et le fait encore de nos jours ; l’école épicurienne a été fondée sous son influence, elle qui prône que la vie découle des désirs de l’estomac. Les disciples de l’estomac ont massacré nombre de petits rossignols pour arracher leurs langues et préparer des repas savoureux. Beaucoup de nos contemporains, également au service de leur estomac, massacrent les faisans pour la même raison. Le fils cadet dont il est question dans le verset avait eu le malheur de naître un lundi sous des aspects planétaires défavorables, c’est pourquoi tout travail qu’il entamait se finissait en catastrophe. Mais les gens les plus simples l’ont remarqué et ils évitent les jours, les heures, les minutes qui leur sont défavorables, et ne commencent alors aucun travail important. C’est de la superstition pour certains et de la science pour d’autres. Un jour ponctué d’échec est le signe d’un concours de circonstances défavorable, il conduit dans le sens des grandeurs décroissantes. Pour éviter de subir les conséquences des mauvaises conditions, il faut patienter jusqu’à ce qu’elles soient remplacées par des conditions plus favorables. Celui qui pratique l’astrologie et les sciences occultes se convaincra par lui-même de la véracité de mes paroles ; il peut ainsi se protéger des mauvaises conditions de sa vie. La première tâche de l’individu en se réveillant le matin est d’appeler ses associés pour sonder leur humeur et les mettre au travail pour voir qui portera la responsabilité pour leurs actes. Il faut partout et pour tout sujet nommer un responsable. Lorsqu’on édite un magazine ou un journal, on fait figurer dès la première page le nom du rédacteur en chef. N’importe qui peut écrire dans le magazine ou le journal, mais le rédacteur en chef répond pour tous. Si le journal emprunte un mauvais chemin, c’est le rédacteur qui ira en prison ; il peut pourrir là où être remis en liberté, selon sa culpabilité. S’il meurt en prison, on écrit qu’un martyr s’est sacrifié pour la Bulgarie. Il est en réalité un héros plus grand que ceux qui écrivent dans son journal ; il a payé de sa vie alors que les autres donnent très peu, une partie seulement de leur temps et de leur labeur. Beaucoup endossent les conséquences de leur travail rédactionnel. Je déconseille d’ailleurs d’accepter un poste comme celui de rédacteur en chef où les uns écrivent, mais où le rédacteur assume leurs propos. Chacun doit être maître de son intelligence, de son cœur, de sa volonté, et ne pas laisser les autres en disposer. La loi divine postule : que chacun dispose de lui-même sans se vendre aux autres, ni se mettre à leur service. Le Christ dit : « Celui qui ne renonce pas à ce monde, ne peut pas être mon disciple. » Par ce monde nous comprenons ce qui est transitoire, trompeur dans la vie. Le jeune homme promet à la jeune fille des palais en or ; elle le croit et pense avoir trouvé ce que son âme désire. En réalité le jeune homme écrit dans son journal, elle répond de ses écrits et le paie de sa vie. Méfiez-vous de celui qui promet beaucoup sans rien accomplir ; ne croyez qu’à celui qui promet et qui tient ses promesses. Si quelqu’un vous fait des promesses, dites-lui que vous ne souhaitez pas être rédacteur en chef. Si vous croyez ses promesses, vous devenez rédacteur en chef d’un magazine et on vous tiendra responsable de ce qui s’y écrit ; un an ou deux passeront, puis on vous mettra en prison et vous vous étonnerez ensuite d’avoir été enfermés. Si vous ne pouvez pas sortir rapidement de prison, vous nourrirez de la rancune contre tout le monde, vous serez déçu de la vie et votre pensée empruntera des chemins tortueux ; vous direz en fin de compte : « Je souffre innocent, abandonné et incompris de tous. » Ce n’est pas vrai, tu es devenu rédacteur en chef et tu es rétribué pour cela, tu dois porter la responsabilité de tout ce qui est écrit dans ton journal. Sachant cela, n’allez pas chez l’habitant de ce pays, n’écoutez pas ses conseils, n’ouvrez pas votre portefeuille devant lui, car il vous dépouillera et vous enverra dans ses champs pour paître ses pourceaux. Il est dit de renoncer au monde : c’est renoncer à être porcher. Être porcher c’est être en mauvaise posture, combien même on doit parfois passer par cette situation. Être berger c’est préférable même si les gens ne montrent pas non plus d’égards particuliers à cette occupation. Chez les Turcs on rencontre beaucoup de portefaix ; lorsque quelqu’un est enrôlé comme portefaix, son maître lui dit : « Fais attention à ne pas faire tomber ta charge sinon tu finirais berger. » Selon les Turcs être berger est plus dégradant qu’être portefaix. Nos contemporains se chargent comme des portefaix, mais si tu orientes quelqu’un vers le métier de berger il se sent insulté. En réalité il vaut mieux être berger que portefaix. Quel sens y a-t-il à porter des barriques remplies de vin et d’eau de vie ? Lorsque tu seras épuisé, tu rentreras dans la taverne pour boire : ce n’est pas une vie. Depuis huit mille ans que les humains sont sur terre ils ne sont pas encore entrés dans le droit chemin. Qui a indiqué le droit chemin à son prochain, qui a montré à son prochain le chemin conduisant aux grandeurs croissantes ? Peu l’ont fait. Qui en est capable ? Celui qui devient d’un jour à l’autre plus beau, son visage plus lumineux, son cœur plus vaste, son esprit et son âme prêts à travailler pour le bien de toute l’humanité. C’est cela suivre le droit chemin et le chemin des grandeurs croissantes. Beaucoup trouvent ce chemin difficile et hésitent : revenir en arrière ou continuer d’avancer. Celui qui revient dans l’ancien chemin vieillit prématurément et perd sa force, sa fortune et sa santé ; il est contraint à la fin de devenir porcher. « Que faire ? Il faut contenter les gens. » C’est une mauvaise compréhension, il n’est pas permis au disciple de contenter les gens. S’il est question de contenter quelqu’un, c’est seulement Dieu qu’il faut contenter. « Les gens ont besoin de nous, nous devons leur donner tout ce qui leur est nécessaire. » Faut-il donner de l’alcool à l’ivrogne ? Il a besoin de vin, mais tu dois ressentir ses vrais besoins et les contenter. Donnez aux gens seulement si vous pouvez les mettre sur le chemin des grandeurs croissantes, donnez de façon à remplir de sens la vie de vos proches. Il faut accomplir un travail, pas du labeur et des tourments. Le fils cadet s’est découragé de la vie car il est tombé sous la loi du labeur et du tourment dont l’aboutissement est la mort. Celui qui a sombré dans la boue doit se tourmenter dans le labeur pour en sortir. Celui qui écrit, dessine, crée, travaille et le travail produit la joie, la gaîté, la paix, la dilatation de l’intelligence et du cœur. Par conséquent, celui qui veut emprunter le droit chemin doit travailler. Comment deviner qui est déjà entré dans le droit chemin ? Un disciple est allé demander à son Maître comment faire pour entrer sur le chemin de l’amour où les grandeurs croissent et augmentent. Le Maître, à la manière des hindous, s’est servi d’un conseil succinct au lieu de développer des théories des heures durant. Il lui a dit : « Tu sortiras sur la route et tu croiseras trois personnes ; tu gifleras chacune une fois et tu observeras leur réaction ». Le disciple a croisé trois personnes et a fait ce que son maître lui avait conseillé. Le premier s’est précipité aussitôt sur lui, il lui a rendu deux gifles au lieu d’une et l’a jeté par terre. Le deuxième a levé la main pour le frapper, mais il s’est vite maîtrisé et a continué son chemin. Le troisième était en pleine contemplation : il n’a même pas senti la gifle et il a continué son travail. Alors le maître a dit à son disciple : « Le premier qui t’a rendu deux gifles vit selon la loi de Moïse : il fait encore paître les pourceaux de son maître. Le deuxième aspire au Christ, mais il n’a pas encore appliqué Son enseignement. Le troisième est l’homme de l’amour, il est déjà dans le droit chemin et pour cette raison il n’a pas fait attention à ta gifle ». Qu’est-ce qui est demandé à nos contemporains ? D’arriver à la situation de celui qui n’a même pas senti la gifle. Qu’est-ce que la gifle dans la vie ? La souffrance. Lorsqu’on devient sourd et aveugle pour la souffrance au point de ne plus l’entendre et de ne plus la voir, on est dans le droit chemin ; si on reste fixé sur la plus petite souffrance et si on s’insurge contre elle, c’est qu’on est parti dans le vaste monde pour s’adonner aux plaisirs, à la boisson, à la bonne chair. Lorsqu’on perd sa fortune, on va paître les pourceaux de son maître ; c’est cela s’occuper de grandeurs décroissantes qui conduisent à la mort. Qu’est-ce qui arrivera ensuite ? La désagrégation du corps en un nombre infini de particules qui se disperseront dans l’espace. Dans ces conditions, on se retrouve seul, abandonné de tous et on va chez son père en lui disant : « Père, je n’ai pas pu m’entendre avec mes associés, je les ai quittés et je reviens auprès de toi pour être admis comme un de tes serviteurs ». Ton père t’enverra de nouveau sur terre avec une nouvelle société et de nouveaux associés ; nous disons que c’est une réincarnation. Ainsi, respectez ces moments dans la vie où les grandeurs croissent, c’est le chemin qui conduit à l’amour, la sagesse et la vérité, c’est un chemin de mouvement perpétuel. Si vous vous arrêtez ne serait-ce qu’un instant sur votre chemin, vous vous heurtez à une catastrophe. La vie divine se distingue par le fait que tout est en mouvement constant et que nul arrêt n’est toléré ; quand tu entreras dans cette vie, tu avanceras sans relâche. Si vous vous égarez et si vous êtes contraints de vous arrêter, vous chercherez la direction du soleil levant : il éclairera votre chemin comme aujourd’hui le soleil a dissipé les nuages et s’est montré à l’horizon. Le soleil vous dit : « Marchez vers le haut, le chemin est là ». Si vous vous dirigez dans cette direction, vous irez toujours vers le levant ; si vous tournez le dos au soleil, vous irez vers le couchant. Vous avez entendu beaucoup de choses aujourd’hui dans la causerie, mais gardez une idée à l’esprit : l’idée des grandeurs qui croissent et décroissent, c’est-à-dire qui augmentent et qui diminuent. Interrogez-vous chaque jour sur les grandeurs que vous maniez, sont-elles croissantes ou décroissantes ; interrogez-vous sur l’amplitude avec laquelle ces grandeurs augmentent ou diminuent. Si vous ne pouvez pas trouver tout de suite la valeur nominale de la grandeur inconnue, ne vous troublez pas. Chaque nouveau jour contribue à résoudre cette inconnue ; dès que vous la résolvez, vous vous heurtez à une nouvelle inconnue. Chacun sait la somme qu’il retire de sa tirelire à chaque instant, mais ne sait pas combien il retirera la prochaine fois, ni le solde qui en résultera. C’est le signe que chacun connait les conditions actuelles de sa vie mais non les conditions de sa vie future. On peut résoudre aussi cette question par le calcul. Il suffit de connaître la hauteur et l’épaisseur du corps, la longueur du nez, la largeur et la hauteur du front, le tour de la tête, la longueur des doigts pour déterminer sa vie future. Beaucoup d’autres données sont nécessaires pour la déterminer et, plus vous aurez de données à votre disposition, plus vos calculs seront précis. Tout ce qui arrive à l’homme aujourd’hui et ce qui lui arrivera à l’avenir est déterminé très précisément et peut être prédit. Il suffit de regarder sa main pour savoir combien de temps il vivra et quelle personne il sera. Ainsi le Christ dit que rien ne restera caché dans le monde.[3] Nos contemporains réussissent avec difficulté dans la vie car ils craignent les souffrances et les évitent ; ils se privent ainsi des bienfaits qu’elles apportent. Il est dit dans les Écritures : « Cherchez-moi un jour d’affliction », ce qui signifie : « Cherchez-moi lorsque je suis près de vous ». Dieu est près des humains lorsqu’ils souffrent. La proximité indique qu’on a de bonnes conditions de développement alors que l’éloignement prive de ces conditions. Quelqu’un pense que les bonnes conditions se donnent sans limite ; ce n’est pas vrai : les bonnes conditions se donnent une seule fois. Cette causerie par exemple, je peux vous la faire aujourd’hui seulement, le lendemain a son propre programme ; chaque chose a son instant précis. Que fait l’homme ordinaire ? Lorsqu’il se lasse de la vie dans la maison paternelle, il dit à son père de lui donner sa part et s’en va dans un pays lointain pour s’adonner à tous les plaisirs. Lorsqu’il a dilapidé sa richesse et sa force, il revient auprès de son père pour être admis non en tant qu’héritier, mais en tant que serviteur. Chacun a le droit de vivre dans l’aisance, mais va inévitablement assumer les conséquences de cette vie. Celui qui veut une vie d’aisance doit aller dans la nature, au milieu des rivières et des sources, au milieu des fleurs et des arbres fruitiers pour étudier le véritable art de la peinture ; c’est le seul moyen de connaître les vraies couleurs et les vraies teintes. Les teintes de la nature sont durables, on les appelle has[4] : plus elles sont utilisées et plus elles sont éclatantes. Peut-on dire la même chose des humains ? Le véritable homme est celui qui endure les souffrances avec amour ; on peut dire de lui que plus il a enduré de souffrances et meilleur il est devenu. C’est quelqu’un qui est teint avec la teinte has, c’est-à-dire la teinte de la souffrance. Si vous croisez quelqu’un qui se plaint constamment des souffrances, sachez qu’il n’est pas encore coloré par la teinte de la souffrance ; un tel homme est lassé de tout : il ne veut aller ni à l’école ni à l’église. En fait il n’est jamais allé ni à l’école ni à l’église ; la véritable école c’est la nature. Par les oiseaux, les fleurs, les eaux, les sources, les insectes il étudie le langage de la nature et discute avec elle. Il acquiert de nouvelles connaissances des étoiles, de la lune et du soleil qui attirent son attention sur la grandeur du Créateur. Celui qui veut être disciple du Nouvel Enseignement doit visiter la nature, la véritable Église, et apprendre d’elle. Nos contemporains considèrent l’argent, la nourriture et les vêtements comme des choses substantielles dans la vie. L’argent comme la nourriture et les vêtements sont nécessaires, mais il y a un autre argent, une autre nourriture et d’autres vêtements qui anoblissent l’homme et le rendent véritablement riche, bien portant et puissant : ce sont les bienfaits spirituels immuables. Les bienfaits physiques conduisent à la lassitude comme les relations physiques entre les humains. Ainsi, quelqu’un dit : « Je veux quitter ma femme, je m’en suis lassé. – Tu te marieras avec une autre ? – Je me remarierai. » Alors sache que la seconde sera comme la première, elle te lassera aussi, c’est une côte[5], comme la première. Tant qu’elle était une côte, l’homme était content d’elle et il la supportait ; dès qu’elle est sortie, il était déjà mécontent. La femme aussi se plaint souvent de son mari, elle veut le quitter ; elle oublie qu’elle était jadis une de ses côtes et qu’elle en est sortie. L’homme et la femme sont une même chose, c’est-à-dire des grandeurs identiques. L’homme a été initialement une plus grande grandeur que la femme ; pour les rendre égaux, Dieu a sorti la côte de l’homme et a créé la femme. Par conséquent l’homme et la femme sont aujourd’hui les deux moitiés d’une seule grandeur, l’humain, égal à mille unités. Avancez sur le chemin des grandeurs vivantes qui croissent, c’est-à-dire qui s’additionnent et se multiplient. Seul, le surplus de ces grandeurs se soustrait et se divise, la grandeur en elle-même reste inchangée. Celui qui tente de diviser cette grandeur s’attire tout seul le malheur. Adam demandait une compagne à Dieu, mais Dieu lui a dit qu’il n’y avait pas de conditions pour cela ; Adam a insisté et a enfreint ainsi les lois de l’Éden. Adam était né vendredi, le premier jour de l’équinoxe, c’est pourquoi la première soustraction s’est avérée être un échec. Dieu a satisfait le désir d’Adam avant l’heure, mais Il s’est ainsi lié pour l’aider à réparer l’erreur qu’ont commis les premiers humains. Dieu vient maintenant dans le monde pour retirer encore une côte à Adam et en faire la femme nouvelle. L’ancienne forme de l’homme et de la femme est morte, un monde nouveau se crée. Un nouvel homme et une nouvelle femme viennent au monde, porteurs de la nouvelle culture. Le fils prodigue représente l’ancienne humanité et celui qui a ressuscité, le Christ, représente la nouvelle humanité qui se crée à présent. Je dis aujourd’hui à la femme de se tenir prête à recevoir au moins deux côtes de la nouvelle vie, et à l’homme de se réjouir d’avoir une compagne créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Comment sera créée la nouvelle femme et d’où viendra le matériau pour elle ? C’est à vous de résoudre cette question. Méditez sur deux questions : sur les grandeurs qui croissent et décroissent et sur la création de la nouvelle femme. Le nouvel homme et la nouvelle femme renaîtront, ils ne seront pas faits de terre et d’une côte. Une nouvelle époque vient, une nouvelle culture dans le monde. Lorsque la nouvelle culture sera là, le fils prodigue reviendra chez son père, et accomplira sa volonté. Sofia, 30 novembre 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] Il alla se mettre au service d'un des citoyens de ce pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. (Luc 15, 15) [2] En anglais dans le texte = fumisterie [3] « Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est secret qui ne sera connu. » (Luc 12, 2) [4] has (хас) – véritable, propre en ancien bulgare ; [5] « Le Seigneur Dieu transforma la côte qu'il avait prise à l'homme en une femme qu’il lui amena. » (Genèse 2, 22)
  2. Les deux témoins « Il est même écrit dans votre Loi, que le témoignage de deux hommes est digne de foi. »[1] Jean 8 :17 Chaque témoignage extérieur est la manifestation d’un élan intérieur et intelligent de l’âme. Pourquoi est-il question du témoignage de deux personnes et non d’une seule et qui sont ces deux personnes ? Si dans les tribunaux d’aujourd’hui deux prévenus appellent deux ou trois ou dix témoins qui aiment mentir ou n’aiment pas dire la vérité, les juges ne prendront pas en compte leur déposition. Je pense que les magistrats seront d’accord avec moi. Ayez en tête que je parle en principe. Je ne vise personne : pour moi la personnalité humaine est quelque chose de relatif dans sa manifestation. Certains peuvent penser que je parle d’eux dans mes causeries, pas le moins du monde ! Je vous demande ce qui est réel dans la vie : la fleur ou le fruit, la feuille ou la branche, le fruit ou la graine ? Ce sont des réalités relatives. Si dans le monde vous jouez le rôle d’une feuille ou d’une fleur, d’une branche, d’un fruit ou d’un pépin, ce sont des situations différentes que l’on nomme en mathématiques : variations, permutations et combinaisons. Vous comprenez ce que sont les variations en mathématiques, vous pouvez un jour vous y intéresser. La variation est un ordonnancement, la permutation, un réarrangement et la combinaison, un accordement. Mais si vous êtes une variation ou un ordonnancement dans la vie, en quoi vous distinguez-vous du reste ? Dans votre monde rentrent des grandeurs qui forment des accords et vous êtes un groupe ou un accord de ces grandeurs. Les grandeurs, ce sont les éléments de votre vie manifestée. Les mathématiciens disent que les variations sont des ensembles où ne rentrent pas tous les éléments et qui ont des classifications. Ils disent ensuite que les permutations sont des réarrangements dans lesquels rentrent tous les éléments et qu’ils n’ont donc pas de classements. Enfin, les combinaisons sont des accords dans lesquels ne rentrent pas tous les éléments et ils ont des classements et chaque classement se distingue d’une autre par au moins un élément. Dans quelle catégorie puis-je vous classer ? Il se peut que votre vie fonctionne uniquement par ordonnancement, par réarrangement ou par accordement des choses et des grandeurs. Dans ces définitions mathématiques se cachent de grandes vérités que je n’ai pas le temps d’exposer maintenant car ce sont des os inertes et il faut que je travaille beaucoup d’années sur eux avant de leur donner la vie. C’est la loi de la nature : il y a des graines qui se développent en six mois comme la courge par exemple avant de donner du fruit, alors que d’autres graines, celles de certains arbres, mettront cent ans pour se développer. Nous ne pouvons pas changer l’ordre des choses que Dieu a mis dans la nature car dans ce cas le destin de notre vie serait changé, ce qui engendre le karma. Le karma n’est rien d’autre qu’une déviation du droit chemin dans le développement humain, et l’expiation du karma c’est rentrer de nouveau dans le droit chemin de l’évolution humaine. Par conséquent, il serait utile à celui qui aime les mathématiques d’étudier les variations, les permutations et les combinaisons. Il ne suffit pas de penser qu’on sait beaucoup, mais il faut aussi expérimenter son savoir ; il ne suffit pas de déterminer ces grandeurs, mais il faut aussi les manipuler. Disons que le comité décide une ration d’un kilo de sucre par tête : c’est une variation. On peut attendre sa ration longtemps et on peut même en revenir avec une côté brisée, et on dira donc que la variation a été un insuccès. Plus vite tu récupéreras le sucre, plus la variation est réussie. Bien sûr, cette variation n’a rien en commun avec celle des mathématiques, elle n’est qu’un reflet de cette grande loi spirituelle qui œuvre dans notre âme. Revenons au sujet : qui sont ces deux qui témoignent ? Lorsque le Bulgare veut construire une cabane, il érige d’abord deux poteaux qui sont les deux témoins, et le Seigneur lui dit : « Tu peux maintenant construire la cabane ». Sur les deux poteaux, il pose un triangle et commence l’édifice. Lorsque vous voulez tisser une toile, il vous faut aussi deux personnes, deux femmes, l’une à une extrémité et la seconde à l’autre pour enrouler la toile. L’une va enrouler ce qui est tissé autour de sa taille et l’autre, autour de l’ensouple et ceci dure trois à quatre heures tant que la permutation, ce réarrangement, se déroule. Il est drôle de constater le désaccord apparent de ces deux femmes : l’une tire en arrière, et l’autre en avant, comme l’écrevisse et le brochet[2]. C’est le seul moyen de faire avancer ce travail. Parfois, disons l’homme, tend la toile et la femme l’enroule, et on dit : « Pourquoi l’homme tire et n’écoute pas sa femme ? » Il tire car sinon la toile ne sera pas tissée. À cet instant, il ne doit pas écouter sa femme, pas tant que la toile n’est pas tissée. Une autre fois la femme tire et l’homme tisse ; cela dépend de celui qui tient l’ensouple. Je vous donne un aperçu d’une idée, à priori anodine, mais en réalité très importante. Les deux témoins dans la nature sont la lumière et la chaleur. Leur témoignage est toujours juste car il y a une vie et une croissance là où elles pénètrent, et là, au contraire, où elles ne livrent aucun témoignage il n’y a pas de mouvement, pas de sources d’eau, pas de végétation, pas de vie. C’est ainsi dans la nature, alors que chez les humains ces deux témoins sont notre intelligence et notre cœur. Si notre intelligence et notre cœur parlent à l’unisson, il en résulte un témoignage juste tout comme il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux personnes est digne de foi. Le Christ introduit cette idée et dit : « Je suis celui qui témoigne pour moi-même et le Père témoigne pour moi »[3]. Dans le monde spirituel, les deux qui témoignent sont le Père et le Fils et leur témoignage est digne de foi ; dans le monde angélique les deux qui témoignent sont l’esprit et l’âme ; dans le monde humain, ce sont l’intelligence et le cœur ; dans la nature ce sont la lumière et la chaleur. Vous avez un escalier à gravir et, lorsque vous voulez changer votre vie, il vous faut comprendre les choses en profondeur. Si nous nous déplaçons de haut en bas, nous devons tenir compte de la lumière et de la chaleur car elles sont un reflet du monde divin ; par conséquent notre intelligence doit toujours être en accord avec la lumière, et notre cœur avec la chaleur. Là où il n’y a pas de lumière, l’intelligence n’a pas d’idées, et là où il n’y a pas de chaleur le cœur ne bat pas. Ce ne sont pas uniquement des postures, des affirmations, mais une grande loi. Et lorsqu’on nous demande quelle est la mesure ou quelle est la preuve avec laquelle nous pouvons prouver certaines vérités dans la nature, nous utiliserons la lumière et la chaleur ; si nous démontrons des vérités dans la vie humaine, nous utiliserons l’intelligence et le cœur ; si nous démontrons des vérités dans le monde spirituel, nous nous servirons de l’esprit et de l’âme ; si nous démontrons des vérités dans le monde divin, nous nous reporterons au Père et au Fils. Ne cédez pas à la confusion avec ces affirmations de philosophes et de théologiens qui disent que le Fils est une manifestation du Père. Selon ma conception des choses, c’est une vision erronée de notre vie, car si le Fils est une manifestation, alors c’est une ombre. Si quelque chose se manifeste, c’est qu’elle est le côté extérieur, or le Fils est plus qu’une manifestation. Le cœur ne peut pas être la manifestation de l’intelligence, ni l’intelligence celle du cœur. Ils peuvent interagir dans leurs manifestations, mais ce sont des variations, des permutations et des combinaisons : des ordonnancements, des réarrangements et des accordements. Cette idée n’est pas encore claire pour vous. La toile est tissée à présent et vous ne voyez rien de terminé. Le Christ dit que dans votre loi aussi le témoignage de deux personnes est digne de foi. Nous devons d’abord écarter tout soupçon de notre intelligence : dans la vraie vie le soupçon n’est porteur d’aucun bien. Dans la vie moderne, il y a mille raisons de faire naître le soupçon. Comment peut-on exiger des autres ce qu’ils ne peuvent pas exprimer à un instant donné ? Pouvez-vous attendre d’un pommier qu’il donne des fruits en hiver ; seriez-vous fâchés contre lui de ne pas faire preuve de sollicitude à votre égard ? Il ne faut pas se fâcher car il vous dira : « Tu n’es pas venu me rendre visite au bon moment ». Certains de nos contemporains vivent au printemps, d’autres en été, d’autres encore en automne, et les derniers en hiver. Certains disent qu’ils sont tous pareils. Non, certains forment un groupe de variations, d’autres de permutations et d’autres encore de combinaisons. La même chose se dit dans votre loi extérieure qui est un reflet de la loi intérieure, car l’inférieur, le terrestre est un reflet du céleste. Si votre cœur et votre intelligence disent la même chose sur un sujet, acceptez cette vérité sans réserve, sans hésitation ; chaque hésitation sera préjudiciable à votre progrès. C’est ce qui manque à la société moderne : elle n’a pas assez de foi en elle-même, une foi positive, une foi inaltérable. À l’époque où le Seigneur a créé le monde, la foi et la connaissance qui étaient deux déesses et deux sœurs, là-haut dans le monde divin, ont décidé de descendre parmi les humains pour les aider. Elles se connaissaient et s’aimaient au Ciel, mais une fois sur terre, l’une est entrée dans l’intelligence et s’est préparée selon la loi de l’intelligence et l’autre est entrée dans le cœur et s’est préparée selon la loi du cœur. Lorsque les humains les ont attelées au travail, elles ont fait la vaisselle, coupé des légumes, haché de la viande et leurs visages se sont tellement enlaidis qu’elles ne pouvaient plus se reconnaître. Quelqu’un dit : « J’ai la foi ». Oui, la foi qui cuisine des légumes, qui grille la viande, qui fait la vaisselle et qui lutte en proie au soupçon. Ainsi ces deux sœurs, la foi et la connaissance ne se sont pas reconnues et se sont mises à se quereller au sujet de qui a la primauté : la foi ou la connaissance ? Le monde entier s’est divisé, les uns ont pris le parti de la foi et sont devenus religieux et les autres ont pris le parti de la connaissance et sont devenus matérialistes. Et une bataille rangée s’est déchaînée : « Je suis savant, tu es inculte ; tu as la foi, mais tu es un parfait idiot ». Depuis, nous avons des milliers de volumes qui traitent de la philosophie matérialiste et de la foi, mais ces deux sœurs ne se sont pas encore reconciliées. Lorsque le Seigneur a vu qu’elles étaient fâchées, il a envoyé Son Fils pour les apaiser. Certains demandent : « Comment les réconcilier ? » Par le sacrifice. Certains demandent qui est l’homme et qui est la femme. La femme est la foi et l’homme, la connaissance. Lorsqu’ils se disputent, l’homme et la femme ne se connaissent pas. La femme dit : « Je veux être un homme ». Au Ciel vous étiez deux sœurs, deux déesses et vous êtes descendues du Ciel pour redresser le monde ; l’une est devenue femme et elle cuisine, et l’autre, un homme qui tient des boutiques, vend des pastèques, des courges, des oignons, etc. Non seulement ils n’ont pas pu redresser le monde, mais ils l’ont tellement dégradé que même le Seigneur ne peut le reconnaître. Il faut raisonner avec justesse, sincérité et profondeur. Lorsque l’homme et la femme s’unissent et s’engagent pour la vie, cet engagement sera authentique uniquement s’il est fait avec sagesse et amour. L’amour est cette grande force qui peut endurer les pires souffrances sans que l’esprit succombe : c’est la foi. Et la sagesse est cette force avec laquelle on peut résoudre les problèmes les plus ardus dans la vie. Toutes les difficultés actuelles sont des problèmes que nous devons solutionner sans dire : « Seigneur, ôte les, nous ne les voulons pas ». La mère dit : « Mon enfant est tourmenté, le professeur lui a donné tellement d’exercices qu’il a maigri, le pauvre, il ne peut pas dormir ». Le Seigneur n’a pas envoyé votre enfant sur terre pour dormir, Il l’a envoyé pour travailler. Le sommeil est certainement utile pour se reposer de façon temporaire, cinq minutes, dix minutes, deux heures ou sept heures, mais plus de sept heures ce n’est pas utile. « Dans votre loi il est dit aussi que le témoignage de deux personnes est digne de foi. » Ces deux personnes se rendent parfois au tribunal et disent : « L’homme a tort et la femme a raison ». L’homme se retourne et dit : « Je proteste, Monsieur le juge, ces deux témoins sont intéressés, révoquez-les, je vais appeler d’autres témoins », et il convoque deux autres témoins. Alors au tour de la femme de dire : « Je proteste, Monsieur le juge, ces deux témoins sont intéressés ». Le juge finit par ne plus savoir où donner de la tête et suspend l’audience. C’est pourquoi le plus grand art dans le domaine juridique est de savoir suspendre un procès lorsqu’on ne peut pas le gagner. Vous êtes aussi des avocats qui remettez vos procès pour plus tard, ce qui signifie que vous laissez vos tâches dans la vie non résolues en attendant un moment plus favorable : comme le juge vous dites : « Pour le moment je suis un peu fatigué ». Ne jetez pas la faute sur votre intelligence, ne dites pas qu’elle est médiocre, ne dites pas : « je suis dénué d’intelligence ». Ne dites jamais que votre cœur est perverti. Vous pouvez citer les Écritures disant que l’intelligence est pervertie : ce ne sont que des déclarations philosophiques des prophètes, mais vous devez comprendre le sens profond de ces mots. Si le cœur était perverti, s’il ne valait rien, Dieu ne dirait jamais : « Mon fils, donne-moi ton cœur ». Il ne dit pas : « Donne-moi ta vie ». Il faut donner ton cœur à Dieu pour qu’Il t’enseigne la grande vérité que ton cœur est noble et sublime et que les sources de ta vie présente et future demeurent en lui. Personne ne peut vivre si son cœur est anxieux, même la médecine moderne préconise que le cœur soit apaisé. Il peut y avoir de petits bouleversements en surface, mais il doit être calme et paisible en profondeur. Il peut y avoir des courants, mais ils ne doivent pas agiter le cœur. Lorsque votre intelligence et votre cœur se tournent vers Dieu, Il entend vos prières et guide votre destin avec droiture. Le cœur et l’intelligence sont deux grandeurs, deux éléments de ce groupe nommé selon l’occultisme monde astral et monde mental, et pour ma part je l’appelle « crédo philosophique » afin d’asseoir un nouveau terme : un monde crédo-philosophique. Donc le témoignage de ces deux individus, cette loi crédo-philosophique est prise comme une vérité dans le monde divin tout comme le témoignage de la chaleur et de la lumière est authentique dans le monde physique. La lumière est un attribut de la sagesse et la chaleur, un attribut de l’amour, inséparable de lui. Mais il ne s’agit pas de la chaleur que vous percevez et dont vous ressentez souvent les vibrations désagréables. Lorsque vous pourrez comme un mystique ressentir un état extatique, c’est à ce moment-là uniquement que vous pourrez vivre cette chaleur divine intérieure, caractéristique de l’amour. Cette chaleur peut tout fondre et tout purifier. Vous devez augmenter votre chaleur non pas sur l’échelle de Celsius, mais en étudiant l’alchimie et les vibrations de cette chaleur ; elle est si intense que toutes les impuretés qui troublent votre vie seront immédiatement purifiées. Vous pouvez y arriver à condition de chasser le soupçon de votre cœur et de votre intelligence. Ou bien pour employer une autre expression : chassez votre soupçon au-dehors, prenez-lui un logement, payez le loyer, mais ne le maintenez pas dans votre maison. En appliquant cette grande loi, le Christ dit : « Je suis celui qui témoigne pour moi-même et le Père témoigne pour moi ». Quelle est la question cruciale qui nous a rassemblés aujourd’hui ? Je ne traite pas la question de savoir si on vous donnera chacun un kilo de sucre dans une semaine, je ne traite pas la question que le comité public peut résoudre ; je ne traite pas la question de la paix qui sera conclue. On peut soulever beaucoup d’autres questions semblables qui ne sont pas substantielles pour nous. Ce qui est important, c’est le prédestination des humains sur terre : l’existence ou non d’une âme, l’existence ou non d’une intelligence, l’existence d’un cœur et l’accord entre vos cœurs et vos intelligences, et ainsi de suite. Votre cœur est souvent troublé et vous recherchez un ami pour vous calmer, mais imaginez qu’il se trouve dans la même situation ! Un groupe d’individus s’assemble, forme une société et dit : « Nous sommes pessimistes » et se met à le démontrer philosophiquement : ils ont une vision personnelle du monde et trouvent que ce n’est pas le meilleur des mondes possibles ; ils se mettent alors à démontrer scientifiquement que ce monde est le pire qui puisse exister ! Voici leurs arguments : le monde est mauvais car on égorge les poules et les bœufs, on subit des tremblements de terre, des guerres et d’autres choses de ce genre ; si le monde était bon, il en serait autrement, disent-ils. Mais je dis : messieurs les pessimistes, vous êtes ces hommes et ces femmes qui enroulent maintenant l’ensouple du métier à tisser : les deux tirent en arrière. Mais lorsque la toile est tissée, la femme prend la toile et l’homme, la navette et ils disent : « Le travail est terminé ». Il n’y a plus de tiraillement et de contradictions dans la vie ; leur travail est le témoignage qu’ils ont œuvré ensemble et en accord. Nous disons souvent que l’homme et la femme ont tiré chacun comme l’écrevisse et le brochet, mais ils se déplacent dans deux directions différentes : du centre à la périphérie et inversement. Si l’homme va dans une direction et la femme dans une autre, qui a raison ? Les deux, car ils avancent du centre vers la périphérie. Lorsque les deux viennent dans la périphérie et commencent à se déplacer, ils sont alors dans le droit chemin. Lorsque vous étudierez l’astronomie, vous remarquerez que la terre et le soleil ont des trajectoires opposées : le soleil suit une direction et la terre une autre, et la terre coupe systématiquement la trajectoire du soleil. Tandis que notre Soleil met cinquante-deux millions d’années pour accomplir une circonvolution autour de son centre, la terre tourne vingt-cinq millions de fois autour du soleil en plus de suivre le soleil dans le cercle que ce dernier accomplit. Qui fait un travail plus grand ? Les deux font bien leur travail. Le soleil dépense plus d’énergie, et la terre plus de temps. Il y a une loi en physique qui dit que pour économiser son énergie, il faut dépenser du temps. Par conséquent, si vous souhaitez économiser l’énergie de votre intelligence, alors vous dépenserez l’énergie de votre cœur et vice versa : si vous voulez économiser l’énergie de votre cœur, vous dépenserez l’énergie de votre intelligence. Ainsi le temps se reconnaît selon le sens du mouvement. Je ne débats pas la nature du temps comme un philosophe, mais je dis : le temps est un facteur qui détermine le mouvement en lui-même, la direction de votre vie, alors que l’énergie est l’élan intérieur de ce mouvement. Si nous dépensons l’énergie de l’intelligence, nous économisons l’énergie du cœur et inversement : si nous dépensons l’énergie du cœur, nous économisons l’énergie de l’intelligence. À tout moment vous rencontrerez ces deux témoins. C’est vrai dans les tribunaux, deux témoins ne peuvent pas parler simultanément : lorsque le premier parle, l’autre doit se taire ; lorsque le premier dépense de l’énergie, l’autre doit se tenir assis en silence ; si les deux se mettent à parler en même temps, le juge leur dira : « Attendez ! » Le premier représente donc le temps et l’autre, l’énergie. Par conséquent, lorsque le premier témoin parle en vous, si vous êtes juge vous direz à l’autre de se taire pour laisser le temps à votre intelligence de se prononcer. Ne le perturbez pas, qu’il s’exprime jusqu’au bout et votre cœur viendra ensuite pour livrer son témoignage. Dans l’éducation nous devons aussi mettre l’intelligence et le cœur dans des dispositions neutres et leur laisser libre cours, ne pas les entraver avec des choses qui ne sont pas réelles. Je m’adresse à vous, mais par le mot vous je désigne une grande quantité d’individus, car chaque individu est une créature collective de millions et de millions d’âmes. Toutes ces âmes sont raisonnables et écoutent cette causerie. Les voyez-vous ? Je vois même parfois que vos yeux me comprennent mieux que vos cerveaux. Les yeux sont les meilleurs indicateurs dans le monde : en regardant quelqu’un dans les yeux tu te rends compte aussitôt s’il te comprend ou non. Lorsqu’il ne te comprend pas, ses yeux sont vaseux : « Ahmed bourda, akal dicharda », comme disent les Turcs, c’est-à-dire « Ahmed est ici mais son cerveau est ailleurs ». Lorsque quelqu’un vous comprend vous voyez son regard perçant vous fixer et vous percevez qu’il comprend tout et qu’il établit un lien entre les choses ; chacun de vous le sait. Beaucoup disent : « Je le ressens », c’est bien, mais faut-il encore le percevoir avec ton intelligence. Si tu n’as écouté que le témoignage de ton cœur, mais non le témoignage de ton intelligence, tu fais fausse route. Si la lumière travaille en toi plus que la chaleur, tu es aussi sur le mauvais chemin. Parfois vos sentiments sont intenses. Lorsqu’ils sont excessivement joyeux, les enfants commencent à sauter, puis un autre état s’empare d’eux et ils commencent à pleurer ; cette joie n’était pas naturelle. Il faut dans l’éducation créer en même temps du travail pour l’intelligence et pour le cœur. Je vous prie aussi, lorsque quelqu’un parle, de ne jamais l’arrêter avec vos pensées ; si vous ne voulez pas l’écouter, éloignez-vous. La fille dit à sa mère : « Je ne veux pas t’écouter », ou la mère dit à sa fille : « Je ne veux pas t’écouter ». Celui qui ne veut pas écouter, je le répète, qu’il s’éloigne. Il arrive souvent aussi la chose suivante : l’enfant s’enthousiasme de la leçon qu’il a entendue par le professeur, il rentre et la raconte à sa mère qui dit tout d’un coup : « Va-t’en, je ne veux plus écouter tes bêtises ! » Dans ce cas la mère commet un grand crime. Elle doit écouter son enfant jusqu’au bout, entendre ce que le professeur a dit : il livre son témoignage. Si elle coupe court ainsi à son récit dix à vingt fois, l’enfant empruntera sûrement un mauvais chemin dans la vie, ceci par rapport à son intelligence. Une autre fois, c’est le cœur de la fille qui s’est enthousiasmé, mais la mère est devenue philosophe grâce à son propre mariage et la stoppera avec les mots : « Ne te fie pas aux bêtises de ton cœur, ne l’écoute pas ; il faut du sonnant et du trébuchant ; les désirs du cœur sont des illusions de jeunesse, il faut avoir de quoi manger ! » Et l’âme frêle de la jeune fille est stoppée net, aujourd’hui telle chose n’est pas importante, demain, une autre ; elle devient comme sa mère et dit : « Ceci est idiot, et cela est plus réel ». Le réel était ce que cette jeune fille ressentait dans son cœur : il n’y a rien de plus réel. Comment voulez-vous éprouver quelque chose, avec la langue ou avec le cœur ? Je vais de nouveau donner un exemple que j’ai déjà mentionné auparavant : un turc était occupé à moudre du café dans un grand mortier en pierre avec un pilon en bois et il disait « Han » à chaque mouvement. Un passant devant sa boutique lui a dit : « Je n’ai pas de travail, j’offre mes services et je veux t’aider dans ton travail : tu vas donner les coups de pilon et moi je dirai « Han ». Ils se sont mis au travail, le turc donnait des coups de pilon pendant que son assistant criait « Han ». Ils ont moulu le café et le turc en faisant des cafés à ses clients mettait toute la recette dans sa caisse sans rien donner à son associé. Ce dernier s’est vexé et lui a intenté un procès pour non-respect du contrat conclu. Le juge s’est d’abord enquis des tenants et aboutissants de l’affaire et il a demandé ensuite qu’on apporte une boîte en métal, puis il s’est tourné vers le cafetier : « Lorsque tu récolteras de l’argent, tu le mettras dans la boîte qui fera « Tin » : ce sera le salaire de ton associé qui disait « Han ». Vous qui testez le goût de votre langue sur vos lèvres, vous faites ce qu’on appelle en turc nefes-orta. Ainsi il est écrit dans votre loi aussi que le témoignage de ces deux individus est authentique. Pour comprendre la philosophie de la vie, il faut avoir un cœur et une intelligence purs. Il faut d’abord que votre intelligence et votre cœur soient accordés de façon que l’intelligence saisisse les choses en temps utile et que le cœur les ressente aussi en temps utile. Un philosophe dira : « Vous ne pouvez pas sentir et penser comme les anges ». Lorsque vous serez dans leur situation, vous sentirez comme eux ; il y a dans la vie différents stades de développement. Chaque minute, chaque seconde apporte ses qualités et ses forces. N’aspirez pas à être tous homogènes, uniformes. Lorsqu’au commencement Dieu a créé le monde, toutes les âmes sont sorties du centre de l’Être suprême et ont pris des directions différentes, tels les rayons du soleil, et chaque âme a emporté quelque chose de ce centre divin : des dons et des idées différentes. Il n’y a pas deux âmes semblables dans le monde, même si la différence entre l’une et l’autre est minime. Lorsque nous étudions l’astrologie, nous voyons que nous occupons un degré donné du cercle dans l’un des quarts de cercle, et ce quart de cercle de 90 degrés est égal au quart de l’année solaire, nommée encore année platonienne, et cette période couvre six mille trois cents ans. Deux individus peuvent être séparés par un quart de cercle, donc par une période de six mille trois-cents ans. Disons que le premier, a, est au début du cercle, tandis que l’autre, b, est à quatre-vingt-dix degrés de lui, ce qui équivaut à une période de six mille trois-cents ans. L’âme b est plus ancienne de six mille trois-cents ans que l’âme a, elle a donc plus de connaissances et d’expérience que a. L’âme c, situé sur la même diamètre que a mais à l’opposé est encore plus vieille et avancée. Alors que a doit parcourir la partie inférieure du cercle, c avance sur la partie supérieure ; elles parcourront une même distance, mais n’acquerront pas les mêmes connaissances. La première partie du cercle est une descente, et l’autre partie, une montée ; la montée fait acquérir un savoir et la descente, un autre. Par conséquent, lorsque nous descendons vers le cœur depuis les sommets de l’intelligence, l’intelligence acquiert un type de connaissances alors que le cœur, en montant vers l’intelligence acquiert d’autres connaissance et sensations. La formule est alors la suivante : l’intelligence qui va vers le bas acquiert des ressentis mentaux, alors que le cœur qui monte acquiert des pensées affectives. Vous direz : « Quelle différence y a-t-il ? » La différence est que le cœur apporte plus de chaleur lorsqu’il prend le dessus alors que l’intelligence apporte plus de lumière lorsqu’elle prend le dessus. Lorsque le blé et les fruits mûrissent, il faut nécessairement de la chaleur. Pendant la croissance, c’est l’intelligence qui doit dominer : celui qui veut croître correctement doit avoir une intelligence dominante. La croissance et la connaissance viennent de l’intelligence, et le développement vient du cœur. Ce sont deux grands processus et leur témoignage est nécessaire et authentique. Le Seigneur dit : « Travaillez en accord avec vos cœurs et vos intelligences, vous allez alors vous développer dans ce monde ». Mais maintenant vous lisez des livres philosophiques, ce que Kant a dit ou d’autres… Que signifie ce poirier ? Il a fleuri et donne du fruit. Que fait le chat ? Il miaule. En miaulant il cherche de la nourriture ou bien il cherche ses petits, ce qui signifie qu’il y a une différence dans ses miaulements. Certains se prononcent mais que disent-ils ? Des sottises. Qu’est-ce qu’une sottise ? Si je rentre chez les aliénés, je serai un sot de leur point de vue même si je suis philosophe. Dans une société de matérialistes, le religieux sera sot et vice versa. Je dis que les deux sont intelligents : le matérialiste et le spiritualiste, celui qui sert la foi et celui qui a des savoirs. Nous leurs mettons aussitôt une étiquette : « Il est idiot » ou « Il est incroyant, ne l’écoutez pas ». Ni les uns ni les autres n’ont une idée juste de Dieu. Vous m’excuserez, mais Dieu pour moi n’est ni un concept ni une idée. Nous avons une idée des choses que Dieu a créées, de Ses manifestations, mais nous n’avons aucune idée de Lui-même. Nous avons une idée de Son amour et de Sa sagesse, mais Il est plus que l’amour et la sagesse qui se manifestent. Vous pouvez avoir une idée sur eux, mais si vous voulez dire que vous avez acquis des connaissances profondes sur Dieu, vous vous faites des illusions et vous serez désavoués. Depuis des milliers d’années la rivière Iskar[4] a été un fléau pour les villages aux alentours, combien de maisons, combien de terrains a-t-elle inondés et emportés ! En se noyant, les villageois se disaient : « C’était écrit ainsi » ; de temps à autre ils dirigeaient l’eau vers un moulin jusqu’à ce qu’une nouvelle crue l’emporte. Mais nos contemporains se sont montrés plus avisés, ils ont canalisé Iskar et ils produisent de l’énergie électrique avec laquelle ils éclairent les maisons et font marcher les tramways. Vous voyez, l’énergie de cette Iskar si malfaisante disait aux gens : « Attelez-moi au travail, et je vous apporterai énormément ; si vous ne me domptez pas, je causerai des dégâts ». Vous me demanderez pourquoi je vous parle d’Iskar ? Votre enfant est comme Iskar. Vous dites : « Je n’en peux plus de cet enfant, pourquoi le Seigneur me l’a-t-il envoyé, il me cause tant d’histoires ! » Faites la même chose qu’avec Iskar : percez un tunnel, mettez des turbines, lâchez les eaux et vous fabriquerez de l’électricité qui fera fonctionner des véhicules et éclairera des maisons. Les savants pédagogues disent : « Nous devons éduquer les enfants pour qu’ils soient religieux, qu’ils aient des connaissances, qu’ils honorent leur père et leur mère ». Est-ce que vous le comprenez ? Ni vous ni ces pédagogues ne l’ont compris. Depuis huit mille ans il est question de cela : éduquer les gens et croire en Dieu, et celui qui ne croit pas sera un mécréant. Et le Christ dit : « Le témoignage de ces deux est digne de foi ». Seul le témoignage en nous, donné en même temps par l’intelligence et le cœur est digne de foi. Seules les choses inaltérables dans la nature disent la vérité. Lorsque quelqu’un partage son propre vécu ou cite un philosophe ou un mathématicien, selon mes mathématiques j’ôte de ses paroles d’abord cinquante pourcents et ensuite, encore vingt-cinq pourcents. Puis je réfléchis dans quel groupe mettre les vingt-cinq pourcents qui restent : dans les variations, les permutations ou les combinaisons, l’ordonnancement, le réarrangement ou l’accordement ? Quelles sont nos relations avec Dieu ? Certains disent : « Que le Seigneur nous aide pour nous établir, établir nos enfants, marier notre fille, avoir des petits enfants, avoir des greniers pleins, des bêtes de trait, manger ceci, boire cela, etc. ». Nous organisons les choses jour après jour, puis nous trépassons, le curé vient et se met à psalmodier : « Béni soit le Seigneur Notre Dieu » et il termine : « Seigneur, donne-nous la paix ! » Celui qui veut être épaulé par le Seigneur doit passer par toutes ces variations, permutations et combinaisons et ne pas rester uniquement dans l’ordonnancement. Maintenant la Bulgarie promulgue uniquement des oukases et des ordonnances. Ce n’est rien d’autre que surcharger le chameau : on le charge de provisions et de marchandises jusqu’à lui briser le dos. Dieu témoigne en nous par l’Esprit qui parle, et en tant qu’enfants de Dieu nous devons savoir écouter Sa voix. Un jeune homme, officier réserviste, est venu il y a quelques jours me raconter qu’il était tombé malade d’une maladie incurable. Sur son lit de mort, il a eu entre les mains un petit livre sur les guérisons par le jeûne d’un certain docteur Muller, me semble-t-il. Il s’est décidé et a commencé à jeûner vingt-deux jours durant. Il m’a raconté son vécu au bout d’un jour, de deux jours, de trois jours… le résultat est qu’il a guéri. Il est allé alors à Plovdiv[5] chez le même médecin qui lui avait diagnostiqué une maladie incurable pour se faire ausculter de nouveau. Le docteur lui a dit après l’examen : « Tu es en bonne santé ». Cet homme a appliqué le jeûne avec son intelligence et son cœur. La clarté a gagné son esprit, et de matérialiste il est devenu spiritualiste, il a compris qu’il y a dans le monde autre chose que ce que les gens connaissent. Il a d’une certaine manière recouvré la vue, il est devenu clairvoyant. Il est allé faire part à un religieux que c’est l’Esprit qui lui a insufflé cette idée, mais ce dernier s’est dit : « C’est un faible d’esprit ». Pour eux, être croyant, c’est croire dans la viande hachée, la boisson, l’argent, alors ton intelligence est à sa place, mais croire dans les esprits, c’est être idiot. De leur point de vue les uns sont intelligents, les autres idiots, mais de mon point de vue ils sont tous bons. Les journaux écrivent : « Un tel nous spolie, tel autre nous tyrannise, que soient punis ces spoliateurs, ces malfrats, ces parasites qui vivent sur le dos du peuple, etc. ». Ils portent un regard subjectif sur les choses alors qu’ils doivent avoir foi uniquement dans les choses positives. Les choses visibles doivent être rejetées, elles ne sont pas dans le monde divin. Nous devons pénétrer en profondeur dans nos âmes et nos cœurs, nous dire que nous sommes des Fils de Dieu, que nous sommes sortis du centre divin et que nous accomplirons la volonté divine. Certains disent : « Je veux être bon ». Tu fais fausse route, tu ne seras jamais bon. Tu dois accomplir la volonté divine ; tu peux être bon, mais si tu n’accomplis pas la volonté divine, tu es mauvais. Nos contemporains doivent se décider à accomplir la volonté divine dans le vrai sens du terme et non comme ils la comprennent, car ce qu’ils font n’est pas servir la volonté divine mais se servir eux-mêmes. Accomplir la volonté divine, c’est se sentir uni à Dieu, alors la joie nous gagne et nous observons les gens calmement et sans bruit car nous savons les causes et les conséquences de leurs défauts. Tant que nous nous servons nous-même, nous ne nous entendons pas, ce dont découle le mal dans le monde. Si votre cœur cesse de battre trente minutes, il commencera à sentir mauvais ; le cerveau aussi s’il cessait de travailler, sentirait mauvais. On dit de quelqu’un que sa respiration a été coupée, on ment ; lorsque la respiration et les battements du cœur cessent, l’âme commence à travailler. C’est l’expérience de tous ceux qui s’intéressent aux sciences spirituelles. Quelqu’un demande : « Qu’adviendra-t-il de moi lorsque mon cœur cessera de battre ? » Ton âme s’éveillera. « Qu’adviendra-t-il lorsque mon intelligence cessera de travailler ? » L’esprit divin s’éveillera. Je ne vous recommande pas ni n’ai l’intention de vous demander de jeûner vingt-deux jours durant comme ce jeune homme que j’ai mentionné : on n’obtient rien par ce moyen si on manque de foi. Mais je dirai qu’à mon sens ce jeune homme s’est libéré d’un soupçon et a éveillé le divin en lui. Si vous voulez accomplir tous vos devoirs, écarter tous les malheurs, jeûnez cinq ou dix ou quinze ou vingt jours et vous apprendrez alors les raisons de chaque chose. Mais le cœur et l’intelligence doivent vous le suggérer ensemble, alors jeûnez et le résultat sera formidable. Mais si le cœur dit : « Jeûne ! », et l’intelligence, « Ne jeûne pas ! », ne commencez pas. Quelqu’un dira : « On peut obtenir la même chose sans jeûner. » Non ! À un moment donné de la vie, lorsque nous devons renforcer notre volonté, l’unir à la volonté divine et avoir le témoignage de ces deux individus, nous devons jeûner. Maintenant, concernant l’influence des planètes sur les gens, savez-vous comment s’exercera l’influence de la Terre sur ceux qui y sont exposés ? Elle les rendra cupides. Si vous constatez une certaine cupidité chez l’homme, c’est le signe de l’influence de la Terre sur lui. Lorsque vous éprouvez le désir d’achever ou de commencer quelque chose, c’est que vous subissez l’influence de Mercure. Lorsque votre cœur se met à aimer, vous êtes sous l’influence de Vénus. Lorsque Mars vous influence, vous aurez tendance à vous bagarrer, à vous montrer fort et puissant. Lorsque la planète Jupiter exerce une influence sur vous, vous commencerez à être plus mesuré, plus silencieux et vous aspirerez à la liberté et à la fraternité. Lorsque Saturne vous influence, vos perceptions, votre odorat se renforceront. Sous l’influence d’Uranus c’est votre cœur qui se renforcera alors que sous l’influence de Neptune votre vision s’améliorera et vous deviendrez clairvoyant. Les différentes planètes du système solaire influencent les gens différemment. Lorsque toutes les planètes vivantes et raisonnables agissent, alors nous sommes en harmonie. Lorsque vous dites que vous n’aimez pas le monde, j’entends que vous subissez l’influence de la Terre. Vous voulez avoir toutes les richesses de ce monde, mais de ce fait vous vous éloignerez de Dieu. Vous n’êtes pas venus sur terre pour être riches, mais pour acquérir des connaissances, comprendre ces deux témoins dont je vous parle. Vous devez étudier votre cœur et votre intelligence, ce sont deux professeurs qui vous enseignent. Le cœur est un excellent professeur, il est cette déesse dont je vous ai parlé, il est la foi, il est l’amour. Et en lien avec la connaissance, il crée la religion sur terre. Avez-vous compris le professeur en vous ? Vous dites : « Mon intelligence est insuffisante », ce qui signifie que votre professeur est idiot et ne connaît pas son métier. Je vous dis que vous ne comprenez pas ou vous n’écoutez pas votre intelligence et votre cœur. Quelqu’un dira pour un autre qu’il ne croit pas en Dieu, pour ma part, je dirai qu’il ne croit pas en son cœur. « Mais il n’est pas intelligent », je dis pour ma part : « Il ne croit pas en son intelligence ». Ceux qui désespèrent de ce monde et qui veulent se suicider n’aiment pas la lumière. Personne ne veut se suicider sur les cimes, en haut d’une montagne, mais toujours dans un endroit sombre, dans une cave. Les forces égocentriques qui veulent entraver votre développement produisent de l’obscurité dans votre mental pour que le crime soit commis, pour dire que l’intelligence a commis ce forfait. La déesse qui est descendue du Ciel ne commet pas de crimes ; de même le cœur, votre foi, cette autre déesse descendue d’en haut, ne commet pas de crimes. Par conséquent, je vous dis à tous, croyez en votre cœur, croyez en votre intelligence, vous entrerez alors dans une autre situation : vous croirez en votre âme et en votre esprit, et ensuite, en Dieu et en Son Fils. C’est le seul moyen d’acquérir la véritable philosophie pour comprendre la grande loi de la nature. Vous demandez quelle est votre prédestination. Les habitants de Sofia doivent aller sur les hauteurs de Vitocha quatre à cinq fois en été, visiter toutes les cascades, gravir les sommets de Moussala, Belmeken[6]. « Il faut des chaussures et elles sont chères. » Des excursions, des excursions là-haut, dans la montagne ! Elles sont cet élan qui va développer l’intelligence et le cœur des humains. Il faut impérativement grimper vers les cimes. Lorsque je dis grimper en haut vers les cimes, j’utilise une métaphore. Celui qui veut développer son intelligence doit nécessairement se hisser en haut ; celui qui veut développer son cœur doit descendre vers les profondeurs : l’un et l’autre sont des actes héroïques. Combien de voyageurs ont voulu grimper en haut de l’Himalaya sans y réussir, car cette montagne est impénétrable. De même dans le développement humain il y a des endroits que l’esprit n’a pas pu atteindre. Certains en Bulgarie n’ont même pas entendu parler de Moussala et combien sont ceux qui ont réellement gravi ce sommet. J’estime qu’un seul sur dix milles est arrivé en haut et, comme pour moi le Mont Blanc est l’étalon pour mesurer l’intelligence européenne, je dirai que très peu ont atteint ce sommet. Vous me direz : « Ce sont des choses abstraites sans lien avec notre comité alimentaire. Savez-vous dans quelle situation pénible nous nous trouvons ? On manque de beurre, de fromage, de tout ! » Celui qui a besoin de beurre, qu’il vienne me voir , je lui en donnerai, je lui donnerai la méthode pour obtenir du beurre de la nature. Vous pouvez obtenir autant de beurre que vous le souhaitez si ces deux témoins parlent en vous avec véracité, venez faire un essai. Je mets cette science divine à l’épreuve ; avec ceux parmi vous pour qui ces deux témoins parlent, nous ferons un essai, et savez-vous quelle sera alors votre situation ? Un grand maître brahmine en Indes possédait une vache qui était si belle que le prince local a voulu s’en emparer. Il a voulu la lui acheter. « Je ne veux pas d’argent, a répondu le brahmine. – Mais je te donnerai son pesant d’or. – Même pour tout l’or du monde, je ne donne pas ma vache. – Je la prendrai de force. – Essaie ! » Le prince a dépêché dix gardes pour prendre la vache de force, mais le brahmine a simplement levé la main et ils ont été terrassés. Le prince a envoyé mille personnes : le brahmine les a de nouveau terrassées d’un simple geste de la main. Le prince a envoyé vingt mille personnes, tous ont été terrassés. L’homme ne cédait pas sa vache. Le prince a été convaincu de sa force et il est allé auprès de lui pour être son disciple car il voulait étudier cette force secrète. Il a commencé à vivre comme lui, mille ans durant, et il a essayé d’accaparer de nouveau la vache, en vain. Il a passé mille ans de plus en étudiant et a fait un autre essai, toujours en vain. Il y a passé encore mille ans, donc trois mille ans en tout, et a vu qu’il était devenu plus puissant que le brahmine, mais il s’est dit alors : « Pourquoi aurais-je besoin de cette vache ! » Trouvez cette vache, elle est en vous ; en la trouvant vous aurez du lait, du beurre, et tout le reste, vous posséderez la corne d’abondance comme on dit. La Palestine a connu jadis la corne d’abondance, mais elle est tarie aujourd’hui ; il y a des raisons à cela. Faites de la place dans votre cœur et dans votre pensée à tout ce que vous considérez comme bien dans le monde, c’est la première règle. « Tout est bien » dites-vous. Ce n’est pas exactement ainsi, mais dites-le et cela se réalisera : si vous dites que c’est bien, vous vous tournerez dans une autre direction. Dites : « Je ne veux pas son argent, pourquoi me charger d’un tel fardeau ». C’est mal de désirer quelque chose que vous ne pouvez pas avoir ou supporter. Comment tirer profit de la richesse si demain une catastrophe survient ? Nous nous préparons en apparence pour l’autre côté, mais sans y croire en réalité. Si quelqu’un se met à parler d’esprits, les autres diront qu’il a perdu la tête. Il y avait en Amérique un prédicateur qui faisait des discours et adorait exagérer les choses. Il avait un ami, nommé Jean ; il l’a appelé et lui a dit : « Rends-moi un service : pendant l’assemblée, lorsque tu entendras que j’exagère quelque chose, tu feras tourner ton pouce comme ça ». Un jour, il a tenu un prêche sur Samson qui avait attrapé trois cents renards et s’est mis à détailler qu’ils étaient très grands et faisaient plus de trois mètres de long. « Et c’est un fait, rapporté par tel auteur » a-t-il dit. Il commence à le citer, mais son ami a tourné le pouce. « Mais, a continué le prédicateur, ceci me semble incroyable, je présume qu’ils ne faisaient pas plus de deux mètres de long. » Il se met à citer un autre auteur ; son ami a tourné encore le pouce. « Mais cela me semble tout aussi incroyable, ils faisaient peut-être un mètre de long » et il s’est remis à le prouver par des citations. Son ami a encore tourné son pouce. « Mais, cela peut paraître peu probable, ils étaient certainement pareils à nos renards, pas plus de cinquante à soixante centimètres. » Jean a tourné de nouveau le pouce, mais le prédicateur a bondi en criant : « Jean, je ne réduirai pas davantage » ! Les renards au temps de Samson étaient aussi grands que de nos jours ; à quoi bon argumenter que tel ou tel auteur a dit ceci ou cela ? Les gens lisent différents ouvrages philosophiques jusqu’à ce qu’ils soient contraints de constater la vérité dans la nature : constater comment sont les choses dans la vie et quel est le langage du cœur et de l’intelligence. Soyez fidèles à ces deux principes et vous aurez le soutien du monde invisible autour de vous qui aide tous ceux qui cherchent la vérité. Nous ne sommes pas seuls sur Terre et nous n’avons pas à nous préoccuper de notre pitance, tout est préparé. Lorsque le Seigneur a conduit les juifs à travers le désert depuis l’Égypte, Il leur a donné la manne du Ciel à manger en leur ordonnant de ne récupérer à chaque fois que leur ration quotidienne, à l’exception de la veille du samedi où ils pouvaient ramasser une double ration. Malheureusement, les juifs habitués à la vie en Égypte, qui symbolise aussi le monde actuel, n’ont pas écouté et ils ont ramassé systématiquement la manne tombée du ciel en doubles rations, mais celle-ci se gâtait. Nous, les gens d’aujourd’hui, dans notre élan effréné à amasser en prévision de l’avenir, nous ne laissons aucun répit à notre cœur et à notre intelligence, c’est pourquoi tout se gâte dans notre vie. Savez-vous ce que cela signifie ? C’est comme l’enfant qui veut monopoliser l’attention de sa mère toute la journée. Nous disons d’un tel enfant qu’il n’est pas sage. Il y a pour la mère un temps à consacrer à l’enfant et un temps à consacrer à elle-même. Ne pensez pas que votre temps est à dédier entièrement à vos enfants, ni le leur à vous ; une partie de votre temps doit être consacré à Dieu et une partie à vos proches. Toute personne doit y consacrer une partie de son temps, pour connaître la grande loi. Il faut d’abord consacrer du temps à Dieu. Pourtant, que faites-vous ? Vous vaquez à vos affaires, à votre commerce. Et qu’advient-il ? Vous perdez dix fois plus de temps. Quelqu’un dira : « Montrez-moi la statistique qui prouve ce qui arrive aux marchands qui n’ont pas accompli la loi, et aux agriculteurs qui ne l’ont pas respectée ». Un misérable vient parfois mendier auprès d’un marchand ; c’est le signe que le Seigneur veut que cet homme Lui consacre un peu de temps, qu’il lui donne quelque chose, qu’il lui dise un mot de consolation. Mais il le congédie le plus souvent : « Va-t’en, j’ai du travail ! » Le Seigneur écrit alors dans son calepin qu’un tel ne Lui a pas consacré le temps imparti. Le marchand agit ainsi trois ou quatre fois de suite et voici qu’une crise se déclare et il perd cent ou deux cent mille levas : c’est le Seigneur qui les lui prend car il n’a pas respecté la loi. Qu’advient-il avec l’agriculteur qui ne respecte pas la loi ? Il sème deux, trois ans, mais la terre ne donne rien car il a refusé de consacrer un petit moment à Dieu. Les prêtres, quant à eux, diront que tout le temps disponible doit être consacré à Dieu. Très bien, mais ils ne le font pas eux-mêmes. Moïse qui a énoncé la loi du repos était plus intelligent. Il a dit : « Travaille six jours pour toi, ta femme, tes enfants, tes amis et le septième jour est au Seigneur, ton Dieu ». Ce repos t’est nécessaire pour entrer en toi et analyser ce que tu as vécu le reste de la semaine. Tu diras à ta femme et à tes enfants : « Laissez-moi libre aujourd’hui pour servir aussi le Seigneur ». Mais les enfants se battent, la femme est indisposée ; laissez-les sans regretter outre mesure. Si vous plaignez vos proches et amis en ce jour, vous vous couperez de l’harmonie divine et vous perdrez un moment essentiel de votre vie. Des gens viennent se plaindre qu’ils n’ont pas de quoi manger. J’ai essayé toutes les méthodes d’alimentation, il m’arrive de manger seulement une pomme, seulement quelques haricots blancs et cela me suffit. À mon avis, le pain est la meilleure nourriture. Ce ne serait pas une nourriture saine, dit-on. La viande, le beurre, les olives, le jambon, la soupe de petits foies d’agneau sont encore moins sains. On me dit : « Manger ce que tu préconises est un régime de moine ». Nous nous sommes laissés égarer par une intelligence bestiale pour devenir carnivores ; nous nous sommes laissé égarer par l’instinct de la truie pour devenir omnivores : la truie mange tout, ne refuse rien. Une fois un curé est venu me voir lorsque je parlais ainsi et il m’a rétorqué : « J’ai un estomac robuste et je peux tout manger ». J’ai dit : « Donnez-lui tout ce qu’il désire manger ! » Après avoir mangé, il a été malade deux jours de suite. De quoi ? D’une indigestion. Mon ami, ton estomac te dit que tu manques d’intelligence. Lorsque nous mangeons, nous devons remercier notre âme de nous avoir donné tout ce qu’il nous faut, nous n’avons besoin d’aucun surplus. Il nous faut connaître notre intelligence et notre cœur, ils sont divins. Recherchez uniquement le nécessaire dans le monde, cherchez-le dans la pensée, le cœur, la vie : ils ne laisseront en vous aucun surplus qui serait source d’impuretés. C’est seulement en se tournant vers l’intelligence et le cœur que vous pourrez réformer votre vie et la société, vous résoudrez les deux questions en même temps. Chacun travaillera avec ce qui lui est donné ; vous ne travaillerez pas la même chose car le service est variable, chacun travaillera selon sa compréhension. Lorsqu’ils entreront dans ce grand plan divin dont je vous ai parlé, le Bulgare et la Bulgarie arrangeront leur vie. Je recommande l’expérience suivante à la Bulgarie : écouter son intelligence et son cœur et en dix ans sa situation se redressera. Et que chaque Bulgare fasse une expérience : écouter son intelligence et son cœur et ne pas violenter l’autre. Si ton ami ne suit pas le droit chemin, dirige ton intelligence sur lui et envoie lui ton aide par ce biais divin, et sa vie se transformera. Lorsque la fleur n’est pas arrosée pendant longtemps, elle dit : « De l’eau, de l’eau ! » Lorsqu’il y a de l’humidité, nous disons : « Il lui faut de la lumière et de la chaleur ». Cette humidité, cette chaleur et cette lumière intérieure nous sont nécessaires. Quelqu’un dira : « C’est difficile à appliquer ». Pour appliquer cet Enseignement il faut des héros et non des lâches. L’important n’est pas ce qu’ont écrit les philosophes jadis, ce qu’écrivent les savants maintenant, ce qu’est l’ordre actuel, mais ce que la nature elle-même nous enseigne et ce pourquoi nous avons été créés ! Sommes-nous créés pour être massacrés sur les champs de bataille, être des bourreaux et pendre les gens ? Pas le moins du monde. Dieu nous a créé avec un grand dessein. Nous sommes cultivés, et en tant qu’orthodoxes, protestants ou catholiques nous servons soi-disant Dieu, mais en réalité nous égorgeons tous les poulets et les agneaux. Nous ne sommes pas encore civilisés. L’avenir appartient à la véritable culture : la culture de notre intelligence et de notre cœur. Qu’il n’y ait pas de duplicité chez les gens sur les choses, dire toujours ce qui est vrai, maintenir le bien dans notre cœur et être prêts à se sacrifier. Je suis prêt à me sacrifier pour ce à quoi je crois, je l’ai déjà expérimenté. Je vois ce que les autres ne voient pas. Il est préférable pour quelqu’un de porter une robe de chambre et d’avoir un esprit authentique et dire la vérité, plutôt que d’arborer une couronne et être haut placé mais se montrer comme le dernier des menteurs. Mes frères et sœurs, savez-vous à quel point vous vous êtes égarés ? Savez-vous ce que vous m’avez dit jadis en sortant du Ciel ? Quels hauts idéaux, quel programme sublime, quels objectifs vous cibliez ! Vous étiez beaux et puissants comme je vous connais, et maintenant en vous regardant, je vous plains. Si je pouvais pleurer, je pleurerais sur vous. Non pas sur vos souffrances, mais sur vos égarements : de ne pas savoir comment être heureux sur terre, de ne pas vouloir comprendre où se trouve votre bonheur. La vie dans ces conditions est un joug, une prison, ne vous faites aucune illusion ; comprenez la situation et sortez-en. Dans cette prison, vous raisonnez comme des humains : comment la réformer pour que les prisonniers vivent bien ; moi, je vous dis : « Sortez de cette prison ! » Certains diront : « Ce n’est pas encore le moment » et préfèrent vivre des milliers d’années en prison. Au contraire, cinq ans se sont écoulés, le délai est passé, le moment n’est-il pas venu de sortir ? Des milliers d’années se sont écoulés et vous y êtes encore. Quittez-la ! Vous appellerez le gardien et vous direz : « Nous sommes condamnés en vertu de telle loi à purger une peine de tant d’années : ce délai est écoulé, nous voulons être libérés ». Élevez votre intelligence et votre cœur et appelez Dieu pour qu’Il vous libère de la prison. Tout ce que vous voyez à présent sera entièrement démoli en dix ans, rien ne restera de ces lois, ce sera la fin de ce monde et de sa perversion. Une nouvelle culture sera instaurée où les humains écouteront leur cœur et leur intelligence et vivront comme des frères avec la compréhension profonde de la loi qui dit que le témoignage de deux personnes est digne de foi. Je ne vous enjoins pas d’être pessimistes, mais d’être des héros, travaillez parmi les autres et dites-leur que le temps est venu de vivre comme des êtres humains sur terre. « Oui, mais personne d’autre ne le veut. » Vous les convaincrez car le droit est de notre côté. Une fraternité universelle se propagera dans le monde entier, les riches et les pauvres seront sur un pied d’égalité, comme les savants et les incultes, tous seront sur un pied d’égalité d’après la loi de la sagesse et de l’amour, ce sera la nouvelle culture. Armez-vous de cette idée, soyez des héros et ne craignez rien. Vous avez assez servi le diable : les gens croient davantage en lui qu’en Dieu ! Dites : « Désormais nous croirons dans le Seigneur vivant qui régit le monde et qui a décidé de le transformer ». Il a pour cette raison envoyé Ses serviteurs. Si vous ne le faites pas, les pierres prendront vie et transformeront le monde. Il est écrit : « Les arbres et les animaux se lèveront », et si vous ne vous levez pas, vous serez les derniers au Royaume de Dieu. Vous direz que je suis sévère. Je vous demande pardon, mais ce n’est pas de la sévérité. Je dis simplement que vos relations en tant que frères et sœurs ne sont pas ceux que Dieu exige, je vous dis la pure vérité. Cessez les discordes entre vous car elles n’ont pas de sens. Vous dites cependant : « Je suis orthodoxe, je suis catholique, je suis évangéliste, je suis communiste, je suis théosophe, je suis spirite, Français, Bulgare, etc. ». Lorsque le Seigneur a créé le monde, nous n’étions pas divisés en nationalités et religions différentes, nous sommes devenus à présent Français, et Anglais et Italiens, et tutti quanti. Tournons-nous vers la grande vérité : Dieu qui nous appelle à un grand travail. Mettez vos intelligences et vos cœurs au travail pour créer une vague dans le monde qui nous emporte sur le chemin de l’entente et des grands commandements de la nature ! Et soyez assurés que l’avenir vous appartiendra. Sofia, 16 novembre 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Dans votre propre Loi il est d’ailleurs écrit que le témoignage de deux hommes est recevable. » (Jean 8,17) [2] Il est fait mention ici d’un conte populaire très répandu en Bulgarie dans lequel un aigle, une écrevisse et un brochet décident de joindre leurs forces pour tirer ensemble une trouvaille dans la même direction. Malheureusement leur entreprise échoue car l’aigle tire vers le haut en s’envolant, l’écrevisse en arrière et le brochet vers le fond de l’eau – ainsi ils ne bougent pas d’un centimètre. La moralité consiste à admettre que pour joindre ses forces dans un effort commun, il faut d’abord s’assurer que tous tirent et avancent dans le même sens. [3] « Je me rends témoignage à moi-même, et le Père qui m'a envoyé me rend témoignage lui aussi." (Jean 8, 18) [4] Une des plus grandes rivières bulgares qui prend sa source à Rila avant de passer aux abords de Sofia et de se jeter dans le Danube [5] Grande ville bulgare dans le sud du pays [6] Vitocha – une montagne près de Sofia, culminant à 2291m ; Moussala – le plus haut sommet de la péninsule balkanique, culminant à 2927m, Belmeken – un endroit pittoresque à Rila, célèbre pour ses cascades.
  3. Dieu a parlé « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d'où il est ». Jean 9 :29 « Dieu a parlé à Moïse. » La question se pose de savoir si les juifs savaient que Dieu a parlé à Moïse. Je dis : si x + y = 20, alors x = 20 – y. À quoi sont égales les variables x et y ? Vous répondrez tout seuls à cette question. Que le Seigneur s’adresse aux gens n’a rien d’étonnant, il n’y a rien d’extraordinaire dans le fait de parler. Un professeur émérite de la faculté peut parler à son domestique, et alors ? Le domestique dira que tel professeur émérite lui a parlé. Beaucoup de nos contemporains, hommes et femmes, disent que le Seigneur leur a parlé. Je me réjouis que le Seigneur leur ait parlé, mais Il peut l’avoir fait comme le professeur de faculté parle au domestique, ou bien comme il parle à ses étudiants : ce sont deux choses différentes. Par conséquent, vous ne devez pas vous leurrer vous-mêmes. « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse. » Au sens large, Moïse désigne tout ce qui est connu. « Celui-ci, nous ne savons d’où il est » : c’est le nouveau dans le monde. Moïse représente l’ancien ordre dans le monde, connu de tous ; le Christ est le Nouveau qui vient dans le monde, encore inconnu. Est-ce que le bœuf ne connaît pas son étable où il entre et d’où il sort sans cesse ? Si vous dites au bœuf qu’on peut réorganiser son étable, il va s’y opposer. Pourquoi ? Parce qu’il trouve qu’il n’y a pas mieux qu’elle. Ce sont les réflexions de beaucoup de savants et philosophes. Je prends les mots savants et philosophes au sens large, il s’agit de principes généraux. Je ne défends personne et je ne reproche rien à personne non plus ; à mon sens les gens ont la même importance qu’ils fassent du bien ou du mal ; ils sont les deux inconnues x et y, dont la somme est égale à 20. Calculez ce que vaut x et ce que vaut y. Les deux grandeurs x et y sont les bons et les méchants avec qui il faut nécessairement travailler. Sans bien ni mal, il ne peut y avoir aucun progrès ; c’est ainsi que se pose cette question dans la nature, je la comprends aussi comme ça. Comment vous la comprenez du point de vue philosophique est une autre affaire. Si vous vous insurgez contre le mal, pourquoi le retenir en vous ? Si la femme s’insurge contre son mai, pourquoi est-elle devenue son otage ? Si le mari dit du mal de sa femme, pourquoi est-il devenu son otage ? Examinez cette question sur le fond et non au sens étriqué du terme. On peut être otage d’une certaine idée, otage d’un certain crédo. A-t-on goûté les fruits de son idée, de son crédo ? Les fruits peuvent être bons ou mauvais. Les gens de bien comme les gens mauvais aiment ; les honnêtes et les malhonnêtes aiment : quelle est la différence entre les deux ? La différence est dans nos esprits, dans notre raisonnement qui nous fait admettre que les uns sont bons et les autres mauvais. Un peintre peut dessiner votre visage, mettre quelques rides, changer vos traits et dire que vous êtes mauvais ; est-ce vrai ? Cette image est étrangère, ce n’est pas la vôtre, elle est fabriquée par le peintre. Chacun peut faire ce qu’il veut de son corps, mais son âme est insaisissable, personne ne peut l’attraper, elle reste toujours pure et immaculée ; quels que soient les efforts des humains, l’âme reste insaisissable. « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse. » Moïse est le côté visible, physique de la vie. Qui parmi ceux qui ont croupi dans une prison, qui se sont balancé au bout d’une corde, qui ont été battus, ne connaît pas Moïse ? Moïse est partout, ce Moïse à qui Dieu a parlé, se rencontre partout. Le Seigneur lui a parlé, mais lui-même parle aussi ; donc, lorsque Dieu parle, les gens parlent aussi. Tout un chacun qui a souffert par la faute d’un autre, dit : « Je connais Moïse à qui Dieu a parlé ». « Mais celui-ci, nous ne savons d’où il est ». Au nom de « celui-ci » d’innombrables temples sont bâtis dans le monde entier. Hommes et femmes partout dans le monde se proclament chrétiens, en Son nom. Les uns se disent des baptistes, d’autres adventistes, d’autres encore orthodoxes, et ainsi de suite. Néanmoins, entrez dans leurs cœurs pour voir si le nom du Christ y est inscrit. Tous disent : « Nous connaissons Moïse, mais celui-ci nous ne savons d’où il est ». Les juifs ont raison de dire qu’ils ne connaissent pas le Christ car on ne peut pas connaître la vérité tant qu’on ne l’éprouve pas. L’enseignement du Christ au sens large est un enseignement du vécu, mais non d’un vécu ordinaire. Vous allez rétorquer : « Nous connaissons le Christ ». Vous connaissez l’ombre historique du Christ. Vous savez qu’un individu d’ascendance juive, nommé le Christ est né ; vous avez lu l’Évangile, mais cette connaissance de l’Évangile n’est pas authentique non plus : vous connaissez l’ombre de l’Évangile. Si les hommes et les femmes connaissaient le Christ et l’Évangile, leurs foyers seraient organisés autrement. Je demande : comment interprétez-vous le verset où le Christ exhorte à aimer ses ennemis ? Comment interprétez-vous le verset où le Christ dit : « Si vous ne vous reniez pas, vous ne pouvez pas être mes disciples » ? Comment interprétez-vous le verset : « Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, n’est pas digne de me suivre » ? Comment appliquez-vous ces versets ? En résumé, vous clamez tous : « Nous connaissons Moïse à qui Dieu a parlé ; mais celui-ci, nous ne savons d'où il est ». La question est : jusqu’où connaissez-vous Moïse ? Une chose est exigée de vous : il faut d’abord vous libérer de Moïse et de ce que le Seigneur lui a dit, et ensuite vous occuper du Christ. Le christianisme actuel est un christianisme avec une carapace judaïque. Ce que les juifs faisaient jadis, les chrétiens le font maintenant. Le Christ a dit : « Il est dit : œil pour œil, dent pour dent. Je vous dis : ne résiste pas au mal. Si on te frappe sur une joue, tends l’autre ». Vous direz que l’enseignement du Christ est inapplicable dans la vie : « Et quoi encore ! Je vais tendre la joue gauche si on me frappe sur la joue droite ? » Si on t’attrape et qu’on se mette à te battre, en tant que vrai chrétien, tu dois rester calme et paisible, ne pas crier au secours, et te montrer héroïque. Peux-tu endurer autant ? Tu imagineras qu’on bat ton ombre, ta maison extérieure et non toi-même. Que ferez-vous si on se met à vous battre ? Vous implorerez à genoux pour faire cesser les coups, donc vous connaissez Moïse et vous l’implorez. Lorsque vient le Christ, vous dites : « Nous sommes des érudits, nous devons le critiquer pour ne pas être victimes de leurres ». De toute façon vous êtes la proie des leurres! J’aimerais rencontrer des personnes qui ne le soient pas. Maintenant il n’est pas question de la philosophie des ombres, je n’argumente pas sur ces choses. Les mathématiques argumentent. Si je commence à argumenter à la façon des mathématiques, comment me comprendrez-vous ? Je me servirai des inconnues x et y ou de l’équation a + b = c, mais je ne me ferai pas comprendre. Tout cela a du sens dans les mathématiques vivantes. Lorsque j’y viendrai, je sèmerai une graine et lorsqu’elle germera, je vous appellerai pour examiner ensemble les opérations d’addition, de soustraction, de multiplication et de division qu’elle a traversées. Puis je m’arrêterai sur les processus plus complexes qui se passent en elle : limites, fonctions et autres ; ce sont des arguments mathématiques. Observez comment se passe la croissance et faites vos conclusions pour savoir à quoi est due l’aspiration de la plante à aller en haut, pourquoi les feuilles s’étendent et pourquoi les fruits s’inclinent vers le bas. En étudiant la croissance comme un processus conscient, vous direz que la loi de l’attraction terrestre y prend part. Beaucoup citent cette loi, mais ne la connaissent que partiellement. Tu sais par exemple que les corps s’attirent, mais pour quelle raison ? Je dis : on peut attirer un corps uniquement après l’avoir repoussé ; attirer sans repousser est impossible. La mère repousse d’abord l’embryon pour ensuite l’attirer afin qu’il fusionne avec elle. Cet état est appelé nirvana par les hindous, c’est-à-dire la loi de la fusion. S’il n’existait pas une loi de la fusion, l’embryon ne fusionnerait pas avec la mère, et vous ne viendriez pas m’écouter. Vous direz que c’est une vision philosophique difficile à vérifier. Je dis pour ma part que la plupart des gens d’aujourd’hui s’occupent de carder la laine : tous ceux que je croise, cardent la laine, autrement dit ils philosophent. De ce point de vue vous êtes d’excellents cardeurs : le monde est rempli de laine et de cardeurs. Si vous continuez ce métier, vous étoufferez dans cette laine. Que faut-il faire ? Tisser. Le salut des humains est dans le tissage. Je dis : si tisser devient ton crédo, toi et ton foyer serez sauvés. Depuis deux mille ans les gens croient toujours. Quelqu’un vient, demande de l’argent à crédit et dit : « Crois-moi, je te le rendrai » ; il prend l’argent et disparaît. Tu donnes l’argent et puis tu t’étonnes qu’il ne te le rende pas. Je dis : la force avec laquelle tu l’as repoussé est si grande qu’il faudra des dizaines d’années avant de pouvoir l’attirer de nouveau à toi. Il n’est pas mauvais, mais il faut cent ans pour qu’il revienne. « Qui peut attendre si longtemps ? » Si tu ne peux pas attendre, donne moins d’argent pour ne pas le regretter. Le riche dit : « Je ne suis pas bête pour donner beaucoup d’argent d’un coup, je donnerai par petits bouts, quelques levas à chaque fois pour qu’ils reviennent souvent me voir ». « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse. » Je vais vous raconter un épisode de la vie d’un jeune roi. Il vivait en Égypte quatre mille ans avant le Christ lorsque ce pays était florissant. Comment s’appelait ce roi n’a pas d’importance, je tairai son nom, prenez-le comme une équation à une inconnue. Le roi aimait aller à la chasse et s’est construit un cabanon dans les bois, près d’un pâturage où une jeune et jolie bergère emmenait son troupeau. Gaie et insouciante, elle chantait pendant qu’elle gardait ses moutons. Elle croisait souvent le jeune roi, mais sans le reconnaître. Un matin, il l’a arrêtée en lui demandant : « Peux-tu m’apporter du lait de brebis tous les matins ? – Je peux. » Elle a commencé à lui porter du lait tous les matins et il en était très content. Il a remarqué que son intelligence croissait au fur et à mesure qu’il buvait de ce lait. Il a décidé d’en comprendre la raison et a commencé à observer la vie de la bergère : comment elle s’occupait de ses brebis, comment elle les nourrissait, et il en a tiré de grandes conclusions. Il s’est dit : « Lorsque je reviendrai dans mon royaume, j’appliquerai ses méthodes pour gouverner ». Les Bulgares aussi veulent réformer la Bulgarie, mais ils ne savent pas quelles méthodes appliquer. Ils vont en Angleterre, en Amérique, en France pour y puiser des méthodes. Voilà maintenant quarante ans que la Bulgarie est gouvernée par des méthodes étrangères sans atteindre les résultats qu’elle espère. Elle peut comme le roi égyptien exploiter les méthodes des bons bergers et bergères bulgares. Les Bulgares n’ont pas à étudier les lois de Moïse à qui le Seigneur a parlé. Ils doivent dire : « Même si nous connaissons Moïse à qui Dieu a parlé, et que nous ne savons pas d’où est « celui-ci », nous essaierons son enseignement ». Vous direz qu’une expérimentation prendra cent ans. À mon avis une seule année suffit pour vérifier si cet enseignement est véridique ou non. Lorsque le Christ prêchait aux juifs, ils ont repoussé son enseignement pour des raisons politiques en disant : « Les romains sont un peuple puissant, civilisé, nous devons les imiter et devenir puissants comme eux. En ce qui concerne le nouvel enseignement qui nous exhorte à ne pas résister au mal et à tendre l’autre joue si on nous gifle, il nous est étranger. Nous sommes pragmatiques et nous cherchons des façons de faire qui soient efficaces ». Les Bulgares qui acceptent l’enseignement du Christ ne l’ont pas encore appliqué. Ils disent comme les juifs : « Le temps de cet enseignement n’est pas encore venu ». Je dis : le temps est venu, plus de quarante ans sont déjà passés depuis. « Qu’adviendra-t-il de nous à l’avenir ? » Imaginez que vous vivez au pôle Nord où tout est de la glace : vos maisons sont faites de glace, vous ne voyez d’eau nulle part. Si quelqu’un vient vous dire qu’il faut changer votre vie, construire des bateaux pour naviguer, vous rétorquerez que vous n’y croyez pas et que vous ne pouvez pas changer une vie héritée de vos aïeux. Je vous dis de prendre des mesures car la terre subira un grand bouleversement. Si vous ne le croyez pas, un jour vous vérifierez mes paroles : le soleil brillera plus fort et fera fondre la glace ; vos maisons se fissureront, la glace fondra et vous commencerez à vous enfoncer. Vous dites : « Quel sort terrible nous a frappés ! » Ce n’est pas un sort terrible, mais la terre a changé de trajectoire, les rayons du soleil tombent sous un angle droit et font fondre la glace. Vous vivez sur une mer de glace, si vous tardez à changer votre vie, vous serez bientôt au fond de la mer. Je vous le dis aussi à vous : si vous ne redressez pas votre vie, la même chose vous attend. Ce n’est pas une menace, mais une situation naturelle dans la vie : la grande vague qui vient maintenant dans le monde détruit la glace et la transforme en eau. Dans des milliers d’années non seulement les humains changeront, mais les loups aussi cesseront de manger des brebis, ils se détourneront de la viande et se nourriront de végétaux et de fruits. Je prends les mots poires, pommes, blé au sens propre, comme les mathématiques se servent des inconnues x, y, z. Lorsque nous prenons les fonctions mathématiques, l’inconnue x peut être une variable, une grandeur indépendante. Une telle grandeur est par exemple la rayon d’une circonférence. L’inconnue y est une grandeur dépendante ou dit autrement une fonction de x. Lorsqu’il grandit, l’être humain est une grandeur variable. Si son caractère est résistant, nous disons qu’il est une grandeur variable indépendante, quels que soient les changements en lui il les surmonte facilement. Si son caractère est friable, il représente la grandeur y : il est dépendant des changements qui s’opèrent en lui. Nous disons que la grandeur y est une variable dépendante. Celui qui n’est pas maître de sa propre situation est la grandeur y ; celui qui est maître de lui-même est la grandeur x. Lorsque vous acceptez un enseignement ou certaines idées, vous devez maîtriser leurs éléments et les appliquer. Si vous les appliquez, vous êtes la valeur x, une grandeur variable indépendante ; si vous ne les maîtrisez pas, vous êtes y : une grandeur variable dépendante. Dans le premier cas on se dilate, dans le deuxième cas, on rétrécit. C’est une question abstraite mais aussi nécessaire que le sable que l’on donne à l’oie pour l’aider à mieux digérer sa nourriture. « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse. » Lorsque vous vous rencontrez, vous demandez : « Est-ce que le Seigneur t’a parlé ? » Quelqu’un vient me voir et me dit : « Le Seigneur me parle et c’est pourquoi je ne veux écouter personne. – Le Seigneur parle au domestique à la faculté, mais ensuite ce dernier ressort diplômé de cette faculté ; es-tu diplômé toi-même ? – Non. – Donc le Seigneur ne t’a pas parlé. » Ne vous leurrez pas ! Lorsque le Seigneur nous parle comme à Moïse, nous faisons des choses bien, mais aussi des choses mal, chacun peut le vérifier. Par exemple, un riche parle à son fils et lui alloue des moyens pour qu’il étudie ; le fils étudie mais commet aussi nombre d’erreurs. Les statistiques montrent que les fils de riches parents sont des subordonnés à la faculté ; ils terminent l’université et deviennent des savants. Si vous demandez pourquoi le monde souffre, je réponds : le monde souffre parce que le Seigneur a parlé aux domestiques savants. Je ne reproche rien aux savants, mais nous devons comprendre l’essence des choses, comprendre le sens intime de ce qui nous est dit. Les Bulgares doivent être de véritables chrétiens, et qu’on les recherche comme on recherche aujourd’hui des violons fabriqués par Stradivarius et Amati. Plus de trois cents ans se sont écoulés depuis la mort de ces maîtres luthiers, mais leurs violons n’ont rien perdu de leur valeur. Si vous passez pour des maîtres chrétiens, dans trois cents ans vos violons devraient aussi avoir la même valeur que ceux de Stradivarius. Il ne faisait pas ses violons du même matériau que les violons bulgares. Le Bulgare fait des violons en bois de mûrier, il n’étudie pas la qualité de l’arbre, la disposition des veines, mais vérifie si le bois est bien sec et se met à le découper. Stradivarius étudiait d’abord la qualité de l’arbre, sa grosseur, l’orientation des veines ; il faisait attention au sens des veines du bois. Puis il se concentrait sur l’épaisseur de la planche inférieure et de la planche supérieure et les accordait correctement ; grâce à cet accord des différents éléments, il retirait des violons des sonorités magnifiques. Il y a dans le violon une ligne générale où se superposent toutes les tonalités ; si cette ligne n’est pas à sa place, le violon n’a pas une bonne sonorité. Le bon violon est celui dont la tonalité rappelle la voix humaine. Le violon représente l’âme humaine avec laquelle travaille l’homme. Sera-t-elle meilleure dans trois cents ans ? Vous dites que l’âme n’a pas de forme. Oui, c’est vrai, mais on peut travailler sur elle. À qui la confierez-vous, à Stradivarius ou bien la travaillerez-vous vous-même ? Mettez votre violon dans les mains d’un bon maître, Dieu, pour qu’Il travaille sur lui. La mère demande : « Que faire avec l’enfant ? Nous le baptiserons, le curé fera une messe pour qu’il grandisse vertueux ». On le baptise, le curé fait la messe, mais l’enfant ne grandit pas vertueux. Il n’est meilleur ni après le baptême ni après la messe. Il y a dans l’éducation des éléments à respecter ; si c’est le cas, l’enfant est bon. Le fils qui étudie à la faculté en tant que serviteur, dit : « Sacrifions-nous pour le peuple, aidons ceux qui sont sur le champ de bataille, mais restons à l’arrière. Mourons pour la patrie ! » Ce qui signifie : « Allez vous-même sur le champ de bataille et nous resterons à l’arrière, et de là nous aiderons ». Je ne comprends pas ce patriotisme. On combattait jadis pour le Christ, il y avait des croisades ; à présent, il y a des mouvements divers : des mouvements féministes, des mouvements coopératifs, des mouvements sociaux. Je me réjouis de ces mouvements, ils aèrent les esprits humains ; sur les fondations de ces mouvements nous pouvons construire un moulin pour produire la farine. Je demande aux chrétiens d’aujourd’hui pourquoi ils délaissent l’Évangile. Ils disent : « Voyons d’abord ce qui sera décidé à la Conférence de Paris et ensuite nous retournerons à l’Évangile ». Je dis : la Conférence de Paris ne décidera rien de particulier ; si vous attendez après elle, vous resterez affamés et mal habillés, elle ne vous emmènera pas au paradis. Ce qui se décide à Paris n’est pas votre affaire ; l’important est ce que vous devez faire. À Paris, ils connaissent « Moïse à qui Dieu a parlé mais Celui-ci ils ne savent pas d’où Il est. » Vous vous acharnez et vous dites que ceux de la Conférence de Paris ont tort ; ne les blâmez pas : ils sont une moitié de l’humanité et vous êtes l’autre moitié. Vous allez répliquer que vous ne pouvez rien faire, que vous n’êtes pas membres de la conférence ; vous avez tort : un seul grain de blé a été apporté dans le monde, mais il nourrit toute l’humanité. De même le poirier, le pommier ne sont pas venus en grand nombre. Une civilisation existait dans le monde qui a cultivé la terre et les végétaux. Quand le blé est-il apparu dans le monde ? Si j’ouvre les archives de la nature et que je les lis, je verrai qu’un ange a apporté le premier grain de blé sur terre. Y croyez-vous ? C’est arrivé il y a deux cent cinquante millions d’années. Alors la terre n’existait pas. Nous pouvons accepter cette vérité si nous réduisons les années : au lieu de douze mois, nous admettrons que l’année dure trois mois. Selon moi les années d’avant étaient plus longues que celles de maintenant. Savez-vous comment tournait la terre dans le passé, savez-vous la durée de chaque journée ? Je ne m’arrêterai pas sur ces questions. Il est important que le chiffre deux cent cinquante représente une loi de base dans l’existence. Le deux représente un principe, l’esprit divin, et le cinq, le principe du mental humain. Par conséquent, il y a deux cent cinquante millions d’années le grain de blé a été importé dans le monde mental, il a d’abord germé dans le mental humain, c’est-à-dire dans son cerveau. Il est peu à peu descendu du monde mental jusqu’à arriver sur terre. Aujourd’hui nous en tirons profit, nous savons quelle force il contient. Malgré cela, très peu connaissent la véritable valeur du grain de blé. Dans certains cas le Bulgare renoncerait au pain frais au profit d’un poulet grillé ou d’un agneau. Avant la guerre on trouvait toujours quelqu’un pour dire qu’il renonce au pain, mais pas à l’agneau grillé ; après la guerre chacun dit : « Je renonce à l’agneau mais pas au pain » ; donc la guerre a remis à l’endroit ce qui était à l’envers dans le mental humain. Enfin, après deux cent cinquante millions d’années d’éducation et d’aguerrissement du cerveau humain, les gens ont pris conscience qu’on peut se passer de tout sauf de pain. C’est la véritable philosophie à laquelle les gens sont arrivés et c’est le seul moyen de comprendre le verset où le Christ dit : « Je suis le pain vivant, descendu du Ciel. Celui qui me mange, a la vie en lui »[1]. « Mais Celui-ci, nous ne savons d’où il est ». Ne pas savoir n’est pas un argument, l’ignorance ne résout pas les questions. Essayez-Le et vous comprendrez d’où Il vient. Que Dieu ait parlé à Moïse est vrai : à qui Dieu n’a pas déjà parlé ? Il n’y a aucun autre peuple à qui Dieu ait autant parlé qu’au peuple juif, mais il n’y a aucun autre peuple qui ait autant souffert que le peuple juif. Beaucoup des religieux d’aujourd’hui disent : « Sais-tu que Dieu m’a parlé, sais-tu qu’il te faut te montrer respectueux à mon égard ? » Sais-tu, mon ami, que le peuple juif à qui Dieu a le plus parlé a été le plus martyrisé ? Celui à qui Dieu parle le plus est le plus molesté. Voyez-vous cette fille, la bienaimée de sa mère et de son père, soumise à une sévère correction ; pourquoi la corrigent-ils ? Parce qu’elle est tombée amoureuse d’un vaurien. Dieu lui parle à travers les coups de bâton administrés par ses parents. L’on doit comprendre le sens de ces coups de bâton. La jeune fille supporte les coups, les endure car elle a une idée, elle dit : « Je ne veux plus marcher dans les pas de Moïse, celui que je connais, j’emprunterai le chemin de l’inconnu, de l’étranger – Nous te tuerons, tu ne peux pas emprunter ce chemin ! » La fille est persécutée. Pourquoi ? Très simplement, la mère et le père ne veulent pas la laisser à l’inconnu et elle souffre ; autrement dit, elle est élève de l’École Divine qui la soumet à l’épreuve pour vérifier son amour. Je dis : si on te persécute pour quelque chose de neuf et d’inconnu, cela a du sens ; si on te persécute pour quelque chose d’ordinaire, tu dois dire toi-même : « Je sais que Dieu a parlé à Moïse ». Aujourd’hui tout le monde soutient que Dieu a parlé à Moïse, les peuples modernes le soutiennent aussi. Aucun peuple n’a encore accepté le Christ. Si le Christ vient aujourd’hui parmi les humains, on Le baladera d’un endroit à un autre, on Le questionnera sur ses origines, son lieu de naissance, son gagne-pain, etc. Que répondra le Christ ? Il dira : « Si les gens croyaient vraiment que Dieu a parlé à Moïse, ils Me croiraient aussi. Mais ils ne croient pas à Moïse non plus »[2]. Voyez-vous maintenant ce nuage dans le ciel, que vous dit-il ? Vous direz comme les scientifiques que c’est un nuage formé par les évaporations d’eau. Ce n’est pas seulement cela, c’est un nuage vivant. Sa couleur noire est le signe que c’est le reflet de croyances philosophiques et scientifiques négatives, il représente le côté négatif de la vie. Le côté inférieur, c’est-à-dire le côté intérieur du nuage est lumineux et le côté supérieur, sombre. Vous direz que ce nuage cache le soleil et vous gêne. Sachez que tout ce qui se passe dans la nature est à sa place. Si le soleil brillait intensément, toute la végétation se dessécherait, et vice versa : s’il n’existait dans la nature que de l’humidité sans soleil, la végétation disparaîtrait aussi. Tous les changements dans la nature sont à leur place car ils offrent des conditions pour le développement de la vie. Par conséquent, tout ce qui se passe dans la vie est dans l’ordre des choses, vous n’avez pas à maugréer. C’est précisément à notre époque que le peuple bulgare a l’opportunité de se civiliser, de purifier ses forces et de se fortifier intérieurement. Il n’a pas besoin d’argent car ses sols sont riches ; il n’a pas besoin d’intelligences extérieures car il a son intelligence ; il n’a pas besoin de cœurs étrangers pour le réchauffer car sa vie est en lui ; il n’a pas besoin des conseils des autres pour travailler car il est travailleur par nature. Je ne m’oppose pas à la collaboration d’autres esprits et d’autres cœurs, à condition qu’ils aiment sincèrement le peuple bulgare. Le Bulgare souffre d’une alimentation excessive : s’il mange moins, tout ira mieux. Lorsqu’on mange, il faut avaler vingt bouchées et puis s’arrêter. Lorsqu’il achète un champ, le Bulgare doit céder au moins deux ou trois mètres de son terrain aux autres pour éviter les discordes. Aujourd’hui chaque Bulgare cherche à faucher ses terres non labourables et à les transformer en terres arables. Pourquoi en a-t-il besoin d’autant ? Il dit avoir des dettes à rembourser. Ne crains pas tes dettes, ne deviens pas esclave des conditions, c’est ce que dit « Celui-ci », l’Inconnu. Les prophètes juifs se sont tournés vers les juifs avec les mots : « O, Israël, tourne-toi vers le Seigneur ! » Pourquoi ne disent-ils pas : « Jacob, tourne-toi ! » ? Les Bulgares doivent changer une lettre dans leur nom et dans celui de la capitale, Sofia. La Bulgarie et Sofia se terminent par la lettre я, une lettre dangereuse[3]. Les Bulgares sont sur le territoire de la lettre я. Comme cette lettre règne maintenant, les Bulgares parlent de tickets de rationnement, d’alimentation, de viande, de beurre. La lettre я domine toute la Bulgarie et tout Sofia. Vous vivez à Sofia sans comprendre la signification de ce mot. La lettre C (s) signifie la loi des réformes ; la lettre o sous-entend les conditions ; la lettre ф (f) est dangereuse par ses vibrations. Si vous ne croyez pas que cette lettre est dangereuse, demandez aux juifs qui ont vécu aux temps des pharaons. Vous dites que peu importe quel prénom porte un individu ; marie-toi à une jeune fille dont le prénom commence par «ф» pour voir si ce n’est pas important ! Pour que la Bulgarie soit réformée, la moitié des Bulgares doivent être rebaptisés, obtenir de nouveaux prénoms pour ne pas créer de malheurs. Le nom d’un individu ou d’un animal n’est pas sans importance. Pensez-vous que les noms du serpent, du loup ne correspondent pas à leurs manifestations ? Si quelqu’un de paisible et de calme prononce plusieurs fois par jour en l’espace d’un mois le mot serpent, il ressentira nécessairement les vibrations du serpent. Les gens aujourd’hui mentionnent souvent le diable, les histoires diaboliques et, sans se douter ils assimilent ses vibrations : les gens pensent plus au diable qu’à Dieu. « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse. » C’est le malheur des gens, beaucoup pensent à Moïse, à sa loi ; si un crime est commis, un vol, on crée aussitôt une loi contre le vol. Le parlement crée diverses lois pour lutter contre les crimes. À bas les lois de Moïse ! Chassez les lois qui depuis des millions d’années ont été inscrites dans vos cœurs et vos esprits. Vivez conformément à ces lois et vous verrez que plus vous êtes libres par rapport à la loi, plus vous vivrez. Plus vous avez des croyances et moins vous vivrez. Croyez en ce qui peut vous élever. Deux individus se croisent et se disputent, pourquoi ? Parce qu’ils ne croient pas ce que certains savants avancent. « Pourquoi vous disputez-vous ? As-tu vérifié cet enseignement ? – Je ne l’ai pas vérifié, mais je pense avoir raison. – Se contenter de penser ne suffit pas. – Je ne peux pas croire. » Puis il commence son Crédo : « Je crois en le Seigneur Jésus Christ. » En quel Dieu crois-tu ? Mon crédo est le suivant : je crois en l’amour et en la sagesse qui ont créé la vie. Je crois qu’ils sont capables de recréer le monde. Je crois que l’amour vivant et la sagesse vivante peuvent changer notre vie, notre régime, nos foyers. Lorsque nous accepterons l’amour et la sagesse, la vérité et la justice viendront, des anges descendront alors du Ciel pour planter des fruits dans nos âmes. Les religieux attendent que le Christ vienne pour séparer les chèvres des brebis : les uns iront à gauche, les autres, à droite. Le Christ a parlé ainsi, mais savez-vous ce qu’est la séparation ? Le cœur et l’intelligence ont jadis vécu ensemble : le cœur était du côté gauche, l’intelligence du côté droit. Ils sont aujourd’hui séparés. C’est l’inverse qui se produira à l’époque nouvelle : le cœur sera à droite et l’intelligence à gauche. Par conséquent, si vous voulez savoir si vous êtes dans le droit chemin, vérifiez si votre cœur est au milieu. S’il est à gauche, vous n’êtes pas encore juste. Le Christ mettra au paradis uniquement les justes dont le cœur est au milieu. Y a-t-il de vrais orthodoxes ou évangélistes dont les cœurs sont à gauche ? Vous direz qu’il est naturel que le cœur humain soit à gauche ; je n’ai pas le temps d’expliquer que le cœur des humains n’est pas à gauche, mais qu’eux-mêmes l’ont déplacé à gauche. Le déplacement du cœur humain sur la gauche est dû à la descente des humains sur terre : comme la terre les a attirés vers elle, leur cœur a aussi bougé à gauche. Lorsqu’on commencera à s’élever, son attrait vers la droite augmentera ; cette attirance neutralisera l’attirance vers la gauche et le cœur se positionnera au milieu. Voilà pourquoi, pensez que votre cœur est plus au milieu qu’à gauche. Oubliez votre cœur qui est à gauche ; pensez au cœur avec lequel vous servez Dieu, ce cœur est au milieu et votre intelligence dans votre âme. Je ne parle pas du cœur qui bat dans votre poitrine, mais de celui avec lequel vous servez Dieu : il est au milieu de votre âme. Lorsqu’une créature supérieure du monde d’en haut raisonne, votre cœur sur la terre bat ; chaque mouvement est une conséquence de la pensée humaine. « Mais Celui-ci nous ne savons d’où il est. » L’Inconnu est en nous, c’est le cœur humain, c’est-à-dire le sentiment et le mouvement. Ils déterminent la qualité et la force de l’âme. Comme l’arôme des fleurs exerce une influence faible ou forte sur nous, de même nos pensées et nos sentiments exercent une influence plus faible ou plus forte sur notre âme. Des expériences avec les différentes fleurs ont été menées et elles concluent que les fleurs exercent différentes influences sur l’homme. Les disciples du Christ ont voulu obtenir la foi et Il leur a dit : « Si vous aviez autant de foi que la graine de moutarde, vous déplaceriez des montagnes ». Pourquoi le Christ a-t-il utilisé précisément le symbole de la graine de moutarde et pas un autre ? Parce que la graine de moutarde provoque des ampoules ; donc la foi en l’homme doit être puissante au point de déclencher des ampoules. Je demande : votre foi provoque-t-elle des ampoules ? Non. Donc votre foi est faible. Si vous voulez la renforcer de façon positive, il faut utiliser les rayons bleus de la lumière, les bleu clair et non pas les bleu foncé : ils sont capables de renforcer la foi et de dissiper la mélancolie chez l’homme. Lorsque vous ne pensez pas avec droiture, observez le lever et le coucher du soleil pour absorber les rayons jaunes. Vous attendez maintenant que le Christ vienne sur terre pour redresser le monde. Le Christ est sur terre parmi vous et en vous, je Le vois. Vous dites : « Quel est ce Christ ? » Je Le vois, mais pas comme vous vous L’imaginez. Vous pensez que le Christ est assis à droite du Père avec une auréole et une tenue blanche. Le Christ est parmi les humains, cela ne sert à rien d’attendre qu’il apparaisse tel un éclair. Il suffit que le Christ vous regarde dans les yeux pour y insuffler une telle flamme que vous devenez des héros qui travaillent pour Lui. J’aimerais que les Bulgares voient ce Christ qui peut apporter l’amour dans leurs âmes ; j’aimerais que les Bulgares voient ce Christ qui peut apporter la pensée divine dans leurs esprits ; et qu’ils cessent de s’intéresser au diable : aucun diable n’existe. Je renie le diable en tant que réalité substantielle ; le diable existe en tant que créature ordinaire, en tant que réalité relative, mais non pas en tant que réalité absolue. En ce qui me concerne, je ne crains pas la réalité relative des choses : ces gens-là sont éphémères, ils n’ont pas de grande valeur ; c’est le cas du diable dont les gens ont peur. Le monde que Dieu a créé a été au début d’une réalité relative, c’est pourquoi on dit que Dieu a créé le monde à partir du néant. Dans cette matière relative ont été créées des conditions pour que la réalité authentique, absolue se manifeste. « Celui-ci nous ne savons d’où il est. » Cherchez celui que vous ne connaissez pas uniquement en vous et nulle part ailleurs. Vous n’avez pas donné la possibilité à ce Christ de se manifester. Vous avez accepté la loi de Moïse et lorsque le Christ veut vous parler, vous vous fermez à Lui en disant que vous ne voulez pas écouter de bêtises. Si quelqu’un vous fait des éloges et de faux compliments vous vous ouvrez à lui et vous vous sentez heureux de sa visite ; Moïse peut aussi se servir d’éloges. Je ne crois pas les gens à qui Dieu parle ; si je vous dis aussi que Dieu me parle, ne me croyez pas. Mais je vous dis : Dieu demeure en moi et je demeure en Lui. Si vous ne le croyez pas non plus, tant mieux pour moi, j’irai sur une autre planète et je serai mieux là-bas. Si je vous parle maintenant, je ne veux pas vous rendre des adeptes, mais je veux voir quelles personnes vous êtes. Il m’est agréable de converser avec vous et de vous dire : ne craignez rien, un jour vous demeurerez aussi en Dieu ; le Christ le dit aussi. Le temps où le Seigneur entrera dans l’homme et lui parlera est venu, c’est aujourd’hui ; celui qui dit que ce temps n’est pas encore venu ne dit pas la vérité. Je dis : Dieu a déjà déplacé la pierre tombale. Sortez de vos tombes, quittez les prisons, fabriquez-vous de larges fenêtres, fabriquez-vous de bons toits. Vivez sans limitations, sans aucunes lois. Il existe seulement trois lois : les lois de l’amour, de la sagesse et de la vérité ; c’est ainsi que parle mon Seigneur auprès de qui je vis. C’est ainsi qu’Il m’a enseigné, C’est ainsi qu’Il m’a parlé. Ne pensez pas que je gaspille mon temps, je travaille pour moi. Je dessine et je joue de la musique, c’est mon occupation, la musique et l’art sont mes occupations permanentes. Je n’ai pas encore commencé à faire de la poésie car la langue humaine est grossière, je ne peux pas la manier, je ne veux pas me servir de cette langue. Vous dites : « Pauvre Bulgarie ». Pourquoi serait-elle malheureuse ? Car elle serait enchaînée ? Je dis : heureuse Bulgarie ! Libérez-vous de ces liens, de ces chaînes et de ceux qui ne disent pas la vérité. Libérez-vous des réparations. « Il nous faut de bonnes personnes issues de l’émigration. » Vous avez de bonnes personnes, elles sont parmi vous, parmi vos bons bergers et bergères. J’ai trouvé suffisamment de personnes intelligentes parmi vous, la Bulgarie est pleine de jeunes gens qui accompliront un travail grandiose. Certains me demandent d’où viendra le bien ; je réponds : le bien viendra de la terre et les conditions du bien viendront du Ciel. Lorsque la glace fondra et que l’eau recouvrira toute la terre, de sa boue repousseront les plus belles fleurs et les plus beaux fruits. D’où viendra le bien ? Des plus méchants dans le monde. Que vous y croyiez est une autre question ; notez ces paroles et vous les vérifierez un jour. Vous me pardonnerez de parler ainsi, c’est mon point de vue. Ayez la bonté de m’écouter, un jour vous vérifierez la vérité. Le plus grand bien dans le monde viendra des individus les plus malfaisants. Ils sont recouverts de neige et de glace et, lorsque le soleil apparaîtra, la neige et la glace fondront, de la boue se formera pour apporter les plus grands bienfaits. Ces gens seront porteurs des idées les plus nobles et les plus sublimes, ils feront preuve de la plus grande abnégation. Tels que vous êtes, vous redresserez le monde à vous tous seuls, personne d’autre n’en est capable. Les orthodoxes disent : « Crois dans le Seigneur Jésus Christ et tu seras sauvé ainsi que ton foyer et ton peuple ». Cette loi n’est vraie qu’à moitié. Je dis : accueille le Christ dans ton âme, travaille en accord avec son amour et sa sagesse, et tu seras sauvé toi-même, ton foyer et ton peuple. Si les Bulgares me demandent comment se sauver, je leur dis : accueillez le Christ en vous, travaillez avec son amour et sa sagesse au sens large du terme, sans aucunes contraintes, ni limitations. Malheur à vous si vous attendez que le salut vienne de l’extérieur. Même Moïse ne vous sauvera pas : il n’a pas pu transformer le monde, il a simplement emmené les juifs hors d’Égypte et il est mort dans le désert. Moïse n’a pas foulé la terre promise car il ne pouvait pas sauver le monde. Donnez la place à l’esprit divin en vous car Il frappe à votre porte depuis des milliers d’années. Vous Le cherchez dehors et non à l’intérieur de vous. Entendez Sa voix : si vous L’entendiez, vous éprouveriez cet élan de l’âme qui élève et affranchit. Alors, vous ne vous critiqueriez plus les uns les autres en disant que Ivan est comme ceci et que Dragan est comme cela. Les noms des individus sont des formules dans lesquelles chaque âme peut vivre et se développer. En ce sens, Ivan est une pomme, Dragan est une poire, Todor est une cerise : les noms sont des formules de croissance et de développement. Si vous voulez améliorer votre circulation sanguine, mangez des cerises. Le Christ dit : « Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n’avez pas de vie en vous ». Par ce verset, le Christ exprime une loi grandiose en rapport avec la matière organique en nous. Le Christ est dans le blé, le maïs, le seigle, Il est partout et en tout. Lorsque je prends le grain de blé, je dis : « Toi qui es dans ce grain, entre en moi ; je Te donne une liberté complète, Tu peux vivre en moi sans aucune contrainte, applique Tes lois, vis librement en moi ». Lorsque quelqu’un veut me rendre visite, je lui dis : « Lorsque tu te débarrasseras de toutes tes croyances, que tu renonceras à ton père et à ta mère, à toutes les lois de ton pays et que tu resteras seul avec le Seigneur, alors je te réserverai le meilleur accueil, je te servirai, je te donnerai à manger, et en repartant tu diras : je remercie ce frère, que Dieu lui donne la vie et la santé ! » Lorsque je suis invité quelque part, je veux aussi avoir le même accueil. C’est le seul moyen de nous comprendre, c’est l’Enseignement par lequel les gens peuvent s’entendre. On prêche maintenant de croire dans le Seigneur pour ne pas se retrouver dans les enfers. Pourquoi prêche-t-on de la sorte ? Pour de l’argent. On dit aussi qu’il faut administrer l’extrême onction à quelqu’un ; on le fait encore pour de l’argent. Ce n’est pas une insulte. Je dis : à bas ces égarements ! S’il faut administrer l’extrême onction à quelqu’un, je le ferai gracieusement. Chacun reçoit sa rétribution, mais d’une autre façon. Il existait une secte quelque part en Amérique qui reconnaissait uniquement l’esprit. Ils disaient qu’il n’y avait pas de matière, mais seulement un esprit. Un Américain s’est cassé la jambe et a appelé un médecin ; il s’est trouvé que ce médecin appartenait à cette secte. Il l’a ausculté et lui a dit : « Considère que tu n’as rien ». C’est vrai, quelque temps après, la jambe a cicatrisé d’elle-même. Le médecin est revenu ensuite pour une visite de contrôle et pour demander à être payé. Le patient lui a dit : « Considères que je t’ai payé : je te paie comme tu me soignes ». C’est ainsi qu’agissent beaucoup de personnes : elles veulent de l’argent car elles prêchent ou s’occupent des mourants. Pourquoi payer ? Vous ne voyez ni l’onction, ni le Seigneur dont on vous parle. C’est vrai qu’il faut bénir l’eau et l’huile, mais l’essentiel est de savoir ce qu’ils représentent. L’eau représente ta vie et l’huile, ta pensée. L’huile est le nectar qui nourrit la pensée humaine ; le prêtre est le père qui doit bénir ta pensée. C’est cela se faire bénir d’eau et d’huile. Je ne veux pas être prêtre, je suis un voyageur sur terre, je m’intéresse à la vie des humains. Ils sont curieux ceux qui considèrent qu’il n’y a pas une autre vie comme la leur. Ils n’ont aucune idée du monde dont je vous parle, c’est un monde d’une grande culture. Si je vous emmenais là-bas, vous ne reviendriez pas sur terre : comme la jeune fille quitte le foyer paternel pour retrouver son bienaimé, de même vous oublierez que vous êtes des habitants de la terre. La jeune fille consent à se faire enlever et oublie ses parents ; c’est un vrai mariage car il sous-entend le renoncement à son ancienne vie. Si la jeune fille consent à se faire enlever, mais que les deux reviennent ensuite auprès du père, ce n’est pas un mariage. Je souhaiterais que vous tous consentiez à vous faire enlever et renonciez à vos bienaimés qui ont arraché la peau sur le dos de beaucoup. N’est-ce pas que vous connaissez le récit du domestique Stoyan qui a conclu avec son maître un accord stipulant d’enlever deux peaux du dos de celui qui viole l’accord. C’est toujours le maître qui enlève la peau du dos de son domestique. Tu diras à ce maître : « Je n’ai rien à voir avec toi ». Tu quitteras ton ancien maître et le Seigneur vivant sera avec toi. Je ne parle pas du Seigneur de Moïse, mais du Seigneur vivant en vous. Si ce que je vous dis est en accord avec ce que dit le Seigneur vivant en vous, acceptez-le ; sinon, ne l’acceptez pas. « Je suis croyant. » Et moi je veux mettre les choses au clair : lorsque vous me parlez et lorsque je vous parle, je veux savoir quels sont nos rapports avec Dieu. Croyez d’abord en votre Seigneur qui vous parle et qui est inconnu. Puis vous croirez à votre âme et enfin à autrui. Si vous vivez ainsi, personne ne peut vous mentir. C’est cela que j’apprends de mon Seigneur qui est mon prêcheur. Je vous ai donné l’équation x + y = 20. Le nombre 2 représente la mère divine. C’est un grand nombre : par lui débute l’évolution humaine, par lui vous connaitrez Dieu. Moïse ne s’est pas prononcé sur ce nombre. Ce nombre symbolise le deuxième jour de la création du monde. Moïse a passé ce jour sous silence ; pour les autres jours il est dit que ce que Dieu a fait est bien, mais pour ce jour Moïse n’a rien dit, ni bien ni mal. C’est le jour où le bien et le mal se réconcilient ; c’est le jour où la haine et l’amour se prennent par la main ; c’est le jour où le mensonge et la vérité vivent ensemble : ils se marient. Savez-vous ce que signifie le mariage du mensonge et de la vérité ? Le mensonge dit : « À partir d’aujourd’hui je me tairai, seule la vérité parlera. Et la haine qui se marie avec l’amour dit : « À partir de maintenant, j’aimerai ». « Celui-ci, nous ne savons d’où il est ». Cet Inconnu parle au monde entier et à vous aussi. Il fera fondre vos maisons, les fondations sur lesquelles vous vous tenez disparaîtront, vous vous retrouverez dans l’eau. Pour cela construisez un navire comme Noé ou bien des chaloupes petites ou grandes. Lorsque vous entrerez dans le bateau ou dans la chaloupe, vous n’aurez nul besoin d’animaux. Il y aura pour chacun une petite chaloupe et un peu de nourriture pour une personne. Maintenant, soyez courageux et entreprenants. Lorsque vous irez chez vous, dites à votre mère : « Je consens à me faire enlever, je n’obéis plus à personne, ni à ma mère et à mon père, ni à ma sœur ou à mon frère, ni à ma femme ou à mon mari, ni à tous les fils et à toutes les filles, ni à tous les maîtres et à tous les serviteurs ». Vous tous, insurgez-vous, que le monde entier s’insurge pour dire : « Nous en avons tous fini avec l’enseignement de Moïse. Nous voulons appliquer l’enseignement de Celui que nous ne connaissons pas et qui nous parle. Nous voulons écouter le Seigneur vivant qui demeure en nous : à partir d’aujourd’hui nous voulons Le servir ». Sofia, 9 novembre 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Je suis le pain vivant qui descend du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’ éternité. Et le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » (Jean 6, 51) [2] « En effet, si vous croyiez en Moïse, vous croiriez en moi, car c’est à mon sujet qu'il a écrit. » (Jean 5, 46) [3] Bulgarie s’écrit : България et Sofia s’écrit София, les deux se terminant par la lettre я qui est la dernière lettre de l’alphabet cyrillique et se prononce « ia »
  4. Je suis l’homme « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur »[1]. Lamentations 3:1 Lisez le livre des Lamentations de Jérémie et sachez que c’est l’écrit d’un poète et d’un prophète. Tout ce qui est dit dans ce livre est au sens figuré. Nos contemporains pensent que les anciens prophètes et poètes ne comprenaient pas les choses comme eux-mêmes les comprennent. Ils pensent que les anciens prophètes ne comprenaient pas Dieu comme on Le comprend aujourd’hui ; ainsi, ils se demandent comment il est possible de parler de fureur divine. Il est vrai que celui qui écrit ou parle sur le Seigneur doit Le connaître, mais qui peut prouver que la fureur de Dieu est une mauvaise chose ? Que diriez-vous du forgeron qui manie le soufflet toute la journée pour attiser le feu et se servir de sa fureur afin de fondre et faire plier le fer ? Le fer aussi a le droit de s’étonner que ce feu déverse sa fureur sur lui. Faut-il considérer que la fureur du feu provient du soufflet et de la main qui le manie ? Celui qui manie le soufflet dira : « Je n’éprouve aucune fureur, aucune colère, mais je modèle le clou pour qu’il soit utilisé ». Si le clou demande au forgeron pourquoi il le tourmente, ce dernier dira : « Je ne te tourmente pas, mais je te prépare pour le travail, il n’y a que de l’affection dans mon âme et je tente de te débarrasser du superflu pour ne garder que l’utile ». Maintenant que vous observez comment Dieu travaille et que vous voyez que certaines de Ses manifestations ne répondent pas à vos désirs, vous vous faites des opinions différentes sur Lui : l’un dit que Dieu est amour, un autre que Dieu est justice. Qui a expérimenté l’amour divin, qui a expérimenté la justice divine ? Lorsque vous aimez un enfant, vous l’embrassez et le serrez contre vous : l’enfant dit que vous l’importunez alors que vous cherchez à le convaincre que vous agissez ainsi par amour. Rappelez-vous : lorsqu’on parle de la fureur de Dieu, on désigne ainsi Sa sagesse. La sagesse ne s’acquiert que par les tourments et les souffrances. Celui qui veut être sage comme Dieu passera par des souffrances inimaginables. Celui qui veut emprunter un chemin moins ardu, qu’il accueille l’amour. Lorsqu’on se retrouve sur un carrefour dans la vie, il faut choisir soit la sagesse, soit l’amour, l’un des deux grands principes. Si on choisit le chemin de la sagesse, il faut savoir qu’on traversera de grands tourments et de grandes épreuves. Celui qui endurera tout jusqu’au bout, sera digne de Dieu et Dieu fera de lui sa demeure. La méthode de l’amour est toute autre, très différente de celle de la sagesse. « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction » : ce sont les paroles du prophète Jérémie, mais vous dites que votre chagrin aussi est grand. Le chagrin ne vient pas pour la première fois dans la vie. Lorsque vous lisez le livre des Lamentations de Jérémie, vous voyez à quel terrible examen ont été soumis les juifs. Ayez en tête que les babyloniens étaient un peuple civilisé, mais souvent les plus grandes barbaries sont l’œuvre des peuples les plus civilisés : ils sont capables de commettre le plus grand bien comme le plus grand mal. L’homme moderne cultivé prendra une poule, lui coupera la tête et la mettra au feu pour la cuisiner ; de même il prendra un pigeon, lui coupera la tête et le cuisinera ; ensuite tous se mettront à table autour de la poule, ils mangeront et festoieront. Quelle est l’opinion de la race gallinacée sur nous ? Pour eux nous sommes des dieux. Les poules disent : « Nos dieux sont trop cruels ». Les humains rétorqueront : « Nous aimons les poules et en les égorgeant et en les mangeant nous leur faisons honneur, nous les accueillons en nous et contribuons ainsi à leur développement ». Ils disent : « C’est le dessein divin ». Qu’est-ce qui relève d’un dessein divin ? On ne le sait pas. La vision de nos contemporains sur le dessein divin est à cinquante pourcents faux, à vingt-cinq pourcents probable et à vingt-cinq pourcents vrai. « J’ai vu l’affliction par la verge de Sa fureur. » Est-ce qu’un médecin peut venir nettoyer votre abcès et ne pas vous causer de la souffrance ? Le médecin sera en fureur le temps de nettoyer l’abcès, il prendra le bistouri et vous causera une grande douleur. Cette souffrance a du sens : si vous ne nettoyez pas l’abcès, votre vie sera en danger. Il y a donc deux types de souffrances : les unes ont du sens mais non les autres. Lorsque vous remettez la jambe cassée de quelqu’un, vous lui causez des souffrances, mais elles ont du sens. Dans certains cas c’est l’intelligence et le cœur de l’homme qui ont une entorse, qui l’aidera ? C’est la main droite : elle causera du mal, mais soignera l’entorse ; cette souffrance a du sens. Imaginez que quelqu’un vous croise et vous donne des coups sans raison jusqu’à ce qu’il vous casse la jambe, puis il s’enfuit ; vous souffrez sans savoir pourquoi et ne trouvez pas de sens à cette souffrance. Un tel homme ne sait pas quand se battre. Les hindous classent cette souffrance comme karmique. Lorsque vous remettez la jambe de quelqu’un en suivant toutes les bonnes pratiques, la souffrance est à sa place ; les hindous appellent cette souffrance un bon karma ou un dharma. Vous dites : « La philosophie hindoue renferme de grandes vérités en elle ». C’était le cas avant, mais elle a perdu cinquante pourcents de sa valeur. Les hindous d’aujourd’hui n’ont pas cette lumière d’il y a quelques milliers d’années. Les hindous du passé étaient très élevés, mais aujourd’hui ils ont perdu une partie de leur lumière, il y a quelque chose de trompeur dans la philosophie hindoue actuelle. Les juifs aussi se considérant comme le peuple élu voulaient être les premiers parmi les peuples, mais n’ont pas pu résister : Dieu les a mis à l’épreuve et ils ont échoué, ils n’ont pas pu réussir leurs examens. Les élus sont des gens de la sagesse et non de l’amour. L’amour cherche des gens intelligents et non des gens bêtes. Le jeune homme par exemple s’éprend d’une fille intelligente : l’amour aspire à la sagesse. Si tu es intelligent, tu attireras l’attention générale ; si tu es idiot personne ne te regardera. L’amour cherche ceux qui sont intelligents et la sagesse ceux qui sont idiots. Si tu es idiot, tu ne peux pas être l’élu de l’amour. Tu dis : « Je peux servir Dieu sans amour ». C’est impossible, personne ne peut servir Dieu sans amour. L’amour dit : « Je n’ai pas besoin de domestiques idiots, mon monde est peuplé de gens qui font mon travail sans erreur ». Certains pensent que l’amour n’est pas exigeant, ils se trompent. L’amour est extrêmement exigeant, il ne tolère pas la moindre insatisfaction, la moindre grimace de mécontentement. Le mari rentre à la maison et voit que sa femme est indisposée : cela le contrarie, car il n’aime pas veiller une femme malade. La femme aussi est de mauvaise humeur si son mari est malade. L’amour dit aux deux : « Celui qui est mécontent, qu’il s’en aille, j’aime les gens gais et souriants qui ont étudié à l’école de la sagesse ». La plupart des gens souffrent à cause de leur propre bêtise : ils veulent instaurer dans le monde un ordre contraire à l’ordre divin. Ils doivent savoir que les lois humaines ne sont pas divines. Ne pensez pas que Dieu laissera ses enfants idiots gouverner le monde en dehors de Ses lois. S’ils n’observent pas Ses lois, Il prendra un bâton et dira : « Allez ouste ! » S’ils n’observent pas Ses lois, quelles que soient leurs élucubrations, non seulement ils n’arriveront à rien, mais en plus ils perdront la tête. Un érudit qui a beaucoup philosophé s’est mis en tête l’idée saugrenue qu’il était un champignon et qu’il ne pouvait pas manger ; quoi qu’on lui proposât à manger, il n’acceptait rien sous le prétexte qu’un champignon ne mange pas. Il a été mis dans un asile dans l’espoir de le guérir, mais les médecins n’ont pas pu l’aider. Il ne savaient pas quoi faire. Un psychiatre est venu l’examiner et lui a demandé : « Qui es-tu ? – Je suis un champignon – a-t-il répondu tranquillement. – Moi aussi – dit le médecin. – Sais-tu que les champignons ne se nourrissent pas ? – Moi, je mangerai – a rétorqué le médecin. – Comment oseras-tu ? – Je suis le chef des champignons, au-dessus de tous les autres, je gouverne les champignons. – Si c’est ainsi, moi aussi je mangerai car je suis aussi le chef des champignons – a répondu le malade. » Voilà comment le médecin a réussi à faire manger le malade. Ainsi coexistent deux sociétés : une société de simples champignons à qui on interdit de commettre des crimes, et une société de champignons chefs qui ont le droit de beaucoup manger. La civilisation contemporaine souffre d’un excès de champignons chefs. Le simple champignon a résolu la question, il dit : « Je suis champignon et je ne mange pas ». Aujourd’hui, les querelles entre les gens tournent autour de la nourriture : c’est une question essentielle qu’il faut résoudre correctement. Il faut changer sa façon de vivre. Aujourd’hui, le champignon en chef mange beaucoup et des choses variées ; le simple champignon ne mange que des haricots, une nourriture simple. Ainsi naissent les distinctions entre les humains qui se divisent en nobles et non nobles. Le simple champignon s’habille modestement, alors que le champignon en chef s’habille dans des vêtements chers et somptueux et se pare de bagues en or, de montres, de médaillons et autres. On demande au simple champignon : « Pourquoi souffres-tu, qui t’a causé de la peine ? – Le champignon en chef ! » Que représente ce champignon en chef ? Il dissimule en lui les conditions du chaos et de l’anarchie. Tout comme le froid indispose l’homme, de même le champignon en chef insuffle de la dysharmonie dans le monde. Qui n’a pas été surpris par un temps mauvais et froid ? On sort se promener bien habillé, avec une belle tenue, mais il se met à pleuvoir, le temps se refroidit et on se met à greloter. Vous dites que le mauvais temps crée de l’anarchie dans votre vie. Vous entrez dans un cercle culturel, vous y verrez la plus grande anarchie. Pourquoi ? Parce que la civilisation contemporaine n’apporte pas ce qu’on exige d’elle. Ceux qui se disent cultivés, mais débattent constamment la question de l’existence de Dieu, de l’autre monde, sont des champignons en chef. Je demande combien pèse le cerveau d’un champignon en chef ? Pas plus d’un kilogramme et demi. Avec ce kilogramme et demi de cerveau il cherche à résoudre des questions cosmiques essentielles. Est-ce que cette petite tête peut résoudre la question de l’existence ou non de Dieu ? Poser cette question revient à se demander si c’est Dieu qui gouverne ou les humains. Ce petit bonhomme est prêt à critiquer le Seigneur de ne pas avoir fait le monde comme il se doit. Celui qui ose critiquer le Seigneur doit renoncer à manger des poules, des agneaux, des faisans, des cailles, etc. S’il mange tout cela, il ne pourra jamais avoir une idée du Seigneur. Ce Grand Dieu que vous essayez de critiquer a donné Sa vie en sacrifice pour toutes les créatures ; Il a pris leurs souffrances comme les Siennes. Vient ensuite un petit bonhomme pour dire que les voies de Dieu ne sont pas bonnes ! Et tes voies, sont-elles bonnes ? On aiguise son couteau et on égorge une poule, est-ce bien ? Si tu égorges une poule, tu peux égorger un homme. Les médecins tentent de prouver que le régime carné est meilleur que le régime végétarien : où sont leurs données ? Mettez deux personnes en bonne santé à l’essai : que l’une se nourrisse de viande et l’autre de fruits et de légumes et voyez le résultat. Vous direz que chacun fait en sorte d’améliorer sa vie, c’est vrai, mais chacun doit vivre comme cela a été déterminé. Tu éviteras d’imiter les autres, mais tu te concentreras profondément en toi pour comprendre ce qui t’es demandé et ce dont tu as besoin. Je demande aux gens cultivés d’aujourd’hui pourquoi ils se sont dressés les uns contre les autres, pourquoi ils ont massacré des millions de personnes ? Et il ne reste que des infirmes, des boiteux et des veuves, pourquoi a-t-on eu besoin de cela ? Quelle que soit la façon d’examiner cette question, je vois qu’il n’y a aucune philosophie derrière. Une nouvelle philosophie a émergé pendant cette guerre : les causes et les conséquences sont irrévocablement liées. Et l’on arrive à la conclusion suivante : ce que tu fais t’est rendu en retour, la plus petite chose, bonne ou mauvaise, te sera rendue. Comme dit le proverbe : « Tu récolteras ce que tu sèmes ». Il y a des années, un avocat bulgare devait se rendre en train de Gorna Oriahovitza jusqu’à Tarnovo[2]. Tandis qu’il s’achetait un billet, un paysan s’est approché de lui en disant : « Monsieur, il me manque trente centimes pour un billet, peux-tu me rendre service ? » L’avocat a répondu sévèrement : « Je n’ai pas d’argent à te donner ». En réalité, il en avait mais il s’est dit : « Ce n’est qu’un paysan, s’il n’a pas d’argent, il n’a qu’à marcher à pied ». Des années après, ce même avocat voyageait de Londres à une ville de province, mais il lui manquait trente pennies pour prendre un billet ; il s’est retourné à gauche, à droite pour voir s’il n’y avait pas quelqu’un pour l’aider, mais n’a trouvé personne. Comme il ne voulait pas demander à des inconnus, il a été contraint de marcher à pied. En partant, il a réfléchi et s’est rappelé qu’il n’avait pas voulu aider le paysan autrefois : il se trouvait à présent dans la même situation. C’est une loi : ce que tu as fait te sera rendu. Cette loi est universelle et s’applique à toutes les créatures vivantes, à tous les peuples. Dieu agit avec tous de la même façon, la guerre le démontre. Les Bulgares sont mécontents car ils n’ont pas été entendus à Paris[3]. Où cherchent-ils réparation, auprès du simple champignon ou auprès du champignon en chef ? Il n’y a pas de droit sur terre : il n’y en a pas eu, il n’y en a pas et il n’y en aura pas. Le droit est une prérogative du monde divin. Pour être juste, on doit être sage, comprendre les causes et les conséquences de toute chose et analyser chacun de ses actes. La tête de l’Europe doit encore beaucoup souffrir avant de comprendre si Dieu existe ou non, s’il existe un monde divin ou non. Tous les peuples se rendront compte s’il existe ou non un droit divin. Tous les hommes, toutes les femmes, filles et fils comprendront pourquoi Jérémie se lamente. Que faisaient les juifs lorsque Dieu leur envoyait un prophète ? Ils le persécutaient, le battaient, le tuaient. Ceci n’est pas le signe que le peuple juif soit mauvais, mais puisqu’il a choisi le chemin de la sagesse, il doit le parcourir. La providence n’a pas rejeté le peuple juif, mais elle lui fait endurer des souffrances. Voilà pourquoi, lorsque nous souffrons, nous devons savoir que Dieu nous a choisi ce chemin. Montrez-moi un individu grand et bon qui n’ait pas souffert. Je ne parle pas des souffrances que vous vous infligez tous seuls, mais de celles que la sagesse vous inflige. Je parle des souffrances qui élèvent les peuples, les sociétés et les individus. L’époque que l’humanité actuelle traverse exige de tous d’instaurer la fraternité entre les peuples et les sociétés, de jeter les armes. Je suis contre les armes modernes, pourquoi ? Parce qu’il y a d’autres forces avec lesquelles combattre. C’est terrifiant de jeter des grenades, des bombes avec lesquelles briser des bras et des jambes, crever les yeux des gens. Vous demandez : « Comment appliquer le nouvel enseignement en étant entourés de gens qui n’aspirent qu’à la vengeance ? » Le nouvel enseignement cache une telle force en lui qu’il suffira d’agiter le bras face à l’ennemi pour l’endormir. À son réveil, tu lui donneras à manger et tu le laisseras repartir. Comment se battrait ton ennemi s’il savait que tu l’endormirais ? Les gens du nouvel enseignement disposent de forces dont personne avant n’avait disposées. Que feras-tu si quelqu’un sort son révolver contre toi ? Son bras restera longtemps figé en l’air et il lui faudra travailler longtemps pour réussir à le baisser. Ce ne sont pas de vaines paroles : il est impossible de tuer celui en qui Dieu demeure. Lorsque quelqu’un décide de souffrir et de se sacrifier, Dieu l’abandonne et le soumet à l’épreuve. Même s’il en pâtit, Dieu lui fera une nouvelle maison, c’est-à-dire un corps nouveau, plus robuste que le précédent. Je dis : le Christ aussi a été abandonné de Dieu, il s’est tourné vers Lui avec les mots : « Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Pour quelle raison Dieu nous abandonne-t-Il parfois ? Depuis vingt ans les Bulgares soutenaient l’idée que nous pouvions nous en sortir tout seuls. Dieu répond : « C’est précisément un tel peuple que Je veux ». En ce sens le Bulgare dit : « Mieux vaut avoir l’échine robuste et le bâton incassable ». Mais la force sans sagesse ne peut s’employer intelligemment. Tous les hommes d’état doivent apprendre à l’avenir les lois divines immuables, car toute l’existence repose sur elles. Il est dit que Dieu se manifeste dans deux directions opposées, donc agissent en lui des forces positives et négatives. Quand Ses forces négatives se manifestent-t-elles ? Lorsque vous n’accomplissez pas Sa volonté et que vous transgressez la loi primordiale de l’amour. Vous demandez comment il est possible que les humains, issus de Dieu qui est amour, puissent pécher et transgresser Sa loi. La source du mal et du péché est toute autre que celle du bien et de l’amour. Le mal en Dieu est latent, mais une fois manifesté il descend dans une sphère inférieure à celle du bien. Lorsqu’il descend d’une sphère supérieure, le bien passe nécessairement par la sphère du mal et se contamine. En ce sens le péché, le mal, est une force transitoire. Lorsqu’il sort de la sphère du mal, l’être humain redevient pur. Maintenant, revenons à la question des souffrances comme quelque chose de sensé où prend part l’amour. Toutes les souffrances, individuelles, sociétales, populaires et universelles, portent en elles l’embryon de l’amour. Les souffrances sont infligées à tous les disciples qui avancent sur le chemin de la sagesse. L’amour, lorsqu’il croise l’homme, lui dit : « Tu es un être avec lequel je peux cohabiter car tu es sage ». Vous dites que Dieu est patient, c’est-à-dire que l’amour est patient et peut pour cette raison vivre avec l’homme. Ne pouvez-vous pas vous montrer patients comme Dieu ? Pourquoi ne dis-tu pas lorsque ton frère vient te prendre la maison : « C’est mon frère, qu’il prenne ma maison ». Non seulement tu n’es pas patient, mais tu réclames réparation. Quelle réparation ? Celle qui est basée sur le droit humain. Le droit divin est loin de vous : il n’y a aucune propriété dans le droit divin. Mais c’est risible, lorsqu’on met sa richesse dans dix sacs, et qu’on se sert librement des cinq premiers alors qu’on n’ose pas toucher aux cinq autres. Le seul péché se résume dans ce que nous bloquons l’action de l’amour divin et empêchons la vie divine de nous transformer. Du point de vue divin beaucoup de maux apportent un bienfait aux humains, et Dieu qui est omniscient nous dispense des souffrances inutiles. Cette privation nous semble préjudiciable, mais en y regardant de plus près nous voyons qu’il vaut mieux se priver d’un bienfait qui renferme des conditions de souffrances futures. Quand devient-on nerveux ? Lorsqu’on porte un fardeau plus grand que ce qu’on peut endurer. Pourquoi un tel fardeau ? Parce qu’on veut devenir une divinité pour que tous s’inclinent devant nous ; même l’être humain le plus terre à terre veut devenir une divinité. Donnez au plus humble de l’argent et du pouvoir pour voir comment il agira. Il prie Dieu et va à l’Église, mais si vous le laissez se manifester, vous verrez sa vraie nature. Le régime actuel est biaisé. Les croyances des gens d’aujourd’hui sont un grand mensonge, ce qui crée des souffrances. Si le Christ venait aujourd’hui sur terre, il s’étonnerait des esprits humains tordus qui ont mis dans sa bouche des paroles qu’il n’a jamais prononcées. Tous les prédicateurs, prêtres et enseignants doivent se mettre du côté du Christ et dire : « Nous ne guerroierons pas ! C’est ce que notre Grand Maître a dit. » Les prêtres sont sortis une croix à la main pour bénir les armes et dire : « Nous devons combattre ! » Vous avez un seul Maître. Comment justifierez-vous de ne pas L’avoir écouté ? C’est injustifiable, car il s’agit en face de peuples chrétiens. On envoie maintenant du Ciel une commission pour examiner la situation. L’ancien cabinet est limogé, les anciennes méthodes sont remplacées par de nouvelles. L’ancien roi est détrôné, le nouveau roi a proclamé sa candidature voici déjà deux mille ans, mais il n’est couronné qu’à peine aujourd’hui. Tous ceux qui cultivent d’anciennes convictions seront congédiés. Par qui ? Par le Christ. En l’espace de quelques années les gens comprendront si le Christ peut congédier quelqu’un ou non. Celui qui peut entrer dans le Nouvel Enseignement, accueillir l’amour et la sagesse en lui et vivre avec eux, celui-là peut être engagé au service du Christ. Le Christ dit : « Celui qui ne renonce pas à lui-même, ne peut pas être mon disciple »[4]. Le renoncement signifie le refus de l’ancien ordre des choses. Des milliers d’ouvrages en traitent : ils parlent de l’humain et non pas du divin. C’est risible si un médecin vous convainc de l’efficacité de ses médicaments alors que quatre-vingt-dix-neuf pourcents de ses patients en meurent. Combien sont morts à cause des anciens systèmes et méthodes ! Vous direz que c’est le karma ; non, ce n’est pas un karma mais des enseignements mensongers. Il n’est pas juste de vous insurger contre Dieu et de l’accuser d’injustice. Il n’y a rien de plus terrifiant que de profiter grassement des bienfaits divins pour ensuite se dresser contre Dieu et l’offenser. Quel Père ne serait pas offensé par de tels fils ? Dieu est affligé de ces fils qui l’offensent. Est-ce qu’il s’agit des Bulgares, des Anglais, des Américains ? Ce n’est pas important : peu importe qui agit de la sorte. Il n’y a pas de privilégiés aux yeux de Dieu : toutes les civilisations, tous les peuples sont sur un même pied d’égalité. J’étais à Boston il y a quelques années. Je marchais un jour dans la rue et j’ai vu un homme haut de deux mètres, une tête au-dessus des autres, avec une couronne sur la tête. Tous se retournaient, le regardaient et riaient. Qu’est-ce qu’il avait de particulier ? Il est passé devant moi et je n’ai rien remarqué ; j’ai décidé de me retourner pour voir son dos. Quelle n’a pas été ma surprise de le voir couvert de publicités. Je me suis dit : « Voilà ce que nous sommes, les gens modernes : des panneaux publicitaires ». Notre dos est couvert de réclames de toutes sortes. Si un être raisonnable nous regardait, il ne nous reconnaîtrait pas. Les réclames sont les différents sobriquets qui nous sont donnés ; on peut difficilement deviner le nom véritable. Le prophète dit : « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur ». Il faut un bâton pour le publicitaire. Pourquoi ? Pour que le grain mûr soit battu. Lorsque les haricots et les lentilles sont mûrs, on les bat pour séparer le grain mûr des cosses. Alors, on écrira dans l’histoire qu’on est un peuple qui a beaucoup souffert. J’envie toute personne et tout peuple qui a souffert, car le bien et le sublime en ressortent pour servir à l’élévation de toute l’humanité. Maintenant Dieu lève et abat son bâton sur le dos des Bulgares qui crient : « On nous a massacrés ! » Non, on ne fait que se débarrasser de l’ivraie. J’envie toute personne battue par le Seigneur ou par un sage, car de la sorte elle se magnétise : celui qui est châtié par le Seigneur devient un saint et un génie. Bienheureux le peuple sur lequel s’abat le bâton divin ; ce châtiment engendrera toutes les vertus. Et la Bulgarie sur laquelle s’abat le bâton divin se libérera de l’ivraie, il ne restera que ce qui est pur en elle. Dieu dira alors : « Allez et trouvez ce Bulgare qui est bon, intelligent, honnête et juste, j’en ai besoin pour lui donner un poste important dans Mon Royaume ». Pour le moment, il faut se débarrasser de l’ivraie. Ne vous découragez pas ; celui qui se décourage n’est pas digne de porter le nom de la sagesse. Je cherche maintenant en Bulgarie les gens de la véritable culture dans lesquels insuffler quelque chose de neuf. Toutes les anciennes publicités sont à jeter. Les prêtres doivent s’habiller en blanc, à l’extérieur et à l’intérieur. De ce point de vue j’aime les paysans qui portent des tenues blanches et colorées. Je dois aussi jeter les vêtements noirs pour me faire une tenue comme celle des paysans. « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur ». Bienheureux le prophète qui s’est distingué puisqu’il a éprouvé le bâton divin sur son dos. C’est un grand privilège pour le prophète et pour le roi : on se magnétise et on se vivifie par un tel châtiment. Celui qui souffre de la sorte est béni. L’énergie solaire n’est rien d’autre que les coups de ce bâton, celui qui ne les supporte pas cherche l’ombre. Les fruits mûrissent sous ces coups incessants. Ces coups ont leur rythme : d’abord faibles, ils se renforcent, atteignent leur paroxysme à midi et puis diminuent peu à peu dans l’après-midi. La même loi s’applique pour les souffrances. Voilà pourquoi, lorsque Dieu veut élever l’homme, Il le fait passer par l’équateur où se déchaînent de grands orages : il se purifie ainsi, se renouvelle et s’élève. L’orage s’apaise progressivement, mais quarante-cinquante années se sont déjà écoulées dans sa vie ! Vous demandez : « Qu’adviendra-t-il de nous dans le futur ? » À l’avenir vous ne mentirez pas, vous ne volerez pas. Ce que vous ferez s’écrira sur votre visage, rien ne restera caché. Si vous faites une petite erreur, les conséquences se feront voir aussitôt. J’ai observé quelque chose d’intéressant aux environs de Varna. Deux hirondelles faisaient leurs nids à proximité. L’une allait et revenait, portait de la boue, de la paille pour son nid ; l’autre, plus maline se tenait à côté, et dès que la première repartait, elle prenait des matériaux tout prêts de son nid pour le sien. La première hirondelle ne remarquait rien et continuait d’apporter des matériaux et à bâtir son nid. Cela a duré une dizaine de jours. La première, l’hirondelle travailleuse a regardé son nid et ne comprenait pas pourquoi elle n’arrivait pas à l’achever ; pendant ce temps la seconde venait et fondait sur le nid pour récupérer des pailles. Dès que l’hirondelle travailleuse a compris qu’un voleur lui dérobait les matériaux, elle s’est jetée sur lui. Dans leur lutte, les deux sont tombées par terre. Un chat a surgi et en a attrapé une. Quelle hirondelle a fini dans la gueule du chat ? L’hirondelle voleuse. Elle a reçu ainsi sa rétribution. Je reviens un jour de Kniajevo[5] en tramway. Deux richards discutent et l’un dit : « Je ne sais pas ce que j’ai, je ne peux pas manger. – Pour quelle raison ? C’est ta femme qui ne t’y autorise pas ou le docteur ? – Ni ma femme ni le docteur, mais j’ai l’estomac indisposé, je ne bois que du lait. » Je dis : l’estomac divin ordonne à nos contemporains de ne pas manger de nourriture impure. Moïse a ordonné aux juifs de ne pas manger d’animaux impurs. C’est vrai, chaque nourriture qui dépose des impuretés dans le cœur, le cerveau, le corps des humains comme dans toute la société, ne contribue en rien à leur développement. L’estomac divin est plus intelligent que les philosophes et les savants les plus émérites. En étudiant l’organisme humain, on voit en fin de compte que la matière qui constitue le cerveau est la plus organisée, c’est-à-dire la plus spirituelle, la plus immaculée. On a remarqué qu’à la suite d’une longue maladie, l’homme perd une partie de son poids à l’exception du cerveau qui n’en perd pas : c’est le signe que la matière du cerveau est la plus résistante. À l’avenir, lorsque nous insufflerons l’esprit dans tous nos organes : les poumons, le cœur, l’estomac, nous ne souffrirons plus. Nous serons alors véritablement civilisés et nous comprendrons les grandes lois divines. Viendra alors le vrai communisme, non par la violence, mais de plein gré, par la loi de l’amour. Ce communisme existe en nous : les cellules de notre organisme vivent selon la loi de l’amour. Certains pensent que le communisme est une idée neuve. Non, elle est ancienne et existe depuis que le monde est monde. Lorsque les doigts et les orteils souffrent, tout l’organisme souffre ; les cellules saines se mettent à envoyer de la nourriture et de l’énergie aux cellules malades et les aident de la sorte. Les cellules sont de petites âmes qui vont se développer avec le temps et deviendront des âmes individuelles, intelligentes comme vous. Donnez-leur des conditions pour se développer, elles sont des communistes qui ont renoncé de leur plein gré à la propriété ; elles disent : « Seigneur, nous vivrons pour toi ». Lorsque leur maître s’écarte du droit chemin, elles disent : « Seigneur, tu dois mourir ». En ce sens, la mort n’est rien d’autre que la fin du pouvoir monarchique de l’homme, ce pouvoir doit être aboli. Dieu a écrit ce que le pouvoir sera et nous devons l’appliquer. Si vous tous qui m’écoutez aujourd’hui, vous êtes prêts à abandonner vos vieilles croyances, c’est-à-dire vos cosses desséchées et à chercher Dieu de tout votre cœur et de toute votre âme, vous Le trouverez. Celui qui a trouvé Dieu aime toutes les créatures vivantes, des plus petites aux plus grandes. Il n’y a pas de souffrances pour lui ni d’enfer. Si vous voulez vous libérer des souffrances et des malheurs, cherchez le Seigneur. Il est apte à vous libérer de tous les tourments, à vous soulager de votre fardeau. Quelqu’un met une charge énorme sur tes épaules, tu ne peux la porter et tu te lamentes ; le Seigneur entend tes lamentations et envoie quelqu’un de fort pour soulever ta charge. Tu es endetté, tu baisses la tête, tu ne peux pas payer ta dette. Que feras-tu ? Tu imploreras le Seigneur et Il t’enverra quelqu’un de noble et de généreux pour t’aider ; tu te réjouiras et tu diras : « Il y a un Seigneur ». Tous veulent maintenant gouverner ; cela n’apportera rien, il faut sortir de cette boue sociale. Le salut de la Bulgarie est que tous les Bulgares se tournent vers le Seigneur vivant qui tient le destin des peuples entre Ses mains. Ils se sont inclinés devant les Allemands, les Anglais, les Américains, les Français, mais personne ne les a aidés. Il est dit : « Que soit maudit celui qui espère en l’homme »[6]. Que les Bulgares se tournent vers Dieu pour dire : « Nous nous inclinons devant Toi, Seigneur, nous espérons en Toi. Il ne nous faut aucune politique, à bas tous les usurpateurs, à bas tous les menteurs ! » « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur ». Quand vient la verge divine ? Lorsque vient une nouvelle civilisation, une nouvelle époque. Les savants disent que l’homme descend du singe, il n’était pas alors debout sur ses deux pieds, mais s’appuyait sur un bâton. Donc à chaque nouvelle époque, à chaque nouvel enseignement, l’homme s’appuie sur un bâton, c’est-à-dire apprend une nouvelle loi. Il lève et il pose le bâton, c’est-à-dire il lève sa main et la repose, le bâton va en haut et en bas selon un angle droit. Beaucoup disent que les vérités que je prêche sont simples. Je vous donnerai maintenant quelques formules : a + b = c ; a2 + b2 = c2 ; a3 + b3 = c3 ; a4 + b4 = c4. Ce sont des grandeurs à une, à deux, à trois et à quatre dimensions. Savez-vous ce que signifie la première dimension ? Pouvez-vous avancer sur une ligne droite ? La ligne droite est divine : elle forme tous les plans, elle sert à mesurer toutes les grandeurs. Par conséquent, si vous avez une souffrance, voyez où elle se trouve : dans la ligne droite, le carré ou le cube ? La ligne droite est votre corps : a + b = c ; le carré est votre cœur : a2 + b2 = c2 ; le cube est votre pensée : a3 + b3 = c3 (si vous ne raisonnez pas avec justesse, les souffrances surgissent en toute logique) ; votre âme est la quatrième dimension : a4 + b4 = c4. Les quatre dimensions représentent les souffrances des humains dans les quatre plans. C’est une grande science de construction. Si vous étiez clairvoyants vous verriez que vos corps sont des édifices semblables au monde physique. Partout dans notre vie on observe un mouvement en ligne droite, dans la deuxième, dans la troisième ou dans la quatrième dimension. Celui qui ne comprend pas ces mouvements doit dire : « Je suis l’homme qui n’ai pas compris le bâton de Dieu ». Si tu comprends ces mouvements, tu seras bienheureux, tu diras alors : « Tous mes clous ont été forgés dans le feu et j’ai compris le sens du bâton divin ». Tu es bienheureux car tu as compris par les souffrances la sagesse divine qui se manifestera à l’avenir. Nous avons besoin d’une philosophie vaste qui transforme les sociétés et les peuples. Essayez grâce à cette philosophie de lier deux jeunes gens et de leur créer une vie heureuse. Vous direz qu’il leur faut de l’argent. Tous les riches ont de l’argent : pourquoi ne vivent-ils pas bien ? Sachez que chacun qui m’écoute aujourd’hui peut, en tant que Bulgare, apporter quelque chose à son peuple. « Puis-je faire quelque chose, puis-je aider la Bulgarie ? – Tu es peut-être le dernier qui en passant coupera les liens et libérera celui qui est attaché depuis des années. – Ce n’est pas mon travail. – Si ce n’est pas le tien, c’est le travail de qui ? – Celui des curés et des enseignants, ils doivent libérer les gens. » C’est curieux de raisonner ainsi ; chacun se doit de travailler pour le bienfait de son peuple, c’est la volonté divine. Lorsque tu accomplis la volonté divine, tu es Fils de Dieu. Le Christ dit : « Je suis Fils de Dieu car j’accomplis la volonté divine ». Si nous accomplissons aussi la volonté divine, nous serons aussi Fils de Dieu. Je veux que nous nous attelions tous à couper ce dernier lien, il n’y a pas de temps à perdre. Il reste une demi-heure jusqu’au dernier train ; si vous le ratez, vous attendrez des milliers d’années pour le prochain. Une demi-heure, c’est au sens figuré, mais si vous le calculez par une autre mesure, vous verrez combien d’années il vous reste. Il y a deux mille ans, on disait que le jour du Seigneur approchait ; je vous dis maintenant : nous sommes au jour du Seigneur, il ne reste qu’une demi-heure avant le dernier train. Malheur à l’individu, au peuple qui ne règle pas ses comptes avant. Vous serez tous jugés. Voilà ce qui est dit en Haut. Si l’Europe ne corrige pas ses erreurs, ce bâton s’abattra sur elle, de grandes souffrances l’attendent. Il est dit : « Malheur à toi, Jérusalem ! » l’Europe d’aujourd’hui est cette Jérusalem. C’est une idée qui a un rapport à nos âmes. Nous sommes esclaves de notre peur intérieure et nous devons nous en libérer. Si vous comprenez ainsi la vie, l’amour vous visitera, vous vous donnerez la main et vous travaillerez selon les nouvelles règles de la science divine. Alors l’éducation des jeunes comme leurs mariages se feront selon ces règles. Je peux appliquer ces règles pour vous montrer comment éduquer les jeunes. « Nous avons notre étalon. » Vous l’avez, mais il est double : lorsque vous achetez, vous appliquez l’un ; lorsque vous vendez vous appliquez le second. Les deux étalons sont celui du simple champignon et celui du champignon en chef ; le double étalon détruit le monde. Le désir naît en toi de devenir un champignon en chef, ce qui signifie que tu veux manger plus que l’autre et tu dis : « Je suis un champignon en chef et toi un simple champignon ». Jusqu’à hier tu as été un simple champignon et aujourd’hui tu deviens chef et tu dis : « J’ai le droit de manger plus, de m’habiller mieux ». Tous nos raisonnements sont de cet acabit et nous essayons de percer grâce à eux le dessein divin. Il n’y a pas de champignons simples ni de champignons en chef, ils n’existent que parmi les malades psychiques. On dit de quelqu’un : « Il est d’une noble descendance ». Je demande s’il est bon, s’il est aimant, s’il est sage, s’il est juste et honnête ? S’il est ainsi, il est alors noble et de grande descendance, lorsqu’il voit un portefeuille ouvert, il passe et s’en va sans y toucher. Je souhaite que vous soyez comme ce marchand ambulant qui a trouvé une liasse de billets. Il l’a prise et mise dans sa poche en continuant sa criée. Un commerçant est arrivé, exténué, en lui demandant : « As-tu vu une liasse de billets de banque ? Je les ai perdus, il y avait dix-mille levas ». Le marchand a sorti la liasse de sa poche, la lui a rendue, et a continué sa criée. J’avais décidé aujourd’hui de ne pas parler pour ne vexer personne, mais j’ai ensuite changé d’avis : je parlerai et je ferai une friction qui sera ressentie par tous les Bulgares, des plus grands aux plus petits. Quand est-ce que je vais administrer la friction ? Peut-être tant que je suis sur terre ou lorsque je partirai de l’autre côté, mais je ferai connaître Dieu à tous les Bulgares. C’est ma tâche : apprendre aux Bulgares à s’incliner devant le Dieu vivant qui a donné tous les bienfaits ; leur apprendre le sens de la vie ; leur apprendre à acquérir la véritable culture. Je les ferai passer sept fois par le feu, mais ils deviendront de véritables hommes, porteurs de la nouvelle culture. Ils doivent lever haut le drapeau et dire : « Nous aurons un nouveau slogan désormais. Nous sommes porteurs de l’amour et de la sagesse. Nous méprisons tous les crimes, toutes les réclames écrites sur nos vêtements, nous nous débarrassons des vieux vêtements et nous en mettons des neufs ». Et lorsque vous me rencontrerez, vous ne me demanderez pas si je suis un prêcheur. Je ne suis pas prêcheur, mais j’aime prêcher. Lorsque les gens sont joyeux, je suis triste ; lorsqu’ils sont tristes, je chante pour eux : la mère chante lorsque l’enfant est triste. Aujourd’hui le monde invisible chante à l’humanité civilisée et dit : « Soyez courageux et décidés pour faire des exploits, mettez la couardise de côté. » Selon le baromètre, il devait faire mauvais aujourd’hui, mais en vous parlant la météo a souligné mes propos et a dit : « Ainsi soit-il », le temps s’est arrangé. Vous serez tous témoins de mes paroles et vous direz : « Le Seigneur est authentique dans toutes Ses manifestations ». Je dis : libérez-vous maintenant de tous vos ralliements politiques. Considérez-vous comme des fils et des filles de roi. Vous êtes hypnotisés ; on vous traite encore aujourd’hui de grands pécheurs, ne vous découragez pas, d’autres vous ont malmené. Dieu vous dit : « Mes enfants, sortez de cette boue, vous vous êtes assez divertis ! Revenez dans le verger ». Je ne dis pas que les gens sont mauvais, mais ils vénèrent encore des icônes. Je suis prêt à racheter autant de vos icônes que j’ai d’argent. Ceux qui servent le Seigneur auront suffisamment de blé, de nourriture, de fruits : tout cela viendra d’en Haut. Soyez gais et éveillés, portez cette gaîté partout. Sachez que Dieu est déjà parmi les humains dans le monde. Il vous tient dans Ses mains et vous tremblez tous. Tous les criminels seront dénoncés, toutes les iniquités seront mises au grand jour, rien ne restera caché. Malheur aux mères, aux pères, aux fils et aux filles qui commettent des crimes ! C’est ainsi que parle le Seigneur qui est en Haut, au Ciel, et en bas sur Terre. Si tu commets un crime, le Seigneur t’attrape et te demande : « As-tu compris ? Tu n’es pas fils du diable, mais Fils de Dieu ». Je souhaite que tous les Bulgares soient comme ce marchand ambulant et non pas comme les champignons en chef. Nous en souffrons tous ! Vient un champignon en chef et tous disent : « Il redressera la Bulgarie ». La Bulgarie a son plan, déterminé par Dieu. La terre qui lui est octroyée par Dieu ne peut être prise par personne. Tout peuple qui essaierait d’accaparer cette terre, donnée aux Bulgares pour qu’ils y demeurent, est maudit, les plus grands malheurs s’abattront sur lui. Dites, vous aussi, comme Jérémie : « Nous sommes ce peuple qui ai vu l’affliction ». Je dis : vous êtes bienheureux, portez ce licol pour que le bâton divin vienne battre le blé et séparer le pur de l’impur. Le bâton s’abaissera aussi sur les autres peuples. Bienheureux ce peuple que Dieu guide et conduit sur le chemin de la justice et de la vérité : des vertus supérieures se développeront dans son sein. Tournez-vous vers Dieu et dites : « Seigneur, nous Te remercions de nous avoir débarrassés des fausses publicités et de nous avoir montré le chemin de la vérité ». Recherchez ce Dieu en vous : Il est en vous ! Cherchez-le en avançant tout droit. Lorsque vous Le trouverez, toutes les chaînes du joug se briseront comme pour Pierre lorsqu’il était en prison : les chaînes sont tombées de ses pieds, la porte s’est ouverte et il est sorti ; le gardien le cherchait mais ne l’a pas trouvé. Pierre ne reviendra pas en arrière, ce sera le second acte. Ainsi lorsque l’ange viendra à vous, il dira : « À bas les chaines ! Venez auprès de vos frères pour qu’ils se réjouissent de votre délivrance ». Amen. Sofia, 28 septembre 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Je suis l’homme qui voit l’humiliation, sous son bâton déchaîné ; » [2] Il s’agit de deux villes en Bulgarie centrale, distantes d’à peine quelques kilomètres. [3] Il s’agit de la Conférence de paix de Paris en 1919 [4] « Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple… De la même façon, quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple. » (Luc 14, 26 ; 33) [5] Kniajevo - une banlieue de Sofia [6] « Ainsi parle le Seigneur : Maudit, l'homme qui compte sur des mortels : sa force vive n’est que chair, son cœur se détourne du Seigneur ! » (Jérémie 17, 5)
  5. L’ancien scribe « Et il leur dit : C'est pourquoi, tout scribe instruit de ce qui regarde le Royaume des Cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » Matthieu 13 :52 Le Christ qualifie le scribe instruit selon deux qualités : celui-ci tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. Dans ce verset, le Christ précise : « instruit de ce qui regarde le Royaume des Cieux ». Par le Royaume des Cieux au sens large, le Christ sous-entend ces grandes lois qui dirigent la vie de l’homme, car tout dans la nature est étroitement lié à l’homme, et l’homme est étroitement lié à la nature. Tous les phénomènes ou forces dans le monde qui n’ont en apparence aucun lien avec notre vie sont appelés physiques ou inorganiques. Ces forces ont en revanche un rapport sinon à la vie individuelle, du moins à la vie collective. Dans ce cas, tirer le neuf et le vieux du trésor a du sens : le vieux est le passé et le neuf le futur. Le vieux symbolise les erreurs de l’individu et le neuf, les bienfaits qui lui sont attribués. Le scribe instruit qui étudie la nature et la vie des gens trouve de vieilles choses, les erreurs des humains, et il apporte quelque chose de nouveau dans le monde. Par conséquent, en ce sens nous pouvons déterminer objectivement aussi bien les bienfaits que les méfaits qui sont les conséquences du passé. Ainsi, le vieux représente toute chose en dysharmonie, c’est-à-dire usée, inutilisable pour le travail. La matière qui a perdu sa force est considérée comme négative, c’est-à-dire incapable de dégager une quelconque énergie. Chacun de nous a déjà éprouvé ces deux états en lui : tirer le vieux et le neuf de son trésor. Lorsqu’on perd l’équilibre intérieur entre son cœur et son intelligence, on commence à tirer le vieux, et le mécontentement s’installe. C’est la situation du malade, toujours mécontent de ceux qui sont autour de lui et qui l’assistent. Le bien portant qui a de la force en lui est toujours content de tout. Les lois qui régulent les deux états, l’état de satisfaction comme l’état de mécontentement sont en harmonie car votre état négatif à un moment donné correspond à l’état positif de quelqu’un de bien portant. À un instant donné, lorsque vous souffrez le plus, une autre créature, en lien avec vous, éprouve une meilleure disposition de l’esprit. C’est une loi qui existe dans la nature : le ciel et l’enfer existent comme deux pôles. Le ciel est le neuf et l’enfer le vieux, par conséquent chacun de vous connaîtra dans sa vie l’un et l’autre. Je ne vous parle pas de l’enfer et du ciel comme vous les entendez, mais je vous parle d’une vérité positive qui vous semble abstraite. Ces deux états sont nécessaires à l’esprit humain. Vous demandez pourquoi il est nécessaire que l’être humain soit jeune et vieux. C’est un processus qui se déroule dans la nature. Ne demandez pas pourquoi ce processus existe, mais tâchez d’en tirer profit. Comment qualifieriez-vous la jeunesse et la vieillesse ? Dans l’antiquité, un sage a dit: « Si tu cherches la force, recueille-la auprès des jeunes, mais si tu cherches la sagesse, recueille-là auprès des vieux ». Sagesse et force ne sont pas la même chose. La force inclut en elle la volonté humaine et la sagesse, l’intelligence humaine. Vous avez donc là deux pôles opposés : l’intelligence est en haut au ciel et la volonté en bas, sur terre. Si vous voulez être vieux et sages, il faut être en haut au ciel, et si vous voulez être jeunes, il faut être en bas sur terre. C’est pour cette raison que, lorsque nous inversons les rapports et mettons le vieux dans le champ physique et le jeune au ciel, nous produisons de la dysharmonie. Dans ce cas, vous tirerez une mauvaise conclusion et vous penserez que tous les gens au ciel sont toujours vieux et tous les gens sur terre sont jeunes, ce qui n’est pas vrai. Par jeunesse je n’entends pas seulement les aspects extérieurs, mais aussi la croissance intérieure de l’homme. C’est la même chose dans la nature. À partir du 9 mars[1], on observe une croissance qui diminue vers le 20 juin ou début juillet, et dans la nature commence alors une phase de repos. Les changements qui s’opèrent dans la nature, s’opèrent aussi dans notre vie. Si nous ne comprenons pas ce qui se passe en nous en tant qu’individu, c’est-à-dire si nous ne comprenons pas notre intelligence et notre volonté, nous nous heurtons souvent à des contradictions que nous nommons le destin qui ferait des uns, des gens heureux et des autres, des gens malheureux. Certains pensent que les uns sont aidés par des forces qui sont hostiles aux autres. Bien entendu, si vous avancez dans le sens du courant, il vous facilitera la tâche, alors que si vous allez contre le courant il vous entravera. Ce courant n’a rien contre vous, mais veut vous dire que puisque vous allez à contre-courant vous souffrirez car les forces qui dirigent votre vie sont en opposition avec vous-mêmes. Lorsque quelqu’un n’est pas chanceux dans la vie, c’est le signe que sa pensée est en opposition avec sa volonté ; ceci s’applique à la vie privée comme à la vie publique des gens. Je parle d’évènements qui ont lieu maintenant en Europe et qui sont prédéterminés depuis des milliers d’années. L’humanité contemporaine s’est mise en opposition au mouvement d’il y a des millions d’années. La culture européenne contemporaine s’est mise à contre-courant et tente de se frayer un chemin. Il en résulte une lutte sévère qui va causer beaucoup de victimes. Seront-elles un ou deux millions est indifférent à la nature. Je dis que cela lui est indifférent car nos jouets ne l’intéressent pas. Lorsque nous créons des villes, des maisons et des temples nous pensons que c’est une civilisation, mais la nature ne veut pas le savoir car elle peut tout détruire en un instant. Pour toutes nos matières, même les plus fines, la nature a créé la poussière et les mites qui les détruisent. Elle a de surcroit créé d’autres entités nuisibles qui altèrent sans cesse notre organisme. Dans le passé, avant que l’humanité ait pris une mauvaise direction pour sa civilisation, les humains avaient des notions très justes des lois qui régissaient la croissance de notre vie. Cette croissance peut être déterminée en mathématiques grâce à un compas. Par exemple, je prends le compas et je mesure très précisément le nez de quelqu’un et je constate qu’il fait quatre centimètres, que le nez d’un autre fait cinq centimètres, etc. Puis je mesure le menton de l’un, de l’autre, d’un troisième avec le compas et je vois qu’ils ont aussi des largeurs différentes. Je mesure de la même façon le front de quelqu’un et je vois qu’il fait trois centimètres et celui d’un autre quatre ou cinq ou six, etc. Vous demanderez : « Quel rapport avec le reste ? » Il y a un rapport très étroit, car si le nez de quelqu’un est court et large ceci indique que les énergies de son organisme sont sous pression et la moindre insistance peut provoquer une explosion. Si son menton est large et long, c’est le signe que l’énergie est éveillée, mais aussi très active et il sèmera la destruction là où il passera. La partie basse du menton qui avance indique quelle est la volonté et comment elle se manifestera sur le plan physique. Observez-le chez les grands commandants et généraux. Vous pouvez déterminer par le menton si quelqu’un est jeune ou vieux, seuls les jeunes guerroient et pas les vieux. Le rapport du vieux au jeune est de un à cent : une armée de mille jeunes gens peut vaincre une armée de cent mille vieux. J’ai raison de dire que le futur de la terre appartient aux jeunes car ce monde est créé pour ceux qui aiment faire la guerre. Le Ciel est créé pour les vieux et les sages. Dans le monde d’en haut mille vieux sont équivalents à cent mille jeunes gens ; ici le rapport est donc inversé. Vous me demanderez quel est le rapport entre les jeunes et les vieux. Dans le monde spirituel les vieux sont seulement le point d’appui autour duquel se déplace le balancier du jeune homme comme dans une horloge. Alors que le jeune a déjà parcouru cent kilomètres, le vieux n’a pas encore fait un seul kilomètre ; les jeunes sont donc les aiguilles de la montre. Dans ce monde les vieux ne se déplacent pas, donc n’attendez d’eux sur terre aucune culture. La culture spirituelle et intellectuelle dont il est question ici ne peut pas exister sur terre. Le plus grand essor dans la culture ne s’obtient que lorsqu’on saigne les humains : plus on fait verser le sang, et plus la culture s’épanouit. Les gens du vingtième siècle ont commencé à penser qu’ils sont très cultivés et disent : « Nous, les gens d’aujourd’hui, nous ne versons pas de sang, c’était l’apanage des gens du passé ». Mais la dernière guerre a réfuté cette théorie et a montré que les jeunes font verser le sang d’autant plus qu’ils sont jeunes. Nos contemporains étant encore très jeunes commettent les plus grandes dévastations, semblables aux chenilles qui anéantissent tout. Et ce scribe instruit de ce qui regarde le Royaume des Cieux tire de son trésor le vieux et le neuf et dit : « Le Christ parle ainsi ». Pourquoi avoir besoin du neuf et du vieux ? Lorsque vous sortez de vieux vêtements d’une armoire, vous avez bien un objectif, vous pensez les revendre à bon prix ? Lorsque vous sortez les vêtements neufs, n’est-ce pas pour voir s’ils ne sont pas mangés par les mites ? Lorsqu’il sort le vieux et le neuf le scribe a une idée en tête. Il ne cherche pas à s’occuper bêtement comme le faisait un roi. Un roi voulait trouver quelqu’un pour lui raconter un conte sans fin. Pour satisfaire son désir, il a cherché parmi les philosophes, en promettant de grandes récompenses, mais il n’a trouvé personne qui puisse raconter un conte sans fin. Un sage est venu en fin de compte et il a dit au roi : « Je te raconterai un conte sans fin. – Bien, tu es celui que je cherche. » Le sage a commencé : « Il y avait dans les temps anciens un roi qui disposait de milliers et de milliers d’hectares de terre. Il avait planté du blé et comme l’année avait été très fertile, les champs ont donné énormément de blé. Le roi a ordonné la construction d’un grenier en pierre pour abriter et protéger la récolte. Mais les maçons ont laissé un trou minuscule dans les murs. Un grillon a réussi à s’introduire par ce petit trou afin d’emporter le blé. Le grillon a sorti un grain de blé, l’a transporté jusqu’à sa maison et il est revenu en chercher un deuxième ; il a pris un deuxième grain, l’a transporté jusqu’à sa maison et puis est revenu pour en prendre un troisième. Il l’a pris et puis est revenu pour en prendre un quatrième... – Arrête avec ça, continue plus loin, tout ce déplacement de blé n’a pas de fin on dirait, et le conte non plus ! s’est exclamé le roi excédé. – Attends un peu, il doit d’abord transporter tout le blé hors du grenier pour que le conte se termine. » Nos contemporains veulent savoir la fin des choses, mais je dis : « Attendez d’abord que tout le blé soit transporté ». Le scribe instruit de ce qui regarde le Royaume des Cieux ne s’occupe pas de théories aussi sottes : la répétition d’une même chose n’est pas un savoir. Nous disons : il faut tester les choses et apprendre de notre vécu. Même si nous sortons encore des millions de grains du grenier, nous n’apprendrons plus rien de nouveau. Vous vous dites : « Attendons de voir ce que le Maître prononcera d’inédit aujourd’hui ». Vous avez raison : la taille de votre nez déterminera le volume de vos sentiments, la longueur de votre menton, la force de votre volonté et la hauteur de votre front, la qualité de votre intelligence. Certains prétendent que si l’on possède un front bas, on peut quand même être intelligent ; ce n’est pas vrai. Quel rapport ont dans la géométrie les lignes droites, les angles aigus, etc. ? Si on met dans votre bouche la pointe d’un angle aigu, elle s’ouvrira. Donc, par l’ouverture de votre bouche on déterminera le degré de votre envie de manger : plus vous ouvrez la bouche et plus avez faim. Si l’angle est tourné vers l’extérieur, c’est le signe que vous êtes en repos. De la même façon nous pouvons juger de nos sentiments à partir de la forme du nez, droite, convexe ou concave. Si le nez est large, le cœur aura une disposition, mais s’il est écrasé, il en aura une autre. Si vos lèvres sont minces ou épaisses, votre estomac ne se trouvera pas dans le même état. Ce dernier peut aussi être déterminé par vos joues, selon qu’elles sont creusées ou gonflées. Ainsi l’homme extérieur est l’expression de l’homme intérieur. Chacune de vos pensées se reflète sur votre visage. Votre vertu peut aussi être définie sur votre visage : elle est posée au-dessus de vos lèvres. Si vos yeux louchent, c’est le signe d’une dualité dans votre nature. Si l’angle de votre vision est orienté en bas ou en haut, cela traduit deux états différents. Si vos yeux sont largement ouverts, c’est le signe d’une grande impressionnabilité et s’ils le sont moins, elle est moindre. C’est important aussi si vos yeux sont plus près ou plus loin du nez. Les yeux de chacun sont posés par Dieu avec une précision géométrique. Chacun est fait selon une esquisse, déterminée d’en haut, chacun porte dans les moindres détails sur son visage les signes qui déterminent sa vie actuelle, mais aussi sa vie passée et future. Et si les contemporains pouvaient lire ces témoignages d’après ce livre divin sur le visage que chacun porte sur lui, des milliers de malheurs seraient évités. Le Christ recommande à tous ses disciples de se détourner de leurs erreurs du passé. Quelqu’un dit : « Mettons notre vie à l’épreuve. » Prends-toi en photo et regarde ton visage et vois s’il te plaît. Les photographies modernes cherchent à faire paraître l’individu plus beau, plus harmonieux qu’en réalité en redessinant et en retouchant son visage. N’effacez pas l’écriture divine, il ne faut pas retoucher ainsi les traits, car le vieux ne peut pas devenir jeune et vice versa. « Ces choses sont incompatibles » dit le Christ. Seul l’érudit qui examine les choses comme Lui peut comprendre les rapports entre les différentes parties. Il y a en mathématiques certaines formules qui permettent de transformer certaines grandeurs en d’autres. Par exemple la chaleur, produite par cent tonnes de charbon peut se transformer en énergie cinétique, mais il faut en connaître la méthode. Cette science est cachée à nos contemporains car s’ils la connaissaient, l’humanité ne serait qu’un jouet entre leurs mains et ils feraient s’abattre mille malheurs. À quoi nous servent ces connaissances ? Si nous connaissions l’être humain d’en haut, nous comprendrions au premier regard que son énergie est sous pression. Alors nous l’éviterions sans attiser le feu davantage ou bien nous laisserions s’échapper la vapeur à l’extérieur pour faire baisser l’énergie en lui. Pour ceux dont l’énergie est affaiblie, nous devons utiliser un peu de carburant afin de les attiser de nouveau. Comment se procurer du carburant dans le monde physique nous est familier ; comment s’en procurer dans le monde spirituel et mental nous ne le savons pas, mais nous pouvons apprendre les différents moyens qui existent. Certains ont perdu le sens de la vie et veulent être toujours jeunes, ils ne trouvent du sens que dans la jeunesse. Lorsque vous étudierez les sciences occultes en profondeur vous verrez que l’être humain n’est pas créé d’un seul type de matière, mais de différents types de matière et de différents états ; il y a donc une gradation dans tous les atomes et ions qui le constituent. Il y a pour le moment quarante-neuf états des atomes sur le plan physique. Chaque état peut produire des sentiments et des pensées qui lui sont propres. Plus le coefficient de votre état change, plus vos pensées et sentiments deviennent actifs. Aujourd’hui, les gens sont très nerveux, mais ce n’est rien d’autre que l’accroissement de leur énergie et c’est pourquoi celle-ci doit se transformer et être envoyée vers un état supérieur de la matière. Vous parlez souvent de l’éducation de vos enfants. Le mot bulgare éducation[2] signifie nourrir. C’est ainsi que les abeilles nourrissent leurs reines. Elles donnent une sorte de nourriture aux reines ; lorsqu’elles veulent nourrir des ouvrières, elles leur choisissent une autre sorte de nourriture et elles donnent aux bourdons une troisième sorte de nourriture, très particulière. Les bourdons sont les musiciens dans la ruche ; on ne peut pas se passer des bourdons comme on ne peut pas se passer des musiciens. Vous affirmez qu’on peut se passer des bourdons. Non, on ne peut se passer des musiciens. Vous dites qu’il y a beaucoup de bourdons dans votre vie, mais je les appelle musiciens. Chaque pensée désagréable est un musicien, une musique désagréable. Vous demandez : « Pourquoi les pensées et les souffrances qu’ils nous apportent nous sont-elles aussi désagréables ? » Parce que vous êtes malades, mais lorsque vous guérirez, vous aimerez ces musiciens. Quant à ces souffrances, elles renouvellent l’être humain. Revenons à la pensée du Christ. Le scribe est ce maître-là qui connaît les lois. Que savent aujourd’hui nos enseignants et religieux sur le genre humain ? Les enseignants doivent utiliser les mathématiques pour connaître les gens selon leurs fronts, leurs nez, etc. Que ceux qui s’occupent de mathématiques, étudient ces formules et qu’ils déterminent par la géométrie les angles des plus petits aux plus grands et la signification de la ligne curviligne, etc. On dit que la ligne curviligne est formée par la rotation d’une droite autour d’un axe et lorsque cette ligne curviligne se met à tourner, une sphère se forme. Que signifie cette sphère ? Elle est l’élargissement de vos pensées et sentiments. Si vous évoluiez dans un monde qui avance dans un sens unique, vous n’auriez aucun développement, c’est un monde d’un cercle d’une seule dimension. Si deux êtres se rencontrent, ils ne pourraient pas se croiser, car chaque contournement impliquerait un élargissement. Comment ferez-vous se croiser ces deux créatures ? L’une passera sur le dos de l’autre. C’est pour cette raison que les Bulgares disent que celui qui se traîne doit supporter que les autres lui passent sur le dos : ce sont ceux qui avancent dans une seule dimension. En revanche ceci ne peut nous montrer le véritable chemin dans la vie. Le Christ a caché quelque chose dans chacune de ses pensées. Il a dit : « Je peux vous dire beaucoup de choses, mais vous ne pouvez pas les porter aujourd’hui »[3]. Ces choses seront dites aux humains lorsqu’ils seront suffisamment évolués pour les comprendre. Les Américains sont aguerris dans la compréhension de ces lois. Par exemple, avant un mariage, ils n’envoient pas de marieurs pour une entremise, mais ils envoient les futurs mariés chez un phrénologue qui les étudie et se prononce sur l’opportunité de l’union. Ils les envoient ensuite chez un physionomiste, puis chez un astrologue, et si tous les renseignements collectés leur sont favorables, alors ils se marient et forment un couple heureux. Ainsi, lorsque les gens se marient, les centres de leurs cerveaux doivent être en corrélation. Si les énergies entre les centres de l’intelligence de l’homme et de la femme ne se combinent pas correctement, cela engendrera nécessairement une situation de tension. La raison en est que d’un côté ou de l’autre il reste de l’énergie en surplus inutilisée et elle produit le mal. C’est pour cette raison qu’une femme mécontente de son mari en recherche un autre sur lequel déposer son énergie en surplus et faire ainsi un échange sans pertes. Mais cela doit se faire sur un plan spirituel entre ces deux personnes qui, en investissant ainsi leur énergie en surplus, rétabliront l’harmonie entre elles. En ne comprenant pas la situation de sa femme, le mari dit : « Tu ne peux pas avoir des liens d’amitié avec d’autres hommes », alors commencent les scandales et la discorde. La femme agit de même envers son mari lorsque, afin d’investir son énergie spirituelle en surplus, il recherche une autre femme plus évoluée hors du foyer avec laquelle entrer en communion spirituelle, les discordes recommencent. Je dis à ces gens : « Vous avez mal commencé et vous allez mal finir, car à la différence du scribe, vous n’avez pas vu ce que vous avez dans le sac ». L’homme et la femme sont deux scribes qui ne comprennent pas les lois alors qu’ils doivent s’y soumettre. Ainsi, en vous mariant, tirez le neuf et le vieux que vous avez à votre disposition. Avant le mariage, les jeunes gens disent que dans leurs sacs tout est en ordre, mais après le mariage ils ouvrent les sacs et ce qui a été annoncé n’est pas la réalité. Tout ceci a trait à la vie moderne et les Bulgares qui veulent corriger leur vie doivent observer ces lois. Je me dis parfois : « Pourquoi je remue le couteau dans les plaies des gens et je me crée ainsi tant d’ennemis ? » Si vous avez une entorse et que vous faites appel à un ostéopathe expérimenté pour la soigner, quand bien même il fait attention, il vous fera un peu mal. Est-ce de sa faute s’il vous a causé du mal pour vous guérir ? À la fin vous le remercierez de vous avoir soigné. Vous êtes malades et vous appelez un médecin pour vous ausculter ; il vous donne un médicament amer, mais vous n’aimez pas ces médicaments amers et vous êtes remontés contre le médecin. Voilà pourquoi les enfants qui ont pris des remèdes amers ne veulent plus entendre parler de médecins. Vous avez un abcès et vous appelez le chirurgien pour l’examiner ; il prend ses instruments, puis fait une entaille et le vide : ceci fait mal au patient, mais ce n’est pas la faute du médecin. De ce point de vue, j’aimerais que vous soyez tous des ostéopathes, des chirurgiens, et que vous fassiez bien votre travail, dans les règles de l’art. Si l’homme a de l’énergie en surplus, qu’il la place chez une autre femme, mais intelligemment ; si c’est la femme qui a de l’énergie en surplus, qu’elle la place chez un autre homme, mais intelligemment et avec probité. L’échange spirituel est nécessaire pour avoir de la croissance, de la paix et de l’harmonie. Les Bulgares connaissent cette façon d’échanger l’énergie et organisent pour cette raison des fêtes de village. Des gens de dix ou vingt villages se rassemblent et se mélangent : ils partagent, dépensent leur énergie en surplus et se soignent de la sorte. Chacun rentre chez lui satisfait. Certains disent : « Nous ne voulons pas de vieilles choses, mais des nouvelles » ; le nouveau n’obtient pas d’aussi bons résultats. J’ai observé les anciens Bulgares : lorsqu’ils font cuire les haricots ils jettent l’eau de la première cuisson et finissent de les cuire dans la seconde eau. La première eau n’est pas saine, mais on dit maintenant que c’est idiot et qu’il ne faut pas gaspiller le bois. Un médecin anglais ou allemand recommande la même chose : jeter l’eau de la première cuisson car elle serait mauvaise pour la santé. J’aimerais que les Bulgares reviennent aux anciens coutumes populaires, éprouvées par des lois psychologiques essentielles et qui donnent de bons résultats. Le Christ dit que le scribe instruit est semblable à ce maître de maison qui tire de son trésor le neuf et l’ancien. La science moderne suit le même chemin. Toutes les nouvelles découvertes ne sont pas encore bien comprises, on n’y a pas encore découvert ces vérités, connues depuis des temps immémoriaux par les peuples d’antan. Dernièrement on a découvert par exemple l’élément radium, mais les raisons de ses propriétés ne sont pas connues. L’énergie vitale contenue dans la nature et dans tous les éléments n’est pas encore découverte : elle est appelée prana ou électricité vivifiante par les hindous. Ces énergies se trouvent aussi dans notre organisme, dans les éléments hydrogène et oxygène, mais elles ne sont pas de l’oxygène ni de l’hydrogène, ceux-ci ne sont que les porteurs de ces énergies. N’ayant pas de notions justes de tous les phénomènes dans la nature, nous créons une civilisation bancale. Nous critiquons sans cesse que celui-ci ou celui-là ne vit pas une vie vertueuse, que celui-ci ou celui-là est mal élevé. Je demande : quelles sont les règles pour vivre afin de les appliquer ? Qu’est-ce que l’éducation ? Il ne faut pas de critique dans le christianisme, mais des savoirs et des vertus. La critique doit se baser sur une compréhension intérieure des choses, capable de changer et de corriger notre vie. Pour y arriver les européens doivent faire au moins une centaine d’expériences afin d’appliquer la nouvelle culture et les nouvelles formes de gouvernance. Les relations des domestiques envers leurs maîtres naissent de celles des enfants envers leurs parents : père et fils, mères et filles créent toute la dysharmonie dans le monde. Si la mère violente sa fille, celle-ci agit de même envers elle ; la fille ensuite traite les domestiques comme sa mère la traite. C’est sur les bases de cette hiérarchie que sont apparus les domestiques et les maîtres car ils ne comprenaient pas cette grande loi. Le père prend la place de ce sage vieillard et le fils, la place du fort. Le père dira : « Je serai le point d’appui autour duquel tu vas tourner dans des milliers, des millions de directions, tu peux faire tout ce que tu veux, mais ne quitte pas ton point d’appui ». Si le fils dit que le père est idiot et veut s’en séparer, tout se dérègle. Dans ce cas, le père n’est pas fort, mais le fils est perdant aussi car même s’il est fort, resté seul il n’est plus intelligent. Les enfants ont une aspiration vers leurs parents car ils ont besoin de leur sagesse et de leur expérience. Pour cette raison, les parents doivent tirer le neuf et l’ancien de leurs sacs pour voir ce qu’ils peuvent leur donner. Les parents doivent savoir quelle nourriture donner aux enfants le lundi, le mardi, etc. car c’est la nourriture qui construit les gens. Prenez l’homme le plus cultivé et donnez-lui de la nourriture grossière, vous allez changer sa vie ; nourrissez quelqu’un de rustre avec des mets délicats, dans les dix ans il changera son mode de vie. Je me réjouis qu’apparaissent maintenant des courants plus proches de la nature comme le végétarisme. Pour autant, ce n’est pas encore une très bonne approche pour les régimes alimentaires, car la nature a créé toutes sortes d’aliments et chacun doit se nourrir avec une nourriture adaptée à son organisme. Chaque individu, chaque peuple, chaque société doit choisir une nourriture appropriée qui donne les meilleurs résultats. L’extermination excessive de mammifères crée une anomalie dans la nature. La plupart des maladies sont dues à l’extermination des mammifères et des oiseaux. Comme leur évolution est stoppée ainsi, toutes les forces censées contribuer à leur bien-être restent inutilisées, ce qui engendre un chaos qui cause les maladies. Savez-vous ce qu’il advient après que tout ce sang animal ait été versé ? Dans ses exhalaisons se forment des cultures de bacilles nuisibles qui causent tout le mal au monde organique. Pour retrouver un équilibre, la nature devrait puiser cent millions de litres de sang afin de contrebalancer celui versé par les animaux. Mais aujourd’hui, dans cette guerre, on a perdu plus de deux cents millions de litres de sang humain. Certains voudront que je prouve ce chiffre. J’ai une série de preuves et je vois que les lois dans la nature se révèlent justes aussi par rapport à votre vie. Si vous battez ou insultez votre père, vérifiez ensuite que vous avez la même disposition d’esprit qu’au préalable. En particulier, s’il s’agit d’un poète, qu’il essaie après coup d’écrire quelque chose de beau. De même un écrivain ou un dramaturge qui bat sa femme : peut-il ensuite rédiger une pièce ou un livre ? Une femme qui a tenté d’empoisonner son mari, perd sa beauté. Si deux jeunes gens se promettent de se prendre pour époux et que leur promesse est saugrenue, alors ils ne doivent pas l’honorer. Si je promets de rencontrer cent personnes aujourd’hui et d’avoir une discussion intelligente individuellement avec chacun, il n’est pas pensable de s’y tenir. Le désir d’honorer une promesse irréalisable est dictée par l’orgueil de quelqu’un d’honnête. Mais l’honnêteté véritable est chez celui qui pense et agit avec justesse. Maintenant vous, hommes et femmes, vous êtes ce scribe instruit, et le neuf et l’ancien que vous tirez de votre trésor sont vos filles et vos fils. Si la mère met au monde un enfant incapable et revêche, c’est l’ancien habit. Si elle comprenait la loi, elle mettrait au monde un enfant intelligent qui est l’habit neuf. Mais sur le plan physique cet enfant intelligent évolue dans un milieu inapproprié pour lui : il veut travailler, se manifester, mais sa mère ne l’autorise pas à travailler, ni à fréquenter d’autres enfants, etc. Ne peux-tu pas donner du travail à ton petit garçon ou ta petite fille ? Donne des poupées à la fille afin qu’elle joue et qu’elle tire une morale de ses jeux. Le père dit souvent : « Je n’ai pas le temps de m’occuper des enfants maintenant, je dois veiller à mes prêches et à mes devoirs ». Vous pouvez beaucoup prêcher, faut-il encore tirer une certaine moralité de chaque prêche. Lorsque vous ressentez une certaine indisposition de l’estomac, c’est le signe qu’il règne une certaine dysharmonie parmi les gens autour de vous ; lorsque vous ressentez un poids dans les poumons, c’est que vous êtes en dysharmonie avec le cœur des autres ; si vous ressentez un resserrement dans la tête, c’est le signe que vous êtes en dysharmonie avec les pensées des autres. Si tu es indisposé dans ta chambre, sors dehors pour changer d’endroit et ton état changera aussi. Si tu te retrouves dans une société et que tu ressentes de l’ennui, sors et rends toi dans une foire ou une fête de village sans te dire que les gens sont mauvais. Vous dites : « Nous sommes des gens pieux, aller à la fête de village n’est pas digne de Dieu ». Oui, mais lorsque le médecin vient avec une injection et te fait prendre de la quinine ou lorsque tu te mets à couper la viande pour faire des steaks ou lorsque deux époux se querellent, est-ce digne de Dieu ? Qu’est-ce qui est digne de Dieu ? Toutes les choses que nous faisons ne sont pas dignes de Dieu, c’est-à-dire ne sont pas raisonnables, mais nous nous croyons des idéalistes. Idéalistes en haut et matérialistes en bas : nous parlons de Dieu, mais nous remplissons notre portefeuille ; nous veillons sur des malades, mais nous nous garantissons des revenus. Prêtres, enseignants, magistrats, tous se croient à leur place, mais comme le scribe, ils ont perdu cette grande loi qui permet de reconnaître les choses. J’appellerai bon, seulement celui qui, lorsque je le rencontre sera capable de changer ma disposition d’esprit. Je croise par exemple une femme et je commence à discuter avec elle. Si elle a de l’énergie en surplus et que cette conversation change ma mauvaise disposition d’esprit, elle est quelqu’un de bien. Le fait qu’elle vous a fait retrouver une bonne disposition est le signe d’un échange correct des énergies entre vous. Si deux négatifs se croisent, cela ne donnera rien, ils ne sont pas faits l’un pour l’autre. Faites vos conclusions et observations entre gens religieux. Je vérifie maintenant cette loi avec une précision mathématique. C’est pour cela que le Christ dit : « Le scribe instruit doit savoir ce qu’engendrent son intelligence, son cœur et son estomac ». Certains religieux disent que le Seigneur doit détruire le ventre. Oui, le ventre est quelque chose d’indomptable, mais l’estomac est un beau poulain qu’il faut nourrir d’une très bonne nourriture. Cela dit, notre estomac est en grande souffrance car nous lui faisons violence. Un Bulgare, Ivan, est allé visiter un paysan. Celui-ci l’a bien accueilli et lui a proposé un verre, mais Ivan a refusé. Le paysan a insisté en lui disant : « Tu ne peux pas refuser, bois à la santé de ma femme ». Ivan a bu à la santé de sa femme. Il a dû ensuite boire à la santé de ses enfants, etc. jusqu’à ce qu’il ait tant bu qu’il a à peine réussi à se lever pour partir. Il est alors allé faire boire son cheval à la fontaine. Le cheval a bu à satiété. Son maître a voulu qu’il boive davantage, mais le cheval a refusé. Alors Ivan s’est dit : « Tiens, tiens, ce cheval est plus intelligent que moi : il ne boit à la santé de personne d’autre contrairement à moi ». Nous devons manger, boire, penser, sentir et agir autant qu’il nous est nécessaire. C’est la science de l’avenir : laisser la liberté à l’intelligence humaine, à la pensée, aux sentiments et à la volonté. Vous, les mères qui avez tant lavé les oreilles de vos enfants, savez-vous deviner grâce à elles leur longévité ? En regardant votre oreille, je devine combien d’années vous vivrez, de quelles maladies vous souffrirez et de quoi vous mourrez. Je vois la même chose sur un ongle : toutes les maladies y sont écrites comme dans un livre. Vous vous regardez parfois dans le miroir et n’aimez pas vos lèvres car elles sont pâles, c’est le signe d’une anémie. D’autres ont des lèvres rouges et les médecins disent qu’ils ont plus de globules rouges. Les lèvres minces montrent que tes sentiments sont en faillite ou que tu es avare. Parfois la jeune fille serre exprès ses lèvres pour qu’elles paraissent plus minces ; le jeune homme trouve cela mieux en se disant qu’elle ne donnera pas son cœur à un autre. Les lèvres minces sont un mal, les lèvres épaisses, un autre mal. Selon la taille, il faut avoir une proportionnalité entre la largeur de la poitrine, des lèvres et du front. Si nous portions des idées divines dans notre mental, les générations seraient créées selon toutes les bonnes règles et les enfants nous aimeraient. C’est pourquoi le Christ dit : « Ce scribe s’est mis maintenant à soustraire ». Que signifie le cou épais ? Quelqu’un de petit, mais avec un cou épais et court, risque d’avoir bientôt affaire au curé. S’il mange un peu trop un soir, on pourra entendre dire le lendemain qu’il a trépassé brusquement. Si quelqu’un mesure 1,75m, mais que son cou mesure 34 cm, un tel individu souffre d’une poitrine trop fragile. Quelqu’un dit : « Ma fiancée à un cou fin » ; c’est mieux d’avoir un cou moins fin, sinon elle ne doit pas se marier car elle ne pourra pas être mère. Vous me demanderez quel rapport cela a avec le christianisme. Ces choses ont un rapport essentiel car c’est cela le christianisme : savoir lire sur soi le bon et le mauvais. Par ancien, on comprend toutes les erreurs qui sont inscrites en nous et par neuf, tout le bien inscrit en nous ; en connaissant ces choses, nous pouvons les combiner pour rendre notre vie meilleure, conformément à cette connaissance. Il faut créer à l’avenir des écoles pour étudier les yeux, les oreilles, la partie supérieure et inférieure de la tête, les fronts, les nez, les mentons, puis les poumons, l’estomac, les tissus, le système nerveux et sa réactivité, etc. Une fois ces données récoltées, nous pourrons créer des gens de bien. En le sachant, nous pourrons choisir ceux qui nous confectionneront des vêtements ou qui nous fabriqueront les chaussures. L’énergie de certains est très pesante et je ne les laisserais pas me confectionner de vêtements : un tel vêtement créera une mauvaise disposition chez celui qui le porte. Certains construisent des maisons en y laissant les pensées et les sentiments les plus noirs, et ainsi tous ceux qui y vivent se meurent. Je n’autoriserais pas un prêtre ou enseignant en proie à de telles pensées à entrer dans ma maisons et à dire des prières. Ce ne sont pas seulement des affirmations, mais le fruit de mes observations. Donne tes vêtements à fabriquer à celui que tu aimes. Lorsque tu entreras dans un magasin, tu achèteras quelque chose seulement si le marchand te convient. Le vieux Bulgare qui a plusieurs belles-filles dit : « Je veux que la plus jeune me fasse le pain ». Pourquoi ? Il sait pourquoi il demande du pain à la plus jeune : en pétrissant le pain, elle y mettra son énergie vivante et l’enveloppera de bonnes pensées ; si la belle-fille la plus âgée faisait le pain, l’estomac du beau-père se déréglerait. Si la maîtresse de la maison est démagnétisée et que la maison entière s’en trouve perturbée, le mari doit louer les services d’une domestique bien portante et vigoureuse qui fasse toutes les tâches ménagères, et envoyer sa femme en vacances pour se reposer et reprendre des forces. Ne mettez jamais quelqu’un de nerveux et d’austère en cuisine chez vous, mais toujours quelqu’un de bien portant, en chair, et joyeux. C’est cela le symbole du scribe qui tire de son trésor le neuf et l’ancien : il montre à quoi sont dues les souffrances de notre vie. Ainsi, lorsque le jeune homme se marie avec une fille sèche, qu’il sache que cela ne donnera rien. C’est la même analogie dans le monde spirituel : ceux qui sont très secs n’ont pas cette compréhension spirituelle, élevée, ne sont pas du monde divin pour la simple raison qu’ils contiennent trop d’acides qui suscitent une suractivité, alors que ceux qui sont plus enveloppés agissent comme des bases. Les secs sont actifs, les enveloppés, passifs. Le monde n’est pas pour autant constitué uniquement de bases ou d’acides, mais aussi de quelque chose d’intermédiaire, les enfants. Commencez dès à présent à soustraire le neuf de l’ancien. Et avant cela, mesurez votre nez, votre menton, la lèvre inférieure et la lèvre supérieure, examinez vos yeux et voyez pourquoi ils sont parfois plus largement ouverts et parfois moins, pourquoi ils sont parfois plus clairs et d’autres fois plus sombres, etc. Il y a entre toutes ces choses une certaine corrélation. Si vous examiniez ainsi les choses, vous pourriez comprendre le sens intérieur de la vie. Les occultistes disent sur les sentiments de quelqu’un : « Son corps astral et son corps physiques ne sont pas bien corrélés » ou bien « son corps mental n’a pas de lien conforme avec son cerveau physique ». Je remplace le corps mental par le cerveau, le corps astral par les poumons et le corps physique par l’estomac, et je dis que le rapport entre l’estomac, les poumons et le cerveau n’est pas juste. Ainsi, observez si les oreilles des gens ont beaucoup de plis, si elles sont larges ou étroites ; observez les yeux des gens qui ont atteint un âge très avancé et ceux des jeunes aussi. Lorsque ces méthodes éducatives s’appliqueront dans la vie familiale, aussitôt les hommes et les femmes s’entendront. C’est l’enseignement que le Christ a légué à l’humanité. Les hommes et les femmes qui se marient ne doivent pas avoir le même tempérament, le même cerveau, leurs doigts et leurs nez ne doivent pas être les mêmes : ils représentent le neuf et l’ancien dans le monde. Si les doigts de l’homme sont longs, ceux de la femme doivent être plus courts. Lorsque vous choisissez une domestique, veillez à ce que les mêmes rapports existent entre elle et la maîtresse de maison. Chacun est né pour faire un certain travail qui correspond à ce dont il s’occupera. Les Américains en ont pleinement conscience et soumettent les candidates pour le travail de la maison à un phrénologue : qu’il se prononce si elles sont aptes ou non. Tous les animaux et insectes sont créés par Dieu pour faire un travail spécial. Lorsqu’on trouve sa place on est heureux, sinon on est malheureux. Il faut à l’avenir avoir des instituts qui examinent les gens avec qui nous voulons engager une entreprise commune, et ceci éviterait une grande partie des désagréments. Ceux qui vivent selon ces lois de la nature souffrent moins, alors que ceux qui ne vivent pas ainsi sont pourchassés par le destin. Arrêtez-vous sur ce scribe et réfléchissez sur le neuf et l’ancien. Vous ne soulèverez pas le monde entier, mais vous pouvez aider votre monde et vos proches. Si tes lèvres sont pâles, prie qu’elles rougissent ; si ton nez est écrasé, respire profondément pour qu’il s’agrandisse ; si tes yeux ont perdu leur éclat, prie qu’ils le retrouvent. Le côté négatif doit devenir positif. Si tu ressens un rythme cardiaque trop fort, c’est qu’il y a une dualité dans tes sentiments : mets plus d’amour dans ton cœur, laisse libres tes sentiments, le rythme cardiaque s’apaisera. La limitation des sentiments provoque un changement dans le cerveau, le cerveau dans la circulation sanguine, la circulation sanguine dans l’estomac, etc. Le rythme cardiaque trop rapide est le résultat d’une lutte entre deux sentiments : cessez cette lutte et il va s’apaiser. Le mal de tête est le signe d’une pensée qui vous tourmente, conciliez les pensées contradictoires entre elles et le mal de tête disparaîtra. Un commerçant qui a fait faillite est anxieux et un mal de tête l’assaille : neutralisez la réaction des pensées et des sentiments et vous serez bien portants. Cela relève de la science, de la volonté, du christianisme, de la culture, de la religion : être maîtres de nous-mêmes et secourir autrui. Lorsque nous croisons quelqu’un d’énervé, nous l’évitons. Non ! il faut l’influencer d’une autre manière. On agit de même face à celui qui s’est rendu coupable d’un crime, il est aussitôt condamné à la prison. Non, ! le jugement doit se faire selon les règles de ce scribe qui « tire le neuf et l’ancien de son trésor ». Il faut réformer dans le même esprit les écoles, les tribunaux et le régime social moderne afin de rajeunir les familles, et que tous soient joyeux comme le Seigneur l’exige. On considérait jadis que les religieux se devaient de marcher tête baissée. Celui qui marche tête baissée montre qu’elle est pleine et qu’il doit distribuer. Celui qui ressemble à un point d’interrogation ou à une virgule, doit beaucoup donner. Celui qui lève la tête montre qu’elle est vide : il n’y a rien à lui prendre. Les querelles sont le signe du vieux temps ; aujourd’hui tous se querellent et se disputent. Dans le tramway chacun se bat pour s’asseoir et pour choisir sa place, etc., ils prennent des positions et les abandonnent ensuite. Le nouvel enseignement, c’est de ne pas dépenser son énergie sans discernement, mais de l’employer à bon escient, sinon le médecin visitera cette maison et qualifiera ces gens de neurasthéniques, psychotiques, maniaques, etc. À mon sens, ces gens souffrent d’un manque, d’une perte d’énergie : c’est le manque de tonus sanguin. Mettez en accord vos pensées, vos sentiments et votre volonté et tâchez de construire votre vie avec le neuf et l’ancien. Sofia, 29 juin 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] Cette date correspond dans le calendrier julien, en vigueur en Bulgarie jusqu’au 31 mars 1916, au jour de l’équinoxe du printemps, dans le calendrier grégorien cette date correspond au 22 mars. [2] Le mot éducation s’écrit en bulgare : възпитание (vazpitanie) et provient de la racine питая (pitaia) – nourrir. [3] « J'ai encore bien des choses à vous dire mais vous ne pouvez les porter maintenant. » (Jean 16, 12)
  6. Le petit commandement « Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. »[1] Matthieu 5 :19 Il y a de grands et de petits commandements, de grandes et de petites lois. Le Christ dit : « Celui qui supprimera l'un de ces plus petits commandement sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, sera appelé grand ». Ayez en tête que ces lois dont parle le Christ ne se fabriquent pas, mais existent depuis toujours, et chaque culture, chaque manifestation dans le monde leur est due. Notre moralité est à la mesure de notre compréhension de ces commandements. Les philosophes modernes disent que les perceptions des gens sur les choses sont relatives, conformes à leur point de vue. Ceci est en partie vrai, mais si notre compréhension est insuffisante cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de lois absolues qui régulent les rapports entre les humains : la justice est justice à toutes les époques, le bien est bien à toutes les époques, l’amour est amour à toutes les époques, etc. Nous pouvons avoir une conception différente du bien, de la justice, de l’amour, mais elle se rapportera à nous et non pas au grand univers qui contient tout en lui. Le mal commence là où commencent les petits commandements. Nous pouvons penser que toutes les souffrances sont le résultat de la transgression de petits et de grands commandements, mais je n’expliquerai pas en détail les causes et les conséquences lorsqu’un commandement est outrepassé, c’est une vaste question sur laquelle nombre d’articles ont été écrits. Je m’arrêterai uniquement sur deux points : sur les petites et les grandes lois. Dans une causerie le Christ dit que l’incroyant pour le petit est aussi incroyant pour le grand, et le croyant pour le petit est aussi croyant pour le grand. Quelqu’un dit : « Ce commandement est petit, pourquoi le respecter, moi je vais respecter les grands commandements ». Non, celui qui n’est pas capable de respecter les petits commandements ne peut pas respecter les grands commandements non plus. Souvent le respect des lois se fait par un biais physique, purement matériel. L’état promulgue ses lois pour s’assurer que ses citoyens s’acquitteront de leurs devoirs. Les Bulgares se distinguent par leur grand courage et rechignent souvent à se plier aux lois, mais si tu leur montres le bâton, ils cèdent aussitôt. On raconte une anecdote sur les Bulgares de l’époque de l’occupation turque. Ils avaient coutume de se rassembler au village et de discuter calmement entre amis. Pendant la discussion ils prenaient un bâton et se mettaient à le tailler grossièrement tout en parlant, car dans leur narration ils étaient des héros pleins de bravoure. L’un d’eux prend la parole et dit : « Savez-vous, mes frères, que l’usurier est venu au village pour collecter l’impôt ? – Eh, alors ? disent les autres en faisant de grosses entailles dans le bâton, nous ne le paierons pas ! – Oui, mais ceux qui refusent, se font molester, il leur en fera voir de toutes les couleurs. – Alors, dans ce cas, nous aussi, nous amasserons de l’argent par ci par là pour payer l’impôt. » Puis ils commencent à tailler le bâton très finement. Nous agissons de la même façon : en bonne santé nous parlons et nous taillons le bâton en gros morceaux, mais une fois malades nous commençons à tailler le bâton en tout petits morceaux. C’est le respect mécanique de la loi : il faut craindre le châtiment pour la respecter. C’est ainsi que les lois sont respectées aujourd’hui partout dans la sphère privée, dans la sphère publique, dans la vie politique ou spirituelle. Par conséquent, les lois sont suivies de nos jours non de plein gré, mais par la force. C’est pourquoi celui qui transgresse les lois est privé d’héritage, exclu de la société ou d’un autre groupement, il y a partout des mesures coercitives pour faire respecter la loi. Vous direz : « N’est-ce pas que chaque peuple a sa logique et sa façon de raisonner ? » Oui, chaque individu isolé ou chaque famille, chaque société peut avoir sa façon de raisonner, mais elle ne changera pas la loi divine sur laquelle repose notre développement. Tant que nous sommes en accord avec ce commandement dont parle le Christ, il y a en nous une croissance, un essor dans nos pensées et dans nos sentiments, un envol de notre volonté et nous pouvons alors facilement nous entendre. Ce sera ainsi tant que nous serons reliés aux petits et aux grands commandements. Mais à l’instant où nous transgresserons consciemment ou inconsciemment l’un de ces commandements, petit ou grand, l’équilibre en nous sera altéré. Nous ne pouvons pas comprendre la raison de notre anxiété, nous sommes de mauvaise humeur, mécontents et cherchons la cause du problème chez les autres. Cette anxiété peut provenir de quelque chose. Par exemple, tu es quelqu’un de cultivé et de spirituel et tu croises un berger qui fait paître ses moutons ; tu te dis : « Quelle délicieux repas je pourrais me concocter avec ces agneaux ». Tu en prends un et tu l’égorges ; peu de temps après, une tristesse inexplicable s’empare de toi. Ou bien, un riche voit un enfant et dit : « Ce pauvre enfant peut réussir dans la vie », et il finance ses études. Je prends l’agneau comme le symbole de tous nos mauvais agissements et je ne pointe pas le fait de manger de la viande. Nous nous croyons très cultivés et malgré cela le monde entier souffre. Les juifs non plus n’arrivent pas à se débarrasser de leurs souffrances. Aujourd’hui, tous s’interrogent sur les raisons des souffrances. Les uns pensent que ce sont les riches qui causent les souffrances de l’humanité ; d’autres pensent que ceux qui gouvernent sont fautifs, et ainsi de suite, alors que la cause de nos souffrances sont ces agneaux que nous avons mangés. Lorsque vous mangerez l’un de ces agneaux, tous dans votre famille auront des désagréments leur vie durant. Vous avez transgressé l’un des petits commandements et vous serez appelé le plus petit dans le Royaume des cieux. Vous me demanderez : « Qu’est-ce que nous devons faire, nous qui avons mangé tant d’agneaux ? – Vous serez le plus petit dans le Royaume de Dieu. – N’y a-t-il pas d’exception ? – Non ! » Et celui qui a observé les plus petits commandements et qui n’a convoité aucun agneau sera le plus grand au Royaume de Dieu. Je prends le mot convoitise au sens péjoratif. Toutes les souffrances dans le monde sont le résultat de mauvais désirs car ils engendrent de mauvaises pensées, et les mauvaises pensées nuisent à notre cerveau, à notre cœur et à notre organisme en général. Dans ces cas, les médecins déclarent qu’il y une intoxication du sang, etc. C’est vrai, mais la nourriture que nous acceptons détermine la qualité de tous nos actes. Quelqu’un me dira : « Peut-on vivre sans désir ? » Je ne dis pas qu’il ne faut pas désirer, mais il faut apprendre la grande loi à observer : il faut savoir si ce qu’on désire est bon pour soi, pour ses proches, pour son peuple, pour toute l’humanité. L’organisme vivant ne doit pas être créé de façon précaire. Vous donnez vie à un enfant, mais moins de deux à trois ans après le Seigneur vous prend cet enfant. Vous pleurez et ne comprenez pas pourquoi votre enfant est mort. La raison en est dans vos désirs, les transgressions du plus petit commandement qui vous ont appelé les plus petits dans le Royaume de Dieu. On entend par petit, celui qui est faible et qui succombe à toutes les tentations, à toutes les influences. Il n’y a pas de résistance morale chez le faible qui se dit : « Quoi qu’il advienne, la vie continue ». Peut-on appeler une vie celle de la truie dans la porcherie, nourrie par son maître trois à quatre fois par jour ? Elle pense qu’il n’y a pas meilleur que son maître, qu’il n’y a pas de vie meilleure que la sienne. Je demande : comment est notre vie actuelle par rapport à notre vie future ? Pour être grands dans le Royaume de Dieu, il faut faire naître en nous le désir ardent de nous élever en tant que créatures pensantes et d’accomplir le commandement divin suprême dans toute sa plénitude. Tous les écrivains contemporains disent que pour être grand, un individu doit avoir une volonté puissante jusqu’à observer le plus petit commandement dans toute sa plénitude sans le transgresser. Nous nous retrouvons souvent dans la situation de cet américain qui était préposé à l’ouverture et à la fermeture d’un pont mobile lorsque les trains passaient. Il habitait une tour à l’entrée du pont. Un jour il a ouvert le pont, mais ne l’a plus refermé ; beaucoup de trains se sont retrouvés bloqués. Il a dit : « Aujourd’hui je suis le maître de la situation et les trains repartiront lorsque je l’aurai décidé ». Comment a-t-on traité son cas ? On a envoyé une équipe pour le descendre du pont et une autre personne a été dépêchée à sa place pour fermer le pont. Nous faisons de même, nous ouvrons le pont et nous ne le fermons pas en disant que nous sommes les maîtres de la situation et que tout dépend de notre bon vouloir. Mais le Seigneur enverra une délégation quelque temps après pour vous démettre de votre fonction, vous serez alors les plus petits dans le Royaume de Dieu. Qui est le plus petit ? Celui qui n’accomplit pas la volonté divine ni par le cœur, ni par l’intelligence, ni par l’âme, ni par l’esprit. Avez-vous entendu ce que se disent deux jeunes gens avant leur mariage lorsqu’ils sont au milieu de la nature ? Ils se promettent des choses merveilleuses, se disent des mots très doux (mon ouïe est très développée, j’ai pu suivre toute leur conversation). Si ces jeunes gens appliquent ce qu’ils se promettent, le Royaume de Dieu s’instaurera dans leur vie dans toute sa plénitude. Mais qu’est-ce qui se passe après le mariage ? Ils tournent la feuille de la vie sur le verso, oublient toutes les promesses données, commencent à transgresser les petits commandements, alors les malheurs les frappent et leur vie se dérègle. Quelle est la raison de ces malheurs ? Vous n’avez pas tenu vos promesses du jardin. Non. Sortez tous vos calepins dans lesquels sont écrites vos promesses. La femme qui se marie dit : « Je me suis trompée, je n’ai jamais pensé que c’était un tel diable », le mari de son côté dit : « Comme elle était douce jadis, un vrai séraphin, et aujourd’hui elle se montre plus terrifiante que le pire diable des enfers, comment tenir mes promesses ? » Je demande : comment est-ce possible que le mariage transforme les gens d’anges en démons ? Si c’est le cas, il vaut mieux ne jamais se marier. Ce n’était donc pas un accord par amour, amour pour Dieu. En principe, je parle sans rapport à votre vie personnelle. Cette loi me concerne comme vous et comme tous les anges, c’est la même pour tous. Je défends l’idée que l’individu est bon uniquement à l’instant où il agit bien, il est juste à l’instant où il agit avec justice, il est aimant uniquement à l’instant où il manifeste l’amour, etc. Dès qu’il cesse d’agir de la sorte, il n’est ni bon, ni juste, ni authentique, etc. Tant que tu observes ces lois, tes pensées progressent en souplesse, en douceur. Dans ce cas, si tu es peintre, écrivain ou ménagère, tous tes travaux se font avec élan, avec enthousiasme. Mais dès l’instant où tes pensées s’en écartent, tu descends d’une sphère plus élevée vers une sphère plus basse. Je m’imagine ces sphères formant un cercle infini qui en descendant se rétrécit et prend la forme d’un cône. Certains disent qu’il y a sept sphères alors que je trouve pour ma part qu’il y en tout sept fois sept millions. Vous descendez de plus en plus bas dans ce cône et vous vous dites : « Dois-je descendre davantage pour voir ce qu’il y a ? » Tu arriveras à la sphère la plus basse du cône et tu t’arrêteras à son centre ; transformé en une créature microscopique tu diras : « Seigneur, pourquoi suis-je devenu si petit ? » Parce que tu es l’un des grands philosophes venu apprendre à observer le plus petit commandement dans la vie. Le processus du développement est inverse, c’est-à-dire que pour t’élever du champ où tu es tombé, tu ne repasseras pas par le même chemin. Tu commenceras en traversant l’ouverture étroite du cône pour entrer dans un autre cône qui touche le premier par son sommet et tu débuteras ton évolution. Tu passeras ainsi d’une sphère à un autre jusqu’à venir dans le monde nouveau. À peine entré dans ce nouveau monde, un philosophe te croisera et te dira : « Pourquoi, nous les humains, ne vivons-nous pas comme cela nous chante, pourquoi ne nous manifestons-nous pas indépendamment de tous les commandements ? » Tu lui demanderas : « Es-tu déjà descendu dans le cône de la vie ? – Non. – Descends pour voir comment on y vit. J’y suis allé une fois et pour rien au monde je n’y descendrai une deuxième fois. » Beaucoup parmi vous descendront dans ce cône, et en passant par l’ouverture étroite vous vous rappellerez mes paroles. Celui qui est passé une fois par l’ouverture étroite du cône devient grand dans le Royaume de Dieu, et celui qui s’est arrêté dans le premier cône, s’appellera le plus petit dans le Royaume de Dieu. Celui qui s’est arrêté dans le premier cône est dans la situation de la fourmi tombée dans le piège du fourmilion : il l’attrape progressivement par une patte, puis une autre, jusqu’à en finir avec elle. Ainsi : « Celui qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, sera appelé le plus petit dans le Royaume des cieux ; mais celui qui les observera, sera appelé le plus grand dans le Royaume des cieux ». Je vous parle sur ce verset car chaque âme a ses aspirations. Je ne dis pas que vous soyez tous bons ou tous mauvais car vous agissez mille fois dans la journée mal ou bien, et mille fois dans la journée vos désirs fluctuent. Vous vous levez le matin en disant : « À compter d’aujourd’hui je vivrai bien », mais en revenant le soir chez vous et en faisant le bilan de la journée, vous vous dites : « Cela ne s’est pas passé comme prévu car dans la vie d’aujourd’hui, avec les gens qui m’entourent, on ne peut pas vivre honnêtement ». Le commerçant dit qu’on ne peut pas vivre sans mensonge de nos jours ; l’agriculteur dit qu’il n’est pas possible lorsqu’on laboure le sol de ne pas tuer nombre de petites bêtes ; le politicien dit que dans les conditions actuelles, on ne peut pas conduire une ligne politique honnêtement ; le religieux dit la même chose ; tous disent que le temps n’est pas à une vie saine et vertueuse. Mais quand viendra ce temps-là ? La vie s’améliorerait, dit-on, lorsque viendrait la nouvelle culture. Si tu vis dans tes pensées, tu es dans le passé, par conséquent si nous vivons avec notre vie passée et que nous voulons que ceci ou cela se fasse, nous vivons dans le premier cône qui est le lieu de la mauvaise vie. La vie vertueuse est dans le second cône. J’assimile le premier cône au petit enfant : il a été d’abord un vieil homme qui a ensuite rapetissé. Cet enfant a été jadis un philosophe, un brahmine, un sacrificateur, un patriarche, un érudit qui a besoin aujourd’hui de votre aide, maintenant il s’égosille et veut être conduit vers l’ouverture étroite du cône. Vous demandez pourquoi cet enfant est venu précisément dans votre foyer. Le Seigneur l’a envoyé pour que vous lui indiquiez la porte. La mère est la porte, elle le prend et dit : « Mon enfant est très intelligent ». Savez-vous dans quel état se trouvent les mères d’aujourd’hui ? Ce n’est que lorsque leurs enfants grandissent, qu’elles les comprennent car ces enfants se manifestent à ce moment-là. Pour préciser ma pensée je vous donnerai l’exemple suivant. Un ermite, connu pour sa vie vertueuse et pieuse, vivait dans une forêt. Le diable hourdissait différents plans pour le tenter, sans y arriver. À la fin, il a décidé de rentrer dans sa gourde et d’y rester jusqu’à ce que l’ermite le boive. Mais l’ermite l’a enfermé dedans, s’est signé et l’a laissé ainsi. Dix ans après il s’est dit : « Voyons, je vais nettoyer la gourde pour m’en servir ». Il est allé à la source, a jeté l’eau qui restait et s’est versé de l’eau pure. Après avoir jeté l’eau restante, il a remarqué dans l’eau de la source un très bel enfant. Il l’a pris avec lui et l’a élevé avec soin. L’enfant croissait et se dotait d’une telle intelligence qu’il sidérait tout le monde avec ses connaissances. Un jour il a dit à son père adoptif : « Je te donnerai un vaste royaume à gouverner au lieu que tu vives dans la forêt, le monde a besoin de toi, je t’apprendrai à vivre et à devenir le mari d’une fille de roi ». Le père a accepté et son fils l’a emmené dans un autre royaume et l’a fiancé. Peu de temps après, le fils adoptif a volé tout le trésor du roi et est allé informer celui-ci que le voleur est son beau-fils. Le roi a ordonné que le beau-fils soit arrêté et pendu. Le fils de l’ermite est allé le prévenir du danger qui le menaçait, mais ce dernier n’a pas pu se protéger et l’ordre du roi devait être exécuté. Lorsqu’il est monté sur la potence, son fils adoptif s’est approché et lui a dit doucement : « Regarde au loin si tu ne remarques pas quelque chose, que vois-tu ? – Oui, je vois trois ânes. – Ne vois-tu pas autre chose ? – Je vois qu’ils sont chargés. – Que portent-ils ? – Ils sont chargés de souliers. » Alors le fils lui a déclaré : « Ce sont tous les souliers que j’ai usés, jusqu’à ce que je te mette la corde au cou… » C’est la même chose avec vous : une idée vous vient qui vous semble sublime et vous vous attelez à sa réalisation, mais si vous la réalisez, on vous met la corde au cou. Voilà pourquoi nous devons accomplir les commandements divins qui sont le fondement de notre bien-être et celui de tous autour de nous. La vie est faite de telle sorte que tout bien, toute pensée ou action est reliée concrètement à tous les humains, à toutes les plantes, à toute la matière organique, au monde invisible et toutes ses hiérarchies, à Dieu. Chacune de nos pensées et désirs se lient tantôt aux branches de ce grand Arbre de la vie, tantôt à ses racines. Je n’expliquerai pas l’importance des racines, du tronc et des branches de l’arbre. Un proverbe bulgare dit : « Les racines du savoir sont amères, mais ses fruits sont sucrés ». Si vous faites un bien, vous recevrez la grâce divine. Moïse dit : « Le Seigneur rétribue le crime des parents sur leurs descendants jusqu’à la quatrième génération et la bénédiction jusqu’à la millième génération ».[2] Donc pour réaliser les bonnes choses, il faut de longues années. La même chose se passe sur la réalisation d’une mauvaise pensée ; en revanche susciter de mauvaises pensées déclenche très vite l’avènement du mal. Ceci montre notre propension au mal. Beaucoup de saints, beaucoup d’idéalistes qui veulent voir se réaliser leurs bonnes pensées et bons désirs, disent : « Nous sommes prêts à mourir, à nous sacrifier pour le peuple pourvu que nos idéaux se réalisent, fût-ce dans mille ans ». Si un athée et incroyant se sacrifie pour le bien de l’humanité, aux yeux de Dieu il est placé très haut car il a fait un bien sans Le connaître. Beaucoup croient en Dieu, lisent le crédo, comprennent les vérités christiques, mais lorsqu’une bonne pensée leur vient, ils sont incapables de la réaliser. Pour cette raison, je vais formuler l’enseignement du Christ ainsi : « À l’avenir les athées et les incroyants hériteront le Royaume de Dieu, alors que les croyants d’aujourd’hui seront chassés du Royaume de Dieu ». Les chrétiens modernes ressemblent à ce domestique à qui le maître a demandé de labourer le champ ; le domestique a dit : « Maître, attends, je te montrerai un moyen plus facile pour labourer ». Une semaine, puis deux ont passé, mais le champ n’était toujours pas labouré. Les chrétiens pensent qu’ils auront une vie plus facile par leur prière et leur foi en Dieu, même sans travailler. Nos contemporains sont risibles avec leurs exigences face à la vie : ils restent dans les cafés, s’achètent des tickets de loto et attendent le tirage pour vérifier s’ils ont gagné ; ils lisent les journaux et voient qu’ils n’ont pas gagné, mais cela ne les décourage pas, ils attendent tranquillement le second tirage pour voir s’ils gagnent cette fois-ci. Non, le Seigneur a envoyé ce domestique sur la terre pour travailler et gagner sa vie ainsi, alors qu’il veut la gagner sans effort, sans labeur. Et ce domestique critique Dieu en disant : « Je vais faire fructifier ce talent que le Seigneur m’a donné en le jouant au loto ». Tu vas le faire fructifier, mais un jour on te donnera une feuille rouge pour te déclarer en faillite. Vous direz : « Il a perdu à cause d’un concours de circonstances ». Il a perdu car dans sa vie passée et dans sa vie présente il ne cultivait ni bonnes pensées ni bons sentiments. Il y a au ciel des commissions spéciales qui examinent les comptes et les œuvres des gens. Tu peux prier quatre à cinq fois par jour, mais si dans le passé tu n’as pas pensé, ni fait le bien, si tu ne travailles pas maintenant non plus, si tu n’arroses pas ton jardin, si tu n’aides pas les humains et les animaux, lorsque tu iras dans l’autre monde personne ne te regardera. Celui qui te verra, dira : « Voyons si j’ai une créance à ton nom pour pouvoir t’aider. Il n’y a aucune créance, alors donne-moi de ton surplus ! » Oui, mais il n’y a pas de surplus dans la nature. Un tel individu se retrouvera dans la situation de cet héritier royal qui s’est fiancé avec une très belle jeune fille, mais a été infecté par une maladie rare et était sur le point de mourir. Dans son désespoir, il a prié Dieu de prolonger sa vie d’au moins une heure pour revoir encore sa bienaimée. Le Seigneur a alors envoyé un ange chez des personnes en pleine détresse, prêts à se suicider et à mourir pour leur demander s’ils étaient d’accord de céder une heure de leur vie au fils du roi. L’ange s’est rappelé qu’une vieille femme harassée par sa vie malheureuse priait souvent Dieu de reprendre son âme. L’ange est allé la voir pour lui proposer de céder une heure de sa vie à un jeune homme. Elle lui a répondu : « Oui, dans le temps je voulais mourir, mais j’ai changé d’avis à présent ». L’ange s’est rappelé un autre cas : un riche qui avait tout expérimenté dans la vie, il ne trouvait plus de sens à son existence et il priait Dieu de le reprendre. L’ange est allé lui faire la même requête qu’à la vieille femme. Le riche a également rechigné à donner une heure de sa vie. Après avoir essuyé ce refus, l’ange est allé dire au jeune homme : « Parmi tant de milliers de personnes, je n’ai trouvé personne qui veuille sacrifier une heure de sa vie pour toi, pour te permettre de revoir ta bienaimée ». Dans la société moderne aujourd’hui on parle souvent de l’enfer et du paradis ; le mal est que nous avons implanté l’enfer et le paradis ici, sur terre, et nous en faisons usage comme cela nous arrange. Le verset que je vous ai lu est adressé par le Christ à ceux qui avaient une conscience développée ; il ne parlait pas à ceux qui ne comprennent pas. Le Christ leur dit : « Vous qui vous tourmentez depuis des milliers d’années, vous devez prendre conscience que vos souffrances sont dues à ce que vous avez transgressé l’un des plus petits commandements ». D’autres demandent : « Pourquoi le Seigneur est-il si généreux et miséricordieux envers moi ? » Parce que tu as observé le plus petit commandement. Certains disent que je raconte de belles choses ; peu importe ce que je dis, ce qui importe c’est d’observer ce commandement car dans l’application de cet enseignement est votre joie, le sens de votre vie et votre élévation. Quand vous êtes joyeux ou affligés, ceux qui vous entourent ont la même disposition. Lorsque vous avez une blessure, ce sont les cellules voisines qui en souffrent le plus, et les plus lointaines seulement par répercussion. Lorsque vous souffrez sur terre, ceux qui sont reliés à vous souffrent également. Les créatures qui sont en dehors de nos sphères, étant plus lointaines, regretteront simplement que nous ayons transgressé un commandement et que nous en souffrions. Elles nous indiqueront des façons d’éviter ces souffrances à l’avenir. La société doit appliquer ces deux grandes lois dans la politique et dans la vie. Tous les croyants doivent les appliquer, car ces petits commandements sont universels et de leur observation dépend le salut de l’humanité toute entière. Celui qui peut observer le petit commandement, peut aussi observer le grand ; celui qui ne peut pas observer le petit commandement, ne peut pas observer le grand. C’est une règle : si vous n’éprouvez pas d’amour envers un petit moucheron, envers un petit insecte, vous ne pouvez pas éprouver d’amour envers un être humain. Si quelqu’un te dit qu’il t’aime, mais qu’il vient juste de couper la tête d’un moucheron ou d’un agneau, il n’est pas sincère. Le moucheron qui a souffert à cause de toi ou d’un autre, sait combien tu peux aimer. Une femme ou un homme qui coupe les têtes des moucherons et des agneaux, ne peut pas aimer, ne peut pas faire preuve de bonne volonté. Je ne crois pas à l’incroyance des humains, je ne crois pas à leur bêtise, je ne crois pas à l’arbitraire. Croire l’incroyance des humains, ce serait croire une loi qui n’existe pas ; l’incroyance des humains est une invention humaine, créée par notre mental. Tous cherchent le Royaume de Dieu, tous veulent l’instaurer, mais celui qui veut être membre de ce Royaume doit le servir. Le jeune homme et la jeune fille veulent rétablir le Royaume de Dieu, ils se parlent comme des tourtereaux, mais uniquement jusqu’au mariage ; après, ils continuent à l’ancienne et leur vie ne va pas. Ce n’est pas la même chose chez les tourterelles ; je les observe, elles commencent bien et terminent bien : la tourterelle pond des œufs, puis les couve, puis les petits naissent et il n’y a aucune dispute. Cela commence bien chez les humains mais se termine mal : des enfants naissent, on s’en réjouit, mais lorsque les enfants grandissent, les parents pleurent. Chez les humains, les vieilles « tourterelles » pleurent et disent : « Les petites tourterelles nous ont fait pleurer, voilà ce qu’elles deviennent alors que nous avons tant espéré pour elles, tant misé sur elles ». Chez les oiseaux, les petits ne font jamais pleurer les grands comme c’est le cas chez les humains. La même chose se passe à l’école : j’ai vu les relations entre professeurs et élèves se nouer favorablement à l’école, tous roucoulent doucement au début, mais quelque temps après les uns se plaignent des autres. Les élèves disent : « Nos professeurs sont injustes », les professeurs disent : « Il n’y a plus aucun respect ni déférence des élèves envers parents et professeurs ». Tous se plaignent ainsi, tous disent que Dieu n’existe pas et que la vérité, le bien, l’amour sont des choses relatives, que tout est relatif dans la vie. Les enfants disent que tout est relatif à l’école et que le professeur aussi est quelque chose de relatif. Les professeurs pleurent, protestent, désespèrent, mais je dis que leurs larmes aussi sont quelque chose de relatif car ils pensent que le petit et le grand commandement ne sont rien. Au contraire, ce sont de grandes vérités, ce sont des vérités absolues qui, à toute époque et en tout lieu vont produire un seul et même résultat. J’écoute souvent les rossignols et les tourterelles chanter, je les écoute avec grand plaisir et je me dis : « Vous chantez si bien ! Si les humains comprenaient votre langage et pouvaient accepter votre culture, il n’y aurait pas dans le monde autant de souffrances que maintenant ». Les rossignols et les tourterelles me répondent : « Oui, nous étions aussi des humains jadis et comme leur culture ne nous a pas convenu, nous l’avons quittée et nous préférons aujourd’hui la culture des oiseaux à celle des humains ». Si je suis un prédicateur, je devrais contourner la vérité, ne pas vous la dire en face pour ne pas vous offenser. Bien, si le soleil brille et fait mal aux yeux de ceux qui sont malades, est-ce la faute du soleil ? Est-ce la faute du soleil si l’axe de la terre a fait une rotation et a été éclairée avant l’heure ? En quoi est-ce ma faute que la lumière que je vous donne est trop forte pour que vous la supportiez ? Dites à la terre d’arrêter la rotation et la lumière sera moins intense, mais puisqu’elle tourne, vous voyez nécessairement toutes les phases du bien et du mal. Je ne vous expliquerai pas maintenant pourquoi il y a dans cette rotation une lutte incessante entre la lumière et l’obscurité, entre le bien et le mal, entre le réel et les ombres de la vie. Beaucoup parmi vous demanderont : « Sommes-nous capables d’observer le commandement du Christ ? » Oui, vous en êtes capables. Si quelqu’un brûle ma maison ou la vend alors qu’elle vaut deux cent mille levas, une grande agitation s’emparera de moi à cause de ce mal, mais si je vaincs et ne me venge pas, je m’appellerai grand dans le Royaume de Dieu. Si je suis un homme d’État émérite et que je sois destitué injustement, mais que je ne me venge pas de cela, je serai un homme de bien à l’avenir. Ainsi, tout un chacun qui ne se venge pas, même du plus grand mal commis contre lui, est quelqu’un de bien. Sur terre, nous pouvons faire de quelqu’un ce que nous souhaitons : on peut faire de quelqu’un un ministre, d’un autre, un homme d’état, d’un autre, un prédicateur, d’un quatrième, un enseignant, etc. De ce point de vue, nous ressemblons à cette Bulgare qui a donné un petit chaudron d’eau et un peu de basilic à son mari et l’a envoyé asperger sur le chemin : elle l’a ainsi fait curé. Les postes que nous occupons ici sur terre ne sont rien d’autre que la reproduction de postes comparables d’un monde qui est au-dessus de nous. Tous ceux qui ont observé le petit commandement sont devenus grands dans le Royaume de Dieu. Si le peintre a observé le petit commandement, il sera capable de dessiner des toiles sublimes. Nous pouvons tous devenir de grands peintres ; vous me demanderez comment cela est possible : si nous exposons un jour notre visage dans un état parachevé au monde, est-ce qu’il ne représentera pas l’œuvre la plus sublime du peintre ? Et n’oubliez pas que vous travaillez sur ce visage des siècles durant. Aujourd’hui, dans le monde entier il y a des expositions d’œuvres d’art, celles de nos visages, mais aucune encore n’est acceptée par Dieu. Depuis que le monde existe, seulement deux tableaux ont été acceptés dans l’Ancien Testament : ceux de Hénoch et d’Élie, c’est pourquoi ils sont partis vivants au Ciel. Combien de tableaux de Bulgares ont été jusqu’à maintenant acceptés là-haut ? Nous dessinons, nous dessinons pendant toute une vie pour nous entendre dire que ce tableau ne peut toujours pas être accepté ; le curé vient, donne l’extrême onction à ce tableau et il est enterré. L’extrême onction n’est rien d’autre que le signe que ce tableau n’est pas fait dans les règles de l’art. La commission qui examine les tableaux voit que celui-ci ne respecte pas la loi divine : les yeux, les oreilles, la bouche, le nez, les dents ne sont pas à leur place ; l’intelligence, le cœur, les pensées et les sentiments ne sont pas non plus à leur place. Vous qui m’écoutez, pensez-vous que vos pensées et vos sentiments sont à leur place ? Je vois des milliers de personnes dont les pensées et les sentiments ne sont pas à leur place. Je ne vous accuse pas de cela, vous n’êtes pas fautifs, mais je vous enjoins de travailler avec cette grande loi. Il faut chaque jour vous donner pour objectif d’accomplir vos plus petites intentions, sans faute et sans céder à une quelconque tentation. Si on me proposait de devenir le premier ministre de Bulgarie, je préférerais aider une veuve misérable et renoncer à ce poste plutôt que de la laisser sans secours. Vous vous préparez pour un grand bal, un concert, une entrevue, mais vient alors à vous un misérable et vous l’éconduisez par faute de temps. Non, vous devez renoncer au bal pour observer cette grande loi promulguée par Dieu. Si nous apprenions à être aimants, en paix avec nous-mêmes, à vivre par nous-mêmes, alors le monde se redresserait ; même si les autres ne nous aiment pas, nous pourrions vivre sans eux. Nous sommes pour l’instant dans la situation de ces bacilles nuisibles qui trouvent des conditions de vie en entrant dans notre organisme et en s’y installant ; si ces conditions disparaissaient, c’en serait fini de leur vie. C’est pour cela que le Christ dit: « Celui qui observe le plus petit commandement sera le plus grand dans le Royaume de Dieu ». En quoi consiste ce petit commandement ? C’est le travail que la providence t’a assigné, il ne faut pas le différer. Il y a un temps pour chaque pensée, pour chaque désir, et si tu le rates il n’y a pas de retour possible. Votre jeunesse ne reviendra pas, cette vie que vous vivez maintenant ne se représentera pas. Le bien et le mal que vous avez vécu laissent une empreinte dans votre vie ; vous passerez la suivante par d’autres endroits, par une toute autre vie qui aura seulement les reflets de la première. Certains disent : « Puisque la terre accomplit toujours la même trajectoire autour du soleil, il y a donc des répétitions dans la vie ? » Oui, mais la terre ne traverse jamais le même espace, le chemin qu’elle a emprunté l’année précédente n’était pas le même ; elle traverse maintenant une autre région et son vécu est différent. L’endroit par lequel la terre est passée une fois est irrémédiablement perdu. La vie que vous avez déjà vécue est irrémédiablement passée. Vous demanderez : « Ne peut-on pas réparer ses fautes ? » Personne ne peut réparer ce qui est perdu. L’auteur des psaumes dit : « Un seul est capable d’effacer nos péchés et iniquités » [3]. Seul le Seigneur a ce pouvoir : descendre dans ces profondeurs où vous avez commis des crimes et les effacer avec son pinceau. Avant que le Seigneur n’y descende pour effacer votre péché, vous devrez longtemps pleurer, verser des larmes. Vos larmes sont nécessaires au Seigneur pour remplir avec elles une bouteille entière qu’Il conservera. Lorsque la bouteille sera remplie, le Seigneur la prendra et descendra sur le lieu des péchés et des crimes pour corriger votre vie, et de temps en temps Il se rafraîchira avec vos larmes accumulées. C’est le seul moyen de changer votre vie. C’est une allégorie, mais si vous méditez dessus vous comprendrez que c’est une grande vérité sur le caractère de Dieu. Vous dites : « Pourquoi le Seigneur se tait et ne réagit pas à nos souffrances ? » Le Seigneur se tait car la bouteille n’est pas encore remplie ; une fois remplie, Il viendra arranger votre vie, Il demandera en quelle année le crime a été commis, à quel moment, etc. Lorsqu’Il lavera tes péchés, Il dira : « Maintenant tu es libre, mais ne pèche pas une seconde fois ». Le Christ aussi a pleuré jusqu’à ce que sa bouteille se remplisse. Il a entrepris de redresser le monde, de prendre sur lui les péchés des humains, mais lorsqu’il a vu la difficulté de cette tâche, il a pleuré pour que le Seigneur vienne le secourir et ce n’est qu’ainsi qu’il a réussi. Lorsque sa bouteille a été remplie, le Christ a dit : « C’est fini, la bouteille est pleine, le Salut de l’humanité est arrivé ». Peu importe qu’on soit grand ou petit dans le monde, chacun doit passer par les larmes pour laver ses péchés et ceux de ses proches. Vous me direz : « Pourquoi nous inquiètes-tu avec ces pensées, pourquoi ne nous dis-tu pas quelques mots de consolation ? » C’est précisément ce que je fais. Est-ce que celui qui a mal aux pieds ne ressent aucune douleur ? Et ne faut-il pas lui faire une friction malgré sa douleur ? Il peut dans certains cas ne ressentir aucune douleur, mais si un ennemi l’attaque et le pourchasse, dans quelle situation se retrouvera-t-il ? Il ne pourra pas se sauver ni s’échapper et sa douleur sera plus forte que jamais. Si je prends soin de cet homme et si je lui frictionne les pieds pour les guérir, regrettera-t-il la douleur que la friction lui aura occasionnée ? Bien au contraire, il dira : « Dieu merci j’ai guéri, et je peux courir plus vite que quiconque en cas de danger ». C’est une véritable philosophie. La vie en société est similaire à celle des individus isolés. Entre un peuple et ses représentants il y a un rapport, mais chaque être a aussi ses pensées, ses désirs et ses sentiments individuels. Le peuple ne vit pas en tant que personne. Lorsque je dis le peuple bulgare, j’entends les Bulgares. Les pensées et les sentiments de chacun détermineront dans leur vie future leur rapport à la vie politique, spirituelle, culturelle et mentale. Leurs pensées de la vie précédente déterminent leur présent, et leurs pensées et désirs présents déterminent leur futur. Ces deux lois divines sont ainsi placées chez l’homme : la première, le grand commandement, se trouve dans l’intelligence et la seconde, dans le cœur. Par conséquent, lorsque vous voulez accomplir les petites choses dans le monde, vous devez les faire avec votre cœur ; autrement dit, sans amour envers ce commandement, vous ne pouvez pas accomplir les petites choses. Je passe à côté d’une petite rigole d’eau et je vois qu’une fourmi se noie, mais comme je suis occupé par une pensée philosophique, je passe mon chemin ; non, je dois m’arrêter pour l’aider. Nous devons nous arrêter auprès des plus petits et les aider ; en leur proposant notre aide, nous ne devons pas exiger en retour qu’ils nous soient redevables toute la vie : nous n’avons été pour eux qu’une simple providence. Si nous avons envie d’aider les plus petits, cela créera les conditions pour aider aussi les plus grands ; si nous n’aidons pas cette petite fourmi, elle produira à l’avenir une mauvaise condition de vie. Vous direz : « Peut-on dénombrer toutes les fourmis qui se noient ? » C’est vrai, elles sont nombreuses à se noyer, mais celle que je vois et qui suscite en moi ce désir de l’aider, je dois la sauver, c’est une fourmi spéciale. Si je ne l’aide pas, cette fourmi peut dans cent ans me causer le plus grand malheur : lorsque cette conscience se forme en moi, le Seigneur détermine ma vie future selon ce que je fais à cet instant. Cette fourmi symbolise un agneau, une colombe, un enfant, une fille, un garçon, une veuve misérable, un malade ou n’importe qui d’autre. La fourmi est une formule mathématique ; si une telle formule se présente à toi, tu t’arrêteras pour la résoudre. Quelqu’un vient à toi en disant qu’il est désespéré et qu’il veut se suicider : tu réfléchiras de quelle façon lui venir en aide. Si tu dis que tu ne peux pas l’aider, ceci causera de mauvaises conséquences karmiques dans ta vie suivante. La loi est toujours la même : tu t’arrêteras pour ce petit commandement et tu aideras ; si tu n’aidais pas, tu déterminerais à cet instant même ton mauvais destin. Après une telle négligence, recherche un autre moyen, meilleur, pour corriger ta faute. Si tous les Bulgares réfléchissaient bien avant chaque action, se fourniraient-ils aujourd’hui du pain et du sucre avec des tickets de rationnement, guerroieraient-ils ? Les hommes d’État bulgares ne s’occupent pas de la fourmi qui se noie, mais des grandes frontières de la Bulgarie, sans se douter que le destin de la Bulgarie est déterminé par le sort de cette fourmi. Les hommes d’état bulgares s’intéressent à la Bulgarie dans la mesure où leurs portefeuilles sont concernés : ce ne sont pas des patriotes, ce sont des traîtres qui jouent le rôle de Judas, consciemment ou non, pour de l’argent ou non. Je vous parle de ces deux grandes lois, car si elles étaient observées strictement elles sauveraient et redresseraient l’humanité. Les Bulgares ouvrent des écoles, mais sans penser aux fourmis, à l’amélioration de leur vie ; ils songent aux gains et disent : « Du moment que nous avons de l’argent, nous trouverons de bons professeurs, de bons ouvriers ». Montrez-moi une société qui a travaillé pour de l’argent et qui a réellement réussi. Je ne veux pas dire que toutes les associations doivent cesser leur activité, mais elles doivent changer leur façon d’agir. Je préfère consacrer une vie entière à quelqu’un qui assimile ce que je dis plutôt que de travailler pour des milliers de personnes qui n’assimilent rien. Celui qui commence un travail doit le prendre à cœur sans qu’on aille le chercher dix fois chez lui pour faire ceci ou cela. Celui qui prône un enseignement doit comprendre ses lois et les appliquer. Vous dites : « Éduquons notre jeunesse ». Comment l’éduquer, comment la discipliner ? Je ne crois à aucune éducation, c’est-à-dire au dressage, mais je crois que tous les êtres humains ont des conditions pour devenir bons s’ils le veulent. Je crois que chacun détermine sa vie selon la façon dont il agit à un moment donné, et c’est ensuite que les autres conditions viennent : c’est cela l’éducation. Après ce moment, on assimile de la nourriture et de la science selon le plan sur lequel on se déplace. L’agriculteur examine les conditions pour ses semis, chacun examine les conditions pour son travail. Lorsque je dis que je ne crois pas à une quelconque éducation, ne me comprenez pas mal. Je ne crois pas en cette éducation extérieure, artificielle, que les gens donnent à leurs enfants, mais je crois en une éducation authentique qu’enseignent ces deux grandes lois. Je ne crois pas en la science moderne, mais je crois en la science divine. Je ne crois pas en l’amour moderne, niais, ni en la sagesse moderne, niaise, ni en la vérité apparente ici sur terre, c’est-à-dire en ce mensonge que les gens ont revêtu de la forme de la vérité ; je dis : tout ceci est un grand mensonge. La vérité est à l’intérieur de vous. Le grand commandement est dans votre intelligence alors que le petit commandement est dans votre cœur. Chaque noble désir qui naît en vous, aussi minuscule soit-il, détermine votre bonheur futur. Ce désir ouvrira le robinet de votre vie et dès cet instant la Terre et le Ciel travailleront pour vous. La roue de la vie qui suit une direction ou une autre, réagira de façon adéquate. Si vous êtes prêts à rester fidèles à vos petits désirs qui sont déposés en vous depuis des millénaires, si vous êtes prêts à donner la paille à la fourmi qui se noie, vous commencerez à aller de gauche à droite, sinon vous irez de droite à gauche, c’est-à-dire vers le bas du cône. Alors, si tu es chrétien, et si tu descends à travers ces sept fois sept millions de sphères, et si je te pose la question : où es-tu, tu répondras que tu es dans les sphères inférieures du monde astral. Si tu es occultiste, tu diras : « Je suis enfin arrivé jusqu’au fond de ce cône. – Que penses-tu faire à présent ? – Il est dit dans ma philosophie qu’une fois arrivé au fond, je ferai un grand bond vers le haut. – Tu as compris de travers cette philosophie. – Alors, que faire à présent ? » Tu passeras par l’ouverture étroite de l’autre cône et tu t’élèveras ensuite, car les énergies dans ces cônes vont précisément dans des directions opposées. Tu avanceras à présent, porté par l’énergie du second cône. Lorsque tu passeras par ce cône, tu traverseras toutes les sphères, tu les étudieras et tu diras : « J’ai maintenant une philosophie, je comprends les choses en profondeur et je vois que ce ne sont pas simplement sept sphères ». Tu diras de grandes choses sur le monde spirituel : des mondes, des mondes, des créatures innombrables et illimitées. Tout l’espace où nous vivons et nous déplaçons est rempli de créatures de catégories et de cultures différentes. La lumière du soleil va à une vitesse de cent quatre-vingt mille miles par seconde, et pour traverser ne serait-ce que le diamètre de notre galaxie, il lui faut trente et un mille ans. Tout cet espace est peuplé de mondes. Lorsque notre terre se déplace dans l’espace de cet univers, nous nous trouvons sous l’influence de ces créatures que nous côtoyons, et tout cet espace incommensurable et toutes ces créatures ont un écho dans nos cœurs, nos esprits et nos âmes. Quelquefois, une pensée pesante vous assaille, mais elle n’est pas à vous : vous êtes sensibles et vous percevez le chagrin de quelqu’un, quelque part à New York qui n’a pas accompli son devoir à un instant donné, il n’a pas accompli la volonté divine, cette grande loi divine. Une autre fois vous éprouvez une joie, pourquoi ? Parce que quelque part ailleurs, dans un temple bouddhiste en Chine, quelqu’un a accompli son devoir comme il le devait. Ainsi, à mesure que vos pensées changent, je me réjouis car je vois comment les choses se passent dans le monde, et de tout cela je déduis deux choses : à certains endroits les gens accomplissent le commandement divin et à d’autres endroits, ils ne le font pas. Je retourne ensuite à la vie et j’observe ce qui se passe ; je retourne dans le passé et je vois quand ces choses ont été projetées pour se réaliser à présent. Des milliers d’années s’écoulent en une minute et je vois quand ces évènements ont été prémédités et à quel moment ils ont pris une mauvaise tournure. Je suis leur trace, et je vois que deux mille ans en arrière un sacrificateur bulgare a tourné le robinet de la vie dans la mauvaise direction et toutes les conséquences, visibles à présent, lui sont imputables. C’est pour cette raison que tous les prédicateurs, prêtres, hommes d’état en Bulgarie raisonnent et agissent comme ce sacrificateur. Vous direz : « Qui est ce sacrificateur ? Nous allons le pendre ! » Non, ne le cherchez pas pour le pendre, mais tournez le robinet dans le sens opposé à celui d’aujourd’hui. Si vous ne le faites pas, non seulement vous ne serez pas grands, mais vous perdrez beaucoup. C’est pour cela que je suis en Bulgarie, pour tourner le robinet de la roue de la vie. Et dans deux mille ans vous me chercherez, vous voudrez savoir qui a fait cela. Le Seigneur m’a envoyé en Bulgarie pour tourner la roue de la vie dans l’autre sens, et je le ferai dans le respect absolu de la loi divine pour que vous bénéficiiez de tous les bienfaits de la vie. Lorsque je tournerai le robinet de la roue dans le sens opposé, les Bulgares comprendront qu’ils peuvent observer aussi ce petit commandement, instaurer entre eux une culture supérieure et sublime et être un grand peuple qui apportera sa part. Ne vous enorgueillissez pas. La roue n’est pas encore tournée, il faut énormément d’efforts pour le faire. Vous allez tous participer pour actionner cette grande roue, vous allez attraper chacun l’une des petites roues et vous tournerez non pas de droite à gauche comme maintenant, mais de gauche à droite. C’est l’enseignement du Christ : tourner la roue du petit commandement. Vous me demanderez quel souvenir je vous laisserai. Je ferai tourner la roue de gauche à droite, alors tous les anges, tous les êtres de bien se mettront au travail et vous vous élèverez. Maintenant, mettez-vous dans la tête : « Nous pouvons observer le petit commandement divin ». Et vous vérifierez dans deux mille ans si c’est vrai ou non, vous vérifierez les résultats. Dans deux mille ans, les conditions intérieures de la vie seront dix fois meilleures que celles d’aujourd’hui : c’est une descente et une montée en haut dans la vie. Bienheureux ceux parmi vous qui attendent cette époque avec foi. Ces deux mille ans sont deux jours divins, jours de grande bénédiction. Les plus avancés parmi vous peuvent le vérifier même dans deux ans et d’autres dans dix ans. Mais il faut pour cela une vie noble, pure et élevée, le seul héritage qu’on laisse sur terre. Sofia, 22 juin 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Dès lors celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements, et enseignera aux hommes à faire de même sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux ; au contraire, celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. » (Matthieu 5, 19) [2] « Tu ne te prosterneras point devant eux et ne les serviras point ; car moi, Yahweh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, punissant l'iniquité des pères sur leur enfants, sur la troisième et sur la quatrième génération, pour ceux qui me haïssent, et faisant miséricorde jusqu'à mille générations, pour ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. » (Deutéronome 5, 9-10) [3] C’est une paraphrase du Psaume 51 :9 : « Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. »
  7. Maître[1] et Seigneur Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien car je le suis. Jean 13 :13[2] En apparence, les mots Maître et Seigneur n’ont rien de nouveau, ils sont si banals. Mais dans le monde ces deux mots, maître et seigneur sont opposés. Dans la langue bulgare les mots sieur, monsieur, madame ou mademoiselle désignent des personnes qui maîtrisent la situation, qui sont au pouvoir, haut placés. Mais dans la langue originelle, ces deux mots désignaient deux principes fondamentaux qui sont la fondation de la vie humaine. Il faut déterminer le positionnement du maître et du sieur – qui en ce sens désigne le Seigneur. Le mot Seigneur dans la langue originelle s’employait au pluriel et signifiait des sieurs. Le premier principe, le Maître, a un rapport à l’intelligence et à la volonté le l’homme, alors que le second principe, le Seigneur, a un rapport à l’âme et au cœur de l’homme. Ayez en tête que mes paroles ont un sens bien précis. Lorsque j’emploie un terme je cherche ses vibrations, car les mots se déterminent comme les rayons solaires : on ne peut pas générer une couleur si on ne génère pas les vibrations qui lui correspondent. Par conséquent, lorsqu’il est question de vertu par exemple, il faut produire des vibrations conformes à la vertu et vous comprendrez alors le sens de ce mot. C’est la seule façon d’atteindre une réalité objective ou une vérité qui se manifeste dans la vie. Il y a dans le monde des vérités non manifestées. La terre est pleine de richesses cachées en son centre, mais elles ne vous intéressent pas car elles ne sont pas manifestées. Ce qui vous intéresse, ce sont les richesses dans les coffres des riches, l’or sur les têtes couronnées, etc. Il y a un savoir caché dans le Soleil, mais en quoi vous intéresse-t-il puisqu’il n’est pas manifesté, puisqu’il n’est qu’hypothétique ? La richesse dans les livres vous suffit. Je vous parle de savoir manifesté dans le Maître. Lorsque je parle de Maître, je comprends une Créature qui harmonise l’Univers, c’est-à-dire qui harmonise ses disciples, car l’Univers constitue une assemblée de créatures pensantes qui sont les atomes de ce monde intelligent grandiose. Lorsque vous demandez ce que sont les êtres spirituels, sachez que ce sont des créatures pensantes. Certains opposent le religieux à l’homme ordinaire. Vous direz que l’homme ordinaire se reconnaît à son apparence : il met une queue-de-pie, un haut-de-forme, porte des cravates, des cols, des manchettes, des gants et son mobilier d’intérieur est d’un style particulier. Qu’est-ce qu’il y a de mal ? Il y a de mauvaises choses dans le monde spirituel aussi. De mauvaises choses existent là où il y a de la dysharmonie. Alors je me pose la question : si le monde spirituel était immaculé et sans péché et si nous sortions purs de Dieu, comment serait-il possible de commettre des péchés, cette question serait insoluble. Donc, le péché est possible dans le monde spirituel. La possibilité du péché et le péché lui-même sont deux choses différentes, je vais préciser cette idée. Prenons deux cercles avec des centres différents ; ces deux cercles sont tracés de façon que chacun passe par le centre de l’autre. Si ces deux cercles représentent deux mondes intelligents, ou dit de façon plus scientifique : si l’un représente un champ électrique positif et l’autre, un champ électrique négatif, alors ces deux champs vont agir de telle sorte que la force du courant négatif ira de la périphérie vers le centre et la force du courant positif, du centre vers la périphérie ; et viendra enfin un moment où les deux cercles se croiseront sur deux points et il se passera exactement ce qui se passe aujourd’hui sur la terre. Ce qui se passe aujourd’hui n’est rien d’autre que le fait que le cercle du monde spirituel passe par le centre du cercle du monde physique et vice versa. Vous direz : « C’est une grande contradiction. » Oui, c’est une contradiction pour ces esprits limités qui ne comprennent ni le passé, ni le présent, ni le futur. Du point de vue d’un esprit supérieur, il n’y aucune contradiction dans le monde. Les humains veulent un monde sans souffrances. Ils sont bizarres, ce n’est pas une philosophie de vie. Il y a toujours des souffrances dans les contradictions, et même l’harmonie porte le germe des souffrances. Votre bonheur dans le monde repose sur les souffrances des petites créatures qui vous servent. Vous qui vous considérez comme nobles, demandez aux petites créatures ce qu’elles disent de votre noblesse. Tous les moutons, bœufs, agneaux, poules, oies, tous les petits oiseaux qui ont un rapport avec vous, ont un avis particulier sur l’homme. Toutes les plus petites créatures disent d’une seule voix que l’homme est un être cruel. Si vous demandez aux arbres, ils diront la même chose : « L’homme est terrible et sans pitié ». Et alors, vous questionnez : « Pourquoi le Seigneur a-t-il créé le monde comme ça ? » Non, le Seigneur a parfaitement créé le monde, mais nous et ceux qui étaient avant nous, l’avons perverti. Perverti comme il est, le monde extérieur se reflète ainsi à l’intérieur de nous. Le monde est fait de telle sorte que si le maître souffre, les domestiques souffrent également et vice versa. Le Christ dit : « Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien car je le suis ». Pour expliquer mon idée : Maître et Seigneur, je vous raconterai l’histoire suivante. Dans les temps anciens vivait un jeune roi de trente-trois ans, l’âge des gens sages et érudits. Il avait écrit un livre célèbre où il expliquait comment il faut vivre. Deux filles d’ascendance royale sont tombées amoureuses de lui. Vous direz : « Qu’est-ce qu’il a été chanceux celui-là ! » Lorsque je vois deux jeunes qui s’aiment, je dis qu’ils s’occupent de façon agréable, car il n’y a pas de divertissement plus agréable que l’amour dans le monde ; et lorsque je vois deux personnes s’aimer, je dis : ils se divertissent. Vous allez répliquer que l’amour est une chose très sérieuse. Comme si un grand musicien exécutant un morceau de musique légère faisait quelque chose de très sérieux ! Une chose sérieuse, c’est d’avoir des dettes envers ses créanciers, ou d’être sur la table d’opération du chirurgien qui entame son opération. C’est ainsi que nous disons souvent qu’il faut être sérieux. Pour moi, les gens sérieux sont ceux qui ont des dettes. Tant que vous ne vous libérez pas de vos dettes, vous ne pouvez pas comprendre la parole divine dans sa profondeur. Si tu vas à l’Église et que le créancier vient se rappeler à ton souvenir, où restera ton sérieux ? La première fille qui est tombée amoureuse du jeune roi a manifesté son amour en portant partout le portrait de son bienaimé, en le couvrant sans cesse de baisers, en lui construisant une chapelle pour que les gens le servent, en brûlant de l’encens, etc. L’autre fille a pris son « Livre de la vie » et, par amour, elle a commencé à l’étudier en tâchant d’appliquer les principes qui y étaient exposés. Elle a commencé à visiter des malades, des souffrants en vérifiant tout ce qui était écrit dans le livre. Ainsi, elle se rapprochait de plus en plus du jeune roi, car elle voyait les bons résultats de son enseignement. Ces deux jeunes filles ont fondé deux cultes différents. Le premier est visible dans tous les temples à travers le monde : les bouddhistes, les brahmines, les chamanes, les imams et les prêtres chrétiens le servent. Le second culte est profondément ancré dans le cœur de certains qui l’appliquent sans se rendre compte qu’ils servent un culte. Les premiers sont les gens pieux ; ils pensent que le Christ viendra en chair et en os et ils l’attendent sous cette forme. Que pensez-vous ? Laquelle des deux jeunes filles a le mieux compris le jeune roi et a le mieux manifesté son amour envers lui ? La première culture, je l’appelle la culture de l’égoïsme où l’on veut s’emparer de quelqu’un et le dominer. Aujourd’hui, deux jeunes gens qui s’aiment cherchent à se dominer, à soumettre l’autre. Tant qu’ils sont jeunes, ils échangent des mots doux, mais cinq ans à peine après le mariage tout leur amour se désagrège, il n’en reste rien. Lorsque je vous parle, je ne veux pas être compris comme la première jeune fille, j’aimerais que vous compreniez correctement le second principe et l’appliquiez dans vos vies. Ainsi, le Maître a un rapport à l’intelligence humaine, à la volonté humaine. Il porte dans son âme les vibrations qui peuvent donner un élan à l’intelligence et à la volonté. Vous envoyez votre fille à l’école apprendre la musique, mais elle tombe amoureuse de son professeur et ne peut pas appréhender correctement l’élan qu’il donne à son intelligence et à sa volonté. La musique et la poésie sont des occupations périlleuses pour les jeunes gens, surtout pour ceux qui ont un caractère faible. Lorsqu’elle est amoureuse de son professeur, l’élève lui apporte des fleurs chaque jour sans apprendre ses exercices. Dans ce cas votre fille n’aura pas le diplôme de musique. Si ce professeur est un jeune homme et peut se marier avec elle, bien ! mais s’il est déjà marié, qu’adviendra-t-il ? Cela engendrera une double vie maritale ; partout dans le monde on observe ce dédoublement. Le dédoublement nuit toujours à l’unité. Un élève qui va contre le désir de son professeur doit apprendre les principes de base, comprendre l’essence des lois, des forces, comprendre son cerveau, son estomac et ses poumons. Si l’estomac vous fait mal, vous appelez aussitôt le médecin pour avoir quelques injections, mais que veut dire par son dérèglement cet estomac intelligent ? C’est un être raisonnable. Vous ressentez parfois un resserrement au niveau de la poitrine et de l’estomac et une inquiétude point en vous. Il n’y a rien de dangereux dans ces resserrements, ce n’est rien de plus qu’un échange d’énergies. Il y a dans le monde deux courants énergétiques opposés qui produisent deux résultats différents : l’un rétrécit les formes, l’autre les élargit. C’est ainsi que se manifeste la vie et ceci s’observe dans la nature. Je ne m’arrêterai pas aux théories modernes, mais j’expliquerai : pour se former, la pluie a besoin de deux courants opposés : chaud et froid. Pour se former, les gouttes de rosée sont soulevées par l’énergie négative, la chaleur les dilate et les transforme en vapeurs d’eau ; l’énergie positive maintient les gouttelettes d’eau en bas, au sol. Par conséquent l’énergie négative de la terre et l’énergie positive du soleil s’attirent, et là où ces deux énergies se concentrent, où ces deux cercles se croisent, commence un processus contraire qui entraîne la formation de la pluie qui tombe de nouveau au sol. C’est l’aspect philosophique de la question. Ces évaporations observées dans la nature s’observent aussi en nous : votre cerveau symbolise le soleil, votre estomac symbolise la terre, et les poumons sont le trait d’union entre la terre et le soleil. Dans la nature aussi, il y a une circulation veineuse qui monte et une circulation artérielle qui descend. Le courant veineux qui monte, va au cerveau, c’est-à-dire au soleil. Le sang veineux doit d’abord passer par le cœur et les poumons pour se purifier et monter ensuite. C’est une nécessité en nous comme dans la nature, le sang doit s’oxygéner et ses vibrations doivent s’élever. Toutes les impuretés qui se trouvent dans le sang veineux doivent être supprimées pour élever les vibrations dans le monde. Toutes les maladies dans le monde proviennent de la mauvaise compréhension de l’enseignement de ce grand Maître. On ressent parfois une pression dans la tête : l’intellect dit : « Tu as du sang impur, envoie-le pour purification ». Parfois vous avez mal à l’estomac, il dit : « Tu as du sang impur, renvoie-le en haut pour le purifier ». Ne le sachant pas, vous prenez quelques doses ou quelques tablettes d’un remède pour stimuler l’estomac et faire cesser la douleur. La même chose se produit dans la vie de famille : lorsqu’un homme et une femme s’unissent pour vivre ensemble, l’un d’eux doit être maître et l’autre, disciple. Mais vous commencerez à lutter pour la suprématie. Si votre mari a des vibrations qui peuvent élever votre intelligence, donnez-lui la place de maître. La femme dira dans ce cas : « Je n’aime pas obéir ». Savez-vous ce que signifie le mot obéissance ? Obéir, c’est assimiler l’énergie et la traiter, c’est une culture, c’est un travail sur une matière. Un violoniste ou un peintre prépare des heures durant sa composition ou sa peinture pour traiter en lui cette matière. Sur le même principe, je considère que tout enseignement vous limite, vous soumet. Voilà pourquoi le mot religion ne doit pas non plus être compris au sens strict mais au sens large pour donner des résultats dans votre vie personnelle. Celui qui porte une religion ou un enseignement comme un portrait en lui, et ne fait que lui jeter des coups d’œil de temps en temps, n’en tirera aucun profit. Je ne dis pas qu’il faut effacer ce portrait de sa mémoire, mais il faut le regarder une fois par an ou par mois et l’appliquer en revanche plus souvent. Pourquoi le Seigneur nous tient-il loin de Lui ? Il a choisi une si haute place car Il sait qu’Il sera importuné par nous. Le Seigneur dit : « Je veux que vous accomplissiez Ma volonté et viviez en accord avec le monde que J’ai organisé, pour être heureux ». Certains demandent : « Quand irons-nous au Ciel ? » Lorsque vous apprendrez à vivre selon le livre de ce sage, de ce jeune roi, lorsque vous viendrez dans ce deuxième culte pour apprendre les lois. Ainsi, la mère est incluse dans le mot Seigneur. Le Maître est le père. Le Maître, c’est-à-dire le père est la traduction d’une grande idée : Dieu se transforme en Père et tisse un rapport avec nous. Le Maître est un nombre, exposé au troisième degré, c’est le cube de la vie. Le Maître est une essence intelligente qui examine les choses dans trois dimensions : la ligne, la surface et la hauteur. Vous direz : « En quoi est-ce important dans la vie d’aller sur une ligne ou sur une surface ? » C’est très important ! Si vous traversiez le monde uniquement en ligne droite, qu’est-ce que vous en comprendriez ? Si vous faites une excursion dans tout le système solaire avec un train express en allant à la vitesse de la lumière, il vous faudra trente et un mille ans pour aller au bout de cette ligne droite. Après avoir fait ce voyage à cette vitesse, quelles seraient vos connaissances ? Nulles ! Vous direz : « C’est fameux, c’est formidable », vous vous arrêterez aux généralités. Vous êtes passés devant le soleil de façon fulgurante et vous pensez avoir traversé tout l’Univers et savoir énormément de choses, mais en réalité il ne vous en reste rien. Je dis pour un tel philosophe qu’il sait très peu car il va trop vite. Pour étudier ce monde, il faut un nombre d’années égal à un nombre suivi de quinze zéros[3]. Vous direz : « Les zéros peuvent être mis très facilement », oui, mais pour moi ces zéros ont une grande importance. Par exemple si nous joignons au chiffre 1 un, deux ou trois zéros, il en résulte une grande différence entre les nombres obtenus. Je fais une différence entre le premier zéro, le deuxième et le troisième. Le deuxième zéro montre que le nombre 10 est élevé au carré ; le troisième zéro montre que le nombre 10 est élevé au cube ; s’il y a un quatrième zéro, il montre que le nombre 10 est élevé au quatrième degré ; le cinquième zéro montre que ce nombre est élevé au cinquième degré, etc. Je ne vais pas jusqu’au quinzième degré car il n’est pas pour l’intellect humain ; l’intellect humain peut découvrir les secrets de la nature uniquement jusqu’au quatrième degré. La géométrie ne peut résoudre des problèmes que jusqu’au tesseract[4]. Le tesseract est une petite figure dont nous étudions seulement les différentes parties ; le cube est une projection du tesseract. Ces lignes, ces plans, ces cubes ont un rapport à notre vie. Si nous regardons notre visage, nous remarquerons qu’il est constitué d’une multitude de lignes droites, de plans et de cubes. Dans la géométrie moderne la ligne droite est définie ainsi : c’est la distance la plus courte entre deux points. Je définis la ligne droite ainsi : c’est le plus petit segment d’un cercle. Ce n’est pas contradictoire. Vous direz : « Le diamètre du cercle est aussi une ligne droite ». Oui, mais il est également un petit segment d’un autre cercle plus grand. Ainsi, votre vie actuelle est un petit segment d’un cercle plus grand de votre passé, et votre vie future sera par conséquent un petit segment de votre vie actuelle. Il y a dans vos vies des montées et des descentes. Par la loi de la descente vous apprenez à vous réduire, et par la loi de la montée vous apprenez à vous agrandir. Nous devons donc savoir en même temps nous réduire et nous agrandir. Nos contemporains souffrent de ce qu’ils ne savent pas se réduire et s’élargir. Un commerçant qui ne sait pas équilibrer ses comptes, perd de l’argent ; il a par exemple un actif de mille levas d’or seulement, mais enregistre cent mille et bâtit ses comptes sur ce chiffre. Non, chacun doit enregistrer exactement la somme d’argent qu’il a dans ses comptes. La nature ne tolère pas les comptes truqués. Si vous ne vérifiez pas votre argent, la trésorerie dont vous disposez à un instant donné, on viendra vous le reprocher. En jugeant les autres sur vos propres procédés qui consistent à comptabiliser plus d’argent que vous n’en avez, vous ne leur faites pas confiance. Nous, les gens d’aujourd’hui, nous sommes ainsi, nous prétendons avoir plus d’actifs que nous n’en avons en réalité. Lorsqu’on enlève quelques zéros, on arrive à la vérité. Le Christ dit : « Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien car je le suis ». Il a dit des choses très importantes, non consignées dans l’Évangile. Oui, le Christ est venu vous apprendre à vivre. Certains disent : « Ce que le Christ a dit nous suffit ». Pour votre salut, oui, mais non pour vous apprendre à vivre. Jean a dit que le Christ a tant parlé que tous les livres ne peuvent contenir ce qu’Il a dit. Je sais qu’une petite partie uniquement de ce que le Christ a dit a été conservée. Je puise mes principes d’un très grand livre dont chaque caillou, chaque feuille, chaque brindille, chaque fleur constituent l’alphabet. Je traduis constamment ce grand livre. Lorsque je cueille une feuille sur un arbre, je commence à l’examiner et à lire sur elle : où, et dans quelles conditions cette feuille s’est-elle formée, où a poussé cet arbre, pourquoi il a vieilli, comment étaient alors les humains et quelle était cette époque, dans quel état était alors le système solaire, etc. Je vérifie cela par les empreintes de chaque feuille et de chaque branche. Alors que vous, vous vous arrêtez devant les arbres, vous les regardez et vous pensez qu’ils n’ont pas de ressenti, qu’ils ne parlent pas et qu’ils ne voient pas. Comme le langage des fleurs et des arbres est magnifique ! Chaque feuille a son petit œil : elle lit vos pensées et si vous vous asseyez sous un arbre pour réfléchir, chacune de vos pensées s’imprègne sur l’arbre et sur chaque feuille. Avec le temps vous pourrez lire votre vie sur les arbres ainsi que celle de vos prédécesseurs. Combien de fois je me suis arrêté sous un arbre qui m’a raconté les pensées et les agissements de philosophes, prêtres et autres personnages qui se sont arrêtés à côté de lui. Nous devons savoir que tout est à découvert devant Dieu, qu’il n’y a rien de caché. Vous dites que les arbres sont des créatures muettes alors que l’homme est doué de parole. Je le conteste : il n’y a pas de créatures muettes dans la nature, mais elles ont des façons différentes de parler. Tout est parole pour moi. Lorsque je dis pour moi, je n’entends pas ce jeune roi dont la fille porte le portrait, mais l’autre, celui qui porte en lui les vérités divines sur ce monde. Le Christ dit : « Vous avez raison de m’appeler Maître », mais le Christ n’est pas un Maître comme Moïse qui prêchait « Œil pour œil, dent pour dent ». Vous servez le Christ aujourd’hui, mais vous servez aussi beaucoup d’autres maîtres, vous servez aussi Moïse. Vous dites : « Je suis un chrétien orthodoxe », mais si quelqu’un vous offense, vous vexe un peu, vous le traînez tout de suite au tribunal : nous appliquons l’ancien enseignement dans la vie, mais nous dissertons sur le nouveau. Lorsque nous parlons de matérialisme, je comprends que nous servons ce monde : nous tombons amoureux de l’image du jeune roi et nous disons que ce que nous voyons est la réalité dans la vie. Et nous rejetons tout ce qui est vraiment réel. Tous les rapports qui sont beaucoup plus réels et contiennent le sens de la vie peuvent être vérifiés. Lorsque je parle de cohérence, je ne parle pas de celle que vous pouvez appréhender. Je peux toujours vérifier comment vous comprenez les choses et je m’amuse parfois à calculer parmi vous le pourcentage qui me comprendra, celui qui m’écoutera et qui fera ce qui a été compris. Je tiens compte de vos origines. Vous m’écoutez et vous dites : « Maintenant c’est clair ! », et je mets dans mon livre : « Moi-aussi, je vous ai bien compris ». Lorsque les gens comprennent, moi-aussi je comprends, mais lorsqu’ils ne comprennent pas, je ne comprends pas non plus. Lorsque vous venez dans mon auberge et que je vous restaure, je vous accueille, vous me payez et me remerciez, alors vous comprenez et moi-aussi, je comprends ; si vous sortez sans me payer, je reste sans argent et je ne vous comprends pas. La mauvaise compréhension ressemble à une bourse et un estomac vides. Chaque sac, chaque bourse, chaque estomac sont sans exception des rapports manqués. Vous êtes exposés aux souffrances, aux tourments, aux persécutions. Pourquoi ? Parce que votre bourse est vide. Si personne ne vous accueille chez lui, si tout le monde vous abandonne, j’ai de vous une opinion défavorable. C’est que vous n’avez pas agi selon la loi de l’amour, vous avez dressé le monde entier contre vous. Ceci montre que vous n’avez pas écouté votre Maître et que le Seigneur vous laisse apprendre par votre propre vécu. Vous allez répliquer : « J’ai appris beaucoup en mathématiques, je connais beaucoup de formules et de théorèmes ». Je vous demande : puisque vous avez étudié tant de formules et que vous connaissez tant de théorèmes, savez-vous les appliquer en bâtissant votre corps en accord avec eux, en accord avec le théorème de Pythagore ? Vous allez répondre qu’il n’y a pas de rapport entre vous et ces choses. Il y a un rapport de grande importance car votre vie est un cercle qui peut être calculé car il est fonction de deux grandeurs : l’une, plus grande, l’autre, plus petite. La plus grande est celle de l’esprit qui agit en dehors de votre vie et ne peut se calculer. Nous dirons que cette force est un nombre dont le nombre de décimales est infini, mais viendra le jour où vous la calculerez. C’est la loi par laquelle agit cette force : dans les conditions actuelles, elle est hors de portée dans votre vie et ne peut être calculée. Ceci en revanche ne signifie pas que vous ne saurez pas un jour calculer précisément ce nombre décimal. Le Christ dit : « Vous m’appelez Maître, mais Je ne suis pas un Maître comme Moïse car je vous apprends la loi de la dilatation, alors que Moïse vous apprenait la loi de la réduction ». Lorsque vous unirez ces deux lois en une, vous trouverez le chemin de la liberté. Le Christ dit : « Lorsqu’on te frappe sur une joue, tends aussi l’autre ; si on t’ôte le manteau, donne aussi ta tunique ». Qu’entendait le Christ par le manteau et la tunique ? Cela s’applique dans le monde physique et dans le monde spirituel ; ça signifie : si ton manteau te pèse en été, jette-le quelque part ; si le manteau a été utile en hiver, abandonne-le en été. Vous direz : « Comment faire en hiver sans manteau si nous l’abandonnons en été ? ». Et comment es-tu sûr que tu verras l’hiver suivant ? Dans ces conditions, jette le manteau. Jeter son manteau signifie pour le Christ ne pas se rapprocher de ceux qui cherchent à s’enrichir. Qui plus est, il n’y a pas d’hiver dans le monde spirituel. Quelqu’un veut faire deux ou plusieurs maisons, un autre veut étudier, un troisième veut s’embellir, etc. N’entrave pas ces personnes, mais ne te lie pas à elles. Celui qui veut s’enrichir, donne-lui aussi ce qui est à toi, aide-le à construire sa maison : qu’il s’instruise et qu’il soit beau. Laisse les faire ce qu’ils désirent, encourage-les sur le chemin du bien. Toutes nos aspirations ont été bonnes au début mais ce sont perverties par la suite. Par exemple, on se trouve dans la forêt et on commence à réciter, à chanter, à danser librement ; si on fait la même chose dans la ville on sera traité de fou. Voilà comment ton élan originel dans la forêt est perverti s’il est exprimé en ville. Si dans la forêt, au milieu des arbres, tu chantes et tu danses, ils ne te critiqueront pas, mais si tu viens parmi les humains, parmi les êtres cultivés et savants, ils ne te laisseront pas élever librement ta voix. En société, il faut lever sa main de façon à former une ligne brisée. On demande alors : « Quel sens a cette vie ? » Plusieurs fois, lorsque je dois parler, je me dis : « Si je dois parler à voix haute et gesticuler, on viendra aussitôt me dire : que fais-tu, ne sais-tu pas qu’il n’est pas convenable de parler et de gesticuler ainsi en société ! » Alors je commence à calculer comment parler, comment gesticuler pour ne froisser personne. Savez-vous comme c’est difficile de maîtriser ses mouvements ? Les calculs sont difficiles pour obtenir en fin de compte une causerie intelligente. Beaucoup se disent en m’écoutant : « Si c’était moi qui parlais, je le ferais mieux ». Nous sommes alors dans la situation du vieux et du jeune cheval. Un vieux cheval était attelé à une carriole, pleine de céramiques. Il descendait une pente et pour cela avançait doucement. Un jeune cheval le regardait en se disant : « Si on me confiait cette charge, je la descendrais aussitôt en bas alors que le vieux cheval avance à peine ». Peu de temps après il a été attelé à la voiture remplie de céramiques. Il devait emprunter le même chemin, mais au lieu de marcher doucement comme le vieux cheval qu’il pensait bête, il s’est précipité sur la pente et a cassé toutes les céramiques. Certains me disent : « Dis quelque chose de plus consistant ! » Que voulez-vous ? Agir comme le jeune cheval ? Si je marche sur la pente, je serai sérieux, je m’élèverai avec labeur et si je suis sur du plat, je vais philosopher. En le sachant, calculez ces deux positions dans la vie : lorsqu’il faut avancer vers le haut et lorsqu’il faut descendre une pente. Je vais revenir à ma première idée. J’ai dit que dans votre cerveau il y a beaucoup d’énergie accumulée. La femme se fâche et dit : « Jusqu’à quand serai-je l’esclave de mon mari, je veux la liberté, est-ce que je me suis mariée pour être sa cuisinière ? » Le mari aussi est mécontent et dit : « Tu ne te mets pas à ma place ». Le domestique est mécontent de son maître et veut s’en affranchir. Ce sont les deux énergies positives dans le monde qui se repoussent, ce qui engendre des frictions et des malentendus. Des gens accourent pour les calmer en disant : « N’agissez pas ainsi, n’allez pas contre les commandements évangéliques ». Non, mon ami, tu n’as pas à conseiller, mais transforme l’une des énergies en énergie négative alors que l’autre reste positive. Vous demanderez ce qu’il en résultera. Il en résultera de la pluie. Lorsque la femme pleure, qu’elle remercie d’avoir des larmes car cet instant est le plus favorable pour transformer son énergie positive en énergie négative ; qu’elle dise à son mari : « Je vois que tu as raison ». Et dans la vie en général, les deux ont raison et les deux ont tort : si l’un a raison, l’autre a tort. Pour cela, cherchez des personnes avec lesquelles vous êtes opposées en énergie. C’est pareil dans le monde : la moitié du monde a raison et a une énergie positive, et l’autre moitié a tort et a une énergie négative. Les mauvaises personnes sont une bénédiction : elles ont un stock d’énergies, elles portent les conditions de la future culture. Les bonnes personnes viendront à l’avenir et commenceront à traiter ces énergies. Le bon poète, en venant dans le monde, crée une nouvelle poésie à partir de la mauvaise vie des gens ; l’érudit créera une nouvelle science, le musicien, de nouvelles mélodies et c’est ainsi que sont posés les fondements d’une nouvelle culture. Lorsque tu vois quelqu’un souffrir, si tu es écrivain tu pourras créer une poésie si belle au point d’éveiller l’esprit et le cœur des gens pour des choses nobles et sublimes. Le Christ dit : « Je suis venu dans le monde pour vous apprendre à connaître le bien qui se trouve dans le mal et le mal qui se trouve dans le bien ». Le bien a son mauvais côté tout comme le mal a son bon côté. On pensait jusqu’à récemment que le soleil est très pur, mais on sait aujourd’hui qu’il a des tâches noires sur sa surface : le soleil est aussi tâché. Savez-vous quelle inquiétude agite parfois le soleil ? L’inquiétude du soleil se reflète toujours sur la terre ; lorsque le soleil est calme, la terre l’est aussi. Par conséquent une moitié de notre terre est tournée vers Dieu, elle est plus proche de Dieu, et le soleil l’éclaire, alors que l’autre moitié est obscure. Cette moitié, la face tournée vers Dieu, accumule Son énergie. Chacun de vous peut atteindre cet état : lorsque vous dites que vous ne pouvez rien faire, vous êtes dans l’énergie positive de la terre ; lorsque votre terre se tourne vers le soleil, vous êtes dans l’énergie négative de la terre et alors vient la culture. Vous demanderez : « Comment est-ce possible qu’une même énergie solaire soit tantôt bonne, tantôt mauvaise ? » Le matin l’énergie solaire représente l’amour maternel et l’après-midi, lorsque le zénith est dépassé, l’énergie se pervertit, devient mauvaise. Son influence le soir est encore plus néfaste, ce qui cause à ces heures des meurtres, des bagarres, etc. Pourquoi ces choses arrivent-elles entre les gens ? Parce qu’on assemble toujours uniquement les énergies positives. Pour l’éviter, la femme doit écrire un commandement à son mari pour qu’il rentre deux heures avant le coucher du soleil ; s’il rentre après le coucher du soleil, il en pâtira. La même chose nous arrive aussi : lorsque nous avons une pensée noble, sublime, nous sommes dans l’énergie négative, dans le côté lumineux de la terre ; si nous pensons quelque chose de mal, nous sommes dans le côté positif de la terre, dans l’énergie positive. Le Seigneur est positif et lorsque nous nous tournons vers Dieu, notre énergie est passive, consciente. Si tu défies le plus fort, tu seras écrasé : « Le Seigneur s’oppose aux orgueilleux ! » Lorsque tu dis que tu vas t’opposer, le Seigneur ordonne de t’attacher et de t’emmener à l’hôpital. À l’hôpital, tu diras que tu as combattu pour la patrie. Non, tu n’as pas libéré ta patrie. Ta patrie se libère d’une autre façon : dégaine ton sabre, c’est-à-dire ta volonté et vois s’il est suffisamment aguerri pour libérer les humains. Lorsqu’on t’offre un ou deux sacs remplis d’or, tu te laisses tenter et tu commences à affirmer que cela ne fait pas de sens de se montrer belliqueux, que ce n’est pas humain, etc. Pourquoi ? Parce que tu as le sac d’or avec toi. Ce n’est pas un idéal. Les riches disent : « Se battre est insensé, il faut vivre en paix ». Pourquoi parlent-ils ainsi ? Parce qu’ils sont riches et n’ont besoin de rien. Beaucoup de misérables disent : « Nous voulons nous battre », car ils sont dans le besoin. Le Christ dit : « Je suis venu résoudre la question qui agite l’humanité : je suis un Maître et je vous montrerai comment connaître son maître et son seigneur en soi-même ». Si tu écoutes ton Seigneur qui est profondément en toi, tu pourras faire quelque chose, mais si tu n’écoutes pas ton Maître, tu seras dans les contradictions. On doit connaître son Maître et son Seigneur. Il y a un Seigneur en chacun. Vous interprétez souvent mes paroles de travers, vous voulez vous mettre en avant et vous commettez ainsi de grandes fautes. Je vous enseigne un enseignement positif que vous pouvez appliquer et je peux faire un essai avec chacun du moment que vous êtes sincères. C’est le privilège de ma philosophie : elle est applicable dans la vie. Mon désir le plus ardent est qu’il y ait partout dans les foyers les mêmes relations qu’entre les professeurs et les maîtres : que les enfants soient de bons élèves mais aussi de bons serviteurs ; que les élèves écoutent leurs enseignants et les serviteurs, leurs maîtres. Si tu apprends cela à tes enfants, si tu fais passer cette idée parmi eux, alors la fille écoutera sa mère et le fils écoutera son père. La fille ne peut pas écouter son père et le fils ne peut pas écouter sa mère. Pour que le fils écoute sa mère, il doit dans la génération suivante se transformer en femme, il écoutera alors sa mère ; la même chose avec la fille. Dans la nature, l’énergie doit se transformer : par rapport à vos énergies, je peux être positif, mais par rapport à d’autres énergies, je peux être négatif, c’est une loi. L’énergie est une force grandiose qui nous pénètre et permet la vie. Depuis deux mille ans, on prêche que le Christ est un grand Maître venu nous sauver du péché ; c’est pourquoi nous devons nous repentir et devenir des ouailles de l’Église. Mais même aujourd’hui vous avez déjà des ouailles : vos fils et vos filles qui à l’âge de vingt et un ans accusent leurs parents d’être bêtes. Quels disciples sont vos fils et vos filles ? Vous pensez que vous savez beaucoup. Le Seigneur vous envoie souvent des maux de tête en disant : « Donnez ce problème à résoudre à l’humanité : pourquoi éprouvent-ils des maux de tête ? » Vous répondez : « Parce que nous avons trop mangé ». Non, la raison de votre mal de tête est ailleurs : c’est parce que vous savez trop de choses. Une autre fois, vous avez des maux de ventre : le Seigneur t’envoie alors ce problème à résoudre. Celui qui ne sait pas à quoi est dû le mal de tête, le mal de ventre ou d’autres maladies, ne sait rien. Le mal de ventre indique que l’énergie de l’estomac doit se transformer de positive en négative ; le mal de tête indique que l’énergie de votre tête qui est positive doit se transformer en énergie négative par rapport à d’autres énergies. Votre esprit doit s’occuper de choses sublimes : si tu as mal à la tête, rends visite à une pauvre femme pour l’aider ; si la tête ou le ventre te font mal, mets-toi au travail. Le Seigneur parle ainsi. Vous dites : « Lorsque j’ai mal à la tête, je ne peux pas travailler » ; c’est précisément pour cela que tu as mal, parce que tu ne travailles pas. Si les médecins m’entendaient, ils diraient : « Quelle affirmation dangereuse : travailler alors qu’on a mal à la tête ! » Les médecins n’expliquent que les conséquences de la maladie, mais ils n’en connaissent pas les origines. Les médecins nouvellement formés disent que le mal de tête est dû à un excès d’urée, accumulée dans le cerveau ; le sang s’épaissit, l’organisme se met à travailler excessivement, etc., mais comment l’urée est apparue n’est pas expliqué par les médecins. Ils ne peuvent pas expliquer la multitude de raisons qui précèdent l’apparition de l’urée. Par conséquent, la raison d’une maladie doit être recherchée très en amont. Si nous vivons sur le mode divin, viendra un jour où notre corps se purifiera instantanément de toutes sortes de dépôts qui, aujourd’hui, déclenchent la maladie. Certains physiciens admettent que si on soumet l’organisme humain à un courant électrique de dix, vingt ou cent mille voltes, il se renouvellerait en très peu de temps et reviendrait à un âge très jeune. Alors nous dirions : « Dieu merci, le Royaume de Dieu est venu sur terre ». Le Seigneur envoie la mort en disant : « Rappelez cet enfant vieilli et mettez-le sur le disque de la mort pour qu’il se renouvelle et vive une autre vie », alors la roue de la vie tourne avec cent mille voltes, et cinquante ou cent ans plus tard, le même individu revient avec une nouvelle énergie, un nouveau nom. C’est la loi de la réincarnation : le renouvellement des énergies ; l’âme peut revêtir plusieurs milliers de formes. Vous n’avez pas étudié ce qu’est l’âme humaine ; si je vous disais tout ce que je sais d’elle, ce serait la neuvième merveille du monde, tant il y a de choses à dire. Le Christ dit : « Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien car je le suis ». Lorsque vous lirez les versets suivants, vous verrez pourquoi il se nomme ainsi. Je veux que les deux mots Maître et Seigneur restent en vous. Le Maître est une énergie positive. Chaque trouble, chaque dysharmonie de pensées et de désirs est une énergie positive qui doit se transformer en énergie négative, car seules les énergies négatives dans le monde sont créatrices ; c’est vrai aussi du point de vue de l’électricité. Si vous étiez clairvoyant, vous verriez la lumière apparaître uniquement sur le pôle négatif. Lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est attirant, c’est qu’il a de l’énergie négative en lui : c’est le magnétisme. Un tel individu donne et aussi prend quelque chose des autres. Il ne faut pas être seulement poli avec les autres, mais chaque parole doit être remplie de sens : ne prononcez jamais de paroles vaines. Certains demandent : « Pourquoi ne nous montres-tu pas que tu nous aimes ? » Puisque je t’ai invité à ma table pour te restaurer, c’est que je t’aime. Si je te dis beaucoup de paroles, mais sans te nourrir, est-ce que je t’aime ? Si je t’invite à boire une bière, à manger des bonbons et des gâteaux, ce n’est pas de l’amour. Nous devons vivre avec du pain, des graines de blé et toutes sortes de fruits. Et le Christ dit : « « Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien car je le suis ». Lorsque ce Maître viendra chez vous, il y aura de l’harmonie, de la musique, de la poésie, tous seront à leurs places ; il n’y aura pas de disputes entre le mari et sa femme, entre maîtres et serviteurs, entre filles et fils, entre enseignants et élèves. Maintenant le Christ n’est pas dans le monde. Certains diront que le Christ est venu ; non, il ne vient pas car il sait ce qu’il a vécu : s’il venait aujourd’hui parmi les humains, ils le crucifieraient de nouveau. En étant sur la croix, il sait ce que sont ces clous avec lesquels il a été accroché. Le Christ demande à ses disciples : « Y a-t-il encore des clous ? – Il y en a. – Alors le moment n’est pas venu pour Moi d’apparaître. » Les prêtres prêchent la fraternité et l’amour. Le Christ ne se laisse pas berner par ces mots et demande encore : « Y a-t-il des clous sur terre ? – Il y en a. – Ce n’est pas encore le moment pour moi. » Certains disent : « Maître, manifeste-toi, nous te comprendrons et nous t’apprécierons ». Oui, vous avez préparé vos clous et vous voulez que le Maître vienne pour le clouer avec. Je le vois chaque jour : vous prenez tout ce que vous pouvez des gens. J’observe deux jeunes qui discutent dans le jardin alors que quelques agneaux se tiennent à côté et se disent : « Ces gens sont bien cultivés, mais rien ne les empêche de venir nous dépecer ». Ils connaissent très bien les pensées de leurs maîtres. Vous direz maintenant que je parle très bien ; oui, je parle bien et vous, vous écoutez bien. Mais j’aimerais que se forment en Bulgarie des professeurs qui enseignent la douceur et la patience. Je n’ai pas rencontré en Bulgarie de gens patients ; j’ai rencontré certains qui portent le fardeau de leurs afflictions, mais je n’ai pas rencontré de gens patients. Être patient, c’est être volontaire et intelligent, autrement dit, c’est connaître les causes et les conséquences des choses, alors que l’impatience engendre la suspicion sur tout et sur chacun. Je n’ai pas croisé de gens que je puisse convaincre que notre œuvre n’a rien qui justifie la suspicion. Les Bulgares n’ont pas de patience et c’est pourquoi le soupçon ne les quitte jamais. La deuxième chose est de mettre de côté les préjugés. Nous combattons chaque jour des pensées impures qui nous assaillent comme des guêpes. Je vois partout une ambiance de suspicion, consciente ou inconsciente, mais ensuite chacun veut se faire passer pour quelqu’un de cultivé. Nous devons nous protéger de ces pensées qui sont un résidu du passé ; ce sont des dépôts dont vous devez tous vous nettoyer. La suspicion a infecté l’esprit, le cœur et l’âme et vous devez vous en débarrasser. À quoi bon se montrer soupçonneux ? Quelqu’un vient me voir et veut me leurrer ; je lui dis : « Mon ami, si tu n’essaies pas de me mentir, je ferais plus pour toi, tandis que maintenant je ferai moins ; de toute façon je suis obligé de faire quelque chose pour toi ». Je ne veux pas dire par là que je suis bon, mais que je suis tenu de faire quelque chose pour chacun ; pourquoi présenter son travail autrement qu’il n’est ? On dit parfois pour cette raison que je n’accepte pas d’invités. « Pourquoi tu n’acceptes aucun invité aujourd’hui ? » Car je n’ai rien préparé et je ne peux rien vous donner. C’est pour vous la même loi : tu n’es pas disposé aujourd’hui, n’accueille pas d’invités, mais dis : « J’ai un problème à résoudre qui m’a été confié par le Maître ». Ainsi, insistez sur deux choses : la patience et le rejet de la suspicion. Je vois la suspicion dessinée sur les sourcils du Bulgare et elle est si manifeste chez certains qu’il faut une vie entière pour s’en débarrasser. Ce signe est à sa place, c’est le Seigneur qui l’y a mis. Et la suspicion est l’absence d’amour désintéressé : toutes les maladies en découlent. En côtoyant les autres, vous dites : « Celui-ci est mauvais, celui-là aussi » ; il n’y a pas de gens de bien pour vous. Pensez que les gens sont bons, mais qu’il y a en eux seulement de l’énergie positive que vous ne pouvez pas utiliser, et pour cela restez à l’écart pour que d’autres l’utilisent. Deux hommes qui ont des énergies positives se repoussent. Il y a de nos jours des magnétiseurs qui peuvent transformer les énergies. Je vais quelque part où se bagarrent un homme et une femme ; je lève les bras puis je les baisse et l’homme devient positif et la femme négative ; je reste un peu à leurs côtés et ils commencent à s’excuser d’avoir commis une erreur. Ils n’ont pas compris la loi selon laquelle l’un devient positif et l’autre négatif. Et c’est vrai qu’une fois leurs énergies transformées de façon à avoir les deux sortes d’énergies, ils cessent de se quereller. Je dis : amis, l’un doit être en haut, et l’autre en bas. Lorsqu’il entreprend de soigner quelqu’un, le magnétiseur passe sa main de haut en bas sur le malade ; cela signifie que la femme est en bas et l’homme en haut, c’est-à-dire l’homme casse des pierres alors que la femme bâtit. C’est ce que le Christ a enseigné. Le Christ dit : « Vous m’appelez Maître et Seigneur ». Le Maître est là-haut dans la montagne et le Seigneur est en bas et Il bâtit sur place ; donc si vous voulez bâtir, descendez. Si vous comprenez ainsi les choses, il n’y aura aucune contradiction. En m’écoutant, vous direz que je vous enseigne à vous détacher du monde ; je ne vous enseigne pas à renoncer au monde, mais je vous enjoins de transformer votre énergie positive en énergie négative et de commencer à bâtir. Lorsque tu es inquiet sur un sujet, lève tes bras puis baisse-les. Et dis alors à ton estomac : « Écoute, ami, que le cerveau soit en haut, et toi en bas, envoie lui de l’énergie pour qu’il travaille ». En général, là où on ressent un mal de tête, on ressent aussi un mal de ventre, et vice versa ; ceci montre que la loi se vérifie toujours ; il y a un lien étroit entre l’estomac et la tête. Vous pouvez le constater vous-mêmes. Vous ou ceux parmi vous qui ont une volonté affirmée, peuvent se soigner ainsi : se tourner vers le Seigneur et prier comme on prie un Maître, et le Seigneur vous apprendra à gouverner votre tête et votre estomac. Vous direz : « Je ne veux ni tête ni estomac, mais un corps d’ange et une guitare dans la main pour jouer et chanter au ciel ». C’est une mauvaise compréhension de l’enseignement du Christ ; vous devez le comprendre avec justesse, et poursuivre un résultat tangible. Je ne veux pas créer d’antagonisme entre ceux qui ne comprennent pas correctement l’enseignement du Christ et ceux qui le comprennent mieux. Et je ne dirai pas que les uns sont du bon côté et les autres du mauvais côté, mais je dis que ceux qui ne raisonnent pas justement ont de l’énergie positive. Tant que la suspicion prend le dessus chez vous, personne ne peut redresser le monde. Avant de repartir, nous devons accomplir la volonté de Dieu. Les Bulgares ont un avenir en tant que peuple et pour cela ils doivent devenir patients et mettre de côté la suspicion. Les Bulgares ne sont pas si bons, mais il y a en eux des conditions d’une bonne vie, et là où il y a des conditions de bonne vie, il y a Dieu. Quelque chose sortira des Bulgares, non de la Bulgarie car elle est simplement le tube à essais dans lequel se déroulent les expérimentations, et elle accomplira ce rôle-là. Le contenu qui est dans le tube à essais, le peuple bulgare, est aussi une force créatrice. Lorsque les Bulgares vont vivre parmi des Américains et d’autres peuples, ils sont polis, courtois, mais dès qu’ils rentrent en Bulgarie, ils deviennent rustres, mécontents de tout. Ce mécontentement est dû au petit territoire dont ils disposent ; ils ont un esprit créateur et c’est pourquoi ils se sentent à l’étroit. Donnez du travail, de grands projets au Bulgare et il travaillera. Je me promène un jour à côté du séminaire et je croise un colonel à cheval. Je vois à un moment donné que son cheval est arrêté et qu’il ne veut pas avancer ; le colonel descend et le cheval repart ; il veut dire ainsi : « Sans colonel j’avance, mais avec lui je m’arrête ». Il y a ce trait de caractère chez tous les Bulgares. Le Christ dit : « Je suis venu enseigner aux gens à donner de l’espace à chaque âme et à encourager le bien en chaque chose ». Si chacun donne de la liberté à ses proches comme lui-même en demande, il y aura de l’espace pour les actes et les pensées. Si vous appliquiez ces commandements qui se cachent dans mes paroles, vous comprendriez beaucoup de choses. Je prends tout de la nature et je le traduis. Toutes les lois que j’ai vérifiées dans la nature sont soixante-quinze pourcent exactes et il reste encore vingt-cinq pourcent que je dois vérifier. Insufflez cette foi en vous et sachez que chacun renferme en lui quelque chose de sublime. Quelqu’un veut devenir un ange, même en tant qu’ange il ne voit que le début des choses et pas leur fin : tu ne verras que ta tête et non pas la queue. Lorsque tu perds la queue, tu deviens un atome qui gravite autour d’un cercle pour retrouver l’équilibre. La rotation autour d’un cercle est le signe que l’individu a perdu son équilibre. Puisque nous nous sommes libérés de la périphérie, nous devons étudier ces deux mondes : celui du Maître qui est là-haut, et celui de la mère qui est en bas. Ce qui est vrai pour le soleil et la terre, est vrai pour le cerveau et l’estomac, pour l’esprit et l’âme. Exercez votre patience, c’est-à-dire développez l’intelligence et la volonté, écartez le soupçon et remplacez le par l’amour créateur. Soyez si forts qu’aucune offense ne puisse vous toucher ni vous asservir. Il n’y a pas de plus grand art que celui-ci : se mettre au-dessus de toute offense et la remplacer par de bonnes pensées. Vous pouvez tous faire un grand travail, accomplir beaucoup de bienfaits. Ce que joue le maître à un instant, le disciple peut aussi l’apprendre. Celui qui veut être quelque chose de plus que les autres, doit s’unir au Seigneur vivant, à ce grand lien, à l’harmonie et apprendre la loi du silence. Comme disent les occultistes, soyez des auditeurs du Grand Maître qui parle. Il n’y a rien de plus beau que le silence. J’aimerais être à votre place : que vous parliez et que je vous écoute car je comprendrai tout ce que vous dites. Maintenant, lorsqu’ils écoutent quelque chose, les gens non seulement ne songent pas à remercier, mais ils se mettent au contraire à critiquer et à dénigrer. Le Christ dit : « Je suis l’aubergiste et je suis venu vous restaurer ». L’enseignement du Christ nous montre que nous avons des conditions pour devenir des saints, des anges et des génies. Mais que sommes-nous à présent ? Nous sommes les enfants aimés de Dieu : Il nous aime non à cause de notre bonté, mais à cause de Sa miséricorde. Et c’est le titre le plus sublime que nous pouvons nous donner. Nous devons justifier cet amour, le mériter et ne jamais nous arracher les cheveux entre nous devant Son visage. Lorsque nous entendons le Maître, le Père, le Seigneur venir, nous devons cesser aussitôt de nous battre. Je veux avec la causerie d’aujourd’hui que tous ceux qui ont de l’énergie positive la transforment en énergie négative ; que tous ceux qui sont en haut dans la montagne, descendent pour bâtir et que ceux qui sont maîtres deviennent des serviteurs : on n’a pas besoin de maîtres. Le Seigneur dit : « Je suis rassasié des maîtres, je veux des serviteurs, qu’ils viennent redresser le monde ! » Le Christ dit : « Maintenant le monde sera redressé par les élèves, les fils et les filles et non par les mères et les maîtres. Les élèves, les fils et les filles sont l’avenir de ce monde ». La mère s’occupe de ses toilettes, le père boit et les fils et les filles voient que les parents ne suivent pas le droit chemin et ils se mettent alors sérieusement au travail. Maintenant, prenez le rôle de fils et de filles, d’élèves et de serviteurs et ne dites pas que vous êtes maîtres, prêtres, mères, pères, rois, princes et autres : que le Seigneur vous protège de ces péchés, que le Seigneur me protège aussi de ce péché, et qu’Il nous donne la possibilité d’être, dans le monde, élèves et serviteurs de ce Grand Maître, serviteurs de ce Grand Seigneur, le Seigneur vivant ! Sofia, 15 juin 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] Le mot utilisé ici dans le texte original est Utchitel (Учител) qui signifie littéralement enseignant, professeur. [2] « Vous m’appelez « le Maître et le Seigneur » et vous dites bien, car je le suis. » (Jn 13,13) [3] Un million de milliards ou encore nommé un billiard dans la notation française [4] Analogue quadridimensionnel du cube.
  8. La femme courbée « Et il lui imposa les mains. À l'instant, elle se redressa et glorifia Dieu. »[1] Luc 13 :13 Le premier principe dans la vie est de représenter la vérité dans sa forme réelle. Il y a des vérités réelles et des vérités fictives, ou encore positives et négatives. Si vous vous déplacez de bas en haut sur le tube du thermomètre à mercure, lorsque la température augmente vous aurez une vérité positive, mais si vous vous déplacez de haut en bas, vous aurez une vérité négative : dans le premier cas la chaleur augmente et dans le second cas, elle diminue. Vous direz : « Quelle importance si la chaleur augmente ou diminue ? » C’est d’une très grande importance. C’est uniquement grâce à la chaleur que tous les végétaux et tous les arbres fruitiers prospèrent et croissent dans la nature. Cette loi est vraie aussi pour l’intelligence et le cœur des humains. Je traduis le mot chaleur par l’expression sentiments nobles : les pensées, les sentiments, les actions les plus nobles sont engendrés par la chaleur. Vous me demanderez : « Quel rapport y a-t-il avec le fait que le Christ a posé les mains sur cette femme ? » La femme représente le socle du monde ; le monde ne peut exister sans les femmes, si cela se pouvait, le Seigneur ne les aurait pas créées. Certains vont rétorquer que le Seigneur a d’abord créé Adam. Oui, mais quel Adam, celui qui est fait de terre ? Le Seigneur a créé les genres masculin et féminin en même temps. Ils sous-entendent un antagonisme dans le monde, mais cet antagonisme est aussi une grande science. Le Christ voulait mettre la femme à sa juste place, cette femme était bossue, que signifiait sa bosse ? Elle était bossue à cause de ses pensées, de ses sentiments et de ses actions. C’est sur cette femme que le Christ a posé ses mains ; les mains symbolisent le grandiose, le sublime dans le monde. Nos contemporains souffrent d’un manque de volonté et quelqu’un qui n’a pas de volonté n’est pas un être humain. Probablement, tous me diront qu’ils ne manquent pas de volonté. Je vous donnerai un petit exercice pour tester votre volonté : je vous donnerai une charge d’un kilogramme à soulever. Vous direz : « Comment ne pas être capable de soulever un kilogramme ? » Oui, selon les cas vous pouvez le soulever ou non. Comment soulever cette charge si elle est chauffée à 1000 degrés ? Non seulement vous, mais personne ne pourrait la soulever et même vous resteriez dix mètres en arrière. Ainsi, j’énonce la règle suivante : entre une charge d’un kilogramme que même les enfants peuvent soulever, et une autre que le monde entier ne pourrait soulever, il y a une grande différence. Si n’importe qui peut te soulever, ceci montre que tu n’as en toi ni volonté ni force. Nous lisons que le Christ a posé ses mains sur cette femme courbée qui s’est redressée. Je demande : pouvez-vous poser vos mains sur votre intelligence courbée, sur votre cœur courbé et les redresser ? Vous me répondrez : « Notre cœur et notre intelligence sont redressés ! » Non, ils ne le sont pas : les intelligences et les cœurs de tous les religieux, ministres, enseignants sont courbés. Vous direz : « Pourquoi nous offenses-tu ? » Non, je ne vous offense pas, mais j’exprime une vérité positive pour éviter de s’illusionner en croyant être quelque chose, alors que ce n’est pas le cas. Dans le verset lu il y a également un aspect psychologique : le Christ a posé les mains sur cette femme non seulement pour qu’elle se lève, mais aussi pour qu’elle glorifie Dieu. Dites-moi combien de fois la mère doit poser ses mains sur son enfant lorsqu’elle le baigne pour qu’il se lève et marche ? Si les mères n’agissaient pas ainsi, est-ce que leurs enfants marcheraient ? Vos enfants sont des femmes courbées et il faut pour cela poser vos mains sur eux tous les jours pour les laver. Savez-vous ce que signifie se laver ? C’est une vérité si élémentaire, mais personne parmi les érudits contemporains ne peut l’expliquer. Nos contemporains ressemblent à ce philosophe grec qui voulait étudier le monde et regardait uniquement en haut. En marchant sur la route, il est tombé dans un trou. Il est sorti du trou, très fâché et s’est mis à vociférer contre les gens qui ont posé un tel piège sur son chemin. Une fois calmé, il a continué, mais à son grand étonnement il est encore tombé dans un autre trou. Il s’est fâché encore plus fort contre les gens qui semaient des embûches sur son chemin pour l’empêcher de découvrir la vérité. Non, cher monsieur, lorsque tu recherches la vérité il faut regarder devant toi et non en haut. De nos jours, tous les parvenus regardent toujours vers le haut. Allez dans les champs pour voir vers où regardent les gerbes de blé mûres et les gerbes de blés vertes : ces dernières regardent toujours vers le haut. Si l’agriculteur voyait que toutes les gerbes regardent en haut, il serait désespéré ; s’il voyait des gerbes avec des têtes penchées, il dirait : « Dieu soit loué ! » J’aimerais que vous soyez tous penchés. Le Christ a vu la femme courbée et il a posé ses mains sur elle : elle s’est alors levée et a glorifié Dieu. Certains demanderont : « Pourquoi glorifier Dieu ? » Je ne vous dis pas de glorifier ce Seigneur au nom duquel éclatent aujourd’hui toutes les disputes, et que les églises servent depuis deux mille ans ; je ne parle pas du Seigneur que servent les nations, le dieu de la guerre. Je ne nie pas que ce sont des dieux, mais ils le sont pour eux-mêmes, non pour l’humanité. Je vous parle d’un Seigneur que vous pouvez trouver partout, qui est en vous, en qui vous demeurez, vous mouvez et ressentez[2]. Ce Seigneur n’appartient pas aux nations, aux partis. Je l’appelle Dieu des souffrants, des bossus dans le monde. Ceux parmi vous qui ont appris le théorème de Pythagore savent qu’il énonce : « Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés », c’est-à-dire l’espace contenu dans le carré de l’hypoténuse est égal à l’espace contenu dans les deux autres côtés. Ainsi la femme sur laquelle le Christ a posé ses mains représente l’hypoténuse sur laquelle est construit le carré, c’est-à-dire une zone neutre qui divise le carré en deux triangles. Exploitées de la sorte, la géométrie et les mathématiques offrent un certain rapport avec la vie. Pour guérir quelqu’un, pour guérir aussi bien son intelligence, son cœur que sa volonté, il faut au minimum trois conditions. On ne peut pas guérir celui dont les poumons, le cerveau et l’estomac sont malades. Vous allez me rétorquer : « Mais alors, comment le Christ a-t-il pu guérir autant de malades, souffrants tous d’afflictions différentes ? » Le Christ n’a soigné que ceux qui avaient des obstacles dans leur vie, mais dont les poumons, l’estomac et le cerveau étaient à leur juste place. Je prends l’estomac comme symbole de la vie physique, les poumons comme symbole de la vie mentale et le cerveau comme symbole de la vie spirituelle des humains. Par conséquent, si vous n’êtes pas liés aux forces de ces trois mondes, votre bosse est incurable. Pour que l’enfant sur lequel la mère pose ses mains puisse se lever, il doit lui-même avoir ce désir, il doit nourrir une certaine idée. Cette analogie se rapporte aussi aux peuples : chaque peuple est semblable à un enfant. On dit pour un peuple qu’il est jeune, pour un autre qu’il est ancien. Si un peuple est jeune, alors sa mère doit encore longtemps le baigner dans la bassine et poser ses mains sur lui jusqu’à ce qu’il marche. Et vous êtes familiers avec le fait qu’un enfant qui marche pour la première fois traverse un grand nombre de péripéties, il y a beaucoup de chutes, de recommencements, mais cela ne veut rien dire. Vous me demanderez quel est le rapport entre ce verset et notre vie d’aujourd’hui. Le soleil projette tous les jours ses rayons sur nous : ce sont les mains divines. Mais qu’est-ce qui se cache en elles ? Le Christ projette tous les matins ses mains à travers ces rayons. Si votre cerveau, votre estomac et vos poumons sont sains alors votre bosse se redressera. Vous allez répliquer que ceci n’est pas conforme à ce que dit l’Église d’aujourd’hui. Quelle Église ? Celle que les humains ont créée ou celle qui a été créée par Dieu ? Si c’est l’Église de Dieu, c’est alors la nature, et je crois à ses symboles. Ceux qui passent les examens pour être prêtres et évêques doivent faire en sorte de redresser la bosse d’une femme courbée en posant leurs mains sur elle. Combien sont ces prêtres et évêques en Bulgarie qui en sont capables maintenant ? Voilà que deux mille ans se sont écoulés depuis le Christ et toutes sortes d’évêques et de prêtres très instruits sont venus, mais la bosse de l’humanité et celle du peuple bulgare en particulier est toujours là. Pourquoi ? Parce qu’ils ne croient pas en ce que le Christ a enseigné. J’ai discuté avec beaucoup de gens du monde et j’ai remarqué qu’ils sont plus réceptifs aux grandes vérités que certains religieux. Ce n’est pas un reproche ou un blâme. Si le professeur vous donne un problème à résoudre et que vous n’en venez pas à bout, il dit alors que le problème n’est pas solutionné. « Mais comment ça, Monsieur le professeur, je me suis donné beaucoup de mal pour le résoudre. De plus mon père et mon grand-père sont des gens riches, respectables, comment est-il possible de ne pas le résoudre ? » Tout ceci est peut-être vrai, mais le problème reste non résolu. Devant cet échec, on commence à porter des fleurs, de l’argent et d’autres choses au professeur, mais le problème est toujours non résolu. Sachez que les écoles, les lycées, les facultés sont des lieux de savoir et non de corruption. Je vois que tous nos contemporains apportent des bougies dans les églises, ils les allument, mais le problème reste non résolu. Tu peux être un roi, mais ton âme, ton cœur et ta volonté peuvent être courbés. Je dis à une telle personne : « Tu ne feras rien dans le monde et tu seras toujours esclave des conditions dans lesquelles tu vis ». Nos contemporains se justifient avec les conditions : elles sont pénibles, défavorables. Si je mets quelqu’un dans un bel édifice et lui crée les meilleures conditions de travail, mais s’il importe tous les déchets qu’il trouve dehors dans la pièce, que deviendront ces bonnes conditions qui lui ont été données ? Un tel individu se plaint de ses mauvaises conditions de vie, mais qui les a créées ? Lui-même. Que doit-il faire ? Les changer sans pour autant démolir la maison, simplement la nettoyer. Si on ne respecte pas les bonnes conditions qui nous sont données, on ressemble à ces oisillons qui, lorsqu’ils ont sali leur nid se sont mis à implorer leur mère de les déplacer dans un autre nid car celui-ci était trop sale. La mère leur a demandé : « Mais vous, vous viendrez aussi dans le nouveau nid ? – Bien sûr ! – Alors vous allez salir aussi le nouveau nid. » Je vais vous donner un exemple similaire avec le loup : un loup est allé auprès du renard pour se plaindre des humains qui étaient trop méchants et ne cessaient de le persécuter : « J’irai voir d’autres humains, plus nobles, mieux disposés – a-t-il dit. » Le renard lui a demandé : « Prendras-tu tes crocs avec toi ? – Bien sûr, comment s’en passer ? – Alors ces humains te pourchasseront aussi. » On doit comprendre la loi essentielle selon laquelle toute chose doit être à sa place. Si tu as des crocs, tu dois savoir comment les utiliser. Le Christ voulait ainsi démontrer que tous ceux qui croient en lui doivent avoir de la volonté pour redresser leur vie. Femme, de la racine sanscrite zéo, signifie vie[3]. La vie de cette femme s’est voûtée, mais pour se redresser la volonté divine doit la guider dans cette direction pour qu’elle se manifeste de façon raisonnable. Comment se manifesterait la vie divine ? C’est une grande erreur de vous considérer trop savants. Je ne nie pas que vous ayez des connaissances, mais je vous demanderais, puisque vous avez étudié l’algèbre, la géométrie, à quoi vous serviront ces formules ? Je feuillète les manuels d’algèbre et de géométrie et je vois de grandes vérités dissimulées dans ces formules, mais sur le fond, elles restent incomprises des enseignants comme des élèves : ces graines de vérité ne sont pas encore semées dans la science. Il y a en nous une apathie envers la vérité profonde. Il y a simplement une croyance mécanique : nous attendons l’avènement de Dieu pour qu’Il redresse tout, qu’Il nous apprenne tout sans que nous travaillions ou recherchions par nous-mêmes. Nous ressemblons ainsi à ce fils de riche qui a hérité une grande fortune de son père. Il est allé à des concerts, à des bals, il a visité une multitude de villes, il a vu tous les endroits remarquables dans le monde, et en revenant il a déclaré : « Cette vie n’a aucun sens ». Un tel homme qui fait du tourisme d’un endroit à un autre ou amasse des connaissances à l’école, mais sans les appliquer, je le considère comme un mendiant qui va de maison en maison pour demander l’aumône et l’amasser quelque part. Parfois il est bien accueilli, mais parfois mal, jusqu’à ce que tout respect de soi s’efface en lui. C’est la corruption humaine. Celui qui attend tout des autres se corrompt. Il est dit dans les Écritures : « Crois, espère et aime »[4], ce qui signifie : aie de la volonté. Faire preuve de volonté consiste à s’opposer au monde entier s’il est contre tes convictions que tu as vérifiées et que tu veux faire passer. On peut te dire qu’il est bête d’insister, mais si tu as de la volonté, tu ne renonceras d’aucune manière, tu diras : « Je crois et c’est tout ». Vous direz que croire est naïf. Peut-être, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ne croit en rien, simplement certains s’imaginent qu’ils ne croient pas, c’est-à-dire ils ont uniquement le reflet de la foi en eux, ils descendent et perdent ainsi leur chaleur. Certains disent qu’ils perdront leur vie, que leur femme est méchante, qu’ils n’arriveront à rien, etc. Ce n’est pas un savoir, mais des croyances. Si vous dites que vous avez des savoirs, je vous demanderais pourquoi je vous parle sur ce verset. Vous répondrez : « Nous supputons, nous croyons savoir pourquoi ». Vous ressemblerez à ces paysans à qui un curé, venu prêcher, a demandé : « Mes frères, savez-vous sur quoi je parlerai ? – Non. – Eh, si vous ne savez pas alors cela ne sert à rien que je vous en parle. – Non, non, nous savons bien, nous savons bien ! – Eh, puisque vous savez, cela ne sert à rien d’en parler non plus. » Je ne pose pas la question ainsi, mais je classe les chrétiens en deux catégories : il y a ceux qui ont un centre commun et ceux qui n’en ont pas, c’est-à-dire ceux qui se déplacent en cercles parfaits, et ceux qui se déplacent en trajectoires elliptiques, hyperboliques. Une comète apparaît dans l’espace, approche du soleil et puis disparaît. Pourquoi s’est-elle projetée dans le monde ? Si quelqu’un veut vous saluer de loin ou vous cibler avec un canon à grande portée ou une grenade, il a pour cela un but déterminé. Je considère que les comètes apparaissent pour saluer le soleil ; elles passent à proximité et parfois elles éclatent et puis s’éloignent dans l’espace. Chaque comète a une mission prédéfinie et son apparition peut être observée sur un plan physique, astronomique ou spirituel, ceci pour étudier son mouvement, la raison de son apparition, etc. Ainsi, beaucoup parmi vous sont des comètes qui après des milliers d’années se perdront dans l’espace. Vous apparaissez, mais vous n’avancez pas en cercle, vous avancez en ellipse ; vous vous déplacez hors de l’espace jusqu’à ce qu’une autre planète ne change pas votre centre pour vous imposer une rotation circulaire. Le Christ est venu changer cette ellipse en cercle et vous mettre au centre, modifier votre chemin. Ainsi, le Christ a changé l’orbite de cette femme, celle-ci s’est redressée et s’est retrouvée dans un monde de sagesse pour glorifier Dieu, c’est-à-dire pour s’instruire et comprendre sa vie. Sa situation est comparable à celle de quelqu’un qui est sorti de prison et qui a été mis dans les meilleurs endroits de la nature pour savourer ses sources d’eau pure, ses fruits succulents et ses beautés indicibles. Pour redresser notre vie, nous avons besoin de la science divine positive. En m’écoutant, beaucoup parmi vous s’enthousiasment et disent : « Nous pouvons tout faire pour redresser notre vie », mais avant la fin de la semaine cet enthousiasme s’estompe et vous vous dites : « Non, nous ne pouvons pas y arriver ». Faut-il encore que vous ayez examiné cette question comme il faut. Il n’y a pas de question sur le plan social ou spirituel que je n’ai pas déjà éclaircie : je la comprends par la forme, le contenu et le sens comme par l’action de la volonté divine et l’action de l’esprit divin. Je comprends en volonté et en esprit ce corps divin qui ne fluctue pas, c’est-à-dire ces idées qui sont immuables et ont une existence éternelle, et les actions qui bâtissent le monde, ce corps divin dans lequel se manifeste la volonté. Par Esprit j’entends l’âme divine. De cette âme divine naît ce que nous appelons amour. L’esprit engendre l’amour car l’amour est le fruit de cet esprit. En bulgare le mot esprit vient du souffle du vent,[5] mais ce sens a été pratiquement perdu. L’esprit est ce principe intelligent supérieur qui vous permettra, si vous communiez avec lui, de comprendre le sens de la vie et de vivre selon toutes ses règles et tous ses commandements. La science contemporaine explique les raisons de toutes les anomalies dans la vie quotidienne. La première raison est due à la nourriture contre nature que vous mettez dans votre estomac : Dieu a fait l’être humain pour qu’il mange des fruits alors que vous mangez de la viande. La nourriture carnée a introduit de tels poisons dans votre organisme qu’il est aujourd’hui un dépôt d’impuretés, la science elle-même le prouve. Si vous aviez un odorat très pur, vous ne vous rapprocheriez pas les uns des autres, telle est la puanteur qui se dégage de ceux qui mangent de la viande. Si quelqu’un me dit qu’il est malade, la première chose pour aller mieux est d’améliorer son alimentation. Vous direz : « Comment se nourrir ? » Avec des fruits. « Ils sont chers. » Il faut avant tout changer vos conditions de vie. Si vous admettez qu’il y a un seul Seigneur qui a tout créé dans le monde, êtes-vous prêts à tout sacrifier pour Lui ? Ce grand médecin qui est en vous et qui est assisté par tous les médecins modernes, dit : « Vivez naturellement ! » J’aborde cette question au sens très large : la nourriture de fruits comme la nourriture carnée contient des éléments différents, ce qui favorise deux états différents dans notre organisme. Selon la même loi, chaque pensée, chaque sentiment en nous peuvent produire deux états différents qui dans un futur lointain produiront deux résultats différents. Notez que le Christ a posé ses deux mains sur cette femme, et donc ses dix doigts. Savez-vous ce que cela signifie de poser ses mains sur quelqu’un ? Il n’y a pas de bienfait plus grand que celui de poser ses mains sur la tête de quelqu’un. Il est dit dans les Écritures » : « Et le Christ a levé ses mains, a béni ses disciples et leur a soufflé dessus ». Aujourd’hui, vous aussi, vous souffrez de ne pas poser vos mains. C’est une prière. Mais vous répliquez : « Je ne prie pas ». Prier, c’est étendre ses mains, et tout mouvement juste est un mouvement de l’esprit. La prière est un mouvement dans toutes les directions. Comme les jambes se déplacent correctement, le cœur, la volonté, tout le reste doit suivre son chemin. Comment te sentiras-tu alors ? Dans un tel moment, tu te sentiras maître de ton monde, en pleine possession de tes moyens et sans besoin des autres. Tu peux être jeté en prison et te sentir heureux ou tu peux être dans un palais royal et rester malheureux comme la femme courbée. Un Bulgare très érudit me disait qu’il voulait de l’argent, ce qui signifie qu’il veut être comme la femme courbée. Je ne renie pas l’argent car Dieu le tolère, mais nous ne devons pas en réclamer à Dieu car nous avons déjà tout. Je regrette ainsi que tous les Bulgares veuillent être des femmes courbées puisqu’ils réclament des maisons et de l’argent. Tout ce que nous avons doit être utilisé raisonnablement. Je ne vous dis pas de quitter cette vie ni de quitter vos maris car vous n’êtes pas des héros. Qu’est-ce que j’entends par quitter vos maris ? J’assimile la femme à un directeur de prison qui épie constamment son mari dans ses déplacements, dans ce qu’il fait, dans sa façon de respecter ses consignes, et qui le moleste au moindre écart. Lorsque je dis : « Femme, quitte ton mari ! », cela signifie : « Laisse-le en liberté ; laisse-le panser librement ses blessures ! » Aujourd’hui, tous s’agrippent les uns aux autres comme des tiques, et il faut user de la force pour les séparer. La religion d’aujourd’hui s’apparente à du parasitisme. Si je m’unis avec quelqu’un pour l’exploiter, pour me nourrir de lui, c’est du parasitisme. L’évêque n’a pas embrassé cette vocation pour se nourrir uniquement de son métier et s’occuper de champs et de bâtisses. Lorsque je parle des prêtres, ce n’est pas pour que vous les méprisiez, mais pour débarrasser l’Église de tout ce qui est impur ; c’est l’idée que l’on a qui est importante. J’appelle ces prêtres et ces évêques des femmes courbées. Lorsque le Christ viendra, il devra poser ses mains sur tous les curés pour redresser leurs bosses. Les prêtres prônent le Verbe de Dieu, mais en sortant de l’Église ils disent: « Nous prônons et parlons ainsi car c’est notre métier, mais nous avons d’autres idées en réalité, c’est comme ça que nous agissons maintenant et nous ferons mieux de l’autre côté ». Si j’avais parlé ainsi cinq cents ans en arrière, j’aurais été brûlé. Non, je ne suis pas de ceux qui peuvent être brûlés. Et vous qui ne voulez pas mourir, venez ici où j’habite, devenez des citoyens de cet endroit, il est si vaste, il y a ici tant de lumière, nous vous donnerons les plus belles maisons et la meilleure nourriture. Ne pensez pas qu’en venant dans le monde dont je vous parle, vous serez sans enfants. Ils sont curieux ceux qui pensent qu’en devenant des saints, ils n’enfanteront plus. Vous continuerez d’enfanter, uniquement des filles et des fils justes et non des pécheurs comme jusqu’à maintenant. Être saint et pur signifie ne pas être courbé. Selon cette loi, quiconque entre dans ce royaume et se marie, aura deux enfants, un garçon et une fille. Et ces enfants aussi auront seulement deux enfants et non comme Jacob, une douzaine. Le Christ a posé ses mains sur la tête de cette femme courbée et a dit : « Que la bénédiction de ton fils et de ta fille repose sur toi, ils t’ont sauvée ». Si je vous racontais le passé de cette femme courbée, vous verriez que c’est une histoire peu banale. Tous les prophètes ont parlé de cette femme courbée : ouvrez l’Ancien Testament et vous verrez partout des écrits sur elle, elle est décrite sous toutes les formes. Dans le livre de l’Apocalypse il est aussi question d’elle : dans sa première phase, elle est décrite comme une femme assise sur sept collines, dans sa deuxième phase c’est une femme enceinte qui enfante ; son enfant est pris et amené au Ciel, et elle va dans le désert. Donc en se débarrassant de sa bosse, la femme courbée enfantera un enfant mâle, alors l’intelligence s’éveillera pour penser et le cœur pour ressentir, et on dira : « Désormais je vivrai pour mon fils, l’intelligence, et je sacrifierai tout pour lui ». Je prends l’intelligence non pas comme un organe, mais comme une essence divine ; je n’envisage pas l’intelligence humaine corrompue qui est la risée de tous de nos jours. Lorsque vous dites que vous savez beaucoup, dites-moi ce qui vous arrivera dans un an : serez-vous dans le monde physique, ou quelque part au repos ; y aura-t-il de la paix dans un an et que se passera-t-il en Bulgarie, paiera-t-elle des réparations ou non ? Toutes ces choses ont un rapport entre elles. Si nous payons des réparations aujourd’hui, c’est une dette qui remonte à des milliers d’années. C’est risible que les gens craignent le paiement des réparations. Savez-vous quelles réparations ont payé les gens jusqu’à présent sans jamais y songer ? Combien de vies ont été gaspillées, et à qui ont-elles payé ces réparations ? À cause d’elles, rien de bien n’est sorti de votre vie. Il y a véritablement un potentiel en vous, mais votre chemin n’est pas droit. Et lorsque le Christ viendra poser ses mains sur vous, vous commencerez à glorifier Dieu et vous vous rendrez compte que vous vous déplacez autour d’un centre. Tous les évènements qui se déroulent autour de vous prendront alors une autre signification. Pour élever le peuple bulgare, le Seigneur a envoyé ses enfants en pension sur cette petite terre. Tous les peuples sont des pensions où logent les bons enfants de Dieu. La renommée de chaque pension est fonction de la nourriture, de l’ambiance, de la propreté et de l’ordre qui y règnent. Au sein de chaque peuple naîtront des gens talentueux, des écrivains, des poètes, des génies, ensuite des saints et enfin des Fils de Dieu qui viendront pour que ce peuple soit béni. La plus grande récompense d’une pension sera d’avoir un fils de roi en qualité de pensionnaire. Vous direz : « Le Christ a accompli tant de miracles parmi les juifs, mais ils ne se sont pas assagis : comment les saints et les grands hommes y parviendront-ils ? » Les Bulgares non plus ne sont pas plus intelligents que les Juifs. Si le Christ venait aujourd’hui parmi les Français, les Anglais, les Allemands ou les Bulgares, ils se comporteraient envers Lui de la même façon que les Juifs l’ont fait. Les guerres d’aujourd’hui montrent le visage des peuples chrétiens. Le Christ doit poser ses mains sur ces peuples courbés pour les redresser. Aujourd’hui, je ne tiens personne pour cultivé, tous sont courbés. Nous avons besoin d’une culture supérieure. Les conditions de la culture actuelle doivent évoluer pour préparer l’avènement de la culture divine à laquelle nous sommes tous appelés. Notre futur dépendra de nos pensées et non pas de ce que nous représentons extérieurement. Est-ce que ta pensée est capable de ne pas déformer ce qu’elle reçoit du monde invisible ? Quels rayons lumineux viennent directement du soleil et lesquels sont déformés ? Seules la lumière et la chaleur qui viennent directement de lui peuvent nous garder en bonne santé. Lorsque le Christ a posé ses mains sur la femme courbée, elle s’est levée et a commencé à glorifier Dieu. Toute la force est dans les dix doigts des mains. Le nombre 10 signifie vivre avec Dieu et accomplir Sa volonté. L’unité représente Dieu dans le monde, et le zéro, les conditions nécessaires pour le développement de l’individu. Il faut avoir ces conditions dans la descente et la montée vers Dieu et porter ses bénédictions à l’humanité souffrante, à tous ceux qui se sont écarté du droit chemin. Il faut connaître la signification de tous les doigts de la main pour savoir ce que le Christ a voulu signifier en posant ses mains sur la femme courbée. Il lui a dit ainsi : « Femme, tu as besoin de volonté ». Le pouce signifie : tiens le monde divin, ne méprise pas la volonté et l’intelligence divines ; l’index signifie : sois pure et défends le droit que Dieu t’a octroyé ; le majeur signifie : juge chaque chose selon l’étalon divin pour te montrer toujours juste et miséricordieuse envers chacun dans toutes tes actions ; fais aux autres ce que tu attends aussi d’eux ; l’annulaire signifie : aime la science divine, la vérité, ce qui est beau et sublime dans la nature, ne trompe pas les autres dans le commerce. Le plus petit doigt ou l’auriculaire se rapporte au commerce et veut dire : « Prépare bien ta laine pour bien tisser ». Voici la signification des doigts d’une des mains, la signification des doigts de l’autre main je la laisserai pour une autre fois. Lorsque le Christ a posé ses mains sur la femme courbée, elle s’est redressée aussitôt et lui a dit : « Je comprends le sens de tout ce que tu m’as dit et qui est profondément caché dans mon âme ». Pouvez-vous, vous aussi, en regardant vos doigts, dire que vous accomplirez ce qui se cache profondément en eux en sens et en contenu ? Le prêtre bénit de ses deux doigts et dit : « Au nom du monde divin, au nom de notre religion et de la justice, sur les fondements de la science et du monde matériel, je vous bénis, et maintenant donne l’argent ». Vous agissez de même, au moindre bien accompli vous dites tout de suite : « Donne maintenant l’argent ! » Le Christ n’a pas dit à la femme courbée de le suivre, mais il lui a dit : « Femme, va et élève tes enfants selon les règles de la science divine ». Tous ceux qui glorifient aujourd’hui Dieu proviennent de cette femme courbée, ils sont ses fils et ses filles. Des milliers de femmes ont posé leurs mains sur leurs fils, mais cela n’a donné que des vagabonds et des vauriens car les mères ne savaient pas à quel moment accomplir ce geste. Si un agriculteur étend ses mains et sème le grain dans le champ au mauvais moment, les semailles ne donneront aucun résultat. Ceci montre qu’il y a pour toute chose un moment précis où il faut étendre ses mains. Les femmes baignent leurs enfants habituellement le matin et le soir et leur prodiguent ainsi des massages, des frictions et posent leurs mains sur eux, mais sans savoir comment le faire. Le plus grand art divin pour la mère est de savoir comment baigner et frictionner son enfant, car si elle le sait, elle en fera un grand génie ou un grand saint. Il faut des écoles pour apprendre aux jeunes filles à baigner et frictionner leurs enfants. Les mères modernes cherchent à s’en débarrasser au plus vite pour être libres. À l’avenir, je vous donnerai une méthode pour donner le bain à vos enfants. Je relie ce verset à beaucoup d’autres versets, je l’interprète et je le signe en bas car en le signant, ses mots ont de la force. Vous me demanderez ce que signifie la signature. Lorsque tu sèmes dans les champs, que tu moissonnes le blé et que tu le rentres dans la grange, c’est une signature. Lorsqu’on écrit quelque chose et on le signe, cela veut dire qu’on est tenu de le respecter. Alors qu’aujourd’hui nous signons facilement, mais nous accomplissons peu. Le Christ a posé ses mains une seule fois sur la femme courbée et elle s’est redressée. Le Christ vient aujourd’hui et posera ses mains sur toute la race blanche, nous aurons alors une femme, une nouvelle vie en Europe, un authentique renouveau. Cette cassure dans le monde d’aujourd’hui, ces péripéties, je les assimile aux processus qui se déroulent dans le corps. Je peux vous dire exactement quel processus intérieur produit chaque parti politique sur l’organisme des différents individus. Par conséquent, dans l’organisme de chaque peuple où demeure l’esprit divin il y a certaines pensées accumulées depuis des siècles que nous devons affronter. Lorsqu’un peuple acquiert de bonnes qualités, c’est une bénédiction pour lui, mais s’il en acquiert de mauvaises, c’est une terreur et une épouvante pour les gens de bien. Les bonnes qualités sont une rivière qui apporte uniquement des bienfaits alors que les mauvaises sont une rivière qui emporte et détruit. Je vous parle non pas comme à des Bulgares, mais comme à des êtres humains, des êtres doués de pensée, ayant une part de l’esprit, de l’âme et de la volonté divins, afin que ces trois éléments s’unissent en vous pour vous faire devenir des citoyens libres du monde. Vous direz : « Si j’avais du pouvoir, je ferais ceci ou cela ». Non, ne demandez pas de pouvoir, car vous en avez suffisamment pour faire tout ce que vous désirez. La mère qui a bien su donner le bain à son enfant a déjà instauré son pouvoir. Si toutes les mères avaient posé leurs mains avec intelligence sur leurs enfants comme le Christ l’a fait, cette guerre n’aurait pas eu lieu[6]. Vous demanderez : « D’accord, mais qu’adviendra-t-il dans le futur ? » Le Christ, ce principe intelligent, étend ses mains depuis le soleil, et si vous assimilez ses pensées, ses désirs et sa volonté, si cela produit un changement en vous pour prendre conscience que vous êtes tous des frères et que le bonheur de l’un est le bonheur de l’autre, votre vie se transformera aussitôt en une ligne droite se déplaçant autour d’un centre. Aujourd’hui, tous les individus : riches, érudits, etc. ont des centres différents et veulent former une seule société à partir d’une si grande multitude de centres ; ce n’est pas une érudition mais de la dysharmonie. Je suis également venu à cette conclusion. Dans mes voyages à travers la Bulgarie d’il y a dix-quinze ans, je me suis occupé à mesurer les têtes des Bulgares, avec des compas, j’ai fait des calculs et j’ai abouti à une série de conclusions[7]. Me voyant faire ces calculs, beaucoup me demandaient : « Que fais-tu ? – J’apprends à compter. » Je connais déjà les questions qui agitent les Bulgares. Lorsque je voyage quelque part, ils me demandent : « D’où viens-tu et où vas-tu, dans quel but voyages-tu ? » etc. J’ai dit une fois : « Je viens du Soleil pour faire des observations en Bulgarie. – Peux-tu nous confier certaines de tes conclusions ? – Ceci, je ne peux pas le confier. – Que fais-tu d’autre ? – Je donne des conférences. – Es-tu payé pour cela ? – Non, c’est à titre gracieux. – Comment cela ? Tu n’es pas marié ? Tu as combien d’enfants ? Ton père et tes frères sont-ils en vie, es-tu Bulgare ? – Pour le moment, je suis Bulgare. » Ensuite, je les entends dire : « Il est payé par quelqu’un, c’est pour cela qu’il est érudit. Moi aussi, je serais érudit si on me payait pour cela. » Vous devez aussi mesurer vos têtes tous les jours avec un compas. J’ai mesuré et observé beaucoup d’yeux, d’oreilles, de sourcils, de nez et j’ai compris ce que signifient le long nez, le nez large, les sourcils épais, le front haut, médian ou bas, etc. Je suis arrivé au théorème de Pythagore par ces conclusions et je vois des gens chez qui l’hypoténuse est tournée en haut. Mais ces gens ne s’engagent pas beaucoup, on ne peut rien attendre d’eux. Vous direz : « Comment traiter ces gens ? ». Il faut retourner l’hypoténuse vers le bas et non vers le haut, c’est-à-dire le sommet du triangle doit être en haut. Ce qui signifie que le cerveau humain doit être bâti sur un carré et non sur une hypoténuse. Sinon, vous aurez quelqu’un avec la partie avant de la tête où sont logées les capacités mentales faiblement développée, avec une prédominance de l’égoïsme, du côté animal. Un tel individu sera capable de commettre tous les crimes sans savoir ce à quoi il s’expose à l’avenir. Parfois, des jeunes gens viennent me voir, une fille et un garçon qui veulent se marier, et ils me demandent s’ils sont faits l’un pour l’autre. Je dis : « L’hypoténuse de ta bien-aimée est tournée vers le haut, vous n’êtes pas fait l’un pour l’autre et si vous vous engagez, on vous battra car vous aurez pris chacun une moitié appartenant à un autre ». Lorsque le Christ a posé ses mains sur la femme, son hypoténuse était tournée vers le bas. Les mains étendues doivent être en position horizontale. Toutes les distances du sommet du front vers l’oreille doivent être identiques. Mettez un individu chez qui ces distances ne sont pas identiques dans n’importe quelle société, il ne pourra pas tirer profit des bienfaits de la vie, mais si ces rapports changent, toutes les manifestations de l’homme changent aussi. Vous pouvez le vérifier avec chaque animal : mettez un animal féroce dans les meilleures conditions, il ne changera pas. Beaucoup d’individus ont une forme humaine, mais leur tête est bâtie sur les règles des nombres irrationnels et non pas les règles des nombres rationnels dans les mathématiques. Avez-vous appris les équations de nombres rationnels ? Il y a des racines rationnelles dans le monde, ce sont des fondations divines, ancrées profondément dans nos habitudes. Lorsque vous comprendrez ces rapports mathématiques, lorsque vous verrez une figure géométrique droite, vous reconnaîtrez aussitôt les conditions divines qui y sont inscrites. Lorsque vous voyez une fleur avec cinq, six, sept pétales ou plus, savez-vous quels sont ces nombres : rationnels ou irrationnels ? Savez-vous quelles équations sont cachées dans ces nombres des fleurs ? Pour ces mathématiques, je cherche dans la langue bulgare comment exprimer le rapport entre ces pétales et ces fleurs. Ces lignes et ces formes doivent prendre vie en vous. Les mathématiques doivent ainsi prendre vie et l’enseignant doit savoir sur quels nombres est bâtie chaque tête. Vous devez comprendre ces choses en profondeur pour savoir deviner tout de suite comment est quelqu’un en fonction de ses sourcils, ses yeux, ses oreilles, son nez, ses cheveux, en fonction de la finesse ou de l’épaisseur de ses cheveux. Il n’y a rien d’arbitraire dans le monde. Si les cheveux d’une femmes sont épais, elle tisse grossièrement alors qu’une femme aux cheveux fins peut tisser de grandes quantités. Vous me demanderez : « Est-ce que tout ceci est caché dans le symbole de cette femme courbée ? » Oui, tout est caché en elle. Si vous étudiez tout cela, vous comprendrez l’individu et toute la vie spirituelle, politique, sociale ; nous nous connaîtrons par les signes extérieurs tout comme le médecin détermine la maladie de son patient à partir de signes extérieurs. Le médecin vient, ausculte votre langue et sait qu’il y a un poison dans votre organisme ; il examine vos yeux et voit que les iris sont jaunes, ceci montre que le foie dysfonctionne. Les médecins recommandent au malade de la nourriture saine et relevée, mais la situation du malade empire. Je recommande aux malades au moins deux ou trois jours de jeûne et ensuite un petit potage à base de prunes, puis quelques heures plus tard, de nouveau avec en plus un peu de pain. Lorsque le malade se sentira mieux je lui donnerai une belle pomme : qu’il la mâche bien avec la peau pour prendre tout son jus et ensuite seulement il peut revenir à la nourriture qu’il mange habituellement. Lorsqu’un pauvre tombe malade et ne peut recourir au médecin, alors soit il guérit de lui-même, soit il part de l’autre côté ; ceci montre qu’il est condamné à partir et il faut donc qu’il s’y prépare. J’ai écrit un jour à un ami qui se préparait à partir la chose suivante : « Ta maison est en ruines, elle croule sous les nombres irrationnels et tu dois partir pour te fournir en bons matériaux pour construire ta nouvelle maison ». La femme courbée sur laquelle le Christ a posé ses mains, a tout de suite enlevé son ancien corps comme le serpent se dépouille de sa peau et comme la chenille se transforme en papillon. Vous devez passer par la même loi. Si un bouleversement radical ne s’opère pas en vous, vous ne pouvez pas tirer profit de la nourriture que vous donne la nature. Dans les plus grands malheurs il y a la nourriture la plus abondante. Savez-vous la quantité de nourriture qui est stockée à Vitocha[8] ? Si elle pouvait être utilisée aujourd’hui, elle nourrirait tout le pays, mais comme vous êtes pécheurs, vous allez en abuser. Ceci peut se produire seulement dans le futur lorsque les humains sauront ne pas en abuser. Le programme de la future culture est prévu, le travail des hommes, des femmes et des enfants est réparti. Les gens se reconnaîtront de loin, marcheront sans couvre-chef et ne travailleront que deux heures par jour. Les socialistes mettent seulement huit heures de travail journalier dans leur programme et moi je n’y mets que deux heures de travail physique. Vous allez répliquer : « Mais s’ils prennent un coup de soleil ? De plus, l’apôtre Paul ne disait-il pas que les femmes ne doivent pas marcher tête nue ». Qu’est-ce que c’est être tête nue ? C’est accepter la bénédiction ; et quant aux femmes, l’apôtre Paul leur a dit d’avoir un couvre-chef uniquement devant leurs maris, mais de jeter leur voile dehors pour entendre tête nue ce que le Christ dira. Alors qu’aujourd’hui les gens ont mis de grands chapeaux et il y a au-dessous un tel brouhaha qu’ils ne peuvent rien entendre des paroles du Christ. Les gens d’aujourd’hui ont mis de grands chapeaux pour devenir ministres, millionnaires et d’autres choses de ce genre, comment comprendraient-ils la volonté divine ? Nous sommes si riches que nous ne devons rien réclamer de plus, mais simplement donner plus de liberté à nos frères pour qu’ils acquièrent aussi leurs richesses sans entraves. Je recommande, en particulier aux Bulgares, de ne pas démolir. Je les observe depuis plus de vingt ans et je les vois défaire ce qu’un autre a bâti pour se dire ensuite : « C’est curieux que nous ne réussissions pas.» Ne détruisez pas, mais bâtissez sur ce que les autres ont bâti ! C’est la même chose avec moi. Cela fait tant d’années que je travaille sur le même sujet, mais le clergé tente de détruire ce que j’enseigne. Si ce que je dis m’est personnel, c’est moi-même qui le détruirai ; mais comme c’est quelque chose de divin et que personne d’autre après moi ne parlera de la sorte, alors les Bulgares doivent bâtir leur vie sur cet Enseignement. Je ne veux pas détruire les églises, changer le régime sociétal, mais je vous enjoins de rejeter de l’Église et des différents courants politiques uniquement ce qui est inutilisable. Ensuite tous, prédicateurs, enseignants, politiques, donnez-vous la main et continuez l’œuvre de la nature vivante. S’il est question de destruction, j’y excelle aussi, ne pensez pas que l’homme de bien ne peut pas détruire. Ève a dit un seul mot au serpent et pour ce mot toute l’humanité souffre depuis huit mille ans. Ève a dit au serpent : « C’est vrai, après avoir mangé le fruit que tu me proposes, si je deviens égale à Dieu, je promets que tous mes fils et mes filles te serviront ». Voilà pourquoi la femme que le Christ a sauvée était courbée. Le Christ a posé ses mains sur elle et lui a dit : « Femme, sois attentive à ne plus donner de telles promesses désormais. Maintenant va et enfante ! » Il n’y a pas de vie en dehors de Dieu, il n’y a pas de science en dehors de la science divine. Grâce à cette femme courbée qui s’est mise à glorifier Dieu, nous avons aujourd’hui une nouvelle culture. Dois-je étendre mes mains sur vous ou les garder croisées ? Je ne vais pas étendre mes mains sur celui dont le cerveau, le cœur et l’estomac souffrent. Je parle maintenant au nom de Dieu. Lorsque j’ouvrirai le robinet divin, toutes les bénédictions viendront sur vous, mais si je ne l’ouvrais pas, vous creuseriez des puits. Lorsque j’ouvrirai ce robinet, vous aurez de l’eau en telle abondance que vous n’aurez rien à payer pour elle. C’est pourquoi le Christ dit : « Si tu savais qui est celui qui te parle, tu demanderais et il te donnerait de l’eau vivante »[9]. Et cette femme courbée l’a compris. J’aimerais que les Bulgares ne soient pas courbés. J’attendrai encore quelques années pour voir si le clergé et le corps enseignant arriveront à cet état de conscience. Nous mettrons, le cas échéant, leurs nombres irrationnels dans un sac et nous leur demanderons de les calculer. C’est la décision divine : le savoir n’est donné qu’à ceux qui n’en abusent pas. Nous voyons aujourd’hui comment la Russie abuse des idées les plus saintes, les plus religieuses de l’humanité[10]. Ces choses ne seront pas tolérées à l’avenir. Lorsqu’il a étendu ses mains, le Christ a dit à la femme courbée : « Femme, comprends et garde la loi divine : lorsque tu te tournes vers Dieu tes mains doivent être toujours pures. » Lorsque tu te tourneras vers Dieu, Il regardera le profil de tes doigts : sont-ils des nombres rationnels ou irrationnels, et Il dira si tu peux être admise ou non. C’est une grande science qui, lorsqu’elle sera assimilée par tous, fera que les partis comme les individus se transformeront et glorifieront Dieu. Alors, tous les partis seront fondés sur les nombres rationnels en mathématiques alors qu’aujourd’hui ils sont fondés sur les nombres irrationnels. Le nombre 10 est rationnel et le nombre 5 est irrationnel. L’homme est le nombre 5 et c’est pourquoi il ne rencontre pas le succès ; il doit s’unir à la femme pour que les deux deviennent le nombre 10 qui est rationnel. Alors la loi est : deux nombres irrationnels, additionnés, forment un nombre rationnel. Les accords entre ces nombres vivants donneront la vie future. Ces choses que je décris vous restent obscures, mais ce n’est pas grave. Remerciez Dieu pour ce que vous ne comprenez pas, comme vous Le remerciez pour ce que vous comprenez. De ce que vous comprenez, vous déduirez ce que vous ne comprenez pas. Ainsi, en revenant chez vous, examinez le haut et le bas de vos mains, faites cet exercice et une idée lumineuse vous viendra. Lorsque vous vous levez le matin, posez votre main face au soleil cinq minutes, comme si vous vous réchauffiez à un poêle. Si vous êtes bien disposés, vous comprendrez en cinq minutes plus de choses qu’en toute une vie de bêtises. Si vous compreniez bien ces choses, vous verriez que l’énergie et la volonté sont cachées dans les mains et que c’est par elles que nous devenons malades ou bien portants. Si on commence à cacher son pouce entre les autres doigts, on ne sera pas chanceux. Lorsqu’on ferme les poings, cela signifie : « Tu vas être rossé ». Certains maintiennent leur quatre doigts ensemble et le plus petit doigt écarté, cela signifie : « Mes intérêts diffèrent de ceux des autres ». Les gens doivent apprendre comment tenir leurs mains. Beaucoup d’orateurs ne savent pas tenir leurs mains, ils se troublent, c’est le signe que le cœur, l’intelligence et la volonté ne sont pas en accord. Baisse tranquillement tes mains et dis : « Le Seigneur m’aidera », puis lève tes mains et une idée naîtra dans ton esprit. Quelqu’un se dit honnête, mais il ferme les yeux et regarde vers le bas. Non, ouvre les yeux et dis que tu es honnête. Nous avons l’habitude de dire des choses contraires à une vie vertueuse. L’enfant dit qu’il sera sage mais il regarde en bas. Un enfant qui se gratte l’oreille ou le nez n’est pas bon. Si quelqu’un veut être aidé, mais qu’il se gratte derrière l’oreille, c’est le signe qu’il n’a pas les idées claires. Lorsqu’il a posé ses dix doigts, le Christ a exprimé ainsi la science dont tous les résultats reposent sur des calculs mathématiques. La prière est une science et vous devez longtemps apprendre à tenir correctement vos mains, à mouvoir votre langue. Chez quelqu’un le regard est terrifiant, pourquoi ? Parce que chez lui le monde est désorganisé. Un autre regard est féroce ou oblique, pourquoi ? Parce que l’angle du théorème de Pythagore n’est pas droit. Tes yeux doivent être doux, toujours ouverts, en état de repos, être toujours prêts à accueillir la vérité divine. C’est ce que le Christ a dit à la femme courbée. Je vous le dis aussi pour que vos bosses se redressent. Tout en vous, vos yeux, vos oreilles, vos nez, vos fronts, vos doigts doivent être des nombres rationnels pour que vos bosses se redressent. Alors vous comprendrez s’il y a dans le monde vérité, sagesse et amour. Je dis : il y a des vertus, il y a une justice absolue, une sagesse, un amour, une vérité, vous demeurez dans un monde divin que vous devez percevoir. Quand viendront les nouveaux enfants de la nouvelle génération ? Beaucoup de créatures ont préparé ce monde pour vous, ils ont mis la table et vous attendent, mais vous pouvez trouver une raison de renoncer et de répondre : « Je me suis acheté un champ, je vais en faire le tour ; je me suis acheté cinq paires de bœufs, je vais les atteler ; je me suis marié, je veux festoyer avec ma femme et je ne peux pas venir »[11]. C’est ainsi qu’ont répondu jadis les érudits au temps du Christ, mais vous ne devez pas répondre ainsi aujourd’hui. Vous pouvez travailler dans votre champ, vous pouvez essayer les cinq paires de bœufs, vous pouvez vous marier, mais continuer à servir Dieu. Ainsi, je souhaite que vos bosses se redressent. Mes paroles s’adressent à ceux qui ont des bosses, si la bosse de quelqu’un est déjà redressée, qu’il m’en excuse. Celui qui n’a pas de bosse mais se vexe montre qu’il en a une en réalité. Lorsque vous rentrerez chez vous, lisez ce verset, méditez le ainsi que ce qui a été dit, afin de vous bâtir une philosophie qui sera le socle d’une meilleure compréhension de l’enseignement du Christ. Sofia, 8 juin 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Il lui imposa les mains : aussitôt elle redevint droite et se mit à rendre gloire à Dieu » (Luc 13, 13) [2] « C'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être, comme l'ont dit certains de vos poètes : « Car nous sommes de sa race. » (Actes 17, 28) [3] En bulgare le mot femme s’écrit жена (jena) et vie – живот (jivot) [4] « Maintenant donc ces trois-là demeurent, la foi, l'espérance et l’amour, mais l’amour est le plus grand. » (1 Corinthiens 13, 13) [5] En bulgare Esprit se dit дух (douh) et le souffle du vent se dit духане (douhané) [6] Il est fait mention ici de la Première Guerre Mondiale [7] Dans la période de 1901 à 1912, le Maître Peter Deunov fait des observations phrénologiques sur les Bulgares durant ses voyages à travers la Bulgarie, tout en dispensant ses premières conférences. [8] Vitocha – la montagne la plus haute se trouvant à proximité immédiate de Sofia, et qui culmine à 2291 mètres [9] « Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l'eau vive." (Jean 4, 10) [10] Il est fait mention ici des évènements révolutionnaires en Russie depuis 1917 qui ont entraîné l’instauration de la dictature bolchévique. [11] « Il lui dit : " Un homme allait donner un grand dîner, et il invita beaucoup de monde. À l'heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités : " Venez maintenant, c’est prêt. " Alors ils se mirent à s’excuser tous de la même façon. Le premier lui dit : " Je viens d’acheter un champ, et il faut que j'aille le voir ; je t’en prie, excuse-moi. " Un autre dit : " Je viens d’acheter cinq paires de bœufs et je pars pour les essayer ; je t’en prie, excuse-moi. " Un autre dit : " Je viens de ma marier, et c'est pour cela que je ne puis venir. » (Luc 14, 16-20)
  9. La pierre rejetée « La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l'angle. »[1] Marc 12 :10 Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant dans une pierre rejetée ? Vous me demanderez : « Quel contenu, quelle philosophie y a-t-il dans une pierre rejetée ? » Il y a ainsi des millions de pierres rejetées partout en Bulgarie : lorsqu’on bâtit une maison, on laisse de côté des quantités de pierres. Le malheur est précisément dans la grande quantité de ces pierres qui représentent une entrave à la vie. Lorsque vous lirez le chapitre entier, vous comprendrez le rapport qui existe entre le verset lu et les autres versets, et vous comprendrez pourquoi ces mots sont prononcés. S’il n’y avait pas de maçons, on ne parlerait pas de cette pierre, les fautifs sont donc les maçons ! Lorsqu’ils bâtissent une maison, ils amassent des pierres, les brisent, puis ils en délaissent une partie. Le mot pierre désigne donc un processus de construction. Ceux qui s’occupent de sciences positives disent que toute chose doit être palpable, visible, réelle. Mais toutes les choses perceptibles ou prouvées ne sont pas nécessairement réelles et authentiques. Il y a des milliers de choses dans le monde qui ne sont pas prouvées, mais elles sont authentiques. Il y a des milliers de philosophes dans le monde sur lesquels on ne sait rien, mais ce qu’ils ont dit est juste ; il y a aussi ceux que le monde connaît, mais dont la philosophie n’est pas juste. Lorsque je lis un livre de philosophie, j’enlève cinquante pourcents de sa véracité, puis encore vingt-cinq pourcents et je ne réfléchis que sur les vingt-cinq pourcents restants. Le nombre 25 pour moi est très substantiel, c’est une norme avec laquelle je mesure toutes choses. Vous pouvez me rétorquer que les jours et les nuits se mesurent par un cycle de vingt-quatre heures, mais en réalité la terre ne fait pas sa rotation en vingt-quatre heures précisément, mais en environ vingt-cinq heures. Le nombre 25 ne se rapporte pas uniquement à la terre, mais aussi à la vie des humains. Je réduis ce nombre comme les enfants le font. Le nombre 25 est composé des chiffres 2 et 5 dont la somme fait 7. Nous avons donc trois chiffres : d’abord 2, puis 5, et enfin 7. Vous direz : « Comme si nous ne savions pas ce qu’est le deux[2], nous le connaissons depuis la période scolaire ! » Tous les élèves et tous les étudiants, le monde entier pleure à cause du deux. Toutes les souffrances, toutes les misères, les péchés, la destruction et la création des mondes, tout commence par le chiffre 2. Vous avez un fils noble, pur et virginal, et vous avez tout mis en œuvre pour bien l’éduquer et l’instruire, mais une jeune fille ne le quitte pas des yeux et veut s’unir avec lui, car le deux sans le un est un reflet du un. Chaque nombre a son reflet. En étudiant l’astronomie vous voyez qu’il y a là aussi certains reflets. En physique aussi il y a des reflets, par exemple la lumière de la terre est un reflet, c’est l’ombre de la lumière, constituée de milliards de vibrations. Maintenant, vous étudiez uniquement les choses qui contiennent des vibrations, autrement dit, vous étudiez seulement les ombres des reflets. La place des ombres est là où il y a du mouvement. Je ne dis pas que les ombres ne sont pas réelles, mais elles sont transitoires. Une ombre peut nous servir temporairement, mais vous ne pouvez pas l’utiliser comme fondation de votre vie. Pourquoi précisément les nombres 2 et 5 ont-ils le même rapport à nous ? Le nombre 5 est la somme de 2+2+1. Donc, le mental humain n’est rien d’autre que deux femmes mariées à un homme. Le mental humain discute avec ses deux femmes en trouvant un terrain d’entente avec la première, mais non avec la seconde. C’est un État avec deux partis : l’un conservateur, l’autre démocratique. Les occultistes appellent le premier l’intelligence supérieure ou Manas supérieur et l’autre, l’intelligence inférieure ou Manas inférieur. Je l’appelle pour ma part l’intelligence des deux femmes, mais une telle intelligence est, selon les règles actuelles de l’Église, vouée à l’excommunication. Certains disent : « Anoblissons et élevons notre esprit », oui, mais il doit pour cela apprendre à vivre avec une femme seulement. Combien en restera-t-il alors ? Lorsqu’on soustrait 2 de 5 il reste 3, c’est le nombre avec lequel nous pouvons démarrer notre vie. Un homme et une femme sont capables de se quereller, mais lorsque deux femmes se mettent à se quereller, il n’y a rien de pire. Pour le vérifier, lisez l’histoire de Jacob qui a épousé les deux filles de Laban, la plus grande et la plus petite ; examinez leurs relations. Jacob avait douze fils, le onzième était Joseph. Pourquoi ont-ils vendu Joseph qui était le onzième et pas un autre ? Vous direz : « C’est une coïncidence ». La coïncidence est une loi karmique, une loi qui mesure l’action. Je ne m’arrêterai pas pour expliquer pourquoi Joseph devait être vendu. Il y avait parmi les fils de Jacob cette pierre qui devait être la pierre d’angle, mais les maçons l’ont rejetée. Joseph a été vendu par ses frères, mais il est devenu par la suite la pierre angulaire. Au temps de la grande famine sur les terres du Hana, Joseph était le plus grand notable en Égypte et il a sauvé beaucoup de gens de la famine, dont ses frères. Ce n’est pas seulement une histoire pour les juifs, mais une histoire universelle. Les malheurs dans chaque maison sont dus au rejet de cette pierre, elle est le nombre 11. Qui des deux femmes reste à la maison ? Celle qui a le plus d’intelligence et le plus de sens pratique, mais pour moi ce n’est pas la plus vertueuse. La femme vertueuse est toujours prête à céder sa place aux autres. La société moderne, les maisons d’aujourd’hui souffrent d’une dualité intérieure, car ces deux femmes luttent pour s’accaparer le mari : ces deux femmes convoitent le même homme. Vous savez comment les deux femmes de Jacob le corrompaient. Un jour le fils de Jacob avait été envoyé par sa mère pour chercher des champignons, et elle a dit à Jacob : « Ce soir je t’ai acheté avec des champignons et tu viendras donc chez moi ». Vous direz : « Peut-on acheter un homme par de tels procédés ? » Tous les hommes se laissent acheter ; dites-moi si durant cette guerre un seul homme est resté incorruptible ? Vous tous qui m’écoutez, hommes ou femmes, pouvez-vous déclarer la main sur le cœur que vous n’avez pas été achetés ? Je ne vous juge pas ainsi, mais j’énonce une vérité. Dans un de ses poèmes Slaveykov[3] écrit : « Piécette d’or, piécette d’or, reine toute puissante, avec toi au paradis, sans toi en enfer ». Aujourd’hui, tous les gens pieux récitent : « Seigneur, Seigneur, Toi, notre piécette d’or, lorsque nous Te vénérons nous sommes au Paradis, mais si nous t’abandonnons nous sommes en enfer ». L’argent, c’est une femme qui pervertit la société moderne, c’est une maison de luxure. Et c’est vrai, tous les crimes aujourd’hui sont commis pour l’argent : la femme se marie avec l’homme pour son argent car il est fort avec des épaules robustes, ainsi il pourra l’aider à gagner son pain. Lorsque quelqu’un dit qu’il aime sur le plan des idées, il se leurre lui-même. C’est ainsi que le chat attrape la souris, pour les idées, et que le loup s’empare de la brebis. Jadis, lorsque le Seigneur a créé le loup, Il l’a envoyé garder les brebis et être leur berger. Le loup a d’abord commencé à utiliser leur laine, puis leur lait jusqu’à gouter leur chair. Pour ce dernier méfait, le Seigneur l’a chassé dans la forêt et a mis le chien à sa place qui aujourd’hui encore accomplit scrupuleusement sa mission. Quelle est à l’origine cette pierre que les maçons ont rejetée et qui est devenue une pierre angulaire, comment comprendre cela du point de vue géométrique ? Pourquoi est-elle principale de l’angle et non pas principale de la ligne droite ? Vous qui avez étudié la géométrie, que direz-vous de la direction de cette principale, dans quel sens doit-elle être tournée : vers le haut, vers le bas ou sur le côté ? Si nous tournons cet angle vers le bas, nous avons un sens pour le mouvement ; si nous le tournons vers le haut, nous avons un autre sens pour le mouvement. Votre corps sans les mains représente cette pierre, et vos deux mains représentent l’angle. Je veux que vous utilisiez la géométrie vivante : l’être humain est édifié sur des bases géométriques. Vous pouvez demander : « Peut-on avoir un angle sans lignes droites ? » Non, c’est une loi. L’angle montre deux forces opposées qui agissent dans la même direction et ont un point central commun. Il y a toujours un espace entre ces forces, car étant hétérogènes il se forme entre elles un plan qu’on appelle angle en géométrie. Si les forces sont homogènes, elles iront sur une ligne droite. Vous direz : « Nous connaissons déjà toutes ces choses ». Non, vous ne les comprenez pas encore. « Cette pierre que les maçons ont rejetée est devenue la principale de l’angle. » D’où a-t-elle été rejetée ? Il y a une légende qui raconte comment la pierre qui devait achever l’édifice de la grande pyramide de Gizeh en Égypte a été taillée au début, puis laissée de côté. Durant les siècles de construction de la pyramide les maçons passaient à côté de la pierre sans soupçonner sa prédestination. Lorsque la pyramide a été achevée, l’architecte en chef est venu poser au sommet de la pyramide cette pierre si longtemps rejetée. Cette pierre est devenue ainsi la principale de l’angle. La pyramide montre l’évolution humaine. Cette pierre qui doit être posée au sommet pour achever l’évolution de l’être humain est charriée de gauche à droite ; aujourd’hui tous les philosophes charrient cette pierre. Connaissez-vous la taille de cette pyramide ? Elle contenait six millions de tonnes de matériau. Les gens qui étudient les ruines disent qu’il faudrait soixante mille machines pour déplacer ce matériel, chacune transportant cent tonnes. Imaginez les efforts que cette pyramide a couté à l’humanité ! Vous direz : « À quoi bon une telle pyramide ? » Elle a un sens profond car elle est l’emblème de l’homme contemporain, et dans ses mesures et proportions sont déterminés tous les évènements passés et futurs. Elle inclut toute l’astronomie. On peut y lire le présent et le futur de l’humanité, mais peu nombreux peuvent lire d’après elle car son langage est peu accessible. De nos jours, certains érudits lisent un grand nombre de livres et commencent à penser qu’ils savent beaucoup : ne vous imaginez pas que vous savez quelque chose. Selon moi le véritable savoir est détenu par celui qui peut attraper et dompter la mort. Vous pouvez donc être philosophe, théosophe, mystique ou n’importe quoi d’autre, mais tant que la mort vous domine, votre science n’est pas positive et votre pierre est rejetée. Les Écritures disent que la pierre est devenue la principale de l’angle. Lequel ? Celui de l’amour et de la sagesse dans le monde invisible. Dans la création du monde, dans tout le Cosmos, se cache un grand mystère. Vous pensez que seuls les gens d’aujourd’hui s’affrontent, que c’est seulement aujourd’hui qu’une telle hostilité règne. Ce qui se passe aujourd’hui est un reflet du passé. Cette hostilité, cette haine, cette incompréhension entre les gens n’est pas le produit du présent, mais celui du passé. Je peux le prouver avec un grand nombre de faits. Par exemple, quelqu’un tombe malade à cause d’une perturbation du cerveau ou de l’estomac ou d’autre chose ; cette maladie apparait maintenant, mais les raisons de sa manifestation sont là depuis cent, deux cents, mille ans ou plus. Les médecins affirment que cette maladie est là depuis tout au plus vingt ans. Ces maladies sont causées par des accumulations de dépôts inutiles qui déclenchent des réactions et créent une anarchie dans l’organisme, ce qui entraîne la fièvre, et nous voyons avec effroi la fièvre grimper de 38 à 39,5 degrés, 40 degrés, 40,5 degrés, 41 degrés, ce qui annonce la fin. « Quelle horreur ! » dites-vous. Je dis : il n’y a rien de mal, c’est juste une augmentation de la température. On peut rester vivant à 41 degrés, mais aussi à 100, 200, 2000 degrés, ou plus. Vous me demanderez : « Peut-on rester en vie tels que nous sommes à présent à de telles températures ? » Les gens d’aujourd’hui sont une caricature de l’humanité par l’état de leur organisme. Si vous aviez la possibilité d’examiner l’être humain sous un microscope spécial, vous verriez sa beauté. Nous mélangeons dans notre esprit deux idées sur ce qui est matériel et sur ce qui est spirituel. Nous vivons sur le plan spirituel dans notre esprit, mais dès que nous avons mangé à satiété, nous disons : « Nous voilà bien aujourd’hui ». Demain, lorsque nous aurons de nouveau faim, nous recommencerons à nous inquiéter et penserons de nouveau au matériel. Lorsqu’elle a mangé la femme dit : « Dieu merci, je suis contente aujourd’hui, on n’a manqué de rien ». Je demande : Quelle science y a-t-il dans une vie pleine de manques ? Aujourd’hui, hommes, femmes, enfants rentrent dans la cuisine et disent : « Comme cela sent bon ! » Les évêques, les professeurs agissent de la sorte, mais disent ensuite : « Nous sommes des gens cultivés, spirituels ». Oui, des gens de la culture de la poêle et de l’huile. Certains demandent pourquoi je ne vous enseigne pas quelque chose de plus philosophique. Donnez-moi quelque chose de philosophique pour que je voie quelle est votre philosophie. Je trace un cercle. Qu’est-ce qu’il représente ? Une grande idée par laquelle a commencé la Genèse : ce cercle montre comment le monde a démarré. Le monde est d’abord parti d’un cercle, sans centre, qui s’est ensuite déterminé de lui-même ; ou bien, ce principe originel s’est déplacé dans une direction, a fait un mouvement circulaire et s’est arrêté. Après ce premier mouvement, l’état originel s’est perdu et l’inaction s’est installée, ou encore une obscurité que les hindous appellent la période de Kali Yuga s’est instaurée. Quelque temps après, un petit point est apparu au centre de ce cercle, comme lorsque vous posez un compas au centre du cercle pour le tracer. Ainsi, cette force qui a déterminé d’abord les limites dans lesquelles elle va agir, entre au centre, élabore là son cercle pour former l’univers : c’est le Cosmos qui a été engrossé par une grande idée. Ce petit point est la chose importante. Vous vous dites : « Un petit point peut-il être si important ? » Oui, ces petits points font tout dans le monde. Par exemple une maladie se manifeste en vous, mais un petit bouton apparaît en même temps et vous distrait de cette maladie. Donc ce petit bouton concentre toute votre inquiétude. Lorsqu’une certaine harmonie nait en vous, un petit bouton doit aussi apparaître, un point. Vous voyez vos idéaux au centre, et alors vous dites que la vie à présent a du sens. Je dis : « maintenant votre vie a été engrossée par une idée ». Vous demandez : « Est-ce que les gens vivent seulement avec des idées ? » Oui, les gens subsistent avec la nourriture et vivent avec des idées. Il ne faut pas confondre existence et subsistance, ce sont deux situations différentes. Vous dites : « Est-ce que nous existerons ? » Y a-t-il eu un moment où vous n’avez pas existé ? Est-ce que la particule peut dire qu’elle n’a pas existé dans le tout ? Non ! Par conséquent, chaque particule existe dans le tout. Lorsque la particule est individualisée au sein du tout, alors commence son existence individuelle. Exister, c’est se manifester, du mot sanscrit sat qui signifie se manifester. Lorsque tu commences à penser, à agir, à faire le bien ou le mal, tu existes. De ce point de vue le bien et le mal dans le monde sont les deux forces agissantes. Le mal, c’est que les maçons rejettent cette pierre. Lorsqu’un individu rejette une grande idée de son esprit ou un désir de son cœur et lorsqu’un peuple rejette ses idées et se laisse acheter contre de l’argent, il perd. Si les autorités écoutaient les idéaux du peuple, ils ne feraient pas d’erreurs. Les autorités et le clergé qui s’individualisent pensent que le bien qu’ils font est en dehors de cette pierre. Non, vous pouvez bâtir tout le corps humain, mais si cette pierre reste en dehors, cela ne vaut rien. Vous pouvez être millionnaire, mais sans cette pierre vous êtes un homme sans tête, c’est-à-dire un homme sans une intelligence positive, une âme positive ou un esprit positif. L’intelligence, l’âme et l’esprit sont trois concepts différentes. Qu’est-ce qui est positif ? Ce qui évolue sans fluctuer. Le positif est maître de son destin et n’aspire pas à conquérir le monde. Il y a toujours un élan chez le positif à s’accorder à la grande harmonie qui existe depuis la nuit des temps. L’harmonie doit régner partout, entre hommes, femmes, enfants, dans tous les foyers. Certains disent : « Même sans harmonie entre moi et mon mari, nous pourrons toujours vivre ». Non, on ne peut pas vivre ainsi ; combien de personnes j’ai déjà vu fuir une telle vie ! Savez-vous à quoi ressemblent ces hommes ? Un jour Nastradine Hodja conduisait chez lui dix ânes chargés de bois, mais une fois fatigués ils rechignaient à avancer. Il se demandait comment les faire repartir. Un passant lui a dit qu’il y avait un remède contre l’entêtement de ces ânes ; il lui a donné un piment et lui a dit de leur frotter le derrière avec. Nastradine Hodja a écouté le conseil et en effet les ânes sont repartis à la maison. Ne prenez pas cet exemple de façon péjorative. La même chose s’applique à vous : vous avez mal à la gorge, elle enfle et pour guérir, on vous prescrit un remède violent ; vous le prenez et vous repartez chez vous. Pour atteindre un objectif, il faut vous administrer quelque chose d’amer, de piquant. Un mari qui s’est frotté aux pensées de sa femme fuit son domicile et va à l’auberge ou même s’enfuit à l’étranger. Ceci s’applique aux hommes comme aux femmes. Je ne vous dis pas cela pour vous réprimander. Je prends le nombre 2 comme une forme : ce nombre existe en vous, là où il y a une certaine contradiction. Nous nous libérerons des contradictions dans la vie lorsque nous mettrons cette pierre comme pierre angulaire, car elle est la seule à relier l’amour et la sagesse afin qu’ils travaillent en profonde harmonie : c’est seulement par cette pierre qu’on peut modeler le corps, les poumons et tous les organes, et manifester ainsi l’être humain dans sa totalité. Dans la société actuelle, j’entends dire que le Seigneur redressera le monde. Je crois aussi que le Seigneur redressera le monde, la question est simplement de savoir si nous, nous pourrons redresser notre monde. Lorsque vient le printemps, les fleurs s’épanouissent, les gens bien portants l’accueillent joyeusement et en souriant, alors que les malades accueillent le soleil et le printemps différemment. Le printemps si agréable pour les gens bien portants est un moment de nettoyage pour les malades ; et c’est vrai qu’ils traversent une crise en avril et en mai. Les Bulgares disent que les mois de mars, avril et mai épuisent les malades, alors qu’ils donnent de l’énergie et de l’élan aux bien portants. Nous sommes liés à toutes les forces qui agissent dans la nature car elles agissent aussi dans notre corps. Nous sommes les maçons qui rejetons cette pierre, cette compréhension raisonnée, et nous disons : « Il faut l’avènement d’un redressement global ». Ce redressement est comme le printemps, l’important est de savoir si moi je serai en état d’en profiter. Vous dites : « Il faut d’abord que l’humanité se redresse ». L’humanité s’est depuis longtemps redressée, mais les individus en elle ne se sont pas redressés, fussent-ils hommes ou femmes, sans distinction de titres, d’érudition et de savoir. Je dis que tous manquent de quelque chose. Tant que nous mourons, nous n’avons pas de tête, tant que nous souffrons, nous n’avons pas de savoir. Je dis : lorsque le centre du cercle est apparu, l’univers est tombé enceint, ce qui a fait se déplacer le point pour réduire le cercle de moitié. L’univers s’est ainsi autodéterminé et il a enfanté d’abord la femme qui a partagé le monde en deux, c’est pourquoi la terre a une moitié éclairée et une moitié obscure. L’homme s’est fâché contre cette femme qui a partagé le monde, et c’est ainsi qu’il éclaire aujourd’hui une seule moitié, celle qu’il aime. Ces deux femmes se poursuivent, mais il éclaire toujours uniquement celle qu’il aime. Cette femme qui se réjouit est appelée le jour, et celle qui se fâche, la nuit. Autrement dit la femme qui se réjouit est le manas supérieur ou le jour, et celle qui se fâche est le manas inférieur ou la nuit. Ces deux angles sont les deux femmes. Pourquoi les humains ont-ils deux mains, deux pieds, deux cerveaux, deux poumons, deux cœurs, etc. ? Tout est en double car il y a deux femmes. Vous direz : « Alors supprimons le nombre deux ». Cela ne sert à rien de supprimer le deux, il faut plutôt comprendre sa nature. À mon sens la matière est le reflet de l’esprit, la matière est aussi une femme. Cette femme n’enfante pas continuellement. Nous sommes tombés dans les bras de la mère obscure qui nous pétrit sans cesse en disant : « Tenez-vous encore à ce père qui m’a été infidèle ? Laissez-le et venez à moi pour que je vous donne du bonheur ! » Ces gens qui croient à la réalité du monde, je les appelle des matérialistes. Demain, lorsque vos yeux, vos bras, votre estomac, votre cerveau et le reste péricliteront, toute réalité s’évanouira aussi. Les nerfs aussi déclinent ; où est la réalité, où est le positif dans le monde ? Vous direz : « Nous sommes croyants, nous croyons en un seul Seigneur ! » Je m’en réjouis, mais êtes-vous allés chez votre mère lumineuse, avez-vous visité le côté lumineux de la terre ? Certains disent qu’ils connaissent la terre. Pour la connaître il faut vous élever à dix mille kilomètres dans l’espace pour voir ce qu’elle est. Du point de vue des érudits qui vivent plus haut que vous, vous êtes comme des poissons qui vivent dans le fond des océans. Les érudits qui vivent au-dessus vous attrapent avec leurs cannes à pêche et disent : « Laisserons-nous celui-ci ici ou bien l’enverrons-nous se réincarner ? » La mort n’est rien de plus qu’une canne à pêche où on met un appât pour attraper du poisson. Le Seigneur dit que ce filet divin sera toujours jeté jusqu’à la fin des temps : les uns seront sortis de la mer et mis sur le sol ferme, mais d’autres seront rejetés à la mer. Dans toutes les manifestations de la nature, nous devons voir quelque chose de positif et d’immuable. En quoi consiste ce qui est immuable ? En ce désir de faire naître ce lien fraternel et de comprendre que nous, humains, souffrons tous dans le monde, que nous soyons riches ou pauvres, érudits ou incultes, parents ou enfants. Lorsque nous prendrons conscience que nous avons les mêmes souffrances et le même destin, que nous partageons le même salut, nous trouverons une philosophie juste de la vie, et non comme le monde et les religieux la comprennent. Pourquoi ? Parce que si une solution est adaptée pour un petit problème de mathématiques aux yeux d’un élève, cela ne signifie pas qu’elle convient à tous les problèmes mathématiques. En géométrie aussi on exploite beaucoup de formules sans les démontrer. Le théorème qui stipule que la somme des trois angles dans un triangle est égale à la somme de deux angles droits ne contient pas en lui toute la géométrie. Par conséquent, nous devons regarder plus sérieusement toutes les questions et méditer sur ce que nous devons être à présent. Si nous disons que nous sommes mauvais maintenant, mais que nous serons bons à l’avenir, ce n’est pas une bonne approche de cette question. Votre méchanceté d’aujourd’hui est votre passé, alors que votre bonté d’aujourd’hui est votre avenir. Notre bonté peut être éprouvée. Elle peut se vérifier comme on peut vérifier le changement chez l’affamé qui mange à sa fin : il s’égaie, il se réjouit. Sur le plan des idées, penser c’est avoir au présent une nourriture si consistante qu’elle puisse donner un élan à notre mental. Nous pouvons puiser cette force et cette nourriture partout. De mon point de vue, tous les écrivains, quelle que soit leur notoriété, sont des fleurs. Et vous, comme les abeilles, extrayez du miel des fleurs à votre guise. Ne vous demandez pas pourquoi telles ou telles fleurs sont créées, elles sont toutes créées avec une prédestination précise. Chaque chose, bien ou mal, chaque pensée, chaque ange ou démon, ont leur prédestination dans le Cosmos. Qu’est-ce que les anges et les démons ? Ils représentent un mouvement dans deux directions opposées. Les uns sont des seaux pleins qui montent, les autres, des seaux vides qui descendent. Nous voulons uniquement des seaux pleins. Soit, mais une fois vides, comment et d’où se rempliront-ils ? Par conséquent le juste qui monte, deviendra pêcheur et le pêcheur deviendra juste. Nous obtenons ainsi le mouvement de la roue qui symbolise le progrès de l’humanité. L’on doit avoir conscience qu’on peut être juste ou pêcheur, mais qu’il faut accomplir la volonté divine. Celui qui bâtit se salit nécessairement. Ne pensez pas que vous ne salirez pas votre mental. Nous ne devons pas être troublés par les lois du pays. Nous devons avoir en nous d’autres lois qui conditionnent notre existence, car lorsque la Bulgarie et tous les pays disparaîtront, que la terre et le système solaire seront refondus, nous existerons toujours. La terre changera, elle ne sera pas comme nous la voyons aujourd’hui. C’est pour cette raison que la Bulgarie ne détermine pas votre existence, mais vous déterminez l’existence de la Bulgarie. Ainsi je dis : sur terre le tout dépend de ses parties, et dans le monde spirituel les parties dépendent du tout. Je vais clarifier cette idée. Vingt millions de personnes sur terre peuvent s’unir pour une idée commune, des sentiments communs et former un peuple, mais un jour leurs pensées et leurs sentiments peuvent changer comme change la chenille lorsqu’elle devient papillon. De la même façon, vous ne serez pas toujours Bulgares, vous changerez de nationalité et vous changerez de mode de vie. Une chenille vit cette étape seulement quarante jours, puis elle se transforme en papillon. Un peuple adopte une forme seulement quarante jours durant, il accomplit tous ses devoirs pendant ce laps de temps et il vit ensuite avec d’autres idées et sentiments. Nous pouvons alors changer les mots Bulgare, Français, Allemand tout à fait autrement. Lorsque nous disons bras, jambe, cerveau, poumon, nous avons une certaine idée : chaque chose a donc un sens dans l’organisme. Que signifie le mot Bulgare dans la globalité de l’organisme ? J’ai mis les Bulgares dans le foie, mais vous devez savoir que les particules du foie comme toutes les créatures évoluent et changent constamment. Les Bulgares aussi passeront par une autre forme de développement, alors il faudra chercher le Bulgare plus haut dans l’organisme. C’est une grande sagesse de pénétrer le sens de la pierre rejetée : la pierre symbolise ce qui est immuable, constant, inchangeable. Nous appartenons à une Église, et nous rejetons les principes de la nature, mais il faut savoir que nos philosophies disparaîtront, alors que les principes de la nature resteront immuables. Ce que la mère nature a créé, perdure. Réfléchissez pourquoi naissent des hommes ou des femmes, pourquoi dans une famille naît d’abord une fille, et parfois inversement, un garçon, pourquoi vous êtes enclins à un certain système philosophique, pourquoi vous vous êtes convertis au christianisme, etc. Vous répondrez : « Parce que le christianisme sauve les gens ». Je suis d’accord à cinquante pour cent avec vous. Je dis alors : vous avez été malades et vous avez déjà quitté l’hôpital ; dans ce cas pourquoi revenir à l’hôpital alors que vous avez guéri et que vous avez commencé à labourer et à semer ? Irez-vous chaque jour à l’hôpital remercier le médecin qui vous a guéri ? Il vous dira : « Assez de remerciements, j’ai d’autres malades à traiter ». Vous affirmez : « Nous devons prier Dieu ! » Bien sûr, nous devons prier, mais comme des gens bien portants et pas comme des malades. En tant que malades vous prendrez les remèdes, vous resterez couchés, vous vous tournerez d’un côté et de l’autre, vous vous agenouillerez de douleur, mais en tant que bien portants, vous prendrez la charrue et la houx et vous irez vous courber dans les champs. Chaque malade est chrétien. Mais vous direz : « Je suis d’un autre parti ! » Quel que soit ton parti, ta religion, ta vision du monde, qu’elle soit bouddhiste, musulmane, théosophe, occultiste ou autre, si tu es malade, tu es chrétien. Certains me demandent pourquoi le christianisme n’a pas redressé le monde. Je réponds : le christianisme est une science pour des gens malades ; elle les a aidés tant qu’elle a pu, mais il n’y a pas encore dans le monde une science pour des gens bien portants. Quelqu’un dit : « Je vais m’occuper de grandes idées ». Je demande : as-tu fini de prendre tes remèdes, de côtoyer les autres malades, de prendre congé des infirmières, es-tu sorti de l’hôpital ? Si tu as déjà terminé tout cela, tu peux entrer dans le monde, apprendre la loi du christianisme et trouver alors ta Sainte Mère. Vous, les gens d’aujourd’hui, vous êtes chrétiens, mais non des Fils de Dieu. Malheur à celui qui se déclare Fils de Dieu : il sera pendu, traité d’hérétique, de fou, etc. Pour moi, un Fils de Dieu est sain physiquement, spirituellement et mentalement, et il ne meurt pas : voilà ma définition. Nous devons bien comprendre l’enseignement du Christ : le Christ dit : « Je suis venu accomplir non pas ma volonté mais celle de Celui qui m’a envoyé ». Qui est ce Lui ? Vous ne Le connaissez pas encore. Tous Le cherchent aveuglement et allument des cierges, ils L’encensent et regardent en haut, et mangent et boivent et lisent, mais personne ne Le connaît, voilà la triste vérité. « Connaître le seul vrai Dieu[4], c’est la vie éternelle.» Que signifie Dieu ? Dieu signifie un mouvement de ton existence en ligne droite. Dieu est ce qui stimule le mouvement juste en vous. Je traduis et j’interprète le mouvement par le mot amour car seul l’amour crée du mouvement. Une jeune fille ou un jeune homme qui tombent amoureux l’un de l’autre, avancent l’un vers l’autre ; les gens qui commencent à aimer un enseignement, commencent à aimer tous les autres. Par conséquent, les malades que j’appelle chrétiens ont rejeté la pierre angulaire car ils n’en ont pas besoin. Nous, en tant que malades, restons couchés sur le dos et attendons que tout se fasse tout seul. On dépêche un médecin auprès d’un malade qui crie : « Oh, Monsieur le docteur », mais si on lui prépare des boulettes de viande, il en mange, il en mange tout en soupirant. Vos cuisines sont pour les gens malades. L’homme rentre du travail et se met à crier : « Pourquoi n’as-tu pas cuisiné, ne sais-tu pas que je suis malade, que je suis chrétien ? » Vous dites : « L’appellation chrétien est noble ! » Oui, tant que tu es à l’hôpital, mais une fois dehors, tu n’es plus chrétien. Je réfléchis sur une idée, ne me comprenez pas mal. Il n’y a pas de contradictions pour moi dans le monde, tout est clair. Si vous considériez tous les questions comme je les considère, le monde se redresserait en un jour. Je vois les gens d’aujourd’hui attachés les uns aux autres afin de se prémunir dans la vie. Je dis : cessez de vous lier les uns aux autres ; se lier est le signe d’un état pathologique, car seuls les malades cherchent à se prémunir. Les anciens disent : « Nous devons nous prémunir », autrement dit : « Nous devons devenir humbles, devenir des chrétiens à notre âge avancé et vivre désormais pour Dieu ». Ce sont tous ceux qui rejettent la pierre vivante. Quiconque n’accomplit pas la volonté divine, périclite. Je vous soumets un conte de Shakespeare tiré de la vie danoise. Un roi très sage voulait faire une expérience avec quelqu’un d’une grande notoriété dans son royaume appelé Anton le Juste à cause de sa sainteté et de sa pureté. Un jour, le roi l’a fait venir auprès de lui et lui a dit : « Je veux te laisser gouverner quelque temps à ma place sans que le peuple le sache ». Anton le Juste a d’abord refusé avant d’accepter. Il a pris la place du roi et comme la débauche régnait à cette époque, il a promulgué une ordonnance très sévère : « Tous ceux qui seront convaincus de débauche seront exécutés ». Le fils d’un grand vassal danois a été accusé d’un tel crime. Anton le Juste l’a fait venir et lui a dit : « Tu as commis un grand méfait et tu seras exécuté conformément à mes ordres ». Le jeune homme, pris d’une grande peur, a dépêché sa sœur, une très belle femme, sur le point de rentrer dans un monastère, pour qu’elle intercède en sa faveur. En la voyant Anton le Juste lui a dit : « Je ne pardonnerai pas à ton frère, à moins que tu ne deviennes mon amante, et ce dans le plus grand secret ». Anton le Juste avait été marié et avait divorcé avant de devenir quelqu’un de pieux. Prise d’aversion pour ce marché, elle a dit à son frère qu’il devait subir sa punition. Son frère lui a demandé : « En quoi est-ce mal d’accepter ce marché, ainsi au moins tu te sacrifieras pour moi ». Le roi sage a eu vent de cette affaire, et il a retrouvé la femme divorcée d’Anton et lui a demandé de s’habiller comme cette belle femme et de venir le jour dit. Pendant ce temps Anton, ayant réussi son coup, a ordonné l’exécution du jeune homme. Le roi sage a eu aussi vent de cet ordre et il a donné un contre ordre au chef de la prison interdisant de toucher au jeune homme. Il a ensuite convoqué Anton le Juste pour avoir une explication. Alors ce dernier s’est confessé : « J’ai pu tout vaincre dans ce monde, mais je n’ai pas pu résister au regard d’une belle femme et j’ai succombé ». La chute de tous nos contemporains se situe là. Ceux qui se lient dans une communauté ou dans une fraternité sans avoir la foi commettent un tel adultère. Ceux qui passent d’une fraternité à une autre, qui se marient avec une femme, puis une autre, puis une troisième sont à mes yeux comme Anton le Juste et n’acquerront aucune sagesse. La sagesse est dans la nature elle-même, en nous-mêmes. Nous devons ainsi écouter attentivement cet élan intérieur, et nous diriger vers cette pierre qui nous montrera avec qui nous devons nous unir. Si l’on acquiert la sagesse dans le but d’en abuser, on commet un adultère, et celui qui acquiert l’amour et en abuse commet aussi un adultère. Chaque pensée noble, chaque sentiment noble qui est perverti est un acte d’adultère. Donc le monde entier est malade. Tous les malades d’aujourd’hui sont des chrétiens. Le plus grand déshonneur que subit le Christ aujourd’hui dans le monde est ce christianisme dont tous se glorifient. Si vous partagiez ce déshonneur, ne serait-ce que vingt-quatre heures, vous éprouveriez alors la plus grande répugnance en voyant ce qui est commis au nom du Christ. Les choses les plus malsaines se font aujourd’hui au nom de la religion, de la civilisation, des sentiments sacrés. Et comme sont perfides les raisons pour le justifier ! Voilà pourquoi nous devons tous aspirer à devenir des Fils de Dieu. Maintenant, je vais interpréter le mot christianisme dans un autre sens : le Christ représente l’être humain en parfaite bonne santé qui a mis de l’ordre dans ses pensées et ses sentiments, qui a vaincu ses passions : il est appelé Fils de Dieu. C’est uniquement lorsque nous apprendrons la sagesse divine que nous pourrons être capables de comprendre la vérité, de devenir maîtres de la situation et de transformer le monde. Alors nous nous appellerons aussi Fils de Dieu. Mais aujourd’hui ce sont les malades qui gouvernent le monde, ce qui explique le surplus de couteaux, de médicaments, de lits d’hôpitaux, d’injections, etc. La science ne sera destinée qu’aux malades, mais ils en souffriront davantage. Je croise aujourd’hui des gens de différentes couches de la société qui ne peuvent pas s’entendre. L’individu est aujourd’hui une croix sans cercle, c’est-à-dire un patient dans un hôpital qui dit aux autres : « Nous devons porter notre croix ». À un Anglais qui me disait : « To put Christ on », j’ai répondu : « To put Christ in », c’est-à-dire il me disait : « Habillons-nous en Christ », je lui ai répondu : « Mettons le Christ en nous ». On chante dans certains chants : « Habillons-nous en Christ ». Je dis : il ne faut pas s’habiller en Christ, car l’habillement est un état transitoire, un passage, alors qu’il faut accueillir le Christ en soi, devenir des Fils de Dieu, être bien portants. Si la société contemporaine raisonne ainsi, elle apprendra correctement cette loi. Par les souffrances les gens apprendront le bien. Un nouvel élément est introduit sur terre et il redressera le monde : c’est l’air pur. Portez un malade dehors à l’air pur et il guérira même contre son gré. À un moment, même sans en être conscients, nous guérirons. Les souffrances sont un élan qui nous emmènent là-haut vers les cimes. Lorsque quelqu’un pèche, il tombe malade et dit : « Je n’agirai plus ainsi », il règle donc ses comptes. Lorsque nous liquidons nos péchés, nous devons accueillir l’amour, la sagesse de la santé et de l’immortalité et nous serons alors près de la porte du grand temple où nous apprendrons le grand secret de la vie. Nous aspirons à une vie que nous pouvons avoir uniquement en sortant de ces hôpitaux. Cessez désormais de clamer que le Christ vous sauve, mais dites : « Nous vivrons pour le Christ, nous aiderons les malades à quitter l’hôpital et nous les éloignerons de la vie citadine car elle n’est pas hygiénique ». Il faut sortir dans les champs et les labourer. Le Bulgare, lorsqu’il fait les labours trouve que la Bulgarie est bien organisée, alors que celui qui ne laboure pas s’angoisse des terres qui seront octroyées à la Bulgarie : quelle partie de la Macédoine, quelle partie de Dobroudja[5], etc. Ce n’est pas un vrai sentiment bulgare patriote, un tel Bulgare ne vit même pas dans le foie de l’organisme universel, il se trouve plus bas que lui. Prenez la charrue, l’aiguillon, labourez, semez, et dites : « Nous sommes des gens en bonne santé, des gens de la nouvelle culture et, Dieu soit loué, nous nous sommes débarrassés des hôpitaux ! » Encore un exemple : dans un hôpital il y avait deux paralytiques. Leur état était considéré comme désespéré, et ils avaient été laissés seuls dans une pièce. Heureusement pour eux, un incendie s’est déclaré un jour, et dans la précipitation tous les malades ont pu être évacués sauf ces deux-là. Ils ont senti le feu s’approcher et à cet instant critique, ils ont oublié qu’ils étaient malades et se sont enfuis. Alors, se découvrant en bonne santé, ils ont remercié Dieu pour cet incendie qui leur a permis de guérir et de se libérer du joug de la paralysie. Vous aussi, dites à présent : « Que cet hôpital prenne feu pour nous laisser sortir, nous les paralytiques », et dites : « Dieu soit loué, car maintenant nous pouvons penser comme Il l’exige et non comme l’exigent les humains ». Sofia, 1 juin 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « N'avez-vous pas lu ce passage des Écritures : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire. » (Marc 12, 10) [2] Le système de notation bulgare se fait sur une base de six, le six étant la meilleure note : 6 (excellent), 5 (très bien), 4 (bien), 3 (moyen), 2 (faible) – le 2 est ainsi la plus mauvaise note. [3] Petko Slaveykov (1827 – 1895) – poète, journaliste et folkloriste bulgare [4] « Or la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». (Jean 17 :3) [5] Dobroudja – région du Nord-Est de la Bulgarie dont une partie a été annexée par la Roumanie entre les deux guerres mondiales.
  10. La table du nouveau testament « Comme Jésus était à table dans la maison, voici, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples. »[1] Matthieu 9 :10 Voici un verset ordinaire, dépourvu de « sens » et de « contenu », semblable à un petit caillou qui dissimule son trésor à l’intérieur et ne le montre pas à l’extérieur. Dans le langage contemporain, le mot publicain désigne les gens simples. Le pauvre et le pécheur sont deux frères : le pauvre est privé d’argent, d’or et n’a donc pas de moyens et le riche exploite toujours le pauvre ; le pécheur est privé de sagesse, de savoir, et c’est pourquoi il commet des péchés. J’appelle les gens simples des banquiers, et les banquiers modernes je les appelle des usuriers : cinq pour cent, dix pour cent : ils collectent les impôts autant qu’ils le peuvent. Aujourd’hui aussi, des usuriers collectent des impôts. Tous ces publicains et pécheurs sont venus s’asseoir à table avec le Christ. Vous pouvez demander : « Comment un tel Maître peut-il permettre à des gens pareils d’être avec lui à table ? » Par le mot table, je comprends l’école, mais non l’ancienne école, l’Ancien Testament de Moïse, mais la Nouvelle École du Christ. Les disciples du Christ représentent les premiers disciples de la Nouvelle École, du Nouveau Testament ; les publicains et les pécheurs représentent l’ancienne culture, l’ancien enseignement, la loi de Moïse. Est-ce que tous les enfants qui entrent à l’école sont déjà instruits ? La plupart sont simples et incultes, ils sont nombreux à avoir des pantalons déchirés, mais ils se montrent plus assidus que les fils des riches. Par conséquent, ces publicains et ces pécheurs sont des disciples venus apprendre le Nouvel Enseignement. Les chrétiens modernes qui ne comprennent pas le sens profond de cet Enseignement ont séparé dans l’Église les pécheurs des justes, les membres officiels des catéchumènes. Il y a dans toutes les églises des membres qui sont soumis des années durant à des examens avant de devenir des membres reconnus ; un tel homme qui reste dix-quinze ans en attente, si on lui demande ce qu’il a appris du christianisme, répond : « Lorsque le Christ viendra, Il nous expliquera ». J’aimerais que les chrétiens d’aujourd’hui passent le brevet lorsqu’ils terminent une classe et de même lorsqu’ils terminent leur cursus entier. Nous nous trouverons alors avec une contradiction, comme dans le conte suivant. Dans l’antiquité, un grand roi très sage a voulu tester les aptitudes de ses citoyens les plus érudits et a organisé l’examen suivant : il a choisi un magnifique édifice dans lequel il a placé dix objets de grande valeur. Il a appelé dix citoyens, chacun représentant une des dix couches de la société. Les mêmes couches sociales existent aussi chez nous. Elles portaient alors un nom, donné par leur fondateur, comme on donne un nom de baptême à un nouveau-né (le nom est sacralisé par l’individu lui-même, ce n’est pas lui qui fait l’individu, ce n’est pas l’enseigne qui rend le commerçant honnête mais le commerçant honnête rend son enseigne honnête, ce n’est pas l’encensoir qui rend le prêtre saint mais le prêtre lui-même rend son encensoir lumineux, ce n’est pas le livre qui rend l’individu intelligent et intéressant mais c’est l’individu qui rend le livre intelligent et intéressant). Ce roi sage a rassemblé les dix personnes pour qu’elles choisissent l’un des dix objets exposés. Ces objets étaient : une couronne précieuse qui valait des millions, un vieux sac rempli d’or, un sabre en or, une plume dorée, une longue vue, une bouteille remplie de l’élixir de vitalité qui selon les alchimistes anciens rajeunissait les gens, un compas, un grain de blé, un livre d’un ancien sage et un œuf. Il a convoqué les représentants de ce peuple, c’est-à-dire de toutes les couches sociales, pour choisir ce qu’ils voulaient. Le premier a préféré la couronne en or et il l’a levée pour la mettre sur sa tête, le deuxième a pris le sac d’or, le troisième a pris le sabre en or et l’a mis aussitôt à sa ceinture, le quatrième a pris la plume en or, le cinquième a pris la longue vue, le sixième, la bouteille avec l’élixir de vitalité, le septième, le compas, le huitième, le grain de blé, le neuvième, le livre du sage et le dernier a pris l’œuf. Lequel parmi eux a gagné ? Vous êtes intelligents, comment résoudrez-vous cette devinette ? Le premier, qui a pris la couronne est devenu roi, le deuxième, banquier, le troisième, le général le plus illustre du pays, le quatrième, un magistrat, le plus grand juriste et écrivain car il s’occupait du droit divin – tandis que le droit actuel est le droit humain, le cinquième, avec la longue vue, est devenu astronome pour étudier les astres – l’astronomie a vu le jour à partir de là, le sixième qui a pris l’élixir de vitalité est devenu médecin, le septième qui a pris le compas est devenu ingénieur, le huitième qui a pris le grain de blé est devenu agriculteur, le neuvième qui a pris le livre du sage est devenu enseignant. Le dernier qui a pris l’œuf n’a rien obtenu : tous les autres ont gagné quelque chose alors que celui qui a pris l’œuf n’a rien gagné tandis que les neuf autres ont acquis un métier. Le dernier a réfléchi sur la façon d’utiliser l’œuf, il a essayé de le vendre ici et là, mais personne ne voulait l’acheter, cet œuf n’avait à priori aucune valeur. À la fin, il a songé à le mettre sous une poule pour voir si elle pouvait le couver. Et en effet, le plus beau coq jamais vu est sorti de l’œuf, mais il était si gourmand qu’aucune poule ni aucun coq ne voulait de sa compagnie. Son maître a entrepris de le nourrir, mais il a dû tant se sacrifier pour lui qu’il a fini mendiant, et il s’est vu obligé d’aller voir les neuf autres qui ont gagné chacun quelque chose de leur objet pour leur demander de l’aide pour le coq. C’est vrai qu’aujourd’hui tous parlent de ce coq : des sociétés à but caritatif se créent pour améliorer la situation de ce coq, c’est-à-dire la situation de ce peuple ; un nouveau parti se crée et dit : « Dans notre programme est inscrit l’amélioration de la situation du peuple ! » Nous avons tous aujourd’hui de nobles élans, de nobles désirs, mais qu’est-ce qui a le plus de valeur, est-ce que ces objets obtenus par les neuf personnes ont accompli leur prédestination ? Chaque objet, selon qu’il est dans de bonnes ou de mauvaises mains pourra servir des finalités différentes ; par exemple un sabre ou un couteau peuvent opérer un malade et améliorer sa situation, mais ils peuvent aussi couper la tête de quelqu’un sur le champ de bataille ; on peut écrire un excellent livre avec une plume, mais on peut aussi en écrire un autre tellement mauvais que son poison se propagera pendant des siècles ; la plume peut aussi parapher une condamnation à mort ! La longue vue peut découvrir quelque chose de nouveau au profit de l’humanité, mais peut aussi découvrir un esclave, évadé de chez son maître, et le livrer aux autorités : il deviendra ainsi un traître ; l’élixir de vitalité peut prolonger la vie des humains mais peut aussi enrichir son propriétaire. Souvent lorsqu’un riche tombe malade, les plus grandes sommités européennes viennent prêter main forte car elles seront bien récompensées, alors qu’elles ne se donnent pas cette peine pour les pauvres qui eux sont livrés au Seigneur. Lorsque le tzar Alexandre III se mourait, tous les médecins les plus connus d’Europe ont été dépêchés en Russie. Je vais clarifier les aspirations de l’humanité moderne : lorsque le Christ était sur terre, il y avait à sa table beaucoup de publicains et de pécheurs ; ce sont deux catégories de personnes de l’Ancien Testament. Ces disciples de l’Ancien Testament occupent encore une place notable dans la société moderne même s’ils sont baptisés avec d’autres noms. Un pays dans lequel on pend et on égorge les gens et où il y a des prisons est un pays de l’Ancien Testament ; dans le Royaume de Dieu il n’y a ni potence, ni prisons, ni fusillades : c’est l’enseignement du Christ. Mais vous direz : « Que faire de ces pécheurs, de ces criminels qui sont si nombreux sur terre ? » Donnez à chacun ce dont il a besoin. Si vous lui donnez un sabre ou une plume, ou une longue vue, ou un compas (ou un autre des dix objets), vous créerez du travail pour son esprit, ce qui va le satisfaire ; ne le jugez pas, qu’il essaie. Je ne condamne pas celui qui a pris une couronne et l’a mise sur sa tête pour gouverner : qu’il mette ses aspirations à l’épreuve. Si Dieu tolère les loups, les ours, les insectes dont certains sont si nuisibles, pourquoi ne pas permettre à chacun de se manifester dans sa vie selon ses aspirations ? Si Dieu envoie sa lumière et sa nourriture aux animaux nuisibles, pourquoi serions-nous contre cela ? Nous aussi nous devons tolérer tout le monde, les supporter et ne nous détourner de personne. Les loups et les renards ne sont pas en dehors de la nature, ils sont parmi les humains, vous les avez tous : toutes les sortes de loups, de renards, d’ours, d’insectes sont parmi vous. Vous tirez sur un loup parce qu’il a mangé une brebis, alors que dans la société certains hommes, comme des loups, mangent dix personnes et vous ne leur dites rien : où est la justice ? Un pauvre vole un pain pour nourrir sa famille misérable et malade et il est condamné à plusieurs mois de prison, alors qu’un riche dérobe des milliers de levas, mais on considère qu’il a pris une commission sur une affaire commerciale. Une pie gobe l’œuf d’une de vos poules et vous la tuez ; j’estime que la vie d’une pie a autant de valeur qu’un millier d’œufs, donc vous avez le droit de la tuer seulement si elle en mange autant. La même loi se rapporte au loup : lui-aussi, vous pouvez le tuer seulement s’il mange mille brebis : c’est la règle divine dans le monde. Les publicains et les pécheurs qui se sont rassemblés autour du Christ écoutaient le Nouvel Enseignement qu’il prônait. Beaucoup se disent : « Ce serait si bien si on était aussi à la table auprès du Christ », mais cette table était toute simple, en rien comparable à la table d’un roi : il n’y avait pas d’agneau grillé, de poulet, de brochettes, de tomates farcies, de gratins, de courgettes à la viande d’agneau, de côtelettes au barbecue et ainsi de suite. Alors, en l’absence de si bonnes choses, que valait cette table ? Je ne serai pas allé à une table dépourvue de ces mets ! Il est dit : « Ces publicains et ces pécheurs se sont rassemblés avec le Christ et ses disciples ». Le Nouvel Enseignement est un processus sublime, une grande table avec les mets les plus exquis. Vous devez d’abord apprendre à participer à la table ordinaire de l’estomac à laquelle l’humanité actuelle est en train de prendre part ; je ne vais pas vous décrire maintenant quelle doit être la table de l’estomac, je vous cède ce privilège car vous êtes de meilleurs spécialistes que moi. La deuxième table à laquelle l’individu doit assister est celle du système respiratoire, et ensuite lorsqu’il passera par le processus de la purification, il assistera à un banquet somptueux que le monde n’a pas encore vu. À la table de l’estomac, il y a dix millions de couverts, chacun des invités lève son verre, sa fourchette et dit : « Oh, quel travail agréable » ; avec ces dix millions de personnes ou de cellules, nous prenons part à leur joie. Ce n’est pas une allégorie mais un fait : il y a dans l’estomac dix millions de cellules qui mangent, qui boivent et qui accomplissent un travail. Dans les poumons, il y a encore plus d’invités, encore plus de cellules qui font le travail qui leur est assigné : lorsque nous grimpons sur un sommet de montagne et que nous respirons de l’air pur, les cellules des poumons lèvent leurs verres et disent : « Quel endroit agréable, vive notre maître pour nous avoir amené sur ce haut sommet ! » Lorsque vous montez en-haut dans le cerveau où ont été invité les publicains et les pécheurs, la table est encore plus somptueuse : il y trois milliards et six cents millions de cellules, autant de convives à côté du Christ et de ses disciples. Ainsi, lorsque tu projettes une grande pensées par ton esprit, un tel banquet se forme qui n’est possible ni dans l’estomac, ni dans les poumons, donc le vécu du mental est le plus sublime. Ce n’est pas une fiction ! Est-ce que ce que tu vis par l’estomac et les poumons est une fiction ? Mais vous dites : « Nous avons une maison, des champs, etc. » C’est une illusion, tout ce qui est périssable est une illusion, l’illusion n’est rien d’autre que le résultat d’un mouvement. Ces choses sont réelles, mais transitoires, ce qui signifie qu’elles nous traversent parfois, parfois c’est nous qui les traversons ; dans un cas nos pensées et nos désirs se dérouleront comme un film devant nos yeux, dans l’autre cas nous passerons devant eux comme des voyageurs et regarderons ces images. Par conséquent, dans la société actuelle, ces deux processus alternent, simplement les voyageurs qui font le tour de la terre sont très peu nombreux. On raconte la chose suivante sur les Anglais, les Allemands, les Français et les Russes. Quatre représentants de chacune de ces nationalités étaient quelque part en vacances en Europe, ils buvaient et mangeaient ensemble. À un moment, ils ont vu deux grands oiseaux très haut dans le ciel. En les voyant l’Anglais a tout de suite examiné la direction d’où ils venaient et voyant qu’ils venaient de l’est, il a pris le premier bateau pour aller les étudier. Le Français a aussitôt pris son chapeau et est parti se renseigner sur ce que les journaux du soir écrivaient sur cet évènement. L’Allemand est allé dans la bibliothèque pour fouiller toute la littérature scientifique existante pour vérifier si rien n’était dit sur l’apparition de ces oiseaux. Et le Russe s’est couché sur le dos, et lorsqu’il les a observés, il a dit : « Eh, ce sont juste des aigles ! » Et voici le travail, voici comment les slaves résolvent facilement toutes les questions. Le Bulgare aussi, après avoir bu un demi-litre de vin, dira : « Ce sont des aigles, à quoi bon réfléchir plus, pas besoin de philosopher, ce sont des aigles et point final ». C’est une acquisition de savoir ; lorsqu’on acquiert des savoirs, on dit : « Je sais ce que c’est, je n’ai besoin ni de journaux, ni de recherche bibliographique, je vois que ce sont des aigles ». Je ne donne ma préférence à aucun des quatre car ils agissent tous selon leur tempérament, ils manifestent tous leur caractère selon leur tempérament. Lorsque j’étudie la vie des peuples, je le fais objectivement, je l’évalue selon la vraie science et je sais ce qui s’y trouve : à la lumière de cette science il n’y a rien de caché. Nous disons de quelqu’un qu’il est honnête et intègre, mais qui n’est pas honnête et intègre ? Est-ce que le loup qui se nourrit des agneaux des troupeaux n’est pas honnête, est-ce que la tigresse qui joue avec ses enfants n’est pas honnête ? Dire que le loup agit avec malhonnêteté est un avis extérieur, le loup dit : « Je ne veux pas connaître les avis des autres ». Vous dites que l’agneau et la brebis sont des animaux nobles ; demandez à l’herbe ce qu’elle en pense : une fois piétinée et mangée, elle ne peut plus pousser. Nous disons que les brebis sont un symbole de noblesse, quelles brebis ? Vous vous trompez si vous les croyez nobles. Il y a d’autres brebis dans le monde, pas celles que nos bergers élèvent qui ne sont que les ombres des vraies brebis. Le Christ dit : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette maison et je les rassemblerai »[2]. Que sous-entend le Christ par le mot agneau ? Vous direz : « Nous savons ce que c’est : c’est le rejeton de la brebis, il est mignon et espiègle, quand on lui coupe la tête, il est délicieux s’il est bien cuisiné ». L’agneau signifie le feu qui purifie la vie, et lorsqu’on dit que le Christ est l’Agneau, c’est qu’il est le feu divin qui purifie l’humanité. Celui qui trouve ce feu divin a trouvé l’élixir de la vie ici sur terre. Maintenant se pose la question de la brebis, que pensez-vous de ce mot ? Je vous parlerai des brebis dans une autre causerie : je discute avec elles chaque jour, vous les rencontrez aussi et je trouve qu’elles sont les plus lésées dans le monde, mais elles sont aussi les plus nobles et personne n’est plus heureux qu’elles. Le loup ne peut pas les dévorer, les vers ne peuvent les atteindre, la gale ne les touche pas, la faim ne les tourmente pas, elles ne craignent pas le couteau du berger, leur laine ne tombe pas à terre, leur lait n’est pas pris, aucun fromage ni beurre n’est fabriqué de leur lait, mais sachez que la beauté de leur laine apporte la vie et la grâce au monde entier. Elles parlent peu et n’ont pas l’éloquence des orateurs ; elles ne s’expriment que dans les moments de transition, lorsque l’orateur lève son verre, et elles ne disent alors qu’un seul mot. Et tout est dû à ces brebis : toutes les grandes phrases prononcées depuis la nuit des temps qui n’ont pas perdu leur sens, le sont par elles ; l’auteur de ces phrases marquantes est inconnu, mais grâce à elles le monde existe et les auteurs contemporains se couvrent de gloire. Aujourd’hui, un auteur qui écrit un livre, dit : « Ce livre est écrit par moi et personne ne peut l’éditer sans mon autorisation ! » En m’écoutant vous parler de la sorte, vous devez penser que je poursuis un but quelconque ; je veux simplement discuter avec vous, vous restaurer. Je ne m’occupe pas de philosophie, mais je ne critique pas les auteurs qui peuvent s’occuper de philosophie ; je ne touche pas aux couronnes royales, je ne prends pas le sac d’or, ni la longue vue, ni le compas, ni la plume, ni le grain de blé ; je ne touche pas l’œuf non plus. J’ai choisi le nombre 11, c’est le nombre le plus malheureux de tous, il n’y avait pas de nombre plus malheureux pour les hébreux. Aujourd’hui, c’est le nombre 13 qui est fatidique pour l’européen éduqué, vous pouvez difficilement le mettre dans une chambre d’hôtel portant le numéro 13. Pourquoi le chiffre 11 est-il malheureux ? Il n’a ni mère ni père, c’est le nombre des contradictions dans la vie. Pourquoi existe-t-il des contradictions dans la vie ? Pour certaines raisons. Le nombre 4 est aussi une loi de contradictions, mais à cause de la justice. Il y a des causes dans le monde qui déterminent chaque action : les belles fleurs sont introuvables l’hiver car l’hiver exprime le nombre 4 et vous les rechercherez à un moment précis, à des saisons précises, c’est-à-dire aux nombres 1 et 2 ; si vous cherchez toutes sortes de fruits, vous les trouverez à des moments précis dans l’année, dans le nombre 3 ; toutes les manifestations dans la vie sont soumises à un moment précis. Les Bulgares ont raison de dire qu’il existe des jours de malheur, ce n’est pas une superstition. Vous partez par exemple vers le pôle Nord en une chaude journée d’été ; si vous ne prenez pas en considération le besoin de vêtements chauds pour cet endroit, vous aurez froid en y arrivant : les journées froides, hivernales sont des journées de malheur. J’entends certains Bulgares déclarer : « Je ne sors pas dehors et je ne commence pas un nouveau travail le mardi ou le vendredi ». Ils ont raison car il y a réellement des journées de malheur dans la vie. J’aimerais voir quelqu’un qui n’est pas superstitieux prendre la route en un jour de malheur et voir jusqu’où il ira ; si cet homme est instruit, il dira : « Je n’ai pas pu arriver à destination car il y avait du brouillard et un grand orage », etc. Si l’homme est inculte, il expliquera l’insuccès par le fait qu’il a été entamé le mardi ou le vendredi : ces jours sont fatidiques. L’érudit sait que le tonnerre est dû à deux forces contradictoires qui s’unissent ; l’inculte dit que saint Élie parcourt le Ciel sur un char ; il sait que l’électricité est la raison de la formation du tonnerre, mais il admet en plus une autre force, une force supérieure. Le mythe dit que saint Élie se promène dans le Ciel avec son char attelé à deux chevaux ; donc, en plus de l’électricité positive et négative il y a aussi deux chevaux et un homme, c’est-à-dire un principe intelligent qui guide ces deux forces. Alors, en tant que gens instruits, expliquez-moi comment se fait la chose suivante : je suis à une distance de cinquante kilomètres de vous et j’ai à ma disposition un canon capable de tirer à cinquante kilomètres ; lorsque l’obus de mon canon vous atteindra, vous entendrez le bruit de l’explosion, mais vous verrez aussi le résultat de l’obus en action. Je vous demande : quelle est la cause qui a conduit l’obus jusqu’à vous ? Vous direz que c’est l’effet de la substance explosive ; oui, mais vous ne mettez en évidence qu’un tiers de la vérité car il y a une autre cause qui met ensemble ces substances explosives, et cette explosion est le fruit de l’action conjuguée de ces forces : de cette façon, vous remonterez jusqu’au cerveau de l’inventeur lui-même. Il y a trois causes pour chaque manifestation dans la vie. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas dire que nous sommes très instruits, car nous ne connaissons pas les trois raisons qui provoquent une certaine action. Nous disons que nous savons comment un certain évènement politique a eu lieu et que les personnes qui y ont pris part sont achetées, etc., mais la raison de ces abus est très loin de ce que nous voyons, et il n’y a pas d’explication pour ce contexte psychologique. Comment est-ce possible qu’un individu qui aime sa patrie puisse se vendre pour de l’argent, fut-ce plusieurs millions ? La raison peut être toute autre. On dit que Juda a trahi le Christ pour trente-trois pièces d’argent ; cela n’explique pas tout, encore faut-il savoir pour quelle raison il a trahi : la raison de cette trahison est bien plus profonde. Lorsque nous saisirons la véritable raison, nous cesserons de juger quiconque. Remerciez ce Judas qui s’est chargé du rôle ingrat du traitre ; si le Christ n’avait pas été crucifié, le salut de l’humanité ne serait pas venu. Vous direz : « Voici un homme qui n’a pas de suite dans les idées ». Je vais vous expliquer pourquoi je raisonne ainsi. Ne suis-je pas Judas pour le grain de blé que je vais enfouir dans la terre ? Pour ce grain de blé, dans un premier temps je suis un traître, mais je suis aussi son sauveur : comment le grain peut-il se développer et se multiplier s’il n’est pas semé ? Les choses doivent donc être regardées avec intelligence et sans jugement. Aujourd’hui dans les journaux il n’y a que des critiques et des attaques, ce n’est pas une science : il faut toujours examiner les véritables motifs des choses et des évènements avant de se prononcer. Et lorsque nous voulons sauver l’humanité, faut-il encore comprendre les lois qui gouvernent l’âme humaine. Certains me demandent : « Penses-tu que tu redresseras le monde avec toutes ces paroles ? » Je leur dis que je n’ai pas cet objectif-là, je donne simplement un banquet pour mes convives. Celui qui est affamé et assoiffé viendra auprès de moi, je vais le restaurer, il mangera et repartira où il veut ; lorsqu’il sortira, je ne vais pas noter son nom sur une ardoise, pour rappeler qu’il me doit quelque chose, et même s’il a de la poussière sur ses vêtements ou ses chaussures, je lui donnerai une brosse pour se dépoussiérer : qu’il laisse sa poussière chez moi pour sortir tout propre. Comment réconcilier ces deux contradictions dans la vie ? Le Christ dit : « Dans une ville qui ne vous accueille pas, sortez et débarrassez-vous de la poussière »[3]. Où ? Dans la rue. Et moi je dis : lorsque je te donnerai à manger, au moment de partir enlève la poussière non dans la rue mais dans ma cour. Si tu comprends cette grande loi, lorsque quelqu’un viendra te rendre visite, il devra enlever la poussière de ses vêtements dans ta maison pour que tu deviennes riche, c’est une loi qui se vérifie. Mais vous, que faites-vous ? Lorsqu’on vous rend visite, vous demandez à votre convive d’enlever sa poussière dans la rue et d’entrer propre chez vous : vous renoncez à votre bénédiction et la loi de la destruction prend forme psychologiquement en vous. Dans le monde divin aucune destruction n’est autorisée, tout dans le monde doit servir à la création, le mal et le péché ne sont que des rébus pour les gens. On dit de quelqu’un qu’il est un grand pécheur ; ceci montre qu’il excelle pour commettre de grands péchés, c’est pourquoi j’aimerais connaître certains de ses rébus : ces gens-là sont très inventifs. Certains s’insurgent contre le diable, mais la société actuelle ne se doute pas combien elle lui est redevable. Vous devez remercier le diable : s’il disparaissait un seul jour de la face du monde, cela jetterait un grand trouble : l’argent serait déprécié, les prêtres n’auraient personne à qui prêcher, les mères n’enfanteraient pas, il n’y aurait pas de nourriture, l’estomac, les poumons, le cerveau refuseraient de fonctionner, tous seraient livrés à eux-mêmes, et ainsi de suite. Mais aujourd’hui, tous clament combien le diable est mauvais. Lorsqu’il y a une voiture qui vous débarrasse de vos déchets et de ceux de vos voisins, vous dites : « Quelle odeur épouvantable à cause de ces déchets ! » Non, remerciez cette voiture de les emporter car sinon vous tomberiez malades s’ils restaient chez vous. Voilà pourquoi aujourd’hui, vous-aussi vous devez remercier ce grand esprit qui porte les péchés des humains. Quiconque pèche aujourd’hui, le curé, l’évêque, le tzar, la mère, le père, c’est toujours la faute au diable, mais je vous dis : ce diable est un formidable professeur. Je le croise parfois, je le salue et je lui demande : « Où es-tu passé ? – Je vis parmi ces gens si éduqués qui ne font que se battre et s’entretuer ; je leur enseigne une chose, mais ils font autre chose et se plaignent ensuite à leur Père que tout est ma faute. » Le Christ disait : « J’ai vu Satan qui tombait comme un éclair »[4] ; je dirai : j’ai vu les rayons du soleil plonger de haut en bas. Que signifie cette chute ? Si les rayons du soleil ne tombaient pas, qu’est-ce que deviendrait la terre ? Le monde chrétien moderne est plein de contradictions et d’égarements et il n’y a pas de maîtres pour expliquer correctement les choses comme elles sont dans la nature. Quelqu’un dit par exemple qu’il faut être très sage, très intelligent pour devenir roi ; un autre dit qu’il faut être très riche pour gouverner ; un troisième dit qu’il faut avoir le grade de général pour gouverner son peuple, mais le sens de la vie n’est pas dans toutes ces choses. Je connais deux types de rois, de banquiers ou de généraux : je connais des généraux qui combattent sans tuer personne et nous en avons un grand besoin dans notre société moderne. Certains réfutent que nous ayons besoin de généraux ; si, nous en avons besoin à condition qu’ils accomplissent justement leur devoir. Mais celui qui envie le riche et veut prendre sa place n’a pas la bonne solution au problème ; deux ou trois personnes ne peuvent pas à mon avis porter un même sabre, donc c’est celui qui est né pour être général qui s’acquittera de sa mission. Dans les sciences occultes, il est dit que plusieurs créatures peuvent occuper le même siège sans s’importuner ; vous demanderez comment cela est possible, je vais vous l’expliquer. Admettons qu’il y ait une boîte de conserve qui ne peut contenir plus de dix kilos ; remplissons-la avec de grosses cartouches ; nous disons qu’elle est pleine, mais il est encore possible de mettre du menu plomb dans les interstices ; nous disons de nouveau qu’elle est pleine, mais nous pouvons encore verser un peu de sable dans les interstices les plus fins jusqu’à les combler ; nous pouvons dans la même boîte verser un litre d’eau et il restera encore de la place où nous mettrons cent grammes du plus pur alcool ; ainsi tous ces éléments contradictoires ont pris place dans la boîte qui semblait de prime abord être remplie uniquement par les grosses cartouches. Ainsi, l’idée que ma chaise ne peut pas être occupée par plusieurs personnes est incorrecte ; les dix personnes qui ont pris un objet au roi peuvent s’y asseoir, et moi-même, le onzième, je peux m’y asseoir. Par conséquent, il n’y a aucune contradiction, j’ai choisi le nombre 11 car il oblige les gens à réfléchir. Et ceci arrive lorsqu’on traverse de grandes épreuves, lorsqu’on passe par le feu et par l’eau. Il faut imiter les héros de ce monde et ne pas s’apitoyer sur eux : ces individus choisissent eux-mêmes leur destin et ils portent avec légèreté leur sac à dos. Les héros n’ont pas besoin de salut, ils se délivrent eux-mêmes. Il y a maintenant des héros aussi parmi vous, les Bulgares. On raconte en Angleterre l’histoire d’un voleur très connu et très habile. La police anglaise a réussi à l’arrêter et à l’enfermer et pour qu’il ne s’échappe pas, on lui a ligoté les mains et les pieds avec des cordes. Le gardien qui lui portait la nourriture a oublié une bougie. Le voleur a aussitôt compris qu’il pouvait se sauver avec cette bougie : il a brûlé précautionneusement les cordes à ces pieds, puis les cordes de ses mains. S’étant libéré de la sorte, il s’est évadé par la fenêtre et a retrouvé sa liberté. Si vous vous retrouvez enfermé comme ce voleur, vous vous mettez à vous plaindre et à dire qu’un destin cruel vous persécute. Sachez que le diable qui vous attrape et vous ligote vous laissera toujours une bougie allumée grâce à laquelle vous pourrez vous délivrer et il dit : « Voyons maintenant si tu es un héros », mais vous restez là pensif et vous vous dites : « Eh bien, je préfère rester attaché plutôt que de me brûler ». Sois un héros, brûle la corde et sors ! Tous disposent de cette bougie allumée, c’est l’intelligence humaine. Même si le diable vous nuisait, le Seigneur lui ordonnerait de vous laisser une bougie avec laquelle vous sauver ; alors le diable dit : « Nous verrons maintenant si tu es un héros ou non, c’est-à-dire si tu es digne du ciel ou si tu restes mon esclave, es-tu digne de te détacher et d’emprunter l’étroit chemin vers le haut ou continueras-tu à labourer mes champs ». Pourquoi les Bulgares labourent-ils aujourd’hui ? Ils n’ont pas pu se libérer à temps, ils n’ont pas pu se détacher et le diable les a attelés en disant : « Hou ! Hou ! » C’est une allégorie pour vous obliger à penser. Beaucoup disent en ce moment : « Pythagore a dit ainsi jadis, Trismégiste aussi sur sa tablette en or, et Kant aussi », et ainsi de suite ; mes respects à tous ces vénérables personnages, mais savez-vous d’où ces érudits ont pris leur enseignement ? Tout le monde admire leurs enseignements et les interprète ; leurs interprétations ressemblent à celles que certains théosophes contemporains font sur les épîtres de l’apôtre Paul, à propos de l’utilisation correcte ou non de l’article défini ou indéfini en disant : « L’apôtre Paul n’a pas mis à cet endroit un article défini ». Voici en quoi consiste leur lecture critique et leur interprétation ! Lorsque vous écrivez quelque chose, ne vous arrêtez pas à l’utilisation ou non de l’article défini, mais tâchez d’avoir une pensée juste et avec du contenu ; l’apôtre Paul savait exprimer la même pensée sans article défini et sans virgules. Lorsque vous confectionnez un vêtement, il y a une partie pour le devant et l’autre pour le dos. Celui qui songe à l’article défini dans sa phrase, montre qu’il est membre officiel d’une église et celui qui songe à l’article indéfini montre qu’il n’est pas encore membre à part entière ; il n’y a aucune autre philosophie à en retirer. La philosophie profonde réside dans ce que la nature a fabriqué. Il y a dans une fleur plus de substance que dans les écrits scientifiques de Pythagore ou que dans la Critique de la raison pure de Kant ou dans les dix règles de Trismégiste, écrites sur sa tablette d’or. Tu traverses une clairière et tu piétines une fleur qui vaut plus que les livres de ces personnages et tu ne cesses de philosopher : « C’est ainsi qu’a parlé Kant ». Oui, mon ami, tu as piétiné la fleur sans lire ce qui était écrit sur elle, dans son livre. Tu dis : « Je crois en Dieu ». Non, mon ami, tu es le plus ignare, tu es un représentant de l’Ancien Testament, un publicain et un pécheur, scandalisé par l’affaire du samedi travaillé, etc. Le monde n’est pas créé pour gérer les samedis, et il n’y a pas de samedi réputé pour être jour de repos ! Il y a dans le monde un seul samedi, le samedi de l’amour et du baptême du feu. Celui qui est héroïque par ses vertus obéit à la loi de l’amour. Celui qui se baptise avec l’amour divin et la sagesse divine sera Fils de Dieu ; par conséquent l’amour sans la sagesse n’est rien, tout comme la sagesse sans l’amour. Ces deux forces formidables, l’amour et la sagesse doivent pénétrer profondément en vous pour être comprises dans toute leur largeur et toute leur profondeur, comme elles se manifestent dans ce vaste monde divin, c’est la seule manière de donner du sens à l’enseignement actuel. Si je commence à enseigner l’algèbre et la géométrie modernes, elles revivront. Si le dessin et la poésie étaient étudiés convenablement, il y aurait un tout autre résultat ; dans la poésie d’aujourd’hui on met surtout l’accent sur les rimes, par exemple : « Le long des murs j’erre, et je te cherche amer », ou bien « Et de un, et de deux, et de trois, le général se cache sournois ». Le monde est plein de cette poésie-là ! Vous direz : « C’est dangereux qu’un général se cache ». Il n’y a pas de mal à cela, on se cache quand on est modeste, quand on ne veut pas être sur le devant de la scène. On dit de quelqu’un qui cherche à s’exposer, si nous le comparons avec une lampe torche, il serait l’éclairage, et s’il était une cime de montagne, il pourrait servir à orienter les gens ; ce n’est pas un mal qu’il veuille se mettre en avant. Que signifie la strophe : « Le long des murs j’erre » ? Cela signifie : « J’étudie les lois de la Bulgarie ». « … et je te cherche amer », cela signifie : « Et je fais tout ceci pour toi ». Vous direz : « Ce poète a composé une strophe très inintelligible ». Au contraire, cette strophe est très intelligente, donc intelligent et inintelligent sont deux notions relatives. Dans le récit que je vous ai raconté, sur le choix des dix objets proposés par le roi, celui qui a choisi l’œuf a le plus gagné avec l’éclosion du coq. Qu’est-ce que ce coq ? Il représente la loi du sacrifice, c’est-à-dire être toujours celui qui donne pour que les autres prennent. Grâce à cette grande loi du sacrifice le monde avance et les dix objets (couronne, plume, longue vue, etc.) doivent tous leur progrès au coq. Il y a quelque chose de supérieur au coq, c’est le fait de trouver un sens à la vie à chaque insuccès personnel. Tu mets la couronne royale sur ta tête, mais cette situation ne te satisfait pas et le coq chante « cocorico » ; cela veut dire que tu n’as pas chanté au bon moment, tu as pris la couronne mais sans trouver ce qui est important dans la vie. Tu es commerçant, mais tu reviens à la maison, découragé, mécontent et le coq chante « cocorico ». Tu as écrit un livre mais il ne rencontre pas de succès, tu te sens malheureux et le coq chante « cocorico ». Tu as lu un livre sur la sagesse mais tu n’as rien compris et le coq chante « cocorico ». Tu as semé du blé et d’autres aliments, mais la récolte n’est pas au rendez-vous, tes espoirs sont déçus et le coq clame « cocorico ». Aujourd’hui, au sujet de toutes leurs affaires, le coq dit aux gens : « cocorico », et ce cocorico signifie beaucoup ! Je vous laisserai méditer sur le mot cocorico jusqu’à la prochaine causerie. 25 mai 1919, Sofia Traduit par Bojidar Borissov [1] TOB = « Or, comme il était à table dans sa maison, il arriva que beaucoup de collecteurs d’impôts et de pécheurs étaient venus prendre place avec Jésus et ses disciples. » (Matthieu 9, 10) [2] « J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos, et celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau et un seul berger. » (Jean 10, 16) [3] « Mais dans quelque ville que vous entriez et où on ne vous accueillera pas, sortez sur les places et dites : « Même la poussière de votre ville, qui s'est collée à nos pieds, nous l'essuyons pour vous la rendre. Pourtant, sachez-le : le Règne de Dieu est arrivé. » (Luc 10, 10-11) [4] « Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair. » (Luc 10, 18)
  11. Quand tu pries Mais quand tu pries, entre dans ta chambre … Matthieu 6 :6[1] « Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Beaucoup se demandent pourquoi on doit prier. La supplique, la prière est un processus de travail conscient. Quelqu’un demande si on peut ne pas prier. Oui, les morts ne prient pas. Donc chaque être vivant prie. Je vais examiner la prière comme un processus naturel essentiel et non comme vous l’entendez : votre manière de prier n’en est pas une. Si le silence de la bouche ou le remuement des lèvres est une prière, alors les feuilles qui tombent en automne prient aussi. Chacun a déjà vu les feuilles tomber en automne, remuer, mais tout mouvement n’est pas un travail : c’est le mouvement conscient qui est un travail. La prière est un processus conscient de l’âme humaine : lorsque l’on prie, l’âme se projette de haut en bas, elle sort en dehors d’elle-même ; ce processus est la sortie de l’étroite demeure que nous occupons. Lorsque l’amibe tend son pied pour attraper de la nourriture, c’est une prière ; puis elle rétracte son pied et rentre la nourriture vers l’intérieur. Lorsque l’on prie, il faut s’exprimer avec précision et concision, exprimer sa pensée avec peu de mots : chaque mot doit correspondre à son contenu. Si je prononce les mots métabolisme, anabolisme ou catabolisme, chacun d’eux a une certaine signification : le métabolisme désigne un processus chimique qui se déroule dans les cellules et qui change leur composition ; le processus où la cellule traite la matière inorganique en elle est l’anabolisme ; la dégradation de la matière vivante dans la plante est le catabolisme. L’être humain prie lorsqu’il en éprouve le besoin, et si aucun processus intérieur n’a lieu, alors ce n’est pas une prière. La chose la plus commune dans le monde est la prière, tous prient. Qui prie ? Le faible ! Le fort ne prie pas. Le faible prie le fort, et le fort prie plus fort que lui, et ce dernier un autre, encore plus fort, et ainsi de suite. En observant ceux qui prient, on constate une gradation : toutes les créatures vivantes sont reliées par la prière. Quelqu’un dit qu’il ne prie pas. Pourquoi ? Parce que c’est un maître. Il prie aussi, mais qui ? Ses domestiques. Par exemple, l’érudit prie son médecin. Force et faiblesse sont des notions relatives. Penser qu’on est fort est une illusion : lorsque le médecin vient vous injecter un sérum dans le sang avec sa grosse aiguille, alors vous voyez combien vous êtes forts. Pour moi, celui qui est fort peut combattre toutes les maladies, toutes les mauvaises pensées et désirs ; il ne suffit pas seulement de lutter contre eux, mais aussi de les vaincre. Lorsque je passe dans les cimetières, je vois que même les plus grands héros ont fait fiasco ! Où est passé leur héroïsme ? Les gens d’aujourd’hui vénèrent les héros morts et pourchassent les vivants. Tant qu’il est en vie, on pourchasse le héros, les journaux écrivent sur lui et le dénigrent ; quand il meurt, on lui érige un monument et on le glorifie. Les gens d’aujourd’hui ne font que des promesses, mais sans rien accomplir ; de ce point de vue, ils ressemblent à la tzigane et son enfant : celui-ci est tombé malade. Il voulait constamment tantôt du lait, tantôt du beurre, tantôt du poulet grillé. Elle écoutait ses suppliques et répondait : « Je te donnerai, mon poussin, je te donnerai de tout ». Elle était pauvre et ne pouvait pas satisfaire ses demandes. Il a fini par mourir et la tzigane se lamentait en criant : « Mon chéri, au moins tu as pu goûter de tout ! » De tout et de rien ! Tous agissent ainsi : nous ferons ceci, nous ferons cela, mais ils ne font rien ; ils engagent des projets, mais rien n’en sort, rien n’est réalisé. Lorsque l’humanité s’éteindra, tous diront : « Au moins, nous nous sommes anoblis ! » Cela témoigne d’une profonde incompréhension de la vie. Aujourd’hui, tous se marient, ils ont des enfants, puis ils meurent et d’autres naissent ; ils vont à la guerre, s’entretuent et disent en fin de compte : « Nous allons solutionner aussi cette question. » Qu’est-ce que les humains ont pu solutionner depuis deux mille ans ? Vous direz qu’ils ont acquis une grande culture. Je n’y crois pas. À mon avis, il existe deux types de culture, deux types de religion, deux types de parti : la culture de la lumière et la culture de l’obscurité, la religion de la lumière et la religion de l’obscurité, le parti de la lumière et le parti de l’obscurité. En quoi diffèrent-ils ? Les premiers savent bâtir et apportent des bienfaits à l’humanité, alors que les seconds détruisent et démolissent. « Quand tu pries… » Quelle doit être la prière, qu’est-ce qu’elle représente ? La prière est un ensemble de principes, d’éléments par lesquels se manifestent les sentiments et les pensées de l’homme. La prière doit être consciente, avoir un objectif précis, celui que tu sollicites avec ta supplique ne doit pas être un inconnu. L’enfant prie sa mère qu’il connaît : dans ce cas sa prière est parfaitement déterminée, il sait ce qu’il veut et de qui. Quelque part en Amérique, une pauvre femme s’est vue obligée d’envoyer son enfant gagner sa vie tout seul dans une grande ville. Il a été seize ans durant loin de sa mère, entouré d’étrangers. Il a grandi et est devenu un jeune homme. Un jour, il est tombé malade, et les médecins ont décrété que sa maladie était incurable. Il fallait faire venir sa mère auprès de lui. Elle est arrivée auprès de son fils inconscient. Très inquiète, mais se remettant entre les mains de Dieu, la mère a touché le front de son fils. Même inconscient, il a murmuré : « Maman ! » Par un simple toucher de la main, l’enfant avait reconnu sa mère. À partir de ce moment son état s’est amélioré, l’amour de sa mère l’avait sauvé. Ainsi, lorsque nous nous tournerons vers Dieu qui unit toutes les créatures, nos affaires s’arrangeront. Notre vie sur terre n’est rien d’autre qu’un processus conscient pour connaître Dieu et le Christ. Connaître Dieu, c’est tirer profit de toutes les bonnes pensées, les bons sentiments et désirs dans l’existence, c’est faire régner l’harmonie entre tous les êtres vivants. Je n’expliquerai pas pourquoi tous ne se comprennent pas ; un jour, tous les êtres vivants comprendront la loi de l’amour, alors tous se donneront la main. « Quand tu pries… » Prier signifie être déterminé dans ses idées. En ce sens, la prière est une affirmation de l’être. La lettre M par laquelle commence le mot prière[2], a trois angles : deux avec le sommet en haut, et le médian avec le sommet en bas. L’angle médian montre que l’âme qui adresse sa prière vers Dieu est gravide ; la qualité de cette prière dépend du fruit que donnera cette âme. La prière n’est rien d’autre qu’un désir profond de l’âme humaine d’atteindre quelque chose ; pour réaliser ce désir, il faut la participation de l’intelligence, du cœur et de la volonté ; là où ils se rejoignent, la prière se réalise. Cette union peut avoir lieu dans l’obscurité comme dans la lumière, peu importe comment les gens prient, l’important est qu’ils prient. Le loup, lorsqu’il sort le soir pour chercher de la nourriture, prie également, c’est-à-dire, les êtres mauvais comme les êtres bons prient, seul diffère le résultat de l’union de leurs pensées, de leurs actes et de leurs sentiments. Il n’y a pas de créature vivante qui ne prie pas, en revanche la prière est d’autant plus autodéterminée que la conscience est élevée. L’un des éléments qui participe à la prière est l’amour. « Entre dans ta chambre secrète… » Cela signifie : « Entre là où tu te détermines toi-même. » Cette chambre désigne l’endroit où s’organisent les pensées et les sentiments humains. Prier, c’est envoyer son rapport à ce grand centre dont tu es sorti. Sur quoi portera ce rapport ? Sur le travail que tu as accompli. Et il y aura en retour un échange correct entre tes pensées et tes sentiments, et ceux des êtres du monde supérieur. Si quelqu’un pense qu’on peut se passer de prière dans ce monde, il se leurre, on ne peut pas s’en passer. Seuls les morts ne prient pas ; ceux qui vivent dans l’obscurité permanente ne prient pas non plus ; les enfants qui ne sont pas encore nés, ne pleurent ni ne prient. Les âmes qui ne sont pas venues dans ce monde et qui n’ont pas vu la lumière, ne prient pas ; celui qui est venu dans le monde de la lumière prie, autrement dit, il s’autodétermine, il est inséparable du Créateur. Sachant cela, ne freinons pas ce processus naturel et authentique qui se déroule en nous. Peu importe si nous appartenons à une religion ou non, la prière est antérieure à toutes les religions ; elles lui ont donné des formes différentes et l’ont ainsi dénaturée. La prière ne peut pas être forcée : penser que tu peux te forcer à prier est un leurre, la prière est un acte libre de l’esprit et de l’âme humaine. Lorsqu’on veut prier, on manifeste une pensée, un sentiment, une action ; si dans la prière ne participe aucune pensée, aucun sentiment, aucune action, elle n’est pas authentique. « Entre dans ta chambre secrète ». Quelle est cette chambre ? C’est le seul endroit encore immaculé dans le monde humain, c’est l’endroit le plus pur que l’œil humain n’atteint pas, où le désir humain ne se manifeste pas, où la volonté humaine n’agit pas. L’âme humaine entre dans cet endroit virginal et de là elle adresse sa prière à son Père. Vous dites : « Ne pouvons-nous pas plutôt prier à l’église, à la maison ou dans la rue ? » Non, tu ne le peux pas, tu dois prier uniquement dans ta chambre secrète. Tu ne peux prier ni à l’église, ni à la maison, ni dans la rue ; la chambre secrète est dans ton for intérieur. Dieu a déterminé cet endroit par un commandement, en rapport avec l’avenir qui est grand et lumineux. À l’avenir les gens ne vivront pas comme aujourd’hui ; maintenant tu voyages et lorsque tu arrives à la frontière, on te demande aussitôt ton passeport ; on le prend, on examine tes traits, on les compare à ce qui est dedans ; pourquoi avoir besoin d’un passeport ? Pour vérifier que tu n’es pas un criminel. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais lorsqu’il parle de la prière, le Christ dit qu’il faut se dépouiller de toutes les croyances et préceptes humains, laisser tout de côté et entrer dans sa chambre secrète, dans son âme virginale. Là, on comprendra le sens profond des choses, pourquoi on vit et pourquoi on doit prier ; depuis cet endroit, on résoudra les questions les plus essentielles. À l’avenir, tous les rois, les gouverneurs, les ministres, quelle que soit leur appartenance politique, doivent faire émerger les solutions depuis leur chambre secrète, sinon ils sont des représentants de la culture de l’obscurité, de la religion de l’obscurité, de la science de l’obscurité, ce ne sont pas des représentants de la véritable culture, de la véritable religion et de la véritable science. Le monde est passé par plusieurs types de gouvernances qui ont massacré et pendu des milliards de personnes dont le sang peut recouvrir la terre entière. Certains pensent que si on verse encore un peu de sang le monde pourra se redresser ; le monde ne se redressera pas en versant de sang ; pensez-vous que le sang qui a été versé reste ainsi ? Il est dit dans les Psaumes que Dieu ramasse les larmes des humains et les met dans de petits flacons dans Son laboratoire ; en les testant, Il vérifie leur provenance : vexations, aigreur, chagrin pour un défunt ou pour des désirs non satisfaits. Puis, Dieu dit à la femme qui pleure d’avoir perdu son mari : « Reprends tes larmes, ton mari est caché quelque part, il est en vie et tu peux le voir ». Tout comme Il recueille les larmes des humains, Dieu recueille aussi le sang versé : quelqu’un s’est saoulé, on lui a ouvert le crâne et le sang a coulé ; Dieu recueille ce sang dans un flacon et écrit : « C’est le sang d’un tel qui s’est saoulé dans telle auberge » ; un prêtre qui sert Dieu, s’est querellé et s’est battu avec un coreligionnaire, Dieu recueille aussi ce sang et écrit sur le flacon à qui appartient ce sang et pourquoi il a été versé ; un juge examine un dossier, mais ne peut pas se mettre d’accord avec ses collègues et ils en arrivent aux mains, Dieu recueille le sang versé dans l’escarmouche et écrit toujours sur l’étiquette du flacon à qui est ce sang ; le sang des champs de combats de tous les tués est recueilli également : soldats, officiers, généraux, mères, pères, frères et sœurs, ce sang est conservé. Voici la grande culture de la terre qui fait couler le sang jusqu’à aujourd’hui ! Aujourd’hui encore les gens débattent pour savoir si Dieu existe ou non, si la religion existe ou non, si le monde s’arrangera ou non. Tous les processus de redressement sont dans les éprouvettes des laboratoires. Tous les héros dont le sang coule s’affaiblissent, se ramollissent ; si le plus grand fanatique, combattant pour une idée, se fait fendre le crâne et qu’un litre de sang s’écoule, il s’affaisse immédiatement, abandonne son idée et dit : « Que d’autres combattent à ma place, j’ai assez donné de ma personne ». La guerre résulte par conséquent du sang accumulé en surplus dans les êtres et qui doit être versé ; des créatures de l’autre monde viennent prendre le sang humain en surplus. Chaque particule du sang humain correspond à quelque chose d’extérieur : par exemple, tu veux avoir beaucoup d’argent ; la quantité d’argent que tu veux posséder correspond à une certaine quantité de sang dans ton organisme. Chaque objet extérieur que l’on maîtrise, correspond à une quantité donnée de sang dans l’organisme ; ce sang contrôle et veille sur cet objet. Est-ce possible ? Fais une expérience pour t’en convaincre. Par sang, je désigne la force intérieure de l’homme. Si tu veux du blé, apporte un sac, je suis prêt à remplir ton sac entièrement, mais tu le porteras tout seul. Combien de blé peux-tu porter ? Autant que tes forces te le permettent : la quantité de blé que je te donnerai correspond à ta force intérieure. Selon le même principe, je dis : la réalisation de nos désirs est fonction de la quantité de sang, c’est-à-dire de notre force intérieure. Le Christ dit : « Entre dans ta chambre secrète pour te libérer du sang en surplus ». Celui qui a plus de sang qu’il ne faut est exposé à des catastrophes ; pour que ce sang s’écoule, il faut soit lui fendre le crâne, soit l’envoyer sur le champ de bataille ; des voleurs et des brigands viendront le dévaliser. Qui sont les voleurs et les brigands ? Ses fils et ses filles. Il dit : « Je laisserai ma fortune à mon fils », oui, mais ton fils te ruinera comme tu as ruiné des milliers de familles. « Quand tu pries… » La prière est un processus qui équilibre les forces du bien et du mal. Si tu pries comme il faut, tu n’auras aucun malheur dans ta vie. La plupart des gens ne savent pas prier, ils prient dans les églises, dans la rue, les cafés, mais pas là où il le faut : c’est l’un des plus grands malheurs dans le monde. Je demande aux religieux qui croient dans le Christ, qui le vénèrent comme Fils de Dieu, ce qu’ils ont accompli jusqu’à présent. Aux premiers siècles de l’Empire Romain, les chrétiens ont été pourchassés, donc il était normal qu’ils ne se manifestent pas, mais ils ont obtenu à l’époque de Constantin le droit de mettre de l’ordre dans le monde, qu’ont-ils fait jusqu’à maintenant ? Il est facile de s’insurger contre ceux qui ont martyrisé les chrétiens, mais que font les chrétiens d’aujourd’hui ? Ils ont mis une couronne sur la tête, un spectre dans la main, mais ont vécu comme des païens : l’évêque rentre à l’Église, met sa chasuble pour officier, regarde et bénit tout le monde, mais en sortant de l’église, il se rend au siège épiscopal pour traiter des affaires de divorce. Pourquoi ces gens ne redressent-ils pas le monde ? Quelque chose les en empêche, un danger tapi dans l’être humain lui-même. Ce n’est pas un reproche, mais le danger vient du fait que les gens se leurrent eux-mêmes. Les peuples chrétiens devaient appliquer l’Enseignement du Christ pour éviter de recourir à la violence, de tuer des centaines de milliers, de millions de personnes. On dit qu’il y a beaucoup de meurtres en ce moment. Non, vous n’avez pas encore atteint ce que l’Inquisition a fait ! On dit que deux mille prêtres et six cents évêques ont été fusillés : l’église romaine a brûlé des millions de personnes, donc les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas aussi cruels que ceux du passé. Et si les bolchéviques empruntent aussi ce même chemin, ils n’arriveront à rien. Viendra un temps où les riches deviendront des prolétaires, et les prolétaires, des riches, mais cela ne redressera pas le monde ; les incroyants d’aujourd’hui seront les religieux de demain et les religieux seront les incroyants ; ce qui est important, c’est de redresser le monde ; qui y arrivera est une autre question. Vous dites que les gens cultivés redresseront le monde. Quelle est la culture des gens d’aujourd’hui ? Les plantes et les fleurs recueillent la sève, la traitent et produisent des arômes : il est agréable de sentir une fleur ! Les gens reçoivent l’arôme des plantes, mais lorsqu’il passe par eux, ils secrètent des substances qu’eux-mêmes n’arrivent pas à supporter ; voici les gens cultivés que vous êtes tous. Pourquoi les sociétés ne progressent-elles pas ? À cause de trop d’excréments ! Il y a des années quelqu’un a rêvé qu’une grande et belle vigne avait rapidement poussé ; mais peu de temps après elle a commencé à se dessécher ; il s’est demandé pourquoi, et il a vu que ses racines étaient couvertes d’excréments humains. Que représentent ces excréments ? Les pensées et les désirs impurs. L’église chrétienne doit travailler pour l’humanité afin de purifier les pensées et les sentiments humains. Depuis des années je parle aux Bulgares, mais ils ne comprennent pas et n’écoutent pas ; ils ne savent pas que lorsque je quitterai ce lieu, les bolchéviques viendront. Je parle de paix et d’amour, du principe divin qui sauvera l’humanité. Nous devons prier pour faire de la place au principe divin en nous. Si nous renonçons à ce principe, c’est la haine qui viendra. Qu’ils fassent une expérience sur un périmètre réduit : qu’ils me laissent un village de cent maisons pour que j’applique la loi de l’amour pour voir le résultat dans dix à vingt ans. Que les Bulgares voient comment on doit administrer : les lois que je vais promulguer, je les sortirai du corps humain. Lorsque j’appliquerai la constitution divine, tout ira pour le mieux, il n’y aura pas plus d’une exception sur cent cas. Cela peut-il arriver dans les conditions actuelles, avec l’ordre actuel ? Non. Celui qui ne se nourrit pas, ne respire pas, ne pense pas, ne sent pas, meurt. « Peux-tu ressusciter quelqu’un ? » Celui qui ne mange pas, ne respire pas, ne pense pas, ne sent pas et n’agit pas, ne peut être secouru par personne. La prière est l’acte le plus puissant dans la vie de l’homme, elle concentre la pensée, les sentiments, la volonté en un point : cette prière est puissante, elle accomplit des miracles. Si l’homme, victime d’adultère, déclare qu’il va se venger de son rival, sa menace est forte comme la prière, il menace et s’exécute : les anges, les chérubins l’aident à se venger ; mais si cet homme est prêt à pardonner et à manifester le bien, cet instant est plus fort que la vengeance : tout le Ciel et Dieu lui viennent en aide. Aujourd’hui, tous les Bulgares, l’administration, le clergé, tous se demandent ce qu’il adviendra de la Bulgarie. Rien de mal n’arrivera. « Que décideront-ils à Paris ? » Qui fait les arbitrages à Paris ? Vous direz que les Français, les Américains et les Anglais décident. Qui sont ces personnes ? Je connais deux types d’Anglais, d’Américains et de Français, et je les connais très bien. Il n’y a pas de force au monde qui puisse mettre à mort les gens, exterminer l’humanité. Ce siècle a vécu son temps, il ne reste que l’arrière-garde qui fuit déjà : dans vingt-trente ans, il n’en restera plus rien. « Quand tu pries, entre dans ta chambre secrète ». Prie et ne reviens pas à ce qui est ancien. Prie pour les vivants, porteurs de la culture future et non pour les morts. Celui qui ne veut pas prier est libre de ne pas prier. En ce qui me concerne, je ne prie pas pour les morts. « Que Dieu pardonne à nos morts ! » Il n’a pas à leur pardonner, Dieu pardonne aux vivants, pas aux morts. Il est risible de prier pour un cheval mort, en train de se décomposer ; prie pour les vivants ! Prier pour les morts est un leurre qui n’a rien à voir avec le christianisme. Celui qui accomplit le bien est vivant ; celui qui commet des crimes est mort. Les gens sont de gauche ou de droite ; les philosophes et les scientifiques aussi ; au parlement aussi il y a la gauche et la droite. Parfois ceux de gauche sont à droite, ceux de droite, à gauche. Dans les conditions actuelles, vous ne pouvez pas vous prononcer sur le parti qui prendra le pouvoir. En Bulgarie, le parti des vivants doit monter alors que le parti des morts doit être balayé par le Seigneur : plus vite cela se fera, mieux ce sera. Ne prenez pas mal le mot « balayer » : comme la ménagère balaie et nettoie la maison, de même le parti des morts, autrement dit le parti de la mort sera balayé. Questionnez-vous à présent : « Faut-il être morts ou vivants ? – Vivants ! – Faut-il prier pour les morts ou pour les vivants ? – Pour les vivants ! » Je ne veux pas blesser vos sentiments et ceux de vos amis, mais j’expose une grande vérité divine. Je dis : jusqu’à maintenant tout le monde a souffert et souffre uniquement du mensonge ; vous vous mentez à vous-même, vous mentez aux autres, vous mentez à Dieu ; le mensonge crée tous les malheurs dans le monde. Le mensonge peut être à sa place, mais à quelle condition ? Lorsque le rapace fond sur le bœuf mort, il est à sa place, mais lorsqu’il fond sur le bœuf qui laboure le champ, il n’est pas à sa place, il commet alors un crime. Enterrer un mort est une bonne chose, mais enterrer un vivant est un crime. Le Christ dit : « Entre dans ta chambre secrète et prie Dieu », ce qui signifie : « Détermine-toi vis-à-vis de Dieu de façon positive ». Si tu te détermines ainsi, tu regarderas ceux qui t’entourent avec les yeux de Dieu et tu comprendras qu’ils sont tes frères. Nous sommes envoyés sur terre non pas pour redresser le monde, mais pour travailler. Certains médecins ont des méthodes curieuses lorsqu’ils posent un plâtre à des patients : s’ils voient que la jambe du malade est cassée, ils posent aussitôt un plâtre ; s’ils voient que la jambe n’est pas bien remise, ils cassent le plâtre et en mettent un nouveau ; si la jambe se remet de travers, alors ils cassent l’os et posent un nouveau plâtre. Les médecins nouveaux évitent les plâtres : leur premier travail est de remettre attentivement les os brisés qu’ils bandent pour que la jambe ne bouge pas, et puis ils laissent la nature terminer le travail ; on attend du médecin de bien remettre les os brisés, Dieu fera le reste du travail. Le Christ dit : « Ton Père qui voit dans le secret, te le rendra ». Donc le Père te donnera tout ce que tu désires. C’est ainsi que se réalise le désir puissant de la jeune fille et du jeune homme : une jeune fille par exemple commence à rêver de mariage et choisit comment sera son bien aimé : blond, aux yeux bleus, bien habillé, intelligent, bon, avec une noble allure ; peu de temps après le jeune homme arrive auprès de la jeune fille pour lui faire une déclaration d’amour ; il est sûr qu’elle l’acceptera car il sent intérieurement qu’il est désigné pour elle d’En Haut. Un jour, lorsque la Bulgarie sera aussi croyante que cette jeune fille, elle songera au gouvernement et aux gouvernants qu’elle souhaite avoir, et il sera fait selon son désir. Tu dis : « Je veux emprunter de l’argent ». Combien veux-tu, détermine exactement ce que tu veux. « Je veux du blé, du seigle, du maïs ». Il en sera ainsi, mais détermine exactement les quantités que tu veux. « Je veux quinze paniers de blé, trois paniers de maïs, un panier de haricots et trois paniers de lentilles ». On te donnera la quantité que tu réclames ; voilà, prends tout cela et utilise-le pour ton bien et celui de tes proches. Depuis deux mille ans on prône l’enseignement du Christ, mais rien ne se fait. Pourquoi ? Parce qu’on ne respecte pas les conditions propices à la germination des graines. Le prêche est une semence qui doit germer et donner du fruit. Maintenant, lorsque je parle ainsi, certains approuvent, mais d’autres doutent et se disent : « Nous savons pourquoi il nous parle ainsi ». Moi aussi je sais pourquoi je parle ainsi, et de plus je ne parle pas à l’aveuglette, en tâtonnant, je dis que nous devons prier ! « Donc nous devons être dévots ? » Ce n’est pas nécessaire, la religion désigne un lien, et les mots ligue, légion en découlent. Il est dit qu’il faut prier et servir Dieu en esprit et en vérité ; l’esprit désigne la force et la vérité désigne tous les commandements intelligents, étroitement liés entre eux. Je dis : être spirituel ce n’est pas être religieux ; par spirituel, je désigne quelqu’un de fort. Est fort, celui qui à la vue d’une caisse ouverte et remplie d’or reste calme, silencieux et dit : « Je n’ai pas besoin d’argent ». Si tu es un bon musicien comme Paganini, qu’as-tu besoin d’argent ? Tu prendras le violon, tu joueras et l’argent viendra à toi. Je travaille depuis quarante ans parmi les Bulgares et j’entends toujours : « Argent, argent ! » Voilà, maintenant ils ont de l’argent. Jadis, les Bulgares vénéraient des idoles, et maintenant ils vénèrent l’argent, ils s’inclinent devant lui comme devant une icône. Ils ne doivent vénérer ni les idoles, ni l’argent, ce n’est pas une prière ; les Bulgares doivent prier uniquement Dieu et Le vénérer. Ils devraient prier uniquement pour avoir du blé, du maïs, des fruits. Il y a aujourd’hui des riches, mais ils vénèrent encore l’argent. Beaucoup parmi nos contemporains vendent des icônes : nous savons quelles sont leurs icônes. Il n’est pas permis aux gens cultivés de vénérer des idoles et des icônes ; ils peuvent les utiliser comme décors, mais y déposer leur espoir est criminel. La femme qui voit l’argent de son mari ne doit pas le convoiter, mais se dire que c’est de la cupidité. Sers toi de l’argent sans le vénérer. L’argent peut disparaître, que feras-tu alors ? Tu diras que tu ne peux plus vivre : c’est de la cupidité. Quelqu’un veut avoir du sonnant et du trébuchant ; s’il en veut, il va se marier avec. Demain viendront les bolchéviques, que feras-tu alors ? Je ne parle pas des bolchéviques d’aujourd’hui, mais de ceux qui veulent être libres tout en limitant la liberté des autres. Il y en a. Je dis : il existe deux types de bolchéviques. Les uns, je les nomme des bolcheviques blancs, lumineux : ils ne recourent ni à la violence ni à la contrainte, je suis avec eux et je les soutiens. Je nomme les autres les bolchéviques ténébreux : ils recourent à la violence, ce sont les anciens bolchéviques avec une nouvelle étiquette ; ils doivent comprendre l’enseignement du Christ et l’appliquer. Puisque nous sommes venus sur terre, nous devons utiliser l’enseignement du Christ ; nous ne sommes pas venus exploiter les gens, les atteler et les aiguillonner, ce n’est pas une culture. Il y a une loi et nous devons tous nous y conformer ; elle doit être écrite dans nos cœurs, chacun doit être son propre juge et vérifier sa bonne application. Souvent les gens changent d’avis au gré de l’opinion publique ; à mon avis l’opinion publique fluctue comme la météo : en été c’est une chose, en hiver, c’en est une autre. La Terre est la raison de la fluctuation de l’opinion publique. Pourquoi ? Parce que son axe de rotation est incliné de vingt-trois degrés par rapport à sa position initiale. Un jour, lorsque l’axe de rotation de la Terre se redressera et reprendra une position perpendiculaire, alors l’opinion publique se stabilisera, et des temps meilleurs viendront pour l’humanité. Ce qu’il est advenu de la Terre, nous l’observons aussi dans le cerveau humain : il est incliné de vingt-trois degrés par rapport à l’angle droit. Voilà pourquoi nos pensées, nos réflexions philosophiques sont éloignées à vingt-trois degrés de la vérité ; la philosophie actuelle et les croyances des gens d’aujourd’hui sont éloignées de vingt-trois degrés de l’amour. Quand le monde s’arrangera-t-il ? Lorsque vous redresserez l’axe de votre cerveau à quatre-vingt-dix degrés ; cela signifie que le monde se purifiera, l’harmonie et la résurrection des âmes adviendra. Alors, l’être humain sera prêt à renoncer à tout ce qui est transitoire et passager : si quelqu’un vient lui réclamer sa maison, il ne s’y opposera pas mais dira : « Sois le bienvenu, entre ici, cette maison n’est pas ma propriété », il laisse la maison et s’en va. Vous dites : « On parle facilement lorsqu’on n’a pas de maison à soi ». Toutes vos maisons sont aussi miennes. Si un jour je vais au loin, je visiterai toutes les maisons comme les miennes : j’entrerai où je veux, je prendrai ce que bon me semble, mais je ne veux pas aller par des passages étroits. Si je veux être un fils de roi, je peux aussi le devenir : je naîtrai dans une demeure royale et je serai un héritier royal ; la naissance est un passage étroit. « Quand tu pries, entre dans ta chambre secrète ». Qu’est-ce que tu y feras ? Tu connaîtras les âmes humaines, tu commenceras à les comprendre et à discuter avec elles, et lorsque tu rencontreras quelqu’un, tu le reconnaîtras et tu diras : « Voici celui que je cherche ». Maintenant, vous vous rencontrez et vous êtes déçus l’un de l’autre. Combien de fois par jour votre visage change de couleur, il est tantôt pâle, tantôt rouge ; on prie, mais la prière n’aboutit à rien. C’est une chose de prier dehors, c’est-à-dire en dehors du monde spirituel, et c’est autre chose de prier dans ta chambre secrète, c’est-à-dire dans le monde spirituel. Très peu sont entrés dans leur chambre secrète : celui qui y entre devient maître de lui-même et ressuscite. Qui ne ressuscite pas ? Celui qui ne sort pas de la chambre secrète. Tu y entreras et ensuite tu en sortiras. Vous dites : « C’est cette résurrection-là que nous devons espérer ? » Vous ressemblez à une jeune fille qui attend un prince ; comme il ne vient pas, un jeune homme pauvre et modeste apparaît, elle lui jette un regard et dit : « Le prince est en retard, je ne l’attendrai plus, je prendrai celui-ci ». Rappelez-vous : tant que vous êtes en dehors de votre chambre secrète, vous ne comprendrez jamais l’enseignement du Christ ; si vous y entrez, la vérité, la justice, l’amour régneront en vous ; la volonté, l’intelligence, le cœur se manifesteront avec toute leur force et aucune trace de mécontentement, aucune ombre n’assombrira votre visage. Vous demandez : « Est-ce que je suis en dehors de la chambre ou dedans ? » Vous êtes dehors, vous êtes tous dehors. Parfois vous faites des tentatives, vous entrez dedans, vous y restez une dizaine de secondes et vous ressortez ; l’humeur inspirée qui vous anime parfois, votre désir d’aider, de pardonner à votre prochain, de relever celui qui a chuté, c’est grâce à l’instant passé dans votre chambre secrète. « Ne sommes-nous pas orthodoxes ? » N’est orthodoxe selon moi que celui qui se trouve dans sa chambre secrète. J’envoie ma bénédiction et mes respects à celui qui s’y trouve, je pourrai à tout instant prier pour lui ; celui qui reste en dehors de sa chambre et ne fait que philosopher reste loin de moi, je ne peux pas prier pour lui. Il dit : « Prie pour moi. – Entre dans ta chambre secrète et nous prierons ensemble ». Vous dites : « On doit être fort, appliquer l’enseignement du Christ ». Puisque vous vous trouvez faibles, ce sont vos enfants qui appliqueront cet Enseignement, ils redresseront le monde. La mère vit uniquement pour son enfant car il crée un élan en elle : l’enfant est roi pour la mère, elle fait ce qu’il ordonne. On exauce les demandes de l’enfant qui crée un élan vers la science, la culture ; je pourrais prier un tel roi moi-aussi, je lui enverrais beaucoup de cadeaux et je lui dirais : « Tu es digne de commander ». Le Christ dit : « Quand tu pries, entre dans ta chambre secrète ». Cette chambre est une énigme non encore résolue. Philosophes et érudits ont réfléchi et réfléchissent sur cette énigme, mais sans la résoudre. Il est dit clairement et simplement : « Entre dans ta chambre secrète, là où le pied de l’homme n’a pas encore pénétré, où seuls les anges habitent, et lorsque tu y entres, prie ton Père qui voit dans le secret ». Lorsque tu y entreras, tu comprendras ce qu’est le Seigneur, Il n’est pas celui que les philosophes et les théologiens décrivent, ils ne Le connaissent pas, car l’axe de leur cerveau est incliné. Vous tous qui m’écoutez aujourd’hui, entrez dans votre chambre secrète et priez Dieu : ce que vous désirez dans le secret, Dieu vous le donnera au vu de tous. Lorsque je dis que tout vous sera donné, j’ai en tête les Bulgares lumineux : ce sont des hommes et des femmes de bien, un avenir grandiose les attend. Que signifie le mot bulgare ? Il a une origine antique, sa racine vient des temps immémoriaux. Par bulgare je désigne celui qui cherche son Maître, Le trouve et étudie : voici le sens du mot bulgare de point de vue de la philologie divine. En tant que Bulgare, trouve ton grand Maître et dis : « Maître de la lumière, tu seras parmi nous et tu nous gouverneras ! » Donc tous ceux qui cherchent et trouvent leur grand Maître pour appliquer son enseignement et montrer à son prochain et à son peuple comment vivre, sont des Bulgares. « Suis-je un Bulgare ? » Si tu me comprends, tu es Bulgare ; si tu ne me comprends pas, tu n’es pas Bulgare. Je vous souhaite de rentrer chez vous avec le mot bulgare et de trouver votre grand Maître. Je vous souhaite d’entrer dans votre chambre secrète et de prier votre Père qui voit dans le secret et qui vous donnera tout, au vu de tous. Ne craignez pas la conférence de Paris, ni les Bolchéviques, ni les Grecs, ne craignez personne. Soyez des citoyens libres de la Terre vivante et elle vous appartiendra ! Sofia, 27 avril 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Matthieu 6, 6) [2] Prière s’écrit молитва (molitva) en bulgare.
  12. Pierre, le voyant… « Pierre, le voyant, dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? » Jean 21 :21[1] Esprit et matière sont les deux pôles de l’existence humaine. On désigne par esprit ce qui est éternel et immortel, et par matière ce qui est transitoire et changeant. Chacun passe invariablement par la vie de la matière et par la vie de l’esprit. Dans la vie transitoire, celle de la matière, on trouve toutes les théories des philosophes, toutes les contradictions et tous les leurres. Les contradictions mènent à la vérité, mais la vérité ne s’y trouve pas. Celui qui aime la vérité et vit en elle ne se tourmente pas et ne tourmente pas les autres, il ne travaille pas pour l’argent. Celui qui prône que la culture peut s’établir avec le meurtre, la violence et les pillages fait fausse route ; celui qui est prêt à tuer autrui et qui pense servir ainsi la liberté fait fausse route : il se leurre lui-même et les autres. Les hommes et les femmes qui se violentent les uns les autres font fausse route ; le Christ les appelle menteurs et brigands. Nos contemporains du XXème siècle, des gens dits « civilisés » se servent d’une vérité à des millions de kilomètres de la vérité authentique et réelle : la vérité divine. On a calculé que la Terre se trouve à quatre-vingt-douze ou quatre-vingt-treize millions de miles du Soleil, c’est le rapport entre la vérité humaine et la vérité des habitants solaires. Je demande à nos contemporains : faut-il prôner la vérité, faut-il parler de Dieu ? Certains admettent que Dieu existe et ils Le prônent ; d’autres Le renient, mais les uns comme les autres travaillent pour de l’argent, ce qui signifie que tous comprennent la vérité de leur propre point de vue. Tant que l’estomac est rassasié, que la vie est agréable et légère et que vos affaires marchent bien, vous considérez qu’il y a partout de l’ordre et de la discipline ; mais lorsque l’estomac se dérègle et que vos affaires vont mal, vous clamez que les gens sont mauvais, que la société ne tourne pas rond, vous voyez partout un terrible désordre. C’est la philosophie de l’estomac humain, mais elle ne résout pas les questions de la vie. Même notre système solaire n’est pas capable de résoudre toutes les questions ! Pourquoi ? Il est une partie d’un autre système qui lui-même englobe des millions de soleils comme le nôtre. Si notre soleil n’est qu’un membre de ce système de millions de soleils, que peut résoudre un petit membre du grand organisme divin ? Ce grand soleil cosmique[2], je l’appelle l’Âme de l’univers, sa puissance est cent millions de fois plus grande que celle de notre soleil. Notre soleil produit ne serait-ce que pour la terre une énergie égale à celle développée par cinq cent quarante-cinq milliards de machines, dont chacune développerait quatre cents chevaux ; calculez le coût de l’énergie que le soleil envoie sur terre. Celui qui voit l’intelligence de la nature ne doute pas de l’existence de Dieu ; il suffit d’étudier la terre, le soleil, l’énergie que ce dernier produit, pour appréhender, au moins partiellement, la grandeur du cosmos. Toutefois, je considère que le débat sur l’existence de Dieu est un sacrilège. À mon sens, celui qui croit en l’existence de Dieu tout comme celui qui Le renie n’ont pas une vraie intelligence. Celui qui Le renie, y croit à moitié, tout comme celui qui L’admet n’y croit qu’à moitié : les deux ensemble forment un tout, ils sont donc deux hémisphères d’un même globe. Le croyant est l’hémisphère éclairé et l’incroyant l’hémisphère obscur ; le premier tourne son visage vers Dieu, le second lui tourne le dos. Pourquoi y a-t-il des croyants et des incroyants ? À cause de la rotation de la Terre sur elle-même : c’est ainsi que se créent le jour et la nuit dans la nature, le jour et la nuit dans la conscience humaine. Vous direz que ce sont des affirmations paradoxales ; c’est le monde qui est plein de paradoxes. Je demande : pourquoi l’homme a-t-il deux yeux et pas trois ? Pourquoi a-t-il une bouche et pas deux ? Pourquoi a-t-il un seul estomac et pas deux ? Vous direz que c’est mieux ainsi, plutôt que d’avoir trois yeux, deux bouches et deux estomacs. De nos jours, par exemple, vous trouvez de la nourriture pour une seule bouche et un estomac ; qu’est-ce que ce serait de devoir contenter deux bouches et deux estomacs ! Qu’en pensez-vous ? Combien d’yeux, de bouches et d’estomacs ont les habitants des autres systèmes solaires ? Sont-ils comme les terriens ou bien différents ? Selon certains scientifiques, il existe des organismes primitifs, des infusoires qui ont une grande quantité d’estomacs, plus de cent ; on ne sait pas si c’est prouvé, mais nous l’admettons. Les humains souffrent en général d’affirmations infondées. La seule réalité pour l’homme est qu’il vit, souffre et se réjouit. En dehors de cela, il ne sait pas si Dieu existe ou non. Cette question ne se prouve pas par des moyens extérieurs, elle ne demande pas de preuves : ce serait risible que les fourmis apportent des preuves de mon existence ! Par rapport à l’existence de Dieu, la philosophie humaine est celle des fourmis, qu’elle soit au sein de l’Église ou en dehors ; la fourmi ne peut pas résoudre la question de l’existence de Dieu. Lorsque les humains cesseront de débattre sur l’existence ou non de Dieu, le monde se redressera. Certains philosophes ont résolu cette question avec quelques paroles : il suffit qu’ils ouvrent ou qu’ils ferment la bouche pour convaincre les humains de l’existence de Dieu. Si tous les philosophes peuvent prouver ou renier l’existence de Dieu avec certitude, ils devraient pouvoir redresser le monde ; comme pour l’instant ni les uns ni les autres n’ont arrangé les affaires du monde, je dis que leur philosophie est erronée. Si tu te rends chez un chrétien pour un service et qu’il ne veut pas te le rendre, que vaut sa foi ? Dans ce cas, la différence entre le croyant et l’incroyant n’est que dans la posture, pas dans le contenu. Si on ouvre la tête de l’un et de l’autre, les deux ont la même valeur ! La première chose est de se libérer de tous les enseignements mensongers du passé pour se convaincre par soi-même, par la voie intérieure, que Dieu existe. Ceux qui prouvent l’existence de Dieu par des paroles ressemblent à la mère et au père qui veulent convaincre leur fille qu’elle tombera amoureuse un jour et qu’elle se mariera ; la mère veut la convaincre ainsi que son bien-aimé existe déjà quelque part. La vérité ne nécessite pas de preuves. Pierre a demandé au Christ : « Seigneur, et celui-ci, pourquoi ? » Autrement dit, « Que fera-t-il ? » Pierre philosophera trois mille ans sur la question de l’existence de Dieu, de la résurrection du Christ, de la meilleure société possible, de la meilleure Église possible, du salut du monde. Une seule chose est digne d’intérêt dans ce monde, et les humains débattent sur nombre de questions, mais pas sur la vérité elle-même. Les chrétiens modernes sont semblables aux critiques littéraires, prêts à juger un livre tout juste édité ; le monde regorge de critiques qui feuillettent sans cesse le livre divin pour voir si le sujet et le verbe sont placés au bon endroit. Quel est l’étalon que tu utilises pour le déterminer ? Tu vas voir le banquier et tu lui demandes mille levas de crédit ; s’il te les donnes, tu dis que c’est quelqu’un de bien. Tu es invité quelque part et tu es bien reçu, tu dis que les hôtes sont des gens de bien. C’est la philosophie du ventre vide et du ventre plein, ce n’est pas un critère authentique et absolu. Aujourd’hui tu mesures d’une manière, demain d’une autre, selon ton estomac. Donc, si tu es bien portant et que je te donne à manger, je suis un homme de bien, et si tu es malade, avec un estomac déréglé et que je ne te nourris pas, alors je suis mauvais. Donner n’est pas toujours bien, et priver quelqu’un de quelque chose n’est pas toujours mal. Vous direz que le malade a besoin d’un médecin. Oui, si c’est une tierce personne qui a causé cette maladie. Tu t’es fâché contre quelqu’un, tu lui as tiré dessus et ensuite tu cherches un médecin ; dans ce cas le médecin est nécessaire, mais le conflit et l’altercation entre les deux amis aurait pu être évité. Le jour où tu cesseras de te battre, les maladies disparaitront et les gens n’auront plus besoin de médecins, de leurs ustensiles et appareils. Beaucoup disent avoir besoin d’enseignants. Si vous êtes des nouveaux nés, vous avez besoin d’enseignants – le nouveau-né apprend sans cesse, assimile la connaissance, sa porte reste ouverte ; si vous ne naissez pas, vous n’avez pas besoin d’enseignants. « Nous avons besoin de prêtres et de prédicateurs. » Pourquoi ? Parce que vous n’êtes pas initiés ; si vous étiez initiés, auriez-vous besoin de prédicateurs ? Par conséquent, les enseignants, les prêtres, les prédicateurs et les médecins sont nécessaires là où il y a l’ignorance, la mort, la naissance et les maladies. Celui qui a une entorse à la jambe ne doit pas être trompé. Que faire de lui ? Remets sa jambe à l’endroit et laisse-le se rétablir. « Qu’adviendra-t-il du monde ? » Ne t’occupe pas du monde : si la fourmi cesse de traiter la question de mon existence, pensez-vous que je cesserai d’exister ? Il y a quelqu’un pour s’occuper du monde, celui qui l’a créé s’en occupera. Les humains considèrent Dieu seulement comme une projection de leur mental ; les fourmis me considèrent de la même manière. Mais tout comme leur existence ne dépend pas de la mienne, la mienne ne dépend pas de la leur ; penser autrement est un leurre. Par leurre, je comprends une vérité sans contenu et sans sens. Chaque bouteille vide est un mensonge, c’est un récipient dans lequel on peut mettre du contenu et du sens. « Et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? » Cette question se rapporte à Jean. Les théosophes tentent encore aujourd’hui de savoir ce que Jésus a voulu dire dans ce verset. On interprète encore les paroles du Christ, on écrit de gros volumes sur le sujet, mais le monde se redressera sans avoir recours à ces volumes. Certains disent que le Christ aimait Pierre et Jean ; qu’entend-on par amour ou affection ? L’amour signifie une loi du sacrifice, c’est-à-dire un mouvement, un voyage vers de lointaines contrées ; l’affection sous-entend la générosité, c’est-à-dire un mouvement de moindre ampleur que celui de l’amour. Avec l’amour on porte le matériel de construction depuis des lieux lointains, alors qu’avec l’affection on construit. Je désigne par Esprit la manifestation d’une force, c’est pour cela que nous disons que l’Esprit soutient le monde. Un régime est maintenu également par la force, mais non par la violence comme beaucoup l’entendent. Quelqu’un transgresse les lois et il est condamné à l’emprisonnement ou à la mort. Est-ce juste ? Je demande s’il est juste de pendre la fourmi sous prétexte qu’elle ne croit pas en mon existence ? S’il est question de pendre, alors il faut pendre aussi bien les croyants que les non croyants pour ne laisser que les authentiques croyants qui appliquent une mesure unique et considèrent la vie comme une manifestation grandiose. Lorsque je vis, je ressens et je souffre, je sais que vivent, ressentent et souffrent à mes côtés encore un grand nombre de créatures. Vous direz que les souffrances de la fourmi ne sont pas comparables aux miennes. Comment pouvez-vous l’affirmer ? Imaginez un homme allongé entre la Terre et la planète Neptune qui se trouve à une grande distance, pouvez-vous imaginer la taille, la longueur des doigts de cet homme ? Vous ne pouvez pas l’embrasser du regard : vous palperez ses doigts, vous les ausculterez, et chacun de ses doigts sera pour vous un corps gigantesque et autonome, distinct du reste du corps ; puisque c’est ainsi, vous le découperez librement doigt après doigt sans vous douter que tout le corps souffre. Rappelez-vous : dans l’univers toute créature aussi petite soit-elle, est une partie du tout, et lorsque le petit ou la partie souffre, le tout souffre avec elle. Ne connaissant pas cette loi, les humains se causent tout seuls des souffrances. Toute l’humanité est un organisme, et chacun doit par conséquent consacrer son activité au bien-être de cet organisme. Ne le sachant pas, les humains se querellent, se persécutent, s’entretuent ! Ces querelles ne m’intéressent pas et je ne suis d’ailleurs pas en mesure de les combattre, elles ont un rapport à ceux qui se laissent porter par leurs courants. Vous direz que telle est la volonté divine ! Si tu tombes dans la roue du moulin, penseras-tu que c’est la volonté divine ? La volonté divine n’est pas d’ôter la vie de l’homme, c’est la volonté de l’artisan qui a fabriqué la roue hydraulique ; les humains créent des lois intransigeantes et disent que la volonté divine se manifeste par elles, et ils veillent ainsi au respect de ces lois. Connaître Dieu et y croire, c’est penser et ressentir comme Lui, travailler comme Lui, cela sous-entend de porter la force divine en soi et d’accomplir Sa volonté. Est-ce qu’un humain peut être aussi fort que Dieu ? Oui. Cette force se manifeste lorsqu’il est nécessaire de se retenir de faire du mal : si tu t’apprêtes à faire du mal, recours à la force divine et dompte ton aspiration au mal. Si Dieu ne châtie jamais et n’agit jamais mal, pourquoi agirais-tu ainsi ? Dieu s’adresse aux humains dans leur for intérieur, il leur conseille de bien agir, et s’ils ne L’écoutent pas, Il les laisse libres de leurs actes ; c’est la loi qui les châtiera. Malgré cela, les humains vivent tranquillement, ne pensent qu’à eux comme des êtres coupés du Tout et cherchent à se prémunir, à s’assurer. Le monde est rempli de compagnies d’assurance, les cimetières sont remplis de personnes assurées. Lorsque quelqu’un décède, ses proches se chargent de l’enterrement, de la messe funèbre et paient pour cela ; ils pensent à tout sauf à se demander où va leur proche, où il vivra après la mort. Combien parmi vous sont convaincus qu’il y a une vie après la mort ? La plupart pense qu’une fois morts, tout est terminé pour eux. Depuis combien de millénaires l’idée de la mort existe-t-elle ? Depuis le péché originel. Dieu a dit aux premiers hommes qu’ils mourront s’ils goutent du fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal : ils mourront pour la vie au paradis, mais ils vivront sur Terre ; lorsqu’ils corrigeront leur erreur, ils reviendront au paradis. De ce point de vue, la mort représente la matière, et la vie l’esprit ; esprit et matière sont les deux pôles de l’existence, la matière renferme le carburant pour l’esprit. Plus la matière devient épaisse, plus les gens deviennent incroyants. C’est parfois bien de ne pas croire en certaines choses : faut-il croire tout ce qu’on écrit dans les journaux ? Mais les gens croient en ce qu’il ne faut pas croire, c’est pour cela que je dis qu’ils souffrent d’un excès de foi. Tu crois que tout se termine avec la mort ; en effet, les contradictions se terminent, mais non la vie en elle-même. Lorsque tu rembourses tes dettes, les inquiétudes cessent, et la foi dans le mensonge cesse également. On commence alors à croire à la vie, au bien et à son prochain ; on commence à épargner la vie de son prochain comme on épargne sa propre vie. Est-ce que la société peut s’arranger et comment ? Certains pensent que les bolchéviques redresseront le monde. Ils le mettront tête en bas, mais ne le redresseront pas. Là où on tue et on pend, la vie ne peut pas s’arranger. Les bolchéviques sont les enfants illégitimes des aristocrates et des tzars ; cet enfant illégitime dit à son père : « Tu m’as abandonné, tu m’as laissé errer dans le monde, chassé et moqué de tous, je t’ai retrouvé pour me venger du mal que tu m’as causé ». Ils font main basse sur la propriété privée sans se poser la question de savoir ce qu’est la propriété : on ne possède que ce qu’on porte en soi-même, personne ne peut s’emparer de cette propriété-là. La terre n’appartient à personne, personne ne peut s’en emparer ; c’est une condition, un moyen, un bien commun pour tous. Elle est vaste, illimitée et peut contenter même les plus mécontents, mais il faut avoir une conscience pour cela. Si tu es mécontent de la Terre, fais une réclamation au Seigneur pour changer de planète : Mars, Jupiter, Saturne, où tu voudras ; Il enverra ses serviteurs te prendre sur Terre pour te transporter où tu le désires. Pierre a demandé au Christ : « Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? » Le Christ a répondu : « Jean est l’homme de l’amour, il a une mission pour le futur ». Lorsque viendra le jour où nous saurons quoi faire, alors l’amour se manifestera. La femme demande à son mari quoi faire. Il lui dit : « Tu prendras soin de moi, tu cuisineras bien, tu laveras mes vêtements, et si tu ne t’acquittes pas de tes devoirs à mon égard, je te punirai ». On parle ainsi aux fonctionnaires, aux prêtres : « Vous travaillerez tous et si vous faites un écart, vous serez punis ». On ordonne aux prêtres de célébrer des messes funèbres, des baptêmes, des mariages ; on dit aux évêques d’examiner les conflits entre époux, de prononcer ou non des divorces ; tous les enseignants, les fonctionnaires, les magistrats et les prêtres diront ensuite : « Seigneur, nous te remercions d’avoir pu accomplir Ta volonté ». Est-ce la volonté divine ou la volonté de l’homme, c’est une autre question. Des centaines d’années durant les Bulgares suppliaient Dieu de les délivrer du joug ottoman. Ils se sont libérés des Turcs et sont tombés sous un nouveau joug. Les uns vont au front, les autres restent à l’arrière pour les seconder ; ceux qui restent à l’arrière relatent les horreurs de la guerre, lancent des appels au peuple pour soutenir le moral des soldats et pensent qu’ils ont ainsi accompli leur devoir ; la guerre se termine, leurs poches se remplissent d’argent, ils soupirent avec soulagement ayant le sentiment du devoir accompli et disent : « Le Christ est ressuscité ! » On leur répond : « Oui, vraiment il a ressuscité ! » Mais le pauvre bougre désabusé, désargenté comme le paysan russe, dit : « Quand il y a de l’argent, le Christ est ressuscité, s’il n’y a pas d’argent, il est bien mort ! [3] ». Le Christ ne concerne pas uniquement le peuple russe, c’est un principe universel qui sous-tend toute l’existence. Ce n’est pas un reproche, j’expose simplement la vérité comme personne encore ne l’a exposée. À chacun est donnée une certaine partie de la vérité, comme aux plantes un certain rayon de lumière. Les scientifiques ont fait des expériences avec la lumière et ont réussi à la décomposer en sept rayons de couleur nommés le spectre solaire ; ils ont soumis diverses plantes à l’action de chaque rayon pour voir son influence, et ils en ont tiré des conclusions scientifiques intéressantes. Une chose est importante à retenir : les sept rayons de couleur ne sont pas la lumière elle-même qui est quelque chose de plus que les rayons colorés. Lorsque les vibrations de la lumière diminuent, elle se décompose en sept rayons ; lorsque ses vibrations augmentent, les rayons disparaissent. Selon le même principe je dis : les humains se différencient les uns des autres lorsqu’ils passent par un prisme transparent ; lorsqu’ils passent par une lentille convergente, ils s’unissent et commencent à se ressembler. Ainsi, la vie est un grand prisme qui réfracte la lumière ; lorsqu’elle arrive au prisme, la lumière se réfracte et colore chaque être humain différemment. Les humains sont différents jusqu’à la mort ; au-delà, ils s’unissent et deviennent semblables. Vous dites qu’il n’y a pas de vie après la mort. Je demande : avant d’être décomposée, la lumière avait-elle de l’énergie ? Oui, bien évidemment. Alors, pourquoi ne plus avoir d’énergie après la mort ? L’énergie existe avant et après la mort des êtres. Parler d’une vie après la mort, c’est parler de la continuité de l’activité divine, éternelle et indivisible. Lorsque Pierre a demandé au Christ ce que Jean fera sur terre, il lui a répondu : « Ne sois pas inquiet, les rayons qui passeront par Jean sont des rayons d’amour, le grand principe de la vie ». Vous demandez comment sera le régime à venir et qui l’instaurera. La chenille ne peut pas mettre de l’ordre dans la vie, mais lorsqu’elle se transformera en papillon, elle aura toutes les conditions pour se développer. Les égarements des humains sont dus à l’idée que la vie est quelque chose d’inorganisé et ils pensent qu’ils doivent y mettre de l’ordre : lorsqu’ils voient une grande chambre spacieuse, ils mettent aussitôt une cloison au milieu : il en résulte deux chambres et la vie devient plus compliquée. Un autre locataire vient, il trouve aussi que les chambres sont grandes, et il met une autre cloison en croix : il en résulte quatre chambres et la vie est encore plus compliquée. « Nous sommes des gens cultivés. » Vous êtes cultivés, mais vous rapetissez vos chambres. « Qu’est-ce qu’il adviendra de nous après la mort ? » Vous rentrerez dans l’immortalité des rayons solaires. À ce moment-là, vous ne vous préoccuperez plus de l’opinion des autres sur vous, mais vous chercherez à donner de bons fruits. L’être humain est un fruit du grand Arbre de la vie, il doit donc chaque jour anoblir ses pensées et ses sentiments pour nourrir sa vie. On peut l’expérimenter concrètement : plantez une pomme et voyez ce qu’elle va donner : elle peut donner un seul fruit ou bien des centaines de pommes, cela ne dépend que de vous. Un acre de terre peut donner autant de fruit qu’un hectare. L’amour donne l’abondance. Si vous travaillez avec amour, vous aurez du fruit. Si je cultive un acre de terre avec amour, je produirai autant que dix hectares ou cent hectares. Vous direz que c’est exagéré et que j’ai une bien haute opinion de moi-même. Je me considère comme le Seigneur me considère. Lorsque je travaille la terre, je me tourne vers Lui en disant : « Seigneur, aide-moi dans le travail pour montrer aux humains que s’ils sont avec Toi, ils produiront plus que s’ils ne comptent que sur eux-mêmes ». Faites un essai pour vous en convaincre, vous pouvez essayer aujourd’hui même et voir le résultat. Pour beaucoup, le temps est venu de changer et de vivre bien, s’ils ne le font pas, une catastrophe peut se produire et les emporter ; mais pour certains, ce temps n’est pas encore venu. Les premiers sont déjà dans le cocon et doivent se transformer en papillons ; les seconds préparent à peine leur cocon : le temps de l’éclosion n’est pas encore venu. Vous direz que le salut de l’homme est dans l’Église ; le salut de l’homme est dans le cocon qui va bientôt s’ouvrir ; le salut de l’homme est dans le papillon. Si tu es papillon, tu pénétreras la pensée d’un écrivain émérite et tu en extrairas une sève sucrée et savoureuse. On dit que les Écritures sacrées sont une Parole vivante ; s’il en est ainsi, mettez-les sur la tête du malade pour voir s’il va guérir. Il ne peut pas guérir ainsi, donc les Écritures sacrées ne sont pas une Parole vivante, mais leur contenu insuffle de l’énergie vitale dans l’homme. Transforme cette énergie en vitalité et le malade guérira : pose la main sur sa tête avec tout ton amour et observe l’effet sur sa santé ; ton amour et tes bons souhaits à son égard se transformeront en une force vitale intense. Le Christ dit à Pierre : « Lorsque Jean viendra dans le monde, c’est-à-dire l’amour, les humains se sentiront frères et le Royaume de Dieu viendra sur Terre ». Alors certains sauront plus, d’autres moins, les uns seront plus riches, les autres plus pauvres, mais les relations entre tous seront fraternelles. La richesse, le savoir ne sont pas importants, ce sont les relations entre les humains qui sont importantes. Tous les peuples ont besoin d’une nouvelle pensée, d’une nouvelle culture qui puisse les transformer et supprimer les prisons et les potences. Chants et musique doivent régner dans le monde. La Terre doit se transformer en Éden et les gens voyageront gratuitement d’un endroit à un autre, tout le monde travaillera sans être payé. Cela se fera dans un futur lointain. « Qu’est-ce qui adviendra de nous ? » Si vous êtes une chenille, vous mangerez les feuilles des arbres et les abîmerez ; si vous êtes un papillon, que vous soyez dans un jardin riche ou pauvre, vous prélèverez le nectar des fleurs sans les abîmer. Qu’est-ce que le Christ a apporté à l’humanité ? Il a apporté un enseignement d’amour et de liberté pour rendre tous les êtres humains libres intérieurement. Ce n’est pas pour philosopher devant vous que je vous dis cela, je vous dis la vérité. S’il est question de philosopher, je préfère l’humble, le simple, l’ingénu à l’érudit et au philosophe. L’ingénu a un seul crédo : il sait que Dieu existe et c’est tout ; il sait que Dieu est omniscient et tout amour, et ne cherche la faute de ce qui est mauvais qu’en lui-même. L’érudit en revanche, lorsqu’il tombe malade, rejette la faute sur le repas, sur le cuisinier, sur les domestiques. La disposition et l’indisposition de l’homme sont dues à ses pensées, à ses sentiments et à ses désirs : c’est cette nourriture qu’il ingurgite. Comme vous sentez l’odeur d’oignon dans une maison, de même l’individu sensible sent l’odeur des mauvaises pensées et des mauvais sentiments dans une maison. « Peut-on cuisiner sans oignons, ne faut-il pas couper et frire les oignons ? » Lorsque l’oignon est coupé petit et frit, il perd sa force magnétique ; si vous cuisinez l’oignon sans le couper, il ne pique pas. Couper et frire l’oignon est comme une préface à la cuisine ; cuisine sans préface, écris et parle sans préface ! Comment faut-il lire les livres ? Selon moi, il faut d’abord lire le livre et ensuite la préface. Si tu prêches, expose le contenu de la causerie sans préface, car elle altère l’homogénéité du prêche. La préface est une œuvre humaine. Pourquoi commenter la manière dont Dieu a créé le monde ? Dis simplement et directement : « Dieu a créé le monde pour que nous nous réjouissions et que nous chantions, Il a revêtu toutes Ses créatures de tenues différentes et les a envoyées sur Terre pour vivre dans la paix et l’amour ; Il ne souhaite pas leur mort, les meurtres, les massacres ». Le monde est vaste, tous doivent être joyeux et gais, il y a de la place pour tous. Vous dites : « Ceci est ma propriété, personne n’a le droit d’officier ici ». Dieu écrit partout : « Mangez de tout à volonté ; travaillez, mais sans labeur ; soyez laborieux, mais sans peiner ». Après tout cela, vous dites : « La vie est dure, nous devons être dans le labeur et la peine pour rembourser nos dettes. – Quelles dettes avez-vous ? – Envers notre peuple, notre pays, nos proches, nous avons emprunté beaucoup d’argent et nous devons le rendre. » Puisque vous êtes conscients d’être endettés, vous rembourserez. Pour ma part, je ne dois rien à personne, je n’ai aucune obligation envers le peuple bulgare. « Pourquoi alors es-tu venu en Bulgarie ? » Je suis venu chanter pour vous, jouer de la musique et vous dire que Dieu n’a pas créé le monde comme vous l’entendez ; vos lois ne sont pas en accord avec les lois divines, la façon dont vous vivez n’est pas digne de la Bulgarie, n’est pas digne de l’humanité. Autrefois, lorsque j’entamai mon voyage du Soleil vers la Terre, j’ai demandé au Seigneur quel message apporter aux Bulgares. Il m’a répondu : « Tu leur diras d’être bons, intelligents, honnêtes et justes. Si les gens de l’estomac respectent ces exigences, nous leur enverrons l’énergie nécessaire par le système artériel ; s’ils ne vivent pas convenablement, nous fermerons les robinets et les priverons de notre énergie ». Voilà ce qu’exigent de vous les habitants solaires ainsi que Dieu. Il y a peu, vous vous êtes tous plaints de l’absence de bonnes récoltes. Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas manifesté ce qui était attendu de vous. Cette année, la Bulgarie bénéficiera d’un grand crédit, la récolte sera très bonne. Si les Bulgares sont bons, honnêtes, intelligents et justes, l’abondance sera plus grande. Lorsque je dis que je suis venu du Soleil, vous pensez que c’est une chose difficile. On ne vous demande qu’une chose, d’ouvrir les yeux, c’est-à-dire de voir. Si on ouvre les yeux, on est déjà sur le Soleil. Ouvrez les yeux pour le bien et l’amour. Certains parmi vous sont comme cette jeune fille qui veut passer pour très modeste devant son bien-aimé : elle ferme les yeux de temps à autre et baisse le regard. Non ! Ouvre les yeux, montre toi telle que tu es, que ton bienaimé te voie tout de suite, pour ne pas être surpris après. La jeune fille avait écouté sa mère qui lui conseillait de se montrer humble ; une fois mariée, elle se montre comme elle est, il comprend alors la cause de son humilité ! Lorsque deux jeunes gens se rencontrent, ils ne doivent pas fermer les yeux, mais les ouvrir et se dire : « Nous sommes tels que vous nous voyez ! » Pourquoi se faire passer pour plus noble et intègre qu’on ne l’est ? Le jeune homme a trompé une dizaine de filles, mais parle de pureté et de probité ; la jeune fille aussi parfois a commis des fautes et se fait passer pour pure et intègre ; une fois mariés, ils se demandent pourquoi leurs enfants sont chétifs. Protégez-vous de vos défauts intérieurs, des faiblesses de votre cœur, pour ne pas accuser le Seigneur des conséquences. Je suis venu en Bulgarie pour dire aux Bulgares la vérité et leur montrer le droit chemin. Au lieu de m’écouter, ils m’ont affublé d’étiquettes diverses : menteur, imposteur, faux prophète et ainsi de suite. Lorsque je retournerai sur le Soleil, je prendrai avec moi toutes ces étiquettes et j’écrirai un livre avec des notes et des impressions de mon séjour en Bulgarie. De mon livre dépend l’avenir de la Bulgarie et du peuple bulgare. Si vous me demandez qui je suis en réalité, à côté de toutes les autres épithètes que vous me donnez, j’ajoute que je suis un touriste. Vous pouvez aussi demander qui était le Christ et d’où il venait. Ce n’est pas mon sujet, je ne peux parler que de moi-même. Vous dites : « Quelle est l’origine de la famille où tu es né ? » Mon nom de famille est Deunov, mais c’est un pseudonyme ; le père de mon grand-père a été quelqu’un de très robuste, costaud comme un fondement ; c’est de ce mot que vient le nom d’usage Deunov [4]. Le tonneau, la rivière, la mer ont tous un fond ; c’est intéressant de savoir de quel type de fond il s’agit. Tout a un fond, malheur à celui qui n’a pas de fond ! Voilà pourquoi, lorsqu’on vous appelle deunovistes[5], sachez que cela ne désigne pas mes disciples, mais des gens qui ont un fond. Tout cela étant dit, faut-il maintenant vous appeler deunovistes ? Je ne vous ai pas mis de fond, le mot deunoviste est un surnom. S’il est question d’une fontaine, je préfère qu’elle n’ait pas de fond ; s’il est question d’un être humain, je souhaite qu’il ait non pas un ou deux mais plusieurs fonds. Malheur à celui dont la gorge ou les intestins sont encombrés ! Où entrera et d’où sortira la nourriture ? Il est malheureux celui qui a uniquement deux fonds : dans son esprit et dans son cœur. L’un des fonds de l’être humain doit être plat : Dieu se projettera sur lui en tant que lumière pour éclairer les esprits humains. Pierre a demandé au Christ : « Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? Le Christ discutait avec Pierre qui était un grand conservateur : celui-ci voulait que le Royaume de Dieu ne vienne que pour les juifs. Pierre disait au Christ : « Seigneur, méfie-toi, tu n’as pas vécu longtemps sur terre, tu ne connais pas bien les humains ». Le Christ a laissé de côté ses conseils. Pierre parlait sur Jean en ces mêmes termes, afin qu’aucun travail important ne lui soit confié, car il était jeune ; le Christ lui a répondu : « Que chacun se manifeste librement, comme Dieu l’a créé ». Si tu es un loup, manifeste toi en tant que loup et dis : « Je suis féroce, celui qui veut vivre à mes côtés sera tourmenté selon les règles de mon art ». Soyez sincères les uns envers les autres pour que l’amour se manifeste à travers vous. Qu’apportera l’amour dans le monde ? Il apportera la sève de la nouvelle culture, il apportera le matériel qui répond aux formes nouvelles, les formes du gouvernement futur. Les anciennes formes sont abolies aujourd’hui, de nouvelles sont créées. Pourquoi les humains souffrent-t-ils ? À cause des destructions en dehors d’eux et en eux. Est-ce que l’organisme entier ne souffre pas si quelques cellules du cerveau sont détruites ? Le phrénologue jauge un individu uniquement par la palpation : est-il bon ou mauvais, honnête ou non, philosophe ou ignorant ; il suffit qu’il pose les doigts sur un centre cérébral pour déterminer son caractère. Vous direz que les phrénologues sont des gens dangereux ; est-ce que ceux qui pillent les esprits, les cœurs et les portefeuilles des gens ne sont pas plus dangereux ? Dangereux est celui qui violente la conscience de l’homme au nom du Christ. Il n’y a pas de chose plus abjecte que celle de commettre des crimes au nom de l’amour : commettre des crimes au nom du Christ et de l’amour, c’est détruire la foi des humains. Le Christ dit à Pierre : « Pierre, tu dois accepter Jean en toi, c’est-à-dire accepter le nouvel enseignement, l’enseignement de l’amour ». Comment accepter l’amour ? Comme la lumière et la chaleur : ouvre tes yeux et tu accueilleras la lumière, expose ton dos au soleil et tu accueilleras la chaleur. Chacun prendra de l’amour ce dont il a besoin. L’amour, la sagesse, la vérité sont pour tous, ils ne sont pas le privilège de quelques-uns. Chaque écrivain est une fleur qui resplendit au printemps de la vie, chaque abeille a le droit d’utiliser le nectar de cette fleur. Chaque fleur doit nous réjouir, mais il est souhaitable qu’elle puisse mûrir, il est important que le fruit ne tombe pas ; si le fruit mûrit, nous aurons un bon écrivain. Chaque scientifique, chaque écrivain, chaque religieux dont les fruits engendrent de bonnes pensées et de bons sentiments, c’est-à-dire de la sève sucrée, sont bénis, ils viennent sur terre pour insuffler de bonnes pensées lumineuses aux humains. Le temps vient où les cœurs des humains refleuriront comme des plantes. Malheur à celui qui ne veut pas fleurir, il est condamné à mort. Chacun doit aspirer à fleurir, à nouer un fruit et le faire mûrir. Vous dites : « Tel philosophe s’exprime de telle manière ». Laissez de côté ce qui se dit, mais voyez que le soleil s’est levé, exposez votre dos au soleil pour tirer profit de ses rayons. Sans soleil dans ce monde rien n’est possible, une grande idée est cachée dans le soleil et ceux qui n’aiment pas le soleil n’aiment pas Dieu non plus. Vous rétorquerez qu’il est dit de ne pas vénérer le soleil, de ne vénérer aucun idole, mais le soleil ne réclame aucune vénération, aucune subordination, il ne fait que donner et dire : « Prends de moi autant que tu veux ». Comment rétribuer le sublime ? Un grand homme vous donne en abondance et vous voulez vous en acquitter : c’est ridicule, il est venu sur terre pour donner, et vous devez appliquer ce qui vous est donné. Tout le monde veut savoir aujourd’hui ce qu’il adviendra de la Bulgarie. Vous combattez en son nom, vous l’appelez votre patrie, et je vous demande : où serez-vous dans cent mille ans ? Vous direz que le cimetière sera votre demeure. Qu’est-ce que la tombe ? L’embryon est enfermé dans l’œuf comme dans une tombe, mais dans cet embryon sont renfermées les conditions d’une vie nouvelle ; par conséquent la mort n’est rien d’autre que la liquidation des anciennes conditions qui freinent le développement et l’avènement d’autres conditions pour une vie nouvelle. La tombe est l’œuf où se trouvent les nouvelles conditions, alors que la mort est l’huissier de justice qui dépouille l’homme et le libère de tout ce qui est inutile. Lorsque je partais pour la terre, j’entendais dire que les humains, les terriens, n’avaient pas assimilé convenablement les rayons solaires depuis que le soleil existe. Pourquoi ? Il leur manque quelque chose, leur cerveau n’est pas bien développé. Aujourd’hui, depuis que la télépathie existe et que les humains perçoivent des pensées venues d’espaces lointains, ils ont commencé ainsi à utiliser l’énergie solaire. Vous dites : « Chaque chèvre est attachée à son piquet », ce qui signifie : « Les habitants solaires n’ont pas à se préoccuper des terriens ». Le Christ voulait dire à Pierre que Jean, c’est-à-dire les jeunes, arrangeront le monde. Les « Jean » arrangeront le monde et non les « Pierre ». Que ceux qui se nomment Pierre m’excusent, mais j’expose la vérité ; je suis aussi un Pierre[6], mais sachez que l’avenir appartient aux Jean. Jean a questionné le Christ : « Seigneur, qui te livrera ? » Le Christ a répondu : « Celui qui m’aime le moins ». Ceux qui ont le moins d’amour, le moins de vérité, je les appelle traîtres de l’humanité ; ceux qui sont prêts à se sacrifier pour les autres, qui ont de l’amour dans leur cœur, je les appelle les vrais héros du monde. Mourir, c’est acquérir de nouvelles conditions de vie, c’est l’enseignement de Jean. L’enseignement de Pierre stipule : « Lorsque je meurs, tout le monde meurt avec moi ». Maintenant, une fois de retour chez vous, que chacun change son nom. Vos noms actuels ne vous délivreront pas. Lorsque l’Église orthodoxe ordonne un moine, elle change son nom : ainsi, il commence bien sa vie spirituelle, mais il s’arrête là puis revient à l’ancienne vie. Retirez les vieux écriteaux, retournez la bouteille pour la vider de son contenu, c’est-à-dire des enseignements philosophiques mensongers, des désirs et des pensées mensongers, et acceptez le nouvel enseignement qui vient d’en haut. Vos vieilles bouteilles se rempliront d’un contenu nouveau, d’un savoir solaire. Lorsque vous aimerez le soleil, il vous parlera un langage si délicieux, comme vous ne l’avez jamais entendu. Parfois, il nous brûle et nous cuit, parce que nous ne l’écoutons pas et ne l’aimons pas. Nos contemporains sont extrêmement entêtés, caractériels et rigides ; ainsi, lorsque vous m’entendez parler, certains disent : « Comment savoir s’il ne nous ment pas ? » Si vous voulez tester la sincérité de mes propos, essayez-les : l’expérience résout les questions. Je vous donnerai un exemple de l’entêtement du Bulgare. Dans un monastère vivait un Bulgare. Vingt ans durant il a été le serviteur du prieur. Un jour ce dernier lui a dit : « Jean, sors l’âne dehors pour qu’il ne reste pas tout le temps dans l’étable ». Jean a sorti l’âne, mais l’a conduit auprès du prieur. Le prieur s’est demandé comment faire avec ce caractère revêche pour qu’il fasse ce qu’on lui demandait. Il lui est venu alors une idée lumineuse : rester indifférent à son entêtement et dire le contraire de tous les ordres qu’il lui adresserait. Un jour, le prieur, Jean et l’âne passaient par un endroit dangereux. Pour éviter un malheur, le prieur a dit à Jean : « Jean, pousse l’âne dans le précipice ! » Il pensait que Jean ferait l’inverse comme à son habitude, mais cette fois-ci le serviteur a décidé d’obéir littéralement à son maître et a répondu : « Maître, je n’ai jamais obéi convenablement à tes ordres, mais je le ferai aujourd’hui », et il a poussé l’âne dans le précipice et l’a tué. Beaucoup des chrétiens d’aujourd’hui agissent comme le serviteur du prieur. en revanche, si vous venez au nouvel enseignement, vous devez agir correctement. Soyez honnêtes et sincères envers vous-mêmes et sachez que chaque mauvaise pensée et chaque mauvais sentiment ont des conséquences néfastes ; un jour, vos mauvaises pensées, vos mauvais sentiments vous conduiront à une situation qui bloquera votre développement ; ils peuvent vous conduire à l’aveuglement, à l’abrutissement. Les bonnes pensées, les bons sentiments conduisent à de bons résultats. Ainsi, le Christ dit à Pierre : « Donne de l’espace à Jean dans ton cœur ». Je souhaite aujourd’hui que vous rajeunissiez pour donner de la place à Jean dans vos cœurs, et que vous ne vous demandiez plus si le Seigneur ressuscitera ou non. Vous pouvez tous ressusciter, mais vous ne croyez pas en la Résurrection et vous mourez pour cela. De ce point de vue, vous êtes un prisonnier qui a souvent des pertes de connaissance : à chaque fois qu’il perd connaissance et se sent mal, on vient le sauver, jusqu’au jour où il est pendu conformément au jugement rendu. Les humains ne soupçonnent pas à quel point leur vie sur terre est remplie de sens et ils se contentent de vivre au jour le jour. Vous devez vivre non seulement individuellement, mais aussi collectivement, pour avoir conscience de votre raison d’être sur terre ; c’est la seule façon d’éveiller votre conscience et de donner du sens à votre vie. C’est pour cela que je souhaite ne plus vous croiser sur Terre, mais vous voir venir chez moi, sur le Soleil, pour vous convaincre de la véracité de mes propos. Le Soleil est le ventre du système solaire : on vous proposera sur place un riche déjeuner, et après avoir mangé, vous déciderez d’y rester ou d’aller ailleurs pour aider les plus petits que vous. Le Christ a ressuscité pour donner un billet de voyage gratuit à chacun. C’est ainsi que les humains se libéreront des systèmes philosophiques mensongers. Être libre et aimer, c’est le nouvel enseignement. Amour, sagesse, vérité au sens large, c’est l’Enseignement que je prône aujourd’hui aux humains. Sofia, Pâques le 20 avril 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Pierre, s'étant retourné, vit derrière lui le disciple que Jésus aimait, celui qui, au cours du repas, s'était penché sur sa poitrine et qui avait dit : « Seigneur, qui est celui qui va te livrer ? » Quand il le vit, Pierre dit à Jésus : Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » Jésus lui répondit : « Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? Toi, suis-moi! » (Jean 21, 20-22) [2] Le grand soleil cosmique est un terme que le Maître Beinça Douno emploie à plusieurs reprises dans ses causeries, il utilise aussi le terme « Alfiola », en parlant à priori du groupement d’étoiles autour d’un trou noir supermassif au centre de notre galaxie Voie Lactée. Ce groupement d’étoiles est appelé aujourd’hui Sagittaire A* [3] Citation en russe dans le texte original [4] Le nom Deunov vient du mot deuno (fond) [5] deunoviste était le nom donné en Bulgarie à cette époque à tous les disciples du Maître Peter Deunov [6] Le prénom bulgare Peter est le pendant de Pierre en français
  13. Le Soleil levant « Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. »[1] Jean 12 : 46 Le mot Je dans ce verset désigne l’Esprit. Les idées des jeunes d’une part, et des vieux d’autre part, lorsqu’elles diffèrent dans la forme ne diffèrent pas dans le contenu, et lorsqu’elles diffèrent dans le contenu, elles ne diffèrent pas dans le sens ; et enfin, lorsqu’elles diffèrent dans le sens, elles ne diffèrent pas en substance. Cette différence entre jeunes et vieux est naturelle : les jeunes et les vieux, lorsqu’ils observent les deux phases du lever et du coucher du soleil, ont deux visions différentes de la vie ; les uns voient la lumière qui augmente, et les autres voient la lumière qui diminue ; par conséquent, ils ne portent pas le même regard sur le monde. S’ils se disent différents les uns des autres, je fais la comparaison suivante : du lever du soleil à midi les gens ont des idées d’une certaine nature, et de midi au coucher ils ont des idées d’une autre nature. Ainsi, lorsque les gens disent qu’ils se distinguent les uns des autres, je demande quelles idées ils ont : des idées du soleil levant ou des idées du soleil couchant, des idées du matin ou des idées du soir. Il y a une autre catégorie de personnes dont les idées sont différentes du coucher à minuit, et de minuit au lever du soleil. Il y a donc quatre catégories d’individus qui se distinguent par leurs idées : deux correspondent à la lumière et deux à l’obscurité. Lorsque je parle de lumière et d’obscurité, j’entends le mouvement de la terre et son rapport à la vie consciente ; s’il y a un mouvement, il y a aussi de la lumière et de l’obscurité, ce qui sous-entend que la terre se déplace vers le centre, vers le soleil, elle tend vers lui. Le mouvement signifie l’amour ; l’amour fait mouvoir toutes les créatures. Lorsqu’une matière a de l’énergie cinétique, c’est-à-dire une énergie qui produit du mouvement, ceci indique une manifestation de l’amour dans toutes ses formes. La lumière est l’une des formes de l’amour. Le Christ dit : « Je », c’est-à-dire l’Esprit, mais non pas celui que vous voyez, car vous voyez uniquement les ombres des choses, le reflet de la lumière sur la surface des corps. Tu dis : « J’ai vu quelqu’un sur le chemin ». Qu’as-tu vu ? Son ombre, le reflet de son corps qui est entré par le nerf optique, il a provoqué une secousse, produit une impression, et tu dis ensuite que tu as rencontré un tel : c’est simplement son ombre qui t’a rencontré. Je vous demande : lorsque le soleil se lève, c’est vous qui l’accueillez ou c’est lui qui vous accueille ? Qui accueille ? Celui qui attire ou celui qui se fait attirer ? C’est de la philosophie. Lorsque quelqu’un dit qu’il se déplace, je veux savoir s’il est attiré ou si c’est lui qui attire ; lorsque tu te déplaces, tu peux être attiré, mais tu peux aussi attirer. Attirer est une chose, être attiré en est une autre, ce sont deux situations différentes. Lorsque tu es attiré dans le mouvement, tu es contraint, alors que si tu attires, tu es libre. Lorsque vous dites que vous êtes venus sur terre, c’est parce qu’elle vous attire : vous êtes attirés par elle, elle vous tient fermement. C’est vous qui vous déplacez ou elle ? Je pense que la terre se déplace en vous : ce sont des idées philosophiques jetées dans le désordre. La terre se déplace, c’est une dame élégante, je n’ai jamais vu d’allure aussi exquise, je n’ai jamais vu une autre dame se déplacer avec autant de souplesse et autant d’allure. Lorsqu’elle se déplace dans l’espace, elle ne produit aucun bruit, ne soulève aucune poussière. La terre est si bien élevée qu’elle ne veut réveiller personne lorsqu’elle passe, personne ne l’aperçoit car elle a les yeux fixés sur son bienaimé, le soleil. Alors que de nos jours, les demoiselles font l’inverse ! Tous ceux qui se révoltent dans le monde n’ont pas les idées claires en tête. Lorsque je dis qu’ils n’ont pas les idées claires, cela ne veut pas dire qu’ils n’en ont aucune, mais que leur regard, leur mouvement, leur élan n’est pas focalisé dans une direction précise, comme l’est la terre, fixée sur son bien aimé le soleil. Lorsque le Christ dit : « Je suis venu », il ne parle pas de la venue d’un seul homme, mais d’une grande idée, et nous nous leurrons si nous pensons qu’une personne vient ou qu’elle est venue. Un prédicateur apparait et nous disons : « Il va redresser le monde ». Le Christ est venu il y a deux mille ans et on a dit alors : « Il redressera le monde », mais le monde ne s’est pas amélioré ; beaucoup d’autres l’ont suivi, mais le monde ne s’est pas arrangé selon notre compréhension. Pourquoi ? Parce que le monde ne s’arrange pas ici, mais ailleurs. Je vous pose la question : « Lorsqu’un peintre dessine un grand tableau, où dirige-t-il son esprit ? Sur la toile où il fait des corrections. Son idée est accomplie, mais une fois projetée sur la toile, elle n’est pas aussi accomplie que dans son esprit ; donc la vie intérieure en nous est parfaitement accomplie. On dit que la vie de certains est ordinaire, et pour d’autres qu’elle est spirituelle ; la vie en soi ne peut être ni ordinaire ni spirituelle, mais lorsque le côté animal domine dans l’individu, elle devient ordinaire, et lorsque le côté humain se manifeste, elle devient spirituelle. Si vous mettez une substance sucrée ou amère dans de l’eau très pure, elle prendra son goût, mais est-ce que cela signifie que l’eau elle-même est sucrée ou amère ? Elle n’est ni sucrée ni amère, c’est vous qui la ressentez ainsi. Il en est de même avec les gens : les uns mélangent à la vie divine très pure un élément qui la corrompt et la rend ordinaire, et d’autres insufflent le bien à leur vie qui devient spirituelle, c’est pour cette raison que certains sont très spirituels. Aujourd’hui, les gens ont tellement corrompu leur vie que je ne vois aucune différence entre les gens spirituels et les gens ordinaires : lorsqu’ils défendent leurs idées, les uns et les autres sont attachés à leurs maisons, exigent leurs loyers. Le premier passe pour sucré, le second pour amer, mais il est amer pour les autres et pas pour lui-même, comme le sucré est sucré pour les autres mais pas pour lui-même. La lumière et l’obscurité sont donc deux processus pour comprendre tous les rapports existants : la lumière est une notion claire et l’obscurité est une notion confuse et emmêlée des choses. Beaucoup parmi vous passent pour des gens ordinaires. Pour certains aspects j’aimerai être un homme ordinaire, pour d’autres, quelqu’un de spirituel ; si je veux me reposer et être à l’ombre d’un grand arbre, auprès d’une source, je serai spirituel, mais si je suis une binette à la main, je serai ordinaire car je couperai la tête de beaucoup de petits vers de terre. C’est pourquoi les gens spirituels ne prennent pas les binettes et ont une la réputation d’être inactifs, alors que les gens ordinaires sont réputés être travailleurs, ils résolvent les questions avec la pointe de leur épée, et les gens des idées, avec leur plume. Les gens ordinaires sont les ouvriers, les prolétaires, alors que les spirituels sont les nantis. Ce n’est pas mal d’être nanti. Lorsque quelqu’un a beaucoup travaillé dans les champs comme prolétaire, il va ensuite se reposer et devenir nanti ; il façonnera le monde selon son point de vue. Pour avoir de l’ordre dans le monde, il ne faut pas se reposer plus qu’il ne faut, mais il ne faut pas non plus travailler plus que les forces nous le permettent. La lumière et l’obscurité sont deux phases qui alternent dans la nature : nous travaillons à la lumière et nous nous reposons dans l’obscurité ; lorsque nous travaillons, la lumière est dehors et l’obscurité dedans, et lorsque nous nous reposons, la lumière est à l’intérieur et l’obscurité à l’extérieur. C’est uniquement grâce à cette compréhension de la vie que les gens spirituels et les gens ordinaires trouveront des points d’accord entre eux pour bien clarifier la loi du travail. Le Christ dit : « Je suis venu », c’est-à-dire l’Esprit est venu. Lorsque l’Esprit vient en vous, il vous insuffle une idée claire de la vie. Le Christ est venu afin que celui qui croit en Lui ne marche pas dans l’obscurité. Je prendrai la foi non pas au sens ordinaire comme beaucoup la considèrent : seul l’individu pur et infaillible peut avoir la foi, lui seul peut croire en tout et ne douter de personne. C’est la foi et non pas la croyance ; la foi est une qualité des anges. D’aucuns disent : « J’ai la foi ». Non, tu as des croyances : ta foi est comme la toile d’araignée, elle change cent fois par jour ; tu crois, puis tu ne crois plus. J’ai rencontré un jour un jeune étudiant qui m’a dit qu’il s’était au départ intéressé à certaines sciences occultes et croyait qu’il y avait un Seigneur, mais, lorsqu’il s’est mis à étudier le socialisme, il a confessé qu’il avait piétiné l’idée de Dieu et qu’il avait mûri. Par l’expression piétiner son dieu je comprends qu’il avait piétiné son égoïsme ; lorsque quelqu’un dit qu’il croit en Dieu, cela signifie qu’il croit en lui-même et se considère comme une divinité. Tous nos contemporains sont des divinités. Les uns et les autres, lorsqu’ils déclarent croire ou ne pas croire en Dieu, ils ont pour les premiers la franchise d’avouer qu’ils croient en eux-mêmes comme en une divinité, alors que les autres le dissimulent. De nos jours, le monde est rempli de divinités : des christ, des sainte vierge, des saint jean, des saint Nicolas, ainsi de suite, et le monde en souffre. Le véritable Seigneur est absent. Où est-il ? Voici où il est : à l’instant où tu aimes tous les humains, ce Seigneur t’a envoyé un rayon de lumière ; lorsque toutes les contradictions disparaissent de ton esprit, lorsque tu prends conscience de ta mission et que tu es prêt à te sacrifier, le véritable Seigneur a parlé en toi : vous êtes une seule et même chose en cet instant. Le Christ dit : « Je suis venu avec ce Seigneur qui vit en moi, je suis venu avec Lui, par Lui, pour donner la lumière à tous afin qu’ils croient ». A qui ? A ces petites âmes très pures. Quelle chose grandiose que d’être pur dans le monde ! Toutes les idées, tout le bonheur, la santé, la félicité de l’humanité reposent sur cette pureté. Si l’être humain est pur, il ne marchera pas dans l’obscurité, il aura une idée précise de la vie et il l’arrangera comme il se doit. Je connais deux frères de Varna dont le premier est entré à l’école militaire et est devenu officier, il a peu à peu progressé jusqu’à obtenir le grade de colonel ; l’autre frère n’a obtenu aucun diplôme et s’est enrôlé comme simple soldat. Un jour, il a croisé son frère dans la rue et ne l’a pas salué. Le colonel l’a arrêté en lui demandant des explications. Le soldat a répondu : « Tu es mon frère, je peux me passer du salut militaire. – Je suis avant tout un officier et ensuite ton frère, tu devais donc me saluer, a dit le colonel, tu seras deux jours à l’arrêt ! » Ainsi, le monde aujourd’hui est plein de colonels par l’uniforme, mais simples soldats intérieurement, des nantis et des prolétaires, symboles de lumière et d’obscurité. Quand devient-on nanti ou prolétaire ? Tu n’es né ni nanti ni prolétaire, mais tu es né pour raisonner et comprendre la loi de la lumière et de l’obscurité. La lumière sous-entend la richesse, et l’obscurité, la misère ; mais la lumière aussi a des degrés différents : il y a par exemple une lumière au lever du soleil, une autre lumière à midi et encore une autre au coucher du soleil. Le nanti dont le soleil s’est levé verra les choses d’une façon, et celui dont le soleil s’est couché, les verra autrement. Aujourd’hui, le Christ résout une grande question sociale : celle de la lutte des classes. Ce n’est pas une lutte idéologique, c’est la même lutte qui existe depuis huit mille ans, exprimée de la même façon : « lève-toi que je m’assois ». Ce sont les minorités qui ont gouverné jusque-là, alors que c’est la majorité qui gouvernera à l’avenir ; ce sont les menchéviques qui ont travaillé jusqu’à maintenant et ce sont les bolchéviques[2] qui travailleront à l’avenir, cela peut se réaliser. Vous direz : « Comment est-ce possible que le noble travaille pour les gens ordinaires, pour les prolétaires ? » Je vous demande : comment est-ce possible que la mère et le père qui sont des nantis travaillent pour leurs enfants pour les nourrir, leur offrir les moyens de subsistance, sacrifier des nuits entières sans sommeil, et ainsi de suite ? Les parents savent qu’ils doivent accomplir ainsi leur devoir vis-à-vis de leurs enfants, car un jour ce prolétariat se vengera d’eux. La mère qui est amour travaille, le père aussi : ces nantis doivent mettre leurs tabliers, être les serviteurs des prolétaires, car ce prolétariat les chassera un jour de leur maison, leur prendra leur argent de force et les obligera à travailler. Cela a été ainsi, et ça le sera jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que cette lutte des classes, purement matérialiste, disparaisse. C’est une étape transitoire dans la vie de l’humanité ; une autre époque viendra dans des milliers d’années, quand les humains vivront autrement, et cette lutte cédera la place à l’ordre et à la discipline. Aujourd’hui, nous considérons l’homme dans ses relations avec autrui selon la maxime : « L’homme est un loup pour l’homme ». Je dis au contraire que l’homme est un frère pour l’homme. Si nous prenions la théorie d’évolution des espèces de Darwin pour tracer les conditions d’apparition et de vie du loup, nous verrions que le loup n’avait pas au début ces traits de caractère qu’il a développés par la suite à cause de ses conditions d’existence. Le loup représente une lointaine culture ancestrale et il se manifeste maintenant dans la société humaine. Pourquoi ? Parce que les gens ne comprennent pas ces grandes lois qui régissent la vie. Je vous décris les relations de nos contemporains : admettons que les racines d’un arbre ont une conscience profonde et que de temps à autre, une radicelle emprunte son propre chemin, mais rencontre de grands obstacles : cette radicelle ne trouve pas d’issu et revient auprès de son père et le croise, le père ne sait pas qu’il s’agit de son fils et veut l’affronter. C’est ainsi aujourd’hui que tout le monde se bat avec soi-même, avec ses enfants, en essayant de les éliminer et de s’en libérer, alors que ce sont toujours les mêmes racines qui ont rencontré de grands obstacles dans la vie. Sans ces obstacles il n’y aurait pas de dysharmonie. Le Christ dit : « Je suis venu montrer le véritable chemin à tous ceux qui croient et qui ont la pureté des anges ». Les gens se demandent encore s’il y a une vie après la mort ou non, si la vie a un sens ou non : ce n’est pas une vie, mais seulement des dépôts de l’obscurité dans laquelle on vit. La vie est une et elle ne peut ni naître ni mourir. Si je verse l’eau de ma carafe, est-ce qu’elle meurt ? La carafe n’a jamais été vivante et ne peut mourir ; donc, sur le plan physique, l’être humain est une carafe dans laquelle est versée la vie. La carafe n’est qu’une condition et la vie est tout : lorsque la carafe se remplit, l’homme vit et lorsqu’elle se vide il meurt. La vie dans le corps est hétérogène, mais homogène dans la mort. Les scientifiques d’aujourd’hui disent que la matière est homogène ; c’est vrai à cinquante pour cent. L’homogénéité ne peut pas engendrer l’hétérogénéité : si dans les peintures il n’y avait pas d’hétérogénéité, leur homogénéité ne pourrait rien engendrer. Qu’est-ce que l’hétérogénéité ? Ce sont toutes les formes nécessaires par lesquelles l’existence, la vie doit se manifester. La vie ne peut se manifester dans une seule forme, mais dans une multitude de formes ; lorsque ces formes s’accordent pour exprimer une forme grandiose, je dis que la vie est unique, c’est-à-dire que toutes les formes ont le même élan pour manifester des formes supérieures. C’est ainsi du point de vue de cette forme grandiose qui est unique, mais cela ne signifie pas qu’elle est la seule ; il y a comme elle d’autres formes qui s’unissent et forment d’autres mondes. Lorsque nous étudions la nature, nous voyons qu’il existe cette grande loi d’homogénéité et d’hétérogénéité ; cela ne doit pas pour autant nous freiner. Dans l’obscurité, on est au repos et on donne des directives aux jeunes, en tant qu’écrivain, poète, prince, et on reste en bas à l’ombre, alors que si on est prolétaire, on travaillera uniquement à la lumière. Par conséquent, le Seigneur a créé le monde non pas pour les nantis, mais pour les prolétaires, c’est-à-dire pour les ouvriers qui progressent. Nous comparerons les riches à une richesse amassée dans le passé, et les pauvres à une richesse en train de s’accumuler ; ainsi les riches sont des gens du passé et les pauvres, des gens de l’avenir. Choisissez alors : étant riche, tu es quelqu’un du passé ; étant pauvre, tu es quelqu’un de l’avenir. En hébreux il n’y a que deux temps : le passé et le futur, il n’y a pas de présent ; les juifs disent que ce qui se passe est du passé, et ce qui arrive est de l’avenir. Le présent est un instant transitoire, un point qui n’occupe pas d’espace. Vous, soyez des gens de l’avenir. C’est pourquoi le Christ dit : « Je suis venu donner la lumière aux humains », c’est-à-dire aux pauvres, aux gens de l’avenir pour qu’ils ne marchent pas dans l’obscurité sur le chemin des riches, c’est-à-dire du passé. Tous les péchés sont des péchés du passé. Nous portons le péché comme une ombre et celui qui veut s’en libérer doit devenir quelqu’un de l’avenir ; il portera ainsi son péché comme le serpent sa peau. Lorsque quelqu’un déclare qu’il veut vivre dans l’avenir, je comprends qu’il veut vivre sans péché ; si quelqu’un veut être riche, je comprends qu’il veut pécher. Ainsi les pauvres sont du côté de la lumière et du bien, et les riches, du côté du péché et de l’obscurité. Ces paroles peuvent vous sembler amères, mais essayez de les démentir. Je ne considère pas riche uniquement celui qui a de l’argent, mais aussi celui qui a des connaissances et des forces et qui les utilise non pas pour le bien de ses proches, mais pour les entraver et leur nuire ; lui, je l’appelle nanti. Ceux qui accomplissent la volonté divine, je les appelle prolétaires ou gens de l’avenir ; j’appelle les prolétaires des abeilles, des ouvriers de la nouvelle culture. Le mot prolétaire est connoté, ce n’est pas une expression précise, il faut plutôt dire ouvriers de la nouvelle culture, de la nouvelle science. Quelle est cette nouvelle science ? Vivre tous dans la lumière, être heureux et ne pas entraver son bonheur ni celui des autres. Je peux avec deux mots altérer votre bonheur et vous empêcher de le retrouver pendant cent ans : imaginez que je vous appelle et que je pose une bombe que j’allume avec un briquet ; si la bombe explose que deviendrez-vous ? Ainsi, dans notre pensée il y a une substance inflammable qui, si elle explose, crée toutes les conditions que nous appelons le mal. Voici ce qu’est le mal : une matière que nous ne pouvons pas contrôler car elle n’obéit pas à notre volonté ; la matière qui est sous le contrôle de notre volonté, je l’appelle le bien. Le monde extérieur est contrôlé par une volonté étrangère ; si le Seigneur qui contrôle la matière extérieure perdait son fil, toute existence disparaîtrait. C’est pourquoi nous devons tenir fermement les brides de notre monture, car si nous les perdons elle fait un écart et la cariole se renverse, ce qui cause les malheurs. Ce sont des idées simples, d’ordre général : chaque jour votre monture, c’est-à-dire votre intelligence marche tout droit crânement et sans crainte, mais quelqu’un passe à côté de vous, dit quelque chose et elle prend peur. Un riche juif marche sans crainte sur son chemin, mais on le croise et on lui dit qu’il ne lui reste que deux jours à vivre : sa monture, c’est-à-dire son intelligence, prend peur, il prend des mesures, ferme son magasin et dit : « Je vais en profiter d’ici là ». C’est ainsi que tout le monde cède à la peur. Depuis la guerre jusqu’à aujourd’hui, j’entends spéculer sur l’avenir de la Bulgarie ; beaucoup ont plus peur qu’il ne le faut. La Bulgarie n’est pas la seule grandeur à mesurer, il y en a d’autres. Dites-moi, y avait-il des Bulgares, des Serbes, des Français, des Allemands, des Anglais lorsque le Seigneur créait le monde ? Non, ils sont venus par la suite. Vous pouvez le contester, mais je demande si une mère donne naissance directement à des enseignants, des prêtres, des magistrats, etc. ? Elle donne naissance à des enfants qui deviennent par la suite des scientifiques, des généraux, des médecins, des ingénieurs et ainsi de suite. Les missions que nous accomplissons dans la vie sont les différents rôles que nous jouons sur la scène : tant que nous sommes sur la scène nous sommes déguisés, nous sommes des acteurs ; lorsque nous descendons de la scène, nous sommes des frères. Lorsque nous irons au ciel, nous rirons de ces confrontations en nous rappelant notre vie sur terre. Je vais vous donner un exemple de la situation dans laquelle vous vous trouvez. Un dieu indou, rassasié de sa belle vie au ciel, a demandé l’autorisation de descendre vivre sur la terre. Ayant obtenu cette permission, il s’est choisi la forme d’un cochon et s’est incarné en un jeune porcelet. Il a commencé à vivre comme tous les cochons : il fouinait dans les déchets, il restait allongé à l’ombre et engraissait. Il s’est ensuite marié et a eu dix ou quinze enfants. Il vivait dans le bonheur et dans la paix. On l’a attendu au ciel un an, deux ans, trois ans, dix ans, mais il ne revenait pas. Ils l’ont appelé, mais il ne voulait pas rentrer : « Ici, je me sens très bien », disait-il. Ils ont décidé de lui prendre ses enfants pour l’obliger à revenir, mais malgré ce malheur, il ne voulait toujours pas revenir. Ils lui ont pris aussi sa femme, mais rien n’y faisait : il s’est mis en quête d’une nouvelle femme ! À la fin, ils ont décidé de l’atteindre lui-même et lui ont envoyé une maladie grave qui l’a fait revenir au ciel. Lorsqu’il s’y est réveillé, il a commencé à rire de sa vie terrestre. Beaucoup de nos contemporains vivent comme ce dieu, mais ne savent pas qui ils étaient auparavant ; ils sont aussi comme ce nanti : ils fouinent et résolvent diverses questions sur la terre. Des malheurs s’abattent sur eux pour les raisonner, mais ce n’est qu’en quittant leur forme de cochon qu’ils comprennent leur véritable être. Que représente cette forme porcine ? Elle est l’extrême matérialisme qui règne maintenant. En quoi consiste-t-il ? En cela précisément : les gens s’assemblent pour parler de ceci et de cela, de l’autre monde, du bien dans le monde, mais ils ont leurs oies et leurs poules, du vin, et vivent dans l’aisance ; les pauvres qui les écoutent parler ainsi, se disent : « Ceux-là parlent toujours de l’autre monde et de Dieu, mais vivent très bien ici-bas ». Ainsi la vie des riches et leur matérialisme plaît aussi aux pauvres, au point de le prendre comme idéal, comme un objectif à atteindre dans leur vie, ce qui crée l’enseignement du matérialisme ; les pauvres disent aux riches : « Nous voulons vivre comme vous ». Puisque les riches sont devenus la cause de l’éloignement des pauvres du droit chemin, le Seigneur les mettra à la place des pauvres pour qu’ils corrigent leurs erreurs : c’est la loi. C’est pourquoi le Christ dit : « Je suis venu comme une lumière dans le monde pour éclairer les choses ». Il n’y a pas de contradiction dans la nature, mais nous en créons. De quelle manière ? Nous ne pouvons pas contrôler une partie de la matière que Dieu nous a donnée et nous créons ainsi le mal. Tous les péchés ont leur origine dans la matière, chaque péché a une forme ; montrez-moi un péché sans forme. On dit de quelqu’un qu’il est égoïste, en quoi consiste son égoïsme ? Il veut avoir des maisons, de l’argent, dominer sa femme et ainsi de suite. On dit pour d’autres qu’ils sont avares, qu’ils détestent les gens, etc. Tous les péchés ont un mobile matériel ; lorsque nous arrangerons toutes les mauvaises formes, le péché disparaîtra aussi. Par conséquent les mauvaises formes créent le mal, c’est pourquoi on recommande aux gens de se créer de belles formes. Deux scientifiques se réunissent et proposent deux théories opposées sur le soleil, sur son état ; d’autres scientifiques commencent à se questionner pour savoir qui des deux a raison, et ils deviennent adeptes de l’un ou de l’autre ; aujourd’hui tous les scientifiques débattent sur qui a le plus d’adeptes parmi les sommités de la science. Deux prêtres luttent pour obtenir plus de disciples, plus de paroisses que l’autre ; le Christ et Moïse ne sont pas d’accord, ils ne réconcilient pas le monde ; le Christ et Mohamed n’ont pas d’accord entre eux sur la terre. Il n’y a pas dans le monde un tel Moïse, un tel Mohamed, un tel Christ : le Christ, le Moïse ou le Mohamed qui sont une cause de division des humains ne sont pas les serviteurs de Dieu. Lorsque quelqu’un est envoyé pour apporter une grande idée divine, il n’a pas le droit d’éprouver les humains et de rechercher son propre intérêt. Le Christ dit ainsi : « Moi, l’Esprit, J’apporte cette lumière aux humains qui croient, c’est-à-dire qui sont purs ». Maintenant par exemple, croyez-vous en ce que je vous dis ? Vous direz que vous ne l’avez pas encore éprouvé. Et croyez-vous dans le Christ ? Cela fait deux mille ans que les humains éprouvent le Christ. Les juifs, croient-ils en Moïse ? Je n’ai pas encore rencontré quelqu’un qui croit entièrement en son Maître. Ceux qui disent qu’ils croient dans le Christ ou en n’importe qui d’autre, ne disent pas toute la vérité. Croire dans le Christ, ne signifie pas être debout dans l’église, avec vénération, mais être dans son âme avec la même disposition, en communion avec le Christ. Je ne vous parle pas de religion, nous sommes rassasiés de religion ! Nous devons vivre dans l’amour divin, l’affection divine, l’esprit divin. Que les religions actuelles aillent aux nantis, aux gens du passé, et la vie divine aux gens de l’avenir. Certains pensent que nous cherchons encore à leurrer les autres ; loin de moi une telle idée. Il y a en moi de l’amour qui est un mouvement de haut en bas ; je comprends ce qu’est l’affection, c’est-à-dire le mouvement de l’âme humaine de bas en haut ; je comprends ce qu’est l’esprit divin, c’est-à-dire la force qui tient tout en harmonie. Tant que vous avez votre compréhension religieuse actuelle, nous ne pourrons jamais être d’accord. Pouvez-vous dire comme le Christ : « Je suis venu comme une lumière dans le monde », pouvez-vous être une lumière pour vous et vos proches ? C’est ce qui vous est demandé à vous tous, car vous pouvez tous être dans ce sens des sauveurs du monde. Tant que nous attendons d’une seule personne le salut du monde, il ne se redressera jamais car nous devons tous nous préoccuper de son redressement. C’est ce que nous réussirons en maintenant l’ordre divin des choses et en cherchant à ne pas le perturber. Lorsque quelqu’un me demande si je crois dans le Christ, je trouve que c’est la question la plus inconséquente, car c’est comme si quelqu’un me demandait si je crois en la lumière, en l’amour. Je marche dans l’amour, à quoi bon y croire ? Chaque jour je m’adresse à Dieu, comment ne croirais-je pas en Lui ? Puisqu’on me pose ces questions, c’est qu’on veut me disqualifier, faire de moi un démon, un antichrist, un nanti. Je ne veux être ni nanti, ni prolétaire à la manière dont les gens l’entendent aujourd’hui. Je ne vous parle pas du Christ historique, mais du Christ vivant, celui qui est en vous et parmi vous. Sortez-vous de la tête que le Christ est en dehors de vous. Le Christ vivant, c’est l’Esprit, et lorsque vous Le comprendrez, vous Le verrez en chacun. Tant que vous cherchez le Christ dans un seul individu, vous ne Le trouverez jamais. Je vous l’ai déjà dit auparavant : si quelqu’un cherche à vous examiner, pourrait-il le faire à partir d’un seul de vos cheveux ? Si quelqu’un en aime un autre et prend un de ses cheveux, peut-on dire que ce cheveu renferme tout son amour ? Ce serait une vraie idylle ! Je vois ainsi des religieux : ils prennent un cheveu du Christ, ils le regardent, ils le regardent encore et puis le reposent sans le comprendre. Tout le monde prend non seulement des cheveux mais aussi des morceaux de sa Croix, mais le monde ne s’arrange pas. Pourquoi ? Parce qu’ils ne s’occupent que du côté physique du Christ, alors qu’il a dit : « Celui qui accomplit la volonté de mon Père, vivra dans la lumière ».[3] Je ne vise pas par-là la vie privée des gens, mais je veux purifier les rigoles d’eau. J’ai décidé de purifier l’eau trouble, non pas que je l’abhorre, mais je veux qu’elle arrose les jardins où sont plantés les poivrons, les choux, les carottes et les autres légumes et qu’elle laisse sa place à l’eau pure. L’eau trouble est nécessaire aux jardins et l’eau pure, dans la vie, aux voyageurs qui retournent à Dieu. Lorsque le Seigneur a créé le monde sans nationalités, ce monde était heureux, mais aujourd’hui, depuis que les anciens Égyptiens, Assyriens, Philistins, Romains, Grecs sont venus, le bonheur a disparu de la terre. La science moderne et la vie m’intéressent, et malgré toutes les contradictions que je rencontre, je trouve des choses fort utiles. J’admire bien plus un enfant pieds nus qu’un enfant richement habillé ; cet enfant pauvre est formidable car on peut discuter avec lui, il est modeste, alors que l’enfant riche a des formes extérieures trompeuses par lesquelles il veut prouver qu’il est intelligent. Je croise un ivrogne, il s’excuse et me dit : « Je vous demande pardon, Monsieur, je suis un âne, j’ai trop bu » ; je lui dis : « Tu n’es pas un âne car l’âne ne boit pas, mais tu es sincère et je te respecte pour cela ». Parfois, lorsqu’il boit trop, l’homme peut devenir nanti ; l’ouvrier ne se saoule jamais ; tous les ivrognes sont des nantis. En définitive, revenons vers Dieu pour vivre sans la religion de la haine, de la jalousie et de l’avidité. Je ne veux pas dire par là qu’il faut rejeter la religion ; il faut que la lutte des classes continue d’exister car elle est nécessaire comme sont nécessaires les vers de terre qui labourent le sol. L’agriculteur dit : « J’ai labouré le champ ». Non, ce n’est pas toi qui l’as labouré, mais ces vers qui vivent profondément dans le sol. Ainsi, dans la lutte des classes, les prolétaires et les nantis sont les vers qui ont travaillé des années durant et ont oxygéné le sol ; viendront ensuite les anges avec leurs charrues pour ensemencer le sol et dire : « Vous avez suffisamment travaillé, nous vous remercions : vous aurez de quoi boire et manger pour les millénaires à venir et vous serez tous des frères ». Les chrétiens disent qu’ils seront au paradis à cette époque bénie, les turcs disent qu’ils auront des montagnes entières de riz pilaf, rendez-vous compte quelle idylle ce sera ! Du riz pilaf sans tickets de rationnement… Mais le Christ dit : « Je suis venu comme lumière dans le monde », et la lumière est le sens de la vie, elle est une nourriture de l’esprit, de l’âme et du cœur. Cela signifie que vous serez satisfaits dans votre for intérieur, rassasiés dans la vie, et que vous aurez l’énergie et le désir de travailler. Maintenant, lorsque vous rentrerez à la maison, vous commencerez à philosopher : « Peut-on vivre sans religion ? » Lorsque le Seigneur a créé le monde, il n’y avait pas de religion, la religion est apparue dans le monde lorsque le diable est venu. Jadis les humains vivaient dans l’amour et tout enseignement qui n’était pas guidé par l’amour n’était pas reconnu comme un enseignement divin. Selon moi la religion est un sanatorium, un hôpital pour des malades. Lorsqu’une jeune fille est déçue de la vie et lorsqu’un jeune homme perd sa bien-aimée, tous les deux deviennent religieux ; donc tous les religieux sont des nantis qui ont fait faillite, alors que ceux qui servent Dieu par amour sont des personnes sans religion. Ceux qui sont encore à l’hôpital, je leur préconise de ne pas en sortir prématurément, et s’ils veulent sortir, ils doivent demander au médecin s’il est temps, si leur organisme fonctionne correctement ; et si le médecin l’autorise, alors qu’ils empruntent le large chemin de la vie où on vit sans religion. Il doit vous dire : « Vous êtes libres » et vous signer une attestation pour vous laisser sortir. Pour le moment, l’église est un hôpital, les prêtres et les prédicateurs sont des infirmiers et des médecins. Certains parmi vous sont sur le point de sortir de l’hôpital et je me tiens à la sortie ; même si je suis un prédicateur qui n’a été appelé par personne, un prophète sans portefeuille, je vous demanderai si votre vie à l’hôpital était agréable, si vous y avez bien appris votre leçon. Vous direz : « Ces injections nous ont fait du mal ! » Le médecin dit : « Celui qui ne demeure pas en Dieu, goûtera à nos aiguilles et vivra à l’hôpital ». Je dis : « Je ne porte pas d’aiguilles, pas de couteaux, je n’ai pas de trousse à pharmacie, ni de sac, mais respirez l’air frais, regardez en haut, ne marchez pas dans l’obscurité, que le soleil vous éclaire pour ne pas finir de nouveau à l’hôpital ». Si vous y entrez de nouveau, c’est dangereux car la situation se complique : le médecin viendra encore pour user de tous les moyens et surveiller la fièvre qui monte. Alors le malade fera faillite et sera renvoyé de l’hôpital car il n’y a pas de vie possible avec une fièvre trop élevée. Il sera emmené en salle d’autopsie pour se faire ouvrir le cerveau, l’estomac, les intestins afin d’élucider les raisons de son renvoi. Le Christ dit qu’on peut vivre sans thermomètre. Ne vous préoccupez pas de ce qui est utile ou non dans la vie : tout est utile, mais cessons d’imaginer que la vie existe uniquement à l’hôpital. Hôpital, église, salle de concert, école, ce sont des choses transitoires, alors que la vie implique quelque chose de plus sérieux. Dans la vie authentique, il ne faut souffrir d’aucun trouble, mais fournir un travail permanent. Je définis en trois mots ce que le Christ dit : peine, labeur, travail. Un étudiant dit : « J’ai beaucoup peiné pour entrer au lycée et j’ai consacré beaucoup de labeur pour le terminer ». Lorsque vous avez éprouvé la peine et le labeur, vient le temps du travail : c’est l’enseignement que je vous prône maintenant. À ceux qui ont peiné, je dis de ne plus peiner, mais de passer au labeur ; à ceux qui ont éprouvé la peine et le labeur, je dis : cessez d’être dans la peine et le labeur, mais venez auprès de moi, je vous apprendrai à travailler. Ce sont les paroles du Christ qui dit dans le verset cité : « Moi, mon Esprit viendra vous enseigner quoi faire ». C’est le moment pour ceux qui ont terminé l’école de s’arrêter, de présenter leur certificat ou leur diplôme, car auparavant ils ont été ignorants. Aujourd’hui, partout dans le monde, on veut des diplômes, et si tu n’en as pas tu ne peux être ni enseignant, ni ministre, ni magistrat, etc. La vie future ne sera pas la vie du passé. Le Christ dit : « À l’avenir, il n’y aura pas besoin de certificats », et la vie actuelle servira de socle pour la vie future. De nouvelles formes seront fabriquées et nous savons quelles sont ces formes : la fraternité avec amour. Ainsi, ceux qui ne sont pas entrés à l’école et ne connaissent pas la lumière, éprouveront la peine et le labeur. Peu nombreux sont ceux qui travailleront, seulement quelques poètes, peintres et musiciens. Le travail consiste à n’avoir aucun trouble dans son esprit. Le Christ dit : « Je vous apporte l’amour divin, entrez en lui, manifestez votre affection et alors l’Esprit se manifestera, entrera en vous et vous comprendrez le sens profond de la vie ». Sofia, 4 mai 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. (Jean 12, 46) [2] Le terme « menchéviques » désigne littéralement en russe « le parti minoritaire » alors que les « bolchéviques » désigne « le parti majoritaire » [3] "Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie… Et celui qui m'a envoyé est avec moi, et il ne m'a pas laissé tout seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît." (Jean 8, 12 ; 29)
  14. La poutre « Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère. » Matthieu 7 :5 La dernière fois, j’ai commenté les paroles : « Si ton œil est lumineux, alors tout ton corps sera lumineux ». Il y a dans cet œil une poutre qui entrave sa pureté. Le Christ dit : « Ôte la poutre de ton œil pour y voir clairement et pour pouvoir ensuite ôter la paille de l’œil de ton frère ». Comment ôter cette poutre ? Par les mots poutre et paille le Christ comprend deux principes opposés dans la vie. La poutre se trouve chez celui dont l’œil est fixé dans le monde physique, entièrement plongé dans la matière ; la poutre représente la loi des contraires. Par le mot paille, on entend la loi des changements permanents. Le Christ prend deux images : poutre et paille. La poutre est taillée dans le bois : savez-vous quel bois convient pour faire des poutres ? Les meilleures poutres se font en chêne et s’utilisent pour bâtir des maisons. Si vous regardez le chêne de près, vous le verrez dans les endroits les plus bas sur terre ; c’est le plus vieux matérialiste et c’est aussi pour cela que son écorce est craquelée. Il y a entre le buffle et le chêne une certaine corrélation. Le buffle, s’il a trop chaud, entre dans la boue pour se rafraichir et fuir les mouches. Qu’est-ce que la chaleur ? Un symbole de l’amour, donc ceux qui sont disposés à l’amour, entrent dans les flaques pour s’enduire de boue pour ne pas être piqués par les mouches, ils sont futés ! Si un frelon approche d’un bœuf, il lève la queue et s’enfuit aussitôt ; le buffle ne fait rien de tel : si un frelon l’approche, le buffle quitte le champ et s’immerge dans une mare. Vous me direz probablement : « Nous savons ce que tu nous diras sur cette poutre. » Vous ne savez pas ce que je peux vous dire. J’ai ouvert et exploré beaucoup de livres qui traitent différentes questions des Évangiles, mais sur cette question essentielle il est écrit très peu alors que des successions d’articles traitent les choses les moins importantes. Tout est ainsi dans notre monde d’aujourd’hui : on n’écrit rien sur les questions substantielles, mais on consacre des volumes entiers au reste. Ces questions peu importantes sont pour ainsi dire des ombres par rapport aux questions substantielles. Les ombres sont nécessaires uniquement lorsque le substantiel a été défini, alors il y a un sens. Lorsqu’un grand peintre dessine un visage, il lui met des ombres pour que le visage puisse bien ressortir ; de plus, il n’est pas sans importance de positionner l’ombre à droite ou à gauche. Si c’est à gauche, ceci montre que le peintre s’était tourné vers l’ouest en dessinant, c’est-à-dire que le soleil se couchait ; j’en déduis que le peintre était dans la phase du couchant ou autrement dit qu’il était en train de descendre dans le monde physique ; si l’ombre de l’objet est à droite, cela signifie que le peintre a fait son tableau alors que le soleil se levait. Voilà pourquoi, pour les personnes incultes la position de l’ombre est sans importance, non pour les érudits ; il importe de savoir de quel côté tombe l’ombre sur votre visage. Pourquoi le Christ dit qu’il faut ôter la poutre de votre œil ? C’est parce qu’elle jette son ombre vers l’intérieur, alors que chez celui qui veut observer la vie, l’ombre doit être à l’extérieur. Vous me demanderez pourquoi ? Si l’ombre est à l’intérieur dans votre vie, vous ne comprendrez pas son sens. C’est très simple : si par exemple votre maison reste dans le noir, mais que les rues sont éclairées, vous saurez ce qui se passe dans la rue, qui vient de passer, comment il est habillé, etc., mais vous ne saurez pas ce qui se passe dans votre chambre. Par conséquent, si cette poutre est dans votre œil, alors le sens de votre vie intérieure restera incompris ; vous pouvez être réformateur, moraliste et moraliser les autres, aménager les maisons et les villes, mais vous ne saurez pas changer leur vie intérieure. Le Christ dit : « Ôtez cette poutre ! » Comment s’est-elle formée ? Par des habitudes acquises depuis des siècles dans l’intellect humain. Chacun de vous peut vérifier si son ombre est dehors ou dedans. Le Christ dit ôte et non ajoute ; l’addition et la soustraction sont deux processus opposés. Vous avez jusqu’à maintenant additionné, vous avez formé cette poutre qui est le résultat du passé ; ainsi a + b = c, c’est la poutre. Pour nous libérer de ce résultat, le Christ demande de soustraire a et b de c afin de purifier son œil. Comment les soustraire ? On ne peut pas se libérer de c tant qu’on ne soustrait pas a et b ; tant que tu n’élimines pas le pou mâle et le pou femelle de ta tête, tu n’élimineras pas les lentes. Ainsi la somme de a et b vaut c, ce qui est la poutre ; en ce sens a est votre intelligence et b votre cœur, non sur le plan supérieur de vos actes, mais sur le plan inférieur des manifestations. Donc, le Christ dit : « Tu arrêteras ces deux processus ». Vous me demanderez : « Comment les arrêter ? » Pour faire fonctionner l’intelligence des gens, il faut les mettre au travail, dans une situation sans issue. Il faut vous mettre dans la même situation que l’ingénieur de Napoléon, contraint par son maître de construire un pont en vingt-cinq minutes sous peine d’être fusillé ; il a réussi à bâtir ce pont. Observez le chat qui traverse des endroits difficiles en cherchant le chemin le moins dangereux ; s’il est intelligent, il cherche à éviter les difficultés ; s’il est en haut d’un mur de cinq à six mètres et se retrouvé coincé, il sera contraint de sauter du haut du mur, bien que la même chose ait pu lui sembler impossible à réaliser un peu plus tôt. De la même façon, vous dites que vous ne pouvez pas faire telle ou telle chose. Le Christ dit : « Ôte la poutre de ton œil et mets là ailleurs, pas dans ton œil, mais dans ta maison ». L’œil n’a pas besoin de poutres. Le maître qui a le premier préconisé de placer la poutre dans l’œil et non dans la maison, n’a pas compris les lois divines : il peut y avoir une poutre dans le corps, mais jamais dans l’œil. Par le mot paille, je comprends ceux qui demeurent dans un monde exclusivement affectif : les pailles sont un produit du blé. Leurs péchés sont dus à leurs jouissances incessantes dans le monde. La poutre est le résultat d’une vie avide et intéressée ; on ne peut pas compter sur de telles personnes. Et cet homme avec une poutre dans l’œil est constamment fatigué et regarde vers le bas, car la poutre est très lourde. Je peux faire en sorte que chacun de vous regarde vers le bas. Comment ? En recevant cent kilos de charge sur son dos, chacun commencera à réfléchir et à regarder vers le bas. Certains diront de lui que c’est un grand philosophe ; oui, il y a des philosophes qui regardent vers le bas, mais il y en a d’autres qui regardent vers le haut. Lorsque la poutre est dans votre œil, votre intelligence et votre cœur seront toujours surchargés et vous troubleront. Parfois, des personnes qui ont des poutres dans l’œil, réussissent à se cacher, à dissimuler cet état, mais si vous les offensez ou les vexez, elles se mettent à regarder vers le bas. Une femme qui est en colère contre son mari regarde vers le bas. Pourquoi ? Parce que la poutre a commencé à exercer son action. Je caractérise ainsi un principe commun. Suivant cette même loi, les jeunes gens tout comme les gens mariés ont des poutres dans l’œil. Le mariage est cependant temporaire ; il y a à mon sens dans le monde uniquement des gens attelés, mais pas mariés : je ne parle pas de mariés, mais d’attelés ! Le Christ dit : « Ôte la poutre de ton œil pour qu’il soit pur afin d’ôter la petite paille de l’œil de ton frère ». J’examine dans leur ensemble les principes spirituels sur lesquels repose notre vie. Par exemple, si ma maison est construite selon les lois divines, ce n’est pas uniquement mon mérite, mais aussi celui de l’ingénieur que j’ai sollicité pour la construire, pour la concevoir ; de même, tout l’inconfort de cette maison ne m’est pas non plus entièrement imputable. Voilà pourquoi, si un expert en construction me dit que mon évier ou une autre chose n’est pas à sa place, je dois l’écouter ; si quelqu’un d’intelligent me disait comment réaménager ma maison car les murs sont trop fins, je devrais l’écouter ; je dois être d’accord avec son avis car sinon je risque une catastrophe. Lorsque le Christ parle ainsi de la poutre, il a déposé une grande idée dans un seul mot. Souvent les Bulgares dissimulent leur argent sous une poutre épaisse ; les gens cachaient des choses jadis et avaient donc besoin de poutres ; nous mettons souvent d’épais rideaux à nos fenêtres, qui empêchent la lumière d’entrer. De même, dans notre vie actuelle, nous sommes malheureux à cause de cette poutre qui empêche la lumière d’entrer et ainsi de vivifier la matière de notre corps. Nous, les contemporains, nous avons le même concept de lumière pour des périodes différentes où elle n’est pourtant pas la même. Si vous vous chauffez à une chaleur créée par un feu de bois ou par un feu de charbon, l’effet sera différent : si vous êtes sensible et que vous vous chauffez au charbon, vous vivrez toutes les péripéties que le charbon a traversées ; si vous vous chauffez au bois de chêne, vous vivrez les péripéties qu’ont traversé les chênes et les sentirez comme des êtres vivants ; la teinte noire du charbon produira sur vous un effet très différent de celui que vous ressentiriez avec la chaleur du bois. La culture contemporaine doit se libérer de l’usage du charbon ; pour cela, il faut trouver à l’avenir des scientifiques pour maîtriser l’énergie solaire : nous devons nous procurer ce carburant du soleil. Lorsque nous viendrons à exploiter la chaleur et la lumière solaire nous serons suffisamment civilisés pour être dignes de cette humanité ; dans la situation actuelle nous ne pouvons pas nous considérer comme civilisés. Le Christ dit : « Ôtez ces poutres, elles ne sont plus utiles ». Autrefois cette poutre a été utile, elle servait à quelque chose, mais elle n’a plus de sens pour nos contemporains. Le buffle qui va dans la mare pour se cacher du frelon a ses raisons économiques, il raisonne ainsi : « Au lieu de courir quatre ou cinq kilomètres, je vais rentrer dans une mare, me couvrir de boue et je ne serai plus exposé aux frelons ». C’est aussi le raisonnement de nos contemporains : « Nous devons nous prémunir sur le plan matériel pour ne pas être inquiétés par les frelons ». Lorsque vous cherchez à mettre à l’abri votre femme et vos enfants, ces pensées sont les frelons qui vous inquiètent à chaque heure de la journée. Les religieux ressemblent aux bœufs : ils fuient. Les gens du monde en revanche, comme les buffles, rentrent dans une mare pour ne pas s’exposer. Il y a des années de cela en Russie, on essayait de faire voter une loi contre les juifs. L’un des ministres était résolument antisémite et insistait lourdement en faveur de cette loi. Les juifs ont essayé de s’opposer au conseil des ministres de différentes façons et notamment à cet individu, mais sans y parvenir. L’un d’eux a décidé de s’adresser directement au ministre et d’aller chez lui. Il s’est annoncé à sa garde : « Je demande la permission d’entrer chez le ministre pour lui dire juste trois mots ». Il a été autorisé à entrer. Une fois devant lui, il lui a proposé un grand sac rempli d’or et a dit : « Prends ça et garde le silence ». Tous les ministres se sont rassemblés sous l’égide du tzar pour débattre la question juive. Tous se sont prononcé contre cette loi et ont attendu que le ministre antisémite parle, mais il se taisait. Le tzar a été très surpris et lui a demandé pourquoi il ne disait rien. Le ministre a montré le sac et a dit : « Tant que j’ai ce sac rempli d’or, je ne peux pas parler ». Ce sac d’or est la poutre. Un jour viendra où le Seigneur vous demandera pourquoi vous vous taisez : vous avez plaidé pour une loi, mais vous vous engagez à vous taire. Aujourd’hui, tous, riches et célèbres, se taisent. Celui qui se tait est diplomate ; on recommande le silence en diplomatie. Le Christ dit : « Ôte la poutre de ton œil pour pouvoir parler ; ôte la poutre de ton œil pour voir ». Entre voir et parler, il existe un lien : on ne peut parler tant qu’on ne voit pas. La paille qui se trouve dans les yeux de certains est d’un tout autre matériau que la poutre, elle vient du blé. Nous savons que le blé a un désir unique : se multiplier, occuper plus d’espace. Il dit : « Laissez-moi sept ou huit mois pour me multiplier, je finirai mon travail et je disparaîtrai ensuite ». Ce n’est pas la même chose avec la poutre : le chêne demande dix, cent, cinq cents, mille ans pour croître et se développer, il assure sa possession. L’enseignement de la poutre est un enseignement sur la possession ; si ton fils est indigne, ôte la poutre de ton œil et prive-le de tout héritage pour que tes avoirs ne soient pas utilisés pour commettre des crimes. Mais vous direz « нерде шам нерде багдад[1]». S’il y a quelque chose qui vous entrave, c’est précisément l’enseignement de la possession : nous venons sur terre et nous nous engageons avec des maisons et des champs, nous nous querellons avec père, mère, frères et sœurs, nous nous trainons au tribunal les uns les autres jusqu’à ce qu’un jour on nous enlève d’ici ; le fils dit : « Mon père est parti sans résoudre cette question, mais moi je la résoudrai, j’aviserai comment partager l’héritage ». Voici huit mille ans que l’humanité cherche à résoudre la question de la possession, mais elle n’est toujours pas résolue. Le Christ dit : « Ôtez de votre œil cette possession pour que le monde s’arrange », alors les petits freins, les petites pailles disparaîtront. Il y a de nos jours des sociétés de mécènes : les prêtres prêchent dans les églises, les enseignants initient les enfants dans les écoles, les magistrats rendent la justice dans les tribunaux, mais tous ont des poutres dans les yeux. Le Seigneur que je connais et dont je vous parle n’est pas le Seigneur des poutres, de la possession, et il n’est pas pour ceux qui débattent sur la possession ; la possession n’a pas de Seigneur. Et les gens qui se divisent en catholiques, protestants, musulmans, etc. n’ont pas de Seigneur. Votre Seigneur a des poutres et le mien non. Le Christ dit : « Hypocrite, ôte la poutre de ton œil » et si on me demande quand le monde se redressera, je répondrai : lorsque cette poutre sera ôtée de votre œil. Et quand sera-t-elle ôtée ? Lorsque l’amour règnera, alors la poutre pourra être ôtée très facilement. Pendant la gestation, toutes les femmes portent l’avenir en elles et peuvent enlever leur poutre ainsi que celle de leurs enfants. Si j’avais prôné la loi de Moïse, j’aurais d’abord puni les femmes : elles méritent le plus grand châtiment ! Comme je ne prône pas la loi de Moïse, mais la loi du Christ, je leur dis : « Puisque vous êtes les médecins, vous avez suffisamment servi vos anciens bien-aimés dans le jardin d’Éden, renoncez à eux et servez le Seigneur ». Depuis huit mille ans déjà les femmes servent le bien-aimé du jardin d’Éden et n’ont rien fait de bon, elles doivent donc y renoncer à présent. Vous allez rétorquer : « Ne nous attaque pas, nous sommes pures ». Oui, vous étiez pures autrefois, mais aujourd’hui vous n’êtes pas comme je vous connaissais : cette poutre, le désir de possession est entrée dans votre œil et vous avec vécu avec la loi de la possessivité, votre ami est venu chez vous dans le jardin d’Éden et vous a dit : « Sortez de ce jardin, ne restez plus ici comme de simples jardiniers, mais allez conquérir la terre, elle est pour vous, vous êtes sots de rester ici, partez et vous deviendrez les égaux de Dieu ». Et les femmes ont quitté le Paradis ! Moïse a décrit dans un récit long et intéressant comment elles sont sorties du Paradis ; lorsque vous lirez tout l’Ancien Testament, vous verrez comment le Seigneur s’adresse sans cesse à la vierge d’Israël qu’Il appelle par des noms différents, et lui conseille constamment de revenir dans le droit chemin, vers son père. Où n’avez-vous pas été après avoir quitté le Paradis ! Vous êtes allés en Égypte : le monde matériel, à Babylone qui est l’ancien monde, l’ancienne culture, la culture de la possession ; vous êtes à présent en Europe qui s’enlise dans les mêmes travers que les Égyptiens et les Babyloniens. Le Christ dit à nos contemporains qui représentent le monde des élus : « Ôtez cette poutre de votre œil », c’est-à-dire ôtez cette idée de la propriété de votre terre car elle est la cause de toutes les disputes et de toutes les guerres. La seule possession de l’être humain est son corps : si l’on sait changer chaque jour les particules de son corps, gouverner ses désirs et les actions de ses organes comme de son cerveau et de tous ses centres, il sera formidable. Dis-toi : « Je n’ai besoin d’aucune maison, d’aucun terrain, c’est pour la culture du futur ». Le futur en tant que projection du passé est pour les pécheurs, alors que le présent est pour les justes ; lorsque quelqu’un dit qu’à l’avenir il redressera sa vie, je comprends que c’est un pécheur ; lorsque quelqu’un dit qu’il redresse sa vie dès à présent, je comprends qu’il est juste et qu’il a ôté la poutre de son œil. Ainsi, en ce sens, l’avenir appartient aux pécheurs qui ne changent pas leurs désirs, c’est leur propriété, alors que le présent est aux justes car il n’occupe aucun espace, c’est une droite mathématique : chaque juste traversera cette ligne droite. Je dis : celui qui maîtrise le présent entrera dans le Royaume de Dieu, alors que le futur appartiendra aux pécheurs. Le passé, c’est-à-dire tout ce qui s’est déjà passé est entre les mains de Dieu, alors que le présent nous appartient. Ainsi, nous avons échangé nos rôles : Dieu s’occupe d’arranger nos péchés, et nous nous occupons de la justice divine qui viendra dans le futur, alors que les gens d’aujourd’hui disent : « Nous travaillerons pour Dieu afin de réaliser Ses désirs ». Dès aujourd’hui, je veux que vous ôtiez toutes vos poutres et je suis prêt à vous aider ; mais si vous laissez cela pour demain, vous ne me trouverez pas ; j’ai mon mot à dire sur le présent, quant au passé, c’est le Seigneur. Ma parole est fondée sur un fil très fin, c’est le fil de l’amour. Le Christ s’adresse à ceux qui ont étudié cet Enseignement et qui sont éveillés, c’est pourquoi je n’ai pas à vous enseigner, mais vous devez appliquer les principes divins que vous avez déjà étudiés. Il existe des méthodes pour appliquer un principe divin : celui qui veut utiliser un enseignement doit d’abord payer toutes ses dettes ; à mon avis la loi du sacrifice n’est rien d’autre que le remboursement des dettes, et les dettes sont engendrées par la possession. Vous direz : « Ah, dans ce cas, on peut ! » Qu’est-ce qu’on peut ? On peut par exemple devenir riche, érudit, etc. Non, tu ne peux arriver à rien de la sorte ; beaucoup ont appliqué cet enseignement, beaucoup ont voulu être riches, érudits, bien portants, mais ne le sont pas restés longtemps. L’enseignement peut avoir un résultat uniquement si l’être humain applique la loi du sacrifice ; vous vous sacrifiez alors pour vous-mêmes : si vous vous sacrifiez pour le bien de l’humanité et la redressez ne serait-ce que d’un centimètre, la fois suivante lorsque vous reviendrez sur terre, vous entrerez dans ces conditions bénéfiques dont vous êtes vous-mêmes la cause. Tous les suicides dans le monde sont engendrés par la loi de la possession : une femme veut dominer son mari, n’y arrive pas, et désespère jusqu’à se suicider ; la femme ordonne à son mari comment se comporter et agir envers les autres femmes, etc. Maintenant, l’homme est tombé dans ces travers car il est né d’une femme ; les femmes sont responsables des erreurs commises par les hommes, ce sont elles qui leur ont appris ce commandement. Vous direz que je vous condamne, non, je ne vous condamne pas, mais je dis la vérité. Le Christ dit : « Ôte la poutre de ton œil », et cette poutre, c’est la jalousie, la suspicion, la haine, le mal, l’avidité, l’envie, etc. La poutre doit être ôtée ! La poutre est partout, dans toutes les sociétés, toutes les églises, toutes les religions, je vois partout des poutres. Nos contemporains ressemblent à ces deux allemands en Amérique qui étaient de très bons amis et voulaient s’embrasser, mais leurs ventres étaient si gros qu’ils ne pouvaient pas s’approcher l’un de l’autre pour s’embrasser et ils se sont séparés très chagrinés. Aujourd’hui, tous ont de gros ventres et ne peuvent pas non plus s’approcher les uns des autres. Pourquoi ? C’est à cause de la poutre, avec une telle poutre il ne peut y avoir de baiser pour l’âme. Une jeune fille rencontre un jeune homme et veut l’embrasser, mais elle ne le peut pas et soupire ; un jeune homme veut embrasser une jeune fille et ne peut pas non plus : il soupire ; tout le monde se lamente car on ne peut pas s’embrasser. Tant que la poutre n’est pas ôtée de l’œil, nous serons loin les uns des autres. Aujourd’hui, les mœurs sont dépravées ce qui cause l’incompréhension entre les humains. Un homme regarde la femme d’un autre et celui-ci bout de colère, il se dit : « Attends, je vois ce que tu mijotes, je vais t’espionner ! » Hommes et femmes se jalousent partout, alors qu’ils veulent apprendre une nouvelle philosophie, un nouvel enseignement. La chose la plus difficile est de connaître la nature pour qu’elle nous éduque. Connaissez-vous cette mère appelée nature, avez-vous parlé avec elle ? C’est une vierge. Connaissez-vous ses habitudes, ses regards, son accueil, ses lois et sa société ? Lorsque je dis aux gens qu’ils doivent entrer en harmonie avec la nature, les serviteurs modernes de la religion appellent cela de l’idolâtrie, mais cet ordre sera balayé et il ne restera que l’être humain. Il ne restera que sa tête vide qui sera conservée dans les musées comme une relique de l’ancienne culture ; les futurs humains qui viendront dans les musées regarderont les têtes des évêques, des patriarches et des épiscopes, et ils verront les poutres avec lesquelles ils ont vécu si longtemps en disant : « Des gens fameux, des gens pieux, une telle piété que seule la tête a été conservée ! » À l’avenir, tous les enseignants, prêtres, prédicateurs et magistrats ne devront pas avoir de poutres dans les yeux. Je rendrais un grand service à la Bulgarie si je décidais qui peut être enseignant, qui, prêtre, etc., alors, les affaires de la Bulgarie iraient mieux. Tandis que maintenant ? Quelqu’un termine ses études pour devenir prêtre ; sa nature est plus proche de celle d’un acteur, mais il est ordonné prêtre ; il vaut mieux appeler ce genre de personnes un serviteur de l’église, mais non un serviteur de Dieu. J’aimerais que tous les prêtres et enseignants apprennent le langage de la nature pour voir ce qu’elle écrit. J’examine tous les cailloux, toutes les rivières, toutes les fleurs et je peux ainsi définir ce qu’était la nature il y a deux mille, cinq mille ou dix mille ans : la nature change sa tenue tous les jours, ainsi vous devez apprendre comment elle est aujourd’hui, car le présent est pour les justes. Le Christ disait aux juifs : « Ôtez les poutres de vos yeux, car sinon vous ne deviendrez pas un peuple », mais les spiritualistes de l’époque qui étaient occultistes et cabalistes disaient : « Ah oui, mais au lieu d’ôter nos poutres, nous préférons te mettre sur cette poutre ! » Le Christ a été crucifié sur deux poutres, l’une mâle et l’autre femelle. Le Christ dit : « Si vous supprimez la propriété privée entre frères et sœurs, votre intelligence et votre esprit seront libres pour que vous deveniez des hommes et des femmes de bien ». Si toutes les femmes s’imprégnaient de cette idée, en cent ans elles feraient avancer l’humanité d’un bond de quatre à cinq mille ans. Mais il manque aux humains cette conscience ; il faut de l’intelligence, et sans elle, ils font pendre et égorger les autres. Aujourd’hui on coupe même les têtes des prêtres. Je veux être compris dans ce que je dis : je parle en principe et non dans l’intérêt personnel de celui-ci ou de celui-là ; j’examine la question au sens le plus large : le monde ne peut être redressé par les massacres. Je ne suis pas de ceux qu’on peut pendre et égorger, tenez-le-vous pour dit ! Je ne serai plus crucifié à présent, vous vous crucifierez les uns les autres jusqu’à ce que vous soyez initiés. Le Christ dit : « Hypocrite ! Ôte la poutre de ton œil ». Ne prenez pas ombrage de tout ce qui est dit : c’est la loi du Ciel. Lorsque nous passerons les frontières de la vie spirituelle, nous laisserons la poutre ici sur terre. On dit de quelqu’un : « Il est parti de l’autre côté ». Non, il n’est pas parti encore, il est ici sur terre et il faut lui donner un peu de blé ; le monde astral est une prison et il est parti là-bas avec sa poutre. Et les pailles dans nos yeux, ce sont tous ces petits défauts qui existent en nous. On dit de certains qu’ils adorent bavarder, qu’ils ne savent pas garder le silence, qu’ils ne savent pas s’habiller, qu’ils ne sont pas matinaux, qu’ils ne travaillent pas assez, etc. ; tout cela n’est que de petits défauts, de petites transgressions, ce sont des pailles dans les yeux des gens. Peut-on dire que nos contemporains travaillent ? Ce n’est pas du travail, c’est un tourment, du labeur ; le travail s’accomplit toujours avec de l’amour, le labeur répond au devoir et le tourment est engendré par la violence. La possession en est la cause, et la fautive, c’est la femme qui a introduit cette habitude dans la vie. Toutes les femmes apprennent à leurs enfants : « Tâchez de devenir riches, d’avoir des revenus importants, demandez à vos maris tout ce dont vous avez besoin ; ne leur dites pas tout, soyez discrètes », etc. C’est pourquoi la femme se met à demander ceci et cela à son mari, sans se préoccuper de sa situation, et il se demande comment faire pour la contenter. Qu’est-ce qui se passe alors ? Un Grec de Burgas s’est marié avec une Grecque très riche. Elle lui a apporté une dot de quatre mille lires. Après le mariage, elle a réclamé des quantité de choses, elle s’est mise à dépenser de façon chaotique. Moins de deux ans après, tout son argent a été dépensé. Son mari tenait des comptes précis sur ses dépenses et lorsque le total a atteint quatre mille lires, il lui a dit : « L’argent que tu as apporté est épuisé, va en redemander à ton père et s’il t’en donne encore, tu pourras acheter ce que tu veux ». Lorsqu’on dit que quelqu’un a quitté sa femme, je dis : « Il a dépensé tout ce qu’elle a apporté comme dot et comme il n’y a plus rien, il demande le divorce ». Pourquoi ne peuvent-ils pas vivre ensemble ? Parce que la femme a une grande poutre dans l’œil et veut le dominer, le détourner de tous les autres, elle lui cite des versets des Écritures qui l’arrangent, elle lui dit : « La première clause dans les Écritures est que l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme[2] ». Oui, mais quel père et quelle mère ? Le Christ dit : « Celui qui se marie, quittera sa mère, son père, ses frères et sœurs qui ont fauté au paradis et ainsi il s’attachera à sa femme ». Malheur à celui qui en se mariant ne renonce pas à son père et sa mère qui ont fauté au paradis. Par conséquent vous, en tant que chrétiens, vous devez supprimer la propriété privée, c’est un mal pour celui qui veut se développer ; pour tout occultiste, tout mystique qui veut notamment explorer les secrets de la nature, la propriété privée est un grand mal. Je ne parle pas du régime sociétal, mais celui qui veut comprendre la vie humaine doit renoncer à la propriété privée. Cela ne veut pas dire que nous devons rester oisifs, nous devons au contraire apprendre à travailler. Le femme ne doit pas se reposer sur son père ou son mari, mais compter sur ses propres forces. Le mari ne s’est pas marié pour fournir tout dans la maison, ce n’est pas un mariage ; le véritable mariage est une union entre deux jeunes qui travaillent sur le plan des idées. Si la femme comprenait le mariage ainsi, elle tâcherait de soulager son mari, mais que se passe-t-il aujourd’hui ? La femme n’a pas accompli son travail, elle n’a pas accompli son devoir et lorsque son mari rentre du travail, les disputes et les malentendus commencent. La loi de la propriété privée est pour ceux qui se marient aujourd’hui. Vous dites : « Ces jeunes s’aiment beaucoup ». Pourquoi ? Parce que le jeune homme est riche et il assurera sa femme, ou bien c’est elle qui est riche et son mari pourra ainsi s’en sortir ; si le jeune homme est pauvre, la jeune fille ne l’aime pas. À cause de cette logique tortueuse les malheurs apparaissent. La loi divine assimilera les anciens matériaux et les restructurera. Le charbon pourra devenir diamant lorsque ses particules seront réorganisées, densifiées, cristallisées pour adopter une nouvelle forme ; par conséquent, notre vie doit passer par le feu pour cristalliser et se réorganiser : elle adoptera alors une nouvelle forme. Nous aurons ainsi de plus belles maisons ; le jour viendra où si nous avons passé dix ans dans une maison, nous la démolirons pour en bâtir une nouvelle. L’ancienne maison où on a vécu dix ans est pleine de mauvaises pensées ; lorsque hommes et femmes se querellent, ils doivent brûler l’ancienne maison et en faire une nouvelle ; lorsque professeurs et étudiants se querellent dans une école, il faut brûler cette école et en faire une nouvelle ; de même pour les églises. Une nouvelle école, une nouvelle église, c’est l’enseignement du Christ. Ôter la poutre, c’est le nouvel enseignement. Ainsi écrit le Seigneur : « Si vous voulez améliorer votre vie, vous devez tout démolir et rebâtir sur de nouvelles règles, sans laisser la poutre dans votre œil ». Alors votre compréhension de la nature, votre vie sociale sera meilleure ainsi que la vie dans vos foyers. Lorsque vous rentrerez chez vous, vous direz : « À partir d’aujourd’hui, je commence à ôter la poutre de mon œil ». Mais cela ne se fait pas en une seule fois et il faut s’y prendre à plusieurs reprises. Lorsque vous aurez appris cette loi de la soustraction, vous en viendrez au processus de la multiplication et vous comprendrez alors la loi : « Croissez et multipliez ». Le premier processus, l’addition, est venu dans le monde avec Adam et le second processus, la soustraction, est venu dans le monde avec Ève, c’est pour cela que le Seigneur a créé la femme en soustrayant une côte d’Adam. Quelle femme ? La femme du jardin d’Éden qui s’est accouplée avec « l’autre ». Par conséquent, les hommes apprendront à soustraire leurs femmes ; les femmes apprendront à soustraire leurs fils et leurs filles : c’est pour cela qu’elles enfantent. L’accouchement est une loi de soustraction, par cette loi le Seigneur enseigne aux femmes la soustraction et leur demande : « Voulez-vous encore prétendre à la propriété privée ? » Vous vous direz en m’écoutant : « Voici quelqu’un qui enfreint la loi de la propriété privée, un enseignement qui existe depuis huit mille ans ! » Non, cette loi a été implantée par la suite, elle n’a aucune assise dans la nature : la terre est à nous et nous pouvons en disposer. Si nous aimons nos frères et sœurs, nous pouvons disposer de ce qu’ils ont ; si nous ne les aimons pas, la loi de la propriété privée apparaît, elle est apparue lorsque l’amour a cessé d’agir. Pendant les disputes, la femme dit : « Je vais divorcer de lui, je l’obligerai à me payer ». Ceux qui ne demandent rien de particulier à la vie peuvent vivre avec cette idée de propriété privée, mais ceux qui veulent percer les secrets de la nature, comprendre leur existence et le sens de la vie, seront entravés par ce grand mal qu’est la propriété privée. Il faut cesser de vous prémunir, mais il faut travailler, on peut se créer un travail qui nous satisfasse. Vous allez rétorquer : « Le Seigneur donne, mais ne fait pas entrer dans l’étable ». Ce proverbe a été créé après la chute d’Ève, la propriété privée, c’est l’étable. Ève a détourné ce proverbe, il doit se comprendre de la manière suivante : si vous voulez accéder à la propriété privée vous devez vous-mêmes rentrer les brebis dans l’étable ; le Seigneur donne toutes les richesses, mais Il ne croit pas à la propriété privée. Aujourd’hui on admire ce proverbe, je trouve que c’est de la logique humaine. Le Christ dit : « Ôte cette poutre, c’est-à-dire la propriété privée de ton œil, tu n’as besoin d’aucune étable ». Le Christ te sort de l’étable et t’emmène dans les pâturages, ceci montre qu’Il ne croit pas à la propriété privée. Tous les chrétiens qui y croient, ont des églises, des sectes, etc. Du point de vue religieux, on considère qu’on doit se partager en bouddhistes, brahmanes et autres, ce qui prouve qu’on croit à la propriété privée. Je crois seulement en un grand principe divin, mais je ne crois en aucune forme : le Seigneur a créé les principes et nous créons les formes. Je crée tout seul mon pot, mais je ne crois pas aux pots. Aujourd’hui les gens prient leurs pots ; lorsqu’ils se construisent une maison, ils deviennent courageux et croient en se disant : « Je crois désormais en Dieu et je peux me signer : que le Seigneur protège ma maison et que personne ne me la prenne ». Voilà pourquoi ils se signent ; ces gens ne croient pas en Dieu, mais en leur maison. Je ne me signe pas de cette façon, mais je dis au Seigneur : « Seigneur, Tu n’as pas à veiller sur ma propriété privée, je ne la reconnais pas, je ne crois pas en elle, pardonne-moi de m’être signé aussi souvent pour Te contraindre. Je veux aller avec Toi le long des torrents limpides, à travers les prairies vertes et les forêts fleuries pour méditer et être citoyen libre de toute la terre ». C’est le seul moyen de comprendre le Christ et d’être à ses côtés. En vous regardant aujourd’hui, vos yeux ne me plaisent pas : ôtez d’eux la poutre, et alors viendra le Christ, votre pasteur, pour vous sortir de votre propriété privée ; on vous donnera de très bonnes conditions de vie, on vous créera de nouveaux corps, des frères, des sœurs, des sociétés et des peuples pour vivre et travailler parmi eux. Vous avez suffisamment servi votre ancien maître. Quelqu’un a perdu sa maison, son enfant est mort, il désespère et se suicide, pourquoi ? Parce qu’il croit en la propriété privée. Le Seigneur a pris le fils ou la fille, car Il voit qu’ils ne pourront pas vivre dans cette maison. Lorsque ton fils ou ta fille tombent malades, ne sois pas angoissé pour eux, sache que la maladie est une grande bénédiction pour les humains dans les conditions actuelles. Vous ne serez pas valeureux grâce à ces poutres ; vous devez désormais vous montrer vaillants et donc renoncer à vos poutres. Lorsque vous rentrerez à la maison, faites un registre obituaire pour lister toutes les choses auxquelles vous allez renoncer à l’avenir. Vous allez faire la liste de toutes les choses ainsi : « Je renonce à contraindre mon mari à me donner quoi que ce soit, je le laisse libre, qu’il fasse ce qu’il peut selon son amour ; je renonce à forcer mon mari à emprunter de l’argent pour construire une maison, pour m’acheter des tenues chères pour Pâques et satisfaire mes caprices comme avant ; je renonce à ce qu’il m’emmène à l’étranger, en vacances, aux bains thermaux, aux bals, au théâtre, etc. ; je renonce à forcer mon mari à m’aimer, je le laisse libre des élans de son âme ». Vous direz : « Cet enseignement est très dangereux ! » Non, il a été dangereux jusqu’à maintenant. Combien de larmes ont été versées car le mari d’une femme, sa propriété privée, ne l’a pas aimée ! Savez-vous jusqu’à quel point un mari est votre propriété ? Dans une maison il y a beaucoup de locataires, ainsi ton mari est un locataire parmi d’autres sur lequel tu n’as aucun droit. Les turcs disent : « Ahmed bourda, akal dicharda », c’est-à-dire « Ahmed est ici, mais son esprit est ailleurs ». Votre mari, c’est son ombre, mais son âme, sa pensée sont ailleurs. Et en fin de compte, comment veux-tu être aimée de lui puisque tu n’es pas non plus dans ta maison : ta maison est remplie de locataires. Aujourd’hui, nous nous sommes enfoncés dans la propriété privée pour conquérir le monde, mais nous avons ainsi perdu le sublime. C’est pourquoi le Christ dit : « Celui qui trouve la propriété privée se perdra lui-même et sa vie, mais celui qui perd sa propriété privée, retrouvera sa vie »[3]. Celui qui a renoncé à l’enseignement de la propriété privée se rapproche de Dieu et de la future culture, et celui qui croit en la propriété privée s’éloigne de Dieu. Vous allez marcher, vous aussi, sur ce chemin avec courage pour résoudre vaillamment cette question. Lorsque le Seigneur verra que vous ouvrez le livre pour y marquer tout ce à quoi vous renoncez, Il dira : « J’aiderai avec mes serviteurs cette Bulgare qui entreprend d’ôter la poutre ». Voyons quelle sera la première Bulgare qui le fera. J’en connais beaucoup qui croient au nouvel enseignement et sont prêts à renoncer à la propriété privée, tout en étant assurés dans plusieurs banques ! Nous devons être fidèles à un principe, non seulement dans la forme, mais aussi dans le contenu et le sens. Mais que font les gens aujourd’hui ? Ils débattent si le Seigneur existe ou non, s’il y a une vie après la mort ou non, etc. Oui, il y a une vie future, et passée et présente ; la vie présente est divine et les vies passées et futures sont humaines. Vivre en tant qu’être humain avec tout son cœur, toute son intelligence et toute son âme, c’est vivre avec le divin en soi, c’est vivre le présent. Voilà ce qu’entendait le Christ en disant qu’il faut ôter la poutre de son œil, car ce sera le seul moyen de comprendre la vie et d’emprunter le droit chemin de l’évolution de l’humanité, le chemin de l’amour. Alors nous pourrons nous entendre. Sofia, 18 mai 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] нерде шам нерде багдад (nerde Cham, nerde Bagdad) – proverbe turc, passé dans la langue bulgare pour dire que deux choses sont incomparables, l’une étant beaucoup plus fameuse, glorieuse, enviable que la seconde. Cham étant l’antique appellation de Damas, le proverbe compare Damas à Bagdad pour signifier que Bagdad est autrement plus connue, belle et resplendissante que Damas et qu’il ne peut pas y avoir de comparaison entre les deux. [2] « Aussi l'homme laisse-t-il son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » (Genèse 2, 24) [3] « Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » Jn 12, 25
  15. La lampe du corps « L'œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé »[1] Matthieu 6 :22 Qu’entendait le Christ par les mots : « L’œil est la lampe du corps » ? D’après la vision d’aujourd’hui, l’œil ne peut pas être une lampe du corps. Le Christ met une idée profonde dans ces paroles. Ceux qui n’ont pas étudié la structure de l’œil comprennent mal sa nature. Je dis que pas même une millième de la structure de l’œil n’est encore explorée et si j’essayais de décrire l’œil, je rentrerais en conflit avec tous les savants du moment. La première fonction de l’œil est de concentrer et de disperser les rayons : il les concentre de l’extérieur vers l’intérieur et il les disperse de l’intérieur vers l’extérieur. Si ce processus change dans la vie, s’il se met à concentrer les rayons de l’intérieur vers l’extérieur et de les disperser de l’extérieur vers l’intérieur, alors une dysharmonie nait dans l’esprit humain. Vous avez deux yeux et vous me demanderez donc : « De quel œil parle le Christ, le droit ou le gauche ? » En réalité, le Christ ne dit pas : « Si tes yeux sont lumineux », mais il dit : « Si ton œil est pur ». On voit ici que le Christ mentionne un seul œil qui est à l’intérieur, au centre du cerveau. Cet œil n’est pas ce qu’on appelle la glande pinéale, je l’appelle l’œil de l’âme. Le Christ utilise le mot œil au sens unitaire, comme un principe commun qui englobe tout en lui. Lorsque nous parlons de Dieu, nous comprenons l’unité qui englobe tout en elle ; lorsque nous parlons de cette unité fractionnée, multipliée, nous comprenons toutes ses manifestations dans le monde. Les gens interprètent cette pluralité différemment : les érudits l’appellent des lois, des causes, des conséquences, une évolution, des pensées, des ressentis, etc. Le Christ dit que l’œil intérieur est en même temps le soleil de l’être humain, et lorsqu’il perd son soleil, il meurt. Autrement dit, si on est frappé de cécité spirituelle, on meurt, alors que si on recouvre la vue spirituellement, on revit. La justesse de cette pensée est visible dans les paroles du Christ : « Ceux qui entendront la voix du Fils de l’Homme, ressusciteront »[2]. Il peut vous sembler curieux qu’il ne soit pas dit : « Celui qui entendra la voix de Dieu, ressuscitera », mais qu’il soit dit : « Celui qui entendra la voix du Fils de l’Homme » : le Fils de l’Homme est la voix de la Sagesse. Cette résurrection n’est pas celle qu’entend l’Église, c’est une Résurrection par laquelle on acquiert des connaissances pour comprendre les lois qui gouvernent le monde et développent la vie. La pensée de la société contemporaine est unitaire et collective. La vie a commencé par la formation de l’œil : lorsque le Seigneur a créé l’homme, Il a d’abord fait l’œil et ensuite l’homme lui-même. Quelqu’un peut le contester, mais je vous le prouverai : avant que la mère enfante, on prend des mesures pour ranger la maison, chauffer les pièces si c’est en hiver, etc., donc ceux qui disent que l’on peut vivre sans œil, soutiennent qu’il n’y a pas d’intelligence dans la nature. Entre l’œil spirituel et le cœur il existe un lien étroit : le cœur humain correspond à cet œil, ce n’est pas une simple théorie, mais des affirmations qui peuvent se vérifier tous les jours en pratique. Celui qui n’est pas dans le droit chemin a une vie remplie de souffrances et de malheurs. Si quelqu’un veut savoir pourquoi nous souffrons, je dirais que les souffrances sont le résultat de nos contradictions vis-à-vis de l’œil spirituel. Le Christ dit : « Si ton œil est pur, tout ton corps sera éclairé », en effet, si notre œil est pur, nous verrons tous les objets. Souvent nos yeux s’abîment à cause de la nourriture que nous acceptons : si la nourriture n’est pas saine, elle corrompt le sang et le sang corrompu abîme les yeux et il faut avoir recours à des opérations. Pourquoi ? Parce que notre vie ne s’est pas conformée aux commandements divins. De même que des dépôts se forment dans l’œil physique, de même des dépôts se forment dans l’œil spirituel et engendrent des souffrances pour l’individu comme pour la famille, la société, le peuple et toute l’humanité. Mais quelqu’un dira : « Le Seigneur nous sauvera », tout le monde parle de salut. Le Seigneur n’a pas à nous sauver, puisqu’Il nous a déjà créés sauvés, il est risible de prétendre que le Seigneur nous sauvera. Lorsque nous disons que nous voulons nous sauver, cela montre que nous échappons au salut divin qui nous entoure. Qu’est-ce que le salut ? C’est une vie lumineuse d’ordre et de maîtrise. Mais si nous en sortons, nous ne serons plus sauvés par le Seigneur, mais par les humains, alors nous ne naîtrons pas de Dieu, et lorsque nous commettrons beaucoup de péchés, nous serons obligés de nous réincarner en chair et en os : vous allez tourner alors autour d’une femme ou d’un homme pour les implorer de vous sauver, c’est-à-dire de vous créer un nouveau corps, mais ce sera seulement un préalable au salut. Lorsque vous vivrez quelques années ici sur terre, vous irez de nouveau dans l’espace où vous passerez un certain temps avant de revenir ici, sur terre. Le Fils de l’Homme te parlera et te dira : « Je t’ai créé un nouvel œil, sois attentif cette fois-ci à ne pas le corrompre ». Je veux que vous fassiez une analogie avec la vie d’aujourd’hui pour voir ce qui resterait de vous si on jetait toutes vos enveloppes. Certains disent : « Nous mourrons ». Vous mourrez et puis vous revivrez. La noix qui est sur l’arbre a beaucoup d’enveloppes, mais lorsqu’elle mûrit et tombe, elle rejette sa première tenue, et lorsqu’elle est plantée, elle rejette aussi ses autres tenues pour germer et revivre. Se débarrasser de ses tenues ne signifie pas mourir, mais prouve que l’on se trouve plus près de la vie. Ainsi, je définis la vie de deux façons : la vie physique fluctue et évolue sans cesse alors que la vie spirituelle évolue sans fluctuer. Celui qui fluctue et évolue se trouve dans le champ du transitoire, de la chair, alors que celui qui évolue sans fluctuer est dans le champ de l’esprit. Vous direz : « Comment est-ce possible d’évoluer sans fluctuer ? » Imaginez que je suis un personnage important qui doit rencontrer plusieurs personnes dans la journée : je serai contraint de m’habiller et de me déshabiller à plusieurs reprises avec des tenues différentes selon les personnes que je dois rencontrer : le matin, je mets un costume noir, un chapeau et des gants noirs ; après ce rendez-vous j’en ai un autre l’après-midi avec quelqu’un de moins important, alors je mets des vêtements blancs, un chapeau blanc et je ressors ; celui qui me croise ce jour-là, demandera : « Qui est ce monsieur qui arbore des tenues différentes plusieurs fois par jour ? » C’est le monsieur avec une multitude de tenues qui évolue sans fluctuer. C’est une propriété de l’esprit humain d’évoluer mais de ne pas fluctuer. Mais si nous entrons dans cet état où nous changeons dans notre for intérieur, alors nous perdons notre individualité, nous perdons ce que nous avons gagné, j’appelle cela la loi de la chute. Les rayons qui se projettent en tant qu’énergie sur la terre y restent de longues années jusqu’au jour où ils retournent chez le père qui les a engendrés. Pourquoi ces rayons sortent-ils de Dieu ? Parce qu’ils ont aussi péché. S’ils n’avaient pas péché, vous ne ressentiriez pas cette brûlure, mais une douce lumière et une chaleur agréable. Ainsi ces rayons, une fois tombés sur la terre, aussi lumineux qu’ils soient, ont aussi péché. Ces rayons sont vivants même si vous vous étonnez que la lumière puisse vivre ; je vous laisse résoudre cette question. L’être humain est en soi un rayon divin. La biologie moderne décrit les stades que les humains ont franchis pour devenir ce qu’ils sont : ils ont passé par beaucoup de transformations, leurs cellules ont subi beaucoup de divisions pour continuer d’évoluer, et obtenir leur forme ultime ; tout cela se fait sous l’impulsion de cette lumière vivante. Si vous analysiez en détail le développement des humains, vous verriez le coût de cette mécanique, la cherté des matériaux qui constituent leurs corps et alors vous ne commettriez plus jamais l’erreur d’avoir une seule mauvaise pensée, un seul mauvais désir ; il n’y a pas d’illusion plus grande que celle de croire que l’homme n’entrave pas son salut s’il commet des péchés. En quoi consiste le péché ? En ce que nous réfléchissons aux moyens de tirer profit des choses acquises pour notre bonheur, mais ce faisant nous nous contraignons et choisissons la jalousie pour compagne. Tous les chrétiens des différentes tendances veulent de la liberté, de l’argent, vivre aux dépens des autres. Eh bien, la Révolution française du début du dix-neuvième siècle a donné la liberté aux peuples, mais de quelle liberté disposent-ils aujourd’hui, peut-on appeler cela la liberté ? Nous parlons de liberté parce que la femme a pu profiter d’une meilleure éducation intellectuelle, qu’elle occupe une meilleure place dans la société, etc., mais quelle est l’évolution pour l’humanité en deux mille ans ? Elle est égale à un cinquante millionième de millimètre, voici le résultat de l’activité soutenue de toute l’humanité. En le sachant, calculez votre contribution dans ce développement global : élevez ce chiffre à la puissance dix et vous trouverez ainsi le coefficient de votre conscience, de votre degré de civilisation et de votre développement. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons analyser les choses divines. Ce soleil, c’est-à-dire l’estomac divin du logos solaire comme le nomment les théosophes, nous illumine et nous donne la chaleur. Chacun a son soleil qui, selon la même loi, se trouve en l’être humain au moment de son lever ou de son coucher. Il arrive parfois, en plein hiver à l’extérieur, que votre soleil intérieur soit au printemps ; parfois il fait chaud sur le plan physique, mais votre soleil ne correspond pas et vous ressentez le froid. Ceci peut s’expliquer diversement : parfois vous n’êtes pas bien disposés, je dis alors que votre soleil n’est pas à sa place ; parfois il y a des tâches sur votre soleil comme sur le soleil physique ; comment les expliquer ? Les scientifiques modernes expliquent qu’une couche noire s’est formée jadis à la surface du soleil, qu’il a perdu toute sa chaleur, ce qui a causé la période de glaciation sur la terre. Je ne l’affirme pas, ce sont des théories scientifiques ; selon eux un changement est survenu sur le soleil, son enveloppe extérieure s’est fissurée. Il a commencé son activité contemporaine, des déluges sont survenus et le monde d’aujourd’hui s’est formé, c’est-à-dire le déluge a été la conséquence de la fonte des glaciers. Vous vérifierez cela dans le futur. Le Christ dit que l’œil est la lampe de ton corps, et si ton œil est pur tout ton corps sera lumineux. Lorsque le Christ dit que ton corps sera lumineux selon la pureté de ton œil, il comprend qu’il y a en toi cette vie divine qui te donnera toutes les possibilités de te développer et de ne pas te montrer vaniteux. Les gens d’aujourd’hui sont comme de petits insectes : ils se croient érudits et puissants ; quelqu’un a le portefeuille bien garni, il résout d’importantes questions, mais s’il perd son argent, il perd toute sa force ; quelqu’un d’autre critique avec son petit cerveau tout ce que Dieu a créé et dit que ceci ou cela n’est pas bien fait et prétend que ses propres agissements le sont. Savez-vous la taille en longueur et en largeur du territoire de chaque Bulgare, c’est-à-dire de sa tête ? Tout au plus vingt et un centimètres en longueur et seize centimètres en largeur ; voici avec quelle grandeur d’esprit le Bulgare veut réorganiser tout le régime sociétal et pénétrer tous les secrets ! Cela concerne tous les humains, pas seulement les Bulgares. De quoi meurent-ils ? Du peu d’intelligence, du peu de nourriture, du peu d’air, du peu de sang. Par le mot sang je désigne la vie divine ; avoir du sang, c’est avoir cette vie divine pure et immaculée qui ne doit être ni amère ni sucrée. Dans la vie, les rapports sont ainsi : si un individu est amer dans une vie, il sera sucré dans l’autre ; s’il est sucré dans cette vie, il sera amer dans l’autre. J’assimile la chaleur à l’affection sur un plan spirituel, la lumière, à la vérité et l’air, à la pensée humaine : comme l’air pénètre les poumons, oxygène le sang et le purifie, par la même loi les pensées pénètrent le cerveau et purifient les désirs humains ; les désirs sont le sang. Si nous appréhendons ainsi cette science, nous pourrons l’appliquer correctement dans la structure de la société et éliminer ainsi dès le départ tous les maux de la vie. Les gens disent que toute chose a ses causes et ses conséquences ; je demande : « Quels sont les mobiles de certains actes » ? On dit : « Un tel a tué quelqu’un car il le haïssait », bien, mais pourquoi le haïssait-il autant ? On dit aussi qu’un tel aimait beaucoup un autre, pourquoi l’aimait-il ? Si la raison d’aimer et de haïr quelqu’un est la même, elle provient de Dieu ; dans le cas contraire elle ne provient pas de Dieu ; ces causes sont alors la conséquence d’une autre vie. Beaucoup parlent des lois dans la nature et la société et disent que c’est un monde de lois ; il y a des corrélations entre les lois qui montrent que les créatures gouvernées par des lois ne vivent pas en paix, pas seulement les humains, mais certains êtres supérieurs qui habitent le système solaire non plus. Voilà pourquoi Dieu a posé des limites, des distances entre eux, pour éviter les conflits. Entre le système de l’Alpha du Centaure et notre système, la distance est de vingt-cinq milliards de miles ; cet espace est si grand qu’on peut y mettre encore trois mille systèmes solaires comme le nôtre : ainsi les conflits sont évités ! Lorsque le Seigneur veut assagir les êtres, Il les met à une telle distance les uns des autres. Si quelqu’un me demande : « Quelle distance doit séparer l’homme de la femme ? », je dirai : vingt-cinq milliards de miles. Le nombre 25 est formé de 2 et 5, dont la somme donne 7 ; le chiffre 7 est parfait, il désigne la loi de l’harmonie. Mais nos contemporains et leur philosophie ont dans une certaine mesure aboli toutes les barrières que Dieu a posées entre les êtres. Pourquoi ? La femme veut s’emparer de l’homme, le dominer. Comment s’en emparer alors qu’il se trouve à vingt-cinq milliards de milles ? Aujourd’hui les gens cherchent à exercer une influence les uns sur les autres ; oui, on peut influencer, mais non dominer ; celui qui s’y essaie ne peut dominer que lui-même. Le désir de domination est visible dans certaines sociétés religieuses : un nouveau courant veut s’emparer d’un autre, le refondre en lui ; un peuple veut conquérir un autre peuple ; les gens pâtissent toujours de cette avidité d’avoir beaucoup. Celui qui est avide ne comprend pas les lois divines, nous ne devons pas désirer beaucoup car nous avons déjà plus qu’il ne nous faut. Nos contemporains, même avec un cerveau si petit, seize centimètres en largeur et vingt-et-un centimètres en longueur, ne l’ont pas encore suffisamment développé : leur terre n’est pas encore cultivée. Chez les Bulgares par exemple, un petit espace de six ou sept centimètres en avant du cerveau est développé et ils croient déjà être porteurs d’une grande culture ! Je vous demande : que peut-on bâtir sur un espace aussi exigu de six centimètres de hauteur et de douze centimètres de largeur ? Par conséquent nous vivons tous sous la loi des illusions en pensant que nous savons tout. Vous dites : « Nous n’avons besoin d’aucune philosophie ». Non, il y a une philosophie, celle de ton œil, de ton âme, et vous devez tous la connaître. En quoi consiste la compréhension de cette loi ? Lorsque quelqu’un projette une pensée de manière divine, elle est déjà créatrice. Assimile une pensée divine sans aucun but, en étant désintéressé, écoute ses conseils, et tu acquerras tout ce que tu souhaites. Lorsque je dis que tu obtiendras tout ce que tu souhaites, je parle de ce qui évolue mais qui ne fluctue pas ; tu vivras alors avec un lien inaltérable à l’amour. Lorsque je parle d’amour, je n’entends pas votre amour d’êtres humains ; votre amour est comme celui qui existe entre les poules et les coqs : on leur jette un peu de blé ou de maïs et ils se rassemblent pour manger, mais dès qu’il reste un ou deux grains, aussitôt le coq chasse les poules et les mange tout seul : leur amour s’arrête au dernier petit grain. Toutes les sociétés, religieuses ou mondaines, vivent en communauté, dans la paix et l’amour, mais dès qu’arrive le dernier petit grain, on dit : « Poussez-vous ! » Le coq fait cocorico et dit : « Restez de côté, vous autres les poules, vous devez savoir chanter comme moi ». Qu’est-ce que le chant ? Chanter c’est pouvoir penser. Tant que nous croyons les fausses promesses des gens ce sera toujours pareil : nous serons toujours chassés de l’endroit où l’on a été appelés. C’est ainsi que les jeunes gens se trompent : un jeune homme se met à promettre à une jeune fille qu’il lui achètera ceci ou cela, qu’il vivra bien avec elle, etc. Il ment, mais elle le croit ; une autre fois, c’est elle qui ment au jeune homme. Dans la société actuelle nous ne parlons pas un langage sincère. Lorsque nous rentrons chez nous, nous disons : « On ne doit pas être trop sincère, on ne doit pas croire les autres ». Avant tout, tu dois être un être humain et vivre comme Dieu te l’a enseigné autrefois, n’attendre aucun bienfait d’autrui, te reposer sur Dieu, sur ton âme, et ensuite sur tes proches. Lorsque le Christ dit que si ton œil est pur, alors tout ton corps sera lumineux, Il signifie que si ton œil est pur, tu verras d’abord Dieu, ensuite ton âme, et ensuite tes proches. Si ton œil n’est pas pur, alors tu enclencheras le processus inverse : tu verras d’abord tes proches, ensuite toi-même et enfin Dieu, et tu retourneras ainsi le monde la tête en bas. Je vous demande à vous tous, rassemblés ici, qui vous a donné la vie ? Votre mère et votre père. Qui sont vos parents, avez-vous inscrit leurs noms en lettres d’or ? Est-ce que je trouverai quelque chose d’eux si je viens chez vous ou seulement leurs vêtements et un portrait ? De ce point de vue, nous ressemblons aux anciens juifs : ils suppliciaient et tuaient leurs prophètes, leur coupaient la tête et après leur mort, ils les vénéraient et leur érigeaient des monuments : ils ont agi de la sorte avec le Christ, alors qu’aujourd’hui nous lui construisons des statues et lui chantons des louanges. On chante toujours des chants pour le Christ dans les églises mais on n’entend guère parler de lui en dehors. Nous aussi, nous chantons pour Dieu, mais lorsqu’il est question de penser à nos proches, aussitôt nous préférons nous concentrer sur nous-mêmes. Le maître maltraite son domestique et le pille, et on crée ainsi des oppositions entre bourgeois et prolétaires ; les uns et les autres ne s’entendent pas. Le Seigneur n’a créé ni des bourgeois ni des prolétaires, mais des êtres humains. Lorsque je vous parle, je ne veux pas vous faire la morale car faire la morale n’est pas une bonne chose, c’est comme un dressage. Je vous parle d’une loi divine pour savoir comment mettre au monde vos enfants : lorsque vous les appelez ici, sur terre, vous devez leur parler en toute sincérité. Savez-vous comment on mettait les enfants au monde avant le péché originel ? L’homme et la femme menaient une vie pure et vierge : l’homme connaissait une seule femme et la femme un seul homme, on ne se mariait pas plusieurs fois comme aujourd’hui. Certains me demanderont : « S’il en est ainsi, combien d’enfants doit-on avoir ? – Un seul – Pourquoi ? – Parce que le Seigneur a un Fils Unique ». Le Seigneur dit aux humains : « Si vous voulez bien vivre, votre fils doit être prêt à quitter le monde et à aider ses frères et sœurs tout comme le Christ s’est sacrifié pour l’humanité ». En tant que fils et filles de vos mères, vous n’êtes pas prêts à servir l’humanité. Vous direz : « Toi aussi, qui prêche ici, tu n’es pas prêt ». Vous avez raison, c’est maintenant que je m’y prépare. Tant qu’un travail n’est pas complètement achevé, il n’est pas prêt ; ce travail sur lequel je me donne de la peine maintenant nécessite encore dix millions d’années au moins pour être terminé. Il me faut autant d’années, comme à vous aussi, et le travail sera achevé. Vous direz : « Comme ce temps est long ! » C’est une période courte, c’est juste le temps d’une agréable promenade pour l’esprit humain, car le temps et l’espace se rapportent à la vie limitée. Un saint qui vivait dans un monastère réfléchissait beaucoup sur l’autre monde en se disant : « Que feront les gens, une fois montés au ciel : ils passeront du bon temps une année ou deux, mais après ? » Un jour, un bel oiseau a survolé le monastère et le saint a voulu l’attraper et il s’est mis à courir derrière lui un long moment. Tout d’un coup, il s’est rendu compte qu’il s’était mis en retard. Revenu au monastère, il y a trouvé de grandes transformations, de grands changements chez les gens et personne ne l’a reconnu. Ce saint avait perdu quatre cents ou cinq cents ans pour chasser un petit oiseau ! Combien d’années faudra-t-il alors dépenser pour une pensée grandiose ? Ainsi, la vie consciente, remplie de sens, ne lasse jamais. Lorsque vous attendez votre bienaimé le temps s’écoule très lentement, mais lorsque vous attendez l’exécution d’une sentence de pendaison, le temps passe très vite : nous ressentons les choses selon notre état intérieur. Le Christ dit que si votre œil est pur, vous ne ferez pas attention au temps qui passe, vous vous réjouirez. Aujourd’hui, quand éprouvez-vous de la joie ? Lorsque vous mettez un porcelet sur les braises, un poulet, une dinde, lorsque vous faites couler du vin, que vous vous mettez à table, que les couverts s’entrechoquent, que les verres tintent, qu’on boit à la santé, à la paix et à la chance. Oui, mais ces poules et ces agneaux sont mécontents de votre joie et ne la partagent pas : votre joie est leur chagrin. Un jour le rapport s’inversera : l’herbe se nourrira de votre graisse que les brebis vont paître tranquillement ; ce sera leur rétribution pour leur chair que vous avez consommée pendant tant d’années ; voici la grande loi karmique. Le Christ dit : « Lorsque nous comprendrons ainsi la vie, les malheurs disparaîtront et la vie sera lumineuse ». Vous ne savez pas pourquoi les brebis paissent l’herbe ? C’est une méthode transitoire, à l’avenir la nourriture pourra être assimilée par tout le corps, tous les pores, sans mastication. Vous demanderez : « Que devons-nous faire ? » Maintenir l’œil que Dieu a déposé dans votre âme toujours ouvert, lumineux et pur, pour vous réchauffer à sa chaleur et à sa lumière. Savez-vous pourquoi l’amour ordinaire existe ? Lorsque quelqu’un se marie, les Bulgares disent que « le samedi aveugle » l’a attrapé. Pourquoi parle-t-on ainsi de l’amour, du mariage ? Ceci montre que cet amour ne provient pas de l’œil spirituel, mais qu’il est aveugle ; c’est pour cette raison que j’appelle l’amour ordinaire, amour de gens aveugles. Souvent les jeunes gens se tiennent main dans la main ; qu’est-ce que cela signifie ? Que l’un d’eux est sans œil et doit être guidé par l’autre ; si les deux ont cet œil, il n’est pas permis qu’ils se prennent par la main. Quelqu’un me demande : « Faut-il que je prenne ma femme par la main ? » Si elle est non voyante, tu la prendras par la main, mais sinon tu lui diras : « La distance de toi à moi doit être d’un mètre », c’est la distance d’un salut dans la vie. Par conséquent, si notre œil était lumineux, nous ne permettrions à personne de s’approcher de nous ; si nous nous nous rapprochons, nous serons dans le noir. C’est ainsi que nous devons former un peuple : le peuple est à mon sens un environnement propice à l’âme. Ainsi, nous devons mettre à profit nos conditions de vie et nous ne devons jamais critiquer un peuple entier ou une société entière ; la société, le peuple, l’humanité sont des conditions, créées par Dieu et nous devons les utiliser ; nous pouvons critiquer des individus isolés, mais non toute une société. Nous devons utiliser toutes les conditions que cet œil nous donne, lui qui est lié étroitement à l’intelligence, au cœur et à la volonté. Le Christ dit : « Tout ton corps sera lumineux », ce qui signifie : « Si tu utilises raisonnablement toutes les possibilités qui sont déposées en toi, toi, fils de l’homme, tu seras en complète harmonie avec le Fils de Dieu. Il ne peut y avoir de culture ni de noblesse dans le monde tant que nos contemporains ne développent pas en eux cet œil intérieur. Je peux vous le prouver de manière très naturelle : toutes les plantes doivent leur vie au soleil pour croître et se développer ; de la même manière, nos pensées et nos désirs ont besoin que cet œil leur renvoie chaleur et lumière, les arrose et les cultive. Cet œil est à l’intérieur de notre cerveau, si nous le trouvons, nous trouverons le soleil aussi. Ne pensez pas que le cœur est un organe qui accomplit une fonction bien délimitée : le cœur est une communauté de cellules très raisonnables qui accomplissent le travail le plus noble, le travail de l’âme. Je vous recommande de développer cet œil lumineux pour ne pas commettre d’erreurs dans la vie. J’assimile le péché à l’embryon qui se loge dans l’œuf, à l’intérieur de la coquille : il y a dans cet œuf toutes les conditions pour que la vie future se développe. Pour cela, il faut mettre l’œuf sous la poule couveuse pendant vingt et un jours, sa mère se met à clousser et à dire : « Lorsque viendra le moment de sortir, tu perceras la coquille ». Le poussin perce de l’intérieur la paroi avec son bec et ceci marque l’instant de la délivrance. Ce processus se passe de l’intérieur vers l’extérieur. Nous attendons que les autres nous délivrent : ne laissez pas à d’autres le soin de percer votre coquille. Par cet œil, le Christ comprend l’œil qui se meut, c’est-à-dire l’âme de chacun qui contient en elle toutes les conditions d’un développement juste. Si ton œil est pur, tu pourras résoudre correctement toutes les questions, grâce à la lumière qui est en toi. Notre vie est en liaison avec le passé et le futur. Ce que je vous dis aujourd’hui n’est pas de nature à vous sauver si vous ne travaillez pas par vous-mêmes ; mon prêche n’est que le petit gloussement d’une poule couveuse. Je dis alors : ceux qui sont déjà couvés et proches de la délivrance doivent utiliser leur bec pour percer les parois de l’œuf et faire les derniers efforts pour sortir la tête hors de la coquille. Lorsque les poussins sortent, la poule couveuse cloque « Cloc, cloc », et va leur apprendre à picorer les graines : c’est la loi naturelle. Le Christ dit : « Si votre œil est immaculé, il éclairera tout votre corps et vous comprendrez le sens de la vie et vous serez en lien avec le passé, le présent et le futur, mais vous aurez aussi un lien inaltérable avec l’amour ». Mais pas cet amour qui règne aujourd’hui dans le monde : que le Seigneur vous protège d’un tel amour ! L’amour ordinaire est comme une petite rivière trouble qui arrose les choux, les poivrons et les autres légumes, mais après quelque temps cette rivière trouble finit par être filtrée et purifiée. Dans notre œuf en revanche, il ne faut avoir aucune impureté, aucune concession, pour avoir un avenir lumineux. Pendant au moins un an, retenez l’idée suivante : « Je veux que mon œil soit pur et lumineux ainsi que mon corps ». Vous y gagnerez plus que si vous écoutez tous les prédicateurs du monde. Le rayon du soleil qui descend d’en haut produit un résultat bien meilleur que tous les poêles dans le monde, c’est la loi divine. Concentrez votre intelligence, votre volonté et votre cœur sur cet œil et demandez-vous à quel stade de la couvaison vous êtes ; si dix jours seulement ont passé, vous direz : « Maman, il n’est pas encore temps » ; lorsque viendra le vingt et unième jour, vous direz : « Maman, c’est l’heure ». Ainsi, moi-aussi je vous dis cloc, cloc, mais je suis de ce point de vue un profane, et je ne sais pas dire à quel stade de la couvaison vous vous trouvez : vous le reconnaîtrez selon votre élan, vos désirs et vos pensées. Si tous les prédicateurs, prêtres, enseignants, magistrats dans toute la Bulgarie, et même en Europe se mettent à méditer sur cet œil, vous verrez quel bon résultat cela donnera. Si les Bulgares font les premiers cette expérience, ils verront une amélioration sur le plan mental et affectif en un an. Pensez à l’œil que mentionne le Christ car il est en vous tous, et la pensée divine, l’affection et la bonté naîtront en vous. Lorsque vous trouverez cet œil, vous serez tous immortels car il vivifie ; c’est cela le sens des paroles du Christ. Celui qui veut être immortel doit trouver son œil : voici l’idée que le Christ a déposée dans ce verset. Sofia, 11 mai 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « La lampe du corps, c'est l'œil. Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière. » (Matthieu 6, 22) [2] « En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient – et maintenant elle est là – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qui l'auront entendue vivront. » (Jean 5, 25)
  16. Par l’Amour se gagne « Le Royaume de Dieu se gagne par l’amour, se maintient par l’affection et se soutient par l’esprit ». Matthieu 11 :29-30 [1] C’est le crédo affiché sur la porte du Royaume de Dieu. Jusqu’à maintenant tout le monde a tenté de prendre le Royaume de Dieu par la force sans y parvenir. Tous doivent désormais se libérer de ce point de vue, c’est-à-dire de l’ancienne coque de la loi, de ses chaînes, de cette vision. Le Royaume de Dieu se prend par l’amour et non par la force. « Dieu a aimé le monde pour que ne meure pas celui qui croit en Lui »[2] ; lorsqu’on admet que Dieu a aimé le monde, alors le verset lu devient plus clair. Ainsi, la première tonalité dans la vie est l’amour par lequel démarre la vie. Si vous avez cette tonalité en vous, vous aurez la joie, mais si vous la perdez, c’est le chagrin qui apparaît comme signe de cette perte, à l’image des chanteurs qui perdent l’harmonie des voix si la tonalité de la chanson est perdue. L’amour est la tonalité et la force principale. Celui qui aime est tout-puissant, il ne connaît pas la peur. L’amour dont je vous parle est le même que celui qui agit en vous, mais vous changez souvent sa tonalité. Par le mot royaume on désigne l’espace, l’incarnation, la manifestation de l’âme humaine. Dans ce Royaume tous les membres, c’est-à-dire les pierres dont il est bâti sont vivantes. Le Royaume de Dieu n’est pas une chose inerte, constituée de règles et de commandements, mais il est fait de créatures vivantes qui communient par un lien inaltérable. Chaque foyer est un royaume en miniature : le père, la mère et les enfants forment un petit royaume ; lorsqu’il y a de l’harmonie entre tous les membres de la famille, ce royaume se manifeste et ses membres bénéficient de ses bienfaits. Maintenant, le Royaume de Dieu doit non seulement se gagner par l’amour, mais aussi se maintenir par l’affection. Par le mot maintien on comprend un soutien intérieur, porté par l’esprit : voilà pourquoi le Royaume de Dieu se soutient par l’esprit. Ne considérez pas que les mots amour, affection et esprit se rapportent uniquement au Royaume de Dieu, ils se rapportent aussi à notre vie quotidienne ; ainsi, aucune jeune fille, aucun jeune homme ne peuvent prendre de compagnon sans amour ; on ne peut même pas acheter un objet quelconque sans amour, car faut-il encore le désirer d’abord et l’aimer ; même si vous vous rendez dans une auberge ou dans une boucherie, vous prendrez toujours ce que vous aimez. L’affection est une force intérieure qui maintient tout en ordre, alors que l’esprit est une enceinte pour tout ce que nous avons. Lorsque nous mettons l’amour en rapport avec notre esprit, l’affection en rapport avec notre âme, et l’esprit en rapport avec notre corps, nous aurons la clé pour déchiffrer la vie qui est souveraine sur la terre. L’esprit est la seule chose qui se manifeste chez tous les humains : c’est un tout, indivisible en soi et insécable, présent dans toutes les créatures, et c’est pourquoi nous devons l’aimer d’un seul et même amour. L’esprit ne peut se diviser, il soutient tout le Royaume. Vous pouvez pleurer, verser beaucoup de larmes, si vous n’avez pas d’amour, le Royaume de Dieu est loin de vous. Vous pouvez jeûner toute une vie, vous repentir sans relâche, si vous n’avez pas d’amour, le Royaume de Dieu est loin de vous. Comme je l’entends, se repentir c’est ouvrir son cœur et y accueillir l’amour ; je ne connais pas une autre façon de se repentir. Selon cette grande loi vous devez aimer de la même façon le bien et le mal ; c’est là que se trouve la force de l’homme. L’amour ne conçoit pas le mal. Vous direz que c’est un travail difficile, d’autres diront que les enfants entrent dans le Royaume de Dieu. Ils y entrent, mais ils ne peuvent pas s’en emparer. Ces vieilles façons de voir le « on peut » et « on ne peut pas » sont un leurre. Si je vous attache les pieds avec une corde, vous ne pourrez pas marcher, ce qui ne prouve pas que vous ne le pouvez pas réellement, simplement il existe une entrave extérieure qui vous gêne, mais dont vous pouvez vous débarrasser. Celui que vous appelez avec amour viendra car l’esprit répond à chaque fois qu’il est appelé. Le mal dans le monde apparaît lorsque nous cessons d’aimer l’esprit, autrement dit, le mal est l’absence d’amour envers l’esprit. Quelqu’un dit qu’il déteste un tel : cela signifie qu’il se déteste lui-même, ce qui le rendra constamment malheureux. Maintenant, dans l’ordre actuel des choses vous pouvez imaginer beaucoup d’entraves : la culture contemporaine est une corde attachée à vos pieds ; la science politique actuelle est une deuxième corde enroulée autour de votre maison ; la religion actuelle est une autre corde enroulée autour de vos enfants. La nouvelle religion qui vient est une religion sans cordes, sans symboles, sans prêtres et sans prédicateurs, sans juges et enseignants, sans marchands et sans agriculteurs, sans hommes et femmes. La culture future sera le royaume des pères et mères, des frères et sœurs. Cela doit vous étonner de devoir faire sans professeurs ; il y aura alors un seul professeur, un seul juge, un seul homme, une seule femme et pas autant qu’aujourd’hui, car à présent, le monde souffre du nombre. Si vous me demandez comment vous devez comprendre cela, je vous dirai de le comprendre à votre guise, je ne vous l’expliquerai pas. L’esprit qui descend sur terre, vient élever l’âme humaine qui est vivante, et il est le plus précieux, le plus substantiel : l’esprit se déverse dans l’âme et apporte l’amour. Lorsque cet amour emplit l’âme, celle-ci aime l’esprit ; ensuite l’esprit et l’âme se déversent dans le corps qui est leur enfant. Alors, l’esprit soutiendra le Royaume de Dieu qui est le corps de tout. Vous tous, vous constituez le Royaume de Dieu sur terre et le Christ dit précisément : « Le Royaume de Dieu est en vous »[3]. C’est un fait que chacun peut vérifier : que n’importe qui parmi vous aille dans le désert, qu’il s’isole de tous les êtres, qu’il reste tout seul et qu’il nous dise à quel point il est heureux. Tous les êtres vivants, du plus grand au plus petit, éprouvent le besoin de communier. Tous vivent, soupirent et disent : « Emparez-vous de nous par l’amour, maintenez-nous par l’affection et soutenez-nous par l’esprit », tous ! fussent-ils enfants ou adultes. Jadis, lorsque le Seigneur a créé le monde, les rayons solaires ont décidé de descendre sur terre, ils ont revêtu leurs tenues les plus lumineuses et sont allés la visiter ; ces rayons étaient sept sœurs. Mais lorsqu’elles sont arrivées en bas, quel ne fut pas leur étonnement de voir leurs habits lumineux se parer de sept autres couleurs : rouge, orange, vert, jaune, bleu clair, bleu foncé et violet. Chaque sœur voyait le changement en elle, et elles se demandaient : « Qu’est-ce qui nous est arrivé pour que nos habits s’assombrissent autant ? » Les différences entre vous sont aussi dues à ces sept sœurs qui sont descendues sur terre : certains sont rouges, d’autres orange, d’autres jaunes, d’autres verts, etc. Lorsqu’elles se sont retrouvées dans cette situation, les sœurs ont écrit à leur père : « Papa, lorsque nous sommes descendues sur terre, les habits que tu nous as donnés ont tellement changé que nous nous reconnaissons à peine : il n’y a plus cette lumière primordiale entre nous ». Alors le père a répondu à sa première fille : « Ma fille, ta couleur rouge est le signe que tu apportes la vie sur la terre et aux humains : ils sont tellement enchaînés dans ces lois qu’ils sont aujourd’hui morts ; dis-leur que ta lumière est devenue vie et que pour cette raison tu es rouge ». Ainsi cette première fille solaire a donné la vie aux enfants et c’est pourquoi tous se sont mis à piller, à se battre et à s’arracher les cheveux, à qui accaparera le plus. À sa deuxième fille, le père a écrit : « Ma fille, dis aux humains que tu leur apportes le souffle, la vie divine, dis-leur qu’ils doivent travailler et que pour cette raison ta couleur est orange ». Mais les humains n’ont pas compris ce qu’est le travail et se sont attelés au labeur et aux épreuves. Nous sommes tous aujourd’hui dans cette situation : si quelqu’un tombe malade, nous appelons vite des médecins ou nous nous mettons à le gaver de nourriture comme si les médecins ou l’excès de nourriture le maintiendront en vie, c’est un leurre. Savez-vous comment se nourrissent les anges, savez-vous comment se nourrit le bébé dans le ventre de sa mère ? Se nourrit-il tout seul ou est-ce la mère qui le nourrit ? À sa troisième fille, le père a écrit : « Ma fille, dis aux humains de ne pas diriger leur regard vers le bas, de ne pas chercher des trésors, mais de regarder en haut et que leurs âmes soient continuellement vertes comme ta couleur ». À sa quatrième fille, il a écrit : « Dis aux humains qu’après chaque croissance, il y a une maturation, une moisson, et que le fruit amassé doit être le même pour tous : ce qui pousse, je le donne à tous et tout doit être partagé entre frères, c’est-à-dire que chacun prends ce dont il a besoin ». À sa cinquième fille, le père a écrit : « Ma fille, tes habits sont bleus car tu revêts la vérité, tu revêts la manière dont les humains doivent conserver la chaleur, c’est-à-dire la manière de conserver la chaleur divine dans l’âme des humains ». Par conséquent, la vérité est ce procédé intérieur qui permet de ne pas prendre froid ; vérifiez et vous verrez que la haine est toujours un refroidissement, le mécontentement aussi, toutes les contradictions dans le monde sont des refroidissements et inversement, toute harmonie est une chaleur divine et une vérité. La vérité est une méthode, un moyen, une force pour retenir la chaleur divine dans l’âme humaine. Je vais faire l’impasse sur la sixième lettre, adressée à la sixième fille, je ne vais pas la décacheter. Car la camarade de la sixième fille n’est pas là, et je m’adresse à deux personnes, pas à une seule. Je passerai à la couleur améthyste. À la septième et dernière de ses filles, le père a écrit : « Ma fille, dis aux humains que le Royaume de Dieu se gagne par l’amour, se maintient par l’affection et se soutient par l’esprit et que pour cette raison tes habits sont de la couleur de l’améthyste ». Cette journée a un rapport symbolique à l’avenir : la culture future sera une culture de l’amour, une culture de l’affection et une culture de l’esprit. L’amour est une force qui soigne toutes les maladies et tous les défauts, il n’y a pas de meilleur guérisseur que lui ; tous ceux qui veulent guérir ou acquérir quelque chose doivent avoir de l’amour en eux. Ne vous évertuez pas à déchiffrer ce qu’est l’amour, ne l’analysez pas, mais juste essayez-le ; l’analyse est une action mécanique. Vous demandez souvent aux enfants combien ils vous aiment, et ils ouvrent les bras plus ou moins largement selon l’intensité de leur amour : pour le petit frère, ils indiquent un demi-doigt, pour la grande sœur un peu plus, pour leur mère, encore plus et lorsqu’il s’agit de leur père, ils ouvrent complètement leurs bras pour dire qu’ils l’aiment plus que tout au monde. Les bras grands ouverts des enfants montrent que leur affection est aussi grande que l’univers tout entier. Les enfants aiment plus leur père car le père signifie Dieu, c’est-à-dire que père et Dieu sont des synonymes. Si en vos parents vous ne voyez pas des humains, mais Dieu, cette loi vous paraîtra tout de suite explicite. Malheureusement vous dites : « Pendons celui-ci, pendons celui-là, celui-ci est voleur, celui-là est menteur » et ainsi de suite ; la question ne sera pas résolue ainsi. Ces sept sœurs sont d’abord descendues sur terre et elles sont ensuite revenues au ciel, mais cette fois elles reviennent dans le monde dans une nouvelle forme. Une aube merveilleuse point. L’aube de quoi ? L’aube d’une vie lumineuse et nouvelle. Puisqu’il y a une aube, il y aura aussi des rayons qui viennent déjà. Ils doivent vous trouver dans les mêmes dispositions que celles de ce roi antique, jeune et beau, qui est parti chasser en forêt. Dix jours après, une belle vierge, pieds nus, poursuivie par des malfrats a croisé son chemin. En le voyant, elle l’a imploré de lui venir en aide, sans soupçonner qu’il était roi. Il l’a emmené sous sa tente, il lui a fait dresser un lit pour qu’elle se repose ; elle s’est alors retournée vers lui en demandant : « Ne me feras-tu pas de mal, n’abuseras-tu pas de ma confiance en toi ? » Il lui a répondu : « Sois tranquille, sous ma tente tu es en complète sécurité ». Cette jeune femme n’a pas voulu se marier avec le roi et il l’a raccompagnée le lendemain avec tout le protocole officiel. Voici un énigme du monde : combien feront preuve d’une telle noblesse à son égard, si elle se retrouvait sous leur tente, combien auraient la probité de ne pas la toucher ? Voici la question que vous devez résoudre. La jeune vierge est votre âme que vous devez garder pure en vous. Vous qui suivez l’enseignement du Christ et m’écoutez, vous entendez une chose, mais vous en comprenez une autre. En voyant la jeune vierge, vous vous dites : « Ne peut-elle pas être notre concubine, ne peut-elle pas nous apporter une dot par son père, dispose-t-elle de moyens ? » Non, cette vierge a seulement éprouvé le roi, mais tous deux ont réussi leur examen. C’est pourquoi le Christ dit : « Les fils de la résurrection ne se marient pas ni ne songent au mariage ». C’est cela ne pas violenter la vierge qui entre sous la tente. Si vous me demandez pourquoi vous ne pouvez pas assimiler cet enseignement, je vous réponds : parce que vous avez violenté cette vierge. Sans faire de reproches, je dis qu’il n’y a pas d’homme sur terre qui n’ait pas violenté son âme. Un docker de Varna parlait ainsi à son âme : « Ou bien tu travailleras, ou bien je te ferai berger et si tu ne veux pas travailler ainsi non plus, je te mettrai au nettoyage des poubelles ». Il y a des milliers et des milliers de personnes qui ont mis leur âme à ce travail impur. Notre âme n’est pas là pour être docker, berger ou domestique qui s’occupe des poubelles ; elle est là pour maintenir le Royaume de Dieu avec affection. Et le Royaume de Dieu, ce sont vos fils qui viendront à l’avenir, les fils de l’immortalité. Ne pensez pas que je veux vous faire des reproches. J’aime aujourd’hui l’aigreur autant que l’amour ; j’aime le voleur autant que celui qui ne vole pas ; pour moi celui qui vole est quelqu’un de bien autant que celui qui ne vole pas. Qu’est-ce que le mensonge ? Il a ses raisons et ce n’est un mensonge qu’à certaines conditions. Si par exemple quelqu’un n’a rien à vous prendre, vous mentira-t-il, vous dévalisera-t-il ? Mais si vous avez de l’argent, des pierres précieuses ou autre chose, il vous mentira. Ou bien, s’il est né dans votre maison et si vous lui donnez tout, s’il dispose de tous vos avoirs et si vous lui dites : « Mon ami, tout cela est à toi », quel mobile aurait-il pour vous mentir ? Par conséquent le mensonge provient des limitations intérieures de l’âme humaine. Par conséquent, limitez l’être humain et vous créerez le mensonge. La mère par exemple dit à son enfant de ne pas toucher telle chose, mais il le fait et pour le cacher, il ment. Ne limitez pas l’enfant mais dites-lui : « Tu as tout à ta disposition ». Je ne parle pas de vos enfants, mais de vous, de la manière dont vous devez raisonner aujourd’hui. Vous dites que vous devez redresser le monde ; il n’y a rien à redresser : le monde c’est vous. « Le Royaume de Dieu se gagne par l’amour, se maintient par l’affection, se soutient par l’esprit » alors que l’ancienne tradition disait : « Le Royaume de Dieu se gagne par la force ». C’est vrai qu’aujourd’hui des Bulgares, des Anglais, des Allemands et des Français, tous veulent gagner le Royaume de Dieu par la force. Les bolcheviques veulent s’en emparer de la même façon et disent : « Nous devons pendre et égorger tous les criminels pour redresser le monde ! » D’accord, mais qui restera alors ? Le monde est rassasié de vols, de tous types de péchés et de potences. Les bolchéviques non plus ne feront rien à part détruire et démolir encore plus. Je n’ai rien contre eux, mais il faut comprendre que la culture future est l’apanage des gens qui gagnent le Royaume de Dieu par l’amour, le maintiennent par l’affection et le soutiennent par l’esprit : voici la panacée de tous vos malheurs. Dans ces conditions vous pourrez regénérer vos foyers en un jour et vous pourrez ressusciter chaque jour. C’est aujourd’hui le jour de la Résurrection. Vous me demanderez si vous pouvez ressusciter ? Le soleil dit : « Vous le pouvez ». Pas de pleurs, pas de tristesse ! Les pleurs sont un résidu de l’ancienne culture, les anciens pleurent, mais dans la nouvelle culture il n’y a pas trace de tristesse. Ne laissez entrer aucune tristesse, ressentez-là comme le navire ressent les vagues qui s’écrasent sur ses flancs, extérieurement seulement, alors qu’intérieurement soyez paisibles et calmes. Dirigez vos navires avec amour. Maintenant, les femmes demanderont comment faire avec leurs maris qui ne les laissent pas tranquilles ? Qui est votre mari et où est-il ? Votre mari est dans un autre bateau, laissez-le s’occuper de lui, vous êtes dans un bateau à part. Vous vous demandez ce qu’il adviendra du bateau de l’autre, vous craignez qu’il coule ; certains disent : « Depuis mon bateau, je pourrai réparer l’autre bateau », et ils essaient. Comment ? Avec des grenades : ils jettent sur l’autre bateau une, deux, trois ou plusieurs grenades jusqu’à ce qu’il coule et que tout l’amour, toute l’affection coule avec lui, et ils disent ensuite : « À quoi bon s’être mariés ? » C’est l’ancienne culture du mariage, le Seigneur n’a écrit nulle part que les gens doivent se marier. Les mots jena[4] et jig[5] proviennent d’un même verbe jigosvam[6] : les humains se fustigent mais ce n’est pas un mariage. Les écritures disent : « Ce que Dieu a accordé ne doit pas être défait car c’est un accord intérieur »[7]. On dit souvent des jeunes : « Marions-les ». Vous pouvez les marier, et il y a différents mariages : chrétiens, musulmans, bouddhistes, etc., mais dans tous les cas les humains se fustigent. Ils commencent alors à chercher la vérité, à juger quel peuple a le plus de noblesse. Dans le monde un seul peuple est noble, le peuple de l’amour divin, de l’affection divine et de l’esprit divin. Vous me demanderez probablement à quel peuple appartiennent les Bulgares ; lorsque vous étudiez l’occultisme, suivez comment sont apparues les premières races, et comment le peuple bulgare est apparu ensuite. Toutes les races représentent une humanité. Une race n’est pas l’humanité toute entière, mais un degré temporel, comme un rayon de lumière ; chaque race, chaque rayon porte en lui certains germes qu’il peut développer. Par conséquent, chaque âme traverse sept phases, et ce qui est contenu en elle est contenu dans toute l’humanité et vice versa. Autrement dit, lorsque vous étudierez votre vie, vous étudierez la vie de toute l’humanité. Vous direz que c’est très facile ! Ce n’est pas très facile, mais ce n’est pas non plus très difficile ; vous le pouvez et je crois que vous l’avez compris. Maintenant, si vous avez compris tout ça, mettez cet amour en vous, non pas l’amour ordinaire, mais celui qui, pendant ces grandes souffrances dans le monde, insufflera une nouvelle joie en vous. Lorsque viendra cet amour divin, il purifiera tout. Vous me demandez maintenant ce qui se décidera à la Conférence[8] ; ne vous inquiétez pas, je vous le dirai : ce qui s’y décidera sera de la culture ancienne. Mais aujourd’hui le Seigneur prend aussi une décision et dit : « Le Royaume de Dieu sur terre se gagne par l’amour, se maintient par l’affection et se soutient par l’esprit, et le peuple qui a Mon amour, Mon affection et Mon esprit sera le plus grand dans le monde ». Ainsi parle le Seigneur, avec tous les anges, tous les saints et tous les grands esprits. Par conséquent, si nous aimons Dieu, nous serons le plus grand peuple, nous serons les gens les plus nobles dans le monde : grands en amour, en affection, en puissance et en solidité. Le Royaume de Dieu vient pour nous. Je veux aujourd’hui briser toutes les chaînes qui vous entravent et les jeter. Je veux transformer toutes les prisons en temples où descendra l’esprit divin, le Seigneur de toutes les plénitudes. De Lui sort toute la force, par Lui se manifeste le verbe dans le monde, et le verbe est devenu un être humain. Vous direz : « Voici un anarchiste ». Oui, un anarchiste qui veut par l’amour, l’affection et l’esprit divins détruire l’ancien monde et en bâtir un nouveau. Lequel ? Je vais défaire en vous tous la haine et le mensonge. Lorsque je rencontre quelqu’un qui sait mentir, je dis : « Mon ami, je t’aime car tu sais mentir ». Lorsque quelqu’un ne me dit pas la vérité, c’est le signe que je ne suis pas tellement épris de vérité. Chaque messager doit dire la vérité car le Seigneur ne tolère pas le mensonge, et Il en délivrera les humains. Le Seigneur a écrit sur son étendard : « Liberté, égalité et fraternité pour tous, des plus petites aux plus grandes créatures ». Aujourd’hui, tous les greniers s’ouvriront, tout sera partagé en parts égales et chacun aura des conditions pour se développer. Celui qui ne se soumet pas à la loi divine sera chassé hors des limites de la terre ! Rappelez-vous cela et dites-le à tous. Tout cela adviendra, et vous qui m’écoutez, vous serez tous témoins de cette grandiose œuvre divine. Le Seigneur l’a dit et Ses paroles sont indestructibles. « Le Seigneur qui a créé le monde, qui a parlé par le Christ et par tous les prophètes, mettra à bas le mensonge et les tromperies. – (Réplique du public : « Amen » !) « Amen » s’applique à celui qui a l’amour, l’affection et l’esprit. Traduit dans votre langue, cela indique quelqu’un qui a un homme, une femme et un enfant. Dans votre langue, les hommes et les femmes sont devenus la risée des autres : l’homme se plaint de sa femme, elle, de son mari ; les enfants, de leurs parents, etc. Je demande alors : quel est cet amour, cette affection et cet esprit ? Pour ressusciter, mettez en vous l’esprit divin. Maintenant, j’exige au moins trois choses de vous : que les uns se lèvent, que d’autres s’animent et que les troisièmes ressuscitent. C’est le seul moyen d’oublier votre ancienne culture par laquelle vous commencez bien, mais vous terminez mal, ou bien vous commencez mal et vous terminez mal. Vous devez maintenant appliquer la chose suivante : commencer mal et terminer bien ou commencer bien et terminer bien. En langage chrétien moderne cela signifie qu’il y a quatre catégories d’humains : les uns qui croient en Dieu, mais ne vivent pas selon Dieu ; les autres qui ne croient pas en Dieu et ne vivent pas selon Dieu ; les troisièmes qui ne croient pas en Dieu, mais vivent selon Dieu et les quatrièmes qui croient en Dieu et vivent selon Dieu. Je laisse de côté les deux premières catégories qui sont des représentantes de l’ancienne culture, car à l’avenir je n’ai besoin que des deux dernières catégories, c’est-à-dire de ceux qui croient en Dieu et qui vivent selon Dieu, et de ceux qui ne croient pas en Dieu, mais qui vivent selon Dieu. Nous avons besoin de ceux qui ne croient pas et qui commencent mal mais terminent bien et de ceux qui commencent bien et terminent bien. Je veux que vous soyez dans l’une de ces deux catégories. Je veux que vous rejetiez de vos âmes, de vos cœurs, de vos esprits et de vos têtes toutes les anciennes croyances qui vous ont pour le moment éloigné du Dieu de l’amour. Alors mes paroles seront claires pour vous, et vous vivrez un moment de l’amour divin qui a beaucoup plus de valeur que tous les savoirs que vous avez, fussent-ils acquis depuis de milliers d’années. Cet instant vécu contient l’univers entier, alors que les savoirs que vous avez ne sont que des acquisitions insignifiantes. À partir de maintenant, ne m’entretenez plus des chagrins, des péripéties, des disputes et des malheurs qui vous ont frappés. Si quelqu’un est assoiffé, affamé ou affligé, je le désaltèrerai, je le nourrirai, je le consolerai, mais ma mission n’est pas d’écouter vos histoires, réservez cela pour les serviteurs de l’ancienne culture. Argent, chemises, chaussettes, chaussures, ne m’apportez rien et gardez-vous de l’idée de m’acheter avec tout cela. Je peux travailler comme chacun de vous, voyez ces mains : je peux gagner mon pain par le labeur. Si vous pouvez agir avec amour, je n’ai rien à redire ; j’accueillerai cela volontiers, je vous recevrai, je vous embrasserai et je vous dirai : « Venez dans le Royaume de Dieu ». Dans le cas contraire, je vous dirai : « Mon ami, tu n’es pas entré par la porte de l’amour ». Si vous pouvez tout accomplir au nom de l’amour et de l’affection divins, c’est bien, mais je n’existe pas en dehors d’eux. C’est l’enseignement divin dans un sens allégorique : je veux vous présenter ce que le Très-Haut a dit au premier homme au Paradis et ce qu’Il a dit ensuite à travers le Christ et tous les prophètes. Certains prophètes comprenaient Dieu, mais d’autres non, et ils ont détourné Ses propos qui ne sont plus transmis aujourd’hui comme aux temps anciens. Beaucoup de prophètes ont menti, mais nous leur sommes reconnaissants pour ces mensonges : ils avaient leurs raisons pour mentir. Le prophète a par exemple peur d’être enfermé ou pendu et il déforme les choses pour qu’on le suive : « Le Seigneur dit que la Bulgarie sera grande et conquerra le monde entier ». Non, mon ami, ce prophète ment. Je vais prophétiser ainsi : « Si le peuple bulgare peut s’emparer du Royaume de Dieu par amour, s’il peut le maintenir par affection et le soutenir par esprit, alors il sera le plus grand peuple et son tzar sera, peu importe son nom, le plus grand de tous. Même si c’est le dernier des Bulgares, un berger ou un vacher qui est intronisé comme roi, j’aurai la plus grande vénération pour lui s’il peut l’appliquer. C’est ainsi qu’il faut traiter cette question : tout être humain né et inspiré par l’amour, l’affection et l’esprit a du sang princier dans les veines. J’aimerais que ce sang coule dans vos veines à tous. Je veux que vous oubliiez la journée d’hier, je n’y suis plus. Aujourd’hui, c’est le 9 mars[9], je suis hors de la tombe, je n’ai plus le linceul sur la tête et je suis prêt à tout ! Comprenez-vous bien ? Lorsqu’un Bulgare veut dire qu’il est prêt à tout, il dit qu’il s’est retroussé les manches, ce qui signifie en langage divin que je me mets au travail au lieu de me laisser berner par les gens. S’il y a encore du mal dans le monde, cela signifie que je n’ai pas fait mon travail, c’est-à-dire que je n’ai pas donné suffisamment de mon amour et de mon esprit. Le monde ne serait pas déchu si je lui en avais donné. Quelqu’un se plaint d’un malheur et je me dis : « Deunov, as-tu compris ce que tu as fait ? Cet homme avait besoin que tu lui donnes plus ». C’est pourquoi je commence désormais à corriger mes erreurs depuis des milliers de siècles. Vous direz : « Comme il est gentil Monsieur Deunov ! » Ne parlez pas de gentillesse, mais parlez uniquement d’amour, d’affection et de fermeté de l’esprit. Ne pensez pas que je suis différent de vous, non, il n’y a entre vous et moi aucune différence. S’il y en a une, elle est seulement extérieure alors qu’en consistance, en contenu intérieur et en origine nous sommes tous les mêmes. Vos chagrins sont les miens, mais puisque je ne reconnais pas de chagrin et de haine dans le monde, sauf à l’état d’ombres, vous aussi vous devez y renoncer. Ce que sont le chagrin et la haine, je ne le sais pas, j’ai seulement une impression les concernant. Quelqu’un a mal aux dents par exemple et dit qu’il n’oubliera jamais cette douleur, mais une fois sa dent guérie, il oublie tout et la douleur n’est plus qu’un souvenir, une projection de notre mental. Aujourd’hui le Seigneur vous parle simplement, il suffit d’avoir envie de L’écouter et de Le comprendre. Il est possible de vous interroger à la maison : « Qu’est-ce que je peux faire ? » Ne pensez pas à ce que vous pouvez faire. Lorsque vous allez à la gare, est-ce qu’on vous demande si la locomotive a besoin d’eau, d’huile, de charbon ? Non, on vous pose seulement la question : « Est-ce que vous allez voyager ? » Entrez dans le wagon et ne pensez ni au charbon, ni à l’eau, ni à l’huile pour les roues. Lorsque le train s’arrêtera à la prochaine station, descendez et pensez alors ce que vous devez faire ensuite pour le Royaume de Dieu ; je vous dis cela dans votre langage. Ouvrez vos âmes. Au lieu de les ouvrir, vous les brisez comme quelqu’un qui ne sachant pas ouvrir une bouteille, la brise. Chaque chose s’ouvre de façon spécifique. Ouvrez votre mental et votre cœur et ce que vous n’avez pas compris depuis des millénaires, vous le comprendrez à l’instant. Vous êtes tous très riches et vous ne voyez pas tout ce que vous avez dans vos coffres : vous êtes surchargés de richesses, mais vous regardez seulement la richesse des autres. J’enverrai une commission contrôler l’état de vos coffres et voir combien de farine, d’huile, d’olives, de sucre et autres victuailles vous avez dans vos caves ; il y aura une révision, les coffres seront contrôlés ! C’est pourquoi je vous dis : « Faites-vous des amis de l’abondance de l’injustice ». Traduit en votre langage, cela signifie qu’il faut laver le vêtement que vous portez et qui vous est désagréable, pour qu’il vous soit agréable de nouveau. À notre époque de privations, les gens ont ressorti les vêtements abandonnés dans les armoires pour les raccommoder : c’est cela se faire des amis de l’abondance de l’injustice. Ainsi, le Royaume de Dieu se gagne par l’amour, se maintient par l’affection et se soutient par l’esprit. Maintenant, calmez-vous car je remarque un état hypnotique chez vous. Je ne veux pas vous hypnotiser, calmez-vous et ne vous pressez pas ; je veux que vous réfléchissiez posément. Le Royaume de Dieu, l’amour, l’affection, l’esprit ne se pressent jamais. De toute façon, nous devons manifester ce que Dieu attend, nous sommes même en retard, nous avons passé une grande partie de notre vie dans des futilités que Dieu ne désire pas, et c’est la raison des souffrances et des malheurs. Mais aujourd’hui je tourne une nouvelle page et j’écris ainsi à propos de la femme : si tu trouves ton mari indisposé, dis-lui que tu l’aimeras car tu ne l’as pas encore aimé jusqu’à présent ; ton Seigneur est en ton mari, aime-Le et dis-Lui : « Seigneur, j’aimerai ton esprit, j’aimerai aussi Ton âme et Ton corps ». Si votre fille est mal disposée, dites-lui la même chose. Tournez-vous vers le Seigneur et dites : « Seigneur, je veux que Tu m’aides à briser toutes les anciennes chaînes ». Je veux que vous vous donniez tous la main pour travailler selon ce que vous savez. Créez des ateliers et des cercles d’activité, prêchez où vous voulez : dans les églises, les marchés, les écoles, travaillez comme vous l’entendez, je ne mets aucune limitation, aucun règlement, aucune discipline. Si vous n’avez pas les trois choses dont je vous ai parlé : amour, affection et esprit, c’est l’ancienne loi qui est en vous, mais si vous les avez, vous ferez des miracles. Aujourd’hui, tout le peuple bulgare peut proclamer à l’Europe : « Ce joug suffit ! », le Seigneur que nous vénérons dit que le Royaume de Dieu se gagne par l’amour, se maintient par l’affection et se soutient par l’esprit, et nous avons décidé de nous en emparer avec amour désormais. Vous vouliez jusqu’à présent être uniquement des gens pieux ; non, soyez politiquement engagés, cultivés, sociables et pieux. Aux hommes, aux femmes et aux enfants, je recommande cette même règle : c’est la grande loi de la liberté. Ne vous demandez pas s’il est temps ; vous avez fait la grasse matinée ! Tirez les rideaux, ouvrez les fenêtres et vous verrez que le soleil s’est levé depuis longtemps. Chez certains, les volets sont encore fermés et ils disent : « Il ne fait pas encore jour ». Le temps de vous lever, le soleil se couchera et vous continuerez de croire qu’il ne s’est pas levé, vous resterez couchés et vous raterez de nouveau son lever. Le soleil divin s’est déjà levé. Tenez-vous-en aux règles divines, travaillez raisonnablement et vous ne tomberez jamais. Dites à votre frère : « Je t’aime, mon frère, je te soutiendrai avec mon esprit et tu seras hors de danger sous mon toit, pas un cheveu ne tombera de ta tête ». Ainsi, les anciens comptes n’ont plus cours, la loi divine ne reconnaît aucune police, aucune créance. Vous demandez souvent si les Alliés imposeront des réparations à la Bulgarie. Si vous suivez l’ancienne loi, on vous imposera de lourdes réparations que vous ne pourrez honorer ni en dix ni en cent ans. Si vous suivez la nouvelle loi, si vous gardez l’élan pour prendre le Royaume de Dieu par amour, le maintenir par affection et le soutenir par esprit, il n’y aura aucune réparation. On peut vous dire : « Malgré cela, nous vous imposerons des réparations. – Ce n’est rien, nous vous aimons. » Gardez toujours ce verset en tête et l’avenir sera radieux pour vous et tout le peuple bulgare. Si les Bulgares acceptent ce verset, s’ils y croient et se rangent derrière lui, c’est bien, et s’ils ne l’acceptent pas, c’est bien aussi car un ou deux autres peuples l’accepteront. C’est la devise des portes du Royaume de Dieu. C’est ce que le Christ a enseigné jadis, c’est ce que tous ses disciples ont enseigné également, c’est pour cela qu’on les a traités d’anarchistes et qu’ils ont souffert. Tous disent aujourd’hui que la terre est une vallée de larmes. Non, la vallée de larmes, c’est la vie humaine mal comprise. La terre est notre mère bénie qui nous donne tous les bienfaits ; pourquoi s’insurger contre elle ? La terre nous donne des couleurs, des fruits, toutes sortes de nourritures, elle nous embrasse et nous console. Ce n’est pas la terre qui est fautive, mais nous qui ne comprenons pas cette grande loi, nous qui l’avons salie, qui avons sali notre mère ! Si vous me demandez quel sera votre avenir, je vous dirai que si chacun de vous accueillait à l’avenir l’amour de Dieu, l’affection et l’Esprit, il serait roi ou reine. Ainsi, si vous m’écoutez, je ferai de vous des rois, des reines, des princes ; si vous accueillez ce que je vous préconise, vous ne serez pas des gens ordinaires. Ne dites pas comme David : « Ma mère m’a conçu dans le péché ». Aujourd’hui vous serez conçus par l’amour divin, vous serez redressés par l’affection divine et vous ressusciterez par l’esprit divin. Je veux que chacun de vous invoque le Seigneur. Il est dit dans les Écritures : « Appelle-moi un jour de chagrin »[10] ; je dis : invoquez Dieu le jour de Son amour, de Son affection et de Son esprit et Il vous donnera tout ce que vous désirez. Il n’y aura plus de chagrin alors, et toute trace de larme s’effacera de vos yeux. Vous me demanderez maintenant pourquoi vous êtes encore affligés ? C’est parce que vous vivez selon l’Ancien Testament. Celui qui a du chagrin en lui est dans la journée d’hier et pas dans la journée d’aujourd’hui. Il n’y a pas de chagrin aujourd’hui, car c’est le Seigneur qui règne. Ainsi, aujourd’hui, certains parmi vous seront conçus pour se redresser, d’autres pour vivre, et d’autres encore pour ressusciter ; chacun de vous se trouvera dans l’une de ces trois catégories. Ouvrez votre esprit pour le développement de votre âme et vous comprendrez les plus grands secrets, vous serez en communion avec les anges et les saints, vous comprendrez ce qu’il y a en haut, vous passerez d’une gloire à une autre, d’un soleil à un autre, d’un système planétaire à un autre. Je ne tolère aucun doute ! Lorsque vous rentrerez chez vous, ne vous mettez pas à vous questionner si c’est vrai ou non ; le doute est l’homme du passé, l’ancien, ne le croyez pas ! Il y a deux types de foi : la foi dans le mensonge, la foi dans la vérité. La foi contemporaine rassemble les plus mauvais oiseaux qui ont sali le nid de l’arbre. Si tu crois qu’il y a la mort et les maladies, qu’il n’y a rien de bon dans la vie, c’est la foi en Lucifer. Croyez en l’amour, l’affection et l’esprit, dans tout ce qui est bon et que Dieu a créé. Je ne veux pas que les vieux soient jeunes et que les jeunes soient vieux, mais je veux que tous soient intelligents, sages. Être jeune sous-entend être fort, et être vieux sous-entend être sage ; c’est pour cela que le vieux dira au jeune : « J’ai du savoir et toi tu as de la force, viens mon frère, travaillons ensemble ! » Maintenant les jeunes disent : « Lorsque je serai plus âgé, je travaillerai ». Tu n’as pas à devenir plus âgé, tu l’es déjà ! La mère quant à elle, dit à son enfant : « Si tu es plus gentil, je t’aimerai ». Ne mentez pas à vos enfants, aimez-les même s’ils sont méchants. S’ils sont gentils, ils n’ont pas besoin de votre amour : il serait risible qu’un médecin vienne me soigner lorsque je suis bien portant, alors que malade, je le ferai venir. Vous dites : « Pour aimer quelqu’un, il doit être pur ». Non ! Aimes-le maintenant, dans cet état, car c’est aujourd’hui qu’il a besoin de toi. Comme je le vois, vous avez besoin aujourd’hui de massages et je les fais : je masse des jambes et des bras. Vous direz : « Comme tu masses bien ! » Vous m’excuserez, mais je suis aujourd’hui médecin à l’hôpital et je fais des opérations. Certains disent que Deunov est contre les opérations ; ce qui est gangréné doit être amputé et ce qui est sain doit rester. Lorsque vous sortirez de l’hôpital, je viendrai chez vous, mais sans mes médicaments, sans vous prendre le pouls, sans vous examiner les yeux, mais simplement pour vous embrasser d’une manière divine. Il faut des baisers divins uniquement au ciel, mais pas sur terre car il y a ici des contagions. Ici, hommes et femmes commencent de façon céleste mais terminent de façon terrestre : pendant qu’ils sont jeunes, ils s’échangent beaucoup de baisers, mais lorsqu’ils vieillissent, les baisers n’y sont plus. Il faut faire l’inverse : d’abord commencer par un baiser par an, puis par un baiser par mois, puis par un baiser par semaine, puis un baiser par jour, un par heure et augmenter : il faut suivre ainsi la loi de l’amour. Il est dit dans les Écritures : « Embrassez-vous par le baiser des saints »[11]. Lorsque les femmes m’écoutent, elle se demandent si un homme étranger a le droit de les embrasser. Veuillez noter que je ne reconnais ni hommes, ni femmes, ni jeunes filles, ni jeunes garçons, mais je reconnais uniquement des êtres humains, et chaque individu est votre frère, votre sœur, votre ami, ainsi de suite. Si ton frère te rencontre dans le Royaume de Dieu et ne t’embrasse pas, il commet un crime, comme c’est un crime qu’un étranger embrasse la femme d’un autre. Aujourd’hui on chasse ces hommes alors que c’est le contraire dans le Royaume de Dieu : lorsque tu y entres sans embrasser, on te chasse et on te fait redescendre sur terre. Vous dites que c’est bien d’être sur terre ; c’est bien uniquement si le mortel revêt l’immortel et l’impur, le pur. C’est pour cela que je vous dis d’enlever vos vieux habits, vos vieilles croyances et habitudes. Et ne pensez plus à ce qu’a dit Deunov, à ce qu’a écrit tel ou tel autre, regardez uniquement si ce que quelqu’un dit est vrai ou non. Si c’est vrai, acceptez cet individu et embrassez-le ; sinon, dites-lui qu’il a tenté de vous embrasser d’une mauvaise façon et montrez-lui la porte. Lorsque vous lisez un roman et qu’une mauvaise pensée s’introduit en vous, l’auteur vous a embrassé de façon trompeuse, alors, dites-lui : « Dehors ! » Si vous pouvez ressusciter quelqu’un, si vous pouvez nourrir l’affamé et abreuver l’assoiffé, embrassez-le, donnez un baiser d’excellence à son âme, à son esprit. Ne rabaissez pas le sens de mes propos : je ne vous parle pas de chasteté et je ne vous demande pas une chasteté mensongère. Ma chasteté est aujourd’hui mensongère tout comme la vôtre, car nous ne sommes pas encore purs, nous ne sommes pas dans le Royaume de Dieu. Mais nous pouvons le devenir en un instant. Selon la loi de la réincarnation, la purification peut demander des milliers d’années, mais elle peut aussi s’accomplir en un instant. Il y a des cas où quelqu’un tombe en un instant, mais il y a aussi des cas où il se redresse en un instant : l’un et l’autre sont possibles. Maintenant, je ne vous donnerai aucune bénédiction, car bénir sans amour est mensonge. Revenez auprès de vos frères, sœurs, amis et serviteurs et dites-leur : « Le Royaume de Dieu se gagne par l’amour, se maintient par l’affection et se soutient par l’esprit ». J’aimerais maintenant que vous vous dispersiez tous dans Sofia pour faire des conférences et tenir ainsi toute la ville en éveil. De même que je ne vous ai pas convoqués à cette réunion de force ou avec des invitations spéciales, de même vous pouvez prêcher à celui que vous croisez : vous créerez ainsi une grande assemblée. Comprenez quelle chose grandiose est l’âme humaine ! Je dis aux femmes : « Ayez de l’affection entre vous ! » ; je dis aux hommes : « aimez-vous ! » ; je dis à vos enfants : « Soutenez-vous par l’esprit ! » ; je dis aux grands-mères : « Ayez de l’affection entre vous ! » ; je dis aux grands-pères : « Aimez-vous ! » ; je dis à leurs arrière-petits-fils : « Soutenez-vous par l’esprit ». Que chaque jeune fille prenne un vieux grand-père, que chaque jeune homme prenne une vieille grand-mère, car dans ces grands-mères et grands-pères se cache la fille d’un roi. Lorsque la grand-mère se débarrassera de ses oripeaux, elle sortira comme un beau papillon et dira : « Je ne suis pas une grand-mère, mais la fille du roi que vous cherchez » ; lorsque le grand-père se débarrassera de ses oripeaux, il dira : « Je ne suis pas un grand-père, mais un jeune homme, je suis le fils du roi, j’étais juste caché dans cette coquille ». Cherchez et vous trouverez votre amour, votre affection et votre esprit. Vous trouverez l’amour dans le grand-père, l’affection dans la grand-mère et l’esprit dans les petits-enfants. Ou bien vous trouverez l’amour dans les hommes, l’affection dans les femmes et l’esprit dans les enfants. Dans chaque jeune fille et dans chaque jeune homme vous trouverez l’amour, l’affection et l’esprit. Je mets maintenant comme devise pour votre vie future sur terre d’être vierge, c’est-à-dire d’avoir l’amour, l’affection et l’esprit, d’être au-dessus de n’importe quelle croyance, société religieuse, de vous unir à Dieu et de dire : « Seigneur, nous Te servirons avec amour, nous maintiendrons Ton Royaume avec affection et nous le soutiendrons par l’esprit ». Sofia, 22 mars 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » (Matthieu 11, 29-30) Le Maître Beinça Douno développe ces versets en une formulation positive de la foi : « Le Royaume de Dieu se gagne par l’amour, se maintient par l’affection et se soutient par l’esprit ». [2] « Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». (Jean 3, 16) [3] « Les Pharisiens lui demandèrent : « Quand donc vient le Règne de Dieu ? » Il leur répondit : « Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable. On ne dira pas : « Le voici! » ou : « Le voilà. » En effet, le Règne de Dieu est parmi vous. » (Lc 17, 20,21) [4] Jena – femme en bulgare [5] Jig – stigmate en bulgare [6] Jigosvam – stigmatiser, fustiger [7] « Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Marc 10, 9) [8] La Conférence : il s’agit de la conférence de paix de Paris de 1919 qui négocie les traités de paix entre les Alliés et les vaincus. [9] Le 9 mars est le jour de l’équinoxe de printemps selon l’ancien calendrier julien, utilisé en Bulgarie jusqu’en 1916 (le 22 mars selon le calendrier actuel) [10] « Puis appelle-moi au jour de la détresse, je te délivrerai, et tu me glorifieras. » (Psaume 50, 15) [11] « Saluez-vous les uns les autres d’un saint baiser .» (Romains 16, 16)
  17. Ni d’un sac Ni d’un sac pour le voyage… Matthieu 10 :10[1] « Ni d'un sac pour le chemin, ni de deux tuniques, ni de sandales, ni d'un bâton, car l'ouvrier est digne de sa nourriture. » Ce verset est souvent déprécié. Les gens d’aujourd’hui souffrent de ces sacs. Vous savez tous comment les sacs sont agencés et vous en portez. Les tziganes portent des besaces en cuir pour y mettre leur farine. Il y a différents types de sacs : pour les lentilles, pour les petits pois, pour les haricots, ainsi de suite. L’intérieur du sac est toujours disponible, il a une grande ouverture ; lorsqu’on y met du fromage, il devient plus petit. Il y a aussi des sacs en métal. En général, le monde est plein de toutes sortes de sacs. Nous considérons ce mot sac sur le plan des idées. Le Christ dit : « Ne prenez ni sac pour le chemin, ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton, car l'ouvrier est digne de sa nourriture ». La raison de toutes les disputes est toujours le sac : on s’endort à un endroit, on se fait dérober le sac et on part à sa recherche. Il existe trois types de sacs : physique, affectif et mental. Le Christ dit : « Celui qui va dans le Royaume des cieux n’a pas besoin de sac ». Celui qui part en voyage n’a besoin ni de deux tuniques, ni de deux paires de souliers, il doit en principe éviter de travailler avec le chiffre deux qui est un chiffre de désunion. Si vous avez beaucoup d’idées dans votre besace mentale, prises ici et là, pensez-vous que vous serez prémunis ? La tzigane doit tous les jours s’occuper à remplir sa besace. De ce point de vue la culture moderne est la culture du sac. Chacun dit : « Avoir une maison, des avoirs, ceci et cela, avoir une besace pleine ». Le Christ dit : « Celui qui part en voyage »… le chemin, ce sont les efforts honnêtes, le travail honnête. Qu’est-ce qui sauve l’agriculteur ? La charrue ! Lorsqu’il creuse les sillons il se sauve. Chaque sillon creusé en avant et en arrière représente la philosophie de la vie. Chaque montée et chaque descente est une loi du travail ; le travail est un élan de la vie divine en l’homme. On ne peut pas travailler tant qu’il n’y a pas d’élan vers quelque chose ; lorsqu’on travaille, on donne du sens à sa vie et on évite les disputes et les malentendus. Cela signifie que le sac va en avant et en arrière ; celui qui revient en arrière pour repartir de l’avant est un érudit. « Ni d’un sac. » Souvent ce sac renferme une telle quantité de pain qu’on ne peut le manger ; lorsqu’il y séjourne un moment, il commence à moisir ; les souris aiment aussi ce sac car elles ont de quoi se restaurer ; par conséquent les mauvaises pensées des humains ne sont rien d’autre qu’un sac rempli de pain moisi. Pour se libérer des mauvaises pensées, il faut ôter le sac de son dos, on n’en a pas besoin. Nous devons nous libérer du sac car c’est une invention humaine, un enseignement humain et trompeur. Le cataclysme auquel nous assistons dans le monde en ce moment est causé par la lutte entre les êtres humains pour des sacs ; la dispute entre riches et pauvres est une dispute pour des sacs. Les sacs des riches sont remplis et ceux des pauvres sont vides. Les pauvres disent : « Au lieu d’aller mendier de maison en maison, il vaut mieux piller les riches » ; voilà comment naissent les idées sociales. Chacun dit : « Voyons maintenant comment vider les sacs pleins ». Je demande : « Comment le monde se redressera-t-il si tous les sacs sont vides » ? Vous dites : « Pourquoi poser les questions de l’existence de cette manière ? » Je demande : pourquoi pas ? La question répond à la question. Pourquoi avoir un sac ? Pour vivre plus aisément. Pourquoi avoir un sac ? Pour devenir oisif et profiter d’un mode de vie plus indolent. Celui qui cherche à devenir brutal, oisif, sans scrupules, qu’il porte un sac ! Celui qui porte un sac sur le dos n’est accueilli nulle part avec joie ; s’il vient chez quelqu’un, on cherche à s’en débarrasser au plus vite. Le Christ dit : « Celui qui part en voyage ne porte ni sac, ni tuniques, ni souliers, ni bâton », en un mot, celui qui part en voyage ne porte avec lui ni or, ni argent. Je ne vais pas m’arrêter pour expliquer ce qu’est l’or et l’argent. Que représente le bâton ? C’est le droit international. Le Christ dit : « Il ne vous faut pas un tel bâton ». Qui n’en a pas besoin ? Ceux qui partent en voyage et qui comprennent les lois divines. Ceux-là n’ont besoin ni de sac, ni de bâton, ils sont prémunis par eux-mêmes. Si vous êtes en accord avec les grandes forces qui régulent la vie, vous pourrez avoir largement le temps de vous développer mentalement et spirituellement au prix d’un peu de travail physique. Comme vous ne comprenez pas les lois divines et n’êtes pas en accord avec elles, vous dépensez plus d’énergie qu’il n’en faut, et il ne vous reste pas de forces pour vous développer spirituellement. Rappelez-vous : tous les plaisirs que vous avez aujourd’hui ne sont rien d’autre que le sac dont parle le Christ. Vous allez au théâtre, à un spectacle : c’est une sorte de sac – je ne parle pas du théâtre en tant qu’art, mais en tant que divertissement comme beaucoup le considèrent – comprenez-moi au sens figuré et non pas au sens littéral, vous verrez ainsi qu’il y a partout des sacs dans la vie. Tu vas au théâtre, tu regardes une dramaturgie et tu mets quelque chose dans ta besace sans l’appliquer. Le seul pain dont on tire profit est dans le ventre, pas dans la besace ; la probabilité d’utiliser le pain du sac n’est que d’un pour cent. Je dis : si une roue tourne cent millions de fois autour d’elle-même, il se créera un nouveau mouvement. Qu’adviendra-t-il de la roue ? Elle s’arrêtera juste un instant, puis un nouveau mouvement se mettra en place : une nouvelle direction dans la vie. Quelle est cette roue ? Notre terre : elle tourne autour d’elle-même. Lorsqu’elle aura fait cent millions de rotations, la terre fera l’objet d’une exception qui arrive aujourd’hui, de nos jours : elle orientera la vie sur terre dans un nouveau chemin. Si vous êtes des mathématiciens, je vous montrerai la direction qu’emprunte la terre par une formule mathématique et son rapport à tous les soleils et toutes les planètes. Vous demandez : « N’est-ce pas la terre qui tourne en ce moment même ? » Oui, mais comme à l’époque où elle faisait les cent millions de rotations. Chaque particule terrestre accomplit un mouvement de rotation ; ceci montre que les particules terrestres ne se meuvent pas comme avant ; les atomes et les molécules de la terre ont donc modifié leur mouvement ; la terre a modifié non seulement sa direction d’ensemble mais aussi celle de ses plus fines particules ; elle veut ainsi vider les sacs de ses enfants. Donc, la même chose que la terre vous arrive aussi ; c’est tout à fait logique : les particules terrestres composent aussi vos corps, donc le même mouvement, le même bouleversement se produit dans vos corps. C’est pourquoi tout le monde aujourd’hui est mécontent. Ils étaient jadis plus contents. Quel est le rapport entre le contentement et le mécontentement ? Le contentement est un mouvement de rotation ; je vous laisse définir vous-mêmes le mécontentement. Si une rivière fait un nouveau mouvement, elle va inonder toute la région et s’approchera de la source ; dans ce cas le mouvement n’est pas tant dans la source que dans la rivière. « Ni d’un sac pour le voyage ». Pourquoi porter un sac et se fatiguer ? Portez une idée qui vous sauvera. Vous vous questionnez maintenant à quel parti adhérer : le parti démocratique, le parti bolchévique ou le parti monarchique ? Vous ne savez pas vous-même quoi faire. Je dis : libérez-vous de tous les sacs quels qu’ils soient, votre salut n’est pas en eux. L’idée de la monarchie est déformée, l’idée démocratique aussi et l’idée bolchévique de même. Toute idée appliquée se déforme ; son résultat s’exprime par l’équation : a + b = c. Le christianisme aussi, l’idée la plus sublime dans le monde, a été déformé ; pour son idée, l’Église catholique a brûlé tant de gens sans délivrer l’humanité. À mon avis, chaque enseignement, chaque idée qui fait passer les gens par le feu, qui les pend et les assassine, a un seul et même résultat : a + b = c. Certains disent qu’ils sont porteurs du Nouvel enseignement. Je demande : « Pendez-vous les gens ? – Nous les pendons. – Les haïssez-vous ? – Nous les haïssons ». Alors votre enseignement est ancien, mais avec un nouvel écriteau : vous portez les anciennes besaces. Vous dites qu’on se fait nécessairement pendre, dévaliser, battre à cause de la loi du karma, qu’on souffre un peu ; oui, tant qu’on porte l’ancien sac sur le dos, tant qu’on a deux tuniques, deux paires de souliers et deux bâtons, on souffre forcément. Deux personnes se réunissent, l’une sort des choses de son sac et l’autre aussi jusqu’à ce qu’elles se disputent : ce n’est rien d’autre que le transfert de matériaux d’un sac à l’autre. Pourquoi ces personnes se querellent-elles ? Pour statuer quel enseignement est le plus juste. L’enseignement juste est celui qui vide ses sacs pleins et donne à ceux dont les sacs sont vides ; l’enseignement juste est celui qui équilibre les énergies dans la nature. Ceci s’applique à la vie sociétale, à la vie familiale et à la vie privée des individus. Où que vous alliez aujourd’hui, vous verrez partout des sacs ; si vous entrez dans une famille, vous verrez le père et la mère et les enfants avoir des sacs ; dans les écoles, les enseignants comme les élèves ont des sacs, voilà pourquoi tous se disputent entre eux. Là où est l’amour se trouve le travail, mais il n’y a pas de sacs. Lorsque je donne la formule a + b = c je désigne les résultats de chaque enseignement, de chaque idée. La lettre a est le nez, le b est l’œil et le sourcil, et le c, la bouche ; lorsque le nez perçoit une odeur extérieure, l’œil souhaite voir les choses et la bouche veut les goûter, donc a + b = c. La bouche est ce qui engendre toutes les disputes. Lorsque ce petit membre s’agite dans la bouche et se met à s’agiter comme une locomotive, à gauche et à droite, tout se mélange ou bien tout s’arrange, cela dépend de la direction. Le Christ dit : « Ne remplis pas ton sac, c’est-à-dire ta bouche », ce qui signifie : « Ne retiens pas la nourriture dans ta bouche pour te prémunir pour le lendemain ». Il n’y a pas plus bête que de se prémunir. Lorsque vous accueillez une idée, ne la retenez pas, mais assimilez-la. Pourquoi la retenir dans son sac ? Traitez-la et renvoyez-la dans le monde pour que chacun en tire profit. Retenir des choses dans son sac, c’est déplacer une chose d’un endroit à l’autre sans obtenir de résultat. Une paysanne a tissé en tout et pour tout trois fuseaux de laine : deux blancs et un noir. Comme elle était paresseuse, lorsque son mari revenait du travail, elle travaillait devant lui tantôt les blancs tantôt le noir pour qu’ils paraissent plus nombreux. Son mari ne voulait pas contrôler le nombre de fuseaux, mais il s’est rendu compte qu’elle ne travaillait pas. Un jour, il a feint d’être mort. Elle s’est mise à chercher des vêtements pour l’habiller, mais sans succès. Enfin lui est venue l’idée lumineuse de l’enrouler avec les fils des fuseaux. Elle s’est mise à lui couvrir les pieds, mais n’a pas réussi à atteindre la tête. Elle l’enroulait tout en se lamentant : « Mon homme, tu ressembles ainsi à une mandoline ». Les gens d’aujourd’hui sont ainsi couverts des pieds à la tête et ressemblent à des mandolines, pour autant la mandoline ne sauve pas la situation et n’anoblit pas l’homme. Aujourd’hui, l’enseignement du Christ comme l’occultisme ont couvert les gens de fils : ils portent ces enseignements comme des fils, mais cela ne les sauve pas. J’aimerais rencontrer des gens idéalistes et non pas couverts de fils ; j’aimerais rencontrer des gens avec des bouches vides, mais des estomacs pleins ; j’aimerais rencontrer des gens avec des poumons pleins, mais des nez vides. Les gens réputés être vides sont cependant ceux qui insufflent un élan dans l’humanité. Pourquoi ? Parce qu’ils vont dans une direction ascendante. Tant qu’on ne déplace pas quelque chose pour créer un vide, on ne peut pas avancer. Ainsi, la première chose qu’on attend des humains est qu’ils se débarrassent des vieux sacs. La raison de l’apparition du sac est le mental humain : lorsque le mental se lie à l’affect, le mal apparaît. On remarque que la haine par exemple n’apparaît jamais entre les sots, mais seulement entre les gens érudits, instruits. Vous vous demandez ce qui incite les humains à pécher d’un point de vue chrétien. À la question de ce qui pousse l’homme à pécher, il y a plusieurs réponses : lorsque Dieu a créé le monde et a mis l’homme au Paradis, le désir de conquérir le monde a agité son cœur : cette cupidité a été la raison de sa chute. Observez la vie des gens pour voir comment leur cupidité les pousse à pécher : le jeune homme veut se marier avec une riche jeune femme ; il l’enlèvera à ses parents, il usera de violence, ceci à cause de sa cupidité : il aime plus l’argent de la jeune fille que la jeune fille elle-même. Selon le même principe, beaucoup luttent pour entrer dans le Royaume de Dieu par la violence ; c’est un mauvais raisonnement. Par violence, on désignait autrefois le fait d’utiliser la force dans son travail, d’utiliser l’amour dans son travail. Lorsqu’on dit qu’il faut donner son amour dans le travail pour le bien de son frère, cet amour donnera du fruit ; le fruit de l’amour, c’est l’avènement du Royaume de Dieu sur la terre. Qui ne s’est pas rassasié lorsque vous l’avez restauré ? Qui n’a pas étanché sa soif lorsque vous l’avez abreuvé ? Qui n’a pas remercié celui qui l’a relevé lorsqu’il était à terre ? Le pain mène l’affamé dans le Royaume de Dieu, l’eau mène l’assoiffé dans le Royaume de Dieu, l’amour pour celui qui a chuté le mène dans le Royaume de Dieu ; l’âme renferme en elle le Royaume de Dieu. Que représente l’avènement du Royaume de Dieu ? C’est cet élan perpétuel de l’âme qui sort de Dieu et va sur terre pour servir. Le Royaume de Dieu vient sur terre et s’en va sans que quelqu’un en prenne possession, personne ne peut disposer d’un acte de propriété du Royaume de Dieu. Que ceux qui prétendent qu’il peut être pris par la force veuillent bien nous montrer ce royaume ! Vous dites que le Royaume de Dieu est en vous et cependant vous le cherchez en dehors de vous. Vous avez un royaume, mais vous n’avez pas de rois ; et si vous avez des rois, vous ne savez pas quelle gouvernance choisir. Vous craignez les bolchéviques ; vous ne devez pas en avoir peur, ce sont les enfants des monarchistes ; vous avez éduqué ces enfants huit mille ans durant : le fils prodigue rentre pour donner une leçon à son père. Nous le voyons dans la nouvelle Taras Boulba de Gogol : Taras Boulba a envoyé ses fils s’instruire et à leur retour, il s’est rué sur eux pour les battre : il voulait éprouver leur force ; lorsqu’ils sont venus à bout de lui, il était content. Les bolchéviques montreront à leur père comment gouverner. Devant la loi, le riche et le pauvre sont égaux ; il faut octroyer son dû à chacun. De nos jours, on prend la besace du pauvre, et on dit au riche qu’il doit travailler. Le temps est venu pour que les pauvres redressent le monde. Qui sont ces pauvres ? Vos enfants. Quels enfants, les bons ou les mauvais ? Peu importe, les bons se distinguent des mauvais par leur signe : les uns sont du signe positif, les autres du signe négatif ; les sacs des bons sont pleins, les sacs des mauvais sont vides, voici la différence entre les bons et les mauvais. Certains approuvent l’ordre actuel et passent pour bons, d’autres ne l’approuvent pas et passent pour mauvais, qui a raison ? Aucun d’eux, car ils raisonnent tous en fonction de leurs besaces. Beaucoup disent que le christianisme est un bon enseignement. Pourquoi ? Parce qu’il éduque et assure l’homme. Ce raisonnement n’est pas juste : c’est un ancien enseignement avec un nouvel écriteau ; après un temps, ils quittent le christianisme et adhèrent à un autre enseignement. L’enseignement divin se distingue en ce qu’il apporte de la nourriture à tous, petits et grands ; cet enseignement apporte des règles à tous : chacun peut se conformer à ces règles. « Celui qui a emprunté le chemin. » De quel chemin parle le Christ ? Le chemin du progrès. Celui qui l’a emprunté doit s’affranchir de toutes les vieilles idées ; ceci doit se faire librement, toute violence faite sur l’homme pour lui prendre sa besace mène au conflit, aux heurts. « Ni deux tuniques. » Par tunique, le Christ désigne l’ordre social actuel. Il ne vous faut pas plus d’une tunique, mais savoir qui servir. On ne peut servir que Dieu. Lorsqu’on dit qu’il faut servir le peuple, sachez qu’il est un enfant de l’humanité, par conséquent, lorsque vous servez l’humanité, vous servez aussi le peuple ; le peuple est un enfant qu’il faut élever. Beaucoup de peuples disparaîtront car les corps de ces enfants ne sont pas formés selon les règles établies par Dieu ; beaucoup de peuples ont disparu dans leur forme et pas en substance. Pourquoi ? Parce que les règles sur lesquelles ils se sont appuyés dans leur vie ne leur ont pas permis de perdurer. La force, les idées, les croyances religieuses des gens ne se perdent pas, mais évoluent. À notre époque apparaîtront autant de religions et de croyances qu’il y en avait dans le passé, mais elles seront changées. Qu’est-ce que la danse contemporaine dans les théâtres ? Rien d’autre que les danses populaires d’autrefois. Lorsqu’ils vont au bal, bien habillés, les gens veulent paraître plus nobles que les gens simples ; ils vont tournoyer toute la nuit, ils vont transpirer et prendre froid, et n’obtiendront rien de spécial. Ensuite, ils vont parler des derviches : qui n’est pas derviche dans le monde ? On corrige son enfant, il se roule par terre, c’est un derviche. Vous direz que le derviche est dangereux ; c’est un raisonnement erroné. Il est dangereux, mais tu le croises partout : on voit partout des derviches qui tournent et jouent. Allez dans un village bulgare pour voir les danses populaires qu’on y joue ; les danses populaires bulgares sont belles ! Là, les jeunes gens font connaissance, chaque jeune fille qui veut se marier va dans la ronde. Vous direz qu’il ne faut pas aller danser. Je vous demande si vous avez atteint la cent millionième rotation ? Si c’est le cas, vous pourrez librement aller danser sans aucune gêne. Dans les danses populaires bulgares il y a plus de sens que dans les danses européennes qui se dansent à deux ; si la jeune fille danse avec un seul jeune homme comme cela se pratique dans les bals, elle n’obtiendra rien, surtout s’il est démagnétisé ; la même jeune fille, entraînée dans une danse populaire gagnera quelque chose, elle rentrera chez elle bien disposée et rassénérée car elle a bénéficié du magnétisme collectif de tous les participants. « Faut-il danser ? » Oui, comme des Bulgares et pas comme des européens. C’est bien de vous assembler à deux ou trois cents pour danser ensemble, alors qu’à deux, vous gagnerez ou bien vous perdrez. La même loi s’applique aux gens instruits. Certains disent qu’il y a autour de moi une chaîne secrète. C’est curieux, de quelle chaîne secrète peut-il s’agir ? Lorsque deux ou trois cents personnes se rassemblent à un endroit et se magnétisent, ils seront au vu de tous ; la danse se fait à découvert. J’entends donc par chaîne, les chaînons d’êtres vivants, hommes et femmes, liés dans une danse commune comme les derviches. La différence est que les derviches n’admettent pas les femmes dans leurs danses. Et de plus, ils exagèrent dans leurs tournoiements : lorsqu’ils atteignent la dernière rotation, de l’écume leur vient aux lèvres ; lorsqu’ils reviennent à eux, ils se mettent à prophétiser ; ils deviennent ainsi des prophètes de manière forcée : ce ne sont pas des prophéties, mais des convenances, admises par tout le monde. Quelqu’un vient et demande comment il faut saluer ses proches ? Il faut d’abord enlever son chapeau, puis ses gants ; on peut serrer la main du bien-portant sans gants pour prendre de son énergie, mais il faut serrer la main du malade avec des gants ; si tu veux volontairement lui donner de ton énergie alors il faut enlever tes gants, cela dépend de chacun. Beaucoup viennent me voir et me serrent la main sans enlever leurs gants, ils veulent ainsi se dissimuler pour ne pas me laisser deviner la culture qu’ils portent en eux. Je dis : toutes les couvertures doivent être enlevées, ce sont les vieux sacs dont l’humanité doit se libérer. La raison des maladies est dans les gants des gens d’aujourd’hui, ils introduisent des dépôts et des impuretés dans le sang. « Je suis chrétien ! » En tant que chrétien, as-tu purifié ton sang, as-tu appris les règles pour nettoyer le sang, as-tu appris les règles pour respirer, pour recueillir l’air divin, as-tu appris la règle pour engendrer une pensée juste en toi, ta pensée peut-elle donner du fruit ? Quelle est la différence entre les fruits réels et les fruits fictifs, irréels ? Si je vous donne une pomme ou une poire en cire ou en gypse et une autre d’un arbre fruitier, comment les distinguerez-vous ? Les vrais fruits portent de la force en eux. Chaque enseignement doit par conséquent être essayé par votre mental, puis par votre cœur et c’est alors que vous vous prononcerez sur lui. Un enseignement est authentique et à sa place s’il insuffle constamment la force dans l’esprit et l’amour dans le cœur. On raconte que quelqu’un s’est évanoui d’amour ; je ne vous parle pas de l’amour qui fait s’évanouir les gens ; celui qui s’évanouit par amour a participé à un tournoiement de derviches. Un commerçant fait faillite. Pourquoi ? Il a pris part à un tournoiement de derviches : sa chute est due à ses vieilles besaces. Le Christ dit : « Chaque homme de pouvoir qui a emprunté le chemin divin doit laisser son sac, chaque enseignant qui a emprunté le chemin divin doit laisser son sac, chaque prêtre qui a emprunté le chemin divin doit laisser son sac, tous doivent laisser leurs sacs, malheur à ceux qui ne laissent pas leurs sacs, malheurs à vous, pharisiens, malheurs à vous hypocrites ! »[2] Ce sont des paroles très fortes. Pourquoi ? Parce que nous revêtons nos égarements avec de belles tenues et nous nous offusquons si quelqu’un ose nous dire la vérité. Je respecte les Bulgares pour leurs danses populaires pleines de joie et de gaîté, c’est une culture, une religion. Vous dites : « Dansons pour nous emplir de gaîté, nous n’avons pas besoin de beaucoup d’enfants. » Pourquoi ne voulez-vous pas beaucoup d’enfants ? Lorsqu’il est question de fruits, vous voulez que le poirier et le pommier donnent beaucoup de fruit, mais lorsqu’il est question de vous, vous ne voulez pas beaucoup d’enfants : que naissent autant d’enfants qu’il a été déterminé, il faut des enfants, mais des enfants du bien. Souvent un esprit de compétition anime mes auditeurs : si un nouveau apparaît parmi eux, ils disent : « Celui-ci est nouveau, il prendra notre place ». Je dis : faites-lui de la place, c’est votre petit frère, donnez-lui de votre énergie, de votre pensée pour aller de l’avant dans la vie, ne le freinez pas. Enlevez vos sacs de vos épaules et laissez chacun se développer librement. « Est-ce que cet homme est bon ou pas ? » Ne t’en occupe pas, Dieu pense à tout. Les Bulgares disent : « Dieu donne, mais ne fait pas rentrer dans l’étable. » Si tu travailles, Dieu fait aussi rentrer dans l’étable, mais si tu ne travailles pas, Dieu ne fait rien rentrer dans l’étable. Pensez-vous que quelqu’un peut prendre la première place et la garder s’il ne travaille pas ? La première place a un rapport à celui qui est capable d’accomplir un grand travail : son Maître lui donne un problème âpre à résoudre et il le résout. Certains pensent que la première place sous-entend la place tout devant : elle sous-entend la mission la plus difficile. La première place se donne aux gens forts, avec du caractère, et qui peuvent se sacrifier ; celui qui est prêt à vivre pour les autres prendra la première place, celui qui ne vit que pour lui-même prend la dernière place. Le musicien se teste avec les partitions les plus difficiles, et s’il les joue bien, il est mis à la première place ; personne ne fait de concessions là-dessus. Vous direz qu’un élève aime son enseignant, il lui porte des fleurs, il l’invite chez lui, il le traite avec déférence ; s’il fait tout ça mais qu’il n’étudie pas, il restera à la dernière place. Par conséquent, la première place indique les aptitudes de l’individu et la noblesse de son âme. Pour comprendre le sens des choses il faut avoir un esprit supérieur et un cœur noble. Une femme ne peut pas supporter son mari, mais elle veut être la première dans le Royaume de Dieu. Je lui dis : « Puisque tu ne peux pas supporter ton mari, tu seras la dernière dans l’autre monde » ; il en est de même pour le mari qui ne peut pas supporter sa femme. Vous dites : « Qu’est-ce qu’il adviendra du monde ? » Je vois une commission qui évalue tous les peuples : elle observe comment ils résolvent les problèmes posés. Les Bulgares aussi ont un problème qui leur est posé. « Oui, nous avons aussi une délégation à Paris. » Que vous ayez ou non une délégation, le problème doit être résolu ; si vous ne le résolvez pas, même si vous allez à Paris, vous resterez à la dernière place. Votre problème n’est pas résolu et vous dites déjà que le peuple est victime d’injustice ; tout peuple qui est honnête, intelligent, juste et bon, ne peut souffrir. Tout être qui possède ces qualités, ne peut pas souffrir, aucune catastrophe ne peut le frapper, tout le ciel et toute l’humanité sont de son côté. En ce sens, les érudits ne font rien d’autres que donner des méthodes, formes, modes opératoires qui montrent aux humains le droit chemin. Celui qui est préparé se distingue de celui qui n’est pas préparé comme les fruits tropicaux se distinguent des fruits des pays tempérés : les premiers sont gros, juteux, sucrés. Le Christ dit : « Ni d’un sac pour le voyage, ni deux tuniques ». Ceci a un rapport avec notre époque. Si vous me demandez ce qu’il adviendra du monde, je dis, ne vous inquiétez pas, le monde se libérera de tous les sacs, des deux tuniques, des souliers et des bâtons, ce qui signifie : le monde se libérera de tous les enseignements mensongers et vieillots qui rassemblent, mais sans accomplir la volonté divine. Ce sont les sac du monde d’aujourd’hui, ils seront liquidés. C’est ainsi que parle le Seigneur, c’est ainsi qu’Il écrit dans Son livre. Tous les vêtements qui se vendent au marché ont une apparence de neuf, mais sont anciens à l’intérieur : ils portent des contagions ; c’est pourquoi je dis : ne rentrez dans aucune organisation humaine. Beaucoup d’associations de soutien aux Bulgares ouvrent les portes aujourd’hui ; quel que soit leur soutien, ils ne portent pas de salut pour l’humanité. Que faire ? Je vous répondrai par une image : le serpent a demandé : « Dois-je me débarrasser de ma peau ? – Débarrasse-t ’en. – Pourquoi ? – Parce que tu as une nouvelle peau au-dessous. » Je vous dis à vous-aussi : jetez le vieux sac pour mettre le nouveau qui cache une force magnétique en lui. Jette les vieilles pensées qui sont ton ancienne peau ; jette les vieux sentiments qui créent la haine : elle doit se transformer en amour. Jette le vieux sac pour te réconcilier avec ton frère : cela fait deux mille ans que tu portes ce sac, il est usé. Lorsqu’il parle du sac, le Christ désigne la nature humaine qui se laisse facilement tenter et séduire ; lorsque je touche ce sac, moi-aussi je m’en méfie. Celui qui balaie les vieilles maisons sera contaminé par quelque chose ; moi-aussi je refuse de balayer de vieilles maisons. Je ne reconnais pas la manière dont on s’y prend pour balayer : à l’avenir les balais fonctionneront à l’électricité, on mettra le courant, et tout sera nettoyé d’un coup. Maintenant la ménagère balaie toute la journée et pense qu’elle a tout nettoyé ; il suffit de regarder l’air dans une pièce éclairée par le soleil pour voir combien elle est propre : toute la pièce est remplie de poussière ! La même chose se produit dans les sociétés, les peuples ; un réformateur vient transformer le monde, mais au bout du compte rien n’en sort. De grands hommes se présentent, ils forment une Société Des Nations, une ligue internationale, et finalement cela n’aboutit à rien. Je ne crois pas à la ligue des nations. Pourquoi ? Voilà que Wilson a apporté de nouvelles idées, mais elles n’ont pas donné de résultat. Les Bulgares ont cru que leur salut était dans la ligue des nations ; la ligue peut tout au plus guérir les humains de certaines maladies, mais elle ne peut pas apporter de fraternité et d’égalité entre les peuples. Le Christ dit : « Ni d’un sac ». Lorsque les humains accepteront l’amour divin, ils comprendront que l’humanité est leur père et qu’ils sont les enfants de ce père, alors viendra l’union, la fraternité et l’égalité entre les peuples. J’enlève le mot égal, égalité du dictionnaire divin ; si on met ce mot entre les humains, le diable leur rendra visite aussitôt. La fraternité est à sa place, mais l’égalité est un mot galvaudé. La fraternité repose sur l’amour. De quel amour est-il question, humain ou divin ? Rappelez-vous : l’amour est un et indivisible, c’est une grande idée, un grand élan. Il y a tout dans cet amour : fraternité, liberté, savoir, sagesse, culture, civilisation. Tout le reste est en deçà de l’amour divin. Ainsi, si quelqu’un me demande en quoi je crois, je réponds que je crois uniquement à l’amour ; si je dis que je crois en autre chose, je ne dis pas la vérité. Quelqu’un dit qu’il croit en la sagesse. Sais-tu ce qu’est la sagesse ? La sagesse se manifeste dans les formes géométriques et les règles d’algèbre. En voici une : a + b = c. Un théorème géométrique : deux grandeurs ou deux lignes, égales à une troisième, sont égales entre elles ; ce qui signifie : un père et une mère qui aiment de la même façon leurs enfants, les forces qui agissent entre eux sont aussi égales. Entre le père et la mère il y a de l’harmonie ; là où est l’harmonie, on peut parler d’égalité ; hors de l’harmonie il n’existe aucune égalité. Ainsi, renoncez aux vieux sacs, tuniques, souliers et bâtons. Certains philosophes me demandent : « Devons-nous rester nus ? » Vous ne comprenez pas ce qu’on vous dit. Je dis : enlevez vos anciennes peaux pour en revêtir de nouvelles. Si après la causerie d’aujourd’hui vous ne pouvez pas renoncer à vos vieux sacs, vous reviendrez les mêmes, avec les mêmes souffrances et malentendus et vous considérerez tout nouveau venu comme quelqu’un qui veut s’emparer de quelque chose. Les gens qui ont des sacs sont dangereux. Savez-vous ce que font certains brigands ? En faisant trop les malins, ils tombent eux-mêmes dans un piège. Quelqu’un met sa tête dans un pot comme un chien et ne peut pas la retirer ; il tape sa tête dans le pot et quiconque le voit, dit : « Le chien a mis un pot sur sa tête » ; ce n’est pas un pot mais une besace. Les enfants se moquent de lui, lui jettent des pierres : comment se sauvera-t-il ? Cassez le pot : il recouvrera la vue et se sauvera de ses malheurs. Le pot représente le sac que les gens d’aujourd’hui portent sur leurs têtes. Vous direz qu’il est facile de parler, mais difficile d’agir ; c’est également facile à faire : si tu raisonnes justement, tu peux tout faire. Est-il possible de l’accomplir dès maintenant ? Si tu as mûri, c’est possible, sinon c’est impossible ; si tu es venu au printemps lorsque les serpents se débarrassent de leurs peaux, tout ira bien ; si tu n’es pas venu au printemps, cela n’ira pas. Les moralisateurs disent souvent que les humains doivent être justes et honnêtes. Je demande : comment peut-on être juste et honnête lorsqu’on suit le chemin de la fourmi ? Ne pense pas à la fourmi, ne pense pas à celui qui pille. « Ne faut-il pas écouter cet érudit ? – Laisse cet érudit de côté, c’est une fourmi. – Qui dois-je écouter, dois-je croire que mon âme est l’accord d’un mental, d’un cœur et d’une volonté ? » Tu n’as rien à croire : que tu croies ou non, c’est pareil, tout est en toi, tu es toi-même un philosophe, tu dois tout résoudre tout seul. Si tu es affamé, viens auprès de moi, je te restaurerai, je te donnerai du pain pour te rassasier, après cela tu pourras penser. Si tu as besoin d’air, inspire profondément et tu te renouvelleras. Peu importe qui t’a donné le pain, c’est le résultat qui importe. Il en est de même pour tout enseignement : peu importe d’où te vient une vérité, l’important est qu’elle soit divine et qu’elle insuffle de la vie en toi. Lorsque je parle des philosophes et des érudits, je veux savoir une chose : est-ce qu’ils apportent ou non ce pain qui maintient la vie. Renoncez aux vieux sacs qui vous rendent mécontents. J’observe ce qui rend les gens mécontents : si je donne un morceau de pain à quelqu’un, son voisin le regarde aussitôt avec mécontentement et dit : « Tu lui as donné un plus grand morceau de pain qu’à moi, tu as rempli son sac ». Mon ami, tu fais erreur, je ne mets de pain dans le sac de personne ; ce que je donne doit être mangé tout de suite, je n’assure personne, je ne m’assure pas moi-même non plus. J’ai croisé un pauvre un jour : il demandait de l’aide ; je lui ai donné ce que j’ai pu. Je l’ai croisé de nouveau le lendemain, il demandait encore de l’aide. « Qu’as-tu fait de l’argent d’hier ? – Je l’ai bu. – Si c’est comme ça, viens avec moi dans une auberge, on va se restaurer. » Il ne faut pas s’assurer pour le lendemain. Un mendiant prend le morceau de pain que je lui donne, mais il n’est pas content, il en demande davantage. Je lui dis : « Mange le pain et vois le résultat que cela produira en toi, s’il insuffle quelque chose de bon en toi, ce pain est bon et donné avec amour ». Acceptez l’enseignement que je prône aujourd’hui, et lorsque vous rentrerez chez vous, ayez le désir de bien vivre avec tous vos frères et amis ; c’est cela chercher Dieu en soi et non pas à l’extérieur. Il n’existe nulle part un Dieu tel que vous Le cherchez. Où est Dieu ? On ne peut pas répondre à cette question, c’est comme demander où est le soleil. Ne demande pas où est le soleil, mais expose ton dos à sa lumière et à sa chaleur et tu comprendras où il est et ce qu’il représente. Le soleil qui donne de la chaleur et de la lumière est le chemin qui mène au Dieu de l’amour. Il élève les humains, les unit et les ressuscite ; en dehors de lui on ne peut pas trouver Dieu. Vous dites : « Si les bolchéviques viennent, ils terrasseront la religion, ils se débarrasseront de Dieu ». Ce ne sera que la manifestation de ce Seigneur en lequel vous croyez ! Vous parlez sur le Seigneur depuis deux mille ans, mais Il n’a pas encore redressé le monde. Pourquoi ? Parce que vous parlez du Seigneur, mais vous vénérez les humains, vous vénérez tel érudit, tel philosophe. À bas les systèmes philosophiques qui éloignent les humains de la vérité ! Je suis saturé de ces systèmes philosophiques. Vous aussi, vous en êtes saturés, je le vois sur vos visages, je vois le mécontentement, il est visible. Qui parmi vous est content de sa philosophie, qui parmi vous a appliqué un enseignement et s’est déclaré content de lui ? Si on trouve un tel homme, je m’assiérai à ses pieds pour écouter quel est son enseignement et comment il l’a appliqué. Il y a tellement d’années que je prône cet enseignement auprès des habitants de Sofia, mais personne encore n’a tenté de l’appliquer. Certains m’écoutent, hochent la tête et disent : « Nous sommes de grands pécheurs ». Je ne cherche pas à régler de vieux comptes, je dis à chacun : sème ! Ce que tu sèmeras cette année, sortira de terre ! Sème du blé, du maïs, du seigle, des haricots ; ce que vous sèmerez vous sera profitable sur le plan physique comme sur le plan spirituel ; le blé, le maïs, le seigle, les haricots sont des symboles. Vous direz que vous savez ce qu’ils représentent. Vous le savez, mes amis, vous le savez tous, il n’y a personne qui ne sache ce qu’est le blé, le maïs, les haricots et ainsi de suite. Beaucoup pensent qu’ils savent tout, alors qu’ils ne savent que très peu ; beaucoup pensent qu’ils sont assurés, alors qu’ils ne le sont pas. Je suis allé il y a des années de cela au monastère de Rila. Après la visite, on m’a fait entrer dans une pièce pour voir les crânes de quelques moines qui y avaient vécu. J’ai voulu les examiner car je peux lire en eux. Je les ai regardés et j’ai demandé qu’on me donne une bougie. Lorsque j’ai éclairé tous les crânes, je suis arrivé au dernier ; à peine avais-je posé la bougie dans le crâne qu’elle s’est éteinte. Je me suis adressé en pensée à l’esprit de celui dont c’était le crâne et je lui ai dit : « Mon ami, n’aie crainte, ce que je lirai, je le garderai pour moi, je ne dirai à personne ce que j’ai lu ; tu as vécu jadis sur terre, mais aujourd’hui encore tu as peur que soit dévoilée ta vie passée ; n’aie crainte, mais redresse-toi, car la prochaine fois que tu seras sur terre tu ne seras pas meilleur que par le passé ». Le moine qui m’accompagnait m’a demandé : « Que dis-tu à ce crâne ? » – De toutes les façons, vous ne croirez pas ce que je vous dirai, pour vous celui qui parle aux crânes des humains a l’esprit dérangé. Je suis dérangé d’esprit, mais que direz-vous de celui qui cherche à récupérer son argent depuis des milliers d’années ? Ne cherche pas tes débiteurs du passé, ni ceux du présent, pardonne à tes débiteurs ! N’est-ce pas une dette de défunts ? On juge quelqu’un sans se douter que sa culpabilité remonte au passé lointain : ils ne voient aujourd’hui que les conséquences de son crime, et pourtant ils le jugent, et ce sont des gens intelligents qui font cela ! J’ai continué ma conversation avec le crâne. Le moine dont c’était le crâne m’a demandé : « Que fais-tu ? – Un examen. – Pourquoi ? – On me demande des renseignements sur toi. – On peut m’emprisonner. – Non, je ferai tout pour que ta condamnation soit uniquement avec sursis. » Il s’est apaisé. J’ai mis une deuxième fois la bougie dans le crâne, et cette fois, elle ne s’est pas éteinte, il a dit qu’il me faisait confiance. Aujourd’hui le Christ descend sur terre avec une bougie allumée pour chercher de vrais hommes. C’est ce qu’avait fait l’un des philosophes grecs, Diogène : il a allumé une bougie et il a marché dans la cité. Tout le monde l’a interrogé : « Pourquoi as-tu allumé cette bougie, que cherches-tu ? – Des hommes. – Ne vois-tu pas que le monde en regorge ? – Je cherche de vrais hommes ! » Le Christ aussi a posé la question : « Lorsque le Fils de l’Homme viendra une seconde fois sur terre, trouvera-t-il assez de foi, trouvera-t-il des gens qui accepteront son Enseignement ? »[3] Je demande s’ils vont de nouveau l’abandonner comme il y a deux mille ans ; doivent-ils encore dire : j’abandonne, je ne peux pas souffrir pour toi ! Le Christ dit : « Celui qui ne renonce pas à son père et à sa mère et ne me suit pas, n’est pas digne de moi ».[4] Je rajoute quelque chose à ce verset : « Celui qui accueille son père et sa mère, son frère et sa sœur dans sa maison avec amour, est digne de moi ». Cela contraste avec le premier verset : l’un est à la forme négative, l’autre, à la forme positive. L’enseignement du Christ s’assimile dans les deux formes : négative et positive. Quelle conclusion donnerons-nous à cette causerie ? Il vaut mieux terminer sans faire de conclusion. Sofia, 13 avril 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Ne vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni sandales ni bâton, car l'ouvrier a droit à sa nourriture. » (Matthieu 10, 9-10) [2] « Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui ressemblez à des sépulcres blanchis : au dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d'ossements de morts et d’impuretés de toutes sortes. Ainsi de vous : au dehors vous offrez aux hommes l’apparence de justes, alors qu’au dedans vous êtes remplis d'hypocrisie et d'iniquité. » (Matthieu 23, 27-28) [3] « Je vous le déclare, il leur fera justice bien vite. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Luc 18, 8) [4] « Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. » (Matthieu 10, 37)
  18. L’enfant croissait « Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était sur lui. »[1] Luc 2 :40 « Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était sur lui. » On évoque ici deux situations : croître en esprit et en sagesse, et en grâce divine. Qui croît dans la vie, l’enfant ou l’adulte ? L’enfant. C’est vrai que la croissance est une différence substantielle entre l’enfant et l’adulte. L’enfant croît de jour en jour et la mère se réjouit lorsqu’elle voit comment un bout de chair devient un jeune homme gaillard ou une jeune fille élancée. Pendant la croissance physique les membres du corps doivent se développer de façon proportionnée, on dit alors que l’organisme est extérieurement beau, robuste et bien portant. Sur le plan physique, l’esprit se manifeste dans la force et la sagesse, dans la plasticité, c’est-à-dire dans des os solides et des muscles endurants ; donc si les os ne sont pas solides mais se brisent facilement, et si les muscles manquent d’endurance, l’individu n’a pas atteint la sagesse dont parle le Christ. Celui qui ne comprend pas le sens de la croissance physique en esprit et en sagesse dit que le sens de la vie se résume à se nourrir ; ce n’est pas ainsi. Il ne suffit pas seulement de manger, mais faut-il encore manger avec plaisir, être content lorsqu’on mange et lorsqu’on ne mange pas, être content de ce qu’on reçoit. Si tu manges et éprouves un mal-être, tu ne vis pas comme quelqu’un de raisonnable et de conscient. Ainsi, la nourriture, l’alimentation est une question humaine essentielle, mais il faut y porter un regard conscient. Voilà pourquoi, tous les partis politiques dans le passé comme dans le présent mettent la question de la nourriture au premier plan : les partis conservateurs aussi bien que les bolchéviques mettent la question du pain à la première place. Le riche veut avoir plus de canards, de poules, d’agneaux pour manger et boire avec des amis et des parents, fêter l’anniversaire du fils, de la fille, de la femme ou du mari ; une autre fois ils se rassemblent pour se régaler en l’honneur de saint Pierre, saint Jean ou un autre saint ; ils trouvent toujours une occasion de bien manger ! Le pauvre regarde comment le riche mange et boit, et il se dit : « Je veux moi-aussi manger en l’honneur d’un saint, je veux aussi festoyer en l’honneur de mes enfants », et en fin de compte la haine et la discorde naissent entre le riche et le pauvre. Tout le monde a le droit de se nourrir, car on assimile par la nourriture les éléments nécessaires à son développement ; que celui qui n’admet pas cela essaie de vivre sur terre sans manger et sans boire ! Lorsqu’on prêche aux humains qu’ils doivent manger moins, et qu’il est normal qu’il y ait des riches et des pauvres, ce prêche a quelque chose d’intéressé ; selon cet enseignement, la richesse sous-entend une vie d’abondance pour les uns au dépens des autres : ce n’est pas juste. Tous doivent manger sans excès, en ce sens il n’y a pas plus grand bienfait que la nourriture. La nourriture est la seule chose que les humains comprennent de la même façon. Fais venir quelqu’un d’affamé et d’indisposé chez toi et donne-lui à manger ; il sera bien disposé, il ouvrira son cœur et t’écoutera ; il acceptera ce que tu lui dis, il acceptera l’idée de la fraternité et de l’égalité, du Seigneur. Tant qu’il est affamé, rien ne l’intéresse : il renie le Seigneur, la morale et rejette toutes les grandes idées. Le Christ dit : « Le Royaume de Dieu sur terre est proche [2]». Il est proche, mais il n’est pas encore venu ! Quand viendra-t-il ? Lorsque la question de la nourriture, c’est-à-dire du pain sera résolue. Certains diront que l’Église recommande le carême ; par carême, j’entends du travail. Celui qui jeûne, travaille intensément dans le champ : il laboure, il sème, il moissonne ; lorsqu’il termine son travail, il rentre chez lui, rompt le jeûne et dit : « Donnez-moi à manger, j’ai fini un travail et j’ai le droit de bien manger et de bien me reposer, cela m’est agréable et me fait du bien ». Manger a un rapport à la vie physique et spirituelle, par conséquent, comme tu nourris ton estomac, de même tu nourriras ton esprit et ton cœur, et tu remercieras de les avoir contentés. Tu assimileras des pensées et des sentiments purs, tu les assimileras sans faire d’excès ; c’est ainsi que tu comprendras le lien étroit et inaltérable entre les mondes physique, spirituel et mental. C’est la seule façon de comprendre que le monde physique incarne les ombres des choses, et les mondes spirituel et mental, leur réalité. Le monde physique est la forme extérieure des choses, il passe par différents changements, le monde spirituel en est le contenu et le monde mental, ou encore divin, en est le sens ; leur force se trouve dans leur contenu et leur sens et pas dans la forme. « Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse. » La croissance naturelle est celle où l’être humain passe graduellement d’un palier à un autre comme l’enfant passe d’une classe à une autre : c’est le chemin du développement humain. Celui qui essaie de sauter un palier se heurte à de grandes difficultés. Le rapport entre la force et l’organisme humain est le même qu’entre l’esprit et la sagesse : l’un ne peut se manifester sans l’autre. Est-ce que cette comparaison est juste ? Essayez et vous verrez ; chacun a la possibilité d’éprouver et de vérifier les choses. Comment vous prouver qu’une pomme est savoureuse ? Il suffit de la goûter pour avoir un avis sur sa saveur. Paul dit : « Il y a un corps naturel et un corps spirituel [3]». Par corps naturel, on entend le corps physique étroitement lié au corps spirituel, et il faut préserver le lien entre eux, c’est-à-dire ne pas l’abîmer. Plus étroit est le lien entre eux, plus robuste est l’individu, aussi bien physiquement que spirituellement. Celui dont le système nerveux fonctionne parfaitement est en bonne santé physique. Les nerfs de l’organisme humain sont comme les cordes d’un instrument : l’instrument est bien entretenu lorsqu’il se trouve entre les mains d’un maître musicien ; s’il est entre les mains d’un enfant, il s’abîme rapidement. Chacun a un enfant en lui qui ne peut pas encore réfléchir et fait toujours des erreurs et des bêtises ; sachant cela, ne vous demandez pas pourquoi vos cordes sont rompues ou vos instruments cassés, mais élevez votre enfant pour qu’il croisse en force et en sagesse. Tant que l’on ne prend pas conscience d’être un enfant espiègle qu’il faut élever, on ne peut pas croître, devenir adulte et acquérir la sagesse. Nos contemporains pensent qu’ils sont très cultivés, qu’ils savent beaucoup, etc. et ils considèrent leurs propres aïeux comme ignorants et incultes. En réalité, les gens d’aujourd’hui sont encore des enfants qui doivent grandir, mais ils ont encore beaucoup de travail pour croître en esprit et en sagesse. Tant que quelqu’un entrave les affaires de son père en se disputant et en maugréant, nous considérons qu’il ne croît pas en esprit et en sagesse. Par conséquent, ne vous mettez pas en colère les uns contre les autres, mais gardez le lien avec votre Père pour qu’Il vous apprenne à vivre et à régler vos affaires. Ce qui est vrai pour la vie physique l’est aussi pour la vie spirituelle. Il y a malgré cela une certaine différence entre le monde spirituel et le monde physique : les créatures qui vivent dans le monde spirituel accomplissent les commandements Divins sans protester, les humains sur terre en revanche n’obéissent pas à ces lois et sont en conflit permanent. Les affaires dans le monde physique ne marchent pas et ils les remettent constamment à plus tard ; dans le monde spirituel en revanche il n’y a aucun retard possible. Dans le monde physique chacun se croit plus intelligent et plus instruit qu’il ne l’est en réalité ; dans le monde spirituel chacun a une idée claire de lui-même et de ses capacités. Dans le monde spirituel, les écoles, les familles sont mieux loties que sur terre. Y a-t-il là-bas aussi des enfants et des élèves ? Oui ! On parle dans les Écritures d’enfants de Dieu. Y a-t-il des enfants de Dieu sur terre ? Il n’y en a pas ! Donc par enfant de Dieu on désigne les enfants du monde spirituel. Ils s’instruisent sur place et lorsqu’ils obtiennent leur brevet, leur baccalauréat, on les envoie sur terre pour être vos enfants ; on les pleure au Ciel alors qu’on se réjouit sur terre d’avoir un enfant gentil, noble et intelligent. Lorsqu’il passe quelques années avec ses parents sur terre, il repart dans le monde spirituel ; ses parents le pleurent, alors qu’au Ciel on se réjouit de voir qu’il a terminé son travail. Il est venu sur terre pour éveiller ses parents, insuffler dans leurs esprits une nouvelle idée et ensuite il s’en va. Le monde contemporain est pris par une nouvelle idée : le bolchévisme. C’est une idée divine, mais il ne faut pas la corrompre. Chaque nouveau mouvement, chaque nouvelle idée est divine, mais en l’appliquant on y introduit des éléments humains : l’intérêt, l’égoïsme, etc., qui la corrompent. Ne craignez pas le divin, mais gardez-vous du transitoire, de l’humain, basé sur la vie personnelle. Ne craignez pas qu’un mouvement donné prenne de l’ampleur ; son ampleur est déterminée, et une fois atteinte il ne peut plus évoluer. Le balancier d’une pendule va d’un côté à l’autre, mais son mouvement dépend de sa longueur ; par conséquent, l’ampleur du développement humain atteindra les limites dans lesquelles il peut croître et recevoir la grâce divine. Paul dit ainsi : « Nous traverserons beaucoup de souffrances avant d’entrer dans le Royaume de Dieu et recevoir la grâce Divine »[4]. Il l’a appris par son propre vécu et par la vie du Christ qui est venu sur terre auprès du peuple élu, les hébreux, mais ces derniers ne L’ont pas reconnu. Leurs prophètes ont prédit la venue du Christ en tant que le Messie, mais ils L’ont crucifié ; aujourd’hui encore, ils portent cette croix à cause de cette erreur. Que devaient-ils faire ? Accueillir l’enseignement du Christ. Il leur apprenait à vivre bien, mais ils ne l’ont pas accepté non plus. Ce qui concerne les hébreux concerne tous les peuples : chaque peuple doit accueillir l’enseignement du Christ qui apporte une culture sociale, politique et spirituelle reposant sur la loi de l’amour. Par amour, nous ne comprenons pas une expérience physique, une humeur ou des ressentis, mais quelque chose de supérieur qui dépasse les capacités de l’être humain sur le plan physique. Seul celui qui a dépassé les conditions physiques et qui est maître de lui-même peut aimer. Aucune des langues actuelles ne peut exprimer le contenu et le sens de l’amour divin. Vivre dans cet amour, c’est découvrir en un instant le monde entier avec sa science, sa philosophie, son art, sa musique. Celui qui vit dans l’amour, croît et se développe normalement. Perdre l’amour déposé en son âme, c’est perdre le sens de la vie, perdre tout savoir et culture, toute musique et poésie dans la vie ; s’il en arrive là, l’homme perd la force et la lumière de sa pensée. Il ne lui reste rien d’autre qu’à manifester l’amour. Comment faire cela ? En ouvrant les fenêtres de son cœur et de son âme. Dieu a déposé l’amour dans toutes les créatures vivantes, mais elles doivent le manifester. Faites des essais avec l’amour pour voir quelle force il représente. Si tu sombres dans le désespoir et si tu te sens abandonné de tes parents, de tes amis et de tes proches, ne cherche pas les raisons hors de toi, mais oublie tout ce qui est mauvais. Ouvre ton cœur aux autres, à tes proches, regarde les comme des êtres aimés qui veulent ton bien, et ton désespoir se transformera immédiatement en joie. « C’est difficile à obtenir. » C’est vrai, c’est accessible uniquement aux héros qui peuvent facilement dépasser leur vie personnelle pour entrer dans la vie spirituelle et se dilater. Le monde spirituel est basé sur une complète harmonie et régularité, sans désaccord, sans arbitraire et sans contradiction. Par conséquent, si tu souhaites sortir des contradictions, entre dans le monde spirituel, c’est le seul moyen de connaître l’amour et de savourer véritablement la vie. Ainsi, lorsqu’on parle de philosophie, de christianisme, d’occultisme, on entend le monde spirituel. Lorsqu’on parle de choses ordinaires, on est dans le monde physique où on fait des essais. Peut-on se passer des essais ? Non, le monde physique est un champ d’expérimentation : celui qui est passé par lui en toute conscience peut alors entrer et sortir du monde spirituel librement. Il se trouve dans la situation de celui qui connaît beaucoup de langues : où qu’il aille, il connait la langue des locaux et peut discuter avec eux. Où est le monde spirituel ? Autour de nous, tout comme le monde physique ; les deux mondes sont au même endroit, mais pour les percevoir il faut posséder les organes adéquats. Il y a aussi des maisons dans le monde spirituel, mais entièrement vitrées, c’est pourquoi la lumière y pénètre partout ; il y a des fleuves, des mers, des océanes comme sur la terre, dans le monde physique ; nous tirons la conclusion que le monde physique est créé à l’image du monde spirituel. Il est dit dans la Genèse que la terre était informe et vide, mais rien n’est précisé pour le monde spirituel, il a donc existé avant le monde physique. On aspire au monde spirituel, mais on ne peut pas y entrer facilement, il faut passer par de grandes péripéties avant d’y mettre le pied. Le monde spirituel représente une réalité absolue par la forme, le contenu et le sens ; le monde physique est réel uniquement par la forme. Pour entrer dans le monde spirituel, on doit croître en esprit et en sagesse. Quelles que soient les explications données aux gens sur le monde spirituel, ils le comprendront uniquement s’ils entrent en eux-mêmes, c’est-à-dire : sortir du monde physique et entrer dans le monde spirituel, sortir de chez soi et aller dans la nature. Par soi nous entendons le principe divin en l’homme, c’est sa demeure qui n’a pas besoin d’être gardée. Personne ne peut pénétrer ta demeure divine ! Pourquoi ? Parce qu’elle est en harmonie avec celles de tous les autres. De ce point de vue, l’être humain est ami de tous, il n’a donc pas d’ennemis qui puissent user de la violence pour entrer dans sa demeure. Si tu rejoins une communauté dans le monde spirituel, tu peux passer par toutes les phases de la vie spirituelle et t’y arrêter. Cela n’est pas admis sur terre ; sur terre toutes les choses sont réparties et chacun ne prend que ce qui lui est octroyé ; l’érudit reste érudit, le rustaud reste rustaud, le noble reste noble. Dans le monde physique il y a des frontières alors qu’il n’y en a pas dans le monde spirituel : on peut passer par tous les endroits pour se développer. Tous parlent de fraternité et d’égalité sans se demander de qui vient cette idée ? Elle vient du monde spirituel. Peu de gens en sont conscients. Tant qu’il est sur terre et qu’il vit selon les lois terrestres, l’être humain se presse de terminer son travail au plus vite et de ne pas perdre son temps. « Et l’enfant croissait en esprit et en sagesse. » La race blanche, c’est-à-dire l’humanité contemporaine doit croître en esprit et en sagesse pour recevoir la grâce divine, c’est le seul moyen de faire venir le Royaume de Dieu sur la terre. Vous direz que les gens d’aujourd’hui ont besoin d’autre chose, qu’ils ne s’intéressent pas au Royaume de Dieu. Quels que soient leurs intérêts, leurs besoins, ils ne les satisferont pas facilement. Pourquoi ? Parce qu’ils usent de violence. Ils sont têtus mais pas persévérants, ils sont caractériels mais inconstants. On atteint son idéal uniquement grâce à un caractère inflexible ; l’idéal s’obtient par la douceur et l’humilité, c’est cela être souple et profiter des conditions bénéfiques de la vie. L’humble a toutes les bonnes conditions pour fortifier son esprit. C’est pourquoi le Christ dit : « Si vous ne devenez pas comme les petits enfants et si vous ne devenez pas humbles, vous ne pouvez pas entrer dans le Royaume de Dieu »[5]. « Croissance et renforcement en esprit et en sagesse ». Par esprit, nous comprenons la vie divine qui organise et retraite les matériaux pour la pensée de l’homme. L’individu atteint ainsi la sagesse divine qui donne des conditions pour obtenir la grâce divine nécessaire à tous les humains, à tous les peuples. Le peuple bulgare doit aussi croître en esprit et en sagesse pour obtenir la grâce. Je parle du peuple bulgare et non pas de la peuplade bulgare : le peuple est quelque chose d’intérieur, la peuplade, quelque chose d’extérieur. Dieu aussi s’adresse au peuple juif et non pas aux peuplades juives. Le peuple incarne la conscience supérieure chez l’être humain qui se sent citoyen du monde physique et du monde spirituel, et qui travaille en même temps pour ce qui est physique et pour ce qui est spirituel. Le véritable travail a un rapport aux deux mondes qui sont étroitement liés entre eux. Vous dites qu’il importe peu comment l’être humain travaille, que dans tous les cas, une seule chose l’attend, la mort ! Qu’est-ce que la mort ? On meurt sur terre, on naît pour l’autre monde ; on naît sur terre, on meurt pour l’autre monde. Est-ce une mort ? C’est un changement d’état. Donc, on meurt et on naît en même temps, c’est-à-dire on meurt pour un monde et on naît pour un autre monde. On dit que l’homme naît pour mourir, cela signifie qu’il est né sur terre et mort pour le Ciel ; il naît au Ciel et meurt sur terre. Comment considérer la vie ? Comme une grande roue infinie sur laquelle les uns montent, les autres descendent ; tout dans la vie évolue, rien n’est statique, rien n’est invariable. Le monde spirituel aussi est organisé et évolue extérieurement, mais ses caractéristiques intérieures, intrinsèques ne varient pas. « Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse. » Le Christ prend l’enfant comme symbole de chaque individu, puis du peuple et enfin de toute la race blanche. Croître en esprit et en sagesse, c’est ne pas se leurrer sur les changements extérieurs de la vie. Froid et chaleur, lumière et obscurité, vérité et mensonge, bien et mal sont deux forces nécessaires, toutes les contradictions ont aussi deux côtés, nécessaires tous les deux. La nécessité est une loi qui empêche les humains de faire un choix. Il est nécessaire de descendre sur terre, d’étudier et de souffrir, de croître dans la grâce et de se réjouir ; c’est nécessaire pour l’homme ordinaire comme pour l’esprit supérieur. Il est nécessaire pour l’être humain de mourir, c’est-à-dire de monter vers l’autre monde et d’y naître. La mort et la naissance sont deux états dont personne ne peut se passer. Si un grand esprit proclame qu’il ne peut pas descendre sur terre, tout est perdu pour lui ; il est obligé de descendre, de quitter les bonnes conditions et d’accomplir le programme qui lui est assigné. Ainsi, les êtres du monde spirituel conjuguent le verbe pouvoir et s’en servent dans toutes les occasions de la vie ; sur terre les humains conjuguent le même verbe mais à la forme négative : ne pas pouvoir. Pour les premiers pouvoir est une nécessité et pour les seconds ne pas pouvoir est une nécessité. Pour les créatures du monde spirituel tout est possible car ils s’en remettent à Dieu et œuvrent en Son nom ; il y a pour les gens des choses faciles et d’autres difficiles. Pour les choses difficiles ils disent : « Nous ne pouvons pas terminer ce travail », et ils traitent les choses faciles avec dédain. Les choses difficiles sont divines et les choses faciles, humaines. Celui qui se sert du verbe pouvoir fait un seul essai infructueux sur mille ; celui qui se sert de la forme négative de ce verbe fait un seul essai fructueux sur mille. Cette loi a une application dans la science : si une roue tourne un million de fois dans un sens, alors elle tournera une seule fois dans le sens opposé. Ainsi, l’expression « l’exception confirme la règle » signifie qu’une exception se produit une fois sur un million. Observez les mouvements des différentes parties d’un mécanisme pour vérifier cette loi : elle a un rapport au monde physique, au monde en trois dimensions, alors que le monde spirituel est un monde en quatre dimensions. Si vous posez une roue sur un plan et la faites tourner, elle va tourner autour de son axe, mais le plan restera immobile ; si la même roue tourne dans le monde spirituel, le plan tournera avec elle. Dans le monde physique, un véhicule se déplace en ligne droite, c’est-à-dire dans une seule direction, alors que dans le monde spirituel il se déplace dans quatre directions en même temps : est, ouest, nord et sud. Vous direz que c’est incompréhensible. Lorsqu’il est question du monde spirituel, d’un côté vous vous intéressez à lui, et d’un autre, vous ne croyez pas ce qu’on vous en dit. Que direz-vous par exemple si vous voyez un train se déplacer dans les quatre directions en même temps ? Sur terre il faut patienter plusieurs heures, voire des jours pour atteindre une destination lointaine ; dans le monde spirituel le voyage se fait instantanément, rapidement. S’il faut cent ans sur terre pour accomplir un travail compliqué, il faut au maximum un an dans le monde spirituel ; là-bas les conditions de travail sont meilleures et plus propices. « Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse. » C’est ainsi que doit croître chaque être humain. Ce n’est qu’alors que l’enseignement du Christ devient compréhensible et applicable. Il ne suffit pas d’aspirer à l’enseignement du Christ, faut-il encore des conditions favorables. La première condition est de changer sa pensée et son cœur pour que le nouveau les imprègne. Quand fleurissent les fleurs ? Au printemps, lorsque la nature s’éveille, lorsqu’il y a plus de lumière et de chaleur. On ne peut pas traiter de questions religieuses, philosophiques ou scientifiques à longueur de journée ; observez combien de temps par jour vous êtes enclins à traiter de telles questions. Il ne suffit pas de se proclamer miséricordieux, faut-il encore manifester sa miséricorde, faire un travail avec elle et en plus, faut-il encore respecter le moment où cette miséricorde agit. C’est pourquoi Dieu dit : « Cherchez-moi lorsque je suis près de vous [6]», ce qui signifie : cherchez Dieu jusqu’à ce que son Esprit et sa Sagesse se manifestent. Beaucoup attendent des conditions favorables pour travailler, ils se trompent. Vous devez toujours travailler pour ne pas rater les conditions favorables ; si vous les ratez, alors ce sont les conditions défavorables qui viendront. Tous les arbres fruitiers, toutes les fleurs fleurissent en mai ; si l’un d’entre eux ne fleurit pas, il a raté les conditions favorables, il attendra le mois de mai prochain, l’année suivante. Les autres arbres nouent les fruits et ils mûrissent alors que l’arbre retardé, même si les conditions extérieures sont favorables, ne peut pas croître et se développer ; il traverse des conditions intérieures défavorables et il en souffre ; il est privé d’énergie interne. Comment aider cet arbre ? En le transportant dans une autre région, dans des conditions qui lui sont favorables, il y fleurira et suivra le chemin de son développement. C’est une loi qui a un rapport à la vie psychologique : vous rencontrez une petite enfant, pauvre, affamée, épuisée, aux yeux enfoncés dans les orbites ; les passants la croisent mais personne ne la remarque. Pourquoi ? Elle ne peut pas fleurir. Mais quelqu’un de miséricordieux la voit et la prend sous sa protection : il la nourrit, l’habille de vêtements chauds, et prend soin d’elle. En peu de temps la fillette se relève, s’embellit, s’égaie, s’anime, et celui qui la croise s’arrête pour la complimenter. Simplement, l’amour a déjà éclairé cette enfant et elle commence à fleurir et à se développer correctement. Nos contemporains s’entretiennent sur beaucoup de sujets, débattent sur beaucoup de questions, mais il y a toujours quelque chose qui leur échappe finalement. Ce manque de compréhension prouve qu’ils se sont retrouvés dans l’ombre. Lorsque la fleur pousse au pied d’un arbre, elle ne peut pas fleurir, l’ombre la gêne ; ainsi je vous dis la même chose : ne restez pas à côté des riches, ne bâtissez pas de grandes maisons, restez à distance des érudits, des philosophes, des prédicateurs. Si quelqu’un vous demande de rester à proximité de lui, c’est qu’il cherche à vous dévaliser ; son portefeuille est vide alors que le vôtre est plein, il veut vous prendre quelque chose. Sachant cela, ne vous approchez pas de lui : il prône la fraternité et l’égalité, ne vous laissez pas berner par ses paroles. Quel que soit l’enseignement prôné, nous sommes tous égaux devant l’amour. Nous devons tous travailler, aider les faibles et les pauvres qui ont besoin de notre aide. Nos contemporains doivent se parler simplement pour se comprendre. Quelqu’un a besoin d’être secouru et toi, tu lui parles de prières, du Seigneur ; quelle prière plus efficace que de panser et de masser sa jambe ? Assieds-toi à côté du malade, penche-toi et remets-lui sa jambe cassée. S’il te demande pourquoi sa jambe s’est cassée, dis : « Tu connaîtras ainsi ton prochain et je donne à Dieu la possibilité de se manifester à travers moi ; Dieu me dit : Remets la jambe de ton frère pour que son développement ne soit pas freiné ! ». La prière ne se résume pas à allumer des cierges et des encensoirs, ni à se prosterner, mais à prendre part à la vie de ton prochain. Si tu croises un affamé, nourris-le ; si tu croises quelqu’un de pauvre, de déguenillé, habille-le : il n’existe pas de meilleure prière. Aujourd’hui tous souffrent des critiques et du mécontentement des autres, chacun voit les fautes des autres mais pas les siennes. Acceptez l’enseignement du Christ, appliquez son amour pour vous libérer des anciennes habitudes de critique et de jugement. Tout ce que l’on fait doit être basé sur l’amour. Lorsque vous faites du bien à votre prochain, vous le faites aussi à vous-mêmes ; cette loi ne souffre pas d’exception. Si quelqu’un dit qu’il n’est pas disposé à faire le bien, il se limite tout seul. Il faut être toujours bien disposé envers le bien ; il faut être toujours indisposé envers le mal. Celui qui ne vit que pour lui-même sert le mal, c’est-à-dire le diable ; donc, attelez le diable au travail, dites-lui qu’il peut se considérer comme invité trois jours durant et que le quatrième jour il doit aussi se mettre au travail. Maintenant, en étudiant les agissements des gens, nous voyons une différence due à la structure de leur crâne. Chez certains le cerveau est fortement développé, ils sont intelligents. De plus les différents centres du cerveau ne sont pas également développés chez tous : si la partie frontale au-dessus des sourcils est bien développée, c’est un individu d’une intelligence objective ou encore naturelle ; si la partie arrière du cerveau est mieux développée, il manifeste d’autres aptitudes et ressentis ; chez certains le cœur est mieux développé : ils sont très sensibles, cordiaux. Les différents centres cérébraux ont une influence différente, c’est pourquoi certains sont des travailleurs scientifiques, d’autres des philosophes, d’autres des diplomates, des politiques, ainsi de suite. « Et le petit enfant croissait en esprit et en sagesse. » Par esprit nous comprenons la vie affective, politique et sociale des humains et par sagesse, leur vie culturelle et spirituelle. Lorsqu’il termine son développement spirituel, l’être humain acquiert l’amour. Cela ne s’obtient pas d’un seul coup ; il a travaillé des milliers d’années et il travaillera encore des milliers d’années jusqu’à ce qu’il manifeste son amour ; il faut pour cela un travail intensif et conscient sur sa pensée et son cœur. Un tel individu ressemble à un riche parent qui a amassé de l’argent des années durant et là où il va, tous l’accueillent joyeusement car ils profitent de ses largesses ; lorsqu’il a dépensé tout son argent, tous l’abandonnent ; même s’il est très amer, il est contraint de retourner là d’où il vient. C’est ainsi qu’agissent et les religieux et les laïques ; leurs proches leur disent aussi : « Allons, va d’où tu viens pour amasser de nouveau de l’argent et aider les autres ». On nomme un professeur au lycée ; il est d’abord riche, énergique, plein de vie, tout le monde est content de lui car on reçoit quelque chose de lui ; lorsqu’il a travaillé quelques années, ses élèves le pillent, il s’appauvrit et voit qu’il doit quitter son métier. Pour ne pas se retrouver dans cette situation, le riche doit garder son capital de base, ne le donner à personne. Pour la même raison je dis : lorsque vous ouvrez votre cœur sur le monde extérieur ne laissez pas sortir toute votre chaleur. Le monde n’a pas besoin de votre chaleur – quelles que soient les quantités que vous donnez, il n’en tire pas profit. Si tu veux aider ton frère, appelle-le pour qu’il se réchauffe dans la pièce au lieu d’ouvrir tes fenêtres et laisser s’échapper la chaleur ; si tu veux le réchauffer à l’extérieur, tu n’arriveras à rien. Le monde n’évolue pas correctement car on compte sur les héritages : un tel a fait un testament à un autre, un autre aussi et en fin de compte l’héritage s’épuise, les bienfaiteurs s’appauvrissent et les sources s’assèchent. Lorsqu’une source se tarit, les deux côtés souffrent : d’abord, la source elle-même, et ensuite, les gens aux alentours. C’est une question sociétale importante qu’il faut résoudre convenablement ; l’une des méthodes est la suivante : que chacun ait un champ à cultiver. À l’avenir, tous doivent travailler sur leur champs mental, affectif et matériel. « Et le petit enfant croissait en esprit et en sagesse. » Chaque chose qui croît en esprit et en sagesse a des conditions de développement. La terre aussi doit être exploitée et répartie en esprit et en sagesse, alors tu travailleras si tu es bien disposé, sinon tu te reposeras. On demande aux êtres de travailler pour contribuer d’un élan sincère à l’œuvre divine, au lieu de l’entraver ; c’est la seule façon de redresser le monde. Il ne peut se redresser par les seules paroles. N’ayez pas peur de ce qui arrive maintenant, cela cache aussi quelque chose de divin. Épaulez le divin alors que l’humain, le transitoire tombera de lui-même. On peut plumer les uns, on peut couper les ailes aux autres, cela importe peu : les feuilles, ne tombent-elles pas à l’automne, les fleurs ne fanent-elles pas en mai ? C’est dans l’ordre des choses. Chaque peuple a une mission déterminée qu’il doit accomplir. Chaque peuple s’est vu octroyer un territoire bien précis qu’il doit exploiter et gouverner, personne n’a le droit de s’emparer d’une terre étrangère ni d’assujettir et martyriser les autres peuples : la terre appartient au Seigneur et Lui seul peut la régenter. Tous les peuples sont des serviteurs de Dieu qui accomplissent la volonté de leur Maître ; celui qui n’accomplit pas cette volonté signe lui-même sa condamnation. Il est dit que Dieu rétribue chaque individu, chaque peuple selon ses actes ; chacun reçoit ce qu’il mérite. Étudiez l’histoire pour voir quel a été le destin des Romains, des Égyptiens, des Babyloniens, ainsi de suite. Voilà pourquoi, l’essentiel pour les êtres humains c’est de croître en esprit et en sagesse et de bénéficier de la grâce divine. Aspirez à la grâce qui vient d’en haut, de l’amour. Comment atteindre la grâce divine ? Par le travail et l’enseignement en esprit et en sagesse. Etudiez tous les enseignements, tous les systèmes philosophiques et religieux, mais tenez-vous au divin en eux. Ils sont donnés par le monde intelligent, mais avec le temps les humains les ont déformés ; aujourd’hui ils ne sont pas ce qu’ils étaient à l’origine. La tâche des humains est de les purifier et de les libérer des dépôts du passé. Chaque enseignement, chaque religion, chaque système philosophique est une branche de l’arbre divin, par conséquent chaque branche doit rester sur l’arbre. Si vous dites que l’arbre peut se passer de branches, vous serez dans les illusions et les égarements de la vie. Mettez devant une poule une bassine pleine de maïs : lorsqu’elle sera rassasiée, elle dispersera le maïs et attendra le lendemain une autre bassine, en vain car aucune bassine de maïs n’apparaîtra et elle sera affamée. Beaucoup agissent de la sorte : lorsqu’ils voient quantité d’enseignements et de religions, ils se jettent sur eux et lorsqu’ils sont rassasiés, ils les dispersent partout ; ils cherchent en vain de la nourriture le lendemain : ils se condamnent ainsi tous seuls à la faim. Que fait l’écureuil ? Il stocke le surplus de nourriture et lorsqu’il en a besoin, il puise dedans. Vous aussi, stockez la sagesse divine comme l’écureuil la nourriture, comme les abeilles, le miel sucré. Chaque système religieux et philosophique représente une fleur dont vous pouvez puiser un nectar sucré ; recueillez le nectar sucré de toutes les fleurs en vous et ne dites pas qu’une fleur ou une autre est inutile : tout ce que Dieu a créé est nécessaire et à sa place. Celui qui dit que tel enseignement ou système est inutile sera appelé là-haut pour s’expliquer ; il doit savoir lui-même pourquoi telle chose est stupide et ce qu’il faut en faire. Beaucoup se prononcent sur le christianisme, sur le socialisme, sur le communisme, les qualifiant de mouvements extrémistes qui ne peuvent apporter aucun bienfait aux humains ; le monde intelligent écoute leurs réflexions et les appellera dans quelques années pour qu’ils argumentent leurs dires et comblent les lacunes de ces enseignements. Vous direz que s’ils sont appelés là-haut, c’est qu’ils meurent ; pour vous c’est la mort, mais pour le monde supérieur ce n’est rien d’autre qu’un rappel en haut pour donner son avis sur d’importantes questions sociétales. On peut conclure que les humains partent de l’autre côté à cause de trop de savoir ! Qu’ont fait les premiers humains, Adam et Ève, au paradis ? Lorsqu’ils ont acquis beaucoup de connaissances, ils ont croisé un grand adepte qui leur a dit qu’il y avait quelque chose d’autre qu’ils ne connaissaient pas encore ; ils ont été intrigués par ce nouvel enseignement et ont voulu l’acquérir. En quoi consistait-il ? À leur faire manger les fruits de l’Arbre défendu, ce qui non seulement ne les ferait pas mourir, mais ouvrirait au contraire leurs yeux et les ferait devenir comme le Seigneur. Cet enseignement les a fait hésiter, ils ont douté des paroles du Seigneur et ont transgressé Son commandement. Dieu les a ensuite convoqués pour qu’ils Lui démontrent en quoi Son enseignement est mensonger et les a chassés du paradis pour aller dans le monde et s’y instruire. De leur côté les juifs disaient que l’enseignement du Christ n’est pas juste ; le Christ les a appelés pour qu’ils Lui démontrent cela. En effet, en lisant l’histoire des juifs, vous vous rendez compte qu’ils ont traversé des souffrances auxquelles ils ne s’attendaient pas, par exemple, lorsque Titus a conquis Rome, soixante mille juifs ont été crucifiés ; c’est de cette façon que les juifs devaient démontrer que l’enseignement du Christ n’était pas juste. Aujourd’hui le clergé bulgare aussi, de concert avec des érudits et des philosophes, clame que l’enseignement que je prône n’est pas juste ; qu’ils sachent que la même chose que les juifs leur arrivera : ils seront appelés en haut pour faire un rapport argumenté. On me rétorquera que je serai aussi appelé en haut ; oui, je serai appelé, mais eux également. Les juifs ont jadis dépouillé le Christ et L’ont crucifié, mais aujourd’hui ce n’est plus permis, aujourd’hui personne ne peut dépouiller et crucifier le Christ : celui qui prône l’enseignement divin est invulnérable. L’enseignement divin est indivisible : il a été dans le passé, il est maintenant et sera demain. Par conséquent, il importe peu qui l’a prôné, qui le prône aujourd’hui et qui le prônera demain : l’Esprit divin est le même en tout temps et à toute époque, par conséquent aucune force au monde ne peut le vaincre. Qu’est-ce qui est attendu de nos contemporains ? Honorer Dieu qui demeure dans chaque âme. Si nous n’aimons pas Dieu, nous ne pouvons aimer personne : Il est Un, en Lui se trouvent toutes les créatures vivantes. C’est ainsi uniquement que les humains s’entendront et que le monde se redressera. C’est l’amour qui redressera le monde et non pas le désamour ; l’amour apporte la liberté alors que le désamour apporte la violence. Là où se trouve la violence, rien de bon n’arrive ; qu’est-ce qu’on obtient si on pend quelqu’un ? Sais-tu qui pendre ? Tu te rends dans les vignes et tu coupes les serments, mais il faut savoir quel serment couper ; si tu coupes les serments sains et pleins de vigueur, tu nuis à la vigne et à toute la société. Malheur au vigneron qui coupe les serments avec deux ou trois boutons ! C’est interdit. Malheur à celui qui pend et tue son prochain ! Le Christ dit : « Malheur à vous, pharisiens qui déformez le Verbe divin ! »[7]. Que doivent faire ceux qui partent sur le champ de bataille pour combattre ? Ils résoudront eux-mêmes cette question. Je dis pour moi-même que je suis contre tout type de guerre qui pervertit les humains. Tous les malentendus, disputes, guerres entre frères, entre peuples proches sont le résultat d’inventions humaines, il n’y a rien de divin en eux. Ce n’est pas un reproche, mais chacun doit savoir tenir son rang en tant que mère et père, en tant que professeur et prêtre, commerçant et ainsi de suite. Chacun doit croître en esprit et en sagesse. La tâche de l’individu et celle de la société et du peuple entier est d’envoyer une onde d’amour dans le monde pour venir en aide à l’humanité. Chaque individu est un tuyau qui arrose les jardins. Beaucoup souffrent d’un manque d’eau. D’où viendra l’eau pour le tuyau ? Des érudits, des philosophes et des musiciens, mais aussi des religieux. Vous direz que les religieux ne font que prier ; par la prière cependant ils envoient de l’eau pour les tuyaux, pour arroser les jardins asséchés. Lorsque le blé murit, le fruit se répartit à parts égales entre tous ceux qui ont envoyé de l’eau dans les champs avec leurs tuyaux. Le blé a besoin de bons sentiments et de bonnes pensées qu’il faut diriger vers tous les champs ; si nous n’agissons pas ainsi, nous altérons nos bonnes relations de frère à frère. Deux frères de sang se croisent dans la rue : l’un était colonel, l’autre simple soldat. Ce dernier s’est approché de son frère et l’a abordé directement sans le saluer conformément à son rang. L’autre l’a envoyé vingt-quatre heures en garde à vue stricte, en lui disant : « Dans la rue, il n’y a pas de rapports de frères, ils n’existent qu’à la maison, tu dois savoir qu’à l’extérieur nous sommes comme deux étrangers ». La fraternité n’existe qu’à la maison, c’est-à-dire en l’être humain lui-même : dans ses pensées et sentiments, dans sa vie intérieure et ses relations intérieures. Nos contemporains raisonnent comme ces deux frères, ils disent : « Dieu est en haut, au Ciel, mais Il n’existe pas sur terre ». Ils pensent ainsi car l’un est colonel et l’autre simple soldat. Que pensera le colonel lorsqu’il sera démis de ses fonctions ? Un officier a raconté que depuis qu’il a été congédié, il n’avait plus droit au respect qu’on lui témoignait avant ; il se disait : « Ivan, ne sois pas offensé que, maintenant que tu ne portes plus l’uniforme, peu de gens te respectent ». Aujourd’hui, tous regardent l’uniforme : professeur, patron, officier, ministre ; tu es honoré en fonction de l’uniforme que tu portes : si tu es un citoyen ordinaire, peu sont ceux qui te respecteront. L’uniforme est le côté extérieur de la vie, il ne faut pas être influencé par lui. En conséquence, si tu es officier et que ton frère t’aborde, ne sois pas offensé qu’il ne t’ait pas témoigné le respect réglementaire ; arrête-toi, dis-lui quelques mots chaleureux et reprends ton chemin. Quels doivent être les rapports entre les humains, comment doivent-ils agir ? Comme le général russe Koutouzov. Il est allé inspecter un jour l’unité d’un de ses officiers qui avait pour habitude de sortir le matin parmi ses soldats en robe de chambre et non en uniforme. Koutouzov connaissait cette mauvaise habitude et avait décidé de lui donner une bonne leçon. Il est allé le voir et l’a surpris au milieu de ses soldats, en robe de chambre en train de boire du café. Le général l’a salué, a échangé quelques mots et l’a pris par la main lui demandant de l’accompagner pour inspecter l’unité. L’officier a regardé à gauche, à droite, hésitant, mais il n’y avait rien à faire. Il est parti avec le général pour faire la ronde, et à partir de ce jour il a toujours été irréprochable dans sa tenue vestimentaire. Le général ne lui a fait aucune remarque, mais il a tout seul corrigé son défaut. Ainsi, si tu croises quelqu’un en robe de chambre, c’est-à-dire avec des défauts, ne lui dis rien, ne lui fais pas la morale, mais prends-le par la main pour te promener avec lui : il verra tout seul son défaut et le redressera. Lorsque le Christ vous rencontrera, il vous prendra par la main, se promènera avec vous, et vous corrigerez vous-mêmes vos défauts. J’ai rencontré et je rencontre encore beaucoup de personnes, mais je ne peux qualifier aucune d’elle de mauvaise par nature. Il y a néanmoins des moments dans la vie des hommes où quelque chose de profond les empêche d’agir bien ; souvent les conditions extérieures influencent les êtres humains lorsqu’ils doivent faire le bien. Par exemple un jeune homme pauvre et vertueux se marie avec une femme riche et belle ; il change sous l’influence de ses beaux-parents, renonce à Dieu et descend dans la matière opaque ; il aime Dieu, mais la richesse l’aveugle et il se détourne petit à petit du droit chemin. Aujourd’hui les religieux comme les laïques ne réussissent pas dans leur vie. Pourquoi ? Parce qu’ils ne comprennent pas correctement la religion ni la science. Que représente la religion ? C’est une méthode d’amélioration de la vie intérieure et extérieure des humains, et d’anoblissement de leur âme. Dans la religion et la science se cache un savoir positif pour une bonne vie ; lorsque ce savoir s’applique, la société s’améliore, tout comme la famille et l’individu. Le berger sait quand ses brebis doivent être fécondées, l’être humain en revanche ne sait pas quand un enfant doit être conçu ; il dit : « Peu importe le moment de la conception, l’important est qu’il naisse, maintenant ou plus tard, lorsque Dieu le permettra ». Dieu donne tout, mais tu dois respecter les conditions favorables de conception d’un enfant. Tu as une idée, donnée par Dieu, c’est à toi de créer les conditions pour sa réalisation. Du travail conscient des humains dépend le redressement rapide de leur vie ; lorsque les conditions extérieures de la vie s’améliorent, les conditions intérieures s’amélioreront aussi. Pour cette raison, nous disons qu’à l’avenir les gens travailleront moins qu’aujourd’hui : ils auront du temps pour un travail mental et spirituel, alors, la question entre la femme et l’homme se résoudra correctement ; maintenant ils luttent pour la première place, chacun d’eux veut dominer ; à l’avenir il n’y aura plus de maîtres, tous serviront Dieu, l’unique Maître dans le monde. L’homme laissera la femme s’exprimer librement, mais la femme aussi laissera l’homme s’exprimer librement. Personne n’a le droit de faire obstacle à la liberté de quiconque. En général, il faut entre tous les humains, du respect et de la considération mutuelle. Tout homme de pouvoir a pour mission la sauvegarde de la liberté de ses concitoyens. Allons maintenant à la conclusion, mais pas au bout des choses. C’est la façon de faire des pêcheurs : ils jettent un grand filet au loin et se mettent à le tirer pour voir s’il est rempli de poissons ; ils se rapprochent du rivage avec le filet. Arrivés au rivage, ils sortent le filet de l’eau pour voir le résultat, mais ils sont surpris de voir un si grand filet avec aussi peu de poissons à l’intérieur ; au-dessus en revanche nagent quantités de poissons minuscules qui ne restent pas dans le filet. Vous direz aussi que vous ne souhaitez pas non plus y rester. Je vous souhaite de conserver le divin et non pas l’humain, de retenir une conclusion de liberté et non pas d’asservissement. Le mot conclusion a un rapport à un nouveau commencement dans la vie. Conclure sous-entend signer un contrat pour quelque chose de neuf. Le nouveau contrat consiste à accepter l’esprit en tant que socle de la vie, et la sagesse divine avec sa lumière, pour servir les gens, comme les rayons solaires servent toutes les créatures vivantes. Alors viendront dans le monde les véritables écrivains qui serviront la vérité. Le monde a besoin de véritables scientifiques, musiciens, peintres qui comprennent la vérité et l’appliquent. Il y a partout de ces gens, en Bulgarie aussi, mais les conditions pour qu’ils se manifestent manquent encore. Les peuples ne peuvent pas encore honorer leurs hommes de talent ; si un écrivain, un musicien ou un scientifique devient célèbre, aussitôt ses proches, ses concitoyens se mettront à le rabaisser. La société et le clergé se sont aussi insurgés contre moi, mais ils n’ont pas pu me déshonorer. Pourquoi ? Je suis une mer profonde : celui qui essaiera d’entrer en moi, se noiera. Je suis un grand fleuve aux eaux abondantes que personne ne peut dompter ; si vous mettez un barrage, une crue viendra démolir le barrage et submerger toute la région. Les habitants d’une ville américaine ont voulu construire un barrage sur la rivière qui traversait la ville pour avoir une patinoire pendant l’hiver. Ils se sont divertis ainsi pendant vingt ans sans penser à ce qu’il pourrait leur arriver. Mais quelque chose d’imprévu s’est produit : le barrage a été détruit par une grande crue qui a submergé les maisons proches des berges et deux mille personnes se sont noyées. Sachant cela, ne faites pas de barrage sur vos rivières, car une grande crue pourra détruire le barrage et tout inonder : malheur à celui qui se trouve en aval du barrage. Ce qu’il faut comprendre des paroles du Christ : « Ne t’oppose pas au mal » c’est : ne t’oppose pas à l’enseignement divin qui vient avec force d’En haut ; Dieu redresse et arrange le monde. Tu peux t’opposer à ce qui est humain, mais pas à ce qui est divin ; pour les choses humaines tu peux donner un avis, mais pour les choses divines personne n’a le droit de formuler un avis. Le divin gouverne le monde, il gouverne les peuples, les sociétés et les individus. « Et le petit enfant croissait en esprit et en sagesse. » C’est ainsi que doivent croître tous les Bulgares, tous les peuples, toute la race blanche. N’ayez pas peur de ce qu’il adviendra de vous, le futur du peuple bulgare est lumineux à peu d’exceptions près. Le futur des slaves est bon ; ils portent une culture que personne ne soupçonne. Tous les peuples puiseront dans cette culture, ce sera une culture de fraternité, d’égalité et de liberté. Au nom de cette liberté, tous les peuples s’uniront et les grands peuples protégeront les petits. Voilà pourquoi je m’adresse à tous les hommes, femmes et enfants pour qu’ils œuvrent pour l’idée qui apportera fraternité, égalité et liberté entre les peuples. Que cesse ainsi la lutte entre les nations. Que chaque peuple s’efforce d’être grand en esprit, en sagesse et en amour et pas grand pour assujettir et gouverner les petites nations. Que chacun travaille dans cette direction pour se libérer de l’ambiance qui l’étouffe maintenant et qu’il se dise : « Nous pouvons nous accorder, régler notre vie, car le Seigneur est avec nous, le monde spirituel est avec nous ». Celui qui empêche les Slaves de s’exprimer, en pâtira. À l’avenir, tous les peuples travailleront pour les Slaves : c’est écrit ainsi dans le livre divin. Les Slaves sont riches ; leurs greniers, leurs portefeuilles s’ouvriront pour tous et ils diront : « Frères, venez avec nous vivre en paix et en bonne entente, dans la fraternité et l’égalité entre tous ». C’est la nouvelle culture pour toute l’humanité. Une nouvelle philosophie vient. Lorsque vous partirez dans l’autre monde et que vous reviendrez à nouveau sur terre, vous vérifierez si mes propos sont justes ; pendant que vous serez dans l’autre monde, vous lirez le programme qui s’appliquera dans l’avenir. Je vous souhaite la joie et la gaîté. Pas de chagrin, pas de souffrance, pas de peur, une attitude virile est exigée de tous ! Le pain viendra, vous ne mourrez pas de faim ni de soif, vous aurez tout en abondance. Tous les morts vivront, nous rappellerons tous les tués et pendus de l’autre monde. En cent ans tout au plus, il ne restera personne de lésé, de frappé d’injustice sur terre. Dans les cent ans à venir, l’ordre sera introduit dans le monde. La grâce divine viendra sur vous et sur vos enfants. Sofia, 30 mars 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Quand à l’enfant, il grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la faveur de Dieu était sur lui. » Luc 2, 40 [2] « De même, vous aussi, quand vous verrez cela arriver, sachez que le Règne de Dieu est proche. » (Luc 21, 31) [3] « Il y a des corps célestes et des corps terrestres, et ils n’ont pas le même éclat ; » (1 Corinthiens 15, 40) [4] « Ils y affermissaient le cœur des disciples et les engageaient à persévérer dans la foi ; « il nous faut, disaient-il, passer par beaucoup de détresses, pour entrer dans le Royaume de Dieu ». (Actes 14, 22) [5] « En vérité, je vous le déclare, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, non, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. » (Matthieu 18, 3) [6] « Recherchez le Seigneur puisqu’il se laisse trouver, appelez-le puisqu'il est proche. » Esaïe 55, 6 [7] Malheur à vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clef de la science; vous-mêmes n'êtes pas entrés, et vous avez empêché ceux qui étaient pour entrer! Luc 11, 52 Et il leur dit : " Vous avez bel et bien annulé le commandement de Dieu pour observer votre tradition ! » Marc 7, 9
  19. Le Seigneur lui dit « Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, va dans la rue qu'on appelle la droite, et cherche dans la maison de Judas, un nommé Saul. »[1] Actes 9 :11 Il n’est pas admis à notre époque d’affirmer que le Seigneur parle. Si quelqu’un osait dire que le Seigneur lui parle une grande discussion en résulterait ; les personnes présentes exigeraient de lui des preuves pour savoir comment le Seigneur parle et ce qu’Il lui dit. Cela ne fait l’ombre d’un doute que Dieu parle tout comme les humains parlent ! Par parler je comprends la raison : seul celui qui a une pensée droite et limpide peut parler. Dans le monde d’aujourd’hui il y a des gens avec des âmes si délicates et sensibles, que si vous leur donnez une pièce de monnaie ou un autre objet témoin de certains évènements, ils peuvent voir tous les évènements du passé imprimés dans cet objet. Non seulement ils sentent, non seulement ils perçoivent, mais ils entendent aussi les paroles prononcées à un moment donné. À l’avenir, lorsque l’ouïe et la vue des humains s’affineront, ils se convaincront que tout parle autour d’eux. Je ne vais pas m’arrêter pour le démontrer maintenant, je n’ai pas suffisamment de temps, laissons cette question en suspens. Lorsqu’un navire sombre, il n’y a pas de temps pour discuter, il faut se montrer rapide et courageux pour trouver place dans un canot de sauvetage. Toute personne qui veut acquérir une philosophie raisonnable doit entrer dans le canot de sauvetage, seul ce canot le sauvera. « Et le Seigneur lui dit. » Ayez en tête que Dieu parle à Ananias, quelqu’un prêt à L’écouter. Je parle aussi à des gens qui ont un rapport à Dieu. Le maître parle uniquement aux élèves avec lesquels il résout certains problèmes car ils ont un rapport avec lui. Tous ceux qui veulent s’instruire sont en rapport avec les professeurs. Pourquoi ? Ils ont une idée. Ceux qui ont étudié la géométrie connaissent le triangle équilatéral ; quelle idée renferme ce concept de triangle ? On sait que la somme des angles d’un triangle est égale à l’angle plat. Nous considérons que les mots humain et triangle sont synonymes. La base du triangle est aussi la base de l’existence humaine ; il se construit sur cette base qui est le côté matériel de sa vie ; le côté droit du triangle est sa raison, ses pensées ; et le côté gauche du triangle, son cœur et ses sentiments. Il y a donc des corrélations entre l’individu et le triangle. Si nous envisageons un triangle équilatéral, nous avons en tête quelqu’un pour qui les forces matérielles, mentales et affectives sont en complète harmonie. Si le triangle est isocèle, alors les énergies matérielles en lui sont plus faiblement ou plus fortement exprimées. Quelle que soit leur façon de s’exprimer, la somme de ces forces est égale à cent quatre-vingts degrés. Le triangle en tant qu’idée représente la famille : la mère est le côté gauche du triangle, le père le côté droit et l’enfant, la base. Si la base dans le triangle isocèle est plus petite que les côtés, cela montre que l’enfant sera faible corporellement, il peut être plus intelligent, plus sensible, mais physiquement chétif. Si l’un des angles du triangle est plus grand que les autres, alors les forces qui agissent face à cet angle sont plus grandes. Où que vous voyiez un triangle, dans la nature ou dans la vie, sachez qu’il a un rapport avec les créatures vivantes. Le triangle a un sens pour les gens doués de raison, pas pour les êtres incultes ; pour l’érudit il est une somme de forces vives, et pour l’homme inculte, une somme de droites inertes. Le triangle est vivant, mouvant. Lorsque vous étudiez l’homme, vous voyez comment se manifestent en lui les forces du mental, du cœur et du corps. Le chiffre 180 des degrés de l’angle plat montre le sens de votre mouvement ; pour connaître la véritable direction de votre mouvement, il faut trouver votre angle droit ; la droite qui s’éloigne de l’angle droit indique les points d’accroche par lesquels vous pouvez passer. Si dans la famille l’homme est un angle droit, alors la femme est un angle aigu, et dans ce cas la femme est un lien ; un côté de l’angle aigu sera plus grand car il fait face à un angle plus grand, donc la force de la femme sera supérieure à celle de l’homme. Si la femme est un angle droit, le côté de l’homme sera plus grand, il sera l’hypoténuse du triangle et sera plus fort que la femme. C’est pourquoi on dit que les gens des angles droits ne sont pas toujours forts ; les gens retors sont plus forts car ils ont des lignes de forces plus longues. Donc, en face de chaque individu droit, il y a un individu retors, mauvais, qui a des lignes plus longues, et il est donc plus fort que le droit. Ainsi, les gens de bien sont des angles droits et les gens mauvais sont des angles aigus, avec des lignes de force plus longues. Voilà ce qu’enseigne la nouvelle géométrie, mais aucun enseignant ne parle de la sorte à ses élèves. Si vous voulez connaître un adulte ou un enfant, faites-lui tracer un triangle : si l’enfant trace un triangle dont le côté gauche est plus grand que le côté droit, ceci montre qu’il est plus affectif qu’intelligent, le cœur en lui travaille plus que le mental ; si le côté droit du triangle est plus grand, alors cet enfant est plus intelligent qu’affectif ; si la base est plus grande, l’enfant est bien développé du point de vue physique. Ce sont des faits, pas des hasards : il n’y a pas de hasards dans la nature. Dans le verset abordé il est question d’un homme, nommé Saul, devenu Paul par la suite. Il était orthodoxe selon les usages de l’époque, mais Dieu voulait le détourner de cette orthodoxie-là. Lorsqu’il est tombé de cheval, l’angle droit en lui s’est tordu et tous les angles en lui sont devenus aigus ; celui qui cherche le salut doit par conséquent perdre l’angle droit en lui. Tant qu’il croit qu’il est intelligent et dispensé d’apprendre, il restera toujours inculte ; quand il commencera à se voir inculte, il sera avide d’apprendre, il aura alors des conditions de se développer et devenir intelligent : il sera sur le droit chemin. Lorsque la mère dit qu’elle a terminé sa mission, elle doit quitter la terre ; tous ceux qui piétinent sur place dans leurs points de vue ont accepté une philosophie qui ne tolère rien de neuf : c’est stopper consciemment son développement. Vous dites que si on accepte les nouveaux points de vue on fera toujours des erreurs ; on fera des erreurs mais on évoluera en même temps ; l’âme humaine se développe à travers ses erreurs. J’aborde le mot erreur au sens large. Il ne faut pas s’arrêter aux péripéties matérielles et penser que seule la vie confortable est propice à notre développement. Pourquoi ? Parce qu’il y a un savoir extérieur, mais aussi un savoir intérieur. On peut lire différents auteurs, recevoir leur savoir, mais tant qu’il n’est pas assimilé pour devenir le nôtre, on n’en tire pas profit ; ce qui est à l’autre appartiendra toujours à l’autre. C’est pourquoi tous maintiennent que l’être humain doit toujours penser quoi qu’il fasse. À quoi penser ? À toutes les questions substantielles qui sont soulevées dans le monde. Chacun doit répondre devant lui-même. Trois principes, trois questions essentielles conditionnent la vie. La première catégorie de questions est purement matérielle, ces questions doivent être résolues selon les lois du monde matériel ; on ne peut pas prétendre que Dieu puisse résoudre ces questions, c’est comme si on proclamait qu’il est possible de vivre sans pain. La première catégorie de questions se résout par l’estomac, la deuxième catégorie se résout par le cœur et la troisième, par la pensée, c’est-à-dire par le cerveau. Donc trois catégories de questions agissent simultanément dans la vie humaine : d’abord des questions sociétales ou sociales ; ensuite des questions éthiques, morales ou spirituelles ; et enfin, des questions mentales. Comment est créée la religion ? Par l’action des trois principes : la volonté a créé le matériel de construction de la forme extérieure ; le cœur a créé son contenu et le mental, la force qui la fait se mouvoir. Je parle de la matière en un sens qui n’est pas compris aujourd’hui, elle a des caractéristiques que peu décèlent. Certains considèrent que la matière est irréelle et que seul l’esprit est réel ; la matière est donc un esprit endormi ; par matière, ils désignent l’état latent de l’esprit qui, une fois éveillé transforme la matière. En conclusion nous disons : matière en action ou bien esprit et matière inertes, ou matière inerte, ou esprit latent. En tenant compte de cela, ne pensez pas que les choses matérielles sont irréelles, c’est-à-dire factices. L’esprit renferme des forces qui font changer les formes. La forme et la substance de la matière sont deux choses différentes : les atomes et les molécules dans les différents composés peuvent changer en quantité, mais leur substance est réelle, effective, éternelle et inaltérable ; c’est une réflexion abstraite. Vous vous intéressez à ce qui touche l’époque actuelle, vous pensez que la vie actuelle est ce qu’il y a de plus important. Vous tenez essentiellement au monde matériel, physique sans vous douter qu’il est l’un des cent millions de chaînons de la chaîne de mondes qui vous entourent. Que représente un seul anneau d’une chaîne de cent millions d’anneaux ? Ce chaînon doit bien entendu évoluer, mais il n’est pas juste de penser qu’il contient tout en lui. Observez les processus dans la nature : que devient la graine que vous semez dans le sol ? Vous l’enfouissez à une certaine profondeur et vous l’arrosez, après quoi elle éclate et commence à se décomposer ; dans le sol la graine subit une processus anarchique, c’est-à-dire un processus de destruction. Le monde que Dieu a créé est aussi passé par le processus de l’anarchie ; des lois divines régissent ce processus. Vous direz que toute l’Europe est plongée maintenant dans l’anarchie. C’est du chaos dans le monde que sortira le futur. Vous dites qu’il y a beaucoup de bolchéviques, vous ne savez pas ce qu’il adviendra de vous ? N’ayez pas peur ! Vous avez peur parce que la rivière est en crue et que l’eau est montée à quatre ou cinq mètres, cause des dégâts, emporte des maisons, des clôtures, du bétail, des personnes ; vous craignez qu’elle emporte le monde entier. N’ayez pas peur, cela durera le temps de la fonte des neiges ; lorsque la neige aura fondu, l’eau se retirera progressivement et rentrera dans son lit. Les bolchéviques sont des forces assemblées depuis des millénaires. Que feront-ils ? Ils enseigneront aux gens de ne pas construire des maisons à proximité des rivières ; c’est ainsi que le monde se redressera. Je veux maintenant vous donner une philosophie juste pour ne pas vous égarer dans les passions de ceux qui protègent leurs intérêts. Nous résolvons les questions de façon divine, nous parlons de ce droit qui se rapporte au mental, au cœur et au corps ; nous parlons de ce droit qui se rapporte à l’homme, à la femme et à l’enfant. La justice qui ne concerne que l’homme, la femme ou l’enfant est un tiers du tout ; une véritable justice divine est celle qui englobe tout en elle. Cette justice s’appliquera lorsque nous commencerons à écouter la voix de Dieu. Quelqu’un rétorque : « Je ne veux pas écouter ce que me dit le Seigneur ». Cher ami, quoi que tu fasses, tu es toujours tenu d’écouter quelqu’un, si tu n’écoutes pas le Seigneur, tu écouteras ton tuteur ; si tu n’écoutes pas le Seigneur, tu écouteras les humains. Où que tu sois, à l’église, à l’école, dans un bureau ou à la maison, tu écouteras toujours quelqu’un ; que tu sois chrétien ou juif, tu écouteras toujours des conseils d’autres personnes ; c’est un leurre de se croire libre. Certains croient arranger le monde en passant d’un état à un autre. Vous dites que le bolchévisme est une mauvaise chose. Non ! Les bolchéviques corrigeront la vie des riches, Dieu les envoie comme usuriers pour prendre aux riches ce dont ils ne se sont pas acquittés depuis deux mille ans. Les riches n’ont pas rempli leurs obligations envers Dieu. Que représentent les bolchéviques ? Ce sont les usuriers de Dieu, et que vous le reconnaissiez ou non, c’est une autre question. Je regarde cette question autrement et je sais que tout se passera comme il se doit. Voilà que Paul était parmi les plus orthodoxes, mais ses convictions ont basculé ; il se rendait de Jérusalem à Damas, un centre culturel, et il est tombé de cheval. Les chrétiens d’alors étaient des bolchéviques et ils menaçaient l’ancienne culture, on les chassait et on les persécutait pour cela. Le Christ l’a rencontré et lui a demandé : « Saul, pourquoi Me persécutes-tu, pourquoi persécutes-tu Mes disciples ? » Saul a demandé : « Que veux-tu de moi, Seigneur ? » Vous dites : « Alors devenons tous des bolchéviques ! » Si vous pouvez tous accepter le bolchévisme du triangle équilatéral où l’affection, l’amour et l’esprit soutiennent les choses, soyez bolchéviques, mais le bolchévisme qui assassine les gens n’est pas authentique, c’est de la sédition. J’aborde en ce moment cette question pour vous tranquilliser car tous les évènements sociaux suivent des lois prédéterminées. Ce qui se passe actuellement en Europe a été prévu : chaque peuple a son programme et son rôle à jouer. Personne n’est fautif de ce qui arrive dans le monde, ni les Français, ni les Anglais, ni les Allemands, ni les Russes ; chaque peuple joue son rôle. Les fautifs sont ceux qui ne comprennent pas les lois divines et se nuisent les uns aux autres. Ceux parmi les bolchéviques qui ne comprennent pas les lois divines disent : « Exterminons les riches ! » Dieu leur dit : « N’égorgez pas et ne pendez pas ! » Je l’ai déjà dit d’autres fois : on n’a pas le droit de pendre et de tuer. « Comment peut-on ne pas tuer les gens ? » Je dis : tu as le droit de démolir une vieille maison à condition d’en construire une autre à la place ; si tu ne peux pas en construire une nouvelle, ne démolis pas l’ancienne. Si l’Esprit divin ne vit pas dans le corps de l’humain, ce corps peut être détruit, mais seule la mort a le droit de détruire les corps humains. Là où vit l’Esprit divin, tu n’as pas le droit de faire feu pour abattre cet être ; du point de vue divin, c’est un crime. Paul allait à Damas pour abattre les corps où demeurait l’Esprit divin, ils représentaient la véritable culture. Après sa rencontre avec Ananias, Saul a changé sa vision des choses et a recouvré la vue. L’un des traits vertueux d’Ananias était sa foi dans le Seigneur. Par conséquent, si une pensée lumineuse vous vient à l’esprit, ne dites pas que vous êtes égarés et que c’est une idée philosophique, mais ayez la foi en cette pensée et acceptez-la. J’affirme que les sentiments et les pensées de l’être humain sont aussi authentiques que les pensées et les sentiments d’un philosophe auquel il croit ; il n’a peut-être pas le langage du philosophe pour les exprimer, mais il doit savoir que ce qui est ancré profondément en son âme est authentique ; après un certain temps il comprendra qu’il avait raison. Chaque enseignement doit être utilisé par la raison tout comme la géométrie a concentré les avis de tous les scientifiques. Il faut nous servir de l’expérience des philosophes et des scientifiques des siècles passés ; chaque écrivain, scientifique et philosophe est une ruche remplie de miel, entre dans la ruche et prends du miel à volonté. Accédez librement à toutes les ruches où on trouve du miel ; n’allez pas dans celles où il n’y en a pas. Chaque abeille qui se pose sur les fleurs cueille du miel car elle connait celles qui sont porteuses de nectar ; on ne peut pas dire la même chose des humains, vous n’y êtes pas tous préparés. De ce point de vue l’abeille est plus intelligente que l’être humain : c’est la preuve qu’elle a passé des milliers et des millions d’années dans des écoles spéciales ; elle maîtrise maintenant l’art de ramasser du pollen et du nectar des fleurs et de le transformer en miel ; rendez à l’abeille ce qui lui appartient et apprenez d’elle. Vous rétorquerez que l’être humain se situe plus haut que l’abeille. L’être humain se situe plus haut que l’abeille d’un certain point de vue, mais d’un autre, l’abeille lui est supérieure car personne ne peut faire ce que fait l’abeille. Voyez quelles alvéoles idéales elle fabrique et comment elle les remplit de miel ; il faut pour cela une grande maîtrise, une grande précision. Sinon complètement, mais au moins en partie, l’abeille doit servir d’exemple à l’être humain. Il y a beaucoup d’écrivains semblables aux abeilles : ils volent d’un endroit à un autre, étudient les gens et racontent leur vie ; nous devons remercier ces écrivains et en tirer profit. Vous direz qu’on peut subsister même sans écrivains où qu’il suffit d’en avoir un. Ce n’est pas exact, une hirondelle ne fait pas le printemps, un seul enseignement ne crée pas une culture entière. Tous les philosophes, scientifiques et écrivains constituent un tout et c’est pourquoi la pluralité ne doit pas vous troubler. Si vous vous tournez vers les royaumes végétal et animal, vous y verrez des milliers de formes différentes ; certaines sont probablement nuisibles, mais dans l’ensemble elles sont toutes à leur place : chaque moucheron, quelle que soit sa forme, même le plus minuscule, a sa prédestination. Il n’y a pas de choses inutiles dans le monde ; si une chose est admise, c’est qu’elle a une prédestination. Voilà que le bien et le mal existent sur terre ; d’un point de vue supérieur, ce qui est mal sur terre devient bien une fois au Ciel et vice versa : le bien sur terre est un mal au Ciel. Que vous admettiez ou non cette affirmation n’a pas d’importance, je n’ai pas le temps de me lancer dans des explications plus détaillées. Affirmer que le mal sur terre est un bien au Ciel est une grande contradiction. C’est vrai que c’est une contradiction, mais seulement pour les têtes qui ne veulent pas rentrer au cœur des choses. Dieu a tout créé parfaitement, mais beaucoup s’arrêtent sur ce qui est transitoire et le voient de façon caricaturale ; la tête humaine est encore dure. Vous dites : « Que Dieu chasse le diable du monde et tout s’arrangera ». Le diable est un excellent professeur ; tant que les humains ne sont pas raisonnables, il a sa place parmi eux. Le diable a un bon trait : il est honnête ; comme il se sert toujours du mensonge, il dit : « Je mens, je ne dis jamais la vérité », il reste fidèle au mensonge ! De ce point de vue l’être humain est peu fiable, parfois il dit la vérité, parfois il la cache. Le diable dit pour lui que même Dieu ne sait pas où le trouver car il se sert parfois de la vérité et parfois du mensonge. Celui qui se sert des deux, déclare : « Dans ce monde, on ne peut rien faire sans vérité, ni rien faire sans mensonge ; on ne peut se passer ni du bien ni du mal » ; mais le Christ dit : « Tu ne peux pas servir deux maîtres en même temps[2] ». Rappelez-vous : du point de vue divin le mal sur terre est un bien au Ciel. Je dis aussi : les souffrances que les humains vivent leur apportent de grands bienfaits. Montrez-moi un seul homme qui est devenu bon en ayant connu seulement des joies, cet homme ne peut pas être satisfait. Si nous résolvons les questions de l’estomac, les questions du cœur et de la pensée resteront non résolues et celles-ci sont du ressort du Ciel. Seul Dieu en l’homme résout ces questions ; la tâche de l’être humain sur terre est de résoudre la question du pain. Cette question constitue un tiers de toutes les questions ; si vous en venez aux questions du cœur et de la pensée, c’est à Dieu seul de les résoudre. Il est dit dans la Genèse : « Ne tue pas », c’est une loi ; il y a donc une loi qui ordonne aux humains de ne pas tuer, mais il n’y a aucune loi qui puisse les contraindre à aimer. « Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, va dans la rue et cherche dans la maison de Judas, un nommé Saul, et enseigne-lui ». Saul a été un grand conservateur. Aujourd’hui encore vous êtes du parti de Saul : beaucoup de vous vont à Damas, mais la moitié, encore en chemin, va tomber de cheval et perdra la vue. Paul allait de Jérusalem à Damas, le champ de la sagesse ; il n’allait pas à Jérusalem où le Christ a goûté l’amour des humains. Chaque individu est monté à cheval en route pour Damas, mais tombera, abandonnera ses anciennes opinions et adoptera un nouveau point de vue, il acquerra ainsi la sagesse et l’harmonie. N’en est-il pas de même dans la nature ? Les feuilles se fanent et laissent leur place aux nouvelles feuilles ; l’ancien se renouvelle ainsi et se libère des contradictions de la vie. À quoi sont dues les contradictions ? À l’incompréhension des lois. Lorsque la femme voit son mari enlever les anciennes feuilles de l’arbre, elle s’insurge et dit : « Ce n’est pas possible » ; si la femme enlève les anciennes feuilles, c’est le mari qui crie ; ils ne se doutent pas que lorsque les anciennes feuilles tomberont, de nouvelles feuilles pousseront. Lorsque les cheveux tomberont, de nouveaux cheveux repousseront. Je peux vous donner une méthode pour recouvrir vos têtes de cheveux. La chute des cheveux est signe que l’on devient intelligent : celui dont les cheveux ne tombent pas vit encore en hiver ; lorsque ses cheveux commencent à tomber, il va vers le printemps de la vie. « Et le Seigneur lui dit : Ananias, va vers celui qui prie ». Ananias désigne celui qui comprend Dieu. Saul est quelqu’un qui se remplit et se vide comme la Lune, il est changeant, hésitant. La lettre S[3] désigne la loi des changements, elle scie comme un couteau ; lorsque vous coupez un cep de vigne avec un sécateur, il larmoie. Si votre nom commence par la lettre S, qu’elle change en P. En général si vos affaires vont mal, changez de nom, d’un nom de deux syllabes passez à un nom à trois ou quatre syllabes ; il vaut mieux augmenter le nombre de syllabes que le réduire. Au début, Napoléon avait une signature majestueuse qu’il a réduit au fur et à mesure : il s’est ainsi nui tout seul. Aucune réduction des syllabes d’un nom ou de la signature n’est autorisée. Le monde spirituel est un monde de dilatation et pas de réduction ; si vous empruntez ce chemin vous devez vivre avec l’idée et l’aspiration d’une dilatation. Je jette maintenant un grand nombre d’idées. On peut faire plusieurs causeries de cette matière qui rempliront les lacunes dans vos esprits. Pourquoi j’agis ainsi ? Parce que je vous invite à un festin, à une table dressée avec opulence. Lorsque vous m’écoutez, vous dites : « Son discours n’est pas cohérent » ! C’est vrai, mon discours n’est pas cohérent car il traduit un festin abondant où je vous propose du bœuf, du poulet, des gâteaux, des fruits et du vin, à vous de choisir ce qui vous plaît. Si un philosophe vous fait visiter les pièces d’une riche demeure et vous montre tout, vous direz que c’est un philosophe éminent ; oui, mais seulement aux yeux de celui qui n’est pas affamé, celui qui a faim n’a pas la patience de se promener d’une pièce à l’autre, il veut manger. Si je croise quelqu’un qui a faim, qui n’a pas le temps de philosopher, je lui dis : « Viens te restaurer chez moi » ; s’il me demande si c’est bien cuisiné, j’en déduis qu’il n’a pas faim et je lui dirai : « Mon ami, essaie d’abord et tu parleras après ». Je n’aime pas beaucoup parler sur ce que j’ai préparé ; si cela te plaît, mange, sinon, je t’inviterai une autre fois lorsque j’aurai préparé ce que tu aimes. Puisque j’ai accepté de devenir cuisinier, je cuisinerai ce qui plaît à mes clients : voilà ce qu’exige la société moderne. Dans le chemin divin aussi nous devons être réalistes. Avant tout, il nous est demandé d’avoir la paix dans nos âmes. « Et le Seigneur lui dit. » Je vous demande si le Seigneur vous parle en ce moment ? Tu dis : « Je n’ai pas entendu le Seigneur s’adresser à moi ». Donc tu es devenu sourd. Vous avez en vous des sentiments que vous devez développer et l’époque actuelle peut vous aider sur ce point. On doit développer ses sentiments et ses perceptions, bien voir et bien entendre, extérieurement et intérieurement. Comment vous expliquerez-vous ce que le poète voit ? Il est clairvoyant, il voit ce que les autres ne voient pas. Vous lisez les vers d’un poète et vous vous demandez comment il a pu voir ce que personne d’autre ne voit. « Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, va dans la rue qu’on appelle la droite et cherche dans la maison de Judas, un nommé Saul ». Judas désigne celui qui aime se glorifier, c’est un mot vil. Souvent les mots sont déformés : par exemple le mot jésuite désignait jadis un disciple du Christ, mais aujourd’hui le sens de ce mot a été détourné. Ananias se tourne vers le Seigneur en disant : « J'ai appris de plusieurs personnes tout le mal que cet homme a fait à tes saints dans Jérusalem [4]». Mais le Seigneur lui dit : « Va, car cet homme est un instrument que j'ai choisi pour porter mon nom devant les nations, devant les rois, et devant les fils d'Israël. »[5] On peut aussi s’adresser à vous, mais je demande qui vous parle ; peut-être des esprits vous interpellent et si vous êtes heureux, vous direz que Dieu vous parle ; si Dieu vous parle et si vous ne Le comprenez pas, un grand malheur vous frappera. Dieu s’adresse aux gens d’aujourd’hui : « Aimez-vous, ne faites pas de mal, ne vous faites pas violence, supprimez les prisons, aimez tout le monde, partagez équitablement les bienfaits que je vous donne ; si vous ne M’écoutez pas, j’enverrai Mes usuriers et vous aurez affaire à eux ». Que représentent les usuriers ? Le mal dans le monde, c’est-à-dire le bien divin. Nous avons dit que le mal sur terre est le bien au Ciel ; le jour vient où le bien divin descendra d’en haut. Dieu dit aux gens d’aujourd’hui : « Arrangez le monde avec votre bien. – Nous ne voulons pas nous réconcilier – Puisque vous ne le voulez pas, j’enverrai votre mal, c’est-à-dire mon bien ». Il confisquera les maisons des gens en échange de leurs dettes. Dieu dit : « Je vous ai envoyé sur terre pour faire le bien et vous instruire, et non pas pour amasser de l’argent et vous divertir ; je ne vous ai pas envoyés dans ce monde pour dominer les miséreux ». Par leur mode de vie, on peut assimiler les gens aux deux saints d’Alexandrie dont le premier faisait des bonnes œuvres et en était déjà rétribué sur terre, alors que le second amassait des trésors et des richesses au Ciel. Les deux saints ont œuvré ainsi vingt ans durant dans l’un des monastères d’Alexandrie. Il est arrivé un jour que l’un d’eux, en se promenant autour du monastère, aperçut un grand trou dans le sol ; il y a jeté un coup d’œil et s’est écarté aussitôt. Son camarade a remarqué cela et il est allé examiner le trou pour comprendre ce qui avait pu effrayer le premier saint. Il s’est approché, a regardé et a tressailli de joie : il y avait là un pot plein de pièces d’or. « C’est curieux, s’est dit-il, je ne croyais pas mon camarade aussi timoré, pourquoi craindre l’or ? » Il est descendu dans le trou pour prendre le pot et est allé à Alexandrie utiliser l’or pour des œuvres charitables. Il a fait une donation pour construire une église, une autre pour une école et le reste pour un hôpital. Lorsqu’il a achevé son travail, il est retourné au monastère pour prier le Seigneur et demander s’il avait bien agi avec cet argent. Un ange, messager céleste, lui a dit : « Tout le bien que tu as fait ne vaut pas autant que le saut en arrière de ton ami ; le bien que tu as accompli, a perturbé la paix de beaucoup de gens qui vivaient jusque-là tranquillement ». Je vous dis à vous-aussi : toutes les maisons, tous les bienfaits que vous faites, ne valent pas autant que le saut en arrière du saint à la vue de l’or. Pourtant tous s’écrient aujourd’hui : « Il nous faut de l’argent, de l’argent, nos pères étaient des sots de ne pas s’en emparer ! » Alors vas-y, empare t’en ! C’est vrai, beaucoup de gens aujourd’hui s’approprient les choses. Beaucoup de voleurs sont des caissiers divins : ils amassent l’argent pour ceux qui le dépenseront ; aucun voleur n’est propriétaire de ce qu’il a volé ; les voleurs ont amassé de l’argent, ils l’ont mis de côté pour les mauvais jours, mais en réalité d’autres en ont profité. En Bulgarie, sévissait à un endroit une bande de dix malfrats. Après avoir dévalisé plusieurs riches victimes, ils se sont retrouvés pour partager le butin. Trois d’entre eux sont allés acheter quelque chose à manger en ville. Les sept autres se sont dit : « Lorsque les trois seront de retour, nous les tuerons pour récupérer leur part ». Les trois autres hourdissaient le même projet : tuer les sept au retour pour prendre leur part. Ils se sont attaqués, et la plupart sont tombés morts. Les autres se sont assis pour manger. À la fin du repas, ils se sont sentis mal et sont passés de vie à trépas. Vous direz que le repas était avarié ; il y avait de bonnes raisons à cela, mais l’important est que personne n’a finalement tiré profit du trésor. La situation des voleurs et des brigands est la même que celle de nos contemporains ; aujourd’hui aristocrates et rustres, riches et bolchéviques se battent, mais les questions ne se résolvent pas ainsi : dans le monde tout appartient à Dieu. Le futur a besoin de gens doués de raison qui comprennent les lois divines. La religion doit être prêchée avec rectitude ; les prêtres et les enseignants d’aujourd’hui portent la responsabilité de la transgression des lois divines. Ils ont souscrit à tout ce que Dieu dit, et maintenant, les bolchéviques viennent dans le monde et leur demandent de quel droit ils ont souscrit aux lois divines sans s’y conformer ; c’est Dieu qui dit cela, pas moi. À l’avenir aucun mensonge ne sera toléré, le moindre mensonge sera lourdement sanctionné. Chaque parti politique doit être honnête et travailler pour le bien de son peuple ; les œuvres et les agissements des partis, des églises et des écoles doivent se conformer aux œuvres divines. En disant cela, je ne veux pas sermonner les gens, je ne reproche rien à personne, mais je dis que chacun doit tenir la parole donnée. Tous les prêtres et enseignants, tous les partis sont envoyés par Dieu pour accomplir leur devoir grandiose ; s’ils en sont conscients et s’ils se sacrifient pour le bien de leur peuple, le destin de l’Europe sera différent de celui d’aujourd’hui. – « Faut-il nous sacrifier ? » Si Dieu t’a parlé, sacrifie-toi ; s’Il ne t’a pas parlé, ne te sacrifie pas. Si Dieu a parlé à la jeune fille et au jeune homme sur l’amour, qu’ils L’écoutent ; le jeune homme auquel Dieu a parlé de l’amour, doit dire : « Je n’écoute que Dieu, c’est elle la jeune fille que j’aime, aucune autre ». De la même manière nous devons dire : « Cet enseignement est divin, aucun autre ». Maintenant, lorsque je parle de l’enseignement divin ne pensez pas qu’il va transformer le monde d’un seul coup ; pour réaliser cet Enseignement il faut des milliers d’années. Lorsque la sixième race viendra sur terre, les humains amélioreront leur vie. Jusque-là vous passerez d’une époque à une autre. Combien de fois vous serez pétris, combien de fois vous serez passés à la trémie, combien de fois vous serez jugés et punis, moulus au moulin jusqu’à extraire de vous de la farine pure et savoureuse ! Aujourd’hui vous êtes encore des fruits verts et acides, ce n’est que dans deux mille ans que vous deviendrez des pommes savoureuses, de bonne qualité. Vous dites que vous êtes des gens de bien, mettez-vous dans ce cas à l’épreuve pour voir à quel point vous êtes bons. Si quelqu’un que vous n’aimez pas vient chez vous, comment réagirez-vous ? S’il reste deux ou trois jours, vous êtes excédés et vous dites : « Quand partira-t-il celui-là pour me laisser tranquille ? » Si le fils qui aime son père est mécontent de ne pas avoir eu d’héritage, est-ce alors un bon fils ? Et après tout ça vous vous demandez quand s’arrangera le monde. Le monde bénéficiera d’une véritable et grande culture lorsque le bien divin, c’est-à-dire le mal humain et le bien humain, c’est-à-dire le mal divin s’uniront pour travailler ensemble. Dieu est miséricordieux et indulgent envers nous ; lorsque nous faisons des erreurs, Il dit : « Au bout du compte, il sortira toujours quelque chose de bon de ces enfants ». Dieu aime les pécheurs plus que les justes, les simples, plus que les érudits, car ils ont besoin de Lui. Lorsque quelqu’un se croit très vertueux et très érudit, Dieu dit : « Éloignez-le de Moi, il n’a pas besoin de soutien ». Aux prédicateurs et aux prêtres qui pensent tout savoir, Dieu dit : « Restez loin de Moi ». Quelqu’un dit : « Ce serait bien que je sois prédicateur ? » Tu perdras la grâce divine ! Pourquoi je prêche ? Lorsque j’ai étudié cette philosophie, je me suis dit : « Je veux voir ceux que Dieu aime ». Qui sont-ils ? Les pécheurs. Lorsque je les ai aimés, j’ai compris qu’ils ont un grand potentiel. Cette pécheresse qui se cache du Seigneur de honte et de peur est une plus grande sainte que celle qui se croit vertueuse et qui se montre librement devant le Seigneur. La situation du misérable est meilleure que celle du riche car il rentrera plus facilement au Royaume de Dieu. Vous voulez tous être instruits sans vous douter que le savoir extérieur est une fausse richesse. Quelqu’un me demande si j’ai étudié une philosophie ? Je dis, mon ami, lorsque tu te libéreras du grand fardeau, alors nous parlerons. Les scientifiques d’aujourd’hui étudient les triangles, les quadrilatères, les pentagones, mais ne savent pas ce que ces figures signifient. « Quand le saurons-nous ? » Lorsque des anges viendront vous l’enseigner, vous serez alors instruits. Le pentagone montre par exemple la direction dans laquelle doit s’exprimer votre vie mentale ; il montre que vos maisons doivent être construites selon les lois du mental et être salubres ; il montre encore que vous devez manger de la nourriture saine, boire de l’eau pure, respirer de l’air frais et lire les ouvrages des grands auteurs. À quoi se rapporte l’hexagone ? Aux relations des humains dans le monde physique et spirituel. Celui qui s’occupe de l’hexagone doit apprendre les deux pôles dans le monde, c’est-à-dire la polarisation des forces qui agissent dans la nature. Six forces agissent dans l’hexagone : trois se projettent de bas en haut et trois autres, d’en haut vers le bas. Aujourd’hui je souhaite à la plupart d’entre vous d’aller chez Saul comme Ananias l’a fait : chacun de vous a un Saul en lui. Certains disent en m’écoutant : « Pourquoi le Maître a-t-il rassemblé ces gens, qu’a-t-il de particulier à leur dire ? » Je dis : Saul, descends de ton cheval. Je dis aux théosophes : vous devez perdre la vue pour devenir de vrais théosophes ; je dis aux chrétiens : vous devez perdre votre cœur de pierre pour devenir de vrais chrétiens, celui qui n’a pas perdu son cœur de pierre n’est pas devenu chrétien. Si tu ne peux pas servir ton prochain avec ton cœur pour qu’il ressente quelque chose et avec tes yeux pour qu’il voie quelque chose, tu n’es pas un chrétien. Par conséquent, si tu veux être théosophe, tu dois perdre la vue ; si tu veux être chrétien, tu dois donner ton cœur en sacrifice : c’est ce qu’exige le nouvel enseignement. Beaucoup de nos contemporains ont des yeux mais ne voient pas, en revanche on rencontre des aveugles sans yeux qui par un simple toucher pénètrent au plus profond de votre âme et voient votre vie passée, ils sont meilleurs clairvoyants que ceux, pourvus d’yeux. Essayez de toucher ma vie passée et de me dire ce qu’elle a été ; lorsqu’on perd la vue, alors on voit bien. Celui qui voit les objets proches, ne voit pas les objets lointains, c’est une loi ; plus un objet se trouve près de nos yeux, plus il est difficile à voir. Si vous vous concentrez sur quelque chose de sublime, vous perdez la vue pour les choses ordinaires. Vous ne devez pas regarder les choses uniquement avec votre regard spirituel, ni uniquement avec votre regard physique, mais vous devez pénétrer profondément dans votre âme pour faire un échange harmonieux entre vos corps spirituel et physique. Les humains sur terre sont répartis en différentes catégories car ils ne proviennent pas d’un seul et même père. Certains descendent d’un père loup, d’autres d’un père lion, d’un père pigeon, dindon ou autres volatiles, leur caractère correspond à celui de l’animal ou de l’oiseau dont ils descendent. L’être orgueilleux est né d’un père dindon : si tu le complimentes, il se gonfle, se pavane et dit : « Personne ne m’égale ». Ce n’est pas honteux de descendre d’un père dindon ; si cela te fait honte, prouve le contraire, prouve que ton père n’était pas un dindon. « Les humains me persécutent et me pourchassent ». S’ils te pourchassent réellement, tu dois être calme et paisible comme Socrate. On dispose de moyens divers pour faire face à ses adversaires. Que fait le dindon ? Lorsqu’il est pourchassé il se pavane, il se gonfle pour pourchasser son adversaire. Vous direz que vous n’êtes pas des dindons, non, mais parfois vous vous comportez comme tels. Ne vous vexez pas de m’entendre utiliser des mots qui vous déplaisent, je cherche des mots précis pour exprimer ma pensée, mais je ne les trouve pas à chaque fois. Je me garderai bien de vous vexer car vous portez des substances explosives en vous qui peuvent vous endommager vous-mêmes et moi aussi. Je souhaite que vous soyez comme Ananias, porteurs de la nouvelle pensée, que le Seigneur s’adresse à vous et que vous disiez la vérité. Il faut avoir l’amour d’Ananias qui est allé chez Saul : il a mis ses mains sur sa tête, et Saul a recouvré la vue. Il faut changer votre Saul, du moins changer sa première lettre S en P. Le christianisme se distingue de tous les enseignements théosophiques parce qu’il donne des méthodes de communion entre l’être humain et Dieu. La théosophie et l’occultisme donnent des méthodes différentes de celles du christianisme ; les sciences abstraites sont identiques et ne se distinguent que par leurs méthodes. Lorsque je parle de théosophie, d’occultisme ou de christianisme, j’entends les méthodes d’acquisition d’un certain savoir. Je suis bien disposé envers tous les enseignements, mais si je croise quelqu’un avec un écriteau mis de travers, je lui dis : mon ami, quelqu’un t’a affublé d’un écriteau mis de travers, ne te justifie pas de l’avoir acheté ainsi, mais essaie de l’améliorer. On demande à tous d’améliorer leurs écriteaux. Nous sommes tous aujourd’hui comme Paul, sans monture ; Paul aussi demande ce qu’il faut faire. Nous devons tous aller à Damas, le lieu de la raison, du développement. Damas est un triangle équilatéral, c’est-à-dire une loi de l’équilibre : ici les forces agissent de façon équitable. Vous qui m’écoutez, ayez du respect pour tout dans le monde. Les vieilles racines doivent pourrir et de nouvelles racines, feuilles, fleurs et fruits doivent se former à partir d’elles. Les anciennes croyances, l’ancienne philosophie, tout ce qui est vieux doit faner, mourir, de leurs jus naîtra la nouvelle culture. Si nous acceptons l’ancien comme il est aujourd’hui, nous cesserons notre développement. Dieu veut que nous perdions la vue, nos cœurs. Lesquels ? Les cœurs de pierre. Il y a de milliers d’années le prophète a traduit les paroles du Seigneur : « Je leur ôterai les cœurs de pierre, leurs yeux de loup crèveront et ils recouvreront la vue comme des humains »[6] ; ils vont donc perdre leurs cœurs de pierre et se doter de cœurs humains. Alors, lorsque je vous rencontrerai dans deux mille ans, je verrai ce que vous avez acquis. Le chiffre 2 est une loi d’évolution. Avec votre discernement d’aujourd’hui vous ne pouvez pas accepter le nouvel enseignement ; avec vos écriteaux de travers vous ne pouvez pas accepter le nouvel enseignement : il faut les changer, passer par la culture du sacrifice. Du travail est attendu de vous ; si vous ne travaillez pas, vous pouvez être prophète dans une époque, vacher à une autre époque, cela ne dépend que de vous ; beaucoup des prophètes d’antan sont disséminés dans le monde comme des êtres ordinaires. L’individu avance dans sa vie, mais recule aussi, cela dépend du travail fait ; si tu as tissé de travers, tu reviens en arrière pour corriger, quelles que soient les souffrances endurées. Le Ciel exige des héros ; si tu n’es pas prêt à être un héros, le Ciel ne s’occupe pas de toi, il te laissera de côté comme le dernier des criminels. « Le Seigneur dit à Ananias : Va chez Saul dans la rue qu’on appelle la droite ». La rue droite c’est le Christ. Damas est la nouvelle culture qui vient déjà et Ananias en est le porteur. Saul, ce sont les bolchéviques : ils ont des idées mais pas de méthodes, c’est-à-dire ils ont raison du point de vue des idées, mais leurs méthodes sont retorses. Ils doivent préserver une chose, ne pas renier leurs idées ; s’ils ne les renient pas, ils feront un bon travail. Si leurs idées sont divines, nous ne devons pas nous y opposer, nous devons regarder les choses avec largeur. J’examine le bolchevisme sur le plan des idées et je l’appelle la religion du travail. Les Bulgares ont besoin de Saul qui devient Paul ; ils ont aussi besoin d’Ananias pour que leur cécité disparaisse. Le peuple bulgare est prédestiné à exister en tant que peuple, alors que les différents partis politiques sont ses ombres : leur existence est subordonnée au peuple. Ancrez en vous le désir d’appeler le Seigneur au secours. Quel Seigneur ? Celui qui s’adresse à vous : écoutez ce qu’Il vous dit. N’exigez pas qu’Il s’adresse à tous les humains comme à vous ; Il parle à tous d’une façon différente. Quelqu’un me demande quoi penser d’un tel ? Pas besoin de penser, écoute uniquement ce qu’il dit. S’il est question de jouer de la musique, on peut accorder un violon et un piano ou bien un violon et une guitare et ainsi de suite, par conséquent quelles que soient votre nationalité et votre religion, vous pouvez vous accorder et jouer ensemble. Nous pouvons tous être porteurs d’une idée. Vous êtes tous maintenant préoccupés par la question de la pitance et cela vous désunit. Je souhaiterais que nous tous qui sommes unis par le sentiment spirituel et religieux à Sofia, nous créions une ambiance conviviale pour ancrer dans nos esprits l’idée d’union, que nous laissions cheminer le Principe divin en nous. La pensée de l’homme de bien est puissante ; la pensée d’un homme de bien vaut la pensée de mille malfaiteurs, la pensée de deux hommes de bien vaut celle de dix mille malfrats. Si quelques hommes de bien concentraient leurs pensées sur le bien de leur peuple, ils auraient un grand résultat : la bonne pensée produit des miracles. On ne peut pas trouver aujourd’hui deux individus dont les esprits s’accordent, l’un se croit très instruit, l’autre, ignorant ; l’un parade avec sa fortune, l’autre est gêné par sa pauvreté. L’instruction, la fortune, ce sont des titres qui n’apportent rien ; renoncez à ces vieux titres, rassemblez-vous comme des individus aux cœurs bons et aux esprits lumineux, c’est important. Si vous perdez vos cœurs de pierre et vos yeux de loup, vous pouvez vous entendre. Je crains ceux dont les yeux de loup restent intacts ; si ces yeux disparaissent, on peut s’entendre avec tout le monde. Quelqu’un parle avec des mots doux, mais sans chaleur, et il passe pour un ange ; on en voit un autre, aux traits déformés et on se dit qu’il est mauvais ; en réalité ses traits sont déformés par la souffrance, il n’est pas méchant mais il souffre. Mettez-vous à la place de ceux qui souffrent. Je suis prêt à aider ceux qui souffrent, je vous allégerai de cinquante pour cent de vos difficultés. Vous aiderez aussi comme j’aide ; lorsque nous unirons nos pensées, nous pourrons tout réaliser. Si nous voulons avoir une vraie culture, nous devons nous unir et diriger notre pensée vers Dieu ; non seulement cette culture ne viendra pas sans Lui, mais de plus nous nous heurterons à des malentendus et à des scandales. Si nous nous unissons au nom de Dieu, viendra la grande culture ; c’est ainsi qu’il faut aussi parler aux prêtres, tous doivent accomplir la volonté de Dieu. Il est dit à tous les partis qu’ils seront balayés s’ils n’écoutent pas le Seigneur. Dieu enverra Son bien d’en haut, Il dit : « Tous les partis doivent travailler pour le bien de leur peuple ; sinon ils se heurteront à Mon bien ». C’est ainsi que parle le Seigneur : dites à tous les partis de travailler pour le bien de leur peuple. Dieu souhaite le bien à Son peuple, il veut secourir tous ceux qui souffrent et qui sont accablés. Tous aujourd’hui attendent leur salut de la France ou d’ailleurs. Sachez que votre salut ne viendra que de vous, de chacun de vous. Si vous vous unissez tous au nom de Dieu, je peux prophétiser ce qui adviendra de la Bulgarie. Chaque prophétie a deux côtés – un bon et un mauvais. Vous dites : « La Bulgarie était prédestinée au bien mais le bien n’est pas venu ». Je dis : si la Bulgarie accomplit la volonté de Dieu, si tous les Bulgares sont bons, raisonnables, honnêtes et justes, le bien viendra ; si elle n’accomplit pas la volonté divine et n’applique pas le bien, la raison, l’honnêteté et la justice, rien de bon ne l’attend. Par conséquent chaque prophétie est sous conditions. Vous êtes tous appelés à aider. Certains attendent le jour où ils atteindront la pureté et la sainteté pour monter au Ciel et être accueillis avec des chants et des lauriers ; n’espérez pas de telles choses. C’est vrai qu’il faut se sauver, mais il faut du travail, rien ne s’obtient gratuitement. Les pères et les mères d’aujourd’hui sont des esclaves ; ils doivent d’abord se libérer du joug et ensuite viendra le temps des guitares et des harpes. Allez dans les taudis pour voir comment vivent vos frères et vos sœurs ; ils doivent d’abord se libérer et ensuite vous pourrez penser à la façon dont vous serez accueillis Là-haut. Lorsque vous ferez bien votre travail sur terre, alors vous irez Là-haut et vous serez accueillis avec des guitares et des lauriers. Tant que vous êtes sur terre, chantez et jouez pour les accablés et pour les affligés. « Nous n’avons pas encore de connaissances. » Je le demande à ceux qui en ont. Ce que je vous dis s’accomplira, si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera dans mille ans. Je parle souvent du chiffre un ; qui s’occupe du chiffre un ? L’être juste. Celui qui se développe, travaille avec le chiffre deux et celui qui prend, travaille avec le chiffre trois. Dieu s’adresse maintenant à vous qui m’écoutez comme Il s’adresse à Ananias et vous demande : « Êtes-vous prêts à aller dans la rue qu’on appelle la droite et à poser vos mains sur celui qui est tombé de sa monture ? Êtes-vous prêts vous-aussi à tomber de votre monture, à perdre la vue, et de Saul devenir Paul ? ». Si vous êtes prêts à tout cela, l’avenir de la Bulgarie et votre propre avenir sont assurés. Alors la Bulgarie aura plus de terres qu’il n’en faut. Si tout le peuple bulgare, avec ses administrateurs en tête, ses prêtres et ses enseignants, commence à accomplir la volonté de Dieu, il sera alors béni et glorifié. Cela peut se produire aujourd’hui ou dans des milliers d’années, cela ne dépend que de vous. Je souhaite que la bénédiction divine vienne sur vous. Sofia, 6 avril 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Le Seigneur reprit : « Tu vas te rendre dans la rue appelée rue Droite et demander, dans la maison de Judas, un nommé Saul de Tarse ; il est là en prière » (Actes 9, 11) [2] « Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. » (Luc 16, 13) [3] Dans l’alphabet cyrillique, la lettre S se représente par le C. [4] « Ananias répondit : " Seigneur, j'ai entendu bien des gens parler de cet homme et dire tout le mal qu’il a fait à tes saints à Jérusalem. » (Actes 9, 13) [5] « Mais le Seigneur lui dit : " Va, car cet homme est un instrument que je me suis choisi pour répondre de mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites » (Actes 9, 15) [6] = « Je leur donnerai un cœur loyal ; je mettrai en vous un esprit neuf ; je leur enlèverai du corps leur cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair. » (Ézéchiel 11, 19)
  20. Mon joug « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions… Car mon joug est doux, et mon fardeau léger ». Matthieu 11 :29, 30 « Prenez mon joug ». C’est un commandement positif. Pourquoi prendre le joug du Christ ? Parce qu’il est doux et léger. Quel profit en tirer ? Apprendre à être doux et humble. Vous direz que ce sont des mots ordinaires. Le joug est symbole d’esclavage, le côté négatif de la vie : tous les êtres vivants, du plus petit au plus grand portent un joug ; il n’y a pas de créature au monde qui soit entièrement libre de tout joug. Par conséquent, lorsqu’il propose son joug aux humains, le Christ le compare au joug qu’ils s’imposent à eux-mêmes. Il dit : « Prenez mon joug car il est doux et léger ». En effet, le joug des humains est pénible et amer. Que signifie le mot joug ? En turc yok signifie « il n’y a pas » ; en anglais yok signifie licol ; en Inde, yogi signifie maître. Par conséquent, le Christ parle de son joug au sens d’un maître, et il dit : « Prenez mon joug », c’est-à-dire acceptez-le en tant que maître en vous et apprenez de lui. Au sens large du mot joug, le turc comprend l’absence de liberté, l’anglais préconise de mettre un licol et d’avancer, l’Indou voit dans le joug un maître qui enseigne le bien aux humains. Le Bulgare considère le joug comme un esclavage, il le sait par expérience. Lorsqu’il se lève le matin, il met le licol aux bœufs, marche derrière eux avec l’aiguillon et dit : « Dii ! » ; ils se retournent et questionnent leur maître : « Pourquoi tu nous aiguillonnes ? – Parce qu’il n’y a pas de liberté dans ce monde. » Le joug est-il nécessaire dans la vie ? Oui, dans les conditions actuelles de la vie, il conduit à la pénibilité, au labeur, au travail. Comme les humains d’aujourd’hui ont profondément pénétré dans la matière et se sont lié à elle, ils se tourmenteront tant que ces liens ne seront pas brisés ; ensuite ils commenceront à travailler et leur vie prendra enfin du sens. Lorsqu’ils donnent du sens à leur vie, ils travaillent. Le poussin aussi se tourmente dans sa coquille avant l’éclosion ; lorsque le temps d’éclore approche, il se met à taper sur la coquille pour la percer et sortir à l’extérieur en liberté. La vie en liberté comporte aussi son joug, mais c’est le poussin qui travaille à assurer sa pitance. Tous les humains sont enfermés dans une coquille dont ils doivent sortir. L’homme reste penaud dans sa coquille tant qu’il n’en prend pas conscience. Lorsqu’il en a assez, il s’agite et essaie de la percer pour sortir. Il est important qu’il le fasse au bon moment : s’il la perce prématurément il mourra, ou bien il en sortira, mais chétif et inapte à une vie autonome. Soyez attentifs à casser votre coquille au bon moment ; nous appelons ce moment l’acquisition de la liberté, l’accès à la nouvelle vie. Les alchimistes le nomment l’obtention de la pierre philosophale, alors que dans l’Évangile on le décrit comme l’entrée dans le Royaume de Dieu. Celui qui est entré dans le Royaume de Dieu n’en parle pas ! Si vous entendez quelqu’un en parler constamment, sachez qu’il en est loin. Plus l’on parle de justice, de vérité, d’amour, de morale, de richesse, plus on en est loin ; en général, les humains parlent de ce qu’ils n’ont pas. L’affamé parle de pain tant qu’il n’a pas mangé ; s’il a mangé, il cesse d’y penser ; lorsqu’il a faim, il pense de nouveau au pain, son imagination le travaille, il rêve d’un four rempli de pains chauds, bien cuits. « Car je suis doux et humble de cœur ». Avec ce verset, le Christ initie une nouvelle époque pour l’humanité. En quoi cette époque est-elle remarquable ? En ce que l’aiguillon disparaît, les domestiques s’unissent avec les maîtres, la femme et l’homme avancent ensemble dans la vie. Celui qui est entré dans cette époque dit : « Je jette l’aiguillon, je laisse mes bœufs en liberté, je noue des liens d’amitié avec mon domestique, j’entre enfin dans la cuisine et je me mets à cuisiner avec ma femme ; j’avance main dans la main avec elle dans la vie ». Le Christ dit : « Prenez mon joug sur vous ». Vous vous demanderez aussitôt si on peut prendre ce joug, si le moment est venu et quels en seront les résultats. Depuis deux mille ans, les gens se posent les mêmes questions, mais plus personne ne leur demande s’ils sont prêts ou non. S’ils croisent quelqu’un chargé d’un sac lourd, ils ne lui demandent pas s’il veut de l’aide, mais ils prennent le sac en disant : « Nous sommes en droit de prendre ton sac, on ne veut pas savoir si tu peux le porter, mais si tu ne peux pas, alors nous venons à ton secours ». S’ils croisent quelqu’un qui a attelé des bœufs à sa voiture et les suit un aiguillon à la main, ils arrêteront la voiture en disant : « Cher ami, stoppe la voiture et détèle les bœufs, je vais m’atteler à leur place pour travailler ». Il est temps que les grands et les forts s’attèlent au boulot et qu’ils remplacent les petits et les faibles. Nos contemporains doivent se libérer du double esclavage, physique et spirituel, dans lequel ils sont pris. Aux débuts du christianisme, un saint a rencontré un homme riche qui cherchait un esclave pour le servir. Le saint lui a proposé de devenir son esclave. L’homme riche a accepté, mais il lui a d’abord demandé : « Quel salaire veux-tu ? – Je me vends pour mille ducats. – D’accord, tu es désormais mon esclave et mon serviteur. Le saint a bien fait son travail deux ans durant dans la maison du richard. Il a réussi pendant ce temps à tourner les deux filles du richard vers Dieu et à les libérer ainsi des chaînes des errements humains. Lorsque son travail a été terminé, il a dit à son maître qu’il était temps pour lui de quitter cette maison. Son maître a accepté en lui proposant les mille ducats qu’il lui devait. Mais le saint a refusé tout paiement en disant : « Maître, tout est déjà payé, pour chacune de tes filles que j’ai tournées vers Dieu, j’ai été payé cinq cents ducats ». C’est une allégorie que les humains doivent méditer. Le saint n’a reçu aucun paiement pour les filles du richard, mais il sait comme la joie est grande au ciel lorsqu’une âme se tourne vers Dieu. Beaucoup parlent du sang du Christ, du sacrifice que le Christ a fait pour l’humanité, de l’amour, de la justice, mais une fois rentrés chez eux leur attitude envers leurs proches est toute autre. La femme d’un chrétien de ce type a dit : « Je ne veux pas aller dans ce paradis dont tu me parles ». Les chinois disaient la même chose sur les catholiques dont ils entendaient un discours contraire à leurs actes ; ils demandaient souvent : « Y a-t-il des catholiques de l’autre côté ? »–« Oui »– « Alors nous ne voulons pas entrer dans ce paradis dont vous parlez. » Voilà pourquoi il ne faut aucun décalage entre les actes et les paroles des humains. De plus, il faut conjuguer les verbes au présent et non pas au futur, car Dieu parle toujours au présent et jamais au futur. Le présent appartient à Dieu et le futur aux humains. Dis : « Je prends le joug du Christ sur moi ». Si tu dis : « Je prendrai le joug du Christ », tu te mens à toi-même et à ton prochain. Celui qui prend le joug du Christ acquiert la liberté nécessaire. Libre est celui qui a appris les lois de la docilité et de l’humilité. Le sel est humble et docile, si tu le mets dans l’eau, il se dissout sans bruit et sans contestation. Par conséquent, si tu reproches à ta femme de ne pas bien faire à manger, tu n’es ni humble ni docile. « Je suis quelqu’un de bien quoi qu’un peu nerveux ! » Qui n’est pas nerveux, qui n’est pas affecté par ses nerfs ? « Je suis neurasthénique ! » Il n’y a rien de mal dans la neurasthénie : c’est quelqu’un de si empêtré dans le labyrinthe de ses pensées et de ses sentiments qu’il a perdu son chemin et ne peut pas en sortir. C’est la situation de celui qui doit payer deux à trois dettes par jour, mais qui n’a pas suffisamment d’argent et se demande comment sortir de cette situation. « Comment soigner cette neurasthénie ? » Il faut implorer ton créancier d’allonger les échéances de tes dettes. « Mon amour propre ne me permet pas d’implorer celui-ci ou celui-là. » Comment ton amour propre te permet-il de contracter autant de dettes ? Puisque tu as signé plusieurs reconnaissances de dettes sans être en état de les payer, tu as déjà blessé ton amour propre, il ne te reste maintenant qu’à implorer et rétablir ton amour propre et ta dignité. Un juge turc examinait l’affaire d’un citoyen fortuné. Avant que le jugement soit arrêté, ce dernier est allé rendre visite au juge avec la demande suivante : « Monsieur le juge, je te donnerai cent lires[1] et un pot entier d’huile pure si tu prononces un jugement favorable ». Le juge a prononcé une sentence en sa faveur. Pour montrer sa gratitude, le turc lui a amené les cent lires promises et le pot d’huile. Le juge l’a remercié et lorsque le turc est parti, il a voulu goûter l’huile. Lorsqu’il a mis la main dans le pot, il a été extrêmement surpris de sentir que seule la couche du haut était de l’huile et qu’au-dessous il y avait des excréments bovins. En proie à une grande colère, il a fait venir le turc. Ce dernier s’est posté tranquillement devant lui en demandant : « Que me voulez-vous ? – Comment as-tu osé remplir le pot d’excréments ? Je me suis sali les mains en les mettant là-dedans ! – Tu les as salies depuis longtemps ; déjà lorsque tu prononçais la sentence, tu mettais les mains dans le pot et tu salissais tes doigts. » Ainsi, rappelez-vous que le pot du diable dans lequel vous fouillez souvent est plein de saletés. Y a-t-il des diables parmi les humains ? Oui, ce sont des esprits incarnés sous forme humaine : ils sont bien vêtus et occupent des postes variés dans la société. Comment reconnaître le diable ? Très facilement : il suffit de mettre les mains dans son pot pour savoir à qui tu as affaire ; au-dessus il y a quelque chose de sucré, mais c’est rempli de saletés à l’intérieur. Voilà le critère pour reconnaître la présence du diable. L’une des grandes sciences de la vie est de se nourrir correctement. Dans le passé et à présent, l’homme se nourrit d’impuretés. Est-ce possible ? C’est possible ! Chaque cellule a un estomac et des intestins, comme l’organisme tout entier ; puisqu’il en est ainsi, elle sécrète des impuretés et puisque l’homme se nourrit de plantes et d’animaux, il ingurgite donc les impuretés de ces cellules. Les pensées, les sentiments et les actes des humains sont aussi purs ou impurs. Pour s’en convaincre, il suffit de mettre deux doigts seulement dans leurs pots, et en sortant nos doigts nous verrons ce qu’ils apportent pour toute l’humanité. Peut-on se libérer des impuretés des mondes physique et spirituel ? Oui, en se transformant, en devenant humble et docile. Le Christ dit : « Prenez mon joug sur vous pour apprendre à être humbles et dociles ». Le Christ est humble et docile, il ne fermente pas, ne se plaint pas, ne se met pas en colère. La docilité est une condition nécessaire dans la vie d’un grand homme ; personne ne peut violenter le docile, ni lui causer du mal. Certains considèrent comme docile celui qui reste tranquille, sans bouger, cela n’est pas la docilité. La docilité est un état intérieur de l’âme où les pensées et les sentiments sont dirigés vers l’unique objectif de construire. L’eau est docile, elle pénètre partout, abreuve les plantes et les animaux, désaltère les voyageurs, accomplit un travail utile. Elle est parfois tumultueuse et provoque des dégâts, mais c’est à cause des humains qui changent sa nature : ils veulent atteler sa docilité et en tirer profit. L’eau a la propriété de purifier les différentes substances : si du sel impur s’y dissout, les dépôts descendent au fond ; après évaporation, le sel cristallise de nouveau, cette fois-ci pur. Donc, lors de l’épuration du sel, celui-ci se sépare des dépôts, c’est-à-dire la docilité se sépare des impuretés. Celui qui se fait passer pour docile sans l’être contient seulement les dépôts de la docilité. Qui est docile ? Celui qui porte le joug du Christ. Qui n’est pas docile ? Celui qui ne porte pas le joug du Christ. Le joug du Christ est lié à la loi de la docilité et celui qui prend ce joug se laisse enseigner cette loi. Aujourd’hui, lorsqu’on parlera de la docilité, les gens se répartiront en quatre catégories : la première catégorie acceptera l’idée de la docilité par peur ; la deuxième catégorie l’acceptera par intérêt, pour gagner quelque chose ; la troisième, par amour de la science, pour apprendre quelque chose, pour tester la force de la docilité ; la quatrième, par amour de Dieu afin d’appliquer Son Verbe et d’être utile à son prochain. Ce n’est pas un mal qu’autant de catégories existent, l’important est que tous prennent le joug du Christ en fin de compte pour être humbles et dociles. Cela ne s’obtient pas d’un coup mais progressivement ; nous ne pouvons pas enseigner aux chenilles à voler, ni aux papillons à ramper. Que font certains ? Ils rencontrent des chenilles et se mettent à leur prôner comment voler ; c’est dangereux pour la chenille de voler, elle doit encore ramper et se nourrir de feuilles, l’heure de voler et de se nourrir du nectar sucré des fleurs n’est pas encore venue pour elle. La seule chose qu’on peut faire pour la chenille si on la voit par terre est de la poser sur une feuille pour qu’elle la ronge tranquillement, sans être troublée. C’est dangereux d’enseigner au papillon de ramper ; il doit être laissé dans un jardin avec beaucoup de fleurs pour prélever leur nectar sucré et jouir du monde divin. Chacun parle de la connaissance de soi, mais dès qu’il se heurte à une épreuve il constate qu’il ne se connaît pas ; c’est pourquoi on se demande souvent si on est papillon ou chenille. Pour te connaître, observe si tu voles ou si tu rampes, si ton pot est plein d’huile pure ou de saletés. Si tu es en colère, mets la main dans le pot pour voir si ton doigt est propre ou non ; s’il est propre, continue ton travail ; s’il est impur, libère-toi du poison de la colère et mets-toi au travail. Si une idée te vient à l’esprit, vérifie si tu voles ou si tu rampes avant de la réaliser ; en volant, tu la réaliseras d’une manière et en rampant, d’une autre. Quelqu’un prend beaucoup de tâches à sa charge, mais comme il ne peut pas les mener à bien tout seul, il cherche de l’aide à l’extérieur : il rampe. Celui qui n’a pas recours à l’aide extérieure, vole. Pourquoi ? Parce qu’il s’en remet à Dieu, et en volant il trouve partout les moyens nécessaires. Celui qui ne s’en remet pas à Dieu, qui n’est pas lié à Lui souffre, qu’il soit papillon ou chenille, qu’il vole ou qu’il rampe. Certains sont à l’état de papillon, d’autres à l’état de chenille, et pourtant les uns et les autres souffrent. Pourquoi ? Parce que la chenille tombe sur des fleurs sans feuilles, elle tourne ici et là sans trouver de nourriture et de conditions pour son développement ; le papillon quant à lui tombe sur des feuilles d’arbres sans fleurs et se trouve également privé de nourriture et de conditions de développement. Par conséquent, si une chenille souffre, je dis qu’elle se trouve dans des fleurs sans feuilles ; si le papillon souffre lui aussi, c’est qu’il est entouré uniquement de feuilles. « Prenez mon joug sur vous car je suis doux et humble de cœur. » Être humble et docile signifie recouvrer des conditions bénéfiques pour son développement, ne pas fermenter, être doux et paisible, et attendre le moment propice pour étudier les mystères de la vie. Quelqu’un veut savoir ce qu’est l’autre monde, ce qu’est le monde astral et le monde mental. Ce sont des mondes qui peuvent se définir en un mot : le monde astral par exemple est celui des désirs, le monde mental, celui de la pensée et le monde causal, celui des causes et des conséquences. Quel est ce savoir qui se définit par un seul mot ? Si vous comparez la matière des trois mondes : physique, astral et mental, vous verrez que celle du monde physique est la plus dense, celle du monde astral l’est un peu moins et celle du monde mental l’est encore moins. Cela dépend des gens de changer les propriétés de la matière physique, c’est-à-dire de la rendre plus souple, plus élastique, moins dense. Pourquoi faut-il laisser entrer dans son esprit des pensées négatives qui épaississent l’atmosphère autour de soi ? Vous avez entendu comment quelqu’un menace un proche qui a proféré un mot d’insulte ; il lui répondra avec dix mots d’insulte sans songer qu’il vient de mettre les doigts dans le pot d’impuretés ; il se compromet ainsi davantage qu’un simple mot d’insulte ne l’avait compromis. Gardez dans votre esprit des pensées pures et sublimes qui vous relient au monde mental où vivent des êtres raisonnables et lumineux. Si une pensée impure vous vient, mettez-là aussitôt dans le feu de l’amour divin pour la brûler et la transformer en cendres. Maintenant, ce n’est pas à vous que je m’adresse, mais au juge et à son inculpé, le Turc. Faut-il que le juge en veuille au Turc pour lui avoir dit la vérité ? Remerciez tous ceux qui vous disent la vérité. Qui de vous a accompli la volonté divine comme il faut ? Que chacun fasse le bilan de ce qu’il a accompli pour le Seigneur. « Suis-je le plus grand pécheur ? » La question n’est pas de savoir si tu es un pécheur ou non, ce qui est important c’est que chacun accomplisse la volonté de Celui qui l’a envoyé ici sur la terre ; dans l’accomplissement de cette volonté suprême se trouve la grâce de l’âme humaine, mais aussi la grâce de toute l’humanité. Vous direz qu’il est facile de parler, mais que le monde ne se redresse pas avec des paroles seulement ; je ne pense pas pouvoir redresser le monde, je retouche simplement mon propre travail. C’est la manière dont travaille chaque peintre : lorsqu’il peint un tableau, il le laisse un certain temps de côté sans s’en occuper ; plus tard, il le ressort et l’examine pour chercher d’éventuels défauts, et s’il en voit il le corrige aussitôt. Lorsqu’il le regarde un bon moment sans rien trouver à corriger, il le laisse de nouveau de côté. Il corrige ainsi ses erreurs jusqu’au jour où il ne voit plus rien à retoucher et considère alors le tableau comme achevé. Lorsque je croise quelqu’un, je considère qu’il est comme un de mes tableaux inachevés et je prends tout de suite le pinceau pour corriger l’un de ses défauts. Savez-vous de quelles teintes je me sers ? J’utilise habituellement toutes les couleurs du spectre, mais je n’utilise jamais la couleur noire : elle signifie le repos, l’absence de vie, c’est une teinte négative. « Car je suis doux et humble de cœur. » La docilité et l’humilité sont aussi indispensables à la vie que le sel. Ce sont des qualités intérieures qui donnent à l’homme la possibilité de se développer correctement ; il accède ainsi non seulement au savoir extérieur mais aussi au savoir intérieur. Le docile se manifeste uniquement s’il rentre en contact avec les gens ; il se manifeste alors librement et se connaît lui-même, mais ceux qui l’entourent le connaissent aussi : il apporte la paix aux autres par sa présence. La docilité instaure l’harmonie parmi les humains, alors ils s’unissent et créent de grandes communautés. Dieu agit aussi de la sorte par sa présence. Est-il possible que différentes personnes avec des caractères différents s’unissent en un tout ? Regardez ce que font les musiciens dans un orchestre : chaque musicien exécute sa partition et les sons des différents instruments s’unissent finalement dans des accords pour former quelque chose d’agréable et d’harmonieux à entendre ; ici agit la loi de l’unisson. Chaque pièce musicale basée sur cette loi est par conséquent docile et harmonieuse. Si vous voulez créer une musique belle et sublime, mettez la docilité en action ; si vous voulez créer une nouvelle religion qui repose sur l’amour, fondez-là sur la docilité ; si vous voulez transformer votre vie terrestre et bonifier vos relations, mettez la docilité à la base de vos actes. La docilité élève les vibrations de l’homme et le conduit à une vie pure et divine. Chaque pensée, chaque sentiment et chaque acte, privés de docilité sont la manifestation du désamour. Pureté et sincérité sont demandées à chaque être. Comment reconnaître l’être pur ? Si vous mettez vos deux doigts dans son pot et qu’ils restent purs, il est pur. On connaîtra aussi votre pureté de cette façon. Avec ses deux doigts la femme fouille la terre pour planter quelque chose ; la religion humaine, la conscience, la volonté et la justice sont dans ces deux doigts. Voilà pourquoi, lorsqu’on dit que l’être humain doit se connaître lui-même, cela implique qu’il mette les deux doigts dans son pot pour voir s’ils restent purs ou s’ils se salissent. La docilité et l’humilité sont des qualités qui vont ensemble. Le docile ne parle jamais de lui, il s’acquitte de ses obligations en silence, de son plein gré, et c’est ainsi qu’il se manifeste. Le Christ est venu sur terre pour cela : pour montrer aux humains comment vivre. Sans douceur ni humilité, il n’y a pas de paix. La mer, c’est-à-dire le cœur s’agite, mais la voie de l’apaisement est unique, c’est la voie vers la douceur et l’humilité. Pourquoi votre cœur s’agite-t-il ? L’écrivain s’agite que la critique soit trop sévère sur son œuvre ; le scientifique s’agite sur son invention. Si votre œuvre repose sur la vérité, ne vous troublez pas ; il y a des critiques sévères, mais si elles sont sincères elles ne sont pas dangereuses. Il est important que l’homme soit sincère envers lui-même et envers ses proches pour ne pas succomber à l’hypocrisie. Le visage de quelqu’un est tordu par la souffrance, mais il feint d’être calme ; le visage du calme est un miroir de son âme, même s’il souffre, il supporte tout avec conscience et amour, il sait qu’il est le seul responsable de sa souffrance et n’en rejette pas la faute sur les autres. « Il n’est pas facile de porter un fardeau. » Cela dépend de chacun. La femme enceinte porte un joug, mais elle se réjouit d’enfanter ; la femme enceinte doit porter son enfant avec douceur et humilité pour lui transmettre ces qualités, c’est le seul moyen d’améliorer la future génération. Par conséquent, où que vous portiez un joug : sur le cou, sur le dos, dans vos entrailles, dans votre esprit ou dans le cœur, portez-le avec joie, douceur et humilité. « Prenez mon joug sur vous car je suis doux et humble de cœur. » Voici un verset qui mérite d’être appliqué dans la vie. Chacun doit l’écrire dans son esprit et dans son cœur. La femme enceinte doit répéter ce verset pendant toute sa grossesse. Est-ce qu’elle agit de la sorte ? Elle se rappelle parfois ce verset, mais seulement après que l’enfant soit né, et c’est déjà trop tard. Le joug du Christ est nécessaire pour la vie mentale et spirituelle ; sans lui on dénature ses pensées, ses désirs et ses actes. Qu’est-ce que vivre avec des pensées et des désirs retors ? C’est être comme un arbre avec des fruits pourris et indigestes. Les pensées sont les fruits du mental, et les sentiments, les fruits du cœur. Pour créer une pensée, deux éléments sont nécessaires : A, qui désigne le manas supérieur et B, le manas inférieur ; ensemble ils forment le C : la pensée elle-même. Dans le monde spirituel les sentiments sont aussi formés de deux éléments : le vouloir et le désir. Ainsi la lettre A est le mental, B le cœur et C la volonté ; donc A+ B = C, c’est-à-dire que la volonté est l’enfant du mental et du cœur. Par conséquent, lorsqu’on dit de quelqu’un que sa volonté n’est pas éduquée, cela signifie que son mental et son cœur ne sont pas éduqués, et l’enfant qu’ils engendrent manquera aussi d’éducation. Certains veulent éduquer le mental et le cœur par la volonté ; c’est possible, mais votre fils jouera le rôle de votre volonté, il se mariera et vous éduquera ensemble avec sa femme. Le fils sera A, sa femme B et vous C, autrement dit ses enfants. Que donnera A – B ? Je laisse cette question ouverte, à vous de la résoudre. Douceur et humilité sont deux grandes qualités du monde astral qui créent les véritables désirs et aspirations du cœur. Celui qui veut entrer en communion avec les habitants sublimes du monde astral doit être doux et humble. Sans ces qualités, vous irez tout de même dans le monde astral, mais vous reviendrez sans rien acquérir ; la douceur et l’humilité vous préparent pour une entrée consciente dans le monde astral. Elles apaisent l’âme qui fortifie le corps et le rend tonique et robuste ; sans douceur et humilité la guérison de l’être humain est impossible. Sans douceur et humilité aucune idée ne peut s’appliquer. Celui qui est doux traite bien les humains et les animaux, il connaît la force des relations brutales, des mauvaises paroles et les assimile aux boissons nuisibles et toxiques. C’est pourquoi je dis : ne vous nourrissez pas de mauvaises paroles et de relations brutales. Chaque parole est précieuse si elle est utilisée à sa place. Aujourd’hui, tous les humains disposent de bonnes conditions pour être doux et humbles de cœur. « Prenez mon joug ». Le joug, ce sont les deux yeux de l’être humain. Celui qui n’applique pas la loi de la douceur et de l’humilité porte un fardeau sur son dos. L’esprit humain est attelé au travail ; sa résidence sont les yeux par lesquels il voit tout afin d’avancer. En même temps, les yeux sont aussi le licol de l’homme : ce qu’il voit à travers eux, il le désire, et s’il ne peut l’acquérir, il rentre à la maison mécontent et déçu. Il voit des champs, des maisons, des troupeaux, il convoite tout cela ; vous l’entendez dire finalement : « Je veux du vin, je veux du porc pour manger et boire, pour comprendre le sens de la vie », et s’il ne peut pas contenter ses désirs, il dit qu’il porte un joug. Le joug n’est pas en ce qu’il n’a pas satisfait ses désirs du moment, mais en ce qu’il n’a pas utilisé ses yeux à bon escient en convoitant des choses qui ne sont pas nécessaires. Celui qui n’est pas content de sa vie portera le joug sur ses épaules, s’il est toujours mécontent, le joug glissera sur son dos, et enfin, le joug entrera dans ses entrailles et il enfantera. Le joug se déplacera ainsi tant que l’être humain ne comprend pas le sens de la vie et ne devient pas parfait, c’est-à-dire doux et humble. Donc le joug est d’abord dans les yeux, ensuite sur les épaules, sur le dos et enfin dans le ventre. Venir à bout de ce joug sous-entend aussi d’étudier l’alchimie. Par conséquent ne parlez pas de vos désirs et ne souffrez pas de ce que vous n’avez pas obtenu ; utilisez le savoir qui vient par vos yeux, et pensez à ce que vous avez à faire chaque jour. Dites-vous : « Aujourd’hui je dois être doux et humble au nom de Celui qui m’a donné la vie ». Si vous n’êtes pas prêts à être doux et humbles envers le Seigneur et si vous le rejetez, votre ange vous quittera. Si la mère et le père s’inquiètent d’un rien, leurs proches quitteront la terre l’un après l’autre. C’est terrifiant de rester seul sur terre, sans proches ni amis, comme un arbre sec sans feuilles, sans branches et sans fleurs. Plus on est inquiet, plus on descend et plus on perd ce qui nous a été donné. Pour éviter cela, prenez le joug du Christ qui conduit à la douceur et à l’humilité, c’est le seul moyen de se redresser et de s’anoblir. Prendre le joug du Christ, c’est accepter le Savoir de son Maître en soi. Celui qui n’est pas doux ni humble ne peut acquérir l’amour ; aimer est l’art le plus difficile. Là où est l’amour, là aussi est l’esprit. Apprenez à aimer non seulement les humains, mais encore les plus petits moucherons : eux aussi renferment des conditions pour votre développement futur. Lorsqu’ils seront doux et humbles, les gens se comporteront bien avec les plantes et les animaux et ne détruiront pas les forêts sans raison. Je vois dans l’arbre un palais magnifique pour ses habitants, dans le cristal je vois aussi un palais pour la créature qui y habite, vous n’avez donc pas le droit d’ôter la vie de l’arbre sans permission ; il faut pour toute chose demander l’avis du maître de la maison. Que font nos contemporains ? Ils disposent de la vie des créatures inférieures comme si c’était leur propriété, mais ils finissent par le payer cher, peu importe s’ils le reconnaissent ou non. Vous allez rétorquer que le Seigneur a tout créé pour les humains. Que représente l’être humain ? Une partie de l’humanité toute entière. Par conséquent, en tant que partie du tout, il se doit de demander la permission pour tout ce qu’il lui faut à Celui qui est le Maître de tout. C’est ce qu’exige l’enseignement du Christ, ce qu’exige la nouvelle religion, la religion du travail, de la vie et de l’amour. Je rencontre aujourd’hui des jeunes gens, des enfants et des adultes qui ramassent les fleurs sans pitié, puis les jettent comme des choses inutiles : ceci n’est pas permis. Nous avons une mauvaise opinion de quelqu’un qui arrache les fleurs et les jette : comme il arrache les fleurs, il peut aussi arracher la tête de l’homme. Quelqu’un arrache les fleurs et les offre à ses proches, ce n’est pas permis non plus ; les Bulgares disent à ce sujet : « on n’offre pas de repas funèbre avec la nourriture des autres ». J’ai reçu tant de fleurs, mais j’ai payé pour toutes. Lorsque je reçois une fleur, je me tourne vers son maître et je dis : « Je t’en prie, pardonne à cet enfant qui ne comprend pas la règle ; lorsqu’il grandira, il comprendra son erreur et la corrigera ». La nouvelle éducation exige le respect envers les fleurs et les arbres comme envers les personnes. J’édicte une nouvelle loi : aime chaque arbre, chaque fleur, chaque animal comme toi-même. Vous direz : « Qui es-tu, de quel droit édictes-tu une nouvelle loi ? » Je traduis les anciennes lois en langage moderne pour qu’elles soient comprises et suivies par tous. Chaque créature vivante, herbe, arbre, fleur, animal est l’expression d’une idée cachée. L’être humain aussi est l’expression d’une idée divine. Lorsqu’Il viendra sur terre, Dieu recherchera d’abord l’homme pour voir jusqu’où l’idée, déposée en lui, s’est réalisée. Il sera étonné de voir à quel point l’être humain a déformé l’idée divine déposée dans son âme. Dieu lui dira : « Tu n’as pas le droit de marchander ton corps et ton âme, ils ne sont pas à toi : ton corps est un temple divin et tu n’as pas le droit de le salir ». Combien d’hommes et de femmes sont aujourd’hui jetés à la déchetterie comme les restes des agneaux et des porcelets avec une croix sur laquelle on a écrit : « Que Dieu leur pardonne et les conduise dans Son royaume ». Dieu fera une commémoration pour le défunt, mais aussi pour celui qui est la raison de la destruction de sa maison, c’est-à-dire de son corps. Quant à moi, je dirai : « Seigneur, accueille dans Ton Royaume tous les hommes et toutes les femmes, tous les vieux, les enfants, les prêtres, les prédicateurs, les maîtres, les élèves, les marchands, les artisans, et enseigne-leur à vivre selon les lois de la justice, à ne pas détruire les maisons de leurs proches, à ne pas ôter la vie des créatures vivantes sur terre ». C’est cela prendre le joug du Christ sur soi et devenir doux et humble de cœur. Sofia, 9 mars 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] Monnaie turque
  21. Si je n’étais pas venu « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché » Jean 15 :22 « Ils n’auraient pas de péché. » Nous considérons le péché d’une façon différente de celle de nos contemporains. Ils considèrent comme péché ce qui ne l’est pas, mais ne savent pas ce qu’est le véritable péché. Pourquoi ? Parce qu’ils classent les choses en bonnes et mauvaises selon la façon dont elles font écho en eux, selon la façon dont ils les ressentent. Tout ce qui est agréable est vu comme bon et tout ce qui est désagréable, comme mauvais. Celui qui prête de l’argent passe pour quelqu’un de bon ; celui qui n’en prête pas passe pour quelqu’un de mauvais. C’est une conclusion erronée : quelqu’un peut vous prêter de l’argent, mais il est mauvais, un autre ne vous en prête pas, mais en réalité il est bon. Par conséquent, considérons le péché dans son principe, indépendamment de la personnalité et de la compréhension de l’homme. Aujourd’hui, tout le monde disserte sur le péché sans trouver de solution. Quel que soit le journal que vous ouvrez, chaque page regorge des péchés et des crimes des gens. Si un truand dévalise quelqu’un, on le traque tout de suite, car on considère le mensonge et le vol comme un grand crime ; si quelqu’un prend votre argent, vous déposez plainte au tribunal, cela devient une question d’une importance cruciale tant que l’argent n’est pas rendu. Tout le monde considère l’argent comme un bienfait suprême, alors qu’il est en réalité la source des malheurs dans le monde. L’argent n’est qu’un moyen que les humains ont tellement exacerbé, qu’ils le considèrent comme un but dans la vie et disent : « On ne peut pas se passer d’argent comme on ne peut pas éviter de pécher ». C’est inexact, on peut vivre sans argent et on peut vivre sans péchés. Le Christ dit : « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché » ; il relie la responsabilité du péché à Son avènement. Quand l’être humain pèche-t-il ? Quand il n’écoute pas les paroles et les conseils de l’amour. Lorsqu’il pèche, l’être humain manifeste d’abord l’indocilité et ensuite la désobéissance par rapport à ce qu’on lui dit. Il est dit dans les Écritures : « Le salaire du péché est la mort[1] », ce qui signifie que le péché prive les humains du plus grand bienfait, la vie. Si quelqu’un se demande pourquoi il ne doit pas pécher, qu’il sache que le péché le privera du plus grand bienfait qui lui est offert. « Pourquoi le Seigneur me prive-t-il de la vie ? » La réponse est dans le verset : «Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché ». Dans le premier chapitre de la Genèse, Dieu ordonne à Adam et Ève de ne pas manger des fruits de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal. Comme ils ne L’ont pas écouté et ont enfreint Son commandement, ils ont péché, introduisant ainsi le péché dans la vie des hommes, et jusqu’à aujourd’hui on ne peut pas encore s’en débarrasser. Quels étaient ces fruits importe peu, il y a une chose à savoir : comme la rouille corrode le fer, de même le péché érode les fondements de la vie des humains. Le péché est un feu qui ronge, qui salit et corrompt la pureté de l’âme humaine en la privant de son corps. « L’âme ne peut-elle pas se manifester sans corps ? » Non ! Comme le sel ne peut se manifester en l’absence d’acide et de soude, de même l’âme humaine ne peut se manifester sans corps, c’est une loi du monde physique. Par conséquent, pour faire une réaction chimique, deux corps sont requis pour interagir entre eux et donner un troisième corps. Pour ce faire il faut du feu : il fait fondre et oxyde les corps. Les éléments nobles comme l’or, le platine, l’argent, fondent au feu alors que les éléments non nobles s’oxydent et se décomposent. Du point de vue de la loi divine, c’est-à-dire du point de vue de la loi alchimique, quels sont les deux corps qui interagissent ? Ce sont le ciel et la terre, constitués des quatre éléments principaux : air, eau, feu et terre, c’est-à-dire de matière solide, liquide, gazeuse et lumineuse ou rayonnante. Le résultat de cette interaction a été l’être humain, le cinquième élément appelé le microcosme (petit monde). Si la terre et le ciel en l’homme ne s’unissent pas, comment le véritable homme intérieur naîtrait-il ? Du point de vue de l’alchimie, la terre est une base, le ciel, un acide et l’être humain, du sel. Le Christ dit aussi : « Vous êtes le sel de la terre ». Par acide on entend une force divine qui pénètre tout et crée de nouveaux mondes ; par base on entend un ensemble de forces qui aident la force divine à accumuler les éléments nécessaires pour créer l’être humain, le microcosme. Lorsqu’on parle du Ciel, je n’entends pas le paradis, car il est un état et non pas un lieu de félicité. Lorsqu’il parle à ses disciples des béatitudes, le Christ entend aussi l’état que les humains traversent. Il dit : « Bienheureux les simples d’esprit car le Royaume de Dieu leur appartient ». Par simple d’esprit on entend quelqu’un qui fond et se dissout facilement : ce sont les caractéristiques du sel. L’être vertueux doit fondre comme le sel ; dès qu’on met du sel dans l’eau, il se dissout aussitôt, sans protester car le Royaume céleste est le sien. L’eau est un fondement, le porteur de la vie, et la vie, l’une des conditions pour entrer dans le Royaume de Dieu ; ainsi, lorsqu’il fond comme le sel, l’individu entre déjà dans le Royaume de Dieu. Lorsqu’elle tombe sur le sol, la neige fond et apporte ainsi sa bénédiction par la vie. Tant que les humains se consument et se tourmentent, mais sans fondre, le mal s’étendra et gouvernera le monde. Pourquoi les humains se tourmentent-ils ? Parce qu’ils sont endurcis et ne fondent pas. Il est dit dans les Écritures : « Le cœur de ce peuple s’est endurci [2]». « Bienheureux les affligés car ils seront consolés. » Le sel de cuisine absorbe l’humidité lorsqu’il reste à l’air ambiant et il se met à fondre ; il sale ainsi les corps. L’affligé attire donc l’humidité, c’est-à-dire la vie, et sale ainsi sa vie. Si vous ne faites pas ainsi, vous ne pouvez pas vous consoler. « Bienheureux les débonnaires car ils hériteront la terre. » Le sel aussi, au sens large, est doux et docile : lorsqu’il est dissous dans l’eau, il ne fermente pas et ne fait pas de bruit. À l’état dissous, le sel attend toujours calmement que son heure vienne, que la chaleur se manifeste pour évaporer l’eau et le faire apparaître dans son état précédent : du sel pur et cristallin, et il sait qu’il sera désormais plus pur qu’auparavant. Les gens dociles sont du sel qui s’humidifie à l’air et se met à fondre, se dissout dans l’eau et voyage ainsi partout à travers le monde jusqu’à se reformer de nouveau sous la forme de beaux et purs cristaux. « Bienheureux les affamés et les assoiffés de justice car ils seront rassasiés. » Quand ressent-on la soif ? Lorsqu’on a mangé de la nourriture salée, on a alors besoin de plus d’eau. Seul l’être humain éprouve une soif dans différents domaines : soif d’eau, soif de connaissance, soif de lumière, soif de liberté, etc. Il est dit néanmoins : « Ceux qui sont affamés et assoiffés de justice, seront rassasiés ». Le docile qu’on assimile au sel doit être affamé de justice. Le Christ dit à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre[3] », et pour Lui-même : « Je suis la lumière du monde [4]». Le sel joue un rôle important sur la terre, même la lumière ne peut pas se manifester en l’absence du sel. En effet, les disciples du Christ étaient le milieu dans lequel il s’est manifesté. Les sels sont constitués de deux éléments : métaux et métalloïdes, ou métaux et restes d’acides, mais les sels ne se retrouvent séparément ni dans les acides ni dans les bases. Pour comprendre la création des sels, plantez un grain de blé et observez sa croissance et son développement. La croissance est un processus de l’esprit et n’est pas uniquement le fruit de la terre ni du soleil ; la terre et le ciel unis offrent des conditions à l’esprit pour se manifester. En langage évangélique nous entendons sel dans le mot esprit ; là où est l’esprit, c’est-à-dire le sel, il y a une harmonie ; là où l’esprit est absent, il y a des dissonances. C’est ainsi que les anciens comprenaient l’esprit et travaillaient avec lui. Les scientifiques reconnaissaient jadis l’existence de quatre éléments dans la nature : terre, eau, air et feu. Les scientifiques qui ont suivi, ont considéré cet enseignement comme erroné, mais les scientifiques modernes sont en accord avec lui et maintiennent l’existence de quatre états de la matière qui correspondent aux quatre grands mondes. La terre recèle en elle beaucoup de forces dont certaines seront étudiées à l’avenir. La terre est explorée extérieurement et pas tellement intérieurement, pourtant les apparences extérieures de la terre et son contenu intérieur sont deux choses différentes. L’acide que mentionne la chimie est nommé ciel par les occultistes, et la base, terre. Le ciel dans l’homme crée, agit, désire sans cesse ; c’est pourquoi l’homme est constamment mécontent et veut toujours quelque chose de nouveau. La terre appelée base, chair, cultive les désirs, leur donne forme et sculpte le corps humain. Il y a donc un ciel et une terre en dehors de l’être humain, mais aussi dans son for intérieur : il doit connaître leur mission et collaborer. Les désirs et les idées viennent du ciel et se réalisent sur terre ; elle est la mère de l’homme manifesté, alors que le ciel est son père. La terre est l’âme lorsque le ciel est l’esprit : ils ont travaillé pour créer l’homme et y travaillent encore pour le parfaire. Le Christ dit : « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché ». Puisqu’il n’y a pas de péché, il n’y a pas de mort non plus. Si l’acide et la base n’interagissaient pas, ils se manifesteraient en tant que forces destructrices ; puisqu’ils interagissent et créent le sel, porteur de la vie, les forces destructrices ne se manifestent pas. Il y a de la vie dans l’acide et dans la base, mais cette vie diffère radicalement de la vie du sel. Les gens d’aujourd’hui comprennent mieux la vie du sel que la vie de l’acide et de la base. « Si je n’étais pas venu. » Le Christ est venu sur terre pour délivrer les humains du péché et libérer ainsi l’âme humaine de l’emprise de la matière. Comment la libérer ? Par l’acide qu’Il apporte dans le monde ; seul l’acide est en état de dénouer les liens de la matière. Seul l’être humain est capable de libérer l’oiseau enfermé dans une cage, mais s’il revient de nouveau dans la cage, l’oiseau meurt, donc la liberté c’est sa vie. Beaucoup de gens aujourd’hui sont condamnés à vivre en cage, c’est-à-dire condamnés à une mort prématurée ; comme ils n’en ont pas conscience, ils disent : « C’est ici la véritable vie » ! Combien, même si on leur proposait de quitter la cage, s’y refuseraient sous prétexte que la liberté est une chose vaine. Dès qu’ils sortent de la cage, ils comprennent alors le sens de la vie et de la liberté. Une jeune fille, belle et aux yeux noirs, au visage rose, pleine de gaîté se marie avec un Don Juan qui l’enferme aussitôt dans une cage et la leurre avec un peu de millet ; elle sautille dans la cage dans tous les sens, mais cesse de chanter ; lorsqu’il est lassé d’elle, il l’expulse et la remplace avec un autre oiseau. Beaucoup de femmes sont aujourd’hui chassées de leurs cages et souffrent et se lamentent sur leur sort. Pourquoi sont-elles chassées ? Parce que Dieu leur a dit de ne pas entrer dans la cage, mais elles ne L’ont pas écouté : elles subissent aujourd’hui les conséquences de leur indocilité. Que vous croyiez ou non mes paroles importe peu, vous les vérifierez. Un jour, votre bien-aimé vous chassera de la cage et vous me croirez sur parole. Les humains, hommes ou femmes, ne sont pas en réalité de véritables hommes et femmes ; ils jouent simplement ce rôle. La femme symbolise l’amour et l’homme, la sagesse. Laquelle parmi les femmes actuelles incarne l’amour, lequel parmi les hommes actuels incarne la sagesse ? La femme dira que son cœur s’est consumé d’amour mais la combustion du cœur n’est pas de l’amour ; l’arbre aussi se consume, mais il n’aime pas ; entre la combustion de votre cœur et l’amour il y a une différence énorme. L’amour de nos contemporains est passager comme celui de l’oiseleur qui garde des oiseaux en cage ; lorsque l’oiseau grandit, il le vend et en achète un autre. L’un des fils de David a expérimenté cet amour : il s’est épris de sa sœur et a feint la maladie pour que son père la lui renvoie pour le soigner ; lorsqu’il a connu l’amour humain, il a dédaigné sa sœur et l’a chassée. C’est cet amour qui domine aujourd’hui dans le monde. Aujourd’hui tu aimes, demain tu détestes, ce n’est pas l’amour. Le jeune homme brûle d’amour pour la jeune fille, mais lorsqu’il a préparé son repas sur le feu et s’est rassasié, il dit : « Je n’ai plus besoin de ce pot ». C’est parfois la jeune fille qui cuisine sur son feu et parfois, c’est le jeune homme. Tous agissent ainsi, lorsqu’ils ont fini de cuisiner sur leur feu, ils jettent le pot et disent : « Nous avons une vie de nomades, à quoi bon garder des pots sur nous pour nous encombrer ? ». Il y a beaucoup de pots dans le monde, masculins et féminins. Là où nous nous arrêtons, nous cherchons un pot, mais cet amour conduit à la mort. Sachant cela, ne demandez pas pourquoi les humains meurent, c’est très simple : l’homme meurt parce que son maître s’est fait à manger dans son pot, il s’est bien rassasié, puis a jeté le pot. Lorsque le pot se casse, ses proches se rassemblent autour de lui, pleurent et lisent des prières pour la paix de son âme. Pourquoi ces messes funèbres ? Vous dites que Dieu l’a ordonné ainsi. En guise de réponse à cette façon de penser, le Christ dit : « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché ; maintenant ils n’ont aucune excuse de leur péché ». Lorsqu’on dit la vérité, les gens parlent de tentation. De quelle tentation peut s’effaroucher le pot s’il est plein d’impuretés ? C’est une autre question s’il est pur, c’est-à-dire propre, mais il n’y a point de gens purs sur terre, chaque pot est sali intérieurement ou extérieurement, il porte des impuretés. Un pot dira qu’il est pur et sanctifié ; je ne me laisse pas leurrer, je sens de très loin l’odeur des impuretés. Ni le Christ ni Dieu ne se laissent berner. Pour acquérir la pureté et la sainteté le pot doit être nettoyé de l’intérieur et de l’extérieur. Les êtres humains nettoient les pots uniquement de l’extérieur et ils passent pour vertueux. Lorsque le jeune homme s’éprend d’une jeune fille, il se fait passer pour quelqu’un de tendre, d’attentionné, prêt à tous les sacrifices, il se dit prêt à mourir pour elle. Comment mourait-il puisqu’il n’est pas encore vivant ? Beaucoup de nos contemporains sont plutôt morts que vivants ; comment un mort peut-il encore mourir ? Il y a du sens à ce que le vivant se sacrifie pour sa bienaimée, mais en aucun cas le mort ne peut se sacrifier et mourir pour les autres. Par conséquent, ne croyez pas celui qui est mort depuis longtemps. Il y a du sens à se sacrifier, mais pas à mourir : la mort est l’œuvre du péché. Dieu dit : « Mon âme ne souhaite pas la mort du pécheur »[5]. Si quelqu’un dit qu’il se meurt d’amour, il ne dit pas la vérité ; il ne mourra pas mais mangera sa victime ; il n’aime pas l’âme humaine mais son argent. Vous allez auprès d’une ruche et vous l’enfumez pour récupérer le miel et vous prétendez que vous aimez les abeilles : vous n’aimez pas les abeilles mais leur miel. Le diable agit de même : lorsqu’il se présente à vous, il dit : « Comme je vous aime ! » Vous n’avez pas encore tourné la tête qu’il cueille le fruit sur votre arbre et vous dit : « Au revoir, à l’année prochaine, je reviendrai pour la prochaine récolte ». Lorsque quelqu’un meurt, les proches se rassemblent, pleurent et disent : « C’était un brave homme ! » Pourquoi pleurent-ils ? Parce que le pot est parti quelque part. Ils affirment que le pot s’est cassé, mais nous disons qu’il revit, libéré des chaînes de la mort. Tous dissertent sur l’amour, mais personne ne l’a vu. Quelqu’un dira qu’il a vu l’amour, mais c’est l’amour qui brûle ; l’amour humain n’est visible que dans le brasier où il brûle, se consume et se transforme en cendres. Quelle femme et quel hommes sont contents de leur vie une fois mariés ? Chacun rêve de se marier pour décréter après coup que cela n’en valait pas la peine. Peu de gens se sont mariés et en tirent satisfaction. Celui qui est mécontent de l’amour est tombé sur l’amour magnétique, instable et passager. Cet amour est le résultat de l’excitation du cervelet chez l’être humain ; c’est ainsi que les jeunes tombent amoureux, s’attirent, et lorsqu’ils se séparent, ils éprouvent le désamour. L’attirance qui est le fruit du magnétisme n’est pas l’amour. Pour se magnétiser les jeunes se prennent par les mains et s’embrassent ; le véritable amour ne se manifeste pas en se tenant par les mains ni en s’embrassant. L’amour magnétique est l’ébauche de l’amour, une condition de manifestation des acides et des bases, c’est pourquoi les amoureux deviennent aigris, nerveux, agités. Lorsqu’elle tombe amoureuse, la jeune fille est irritée, revêche et ne supporte personne ; sa mère la croit malade et appelle le médecin pour l’ausculter. Elle n’est pas malade, simplement un feu brûle dans son brasier : le pot avec le repas se réchauffe au feu. Comme la jeune fille n’est pas habituée à ce feu, elle se tourmente et souffre ; si elle ne peut pas supporter le feu, elle désespère et veut se suicider. La même chose arrive chez le jeune homme. On dit que quelqu’un s’est suicidé par amour. C’est inexact, l’amour ressuscite, vivifie, rajeunit l’être ; ce qui le pousse à se suicider est le résultat des sentiments humains instables. Pour éviter leur influence, il doit écouter la voix de son âme divine qui le préserve du pot avec les impuretés. « Je veux me faire à manger là-dedans. » Le pot est impur, tu n’as pas besoin d’un tel repas. Beaucoup de nos contemporains sont nerveux et malades à cause d’un soi-disant amour ! Vous n’avez pas besoin d’un amour qui détraque la santé, épuise nerveusement et conduit au désespoir et au suicide. Ainsi, la première manifestation de l’amour est l’attirance, c’est-à-dire l’amour magnétique. La deuxième manifestation de l’amour est l’amitié ; c’est un degré supérieur de l’amour par rapport à l’attirance, chacun veut avoir un ami pour partager ses pensées et ses sentiments. Mais l’amitié n’est pas encore stable, elle peut facilement se détériorer. Quand est-ce que l’amitié entre deux personnes ne dure pas ? Lorsqu’elle ne repose pas sur un socle solide. Pour résister, elle doit avoir trois points d’appui : le monde physique, le monde spirituel et le monde divin. Deux individus nouent des liens d’amitié et démarrent un travail en commun : leur lien est ancré surtout sur le plan physique ; ils deviennent des partenaires, mais peu de temps après leur amitié périclite car elle ne peut perdurer sur un seul point d’appui. La troisième manifestation de l’amour repose sur la communion entre les âmes. Lorsque deux êtres ont des pensées, des sentiments et des actes très proches, ils ne s’attirent pas, ne se lient pas d’amitié, mais s’unissent au nom du divin en eux. Leur union est indéfectible, rien ne peut les séparer ; seules des âmes sœurs peuvent se lier de la sorte. « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé… » De quoi leur a parlé le Christ ? De la troisième manifestation de l’amour. Si les gens avaient accueilli l’enseignement du Christ, ils n’auraient pas péché et seraient immortels. Maintenant, comme ils vivent davantage dans l’amour magnétique ils pèchent et la mort les guette. Ils ne connaissent pas la communion des âmes comme manifestation de l’amour et ils sont souffrants, affligés et mourants. Avoir une âme sœur sous-entend une unité dans les manifestations, dans les points de vue, et le partage des grandes vertus : amour, sagesse, vérité, justice et bonté. Cela ne signifie pas que les âmes sœurs sont identiques extérieurement ; elles communient en esprit et pas seulement dans leur expression extérieure. Quelle chose grandiose que d’avoir une âme sœur ! Ce que nous entendons par le mot vérité diffère radicalement de la compréhension de l’individu ordinaire ; sa vérité est un refroidissement. La vérité est la levure de la vie divine, c’est elle que cherchaient les alchimistes, c’est elle aussi que recherchent les scientifiques modernes. Tous cherchent la vérité, mais ne la trouvent pas, car ils font fausse route. Au lieu de trouver la vérité, ils tombent sur un oiseleur qui les met en cage avec d’autres oiseaux, et lorsqu’il est rassasié, il les jette dehors. Lorsqu’on parle aux humains de l’amour magnétique, ils craignent de perdre ce qui est précieux en eux. Que deviennent les éclats ferrugineux lorsqu’ils sont aimantés ? Ils ne sont aimantés que sur un court laps de temps et perdent rapidement la faculté d’attirer de petits objets, mais pour autant ils ne perdent pas les propriétés du fer. Selon le même principe, celui qui cède à l’amour magnétique n’est que temporairement sous son influence et ne change qu’en apparence, tout en conservant ses propriétés intrinsèques. Dès qu’il se libère de l’influence de cet amour, il demeure extérieurement et intérieurement tel que la nature l’a créé. Aucune force dans le monde n’est capable de modifier les qualités intrinsèques des humains ; autrement dit, aucune force au monde n’est capable d’altérer le principe divin en eux. Comment doivent être vos bien-aimés ? Ils doivent être simples d’esprit pour fondre ; ils doivent être affligés pour être consolés ; ils doivent être débonnaires pour hériter de la terre ; ils doivent être assoiffés et affamés pour la justice afin d’être rassasiés. La faim et la soif sous-entendent un sacrifice. Pour qui se sacrifie-t-on ? Pour son prochain afin de le redresser. Le Christ dit : « Je suis venu dans le monde pour donner ma vie pour mon prochain ; j’ai le pouvoir de la donner, j’ai le pouvoir de la recevoir à nouveau »[6]. Vous direz que tout ce qui est dit est bien, mais vous ne pouvez pas accepter l’idée que votre amour conduit à la mort ; il n’est pas obligatoire d’être en accord avec mes paroles, l’important est d’étudier votre amour et de voir les résultats qu’il produit. Nous ne nous intéressons pas aux pots qui cuisent sur vos brasiers et Dieu ne s’y intéresse pas non plus. Voyez combien de vos pots sont restés intacts après avoir cuit sur votre feu ; voyez combien de personnes ont subsisté après avoir mangé le repas cuisiné dans vos pots ; qui de nos contemporains n’est pas mort d’amour ? Suivez à la trace la vie de vos proches et vous verrez que la cause de la mort de ceux qui ne sont plus là est soit l’amour magnétique, soit l’amour d’amitié auxquels ils se sont laissés aller. Nos contemporains ont besoin de se nettoyer, mais pas comme ils le font dans leur salle de bains. Quelqu’un entre dans le bain et appelle un commis pour le frotter et enlever la saleté : ce n’est pas un nettoyage, ce n’est pas comme ça que nous obtenons la pureté et la sainteté qui permettent d’entrer dans le Royaume de Dieu. Celui qui aspire à la pureté et à la sainteté doit fondre et entrer dans le bain de la vie divine, c’est ainsi qu’il deviendra plus blanc et plus propre qu’il ne l’était auparavant. « Bienheureux les affligés car ils seront consolés. » Le mot affligé sous-entend l’acquisition de vertus ; on ne peut pas acquérir de vertus si on n’est pas affligé. Si tu es affligé pour ta mère, tu dois aller auprès d’elle ou bien elle doit venir à tes côtés ; si tu es affligé pour la lumière, tu dois aller auprès d’elle ; ce n’est qu’ainsi que tu croîtras en vertus. Il faut donc aller auprès de Dieu pour croître et acquérir des vertus, et donc renoncer à tous les liens passagers terrestres qui freinent le développement. « Bienheureux les débonnaires car ils hériteront de la terre. » Le débonnaire est le sel de la terre. Comment trouve-t-on le sel dans la nature ? Dissout dans l’eau de mer ou en tant que minéral. Une fois à l’état pur il représente la vie divine à laquelle tout le monde aspire. Cette vie accorde l’amour à la sagesse : l’amour agit sur terre et la sagesse, au ciel. Pour comprendre ce qu’est l’amour et la sagesse, il faut avant tout savoir si on peut fondre ou non. « Comment le découvrir ? » Simplement en trouvant la porte secrète du Royaume de Dieu, vous comprendrez si vous pouvez fondre. Vous comprendrez alors le verset : « Bienheureux les débonnaires car ils hériteront de la terre ». Il faut pour cela du labeur et du travail, transpirer quatre-vingt-dix-neuf fois par jour et tout dissoudre en vous pour la vie divine. C’est le seul moyen de comprendre le sens du labeur et du travail, des joies et des souffrances. En fondant, vous vous élèverez vers la vie divine et tout ce qui est terrestre demeurera sur terre. En parlant du Monde divin, certains disent qu’ils l’ont vu en rêve. Le rêve n’est pas une vision réelle. Voir le côté extérieur des choses n’est pas encore les comprendre et les connaître ; c’est comme prétendre que quelqu’un est pur parce qu’il est propre extérieurement. Savez-vous ce qu’est la pureté ? Lorsque quelqu’un de pur entre chez vous, si vous êtes prêts pour la vie divine, il vous apportera la plus grande bénédiction. Si vous n’êtes pas prêts vous vivrez de grandes souffrances ; il ne veut pas que vous souffriez, mais votre incompréhension vous plonge dans les ténèbres et l’obscurité. Le Christ aussi est venu parmi les juifs et leur a donné la lumière pour les guider sur le droit chemin, mais ils ne L’ont pas accepté et ils L’ont crucifié. Ils ont renoncé à Sa lumière et ont accueilli les ténèbres, c’est-à-dire la mort. C’est ce qui advient à celui qui renonce à la vie ; lorsqu’on renonce à la vie, vient la mort. Le Christ est le chemin, la vérité et la vie ; par conséquent, celui qui renonce au Christ entre en enfer, lieu de ténèbres, de pourrissement, de rupture des liens avec tous les êtres vivants : c’est cela œuvrer pour l’anéantissement de sa vie et de celle de son prochain. Si on en prend conscience, comment ne pas en souffrir ? Beaucoup craignent les souffrances. La crainte est justifiée si elle précède le péché, mais si on craint une fois le péché commis, la situation n’est pas enviable ; il est dit pour cela : « La crainte de Dieu est le début de la sagesse ». Si vous êtes inquiet avant le péché, c’est bien ; si vous êtes inquiet après le péché, c’est mal. Celui qui est affligé avant de fauter peut améliorer sa vie ; celui qui est affligé après avoir fauté se heurte à des souffrances insoutenables. Il est dit que la colère de Dieu se répand sur les enfants indociles ; cela vaut pour l’époque actuelle, mais l’époque à venir apporte la bénédiction pour les justes. Elle sera extrêmement exigeante envers les pécheurs. « Je suis de quel côté ? » Si tu veux savoir de quel côté tu es, demande-toi si tu fonds, c’est-à-dire si tu es docile, si tu es affamé et assoiffé de justice. Fonds-tu comme le sel ? – « Je ne fonds pas » – Tu perds le premier lancer de dés ! Es-tu affligé ? – « Non » – Tu perds le deuxième lancer de dés ! – Es-tu affamé et assoiffé de justice ? –« Non »– Tu perds aussi le troisième lancer de dés ! » Quoi que te disent les prédicateurs après coup, quelles que soient les consolations des gens, sache que tu n’es pas sauvé. L’une des caractéristiques du sang du Christ est la dissolution et la fonte ; voilà pourquoi sera sauvé celui qui boit le sang du Christ ; c’est donc le Christ qui sauve les humains. Pourtant la jeune fille pense sauver le jeune homme et lui aussi pense la sauver : tous deux se trompent. Quel est ce salut qui les rend nerveux, désemparés et mécontents ? Le jeune homme pose ses tentacules sur la jeune fille tel une pieuvre et la phagocyte ; et la jeune fille fait de même : c’est le diable de mer qui se manifeste à travers eux. Dans la nouvelle éducation la mère doit dire la vérité à sa fille et le père à son fils. Si la fille est amoureuse et souffre, la mère doit lui dire : « Ma fille, ce n’est pas de l’amour, ton pot et le pot de ton bienaimé ne sont pas purs, vous ne pouvez pas cuisiner dedans ». Remets ton espoir en Dieu et Il te montrera où est ton bien-aimé et comment le trouver. Je crois en un Dieu capable de nous enseigner la grande loi de l’amour. Quiconque, venant avec la seule idée de faire la noce, cache nécessairement en lui une mauvaise intention. Les entremetteurs veulent réunir deux jeunes pour qu’ils s’entraident ; en réalité il en résulte autre chose : au lieu de s’entraider, ils commencent à s’affronter pour avoir le dessus. Les Bulgares aussi ont combattu pour la grande Bulgarie ; est-elle devenue grande ? Non seulement elle n’est pas devenue grande, mais aujourd’hui tout le monde craint la décision de l’Entente. Que projettent les membres de l’Entente ? Ce que Dieu Lui-même projette sur la Bulgarie. Dieu a décidé de faire passer la Bulgarie par le feu, de purifier son pot. Il dit : « Je n’ai pas besoin de Bulgares qui ne soient pas dociles et affligés, qui ne soient pas affamés et assoiffés pour la justice et la vérité ». La même chose vaut pour tous les peuples. « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché. » Aujourd’hui, on prie pour la Bulgarie dans toutes les églises afin qu’elle évite les souffrances, que son pot ne soit pas passé à l’épreuve du feu. Les Bulgares craignent que les pays voisins accaparent plus de terres, qu’ils deviennent plus puissants. Avoir plus de terres, c’est cuire plus d’os dans leurs pots ; à quoi bon avoir plus d’os ? Sachez une chose : un être ou un peuple qui ne fond pas, sera jeté dehors. Cela vaut pour tous les individus et tous les peuples sans exception. Tous les individus et tous les peuples peuvent fondre, mais ils ne le veulent pas car ils sont dans les bras de leur bienaimé qui leur fait plein de promesses : il leur dit qu’il les parera de diamants pour qu’ils brillent de loin. Les diamants ne sont pas destinés aux pieuvres ; chacun peut fabriquer de tels diamants et les porter en soi : c’est ainsi qu’on peut être courageux, fort et prêt à tous les sacrifices. Si quelqu’un demande quel avenir l’attend, je lui répondrai : ton avenir est enviable si tu fonds, si tu es docile, si tu es affligé, si tu es affamé et assoiffé de justice. « C’est dur à atteindre. » C’est néanmoins réalisable. « Si je n’étais pas venu. » Puisque la vérité est venue, on vivra ou on mourra, c’est l’un ou l’autre. Lorsqu’il fond, le sel ne disparaît pas mais se purifie ; quel que soit le nombre de fois où il est dissous il ne s’épuise pas ; si en revanche vous mettez le bois une seule fois au feu, il disparaît et se transforme en cendres. Si vous ressemblez au sel, vous cristalliserez de nouveau après la dissolution, c’est-à-dire vous ressusciterez ; si vous ressemblez au bois, vous brûlerez, vous vous transformerez en cendres et on vous jettera dans le compost. Il est dit dans les Écritures que si le sel perd sa saveur il sera jeté dehors. Ainsi, les béatitudes dont le Christ a parlé, ont un rapport avec le sel. Si un ami vous rend visite, demandez-lui s’il désire fondre et se dissoudre comme le sel, s’il désire être docile et affligé, être assoiffé et affamé de justice ; s’il répond positivement à toutes les questions, il est bon, s’il répond par l’affirmative à une seule question mais reste réticent sur les autres, prenez garde. C’est ce que le Christ a dit aux gens de son époque, et il faut avoir le même discours envers les savants, les prédicateurs, les hommes publics d’aujourd’hui. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’enseignement du Christ pour ne pas dire un jour : « Nous étions les pieds dans l’eau mais nous étions assoiffés ». C’est facile et agréable de se dissoudre ; lorsqu’on se baigne on peut vérifier si on fond ou non. Les enfants aiment se baigner et les adultes aussi ; ils doivent être attentifs pour vérifier s’ils peuvent fondre et se dissoudre, cela les conduira à la connaissance de soi. « Comment discerner si je fonds ? » Si quelqu’un te dérobe une grande somme d’argent et que cela ne te trouble pas, tu es donc apte à te dissoudre ; si tu te troubles, tu ne peux pas te dissoudre. Si tu te mets à la place de celui qui souffre, tu es capable de te dissoudre. Il est agréable de côtoyer une telle personne : elle est bonne et agit bénéfiquement envers ceux qui l’entourent. Pour un homme de bien, cela vaut la peine de descendre dans les tréfonds de l’enfer : le Ciel s’ouvre pour lui et son âme s’éclaire et s’égaie. Il est agréable d’écouter des musiciens qui non seulement jouent de la musique mais ressentent et vivent la musique qu’ils produisent. Beaucoup parlent de l’amour sans le ressentir, sans en être imprégnés et sans l’appliquer : cela s’appelle « dire une chose et en faire une autre ». Lorsqu’on voit un agneau, on lui dit qu’on l’aime, mais il bêle en guise de réponse, ce qui signifie : « N’y a-t-il personne pour me témoigner réellement de l’amour ? » Tu aimes l’agneau, mais s’il est égorgé, tu songes à goûter de sa chair : ce n’est pas de l’amour. C’est ainsi que s’aiment la majorité des humains, la majorité des jeunes gens ; en fin de compte l’un d’eux sera, comme l’agneau, la victime du couteau de son maître boucher. Le monde d’aujourd’hui regorge de bouchers. Combien d’agneaux sont sacrifiés de nos jours ! Je m’étonne de la grandeur de Dieu, de Sa miséricorde et de Son amour, de Sa patience : Il voit tous les crimes des humains et les tolère. Partout on ressent la méfiance et les soupçons. Tant que quelqu’un vous nourrit, vous le suivez ; dès que l’abondance se tarit, tous s’éloignent de lui : ce n’est pas du christianisme, ce n’est pas de la morale. Je ne vous le reproche pas, mais je vous montre les côtés à améliorer pour que vous vous analysiez et que vous appreniez à vous dissoudre. Le monde est saturé de déclarations d’amour. Si vous vous sacrifiez, sacrifiez-vous pour Dieu, pas pour un homme. Je ne veux pas de sacrifices en mon nom ; c’est le plus grand malheur pour un être. Tous doivent renoncer au péché, au crime, à l’indocilité. Renoncez aussi à la jalousie qui empoisonne vos âmes, nettoyez vos maisons et attendez alors que le Christ vous visite. Mettez plus d’amour dans votre vie. Lorsque vous pétrissez le pain, lorsque vous cuisinez, mettez-y votre amour, alors, celui qui goûtera de votre pain sera béni. Du pain pétri sans amour est un poison. Ne vous empoisonnez pas, n’empoisonnez pas vos proches, personne n’a le droit d’être la cause des souffrances et de la mort de son prochain. Une vie pure et sainte est demandée à tous. Chacun doit se dissoudre, devenir docile et affligé, être affamé et assoiffé de justice. Le Christ dit : « Je suis la lumière du monde ». Par conséquent celui qui cherche cette lumière sera initié , celui qui ne la cherche pas, marchera dans les ténèbres et l’obscurité. Vous direz que la lumière se manifeste à travers n’importe quelle lampe ; chaque lumière, d’où qu’elle vienne est un reflet de la lumière divine, mais ce reflet s’efface s’il n’est pas relié à la source primordiale. La véritable lumière se trouve dans le cerveau humain et non pas en dehors de lui. La lumière vient uniquement d’en haut. Celui qui accueille la vie divine en lui se met à briller comme le soleil et alors le verset « Vous êtes la lumière du monde »[7] prend son sens. Ainsi, tant que vous êtes de ce monde, parmi les humains, travaillez consciemment pour ne pas désespérer et pour ne pas vous entraver mutuellement. Puisque vous passez pour des gens cultivés, montrez votre culture. Ne chassez pas les gens de bien, ils sont venus pour vous aider ; si vous ne leur ouvrez pas vos cœurs, ils vous quitteront. S’il était question de s’exposer au dard des humains, on aurait pu aussi aller parmi les insectes et on aurait été piqué, mais au moins on aurait su s’en protéger. L’insecte porte son dard devant pour qu’il soit vu, et l’être humain le porte derrière. La langue humaine est un dard qui brise des os ; celui qui peut extirper le poison de sa langue est érudit et émérite. « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé. » Le Christ est venu parmi les humains pour leur montrer comment vivre, comment accomplir la volonté de Dieu et comment travailler pour que le Royaume de Dieu vienne sur la terre et que Sa Gloire s’y manifeste. C’est le côté positif du verset : « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché ». Sofia, 2 mars 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] «Car le salaire du péché, c'est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus Christ, notre Seigneur. » (Rm 6, 23) [2] « Car le cœur de ce peuple s'est épaissi, ils sont devenus durs d'oreilles, ils se sont bouché les yeux, pour ne pas voir de leurs yeux, ne pas entendre de leurs oreilles, ne pas comprendre avec leur cœur, et pour ne pas se convertir. Et je les aurais guéris ! » (Matthieu 13, 15) [3] « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel ? Il ne vaut plus rien ; on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes. » (Matthieu 5, 13) [4] « Jésus, à nouveau, leur adressa la parole : "Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. » (Jean 8, 12) [5] « Dis-leur : par ma vie, est-ce que je prends plaisir à la mort du méchant ? Bien plutôt à ce que le méchant change de conduite et qu'il vive. Revenez, revenez de votre méchante conduite : pourquoi faudrait-il que vous mourriez, maison d'Israël ? » (Ezéchiel 33, 11) [6] « Le Père m'aime parce que je donne ma vie, pour ensuite la recevoir à nouveau. Personne ne me l’enlève, mais je la donne de moi-même ; j'ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la recevoir à nouveau : tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père. » (Jean 10, 17-18) [7] TOB = « Vous êtes la lumière du monde : une ville située sur une hauteur ne peut être cachée. » (Matthieu 5, 14)
  22. Dissonance dans l’harmonie « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le… Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la… »[1][1] Matthieu 5 :29-30 Le chapitre lu a un rapport avec l’harmonie et la disharmonie. « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le ; et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la ; si on te frappe sur une joue, tends l’autre joue. » Ce langage est incompréhensible pour nos contemporains. Si le Christ leur parlait comme ça aujourd’hui, très peu le comprendraient. De nos jours, il y a beaucoup d’églises où l’on prêche au nom du Christ ; on lui chante des louanges, mais s’il venait parler parmi ses disciples comme il y a deux mille ans, on le taxerait de déséquilibré, et celui qui l’écouterait se heurterait à de grandes contradictions. À quoi sont dus les heurts intérieurs dans l’être humain ? Tout le monde soutient qu’il vient de Dieu, mais lorsqu’on leur parle le langage de l’amour, les gens ne savent pas comment agir, ils se demandent s’il est possible qu’un mouton engendre un loup ou qu’un loup devienne un mouton. Tous parlent de fraternité, d’égalité, d’amour et d’abnégation, mais lorsqu’il est question d’appliquer ces idées, ils s’embrouillent et ne comprennent plus rien. Pourquoi ? Parce qu’il y a au centre de leur vie quelque chose d’intéressé : ils servent Dieu, mais dans leur service il y a un intérêt, ils veulent gagner leur vie ; d’autres deviennent des commerçants dans l’unique but de s’enrichir ; c’est toujours leurs intérêts personnels qui les poussent en avant. C’est vrai, lorsqu’on vit on doit avoir un moyen de subsistance, mais l’important est de travailler avec amour, sinon on se justifiera toujours en disant que les conditions extérieures ou ceux qui nous entourent nous obligent à agir contre notre gré. Le loup aussi se justifie de manger les brebis car c’est son métier. Lorsqu’il est mis en difficulté, il dit : « Si les humains eux-mêmes prennent la peau de milliers de loups et de renards, n’ai-je pas le droit de prendre la peau d’une brebis ? » Lorsque le loup attaque les brebis, on leur fait tout de suite la peau ; lorsque l’homme tue son semblable en temps de guerre, non seulement on ne le condamne pas, mais on lui donne un prix, une médaille pour sa bravoure. Vous direz que c’est écrit ainsi : les humains doivent s’entretuer en temps de guerre. Qui a admis la guerre, dans quelle loi divine est-elle inscrite ? Dans l’enseignement de Moïse il est question de guerre, mais dans celui du Christ la guerre est exclue ; il y a entre Moïse et le Christ la même différence que celle entre la terre et le ciel. Par conséquent, lorsque les chrétiens guerroient, ils doivent s’avouer à eux-mêmes et au monde entier qu’ils agissent selon la loi de Moïse et non selon la loi du Christ qui sous-entend la totale application de l’amour. Nommez chacun de vos actes par le nom qui lui correspond. Moïse dit : « Œil pour œil, dent pour dent ». Le Christ dit : « Si on te frappe une joue, tends aussi l’autre ». Nos contemporains vivent encore selon l’enseignement de Moïse, selon l’ancienne culture. Moïse lui-même dit : « Le Seigneur suscitera un autre prophète, plus grand que moi ; quiconque ne sert pas ce prophète signe sa condamnation à mort »[2][2] Moïse parlait du Christ et reconnaissait l’imperfection de son propre enseignement. Après tout cela, les gens se demandent pourquoi, puisqu’ils proviennent de Dieu, ils ne vivent pas bien. C’est très simple : ceux qui ne vivent pas bien ne proviennent pas de Dieu. Une mère menace ses ennemis en disant : « Attendez que j’accouche pour voir ! » Elle espère accoucher d’un fils qui puisse la venger. Est-ce que ce fils peut naître de Dieu ? Par héritage, il suivra la lignée maternelle ou paternelle. Les Égyptiens croyaient à la transmutation des esprits, les Hindous croient à la réincarnation, et les scientifiques modernes, à l’hérédité. Ce sont trois enseignements aux symboliques différentes : l’hérédité est une loi du monde physique, la réincarnation est une loi de l’âme et la transmutation, une loi de l’esprit. Autrement dit, les Égyptiens ont étudié la descente de l’esprit, les Hindous, les évolutions de l’âme, et les scientifiques actuels, l’hérédité : ils parlent de champs, de maisons, de vignes, de possessions, d’héritages, d’aptitudes et de talents. « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le. » Dans la Genèse on parle du serpent qui a séduit Ève pour qu’elle mange du fruit défendu et ouvre les yeux. En effet, Ève a mangé de ce fruit, elle en a donné à Adam, et depuis ce moment leurs yeux se sont ouverts : ils regardaient le monde de l’œil droit, c’est-à-dire ils regardaient les tentations dans la vie. Il est dit que Adam et Ève étaient nus au Paradis ; en réalité c’est inexact. La nudité dont il est question symbolise autre chose, il ne s’agit pas de nudité physique. Et pour l’évolution de l’humanité aussi les scientifiques donnent des explications diverses, mais la vérité reste inaccessible. Dans son développement, l’humanité a cheminé sur la voie de l’évolution, mais en quoi elle consiste n’est pas très clair. Il ne suffit pas de dire que l’évolution est un développement, même les enfants le savent, même la Bulgare la plus simple sait tisser une toile, mais ce n’est pas encore une évolution. Certains diront que l’évolution a tout créé. Si l’évolution pouvait créer, elle serait une grande force qui transforme, recrée et change la nature. En réalité l’évolution est un processus de l’esprit humain. Ainsi, lorsque nous parlons d’évolution, nous devons la comprendre dans son essence sans lui attribuer des vertus qu’elle n’a pas. Si nous disons que l’évolution est une loi de développement, c’est suffisant, nous n’avons pas besoin d’explications supplémentaires. Que représente la loi ? Quand se créent les lois et où précisément ? Les lois existent dans la vie et dans la nature. La loi existe là où les créatures manquent encore de culture : les lois sont créées pour lutter contre les vols, les crimes et les iniquités des humains. Il y a aussi des lois dans la nature où toutes les créatures, des plus petites aux plus grandes vivent entre elles dans l’adversité et l’extermination. Cette adversité existe aussi entre les humains bien qu’on parle partout de culture. Il existe une culture humaine, mais c’est celle de l’argent, du capital. Cette culture a un rapport à l’enseignement de Moïse, il y a un point commun entre le capital et l’enseignement de l’Ancien Testament, ce sont des synonymes. C’est pour cela que le Christ dit : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ». Par Royaume de Dieu, les humains comprennent quelque chose de très différent de ce que le Christ entend. En général, encore de nos jours, son Enseignement est interprété de façon très curieuse. Si le Christ venait aujourd’hui parmi les humains, il serait étonné de cette interprétation et de ce qu’ils appellent amour. Ce qu’est l’amour est ardu à définir, mais facile à comprendre : même un enfant comprend l’amour, mais sans pouvoir le définir. L’amour est la seule force qui peut faire tout ce que l’être humain désire, il donne un élan, une impulsion, une aspiration. Sans amour la volonté ne peut rien faire, et tout ce que l’être humain aime peut être accompli par la volonté. L’ancienne école hermétique donne une définition exacte de l’amour. Dans sa philosophie, Hermès explique toutes les contradictions dans la vie par sept principes. La science moderne ne retient que deux de ces principes. Le premier est le principe mental : manas pour les théosophes, champ du monde mental pour les occultistes, c’est-à-dire un principe qui définit les formes des choses ; le second principe est le champ du monde affectif, c’est-à-dire le monde des sentiments, des vibrations qui permettent d’expliquer le phénomène de la lumière. Les cinq autres principes résident en dehors de la science contemporaine. Elle ne se penche pas sur eux, mais pour autant elle les a nommés : elle appelle par exemple le troisième principe : « principe de similitude entre les choses » ; le quatrième principe est exposé comme un principe de dualité des forces dans la nature et c’est la raison de l’existence de forces négatives et positives ; le cinquième principe est celui du flux et du reflux qui soutient que tout phénomène dans la nature est déterminé précisément comme le sont le flux et le reflux et que partout, il existe un rythme. Dans la musique aussi il existe un rythme particulier, une mesure sans laquelle il n’y a ni musique, ni harmonie. Le sixième principe est celui des causes et des conséquences. Le septième principe est celui des genres masculin et féminin et c’est l’avènement de ce principe qui a engendré le mal dans le monde. Donc le mal existe à cause des genres masculin et féminin. Lorsqu’il est question d’hommes et de femmes, nous n’entendons pas leurs formes, mais le principe homme et femme en tant que forces opposées dans la nature. Par femme, on entend le principe formateur. Pour bâtir quelque chose il faut du matériel de construction : briques, chaux, sable, poutres, tuiles, etc. Lorsqu’une maison est bâtie les uns se réjouissent, les autres souffrent ; l’homme se réjouit de la nouvelle maison, mais les arbres, les pierres et les plantes souffrent. Les ouvriers ne sont pas non plus très contents, il arrive qu’un ouvrier tombe du chantier et s’estropie. La même chose arrive dans la procréation : les parents se réjouissent qu’un enfant naisse dans le monde, mais beaucoup de créatures souffrent autour d’eux. Donc le bienfait des uns n’est pas un bienfait pour tous ; c’est la raison pour laquelle la haine existe entre les humains. Les malentendus entre frères et sœurs, entre religieux et laïques sont dus aux mêmes raisons. Deux bergers se disputent car l’un a dérobé une brebis à l’autre ; deux jeunes gens se querellent car l’un a pris la bien aimée de l’autre. C’est précisément pour cette raison que le Christ dit : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le ». Quel est l’œil droit de l’être humain ? Il représente le monde physique. Pour ne pas être leurré par l’apparence des choses et pour les comprendre, il faut connaître les lois du monde physique ; celui qui ne les comprend pas échoue systématiquement. Quelqu’un croise une connaissance qui lui promet de l’aider, d’arranger ses affaires ; il le croit, mais il est trompé en fin de compte. Dans la maison d’un brave homme s’immisce un inconnu qui s’éprend de sa femme ; pour dissimuler ses sentiments il se fait passer pour un bienfaiteur qui désire aider toute la famille ; en fin de compte, le brave homme comprend le but intéressé de l’inconnu : ce dernier avait de mauvaises intentions qu’il dissimulait par le mot bienfait. Dissimuler ses mauvaises intentions derrière quelque chose de bon témoigne de traits négatifs du caractère se manifestant aujourd’hui encore à cause de l’atavisme. Quelque part aux Etats-Unis, il y a très longtemps, vivait un médecin célèbre qui avait une pathologie consistant à découper les gens. Il aidait beaucoup de patients, mais beaucoup aussi ont pâti de son scalpel. Lorsqu’il se trouvait sous l’influence de sa pathologie, il sortait son couteau et découpait le malade en morceaux. Sa première victime a été sa propre assistante. À un moment, il a décidé de découper en morceaux les membres de toute une famille dont il était le médecin traitant, mais il a été pris et livré aux autorités. Il s’est avéré qu’il avait exterminé vingt-cinq personnes. Les juges se sont enquis de la raison de cette pathologie. Ils ont interrogé d’éminents scientifiques qui ont déclaré qu’il avait hérité de cette pathologie de ses aïeux ; il l’avait reçue d’eux et la manifestait par atavisme. C’est pour cela que le Christ dit : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute et qu’il te prend l’envie de tuer ton frère, arrache-le ; et si ta main droite est pour toi une occasion de chute et qu’il te prend l’envie de commettre un crime, coupe-la ». Arracher son œil et couper sa main sont des mots qu’il faut comprendre au sens figuré ;on peut s’arracher l’œil et pourtant continuer à être tenté et à commettre des crimes. Que représentent l’œil droit et la main droite ? L’œil représente le mental humain et la main, la volonté humaine. Par conséquent, si ton mental te tente pour commettre un crime et si tu diriges ta volonté dans cette direction, arrête-les et agis sur toi pour te protéger du mal. Vous direz que le loup reste toujours un loup et la brebis, une brebis. En l’homme sont assemblées les qualités de tous les animaux, il ne tient qu’à lui d’en laisser certaines prendre l’ascendant sur d’autres. En travaillant sur lui, l’être humain peut éduquer ses faiblesses et ses passions et ainsi s’anoblir. Il est difficile d’éduquer et d’anoblir les animaux extérieurs, mais il est plus facile d’éduquer l’animal qui est en l’homme : il faut pour cela une conscience et une sincérité dans le travail. Les animaux représentent des degrés de développement par lesquels les humains sont passé et passent encore. Ainsi la culture moderne est-elle encore considérée comme une culture du loup et une culture de la brebis. Nos contemporains doivent étudier les animaux en tant que symbole à exploiter. En étudiant le cheval, vous voyez que ses pattes arrière rappellent les bras d’un homme. Le cheval rue avec ses pattes. Pour éduquer ce trait de caractère, le Créateur a transformé, chez l’être humain, les pattes arrière du cheval en bras avec lesquels il travaille et progresse. C’est vrai, les humains sont privés de la capacité de ruer ; au lieu de ruer, ils ont attelé leurs bras au travail : toute la journée ils lèvent et baissent la binette, poussent la charrue et labourent la terre. Tant qu’il est conscient de la fonction de ses bras et travaille avec eux, l’être humain aide son prochain à se redresser ; dès qu’il oublie la fonction de ses bras, il applique aussitôt son ancien métier, la ruade, et fait chuter son prochain ; c’est un atavisme, un reste de la culture du cheval. C’est pourquoi le Christ dit : « Coupe la main droite qui applique l’art ancien de la ruade, cesse de ruer et mets-toi au travail, redresse ton prochain et toi-aussi avance ! ». « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et garde seulement l’œil gauche, l’œil de l’amour ». L’œil gauche a un rapport à l’amour divin qui pousse les humains en haut et en avant. Beaucoup me demandent quelle religion je prône. Je ne prône aucune religion, mais je parle aux gens d’une bonne vie : ma science porte sur la vie que les humains ont perdue. Tout le monde, érudits ou ignorants, jeunes et vieux veulent vivre bien : la mère veut avoir de bons enfants, les enfants de bons parents, etc. Ce désir est naturel, mais personne ne peut être bon s’il n’a pas la vie en lui. Ainsi le Christ dit : « Je suis le chemin, la vérité et le vie ». Le Christ n’a prôné aucune religion, mais il a parlé du chemin, de la vérité et de la vie auxquels l’être humain doit aspirer. Lorsqu’on a interrogé le Christ sur le dieu qu’il fallait vénérer, il a répondu : « Le jour vient maintenant où on ne vénérera ni à Jérusalem, ni sur cette montagne, mais on vénérera Dieu en esprit et en vérité »[3][3]. Ce n’est pas une religion, mais un service au véritable Dieu, en esprit et en vérité. Vous direz que cette vision détruit les anciennes idées : l’ancien se défait de lui-même, chaque nouvelle culture détruit l’ancienne. Chacun doit renoncer à l’ancien pour bâtir quelque chose de neuf, plus beau, plus robuste. L’ancienne religion sera détruite et une nouvelle religion viendra, une religion du travail à laquelle le futur appartiendra. Le nouveau se distingue de l’ancien parce qu’il se libère progressivement du mensonge et d’une vision déformée. Aujourd’hui, tous les prédicateurs prient Dieu de bénir les armes de leur peuple ; ils ont le droit de prier pour leurs armes, mais en tant que nationalistes et patriotes et pas en tant que chrétiens. Le Christ n’a pas soutenu la guerre, par conséquent personne n’a le droit de prier en son nom pour la bénédiction des armes et la réussite dans la guerre. Beaucoup se cachent derrière le Christ, justifient leurs actes en son nom et disent que dans certains versets la guerre est présentée comme un mal nécessaire. Ce n’est pas vrai, le Christ n’a jamais parlé en faveur de la guerre. Au contraire, le Christ a dit : « Tu aimeras ton ennemi, tu ne répondras pas au mal »[4][4]. « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le ». Cela signifie : renonce à ton mental trompeur qui a mis tes pensées, tes sentiments et tes actes sur le mauvais chemin. Ce mental a usé ton cœur et les forces de ton organisme, y renoncer est dans l’ordre des choses. « Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la. » Tu dis de quelqu’un : « Il est mon bras droit, je ne peux pas me passer de lui ». Si cet homme considère tes intérêts et ton bien-être comme les siens, tu ne dois pas t’en passer, mais s’il commet des crimes et s’il te lèse, tu dois y renoncer. Si ta main droite commet des crimes, tu dois absolument y renoncer. La société non plus ne tolère pas ces gens : si elle remarque qu’une personne a un mental fourbe et une volonté pervertie, elle le jette dehors. Rejeter une personne signifie ne pas se laisser influencer par elle. Si vous devez vous laisser influencer par quelque chose, que ce soit par l’amour ; seul l’amour a le droit d’influencer les gens. Celui qui vit selon les règles de l’amour est quelqu’un de bon ; celui qui se laisse aller à détester est quelqu’un de mauvais. Qui est bon ? Celui qui retient le bien et oublie le mal ; si vous prononcez cent mauvaises paroles et une seule de bonne, il retiendra la bonne et oubliera les mauvaises. Qui est mauvais ? Celui qui retient le mal et oublie le bien ; si vous prononcez cent bonnes paroles et une mauvaise, il retiendra la mauvaise et oubliera les bonnes. Et après tout ça, il espère être accueilli avec les honneurs lorsqu’il partira de l’autre côté. Non, le monde supérieur n’accepte pas les personnes avec un mental et un cœur pervertis, avec un œil droit et une main droite qui se laissent tenter. C’est le temps qui révèle le mieux l’être humain et le positionne dans la catégorie des bons ou des méchants. À l’avenir, les scientifiques disposeront de laboratoires où la simple analyse de la sueur permettra de savoir si quelqu’un est bon ou mauvais ; il s’agit d’analyses que les scientifiques actuels ne soupçonnent même pas encore. Il existe aussi une science, le bovarysme, qui sait déterminer qui est bon et qui est mauvais. Cette science analyse le rayon qui sort de l’œil humain. Ce rayon ne trompe jamais : chez ceux dont les pensées et les sentiments sont élevés, le rayon sortant de leurs yeux est au-dessus du plan des yeux et se dirige vers le haut ; chez les mauvaises personnes ce rayon est sous le plan et se dirige vers le bas, vers le sol. Regardez ce rayon et ne vous laissez pas berner par les opinions de votre interlocuteur ; quelles que soient ses convictions, si le rayon de l’œil est au-dessus du plan, il est bon ; si le rayon est sous le plan et dirigé en bas, il est mauvais ; même s’il passait pour un saint devant les autres, il est mauvais et indigne de confiance. En étudiant le bovarysme, vous pouvez conclure qu’il y a trois catégories d’individus : la première catégorie vit pour Dieu et pour tout ce qu’Il a créé ; ils sont bons à cent pour cent ; la deuxième catégorie vit pour son prochain et pour ce qui la touche ; ils sont bons à cinquante pour cent ; ceux de la troisième catégorie ne vivent que pour eux-mêmes ; ils sont bons à vingt-cinq pour cent. Si les parents ne traitent pas bien leurs enfants et ne pensent qu’à eux, ils ne sont pas à leur place ; si les enfants ne respectent pas leurs parents, eux non plus ne sont pas à leur place. Si l’homme et la femme n’ont pas de bonnes relations entre eux, ils ne sont pas fameux, on dit d’eux que l’œil droit et la main droite les tentent, leur mental est pervers et ressemble à un serpent qui peut les surprendre à chaque instant. En Europe, un dresseur de serpents faisait diverses expérimentations qui l’ont rendu célèbre. Il lui suffisait de dire quelques mots aux serpents pour les obliger à s’enrouler autour de lui et suivant un autre ordre, de le laisser et de reprendre leurs places. Il y avait parmi eux un grand serpent très dangereux qui obéissait aussi à ses ordres. Un jour, alors qu’il était enroulé autour de lui, il n’a pas obéi à l’ordre de se retirer, mais a continué à le serrer. Lorsque les os du dresseur de serpents se sont brisés, le serpent s’est retiré et a repris sa place. C’est pour cela que le Christ dit : « Sors la tête et la queue du serpent en dehors de toi, c’est-à-dire en dehors de ta vie et jette-les ». La tête du serpent est l’œil droit et sa queue est la main droite : examinez votre vie et vous vous convaincrez de cette métaphore. Beaucoup citent le verset dont je vous parle aujourd’hui, mais le comprennent autant qu’ils comprennent le phénomène de la lumière. Chacun parle de la lumière en tant que reflet de quelque chose. Vous voyez une vitre et nommez l’objet sans vous demander combien de réfractions a subi la lumière pour que vous obteniez l’image de la vitre dans votre œil. Le photographe aussi, à l’instar de la lumière va d’un objet à un autre, fait des photos et les vend ensuite aux gens en tant qu’images réelles pour être étudiées ; ce ne sont pas des images réelles, mais des ombres. Chaque objet doit être dans sa position naturelle comme les feuilles, les branches, les fleurs et les fruits des arbres, c’est la seule façon d’en avoir une idée claire. Une chose est exigée de nos contemporains : prendre les choses avec sérieux. Quelqu’un se réjouit devant les fleurs, devant leurs couleurs et leurs arômes en disant : « Tout cela est créé pour moi ». C’est inexact, les couleurs et l’arôme des fleurs sont créés pour attirer les insectes afin de faciliter la pollinisation et la fertilisation. Si tu peux toi aussi tirer profiter de leurs couleurs et de leur arôme, tu es libre, mais tu n’as pas le droit de penser qu’ils sont créés uniquement pour toi. Quelqu’un prêche en disant que le monde a été créé pour les humains, c’est inexact ; il faut savoir de quel monde on parle. Si vous parlez du monde créé par les humains avec leurs propres conceptions, en effet, ce monde est le leur. Si vous parlez du monde incommensurable et grandiose dans lequel agissent des millions de créatures, il n’est pas créé uniquement pour les humains. Pensez-vous que toutes ces planètes : Jupiter, Saturne, Vénus, Neptune, Uranus s’intéressent aux humains ? Pensez-vous que les êtres qui vivent sur ces planètes s’intéressent aux affaires bulgares et à ce qui se passe en ce moment en Europe ? Le monde supérieur prête attention aux affaires européennes dans la mesure où il y voit l’accomplissement de la volonté divine. De même, un individu s’intéresse à un chanteur ou à un musicien connu, dans la mesure où ses chansons ou sa musique nourrissent les aspirations de son âme. Si un sourd ou un homme inculte se retrouvent au milieu d’un concert, ils n’y resteront pas : ils regarderont à gauche, à droite et quitteront ce lieu. Quel intérêt représente un asile d’aliénés pour un individu bien portant ? En y entrant, il éprouvera la peur et la terreur, et il sortira aussitôt dehors. Dans l’asile se trouvent des gens qui sont habités par leurs propres idées : un tel ramasse des brins de paille, les range en petits tas, et les déplace d’un endroit à un autre jusqu’à épuisement, puis il s’endort, et le lendemain il recommence la même chose. Beaucoup de nos contemporains font un travail semblable : ils transportent les brins de paille d’un endroit à un autre puis, à la fin de leur vie, ils se disent : « Dieu merci, nous avons rempli notre mission sur terre dignement, nous pouvons tranquillement quitter ce monde et aller auprès de Dieu ». Celui qui est prédestiné à aller directement auprès de Dieu n’est pas envoyé sur terre pour étudier. On descend un grand nombre de fois sur terre tant que l’on n’est pas prêt à devenir citoyen du Ciel. Le Ciel est un lieu d’amour, de sagesse et de vérité et non pas un lieu pour ramasser des brins de paille ou de l’argent. Les habitants du Ciel sont une grande famille dont les membres aspirent à appliquer la loi de l’amour et du sacrifice. Renoncer à soi-même, c’est renoncer à sa charge superflue, et c’est ainsi que le Christ dit : « Si tu as deux tuniques, donnes-en une à ton prochain qui n’en a point ». C’est terrible lorsque le monde entier est affamé et que tu ne penses qu’à ton bien être. Celui qui ne pense qu’à lui ressemble à Nastradine Hodja qui affirme : « Lorsque ma femme mourra, la moitié du monde sera perdue pour moi ; lorsque je mourrai moi-même, le monde entier sera perdu ». Il est temps pour les gens de résoudre leurs contradictions et de cesser de se berner les uns les autres. Les ignorants et les érudits doivent s’harmoniser, se sentir frères entre eux. Le peuple représente les hommes, alors que les évêques, les prêtres et les instituteurs représentent les femmes. Qui corrompt le peuple ? Ses serviteurs. La femme a corrompu l’homme et l’homme a corrompu la femme. Vous direz que la femme est une chose terrifiante ; l’homme est en tout point semblable à la femme. Que tous les hommes et toutes les femmes, les prêtres, les instituteurs, les administrateurs, les administrés s’unissent pour redresser le peuple. La nouvelle époque exclut le mensonge : aucun mensonge n’est permis. Celui qui ment, qui transgresse le commandement divin, se met tout seul à l’écart et s’isole de la société des gens bons et honnêtes. Le monde a besoin de personnes saines, aux esprits lumineux et aux cœurs nobles. Si vous rencontrez des personnes avec des yeux arrachés ou avec des mains coupées, fussent-elles professeurs, religieux, parents, hommes ou femmes, vous ne pouvez pas compter sur eux. Restez loin de celui dont l’œil droit est arraché et dont la main droite est coupée. Dans l’avenir, des êtres viendront avec un œil et une main gauches sains, leur œil droit et leur main droite seront remplacés par de nouveaux, mais ils travailleront sous l’impulsion de l’œil gauche et de la main gauche. On a demandé une fois au cœur pourquoi il a migré du côté gauche dans la poitrine ; il a répondu : « J’ai choisi le côté gauche pour montrer que je n’ai rien à voir avec la main droite et l’œil droit des humains ». Lorsqu’on parle aux humains de leurs défauts, ils disent qu’ils ne veulent pas écouter les paroles d’un tel ou de tel autre. Si vous n’écoutez pas les paroles de vos amis, vous écouterez les paroles de la nature. Son langage est strict et inflexible : lorsqu’elle juge quelqu’un, elle le terrasse et le prive progressivement de la graisse, des muscles, et lorsqu’elle l’envoie de l’autre côté elle lui demande : « Où est passée ta philosophie ? » Comme il ne sait pas quoi répondre, ses proches finissent par dire : « Paix à son âme ». Ce n’est pas une solution. Dieu pardonne aux humains lorsqu’ils entreprennent eux-mêmes de corriger leurs erreurs. Quelqu’un s’est emparé d’une maison, d’un champ qui appartiennent à son prochain, et il veut ensuite être absous. Rends la maison et le champ et tu seras absous, mais si tu ne corriges pas tes erreurs personne ne te pardonnera. Les gens s’excusent depuis de milliers d’années sans jamais corriger leurs erreurs. Vous direz que Dieu est plein de grâce et de miséricorde ; c’est vrai, et chacun a expérimenté la clémence et la grâce divines, néanmoins Il exige des humains qu’ils corrigent leurs erreurs, c’est-à-dire qu’ils payent leurs dettes. Aujourd’hui encore tout le monde se demande pourquoi la mort existe ? C’est très simple, la mort est un usurier qui oblige les débiteurs à rembourser leurs dettes. Elle est juste et ne fait aucune exception. Lorsque vient la mort, tout le monde a peur ; la mort vient liquider les péchés et les crimes des humains, c’est-à-dire leurs dettes. C’est pourquoi il vaut mieux avoir peur du péché et ne pas fauter, plutôt que d’avoir peur après avoir fauté. Je considère comme honnêtes ceux qui ont peur avant de commettre un crime. Le véritable héros est celui qui ne fuit pas ses dettes, mais qui les reconnaît et qui les paye ; il s’adresse à son prochain et dit : « Mon frère, j’ai commis un crime envers toi, j’ai conscience de mon erreur et je suis prêt à accepter la punition qui m’incombe ». Que dira la société à propos de cette personne ? Qu’elle dise et qu’elle pense ce que bon lui semble, l’important est ce que Dieu pense et dit. C’est pourquoi il est dit dans les Écritures : « Le début de la sagesse est la crainte de l’Éternel ». Beaucoup se demandent pourquoi le Christ s’est exprimé surtout en paraboles et en symboles. L’objectif du Christ a été de dire la vérité aux humains, de leur montrer le droit chemin sans les blesser. Et malgré cela ils n’ont pas pu Le supporter et ils L’ont crucifié. Il disait aux prêtres : « Vous gardez les clés du ciel, mais sans y entrer vous-mêmes et sans laisser les autres y entrer ». Les chrétiens modernes s’apprêtent ainsi à aller au ciel sans être de véritables chrétiens. Pour prétendre à ce nom, il faut pénétrer le grand enseignement du Christ, comprendre profondément ce qui se passe dans le monde et être prêt à corriger chacune de ses erreurs ; c’est là que se manifeste la noblesse de l’âme humaine. Nombreuses sont les illusions des humains, et elles découlent d’une autre grande illusion : que l’homme est le summum de toutes les créatures, qu’il est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Les véritables humains, faits à l’image et à la ressemblance de Dieu sont au ciel, alors que Adam et Ève qui sont faits de boue sont encore sur terre. Certains maintiennent l’idée que l’âme est faite de sang qui se répand dans la terre après la mort ; c’est vrai que la chair pourrit, que le sang se répand, mais le souffle vivant ne pourrit pas, ne se répand pas et ne se perd pas dans la terre, mais subsiste pour l’éternité ; dans l’être humain, il représente le principe divin qui est immortel. L’homme est soumis à la loi de l’évolution, donc le principe animal en lui meurt alors que le principe divin vit éternellement. C’est le divin qui est important, non l’animal. Si ton ami vient te rendre visite à cheval, qu’est-ce qui est le plus important, sa présence ou celle du cheval avec lequel il est venu ? L’important est ton ami et non pas son cheval. Quelle importance aurait le cheval, blanc ou roux, qui a conduit ton ami ? Il est important dans la mesure où il permet d’entendre de loin l’arrivée de ton ami, et si le cheval est blanc, tu verras ainsi de loin ton ami s’approcher de toi. Lorsqu’il est question du principe de mortalité et d’immortalité en l’être humain, la question de la résurrection des humains se pose aussi. Certains prétendent qu’ils ressusciteront avec le même corps que le corps terrestre. Donc, un lutteur qui pèse cent à cent vingt kilos, réapparaîtra après sa résurrection aussi massif, imposant et lourd ! C’est une compréhension enfantine et non pas une véritable résurrection de l’âme. La résurrection sous-entend une vie divine nouvelle. En ce sens, on peut ressusciter plusieurs fois par jour, il suffit de renoncer à une illusion pour que quelque chose en soi ressuscite. La résurrection sous-entend une libération, ce qui n’a rien à voir avec la tombe. Quel être humain est sorti de sa tombe vivant et ressuscité ? Cela n’a jamais été et ne sera jamais. En revanche, on est soumis à des changements incessants, c’est pour cela que Paul dit : « Nous ne mourrons pas, mais nous serons changés [5][5]». Cela a été et sera toujours ainsi : l’être humain d’aujourd’hui n’est pas ce qu’il a été par le passé et il ne restera pas ainsi à l’avenir. Il sera transformé dans sa pensée, dans son cœur et dans sa volonté ; il changera aussi sa compréhension des choses et sa façon de vivre. Nos contemporains parlent de dignité, de volonté, de pensée forte, etc. ; à mon sens seul celui qui a une forte volonté peut renoncer au mal qu’il a projeté de faire, et le remplacer par du bien. Vous direz que vos aïeux savaient aussi tout cela ; ils le savaient, mais sans comprendre comment le mal peut être transformé en bien. Un ange a fauté devant le Seigneur et a été envoyé sur terre parmi les chevaux pour étudier leur langage. Lorsqu’ils étaient joyeux les chevaux prononçaient les sons i-hou-hou. L’ange a appris la langue des chevaux et a pu converser avec eux, mais dès qu’il s’agissait de se montrer enjoué et de dire i-hou-hou, il n’y arrivait pas et les autres se moquaient de lui. Il n’était pas facile pour lui de prononcer ces sons. Pourquoi ? Parce qu’il ne comprenait pas leur sens. En effet, on a du mal à prononcer les mots dont on ne comprend pas le sens. Que signifient les sons i-hou-hou ? Lorsqu’ils font des mariages dans les villages, les Bulgares font la fête, jouent et crient i-hou-hou : ils expriment ainsi leur contentement d’avoir obtenu quelque chose de précieux. D’abord, les parents du jeune homme choisissent une jeune fille et envoient un messager pour la demander en mariage. C’est fait par une vieille femme très futée qui entreprend l’affaire de façon très diplomatique : elle s’enquiert d’abord de la situation matérielle de la jeune fille et veut savoir si les parents ont des champs, des vignes, des troupeaux ; lorsqu’elle s’est assurée que la jeune fille est fortunée, elle se met à vanter le jeune homme, à dire qu’il est très travailleur, bon et prospère. Les parents de la fille écoutent, mais sans encore donner de réponse. La grand-mère revient deux ou trois fois et parle toujours du jeune homme jusqu’à ce que les parents donnent leur accord ; ils font venir la jeune fille pour qu’elle donne aussi son propre accord. Commencent alors les préparatifs du mariage. Le jour de la noce est choisi et les festivités commencent : la jeune mariée et le jeune marié marchent devant, les parrains[6][6] viennent après eux, portant une corbeille pleine de noix, de fruits secs et d’argent. Viennent à leur suite tous les proches, amis et connaissances, tous sont souriants, joyeux, la musique les accompagne. La marraine jette de temps en temps des noix, des fruits secs ou de l’argent aux enfants qui attendent avec impatience cet instant. Lorsque tout le rituel est accompli, la musique reprend, les danses commencent et l’un des danseurs s’écrie : I-hou-hou. Que représentent la corbeille, les fruits et l’argent ? La corbeille c’est l’intelligence humaine, porteuse de richesses : noix, noisettes, fruits, argent. Donnez généreusement de ces richesses à tous ceux qui en ont besoin. Les enfants qui amassent ces bienfaits représentent les pensées et les désirs humains : l’intelligence doit leur donner un élan pour croître et se développer. Si on demande à la marraine pourquoi elle porte une corbeille de fruits qu’elle distribue, elle dira que c’est la coutume, mais sans pouvoir l’expliquer. Nos contemporains ont beaucoup de coutumes, ils accomplissent beaucoup de rituels, mais sans comprendre leur sens intime. Les coutumes et rituels étaient d’abord accomplis en l’être humain lui-même, mais il les a ensuite perdus et il n’en demeure désormais que les formes extérieures. Au début, le temple était à l’intérieur des humains, mais lorsqu’ils l’ont perdu, ils se sont mis à construire des temples extérieurs et à les vénérer. Avec la perte de la pureté, l’être humain a perdu tout ce qui a été inscrit dans son cœur et dans son âme. Quel temple plus grandiose chercher autre que celui qui demeure en lui et celui qu’il contemple dans toute la nature ? Il suffit de sortir dans la nature, regarder le ciel, s’exposer au soleil, respirer l’air pur et remercier Celui qui a créé tout l’univers ; sortir le soir lorsque le ciel est constellé d’une infinité d’étoiles pour sentir la grandeur du Créateur. Tout ce qui nous entoure est apte à élever notre pensée et nos sentiments, à nous lier à Dieu ; voici où est l’église, c’est-à-dire le temple de l’âme humaine. C’est l’église divine qui nourrit les âmes. Elle est à l’intérieur de l’être humain et en dehors de lui, dans les fleurs, les arbres, les rivières et les mers, les oiseaux et les animaux. Là où la vie se manifeste harmonieusement, là est le temple divin, là sont les cierges et les encensoirs. Lorsque les individus s’uniront pour vivre entre eux dans l’amour et dans la fraternité, ils entreront dans le temple divin. Tous les individus ne sont pas au même niveau, mais ils peuvent tous être frères et tirer profit des bienfaits de la vie de la même façon. À ceux qui sont tentés par les bienfaits et les grâces d’autrui, le Christ ordonne d’arracher l’œil droit et de couper la main droite. Il est venu le temps pour les peuples chrétiens de fraterniser entre eux et de se préparer pour la future religion qui arrive. Elle viendra après 1945, elle s’imposera à l’humanité et la transformera. Jusque-là, c’est la religion du travail. Après elle viendra le Nouvel Enseignement, l’enseignement de la vie. Tant qu’ils vivent dans la religion du travail, les humains se disputeront toujours, se combattront, mais dès qu’ils entreront dans l’enseignement de la vie, tout cela disparaîtra. Pourquoi ? Parce que l’amour engendre la vie. Par conséquent, chacun devra faire son bilan sur la religion dans laquelle il se trouve : celle du travail ou celle de l’amour. Dans la religion du travail il y a deux catégories d’individus : les uns vivent d’une façon divine mais se comportent comme des humains ; les autres vivent d’une façon humaine mais se comportent de manière divine. Ce sont des contradictions inexorables, mais vivez, travaillez et espérez la nouvelle religion, c’est-à-dire le Nouvel Enseignement de la vie, du travail et de l’amour. Il est dit que le côté animal en l’homme subit, le côté humain est dans le labeur et le côté Divin travaille. Laissez la voie à Dieu en vous pour qu’Il puisse se manifester et travailler à travers vous. Que représente la terre ? Une grande école. Comme beaucoup de nos contemporains sont avides, ils aspirent à acquérir des bienfaits matériels. La providence les éduque de la façon la plus rationnelle. Comme elle éduque l’avidité du serpent, elle éduque aussi les gens avides ; elle donne la possibilité au serpent le plus insatiable d’ingurgiter autant qu’il peut et de rester tranquille cinq à six jours. Ainsi, elle donne autant de bienfaits matériels aux gens avides pour qu’ils puissent ne plus y penser des années durant. La providence a déversé des grâces en abondance sur certains pour les rassasier ; une fois rassasié, on cesse de songer à quelque chose dont on avait longtemps rêvé. C’est ainsi que s’éduque l’être déraisonnable. Il convient de renoncer aux choses passagères de la vie avant d’en être blasé. Faut-il que l’ivrogne renonce à la boisson une fois qu’il est rassasié de vin ? Il vaut mieux y renoncer avant cela, car en attendant qu’il soit assouvi, l’organisme peut être déjà atteint. Faut-il que le soldat sur le champ de bataille renonce aux tueries lorsque celles-ci le dégoûtent ? Il vaut mieux qu’il y renonce bien avant. Quelqu’un veut vivre, éprouver tous les plaisirs de la vie, mais s’expose immédiatement aux critiques des autres. La morale d’aujourd’hui est curieuse : lorsque les gens s’entretuent sur les champs de bataille, on considère cela comme normal ; si quelqu’un s’adonne aux plaisirs, on le réprouve. Si l’un est admis, l’autre aussi doit l’être ; si l’un est réprouvé et critiqué, l’autre aussi doit l’être. Donnez aux humains quelque chose de meilleur que ce à quoi ils aspirent et ne les jugez pas. En écoutant parler ainsi, vous dites : « C’est facile de parler de nos erreurs, c’est difficile de les corriger ; c’est facile de sermonner, c’est difficile d’accomplir de grandes choses ». C’est vrai, mais on doit venir à bout de ses faiblesses et de ses défauts. Il n’est pas question de limiter l’être humain, mais il faut savoir de quelle nourriture et de quelle boisson il a besoin. Que celui qui a soif s’abreuve, mais de quoi ? D’eau pure et fraîche. Que celui qui veut penser pense, mais que sa pensée soit élevée et lumineuse. Donc mangez, buvez, pensez mais ne détruisez pas votre avenir, ne vous opposez pas aux aspirations de votre âme. Vous direz qu’un tel est tombé amoureux d’une danseuse ; si elle peut le sauver, il n’y a aucun mal à cela : certaines danseuses ont sauvé de la déchéance des dizaines d’hommes. C’est l’idéal qui est important ici ; en ce sens il vaut mieux avoir des danseuses qui sauvent les gens plutôt que de laisser les gens vivre dans le crime. Vous direz que ce n’est pas moral. Est-ce que la guerre est morale ? Si vous tolérez la guerre, vous tolérerez les danseuses, c’est le monde des contradictions ; cependant, lorsque la guerre disparaîtra, les danseuses disparaîtront aussi. Là où est le mal, se trouvent aussi ses conséquences. Extirpez le mal en tant que cause première pour venir à bout de ses conséquences. La vie de nos contemporains est pleine de contradictions. Des centaines et des milliers de personnes meurent dans les fabriques et les mines ; ces victimes seraient justifiées uniquement si elles faisaient se redresser l’humanité, sinon, elles n’ont pas de sens. Quel est l’objectif final de la culture moderne ? Redresser les peuples et l’humanité entière. Si un pays a des centaines de navires, cela a du sens uniquement s’ils contribuent au bien-être des citoyens ; dans le cas contraire, il vaut mieux s’en débarrasser. Tous les peuples combattent pour avoir plus de territoires ; en fin de compte, non seulement ils ne gagnent rien, mais en plus la vie renchérit au point de ne plus pouvoir respirer sous ce poids. La Bulgarie aussi a combattu pour la Macédoine sans la conquérir. Le gain de la guerre est le renchérissement du coût de la vie ; aujourd’hui tout le monde se demande comment payer ses dettes. C’est dans l’ordre des évènements historiques, dans l’ordre de la culture humaine, mais ce n’est pas dans l’ordre de l’enseignement divin, ni dans l’ordre de la culture avant Adam. La culture de Moïse diffère radicalement de celle du Christ. Avant Adam vivaient des êtres lumineux, purs et élevés ; peu le savent. Pour le prouver aux gens d’aujourd’hui, il faudrait du temps et des outils spécifiques dont nous ne disposons pas aujourd’hui. Vous direz que ce sont des excuses ; même si je disposais de temps et d’appareils, je ne pourrai pas prouver la véracité de mes propos. La vérité n’a pas besoin de preuves ; ce que je dis ne tolère pas de critique ni de doute : pourquoi douter de l’or pur ? Les gens d’aujourd’hui doutent car ils ont eu foi dans les promesses humaines et non dans les promesses divines. Beaucoup d’hommes et de femmes se font des promesses solennelles sans les tenir ; ils perdent ainsi leur foi et sont déçus. Si tu promets quelque chose, tu parleras en accord avec la grammaire et la logique divines où tous les signes et chaque mot sont à leur place. Que signifie la virgule dans les promesses que quelqu’un donne à un autre ? La virgule montre que son discours n’est pas terminé et qu’il doit préparer sa plume pour le finaliser. Tant que le discours n’est pas fini, vous pouvez mettre une virgule, un point-virgule, deux points etc. ; après les deux points on énumère les caractéristiques de l’objet ou du sujet dont il est question ; et à la fin, le discours terminé, on met le point final. Maintenant, vous tous qui m’écoutez, vous êtes sortis du paradis et vous avez commencé par une virgule, puis un point-virgule, puis deux points pour terminer avec un point. Que symbolise ce point ? Il symbolise la mort, la fin de l’ancienne vie et le début de la nouvelle vie. Après le point vient une nouvelle pensée, une nouvelle situation. Quelqu’un dit de lui : « Moi, jadis riche négociant, j’ai fait faillite aujourd’hui ; j’ai vécu déraisonnablement ; je veux désormais redresser ma vie, mais pour cela je dois obtenir un crédit ; je veux vivre raisonnablement pour corriger mes erreurs ». Celui qui fait crédit, se sert d’un point d’interrogation et d’un point d’exclamation ; il demande : « Es-tu prêt à rembourser tes dettes ? » Si tu réponds par l’affirmative, il met un point d’exclamation pour signifier qu’une fois les dettes remboursées, tu dois rester à ses côtés pour le servir. Tu serviras ton créancier, mais il agira envers toi avec amour. C’est agréable de servir l’amour. Des jeunes gens qui s’aiment s’envoient des baisers à distance. Lorsqu’on parle du baiser, les gens en ont honte, le considérant comme impur et perverti. Certains se demandent comment le baiser est apparu ? Il a existé avant la création des humains. Les plantes, les oiseaux se sont embrassés entre eux, et c’est d’abord la lumière qui le leur a appris. Aspirez au baiser de la lumière, c’est ainsi que tous doivent s’embrasser. Une jeune fille dont le baiser est pur comme la lumière dit à son bien-aimé : « Je veux que ton baiser soit aussi pur et lumineux, que tu ais un esprit lumineux, un cœur noble et un corps sain ». Pour le moment seuls les baisers à distance sont admis, tout autre baiser est source de contamination. Beaucoup de nos contemporains sont malades, donc le baiser est aussi une source de douleur pour eux. Une seule chose est attendue de nos contemporains : étudier et appliquer l’enseignement du Christ. Vous direz qu’il y a des individus qui appliquent cet enseignement et qu’il n’est pas utile que tous l’appliquent. C’est inexact. Tous les individus, tous les peuples constituent une partie du grand arbre divin, par conséquent chacun doit remplir sa mission en tant que feuille, branche, fleur ou fruit de l’arbre. C’est le seul moyen de conserver son individualité et d’aller du singulier au pluriel, du personnel vers l’universel. La vie de l’individu et du tout évolue comme l’embryon dans le sein de la mère : il passe par cinq cent mille formes avant d’adopter l’image de l’homme. Sur le plan spirituel, différentes personnes adoptent des formes différentes : l’un ressemble à un point, un autre à une virgule, un troisième à un point-virgule, un quatrième à un point d’interrogation, d’exclamation, à une feuille, à une branche, à une fleur, etc… Du point de vue de la physiognomonie comparée, l’être humain revêt une forme humaine seulement en apparence, intérieurement il a la forme d’une plante ou d’un animal. C’est pourquoi certains comparent le nez de l’homme aux serres de l’aigle : tout comme l’aigle saisit sa proie dans ses serres, de même l’être humain peut nuire à son prochain avec son nez. Le nez symbolise l’intelligence, ce qui montre que l’homme actuel n’a pas encore évolué intérieurement. Lorsqu’on parle aux gens d’une bonne vie d’abnégation et d’amour, celle-ci ne se réalisera pas d’un coup, mais il faut savoir que la bonne vie vertueuse sera la conséquence de l’application de l’enseignement du Christ. Lorsque les mères et les pères transformeront leurs pensées et leurs sentiments, une génération saine à la pensée droite naîtra. Chacun porte en lui du matériel pour un futur développement, ainsi dit-on qu’il dépend de l’être humain lui-même de vivre bien ou mal. Celui qui vit selon le principe divin sera en paix, il aimera ses proches comme lui-même, et même ses ennemis. L’enseignement du Christ est basé sur des principes et non sur des formes ; les principes dilatent alors que les formes contractent. En dehors des principes du Christ, la vie de l’être humain est vide de sens. Le proverbe bulgare « Mara la sotte tape sur le tambour » exprime clairement la vie de l’homme ordinaire. Le tambour doit être battu au bon moment et au bon endroit, c’est ainsi que doit résonner le tambour de la mère et des enfants, des prêtres et des enseignants, des administrateurs et des administrés. Cela présuppose quelqu’un de sincère : ses paroles, son discours sont nets, authentiques. Celui qui écoute une telle personne ne se heurte à aucune contradiction, il voit une harmonie pure, sans rien de faux, sans aucune brutalité. Ainsi, arrachons l’œil droit et coupons la main droite, sources de tentations dans la vie. Ensuite aimons nos ennemis : celui qui aime son ennemi est un représentant de la nouvelle culture. Et si ceux qui siègent aujourd’hui à la conférence de Paris aiment leurs ennemis, la véritable paix entre les peuples viendra ; sinon, même si une paix s’instaure, elle ne sera pas durable. La véritable paix porte en elle la culture du travail, de la vie et de l’amour. Si la paix que les peuples d’aujourd’hui espèrent repose sur le commandement de Moïse : « Œil pour œil, dent pour dent », l’avenir dira ce que sera cette paix et quelle culture elle apportera ! Je souhaite pour vous que vienne la culture nouvelle et que vous soyez porteurs de l’amour. Sofia, 9 février 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1][1] « Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi : car il est préférable pour toi que périsse un seul de tes membres, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi : car il est préférable pour toi que périsse un seul de tes membres et que ton corps tout entier ne s’en aille pas dans la géhenne. » (Matthieu 5, 29-30) [2][2] « C’est un prophète comme toi que je leur susciterai du milieu de leurs frères ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. » (Deutéronome 18, 18) [3][3] « Jésus lui dit : Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… Mais l'heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père." (Jean 4, 21 ; 23) [4][4] « Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Matthieu 5, 43-45) [5][5] « Je vais vous faire connaître un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés. » (1 Corinthiens 15, 51) [6][6] En Bulgarie, les témoins de mariage sont appelés « des parrains », c’est un couple marié qui agit au nom des deux familles qui marient leurs enfants
  23. Comme toi-même « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée (…) Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Matthieu 22 :37-39 Le fait que les humains n’aiment pas les vieilles choses est connu de tous. Lorsque le père et la mère vieillissent, le fils et la fille sont mécontents d’eux et veulent retrouver leur liberté au plus vite : ils les voient comme un obstacle dans leur vie. En réalité ces personnes âgées sont bien à leur place. Un proverbe bulgare dit : « La vieille chèvre fait de bons petits ». En général, les personnes âgées portent en elles toutes les bonnes conditions pour engendrer et élever un enfant. Dans la langue primordiale le mot vieux avait une toute autre signification que celle d’aujourd’hui. Pour se développer comme il faut, le jeune doit servir les deux grandes lois : amour envers Dieu et amour envers son prochain. Sans amour rien ne peut naître. L’amour incite l’âme humaine à l’action et à la créativité. Parler d’amour, ce n’est pas parler de l’amour humain qui conduit aux désillusions ; nous parlons de l’amour dont l’apôtre Paul dit : « En effet, nous connaissons partiellement et nous prophétisons partiellement, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra.[1][1] » La perfection c’est l’amour. La vérité divine absolue se manifeste par le savoir parfait, par l’amour. Le Christ dit que l’amour se manifeste par deux grandes lois : « Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même ». Lorsqu’on parle d’amour envers Dieu, certains pensent que Dieu est en dehors d’eux, invisible ; ils disent ainsi que personne ne L’a vu. Celui qui veut trouver Dieu doit Le chercher dans son frère, c’est-à-dire dans son prochain. Comment aimer Dieu si on n’a pas aimé son prochain que l’on voit ? Celui qui aime voit Dieu, c’est pourquoi il est dit : « Dieu est amour ». Ce verset exprime le sens extérieur et intérieur de la notion de Dieu. L’amour ne se voit pas mais se ressent, c’est ainsi que Dieu est accessible à tous les esprits, à tous les cœurs, à toutes les âmes. Il suffit que l’être humain s’ouvre à l’amour pour Le connaître. Il n’existe pas de vie sans amour. Il n’existe pas de cœur, d’esprit et d’âme qui n’ont pas goûté à l’amour. Là où l’amour pénètre, il y a de la chaleur, c’est pour cette raison que toutes les créatures le portent en eux à un certain degré, comme une manifestation inférieure ou supérieure. Il est dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée ». Là où le cœur se manifeste, il y a aussi des sentiments et des désirs, c’est-à-dire du matériel avec lequel l’amour travaille. Celui qui donne libre cours à ses sentiments et désirs sans travailler avec eux arrive vite à satiété et déclare qu’il n’y a aucun sens à aimer. C’est toujours sensé d’aimer, mais correctement. La chaleur corporelle du corps humain se situe entre trente-six et trente-sept degrés ; si elle dépasse trente-sept degrés, on tombe malade ; plus forte est la fièvre et plus grandes sont les complications dans l’organisme. Si la fièvre atteint et dépasse quarante ou quarante et un degrés, le malade quitte ce monde. Donc, sur le plan physique l’amour peut atteindre une température maximale de quarante et un degrés. La même loi se rapporte à la vie sociale : tant qu’on oscille entre trente-six et trente-sept degrés en société, on est considéré comme normal ; si la fièvre monte, on se met à halluciner, à dire des choses incohérentes et on finit au service de psychiatrie ! Pourquoi ? Parce qu’on a des manifestations qui ne sont pas admises dans le monde physique. Il est en réalité ardu de poser une frontière entre une vie normale et une vie anormale. Lorsque vous engraissez le cochon, vous trouvez cela normal et vous dites qu’il faut l’engraisser afin d’obtenir plus de lard ; lâchez ce cochon dans la forêt dans des conditions normales pour lui, et voyez ce que deviendra sa graisse, elle va fondre et le cochon reviendra à un état normal. Les notions normal et anormal sont par conséquent relatives. Comment quelqu’un était dans le passé, comment il est maintenant et comment il doit être à l’avenir, ce sont là trois choses différentes, trois réalités. La vie véritable, la vie réelle est celle qui inclut le passé, le présent et l’avenir. Celui qui porte en lui les trois vies est nommé ‘être de l’amour’ ; il est guidé par trois grandes lois : la loi de la nécessité, la loi de la liberté et la loi de la nature. La loi de la nécessité résout vingt-cinq pour cent des difficultés humaines ; la loi de la liberté en résout vingt-cinq autres pour cent, et la loi de la nature, cinquante pour cent. Ensemble, les trois lois résolvent cent pour cent des difficultés de l’être humain. Si le malade applique les trois lois, il guérira très vite. Selon la première loi, il est son propre médecin, et il s’aidera à hauteur de vingt-cinq pour cent ; selon la deuxième loi il aura recours à un médecin qui l’aidera à vingt-cinq pour cent et à la fin il se laissera entre les mains de la nature qui le soignera à cinquante pour cent ; ainsi il guérira complètement. Si le malade ne compte que sur lui-même ou sur le médecin, il ne se soignera que partiellement, alors que si le malade et le médecin appellent la nature à l’aide, les soins seront alors cent pour cent efficaces. La même loi s’applique à la vie familiale, sociétale et universelle. Lorsque deux jeunes se marient, le jeune homme doit participer à hauteur de vingt-cinq pour cent de ses forces et capacités pour assurer une bonne vie à son couple, la jeune fille aussi ; tous deux doivent ensuite se tourner vers Dieu pour solliciter Sa participation à leur vie ; Dieu ajoutera cinquante pour cent, et leur vie sera cent pour cent normale. Les familles modernes ne reposent pas sur un socle stable car l’un des deux jeunes donne vingt-cinq pour cent et attend soixante-quinze pour cent de l’autre. Chacun peut donner seulement vingt-cinq pour cent, et le reste sera complété à cent pour cent par le prochain et par le Seigneur. Si la vie de la famille et de la société ne reposent pas sur ce principe, il manquera toujours quelque chose et ce quelque chose sera source de déceptions. Appliquez les trois lois en même temps pour éprouver leur puissance. Si vous ne vous servez que d’une ou de deux, vous serez toujours mécontents. La cause de la mortalité dans les foyers, la cause des maladies, de l’infertilité est précisément dans l’application de la loi de la nécessité et dans le déni du principe divin. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme ». Par le mot âme, le Christ comprend un chemin, une condition pour que l’amour agisse. Il y a une activité dans toute la nature : tous les lacs, les rivières, les mers se déplacent. Là où il y a de la croissance, tout est en mouvement ; c’est une condition de développement de l’âme. C’est pourquoi nous disons que le mouvement est nécessaire pour l’amour divin, angélique et humain ; si le mouvement cesse, la vie cesse et l’amour également. Comme dans l’amour il y a du mouvement, l’être humain doit aimer toutes les créatures vivantes qui se trouvent sur sa route ; c’est la seule façon pour lui de donner la possibilité à Dieu en lui de se manifester, c’est cela sentir le pouls de la vie, la grandeur et la beauté de la nature et la puissance du Créateur. C’est la seule façon de comprendre et appliquer le verset où le Christ dit comment aimer Dieu. Sans élan vers la beauté, l’amour ne peut pas se manifester. « Tu aimeras le Seigneur de toute ta force » La force sous-entend l’intensité. C’est aimer le Seigneur au point de surmonter tous les obstacles et difficultés. L’amour qui cède devant les obstacles n’est pas authentique ; l’amour intéressé n’est pas authentique. L’amour exige de grands sacrifices ; tous les grands personnages ont d’abord fait un sacrifice au nom de l’amour. Beaucoup doutent qu’il puisse exister des individus prêts à une totale abnégation au nom de l’amour ; ils peuvent douter, mais le doute ne résout pas les questions. On peut nier une chose et en soutenir une autre, mais on doit donner des preuves. Comment nier la lumière, comment nier la vie ? La vie se démontre par la mort et la mort par la vie ; puisqu’il y a la vie, il y a aussi la mort ; puisqu’il y a la mort, il y a la vie. Il est dit dans les Écritures que nous vivons et nous agissons en Dieu ; par conséquent tant qu’on est relié à Dieu, on vivra toujours, que ce soit dans ce monde ou dans l’autre. Le départ de l’âme humaine dans l’autre monde est appelé mort mais, au sens strict du mot, la mort n’existe pas ; qu’un être humain meurt et s’efface est une vision erronée, héritée de nos aïeux. La mort est en réalité l’ombre de la vie. On cherche l’ombre des arbres pendant les chaudes journées d’été, est-on mort pour autant ? Non, on s’est simplement abrité à l’ombre. Il est dit dans les Livres sacrés que la mort est un repos ; donc celui qui a travaillé et qui travaille a le droit de s’asseoir à l’ombre d’un arbre pour se reposer ; si on dit de quelqu’un qu’il est mort, c’est qu’il s’est mis à l’ombre pour se reposer. Pour beaucoup la mort est une convulsion, une distorsion, une agonie, un tourment, etc., ce sont des apparences. L’habit physique de l’homme se détache de l’habit spirituel, mais ce n’est pas une mort. Vous pouvez insinuer à quelqu’un qu’il est en train de mourir et il traversera toutes les étapes de l’agonie, mais sans mourir réellement ; lorsqu’il se libérera de l’emprise extérieure, il sera convaincu de lui-même qu’il est bien portant. Peut-on alors considérer qu’il a ressuscité ? Il est autant mort que ressuscité. Ceci montre que la mort est un produit de la pensée humaine. Lorsqu’il est venu sur terre et qu’il a compris que tout ce qui l’entoure est une création divine, l’être humain a voulu faire quelque chose et a fini par créer la mort, c’est-à-dire le repos. Les humains d’aujourd’hui craignent la mort sans la considérer comme leur œuvre ; comment peut-on avoir peur de sa propre création ? On dit qu’après la mort on fait face à des souffrances, au feu et aux tourments éternels ; qui a été dans l’autre monde et en est revenu pour décrire ce qu’il y a et ce qui nous y attend ? Que les philosophes et les scientifiques qui parlent de l’autre monde viennent s’expliquer entre eux pour voir dans quelle langue ils décrivent et expliquent la vérité. Dans un passé lointain, quelque part en Inde, dans le palais du shah d’alors vivait un philosophe émérite qui étudiait les secrets de la nature. En plus de ses connaissances philosophiques il a appris à communiquer par le langage des signes. Le shah s’y intéressait, et pour voir comment les gens seraient capables de se comprendre uniquement par les signes il a demandé au philosophe de trouver un autre connaisseur de cet art avec lequel parler. Le philosophe ne connaissait personne de la sorte et le shah a alors chargé l’un de ses érudits brahmanes d’en trouver un en lui disant : « Je veux que tu trouves quelqu’un qui puisse communiquer par le langage des signes comme le philosophe, sinon je te chasserai du palais. » Pris de peur par l’ordre donné, le brahmane a cherché en vain une telle personne. Il a quitté le palais, attristé et pensif. Un jour son barbier l’a croisé et lui a demandé : « Pourquoi es-tu si pensif ? – Je ne peux pas te le dire, tu n’es pas capable de m’aider. – Dis-moi ce qui te tourmente, je trouverai un moyen de dissiper ta peine. – Le shah m’a chargé de trouver quelqu’un qui sait parler le langage des signes, mais je n’ai trouvé personne. Comme j’ai échoué dans cette mission, j’ai quitté le palais. – Ne t’inquiète pas, je connais cet art. Je parlerai avec le philosophe en présence du shah pour faire étalage de mon art. Le shah a fixé le jour de l’entrevue et la discussion a débuté. Le philosophe a levé une main et un doigt et le barbier les deux mains et les deux doigts ; le philosophe a baissé un bras les doigts écartés vers le bas et le barbier a tendu sa main les doigts écartés vers le haut. Le shah a demandé au philosophe ce qu’il se disait avec le barbier et celui-ci a répondu : « En levant la main et le doigt j’ai dit qu’un seul être gouverne le monde, Dieu. Le barbier a levé deux mains et deux doigts pour me dire que deux êtres gouvernent le monde, Dieu et le shah. En baissant la main et en écartant les doigts vers le bas j’ai voulu dire qu’il va bientôt pleuvoir. Le barbier a opposé sa main contre la mienne pour me dire qu’une grande abondance viendra à la suite de cette pluie. » Ensuite le shah a demandé au barbier ce qu’il avait compris de sa discussion avec le philosophe. Le barbier a répondu : « Lorsque le philosophe a levé un doigt vers le haut, il voulait me signifier qu’il me crèvera un œil. J’ai levé mes deux doigts pour lui dire que je suis plus fort et que je lui arracherai les deux yeux. Lorsqu’il a tendu sa main dans l’air, il voulait me dire qu’il viendra me châtier avec cinq personnes. J’ai aussi tendu ma main pour lui prouver que je m’y opposerai avec cinq autres personnes plus fortes que les siennes. » Le shah a souri et s’est dit : « Et c’est cela qu’on appelle de la communication ! » C’est ainsi que se comprennent beaucoup de nos contemporains religieux ou du monde, c’est ainsi que se comprennent les gens dans les familles, les sociétés, et c’est la cause des malheurs et des souffrances. Le Christ parle de la vie éternelle et il écarte ainsi la mort. La vie éternelle sous-entend une connaissance de Dieu et du Christ. La connaissance repose sur une véritable compréhension intérieure. Celui qui aime Dieu de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme et de toute sa force, et qui aime son prochain comme lui-même, a acquis la vie éternelle et ne craint pas la mort. Pour beaucoup, le concept de vie éternelle est vague, confus. Beaucoup de choses, beaucoup de concepts sont vagues, empruntés ; ce mot emprunté a un double sens, extérieur et intérieur. On dit que quelque chose est emprunté, donc on en est dépossédé ; souvent les jeunes se plaignent que leur amour leur a été enlevé. Un jeune homme se lamente et souffre que quelqu’un a enlevé sa bien-aimée ; tant qu’elle était à ses côtés, il était heureux ; une fois enlevée, il sombre dans le malheur. C’est une incompréhension ; personne ne peut enlever l’amour de quelqu’un sauf lui-même ; dès qu’il se met à douter de son amour, celui-ci le quitte aussitôt. Donc le doute, le soupçon est la cause de la perte des belles idées sublimes, de l’amour : on perd sa paix intérieure et on cherche la raison de son malheur en dehors de soi-même. La cause de tout cela est en soi-même ; on détermine sa vie, mais aussi celle de la famille et de la société ; l’état de l’individu détermine celui de toute la société. Les individus forment les sociétés, les sociétés forment les peuples, les peuples, toute l’humanité et l’humanité a quant à elle un lien avec le monde angélique. Par conséquent, tout dépend de l’individu : il bâtit l’humanité et ce n’est pas l’humanité qui bâtit l’individu. Par le mot individu j’entends le principe divin en l’homme, son âme. Beaucoup trouvent contradictoire de parler d’individu et d’âme comme de synonymes. Il est contraire à la logique de dire que 10 est égal à 1, mais si vous achetez un kilo de pommes, si vous les comptez et vous voyez qu’elles sont au nombre de 10, dans ce cas 1 vaut bien 10 ou 10 vaut 1. En ce sens l’individu dans lequel demeure l’âme est une unité dans laquelle se trouvent toutes les conditions et les possibilités de créer toute l’humanité. Le grain de blé renferme les conditions de créer cent autres grains de blé : c’est une approche philosophique des choses. C’est ainsi que les gens doivent s’entendre et non pas comme le philosophe et le barbier. Elle n’est pas juste la pensée de celui qui se croit une nullité ni celle du pécheur qui en cherche la cause chez sa mère, chez son père… Le maître de maison a bâti sa demeure sans forcément connaître les lois de la construction, et au lieu d’une grande maison solide il en est sorti une petite chaumière, mais sache que la chaumière et toi-même vous êtes deux choses distinctes. Ta maison actuelle peut être petite, insalubre, mais tu peux quand même te manifester, tu peux laisser entrer la lumière dans ta petite maison et tu peux manifester ton amour. « Mon amour est insuffisant. » Même s’il est insuffisant, manifeste-le, ne ferme pas ton cœur à Dieu et à ton prochain, laisse cheminer l’amour pour te dilater. Ne crains pas les changements dans la vie : vie et mort sont deux états que l’être humain traverse inévitablement, ce sont des changements qui mènent à la réalité. Tu vivras et tu bâtiras, tu agrandiras ta maison pour manifester l’amour de Celui qui t’a créé ; tu mourras et tu emporteras avec toi ce qui ne pourrit pas et ne meurt pas. Tu croîtras et te développeras ainsi jusqu’à atteindre la perfection que le Christ décrit : « Moi et le Père nous sommes un [2][2]». « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », cela implique d’aimer chaque âme en dehors de soi ; ton prochain était en toi et il est sorti hors de toi. Si dans cette situation tu l’aimes comme toi-même, tu as accompli la seconde grande loi de l’amour. Vous allez rétorquer que vous n’avez aucun souvenir du prochain en vous, ni en dehors de vous ; cela ne prouve rien ; le grain de blé ne sait pas non plus que tous les grains de blé sur la gerbe proviennent de lui. Par conséquent, tu dois aimer ton prochain comme ton enfant qui a vécu et qui vit en toi. Comme Dieu demeure en l’être humain, ton prochain aussi demeure en lui. Le prochain qui vit en tant qu’âme dans chaque être humain ne s’est pas encore manifesté par manque de conditions favorables. Donnez-lui des conditions et il va se manifester ; aussi petit qu’il soit, quelque chose de beau en sortira. Chacun aspire à la beauté et à la perfection, c’est une loi naturelle. Nos contemporains ne peuvent pas encore se targuer de cette beauté et de cette liberté auxquelles ils aspirent. L’individu libre résiste à toutes les épreuves. On parle de liberté, d’amour, mais si on vous soumet à plusieurs jours de jeûne vous renoncerez aussitôt à l’idéal que vous poursuivez. On n’atteint pas l’immortalité avec un tel amour et une telle liberté. Seul celui qui a brisé les chaînes de la mort peut parler de liberté ; tant qu’il est son esclave, ni sa liberté n’est liberté ni son amour n’est amour. Les gens d’aujourd’hui, religieux ou non, parlent d’amour, mais manifestent pour la plupart la haine et la jalousie. Comment expliquer la haine entre une mère et une fille, entre un père et un fils, entre amis ? Il ne suffit pas de donner une docte explication à la question : chaque médecin sait comment on soigne les diverses maladies, mais il ne peut pas guérir tout le monde. Par conséquent, la véritable explication de la haine est ce qui peut la transformer en amour. La haine est la lèpre du cœur humain ; si aujourd’hui vous savez guérir cette lèpre à vingt-cinq pour cent, vous avez fait un très grand pas, la paix et la joie vont donc régner dans vos foyers. Mais du travail est demandé à l’homme, un travail intérieur et conscient. C’est pourquoi nous disons : n’attendez pas que l’aide vienne de l’extérieur, attelez-vous tous au travail. Tous les humains, toutes les familles, toutes les sociétés et tous les peuples attendent de l’aide extérieure, attendent une aide d’en haut. La force et le bien-être se trouvent dans l’individu ; si les parties d’un tout sont en bon état, le tout est aussi en bon état. Les parties doivent compter sur ces bienfaits que la nature donne et non pas sur des choses fugaces et passagères. Quelle civilisation adviendrait s’il ne pleut pas et s’il ne fait pas beau ? Et quel rapport entre la pluie, le soleil et la civilisation humaine ? Il y a un point commun que les habitants du Soleil connaissent. Il suffit d’aller un moment sur le Soleil, parmi les habitants solaires, pour voir quel grand intérêt ils portent à la Terre. On rétorquera que la Terre est inerte. Non, la Terre est vivante, elle aime les humains, ses enfants, et prend constamment soin d’eux. La Terre envoie son amour aux humains à chaque instant, mais l’amour du Soleil est plus intense encore ; si le Soleil privait les humains ne serait-ce qu’un instant de son amour, ils sentiraient aussitôt le froid et le désamour, et comprendraient d’où viennent la vie, le développement et la culture. Le Christ parle des deux grandes lois de l’amour comme d’une chose réelle. L’amour se manifeste dans les plus petites particules en tant qu’énergie, impulsion. Les scientifiques appellent cette énergie gravité, attraction ; quel que soit le nom qu’on lui donne, elle est toujours la même : amour des parties et amour du tout. Il n’y a pas un seul atome, un seul ion, une seule molécule qui ne contiennent pas l’énergie de l’amour. L’atome est petit, mais il recèle en lui tout l’univers en miniature ; celui qui connait les propriétés et la composition de l’atome, connaît tout l’univers ; c’est pourquoi on dit dans les mathématiques spirituelles qu’une particule est égale au tout. D’après la loi de l’évolution, le petit aspire au grand, alors que selon la loi divine le grand aspire au petit. Donc, deux lois agissent dans la nature : une loi de la dilatation et une loi de la contraction. La contraction permet à l’âme humaine de pénétrer les plus grands secrets de la nature. C’est l’humble et le docile qui se diminuent et non pas l’orgueilleux ; c’est pour cela que le Christ dit : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu [3][3]». Ce verset a un rapport au sacrifice ; seul celui qui est prêt à renoncer à lui-même et à se sacrifier peut entrer dans le Royaume de Dieu. Aimer le Seigneur, c’est se montrer humble ; aimer son prochain, c’est se dilater ; donc l’individu doit en même temps se contracter et se dilater, c’est-à-dire devenir petit comme l’atome et grand comme l’univers. Celui qui aime s’anoblit ; celui qui n’aime pas, souffre. En le sachant, ne vous demandez pas pourquoi vous êtes malade : les maladies sont le signe du désamour ou de trop peu d’amour dans le cœur humain. Si vous voulez être bien portants, mettez de l’amour dans l’esprit, le cœur, l’âme, tout le corps. Là où demeure l’amour, il n’y a pas de malentendus, de haine, de jalousie, de maladies et de tourments. Sans amour dans le cœur, vous ressemblerez à quelqu’un qui marche dans l’eau mais reste assoiffé, qui porte du pain mais reste affamé. L’amour veut des actes et pas des mots ; trop parler est source de malheurs. En général, aspirez aux petites choses, mais bien comprises et appliquées. Aujourd’hui on parle beaucoup de l’amour, mais malgré cela les résultats sont mitigés. Pourquoi ? Parce qu’on n’emploie pas le langage approprié. Vous parlerez aux gens de trois façons : avec le langage de l’air, le langage de l’eau ou le langage du soleil. Le langage de l’air a un rapport à la respiration, c’est-à-dire à la purification du sang ; tu parleras ce langage et tu penseras à l’air pur, à l’oxygène, à tout le système respiratoire. Lorsqu’on s’exprime par le langage de l’air, on doit penser avec justesse, accorder sa pensée avec la pensée divine, sinon on souffrira nécessairement. Lorsqu’on pense avec justesse, on transforme son énergie mentale en énergie électrique et magnétique et on crée ainsi en soi des conditions pour une vie saine et normale. Parler le langage de l’eau signifie manifester ses propriétés, c’est-à-dire être dynamique, énergique, pur comme elle, tout irriguer sur son passage, et dissoudre les éléments solides pour les renvoyer comme des sucs nutritifs à toutes les créatures vivantes. Le langage de l’eau a un rapport au système digestif. Parler le langage du soleil, c’est-à-dire le langage de la lumière, c’est transformer l’énergie inférieure en énergie supérieure et l’envoyer directement dans le cerveau sous forme d’énergie dynamique, créatrice. Plus la lumière pénètre dans le cerveau humain, plus pure et lumineuse est la vie de l’homme, plus pures et élevées sont ses œuvres. Le langage de la lumière a un rapport au sang artériel qui irrigue tout le corps et le nourrit. L’amour envers Dieu a un rapport au sang veineux et l’amour envers son prochain a un rapport au sang artériel. Par conséquent, si tu te lasses de la vie et que ton sang devient impur, cherche ton prochain ; lorsque tu l’aimeras, tu te dilateras et ton sang se purifiera. Crois en ton prochain comme en toi-même ; plus forte est ta foi, plus forts seront ton amour et ton espérance. Que représentent l’amour, la foi et l’espérance ? L’amour c’est Dieu, la foi, ce sont les anges et l’espérance, toute l’humanité. Revêtez les habits de l’amour, de la foi et de l’espérance, c’est la seule manière d’arranger votre vie. Comment la société peut-elle aller mieux ? En ne contrariant pas le dessein Divin. Si vous voulez guérir une blessure à votre main, nettoyez-la, pansez-la et ne la touchez plus ; plus vous la grattez et plus lentement elle guérira. Ne vous mêlez pas des affaires divines. Comme toutes les conditions de guérison se cachent dans l’organisme, de même le plan divin a prévu toutes les conditions pour redresser l’humanité. Tout ce qui arrive dans la vie est prévu, rien n’est arbitraire. Des mesures sont prises pour redresser les affaires mal engagées. Après 1945, les affaires européennes s’arrangeront dans leur ensemble, mais d’ici là les voyageurs auront la nausée comme ceux qui traversent l’océan Atlantique en bateau. Vous avez déjà vu les passagers qui s’apprêtent à partir et qui envahissent le port : leurs proches les accompagnent, leur offrent des bouquets, tous sont joyeux ; une fois montés sur le bateau et en pleine mer, leur disposition change : ils pâlissent en proie aux vomissements, cloués au lit. Le deuxième jour leur état empire ; ils n’ont envie ni de manger ni de parler. Le troisième jour leur état est pire encore, mais leur espoir d’aller mieux se renforce à l’approche d’un port ; une fois à terre, tous retrouvent le sourire, joyeux et bien disposés, et se mettent à parler comme si de rien n’était ; tout le monde les interroge sur leur traversée et ils racontent leur mal de mer avec le sourire. Comme pour les voyageurs sur les mers, les choses se passent de la même manière pour les voyageurs sur terre : tant qu’il est jeune, l’être humain est gai et joyeux, il aime tout le monde, il monte sur le bateau et ses proches l’accompagnent ; plus il avance dans la vie, c’est-à-dire sur la mer, plus il devient sérieux et pensif ; lorsqu’il se marie, il est encore plus pensif : le bateau avance plus loin sur la mer, des enfants lui naissent qui ne le respectent pas, et il se trouble complètement et ne peut jouer son rôle ; le fils et la fille sont mécontents de lui et trouvent qu’il est arriéré, qu’il ne s’adapte pas aux nouveautés ; lorsqu’il se trouve dans cette situation, il descend de la scène et cède sa place aux nouveaux acteurs, le public lui donne un bouquet et l’interroge sur le sentiment qu’il a de sa situation. « Tu aimeras Dieu et ton prochain ». Cela signifie traverser sans danger la mer ou l’océan. Celui qui a l’amour en lui choisira un moment où l’océan est calme, pacifique, pour traverser. Il n’y a pas de succès sans amour : il faut aimer au moins une personne. Les gens d’aujourd’hui souffrent d’amour mêlé de jalousie. Vous croisez une jeune fille instruite, vertueuse mais défigurée. Pourquoi ? Quelqu’un l’a aimé au point de l’asperger de vitriol par jalousie ! Ce n’est pas de l’amour. Vous direz que les jeunes gens ne doivent pas être infidèles ; c’est une autre question. Je ne sermonne ni les jeunes ni les vieux, mais les humains doivent regarder en arrière pour corriger leurs erreurs et rajeunir. Nos contemporains ont vieilli prématurément, et ils parlent de la vieillesse sans savoir ce qu’elle est. Seul Dieu est vieux alors que l’être humain met un masque et prétend qu’il est vieux. Vieillesse sans sagesse n’est pas vieillesse. Des millions d’années passeront encore avant qu’un vieillard foule le sol de la terre. Dans le Livre des Révélations, l’Apocalypse, on parle de vingt-quatre vieillards qui se tiennent autour du trône de Dieu. Les théosophes donnent des explications diverses sur ces vieillards ; en réalité, ils symbolisent le temps, c’est-à-dire les époques que l’humanité a traversées. Le temps est en Dieu qui porte le début et la fin des choses. Lorsque le Christ dit que vous devez devenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume de Dieu, il sous-entend qu’un vieillard ne le peut pas. Il est temps que l’être humain renonce à l’idée saugrenue de la vieillesse et qu’il rajeunisse, sinon il se justifiera toujours d’être vieux, de ne pas pouvoir travailler, étudier, aimer, etc. En sanscrit, vieux désigne un être qui s’est manifesté et a appris les lois de la nature et de l’immortalité ; nos contemporains étudient à peine maintenant ces lois. Vous direz que le vieillard est reconnaissable à ses cheveux blancs. Ce n’est pas un signe de vieillesse, voyez comment se déguisent les acteurs sur la scène : le jeune se mue en vieux, le vieux en jeune, mais cela reste fictif. Il suffit de tourner les pages de votre vie passée pour voir le nombre de fois où vous êtes montés ou descendus de scène et les rôles que vous avez joués : vous avez été roi et domestique, rustre et instruit, pauvre et riche. Lorsque vous avez joué votre rôle, vous descendez de la scène en gardant l’immuable en vous. Tout change dans la vie sauf le Divin qui en l’humain reste immuable et éternel. Celui qui ne connaît pas la loi de la réincarnation s’étonne : pourquoi un tel le déteste ? C’est très simple : tu lui as causé des préjudices dans une vie passée ; tourne l’une des pages de ta vie passée et tu verras que tu t’es approprié injustement la maison de cet homme. Maintenant, tu corrigeras ta faute ; pour qu’il t’aime et te pardonne, non seulement tu lui rendras sa maison, mais tu la meubleras de surcroît. C’est cela vivre selon les lois de l’amour. Nos contemporains vivent de deux façons : les uns parlent de Dieu, mais agissent comme des humains ; d’autres ne parlent pas de Dieu, mais agissent de façon divine. Il est préférable de vivre de la seconde façon. Vivre comme ça, c’est être constamment gai et enjoué. L’amour rajeunit, l’amour rassérène l’homme et lui donne la force de supporter les épreuves et les contradictions dans la vie, l’amour résout tous les malentendus. Celui qui aime voit son prochain en chacun, avec trois caractéristiques en commun : la nourriture, la respiration et la vie. En cela, tous les humains se ressemblent ; tous vivent, respirent et se nourrissent ; la différence est dans leur façon de vivre, dans l’air qu’ils respirent et dans leur nourriture. Une chose est importante : tous doivent vivre intelligemment, respirer de l’air pur et manger de la nourriture saine ; c’est la seule manière pour les humains d’accomplir le travail pour lequel ils sont venus sur terre. Tout ce qui vit se déplace et travaille. Dans l’estomac humain il y a dix millions de cellules qui travaillent pour purifier le sang ; il existe une harmonie entre toutes les cellules et c’est pourquoi elles s’acquittent bien de leur travail. Qu’est-ce qu’il adviendra de l’homme si les cellules refusent de coopérer ? L’homme cessera d’exister. La dysharmonie mène à la destruction et à la mort. Beaucoup ne réussissent pas dans leur vie car ils vivent avec leur grandeur passée. Au lieu de regarder le présent avec réalisme, ils disent : « Savez-vous qui j’étais par le passé ? » Peu importe le passé, ce qui est important c’est ce que tu es maintenant ; le passé et l’avenir sont des causes et des conséquences, et la réalité est dans le présent. Lorsqu’on traverse le passé et le présent, on arrive à la loi de la nécessité puis de la liberté qui mène à l’amour. L’amour est un chemin vers le bien et l’intelligence ; là où se trouve l’amour, là sont la pensée juste et la réflexion. Le désamour pousse à des réflexions et des points de vue tordus. Un jour le renard se disait à lui-même : « Les gens me pourchassent injustement, ils m’accusent d’attaquer les poules et me tuent pour cela. C’est en partie vrai, mais ils oublient que j’agis mieux avec les poules que le chat avec les souris ; au moins je déshabille la poule avant de la manger alors que le chat mange la souris avec son habit ». Voici un raisonnement tordu car privé d’amour. La situation de la poule et de la souris est la même : une fois dans la gueule de leur ennemi, peu leur importe si leur habit sera préservé ou non, l’important est que dans les deux cas la vie de la poule et de la souris sera ôtée. Un jour le renard prendra conscience de sa faute et il redressera sa vie. Il y a beaucoup de poules déplumées aujourd’hui à qui on redonnera la vie dans l’avenir. Ces poules déplumées sont les humains misérables dont la condition s’améliorera. Rappelez-vous : la nature se sert de symboles qu’il faut étudier. Les fleuves, les fleurs, les arbres, les poissons, les oiseaux, les mammifères, les humains sont des symboles dont se sert la nature pour dévoiler ses secrets. Celui qui comprend le langage de la nature lira dans son livre l’histoire passée, présente et future de l’humanité. Le médecin aussi lorsqu’il met la main sur le pouls du patient détermine aussitôt son état ; le pouls est donc un langage par lequel le médecin connaît l’état de santé du malade. Il ausculte ensuite ses yeux, sa bouche pour voir l’état de son estomac et de son foie. Vous voyez quelqu’un se taire et vous pensez qu’il réfléchit : les aspects extérieurs expriment la disposition intérieure des humains. Que représente la réflexion ? L’être humain réfléchit alors que le bovin rumine ; par conséquent, tout comme le bovin a besoin de nourriture pour ruminer, de même le cerveau humain a besoin de pensées pour réfléchir. À quoi pense l’homme ? Comment conserver l’amour de sa femme ! La femme aussi pense comment conserver l’amour de son mari. C’est une tâche difficile dans la vie, avec deux inconnues ; elle est difficile mais peut être solutionnée. Vous direz qu’elle peut se résoudre au ciel. Où est le ciel ? Le ciel est sur terre ; il dépend de vous de vivre à la fois au ciel et sur la terre. Est-ce possible ? C’est possible. Comment vivent le ver à soie et le papillon ensemble sur terre ? Le papillon se nourrit du nectar des fleurs, c’est-à-dire de bonnes pensées et de bons sentiments, et le ver à soie de feuilles, c’est-à-dire de pensées et de sentiments inférieurs. Quand l’être humain est-il semblable au papillon ? Lorsqu’il donne une place à l’esprit, c’est-à-dire au Maître en lui-même, et se nomme alors serviteur de l’amour. Qu’est-ce qui est demandé à l’être humain pour être au service de l’amour ? Une totale abnégation. La vie est pleine d’exemples d’abnégation. Dans le passé lointain un crime abominable avait été commis dans un village en Russie sans qu’on ait pu retrouver le coupable. On a fini par accuser à la place une misérable veuve avec quatre enfants en bas âge. Le tribunal a décidé de l’envoyer en exil en Sibérie. La condamnation prenait effet dans les vingt-quatre heures. Un jeune homme du même village en a entendu parler et a été terrifié à l’idée que les quatre enfants soient abandonnés à leur sort. Il s’est dit : « Je suis sans père ni mère, je passe pour un vaurien, je suis sans utilité à personne, j’irai au tribunal pour avouer ce crime ». Il s’est présenté le jour même au tribunal pour déclarer au procureur et au juge que le crime était son œuvre et pas celui de la veuve. Il a ainsi libéré la malheureuse mère de la prison et endossé son sort. Dix ans plus tard, un prêtre qui confessait un mourant a découvert un secret que ce dernier avait sur la conscience : il a avoué être l’auteur du crime commis dix ans auparavant. Le gouvernement a aussitôt ordonné de sortir le jeune homme de prison, mais il s’est avéré qu’il était décédé depuis longtemps. Voilà comment ce jeune homme a vécu comme un humain, mais a agi selon les préceptes divins. Extérieurement il portait l’habit d’un vaurien, d’un brigand, mais intérieurement il travaillait sur lui-même et anoblissait son âme. Ces héros prêts au sacrifice méritent l’admiration. Ils sont courageux, intrépides, ils ont un élan vers le sublime et le grandiose. Aimer Dieu et son prochain, ce sont deux grandes lois qui, bien appliquées permettent de se libérer des difficultés et des contradictions dans la vie. Vous direz que lorsque le Christ viendra une deuxième fois sur terre la vie ira mieux instantanément ! Ce n’est pas la peine d’attendre ce moment, le Christ peut venir dans deux mille ans, ne faut-il pas travailler pendant ce temps ? Même s’il revenait sur terre, le Christ ne pourrait pas faire le tour de toutes les villes, de tous les villages et faire une causerie à chaque endroit. Donc, seuls ceux qui l’entendraient profiteraient de ses paroles ; que feront les autres ? Vous attendez des choses impossibles et vous perdez votre temps. Sachez que le Christ est dans la lumière que vous recevez, dans l’air que vous respirez, dans l’eau que vous buvez, dans la nourriture que vous mangez ; le Christ est dans vos pensées, dans vos sentiments et dans vos actions : vous le rencontrez partout. Utilisez ses bienfaits sciemment et ne retardez pas les choses. Soyez de bons payeurs : lorsque vient le terme de votre emprunt, remboursez-le aussitôt ; si vous tardez, vos emprunts augmenteront. Le sens de la vie est dans l’amour, tout accomplir avec amour ! Tant qu’il est jeune, l’être humain vit avec foi et amour, prêt à tous les sacrifices ; lorsqu’il perd sa foi et son amour, il dit : « Le bon temps est terminé ». Aujourd’hui la plupart des gens souffrent de l’amour perdu ; ils ont raison, l’amour est une force qui élève l’être humain. Comme un crime peut pervertir la vie de l’homme, de même l’amour peut en un moment le purifier et le redresser ; comme la mort peut faucher en un instant des milliers de têtes, de même la vie peut les rétablir. La vie est plus forte que la mort, et l’amour est plus fort que la haine. Sachant cela, soyez du côté de la vie et de l’amour. Seul celui qui est fort a le droit de se reposer parfois sous l’ombre de la mort et de la haine. Extérieurement la haine est hideuse, terrifiante comme un loup, mais intérieurement elle a quelque chose de noble et doux. Celui qui hait peut aussi aimer ; celui qui ne hait pas, ne peut pas aimer. La haine est aussi de l’amour, revêtu d’un habit étranger dans le but d’éprouver ce qui se cache dans le cœur humain. Le misérable frappe aux portes des gens pour éprouver leur miséricorde ; extérieurement il est en guenilles, poussiéreux, mais intérieurement sa tenue est propre et jolie. Si vous voyez quelqu’un de trop bien paré et habillé sachez qu’il n’est pas celui que votre âme recherche ; vous trouverez l’homme véritable dans quelqu’un de pauvre, de souffrant et de mal habillé. La vérité, l’amour s’habillent en haillons. Celui qui les cherche sincèrement apprendra à discerner le bien du mal et ne sera pas trompé par les apparences, c’est-à-dire par la façade. Appliquez l’enseignement du Christ pour comprendre pourquoi vous devez aimer et pourquoi vous devez haïr. Si tu veux aimer, tu dois savoir haïr ; tu ne peux pas aimer si tu n’as jamais haï. L’amour et la haine sont deux forces qui œuvrent en parallèle dans la nature : l’amour est un magnétisme, et la haine de l’électricité. La haine actuelle est de l’amour futur, et l’amour actuel est de la haine future ; c’est une loi de polarisation. Pour éviter cette loi, l’être humain doit renoncer à lui-même : si tu sens que la haine pénètre ton cœur, renonce à toi-même. Le Christ dit ainsi : « Celui qui ne renonce pas à lui-même, ne peut pas être mon disciple [4][4]». Appliquez l’abnégation pour voir ce que sera votre vie. Un père de famille est décédé en laissant un héritage considérable à partager entre ses quatre fils. Ils ont commencé à se quereller à qui prendra le plus. Le plus jeune a compris la situation, et pour éviter la discorde, il a renoncé à sa part et a dit à ses frères : « Prenez ma part et partagez-la entre vous : je préfère votre amour à la discorde ». Peu de temps après, les autres frères se sont réconciliés et le partage s’est déroulé de façon pacifique et affectueuse. On note que dans l’amour entre deux personnes, si les deux sont positifs, ils se repoussent ; s’ils sont un homme et une femme, ils restent sans enfant, c’est une loi du plan physique ; lorsque l’homme et la femme deviennent négatifs, des enfants naissent mais ne peuvent pas vivre longtemps. Par conséquent, dans l’amour entre deux personnes, l’un doit être positif, l’autre négatif, l’un doit créer, l’autre bâtir ; si les deux créent, ils ne peuvent pas enfanter. Cette loi a un rapport à la société et à l’État : lorsque deux candidats postulent au même poste ministériel, les affaires de l’État vont mal. Si l’État veut prospérer, la moitié des citoyens doivent être positifs et l’autre moitié négatifs, c’est-à-dire les uns doivent créer et les autres bâtir, les uns doivent servir et les autres gouverner. Ce n’est pas bien de démolir, ce n’est pas une science. Celui qui ne fait que démolir, n’a pas assimilé la loi de la création et de la construction. L’une des grandes lois de l’existence exige de l’homme qu’il bâtisse ou qu’il crée ; c’est le moyen de déclencher le principe divin en soi et d’accomplir sa prédestination, dictée par la nature. On peut avoir beaucoup de croyances, mais on doit aussi essayer l’enseignement du Christ qui transforme les choses. Pour beaucoup, l’enseignement du Christ est vieux, dépassé : c’est faux ! L’enseignement du Christ est aussi moderne qu’il est ancien. Si vous le considérez comme ancien, réjouissez-vous car la vieille mère met au monde des enfants bons et raisonnables ; s’il est nouveau, réjouissez-vous aussi : la jeune mère met au monde des enfants aux cœurs aimants. Accueillez l’enseignement du Christ avec amour, appliquez-le et soyez enjoués et heureux. Le Christ dit : « Tu aimeras le Seigneur et ton prochain ». Cela signifie que les gens d’aujourd’hui ont besoin de lumière, d’air, d’humidité, de nourriture ; le soleil d’aujourd’hui nous le montre. Prenez soin du cerveau, des poumons et du cœur, écoutez la voix de la nature intelligente, liez-vous à Dieu et un avenir lumineux vous attend. Sofia, 2 février 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1][1] « Car notre connaissance est limitée, et limitée notre prophétie. Mais quand viendra la perfection, ce qui est limité sera aboli. » (1 Co 13, 9-10) [2][2] « Mon père et moi nous sommes un." Jean 19, 30 [3][3] « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu’à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu. » (Marc 10, 25) [4][4] TOB = « De la même façon, quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple. » (Luc 14, 33)
  24. Le cep et les sarments « Je suis le cep, et vous en êtes les sarments ». Jean 15 :5 Le chapitre 15 de l’évangile de Jean relate une conversation intime entre le Christ et ses disciples. Le sens profond de cette discussion n’est révélé qu’au disciple qui connaît les lois divines. Quant aux chrétiens, peu nombreux sont ceux qui comprennent ce chapitre, il n’est accessible qu’aux mystiques. En apparence, il est simple, abordable pour chacun, mais en réalité ce n’est pas le cas. Certaines nuits le ciel est clair, constellé d’étoiles, mais cette clarté n’est pas encore le signe que tout le monde comprend les secrets que le ciel renferme. La clarté n’est qu’une condition nécessaire au disciple pour diriger ses pensées vers le Divin. Par conséquent, la clarté n’est pas un gage de compréhension. Vous écoutez un orateur, vous êtes satisfaits de lui et vous dites qu’il s’exprime clairement. Il parle clairement, mais sans se faire comprendre. Tous les esprits ne sont pas capables de comprendre ce qu’on leur dit. Vous voyez clairement quelqu’un, mais sans le comprendre, ce qui ne veut pas dire que vous êtes un imbécile ! L’imbécile ne doit pas être jugé non plus. Une chose est demandée à l’homme : ouvrir l’enveloppe de l’idée déposée en lui. C’est le seul moyen de comprendre que vous avez des connaissances dont vous pouvez tirer profit. On dit à quelqu’un : « Ne sois pas bête », ce qui veut dire, sois intelligent, ne te laisse pas tromper par le côté apparent de la vie, par son aspect extérieur, dirige ton regard vers le côté intérieur de la vie où se cachent le véritable contenu et le sens des choses. « Je suis le cep, et vous en êtes les sarments ». Dans ce verset le Christ détermine quels doivent être les rapports entre le Maître et les disciples : le Maître est le cep et les disciples, les sarments. Il est dit plus loin : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, donnera beaucoup de fruit ». Le sarment demeure sur le cep car il lui manque quelque chose pour exister indépendamment : il n’a pas de racines. Le cep au contraire a ses propres racines, il mène une vie autonome et transmet sa vitalité aux sarments. Par conséquent, tant que le sarment n’apprend pas la grande loi de la polarisation, c’est-à-dire tant qu’il ne fabrique pas de racines pour s’enraciner profondément dans la matière et vivre de façon autonome comme le Maître, il doit demeurer sur le cep. « Il a donné beaucoup de fruit ». En effet, sans fruit il n’y a pas de vie, le fruit porte la vie. Le sarment peut pousser très haut, se former, donner de belles feuilles mais sans fleurir, sans nouer de fruit ; dans cet état, le sarment représente une manifestation extérieure de la vie qui se développera avec le temps, non pas uniquement en tant que vie extérieure, matérielle, mais aussi en tant que vie intérieure, spirituelle. Si le sarment ne porte pas de fruit, il est coupé et jeté au feu. Pourquoi ? Parce que cette vie du cep est utile pour les autres sarments. La même chose peut être dite pour chaque disciple qui accueille l’enseignement du Maître et le retient sans l’appliquer : on le chasse. Chacun peut maintenant se demander : « Suis-je digne d’accueillir l’enseignement de mon Maître ? ». La question n’est pas de se montrer digne ou indigne en tant qu’humain et disciple, mais d’être assidu. Il peut être fils de roi, mais s’il n’apprend pas, le Maître ne peut pas lui déverser de force la connaissance dans la tête, il ne veut pas perdre son temps ; le Grand Maître ne s’occupe pas des élèves récalcitrants. Le Maître doit demeurer en son élève et l’élève en son Maître. Si le sarment demeure dans le cep, sa sève montera et nourrira le sarment, donc la vie matérielle des racines monte vers les sarments et se transforme en vie spirituelle. Lorsque les sarments donnent des fleurs et des fruits, la vie spirituelle se transforme en vie divine. Cette vie sous-entend la graine du fruit qui donne de nouveau des sarments et se multiplie. Les racines représentent le socle de la vie : chaque plante aux racines robustes reste à une place où elle travaille et se repose ; une plante aux racines fragiles se déplace sans cesse et le moindre coup de vent la projette dans l’espace. Les disciples sont comme ces plantes : tenaces ou changeants. Le disciple tenace a des convictions auxquelles il tient. Le disciple changeant est prêt à tout moment à accepter un avis extérieur et à renier ses convictions ; il pense qu’il peut apprendre de tout le monde, mais il n’atteint en réalité jamais la vraie connaissance. Il y a beaucoup de ces disciples dans la vie ; ils ressemblent à ceux qui misent tout sur un gain au loto : ils prennent un ticket de loto aujourd’hui, un autre demain dans l’espoir de gagner, mais ils ne gagnent rien et pour autant l’espoir ne les abandonne pas. Certains religieux se comportent aussi de la sorte ; ils se disent : « Apprenons quelques lois occultes pour que les autres voient de quoi nous sommes capables ». Les jours, les mois, les années s’écoulent, mais ils n'apprennent rien, ils n’arrivent à rien. Le Créateur du monde qui est grand et omniscient connait les bons et les mauvais traits des humains ; grâce à cela, Il ne permet ni aux humains ni aux anges d’abuser de ses bienfaits et de sa force. Celui qui a tenté de déroger à la loi divine l’a chèrement payé. Celui qui s’est décidé à être disciple du Christ a vécu de grandes douleurs. On ne passe pas facilement par le feu ; il faut passer sept fois par le feu avant de comprendre quelque peu le sens de la vie, car il y a plusieurs natures de feu. La nature du feu que l’on traverse a son importance pour donner du sens à sa vie : il y a un feu minéral, un feu végétal, un feu animal, un feu humain, etc. Chacun doit se demander à quel feu il se réchauffe et à quelle lumière il s’instruit. Beaucoup se réchauffent aujourd’hui au feu de bois et disent : « Cette chaleur est agréable ». Que voit l’homme ordinaire dans le feu et que voit le clairvoyant ? Il y a peu de clairvoyants aujourd’hui dans le monde ; à mon avis ils ne sont que trois : deux femmes et un homme. Beaucoup s’imaginent être des clairvoyants, mais ils se leurrent, leur clairvoyance les confronte à de grandes contradictions. Voir clairement et comprendre clairement, c’est une grande conquête. À quoi bon voir clairement si l’on ne comprend pas ce que l’on voit ? C’est faire des erreurs sans savoir comment les corriger. À quoi bon écouter le Verbe divin sans le comprendre ni l’appliquer ? Pour parfaire ses relations avec Dieu, l’être humain doit écouter, comprendre et appliquer le Verbe de ce Dieu qui n’est dessiné ni sur un livre ni sur une planche. Il vit dans l’esprit et l’âme des humains, Il leur parle de l’intérieur et non de l’extérieur. Certains s’imaginent Dieu comme un vieillard avec une barbe blanche, un bâton à la main, etc. Ce n’est pas Dieu ! Depuis la création du monde, personne n’a vu Dieu ni n’a entendu Sa voix, même les anges les plus hauts placés osent à peine regarder dans Sa direction. Quant à l’énergie et à la vie de Dieu, c’est une autre question : Il pénètre partout en tant qu’énergie, vie et lumière. « Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruit. » Par conséquent, on doit connaître Dieu pour porter beaucoup de fruit. C’est réalisable lorsque nous demeurons dans le Christ, et le Christ en nous. S’il ne demeure pas sur le cep, le sarment ne bénéficiera pas de la lumière et de la chaleur du soleil, et par conséquent il ne portera pas de fruit. Seul le sarment qui demeure sur le cep porte du fruit. Demeurer est un processus intérieur et non extérieur. Les processus extérieurs sont mécaniques, alors que nous parlons de processus qui ont du sens et du contenu. Beaucoup s’arrêtent sur le côté extérieur de la vie et pensent tout y trouver. La vie extérieure est surtout mécanique, elle a du sens lorsqu’elle se relie à la vie intérieure comme à son enveloppe. Les relations extérieures des humains sont emplies de leurres et d’illusions. C’est pourquoi quelqu’un pense être proche d’un autre, mais avec le temps il est déçu : ils sont extérieurement proches, mais se tiennent intérieurement loin l’un de l’autre ; dans ce cas toute proximité physique est illusoire. Intérieurement les humains sont éloignés les uns des autres, à des distances comparables à celles qui séparent les comètes et les planètes ; et pour autant, ils persistent à parler de proximité, mais quelle proximité ? La queue de certaines comètes est à des kilomètres et des kilomètres de la terre, et que dire de la tête ! Peut-on prétendre alors que la comète est proche de la terre ? Le même type de proximité existe souvent entre les humains. Le chien aussi touche son maître avec sa queue, mais sans le connaître ; ainsi, la distance entre le chien et son maître est gigantesque. Les humains ne se connaissent pas entre eux, mais l’homme ne se connaît pas lui-même. Et malgré tout ça, on disserte sur le surhomme ! Qu’est-ce qu’un surhomme ? Il se distingue par une force et des aptitudes extraordinaires : il peut faire tout ce qu’il souhaite, il comprend les lois de la vie, il connait les causes et les conséquences des choses et comprend le sens intime du bien et du mal. Le surhomme est docile, humble et sincère ; on dit de lui qu’il héritera de la terre. Il ne dit rien de lui et ne se vante pas, ne se fait pas remarquer et travaille sans faire de bruit, personne ne le voit et il passe partout inaperçu. Celui qui veut entrer dans le Royaume de Dieu doit se montrer humble, c’est cela être un surhomme. Selon nos contemporains, le surhomme se dilaterait, occuperait un volume plus important. Du point de vue spirituel le surhomme se réduit. Le sens de la vie humaine tient à une réduction matérielle, extérieure, mais à une dilatation spirituelle, intérieure. Entre la réduction et la dilatation il y a un lien étroit : on ne peut pas dilater quelque chose qui n’a pas été comprimé auparavant. Ainsi le surhomme est-il celui qui connaît les lois de la dilatation et de la compression, c’est-à-dire l’humilité et l’élévation : lorsqu’il veut s’approcher de Dieu, le surhomme laisse tout son bagage sur terre, renonce aux biens matériels et se met progressivement à se dilater jusqu’à ce qu’il atteigne l’objectif ultime de sa vie, se fusionner avec Dieu. Il peut ainsi dire comme le Christ : « Moi et le Père, nous sommes un ». Le Christ aussi a parlé à ses disciples de la loi de la réduction ; surhomme et disciple du Christ sont des synonymes. Lorsque le disciple acquiert la capacité de se réduire ou de se dilater à sa guise, il se fusionne avec le Maître et devient un avec lui ; il se développe alors selon des lois particulières et se libère des conditions contraignantes de la vie. La graine aussi passe par ces processus : elle est d’abord plantée en terre, dans les conditions contraignantes de la vie, puis elle germe, croît et se développe, donne du fruit et se libère des limitations. L’âme humaine passe par les mêmes processus que la graine. Paul dit ainsi : « Nous demeurons et nous agissons en Dieu »[1][1]. Tant qu’il demeure et qu’il agit en Dieu, l’être humain croît et se développe correctement ; lorsqu’il s’éloigne de Dieu, il dénature sa vie. C’est pour cela que le Christ dit : « Chaque sarment qui ne demeure pas sur le cep est coupé et jeté au feu ». Ce verset s’applique aussi au fœtus dans le ventre de sa mère : s’il n’est pas relié à sa mère et ne s’en nourrit pas, alors elle l’expulsera ; elle expulse l’enfant qui est inapte à la vie. Si la mère désire expulser l’enfant, ceci montre qu’elle le comprend, elle a conscience de son inaptitude à la vie. Par conséquent, un enfant conçu sans amour ne peut pas devenir quelqu’un de grand. L’être humain véritable est conçu à un moment où la mère est emplie d’amour, de pensées lumineuses et de sentiments nobles ; le temps de sa grossesse elle a gardé son enfant comme la prunelle de ses yeux. Pendant ce temps le père aussi a été empli d’amour et de lumière. Ainsi conçu, l’enfant peut être assimilé à un cep de vigne qui portera beaucoup de fruits. C’est la question sur laquelle le Christ a débattu avec ses disciples. Et en plus, seul le côté extérieur de la question est abordé ici. L’homme doit beaucoup étudier pour arriver à une compréhension intérieure des choses. Celui qui ne comprend même pas le côté extérieur se demande quel lien existe entre un Maître et un disciple, entre une mère et un enfant. Ce sont des rapports entre certaines grandeurs, certaines forces qui s’entremêlent dans la vie humaine. Lorsque les humains apprendront à transformer leurs énergies, on pourra parler de vie harmonieuse et équilibrée ; c’est seulement là qu’ils se comprendront et pourront transformer leurs énergies inférieures en énergies supérieures. Beaucoup se lassent de leur vie, de la pauvreté et veulent être riches, mais ils ne savent pas comment faire et ils souffrent ; ils veulent acquérir l’art de se comprimer et de se dilater à leur guise, mais ne le peuvent pas, alors ils se découragent. Les religieux comme les gens du monde souffrent et ne peuvent s’aider. Les religieux veulent descendre des hauteurs où ils se sont hissés, mais les uns et les autres s’évitent. Ils ne savent pas qu’ils peuvent s’aider. Comment ? En changeant de place et de position. L’une des grandes lois de la nature est la loi des échanges : si quelqu’un tombe, un autre se relève, si l’un baisse, l’autre monte. Le Christ dit que tout sarment qui ne donne pas de fruit est coupé et remplacé par un autre, ce qui montre qu’il n’y a pas de vide dans la nature. Ceci explique la loi du bouturage : un rameau est coupé et un autre est posé à sa place. Le peureux dira : « Est-ce que moi qui aspire à Dieu, je puis être rejeté ?[2][2] ». Dieu peut rejeter l’être humain seulement si celui-ci a péché contre l’Esprit. Imaginez une jeune fille qui se marie avec un jeune homme riche, vertueux, érudit et noble, rempli d’attentions pour elle, lui fournissant tout le confort et satisfaisant tous ses besoins, alors qu’elle est constamment mécontente de lui. Que doit-il faire ? Le seul choix qui lui reste est de lui rendre sa liberté, de la laisser partir dans le monde pour qu’elle y cherche son bonheur, qu’elle apprenne sa leçon. Tant qu’elle vit avec son mari, tant qu’il satisfait tous ses besoins et toutes ses envies, elle ne peut pas le comprendre : il n’y a entre eux aucun point d’adhérence, leurs aspirations divergent et ils ne peuvent pas faire des échanges corrects ; lorsqu’elle perdra son mari, elle commencera à réfléchir et le comprendra. C’est la situation du disciple qui écoute les leçons de son Maître, mais sans les apprendre et sans en tirer profit. Le Maître est mécontent du disciple et dit : « Je couperai ce disciple du cep dont il s’est nourri jusque-là ! » Ensuite le Maître trouvera un autre disciple pour le remplacer. Il faut agir ainsi avec les mécontents. L’aspiration primordiale de tous est identique, chacun aspire à ce qui est supérieur et noble, mais peu persévèrent. Cela est dû à la divergence entre les aspirations et les compréhensions des humains ; peu nombreux sont ceux qui conservent les relations avec le Suprême comme avec leur propre âme. Celui qui est lié à Dieu est content de tout et ne renonce pas à ses aspirations ni à ses compréhensions intérieures. « Celui qui demeure en moi et moi en lui, portera beaucoup de fruit. » Le fruit est nécessaire au sarment, par conséquent le Christ entend par le mot fruit les conditions de vie et de développement des humains. Pourquoi le Christ assimile-t-il la vie humaine à un sarment de vigne ? L’homme est rattaché au grand Arbre de la Vie comme le sarment l’est à la vigne, et tout comme le sarment puise la sève de la vigne, croît, se développe et donne du fruit, de même l’être humain puise la sève de l’Arbre de la Vie, la transforme et la renvoie, comme le sang dans le cœur, pour être purifiée. Il passe ainsi du monde physique au monde spirituel, et de là, au monde mental. Le sang purifié irrigue le cerveau et devient de l’énergie mentale que nous appelons fruit de la vie. De même que l’estomac, les poumons, le cœur et le cerveau travaillent en même temps, et que chacun porte son fruit, de même, les trois natures physique, affective et mentale se manifestent en parallèle, et, comme le sarment attaché à la vigne, elles portent leurs fruits, nourris par la sève de la vie divine. La moindre perturbation dans l’une de ces trois vies cause le flétrissement du sarment, ce qui pousse le maître de la vigne à le couper et à le jeter au feu. Nos contemporains se trouvent dans le premier stade de la vie, la vie physique de la vigne ; c’est pourquoi on dit que la plupart vivent dans leur estomac. Le temps nouveau approche où l’être humain rentrera dans ses poumons, purifiera ses pensées et ses sentiments pour envoyer dans son cerveau du sang rouge et pur par lequel se relier aux êtres supérieurs et de là, à Dieu. C’est le seul moyen de comprendre les rapports entre ses pensées, ses sentiments et ses actes ; c’est ainsi qu’on comprendra le lien entre les mondes physique, spirituel et divin. Vous voyez une belle pomme rouge : sa couleur et sa forme vous réjouissent, mais peu de jours après cette pomme pourrit et s’abîme. Qu’est-ce que cette belle pomme vous a donné ? Elle vous a reliés à son contenu. Donc, la forme et la beauté extérieure des choses est un élan vers leur contenu. Vous mangez la pomme, vous utilisez son jus et l’envoyez dans votre cerveau comme du sang retraité et purifié qui insuffle de l’énergie pour que la pensée travaille : vous commencez à réfléchir aux rapports entre les choses. C’est pourquoi, parler de la vie de la vigne et du sarment revient à décrire toutes les situations que traverse l’âme humaine pour comprendre les voies et les lois divines. Lorsqu’on aborde différentes questions, beaucoup trouvent que cela les embrouille au lieu de les éclairer. On parle d’évolution, de transformation des énergies, de compression et de dilatation de la matière, mais cela revient à jeter un caillou dans l’eau : tout comme le caillou forme des cercles de plus en plus grands autour de lui, de même l’incompréhension de ces gens va en croissant. On ne demande qu’une chose aux humains, faire demeurer le Christ en eux, ce qui signifie que le Christ demeure en l’être humain et se manifeste en tant que lumière, chaleur et force. Comme les animaux sont guidés par l’intelligence divine à travers l’instinct, de même chaque chrétien doit se laisser guider par la lumière du Christ. Tant qu’il n’accueille pas en lui la pensée divine, l’être humain souffrira toujours. Chacun dit avoir sa vision et sa compréhension de la vie et ne veut écouter personne, mais au bout du compte sa vie se vide de son sens et ses affaires périclitent. Vous direz que les animaux se laissent guider par leur instinct et pourtant ils sentent l’orage ou le tremblement de terre qui s’annoncent, et ils réagissent pour se protéger, alors que l’être humain avec toutes ses grandes pensées et sa haute opinion de soi-même en est victime. L’Esprit de Dieu se cache dans l’instinct de l’animal et le guide. Les oiseaux migrateurs pressentent instinctivement le moment de partir vers les pays chauds et ne se trompent jamais ; l’être humain en revanche se trompe souvent par excès de réflexion : il voit une belle journée ensoleillée, s’en réjouit et sort se promener sans soupçonner qu’un orage, une bourrasque, une grêle s’abattront deux ou trois heures après et le feront revenir à la maison complètement trempé. Parfois, la journée agitée est préférable à la journée claire, le beau temps succède à l’orage, alors qu’une journée de beau temps est souvent suivie d’une dégradation qui peut surprendre. L’homme silencieux est plus dangereux que celui qui crie et parle beaucoup. Les chutes d’eau plutôt silencieuses sont plus dangereuses que les chutes d’eau tonitruantes ; c’est pourquoi on dit que l’eau calme peut provoquer beaucoup de dégâts. Les marécages surprennent l’homme, s’il marche, perdu dans ses pensées, il peut tomber dans un marécage et disparaître. Lorsqu’ils n’anticipent pas les surprises dans leur vie, les humains sont mécontents et cherchent la raison de leurs malheurs en dehors d’eux. Tant qu’on se considère soi-même comme un cep et les autres comme des sarments, on sera toujours surpris et on souffrira. Certains religieux se croient des ceps et les gens du monde des sarments, et inversement, les gens ordinaires se croient des ceps mais prennent les religieux pour des sarments ; les uns comme les autres sont sur la mauvaise voie. La vigne est une alors que les sarments sont en grand nombre. Par conséquent le Christ est la vigne et les humains, les sarments. Celui qui se croit vigne ne comprend pas la vérité ou bien il se leurre : il est un simple sarment comme tous les autres humains. La vigne divine est une et le Christ dit à son sujet qu’elle s’est répandue dans le monde entier pour le nourrir. Se croire vigne, c’est croire qu’on est le souverain du monde. « Je pense avec indépendance, autonomie et liberté. » Tu ne sais pas encore ce qu’est la pensée et la liberté. Penser librement et justement, c’est un grand art que peu de gens manient et maîtrisent. Chez certains, l’intuition est forte et ils saisissent bien les choses ; chez d’autres c’est la pensée qui est puissante, mais parfois les uns et les autres sont bernés. Vous dites de quelqu’un qu’il est bon, mais vous ne voyez que sa tenue officielle, son habit de fête ; vous ne connaissez pas ses vêtements de tous les jours. Beaucoup citent la pensée : « Être ou ne pas être », exprimée par Shakespeare, sans comprendre son sens intérieur. Cette pensée sous-entend : « Dois-je rester sur le cep ou le quitter ; dois-je apprendre ou quitter l’école ; dois-je travailler pour moi ou pour les autres ». Vous direz que c’est une interprétation libre de cette pensée ; c’est une interprétation que Shakespeare pourrait aussi donner. Un écrivain espagnol a écrit un livre que beaucoup ont lu. L’un des lecteurs n’a pas pu saisir le sens de certaines phrases et s’est adressé à l’auteur pour plus d’explications. Celui-ci l’a regardé en souriant et a répondu : « Moi-même, je ne sais pas ce que j’ai voulu dire par là ! » La pensée juste est accessible à tous. De plus, entre la langue parlée et la langue écrite il doit y avoir un certain rapport, un certain lien : on ne peut pas écrire une chose, mais parler et en comprendre une autre. Ce n’est pas pareil d’être affectueux envers quelqu’un ou amoureux de lui. L’affection est une loi de construction, et l’amour, une loi de destruction ; l’affection construit ce qui est détruit alors que l’amour détruit et construit : l’amour détruit d’abord ce qui est vieux, putréfié, inutilisable, puis il bâtit quelque chose de neuf, de sain et d’utile aux autres. Réjouissez-vous si vous êtes l’objet d’affections ; réjouissez-vous aussi si vous êtes l’objet d’amour. Les épreuves, les souffrances, les malheurs sont le premier degré de l’affection. Lorsqu’il souffre l’être humain se met à réfléchir et à bâtir, il accueille le Christ en lui et se laisse guider par Sa pensée. Ainsi, maintenez un lien avec le Christ pour ne pas dégrader vos relations avec les autres. Celui qui s’est détaché de la vigne vit constamment dans les disputes et les dissensions avec les autres, quoi qu’on lui dise, il est toujours prêt à se quereller. Si quelqu’un abîme sa clôture, il le traîne aussitôt en justice ; c’est aussi une façon de résoudre le problème, mais il y a une autre solution, meilleure et plus juste : rebâtir soi-même sa clôture. Au lieu d’être en procès pendant des années et se créer des désagréments, il vaut mieux s’aider tout seul. Si tu vas au tribunal contre ton prochain, tu seras coupé, séparé de la vigne et jeté au feu où tu disparaîtras ; voilà ce qui s’appelle vider la vie de son sens. Des années après, tu prendras conscience de ton erreur et tu comprendras que personne n’a le droit de juger son prochain. Celui qui applique la loi divine dans sa vie gagne plus qu’il ne perd. Travaille avec amour et avec le plus grand désintéressement. Pourquoi essayer de tourner quelqu’un de riche vers Dieu s’il n’est pas prêt à ça ? Pourquoi essayer d’attirer l’érudit dans ta maison alors qu’il ne veut pas te rendre visite de son plein gré ? Quoi que tu fasses, tu n’obtiendras rien par la force : ni le riche n’ouvrira son portefeuille, ni l’érudit n’ouvrira son esprit et son cœur face à la violence. Il y a du sens à ce qu’un érudit vienne chez toi, mais à condition qu’il soit prêt à déverser dans ton jardin ses pierres avec lesquelles tu peux bâtir, c’est cela l’amour. C’est ainsi qu’agit le Christ - lorsqu’il voit que le sarment ne tire pas profit de la sève de la vigne et ne donne pas de fruit, il le coupe et le jette au feu. « Celui qui demeure en moi et moi en lui, donnera beaucoup de fruit (…) Tout sarment qui ne porte pas de fruit est coupé et jeté au feu. » Le langage utilisé par le Christ est symbolique, ainsi il a exposé la vérité aux humains sans les blesser. Ce n’est pas facile de parler aux humains ; le but de l’orateur est de mobiliser ses auditeurs, non pas de les offenser et les dénoncer. Le langage symbolique est en même temps savant. Le langage de la vérité est puissant pour ceux qui le comprennent ; celui qui ne comprend pas ce langage dit que la vérité est amère. Nos contemporains ont besoin d’une nouvelle compréhension, d’une nouvelle vision, d’une nouvelle morale, c’est le seul moyen pour un peuple de s’élever, de se renouveler et de se renforcer. Tous les peuples doivent s’unir et vivre en fraternité. Vous direz que Dieu a créé le bien et le mal. Sachez une chose : Dieu a son dessein qui doit s’accomplir. Le chemin à suivre par chaque âme est strictement déterminé ; si elle s’en détourne, elle souffre. L’être humain peut suivre une ligne droite ou une ligne courbe, chaque mouvement a ses résultats ; les résultats obtenus indiquent si le chemin emprunté est droit ou sinueux. Les humains doivent s’unir, devenir un : la force est dans l’unité et pas dans le séparatisme. Un grand scientifique a dit que si les humains ne s’entendent pas entre eux, cela jettera l’opprobre sur eux. La même loi agit sur les animaux : tant qu’ils sont rassemblés en troupeau, ils sont courageux, décidés et peuvent se défendre ; s’ils sont séparés, leur force diminue et ils tombent facilement entre les griffes de l’ennemi. Le Christ dit à ses disciples que leur force se cache dans leur union, tant qu’ils sont sarments d’une vigne ils sont forts, se développent bien et donnent beaucoup de fruit. Par conséquent, tant que l’esprit, le cœur et l’âme sont unis, l’être humain est toujours bien et peut se développer correctement. Vous direz qu’il doit d’abord vivre pour sa patrie et ensuite pour son âme ; c’est juste, il y a une patrie pour laquelle vivre. Il y a un royaume qui est à la première place ; l’homme est venu sur terre pour devenir citoyen du Royaume divin dont tous les royaumes et pays sont les ramifications. Les différents pays sont des lettres de l’alphabet et le Verbe utilise toutes les lettres, il les unit et génère le langage. Les rapports entre les différents pays sont les mêmes que les rapports entre les humains, c’est la raison pour laquelle, parfois même seulement deux personnes ne s’entendent pas ; ils s’unissent au nom de l’amour mais arrivent à satiété l’un de l’autre et souhaitent se séparer. Ils peuvent se séparer s’ils connaissent les opérations de soustraction et de division. Une femme veut quitter son mari, c’est possible si elle connaît toutes les règles de l’arithmétique. C’est la même chose pour chaque chrétien : si tu veux sortir une mauvaise pensée de ton esprit, tu dois connaître la somme totale des pensées que tu as préalablement réparties en bonnes et mauvaises, puis tu enlèveras la mauvaise de la somme de mauvaises pensées, et tu garderas les bonnes à part. Si tu as lésé quelqu’un de mille levas, tu ouvriras ton portefeuille, tu en sortiras mille levas et tu les lui rendras ; c’est ainsi que tu résoudras la dispute. La loi divine n’admet aucune dysharmonie, aucun désaccord, les processus s’y déroulent en permanence et avec justesse. Il est dit dans les Écritures : « Écoutez la douce voix de Celui qui vous parle constamment dans les joies et dans les chagrins ». Et aujourd’hui en vous parlant je ne fais rien de plus qu’arroser les racines de la vie en vous ; il est dans cet Arbre Celui qui vous parle constamment. En même temps, j’ouvre les fenêtres de votre esprit pour que plus de lumière puisse entrer et vous aider à comprendre les choses. Ce n’est qu’ainsi que l’âme de l’humain se remplit de bons sentiments et de bons désirs, et son mental de pensées lumineuses et élevées. C’est la seule façon pour les humains de s’entendre et d’être frères. « Celui qui demeure en moi et moi en lui, portera beaucoup de fruit. » Celui qui demeure sur la vigne, peut comprendre le sens profond de l’amour. Lorsqu’on parle de la vigne, certains l’assimilent à leur peuple, leur patrie, leur foyer et sont prêts à tout lui sacrifier. Le seul véritable sacrifice est celui qui est fait au nom de l’amour. Il est dit que Dieu est amour, par conséquent, si on doit se sacrifier, on le fera au nom de Dieu. Si tu écoutes la douce voix de Dieu en toi, tu es bien portant, serein, libre, prêt à tous les sacrifices. Celui qui perd son lien avec le divin prend sur le visage une couleur rouge foncé, il devient maussade, brutal et mécontent. Tournez-vous vers Dieu avec une prière pour rétablir votre paix intérieure, retrouver votre amour perdu. Gardez vos bonnes relations envers vos proches pour bénéficier d’une bonne santé et de paix intérieure. Les rapports entre les gens doivent être comme ceux des parents envers les enfants, des frères envers les sœurs et des sœurs envers les frères ; ces rapports sont la mesure qui détermine ce qu’un lien juste doit être. Quelqu’un dira qu’il sait ces choses, que tout lui est dévoilé. Comment ? Par une révélation ? Certains prennent leurs rêves pour des révélations, mais ils se leurrent. La révélation vient d’un monde supérieur alors que la plupart des rêves sont le résultat d’impressions et de vécu. Seuls certains rêves viennent d’un monde supérieur et, comme les révélations, ils produisent un bouleversement total chez l’être humain. Une femme est tombée malade, elle a été presque mourante avant de se rétablir par bonheur. Lorsque son état a commencé à s’améliorer, elle a eu une révélation qui a produit en elle un grand bouleversement ; à partir de ce jour elle a radicalement changé sa vie. Elle a été prévenue par le monde invisible qu’elle mourrait un mois plus tard, et elle s’est préparée avec humilité et sans peur à partir de l’autre côté. En effet, elle est morte un mois plus tard. Son fils a beaucoup pleuré sa mère. Elle est apparue une fois dans ses rêves en lui disant : « Cesse de pleurer, je vais bien ; ton attachement à moi est une sorte d’attachement exclusif, on ne tolère ici aucun attachement de la sorte ». Aujourd’hui, le Christ dit aussi aux chrétiens de cesser d’être exclusifs et de comprendre que le couteau vient sur la vigne : tout sarment qui ne donne pas de fruit est coupé et jeté au feu. Il est temps pour les chrétiens de se déterminer et d’être avec le Christ ou en dehors de Lui. Celui qui résout cette question positivement s’élèvera et donnera des fruits sucrés et abondants. « Qu’adviendra-t-il de la Bulgarie ? » Laissez cette question de côté, il y a quelqu’un qui prend soin de la Bulgarie ; le grand peintre qui sait dessiner n’a pas besoin de l’aide de son enfant. Dieu est grand, omniscient et omnipotent, Il a pensé à tous, Il a pris en compte tous les êtres vivants, tous les peuples sans faire de différence entre les nations. C’est pourquoi le Christ dit à ses disciples de n’entretenir aucun parti-pris. Paul exprime la même idée par le verset : « Il n’y a dans le Christ ni grecs, ni juifs, ni scythes[3][3] », donc celui qui croit dans le Christ sera béni. On ne parle pas de pays en particulier dans l’Évangile. Chaque pays est une firme ; quiconque abuse de cette firme sera puni et privé des droits qu’elle donne à ses membres ; si tous les membres font des abus, la firme cessera d’exister. C’est pourquoi il est dit dans l’Évangile : « Si un peuple ne sert pas Dieu, il sera effacé de Son livre ». Cette loi s’applique aux peuples comme aux individus. Maintenant, l’humanité toute entière aborde une nouvelle époque. Aujourd’hui, le Christ met chaque individu sur une balance et le pèse pour avoir son poids ; selon son poids, il juge qui est dévoué et qui ne l’est pas. Celui qui L’écoute et accomplit la loi divine bénéficiera de Sa bénédiction ; celui qui ne L’écoute pas sera soumis à de lourdes épreuves. Le plus grand service que Dieu peut donner à l’être humain est de l’envoyer chez une veuve pauvre et malheureuse pour la consoler et élever ses orphelins. Consoler une veuve est plus grand que guider le destin de tout un peuple. Aux yeux de Dieu une âme représente plus qu’un peuple entier. Pourquoi ? Parce que celui qui ne respecte pas une âme, c’est-à-dire Dieu en lui-même, ne peut rien faire. L’amour de l’être humain se mesure à son respect pour son âme. Si vous ne respectez pas le Christ et Dieu, comment respecterez-vous votre prochain ? Vous direz que les juifs ont crucifié le Christ. Que direz-vous des chrétiens contemporains qui chaque jour crucifient celui qui leur parle avec Sa voix douce ? Aujourd’hui la plupart des gens pleurent, souffrent et disent que Dieu ne les aime pas, qu’Il les a oubliés, en réalité ce sont eux qui ne L’aiment pas et qui L’ont oublié. Revenez tous à la maison et dites : « Seigneur, nous voulons nous lier à Toi ». Après, ramassez toutes les pierres, les briques et mettez-vous à bâtir. Les pleurs ne sauvent pas. Beaucoup d’élèves reçoivent de mauvaises notes et pleurent, mais leurs pleurs n’amènent pas de meilleures notes. Même s’ils ont de bonnes notes, mais qu’ils n’ont pas de connaissances, ils ne se sauveront tout de même pas. La vie est une grande école où les pleurs ne sont pas tolérés ; c’est l’apprentissage qui incombe à tous. On dit que les racines du Savoir sont amères mais que ses fruits sont sucrés. Il est interdit au disciple de pleurer et de se montrer personnel. Mettez les pleurs et la personnalité de côté, entrez chez le Christ et dites : « Nous sommes prêts à étudier, à pénétrer les grands secrets de l’existence, là où règnent la joie, la gaîté, la paix et la liberté ». Le travail du disciple consiste à étudier. Marié ou célibataire il doit étudier de la même façon. Ecoutez la voix douce du Christ en vous-même : elle y introduira l’entente et la paix: elle les introduira dans tous les humains, dans le monde entier. Il organisera toutes les sociétés et apportera la véritable religion dans le monde, la religion de l’Esprit. Toute voix en dehors de cette voix douce doit être vérifiée : c’est la seule façon de résoudre avec justesse les questions de la vie. « Qui nous aidera à résoudre nos problèmes ? » Il y a quelqu’un pour vous aider. Voilà, je suis prêt à vous aider, je vous éclairerai et vous marcherez dans mes pas. Je suis aujourd’hui avec vous et à l’avenir je vous rencontrerai de nouveau. Si vous travaillez, si vous êtes prêts à élever votre vie, je vais intercéder en votre faveur devant le Seigneur pour qu’Il vous inscrive comme disciples. Voilà pourquoi, en rentrant chez vous, ouvrez une nouvelle page de votre livre, devenez à nouveau sarment de la vigne et que la sève divine coule en vous. Soyez courageux, sereins, joyeux et écoutez cette voix douce en vous. Ne pleurez pas vos morts. Ne soyez pas tristes pour le temps perdu. Mettez le passé de côté et travaillez sur le présent et l’avenir, il y a beaucoup de temps devant vous. Travaillez et corrigez vos erreurs ; tout comme vous pouvez faire des erreurs, vous pouvez aussi les corriger et construire. Dieu bâtit et le diable détruit ; liez-vous à celui qui bâtit. Le riche agriculteur prend des ouvriers et termine son travail en un jour ; le pauvre agriculteur moissonne tout seul et met beaucoup de temps pour terminer son travail ; le premier suit la loi de l’amour et le second, la loi de l’évolution. Liez-vous au Christ pour devenir riches et terminer vite votre travail. Il n’y a pas de temps à perdre, la moisson attend, il faut des ouvriers dans le champ pour terminer le travail au plus vite. Dieu a attelé la charrue et laboure Son champ : ce champ c’est le monde. Ainsi, Dieu laboure le monde avec Sa charrue, retourne les couches pour les exposer à la nouvelle lumière et à la chaleur, pour les préparer aux nouvelles semailles. Devenez, vous aussi, des collaborateurs du Seigneur et dites : « Seigneur, bénis notre travail ! ». Apportez la paix et l’entente entre vous et ne vous jugez pas les uns les autres. Écoutez la voix douce en vous pour fleurir, nouer et donner du fruit. Que je me réjouisse si je vous croise à l’avenir et que je dise : « Aucun disciple n’est supérieur à son Maître, il suffit qu’il soit comme son Maître ». Soyez sereins, frais et joyeux. Irradiez l’Espérance, emplissez-vous de la Foi, unissez-vous à l’Amour. Sofia, 26 janvier 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1][1] « Car c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être, comme l'ont dit certains de vos poètes: " Car nous sommes de sa race. " (Actes 17, 28) [2][2] « Je dis donc: Est-ce que Dieu a rejeté son peuple? Loin de là! Car moi aussi, je suis Israélite de la postérité d'Abraham, de la race de Benjamin. 2 Non, Dieu n'a pas rejeté son peuple, qu'il a connu d'avance. » (Paul, épître aux Romains, 11, 1-2a) [3][3] « Il n'y a plus ni Juif ni Grec ; il n'y a plus ni esclave ni homme libre ; il n'y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ. » (Galates 3, 28)
  25. Le cep et les sarments « Je suis le cep, et vous en êtes les sarments ». Jean 15 :5 Le chapitre 15 de l’évangile de Jean relate une conversation intime entre le Christ et ses disciples. Le sens profond de cette discussion n’est révélé qu’au disciple qui connaît les lois divines. Quant aux chrétiens, peu nombreux sont ceux qui comprennent ce chapitre, il n’est accessible qu’aux mystiques. En apparence, il est simple, abordable pour chacun, mais en réalité ce n’est pas le cas. Certaines nuits le ciel est clair, constellé d’étoiles, mais cette clarté n’est pas encore le signe que tout le monde comprend les secrets que le ciel renferme. La clarté n’est qu’une condition nécessaire au disciple pour diriger ses pensées vers le Divin. Par conséquent, la clarté n’est pas un gage de compréhension. Vous écoutez un orateur, vous êtes satisfaits de lui et vous dites qu’il s’exprime clairement. Il parle clairement, mais sans se faire comprendre. Tous les esprits ne sont pas capables de comprendre ce qu’on leur dit. Vous voyez clairement quelqu’un, mais sans le comprendre, ce qui ne veut pas dire que vous êtes un imbécile ! L’imbécile ne doit pas être jugé non plus. Une chose est demandée à l’homme : ouvrir l’enveloppe de l’idée déposée en lui. C’est le seul moyen de comprendre que vous avez des connaissances dont vous pouvez tirer profit. On dit à quelqu’un : « Ne sois pas bête », ce qui veut dire, sois intelligent, ne te laisse pas tromper par le côté apparent de la vie, par son aspect extérieur, dirige ton regard vers le côté intérieur de la vie où se cachent le véritable contenu et le sens des choses. « Je suis le cep, et vous en êtes les sarments ». Dans ce verset le Christ détermine quels doivent être les rapports entre le Maître et les disciples : le Maître est le cep et les disciples, les sarments. Il est dit plus loin : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, donnera beaucoup de fruit ». Le sarment demeure sur le cep car il lui manque quelque chose pour exister indépendamment : il n’a pas de racines. Le cep au contraire a ses propres racines, il mène une vie autonome et transmet sa vitalité aux sarments. Par conséquent, tant que le sarment n’apprend pas la grande loi de la polarisation, c’est-à-dire tant qu’il ne fabrique pas de racines pour s’enraciner profondément dans la matière et vivre de façon autonome comme le Maître, il doit demeurer sur le cep. « Il a donné beaucoup de fruit ». En effet, sans fruit il n’y a pas de vie, le fruit porte la vie. Le sarment peut pousser très haut, se former, donner de belles feuilles mais sans fleurir, sans nouer de fruit ; dans cet état, le sarment représente une manifestation extérieure de la vie qui se développera avec le temps, non pas uniquement en tant que vie extérieure, matérielle, mais aussi en tant que vie intérieure, spirituelle. Si le sarment ne porte pas de fruit, il est coupé et jeté au feu. Pourquoi ? Parce que cette vie du cep est utile pour les autres sarments. La même chose peut être dite pour chaque disciple qui accueille l’enseignement du Maître et le retient sans l’appliquer : on le chasse. Chacun peut maintenant se demander : « Suis-je digne d’accueillir l’enseignement de mon Maître ? ». La question n’est pas de se montrer digne ou indigne en tant qu’humain et disciple, mais d’être assidu. Il peut être fils de roi, mais s’il n’apprend pas, le Maître ne peut pas lui déverser de force la connaissance dans la tête, il ne veut pas perdre son temps ; le Grand Maître ne s’occupe pas des élèves récalcitrants. Le Maître doit demeurer en son élève et l’élève en son Maître. Si le sarment demeure dans le cep, sa sève montera et nourrira le sarment, donc la vie matérielle des racines monte vers les sarments et se transforme en vie spirituelle. Lorsque les sarments donnent des fleurs et des fruits, la vie spirituelle se transforme en vie divine. Cette vie sous-entend la graine du fruit qui donne de nouveau des sarments et se multiplie. Les racines représentent le socle de la vie : chaque plante aux racines robustes reste à une place où elle travaille et se repose ; une plante aux racines fragiles se déplace sans cesse et le moindre coup de vent la projette dans l’espace. Les disciples sont comme ces plantes : tenaces ou changeants. Le disciple tenace a des convictions auxquelles il tient. Le disciple changeant est prêt à tout moment à accepter un avis extérieur et à renier ses convictions ; il pense qu’il peut apprendre de tout le monde, mais il n’atteint en réalité jamais la vraie connaissance. Il y a beaucoup de ces disciples dans la vie ; ils ressemblent à ceux qui misent tout sur un gain au loto : ils prennent un ticket de loto aujourd’hui, un autre demain dans l’espoir de gagner, mais ils ne gagnent rien et pour autant l’espoir ne les abandonne pas. Certains religieux se comportent aussi de la sorte ; ils se disent : « Apprenons quelques lois occultes pour que les autres voient de quoi nous sommes capables ». Les jours, les mois, les années s’écoulent, mais ils n'apprennent rien, ils n’arrivent à rien. Le Créateur du monde qui est grand et omniscient connait les bons et les mauvais traits des humains ; grâce à cela, Il ne permet ni aux humains ni aux anges d’abuser de ses bienfaits et de sa force. Celui qui a tenté de déroger à la loi divine l’a chèrement payé. Celui qui s’est décidé à être disciple du Christ a vécu de grandes douleurs. On ne passe pas facilement par le feu ; il faut passer sept fois par le feu avant de comprendre quelque peu le sens de la vie, car il y a plusieurs natures de feu. La nature du feu que l’on traverse a son importance pour donner du sens à sa vie : il y a un feu minéral, un feu végétal, un feu animal, un feu humain, etc. Chacun doit se demander à quel feu il se réchauffe et à quelle lumière il s’instruit. Beaucoup se réchauffent aujourd’hui au feu de bois et disent : « Cette chaleur est agréable ». Que voit l’homme ordinaire dans le feu et que voit le clairvoyant ? Il y a peu de clairvoyants aujourd’hui dans le monde ; à mon avis ils ne sont que trois : deux femmes et un homme. Beaucoup s’imaginent être des clairvoyants, mais ils se leurrent, leur clairvoyance les confronte à de grandes contradictions. Voir clairement et comprendre clairement, c’est une grande conquête. À quoi bon voir clairement si l’on ne comprend pas ce que l’on voit ? C’est faire des erreurs sans savoir comment les corriger. À quoi bon écouter le Verbe divin sans le comprendre ni l’appliquer ? Pour parfaire ses relations avec Dieu, l’être humain doit écouter, comprendre et appliquer le Verbe de ce Dieu qui n’est dessiné ni sur un livre ni sur une planche. Il vit dans l’esprit et l’âme des humains, Il leur parle de l’intérieur et non de l’extérieur. Certains s’imaginent Dieu comme un vieillard avec une barbe blanche, un bâton à la main, etc. Ce n’est pas Dieu ! Depuis la création du monde, personne n’a vu Dieu ni n’a entendu Sa voix, même les anges les plus hauts placés osent à peine regarder dans Sa direction. Quant à l’énergie et à la vie de Dieu, c’est une autre question : Il pénètre partout en tant qu’énergie, vie et lumière. « Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruit. » Par conséquent, on doit connaître Dieu pour porter beaucoup de fruit. C’est réalisable lorsque nous demeurons dans le Christ, et le Christ en nous. S’il ne demeure pas sur le cep, le sarment ne bénéficiera pas de la lumière et de la chaleur du soleil, et par conséquent il ne portera pas de fruit. Seul le sarment qui demeure sur le cep porte du fruit. Demeurer est un processus intérieur et non extérieur. Les processus extérieurs sont mécaniques, alors que nous parlons de processus qui ont du sens et du contenu. Beaucoup s’arrêtent sur le côté extérieur de la vie et pensent tout y trouver. La vie extérieure est surtout mécanique, elle a du sens lorsqu’elle se relie à la vie intérieure comme à son enveloppe. Les relations extérieures des humains sont emplies de leurres et d’illusions. C’est pourquoi quelqu’un pense être proche d’un autre, mais avec le temps il est déçu : ils sont extérieurement proches, mais se tiennent intérieurement loin l’un de l’autre ; dans ce cas toute proximité physique est illusoire. Intérieurement les humains sont éloignés les uns des autres, à des distances comparables à celles qui séparent les comètes et les planètes ; et pour autant, ils persistent à parler de proximité, mais quelle proximité ? La queue de certaines comètes est à des kilomètres et des kilomètres de la terre, et que dire de la tête ! Peut-on prétendre alors que la comète est proche de la terre ? Le même type de proximité existe souvent entre les humains. Le chien aussi touche son maître avec sa queue, mais sans le connaître ; ainsi, la distance entre le chien et son maître est gigantesque. Les humains ne se connaissent pas entre eux, mais l’homme ne se connaît pas lui-même. Et malgré tout ça, on disserte sur le surhomme ! Qu’est-ce qu’un surhomme ? Il se distingue par une force et des aptitudes extraordinaires : il peut faire tout ce qu’il souhaite, il comprend les lois de la vie, il connait les causes et les conséquences des choses et comprend le sens intime du bien et du mal. Le surhomme est docile, humble et sincère ; on dit de lui qu’il héritera de la terre. Il ne dit rien de lui et ne se vante pas, ne se fait pas remarquer et travaille sans faire de bruit, personne ne le voit et il passe partout inaperçu. Celui qui veut entrer dans le Royaume de Dieu doit se montrer humble, c’est cela être un surhomme. Selon nos contemporains, le surhomme se dilaterait, occuperait un volume plus important. Du point de vue spirituel le surhomme se réduit. Le sens de la vie humaine tient à une réduction matérielle, extérieure, mais à une dilatation spirituelle, intérieure. Entre la réduction et la dilatation il y a un lien étroit : on ne peut pas dilater quelque chose qui n’a pas été comprimé auparavant. Ainsi le surhomme est-il celui qui connaît les lois de la dilatation et de la compression, c’est-à-dire l’humilité et l’élévation : lorsqu’il veut s’approcher de Dieu, le surhomme laisse tout son bagage sur terre, renonce aux biens matériels et se met progressivement à se dilater jusqu’à ce qu’il atteigne l’objectif ultime de sa vie, se fusionner avec Dieu. Il peut ainsi dire comme le Christ : « Moi et le Père, nous sommes un ». Le Christ aussi a parlé à ses disciples de la loi de la réduction ; surhomme et disciple du Christ sont des synonymes. Lorsque le disciple acquiert la capacité de se réduire ou de se dilater à sa guise, il se fusionne avec le Maître et devient un avec lui ; il se développe alors selon des lois particulières et se libère des conditions contraignantes de la vie. La graine aussi passe par ces processus : elle est d’abord plantée en terre, dans les conditions contraignantes de la vie, puis elle germe, croît et se développe, donne du fruit et se libère des limitations. L’âme humaine passe par les mêmes processus que la graine. Paul dit ainsi : « Nous demeurons et nous agissons en Dieu »[1]. Tant qu’il demeure et qu’il agit en Dieu, l’être humain croît et se développe correctement ; lorsqu’il s’éloigne de Dieu, il dénature sa vie. C’est pour cela que le Christ dit : « Chaque sarment qui ne demeure pas sur le cep est coupé et jeté au feu ». Ce verset s’applique aussi au fœtus dans le ventre de sa mère : s’il n’est pas relié à sa mère et ne s’en nourrit pas, alors elle l’expulsera ; elle expulse l’enfant qui est inapte à la vie. Si la mère désire expulser l’enfant, ceci montre qu’elle le comprend, elle a conscience de son inaptitude à la vie. Par conséquent, un enfant conçu sans amour ne peut pas devenir quelqu’un de grand. L’être humain véritable est conçu à un moment où la mère est emplie d’amour, de pensées lumineuses et de sentiments nobles ; le temps de sa grossesse elle a gardé son enfant comme la prunelle de ses yeux. Pendant ce temps le père aussi a été empli d’amour et de lumière. Ainsi conçu, l’enfant peut être assimilé à un cep de vigne qui portera beaucoup de fruits. C’est la question sur laquelle le Christ a débattu avec ses disciples. Et en plus, seul le côté extérieur de la question est abordé ici. L’homme doit beaucoup étudier pour arriver à une compréhension intérieure des choses. Celui qui ne comprend même pas le côté extérieur se demande quel lien existe entre un Maître et un disciple, entre une mère et un enfant. Ce sont des rapports entre certaines grandeurs, certaines forces qui s’entremêlent dans la vie humaine. Lorsque les humains apprendront à transformer leurs énergies, on pourra parler de vie harmonieuse et équilibrée ; c’est seulement là qu’ils se comprendront et pourront transformer leurs énergies inférieures en énergies supérieures. Beaucoup se lassent de leur vie, de la pauvreté et veulent être riches, mais ils ne savent pas comment faire et ils souffrent ; ils veulent acquérir l’art de se comprimer et de se dilater à leur guise, mais ne le peuvent pas, alors ils se découragent. Les religieux comme les gens du monde souffrent et ne peuvent s’aider. Les religieux veulent descendre des hauteurs où ils se sont hissés, mais les uns et les autres s’évitent. Ils ne savent pas qu’ils peuvent s’aider. Comment ? En changeant de place et de position. L’une des grandes lois de la nature est la loi des échanges : si quelqu’un tombe, un autre se relève, si l’un baisse, l’autre monte. Le Christ dit que tout sarment qui ne donne pas de fruit est coupé et remplacé par un autre, ce qui montre qu’il n’y a pas de vide dans la nature. Ceci explique la loi du bouturage : un rameau est coupé et un autre est posé à sa place. Le peureux dira : « Est-ce que moi qui aspire à Dieu, je puis être rejeté ?[2] ». Dieu peut rejeter l’être humain seulement si celui-ci a péché contre l’Esprit. Imaginez une jeune fille qui se marie avec un jeune homme riche, vertueux, érudit et noble, rempli d’attentions pour elle, lui fournissant tout le confort et satisfaisant tous ses besoins, alors qu’elle est constamment mécontente de lui. Que doit-il faire ? Le seul choix qui lui reste est de lui rendre sa liberté, de la laisser partir dans le monde pour qu’elle y cherche son bonheur, qu’elle apprenne sa leçon. Tant qu’elle vit avec son mari, tant qu’il satisfait tous ses besoins et toutes ses envies, elle ne peut pas le comprendre : il n’y a entre eux aucun point d’adhérence, leurs aspirations divergent et ils ne peuvent pas faire des échanges corrects ; lorsqu’elle perdra son mari, elle commencera à réfléchir et le comprendra. C’est la situation du disciple qui écoute les leçons de son Maître, mais sans les apprendre et sans en tirer profit. Le Maître est mécontent du disciple et dit : « Je couperai ce disciple du cep dont il s’est nourri jusque-là ! » Ensuite le Maître trouvera un autre disciple pour le remplacer. Il faut agir ainsi avec les mécontents. L’aspiration primordiale de tous est identique, chacun aspire à ce qui est supérieur et noble, mais peu persévèrent. Cela est dû à la divergence entre les aspirations et les compréhensions des humains ; peu nombreux sont ceux qui conservent les relations avec le Suprême comme avec leur propre âme. Celui qui est lié à Dieu est content de tout et ne renonce pas à ses aspirations ni à ses compréhensions intérieures. « Celui qui demeure en moi et moi en lui, portera beaucoup de fruit. » Le fruit est nécessaire au sarment, par conséquent le Christ entend par le mot fruit les conditions de vie et de développement des humains. Pourquoi le Christ assimile-t-il la vie humaine à un sarment de vigne ? L’homme est rattaché au grand Arbre de la Vie comme le sarment l’est à la vigne, et tout comme le sarment puise la sève de la vigne, croît, se développe et donne du fruit, de même l’être humain puise la sève de l’Arbre de la Vie, la transforme et la renvoie, comme le sang dans le cœur, pour être purifiée. Il passe ainsi du monde physique au monde spirituel, et de là, au monde mental. Le sang purifié irrigue le cerveau et devient de l’énergie mentale que nous appelons fruit de la vie. De même que l’estomac, les poumons, le cœur et le cerveau travaillent en même temps, et que chacun porte son fruit, de même, les trois natures physique, affective et mentale se manifestent en parallèle, et, comme le sarment attaché à la vigne, elles portent leurs fruits, nourris par la sève de la vie divine. La moindre perturbation dans l’une de ces trois vies cause le flétrissement du sarment, ce qui pousse le maître de la vigne à le couper et à le jeter au feu. Nos contemporains se trouvent dans le premier stade de la vie, la vie physique de la vigne ; c’est pourquoi on dit que la plupart vivent dans leur estomac. Le temps nouveau approche où l’être humain rentrera dans ses poumons, purifiera ses pensées et ses sentiments pour envoyer dans son cerveau du sang rouge et pur par lequel se relier aux êtres supérieurs et de là, à Dieu. C’est le seul moyen de comprendre les rapports entre ses pensées, ses sentiments et ses actes ; c’est ainsi qu’on comprendra le lien entre les mondes physique, spirituel et divin. Vous voyez une belle pomme rouge : sa couleur et sa forme vous réjouissent, mais peu de jours après cette pomme pourrit et s’abîme. Qu’est-ce que cette belle pomme vous a donné ? Elle vous a reliés à son contenu. Donc, la forme et la beauté extérieure des choses est un élan vers leur contenu. Vous mangez la pomme, vous utilisez son jus et l’envoyez dans votre cerveau comme du sang retraité et purifié qui insuffle de l’énergie pour que la pensée travaille : vous commencez à réfléchir aux rapports entre les choses. C’est pourquoi, parler de la vie de la vigne et du sarment revient à décrire toutes les situations que traverse l’âme humaine pour comprendre les voies et les lois divines. Lorsqu’on aborde différentes questions, beaucoup trouvent que cela les embrouille au lieu de les éclairer. On parle d’évolution, de transformation des énergies, de compression et de dilatation de la matière, mais cela revient à jeter un caillou dans l’eau : tout comme le caillou forme des cercles de plus en plus grands autour de lui, de même l’incompréhension de ces gens va en croissant. On ne demande qu’une chose aux humains, faire demeurer le Christ en eux, ce qui signifie que le Christ demeure en l’être humain et se manifeste en tant que lumière, chaleur et force. Comme les animaux sont guidés par l’intelligence divine à travers l’instinct, de même chaque chrétien doit se laisser guider par la lumière du Christ. Tant qu’il n’accueille pas en lui la pensée divine, l’être humain souffrira toujours. Chacun dit avoir sa vision et sa compréhension de la vie et ne veut écouter personne, mais au bout du compte sa vie se vide de son sens et ses affaires périclitent. Vous direz que les animaux se laissent guider par leur instinct et pourtant ils sentent l’orage ou le tremblement de terre qui s’annoncent, et ils réagissent pour se protéger, alors que l’être humain avec toutes ses grandes pensées et sa haute opinion de soi-même en est victime. L’Esprit de Dieu se cache dans l’instinct de l’animal et le guide. Les oiseaux migrateurs pressentent instinctivement le moment de partir vers les pays chauds et ne se trompent jamais ; l’être humain en revanche se trompe souvent par excès de réflexion : il voit une belle journée ensoleillée, s’en réjouit et sort se promener sans soupçonner qu’un orage, une bourrasque, une grêle s’abattront deux ou trois heures après et le feront revenir à la maison complètement trempé. Parfois, la journée agitée est préférable à la journée claire, le beau temps succède à l’orage, alors qu’une journée de beau temps est souvent suivie d’une dégradation qui peut surprendre. L’homme silencieux est plus dangereux que celui qui crie et parle beaucoup. Les chutes d’eau plutôt silencieuses sont plus dangereuses que les chutes d’eau tonitruantes ; c’est pourquoi on dit que l’eau calme peut provoquer beaucoup de dégâts. Les marécages surprennent l’homme, s’il marche, perdu dans ses pensées, il peut tomber dans un marécage et disparaître. Lorsqu’ils n’anticipent pas les surprises dans leur vie, les humains sont mécontents et cherchent la raison de leurs malheurs en dehors d’eux. Tant qu’on se considère soi-même comme un cep et les autres comme des sarments, on sera toujours surpris et on souffrira. Certains religieux se croient des ceps et les gens du monde des sarments, et inversement, les gens ordinaires se croient des ceps mais prennent les religieux pour des sarments ; les uns comme les autres sont sur la mauvaise voie. La vigne est une alors que les sarments sont en grand nombre. Par conséquent le Christ est la vigne et les humains, les sarments. Celui qui se croit vigne ne comprend pas la vérité ou bien il se leurre : il est un simple sarment comme tous les autres humains. La vigne divine est une et le Christ dit à son sujet qu’elle s’est répandue dans le monde entier pour le nourrir. Se croire vigne, c’est croire qu’on est le souverain du monde. « Je pense avec indépendance, autonomie et liberté. » Tu ne sais pas encore ce qu’est la pensée et la liberté. Penser librement et justement, c’est un grand art que peu de gens manient et maîtrisent. Chez certains, l’intuition est forte et ils saisissent bien les choses ; chez d’autres c’est la pensée qui est puissante, mais parfois les uns et les autres sont bernés. Vous dites de quelqu’un qu’il est bon, mais vous ne voyez que sa tenue officielle, son habit de fête ; vous ne connaissez pas ses vêtements de tous les jours. Beaucoup citent la pensée : « Être ou ne pas être », exprimée par Shakespeare, sans comprendre son sens intérieur. Cette pensée sous-entend : « Dois-je rester sur le cep ou le quitter ; dois-je apprendre ou quitter l’école ; dois-je travailler pour moi ou pour les autres ». Vous direz que c’est une interprétation libre de cette pensée ; c’est une interprétation que Shakespeare pourrait aussi donner. Un écrivain espagnol a écrit un livre que beaucoup ont lu. L’un des lecteurs n’a pas pu saisir le sens de certaines phrases et s’est adressé à l’auteur pour plus d’explications. Celui-ci l’a regardé en souriant et a répondu : « Moi-même, je ne sais pas ce que j’ai voulu dire par là ! » La pensée juste est accessible à tous. De plus, entre la langue parlée et la langue écrite il doit y avoir un certain rapport, un certain lien : on ne peut pas écrire une chose, mais parler et en comprendre une autre. Ce n’est pas pareil d’être affectueux envers quelqu’un ou amoureux de lui. L’affection est une loi de construction, et l’amour, une loi de destruction ; l’affection construit ce qui est détruit alors que l’amour détruit et construit : l’amour détruit d’abord ce qui est vieux, putréfié, inutilisable, puis il bâtit quelque chose de neuf, de sain et d’utile aux autres. Réjouissez-vous si vous êtes l’objet d’affections ; réjouissez-vous aussi si vous êtes l’objet d’amour. Les épreuves, les souffrances, les malheurs sont le premier degré de l’affection. Lorsqu’il souffre l’être humain se met à réfléchir et à bâtir, il accueille le Christ en lui et se laisse guider par Sa pensée. Ainsi, maintenez un lien avec le Christ pour ne pas dégrader vos relations avec les autres. Celui qui s’est détaché de la vigne vit constamment dans les disputes et les dissensions avec les autres, quoi qu’on lui dise, il est toujours prêt à se quereller. Si quelqu’un abîme sa clôture, il le traîne aussitôt en justice ; c’est aussi une façon de résoudre le problème, mais il y a une autre solution, meilleure et plus juste : rebâtir soi-même sa clôture. Au lieu d’être en procès pendant des années et se créer des désagréments, il vaut mieux s’aider tout seul. Si tu vas au tribunal contre ton prochain, tu seras coupé, séparé de la vigne et jeté au feu où tu disparaîtras ; voilà ce qui s’appelle vider la vie de son sens. Des années après, tu prendras conscience de ton erreur et tu comprendras que personne n’a le droit de juger son prochain. Celui qui applique la loi divine dans sa vie gagne plus qu’il ne perd. Travaille avec amour et avec le plus grand désintéressement. Pourquoi essayer de tourner quelqu’un de riche vers Dieu s’il n’est pas prêt à ça ? Pourquoi essayer d’attirer l’érudit dans ta maison alors qu’il ne veut pas te rendre visite de son plein gré ? Quoi que tu fasses, tu n’obtiendras rien par la force : ni le riche n’ouvrira son portefeuille, ni l’érudit n’ouvrira son esprit et son cœur face à la violence. Il y a du sens à ce qu’un érudit vienne chez toi, mais à condition qu’il soit prêt à déverser dans ton jardin ses pierres avec lesquelles tu peux bâtir, c’est cela l’amour. C’est ainsi qu’agit le Christ - lorsqu’il voit que le sarment ne tire pas profit de la sève de la vigne et ne donne pas de fruit, il le coupe et le jette au feu. « Celui qui demeure en moi et moi en lui, donnera beaucoup de fruit (…) Tout sarment qui ne porte pas de fruit est coupé et jeté au feu. » Le langage utilisé par le Christ est symbolique, ainsi il a exposé la vérité aux humains sans les blesser. Ce n’est pas facile de parler aux humains ; le but de l’orateur est de mobiliser ses auditeurs, non pas de les offenser et les dénoncer. Le langage symbolique est en même temps savant. Le langage de la vérité est puissant pour ceux qui le comprennent ; celui qui ne comprend pas ce langage dit que la vérité est amère. Nos contemporains ont besoin d’une nouvelle compréhension, d’une nouvelle vision, d’une nouvelle morale, c’est le seul moyen pour un peuple de s’élever, de se renouveler et de se renforcer. Tous les peuples doivent s’unir et vivre en fraternité. Vous direz que Dieu a créé le bien et le mal. Sachez une chose : Dieu a son dessein qui doit s’accomplir. Le chemin à suivre par chaque âme est strictement déterminé ; si elle s’en détourne, elle souffre. L’être humain peut suivre une ligne droite ou une ligne courbe, chaque mouvement a ses résultats ; les résultats obtenus indiquent si le chemin emprunté est droit ou sinueux. Les humains doivent s’unir, devenir un : la force est dans l’unité et pas dans le séparatisme. Un grand scientifique a dit que si les humains ne s’entendent pas entre eux, cela jettera l’opprobre sur eux. La même loi agit sur les animaux : tant qu’ils sont rassemblés en troupeau, ils sont courageux, décidés et peuvent se défendre ; s’ils sont séparés, leur force diminue et ils tombent facilement entre les griffes de l’ennemi. Le Christ dit à ses disciples que leur force se cache dans leur union, tant qu’ils sont sarments d’une vigne ils sont forts, se développent bien et donnent beaucoup de fruit. Par conséquent, tant que l’esprit, le cœur et l’âme sont unis, l’être humain est toujours bien et peut se développer correctement. Vous direz qu’il doit d’abord vivre pour sa patrie et ensuite pour son âme ; c’est juste, il y a une patrie pour laquelle vivre. Il y a un royaume qui est à la première place ; l’homme est venu sur terre pour devenir citoyen du Royaume divin dont tous les royaumes et pays sont les ramifications. Les différents pays sont des lettres de l’alphabet et le Verbe utilise toutes les lettres, il les unit et génère le langage. Les rapports entre les différents pays sont les mêmes que les rapports entre les humains, c’est la raison pour laquelle, parfois même seulement deux personnes ne s’entendent pas ; ils s’unissent au nom de l’amour mais arrivent à satiété l’un de l’autre et souhaitent se séparer. Ils peuvent se séparer s’ils connaissent les opérations de soustraction et de division. Une femme veut quitter son mari, c’est possible si elle connaît toutes les règles de l’arithmétique. C’est la même chose pour chaque chrétien : si tu veux sortir une mauvaise pensée de ton esprit, tu dois connaître la somme totale des pensées que tu as préalablement réparties en bonnes et mauvaises, puis tu enlèveras la mauvaise de la somme de mauvaises pensées, et tu garderas les bonnes à part. Si tu as lésé quelqu’un de mille levas, tu ouvriras ton portefeuille, tu en sortiras mille levas et tu les lui rendras ; c’est ainsi que tu résoudras la dispute. La loi divine n’admet aucune dysharmonie, aucun désaccord, les processus s’y déroulent en permanence et avec justesse. Il est dit dans les Écritures : « Écoutez la douce voix de Celui qui vous parle constamment dans les joies et dans les chagrins ». Et aujourd’hui en vous parlant je ne fais rien de plus qu’arroser les racines de la vie en vous ; il est dans cet Arbre Celui qui vous parle constamment. En même temps, j’ouvre les fenêtres de votre esprit pour que plus de lumière puisse entrer et vous aider à comprendre les choses. Ce n’est qu’ainsi que l’âme de l’humain se remplit de bons sentiments et de bons désirs, et son mental de pensées lumineuses et élevées. C’est la seule façon pour les humains de s’entendre et d’être frères. « Celui qui demeure en moi et moi en lui, portera beaucoup de fruit. » Celui qui demeure sur la vigne, peut comprendre le sens profond de l’amour. Lorsqu’on parle de la vigne, certains l’assimilent à leur peuple, leur patrie, leur foyer et sont prêts à tout lui sacrifier. Le seul véritable sacrifice est celui qui est fait au nom de l’amour. Il est dit que Dieu est amour, par conséquent, si on doit se sacrifier, on le fera au nom de Dieu. Si tu écoutes la douce voix de Dieu en toi, tu es bien portant, serein, libre, prêt à tous les sacrifices. Celui qui perd son lien avec le divin prend sur le visage une couleur rouge foncé, il devient maussade, brutal et mécontent. Tournez-vous vers Dieu avec une prière pour rétablir votre paix intérieure, retrouver votre amour perdu. Gardez vos bonnes relations envers vos proches pour bénéficier d’une bonne santé et de paix intérieure. Les rapports entre les gens doivent être comme ceux des parents envers les enfants, des frères envers les sœurs et des sœurs envers les frères ; ces rapports sont la mesure qui détermine ce qu’un lien juste doit être. Quelqu’un dira qu’il sait ces choses, que tout lui est dévoilé. Comment ? Par une révélation ? Certains prennent leurs rêves pour des révélations, mais ils se leurrent. La révélation vient d’un monde supérieur alors que la plupart des rêves sont le résultat d’impressions et de vécu. Seuls certains rêves viennent d’un monde supérieur et, comme les révélations, ils produisent un bouleversement total chez l’être humain. Une femme est tombée malade, elle a été presque mourante avant de se rétablir par bonheur. Lorsque son état a commencé à s’améliorer, elle a eu une révélation qui a produit en elle un grand bouleversement ; à partir de ce jour elle a radicalement changé sa vie. Elle a été prévenue par le monde invisible qu’elle mourrait un mois plus tard, et elle s’est préparée avec humilité et sans peur à partir de l’autre côté. En effet, elle est morte un mois plus tard. Son fils a beaucoup pleuré sa mère. Elle est apparue une fois dans ses rêves en lui disant : « Cesse de pleurer, je vais bien ; ton attachement à moi est une sorte d’attachement exclusif, on ne tolère ici aucun attachement de la sorte ». Aujourd’hui, le Christ dit aussi aux chrétiens de cesser d’être exclusifs et de comprendre que le couteau vient sur la vigne : tout sarment qui ne donne pas de fruit est coupé et jeté au feu. Il est temps pour les chrétiens de se déterminer et d’être avec le Christ ou en dehors de Lui. Celui qui résout cette question positivement s’élèvera et donnera des fruits sucrés et abondants. « Qu’adviendra-t-il de la Bulgarie ? » Laissez cette question de côté, il y a quelqu’un qui prend soin de la Bulgarie ; le grand peintre qui sait dessiner n’a pas besoin de l’aide de son enfant. Dieu est grand, omniscient et omnipotent, Il a pensé à tous, Il a pris en compte tous les êtres vivants, tous les peuples sans faire de différence entre les nations. C’est pourquoi le Christ dit à ses disciples de n’entretenir aucun parti-pris. Paul exprime la même idée par le verset : « Il n’y a dans le Christ ni grecs, ni juifs, ni scythes[3] », donc celui qui croit dans le Christ sera béni. On ne parle pas de pays en particulier dans l’Évangile. Chaque pays est une firme ; quiconque abuse de cette firme sera puni et privé des droits qu’elle donne à ses membres ; si tous les membres font des abus, la firme cessera d’exister. C’est pourquoi il est dit dans l’Évangile : « Si un peuple ne sert pas Dieu, il sera effacé de Son livre ». Cette loi s’applique aux peuples comme aux individus. Maintenant, l’humanité toute entière aborde une nouvelle époque. Aujourd’hui, le Christ met chaque individu sur une balance et le pèse pour avoir son poids ; selon son poids, il juge qui est dévoué et qui ne l’est pas. Celui qui L’écoute et accomplit la loi divine bénéficiera de Sa bénédiction ; celui qui ne L’écoute pas sera soumis à de lourdes épreuves. Le plus grand service que Dieu peut donner à l’être humain est de l’envoyer chez une veuve pauvre et malheureuse pour la consoler et élever ses orphelins. Consoler une veuve est plus grand que guider le destin de tout un peuple. Aux yeux de Dieu une âme représente plus qu’un peuple entier. Pourquoi ? Parce que celui qui ne respecte pas une âme, c’est-à-dire Dieu en lui-même, ne peut rien faire. L’amour de l’être humain se mesure à son respect pour son âme. Si vous ne respectez pas le Christ et Dieu, comment respecterez-vous votre prochain ? Vous direz que les juifs ont crucifié le Christ. Que direz-vous des chrétiens contemporains qui chaque jour crucifient celui qui leur parle avec Sa voix douce ? Aujourd’hui la plupart des gens pleurent, souffrent et disent que Dieu ne les aime pas, qu’Il les a oubliés, en réalité ce sont eux qui ne L’aiment pas et qui L’ont oublié. Revenez tous à la maison et dites : « Seigneur, nous voulons nous lier à Toi ». Après, ramassez toutes les pierres, les briques et mettez-vous à bâtir. Les pleurs ne sauvent pas. Beaucoup d’élèves reçoivent de mauvaises notes et pleurent, mais leurs pleurs n’amènent pas de meilleures notes. Même s’ils ont de bonnes notes, mais qu’ils n’ont pas de connaissances, ils ne se sauveront tout de même pas. La vie est une grande école où les pleurs ne sont pas tolérés ; c’est l’apprentissage qui incombe à tous. On dit que les racines du Savoir sont amères mais que ses fruits sont sucrés. Il est interdit au disciple de pleurer et de se montrer personnel. Mettez les pleurs et la personnalité de côté, entrez chez le Christ et dites : « Nous sommes prêts à étudier, à pénétrer les grands secrets de l’existence, là où règnent la joie, la gaîté, la paix et la liberté ». Le travail du disciple consiste à étudier. Marié ou célibataire il doit étudier de la même façon. Ecoutez la voix douce du Christ en vous-même : elle y introduira l’entente et la paix: elle les introduira dans tous les humains, dans le monde entier. Il organisera toutes les sociétés et apportera la véritable religion dans le monde, la religion de l’Esprit. Toute voix en dehors de cette voix douce doit être vérifiée : c’est la seule façon de résoudre avec justesse les questions de la vie. « Qui nous aidera à résoudre nos problèmes ? » Il y a quelqu’un pour vous aider. Voilà, je suis prêt à vous aider, je vous éclairerai et vous marcherez dans mes pas. Je suis aujourd’hui avec vous et à l’avenir je vous rencontrerai de nouveau. Si vous travaillez, si vous êtes prêts à élever votre vie, je vais intercéder en votre faveur devant le Seigneur pour qu’Il vous inscrive comme disciples. Voilà pourquoi, en rentrant chez vous, ouvrez une nouvelle page de votre livre, devenez à nouveau sarment de la vigne et que la sève divine coule en vous. Soyez courageux, sereins, joyeux et écoutez cette voix douce en vous. Ne pleurez pas vos morts. Ne soyez pas tristes pour le temps perdu. Mettez le passé de côté et travaillez sur le présent et l’avenir, il y a beaucoup de temps devant vous. Travaillez et corrigez vos erreurs ; tout comme vous pouvez faire des erreurs, vous pouvez aussi les corriger et construire. Dieu bâtit et le diable détruit ; liez-vous à celui qui bâtit. Le riche agriculteur prend des ouvriers et termine son travail en un jour ; le pauvre agriculteur moissonne tout seul et met beaucoup de temps pour terminer son travail ; le premier suit la loi de l’amour et le second, la loi de l’évolution. Liez-vous au Christ pour devenir riches et terminer vite votre travail. Il n’y a pas de temps à perdre, la moisson attend, il faut des ouvriers dans le champ pour terminer le travail au plus vite. Dieu a attelé la charrue et laboure Son champ : ce champ c’est le monde. Ainsi, Dieu laboure le monde avec Sa charrue, retourne les couches pour les exposer à la nouvelle lumière et à la chaleur, pour les préparer aux nouvelles semailles. Devenez, vous aussi, des collaborateurs du Seigneur et dites : « Seigneur, bénis notre travail ! ». Apportez la paix et l’entente entre vous et ne vous jugez pas les uns les autres. Écoutez la voix douce en vous pour fleurir, nouer et donner du fruit. Que je me réjouisse si je vous croise à l’avenir et que je dise : « Aucun disciple n’est supérieur à son Maître, il suffit qu’il soit comme son Maître ». Soyez sereins, frais et joyeux. Irradiez l’Espérance, emplissez-vous de la Foi, unissez-vous à l’Amour. Sofia, 26 janvier 1919 Traduit par Bojidar Borissov [1] « Car c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être, comme l'ont dit certains de vos poètes: " Car nous sommes de sa race. " (Actes 17, 28) [2] « Je dis donc: Est-ce que Dieu a rejeté son peuple? Loin de là! Car moi aussi, je suis Israélite de la postérité d'Abraham, de la race de Benjamin. 2 Non, Dieu n'a pas rejeté son peuple, qu'il a connu d'avance. » (Paul, épître aux Romains, 11, 1-2a) [3] « Il n'y a plus ni Juif ni Grec ; il n'y a plus ni esclave ni homme libre ; il n'y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ. » (Galates 3, 28)
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